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Autant de critères qui sont aujourd’hui indissociables des principes mis en œuvre en matière de développement durable. D’autres auteurs, comme Lewis Mumford dans son ouvrage « Le mythe de la machine » développe la notion de « biotechnique » pour désigner des techniques « bioviables » qui fonctionneraient d’une manière que nous qualifierions d’écologiquement responsable, c’est-à-dire qui permettent d’établir une relation homéostasique entre ressources et besoins. Le ‘low-tech’ aujourd’hui Dans le contexte économique et environnemental actuel, les ‘low-tech’ connaissent un regain d’intérêt et se retrouvent quasiment dans tous les secteurs : agriculture, médecine, production d’énergie, architecture, Internet... De nombreux auteurs y voient une solution de transition permettant une décélération du ‘high-tech’ au fur et à mesure de l’épuisement des ressources naturelles. Aujourd’hui, l’engouement et le développement créatif des ‘low-tech’ prend en compte les dimensions philosophique, environnementale et sociale. Les ‘low-tech’ ne sont plus des techniques archaïques remises au goût du jour mais, au contraire, de nouvelles techniques créatives, ingénieuses et orientées vers un avenir soutenable. De plus, elles recréent des liens sociaux et remettent en question la société de consommation, ainsi que la pensée matérialiste qu’elle sous-tend.

Low-tech Lab Partout dans le monde, des innovations techniques simples, accessibles et durables sont développées à échelle locale pour répondre à des problématiques vitales, économiques ou environnementales. Potentiellement utiles à des millions de personnes, elles méritent d’être partagées. Depuis 2015, le « Low-tech Lab » se donne pour mission de les repérer, de les expérimenter et de les documenter de façon collaborative afin de les rendre accessibles à tous. L’ensemble de ces documentations sont partagées librement et gratuitement. Infos sur lowtechlab.org

Le mythe de la technologie

« Nous vivons dans une société qui croit au techno-solutionnisme », déclare Philippe Bihouix dans son ouvrage « L’Âge des low tech - Vers une civilisation techniquement soutenable1 ». Cet ingénieur français met en lumière le mythe selon lequel nombre de citoyens croient encore en un avenir où les innovations de ‘haute technologie’ ou ‘high-tech’ créeront un monde où tout sera forcément plus économe en énergie. Les technologies de pointe révolutionneront nos sociétés et sauveront la planète et son climat — ouf ! Cette confiance aveugle dans le progrès technologique est une force motrice qui existe depuis la révolution industrielle. Or, la prise de conscience grandissante de la limite des ressources naturelles disponibles, donc de l’impossibilité d’une croissance infinie dans un monde fini, conduira immanquablement l’humanité vers un effondrement du système (scénario du « collapse ») ou un changement de paradigme. La question centrale pourrait se résumer comme suit : pouvons-nous réellement résoudre les problèmes causés par la croissance tous azimuts du progrès technologique avec des solutions technologiques, c’est-àdire avec les processus mêmes qui ont engendré lesdits problèmes ? Pour Albert Einstein, la réponse est claire : « On ne peut résoudre un problème avec le même niveau de conscience que celui qui l’a créé. » Le progrès technologique doit donc, lui aussi, évoluer et amorcer sa transition vers la sobriété et une vraie durabilité. JUIN 2019 / 15

dossier

Schumacher, pionnier de l’introduction des idées écologistes en matière d’économie et de politique de développement. Dans son célèbre « Small is beautiful » (1973), Schumacher utilise le concept de « technologie intermédiaire », qui correspond précisément à la définition actuelle du ‘low-tech’. Il s’agit alors d’envisager l’activité humaine sous un angle novateur : prise en compte de la nature en tant que capital à préserver et non plus en tant que simple source de revenus ; souci d’une économie pérenne, fondée sur une exploitation raisonnée de ressources naturelles limitées ; intégration du bien-être des travailleurs et de la préservation de l’environnement dans les décisions économiques.


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