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Vers un autre modèle Sans plus attendre, il y a donc à repenser nos modèles sociétaux sur un mode qui soit à la fois sobre et puissant, à l’image du fonctionnement même des modèles présents dans la nature. Quelles que soient les nécessités, l’intelligence de la vie empruntera toujours le chemin le plus simple et le plus sobre en énergie. La «puissance» des modèles sociétaux complexes est illusoire, voire contre-productive, comparée aux fonctionnements mêmes de la vie et du monde naturel dans toutes ses formes et expressions vivantes. C’est en toute simplicité et humilité que les femmes et des hommes de la Terre doivent reconnaître l’efficacité des écosystèmes naturels et calquer, par biomimétisme, leurs prodigieuses sobriétés énergétiques aux différentes strates, formant ce que l’on pourrait appeler la «bio-société» de demain [du grec «bios» : «la vie»]. Car la vraie puissance ne se trouve pas dans

les systèmes qui se font la guerre entre eux au nom du pouvoir et du profit réalisé par une infime minorité. La vraie puissance réside plutôt dans la capacité d’une communauté humaine à subvenir à ses besoins sans déséquilibrer son environnement et même, comme en agroécologie ou en permaculture, en participant à sa restauration et à sa guérison continue. L’éco-citoyen humain pourra ainsi inscrire son passage sur la Terre dans une spirale dynamique et curative. N’est-ce pas là le sens même de l’évolution ? Cette force de transformation, sobre et puissante, réside également dans la capacité des communautés humaines à co-créer du lien, de la convivialité et même de la joie. Une joie simple et profonde, dans le sens d’un sentiment de satisfaction intérieure qui emplit la totalité de la conscience. D’ailleurs, la joie n’est-elle pas «l’air du monde nouveau» [dixit les «Dialogues avec l’ange»] ?

Cette force de transformation, sobre et puissante, réside également dans la capacité des communautés humaines à co-créer du lien, de la convivialité et même de la joie. Témoignage : notre revenu a baissé et alors ? Dominic, 40 ans, marié, trois enfants. «En 2001, nous avons décidé de quitter Bristol, en Angleterre, où je travaillais pour une entreprise d’agroalimentaire. Je voulais sortir de la vie d’entreprise dans laquelle j’évoluais depuis 15 ans, reprendre mon activité en main. Je ne supportais plus de vivre dans cet environnement de performance financière, de penser sans cesse au profit des actionnaires… Ma femme a pu devenir professeur d’anglais. Et nous nous sommes installés dans un habitat groupé. Nos ressources ont baissé d’environ 25%, et alors ? Nous avons tellement gagné en contrepartie : du temps pour les enfants, les amis, du plaisir… Je suis plus créatif. Je travaille à mon compte et surtout je maîtrise tout ce que je fais, de A à Z… Ce qui ne veut pas dire que je vois le monde de l’entreprise comme le grand méchant loup, mais je pense qu’il est temps de ralentir et d’envisager d’autres types de relation au travail, aux autres et au monde».

14 | Agenda plus - mai 2014


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