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Le parent « idéal » d’adolescent serait celui qui endosserait au mieux la figure équilibrée, stable et épanouie de l’adulte, mais pas celle de l’adulte tout-puissant... Alain Braconnier précise également aux parents d’ados qu’« il faut vraiment raisonner avec bon sens : ni trop s’inquiéter, ni laisser trop traîner les choses. Ce qui doit alarmer les parents, c’est leur propre intuition, qui est le meilleur juge dans un premier temps, le sentiment éventuel qu’ils ne peuvent plus faire face aux difficultés de leur ado. Mais il n’y a pas de repère objectif, sauf la répétition de conduites à risque. La consommation de drogue ou d’alcool, l’absentéisme scolaire nécessitent une prise en charge quand ils se multiplient, s’associent et durent. »

Une vision pessimiste des ados Le dernier baromètre « Bien-être des adolescents », réalisé par Ipsos Santé pour la Fondation Pfizer1, révèle que les adultes ont souvent une vision pessimiste et erronée du mal-être des adolescents : 74 % d’entre eux pensent que les ados sont mal dans leur peau, alors que 25 % seulement des ados concernés expriment une telle opinion ! Philippe Jeammet, psychiatre, psychanalyste et président de cette fondation, commente ainsi ce résultat : « Une bonne partie des adultes qui sont des acteurs de leur vie ont le sentiment de ne plus avoir de pouvoir, que l’avenir leur échappe. Ce sentiment d’impuissance est parfaitement insupportable. Afin de contrebalancer une telle sensation, les adultes auront tendance à prendre paradoxalement une position négative et à renvoyer ce miroir défaitiste aux adolescents. » Ce défaitisme ambiant et nocif pour nos adolescents est largement décrié par plusieurs auteurs et chercheurs. Comme se plaisait à l’écrire Khalil Gibran dans son œuvre poétique « Le Prophète » : « Vos enfants ne sont pas vos 18 | AGENDA PLUS - JUILLET/AOÛT 2016

enfants. Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle-même. Ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas (…) ». Les enfants n’appartiennent, en effet, qu’à euxmêmes et les parents n’ont pas un « pouvoir à exercer » sur eux mais une « mission à accomplir », ce qui est tout à fait différent. Le parent « idéal » d’adolescent serait celui qui endosserait au mieux la figure équilibrée, stable et épanouie de l’adulte, mais pas celle de l’adulte tout-puissant qui incarnerait une prétendue maturité liée à sa supériorité d’âge. L’adulte équilibré est un adulte modeste, capable d’une grande humilité, prêt à reconnaître que son ado possède des savoirs que lui n’a pas (ce qui est souvent le cas ! cf le web !). Mais les parents peinent à se débarrasser de leur costume de parents, imprégnés par la croyance que l’éducation des enfants se doit d’être (un peu) autoritaire, tout comme ils ont parfois de la difficulté à s’instituer comme individu en face d’un autre individu à part entière. Et puis, chaque ado est bien souvent le miroir involontaire de ses parents. Miroir grossissant qui renvoie à papa et maman une image (parfois insupportable et inconsciente !) de luimême.

Un avenir à inventer ensemble Finalement, le concept d’adolescence évolue constamment et les ados d’aujourd’hui sont forcément différents de ceux des générations précédentes. Depuis leur plus tendre enfance, ils bénéficient, en effet, de moyens de communication et d’information beaucoup plus importants. Ils ont un accès démultiplié aux


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