Récits policiers

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nous avons un cadavre dans l’immeuble ainsi qu’un meurtrier en cavale et nous ne pouvons pas communiquer avec la police tant que l’électricité ne sera pas revenue. - Je suis innocent, c’est tout ce qui compte. - Prouvez-le! - Je n’ai rien à prouver du tout! D’ailleurs, pourquoi ne serait-ce pas vous l’assassin? Personne ne vous voit jamais et vous ne parlez à personne. En plus, vous avez une sale gueule et je ne vous fais aucunement confiance! - Écoutez monsieur… monsieur qui déjà? - Gagnon, Alex Gagnon. Il est au bord des larmes. - Écoutez Alex Gagnon, Sophie est morte étranglée par un fou qui pourrait sévir à nouveau à n’importe quel moment et vous me dites que vous ne voulez pas coopérer? Vous n’avez donc aucune pitié pour cette pauvre fille? - Très bien, s’est-il mis à hurler, je vais vous le dire! Voyez-vous, j’étais ami avec Sophie, mais nous avons eu une chicane à votre sujet. Oui à votre sujet! Elle désirait vous connaître davantage, elle était curieusement attirée par vous, mais je lui déconseillai de vous parler. Vous n’avez pas l’air net! Je ne voulais pas être soupçonné de l’avoir tué à cause de cette stupide chicane! Je l’aimais bien cette fille voyez-vous! Et là, elle est morte et on ne peut plus rien

faire pour elle maintenant! Pour ce qui est de mon alibi, je suis resté couché dans mon lit toute la journée. J’ai de la fièvre et j’ai mal aux os. Je crois que j’ai attrapé une grippe. Venez voir mon lit, il est mouillé de sueur et je crois même que j’ai encore des traces d’oreillers sur la joue. Je peux sentir dans la pénombre qu’il est brûlant de fièvre. J’éclaire sa joue de ma lampe de poche et j’aperçois en effet les marques de son oreiller. Il ne pouvait pas avoir tué Sophie. Il paraît sincère. Je sens à l’intonation de sa voix la douleur profonde que lui cause la mort de sa voisine de palier. Je comprends sa douleur. Je suis néanmoins surpris de sa déclaration. J’intéressais Sophie? Balivernes. Alex s’en retourne la tête basse dans son appartement. Je monte au troisième étage où habitent un jeune couple ainsi qu’un homme d’une cinquantaine d’années. J’élimine Mathilda de ma liste de suspect. Elle ne pouvait tuer Sophie en sachant que je devais la rejoindre en bas pour l’aider à monter ses sacs d’épicerie. En pas sant à côté du cadavre, je profite de l’occasion pour fouiller les poches de son gilet. J’en sors un morceau de papier chiffonné. J’approche ma lampe de poche et je peux lire «Dimanche, 5h». Elle avait donc rendez-vous aujourd’hui à 5h. L’enquête avance. Je continue mon ascension. Lentement. Les marchent craquent sous mon poids. Dans la noirceur de l’immeuble, l’effet est as-

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