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alimentation

Une histoire millénaire Cultivée comme légume et plante textile depuis près de 9000 ans, l’ortie a accompagné le développement des grandes civilisations humaines. De l’Egypte ancienne où ses graines étaient utilisées pour leur huile jusqu’au Moyen-Âge et à la Renaissance où elle fut cultivée comme fourrage et pour sa fibre textile, en passant par les grands médecins de l’Antiquité gréco-romaine exploitant ses vertus santé, l’ortie a su dévoiler ses ressources. Aujourd’hui encore, elle est cultivée en Allemagne pour ses fibres creuses et très résistantes comparables à celles du chanvre ou du lin à partir desquelles peuvent être tissés vêtements, linge de maison, voiles de bateau, filets de pêche,... et même billets de banque ! L’exploitation de ces fibres permet également d’obtenir des résidus entrant dans la « filière lignocellulosique » à partir de laquelle sont produits des biocarburants. Très résistante aux maladies et productrice d’une importante biomasse en peu de temps, l’ortie offre des perspectives d’avenir à la fois riches et écologiques à ces secteurs technologiques. Mais plus encore, l’intérêt renaissant pour ses vertus nutritionnelles et médicinales révèle un trésor depuis trop longtemps enfui !

Or vert dans l’assiette Même si certains animaux (chèvres, lapins, escargots,…) semblent insensibles à ses piqures et s’en délectent manifestement, l’ortie, au

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simple souvenir cuisant de son contact, passe pour une invitée plutôt hostile dans l’assiette. Sachez pourtant que son pouvoir urticant disparaît après quelques heures de séchage (environ 15 h après récolte) et que le broyage ou la cuisson l’élimine aussi. Plus aucune excuse dès lors (à part celle de la récolte que l’on conseille de faire avec des gants) pour ne pas en profiter ! L’ortie est en effet une - si pas « LA » - des plantes sauvages les plus riches en protéines (près de 40% en poids sec et 13% en poids frais), comparable donc au soja. Protéines, qui plus est, complètes puisque comprenant les 8 acides aminés essentiels que l’homme ne peut synthétiser. Elle est donc très intéressante à inclure dans un régime alimentaire, végétarien de surcroît ! Extrêmement concentrées en minéraux (calcium, fer, cuivre, soufre, zinc, manganèse, sélénium, bore, silicium,… soit près de 24 % du poids sec) et vitamines (B5, B6, B9, E et K), 100 grammes de ses feuilles fraîches apportent (en comparaison des Apports Journaliers Recommandés (AJR)) : 400 % des AJR en vitamine C, 625% des AJR en provitamine A (beta-carotène), 144 % des AJR en vitamine E, 106 % des AJR en calcium et 93% des AJR en fer ! « Qui dit mieux ? », pour une plante aussi facile à trouver, serait dès lors la seule question pertinente ! Toute la plante est en outre utilisable puisque les racines sont, par exemple, deux à trois fois plus riches en fer que les feuilles. Les graines quant à elles contiennent 30% d’huile riche en acides gras insaturés, surtout oméga 6. Il est conseillé pour un usage alimentaire de la récolter jeune (elle sera moins fibreuse) et de ne prélever que les extrémités (4 ou 6 dernières feuilles). Prenez soin également de la récolter dans un environnement protégé, car si elle accumule les éléments nutritifs, elle peut en faire de même des métaux lourds. Evitez donc le bord des routes ! Une fois récoltée, elle peut


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