Memoire HMONP LEA BILLOT 2017

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-Entre co-concepteurs La création architecturale n’est pas assignable à quelques individus mais elle est un processus collectif et itératif de mise en relation et d’intégration de point de vue. Pourtant par certains articles de la loi MOP (bas de page article 7) qui annoncent la maîtrise d’œuvre comme un groupement d’acteurs, la responsabilité est unique et englobe de nombreux enjeux du projet. Les craintes sur le nouveau logiciel BIM (Building Information Modeling) sont claires : la transdisciplinarité rend la question des limites de conception et de responsabilité floues. Tout l’enjeu est de savoir ne pas dépasser le champ de sa spécialité. Les bureaux d’études situent leur projet comme technique traitant d’aspect quantitatif, de calcul et de norme, intéressés par la question de l’usage et du confort. Au cours des chantiers, je remarque que l’architecte puisqu’il est mandataire, endosse des responsabilités qui sont pourtant hors de sa maîtrise. Nous devons donc être sans cesse vigilants et exigeants. Le rapport de confiance se fait sous contrôle. Pourtant, j’aime croire à une collaboration, où l’architecte resterait dans le domaine du doute, du questionnement lorsque l’ingénieur lui apporterait une certitude. Sur chaque visa, je ne m’engage que sur l’aspect esthétique et la conformité du rendu, mais pour bien comprendre ce que je lis, je dois avoir des rudiments dans chaque domaine afin de parler le même langage. Chaque décision technique a une influence esthétique et inversement, la collaboration est nécessaire. Sur mon chantier à Bayonne, la complexité du projet oblige le dialogue aussi entre les bureaux d’études de la MOE et ceux des entreprises. En phase d’exécution, ils doivent réinterpréter des plans du marché pour les adapter à leur savoir-faire, tout en restant dans les règles de l’art. Le dialogue, parfois complexe, demande à chacun de comprendre l’autre, ce qui est bien difficile lorsqu’on sait que les formations données aux architectes et aux ingénieurs sont très différentes. Les divergences de point de vue et la hiérarchie sous entendue, n’apaisent pas les conflits. Chacun revendique sa singularité et ne supporte pas l’empiétement sur sa mission : l’architecte a la démarche créative, les bureaux d’études l’expertise de la réalité constructive. Les désaccords se retrouvent aussi beaucoup dans le sujet épineux des honoraires et le fonctionnement du travail de l’architecte par charrette. L’objet n’est pas de s’opposer au sein même de l’équipe de maîtrise d’œuvre mais plutôt de se battre ensemble pour sensibiliser les maîtres d’ouvrages sur cette question de la rémunération et de l’économie générale du projet. Quant au culte de la charrette, l’architecte doit comprendre que les éléments techniques ne peuvent se réaliser dans la précipitation. Bien loin de penser que tous les rapports sont ainsi, la généralité me pousse à croire qu’il faudrait revoir les rapports en amont : ou de la formation de chacun ou dans la construction du


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