Abolition de l'esclavage dans les colonies anglaises : enquêtes parlementaires et documents divers

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A B O L I T I O N DE

L'ESCLAVAGE.

cette chambre ont soutenu sur les bancs opposés que, nonobstant les plaintes exprimées sur la décroissance de notre commerce, nos exportations continuaient à augmenter. Cela n'est pas. Il s'est au contraire manifesté, depuis ces dernières années, une grande diminution dans les envois de nos principales manufactures. «Un pareil état de choses réclame un remède, et un remède prompt.» ( Applaudissements. ) M. GLADSTONE énonce que c'est surtout pour faire face à une des plus grandes nécessités commerciales de l'Inde anglaise qu'une direction nouvelle a été récemment imprimée au commerce du sucre. « Ce qu'il y a de plus essentiel pour l'Inde anglaise; dit M. Gladstone, c'est d'avoir à sa disposition de quoi faire retour à la métropole d'une somme annuelle de 4 , o o o , o o o sterling. Or le commerce du sucre lui offre précisément cet avantage. Nous devons donc tout faire pour l'y encourager. «On s'est beaucoup servi, continue M. Gladstone, de l'argument qui consiste à dire que notre persistance à exclure le sucre étranger de notre marché ne nous empêche pas d'y admettre le café et le coton. A cet égard, l'opinion de plusieurs personnes est que la culture du coton devrait être encouragée dans les Indes occidentales, et que l'Angleterre ne devrait pas restcr,-pour cet objet, dans la dépendance de l'Amérique. Pour ce qui est du café, j e dirai que, sous ce rapport les résultats du travail forcé ne portent pas un grand préjudice aux fruits du travail libre, la consommation du café étant de vingt-huit millions de livres, et les quantités obtenues par le travail libre n'excédant pas dix-sept millions de livres. Il n'en est pas ainsi du sucre, dont l'approvisionnement fourni par le travail esclave se substituerait nécessairement aux produits du travail libre. De plus, la culture du café diffère de celle du sucre, particulièrement en ceci qu'elle n'exige, pour être exploitée, que de faibles efforts à la portée des enfants et des femmes. Haïti exporte aujourd'hui cinquante-huit millions de livres de café et fait, sur tous les points du globe, une concurrence avantageuse aux produits similaires du travail esclave. C'est le sucre, dont la culture réclame les bras vigoureux de l'adulte, qui pousse les marchands d'hommes vers les rivages africains. (Applaudissements.) «Malheureusement, ajoute M. Gladstone, il paraît démontré qu'une différence de cinquante pour cent existe entre le sucre anglais et le sucre étranger et que cette différence est à l'avantage du travail esclave. »


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