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En 2012, le marché mondial du médicament représentait 856 milliards de dollars, soit environ 645 milliards d’euros ! Avant toute chose, il importe de définir ce qui déclenche tellement de passion, que cela soit auprès de ses producteurs, de ses consommateurs, comme de ses détracteurs… le médicament. Commune à l’ensemble des pays de l’Union Européenne, la définition du médicament va fixer les limites, mais aussi les enjeux de son utilisation et de sa mise sur le marché. Le code de la Santé publique [article L.5111-1] définit ainsi le médicament comme : «toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales, ainsi que toute substance ou composition pouvant être utilisée chez l’homme ou chez l’animal ou pouvant leur être administrée, en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions physiologiques en exerçant une action pharmacologique, immunologique ou métabolique». Dans cette définition, les notions de guérison ou de prévention des maladies sont fondamentales… mais correspondent-elles pour autant à la réalité du terrain ? Les chiffres alarmants de la hausse spectaculaire de consommation de médicaments sont-ils vraiment synonymes de meilleure santé ou sont-ils, au contraire, le reflet d’un état sanitaire de la population en plein déclin ?

Des chiffres… entre grandeur et décadence

par habitant et par an, la patrie de Pasteur est le berceau d’une longue tradition pharmaceutique, mais également un lieu de consommation médicamenteuse effrénée. Les classes de médicaments en tête de vente y sont : les médicaments à visée cardiovasculaire [hypocholestéroléminants, beta-bloquants,…], les anti-dépresseurs [leur consommation dans les pays de l’OCDE a augmenté de 60% ces dix dernières années !!], les médicaments du système nerveux [anti-douleurs, anxiolytiques,…] et les antibiotiques. Sur les 36 milliards d’euros annuels de dépenses de médicaments en France, au moins un tiers serait, selon le Professeur Philippe Even - auteur du livre polémique «Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux» [voir encadré page 19] - injustifié au regard de leur utilité pour la santé ! Entrer dans l’examen de la ruine du système de santé et du «trou de la sécurité sociale» engendré par cette consommation serait certes intéressant, mais moins sans doute que son impact sur la santé publique. Car si, comme le décrit le Prof. Even et comme vient encore de le défendre l’association belge de défense des consommateurs Test Achats, près de 40% des médicaments ont une efficacité faible, voire nulle en terme d’amélioration de la santé du patient, 19% des médicaments présenteraient des effets secondaires notables et 5% des risques majeurs pour la santé !

En 2012, le marché mondial du médicament représentait 856 milliards de dollars, soit environ 645 milliards d’euros ! Cela représentait, par rapport aux années ‘90, un triplement des budgets ! En tête de liste des plus grands consommateurs de médicaments : les USA, le Japon et, plus proche de nous, la France. Avec une dépense moyenne de santé de 350 euros

Dans un document datant de 2010 et traitant de l’usage rationnel des médicaments, l’Organisation Mondiale de la Santé [OMS]déclare également que «Plus de 50% des médicaments ne sont pas prescrits, délivrés ou vendus comme il convient et la majorité des patients ne prennent pas correctement leurs médicaments. La consommation exagérée, insuffisante ou erro-

Agenda plus - avril 2014 | 13


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