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Se préparer à la cohabitation Toujours est-il que les territoires sont toujours importants à gérer et cela dès le début. Pascal, 8 ans, habite avec sa mère toute la semaine depuis que le père est parti vivre ailleurs. La mère a rencontré quelqu’un et le nouveau couple pense à une cohabitation. Si ce monsieur débarque un beau jour dans la maison où Pascal vit avec sa mère depuis 3 ans, sans aucune préparation, cela risque de mal se passer. Car l’installation commune nécessite que l’on dise à Pascal les changements qui vont être introduits dans sa vie, ses habitudes, son environnement. Ainsi, l’enfant pourra se préparer à ces changements, qui ne sont pas anodins et qu’il vit comme des bouleversements énormes. Si l’adulte a la faculté d’anticiper le bénéfice psychologique que l’enfant pourra retirer d’une nouvelle union, l’enfant ne l’anticipe pas, il vit les choses immédiatement. Il importe donc de passer du temps ensemble, de nommer les choses, de répondre à ses questions, de lui expliquer clairement et concrètement les places, les devoirs et les droits de chacun, bien avant la cohabitation. Il s’agit de parler.
Intégrer… Si les parents ont le rêve d’une famille idéale, les enfants, petits ou ados, sont également aux prises avec ce rêve. Quelque part subsiste le rêve de la réunification des parents séparés. Rêve structurant où il y a place dans le triangle où il s’est construit. Une nouvelle rencontre signifie la fin du rêve de la réunification. Comment accepter ce nouveau compagnon, cette nouvelle compagne, « qui prend la place de maman » ? Si le deuil du couple parental n’est pas fait, il peut y avoir un rejet du nouveau compagnon, de la nouvelle compagne. L’enfant se renferme, devient difficile, néglige l’école, s’oppose au nouveau venu. Il va devoir intégrer que ses parents biologiques ne reformeront pas un couple. La préparation avant la cohabitation, l’apprivoisement et le temps qui passe vont rassurer l’enfant et lui permettre de s’adapter. Lorsqu’une stabilité s’installe, après un temps plus ou moins long, l’enfant pourra se 18 | AGENDA PLUS - OCTOBRE 2017
Si les parents ont le rêve d’une famille idéale, les enfants, petits ou ados, sont également aux prises avec ce rêve. Quelque part subsiste le rêve de la réunification des parents séparés.
positionner par rapport à cette nouvelle relation. Et l’investir peu à peu, très positivement, positivement, ou moins. Tous les degrés d’investissement sont possibles, légitimes et à accepter. Les cas de figures sont multiples, mais le plus important est toujours d’aider à parler. Aider à mettre des mots sur ce que l’on vit et ressent est toujours un soulagement, que l’on soit adulte et a fortiori encore bien davantage quand on est enfant. Quoi qu’il en soit, la plupart du temps, les enfants ou les ados se réjouissent de ne plus voir leur parent seul. Ils se réjouissent du bonheur de leur parent. Et le nouveau couple est alors un soulagement : l’enfant n’est plus dans le face-à-face avec un seul parent.
Croire au processus… Est-il besoin de le dire ? Si les parents séparés ont une bonne relation, tout est beaucoup plus facile à vivre. Si ça ne se passe pas bien, c’est moins facile. En tous cas, ces parents séparés ont à entrer dans un processus intérieur personnel où la séparation est totalement intégrée. Ce n’est pas aux enfants à porter les blessures, les ressentiments, les rancunes, les rancœurs dus à la séparation. Tout le monde