A+ 296

Page 13

dossier

Dans le cas des phobies, la peur devient irrationnelle, rĂ©pĂ©titive et systĂ©matique et la rĂ©alitĂ© est perçue de maniĂšre dĂ©formĂ©e et menaçante. La diffĂ©rence entre la peur et la phobie Si l’évocation du mot phobie renvoie Ă  la peur, il faut bien distinguer les deux. La peur est l’une des quatre Ă©motions de base avec la joie, la tristesse et la colĂšre. Non seulement « avoir peur » est un sentiment normal, mais c’est surtout une Ă©motion utile et indispensable Ă  notre survie. Cette Ă©motion, qui est l’une des plus anciennes du monde animal et humain, a pour fonction premiĂšre de permettre de dĂ©velopper des stratĂ©gies de survie et d’adaptation Ă  notre environnement. Comme l’explique Michelle Shenhav, spĂ©cialiste de la thĂ©rapie brĂšve et stratĂ©gique, « La peur agit comme un systĂšme d’alarme et ses symptĂŽmes sont spectaculaires (rythme cardiaque qui s’emballe, sueurs froides,
). C’est notre cerveau reptilien, au niveau du systĂšme limbique, qui nous permet d’éviter des situations dangereuses. Notre cerveau est programmĂ© comme un ordinateur, il trouve des solutions pour nous protĂ©ger et nous maintenir en vie. Par exemple, si, au moment de traverser, une voiture arrive Ă  vive allure, mon cƓur va s’affoler et dans un rĂ©flexe de survie je vais courir ou faire un bond en avant. La peur devient problĂ©matique quand elle est invalidante, quand elle ne nous permet pas de nous adapter Ă  l’environnement, qu’elle nous paralyse et nous empĂȘche de vivre des situations nouvelles. Nous parlons alors de phobie.» Dans le cas des phobies, le stress ne se transforme pas en action et il devient rapidement trĂšs nocif. La peur devient irrationnelle, rĂ©pĂ©titive et systĂ©matique et la rĂ©alitĂ© est perçue de maniĂšre dĂ©formĂ©e et menaçante. Cette perception entraĂźne une angoisse aiguĂ«. Nous

sommes bien d’accord, les phobies ne sont qu’une perception de la rĂ©alitĂ© mais une perception trĂšs convaincante et l’homme est trĂšs douĂ© pour entretenir ses croyances ou ses illusions. Certaines phobies comme l’ophiophobie, celle des serpents, sont assez faciles Ă  vivre dans nos pays mais d’autres comme l’ochlophobie, la peur de la foule, peuvent ĂȘtre un vĂ©ritable handicap dans la vie de tous les jours et avoir des rĂ©percussions sur le bien-ĂȘtre gĂ©nĂ©ral. Certaines phobies sont trĂšs invalidantes comme dans le cas des Ă©mĂ©tophobes pour qui la peur de vomir en public est un vĂ©ritable cauchemar Ă  vivre au quotidien.

ConcrĂštement, comment ça se passe ? La personne qui se retrouve dans une situation phobique va rĂ©agir par des manifestations de trois sortes : ‱ physiques : des rĂ©actions corporelles trĂšs diverses : respiration rapide (hyperventilation), augmentation du rythme cardiaque, bouffĂ©es de chaleur, transpiration excessive, vertiges, troubles gastro-intestinaux, troubles du sommeil
 ‱ cognitives : la peur entraĂźne une rĂ©action mentale et/ou imaginaire qui amĂšne la personne Ă  inventer des situations. ‱ comportementales : pour ne pas avoir Ă  vivre ce genre de situation, la personne gĂ©nĂšre des stratĂ©gies de survie. Nul ne souhaite vivre une situation dĂ©sagrĂ©able, Ă  moins d’ĂȘtre maso ! Afin de ne pas devoir vivre la situation phobogĂšne, l’individu AGENDA PLUS - AVRIL 2018 | 13


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.