The Red Bulletin FR 05/24

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SASHA ZHOYA

DU FLOW ET DU STYLE AVEC UN HURDLER UNIQUE EN SON GENRE

Votre magazine offert chaque mois avec
FRANCE MAI 2024

Contributions

TIM MCKENNA

Né à Sydney et élevé en France, Tim vit à Tahiti depuis 2002. Il y est un photographe reconnu à la tête d’une équipe de professionnel·le·s de l’image inspiré·e·s par la nature, la beauté et l’aventure. Très proche du surfeur Kauli Vaast, il a produit la cover story qui lui est dédiée.

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IAN REGNARD

« Sasha débarque en disant : “Ça vous dérange si je suggère des trucs ?” J’adore quand on collabore avec des athlètes pour créer de la magie. C’est un gars formidable avec lequel bosser. » Voici pourquoi ce photographe basé en Australie se souviendra de son cover shot avec l’un des talents à l’honneur de ce numéro. P. 44

PATRICIA OUDIT

La journaliste écrit pour de nombreuses publications, de Géo au Canard Enchaîné, du Monde à GQ. Co-boss du média Neufdixieme.com, elle est spécialisée dans l’aventure et la vie outdoor dans sa performance et son aspect sociétal. Elle signe ici les articles sur Sasha Zhoya et Oriane Bertone. Page 28 et page 44

À LEUR TOUR DE BRILLER

Une première dans l’histoire du Red Bulletin, ce numéro est décliné sur 4 covers dédiées chacune à un ou une athlète : Oriane Bertone (escalade de bloc), Sasha Zhoya (coureur du 100 m haies), Vincent Matheron (skate) et Kauli Vaast (surf). Des personnalités au spirit intense que nous vous présentons ici en exclusivité, au-delà de la perf’, ou à fond dedans, carrément. Nous croyons en leurs capacités respectives à tout casser durant le grand rendez-vous estival qui leur tend les bras.

Bonne lecture ! Votre Rédaction

ÉDITORIAL
THE RED BULLETIN 3 COUVERTURES PHOTOGRAPHIÉES PAR : TIM MCKENNA (KAULI VAAST), IAN REGNARD (SASHA ZHOYA), CHRIS SAUNDERS (ORIANE BERTONE), LITTLE SHAO (VINCENT MATHERON)

HÉROS & HÉROÏNES BEKAR 20

Venu de Roubaix, découvrez son rap qui sensibilise, une inspiration pour les nouvelles générations.

TIFANY HUOT-MARCHAND 22

Elle ne vivait que pour le sport, et il l’a plaquée au sol. Mais c’était compter sans sa motivation.

ADRIEN CACHOT 24

Sa cuisine régale et sa recette pourrait être : faites comme vous voudrez. Focus sur un chef au top.

ORIANE BERTONE

Être la meilleure au monde, telle est la motivation de cette jeune grimpeuse de bloc qui épate déjà les spécialistes et le grand public.

VINCENT MATHERON

Sur une board depuis l’enfance, son bureau est le bowl du Prado à Marseille. Et skater, même blessé, l’unique task sur sa to-do list.

SASHA ZHOYA

Enchaîner les haies, à pleine balle, et fger la concurrence, c’est la méthode d’un hurdler pour qui le style compte autant que la perf’. KAULI VAAST

Pour se régaler sur la plus belle vague au monde, il n’a qu’un pas à faire. Votre guide à Teahupo’o vous initie à sa culture du surf.

CONTENUS
GALERIE 6 MAKE IT EXTREME 12 RETOUR DE FLAMMES 14 LOXYMORE 16 PLAYLIST : ROMY 18
44 36
52
28
36
44
52
28 MOTO EN MODE ZARCO 62 Pilote sans équivalent
Zarco
points sa vision du MotoGP. BREAKING LIL ZOO 68
PERSPECTIVES LA DOLCE VITA À VÉLO 79 MOTO GP AU MANS 84 PRENDRE LA ROUTE 86 BATAILLE D’OREILLER 94 À NE PAS LOUPER 97 MENTIONS LÉGALES 97 POUR FINIR EN BEAUTÉ 98 4 THE RED BULLETIN
sur le circuit, Johann
vous présente en dix
Sorti de nulle part pour tout démonter, tel pourrait être son mantra. Voici l’itinéraire d’un B-Boy à part.
IAN REGNARD
TIM MCKENNA, LITTLE SHAO, CHRIS SAUNDERS,

Almaty, Kazakhstan

SPOT DE R Ê VE

La « dune chantante », une montagne de sable qui émet un grondement d’orgue, causé par, au choix, des esprits, les cloches d’une ville perdue ou le vent. Les riders VTT Saken Kagarov et Petr Vinokurov ont tâté sa roche pour cette photo d’Alexey Shabanov présentée au Red Bull Illume Image Quest 2023. « Saisir une telle session à l’endroit où il n’est permis de marcher que sur certains sentiers est le rêve de tout photographe », déclare-t-il. redbullillume.com

7 ALEXEY SHABANOV/RED BULL ILLUME DAVYDD CHONG

Minorque, Espagne PROFONDEUR

Cette photo de lui-même a été prise par le talentueux Victor de Valles Ibáñez (Red Bull Illume Image Quest 2023) il y a un an. En avril, l’eau y était encore froide mais le soleil montait et commençait à apparaître à l’intérieur des grottes marines, créant ces rayons de soleil et ces couleurs magnifques Après une longue période sans plongée en apnée, Victor décide d’aller dans cette grotte et d’installer son trépied à l’entrée, à même un rocher. Le résultat est extraordinaire. redbullillume. com ; IG : @victordevalles

Charjah, Émirats arabes unis

BÉTON

Cette photo que Ferdz Bedaña a prise à l’Aljada Skate Park (le plus grand du Moyen-Orient) représente un jeune skateur en pleine action, sautant avec sa planche dans cette forme organique, son ombre étant projetée devant lui. Ici, l’image ne capture pas seulement un moment particulier, mais aussi une ambiance, grâce à sa composition et à sa lumière. Le choix du noir et blanc permet de révéler les détails et la texture du béton ainsi que les détails de l’ombre. redbullillume. com ; IG : @ferdzbedana

9 VICTOR DE VALLES IBAÑEZ/RED BULL ILLUME, FERDINAND BEDANA/RED BULL ILLUME MARIE-MAXIME DRICOT

Chamonix, France

NOUVELLE AUBE

Le Digital Crack fait référence au massif du Mont-Blanc, où se trouve cette ligne unique de 8a. Ici, nous y voyons Michal Czech en ascension, shooté par son pote polonais Marcin Ciepielewski, dont la photo a atteint les demi-fnales du concours Red Bull Illume. « L’escalade des minces et tranchantes crevasses de granit de cette voie à 3 800 m d’altitude à 4 heures du matin fut un sacré déf, dit Ciepielewski, mais on a profté des meilleures conditions de lumière. » redbullillume.com

11 MARCIN CIEPIELEWSKI/RED BULL ILLUME DAVYDD CHONG

MAKE IT EXTREME

Réinventer la roue

Ce duo de bricolos fabrique et flme des inventions farfelues pour promouvoir les joies de la mécanique et inspirer la créativité du public.

Une roue géante, un pneu recylé, et un siège fixé au milieu : cette machine n’est que l’une des nombreuses inventions délirantes de Make It Extreme, une chaîne YouTube gérée par Michael Mavros et George Shiailis, deux meilleurs amis qui utilisent des matériaux de récupération pour créer des projets mécaniques uniques et innovants.

Sur Make It Extreme, les deux amis transforment des objets et des véhicules de tous les jours en versions extrêmes d’eux-mêmes, repoussant ainsi les limites de la créativité. Ils conçoivent et construisent leurs projets, filment et montent l’ensemble du processus.

« En fabriquant des meubles, des moteurs, des outils, des jouets et des véhicules tout en faisant appel à notre imagination, nous essayons d’offrir des solutions innovantes à divers défis mécaniques, explique Mavros, basé à Chypre. Nous partageons cette passion depuis nos premières années, et maintenant, grâce à notre chaîne, nous la partageons avec des millions d’autres personnes d’une manière facilement compréhensible. »

Pour sa 100 e vidéo, Make It Extreme a présenté le vélo Monotrack, entièrement construit à partir de matériaux recyclés et récupérés. Le duo a utilisé un moteur à deux temps de 100 cm³ provenant

d’un vieux scooter, en découpant les flancs d’un pneu de voiture usagé et en l’adaptant autour d’un moteur recyclé. L’enfin reflète leur engagement en faveur du développement durable et de la créativité, et n’existe que pour la joie et la curiosité qu’il procure.

« L’idée du vélo Monotrack est venue d’une vieille photo de guerre où nous avions vu un véhicule similaire, reprend Mavros. Nos créations s’inspirent souvent de choses que nous avons déjà rencontrées. Par exemple, la Monowheel, où une personne est assise à l’intérieur d’une énorme roue, a été inspirée par des véhicules similaires datant d’il y a plusieurs décennies, et notre chaise de char est née de l’idée de créer un véhicule d’aventure accessible pour les personnes à mobilité réduite. »

Si leurs motos et voitures customisées attirent souvent l’attention en ligne, le duo applique fréquemment le traitement « extrême » à des objets beaucoup moins énergivores : une vidéo récente présente une machine d’enroulement de câbles extrême. « Comme notre nom l’indique, notre concept consiste à créer des objets extrêmes en partant de zéro et en utilisant des pièces que tout le monde peut trouver, explique Mavros. Notre premier projet, qui a attiré l’attention des gens, était une mallette qui pouvait se transformer en table de salle à manger ».

Make It Extreme compte aujourd’hui près de deux millions d’abonné·e·s. « Notre objectif pour 2024 est de créer des objets à partir de rien, d’une manière extrême et loufoque, afin de motiver notre public à tenter un projet similaire ou simplement s’en inspirer. C’est notre motivation : partager notre passion pour encourager les gens à commencer à créer de leurs propres mains. » makeitextreme.com

Michael Mavros de Make It Extreme sur la Monowheel (en haut) ; une photo de guerre a inspiré le vélo Monotrack (ci-dessus).
12 THE RED BULLETIN MICHALIS MAVROS LOU BOYD
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LES FLAMMES

Brûlent encore

Votes, accueil du public, Semaine de la musique en amont de la cérémonie, Les Flammes reviennent en mettant l’accent sur l’inclusivité.

Shay, Damso, Gazo… Mai 2023, le rap français avait créé l’événement lors de la première édition des Flammes, la cérémonie dédiée aux cultures populaires, au Théâtre du Châtelet. Co-organisée par les médias Yard et Booska-P, Les Flammes avait rassemblé près d’un million de spectateur· rice·s lors de sa diffusion sur W9, Twitch et YouTube pour récompenser les artistes rap, R&B, afro pas toujours (bien) célébré·e·s dans les autres cérémonies officielles. Pour la deuxième édition le 25 avril 2024, l’équipe des Flammes, attendue au tournant, propose des ajustements. « On a adapté le système de vote, les catégories pour asseoir la pertinence et la légitimité de la cérémonie », nous explique Antoine Laurent, le directeur éditorial des Flammes. La Flamme du Morceau Afro ou d’Inspiration Afro devient celle du Morceau de musiques africaines ou d’inspiration africaine, et pour déterminer la Flamme du morceau R&B et celle du Morceau caribéen ou d’inspiration afrocaribéenne, un collège de votant·e·s spécialisé·e·s a été appointé.

Autre nouveauté : la Semaine de la musique. Pensée en amont de la cérémonie pour combler l’envie de l’organisation de rassembler et de pallier les frustrations de l’audience qui ne peut pas entrer toute entière au Théâtre du Châtelet, limité à 1 200 places, elle s’étalera du 18 au 25 avril. Le but ?

« Encourager la création d’événements, avant-premières, masterclasses, talks, portes ouvertes qui correspondent à notre définition des cultures populaires et que nous sélectionnerons via un formulaire en ligne. Ils bénéficieront de la

Le trophée des Flammes a été réalisé par le sculpteur Stéphane Gérard : « On voulait quelque chose de classe qui corresponde à la cérémonie. »

mise en lumière des Flammes, nous explique encore Antoine Laurent. Cela “déparisianise” la cérémonie puisque les initiatives peuvent avoir lieu partout en France et seront relayées sur nos divers réseaux. » L’envie d’inclure plus de monde se traduit surtout dans le dispositif mis en place mi-mars pour le vote du public. L’équipe a pensé un déploiement de bureaux de votes, soutenu par l’un de leurs partenaires (Samsung) dans les FNAC à Lyon, Marseille, Nancy et Paris. Lors d’aprèsmidis dédiées, les aficionados pourront désigner leurs

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LES FLAMMES, ALYAS, FIFOU DOLORES BAKELA

Ci-dessus, Gazo (gauche) et Tiakola (droite) en train de célébrer leurs prix lors de la première cérémonie. Pour la deuxième édition, trois nouveaux prix se sont ajoutés aux 21 récompenses déjà distribuées l’an dernier : rayonnement international, révélation scénique et producteur de spectacle de l’année.

chouchous. La cérémonie restera visible en live sur le digital et sera retransmise en prime, toujours sur W9, la chaîne s’étant félicitée des résultats d’audience de la première édition, diffusée alors en deuxième partie de soirée. Là encore, des modifications sont à l’œuvre, pour mieux témoigner de l’énergie palpable tout au long des shows, comme des micros installés dans la salle ou un système de rotation pour éviter les sièges vides. L’aspect spectacle en direct sera accentué, notamment avec un travail sur un pré-show sur le tapis rouge, transformé en lieu de performances, de remises de prix pour certaines catégories. « On veut faire plein de choses, comme piétonniser la place du Châtelet pour créer un événement total qui réunit un maximum de monde », conclut le directeur éditorial. Si l’ambition a un coût certain, la deuxième édition s’annonce à la hauteur des enjeux notamment politiques qu’elle se donne et qu’on lui fait porter. lesfammesawards.com

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Creole Music Matters

Représenter la diversité musicale et culturelle des Antilles ? C’est le projet de Loxymore, piloté par Shorty et les cofondateur·rice s du média qui fête sa première décennie. Rencontre.

C’est l’un des médias à suivre pour comprendre la richesse de la musique caribéenne. Loxymore.com, avec plus de 7 millions de vues et 365 vidéos, mêlant entretiens avec des artistes, des sessions live et des reportages lors d’événements, est devenue une référence. Son objectif était de « documenter la scène et le mouvement rap antillais », nous explique le co-fondateur Emmanuel Foucan, dit « Shorty », ou encore le « Maire de Morne-à-l’eau », la commune où il est né en Guadeloupe. Passionné de culture hip-hop, constatant que dans les

médias traditionnels, les artistes caribéens des Antilles françaises avaient moins d’exposition, Shorty s’est attaché à créer un espace d’interviews et de live pour présenter la vitalité artistique de la scène antillaise actuelle. Après dix ans d’activité, la plateforme média, qui se concentre aujourd’hui sur la vidéo, peut en effet se targuer d’un beau bilan. « On a accompagné la structuration de la musique urbaine, avec d’autres acteur· rice·s (médias, créateur·rice·s de contenu, bookers…), explique Shorty, rappelant l’importance des activistes dans

leur ensemble. Je pense que c’est un tout qui a contribué au rayonnement des artistes, comme les DJ ont participé à la structuration de la musique shatta, par exemple. » Les datas attestent qu’il y a beaucoup de monde qui suivent le média en France hexagonale (étudiant·e·s, actif·ve·s, etc). C’est un cercle vertueux, notamment pour la musique shatta, ou le rap créole qui parle à d’autant plus de monde maintenant que cette musique est mieux exposée. « Se rapprocher du rap français a permis de montrer qu’on fait partie du rap français. »

LOXYMORE
16 THE RED BULLETIN SWELLY, FADJI DOLORES BAKELA

Mission accomplie ? Si les équipes du média opèrent dans les Antilles, elles voyagent aussi dans l’espace hexagonal, où il leur est parfois plus facile de rencontrer les artistes ; rallier certains territoires caribéens est paradoxalement plus cher que d’aller à Paris. Identifié·e·s comme des professionnel·le·s qui font le lien nécessaire entre les créateur·rice·s et les structures d’ici et de là-bas, Shorty et sa team ont ajouté une corde à leur arc : l’organisation d’événements, venant là encore combler un vide. « Dans le cadre de mes déplacements

à Paris pour faire des interviews, en cherchant un lieu pour les réaliser, on a sollicité La Place, le centre culturel dédié au hip-hop basé aux Halles. On leur a présenté notre activité et parlé du concept de soirée qu’on avait en tête. Un mois après, ils ont organisé le festival Centrale Place, nous avons pris part au line-up. »

Après deux éditions de Loxymore on Stage, tenues en mai et novembre 2023, la troisième arrive le 18 avril 2024 avec, notamment, les artistes martiniquais·es Jahlys ou encore Lé Will & Deuspi. Ces artistes sont aussi programmé·

Pour leur 3e événement, Loxymore on Stage prévoit un plateau de qualité en invitant Lé will & Deuspi, Maïzy, Jahlys et Mata accompagné·e·s de DJ Greg aux platines, dans le but de faire rayonner et documenter les talents issus des cultures urbaines carribéennes.

e·s au festival Yardland, organisé par l’agence Yard, la même que pour la cérémonie des Flammes qui met en valeur les cultures populaires. Devenu un acteur identifié en bon insider qui parle à tout le monde, Shorty, juré de la première édition, salue le travail mis en place pour la deuxième afin de mieux mettre en valeur la créativité débordante caribéenne. Le rôle de passerelle essentielle assuré par Loxymore prend là encore tout son sens. Prochain événement : le 18 avril à 19 heures. La Place, 10 passage de la Canopée, 75001 Paris. loxymore.com

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Aller de l’avant

La chanteuse, guitariste et DJ anglaise partage quatre chansons pour danser, pleurer et guérir.

La vie n’a pas toujours été facile pour Romy Madley Croft, 34 ans. L’artiste solo et membre du groupe londonien The xx a perdu sa mère à 11 ans et son père neuf ans plus tard. Pendant cette période douloureuse, la musique, en particulier la dance devient son échappatoire. À l’adolescence, elle commence à mixer. En 2005, elle et ses amis d’école Oliver Sim et Jamie Smith forment le trio indie-rock The xx, avec Croft à la guitare et au chant. Leur premier album éponyme, sorti en 2009, est un succès international, salué pour son mélange original d’électro et de dream-pop. Le premier album solo de Croft, Mid Air, rend hommage à ses clubs queer préférés, au DJing et à la musique de sa jeunesse. Celle qui enregistre sous le nom de Romy nous présente quatre chansons feel good qui l’ont marquée et continuent de l’inspirer.

Scannez le code ci-contre pour écouter Romy sur Spotify.

Robyn

Dancing On My Own (2010)

« Cette chanson, c’est un hymne. Elle me rappelle vraiment mes soirées dans les clubs queer lorsque j’étais plus jeune. Quand je l’entends aujourd’hui, je vois qu’elle rassemble toujours les gens. Elle mêle un sentiment d’euphorie à des paroles tristes. C’est une énorme source d’inspiration pour moi. Robyn est une artiste que j’admire beaucoup. »

Beverly Glenn-Copeland

La Vita (2004)

« Ma mère est décédée quand j’avais 11 ans, puis mon père quand j’avais 20 ans, et ces moments m’ont fait repenser la vie et sa fugacité. J’essaie de vivre avec cet aspect, de voir le côté positif des choses, mais ce n’est pas toujours facile. Emtendre ces paroles : “Ma mère me dit : profite de ta vie”, c’est comme une thérapie en boîte de nuit. C’est apaisant. »

Oliver Sim

« C’est ma chanson préférée de l’album d’Oliver, Hideous Bastard. Lui et Jamie (Smith, qui enregistre en tant que Jamie xx, ndlr) l’ont écrite ensemble, et c’était intéressant pour moi d’entendre le fruit de leur créativité conjuguée. Je n’étais pas du tout impliquée, mais je ne me sentais pas exclue non plus, j’étais très heureuse pour Oliver ! C’est un morceau très inspirant. »

Madonna

Get Together (2005)

« J’ai contacté le producteur de Madonna, Stuart Price, car je voulais absolument réaliser un projet avec lui. J’adore son travail, son son et la manière dont il saisit l’émotion. C’était génial d’entendre ses histoires notamment sur sa collaboration avec Madonna dans son studio à lui, à Londres. D’après son témoignage, c’était une expérience sans chichis. »

Fruit (2022)
ROMY
18 THE RED BULLETIN VIC LENTAIGNE MARCEL ANDERS

Pour les trajets courts, privilégiez la marche ou le vélo. #sedeplacermoinspolluer

ELLE EST ENFIN LÀ

VOLUME II

Rappeur de 26 ans venu de Roubaix, Bekar parle avec le cœur. Avec Plus fort que l’orage, l’artiste qui fait de la mélancolie son plus bel habit propose un rap conscient qui sensibilise et encourage à faire le point.

« Dans l’année, je suis six mois angoissé, six mois apaisé. J’ai l’impression de jouer ma vie à chaque projet. » Presque un an après la sortie de son premier album studio Plus fort que l’orage, Bekar revient avec une nouvelle édition du projet originel pour devenir simplement Plus fort, avec treize titres additionnels. Une deuxième partie plus gaie, plus en phase avec l’état actuel du Roubaisien qui laisserait presque un sourire s’esquisser au coin des lèvres lorsque je lui demande comment ça va et qu’il me répond : « En ce moment ça va. » Le temps passe et l’orage ne gronde plus dans l’esprit de l’anxieux qui semble avoir fait le point avec son passé, qu’il relate dans la première partie de son projet qui favorise la sincérité à l’ego trip, manifeste des réflexions douloureuses pour inviter la nouvelle génération à compatir et à surmonter ses difficultés.

Bekar ne vient pas de Paris, mais du Nord, un environnement qui selon lui a impacté directement sur sa musique : « Il fait très gris, c’est une atmosphère qui n’est ni le soleil ni la joie donc tu n’as pas forcément envie de raconter ça dans tes morceaux. » D’ailleurs, pendant presque un quart de sa jeune existence, le rappeur, qui a commencé à faire du son avec ses copains avant de rencontrer le producteur Lucci et de se consacrer au totalement à la musique, ne savait pas quoi faire de sa vie. « Je n’avais pas confiance en moi et ma plus grande peur, c’était d’échouer et de décevoir mes proches. » Une crainte aujourd’hui moindre mais toujours présente, poursuit-il : « Me retrouver à trentecinq ans à ne pas savoir ce que je fais, à avoir essayer des trucs qui n’ont pas pris, ça m’a toujours fait flipper. » De ses peurs, Bekar veut en faire des forces, quitte à devenir hyper actif pendant ses jours off,

qu’il finit par ne plus supporter : « Dès que je ne suis plus en mouvement je me pose des questions sur moi, le futur, mes proches. Je déteste l’inactivité. »

Tous les maux, qu’il s’agisse des siens ou ceux de son public qui lui ressemble, l’artiste les extériorise grâce à son histoire. On ne parle pas de montrer l’exemple, mais d’exprimer des sentiments auxquels beaucoup de personnes peuvent s’identifier. Sa plume nous fait nous sentir concerné·e·s, sans basculer dans les tréfonds lugubres et défaitistes d’une réalité poussée à l’extrême par amour pour la fiction. Il rappe sur Fisheye : « J’viens d’une famille brisée […] J’ai compris c’qu’est un homme en le devenant à 13 ans » pour exprimer le concept de responsabilité, ou encore « On n’a jamais manqué d’argent, j’suis ni bicraveur, ni marchand » et pose le contexte de sa jeunesse, celle d’un grand frère spectateur des violences parentales. « J’ai un rôle d’aîné, pour moi c’est important. Même si t’es jeune, quand tes parents ne sont pas là, tu prends le relais, c’est savoir être là pour son frère, sa sœur et sa mère, savoir prendre sur soi, faire la part des choses. » En somme, une situation non dramatique mais qui a la capacité d’affecter des enfants de manière assez virulente. Voilà l’orage dont il parle avec férocité et dont il arrive enfin à se défaire sur les treize nouveaux morceaux, car il est enfin devenu quelqu’un. « Ce qui m’angoissait, c’était le climat à la maison. Ce n’était pas le chaos total, mais j’ai grandi dans un contexte conflictuel avec beaucoup d’embrouilles entre mes parents. Ça a provoqué beaucoup de pleurs. Je pense que ça concerne plein de gens, car il y a des parents qui divorcent et d’autres qui s’accrochent quittent à détruire l’aspect famille, moi c’était ça. »

Si, malgré les doutes et les peurs, Bekar a réussi à toucher les prémices de son rêve de rap, pourquoi d’autres

personnes ne pourraient-elles pas, aussi, atteindre leurs rêves ? Le jeune artiste, pour qui le collectif passe avant l’individuel : « Je ne peux pas dire que j’ai fait ça tout seul, il est con celui qui refuse les conseils », met tout de même un point d’honneur à la nécessité de croire en soi à minima et d’aller puiser dans les ressources dont on dispose pour se lancer, et ensuite bénéficier d’un soutien extérieur. « L’entourage, c’est méga important, ce sont des personnes en qui tu as confiance et qui te comprennent. Tous les gens avec qui j’ai signé, mon label Panenka m’ont toujours soutenu. Avant, j’avais du mal à me dire que ce que je faisais était bien. » Mais la confiance vient aussi avec l’expérience et les années. Dans son cas, on parle de confrontation directe avec son public. « Ça donne de la force. » Par ailleurs, il me raconte que, même s’il a peur de l’échec, cela ne l’empêche pas de se donner le droit à l’erreur et dans ce sens, se remettre toujours en question.

Écouter Bekar, c’est choisir d’être vulnérable, apprécier la fragilité et embrasser nos incertitudes. Avec lui, très peu de grosses basses, pianos-voix et guitare-voix sont souvent de rigueur. Il travaille une esthétique sonore organique dont l’instrumental minimaliste réveille notre nature de façon mélodieuse. Il mêle l’émotion à la technique permettant ainsi au pathos de s’épanouir comme il l’entend. « Ma musique me permet d’avancer, mais elle peut aussi toucher plein de jeunes qui vivent ça. Donner de l’espoir et permettre de voir les choses autrement, c’est ce que je préfère quand je sors un projet, et puis je le vois bien dans les DMs qu’on m’envoie. Ça, c’est la force de la musique. » IG : @bekarnfr

HÉROS & HÉROÏNES
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TEXTE MARIE-MAXIME DRICOT PHOTO N KRUMA
« J’avais du mal à me dire que ce que je faisais était bien. »

Bekar

au sujet de son développement personnel.
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PROJECTION

Après son terrible accident, Tifany Huot-Marchand, l’ancienne championne de short-track, repense sa carrière et continue de positiver en s’imposant de nouveaux challenges, consciente que la route sera longue.

TEXTE

Victime d’un grave accident en octobre 2022, à la Dutch Open à Heerenveen aux Pays-Bas, dans le cadre d’une sélection pour la Coupe du monde, Tifany Huot-Marchand, spécialiste de shorttrack (patinage de vitesse sur piste courte), championne de France et vice-championne du monde, annonce devoir renoncer à la compétition à cause d’une fracture des cervicales, endommageant sa moelle épinière. Si grâce à son travail et sa détermination inégalables, Tifany arrive à marcher seulement dix jours après son opération, il lui faudra plusieurs mois de rééducation pour courir de nouveau. Une réjouissance précoce pour celle qui était promise à une grande carrière sportive et qui pensait pouvoir un jour rechausser ses pantins. En juin 2023, Tifany doit revoir ses priorités et annonce sur ses réseaux sociaux qu’elle ne pourra plus faire de compétition : « Je me suis battue tous les jours. J’y ai cru. Fort. Comme personne ne peut l’imaginer. Et aujourd’hui, on refuse que je m’aligne de nouveau en compétition. Ma moelle épinière est trop fragile. »

Quelques semaines après, l’athlète est nommée cheffe de mission de la délégation française pour une manifestation sportive de grande ampleur à Gangwon (Corée du Sud), sans savoir qu’un nouveau drame allait se produire : « J’ai déclenché deux pneumothorax. » En décembre 2023, Tifany se fait héliporter et opérer en urgence. Peu de temps après, celle qui essaie tant bien que mal de garder le moral fait une récidive, son poumon se décolle encore une fois entièrement. Mais la passion pour le sport est plus forte que tout. C’est dans sa chambre d’hôpital qu’elle imagine un futur, le sien, plus tendre avec elle, qui

lui permettra d’atteindre le nouvel objectif qu’elle s’est fixé : la traversée des Alpes à vélo, avec son compagnon.

the red bulletin : Comment votre préparation physique a-t-elle évolué depuis votre accident ?

tifany huot-marchand : Je m’entraîne un peu tous les jours, environ 30 minutes en alternant course et marche à pied, tandis qu’à l’époque, c’était 35 heures par semaine. Officiellement, je ne suis pas autorisée à faire grand-chose. Même le vélo je ne peux pas en faire en compétition, alors que l’année dernière j’ai traversé les Pyrénées ainsi. Le problème vient du corps médical qui considère qu’une nouvelle chute serait fatale et que je risque d’y laisser ma vie. Aucun médecin ne veut porter cette responsabilité.

Malgré tout, vous gardez votre mental d’acier. Qu’est-ce qui vous fait tenir ?

C’est mon entourage qui m’aide à garder le cap. Il me soutient dans mes projets et ça fait la différence. Je ne m’étais jamais blessée avant ma chute de 2022, donc je ne savais pas ce que c’était de repartir de zéro.

Vous avez besoin de challenges en permanence pour rester positive ? Oui. Par exemple pour la traversée des Pyrénées, je sortais à peine d’un centre de rééducation, je n’avais quasiment pas roulé. J’ai la tête dure, mais ce n’est pas la seule chose qui m’aide à me rétablir.

C’est-à-dire ?

Chaque blessure est différente et chaque récupération est différente. Ma moelle épinière n’a pas été compressée entièrement c’est pour ça que je peux remarcher. Je n’ai pas envie de donner de faux espoir en disant que si on y croit très fort, tout va bien aller. Mais plutôt que, oui, c’est important d’y croire et de positiver.

Comment fait-on pour prendre conscience de son nouveau corps ? Pour ma part, ça passe par beaucoup de méditation. Cette année, j’ai débuté une formation de préparation mentale. Quand on est enfermée dans son corps, il ne nous reste que la tête pour s’évader. Voir plus loin devient essentiel.

Que pensez-vous de votre nouveau rôle d’ambassadrice pour la fondation Wings for Life, qui œuvre pour la recherche d’un remède contre les lésions de la moelle épinière ?

Ça fait écho avec tout ce que j’ai traversé. Quand on est touché, ça va bien au-delà de la recherche. On a besoin que la médecine et les recherches avancent, surtout quand on voit que la fin n’est pas aussi belle pour tout le monde. Je vais me lancer dans des conférences pour sensibiliser à la cause et parler de mon parcours. C’est une superbe opportunité, et ça me tient particulièrement à cœur !

IG : @tifanyhm

La course Wings for Life World Run 2024 aura lieu le 5 Mai 2024.

Des personnes du monde entier participeront ensemble et simultanément – chacune à son rythme, avec ses propres objectifs – à cette course, dont 100 % des frais d’inscription seront reversés à la fondation Wings For Life, dans le but de trouver un remède aux lésions de la moelle épinière. Alors, vous aussi participez et courez pour celleux qui ne le peuvent pas !

Inscription et informations sur  wingsforlifeworldrun.com

HÉROS & HÉROÏNES
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MARIE-MAXIME DRICOT PHOTO OLIVIER BRAJON
« Enfermée dans son corps, il ne nous reste que la tête pour s’évader. »
Tifany raconte l’importance de la projection et du mental.
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ACCORDS EXTRAORDINAIRES

Remarqué dans Top Chef pour ses accords ambitieux et son insoumission, le cuisinier Adrien Cachot, fraîchement installé dans le XIe arrondissement parisien, propose à Vaisseau une cuisine aux allures de sport extrême.

Il est des soirs où l’on sort de chez soi, l’air de rien, et où l’on en revient médusé·e, béat·e, presque métamorphosé·e ; des moments qu’on pensait confortables, à deux doigts d’être familiers, mais qui se sont avérés piquants, déroutants, inouïs. L’exception n’est finalement pas si rare quand on quitte une salle de spectacle ou de cinéma. Elle l’est davantage lorsqu’on vient d’achever un dîner. Installé depuis décembre 2023 dans le XIe, à Paris, le restaurant Vaisseau – et ce qui s’y passe derrière sa grande porte vitrée – fait ce genre d’effet. On y vient pensant savourer un repas raffiné dans une ambiance chic et feutrée, ayant lu par-ci par-là qu’Adrien Cachot, ex-star de Top Chef qui a conquis la France par son amour pour les produits simples, son irrévérence et sa nonchalance, y pratique une cuisine « audacieuse ». On repart abasourdi·e, comme hypnotisé·e par un film indépendant expérimental, loufoque, mais génial, se questionnant sur la nécessité de comprendre (ou de pratiquer) la gastronomie pour apprécier pleinement sa virtuosité.

« Il faut seulement se laisser porter. C’est exactement pareil qu’adorer un livre qu’on ne comprend pourtant pas. On peut aimer certaines choses, d’autres moins… C’est une cuisine qui prend des risques. »

Accolé à son plan de travail, l’intéressé balaie nos interrogations avec le flegme qui le caractérise. Sa cuisine est tranchée, mais on n’a pas besoin de tout deviner pour prendre du plaisir. On demande si des enfants viennent goûter ses plats : « Il y en a peu, mais c’est super à chaque fois. Ils n’en ont rien à foutre et ils trouvent souvent [les ingrédients qui composent les plats] car ils n’intellectualisent pas. Le but est de manger et d’être attentif. »

Franc, Adrien Cachot a le verbe souple et décontracté. Il trouve le temps d’échanger avec ces clients venus le féliciter après avoir dégusté à l’aveugle un menu en huit étapes. Ces derniers ont mis quatre mois à réserver une table. Alors, forcément, le protocole a des airs de séance d’autographe. Et lui, une allure de rockstar. À 34 ans, Adrien Cachot en impose. T-shirt noir floqué du nom d’un géant du streetwear, il trône dans cette cuisine comme si il avait toujours été là, avec le naturel imparable qui a fait sa réputation. Finaliste de la onzième saison de Top Chef diffusée en 2020, il est autant remarqué pour ses propositions ambitieuses autour des accords terre-mer que pour son insoumission. Il refuse de dire « vous » à Paul Pairet, l’un des jurés et chef triplement étoilé qui le tutoie, et c’est de ce cuisinierlà, né en Gironde en 1989, que tout le monde s’entiche. « Talent immense », selon Michel Sarran, le candidat termine deuxième. Chacun·e, pourtant, se souvient de lui : sans doute grâce à une certaine fascination pour les frondeurs – ou à un quelconque besoin de rébellion.

Aux commandes de Détour depuis 2017, une petite adresse dans le IXe arrondissement de la capitale où l’on ne dresse tous les soirs que seize couverts, le chef formé par Christian Etchebest à La Cantine du Troquet (XIV e ) à la fin des années 2000 met déjà à l’honneur les abats et les « petits produits » : « Je n’avais pas d’argent alors j’ai commencé à travailler ces aliments que personne ne veut utiliser. Au début, c’était une contrainte et avec le temps, j’y ai pris goût. Je vais souvent au Japon avec ma compagne. Il y a là-bas une grosse culture autour des abats : tu prends des claques, tu es surpris avec des choses très simples et qui sont dégradées dans l’opinion en France. Ici, on n’en mange quasiment pas. Moi, je récupère ce qu’on jette, c’est écolo ! » L’écologie est d’ailleurs

un élément central de la cuisine de cet enfant du Sud-Ouest, qui sert lors de la finale du concours télévisé qui l’a fait connaître un dessert au chocolat qui représente un sous-bois pollué avec un gobelet moulé en sucre. Proposition la plus engagée que Philippe Etchebest ait goûtée en tant d’années de participation à Top Chef, il commente, face caméra : « Des trompe-l’œil, j’en ai vu, mais jamais porteurs d’un message aussi fort. »

De la puissance, du mental, voire un brin de provocation, c’est bien ça, l’essence de la cuisine d’Adrien Cachot. Dans son menu « N’importe quoi », au restaurant Vaisseau, uniquement servi au dîner, il propose, entre autres, des lentilles à l’anis, des mochis façon cacio e pepe, de la langue de veau au kimchi, du pain perdu à la sardine. Comment parvient-il à trouver l’alliance parfaite ? « Je le dis souvent à mon entourage, j’ai 250 idées à la minute, je passe mon temps à imaginer des plats ou de nouvelles textures », confie celui qui a embarqué ses proches dans cette nouvelle aventure. Chez Vaisseau, la notion d’équipage prime, ainsi que la volonté de déboulonner les codes de la gastronomie. « Ici, les gens parlent d’une table à l’autre. Ils passent de bons moments et restent longtemps. Je ne mets jamais personne dehors… enfin jusqu’à 2 heures ! » C’est bien là que réside toute l’ambivalence de l’homme. Il signe une cuisine aux allures de sport extrême, extraordinaire et hautement cérébrale, d’un air tout à fait nonchalant, comme si rien ni personne ne pouvait altérer ni sa vision, ni sa satisfaction – pas même l’annonce courant mars des nouveaux restaurants étoilés du Guide Michelin. Il a finalement réussi à faire ce qu’il a cherché toute sa vie : ce qu’il veut. IG : @adriencachot

HÉROS & HÉROÏNES
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TEXTE CHLOÉ SARRAMÉA PHOTO CHRIS SAUNDERS
« Je n’avais pas d’argent, alors j’ai commencé à travailler ces aliments. »
Adrien Cachot au sujet de son amour pour les abats.
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Pour certain·e·s d’entre elleux, l’été pourrait s’avérer chargé, avec de superbes échéances sportives. Découvrez quatre athlètes passionné·e·s et toujours d’attaque, dont la quête de performance ne vaut que si le plaisir est aussi de la partie.

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ORIANE BERTONE

L’ÉTOILE GRIMPANTE

À 19 ans, la jeune Franco-Italienne qui a découvert l’escalade à La Réunion est une star de la discipline. Oriane Bertone parle vite, à l’image de son ascension précoce. Ça tombe bien, elle a pas mal de choses à dire et énormément d’ambition.

MATTEO CHALLE
Texte PATRICIA OUDIT Photos CHRIS SAUNDERS et MATTEO CHALLE
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Oriane à Arkose Massy, près de Paris. Cette pro du bloc en est vice-championne du monde et double championne de France.

Discuter avec Oriane, c’est sentir de la fougue, du désir. Sa joie d’avoir trouvé sa voie, de la marquer non pas d’une croix, mais de plusieurs. Pour elle, l’envie folle de faire son chemin passe par une concentration et une détermination absolues. Aucun autre sujet pour l’en faire dévier. Les fissures du Yosemite et autres falaises mythiques de la planète à déflorer attendront. Nulle trace de regret dans la voix. La vice-championne du monde de bloc 2023 et championne de France 2024, en quête du Graal suprême cette année, passe sa vie à s’entrainer, les trois-quarts de son temps enfermée dans une salle, à répéter les pas qui la porteront au firmament. Douée ? Oui, mais pas seulement. Oriane est un bourreau de travail, une stakhanoviste de la résine, qui prend un plaisir fou à s’acharner jusqu’à ce que crux (le mouvement le plus difficile d’une voie) s’en suivent. S’entraîner jusqu’à avoir l’impression que ses bras s’allongent et rétrécissent la distance entre les prises. N’y voyez aucune once de masochisme. Oriane le dit et le répète à l’envi : bosser, elle kiffe ! C’est par cette obsession de la perfection que la jeune femme, phénomène de précocité et de maturité, se démarque de ses rivales. Entretien avec une athlète qui n’a pas peur d’afficher la hauteur de ses ambitions aux reflets dorés pour les prochaines années.

the red bulletin : Oriane, pouvezvous nous dire comment tout a commencé ?

oriane bertone : Je suis née à Nice et quand j’ai eu 3 ans, avec ma famille, on est partis à La Réunion, aux Avirons. Mon père, qui est d’origine italienne, était professeur des universités avec une spécialité d’EPS, c’est un ancien judoka de haut-niveau. J’ai suivi son exemple en me lançant dans les sports de combat, en pratiquant le judo, mais surtout la lutte, de 6 à 8 ans. J’ai toujours adoré la compétition.

Votre mère était aussi dans le sport ? Ma mère, elle, n’était pas spécialement sportive, mais elle a plus de sagesse, et elle m’a appris à m’écouter ! Quant à mon petit frère, Max, il vient de gagner son premier titre de champion de France de bloc à 16 ans !

ORIANE BERTONE
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« Je veux être la meilleure grimpeuse au monde ! »

Une grande ambition, et énormément de travail pour atteindre ses objectifs. Comme elle le raconte dans notre interview, Oriane donne tout pour la grimpe.

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« Ce que j’aime, c’est le haut-niveau. Ça aurait pu être du ski, de la natation, n’importe quel autre sport. »

À 8 ans, vous découvrez l’escalade… Révélation ?

J’ai débuté dans un centre aéré aux Avirons. Ça m’a plu tout de suite. Par contre, je n’ai aucun souvenir précis des sensations que j’ai pu ressentir. Je sais juste que j’ai tellement accroché que j’ai arrêté la lutte et les autres sports direct. Comment dire ? Je n’aime pas l’escalade en soi.

Vraiment, vous avez passé tant d’années à atteindre le haut-niveau, sans aimer ça ?!

Ce que j’aime, c’est le haut-niveau. Ça aurait pu être du ski, de la natation, n’importe quel autre sport. Ce qui me fait lever le matin, c’est la recherche de la perfection, le fait de travailler dur, de s’entraîner pour réussir. Le travail, j’adore le travail. Je suis très speed, très déterminée. C’est tombé sur l’escalade !

Quels ont été les grands déclics de votre carrière ?

J’ai commencé les compétitions internationales en minimes, vers 13 ou 14 ans, c’était la première année où je pouvais faire des Coupes d’Europe et des Championnats du monde. Cette année-là, j’ai

« La grimpe, c’est un état d’esprit, un truc familial. »

remporté toutes les Coupes d’Europe et j’ai terminé double championne du monde… Ça a été un premier déclic, j’ai atteint un gros objectif dont je rêvais depuis un moment. En cadette, on m’a surclassée en séniors, j’étais donc trois ans plus jeune que mes rivales, et je terminai deuxième pour ma première coupe du monde. Ensuite, j’ai enchaîné les podiums et l’année qui vient de s’écouler a été une suite de succès ! (En 2023, Oriane a été médaillée d’argent en bloc aux mondiaux 2023, a remporté sa première étape de Coupe du monde de bloc et s’est qualifiée pour les JO pour le combiné bloc-difficulté, ndlr.). J’en suis à ma troisième année sur le circuit mondial seniors. Je dirais que l’entrée en matière est pas mal.

Quand avez-vous su que vous vouliez pratiquer ce sport à haut-niveau ?

Dès le début, en minimes, dès mes premiers podiums, j’ai su que je pouvais enchainer les performances face à des athlètes de très haut-niveau. J’avais ma place. J’ai dit, allez, on y va à fond ! On verra bien !

Depuis que vous avez grimpé un bloc en 8b+ (voir notre encadré sur les cotations, ndlr) à l’âge de 12 ans, on parle de vous comme d’un phénomène. Comment expliquez-vous votre précocité ?

Il y a du talent à la base, je parle de ma qualité de grimpe qui serait un peu innée, mais au-delà de ça il y a ce qu’on choisit d’en faire, de ce don ou de ces prédispositions. J’ai décidé de continuer à m’investir, à m’entraiîner, à m’engouffrer dans cette voie. À la base, j’étais un talent ; aujourd’hui, je dirais que je suis une personne qui travaille très dur et qui se donne les moyens d’atteindre des objectifs très haut placés. Je sais parfaitement où je vais, ce dont j’ai envie. Je suis une personne très déterminée. Je veux être la meilleure grimpeuse au monde !

ORIANE BERTONE
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Son destin en main, Oriane est dans une dynamique de progression impressionnante depuis ses débuts, enfant, à La Réunion. MATTEO CHALLE, CHRIS SAUNDERS
« J’ai passé les trois-quarts de mon année enfermée dans une salle à m’entraîner ! »

Son histoire s’écrit pour l’instant dans cette dynamique. Viendra un jour le temps de la grimpe aventure, partout sur la planète.

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« J’ai l’impression que mes bras se sont allongés ! »

Vous avez eu des sources d’inspiration ? Des modèles ?

Je n’ai jamais été dans l’idéalisation, à avoir des posters dans ma chambre. Je respecte beaucoup d’athlètes, leur travail. Pour ne parler que d’une, Janja Garnbret (la Slovène de 25 ans, championne olympique en titre, ndlr) a été une vraie locomotive, on a toutes progressé grâce à elle, alors aujourd’hui, on va essayer de la détrôner !

Selon vous, comment est perçue la grimpe aujourd’hui ?

Avec les réseaux sociaux, et l’été chargé qui s’annonce, il y a de l’engouement pour notre sport. C’est un formidable accélérateur, ça ouvre des portes, on n’avait pas encore eu accès au Graal, à ce qui est dans beaucoup de sports l’objectif d’une vie ! Ça nous rend très visible, le public découvre une activité, la popularité entraîne de la notoriété et donc on entre dans une autre dimension.

Comment définiriez-vous l’escalade, où il n’est pas question que de performances, mais aussi de valeurs… C’est un état d’esprit, un truc familial. On peut grimper avec quelqu’un qui n’a pas le même niveau et se retrouver sur les mêmes valeurs, et ça c’est assez unique. Discuter au pied des voies avec les copains, et en même temps avoir ce lien solide, cette confiance en l’autre. C’est aussi ce qui fait qu’on gagne en visibilité, le côté sympa, je peux venir dans une salle et grimper au même endroit que quelqu’un qui débute. On garde la tête sur les épaules : rester accessible, il ne faut pas qu’on perde ça, c’est très important de faire partie de cette communauté.

Et comment vous définiriez-vous en termes de style de grimpe ?

Je suis plus une bloqueuse (spécialiste de bloc, ndlr) qu’une diffeuse (épreuve de difficulté, ndlr), c’est là où j’ai la plus grosse

Oriane et les cotations

Les cotations sont utilisées pour qualifier le niveau de difficulté des voies. Elles sont proposées par les personnes qui ouvrent et peuvent être modifiées en fonction des commentaires des grimpeur·euse·s suivant·e·s. En escalade sportive (grimpe avec corde sur une longueur équipée de scellements), elles s’échelonnent de 3 (voies enfant de type escalier) à 9 (escalade extrême). Des lettres a, b et c parfois agrémentées du signe + viennent nuancer la cotation. Seuls trois grimpeurs au monde ont réussi une voie en 9c. En bloc (voies courtes grimpées sans être assuré·e par une corde), la cotation ultime est actuellement de 9a. C’est dire l’exploit d’Oriane Bertone qui, en 2018, à seulement 12 ans, a ouvert le bloc Golden Shadow à Rocklands, 8b+, en Afrique du Sud. Elle est à ce jour la plus jeune personne à avoir atteint un tel niveau de difficulté. Elle avait déjà réalisé son premier 8a à l’âge de 9 ans et son premier 8b à 11.

marge de progression. Je pose bien les pieds, je suis précise, technique, bonne en dalle (plan légèrement incliné qui exige une grande finesse dans la gestuelle, ndlr). J’ai une compréhension de mon corps très affinée, je sais où je suis dans l’espace, ça rend ma gestuelle beaucoup plus facile et fluide et je suis aussi très coordonnée et dynamique. Je suis assez grande pour une grimpeuse, 1,67 mètre, de longs bras, j’ai d’ailleurs l’impression qu’ils se sont allongés cette année ! Mais je suis aussi explosive, avec une bonne poussée de jambes.

Quels sont les points à améliorer en vue du ou des grands rendez-vous ? Le physique, qui a été mon point faible pendant longtemps : j’ai encore de la marge. Je m’entraîne cinq à huit heures par jour six jours sur sept, dans différentes salles de Paris et de la région parisienne, et je fais une heure et demie de musculation trois à quatre fois par

semaine. Ce qui m’intéresse, c’est le gain de force, pas le gain de masse. En grimpe, le rapport poids-puissance est déterminant. Je fais des tractions lestées avec des poids. Je rajoute de la course à pied pour le cardio, au moins une à deux fois par semaine. Et j’ai un préparateur mental aussi. Très important la gestion des émotions en escalade, c’est une discipline usante à ce niveau-là, avec de sacrées montées d’adrénaline ! Si je devais résumer, en gros avec Nicolas Januel mon coach au Pôle France de Fontainebleau, j’ai passé les trois-quarts de mon année enfermée dans une salle à m’entraîner !

Vous avez 19 ans, une détermination à toute épreuve, mais une grande page blanche s’ouvre devant vous. Comment comptez-vous la remplir ? Une année classique, je fais six ou sept coupes du monde. Je suis encore très jeune, j’ai le temps de m’ouvrir au monde, d’y réfléchir. Je vais continuer à m’entraîner pour être la meilleure au monde, car je n’ai pas encore atteint le niveau que je souhaite. J’espère progresser encore plus en 2024, puis 2025, 2026… Alors le programme pour les prochaines années, ça va être beaucoup de souffrance, de volonté, de sacrifices, je suis trop concentrée là-dessus pour réfléchir à autre chose.

Vous n’avez pas envie de découvrir l’autre aspect de la grimpe, son versant image, les tournages, les trips dans des spots fabuleux auxquels vous avez déjà pu goûter ?

Les tournages, les voyages, les grandes falaises, cela viendra tout seul, mais je suis sûre que des opportunités vont se présenter. Je retournerai sur le caillou, sans 9a, b, c dans ma tête (le 9 étant le chiffre maximum actuel de la cotation en escalade, ndlr). Je ferai la cotation qui se présente, avec toujours l’envie de dépasser mes limites. C’est ça qui me donne du plaisir.

Quand vous grimpez, même en compétition, on le sent, ce plaisir omniprésent…

Je kiffe complet. Grimper, j’adore ça. Je ne regrette pas une seule seconde d’avoir tout mis de côté pour l’escalade. Réussir dans cette voie, celle que je me suis choisie, ça me donne le sourire tous les jours de ma vie !

IG : @oriane_bertone

ORIANE BERTONE
THE RED BULLETIN 35 MATTEO CHALLE
Un Joker en mode killer ! Le skateur iconique de Marseille en pleine action lors d’une édition du Red Bull Bowl Rippers. TEDDY MORELLEC/RED BULL CONTENT POOL

VINCENT MATHERON

VINCENT TROP PUISSANT

De son spot d’enfance aux compétitions les plus cotées, en passant par les sessions les plus pures avec le gratin mondial, Vincent Matheron a fait de sa passion pour le skate un quotidien. Une vie. Il skate même quand il ne peut plus skater.

Texte VICTOR SALIBA
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Vincent Matheron, 25 ans, et encore au moins autant d’années à skater devant lui. Quoi qu’il arrive. Photo par Little Shao au bowl du Prado.

Marseille a son J, son S, mais aussi son V. Ils ne fréquentent pas les mêmes scènes mais portent tous fièrement les couleurs de leur ville de cœur. Vincent Matheron, 24 ans, dont 21 passés à rider le mythique bowl du Prado dans tous les sens, a ça dans le sang et dans sa chair. Car si la culture skate est arrivée jusqu’aux catewalks de la Fashion Week, les skateur·euse·s continuent de laisser chevilles et torrents de sueur dans le fond des bowls sans penser à demain. Vincent est de ces athlètes-là. Interview d’un local toujours aux quatre coins du bowl quand il n’arpente pas ceux du monde.

the red bulletin : Allô, Vincent ! vincent matheron : Ouais ! Ça va ?

Au top, où es-tu ?

Toujours au Prado, on vient de terminer le shooting avec Little Shao.

Marseille bien sûr, le Prado évidemment, c’est un peu ta seconde maison ! De ouf, c’est presque mon bureau ! J’y suis tous les jours, en plus maintenant que j’habite à côté, j’y vais vraiment tout le temps, c’est la folie. Je ne peux même pas te dire combien de fois je l’ai skaté, le chiffre n’existe pas ! Je peux y aller deux fois par jour, c’est la maison.

Tu arrives encore à trouver de nouvelles lignes, à t’éclater ?

C’est le bowl de Marseille ! Même après 21 ans de skate là-bas, j’arrive toujours à trouver de nouvelles lignes, à le redécouvrir. Dans un skatepark je me lasse, y’a toujours des lignes à créer, bien sûr, mais tu fais beaucoup plus vite le tour. Là, au Prado, je ne me lasse jamais ! Être ici, c’est une satisfaction, c’est mon terrain de jeu et d’expression, c’est différent. Quand j’y suis, tous les problèmes s’en vont, c’est que du bonheur.

Il y a un tricks ultime que tu rêverais de rentrer au Prado ?

Il y a pas mal de trucs qui n’ont jamais été faits, donc j’aimerais trop en rentrer un

c’est sûr, ce serait incroyable ! J’ai quelques tricks que je n’ai pas faits mais j’y étais presque donc j’ai vraiment envie d’y arriver. Mais ça date de l’époque où ils ont refait tout le bowl et où j’ai cumulé les blessures, donc je n’ai pas vraiment pu m’y remettre. Et puis, avec les compétitions et les projets qui s’enchaînent, j’ai eu des choix à faire donc j’ai dû mettre de côté cette figure…

Spoiler alert : tu peux nous en dire plus sur ce trick ?

En gros, ce serait de partir de la raquette du bowl et d’aller jusqu’au spine, qui est l’arête qui sépare les deux halfpipes de la partie haute, de le faire en sugarcane qui est un peu mon tricks signature. Ce serait vraiment un accomplissement de rentrer ça sur ce spot légendaire (le sugarcane est un grind très technique qui consiste à faire passer son truck d’arrière à avant sans pivoter le haut du corps, ndlr). Si je

pouvais avoir Jack Thompson (vidéaste et skateur italien, ndlr) ou Chris Gregson (vidéaste et skateur américain, ndlr) pour filmer ce trick, ce serait vraiment le combo parfait.

En parlant du loup, on a croisé le rider californien Chris Gregson lors de la compétition Red Bull Bowl Rippers au Prado en septembre l’an dernier, qui nous disait que personne ne ridait le bowl comme toi, et qu’il voulait trop shooter avec toi sur ce spot... Plutôt cool venant d’un tel bonhomme ? Oui, il me l’a dit aussi, c’est un vrai objectif qu’on a et qu’on partage, j’espère pouvoir concrétiser ça bientôt. Je n’ai jamais beaucoup filmé avec lui, à part au Red Bull Bowl Rippers, à chaque fois c’est vite fait et on n’a pas trop le temps. Y’a du monde au skatepark, c’est une compète et on ne peut pas vraiment filmer. Filmer des lines complètes au bowl avec lui, ce serait vraiment dingue, on va organiser ça prochainement.

Le fait d’avoir moins de temps pour ces projets c’est aussi lié à une évolution et une transformation du skate sur ces dix dernières années, non ? Toi qui te reconnais plus dans la vibe 80’s, 90’s de la Bones Brigade, comment vis-tu ces changements et l’ambiance Équipe de France ?

Le skate est en évolution constante, c’est normal. Le skate, ça change et ça changera toujours, c’est un sport qui évolue et c’est ce qui fait sa beauté. Ce n’est pas une discipline qui reste sur les mêmes bases tout le temps, qui a des règles figées comme peuvent l’être le judo ou plein d’autres sports qui se doivent de rester les mêmes. Même si ça devient sérieux, c’est clair, t’as des entraînements, une Équipe de France, des encadrements, etc. C’est carré, mais le sport reste au-dessus de tout ça et évoluera toujours. Après, il faut que la discipline garde les mêmes valeurs.

« Je ne peux même pas te dire combien de fois je l’ai skaté le bowl du Prado, le chiffre n’existe pas ! »
VINCENT MATHERON
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Vincent Matheron « au bureau », au bowl du Prado, à Marseille. Un spot qu’il skate depuis l’enfance sans jamais s’en lasser.
« Le skate ça change et ça changera toujours, c’est un sport qui évolue et c’est ce qui fait sa beauté. »
VINCENT MATHERON
LEANDRO TERRILE/RED BULL CONTENT POOL, NICOLAS JACQUEMIN/RED BULL CONTENT POOL,
« Quand je ne peux plus skater, en vrai, je m’y mets sur console. »

Est-ce que ça a changé ton approche du skate ?

Non pas vraiment, ce qui a le plus changé mon approche du skate, malheureusement, ce sont les blessures. Je suis obligé d’être rigoureux et me maintenir en forme, sinon je ne peux plus faire ce que j’aime. Pour continuer à skater, je suis prêt à tout, passer par ces routines et avoir cette rigueur d’entraînements, de remise en forme, de kiné, de travail, ça ne me gêne pas. Et je ne dis pas ça que pour la partie compétition, j’adore faire du sport en général, j’ai été éduqué comme ça et c’est ce que je kiffe.

Après plusieurs années à l’abri, tu as enchaîné une grosse blessure à la cheville en 2019 avec outillages, vis et plaques dans les os. Le genou depuis quelques mois. Qu’est-ce qui te fait tenir quand tu ne peux plus skater ? Ce qui me permet de bien récupérer, c’est déjà mon entourage, avoir du monde autour de moi, mes proches. Ça me permet de rester focus sur mes objectifs et de garder la tête froide même dans les moments les plus difficiles ou frustrants. Après, mon moteur du quotidien, c’est l’amour pour le skate, c’est ma motivation numéro 1. Quand je suis blessé, que je suis en rééducation et que j’ai envie de lâcher, je repense au skate et je m’y accroche. J’essaye de ne pas trop me poser de questions, le skate ça se fait avec la tête et le cœur, si tu te prends trop la tête c’est pas cool et donc c’est pas le skate ! Après, je ne te dis pas qu’il n’y a pas des hauts et des bas… Là, je reviens tout juste de blessure et ma reprise sur le skate c’était dur, surtout mentalement. J’ai pris le temps et ça revient toujours.

Dans ces moments-là, c’est dur de voir d’autres skateurs partout : à la Fashion Week, à la TV, sur Insta, etc, ?

Je ne porte pas attention à ces trucs-là, c’est pas mon style et ça ne m’intéresse

Le frère de Vincent, Nathan, à l’attaque lors du Red Bull Bowl Rippers en septembre 2023.
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BART JONES/RED BULL CONTENT POOL, PIERRE-ANTOINE LALAUDE/RED BULL CONTENT POOL

pas. C’est pas mon skate à moi tout ça donc je fais mes trucs, je regarde des parts sur YouTube et sur tous les réseaux à fond. Et surtout, quand je ne peux plus skater, en vrai, je m’y mets sur console…

Toujours au bowl du Prado ?

Bien sûr ! Ils ont fait un remake de Tony Hawk’s Pro Skater 1 et 2 il y a quelques années, donc plus besoin de PlayStation 1 pour skater le bowl du Prado. J’y jouais sur Gameboy quand j’étais petit, et même si j’ai jamais eu de personnages préférés, c’est le niveau que je skatais le plus, tout le temps. Quand je suis blessé, retrouver des sensations en passant le spine, même virtuellement, c’est trop cool.

Dans les jeux vidéo, tu as une vraie notion de compétition, c’est un truc qui te fait vibrer IRL aussi ?

J’ai un vrai esprit de compétition, je me mets au défi. Me retrouver face à moimême dans un format de compétition, quel qu’il soit, c’est ce que j’aime. Après, c’est plus dans les contests comme le Red Bull Bowl Rippers et les jam sessions que je me retrouve, et moins dans les contests plus officiels ou olympiques. Bowl Rippers, Swampfest (festival de BMX et de skate américain créé en 2016 se déroulant en Floride, ndlr), c’est ce qui me fait vraiment vibrer, il y a une adrénaline et une ambiance que tu ne retrouves pas ailleurs, ça envoie vraiment du lourd ! C’est unique !

Tu as un objectif en tête cette année ? Je pars bientôt à Dubaï pour les World (la WST à Dubaï est une manche des Championnats du monde de skate, ndlr) et j’ai d’autres compétitions en vue pour une potentielle qualification aux Jeux. On ne va pas se mentir, skater à Paris cet été, c’est un vrai objectif pour moi. Représenter la France, en France, et surtout représenter Marseille en France, ce serait fou. Après, ça ne va pas être facile, je vais essayer de skater au mieux, donner mon max et on verra. Ce que je veux cette année, en dehors de la compétition, c’est voyager, skater à droite à gauche et surtout, le faire avec les bons gars, de purs skateurs de bowl comme les Américains Chris Russell, Chris Gregson, ceux qui skatent du bowl à fond. Pouvoir skater avec ces gars-là, c’est le top.

Et skater avec ton frère, est-ce que c’est ça le top du top ?

Bien sûr, si on parle de la famille, y’a pas photo, on skate tout le temps ensemble

avec mon petit frère, mon oncle et mon père. Je suis trop content pour mon frère d’ailleurs, il a sa première sélection en Équipe de France donc il sera avec moi à Dubaï pour faire la compète. C’est trop cool, on va se retrouver face à face ! Je le vois grandir et progresser d’années en années, il skate de mieux en mieux et je suis trop content de partager la même passion que lui et, surtout, à un aussi haut-niveau. On s’inspire mutuellement.

Pas de clash comme les Pogba entre les frères Matheron ?

On s’entend super bien, on fait plein de trucs ensemble : jeux vidéo, skate, on se marre et on a les mêmes délires. Et puis, surtout, on est de vrais fans de skate tous les deux, on adore vraiment ça, c’est dans le sang. Au-delà de notre relation, je le trouve vraiment impressionnant, il se remet aussi d’une blessure et il arrive à revenir encore plus fort. J’ai une vraie admiration pour lui, pour tout ça. C’est ça qui m’inspire particulièrement, les athlètes comme lui qui se blessent, qui ne lâchent pas et qui arrivent à revenir.

Il y a un vrai côté Rocky Balboa chez les Matheron : vous encaissez et vous revenez toujours plus fort… Stallone, c’est un peu ton modèle ?

Oui complétement, chez Stallone t’as plein de phrases, d’histoires qui te donnent envie de rien lâcher. Dans ses films, il y a plein de séquences qui te donnent envie de t’accrocher. Dans Rocky – c’est un de mes films préférés, c’est même MON film préféré – il fait passer plein de messages, il te montre que dans la vie il y a des tempêtes, mais qu’il ne faut jamais rien lâcher et toujours y croire. Ça peut paraître des phrases toutes faites, c’est sûr, mais quand c’est lui qui les dit, ça te donne la motivation.

Tu as une bande-son motivation ? Si tu devais choisir un groupe pour accompagner tes sessions au bowl du Prado ? Je suis un fan de rock, de metal, mais aussi de JUL ou SCH et de la scène rap marseillaise en général, mais en ce moment, j’avoue que je suis plus dans ma phase rock. Si je dois choisir un groupe, c’est facile, c’est Mötley Crüe avec leur titre Kickstart my Heart. C’est la musique d’une part vidéo de mon skateur préféré, Toni Trujillo, donc je n’hésiterais pas, je les invite tous les jours !

IG : @vincent_matheron

VINCENT MATHERON
THE RED BULLETIN 43
Cover story avec Tony Hawk, le Boss, en 2021.

En tête : Sasha se détache de la concurrence à Canberra (Australie) lors de l’Oceania Continental Tour 2024. FRED ETTER

SASHA ZHOYA

13 SECONDES DE KIF TOTAL

Le hurdler franco-australo-zimbabwéen, Sasha Zhoya, a été recordman du monde junior du 110 mètres haies à 19 ans. Deux ans plus tard, alors qu’il entre dans le monde des grands, cet athlète qui dit ne jamais se contenter d’une seule chose à la fois semble ne voir aucun obstacle infranchissable à l’horizon.

Texte PATRICIA OUDIT Photos IAN REGNARD

C’est sans doute le plus grand espoir de l’athlétisme tricolore et il a trois passeports.

Sasha Zhoya, 21 ans, né d’une mère auvergnate, d’un père zimbabwéen, et élevé en Australie franchit les haies autant qu’il brûle les étapes. Un mix culturel étonnant, un créatif « polymaniaque » qui fait du rap, adore la mode, et a tellement de cordes et de sports à son arc qu’il pourrait ouvrir un magasin de sport entre Sydney et Clermont (voir encadré). Un genre de parcours en zigzag qui ouvre l’esprit à 360° mais où rien n’était écrit d’avance. « Enfant, j’étais petit, tout mince et pas très explosif. Ma mère, ma première coach m’a donc fait me concentrer très tôt sur la technique, dès mes 11 ans, à l’époque j’en paraissais 7 ! Et une technique ça s’améliore sans cesse et ça permet d’aller vite et haut ».

La preuve : à 16 ans, « le petit » sautait plus haut que celui devenu le plus haut sauteur de tous les temps, Armand Duplantis, au même âge. C’est à Perth en Australie où le système scolaire australien laisse une large place au sport que Sasha a pu explorer chaque muscle de son corps : surf rescue, tennis, hockey sur glace, équitation... Une mécanique métronomique qui a fini par afficher un chrono de 12 sec 72 un jour d’août 2021. Record du monde junior et or à la clé. Il n’a que 19 ans.

À l’Insep (l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance), couveuse parisienne de l’élite sportive, il continue de peaufiner son art du franchissement sous le regard affûté du maître ès-haies, Ladji Doucouré.

« Je suis du genre à lui envoyer un sms à n’importe quelle heure parce que j’ai pensé au petit détail qui peut tout changer. » Et ça marche : alors qu’il est encore espoir 3, Sasha, petit hurdler par la taille (1,83 m) a fait son entrée dans la cour des grands, en glanant une sixième place aux mondiaux 2023. « J’engrange de l’expérience pour les prochaines grandes échéances. Je vise haut, mais plus que cela : j’envisage la course parfaite, celle avec le flow de ouf. »

Pour atteindre ses objectifs, le champion d’Europe espoir 2023, qui connaît son corps avec la précision chirurgicale du danseur de ballet qu’il est, prend là encore quelques longueurs d’avance.

« Je profite du fait que l’Australie est aussi mon pays pour participer aux meetings qui se déroulent tôt dans l’année. Je suis dans le game quatre mois avant tout le monde ! » Les perfs et records ne doivent pas faire oublier la finalité de tous ces efforts : le plaisir. Le vivre, le montrer et le partager, en showman à la Usain Bolt, qu’il admire. « Depuis douze ans, je passe des heures à m’entraîner chaque jour pour 13 sec de course. Mais la compète, c’est du fun avant tout ! Si j’atteins le Graal cet été, je ne m’arrêterais plus de danser jusqu’à ce qu’on me vire du stade ! » D’ici là, il nous accorde un entretien posé.

« J’envisage la course parfaite, celle avec le fow de ouf. »

the red bulletin : Peut-on revenir plus en détail sur les derniers mondiaux d’athlétisme à Budapest en 2023 ?

sasha zhoya : Oui, c’est ma première course chez les « grands ». Bien sûr, j’aurais aimé un podium, mais j’ai fini sixième, et premier Français. Ça montre de bonnes bases pour une première finale mondiale. Mes deux premiers records mondiaux en cadets et juniors étaient sur des haies plus petites (99 cm en junior au lieu de 1,06 m en seniors). Mon record chez les « grands », c’est 13 sec 15. Je suis dans la bonne cadence.

Justement, la cadence, le rythme, c’est très important dans votre discipline, vous qui êtes un danseur de ballet… C’est une épreuve qui exige beaucoup d’agilité et de souplesse, comme la danse. Beaucoup de discipline aussi. Les haies sont très hautes, plus hautes que le bassin, ce n’est pas un saut, ça ressemble plus à un mouvement de fouetté en danse sur la pointe des pieds. Ça aide à franchir les dix barrières sans les toucher. On s’y attend, d’ailleurs, à l’entraînement, on apprend à ne pas être déstabilisé dans sa chorégraphie, dans son tempo.

SASHA ZHOYA
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Focus : le hurdler Sasha Zhoya photographié à Perth, en Australie, lors d’une session d’entraînement.
« À

l’entraînement, on apprend à ne pas être déstabilisé dans sa chorégraphie, dans son tempo. »

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En quoi la danse, que vous avez commencée à 12 ans, vous aide-t-elle dans votre sport ?

Quand j’étais étudiant au John Curtin College of the Arts de Perth, une école d’arts, je dansais le ballet cinq fois par semaine. En déménageant en France, j’ai dû killer pas mal de mes activités, comme les sports aquatiques, le surf. Par contre, je n’ai pas pu renoncer au ballet, car c’est trop bénéfique à ma performance en haies. Mes entraîneurs s’en sont rendu compte, et m’ont inscrit dans une école de danse à Saint-Mandé, une ville proche de l’INSEP.

Vous pratiquez toujours ?

Agressif : Sasha n’est pas que cool... Le voici en action, arrachant la concurrence, lors d’un meeting à Canberra en Australie, en mars dernier.

On a mis en pause pour me concentrer sur l’entraînement, c’est quand même très dur en saison de faire les deux. La danse, c’est plus dur que le sprint, ça tape dans l’organisme. Si je fais deux heures de barre, ma séance de haies risque de ne pas être au top. Mais ça me sert tellement à mon équilibre personnel que j’avoue : j’ai envie de reprendre tranquille avec un prof qui me fait faire des mouvements de danse adaptés à mon sport. Ça me rappelle comment mon corps doit fonctionner. Et le geste

de franchissement de haies ressemble beaucoup à celui de la barre.

Comment ça se passe les entraînements à l’Insep ?

Comme je suis le plus jeune des plus jeunes, j’avais vraiment besoin d’être focus sur les haies, moins sur la vitesse pure, alors je ne m’entraîne qu’avec Ladji Doucouré avec lequel on enchaîne les séances très techniques. Les haies, c’est pas que boumboum-boum, des séries d’obstacles à passer.

Vous dites vous entraîner H24.

Expliquez-nous…

En dehors de mes séances d’entraînement qui apportent déjà beaucoup d’informations, je pense tout le temps à des choses, des détails. Là, en ce moment, je suis au repos, allongé et je pense à mes appuis, au petit truc qui va rendre mon départ plus explosif. Je vais envoyer un vocal à Ladji et voir comment on peut appliquer ça lors de la prochaine session. Je cherche à masteriser ma technique personnelle, sans imiter personne. Jamais.

Vous avez un parcours très personnel, c’est vrai, mais vous n’avez pas été inspiré par quelqu’un ?

SASHA ZHOYA
THE RED BULLETIN 49 FRED ETTER,
PICTUREDESK.COM

Le cas Sasha en 5 datas

Zimbabwe, France, Australie. Sasha a eu du mal à choisir entre ses trois nationalités. « Un vrai problème quand j’ai dû faire le choix du pays pour lequel j’allais concourir. Je suis un homme du monde. J’aimerais pouvoir faire un tour d’honneur avec mes trois drapeaux, ces trois pays sont ce que je suis. Je me fais plaisir en représentant la France, mais je n’oublie jamais l’Australie et le Zimbabwe. »

Surf, perche, hockey, kung-fu, tennis... Il a réellement pratiqué des dizaines de sport : « Ma mère nous a toujours fait faire du sport. C’était aussi, je pense, pour elle, une arme pour me fatiguer, j’étais un peu tout fou ! Mais ça m’a donné une super base technique, pour comprendre mon corps. Quand Ladji Doucouré, mon coach, me donne tel ou tel conseil, c’est facile pour moi de transposer des gestuelles d’autres sports vers l’athlé. »

Il est danseur de ballet et ça lui apporte beaucoup. « À 12 ans, j’ai commencé les arts de la scène. Théâtre, comédie musicale, danse, j’ai fait cinq ans de danse contemporaine et de classique, puis que du

ballet. Aujourd’hui encore, je m’en sers pour m’échauffer : quand les autres font des bonds, moi je m’assouplis à la barre avec de la musique classique dans les oreilles. Les gens doivent penser : « Il est chelou le boug’ en train de faire du ballet ! »

Rap et fashion : des passions parmi d’autres de cet athlète multifacettes. « J’ai besoin d’être créatif. Comme mon meilleur ami est un rappeur australien, je suis un peu dedans. Quand j’ai du temps, j’écris des textes, je crée des sons. La mode, j’adore, je suis allé au défilé Dior au début de l’année. Comme pour la musique, il y a une partition à lire, une histoire derrière. Là encore, j’aime le côté créatif. Je fais mes propres manchons avec Red Bull. Allier performance et look, c’est important. »

Sasha a envie d’apporter du cool à sa discipline. « En athlé, parfois, il manque ce facteur Wahou ! J’ai grandi sur la scène en tant que danseur, je suis un performer ! La plupart des athlètes aiment être uniques, être dans la lumière. J’ai envie que le public remarque ma différence et kiffe autant que moi ! »

« Pour moi, la compétition c’est que du fun, de la vibe. »

Par Ladji, bien sûr ! Après, c’est difficile pour moi de m’identifier à d’autres hurdlers. Je suis très petit en taille par rapport aux autres athlètes de ma génération, mais ceux d’avant étaient de ma taille, donc j’essaie de regarder quelle était leur technique. Mais pas évident de comparer les époques, surtout quand 99 % des gens n’utilisent pas les mêmes méthodes que vous…

Comment évoluez-vous dans ce milieu hyper compétitif avec les grandes échéances qui arrivent ? Je ne me mets aucune pression. Je suis réaliste. Je préfère ne pas me monter la tête, être l’underdog, l’outsider qui arrive en scred et fout le bordel. Si ce n’est pas maintenant, ce sera dans quatre ou huit ans. J’ai de la marge, l’atout de la jeunesse. Même si j’avoue : je visualise mes courses gagnantes des années à l’avance, chaque petit détail. Il faut trouver un équilibre, ne pas se faire matrixer par la course. En fait, je n’envisage pas une course gagnante, mais la course parfaite. Celle avec un flow de ouf.

Le flow, c’est récurrent dans votre approche. Comment le décrire ?

C’est mon caractère ! Une course pour moi, c’est une performance, une fluidité qui fait penser aux gens que ça a l’air tellement simple qu’ils peuvent le faire aussi. Sauf que, quand ils essaient, ils sont comme des éléphants dans un magasin de porcelaine ! Je suis là pour montrer ce que je sais faire, ce que j’ai appris, qui je suis. Et je tiens ça d’Usain Bolt qui dit que l’entraînement, c’est la partie difficile. Sur la piste, il faut profiter de ce moment. À fond. Pour moi, la compétition c’est que du fun, de la vibe. Treize secondes de kif total. Alors si je peux les faire durer quelques minutes de plus en faisant x tours d’honneur, comptez sur moi !

IG :@sasha.zhoya

SASHA ZHOYA
THE RED BULLETIN 51 LITTLE SHAO

KAULI VAAST

BIENVENUE À TEAHUPO’O

Pouvoir surfer régulièrement la plus belle vague au monde, entrer en symbiose avec son énergie, sa puissance. Parcourir la planète pour atteindre le plus haut niveau en surf. À 22 ans, le quotidien de Kauli Vaast est sans pareil.

Texte PH CAMY Photos TIM MCKENNA

Avant de pratiquer le surf dans de telles conditions, Kauli a appris à comprendre l’océan, pour y passer ses meilleurs instants.

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En Polynésie, aux racines du surf, où il a grandi, Kauli Vaast est un surfeur apprécié. Cet athlète en ascension dispose de trois titres de champion d’Europe Pro Junior (2017, 2019 et 2022) et s’est qualifié pour la plus grosse compétition sportive de ces quatre dernières années, dont l’épreuve de surf se tiendra « en face » de chez lui. Découvrez sa réalité sur la plus formidable vague au monde : Teahupo’o.

Un dimanche de février. Huit heures du matin à Paris. Vingt-trois heures, la veille, en Polynésie, à 15 000 km. Une journée commence, une autre s’achève, de bonne heure, pour Kauli Vaast, qui nous éclaire d’entrée et via WhatsApp sur sa routine…

kauli vaast : Je me lève assez tôt, je checke les vagues… S’il y en a, je vais surfer. Je reviens, je mange un peu, entre midi et 14 heures, ça dépend. Je fais un entraînement physique : courir, vélo, même juste du cardio à la maison ou de la natation. Après, j’aime bien faire une sieste, et retourner surfer ou m’entraîner le soir. Je dîne, je me couche tôt. En période d’entraînement, de préparation, c’est ça, ma routine.

the red bulletin : Tu es accompagné par un coach physique ?

En fait, j’en ai deux. L’un est spécialisé dans la natation, le vélo, la course, et j’ai mon kiné qui est aussi entraîneur physique et qui connaît les exercices pour mon corps. On fait ça chez lui. Sinon, on va courir en montagne avec des objectifs précis.

Tu ne pratiques pas le jiu-jitsu comme beaucoup de surfeurs ?

Non, mais j’aime bien faire des sports alternatifs avec des potes, des trucs sur le haut du corps, pour travailler le cardio.

Depuis combien de temps te considèrestu comme un surfeur pro ?

Depuis que j’ai 13 ans et mon premier sponsor. Mon premier bon contrat qui m’a permis de voyager à l’étranger pour y faire des compétitions. Je continuais

l’école en parallèle, bien sûr, mais je partais à des périodes bien précises pour ces événements.

À quel moment as-tu basculé intégralement dans le surf ?

C’était il y a deux, trois ans. Avant cela, j’ai eu mon Bac et j’ai fait une année de STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives, ndlr). Et j’ai arrêté.

Vu d’ici, en métropole, on pourrait se dire qu’il y a beaucoup de surfeurs et de surfeuses pros en Polynésie, mais combien dédient vraiment leur vie au surf, en tant que pros ?

Nous ne sommes que quatre : Michel Bourez (l’icône locale du surf, 38 ans, ndlr), Vahine Fierro, qui a 24 ans, Mihimana Braye (surfeur de Tahiti âgé de 28 ans, ndlr) et moi-même. Il y a aussi beaucoup d’autres jeunes, mais qui ne peuvent pas être autant impliqués, aussi à fond dans la préparation et les compétitions.

Historiquement, ta famille surfait ?

Pas vraiment… Mon père surfe un peu, ils étaient plus windsurf avec ma mère. Mais ma petite sœur et mon petit frère surfent également.

Ton père nous a aidés pour caler cette interview avec toi… Tes parents sontils aussi un peu tes manageurs ?

Tous les deux sont profs à Tahiti, et sont à fond derrière moi pour m’aider sur des questions d’organisation et de structure, mais ils ont gardé leur rôle de parents. Ce ne sont pas des coachs ou autre.

Qu’enseignent-ils ?

Mon père est prof de français et d’histoire, et ma mère est instit’ dans les écoles primaires. Elle est instit’ spécialisée « maître E » pour les élèves en difficulté qui ont besoin de soutien en lecture, pour compter, en CP, CE2...

Est-ce que le surf est vraiment une réalité pour les gamins autour de chez toi ?

À Tahiti, tout le monde surfe, c’est vraiment ancré dans la culture. On est entourés d’océan et tout ce qu’on fait comme loisirs a un rapport avec l’eau. Depuis tout petit, tous mes potes ont déjà surfé, certains ont plus accroché que d’autres, et s’ils ne sont pas doués pour le surf, ils le sont pour d’autres sports de glisse. Après, pour ceux qui veulent aller plus loin, c’est difficile pour un Tahitien de partir, voyager, quitter le noyau…

Le simple fait de pouvoir se payer des billets d’avion pour rejoindre une compétition à l’étranger doit déjà être une contrainte…

Dans le surf, il n’y a pas autant d’argent que dans d’autres sports, c’est aussi une part de difficulté.

C’est quoi le spot classique d’un gamin qui commence ici ?

C’est directement devant chez lui, tout simplement. On a de la chance d’avoir les spots vraiment en face.

À quel moment es-tu passé du stade « en face » à progresser et à devenir plus consistant, à celui de capable de surfer les vagues, l’impressionnante et mythique vague de Teahupo’o ?

« C’est diffcile pour un Tahitien de partir, voyager, quitter le noyau. »
KAULI VAAST
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Le shaka des surfeurs : Kauli photographié à Teahupo’o par Tim McKenna, avant une session d’entraînement.
« Le respect, c’est la valeur à avoir à Teahupo’o, c’est hyper important. »

Quand tu commences à avoir le niveau de surfer cette vague… C’est un ressenti : tu es prêt, ou pas. C’est spontané, ça vient naturellement en fait. Tu te connais : « J’y vais ou j’y vais pas. » J’y suis allé la première fois quand j’avais 8 ans. Je ne le sentais pas du tout, mais j’étais venu pour regarder, c’était petit, c’était mignon, j’ai sauté à l’eau, et c’est parti. J’étais avec mon père, en famille…

Depuis ce jour-là, Raimana van Bastolaer, qui m’a motivé dès le début, n’a plus cessé et il m’a dit de toujours y aller, de ne jamais avoir peur d’y aller, au moins d’être là-bas, pour s’informer, regarder. Et c’est comme ça que j’ai appris…

Raimana van Bastolaer, c’est qui ?

C’est la légende de Tahiti, du surf ! Il m’a toujours épaulé.

Plus tôt tu y vas, mieux c’est ?

Ouais ! Plus tôt tu y vas, plus tôt tu comprends le spot et tu apprends à le lire. Plus jeune tu y vas, plus tu acquières d’expérience.

Comment as-tu grandi avec cette vague ? Est-ce qu’elle continue de te challenger ou est-ce que tu as la sensation d’en connaître toutes les facettes maintenant ?

C’est toujours flippant d’aller là-bas, de voir cette vague. Même si tu y surfes tout le temps, ça reste Teahupo’o... Il faut avoir un respect, ne pas jouer avec.

Tu parles de respecter cette vague comme si tu parlais d’une autorité locale, incarnée...

C’est une énergie que tu ressens, on appelle ça le Mana. Cette énergie est présente dans le spot, c’est ça qui fait la beauté et l’authenticité de cette vague, il n’y a nulle part ailleurs où tu ressens une telle énergie, autant de puissance. Le respect, c’est la valeur à avoir à Teahupo’o, c’est hyper important.

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« Je suis obligé de m’écouter pour ne pas me blesser ; je ne peux pas louper de qualifs, de compètes. »

Jouer les casse-cous, pas son genre. Kauli s’exprime sur la rigueur qu’il s’est imposée pour atteindre le top, sur des vagues qui font mal.

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On dit souvent de la montagne qui entoure cette vague que c’est la « Montagne aux crânes »… La Montagne au mur de crânes... Ça a vraiment existé… Deux clans se sont battus, et pour délimiter leurs territoires, les vainqueurs ont construit un mur avec le crâne des perdants. Je ne sais pas où c’est exactement. Par contre, on voit bien la délimitation entre le village de Teahupo’o et les autres villages.

Toi, qui a visité nombre de vagues de par le monde, tu vois une différence flagrante avec Teahupo’o ?

Elle est différente, avec le Mana, la puissance, l’énergie que tu ressens. Après il faut être un peu subtil, savoir la capter, même déjà comprendre la signification du mot. Ensuite il y a le décor, l’eau translucide, les couleurs, le sunrise dans le tube, le rayon de soleil, les bateaux à côté, tes proches hyper près de l’action avec la faille qu’il y a... La vague est parfaite, ça forme un tube incroyable. Le tube, c’est la meilleure manœuvre pour un surfeur, tout le monde est à la recherche de ça. Teahupo’o, c’est challenging, la vague marche dans toutes les tailles. C’est là où tu peux prendre les meilleurs souvenirs de ta vie en surf. Ou les pires, si tu tombes…

Ça ne pardonne pas ?

Le risque à Teahupo’o, c’est de toucher le récif, le fond est tout proche…

Ça t’est arrivé ?

Plusieurs fois, mais rien de grave.

Est-ce que tu as vu à Teahupo’o des choses qui auraient pu te dissuader d’aller à l’eau ?

J’ai vu beaucoup de copains tomber, se blesser, taper la tête, casser des planches… Là, tu te dis qu’il ne faut pas jouer, avoir l’instinct. Ça se sent, tu y vas

« Un vrai surfeur, c’est quelqu’un qui respecte l’océan et qui apprend à le connaître. »

ou tu n’y vas pas, tu écoutes la mer… Je peux paraître un peu psychopathe avec ça, mais c’est comme ça que je le ressens.

Il t’arrive vraiment de ne pas y aller parce que tu ne le « sens pas » ? Oui, et je suis l’un des seuls à faire ça. Je peux aller à l’eau et si je ne le sens pas, je ne prends pas de vague.

Tu es vraiment l’un des rares à faire ça ? Oui (sourire). Il y en a qui ont peur mais y vont quand même, tentent le tout pour le tout. Je ne peux pas me le permettre.

Pourquoi ?

Je fais de la compétition, je voyage presque tous les mois, voire toutes les semaines... Je suis obligé de m’écouter, pour ne pas me blesser, je ne peux pas louper de qualifs, de compètes.

Tu t’entraînes spécifiquement en natation et apnée pour assumer ce genre de risque ?

Bien sûr, le surf à Teahupo’o, comme le surf en compétition sur toutes les autres vagues du monde, nécessite un entraînement spécifique et de l’engagement. Il faut savoir rester longtemps sous l’eau pour

« En face » : en Polynésie, les spots de surf sont littéralement devant la maison.

KAULI VAAST
58 THE RED BULLETIN DOMENIC MOSQUEIRA/RED BULL CONTENT POOL
« En Polynésie, chacun est un peu un membre de la même famille, c’est ça notre power. »

Pour Kauli Vaast, l’unité de son peuple est une force. Il en est l’ambassadeur partout sur la planète en tant que surfeur pro.

Kauli à son top, à l’eau, protégé par une montagne mystique, est prêt à prendre une vague dont il ne se lassera jamais. La plus belle au monde.

être prêt et encaisser les chocs, être solide physiquement et mentalement. Oui, être bon en respiration, ça aide, c’est toujours un plus. Mon boulot, c’est d’être compétiteur, donc c’est ça que je travaille, plus que le surf de grosses vagues, même si j’adore surfer les grosses vagues à Teahupo’o. Je m’entraîne en essayant d’envelopper tout cela dans une même session, un entraînement complet pour tout.

Tu as cité Michel Bourez tout à l’heure. Quel a été son rôle auprès de toi ?

Michel a toujours été un modèle, parce que j’ai suivi son parcours, j’ai grandi en faisant des compétitions avec lui. C’est un mentor qui m’a appris et continue de m’apprendre énormément de choses.

Michel est une personne qui m’a beaucoup aidé et surtout beaucoup motivé. C’est aussi un bon copain.

On se souvient d’une photo de Michel dans un tube avec un chapeau de paille, et aussi d’une image de Kauli en train de pêcher, debout sur sa planche… Comment ça marche ce genre d’action ? J’ai quelques techniques…

C’est quoi, la technique pour surfer et pêcher en même temps ? Ah, ça, c’est secret ! (rires)

« Attention, il ne faut pas jouer avec Teahupo’o ! »

Au-delà de cette anecdote, est-ce que c’est important pour toi d’être un athlète complet, qui nage, qui pêche, et qui savoure l’océan au-delà des tubes ? Est-ce que c’est ça être un surfeur authentique ?

Un vrai surfeur, c’est quelqu’un qui respecte l’océan et qui apprend à le connaître, c’est ça la base. Ça n’est pas juste d’aller à l’eau, de dire des gros mots… Je suis un peu superstitieux, c’est une forme de respect. Le surf c’est beaucoup de lecture de vagues, de lecture de l’océan, beaucoup de temps passé dans l’eau, à observer l’océan, le connaître. Pour revenir à la pêche, on sait exactement à quel moment il y aura tel poisson à tel endroit, plus de poissons à d’autres endroits… C’est beaucoup de skills comme ça, qu’il faut avoir, en passant beaucoup de temps dans l’eau.

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« On a la chance d’avoir une vague incroyable, la meilleure au monde. »

Cet été, ta vague va être LE SPOT sur lequel le monde entier va avoir le regard tourné, avec quantité de surfeurs qui vont venir s’y frotter pour la première fois… Quel conseil pourrais-tu leur transmettre ?

Ça aussi, c’est secret skills, je ne dis rien du tout, comme ça ils verront ! (rires)

Toi seul possèdes les clefs ?

Les clefs, non, mais j’ai mon truc, j’ai ma routine, à eux de découvrir la leur… (rires) Je rigole. Ils le savent, ils ressentent la même chose quand ils arrivent, la seule chose à dire c’est : « Attention, il ne faut pas jouer avec Teahupo’o ! Toujours avoir du respect. »

Comment faire pour que ce spot perdure, reste le plus intact, possible afin que dans des décennies encore, il y ait

de nouveaux Kauli qui puissent en profiter…

On a la chance d’avoir une vague incroyable, la meilleure des vagues au monde, et l’un des plus beaux endroits, la baie, le village, la passe, le récif, l’eau, les poissons… C’est vraiment quelque chose qu’il faut préserver, toucher au minimum. Ce qui va se passer cet été, à la maison, c’est incroyable, mais pour plus tard, il va vraiment falloir insister sur la préservation de notre paradis, et je ne parle pas que de Teahupo’o, je parle de la Polynésie en général. C’est un endroit unique, il ne faut rien changer. Cela concerne aussi la population.

Qui sont les Polynésiens et les Polynésiennes ?

Un peuple qui est tout simplement incroyable et accueillant. Chacun est

un peu un membre de la même famille, c’est ça notre power, et je le dis d’autant plus parce que j’ai eu l’opportunité de voyager.

Qu’est-ce que les gens devraient plus ou mieux connaître de chez toi ?

Je vais t’envoyer un exemple de là où j’étais tout à l’heure, une bringue. Tu verras l’accueil et le bonheur dans les yeux de tout le monde… (Kauli nous envoie par WhatsApp une vidéo de la réunion de famille et copains où il se trouvait juste avant l’interview, on y voit tout le monde chanter un titre des 4 Non Blondes, What’s Up?, ndlr) Ici, il y a plein de choses à découvrir. Les gens ont juste à venir et ils découvriront la beauté locale, la population, les paysages, la vie en général.

Tu voyages en tant que personnalité polynésienne, tu fais des plateaux télé, des interviews pour des magazines de mode, et tu es même devenu ambassadeur de la maison Dior… Comment vis-tu toute cette effervescence ?

Je n’en avais pas trop l’habitude, mais j’ai appris à être plus à l’aise. Ça fait partie du job, c’est le travail, mais c’est toujours fun de pouvoir vivre ces expériences, d’aller sur des plateaux télé. C’est top, que de bonnes expériences.

De manière plus terre à terre, tu as participé au Red Bull Local Hero Tour, monté avec l’un de tes partenaires, Air Tahiti Nui, pour lequel tu es venu en Bretagne, dans le Finistère, l’an dernier, y rencontrer de jeunes surfeurs passionnés...

On a pu voir leur motivation et c’était trop bien ! Les trois gagnants vont venir me rejoindre à Tahiti en mai prochain, je vais leur faire découvrir ce qu’on vit ici et le monde pro. S’ils veulent persévérer dans le surf, il n’y a rien de mieux.

Si je viens à Tahiti demain, que doisje faire d’entrée pour bien débuter l’expérience de la Polynésie ?

Déjà, tu vas au magasin, et tu achètes des « Tias plastique », ce sont des sandales… Comment vous appelez ça là-bas [en métropole] ? Des méduses ! Tu prends ça et tu vas direct dans un resto ou une roulotte, tu commandes du poisson cru-lait de coco-riz. Là, c’est le trip de malade qui commence !

IG : @kaulivaast

KAULI VAAST
THE RED BULLETIN 61

Dans la roue de JOHANN ZARCO

Unique en son genre, aussi sympathique hors les circuits que déterminé au guidon, le Français Johann Zarco (33 ans, 21 podiums et une victoire) est une fgure appréciée du Moto GP. Alors qu’il débute sa 8e saison dans la catégorie reine au sein d’un nouveau team, LCR Honda, il revient en 10 points sur sa réalité de pilote, et sa perception de la compétition. Du pur Zarco !

1. Les circuits ?

« Le plus physique ? Le Texas ! Un tour, c’est 2,04 min, je crois, c’est le tour le plus long de la saison, avec vingt virages et un changement d’angle freinage, de 300 à 70 km/h, une grosse décélération. J’en suis toujours sorti bien rincé, avec carrément mon bras gauche coincé, il y a deux ans, car c’est un circuit qui tourne beaucoup à gauche, avec de gros freinages, et comme j’ai une petite faiblesse sur l’épaule gauche, j’ai tendance à tendre le bras.

Et si je devais citer un autre circuit, ce serait l’Australie, celui de mon crash en 2018, avec une chute à 300 à l’heure. Je m’en suis hypra bien tiré, j’ai juste eu un bleu sur la hanche gauche, mais c’était choquant de tomber à cette vitesse. »

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Le pilote français Johann Zarco, 33 ans, à l’attaque lors du premier Grand Prix moto de la saison, au Qatar.
MARTINO, TEAM LCR
« Le chrono va arriver par la force des choses. Il y a un potentiel. »

2. Sa nouvelle moto

« Le projet Honda, c’est un challenge. Ils n’ont pas performé les dernières années mais ils ont vraiment fait pas mal de changements et leur nouvelle moto est déjà nettement plus compétitive que leur ancienne. C’est bon signe ! J’ai déjà pu cerner la moto, je me sens plutôt bien dessus, c’est déjà ultra-positif. Avoir de bonnes sensations ça motive beaucoup à travailler. Le chrono va vraiment arriver par la force des choses, il y a un potentiel, il faut laisser un peu de temps aux ingénieurs pour peaufiner le truc. Et à moi de leur donner les meilleurs commentaires pour bien affiner ce nouveau projet. »

3. Ses adversaires

« Cette saison, je ne vais pas jouer le titre, ni même le Top 5, du coup je ne peux pas penser à un adversaire direct. Si je regarde déjà au sein de Honda, je verrais bien Joan Mir, il est assez battant et fier comme un Espagnol et ne voudra pas me laisser mener la meute Honda, si l’on peut dire ça comme ça. Selon l'endroit où je vais me battre, j’aurai différents adversaires. Parmi les huit pilotes Ducati, j’aurai peut-être des combats avec les moins rapides.

Au niveau des “Top Gun”, Pecco (le pilote italien Francesco Bagnaia, ndlr) m’impressionne. Il a deux titres mondiaux, et il a mené ses défis hivernaux avec un calme, une confiance et une gestion qui m’impressionnent. Ça roule très vite. Il y a aussi Jorge Martín, qui jouait le titre l’an dernier, et qui aura beaucoup de vitesse. Mais il sera peut-être un peu plus nerveux parce qu’un autre Espagnol, sur Ducati, sera là : Marc Márquez. Je le vois vraiment concentré pour jouer le titre mondial d’entrée, parce qu’il ne peut pas avoir moins de titres mondiaux que Valentino Rossi. Parmi les gars que j’apprécie énormé-

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Zarco se fait la main avec sa nouvelle moto au Qatar. Chaque tour est, pour lui, une source d’enseignement.
« Je vois
Marc Márquez concentré pour jouer le titre mondial d’entrée. »

ment, il y a Brad Binder, le Sud-Africain sur KTM, qui a fait quatrième l’an dernier. Il fait son job, et le fait bien. Lui aussi va rester dans le Top 5 je pense.

Après, comme adversaire, il pourra y avoir Fabio Quartararo, on est tous les deux sur motos japonaises, lui sur Yamaha, moi sur Honda. Fabio reste un Top Gun, on peut se chiffonner un peu pour un Top 10. Notre doublé français au Qatar en 2021 avec la victoire de Fabio et moi deuxième, c’était du jamais vu, ça a fait l’Histoire. »

4. Un moment inoubliable

« Une course sous la pluie, l’Argentine 2023, où à partir de la mi-course, j’ai commencé à mettre le coude par terre… Quand tu roules sous des trombes d’eau, ça fait toujours bizarre, tu te surprends à le faire. En fait, le mec de devant était parti si fort que pour remonter, à un moment donné, j’ai mis le coude par terre. J’ai eu besoin d’arriver à mi-course pour le comprendre. C’est toi qui pilotes, qui sens la moto, et tu sens que tu peux en mettre, que tu peux en mettre… Tu peux mettre le coude par terre, même sous la pluie. Le plaisir est décuplé dans ces cas-là. Je peux aussi te parler du doublé français au Qatar avec la victoire de Fabio et moi deuxième, c’était du jamais vu, ça fait l’histoire. »

5. Collaborer avec son team « Quand je roule je ressens des choses sur la moto : j’ai glissé dans tel virage, la moto a bougé, elle a cabré, elle n’est pas facile à emmener dans le virage… Ce sont des commentaires que les pilotes peuvent faire et arrivent à expliquer quand ils gagnent en expérience. Ensuite, c’est aux techniciens

Le pilote LCR Honda Castrol Johann Zarco présente ses nouvelles couleurs pour la saison 2024 en MotoGP.

d’interpréter le problème qui provoque ça sur la moto, même si tu peux suggérer de toucher à la géométrie de la moto, ou autre. Ce que les techniciens apprécient, c’est que je remette en question mon pilotage : “La moto a bougé quand j’ai passé le virage de telle manière, alors je l’ai aussi passé d’une autre manière et elle a aussi bougé pareil.” Ce genre de feedback leur plaît. »

6. Le soutien des fans

« Le moment où le côté fan me fait du bien, c’est quand je suis sur la moto, que je regarde les tribunes et que je peux voir des drapeaux français, des drapeaux numéro 5, ou des gens qui ont mis des tee-shirts avec de grandes lettres : Z.A.R.C.O. Ça me fait

« Tu peux mettre le coude par terre, même sous la pluie. »
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« Le niveau de la Rookies Cup a beaucoup augmenté. »

vraiment chaud au cœur. Quand j’enlève le casque, que j’essaie de me déplacer dans le paddock, là c’est un peu plus délicat, on me demande un selfie, une dédicace, que j’ai plaisir à donner, mais parfois je suis dans la concentration, et ne veux pas trop m’arrêter. Des fois, je m’arrête, mais on ne peut pas faire ça avec tout le monde, alors ça déçoit des gens. Au Mans, entre Fabio et moi, on a quasiment tout le public acquis. Cette foule qui se lève, ça donne des frissons. »

7. La Red Bull Rookies Cup

« Pour moi, c’était en 2007 (Johann, 17 ans à l’époque, remporte cette compétition dédiée aux jeunes pilotes avec quatre victoires sur huit coupes, ndlr)... La Rookies Cup est l’une des meilleures coupes, où le niveau a beaucoup augmenté. Les pilotes sont plus rapides et experts que lors de la première édition à laquelle j’ai participé. C’est une coupe de marque, où tous les pilotes ont la même moto, ce qui permet de mieux bosser le pilotage, et ça

permet d’y voir plus clair. Et comme c’est géré par Red Bull et KTM, ça reste le championnat le moins cher. Quand tu peux y participer, tu ne paies que tes déplacements et ton hôtel. C’est une manière de percer, de montrer tes qualités, de performer. La Rookies Cup peut être un très bon tremplin. »

8. Sa nutrition

« Je fais toujours attention à mon alimentation et j’ai supprimé le gluten depuis septembre, car on m’a détecté une intolérance. J’ai fait pas mal de bons tests sanguins et j’ai augmenté l’Omega 3, je mange plus de poisson, je suis rentré un peu plus dans la micro-diététique. J’ai fait des analyses qui m’ont permis de savoir ce que je pouvais ajouter à mon régime alimentaire, et à quel moment, et ça m’a fait du bien. De petits détails comme la nutrition, mis l’un après l’autre, peuvent faire 1 ou 2 % sur la performance. Quand on a 34 ans, ça commence à compter : chercher le détail

« En course, on peut atteindre les 360 km/h, du 100 m/s. »
« En tant que pilote, il faut trouver le relâchement, pour passer à l’instinct. »

pour éviter une baisse de forme, bien te rendre compte du carburant que tu mets dans la machine. »

9. Dans l’action

« En course, il y a une grosse part de contrôle et de réflexion. Le but, une fois cette réflexion faite et que j’ai passé plusieurs fois le virage en calculant bien, c’est de trouver le relâchement pour que cela devienne instinctif. Laisser place à des automatismes, pour dédier la concentration à d’autres éléments. Au début du week-end je suis dans la gestion-contrôlecompréhension, et l’idéal est d’arriver en course avec toute cette technique assimilée pour faire ces gestes naturellement. »

10. À toute vitesse

« En course, on peut atteindre les 360 km/h, c’est du 100 m/s, ça fait réfléchir, c’est quelque chose. On pourrait penser que les pilotes sont dans un tunnel, mais le cerveau est une belle machine, on s’y habitue. On anticipe, on regarde loin devant, on voit ce qui arrive et il n’y a vraiment pas d’effet de tunnel. C’est une décharge d’adrénaline, on est concentrés. Il n’y a que sur des motos GP que tu peux côtoyer les 360, et tu en as envie, tu en as besoin, c’est trop incroyable. Au bout d’un moment, les perceptions de la vitesse changent, et quand on va à des vitesses moins élevées, ça paraît plus facile. »

Johann Zarco
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Un parapluie, de nuit, et par temps sec. Pourquoi pas ?
LCR
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L’as du break

Après des années de galère qui n’auront jamais altéré sa passion, Lil Zoo est aujourd’hui l’un des B-Boys les plus célèbres au monde, et le plus connu d’Autriche. Son mantra : “Coming from nothing to do everything”. Des mots qu’il s’est fait tatouer sur le corps quand il était ado et qui ont guidé ses pas jusqu’à aujourd’hui.

Texte WALTRAUD HABLE Photos SHAMIL TANNA
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Lil Zoo dans un skate park en plein cœur d’Innsbruck, dans le Tyrol : un décor de rêve qui l’inspire.
« J’ai prétexté que j’étais malade, parce que je n’avais pas assez d’argent pour venir chercher mon prix. »

Il y a des moments dans la vie où tu perçois qui tu es vraiment. Parce qu’ils te montrent comment tu vois la vie : le verre est-il à moitié plein ou à moitié vide ? Quels sont les chemins que tu vas prendre ? Fouad Ambelj a connu un tel moment à l’âge de 19 ans : le jeune Marocain – qui a grandi dans un quartier sensible de Casablanca, surnommé

« Zéro Quatre » – venait d’être sacré meilleur B-Boy du continent africain. Avec ses cheveux en bataille, son grand sourire et une énergie inépuisable, le jeune homme, entré en compétition sous le nom de « Lil Zoo », avait montré à tout le monde l’étendue de son talent. « À l’époque, je devais aller à Marrakech pour y chercher mon prix. » Un voyage de 250 km que le vainqueur n’a pas les moyens de se payer.

S’il était immensément fier de son titre, Lil Zoo ne pouvait pas ignorer la dure réalité de son quotidien, lui qui avait dû, dès l’âge de huit ans, aider sa famille financièrement en vendant des livres ou de la ferraille après l’école. « J’ai annulé le voyage en prétextant que j’étais malade », raconte-t-il, en ajoutant que cet incident l’a profondément marqué. « On voudrait montrer à tout le monde que le breaking peut être un

formidable tremplin, et voilà que je me retrouve coincé chez moi par manque d’argent, sans même pouvoir aller à la fête qui est donnée en mon honneur. » Un coup dur qui, loin de le décourager, le force à réagir : “Coming from nothing to do everything” devient son nouveau cri de guerre. « Cette phrase est devenue mon mantra, et l’objet de mon premier tatouage. Je me la suis fait tatouer sur le corps pour ne jamais l’oublier. » Toujours regarder de l’avant et ne jamais laisser son passé définir qui on est : une sagesse que Lil Zoo maîtrise désormais parfaitement. On ne te prend pas au sérieux dans ton pays natal ? Peu importe, continue de faire ce qui te plaît. Tu dois partager ta chambre avec tes deux frères et une mère, qui t’élève toute seule ? Ne te plains jamais. Tu peux réussir, malgré tout, à conquérir le monde. Et c’est ce qu’il a fait : à 30 ans, celui qui vit depuis huit ans en Autriche fait désormais partie de l’élite internationale du breaking. Lil Zoo est connu pour son style fluide et une parfaite maîtrise de son art, pour toutes ces figures qu’il enchaîne avec une facilité déconcertante : les

Flow and evolve with it! Pour affronter les battles – et les batailles de la vie – il faut savoir lâcher prise et se laisser guider par le plaisir de l’instant.

Lil Zoo
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« Le break, c’est la liberté de créer ! C’est ce qui m’a sauvé – et qui me rend heureux, encore aujourd’hui. »

windmills, où le danseur, couché sur le dos, tournoie sur lui-même, et les freezes, où l’on prend la pose dans des positions qui semblent défier l’apesanteur, sont évidemment de grands classiques ; mais il faut dire que c’est avant tout la verve, l’énergie et la légèreté qui se dégagent de ses performances qui ont permis à Lil Zoo de remporter ses victoires décisives, comme lors du Red Bull BC One Cypher en Suisse (2018) et du Bucheon B-Boy International Championships en Corée du Sud (BBIC 2019). En plus de ces exploits, il est aujourd’hui membre du Red Bull BC One All Stars, du crew El Mouwahidin, et participe aux célèbres shows Flying Steps à Berlin. Comment s’étonner qu’il ait été choisi

pour représenter l’Autriche – son nouveau pays d’adoption, dont il a obtenu la nationalité depuis 2021 – cet été à Paris ?

Mais avant de s’envoler pour Paris, il y a les qualifications prévues en mai et juin à Shanghai et Budapest. Une étape incontournable qu’il envisage sereinement, malgré une blessure à la jambe :

« Un muscle assez petit mais compliqué, qui me pose problème depuis 2019 et qui m’a obligé à faire une pause pendant huit mois. » La douleur n’a jamais vraiment disparu, mais cela n’a pas empêché le danseur de remporter les Championnats d’Autriche en 2022. « Il y a toujours une solution. On apprend à faire d’autres moves, c’est tout. Si j’avais été footballeur, ma carrière aurait été terminée.

Mais c’est la beauté du breaking : tu as beaucoup plus de liberté, tu as la possibilité de te renouveler constamment et de changer ton style. »

Le plaisir avant tout

En dépit de son style survolté et de ses mimiques volontiers moqueuses, Lil Zoo n’oublie jamais de garder les pieds sur terre, en lâchant des phrases pleines de sagesse comme : « Perdre une compète, ça ne doit jamais se vivre comme un échec. » Les battles de breaking et les compétitions sont tellement multiples qu’il est impossible de tous les remporter. « La seule chose que tu peux influencer, c’est le plaisir que tu ressens et la joie de n’avoir rien à y perdre. »

La joie, pour lui, c’est la possibilité de pouvoir s’entraîner autant qu’il le souhaite. Toute sa vie tourne autour de cette idée du breaking : rendre en beauté cette mince ligne de faille qui sinue entre le chaos et l’harmonie. Et pour atteindre ce but, il en bave – tous les jours. Cardio, muscu, stretching, et puis les figures, répétées des centaines de fois. Quand il veut accélérer la régénération de ses muscles, il plonge dans l’Inn glacée, la rivière qui coule à Innsbruck. La veille de notre interview, il avait ainsi passé neuf heures en salle de fitness.

Quand on lui demande pourquoi lui, qui a grandi sous le soleil de Casablanca, a choisi le Tyrol comme nouvelle terre d’accueil, la réponse est simple : une relation amoureuse – mais aussi le fait que Berlin, sa première « base » européenne, lui paraissait trop agitée. Même s’il est souvent sollicité pour déménager

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72 THE RED BULLETIN CARLO CRUZ/RED BULL CONTENT POOL, GHOSTO/RED BULL CONTENT POOL
Lil Zoo lors du Red Bull BC One à NY en 2022. Monumental : Lil Zoo au Champs de Mars, en marge du Red Bull BC One 2024.

à Vienne, dans la capitale, l’amour pour le Tyrol est plus fort : « Il ne se passe pas grand-chose à Innsbruck, mais c’est exactement ce qu’il me faut : ici, je me disperse moins. »

« Le break m’a sauvé la vie, a-t-il déclaré un jour. Et c’est encore le cas aujourd’hui. Il n’y a rien qui me rende plus heureux, on peut dire qu’on s’est trouvé au bon moment. » Pour comprendre la passion qui le lie à l’univers des B-Boys, il faut se replonger dans son enfance, passée dans les rues ensoleillées et poussiéreuses de Casablanca.

À 14 ans, il vient de se faire virer de son école pour absences répétées :

« Quand tu te pointes plusieurs fois sans tes bouquins parce que tu n’as pas de quoi te les acheter, certains profs finissent par te prendre en grippe, te mettre la honte devant tout le monde ou même te frapper. Et comme j’avais peur, j’y allais de moins en moins. »

Mais le jeune Fouad ne veut pas avouer à sa famille qu’il s’est fait exclure, alors tous les matins, il fait comme s’il allait à l’école, et pour passer le temps, il se met à traîner dans les rues, loin de chez lui pour être sûr de ne croiser personne.

« C’est là que j’ai vu des B-Boys pour la première fois. Au Maroc, le sport numéro un, c’est le foot. Le breaking, personne ne connaissait à l’époque, c’était avant YouTube. Et quand on croisait des danseurs de break, les gens se moquaient volontiers d’eux : “Regardez, ils tournent sur eux-mêmes comme s’ils voulaient nettoyer le sol avec leurs vêtements.” » Mais pour Fouad, c’est une révélation :

« Ce qui m’a fasciné le plus, c’est l’aplomb de ces mecs et le fait qu’ils continuaient à faire leurs trucs sans prêter attention aux moqueries. C’est avec eux que j’ai appris à ne jamais rien prendre personnellement et à me battre pour faire ce que j’aime. »

Dur à cuire

Fouad devient membre du crew Lhiba Kingzoo, qui s’entraîne dans un quartier de Casablanca surnommé Little Zoo. Très vite, on se met à parler de lui comme « le petit gars de Little Zoo » –ce qui va lui inspirer son nom de scène. On commence à admirer son talent et sa réputation de vrai dur à cuire : « Deux mois après avoir commencé, je me suis cassé l’épaule gauche, mais je n’ai pas voulu le dire à ma famille », rembobinet-il. D’abord parce qu’on se serait rendu compte du fait qu’il n’allait plus à l’école,

« La première chose que j’ai apprise dans mon parcours ? Me battre pour faire ce que j’aime. »

Lil Zoo

Nom de naissance

Fouad Ambelj

Né à Casablanca, Maroc Réside à Innsbruck, Autriche Âge

30 ans

Point fort

Sait s’adapter à tout

Encore à apprendre S’autoriser des pauses. Et se mettre à l’allemand un peu plus sérieusement...

Quand on atteint un objectif…

... on s’en fixe un nouveau. Sans oublier de fêter sa victoire !

Quand il besoin de réfléchir... il va dans la nature, autour d’Innsbruck.

À voir à partir du 26 avril prochain sur Red Bull TV : un documentaire de 45 minutes sur Lil Zoo –sa vie et son parcours artistique de Casablanca à Innsbruck, avec ses joies et ses peines.

mais aussi parce qu’il savait que cela allait leur coûter beaucoup d’argent.

« Alors j’ai préféré ne rien dire. » Pendant quatre longs mois, il va serrer les dents, en essayant, quand il est chez lui, de cacher sa douleur en faisant le moins de mouvements possible. Lil Zoo ne serait pas Lil Zoo s’il n’avait pas tiré une leçon de cette malheureuse histoire : « J’étais jeune, mon corps a donc récupéré assez vite. Et puis, cette blessure m’a été très utile, puisqu’elle m’a obligé à renforcer l’autre moitié de mon corps. Aujourd’hui, l’une de mes particularités, c’est d’être aussi fort dans les deux bras. »

La sagesse selon Lil Zoo

Ne laisse pas les moments difficiles définir ta vie. Au fil des mois, l’ado perdu qui errait sans but dans les rues de Casablanca trouve dans l’univers des B-Boys une seconde famille – et le chemin qu’il cherchait depuis longtemps. Une transformation qui ne va pas échapper à sa mère lorsqu’elle se promène un jour à la plage avec lui : « J’ai enlevé mon teeshirt et elle était surprise de voir à quel point mes bras étaient musclés, personne n’avait des bras comme ça dans la famille. Comme je lui ai raconté ce que je faisais, elle m’a dit : “Montre-moi ce que c’est.” »

À partir de ce jour, la mère de Fouad devient sa plus grande supportrice, lui achète des casquettes pour qu’il puisse faire ses headspins, des genouillères… Mais surtout, elle le laisse libre de rester dehors même après la tombée de la nuit, car c’est à ce moment-là que les B-Boys s’entraînent, quand il fait moins chaud.

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L’équilibre selon Lil Zoo : « Si je devais recommencer, je retracerais exactement le même parcours, malgré les difficultés. »

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« Ma plus grande force ? Ce n’est pas ce que je sais faire de mieux, mais ce qui me rend unique. »

« Elle savait qu’on ne faisait rien de mal, on dansait et on peaufinait notre fitness. Mon grand frère, lui, c’était un autre trip : il avait commencé à fumer, et ma mère ignorait souvent ce qu’il fabriquait. Alors forcément, ma passion pour le breaking, c’était un moindre mal. »

Ta force, c’est ta différence Compte-tenu de la situation économique du Maroc, gagner sa vie en dansant ne devait certainement pas apparaître comme la pire des idées : après tout, pourquoi pas ? Dans un pays où les études ne protègent pas du chômage, il n’était pas plus raisonnable, aux yeux de sa mère, d’envisager une carrière d’avocat ou de prof que de rêver d’une carrière de danseur.

Mais avant qu’il en fasse un moyen de gagner son pain, Fouad a toujours considéré le breaking comme une école de la vie : il arrive toujours ce moment où tu vas sauter dans l’arène pour affronter tes potes, tes mentors. C’est avec eux que tu apprends ce qu’est le respect, la communauté, la cohésion. La liberté de laisser évoluer les autres, et cette chose primordiale : « Quand tu montes sur scène, la question n’est pas de savoir qui est le plus fort ou le plus rapide, c’est de savoir si tu arrives à contrôler ce moment. »

Facile à dire, mais comment contrôler le moment quand on doit, en même temps, « lâcher prise et suivre son flow » ? « Difficile à expliquer, répond notre expert, avant de se passer une main dans les cheveux, le temps de réfléchir. Ça peut sembler un peu cliché de dire ça, mais quand tu es sur scène en battle,

ce n’est pas vraiment un duel contre un adversaire. Le pire adversaire que tu dois affronter à ce moment-là, c’est toimême ! Et pour pouvoir contrôler ce moment, tu dois accepter qui tu es. Il y aura toujours des gens pour dire que tu es dingue, mais ça, tu t’en moques. Ne laisse pas les autres te juger et ne juge pas les autres. Sois toi-même, tout simplement. Et si tu as des points faibles, bien sûr que tu peux essayer d’y travailler, de bosser sur telle transition ou telle figure jusqu’à la perfection, mais peutêtre que tu perdras ce qui te rend unique. Ta vraie force, c’est ce qui te démarque de tous les autres. »

C’est le genre de messages que Lil Zoo, du haut de ses 30 ans, a envie de faire passer à la jeune génération. S’il se verrait bien dans le rôle d’un coach ou d’un mentor, il sait aussi qu’il n’a, pour l’instant, aucune envie de raccrocher : Lil Zoo n’en a pas fini avec la scène. « J’ai encore certainement six belles années de carrière devant moi. Le vainqueur du dernier Red Bull BC One, le Coréen Hong 10, a 39 ans… Alors ça va, j’ai encore de la marge ! »

Bien décidé à prendre chaque jour comme il vient – comme il l’a toujours fait – il ne veut rien planifier ni partir dans des plans sur la comète : qui sait ce que l’avenir lui réserve ? Pour l’instant, dit-il, « une seule chose est sûre : je vais continuer à m’éclater ».

Dans le breaking, on peut se casser pas mal de choses. Ça fait mal, mais ça rend aussi plus fort. Plus fort, et plus heureux. Lil Zoo en sait quelque chose. IG : @lilzooisme

Lil Zoo
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PERSPECTIVES

Expériences et équipements pour une vie améliorée

PÈLERINAGE EN GRAVEL

De Florence à Rome à la force des pédales.

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ANDY DONOHOE CHARLIE ALLENBY
« Le temps ralentit alors que ma roue avant sous-vire puis se corrige dans une série de virages en épingle à cheveux délicate. »
Charlie Allenby, écrivain-voyageur

Mes roues adhèrent difcilement à la surface crayeuse et accidentée du chemin blanc. La pente dépasse soudain les 10 %, mon cœur bat la chamade. Un nuage de poussière coriace gratte ma gorge comme du papier de verre, chaque respiration devient une torture.

Le viaduc couleur terracotta me signale que j’ai parcouru la moitié de cette montée de 7 km. Passer sous le pont me protège un instant des morsures du soleil de midi en cette radieuse journée de mai italienne. Petite pause pour

étancher ma soif près de San Quirico d’Orcia, une bourgade située à 45 km au sud-est de Sienne. J’ai l’impression d’être au beau milieu du tournage d’un flm publicitaire sur la Toscane avec ses triporteurs Piaggio chargés de produits frais, ses nonnas italiennes étendant leur linge sur les balcons et ses cocktails famboyants servis sur les terrasses pour l’apéritif. Assez profté du spectacle, il me reste encore plus de 100 mètres de dénivelé rien que sur cette montée et 60 km de plus le long des tortueux chemins de la Via Francigena avant d’atteindre le Castello di Proceno perché sur la colline.

Ce sera mon hébergement pour la nuit, je serai alors à mi-parcours entre Florence et Rome.

La Via Francigena (en français la « voie francigène ») est un chemin de pèlerinage médiéval d’environ 2 000 km reliant Canterbury à Rome en passant par la France et la Suisse. On la mentionne pour la première fois en l’an 725. Pendant des siècles, les pèlerin·e·s ont entrepris ce périple herculéen vers le Saint-Siège (l’actuelle Cité du Vatican) à pied ou à cheval. Bien qu’éclipsée par des chemins plus célèbres comme le Camino de Santiago, la Via Francigena fait encore les beaux jours de bon nombre d’intrépides qui suivent les marqueurs distinctifs (drapeau rouge et blanc et symbole d’un pèlerin en noir) jusqu’à la place Saint-Pierre.

Au lieu de parcourir la Via Francigena dans son intégralité, j’ai opté pour un amuse-bouche de quatre jours, soit les 400 derniers km traversant les collines toscanes vallonnées pour descendre dans les plaines agricoles du Latium. En guise de cheval ou de chaussures de randonnée, j’ai choisi une monture un peu diférente : un vélo gravel. Passionné de cyclisme, je me suis déjà frotté à plusieurs de ces antiques et interminables sentiers britanniques comme les 575 km du Old Chalk Way de Dorset à Norfolk pour n’en citer qu’un. Le fait de traverser des lieux légendaires en roulant sur des chemins et des sentiers qui ont vu passer tant d’âmes, des nobles aux va-nupieds, me fascine.

Mon itinéraire ne suit pas tout à fait la Via Francigena pour de multiples raisons : fruit de trois années de minutieux tracés efectués par la société de voyage Rolling Dreamers, l’itinéraire débute à Florence. Cela rend le départ plus accessible et permet de découvrir les routes bordées d’oliviers et de vignes immortalisées par l’Eroica, la fameuse course cycliste vintage. Second point souligné par Matteo Venzi, fondateur de Rolling Dreamers : certaines sections sont certes parcourables à pied ou à cheval, mais impraticables en deux-roues. Elles ont donc été remplacées par de l’asphalte. « Je préfère que les gens n’aient pas à descendre de selle pour pousser leur vélo », explique l’ancien triathlète professionnel.

Mais ça ne veut pas dire que cet itinéraire est une simple partie de plaisir. Composé d’environ 70 % hors bitume, le terrain teste mes limites, c’est un véritable condensé du meilleur et du pire ofert par le « gravel », de légendaires

PERSPECTIVES voyage
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ANDY DONOHOE CHARLIE ALLENBY

PERSPECTIVES voyage

Retracer l’histoire : Allenby s’offre une pause dans un village toscan ; (ci-dessous) pavés millénaires en basalte sur la Via Francigena ; (en face) montée exténuante vers San Quirico d’Orcia.

Comment s’y rendre

Il existe de nombreux vols directs de Paris à Florence ou à Rome. Un TGV relie les deux villes italiennes, le trajet dure environ une heure et demie.

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Anatomie d’un vélo gravel

Le 3T Exploro RaceMax est taillé sur-mesure pour le tourisme tout-terrain

Cadre en fibre de carbone, construction légère et solidité à toute épreuve pour affronter tous les terrains.

Dérailleur SRAM Rival 12 vitesses pour plus de mordant sur le plat et du répondant sur les montées ultra raides.

Pneus VTT 2,1 pouces hyper résistants et roues 650b, plus fines pour parcourir tous types de routes. Freins à disque pour une parfaite maîtrise de votre vélo du premier au dernier kilomètre.

routes blanches très compactes aux énormes pavés inégaux posés par les légionnaires romains il y a plus de 2 000 ans. Si que mes mollets hurlent sous l’efort lors de la montée près de San Quirico d’Orcia le second jour, la descente sur gravier le long de la piste étroite de 10 km reliant Radicofani à Ponte a Rigo 35 km plus tard me fait bondir le cœur : comme au ralenti ma roue avant sous-vire puis se corrige dans une série de virages en épingle à cheveux délicate.

Si chaque journée suit un schéma bien défni avec sa dose de cyclisme entrecoupée de dégustations de spécialités italiennes (espressos, charcuterie, glaces), la surprise est toujours au rendez-vous. La beauté du paysage apparaît sans crier gare alors que je serpente ce mince fl blanc en direction du Sud entre des reliefs arrondis et moelleux à perte de vue. Dans la région du Latium et autour du lac Bolsena, plus grand lac volcanique d’Europe, les prairies de feurs sauvages se succèdent aux côtes et aux vallées parsemées de cyprès. Je fle à toute allure et mes pneus épais ofrent

au moins l’avantage d’amortir l’âpreté du terrain. J’entre dans la périphérie de la capitale italienne et le paysage de carte postale qui m’accompagnait depuis ma sortie hors des enceintes moyenâgeuses de Florence prend soudain des tonalités industrielles. Les chemins préhistoriques se noient dans l’expansion

urbaine moderne, les immenses champs font place aux usines.

Je me retrouve sur une piste cyclable longeant le Tibre jusqu’à la place SaintPierre. La route plate laisse libre cours à mon imagination. De retour au milieu du tintamarre des klaxons, je suis pris d’une envie soudaine de faire demi-tour pour retourner sur ces terres reculées où les seuls bruits étaient dus au crissement du gravier sous mes roues. Fin du pèlerinage, je jette un œil sur Google Maps et zoome pour constater quelle distance j’ai parcouru à la force des pédales. Les nombreuses taches vertes et autres lignes jaunes tortueuses ne racontent pas toute l’histoire mais m’aident à me remémorer les paysages à couper le soufe et le terrain parfois si tortueux qui se cache sous ces illustrations rudimentaires. Inoubliable. Charlie Allenby est un écrivain passionné de voyages, course à pied et cyclisme. IG : @charlie.allenby ; Rolling Dreamers organise des circuits à vélo autoguidés à travers l’Europe avec assistance intégrale ; rollingdreamers.com

PERSPECTIVES voyage
Adapté à tous les terrains : un vélo gravel avec des roues larges de VTT, combinaison parfaite pour la variété du parcours. Papal : la place Saint-Pierre est la ligne d’arrivée de ce parcours de 400 km en quatre jours.
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DONOHOE CHARLIE ALLENBY

BUT

TA COURSE TON RYTHME UN

Le 5 mai 2024 aura lieu la Wings for Life World Run : Philips Sports Headphones est partenaire de cet événement mondial, et une aide précieuse pour atteindre ton objectif perso.

La musique et la course vont décidemment bien ensemble. Motiver les gens, les aider à maintenir leur forme physique et mentale : c’est aussi ce qui a poussé Philips Sports Headphones à soutenir la Wings for Life World Run. L’objectif commun est de trouver un remède aux lésions de la moelle épinière. Les neurosciences ont en outre démontré que nous adaptons nos mouvements au rythme de la musique : c’est dans ce contexte que Philips Sports Headphones a développé un casque de sport sans câble et à conduction osseuse (technologie Open Ear). Ultra léger et robuste, il permet d’entendre les sons de notre environnement –sans renoncer à une sonorité fdèle, avec des basses claires et puissantes. En bonus : il est parfaitement indiqué pour l’App Run Wings for Life World Run.

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CASQUE SPORT PHILIPS À CONDUCTION OSSEUSE

’ Tu entends les sons de ton environnement

’ Tu bouges, le casque reste en place

’ Protection anti-poussière/eau IP66

’ 9 heures d’autonomie

’ Reste visible : voyants LED à l’arrière du casque

’ Port sûr et confortable

PARTICIPATION

Les inscriptions sont ouvertes sur wingsforlifeworldrun.com

LE CONCEPT

Le coup d’envoi est donné à 11 heures UTC. Trente minutes plus tard, la Catcher Car (qui symbolise la ligne d’arrivée) s’élance à la poursuite des participant·e·s : le dernier ou la dernière à se faire rattraper remporte la course.

LA CHASSE

Les Catcher Cars accélèrent progressivement leur vitesse. Dès qu’un·e participant·e est rattrapé·e par la voiture, il ou elle est éliminé·e et sa distance parcourue est automatiquement comptabilisée.

LES DISTANCES

Il y a sept grandes courses ofcielles (Flagship Runs) organisées sur six continents. Mais l’on peut, via l’App Run Wings for Life World Run participer aux quatre coins du monde.

LA MISSION

100 % des frais d’inscription sont reversés à la recherche sur la moelle épinière dans un objectif commun : trouver un remède à la paraplégie.

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LE SEUL, L’UNIQUE !

Grand Prix de France Moto du Mans

Parmi les différentes étapes de la saison MotoGP, catégorie reine du Championnat du monde de vitesse moto, le Grand Prix de France Moto du Mans fait partie des classiques et accueille chaque année des fans français·es et internationaux·ales de grosses cylindrées. Voici nos tips pour (presque) tout savoir sur l’événement.

Libres et passionné·e·s, vous les croisez chaque mois de mai : les fondu·e·s de moto GP qui font route vers Le Mans. Pourquoi ?

Un classique

Depuis deux ans, le GP du Mans est la plus grande affuence mondiale de la saison. En 2023, l’événement recevait 116 692 spectateur·rice·s sur sa journée du dimanche et 278 805 sur l’intégralité de ses trois jours. On fait le déplacement vers ce classique, pour y voir évoluer l’élite de la course moto. À commencer par les 22 pilotes engagés sur la catégorie reine, le MotoGP, comme Marc Márquez, Jack Miller, Fabio Quartararo et

bien sûr, Johann Zarco (qui participera à une session de signatures sur la fanzone Red Bull). On peut également suivre la compétition en Moto2 (30 pilotes) et Moto3 (qui a vu l’espagnol Jaume Masiá, désormais en Moto2, s’attribuer le titre en 2023).

Aussi de l’électrique

La mobilité électrique se voit aussi déclinée au plus haut niveau de compétition moto, puisque la catégorie électrique (MotoE) entame sa 6 e saison. Ducati est l’unique construc-

La Red Bull Rookies Cup a vu émerger des stars.

à l’exemple du champion du monde de Moto3 en 2021 et de Moto2 en 2023, l’Espagnol Pedro Acosta. Il rejoint le MotoGP cette saison, au sein de l’équipe Red Bull GASGAS Tech3. À suivre !

Près des pilotes

À ne pas louper, hors du circuit, les diférentes fanzones permettant aux spectateur·rice·s de rencontrer les pilotes et de découvrir les équipements de leurs champions favoris. Cette année encore, la Fan Zone AMV fera le plein, et permettra la rencontre avec des pilotes, et d’assister aux interventions d’acteurs du Moto GP (managers de team, personnalités de la moto, etc.). Sur place, pour assister aux essais et aux courses, le public peut accéder à des tribunes en accès libre et à des gradins naturels, ainsi qu’aux 19 tribunes avec places numérotées.

Roulez gratos

teur dans cette catégorie, avec une nouvelle V21L impressionnante attribuée aux 18 pilotes des neuf équipes. Deux courses auront lieu.

Red Bull Rookies Cup

Comme chaque année, en marge du MotoGP, se déroulera une étape de la Red Bull Rookies Cup. Réservée à de jeunes pilotes, tous engagés sur la même moto (une KTM 250 cm3), la Red Bull Rookies Cup est un véritable vivier de futurs grands pilotes. C’est d’ailleurs le Français Johann Zarco qui a remporté sa toute première édition en 2007 ! Cette compétition a vu émerger des stars dans le monde des courses de Grand Prix,

Autre info pratique intéressante, pour les pilotes amateur·rice·s : une opération menée avec Vinci Autoroutes, partenaire de l’opération Relais Motards Calmos, qui permet aux motards d’emprunter gratuitement quatre sections du réseau Cofroute et ASF desservant Le Mans. Ceci afn d’inciter les pilotes de deuxroues motorisés à emprunter l’autoroute (cinq fois plus sûre en moyenne que les autres infrastructures routières).

Et plus encore

Une fois sur site, vous vivrez l’expérience à fond, en vous installant sur l’une des aires d’accueil sur le site du circuit ou alentour. Comptez aussi sur les points de restauration et sur les diférentes boutiques pour repartir avec un souvenir. Vous pourrez également assister à des concerts, généralement très très rock.

Grand Prix Moto de France du Mans, circuit de La Sarthe, du 10 au 12 mai 2024 ; gpfrancemoto.com

PERSPECTIVES Moto GP
84 THE RED BULLETIN GOLD & GOOSE/RED BULL CONTENT POOL HANS HAMMER

* Ofre soumise à conditions voir amv.fr/mentions légales. AMV 2 rue Miguel de Cervantès 33700 MérignacSAS au capital de 280200 €RCS BORDEAUX B330540907N°ORIAS 07000513 (orias.fr) Courtier en assurances soumis au contrôle de l’ACPR4 place de BudapestCS9245975436 Paris cedex 09. AMVService Réclamations clients33735 Bordeaux cedex9Compagnie souscriptrice L’EquitéGenerali Bike.

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Prenez la route

L’été approche, et avec lui l’envie d’escapades. Ou le simple besoin de filer, dans la minute. Sur le bon engin, et bien équipé·e.

Le premier Supermotard monocylindre de route de Ducati

Deux modèles : Hypermotard 698 mono rouge Ducati

Hypermotard 698 RVE

Tous deux éligibles au permis A2 (35 kW).

Moteur de 77,5 CV – 85 avec ligne racing

Couple maxi 6,4 m/kg

Poids à vide sans essence 151 kg

Assistance électronique :

4 modes de conduite,

3 modes de puissance,

4 niveau d’ABS

Shifter montée-descente

Dès 12 790 € ; ducati.com

PERSPECTIVES matos
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86 THE RED BULLETIN

PERSPECTIVES matos

PREMIÈRE POUR DUCATI

DUCATI TOURING

HYPERMOTARD 698

1. Cadre et châssis

L’Hypermotard 698 est dotée d’un cadre en treillis à sections variables en acier et d’un souscadre en acier ainsi que d’un bras oscillant en aluminium. La position de l’empattement est conçue pour maximiser la stabilité à haute vi-

tesse. Les superstructures réduites au minimum communiquent immédiatement la sportivité Ducati et renforcent le développement de la nouvelle Superquadro Mono. La selle haute et plate, le garde-boue avant haut, la boucle arrière effilée et la plaque d’immatriculation sont autant d’éléments qui confirment son attitude le tout associé à des éléments de haute facture comme des freins Brembo ou encore des jantes en alliage en Y en aluminium.

2. Moteur Testastretta 11 °

Le moteur est le Superquadro monocylindre avec alésage et course de 116 et 62,4 mm, 659 cc, une puissance maximale de 77,5 ch à 9 750 tr/min, un couple maximal de 6,4 kgm à 8 000 tr/min (version A2 43,5 CV à 6 250 tr/min et 5 kgm à 5 750 tr/min), un piston box-in-box, et une distribution desmodromique avec soupapes d’admis-

sion en titane. Moteur éligible au permis A2 et accessible aux débutant·e·s.

3. Suspensions

Les Hypermotard 698 et 698 RVE sont équipées d’une fourche Marzocchi, légère, avec des tubes de 45 mm de diamètre, un débattement de 215 mm. À l’arrière, elles sont équipées d’un monoamortisseur Sachs entièrement réglable avec biellettes progressives, réglages externes pour l’hydraulique, débattement de 240 mm.

4. Électronique

L’équipement électronique de série de l’Hypermotard

698 Mono est le plus complet de sa catégorie. De série, il possède l’ABS Cornering, le Ducati Traction Control, le Ducati Wheelie Control, l’Engine Brake Control, le Ducati Power Launch et le Ducati Quick Shift (DQS) Up/Down. Ce dernier peut être ajouté en tant qu’accessoire pour la version standard et est fourni de série sur la version RVE.

THE RED BULLETIN 87

PROTÉGER SANS VOUS GÊNER

La structure supérieure en tissu Twill Span extensible et résistant contribue largement au niveau de confort exceptionnel de ce modèle iconique de gants FIVE GLOVES. Leur niveau de protection est exceptionnel au regard de l’effet seconde peau qu’il procure, grâce à ses coques AirgoProtech™ inspirées de la technologie des casques. Sa paume réalisée intégralement en cuir de chèvre pleine fleur, à la fois souple et résistant,

offre une excellente adhérence aux commandes, et accueille un renfort cuir doublé d’une coque de protection ERGO PROTECH® à nid d’abeille, semi-souple, qui offre une rassurante sensation de sécurité, sans occasionner la moindre gêne. 89,90€ ; five-gloves.com

PERSPECTIVES matos
STUNT EVO 2 88 THE RED BULLETIN
FIVE

PERSPECTIVES matos

FORTE TÊTE

SHARK AERON GP

Dernière génération de la gamme Racing de Shark, l’AERON GP peut adapter sa forme à la position du pilote, offrant un niveau de confort et de plaisir inégalé sur piste. Grâce à son spoiler innovant, doté de volets adaptatifs, ce casque offre moins de résistance.

Il offre trois avantages : 80 % d’effet drapeau, réduisant la force dans la direction axiale ; réduit les turbulences à haute vitesse de 50 % ; diminue la traînée aérodynamique de 5 %, ce qui augmente la vitesse de pointe. 1 079,99 € ; shark-helmets.com

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LA NOUVELLE GÉNÉRATION

APRILIA RS 457

L’Aprilia RS 457 s’adresse aux sportif·ve·s, aux amoureux·euses de la compétition, à la nouvelle génération de motardes et motards né·e·s avec elle. Avec son bicylindre ultramoderne et technologique capable de développer une puissance de 35 KW (le max pour une

moto pouvant être conduite avec un permis A2), le rapport poids/puissance de l’Aprilia RS 457 est tout simplement imbattable, grâce à son poids à sec de 159 kg.

Cette moto transforme la technologie en une arme au service de la sportivité. Le système Ride by Wire,

initialement introduit en MotoGP par Aprilia Racing, s’accompagne de trois modes de conduite qui interviennent sur la puissance délivrée, le couple et le contrôle de la traction (également réglable sur 3 niveaux). Filez en concession. 7 199 € ; aprilia.com

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D’UN COUP DE SCOOTER

VESPA SPRINT S ELETTRICA

La Vespa Sprint est née en 1965, remplaçant le traditionnel modèle GL avec son phare rectangulaire. La Vespa Sprint S est proposée en 2024 dans une version Elettrica dont le cœur du projet réside dans une motorisation 100 % électrique. Doté d’une technologie

innovante, le moteur de dernière génération offre une conduite dynamique et jusqu’à 85 km d’autonomie. Pour profiter d’une mobilité continue, la batterie lithium-ion de la Vespa Sprint S Elettrica se recharge pendant les phases de décélération,

grâce à un dispositif de récupération d’énergie. Placée sous la selle, elle peut être facilement retirée pour être rechargée à domicile ou au bureau, à une prise de courant. La Vespa Sprint S Elettrica introduit la technologie full-LED pour offrir une meilleure visibilité, en

particulier la nuit, tout en réduisant la consommation d’énergie. Le tableau de bord a été conçu pour exploiter au mieux toutes les fonctions de connectivité embarquées. Grâce à Vespa MIA (dispositif en option) et à l’application Vespa, la connexion entre le véhicule

et le smartphone permet au pilote d’avoir accès à de nombreuses fonctions, en toute sécurité, grâce aux notifications affichées sur l’écran LCD.

Dispo en deux couleurs

mates : noir convinto et vert ambizioso. 5 299€ ; vespa.com

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THE RED BULLETIN 91

L’ESSENCE DE LA COURSE

HONDA CBR600RR 2024

Prêt·e à faire le plein de sensations ? Honda réintroduit son modèle emblématique CBR600RR, marquant ainsi le retour de la plus authentique des supersportives de moyenne cylindrée, homologuée pour la route. Son moteur quatre cylindres de 599 cm³ très incisif délivre 121 ch à 14 250 tr/min, il dispose d’un embrayage d’origine à glissement limité et d’un quickshifter qui vous permettront de vous concen-

trer sur votre pilotage. La commande électronique des gaz est associée à une centrale inertielle IMU à six axes Bosch pour proposer trois modes de pilotage et deux modes User qui vous permettront le paramétrage de la puissance moteur, du frein moteur, et du contrôle de couple. Le freinage ABS en courbe et le contrôle du cabrage font aussi partie de l’équipement d’origine. La partie cycle légère et agile est

composée d’un cadre et d’un bras oscillant en aluminium, d’un amortisseur de direction électronique, et d’une fourche inversée Showa de diamètre 41 mm, entièrement réglable. Conçu pour offrir les meilleures performances aérodynamiques de la catégorie, le carénage adopte des formes agressives et intègre des ailettes capables de générer une force d’appui remarquable. 11 699 € ; moto.honda.fr

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PERSPECTIVES
92 THE RED BULLETIN

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Tu ne le sais peut-être pas encore, mais FIVE, c’est LA marque de référence, LE spécialiste du gant moto ! On propose le compromis idéal entre confort et protection, avec des gants au design exclusif qui procurent un maximum de plaisir au guidon. Les meilleurs concepts, les meilleurs matériaux, le meilleur fitting, le meilleur look. Nos gants sont mis au point et développés avec les top pilotes en championnats du monde de nombreuses disciplines, de la vitesse au motocross en passant par l’endurance et l’enduro. Bref, on réalise des gants pour les plus exigeants. Essaye un gant FIVE : la différence est palpable !

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PERSPECTIVES

JOUER

Sleep Fighter

Dans Pillow Champ, gameurs et gameuses s’affrontent lors d’un « combat poids plume » assez original. The Red Bulletin est allé récolter quelques conseils auprès de deux pros du vrai sport de combat d’oreillers.

Vous pensiez que les batailles de polochons n’existaient que dans les pubs pour matelas ? Réveillez-vous et préparezvous à la sortie de Pillow Champ ce printemps. Ce jeu de combat déjanté en un contre un est un genre de Street Fighter sur l’édredon. Le pitch est simple : la paix mondiale règne enfn dans le monde, toutes les énergies négatives ont été canalisées grâce aux combats d’oreillers. Mais bien décidé à refaire tomber le monde dans le chaos, le mystérieux clan des « ninjas de l’oreiller » menace ce nouvel équilibre.

Dans le monde réel, son homologue gagne en popularité. Lancé en 2021, le Championnat de combats d’oreillers (Pillow Fight Championship/ PFC) mélange la théâtralité du catch et la fureur du MMA au cours de combats en deux

ou trois rounds entre de vrai·e·s athlètes armé·e·s de coussins PFC ofciels en nylon indéchirable d’ 1 kg environ. Le sport attire d’ailleurs pas mal de pros du MMA. Envie de devenir la prochaine sensation du ring virtuel ?

Steve Williams, président du PFC et Istela Nunes, nouvelle championne dans la catégorie femme, nous donnent quelques conseils de pros pour briller dans ce sport pas si douillet que ça…

Pas de tout repos

Dans le combat d’oreillers pro, les coups directs à la tête permettent d’encaisser un max de points. « La meilleure attaque, c’est la rotation », explique Nunes. La Brésilienne est également double championne du monde de Muay-thaï et combattante professionnelle en ligue UFC. La rotation ne fait pas partie

déstabiliser, de frapper et de profter de leur déséquilibre pour enchaîner le plus de coups possible. »

L’art de l’esquive

Si vous êtes sur le point d’étoufer sous les coups d’oreillers, sortez de votre léthargie et pensez stratégie ! « Les meilleures tactiques de défense sont de protéger sa tête, d’esquiver et de se déplacer, dit Nunes, dont l’époustoufante maîtrise défensive a contribué à son titre de championne de PFC en 2022. J’ai fait beaucoup de capoeira, un art martial afrobrésilien, dans ma jeunesse. J’ai acquis un certain art du rythme et du mouvement qui m’a pas mal aidée dans mes combats professionnels », estime-t-elle. Grâce à ça, Nunes possède un très bon cardio.

Embrasser l’espace

des mouvements de Pillow Champ, mais les combinaisons de coups le sont et comme dans le vrai sport, c’est la clé de la victoire. « Faites pleuvoir les coups sur vos adversaires, ajoute Williams. Le but est de les

« Votre meilleure attaque, c’est la rotation. »
Istela Nunes, boss de l’oreiller

Contrairement à d’autres sports de combat comme la boxe ou le MMA, coller votre adversaire ne vous ofrira aucun avantage dans les combats d’oreillers. « Si vous vous approchez trop, vous ne pourrez plus frapper de toutes vos forces, avertit Williams. Il faut estimer sa distance en pensant à la portée du coup, oreiller inclus. Plus vous serez en retrait, mieux vos coups porteront. Un corps à corps et c’est la défaite assurée. » Pareil dans

Pillow Champ

Rester en éveil

Quand attaquer ? Williams conseille de lire les mouvements de l’adversaire et d’anticiper le prochain coup. « Ça ressemble beaucoup à la boxe ou au Muay-thaï, il faut observer l’adversaire et et anticiper ses mouvements pour qu’il ou elle frappe dans le vide, avant que vous lanciez votre contre-attaque. »

Question de timing.

Pillow Champ sur Nintendo Switch, Steam et Netfix Games ; pillowchamp.com

gaming
94 THE RED BULLETIN PAUL PIASECKI JJ DUNNING

FUYEZ L’ENNUI

Spécialiste de l’équipement outdoor, Merrell perfectionne avec sa série Matryx Pack la chaussure de trail, pour nous faire courir par tous les temps, sur tous les terrains.

Aavec la course sur route, on finit par tourner en rond. Alors qu’il existe une discipline parfaite pour nous faire courir des heures sans jamais s’ennuyer : le trail ! En délaissant les routes goudronnées et les chemins sagement balisés, vous entrez dans un univers plein de surprises et d’obstacles, et la course devient une expérience sportive où l’important n’est pas d’aller vite, mais de s’immerger totalement dans le jeu.

C’est la vision de Merrell, spécialiste de l’équipement et de la chaussure de rando et de trail : quarante ans d’expérience que la marque met à profit dans sa nouvelle série trail.

Une expertise garantie par son sigle MTL, qui désigne le lieu où sont testées toutes les chaussures de la marque : Merrell Test Lab. Combinant un design ultra moderne, des technologies et des matériaux innovants avec des milliers d’heures de tests par des athlètes, les produits sortis du MTL sont prêts à endurer n’importe quel défi – de la forêt d’en face aux trails des Skyrunner World Series.

Le modèle MTL Matryx Pack en est un parfait exemple, puisqu’il est une évolution des modèles MTL Long Sky 2 et MTL Skyfire 2 : la partie supérieure est taillée d’une seule pièce, du textile tissé renforcé avec du Kevlar pour maximiser la respirabilité et la durabilité.

Combinant une assise plantaire thermorégulée avec une tige en textile ultra-résistante, ce modèle permet de courir par temps chaud mais peut aussi sécher très rapidement si l’on s’aventure dans une rivière.

Le modèle MTL Skyfire 2 bénéficie d’une semelle intermédiaire en mousse FloatPro avec une assise plantaire en mousse ETPU (avec fibres de verre) à rebond dynamique, idéale pour les trails plus courts. Quant au modèle MTL Long Sky 2, qui a remporté l’IPSO Awards 2023, il offre un maximum de confort sur tous les terrains. Les deux modèles disposent d’une semelle externe en caoutchouc Vibram MegaGrip et des crampons de 5 mm pour avancer sur les terrains les plus glissants.

Végane et fabriquée en partie à base de matériaux recyclés, la MTL Matryx Pack est LA chaussure de trail que vous attendiez pour sortir des sentiers battus. Plus d’infos sur merrell.com

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Retrouvez votre prochain numéro en mai en abonnement avec et avec , dans une sélection de points de distribution et sur abonnement.

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À NE PAS MANQUER

En avril PHOTOMATON DU RAP

Le nouvel épisode de Red Bull Rapomaton, qui met les artistes à l’épreuve pour un couplet sur une prod de leur choix, est enfin dispo sur la chaîne YouTube rap Red Bull Binks. Après les freestyles de Dau, Favé et Oldpee c’est au tour de ZKR de se frotter à l’exercice. Teasing… Il a choisi un 32 mesures. En un mot : efficace ! @RedBullBinks

En avril BATTLE DE L’EXTRÊME

Red Bull Challengers GeoGamers revient en force avec un nouvel épisode, dans lequel TheGreatReview défendra son titre en face de MisterMV, Alderiate et Julgane. Une compétition des plus palpitantes où il leur faudra trouver 18 jeux vidéo grâce à 18 lieux iconiques pour atteindre un total de 6 000 points. Get ready! @RedBullCheckpoint

MENTIONS LÉGALES

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THE RED BULLETIN 97 CYRIL CHARLES/@6RILIHO, BAPTISTE FAUCHILLE

Tout est sous contrôle

Membre des Flying Bulls, « des passionnés d’aviation avec une grande passion pour les avions et hélicoptères historiques rares », dont il est le chef pilote et responsable des opérations aériennes, Mirko Flaim est le seul pilote d’hélico italien disposant d’une licence de pilotage acrobatique civil. Avec 5 000 heures de vol au compteur (janvier 2023), vous le voyez ici en plein exhibition lors de la course auto F.A.T. Ice Race qui se tenait à Zell am See (Autriche), le 27 janvier dernier. Un rendez-vous très apprécié des aficionados de Porsche venus rouler sur un lac gelé.

2024 POUR FINIR EN BEAUTÉ
Le prochain THE RED BULLETIN sortira le 16 mai
98 THE RED BULLETIN JOERG MITTER/RED BULL CONTENT POOL
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LONGINES SPIRIT FLYBACK

La LONGINES SPIRIT FLYBACK illustre audacieusement l’esprit pionnier qui a toujours animé la marque. Par une simple pression, le mécanisme flyback, développé par Longines dans les années 1920, remet à zéro la trotteuse du chronographe et le redémarre immédiatement. Ce chronographe intemporel est une invitation à l’explorateur qui sommeille en vous. Prêt pour l’aventure?

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