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de branche en branche dans une agitation constante. Le dĂ©butant non assidu aura donc vite fait de conclure que ce nâest pas pour lui ou de changer de mĂ©thode encore et encore, Ă©vitant ainsi un approfondissement salutaire qui verrait son ego fondre comme neige au soleil. Lâengagement est donc indispensable. Et si, effectivement, aprĂšs plusieurs mois ou annĂ©es de pratique, le mĂ©ditant se sent intĂ©rieurement attirĂ© vers une autre forme de mĂ©ditation, ce mouvement spontanĂ© sera probablement juste pour lui.
La mĂ©ditation sans objet A cĂŽtĂ© des formes courantes de mĂ©ditation avec objet, existe une pratique sans objet que certains enseignants appellent parfois « mĂ©ditation non-duelle ». Dans cette approche, lâattention du mĂ©ditant est naturellement attirĂ©e vers ce qui, en lui, est non-objectif : on pourrait dire vers « ce qui est conscient dâĂȘtre conscient ». La conscience est, en effet, tout sauf un objet, câest mĂȘme le seul et unique sujet qui existe rĂ©ellement. Ce « sujet ultimeââ», que certains appellent le « Soi », est un peu comme un espace en amont du « moiâââââ», intemporel, sans dimension et pourtant commun Ă tous les ĂȘtres.
des « objets »), ne pourra jamais avoir accĂšs au domaine non-objectif en amont de lui. Il en rĂ©sulte que toute tentative dâatteindre la Paix ou le Bonheur Ă l'aide de la pensĂ©e ou de la sensation est vouĂ©e Ă l'Ă©chec. Cette comprĂ©hension-Ă©clair tranquillise le mental d'une maniĂšre Ă la fois naturelle et radicale. Dans cette forme de mĂ©ditation, les pensĂ©es et sensations ne sont ni recherchĂ©es ni Ă©vitĂ©es, elles sont simplement accueillies et laissĂ©es libres d'Ă©voluer Ă leur guise. Cette approche se caractĂ©rise par une ouverture totale et sans prĂ©fĂ©rences Ă toutes les perceptions sensorielles externes ou internes, aux Ă©motions et aux pensĂ©es. Ces perceptions variĂ©es pourraient ĂȘtre comparĂ©es aux divers personnages d'un film au cinĂ©ma. Tant que le mĂ©ditant prend intĂ©rĂȘt Ă l'intrigue, son attention est complĂštement absorbĂ©e par lâhistoire et les acteurs, mais si lâintĂ©rĂȘt se relĂąche, lâattention se dĂ©tend progressivement jusqu'au moment oĂč il prend soudainement conscience de lâĂ©cran, de la salle et mĂȘme du projecteur, en amont, qui projette sa lumiĂšre et rend tout cela possible. De la mĂȘme maniĂšre, lorsque lâattention devient globale et se dĂ©focalise des perceptions du monde et des histoires du « moi », un moment survient oĂč le mĂ©ditant sâĂ©veille subitement Ă cet arriĂšre-plan
Lâattitude intĂ©rieure d'Ă©coute bienveillante est donc l'essence mĂȘme de la mĂ©ditation et ne nĂ©cessite pas nĂ©cessairement de posture, de respiration, de rituel ou une quelconque forme particuliĂšre. Dans ce type de dĂ©marche, le mĂ©ditant rĂ©alise peu Ă peu que le Bonheur qu'il recherche est non-objectif, c'est-Ă -dire qu'il n'est jamais contenu dans un objet, grossier ou subtil, un Ă©tat transitoire ou une relation. Rien Ă lâextĂ©rieur de lui ne pourra jamais le contenter dĂ©finitivement. Lorsque cette comprĂ©hension devient tout Ă fait claire, il rĂ©alise que le mental, qui ne peut saisir que des perceptions (donc
conscient qui se rĂ©vĂšle alors comme le repos ultime quâil avait tant cherchĂ©.
LâĂ©veil Ă sa nature vĂ©ritable Tout comme il n'est pas nĂ©cessaire que les acteurs quittent la scĂšne pour prendre conscience du dĂ©cor ou de lâĂ©cran, lâabsence de perception et des pensĂ©es n'est pas une AGENDA PLUS - JUIN 2018 | 21