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fille dynamique, curieuse de tout, très active et qui a tendance à se mettre au lit très tard dans la nuit : «Ce n’est pas rare que j’aille dormir vers 2 heures du matin», confie-t-elle. «Je surfe, j’écoute ma musique, j’ai toujours quelque chose à faire». La veille de son examen d’allemand, elle décide d’étudier «au finish». Elle bloque tard dans la nuit et puis, pour se «récompenser» d’avoir si bien étudié, elle surfe. Finalement, il est 4h30 du matin. Pourquoi donc aller se coucher ? Elle se sent encore en forme. Steph passe une nuit blanche. Mais lors de l’examen d’allemand, les effets de la nuit sans sommeil se font sentir. La copie de Steph est constellée d’incohérences ! Au milieu des phrases, des mots comme «savon», «cheval», «coquillage» apparaissent alors que la version traite de la situation économique de l’Allemagne…

Etat d’ivresse Que s’est-il passé ? Steph n’a pas eu son compte de sommeil. Cette privation de sommeil a entrainé des troubles de la pensée et du langage. Les personnes privées de sommeil ont un comporte-

ment semblable aux personnes en état d’ivresse. Lorsque la privation de sommeil est prolongée, le cerveau commence à produire des pensées irrationnelles ou des suites de mots ayant une même sonorité mais sans rapport de sens. Ce «déraillement» du cerveau va jusqu’à faire naître des illusions et des hallucinations. Les conducteurs effectuant de longs trajets sur route ou les marins ayant de longs quarts, en font souvent état. Pour comprendre ce phénomène, revenons à la nature du sommeil dit «paradoxal», là où l’on rêve.

La vraie vie… Paradoxe, en effet, puisque le dormeur est plongé dans un sommeil très profond de stade 4… et que, loin d’être ralenties, les ondes électriques du cerveau sont proches de celles de l’état de veille ! Par ailleurs, toutes les fonctions physiologiques contrôlées par le système nerveux central sont hyperactives ! La personne est endormie, certes, mais elle vit une intense expérience dans une autre réalité. On appelle cette expérience «rêve». Et l’on dit : «Ce n’était qu’un rêve !». On relativise. «Ce n’est pas la vraie vie, ça se passe pendant le sommeil».

La personne est endormie, certes, mais elle vit une intense expérience dans une autre réalité. Témoignage : Bernadette Dubois Comment vous définiriez-vous en tant que “dormeuse” ?

Dans ma nuit, le sommeil va et vient à sa guise. L’accueil qu’il me réserve est souvent parcimonieux et c’est une grâce quand il m’ouvre les bras.

Quels problèmes avez-vous avec le sommeil ?

Je connais des sommeils de plomb, opaques et brefs, qui se condensent au petit matin et me paralysent jusqu’à midi. J’en connais d’autres, élastiques, difformes, troués ou diaphanes, tissés de rêves semi-éveillés, auxquels se mêlent les voix de la radio en veille ou les CD qui tournent en boucle au pied de mon lit et tiennent lieu de berceuses. J’ai l’impression, souvent, que c’est moi qui veille sur la nuit - et non elle sur moi. Il arrive que naisse entre la nuit et moi une espèce de complicité. Je m’accommode à la nuit, je l’apprivoise et la consomme comme du temps gagné sur celui que, fatiguée, je sais que je perdrai le lendemain.

Avez-vous résolu vos problèmes avec le sommeil ? Si oui, comment ?

Ce n’est pas faute d’avoir essayé - thérapie, hypnose, infusions, sport, relaxation, orientation du lit… rien n’a jamais eu d’effet durable sur mon sommeil, rien n’agit sur lui s’il n’est déjà là, ami bien disposé, prêt à s’offrir et à prendre la relève…

14 | Agenda plus - novembre 2013


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