Zone Campus 27 octobre 2008

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ACTUALITÉS

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La FEUQ réclame des stages rémunérés pour les futurs enseignants

Quand l’endettement fait loi…

GABRIELLE EBACHER

Journaliste | Actualités actualites2@zonecampus.ca

Une formation universitaire de 4 ans. C’est le cheminement nécessaire, aujourd’hui, à l’obtention d’un diplôme en enseignement primaire ou secondaire. Condition essentielle à l’octroi des brevets par le Ministère, les futurs enseignants doivent effectuer une série de stages au sein d’établissements scolaires. Or, ces stages ne sont pas rémunérés. Une situation dénoncée par la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) qui demande au gouvernement de délier les cordons de sa bourse. Au cœur du litige, le dernier stage de la formation d’un maître qui exige des étudiants la prise d’une charge complète, soit l’équivalent de 40 heures par semaine de présence en classe. De plus, les futurs enseignants doivent consacrer près de 20 heures par semaine à la planification des cours, à la correction des examens

ainsi qu’aux rencontres de parents. Dans un tel contexte, la conciliation stage-travail s’avère particulièrement ardue, voire impossible. «Avec toutes ces heures à consacrer hebdomadairement au stage, alors que le stagiaire fait le travail d’un professeur à temps plein, il est impossible pour les futurs enseignantes et enseignants de s’assurer d’un revenu décent en travaillant en parallèle. Il faut rémunérer de façon adéquate les stagiaires qui participent pleinement à la formation des futures générations», a soutenu M. Maxime Tassé, président de l’Association des étudiantes et des étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM. Les moyens de leurs ambitions Citant un article paru le 14 octobre dernier dans le quotidien Le Devoir, le président de la FEUQ, M. David Paradis, a quant à lui dénoncé le fait que les étudiants se voyaient souvent contraints d’abandonner leur emploi régulier pendant 12 semaines; un sacrifice qui engendrerait une perte salariale estimée à près de 2 200$, en plus de l’obligation d’acquitter les frais de scolarité. Afin de pallier cette situation, la FEUQ réclame que les futurs enseignants soient rémunérés au salaire minimum lors de leur dernier stage. Cette nouvelle revendication, estimée à 16M$, nécessite donc que le gouvernement provincial délie les cordons de sa bourse. Selon les statistiques détenues par la FEUQ, un étudiant sur cinq délaisserait l’enseignement au cours des cinq premières années de pratique. «Les raisons de ces abandons sont

nombreuses et l’endettement issu des études, qui affecte la condition financière des jeunes enseignants, y contribue. Ainsi, aider les futurs enseignants à compléter leurs études sans souci financier, c’est également les outiller pour affronter la transition vers le marché du travail», ont conclu MM. Paradis et Tassé.

Au cœur du litige, le dernier stage de la formation d’un maître qui exige des étudiants la prise d’une charge complète, soit l’équivalent de 40 heures par semaine de présence en classe. La position de l’AGEUQTR «La question de la rémunération des stages est sur la table depuis très longtemps. Cette année, toutefois, nous avons pris la décision d’entreprendre des actions concrètes en vue d’en faire un plan d’action prioritaire», annonce d’emblée Mme Joanie Pothier, vice-présidente aux affaires sociopolitiques de l’AGEUQTR. Au-delà de la contrainte financière imposée par le suivi d’une formation complète, la rémunération des stages pose un autre problème. En effet, il semble que les stages non rémunérés soient l’apanage des milieux où la représentation féminine est majoritaire ou traditionnellement forte. «Les futures infirmières,

Joanie Pothier, vice-présidente aux affaires sociopolitiques de l’AGEUQTR, souhaite que le litige se règle en faveur des étudiants. Photo : G. Ebacher sages-femmes, au même titre que les étudiants en enseignement, reçoivent rarement une compensation financière, dénonce Mme Pothier. De toute manière, les futurs enseignants qui obtiennent ce type de ‘’dédommagement’’ sont loin d’être avantagés puisque, dès lors, le suivi avec leur professeur titulaire n’est généralement plus assuré.» À l’heure actuelle, les chiffres

sont entre les mains de la ministre de l’Éducation, Mme Michelle Courchesne, qui s’est dite favorable à la cause. Or, le montant avancé par la FEUQ est loin de faire l’objet d’un consensus, jugé trop élevé par l’État. Naturellement, le contexte politique actuel pourrait inciter la FEUQ à exercer davantage de pression advenant le déclenchement d’élections provinciales cet automne.


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