AGENDA PLUS de mars

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IL EST FRÉQUENT DE COMPARER NOTRE MATÉRIEL GÉNÉTIQUE, CONNU AUSSI SOUS LE NOM D’ADN, À UN LIVRE DANS LEQUEL L’AGENCEMENT DES LETTRES EN MOTS DÉTERMINE UN MESSAGE.

Leur succession (attachées les unes aux autres comme les perles d’un collier) constitue la molécule d’ADN. Chaque « mot » du livre correspond, dans notre analogie, à un gène. Pour le lecteur, il a une signification. Dans la cellule également, la lecture du gène va avoir une signification : la synthèse de molécules (des protéines) participant au mouvement, à la communication, à la production d’énergie, etc. Avant le décryptage du génome, les chercheurs, sachant qu’il existe dans l’organisme humain environ 100 000 protéines différentes, pensaient donc trouver au moins 100 000 gènes servant à leur synthèse. Or, surprise, ils n’en trouvèrent qu’environ 26 000 ! Comment expliquer cela si l’on part de l’hypothèse longtemps admise en biologie que « 1 gène donne 1 protéine » ? En s’imaginant des mécanismes permettant par exemple de masquer certains mots (ou gènes) pour modifier le message. Prenons un exemple : vous lisez un livre sans savoir à quel genre il appartient mais on vous donne pour consigne de mettre en pratique l’image que vous allez vous faire en lisant. La phrase lue est « je mets le gâteau fait de mes mains dans le four à 180 degrés ». On peut imaginer un manuel de pâtisserie. Imaginez ensuite que quelqu’un vienne col-

ler une étiquette repositionnable sur les mots « le gâteau fait de ». La phrase devient « je mets mes mains dans le four à 180 degrés »… un message certes différent, digne d’un manuel de sado-masochisme ! Alors que sont ces étiquettes repositionnables dans la réalité cellulaire, d’où viennent-elles et quels sont les événements venant les coller sur notre ADN ?

Les acteurs de l’épigénétique : on est ce que l’on mange... Bien sûr, nos cellules ne contiennent pas d’étiquettes repositionnables en papier ! Quelles sont donc les substances ou mécanismes modulant l’expression de nos gènes ? Actuellement, ce sont surtout des réactions telles que la méthylation (ajout d’un petit groupement –CH3) de l’ADN qui sont évoquées. Il ne s’agit bien sûr que d’une vision partielle d’une réalité biochimique, voire énergétique beaucoup plus complexe. Comme nous nous construisons à partir de la nourriture, les recherches se sont portées vers la nutrition et la source potentielle de ces « groupes méthyle ». L’exemple sans doute le plus spectaculaire chez l’animal de la modification épigénétique des gènes par la nourriture est celui AGENDA PLUS - MARS 2016 | 29


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