Memoire HMONP LEA BILLOT 2017

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/Comprendre et dessiner la société Depuis quelques années, je suis en quête du sens de notre production. La place de l’architecte n’est pas remise en question mais par l’enseignement des erreurs de nos prédécesseurs et l’évolution de la société, nous devons nous demander si ce que nous produisons répond encore à la question. J’ai alors souhaité, durant le master, récolter les grandes problématiques de notre temps qui se reflètent clairement dans la production de notre époque. Nous avons alors été témoin de l’inauguration de nombreux mémoriaux et de la montée du terrorisme, de la question du migrant et de la précarité d’une catégorie de la population qui s’isole. Je notais que nos grandes réflexions sur l’écologie, le réemploi et le participatif n’étaient pas de l’ordre de la source mais du moyen. Elles seraient une deuxième étape à intégrer dans le projet, un filtre mais pas une genèse. J’ai avec mes derniers projets et mon mémoire de master, poussé ma réflexion à comprendre les besoins sociaux pour mieux les intégrer dans un espace : Le besoin de rassemblement et de recueillement face à un événement traumatisant, puis la légitimité de la place du migrant et la réponse spatiale de son accueil, pour finir avec un parcours de vie au sein d’un lien de mémoire comme Drancy. Au travers de ces analyses, je prends conscience de l’importance de la trace, de la mémoire et de la politique des espaces. En tant qu’architecte, je me dois d’avoir une position de sociologue pour remplir pleinement mon rôle. Réaliser un parallèle entre l’architecture et l’étude de la société c’est un peu faire la définition de la mémoire : l’avenir et le passé dans un seul instant, dans une fraction de présent où nous avons conscience d’un vécue en poursuivant une route vers demain. « L’architecture est une machine à ralentir le temps. »4 Dans la rédaction de mon mémoire de master, je questionnais la place les mémoriaux et de leurs pratiques dans notre société, la ville et la production architecturale. En quoi est-ce important de conserver les traces d’un passé douloureux que l’on pourrait légitimement avoir envie d’oublier ? Quelle est le discours véhiculé par le mémorial et les acteurs de ce phénomène ? Dans mes hypothèses, le mémorial est annoncé comme un geste politique. Il y est observé porte-parole de la société et fondateur d’une mémoire commune, rassembler autour du recueillement. Finalement, c’est au travers du regard du concepteur que le mémorial prend tout son sens. Entre symbole et parcours, il devient une expérience spatiale et émotionnelle. Tant libre que soumis à l’importance de la portée de l’histoire, l’architecte est constructeur de l’avenir, mais aussi un conservateur du passé et un gardien de la mémoire collective. 4

BEAUDOUIN Laurent «Pour une architecture lente» Edition Quinette 2007


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