Tout le Gentil Garçon

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Plan d’étude pour Les barricades mystérieuses : projection orthogonale Study for The Mysterious Barricades: orthogonal projection

de mémoire, l’ensemble de l’histoire de l’architecture, en un trait continu. La tour de Pise, le centre Pompidou, la tour Eiffel ou l’opéra de Lyon se juxtaposent et s’enchevêtrent dans une vision encyclopédique et chaotique. À ces monuments, témoins des grandes civilisations, répond l’architecture, poétique et dérisoire de son Empire. Ce château de cartes, bien que figé dans un équilibre précaire et dans la menace de l’effondrement, apparaît aussi comme le rêve ambitieux du bâtiment le plus haut. Il n’y a pas loin du château de cartes au château de sucre, autre architecture absurde qui se construit et se dissout dans la boucle de la vidéo de Picnolepsie. Une poétique de la ruine et du temps suspendu se dessine dans cette œuvre, dont le titre aux connotations scientifiques trouve un écho et une explication dans L’esthétique de la disparition de Paul Virilio. L’auteur y présente la picnolepsie comme une absence inframince et instantanée au réel.  A Un équilibre tout aussi précaire caractérise les « bâtiments » de La méthode Rose. Jeu de construction, accumulation de pièces de bois blanches et noires évoquant les touches d’un piano, cette œuvre « interactive » fait appel à la créativité et à la participation d’un enfant. Elle évoque le lien étroit entre architecture et musique, exploré notamment par Iannis Xenakis qui voyait dans l’une et l’autre une même pensée mathématique.  A La relation entre l’architecture et la musique est exprimée poétiquement par Goethe pour qui l’architecture est une musique gelée. Cette idée est illustrée presque littéralement par Le triomphe de la neige, double structure gigogne, constituée de cristaux de neige. Dessins en étoiles, en aiguilles ou en dendrites, les flocons ont tous une forme différente, partageant seulement leur structure hexagonale. Les éléments constitutifs de cette coupole-igloo enchâssée dans

un prisme sont inspirés du travail de Wilson A. Bentley qui consacra sa vie à l’étude des cristaux de neige et les photographia de façon systématique et avec une rigueur scientifique. Œuvre dans laquelle le visiteur est invité à pénétrer, Le triomphe de la neige fait partie de ces micro-architectures que Le Gentil Garçon développe à plusieurs reprises. Ainsi, avec Fantasma, l’œuvre devient un espace dans lequel on pénètre et que l’on expérimente : traversé par un banc-fémur démesuré, ce conteneur se change en bar. Avec le Fluorama, c’est une structure polyèdrique, qui devient un cinéma éphémère et ambulant où est projeté le space opéra The Rise and Fall of Black Light City. Construction à l’échelle du corps, sans pour autant l’enfermer, Les barricades mystérieuses, se dressent en une accumulation de poutres de bois et jouent sur un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur, le côté pile et le côté face. Architecture modulable et éphémère, la barricade se veut protection et délimitation. Ici, elle révèle l’envers du décor, ménageant un espace de lecture et de documentation dans une mise en abyme de son propre titre. Y sont, en effet, regroupées les œuvres qui, étrangement, portent ce même titre de Barricades mystérieuses : œuvres littéraires, musicales ou picturales qui, bien loin d’apporter une explication, ne font que souligner l’énigme de cet intitulé.  A La barricade est cependant, avant tout, une délimitation au sein de l’espace urbain, un mur éphémère dressé dans la rue, rappelant ainsi le lien entre l’architecture et la ville. Cette notion – l’architecture comme ponctuation de l’espace urbain – apparaît régulièrement dans le corpus des œuvres du Gentil Garçon. De façon interactive et humoristique avec Hyperécrabouilleland, installation dans laquelle des modules en peluche évoquent la complexité d’un paysage urbain. Le spectateur est invité à


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