Abolition de l'esclavage dans les colonies anglaises : enquêtes parlementaires et documents divers

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A B O L I T I O N DE

L'ESCLAVAGE.

année, il a été expédié, de Liverpool seul, pour 4,366,000 livres sterling de marchandises, ce qui équivaut presque à la valeur totale des exportations analogues de l'année précédente. Passons aux Indes occidentales, et voyons quelle a été, sous ce rapport, l'influence de l'émancipation. Le chiffre des marchandises anglaises exportées dans ces colonies a été, en 1 8 3 7 , de 3,456,000 livres sterling,en 1 8 3 8 , d e 3 , 3 9 3 , o o o livres, et,en 1839, de 3 , 9 8 6 , 0 0 0 . Je ferai remarquer à cotte occasion qu'il est bien plus avantageux pour nos manufacturiers de traiter avec des hommes libres qu'avec des esclaves. Du temps de l'esclavage, les articles fabriqués spécialement pour le marché des Indes occidentales étaient de la nature la plus grossière, parce que la grande préoccupation des maîtres était de pourvoir au plus bas prix possible à l'habillement do leurs esclaves; mais ceux-ci, une fois émancipés, n'eurent pas plus tôt obtenu des gages, qu'ils voulurent satisfaire leur goût pour la toilette ; et la fabrication des articles qui leur étaient destinés devint meilleure et plus assortie. Nos exportations pour les Indes orientales et occidentales ont donc atteint en 1 8 3 9 le chiffre de 9,000,000 de livres. Ce commerce est considérable, et celui que nous faisons avec le Brésil, quelque important qu'il soit, est loin de pouvoir lui être comparé. Nos exportations à Cuba se montent de 2 , 6 0 0 , 0 0 0 à 3,000,000 livres. Les fabricants entendraient donc bien mal leurs intérêts, si le désir d'étendre leurs relations avec le Brésil les conduisait à anéantir le marché permanent et de plus en plus florissant des Indes oriéntales et occidentales. Et d'ailleurs, sauf le cas d'une ruine complète des Indes occidentales et d'une cessation absolue de la production dans l'Inde, le Brésil n'aura probablement à nous fournir qu'une quantité de sucre peu importante, 1 0 , 0 0 0 tonneaux peut-être; croit-on que le Brésil, faute par nous de lui prendre ce sucre, refusera d'accepter nos produits? c'est une erreur : s'il les recherche, lors même qu'ils lui coûtent plus cher que ceux de l'Allemagne, c'est qu'ils valent mieux. Il nous prend en ce moment plus d'objets manufacturés que nous ne lui prenons de denrées, parce que ces objets sont à plus bas prix que ceux des autres pays, ou parce qu'ils lui plaisent davantage. Il ne changera pas à cet égard parce que nous aurons refusé de lui accorder un avantage aussi insignifiant que celui d'une demande de 1 0 , 0 0 0 tonneaux de sucre par an. » Lord Sandon repousse l'assertion émise par lord John Russell relativement à l'introduction du sucre étranger dans les colonies des Indes occidentales. Au dire de l'orateur, il n'aurait pas dépendu des assemblées de la Jamaïque et de la Guyanne que celte introduction fût sévèrement prohibée. En outre, le fait ne saurait être imputé à blâme aux planteurs de ces îles, mais il concernerait seulement les raffineurs de la métropole. « Ainsi donc, dit en terminant lord Sandon, incertitude du succès au point de


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