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L’image de soi, ce sont les caractéristiques que chacun s’attribue, c’est la perception que chacun a de soi-même.

En effet, les gargouillis d’un intestin, les sons de la voix, les battements d’un cœur, constituent une sorte d’empreinte primitive et première tout à fait personnelle. En clair, les gargouillis de Madame Dupont ne seront pas les mêmes que les gargouillis de Madame Dubois. Le bébé Dupont ne percevra pas les mêmes sensations que le bébé Dubois. Chaque fœtus reçoit des données sensorielles spécifiques, qui donneront lieu à un adulte doté d’une « image » sensorielle unique de lui-même. L’image de soi, ce sont les caractéristiques que chacun s’attribue, c’est la perception que chacun a de soi-même. Perception qui s’élabore à partir du présent mais aussi du passé et notamment de ce tissage premier de sensations dans le ventre de la mère. Une image inconsciente du corps se forme dès les premiers mois. Adulte, chacun porte en lui cette image sensorielle inconsciente et s’y réfère sans le savoir.

Traces S’y mêlent bien évidemment la petite enfance et l’enfance avec son cortège d’engrammes, traces laissées dans les centres nerveux, le cœur et les tripes par les évènements ou les expériences marquantes. Les réussites éclatantes, les maladies ou les blessures, les communions avec la nature, les émois de toutes sortes procurent diverses émotions : joie, tristesse, peur, etc. Les paroles et réactions du père, de la mère, des sœurs et frères, des professeurs, des amis et aussi des personnes qui ont joué un rôle important dans la vie de l’enfant tiennent une place de choix dans ces émotions.

Un enfant qui est valorisé pour ce qu’il est et dont les qualités sont reconnues aura, adulte, une image très différente d’un enfant qui est beaucoup critiqué. Ceci dit, la plupart du temps, la réalité de l’enfance n’est pas nécessairement manichéenne : on peut être valorisé par le père et moins par la mère, par exemple. Ou certaines parties de la personnalité de l’enfant peuvent être davantage mises en avant que d’autres. Tous les cas de figures sont possibles, ce sont ces différences qui font la complexité, et la richesse aussi, de l’image de soi.

La place de l’apparence On s’aperçoit que le moi et l’image que l’on en a ne sont pas aussi distincts que l’on pourrait le croire. Certains auraient tendance à penser que l’image de soi n’est que jeu des apparences dont il est bon de se détacher. Mais cela va bien plus loin lorsque l’on se rend compte que l’image de soi est avant tout une mémoire. Cette mémoire n’est heureusement pas gelée. Certains blocs de glace peuvent fondre grâce à un présent vivant. Oui, bien heureusement, on peut se sentir laide à 20 ans et magnifiquement épanouie à 70, pour ne parler que d’apparence. Mais l‘apparence existe-t-elle indépendamment de l’être ? Toute une vie est là, derrière... La question se pose : quelle place occupe l’apparence dans l’image de soi ? Une place prépondérante, bien plus importante qu’on ne pourrait le penser. En effet, l’image de soi est une image mentale qui est largement façonnée par le regard des autres. Le regard des autres contribue à construire l’estime de soi, d’où procède l’image de soi. AGENDA PLUS - FÉVRIER 2017 | 15


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