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Il faut accepter quâil nây ait pas toujours dâexplication rationnelle puisquâil sâagit dâune Ă©motion.
qui malheureusement touche un nombre croissant dâenfants ces derniĂšres annĂ©es, et ce, dans tous les milieux sociaux. Câest un phĂ©nomĂšne complexe qui peut avoir diffĂ©rentes origines : une remarque dĂ©sobligeante, la pression sociale, le harcĂšlement scolaire,⊠Des maux physiques comme les maux de ventre, le cĆur qui se serre, sâinstallent en rĂ©action Ă une peur irrationnelle et le jeune cherche Ă tout prix lâĂ©vitement de lâĂ©cole.
DâoĂč viennent-elles ? Lâorigine des phobies nâest pas toujours facile Ă trouver. Dans certains cas elle est assez Ă©vidente et est liĂ©e Ă une expĂ©rience traumatisante, que ce soit une agression ou un accident. Dans dâautres cas, elle sâinstalle de façon accidentelle et peut parfois correspondre (ou pas) Ă un moment de vie plus angoissant comme une sĂ©paration ou un deuil. Elles peuvent aussi sâinstaller inopinĂ©ment et se dĂ©velopper par la suite. Il nây a pas dâĂąge pour ĂȘtre phobique ou pour le devenir. Les femmes seraient plus sujettes aux phobies que les hommes (2 femmes pour 1 homme). Pour ce phĂ©nomĂšne irrationnel et irraisonnĂ©, il faut accepter quâil nây ait justement pas toujours dâexplication rationnelle puisquâil sâagit dâune Ă©motion et quâune Ă©motion se ressent sans toujours rĂ©ussir Ă lâexpliquer. Chez lâenfant, la phobie peut aussi se dĂ©velopper « par apprentissage ». Si une mĂšre se met Ă hurler et trembler dĂšs quâelle voit une souris ( musophobie) il se peut trĂšs bien que son enfant soit conditionnĂ© socialement Ă dĂ©velopper une peur face Ă ces petites bĂȘtes. 16 | AGENDA PLUS - AVRIL 2018
Certains disent quâĂȘtre sujet Ă une phobie est hĂ©rĂ©ditaire, dâautres parlent dâun manque de sĂ©rotonine, ce neurotransmetteur qui agit sur le systĂšme nerveux central, notamment dans la rĂ©gulation de lâhumeur ou de lâĂ©motivitĂ©.
La complexitĂ© des phobies Les phobies ne sont liĂ©es Ă aucune rationalitĂ©. Les personnes qui ont peur de lâavion ont beau savoir que câest un des moyens de transport les plus sĂ»rs, elles nâarrivent pas Ă se raisonner. TrĂšs conscientes du cĂŽtĂ© irrationnel du problĂšme, la raison nâa pourtant pas sa place. Moi-mĂȘme, qui ai une peur bleue des serpents, je me suis un jour retrouvĂ©e incapable de cuire des saucisses car elles me faisaient trop penser au sujet de ma phobie ! Le conscient aime ce qui est rationnel. Travailler au niveau du conscient est donc inefficace. La construction de la phobie est trĂšs diffĂ©rente dâune personne Ă lâautre. Le mental joue un rĂŽle redoutable. Pour un gallinophobe par exemple, rien que lâimage mentale dâune poule suffit Ă faire naĂźtre un Ă©tat dâanxiĂ©tĂ© aigu accompagnĂ© de symptĂŽmes physiques de panique. Les peurs deviennent totalement incontrĂŽlĂ©es et disproportionnĂ©es par rapport aux risques rĂ©ellement encourus, la perception de la rĂ©alitĂ© Ă©tant propre Ă chacun. Lâentourage veut rassurer mais souvent il fait plus de mal que de bien en pointant du doigt le cĂŽtĂ© « dĂ©bile » de cette peur incontrĂŽlable.
Peut-on soigner les phobies ? Il nâest pas toujours facile dâavouer que lâon a une phobie. Souvent on se sent nul face au cĂŽtĂ© irrationnel de cette peur et Ă lâĂ©tat dans lequel elle peut nous mettre. On a honte. On se sent Ă lâĂ©cart. Pour peu que quelquâun se soit un jour moquĂ© de nous, câest la catastrophe. Les phobiques attendent souvent longtemps avant de demander de lâaide. « Nous autres les phobiques, nous attribuerons une plus grande valeur Ă nos Ă©checs quâĂ nos succĂšs et minimiserons nos rĂ©ussites et les situations heureuses », explique Alexandra de SĂ©nĂ©chal, auteure du livre « Les Phobies, câest fini »1.