Récits policiers

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Quelle jolie fille (../suite) te histoire-là. Elle est morte en partie à cause de toi, alors surtout ne la ramène pas. Sinon je te frappe, pis c’est pas des menaces à la légère. – Je sais, t’es pas obligé de me le rappeler. Pis je m’en veux assez et tu le sais. Mais, pour les éléments du crime, ça restera entre nous. Pas d’écrit dans le journal, tu as ma parole de jumeau. Il me scrute pour vérifier. – Ça va. Donc, un fait étrange on n’a pas retrouvé de poil du violeur. Plus étrange, elle a eu peur de moi quand on m’a présenté et finalement elle s’est fait arracher ses poils pubiens. Je suis perplexe sur ces faits. Mais, parle-moi donc de toi, t’as l’air moins triste, comme si tu t’étais vidé de tes émotions. Depuis le divorce avec ta femme, je te vois sombrer. Il ne va pas encore me faire la morale, je le déteste quand il fait ça. – Moi, ça va, j’ai rencontré une femme hier. Elle était intéressante et intéressée, mais tu me connais. Je préfère prendre mon temps. Sa moue de penseur est revenue sur sa face. Quand il est comme ça, il vaut mieux s’en aller.

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De retour, à mon appartement, je commence à plancher sur l’article que je dois avoir fini d’ici trois heures, pour que le journal ait l’exclusivité des informations sur le crime. *** Enfin envoyé! Si j’allais faire un petit tour sur le lieu du crime. De toute façon, c’est sur mon chemin de balade habituel. Peut-être y verrais-je quel que chose d’intéressant. En remontant Monkland, je remarque que tous les gens se tiennent en groupes : pas une seule personne ne marche seule, au gré de la nuit fraîche. Comme si tout le monde avait peur qu’il y ait un autre viol ce soir. Arrivé sur Girouard, un vide m’envahit. Le vide sans âme, sans que rien ne bouge; même moi, qui avance par automatisme plus que par envie. Quelque chose me pousse à continuer, marcher plus vite, faire de plus grands pas, de grandes respirations, ma main se met à trembler en cherchant mon briquet. Puis, soudain, je m’arrête. Vite me calmer! Il me faut fumer, la seule chose qui puisse me calmer. Oui, la fumée dans mes poumons, une grande inspiration, ce bon tabac. Le Capitaine black jaune, le meilleur de tous, pour ma belle pipe en bois de chêne que


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