Abolition de l'esclavage dans les colonies anglaises : enquêtes parlementaires et documents divers

Page 238

APPENDICE.

519

Lord J. R U S S E L L se lève et dit : «J'arrive à la proposition dont mon honorable ami le chancelier de l'échiquier se dispose à entretenir le comité des voies et moyens. La première chose que je crois nécessaire d'établir, c'est que le taux actuel du droit sur le sucre étranger fait rentrer la question dans le domaine du principe que j e désire voir adopter, à savoir : le remplacement des prohibitions par un système do protection convenable et modérée. Le droit actuel de 63 schellings par quintal équivaut à une prohibition absolue. Cela est tellement vrai q u e , toutes les fois que nous avons été obligés d'admettre le sucre étranger sur notre marché, il a fallu abaisser le tarif (en 1 8 1 5 , par exemple). Je ne discute pas en ce moment la question de savoir si l'on doit ou non admettre le sucre, étranger dans ce pays, j e constate seulement qu'aujourd'hui il en est exclus. Ce que je chercherai maintenant à établir, et ce qui a été aussi allégué dans plusieurs pétitions présentées ce soir à la chambre, c'est que le droit proposé par le gouvernement conservera à nos colonies des Indes occidentales une part de protection suffisante pour que la culture du sucre y soit continuée avec avantage. En effet, un droit do 3 7 schellings par quintal porterait à 5 9 schellings le prix du sucre étranger qui est aujourd'hui, moyennement, de 22 schellings en entrepôt; et, en tenant compte de la hausse qui résulterait nécessairement pour cet article d'une plus forte demande occasionnée par un droit moins élevé , on ne pourrait guère évaluer le prix courant à moins de 61 schellings. Or c'est précisément là le taux réclamé par les planteurs des Indes occidentales. Mais, dirat-on, s'ils sont en état d'offrir leurs sucres à 61 schellings, pourquoi introduire les sucres étrangers au même prix ou même à un prix plus élevé? A cette question la réponse est très-simple. Ce que les planteurs des Indes occidentales disent de leur production peut être vrai, mais on ne peut, à cet égard, s'en tenir exclusivement à leur assertion, et s'il arrivait au contraire que le prix de leurs sucres s'élevât à 86 ou 88 schellings par quintal, le mal serait sans remède, et un tel prix, affranchi de toute concurrence, deviendrait pour la population du pays une plaie permanente et profonde. Maintenant, pour ce qui concerne le grand principe de la concurrence, si j e voulais énumérer les preuves de ses effets bienfaisants, elles seraient si nombreuses que j e craindrais d'en fatiguer la chambre. Je me bornerai donc à deux exemples. En 1 7 8 6 , la poterie anglaise fut admise en France, il en résulta qu'en très-peu de temps les manufactures de poteries françaises, stimulées par la rivalité et par le bon exemple, firent des progrès inespérés. De même, lorsque les draps français furent reçus dans la Grande-Bretagne, les Anglais, qui jusqu'alors n'avaient produit dans ce genre que des articles d'une qualité très-inférieure, imitèrent ceux de leurs voisins et


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.