Memoire HMONP LEA BILLOT 2017

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« Là où des matériaux concrets sont assemblés et édifiés, l’architecture imaginée devient une part du monde réel. » 2 Ce moment de l’assemblage est fort de sens pour moi. Assemblage de matériaux, de compétences, d’interaction humaines, le chantier se compose d’autant d’ingrédients, et de rouages pour former un monde. D’abords parce qu’il est en effet défini par un nom qui exprime à la fois une situation spatiale, le lieu du chantier, et une situation temporelle, la phase chantier avec notre mission DET. Si l’architecte est bien un chef d’orchestre de tout ce rouage par la nécessité de l’assemblage, le chantier reste encore le lieu où les machines ne peuvent pas remplacer la main de l’homme. Il y a bien deux mondes, celui des idées définies des phases ESQ au DCE, puis celui du concret de l’ACT au AOR. Alors le travail de l’architecture se construit à travers deux processus de chronotopes séparés : concevoir le projet et réaliser le chantier. Les compétences et les missions sont nettement différentes alors que nous parlons d’un même projet et d’un même site. Selon la notion de Chronotope de Mikhaïl Bakhtine, il constitue la matrice où les principales séquences temporelles indissociables de celle du temps d’une œuvre se croisent avec les dialogues, les rencontres et les événements. Les « généralisations philosophiques et sociales, idées, analyse des causes et des effets, et ainsi de suite, gravitent autour du chronotope et par son intermédiaire, prennent chair et sang... »3 Trouvant par mon expérience cette notion plus qu’applicable au chantier, je dirais donc que le planning et le site deviennent ces deux notions primordiales et indissociables qui font la base des interactions des acteurs, des conflits et échanges, mais aussi des relations avec son contexte. Nous travaillons avec une architecture située dans le paysage mais aussi dans la société et la politique. Il m’a suffi de lire le planning de chantier de l’OPC Eric Grossin du projet de cinéma à Bayonne pour comprendre que celui-ci aurait été différent ailleurs. Tout d’abords parce qu’un planning s’organise avec le calendrier politique en supportant la volonté de vouloir inaugurer à une date et sous mandat, parce qu’il prend en compte les saisons et le climat de la région lorsque cela implique le béton en structure, mais aussi parce les événements de la ville peuvent interférer avec les délais. Une semaine disparaît alors en juillet pour les célèbres fêtes de Bayonne. Outre l’absence incontestée des entreprises, il faut gérer les risques de la présence d’un chantier en cœur de ville pour les touristes et locaux venus célébrer. Le planning prend aussi en compte la poésie du temps des matériaux : la fabrication, l’assemblage, le savoir-faire de l’artisan, des prototypes et essais, mais aussi du temps de prise du béton et du séchage des peintures. 2 3

ZUMTHOR Peter Idem,page 11 BAKHTINE Mikaïl «Esthétique et théorie du roman» - Paris Gallimard 1978 - p 391


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