4 minute read

Transformations circonscrites et modifications diffuses

ceptionnels, entité supérieure aux variations mais aussi productrice de ceux-ci, c’est-à-dire [la ville] proposée à nouveau comme lieu central de la question du projet, pierre angulaire de l’architecture » (Purini 1990, p. 28). Les positions que nous rapportons sont également fondamentales pour déchiffrer certaines particularités des élaborations développées au sein de la Faculté d’Architecture de Florence, comme celles de l’école « territorialiste » (cf. le chapitre Le projet patrimonial dans cet ouvrage).

Transformations circonscrites et modifications diffuses À la lumière de ce qui a également été expliqué dans d’autres sections de ce livre (cf. Le projet pour les centres historiques, dans cet ouvrage), il y a au moins trois mouvements majeurs qui ont transformé pendant les dernières décennies du XX siècle le territoire italien (Lanzani 2003), et ont déterminé les différentes positions disciplinaires sur le projet contextuel. Un premier mouvement, qui converge sur le thème du projet de remplacement urbain : une tendance qui s’est développée entre les années 1980 et 2000 (Selicato, Rotondo 2010), qui a joué un rôle central dans la transformation de la ville italienne et européenne. Un grand nombre de projets de réaménagement urbain (plus tard régénération urbaine) ont touché les villes, grandes et moyennes, affectant des zones industrielles parfois proches des centres historiques, périmètres qui ont cessé leur fonction de production afin de laisser la place à des ajustements fonctionnels et environnementaux nécessaires bien que forts difficiles, ou ont été abandonné pour le transfert de production à l’étranger en raison de la dynamique opportuniste de la mondialisation économique. Un manque de fonctionnalité qui a également affecté les anciennes zones militaires ainsi que ferroviaires (en raison de la progressive réduction et reconfiguration de la circulation des marchandises et des personnes sur les chemins de fer) (Mussinelli, Marchegiani 2012), mais qui a cependant déterminé la nécessité de repenser (souvent par les mêmes propriétaires) d’entières portions de zones urbanisées avec le souci dominant d’améliorer le retour sur la valeur positionnelle. La liste des zones ainsi transformées est longue4 : par exemple, dans l’ancien triangle industriel italien composé des villes de Milan, Gênes et Turin, les exemples les plus connus de transformation urbaine sont certainement La Bicocca à Milan, Il Lingotto à Turin, les anciens sites de l’industrie sidérurgique et de la construction navale à Gênes. Aussi dans les grandes zones métropolitaines du centre et du sud de l’Italie (Rome, Naples, Bari) et dans de nombreuses villes italiennes de taille moyenne, ils existent de nombreux exemples de ce type de transformation urbaine. Cette vague de réaménagement urbain a été importante, avec des résultats contro-

4 Cf. le riche site web de l’Association Italiana Aree Dismesse : http://audis.it/home/home/, consulté le 20 juillet 2021.

versés, avec des dérives post-modernes caractérisées par des interventions de faible valeur urbaine et architecturale (Franz 2001). Un deuxième mouvement, en partie superposé au précèdent mouvement de remplacement, mais aux dimensions incomparablement plus vastes, est celui des différentes formes d’étalement urbain (urban sprawl) (Indovina 1990 ; Boeri, Lanzani, Marini 1993), phénomène omniprésent qui doit également être pris en compte dans ses formes minutieuses. Voici quelques exemples : • La prolifération de nouvelles zones industrielles juste à l’extérieur des zones urbaines de nombreuses municipalités (Neri Serneri, Adorno 2009), construites rapidement, souvent avec des connexions d’infrastructure insuffisantes et des équipements environnementaux rares (manque de décharges, de collecteurs d’eau, d’épurateurs, d’incinérateurs). Ces zones sont maintenant devenues un héritage lourd (Borsari et al. 2007), aussi en raison de la quasi-totale absence actuelle de contribution à la production manufacturière, des destinations fonctionnelles de plus en plus impropres (commerciales, par exemple), de la difficile contribution à la logistique contemporaine qui nécessite aujourd’hui de surfaces beaucoup plus grandes et plus spécialisées autre que les petits hangars préfabriqués construits dans des zones de production municipale mal connectées ; • La propagation des résidences secondaires et tertiaires (en bord de mer, en colline, à la montagne, à la campagne), dans un pays qui a soutenu et encouragé les petits propriétaires immobiliers grâce à la mise en place d’un projet politique précis, au point de promulguer différentes lois d’amnistie immobilière permettant de récupérer les recettes fiscales des activités de construction, autorisées par dérogation aux outils d’urbanisme, et ce afin d’être en mesure de légaliser – ou d’autoriser la commercialisation – des bâtiments et des « chambres » (Berdini 2010) ; • L’évolution des équipements spécialisés : centres commerciaux, cinémas multiplexes, gares pour les lignes à grande vitesse, stades, centres logistiques pour le marché des grossistes en ligne, qui ont contribué à la modernisation des zones urbaines, mais aussi à une extension plus diffuse de l’urbanisation. Un troisième mouvement, sans doute plus limité, mais très important et parfois sous-estimé par rapport aux conséquences (difficiles à évaluer) sur la ville italienne consolidée, concerne la transformation des centres historiques (cf. le chapitre Le projet pour les centres historiques, dans cet ouvrage). Les deux mouvements précédents (remplacement des fonctions dans les zones abandonnées et extension de l’urbanisation) ont également eu un impact important, imprévu et encore peu étudié sur les centres historiques, com-