Mémoire professionnel

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Une institutionnalisation progressive du web social

En réalité, cette récente prise de conscience des différentes organisations et notamment des institutions européennes de définir des règles d’usage, pour leurs propres employés/fonctionnaires essentiellement, participe d’un phénomène plus large. C’est ce qu’on a appelé ici une institutionnalisation progressive du web social.

La reconquête de ce nouvel espace par les « experts »

En effet, il y a une volonté, puisque les citoyens, les « non-­‐experts », ont la possibilité d’agir et de s’exprimer librement et massivement, de contrôler cette masse. Il y a donc un repositionnement des institutions, des organisations, des groupes d’intérêt, sur ce web social, afin de recréer les mêmes règles, les mêmes contre-­‐pouvoirs que dans la société réelle mais sur le web. Pourquoi les médias et journaux sont un bon exemple de ce phénomène ? L’existence de ce qu’on appelle les « pure-­‐players », comme le Médiapart106 d’Edwy Plenel ou encore Rue89107 , part du fondement même du web social. C’est-­‐à-­‐dire une indépendance, une véritable liberté éditoriale, et donc la possibilité de faire participer le citoyen, de donner la parole à d’autres, et de permettre une contribution du plus grand nombre. Néanmoins, au fur et à mesure du développement de ces plateformes, et notamment de leur notoriété, celles-­‐ci reproduisent finalement le même schéma, et deviennent « l’expertise », « l’autorité ». Il en est de même avec la blogosphère, si de nombreux bloggeurs restent indépendants et leaders d’opinion sur leur domaine, on remarque un large phénomène d’agrégation des blogs par les journaux traditionnels et également par les « pure players ». C’est le cas du journal Le Monde108 ou de Slate109, qui disposent de leur propre plateforme de blogs.

La construction de cette nouvelle sphère publique par les institutions

Ce phénomène d’institutionnalisation du web social, à côté de la législation à proprement parler que nous avons déjà évoquée, s’illustre aussi à travers la création de plateformes communautaires ou sociales, gérées partiellement ou complètement par les institutions elles-­‐mêmes. On peut citer l’exemple d’EuroPCom110, destiné à être une plateforme d’échange et de réseautage sur la communication publique européenne ; ou encore la plateforme « Les Euronautes » : la communauté des jeunes qui bougent en Europe, une initiative lancée par la CE et gérée par Touteleurope.eu. Si les « Euronautes » n’existe malheureusement plus et qu’EuroPCom a un succès relatif, ces deux exemples montrent qu’il y a véritablement une volonté d’investir le web social, mais surtout, une volonté de façonner celui-­‐ci comme on a façonné la société civile réelle. Sans pour autant parler d’un contrôle, au sens d’une perte de liberté du citoyen, ceci nous montre que les institutions en général et européennes en particulier, veulent ne pas perdre pied sur cette nouvelle société. Ils se doivent de reconstruire leur territoire sur ce nouveau média, de se l’approprier et d’en comprendre les implications, et ce afin d’en garder un certain contrôle. 106 http://www.mediapart.fr/ 107 http://www.rue89.com/

108 http://www.lemonde.fr/blogs/ 109 http://blog.slate.fr/ 110 Voir Note n°60

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