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mieux-être

n’est pas une œuvre ethnographique mais du génie romancé, Castaneda relate des expériences tellement précises, vécues lors de transes chamaniques, que seul celui qui les a ressenties peut les décrire. Ainsi, l’oeuvre de Castaneda, couplée à la contre-culture occidentale et au « power flower » prôné par le mouvement hippie, a très certainement contribué à l’émergence de nouvelles formes de chamanisme, véritables traits d’union entre Occident et Orient. Par ailleurs, l’anthropologue Michael Harner, à partir de son étude des Jivaros et d’une approche comparative de diverses traditions chamaniques, a également contribué au retour des pratiques chamaniques en Occident grâce à la parution, en 1980, de son livre : « The Way of the Shaman » (titre français : « Chaman »). Il qualifie son approche de « Core-shamanism », c’est-à-dire « chamanisme fondamental », une vision néo-chamanique regroupant des techniques transcendant les contextes culturels spécifiques.

Dépasser les frontières de l’ego Même si autrefois le contact avec les arbres, les rivières et le vent était socialement accepté, la culture occidentale moderne et sa vision matérialiste rendent socialement difficile l’intégration de ces pratiques. Le contact avec les esprits ou la transe chamanique est souvent considérée comme de la schizophrénie ou de l’épilepsie... Dans nos sociétés, le chamanisme n’existe que dans les livres, les films et les contrées éloignées. Or, la capacité que possède l’humain à dépasser les frontières de l’ego personnel, ressentir et participer aux forces de la nature et de la Création fait intimement partie de lui. Il n’est donc pas étonnant que, selon la vision néo-chamanique, chacun puisse naturellement utiliser ces pratiques dans la vie quotidienne (sans devenir pour autant un chaman). De nombreux Occidentaux le font pour approfondir le contact avec la partie invisible et spirituelle de la Réalité. Entrer en relation consciente avec le monde des esprits procurerait de la force, restaurerait la santé et permettrait d’aider les autres.

Bien et… mal De nombreux néo-chamans n’ont jamais été formés par un chaman traditionnel de culture indigène. Beaucoup apprennent par les livres et l’expérience ou assistent à des ateliers et des retraites où ils étudient une grande variété de techniques anciennes et nouvelles. C’est la raison pour laquelle le néo-chamanisme a souvent mauvaise presse auprès des cultures traditionnelles qui y voient les signes d’une rupture avec les Traditions Ancestrales. Certains membres de cultures et de religions indigènes critiquent ces « pratiques nouvelles », affirmant qu’elles représentent une forme illégitime d’appropriation culturelle et même un danger. Par ailleurs, le néo-chamanisme ayant parfois des relations étroites avec le « New Age », il a tendance à écarter l’existence du mal, de la peur et de l’échec. Or, dans une étude4 publiée en 2012, Michael York écrit : « Dans le chamanisme traditionnel, l’initiation du chaman est une épreuve qui implique la douleur, les difficultés et la peur. En revanche, dans sa version New Age édulcorée, c’est une perspective qui nie souvent la réalité du négatif, ce qui dévalorise le rôle essentiel de la peur ». Bref, le Yin sans son Yang ne peut être qu’en déséquilibre…

Certaines techniques néo-chamaniques contribueraient à trouver plus facilement des solutions aux problèmes personnels, professionnels ou affectifs et renforceraient même la structure psycho-émotionnelle du pratiquant. De plus, ces méthodes permettraient également d’entrer dans une compréhension plus vaste du fonctionnement de la Nature, du Monde et de l’Essence de chaque être vivant. AGENDA PLUS - JUIN 2017 | 29


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