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Àvivre

#106

ARCHITECTURES

SPÉCIAL

MAISON ARCHITECTURE DESIGN AMÉNAGEMENT JARDIN

WASTELANDS, S: L’ART EN FRICHE S RE 2 LIV À GAGNER !

RÉNOVATION Solutions d’architectes pour transformer sa maison MAISONS DE STYLE Vivre dans un moulin ou une ancienne grange DESIGN Les 100 ans du Bauhaus célébrés en mobilier DOSSIER PRATIQUE Couleurs et revêtements : les tendances 2019

INTÉRIEURS

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ET AUSSI… Architecture et SF, un hôtel design à Manchester, les 50 ans des Arcs…

ISSN 1665-7456

MARS | AVRIL 2019

Studio, loft et duplex sous les combles : trois appartements réinventés !



Rimini, 1977 © Estate Luigi Ghirri

#106 | HUMEUR

8h45, Mia est toujours coincée dans les embouteillages. Elle regarde à sa gauche, et aperçoit trois suricates peints sur la façade d’un immeuble. Dressées sur leurs pattes arrières, les mangoustes – sûrement l’œuvre du graffeur WAR!, elle reconnaîtrait son style entre mille – semblent la juger. Elle craint d’être en retard pour rejoindre son amie Andréa à la présentation de la rétrospective consacrée au photographe Luigi Ghirri. Mia était pourtant à l’heure lorsqu’elle a quitté son appartement, une ancienne manufacture de briques récemment transformée en loft par une agence d’architectes espagnols, et qu’elle partage avec ses deux colocataires. Bien sûr, la structure métallique qui sépare les différentes pièces sans cloisonner l’espace n’était pas une évidence pour une cohabitation à trois, mais c’est justement ce que Mia et ses amies souhaitaient : un logement atypique où personne ne pourrait se sentir coupé des autres. Autour d’elle, les automobilistes s’impatientent et improvisent un concert de klaxons. Pour aider le temps à s’écouler plus rapidement, la jeune femme pense à la semaine qu’elle doit passer avec Émilie, Nicolas et Julien aux Arcs. La station, dont certains logements ont été dessinés par Charlotte Perriand, fête ses 50 ans, et le programme, qui propose des concerts et des visites à ski, s’annonce passionnant. La circulation reste toujours aussi chaotique, et l’esprit de Mia poursuit ses divagations. Où pourrait-elle bien installer la table basse signée Sebastian Herkner que sa tante lui a offerte ? Quel revêtement choisir pour la salle de bains qui n’est pas terminée ? Son frère, architecte, lui a conseillé un carrelage et des joints colorés, mais Mia ne sait pas trop… Enfin, elle revient à la réalité. Il est 9h12, et les trois suricates la toisent toujours. Elle n’a pas progressé d’un pouce. C’est certain, elle ne sera jamais à l’heure. Mais elle regarde le ciel, et sourit. C’est un autre jour ensoleillé… Mathieu Fumex, rédacteur en chef @MathieuFumex

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SOMMAIRE | #106

CAHIER DESIGN PORTRAIT DE MARQUE 42 Sammode POINT DE VUE DE DESIGNER 44 Sebastian Herkner COLLAB’ 46 Norbert Wangen, Piero Lissoni et Boffi TENDANCES 48 Réminiscences cannées SHOPPING 51 Objets complémentaires 54 ACTUS MARQUES AMÉNAGEMENT INTÉRIEUR 58 Extension d’une maison à Melbourne Ben Callery architects PRATIQUE 71 Réaménagement d’un studio à São Paulo Casa100 – José Guilherme Carceles 75 Duplex à Montpellier KOMBO Architectes – Jean-Baptiste Fayel et Mélanie Jamin

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79 Création d’un jardin privé à Luxembourg Christophe Gautrand & Associés ARCHITECTURE SPÉCIAL RÉNOVATION 84 Réhabilitation d’un moulin en Moselle Collectif Studiolada – Christophe Aubertin 98 Loft en plein cœur de Madrid Zooco Estudio – Miguel Crespo Picot, Javier Guzmán Benito et Sixto Martín Martínez 112 Transformation d’une grange en habitation à Ollon en Suisse Savioz Fabrizzi architectes 126 Rénovation et extension d’une maison à Melbourne Andrew Simpson Architects S’ÉQUIPER PRODUITS 142 Couleurs et revêtements décoratifs À DÉCOUVRIR À LIRE 155 Sélection livres PORTFOLIO 160 Jonks, l’art en friche NOUVEAUX MONDES 169 Prendre la science-fiction au sérieux, le monde de Yannick Rumpala 174 CARNET D’ADRESSES 176 JEU CONCOURS Wastelands, l’art en friches : deux livres à gagner 178 PROCHAIN NUMÉRO

© magensubliminal - miguel de guzmán et rocío romero

À VOIR 9 À LA UNE 12 ARCHITECTURE 24 DESIGN 28 JARDIN ENDROITS 33 Hôtel Whitworth Locke 36 Hôtels 38 Showrooms


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À VOIR | À LA UNE

JUSQU’AU 2 JUIN | PARIS (8e)

LES FONDS DU TERRITOIRE

Rimini, 1977 © Estate Luigi Ghirri

texte charlotte fauve

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65 photos de ciel, une par jour – grand bleu, pommelé, gris, avec un petit avion rouge. Des détails chipés dans un atlas géographique, le mot « DESERT » dans le vide d’une carte, un chameau stylisé qui court le long du tracé d’une frontière. Des arbres taillés au cordeau, des jardins de pavillon, un exotisme de palmiers en pot. Des pubs déchirées, des badauds et des affiches, des touristes le nez sur un plan. Mille et un petits riens et une profusion d’images, telles sont les séries de Luigi Ghirri : avec tendresse, poésie et une douce ironie, l’artiste a croqué les années 1970, la société de consommation, l’essor du tourisme, la périurbanisation… Jusqu’au 2 juin 2019, le Jeu de Paume lui consacre une grande rétrospective, l’occasion de découvrir

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l’œuvre conceptuelle forte du photographe italien, qui fut aussi théoricien de son médium. Un regard sur le monde aux couleurs Kodak, pellicule de prédilection des photographes de l’époque, mais aussi des amateurs, qui à grand renfort d’appareils jetables, commencent à figer leurs souvenirs de vacances, les plages italiennes, leurs groupes d’amis. Luigi Ghirri lui-même utilisait le film Kodachrome systématiquement pour raconter comment ces photos, peu à peu, se sont immiscées dans les vies, dans les habitudes, et ont conquis l’espace urbain, instruments de la publicité, des affiches promotionnelles… Comme personne, il a donc dépeint l’Italie, il a capté sa plongée dans la modernité, toujours drôle et songeur, en une constellation de tirages

et d’étoiles… sur l’emballage froissé d’un panettone. « Le seul voyage aujourd’hui possible se situe dans les signes, dans les images », écrivait-il. Peut-être parce que jusqu’à l’âge de 30 ans le natif de Modène, en Émilie-Romagne, fut géomètre. Lorsqu’il troqua, avec brio, le théodolite pour l’appareil photo, ce fut pour continuer l’arpentage du territoire banal, des zones pavillonnaires aux stations d’essence, en passant par les parcs d’attractions. Il lui en resta aussi une passion pour la cartographie, les représentations du monde de toutes sortes, qu’il immortalise comme des signes pour lire l’avenir de la ville. Avant le numérique, avant l’urbanisation galopante, elles parlent aussi de ce que sont devenues nos métropoles. www.jeudepaume.org

Luigi Ghirri, Bologna, 1973. CSAC, Università di Parma © Estate Luigi Ghirri

À VOIR | À LA UNE


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Toutes les photos : © Estate Luigi Ghirri / Luigi Ghirri, Bologna, 1973. CSAC, Università di Parma / Luigi Ghirri, Bastia, 1976 / Luigi Ghirri, Padova, 1973. CSAC, Università di Parma / Claude Nori, Ritratto di Luigi Ghirri, 1977 / Luigi Ghirri, Engelberg, 1972. CSAC, Università di Parma


À VOIR | ARCHITECTURE

JUSQU’AU 29 AVRIL | PARIS (3e) ET PIERREFITTE-SUR-SEINE (93)

Mobilités contemporaines

«

Autrefois, dans les circonstances les plus favorables, on employait six mois pour aller de New York à San Francisco. Maintenant, on met sept jours », écrivait Jules Verne en 1872 dans Le Tour du monde en 80 jours. Cent ans plus tard, c’est moins de sept heures qu’il faut pour parcourir ces 4 700 kilomètres. Le train, la voiture, l’avion puis l’essor des nouvelles technologies ont complètement bouleversé la notion de distance, et avec elle le visage de nos villes et nos campagnes, la façon dont on vit et dont on travaille. Dans le cadre de sa recherche sur les mobilités durables du futur, le forum Vies Mobiles, un think tank transdisciplinaire rassemblant professionnels, scientifiques et artistes, présente aux Archives nationales l’exposition « Mobile/immobile, artistes et chercheurs explorent nos modes de vie ». À travers une série de photographies, de peintures, de dessins, de vidéos, d’objets et d’installations, l’hôtel de Soubise détaille la façon dont nous effectuons nos déplacements, les raisons

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qui les motivent ainsi que leurs conséquences sur nos vies personnelles et sur la planète. Le paysage urbain nous est d’abord présenté sous l’angle, grisant et joyeux, de la vitesse, celle de l’automobile et de l’avion qui nous permettent de découvrir le monde – mais qui, dès le dernier quart du XXe siècle, se retrouvent mis en cause dans les problèmes de pollution environnementale et d’épuisement des ressources. Désenchantement ? Qui se poursuit par les mouvements, pour leur part contraints, des migrants. L’artiste chinois Ai Weiwei a documenté à cette occasion le rôle des smartphones dans le périple de ceux qui fuient leur pays. L’artiste Ferjeux van der Stigghel explore quant à lui le nomadisme des gens du voyage, qui, bien qu’il soit choisi, n’est pas pour autant perçu de façon positive par le reste de la société. L’exposition examine également la mobilité telle qu’elle est vécue au quotidien par les travailleurs et leurs familles, les nouvelles formes urbaines et les habitudes qu’elle génère : étale-

ment urbain, migrations pendulaires, embouteillages, pollution, stress. Les foules tokyoïtes immortalisées par Sylvie Bonnot arriveront-elles un jour à ralentir le rythme  ? C’est la question posée à la fin du parcours : comment se laisser le temps de vivre ? Comment se déplacer sans détruire l’environnement ? En parallèle de ces œuvres, des experts décryptent les mécanismes de la société mobile dans des vidéos constituant le pan scientifique de l’événement. À trois-quarts d’heure du site parisien des Archives nationales (un trajet qui a toute sa place dans l’exposition  !), celui de Pierrefitte-sur-Seine présente des jeux sérieux* initiés par le think tank, mettant en scène des scénarii sciences-fictionnels où les moyens de transport n’existent plus. Textes théoriques, littéraires et bandes dessinées y complètent ce travail exhaustif sur les mobilités contemporaines. www.archives-nationales.culture.gouv.fr *Activités à la fois pédagogiques et ludiques, souvent utilisées dans le cadre de recherches scientifiques.

Suivre la trace du rail indien, 2014/2016, Ishan Tankha, © Ishan Tankha, Forum Vies Mobiles / Untitled 050, 2011, Série La Réunion, Laura Henno, © Laura Henno, Galerie Les Filles du Calvaire

texte élisabeth károlyi


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Série Métamorpolis, 2011-2015, Tim Franco © Tim Franco / Paris, plan Voisin de Paris - V2 circulaire secteur, A23 Edition de 3 + 1 EA, 2013, Alain Bublex © Alain Bublex, Galerie Vallois / Figure en mouvement devant la zone portuaire du Havre, 2016, Laurent Proux © Laurent Proux / Avenue 04, Le Caire, 2005, Claire Chevrier © Claire Chevrier


À VOIR | ARCHITECTURE

DU 28 MARS AU 26 MAI | BORDEAUX (33)

Accessibles par nature JUSQU’AU 24 MARS | PARIS (19e)

Si le temps est un lieu

Le Centquatre présente la première exposition en France entièrement consacrée à Pablo Valbuena. L’occasion de découvrir le travail fascinant de cet artiste espagnol maître dans la création d’espaces faits de sons et de lumières, dans lesquels le spectateur se retrouve le plus souvent immergé par surprise. Photographies, vidéos et installations in situ dévoilent l’art (mais pas encore la manière, effet waouh oblige !) de générer des environnements où réel et virtuel semblent se chevaucher. Notre perception du temps et de l’espace se brouille à force de projections sonores et visuelles ciblées ou d’éclairages soigneusement chorégraphiés, créant effets d’optique, jeux de perspectives, vertiges. Stupeur ! Dans la lignée d’un James Turrell, le travail de Valbuena sur la perception de l’espace représente une immense source d’inspiration pour les architectes. www.104.fr

Arc en rêve, centre d’architecture, présente un état des lieux de l’appel à projets « 50 000 logements » lancé par la municipalité bordelaise en 2010. L’objectif visait à augmenter et densifier le parc résidentiel de la ville à proximité des transports en commun, y intégrer la nature et, bien sûr, la qualité architecturale, le tout à des prix accessibles. Sa mise en œuvre a été confiée à La Fab, société publique locale qui a travaillé en parallèle sur un programme tourné vers l’immobilier d’entreprise. Les premiers projets – dont certains proposent un programme mixte – sont aujourd’hui sortis de terre, et l’exposition « accessibles par nature » en montre vingt-cinq. Autant d’exemples témoignant de la grande diversité des réponses, à chaque fois adaptées à des demandes et des contextes différents. Belle illustration d’une action publique volontaire dans le domaine de l’architecture et de l’urbanisme, pour laquelle Bordeaux Métropole est déjà depuis longtemps reconnue. www.arcenreve.eu

JUSQU’AU 28 FÉVRIER | STRASBOURG (67)

Le CAUE du Bas-Rhin propose une expo-atelier sur la préservation du patrimoine architectural rural et son adaptation aux enjeux contemporains. « La renaissance du corps de ferme et la grandeur du pavillon » invite les visiteurs à réfléchir sur l’évolution des formes bâties et l’utilisation des espaces libres dans les centres anciens et les zones pavillonnaires. À l’heure où l’industrie de la construction ne cesse d’ériger des bâtiments toujours plus haut et d’étendre son emprise, les agglomérations rurales peuvent-elles participer au développement urbain, améliorer leur cadre de vie sans pour autant perdre leur âme ? Les thèmes approfondis par les professionnels et usagers lors de cet « AteliExpo » concernent la densification des zones pavillonnaires et leur transformation en quartiers, avec notamment le rétablissement ou la création de voies de circulation pour favoriser les échanges et le lien social. À cela s’ajoutent les questions de la forme à donner aux nouvelles constructions qui viendraient se glisser dans le tissu existant, et des nouveaux usages possibles du corps de ferme, condition sine qua non de sa survie ? www.caue67.com

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© Pablo Valbuena / © DR

La renaissance du corps de ferme et la grandeur du pavillon



À VOIR | ARCHITECTURE

JUSQU’EN DÉCEMBRE 2019 | LES ARCS (73)

Les Arcs fêtent leurs 50 ans !

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l’occasion de leur cinquantième anniversaire, Les  Arcs inaugurent plusieurs nouveaux équipements et étendent leur programmation culturelle, dont une série de visites architecturales à ski des sites Arc 1600 et Arc 1800. Il n’y a donc plus aucune excuse pour ne pas aller (re)découvrir cette station inaugurée à l’hiver 19681969 par l’Atelier d’architecture en montagne, un groupe de jeunes professionnels rejoint par Charlotte Perriand et Jean Prouvé. « La qualité première de l’architecture en montagne, c’est de respecter l’esprit des lieux , écrivait Bernard Taillefer. L’architecture doit vivre avec la montagne, offrir une large vue pour permettre de prendre possession des paysages. Pour cela, l’architecte doit connaître et comprendre la richesse du

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site avant de construire. » Le bâti s’inscrit ainsi dans le paysage pour limiter son impact visuel, et les vis-à-vis sont évités. À l’intérieur des appartements, les surfaces sont modestes mais optimisées : les espaces sont modulables et la cuisine est intégrée au séjour – une révolution pour l’époque  ! Qui mieux que Perriand dans cette équipe pouvait être consciente de l’importance de libérer la femme des années 1960 de l’isolement induit par les tâches ménagères ? En outre, larges baies vitrées et balcons surélevés maximisent la lumière naturelle et génèrent des vues sur le paysage. S’ils sont aujourd’hui en partie labellisés « patrimoine du XXe siècle », les Arcs ne se sont pour autant jamais reposés sur leurs lauriers. Les années défilent et avec

elles l’inauguration de nouveaux festivals, stations, pistes et équipements, faisant de la station une destination fréquentée tant l’hiver que l’été. Pour fêter dignement les 50 ans du site, plusieurs chantiers ont été livrés juste avant Noël : la réfection du télésiège de Comborcière et sa zone de détente, la passerelle de l’Aiguille rouge offrant des vues imprenables et un parcours pédagogique faisant découvrir la faune et la flore de la réserve, le remplacement du funiculaire reliant Les Arcs à Bourg-Saint-Maurice et la création d’un carillon à neuf cloches à Arc 1800, pour accompagner les grands événements. Quant aux skieurs qui fêtent eux aussi leurs 50 ans entre le 15 décembre 2018 et le 27 avril 2019, ils ont droit à un forfait gratuit d’une journée ! www.lesarcs.com

© Andy Parant

texte élisabeth károlyi


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© G. Volpe / © Manu Reyboz / © Raj Bundhoo / © Carole Godino / © Archives Robert Blanc


À VOIR | ARCHITECTURE

LES 21, 22, 23 ET 28, 28, 30 JUIN | TOUTE LA FRANCE

19e Journées d’Architectures À Vivre

A

u fil des ans, l’événement s’est affirmé comme le rendez-vous incontournable des architectes et des particuliers. Occupant d’un studio à optimiser, futurs acquéreurs d’un ancien atelier de peintre à transformer en loft, propriétaires d’un trois-pièces devenu trop étroit depuis l’arrivée du petit dernier, ou simples curieux… Ils sont chaque année plus nombreux à pousser les portes d’un appartement nantais, d’une extension en Bourgogne ou d’une maison bulle bioclimatique en Indre, pour en découvrir les secrets, livrés par leurs concepteurs eux-mêmes ! Car la manifestation, soutenue par le ministère de

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la Culture et de la Communication, le Conseil national de l’Ordre des architectes, la Fédération Nationale des CAUE et le Réseau des Maison de l’architecture, constitue depuis 19 ans déjà une opportunité idéale pour rencontrer celui ou celle qui saura conduire un projet de construction ou de réhabilitation du rêve à la réalité. En plus des traditionnelles visites organisées les 4e et 5e weekends du mois de juin aux quatre coins de l’Hexagone, et dont la pluralité rappelle chaque année la richesse et l’ingéniosité des architectes français, l’événement s’accompagnera d’un autre temps fort : la remise des Prix des Maisons d’Architectures À Vivre. Alors, qui

succèdera aux agences Avignon-Clouet Architectes, BAST, L’Atelier d’Ici, l’Atelier Boteko et à Wild Rabbits Architecture, lauréats de l’édition 2018 ? Réponse le 6 juin prochain, date de la grande soirée de remise des prix. Car avant même de pouvoir s’inscrire, les particuliers vont devoir patienter encore un peu. Pour l’instant, c’est aux architectes qu’il revient d’agir, en préparant leurs dossiers – sans omettre de demander l’accord des propriétaires des réalisations qu’ils souhaitent faire visiter bien-sûr ! – afin de pouvoir s’inscrire sur le site internet dédié. Rendez-vous est pris, il n’y a désormais plus qu’à ! www.journeesavivre.fr

© Kelvin Dolmaire

texte karl d’anthalex


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© Pascal Léopold / © Daniele Rocco / © Luc Boegly / © DR / © Anthony Toulon


À VOIR | ARCHITECTURE

JUSQU’AU 30 SEPTEMBRE | WEIL AM RHEIN (ALLEMAGNE)

Balkrishna Doshi, l’architecture qui relie

I

l est né à Pune, en Inde, en 1927, et a commencé ses études d’architecture en 1947. Il a traversé les océans pour s’installer à Londres puis à Paris, travaillé pour et avec les plus grands – Le Corbusier, Louis Kahn –, créé sa propre école au jeune âge de 35 ans, dessiné et réalisé aussi bien des maisons que des équipements ou des quartiers entiers, obtenu plusieurs distinctions parmi lesquelles la récompense absolue, le prix Pritzker en 2018… Et pourtant, aucune rétrospective ne lui avait jamais été consacrée en dehors de l’Asie, à lui, Balkrishna Doshi. Un affront désormais réparé grâce au Vitra Design Museum, qui présente du 30 mars au 8 septembre prochain l’exposition «  Balkrishna Doshi  : Architecture for the People ». Un titre d’une évidence absolue, tant l’Indien a su placer

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l’humain au centre de son processus de conception. En témoigne d’abord son intérêt pour les espaces ouverts sur l’extérieur – lien avec la nature et ventilation naturelle en milieu chaud et humide obligent –, mais aussi et surtout ouverts sur eux-mêmes. Livrée en 1966, son école d’architecture à Ahmedabad, au nord-est de l’Inde, propose ainsi quantité d’espaces communs, et se passe autant que possible… de portes. Un moyen efficace pour l’architecte de multiplier les opportunités d’échanges entre les étudiants, favorisant de fait entraide et vivre ensemble. C’est en imaginant des lieux à vivre que Balkrishna Doshi exprime aussi sa considération pour l’usager. C’est le cas lorsqu’il conçoit des logements – tous reliés les uns aux autres pour optimiser la vie en communauté – pour des

ouvriers en électronique à Hyderabad ou quand il élabore un ensemble de maisons « low cost » équipées de toilettes, d’arrivées d’eau et d’électricité à Indore pour des personnes à faibles revenus. En outre, chaque habitation, appréhendée comme un module de base pouvant évoluer, est transformable en fonction des besoins des propriétaires. Et pour ceux qui voudraient une raison supplémentaire d’aller voir cette exposition, rappelons que le campus Vitra qui accueille l’événement constitue à lui seul une véritable galerie d’architecture à ciel ouvert, puisque Frank Gehry, Jean Prouvé, Zaha Hadid, Renzo Piano ou encore Jacques Herzog et Pierre de Meuron y ont tous signé au moins une réalisation… www.vitra.com

Ompuri Temple, Matar, 1998 © Courtesy of Vastushilpa Foundation, Ahmedabad, photo : Vinay Panjwani – India

texte karl d’anthalex


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Premabhai Hall, Ahmedabad, 1976 © Courtesy of Vastushilpa Foundation, Ahmedabad, photo : Vinay Panjwani – India / Aranya Low Cost Housing for Indore Development Authority, Indore, 1989 © Iwan Baan 2018 / Tagore Memorial Hall, Ahmedabad, 1967 © Vastushilpa Foundation, Ahmedabad / Kamala House, Ahmedabad, 1963, extension 1986 © Vastushilpa Foundation, Ahmedabad / Amdavad Ni Gufa, Ahmedabad, 1994 © Iwan Baan 2018 / Sangath Architect’s Studio, Ahmedabad, 1980 © Vastushilpa Foundation, Ahmedabad / Sangath Architect’s Studio, Ahmedabad, 1980 © Iwan Baan 2018 / Indian Institute of Management (IIM), Bangalore, 1977-92 © Courtesy of Vastushilpa Foundation, Ahmedabad, photo: Vinay Panjwani – India


À VOIR | ARCHITECTURE

Portrait d’une maison

C’est en 1956, après son exil, que Victor Hugo s’installe à Hauteville House, sur l’ile de Guernesey. Dans cette habitation, l’auteur a affirmé ses engagements politiques, fondé sa famille et écrit ses plus grandes œuvres. Au fil du temps, il a aménagé et décoré cette résidence à sa façon, pour en faire une œuvre à part entière. Pour célébrer la réouverture, après 18 mois de travaux, de la demeure, La Maison de Victor Hugo propose une exposition à découvrir dans son ancien appartement, au numéro 6, place des Vosges. Photographies prises par son descendant JeanBaptiste Hugo, croquis du dramaturge, objets personnels (achetés ou confectionnés par lui-même) comme l’encrier qui lui a servi à écrire La Légende des siècles y rendent compte de l’atmosphère de la Hauteville House, du temps où le père de Gavroche y vivait encore… www.maisonsvictorhugo.paris.fr

Biennale des villes en transition Grenoble 09--16 mars 2019 09 http://villesentransition.grenoble.fr

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DU 5 AVRIL AU 11 AOÛT | ORLÉANS (45)

Superstudio, la vie après l’architecture

Un enfant qui écarquille grand les yeux, une structure qui englobe des métropoles entières, un portrait de singe, un couple étendu nu au pied d’un arbre… Au premier coup d’œil jeté sur les productions du collectif Superstudio, difficile pour le néophyte de réaliser qu’il a affaire aux travaux d’une agence d’architecture. Et pourtant… Fondé en 1966 à Florence, Superstudio était l’un des groupes avant-gardistes les plus influents des années 1960 et 1970. Leur moyen d’expression de prédilection ? Photomontages, courts-métrages et autres illustrations, que le Frac Centre-Val de Loire propose de découvrir jusqu’au 11 août. Un corpus certes difficile, mais qui ne manque pas de raisonner avec l’actualité, à l’image de « La prima città », une lithographie représentant un paysage vallonné entrecoupé… de murs démesurés. www.frac-centre.fr

DU 9 AU 16 MARS | GRENOBLE (38)

Biennale des villes en transition La transition énergétique des villes serait-elle liée aux habitudes – alimentaires, comportementales, vestimentaires, culturelles, etc. – de chacun de leurs habitants, et non pas seulement aux politiques territoriales ? C’est l’idée – finalement évidente, mais moins confortable pour l’ego – défendue par les organisateurs de la seconde édition de la biennale des villes en transition qui se tiendra à Grenoble du 9 au 16 mars prochains. Au menu donc, des tables rondes et des conférences pour discuter des métropoles de demain bien-sûr, mais aussi des ateliers avec des créateurs pour découvrir comment s’habiller plus durable, un escape game géant pour découvrir la capitale des Alpes sous un autre angle, ainsi que des ateliers pratiques pour apprendre à mieux cuisiner. En bref, un programme alléchant et surtout inclusif, permettant à chacun de découvrir le rôle qu’il jouera dans la ville de demain… www.villesentransition.grenoble.fr

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Le couloir aux faïences, mardi 10 février 1998, 11h30. 1998. Photographie d'Olivier Mériel (né en 1955). Paris, Maison de Victor Hugo. © Olivier Mériel, Maisons de Victor Hugo, Roger-Viollet / "Un Lago di nuvole tra eterne montagne" Coll. Frac Centre-Val de Loire © Monumento Continuo, 1969 / © DR

JUSQU’AU 15 AVRIL | PARIS (14e)


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JUSQU’AU 3 MARS | PARIS (1er)

Japon Japonismes texte karl d’anthalex

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’il fallait résumer 2018 en couleurs, elle serait bleue, bien sûr, comme les champions du monde. Jaune fluo aussi, évidemment. Ce que l’on oublie peut-être, c’est qu’elle serait également rouge et blanche, comme l’est le drapeau du pays du SoleilLevant. Car cette année marquait le 160e anniversaire des relations diplomatiques entre le Japon et la France et pour célébrer celui-ci, les deux pays ont décidé d’organiser «  Japonisme 2018  », un événement international destiné à illustrer le rayonnement de la civilisation nippone et la façon dont chaque culture a nourri l’autre à travers l’histoire. Répondant au mouvement lancé par les deux gouvernements, le MAD propose

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d’ailleurs en ce moment l’exposition «  Japon-Japonismes. Objets inspirés, 1867-2018 ». L’occasion pour l’institution de raconter «  les relations artistiques entre ces deux grandes nations » et, pour le visiteur, de découvrir un corpus riche : estampes, kimonos, vases, chaises, robes, accessoires de mode, mobilier d’hier et d’aujourd’hui, le tout mis en lumière – et surtout en ombre, essai de Jun’ichirō Tanizaki oblige – par l’architecte Sou Fujimoto, dont l’agence a justement un pied à Tokyo et l’autre à Paris. À travers un parcours divisé en 5  thématiques –  «  les acteurs de la découverte  », «  la nature », « le mouvement », « le temps » et «  l’innovation  »  –, ce sont donc des œuvres traditionnelles, comme un vieux

palanquin datant de l’époque d’Edo ou une poupée potelée en bois de l’ère Meiji, que le MAD expose entre ses murs, mais pas seulement. À leurs côtés, une chaise longue signée Charlotte Perriand, un vase marqué d’une carpe par Émile Gallé ou une affiche de publicité pour du thé imaginée par l’illustrateur Eugène Ogé sont autant de réalisations qui témoignent du caractère inspirant du Japon. Et même si le temps semble filer plus lentement ici qu’à l’heure japonaise, mieux vaut ne pas trop traîner pour découvrir cette exposition qui s’achèvera le 3 mars prochain, pile dans les temps pour se préparer… à célébrer la saison France-Roumanie ! www.madparis.fr

Netsuke représentant un sage appuyé sur son tigre — Japon, début/milieu du XVIIIe siècle, Musée des Arts Décoratifs © MAD, Paris, Jean Tholance / Eugène Ogé — Affiche « Thé Lombart » Importation Directe, Paris, 1901, Musée des Arts Décoratifs © MAD, Paris, Jean Tholance / Émile Gallé — Vase « La Carpe », Nancy, 1878, Musée des Arts Décoratifs © MAD, Paris, Jean Tholance / Utagawa Hiroshige — « Le temple de Kinryuzan à Asakusa », Série des « Cent vues célèbres d’Edo », Estampe, Japon, 1856, Musée des Arts Décoratifs © MAD Paris Jean Tholance

À VOIR | DESIGN


IN-OUTDOOR

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À VOIR | DESIGN

DU 21 MARS AU 22 AVRIL 2019 | SAINT-ÉTIENNE (42)

Me You Nous, créons un terrain d’entente

L

es disciplines de la conception du cadre de vie en général et le design en particulier peuvent-ils nous permettre de rebattre les cartes pour vivre ensemble autrement ? C’est en tout cas le postulat qu’adopte la 11e édition de la Biennale de design de Saint-Étienne. Lisa White, sa commissaire générale, explique qu’en se préoccupant moins des objets en eux-mêmes « au profit de la création d’ambiances, de milieux, d’expériences, le design développe des connexions inédites aux choses, et surtout des connexions entre les gens ». Une fabuleuse opportunité, à son sens, pour nous permettre d’avancer dans une direction commune, et peut-être pouvoir, ensemble, faire face aux défis qui nous attendent, qu’ils soient environnementaux, sociaux,

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technologiques ou encore économiques. Les nombreuses expositions, conférences, ateliers et autres événements organisés durant un mois sur le territoire stéphanois abordent ainsi la question sous des angles très différents : parfois de façon littérale, avec par exemple l’installation, au cœur de la cité du design, d’une « Table des négociations », ou de manière plus conceptuelle, comme dans l’exposition « Systems, not Stuff » (Des systèmes, non des choses), imaginée par la commissaire générale elle-même. Des projets de designers destinés à des populations fragilisées par des situations de handicap physiques, linguistiques ou géographiques côtoient des cultures de plantes ou de bactéries qui, au fil de la pousse, produisent des meubles, des pigments

pour la mode ou encore des biomatériaux. Plus loin, la designer Alexandra Daisy Ginsberg, avec «  Resurrecting the Sublime  » (Ressusciter le sublime), immerge les curieux dans la redécouverte du parfum d’une plante disparue pour mieux nous pousser à réfléchir à l’impact de nos activités sur l’environnement. La Chine, invitée d’honneur de cette édition, démontre elle aussi, loin des clichés sur la copie et la surconsommation, la créativité non mondialisée à l’œuvre, tandis que les étudiants de l’école des arts décoratifs de Saint-Étienne nous invitent à parcourir « Stefania », une ville dans la ville, en constante mutation. Autant de chemins donc, vers le vivre ensemble, demain, qu’il soit high ou low-tech. biennale-design.com

© DR

texte maëlle campagnoli


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Sonocriptum, 2019, design Antonin Fourneau © Antonin Fourneau / Manufactured Geology, 2018 © Tom Mannion / Gravêne 6.7, fauteuil, design Maximum, 2018 © Maximum / Data garden, 2018, design Florentin Aisslinger © Florentin Aisslinger / Long Bench, design Ineke Hans and the Woodshop on Fogo Island, 2018 © Steffen Jagenburg / Ressurecting the sublime, Alexandra Daisy Ginsberg, 2018-2019 © Grace Chuang, Gray herbarium of Harvard University


À VOIR | JARDIN

Le blues du photographe

D

éjà la douzième édition pour la compétition internationale IGPOTY – acronyme pour « International Garden Photographer of the Year » – dont les clichés, macrophotographies de plantes ou paysages verdoyants, régalent chaque année les amateurs de photographie de nature. Alors, qui prend cette année la place du Brésilien Marcio Cabral, sacré meilleur photographe en 2018 avec un éblouissant coucher de soleil sur les ombelles du cerrado, la savane des environs de São Paulo ? Eh bien, c’est une Anglaise, Jill Welham, qui remporte le trophée, avec, surprise, trois fleurs d’ail poussées dans son jardin, au soleil timide du nord de l’Angleterre. Trois fleurs d’ail… bleues. Jill Welham est en effet une spécialiste du cyanotype, un procédé

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photographique mis au point pendant l’époque victorienne. Sensible aux UV et non pas à la lumière blanche, il a pour particularité d’aboutir à des images d’un magnifique bleu cyan. En utilisant une variante de cette technique, Jill Welham ajoute à ses tirages « des textures complexes et des profils de couleurs analogues aux cyanotypes de la botaniste anglaise Anna Atkins, estime Tyrone McGlinchey directeur d’IGPOTY. L’image de Jill prouve que même les techniques anciennes sont encore capables de pertinence, d’originalité et d’une immense beauté. » De quoi s’intéresser, dans le sillage de Jill Welham, au travail trop longtemps oublié de la grande dame du « blue print  »  : Anna Atkins. Pionnière de la photographie, fille de naturaliste, elle

s’essaie, après la gravure, à l’impression d’algues dans l’Angleterre victorienne. À la fin de sa vie, elle lègue à la science plus d’un millier de tirages de prêles ou de fougères azuréennes. Aujourd’hui, son œuvre redécouverte revient en force, ses impressions bleutées faisant les beaux jours, non plus des herbiers, mais de la décoration d’intérieur. S’il est trop tard pour en admirer les tirages originaux exposés cet hiver à la bibliothèque publique de New York, plus près de nous, c’est à l’abbaye Saint-André, entre Gard et Vaucluse, que s’exposent du 1er mars au 28 avril 2019 des cyanotypes… à un jet de pierre de la Grande Bleue, forcément. www.igpoty.com www.nypl.org www.abbayesaintandre.fr

© Harry Tremp

texte charlotte fauve


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© Richard Bloom / © Scott Simpson / © Kathleen Furey / © Jill Welham


À VOIR | JARDIN

JUSQU’AU 31 MARS | BRUXELLES (BELGIQUE)

Bruxelles, côté jardin

S

i Paris a Haussmann, Bruxelles a Léopold II. Le roi des Belges aimait les jardins, tant et si bien qu’au cours de ses 44 années de règne, il dota la capitale du plat pays d’une belle trame de parcs publics, squares et axes arborés, soumettant des solutions développées par les voisins français à évaluation  : parfois adoptées, parfois transformées… parfois totalement rejetées, à l’image du plan, resté sans suite, du jardinier en chef parisien Barillet-Deschamps pour le parc du nouveau quartier Léopold II. Du bois de la Cambre au parc de Woluwe, c’est cette histoire de Bruxelles, paysagère et touffue, qu’entreprend de raconter, jusqu’au 31 mars 2019, le Centre international pour la ville, l’architecture

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et le paysage (CIVA). Sous le nom de « Designed landscapes », l’exposition fait le lien entre 1775 et jusqu’à aujourd’hui au moyen de plans à la même échelle, utiles pour comparer les parcs et les époques. En plus de recevoir une belle leçon d’art des jardins et d’urbanisme, le visiteur hexagonal y découvre également quelques typicités belges. Par exemple, le mouvement du Nouveau Jardin Pittoresque, qui, au début du XXe siècle, s’insurgea contre la banalité des réalisations paysagères de son temps : contre l’artificiel, ses membres prônaient un retour au naturel, avec le jardin marécageux ou la fougeraie, mais aussi via des rocailles en béton, très en vogue dans les années 1910. L’une de ses réalisations publiques importantes

est toujours visible parc Josaphat, paysage alpestre dont les rochers artificiels ont été érigés par un rocailleur membre de l’association. Après le saut dans la modernité, si l’Exposition universelle de 1958 a bien laissé sa marque dans le paysage de la capitale grâce à l’imposante structure de l’Atomium, maille du cristal de fer agrandie 165 milliards de fois, qui se souvient de ces répercussions côté jardin ? L’influence de l’atome surgit aussi dans les squares de quartier et les aires de jeux... Des formes souples « en amibes » évoquant le monde cellulaire, des pièces d’eau bleu ciel, des lampes champignons – autant de clins d’œil qu’il ne reste plus qu’à dénicher en se promenant à travers la ville. www.civa.brussels

© Archives Générales du Royaume, Cartes et plans manuscrits 41

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ENDROITS | À VOIR

Hôtel Whitworth Locke texte karl d’anthalex I photos nicholas worley

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À VOIR | ENDROITS

À

ceux qui apprécient la rigueur du froid mais qui ont le mal d’altitude, à ceux qui préfèrent la bière au vin chaud et le football au ski de piste, pourquoi ne pas profiter de la fin de l’hiver pour partir découvrir Manchester ? Situé au bord du canal Rochdale, à quelques pas du très animé Gay Village, l’hôtel Whitworth Locke vient justement d’y ouvrir ses portes. Installée dans trois anciens entrepôts de textile en brique datant de l’époque victorienne, cette nouvelle adresse rénovée par les architectes de l’agence new-yorkaise Grzywinski+Pons abrite un bar, un café, ainsi qu’un espace de co-working en plus de ses 160 chambres-appartements. Une réalisation qui tire parti de l’histoire des lieux pour mieux les sublimer, en témoigne le centre névralgique de l’établissement, une ancienne rue en cul-

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de-sac, Galbraith Road, recouverte d’une immense verrière métallique jusque-là mal exploitée. « Nous avons simplement supprimé les anciens aménagements [le lieu avait déjà été réhabilité en hôtel en 1980, ndlr] pour révéler la transparence du verre et rendre à nouveau visibles les façades des bâtiments qui donnaient autrefois sur la voie publique », expliquent les architectes. C’est justement là que le Conservatory Bar a pris ses quartiers, endroit parfait pour siroter un « Atrium Manhattan », hommage oblige, confortablement assis sur les banquettes réalisées sur mesure. Côté matériaux, finitions et aménagements intérieurs, Matthew Grzywinski et Amador Pons jouent la carte de la cohérence et du clin d’œil historique. « Nous nous sommes inspirés des liens industriels et commerciaux qui unissaient

Manchester aux coins les plus reculés du globe, particulièrement les régions équatoriales. » Bien qu’ils soient très en vogue, laiton, velours vert émeraude et autres papiers peints aux motifs exotiques trouvent donc ici une place légitime. Une réalisation complète, à travers laquelle le duo d’architectes espère participer au nouveau dynamisme du quartier. Il n’y a donc plus qu’à exaucer leur vœu, plier bagages et partir découvrir la ville natale de Norman Foster et des frères Gallagher. Let’s rock ! www.gp-arch.com Whitworth Locke 74, Princess Street Manchester À partir de 129,60 livres sterling la nuit (environ 148 euros) www.lockeliving.com


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À VOIR | ENDROITS

Hôtel Le Splendid

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Ho36 La Plagne

Le Voltaire

Norge

Après Lyon, Les Ménuires ou encore Avignon, direction La Plagne ! Avec cet établissement entièrement aménagé par l’architecte d’intérieur Alexandra Malgrain, le groupe ouvre donc une seconde adresse savoyarde. L’endroit parfait pour déguster une raclette dans un intérieur à la fois chaleureux et design ! La Plagne centre, Mâcot-la-Plagne (73) www.alma-interieurs.fr www.ho36hostels.com

C’est dans le quartier de l’Opéra Bastille que les sœurs Antoun, ont ouvert Le Voltaire. Grâce à la complicité des concepteurs Marion Duclos Mailaender, Kostia et Pierre-Louis Gerlier, le duo propose une adresse mêlant architecture et design, d’hier et d’aujourd’hui. 3, rue Pétion, Paris (11e) www.designetfils.com www.artkostia.com www.pierrelouisgerlier.com www.new-hotel.com

Livré à Bergen, Norvège, par l’agence Concrete, l’hôtel est une destination en soi. Entre son café tout droit sorti de l’univers de Gatsby le Magnifique, son restaurant aux teintes pastels, ses chambres en béton ou son lobby surmonté d’un dôme en verre, il y a presque de quoi oublier de visiter le pays... Bergen, Norvège www.concreteamsterdam.nl www.scandichotels.com www.constanceoules.com

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© Fabio Semeraro / © DR / © Herve Goluza / © Wouter van der Sar, V2COM

Situé à Dax, l’hôtel Le Splendid n’en finit plus de s’embellir ! Après avoir retrouvé une seconde jeunesse en 2015 grâce à l’agence KAPZUL, cette adresse où Ernest Hemingway avait ses petites habitudes dispose désormais d’un nouveau spa signé Bal Architectes. Un écrin de douceur au style délicieusement Art déco qui met en valeur les vestiges, encore visibles, d’un ancien château fort… 2, cours de Verdun, Dax (40) www.sandrineforaisarchitecte.com www.bal-archi.com www.splendid-hotel-spa.com


Le feu essentiel Améliorer par le design ce que nous offre le feu, c’est offrir plus de performance tout en simplifiant l’utilisation. C’est innover jusqu’à trouver l’harmonie avec l’environnement. Le Stûv 22, un chauffage au bois performant, une pièce essentielle qui prendra naturellement sa place dans votre architecture.

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À VOIR | ENDROITS

MODA International

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Hästens

Maison F

Silvera

Si la Belle au Bois Dormant ne devait retenir qu’une seule adresse, ce serait sûrement celle-ci : le premier showroom Hästens à Paris, soit 100 mètres carrés dédiés au savoir-faire de la marque suédoise en matière de literie. Un écrin propice aux rêves (littéralement) où le motif vichy, signe distinctif de ces matelas réalisés à la main, prédomine… 61, avenue Raymond Poincaré, Paris (16e) ww.hastens.com

À Saint-Rémy-de-Provence, Cédric et Romain Ferrer dévoilent le nouveau visage de la Maison F. Depuis son réaménagement, ce showroom expose parmi ses collections les marques du groupe Boffi, et donc de l’éditeur de design milanais De Padova ainsi que du label de design danois MA/U Studio. 1, boulevard Gambetta, Saint-Rémy-de-Provence (13) www.lamaisonf.com

Après Paris et Londres, Silvera part à la conquête de la capitale des Gaules ! La marque de mobilier design ouvre ainsi un nouveau showroom dans l’enceinte du Grand-Hôtel Dieu, dont la rénovation vient justement d’être livrée par l’agence d’architecte AIA Life Designers. Deux bonnes raisons de (re)découvrir Lyon ! 6, cour du Midi, Lyon (2e) www.silvera.fr

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© DR / © Herve Hote

Moda, le spécialiste du mobilier d’intérieur – dont le vaste catalogue comporte aussi bien des équipements pour la cuisine que des revêtements pour la salle de bains ou des pièces de mobilier pour le séjour – présente le tout nouvel aménagement de son showroom parisien, adresse incontournable pour tous les architectes qui trouveront là mille et une solutions pour parfaire leurs réalisations… 47, rue de Charenton, Paris (12e) www.moda-int.com



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DESIGN

© DR

CAHIER

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CAHIER DESIGN | PORTRAIT DE MARQUE

AFFINITÉS ÉCLAIRÉES par maëlle campagnoli

En rééditant les modèles iconiques imaginés dans les années 1950 par le designer Pierre Guariche pour la société Disderot, le fabricant français d’éclairages industriels, architecturaux et domestiques Sammode ne surfe pas sur la vague du vintage. Rarement les préoccupations d’un créateur ont autant rencontré celles d’un industriel, de son savoir-faire et de son histoire.

L

Lampadaire G21, création 1951.

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pline à même de démocratiser l’accès aux produits et mode de vie modernes. Production en série oblige. Son sujet de prédilection ? Le luminaire, un autre point commun avec le fabricant. En la matière, son inventivité sera à la fois technique, fonctionnelle, esthétique... et d’une grande radicalité. Dissimulation de la source lumineuse, systèmes de bras articulés, balanciers, réflecteurs, variété des types d’éclairages et travail sur le métal donneront naissance à une collection d’appliques fixes ou articulées, de lampadaires ou encore de lampes à poser particulièrement innovantes. Il aura cependant fallu attendre plus de 20 ans après la disparition du créateur pour que la communauté d’esprit et de savoir-faire entre le créateur et l’industriel se rencontre. Peut-être pour le mieux, d’ailleurs. Tout en restant fidèle au dessin originel, Sammode a mené un travail d’intégration des technologies contemporaines d’éclairage dans les modèles que Guariche lui-même n’aurait sûrement pas renié. *Voir Architectures à vivre n°68 (septembre-octobre 2012), « La révolution de la vie domestique », portrait du designer Pierre Guariche.

Applique G25, création 1951.

Fondée en 1927, Sammode conçoit des solutions d’éclairage pour l’industrie et l’architecture, en collaboration avec des architectes comme Dominique Perrault. En 2009, l’entreprise confie sa direction artistique aux designers de Normal Studio et développe Sammode Studio, lequel produit des gammes destinées au marché domestique.

© Morgane Le Gall (sauf archive portrait)

orsqu’il implante SAMMODE (pour Société des méthodes modernes d’éclairage électrique) dans les Vosges en 1927, Louis Lemaire fait un pari double : celui de l’avenir florissant de l’éclairage électrique et de l’accélération de la production industrielle des objets du quotidien, pour devenir, dans les années 1950 un spécialiste de l’éclairage technique – l’entreprise déposera d’ailleurs en 1967 le brevet d’invention du tube fluorescent hermétique pour l’éclairage industriel. Né à la même époque, Pierre Guariche* (1925-1995) fait lui aussi figure de pionnier dans le paysage de la création appliquée des années 1950 en France. Dès ses débuts, il s’engage sur la voie du design industriel, disci-


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Eugène de Salignac, Peintres suspendus aux cables du pont de Brooklyn, 7 octobre 1914 © New York Municipal Archives


CAHIER DESIGN | POINT DE VUE DE DESIGNER

SEBASTIAN HERKNER DESIGN, TEMPS, MATIÈRE propos recueillis par maëlle campagnoli

I

l nous reçoit au sein de l’espace d’exposition qui lui est consacré, s’excuse du froid en nous proposant un petit chauffage d’appoint, puis balaie des yeux la scénographie. C’est frappant, chaque proposition est présentée… en cours. Chaise à moitié tissée, vidéo d’un atelier de verrerie… Pourquoi ? La réponse fuse, immédiatement. « Nous vivons dans un monde qui devrait réapprendre la patience. Les projets prennent du temps, même s’il n’est pas évident d’en avoir conscience, tant il est facile d’y avoir accès. Vous vous connectez le soir sur un

site marchand, passez votre commande et êtes livré le lendemain. Sauf qu’un tapis par exemple, peut nécessiter jusqu’à six mois de réalisation lorsqu’il est fabriqué entièrement à la main. C’est la raison pour laquelle les objets sont ici présen-

tés dans leur contexte de production. Derrière un objet, il y a des hommes, des savoir-faire, des matière premières, bref, des heures et des heures ! De là, découle une question essentielle à mon sens : celle de la valeur des choses et de la matière première. » Et en filigrane, celle de la qualité de conception, de fabrication, dont dépend la longévité des objets. La bonne gestion des ressources et des savoir-faire est un prérequis pour chaque projet, mais cela ne doit pas oblitérer le plaisir esthétique, d’usage. Il est conscient que cette approche a un prix, aussi. Il ajoute doucement, un léger sourire aux lèvres, que certaines personnes lui disent avoir fait des économies quelques temps pour s’offrir une de ses chaises ou tables. Mais peut-être que réfléchir à ce que l’on achète, être raisonné dans ses façons de consommer, faire un petit investissement, c’est aussi prendre le parti de la durabilité. Et une autre manière d’interroger les effets de mode…

Temps Table Bell, édition ClassiCon, 2012 « La table est produite en Bavière, dans une atelier verrier installé là depuis 1558. Tout est réalisé sur place : le moule en bois massif dans lequel est soufflé le piétement, le mélange très précis des composants de la pâte de verre, le travail à froid de préparation des pièces pour l’assemblage, puis la fixation du plateau en laiton et verre. De très nombreuses heures de refroidissement sont nécessaires pour les éléments soufflés. La redescente en température est un processus extrêmement maîtrisé dont dépend la solidité et la résistance de l’objet. »

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© Lutz Sternstein / © Ingmar Kurth

Nommé designer de l’année lors de la dernière édition du salon Maison et Objet, Sebastian Herkner développe une approche raisonnée et raisonnable de la conception. En cinq projets, mis au point pour des éditeurs aux univers très différents, il nous explique sa démarche. Ses maîtres mots ? Temps, matière première, valeur, et tradition revisitée par le prisme de la créativité.


© Courtesy Studio Sebastian Herkner / © Andres Valbuena / © Emu

Matière première Lampe Bent, édition Pulpo, 2019 « La lampe est inspirée d’un voyage à Venise, et d’une visite chez un fabricant de verre moulé et cintré. La réalisation de son abat-jour est le fruit d’une exploration de ces techniques de transformation de la matière. Ici, elle est mise en avant comme un bouclier à lumière, dont la courbe est révélée par le travail de texture sur la face interne. L’éclairage LED, en passant à travers, est diffusé de façon optimale. »

Tradition et technologie Chaise 118, édition Thonet, 2018 « Ici, tout reposait sur l’idée de trouver le bon équilibre, tant dans le dessin que le procédé de fabrication lui-même, dans le respect de l’histoire de l’entreprise. Les frères Thonet sont les inventeurs du bois courbé et de son application dans la production de mobilier. Ainsi, la chaise est une rencontre entre ce savoir-faire mis au point il y a 200 ans et les technologies contemporaines. Le cadre du siège est fabriqué en bois courbé, l’assise est cannée, mais les pieds, eux, sont façonnés à l’aise d’une fraiseuse numérique. »

Savoir-faire Chaise longe Maraca, édition Ames, 2018 « Maria Calderón Kayser, la fondatrice de la marque Ames, passionnée de design, m’a contacté il y a deux ou trois ans pour me proposer d’imaginer une collection avec elle, en Colombie, son pays d’origine. Nous y avons voyagé, récolté des couleurs, des matières, rencontré des artisans, découvert des savoir-faire. Cet échange culturel a été le point de départ des projets. Le cadre métallique de Maraca est ainsi produit dans une petite usine de Bogota, et l’assise, réinterprétation du hamac traditionnel de ce pays, est tissée à la main dans un autre atelier, par des femmes uniquement – une tradition chez les Zenú, société matriarcale. Les fils de coton sont teintés puis séchés à l’air libre, et les couleurs sont ensuite fixées avec du sel et de l’amidon. »

Transpositions libres Collection Dock, édition Emu, 2016 « La collection est inspirée des motifs graphiques générés par les méthodes de fabrication des paniers en rotin, transposés dans un autre matériau. Elle est modulaire, de manière à créer des lits de jour, des fauteuils, des canapés ou encore des chaises longues. Les tables basses disposent d’un plateau en verre aux finitions diverses, offrant là encore de la liberté dans l’usage. »

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CAHIER DESIGN | COLLAB'

CUISINE CONTEMPORAINE

LA CUISINE-OBJET Le designer Norbert Wangen est l’auteur de la collection K pour le fabricant haut-de-gamme Boffi. Alors que sort la sixième version du modèle, il nous livre sa vision de la cuisine : un objet sculptural, dissimulant toutes les fonctions intégrées au millimètre, ouvert sur le reste de la maison. Et surtout, d’une qualité de fabrication frisant la perfection. propos recueillis par maëlle campagnoli

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leur intérêt, puis une firme allemande de distribution m’a contacté pour me proposer d’industrialiser le projet en 2000. Mais une telle démarche était l’antithèse même du projet. A.À.V. : Comment la K2 s’est-elle retrouvée chez Boffi ? N. W. : Peu de temps après cela. J’ai créé une marque, lancé la cuisine en production et édité un catalogue. Mais pour que le concept fonctionne, la qualité de fabrication, les matériaux, les finitions devaient être parfaits, et nous n’avions pas cette capacité à produire correctement. J’ai rencontré

Roberto Gavazzi, et tout est allé très vite. Boffi a acheté la marque Norbert Wangen. La grande distribution force à un rationalisme discount, qui se préoccupe peu de la qualité. En devenant architecte j’ai toujours oscillé entre la réalité et le rêve. Avec Boffi, nous pouvons être plus proche du rêve. Ce qui est loin d’être incompatible avec la fonctionnalité ! A.À.V. : La K6 serait donc un objet irrationnel, mais fonctionnel ? N. W. : Disons que je recherche toujours la combinaison des extrêmes. L’îlot K6 est une machine qui fonctionne. Toute les fonctions sont intégrées à l’intérieur, avec une précision mathématique. Mais ce n’est pas forcément ce que raconte l’aspect extérieur de l’objet. Il est très esthétique, radical, élégant, sensible. Il est travaillé dans ses moindres détails : la qualité des surfaces, des assemblages, des jointures entre les matériaux. Il n’est pas pour autant démonstratif ni ornemental. Il est suffisamment abstrait pour avoir une présence forte dans un espace. 

© Courtesy Norbert Wangen / © Tommaso Sartori / © Boffi

Architectures À Vivre : La cuisine présentée cette année est la sixième variation sur le modèle K. Comment est né ce concept ? Norbert Wangen : C’est une longue histoire. J’ai commencé ma carrière comme scénographe pour le théâtre. Au même moment, un acteur m’a demandé d’aménager son appartement, et a formulé sa demande à peu près ainsi : « Norbert, je ne veux pas de cuisine, enferme-là dans une très belle boite. » L’amorce du concept de la K2. Plus tard, j’ai présenté le projet à la foire de Cologne. Elle a beaucoup été publiée, des architectes manifestaient


CUISINE CONTEMPORAINE

LA CUISINE-SYSTÈME Architecte et designer, Piero Lissoni collabore depuis de nombreuses années avec Boffi. Cette année, il signe la cuisine Combine, et nous livre, par la même occasion son point de vue sur la cuisine contemporaine. Avec le même souci de la perfection que son homologue, il développe un concept aux antipodes de ce dernier : un système modulaire à composer. propos recueillis par maëlle campagnoli

© Boffi / © E. de Conti

Architectures À Vivre : Comment a débuté votre collaboration avec Boffi ? Piero Lissoni : En  1986 j’ai été engagé comme directeur artistique… sans aucune expérience ! Je travaillais alors sur les catalogues, les expositions. Le premier projet de cuisine à proprement parler que j’ai conçu s’appelait Esprit, en 1990. À ce moment-là, Boffi était comme un princesse endormie, et Roberto réfléchissait à des moyens de la réveiller. Nous avons pris le parti de la qualité : celle de la fabrication, des matériaux et de l’usage évidemment. Puis nous avons imaginé Latina, qui rompait avec les codes traditionnels de la cuisine.

l’avons également ouverte sur le reste de la maison. Et trente ans plus tard, nous voilà en train d’essayer de briser un peu plus ses codes. Combine cristallise les fonctions dans des blocs de formes et dimensions hétérogènes, à combiner selon ses besoins, ses envies, l’espace dont on dispose. Les finitions sont sur-mesure  : Corian®, stratifié, métal, pierre, bois, etc. Il s’agit d’apporter de la versatilité à l’espace. A.À.V. : Ainsi Combine est plus un système ouvert qu’un produit fini ? P. L. : Tout à fait ! À mon sens le métier de

designer relève d’une forme de pensée du système, et le processus de conception, de l’exercice de mathématiques. Combine est un peu la résolution d’une équation complexe. Proportions, combinaisons, matériaux, fonctions, espaces, horizontalité, verticalité… C’est l’alliage de tous ces facteurs qui crée l’ambiance particulière d’un lieu. Comme un jeu, dont notre métier consisterait plutôt à inventer les règles, afin de façonner des lieux uniques, sans effets de styles un peu vulgaires ou d’originalité pour ellemême, tout droit sortie de l’imagination d’une rock star. Il faut de l’humanité. 

A.À.V. : En quoi avez-vous rompu avec les codes traditionnels de la cuisine ? P. L. : Nous voulions transposer la cuisine professionnelle dans l’espace domestique. Il s’agissait d’introduire la technicité des gestes professionnels, les mouvements, les déplacements. Pour ce faire, nous avons démantelé l’unicité traditionnelle de la cuisine intégrée, pour l’aborder fonction par fonction, en nous concentrant sur le plan horizontal. Nous www.avivremagazine.fr | architectures à vivre

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CAHIER DESIGN | TENDANCES

RÉMINISCENCES CANNÉES Il est coutume de dire que le métier de designer consiste à faire un pas de côté pour regarder autrement les objets du quotidien, les réinterpréter ou en imaginer de nouveaux. De là, dépendraient ensuite la justesse et l’intelligence de leurs propositions. Les quatre chaises rassemblées ici, croisées dans les allées des salons de ce début d’année, de Maison et Objet Paris à Imm Cologne, en sont une belle démonstration. Puisant dans l’imaginaire collectif et des typologies de formes familières, leur conception s’empare des techniques de production contemporaines et des nouveaux standards du confort, vers des pièces à la fois innovantes et atemporelles. Ici, le motif traditionnel de la chaise cannée se trouve ainsi réinterprété à chaque fois différemment. texte maëlle campagnoli

« Plus que de travailler une esthétique pour elle-même, le design a entièrement reposé sur la conception de la structure, qui donne sa forme à la coque de la chaise », explique le concepteur Tokujin Yoshioka. Puisant son inspiration dans les chaises en treillis métalliques produites dans les années 1950, il pousse ici le savoir-faire de l’éditeur en matière d’injection plastique à ses limites. La forme de l’objet évoque un tissage de fils rappelant celui du cannage, sauf qu’ici, la structure en polycarbonate est intégralement moulée. Le résultat est d’un grande légèreté, solide et en même temps suffisamment souple pour procurer un confort optimal à l’usager. Chaise Matrix, design Tokujin Yoshioka, édition Kartell, 2019.

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© Kartell

MATRICE


ARTISANAT CONTEMPORAIN

TRANSFERT POÉTIQUE

Plus traditionnelle en termes de mise en œuvre mais non moins poétique… et durable, la chaise Cielo mobilise le savoir-faire d’artisans colombiens et une technique de tissage nommée « Momposino ». Elle est en fibres de plastique recyclé et coloré, tissées sur une structure métallique simple, produite localement, dans une petite usine de Bogota. La gamme de couleurs est inspirée des voyages du designer Sebastian Herkner dans ce pays. Ce dernier a volontairement gommé le superflu pour aboutir à une forme empilable et légère. La simplicité et la résistance des matériaux autorisent de plus une utilisation en intérieur comme en extérieur. Chaise Cielo, design Sebastian Herkner, édition Ames, 2019.

La fibre de carbone est habituellement employée dans l’industrie aéronautique ou encore pour la fabrication des équipements de sport. Au cours des processus de production dans ces secteurs, 30 % de la matière est jetée. La designer Marleen Kaptein, en collaboration avec le Centre aérospatial néérlandais (NLR) a fait le pari d’utiliser ces déchets pour la production d’un siège, dont la structure est intégralement issue de carbone recyclé. La designer a ensuite travaillé avec un bras robotisé de placement de fibres, pour imprimer, par dépôt, de minces et solides bandes de carbone dans toutes les directions afin de fabriquer l’assise et le dossier, évoquant le fil de rotin plat utilisé dans le cannage traditionnel. Recycled Carbon chair, design Marleen Kaptein, production LABEL/BREED, 2016-2018.

© Andres Valbuena / © Label/Breed / © Pedrali

SOUVENIRS… Sa forme n’est pas sans rappeler les sinuosités des sièges en bois courbé de la fin du XIXe siècle, dont assise et dossier étaient souvent cannés. Une évocation assumée par le designer catalan Eugeni Quitllet, qui en poussant au maximum les capacités de production de l’éditeur, projette des meubles bien ancrés dans les usages contemporains. D’où son nom, aussi : Remind. Au contraire de son ainée, la chaise est ici un monobloc en polypropylène injecté, moulé en une seule fois. Le motif canné est subtilement évoqué par un jeu de percements. Le résultat est léger et résistant, autorisant un usage aussi bien intérieur qu’extérieur. Chaise Remind, design Eugeni Quitllet, édition Pedrali, 2018.

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SHOPPING | CAHIER DESIGN

OBJETS COMPLÉMENTAIRES sélection maëlle campagnoli

© DR

Frame Etagère/portant multifonction articulée en métal anthracite mat design Cecilia Xinyu Zhang pour Northern 260 euros environ (2 490 couronnes norvégiennes) northern.no

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CAHIER DESIGN | SHOPPING

Harmonica étagère d’appoint en métal avec crochets (H.48 x L.80 cm) disponible chez Love Creative People 32 euros www.lovecreativepeople.com

Angui porte-manteau en métal avec piétement en marbre noir (H.180 x L.46 x P.28 cm) Aytm 669 euros www.madeindesign.com

Bamboo Tray plateau en bambou et contreplaqué (diam. 41 cm, H.20 cm) Madame Stoltz 48,25 euros www.madamstoltz.dk

Hoop porte-parapluie en acier peint poudre (H.40 x L. 25 x P.10,5 cm), disponible en trois coloris design Mika Tolvanen pour Authentics 165 euros www.lovethesign.com

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Ponto patères en béton effet terrazzo (diam. 8,5 et 5 cm) Blomus 29,95 euros le set de quatre de.blomus.com

Pend valet en tube d’acier avec piétement en teck (H.171 x L.135 x P.171 cm) design Hamid Bekradi pour Kann 880 euros www.kanndesign.com


Curl porte-manteau en acier poudré (L.37 x H.26 x P.7 cm), deux autres tailles disponibles et trois coloris design Florian Kallus et Sebastian Schneider pour Blomus 29,95 euros de.blomus.com

Pausillus bout de canapé / table basse en métal perforé et plateau en châtaignier (H.30,2 x diam. 46 cm) Aytm 399 euros www.madeindesign.com

Cork stool tabouret ou bout de canapé en liège (H.45 xdiam. 30,5 cm) design Tomek Rygalik pour tre 349 euros treproduct.com

Wallie chevet ou petite étagère d’appoint en métal et bois (H.10 x L.30 x P.22,5 cm) design Amalie Skov Rahbæk pour Woud 169 euros www.woud.dk

Issa étagère en fer noir petit modèle (H.50 x L.40 x P.37,5 cm) design Antonino Sciortino pour Serax 225 euros www.serax.com

Zag patères en acier peint (25-33-41 x 5-6-14,2 x 1,2 cm) design Studio Bling pour La Chance 161 euros le set de deux www.lachance.paris

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CAHIER DESIGN | ACTUS MARQUES

KNOLL SOUFFLE LES 100 BOUGIES DU BAUHAUS par maëlle campagnoli

À l’occasion du centenaire du Bauhaus, Knoll édite une version spéciale en série limitée du fauteuil Barcelona de Ludwig Mies van der Rohe et propose la série d’assise MR du même créateur, avec un nouveau choix de tissus et cuirs. Au-delà d’une simple capitalisation sur ces icônes du design, la marque pose en filigrane la question de leur statut. Car ces morceaux de patrimoine ont bien été conçus pour s’asseoir !

Le MR90, dit Barcelona, fut originellement conçu pour le pavillon de l’Allemagne, lors de l’exposition universelle de 1929 à Barcelone. Son piétement au motif curule – une croix courbée fixe sur le côté en lieu et place d’une chaise curule pliable à proprement parler – évoque le siège de pouvoir. Le fauteuil servit originellement de trône d’un jour au roi d’Espagne, lors de l’inauguration du pavillon.

L

l’Illinois Institute of Technology de Chicago avant de collaborer avec Marcel Breuer et Walter Gropius, et qu’il engage comme décoratrice en 1943. En 1946, le couple créé Knoll Associates. Là, s’écrira vraiment l’histoire de l’entreprise. Au-delà des innovations dans le domaine de l’aménagement des espaces de travail et du mobilier de bureau (on doit à Florence Knoll les principes fondateurs de l’open space), la marque se lance dans la fabrication de meubles modernes dessinés par Eero Saarinen, Isamu Noguchi, Marcel Breuer ou encore Harry Bertoia. En 1948, les Knoll acquièrent les droits de fabri-

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Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969) Designer et architecte moderne, plaidant pour une approche radicale et fonctionnaliste de la création – on lui associe le fameux adage « Less is more » –, dernier directeur du Bauhaus avant d’émigrer aux États-Unis en 1937, il marquera profondément le paysage architectural moderne, avec la Maison Farnsworth à Plano, et surtout le Seagram Building à New-York, con-conçu avec Philip Johnson.

© Courtesy of Knoll

’histoire de la marque Knoll est indissociable de celle de la diffusion des productions du Mouvement Moderne. Émigré aux États-Unis en 1937, à l’instar de nombre de ses compatriotes fuyant l’Europe nazie, Hans Knoll fonde la même année Hans G. Knoll Furniture Company. Vers 1941, il rencontre sa future épouse, Florence Schust, architecte, qui a suivi notamment les cours de Mies van der Rohe à


© Courtesy of Knoll

Initiée en 1927 et inspirée à Mies van der Rohe par un modèle en porte-à-faux réalisé en tuyaux de plomberie par le créateur Mart Stam, la collection MR est une exploration des propriétés du tube métallique et de se souplesse, dans le domaine du mobilier.

cation des modèles de Mies van der Rohe, et lancent le fauteuil Barcelona (originellement MR90) en production, puis le reste de la collection MR à partir de 1964. Ces meubles font l’objet d’un long travail d’ingénierie et d’adaptation aux techniques de production de série, ainsi qu’aux standards de confort de l’époque. 2019, même démarche. Demetrio Apolloni, président de Knoll Europe, explique d’ailleurs que tout l’enjeu pour la marque aujourd’hui, consiste à faire revenir ces pièces dans la maison. « Le Barcelona, par exemple, a longtemps eu le statut de "lobby chair" [comprendre fauteuil

de salle d’attente, ndlr]. Pourtant Mies van der Rohe a conçu ces meubles pour des espaces de vie ! En travaillant avec les archives, en nous déplaçant dans les maisons pour lesquels ces sièges ont été créés, en observant les originaux avec précision, nous avons pu les réadapter, afin de leur redonner leur fonction originelle d’une part, et d’aller plus loin dans la production sérielle d’autre part. » Coût final pour le consommateur oblige. Une approche d’autant plus respectueuse et significative, que la visionnaire Florence Knoll nous a quittés le 25 janvier dernier, à l’âge de 101 ans.

Le Bauhaus École d’art allemande fondée en 1919, fermée par le régime nazi en 1933, le Bauhaus (de Bau, construire et Haus, maison) aura un impact fondamental sur la pratique du design industriel et sa pédagogie tout au long du XXe siècle, essaimant dans toute l’Europe et au-delà sa démarche radicale, rejetant l’ornement au profit du matériau et de la fonction. Ludwig Mies van der Rohe en sera le dernier directeur, de 1930 à 1933.

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CAHIER DESIGN | ACTUS MARQUES

Collab’ Le fabricant de textiles d’ameublement Sunbrella met son savoir-faire au service de l’éditeur Bosc et du designer Samuel Accoceberry pour le développement d’une ligne de mobilier intérieur et extérieur. Contis Plage, un canapé et un fauteuil outdoor, sont recouverts de tissus de la gamme Solids, dans trois coloris frais et sobres (Mint, Curacao et Marble). Contis Bourg, la version indoor, se pare, elle, de la gamme Palazzo, des textiles texturés et satinés, dans trois coloris également (Lichen, Straw et Mint). www.sunbrella.com www.bosc-leslandes.fr

Le designer Philippe Stark redessine en série limitée certaines de ses pièces conçues pour l’éditeur italien Cassina (canapé Voltage EX-S, collection Privé, chaises Caprice et Passion), les parant d’un revêtement innovant et durable : l’Apple Ten Lork. Le choix de ce matériau principalement constitué de déchets issus de la pomme (épluchures, trognon, etc.) relève d’une démarche prospective visant à dépasser la prépondérance du cuir dans l’industrie du meuble de haute facture. www.cassina.com

Sur mesure À l’occasion de ses 25 ans, Axor lance My edition, un mitigeur personnalisable imaginé par l’agence Phoenix Design. Doté de la technologie Power Rain, le robinet est constitué d’un corps en laiton disponible en 16 finitions (chrome et PVD) et d’une plaque recouvrant le bec, laquelle est disponible dans une gamme de 22 finitions (verre, miroir, verre noir, métal) dont quatre matériaux exclusifs (bois, marbre blanc, marbre noir et cuir). Les 352 possibilités offertes devraient pouvoir répondre à toutes les envies ! www.axor-design.com

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LES RENDEZ-VOUS DESIGN JUSQU’AU 21 MARS | COURBEVOIE (92) Observeur du design La rétrospective des meilleurs projets étoilés par l’Observeur du design entre 1999 et 2019, un événement organisé par l’Agence pour la promotion de la création industrielle récompensant chaque année les réalisations les plus emblématiques des designers et entreprises français et étrangers fait escale à l’INPI. L’exposition est visible sur rendez-vous. apci-design.fr DU 3 AU 7 AVRIL | PARIS (2e) PAD Paris Art + Design Le rendez-vous des amateurs et collectionneurs d’art et de design du monde entier prend ses quartiers aux Tuileries, proposant une sélection pointue de galeries internationales mettant l’accent sur les arts décoratifs. www.pad-fairs.com DU 9 AU 14 AVRIL | MILAN (ITALIE) Salone del mobile La grand-messe annuelle du design international combine un salon professionnel dédié au meuble, Euroluce pour la lumière et Workplace 3.0 consacré aux nouveaux espaces de travail, avec une programmation off partout dans la ville mêlant expositions, événements dans les showrooms, etc. www.salonemilano.it DU 11 AU 14 AVRIL | PARIS (17e) Modern & vintage – Design Fair Paris Ce grand marché du design des années 1950 à 2000 rassemble une sélection d’antiquaires spécialisés et un espace dédié à la mode vintage. Une exposition consacrée aux créations des designers américains Charles et Ray Eames entre 1941 et 1978, ainsi qu’un Village des designers-makers – où une sélection de jeunes designers présentent leurs créations en auto-édition – complètent un programme d’une grande richesse. www.pucesdudesign.com

© DR

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AMÉNAGEMENT | INTÉRIEUR

UNE EXTENSION QUI A DU CHIEN ! Dans la banlieue de Melbourne, l’extension dessinée par Ben Callery se joue de lourdes contraintes pour offrir à ses habitants un nouvel espace de vie lumineux, épuré et généreusement ouvert sur l’extérieur. Sa sculpturale toiture se soulève et se courbe pour mieux piéger les rayons du soleil, prouesse architecturale fruit de nombreux échanges avec les propriétaires et d’une fine analyse du site. texte thierry lapiche I photos tatjana plitt



AMÉNAGEMENT | INTÉRIEUR

Dans la pièce de vie, les lattes du plancher en frêne ont été posées dans le sens de la longueur pour accentuer l’effet de profondeur. Le porte-à-faux du toit accentue aussi cette sensation, particulièrement bienvenue sur ce site étroit.

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eddy est un chien heureux. Son royaume s’est agrandi, embelli et empli de lumière. Un nouveau terrain de jeux dont profitent également ses maîtres James et Jo, un couple d’Australiens installé à Northcote depuis quelques années. Dans ce quartier tout proche du centre-ville de Melbourne, la gentrification bat son plein depuis le milieu des années  1990. Les parcs, les trottoirs bordés d’arbres, les nombreux cafés branchés et boutiques à la mode attirent de plus en plus une population aisée, désireuse de profiter de la douceur de vivre et de l’ambiance arty qui s’en dégagent. Autres éléments de séduction : les nombreuses maisons en briques qui scandent les rues de leurs façades colorées, patrimoine local en partie protégé. Alignées les unes contre les autres sur d’étroites et longues parcelles, ces constructions séculaires sont toutes organisées selon un même plan traversant. Hémisphère sud oblige, seules les façades nord reçoivent les doux rayons du soleil. Chez James, Jo et Teddy, c’est derrière celle-ci que se trouvent les chambres. À l’opposé, côté jardin, leurs pièces de vie –  qui plus est cloisonnées  – sont donc en

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peine de lumière. Une situation qui ne convient plus à des propriétaires avides de changement mais quelque peu paralysés par un site aussi contraignant. Une balade va tout changer… CAPTURER LE CIEL Au cours d’une promenade dans le quartier, le trio découvre une déclaration de permis de construire posée sur une maison orientée comme la leur, et par conséquent soumise aux mêmes contraintes d’exposition. Séduits aussi par la forme naissante de ce projet, ils contactent l’agence en charge de celui-ci pour lui soumettre leur problématique en espérant une réponse toute aussi créative. « Leur salon, cuisine et terrasse étaient sombres, humides, introvertis et sans caractère, se remémore l’architecte Ben Callery. Sur cette parcelle large de 6,5  mètres seulement, légèrement en pente, avec des mitoyens aveugles de chaque côté et l’interdiction d’intervenir sur la façade protégée à l’avant, faire circuler la lumière relevait de la gageure. » La solution d’inverser les fonctions vite mise de côté pour des raisons économiques, l’agence pro-


La palette des matériaux et couleurs est réduite. L’arrondi des étagères et du bureau répond à la courbe de la toiture.


AMÉNAGEMENT | INTÉRIEUR

« sur cette parcelle large de 6,5 mètres seulement, légèrement en pente, avec des mitoyens aveugles de chaque côté et l’interdiction d’intervenir sur la façade protégée à l’avant, faire circuler la lumière relevait de la gageure. » Ben Callery, architecte


La baie pivotante est en acier noir, comme tout le reste des menuiseries. Le bardage extérieur est en cyprès, les sols en frêne : des essences locales. Sur la gauche de la cuisine, le couloir existant qui longe les chambres se laisse deviner.


AMÉNAGEMENT | INTÉRIEUR

Les bandeaux vitrés qui ceinturent le plafond apportent la lumière à toute heure de la journée.


Le plafond incurvé est en plaques de plâtre relativement faciles à cintrer et peintes en blanc pour une réflexion optimale de la lumière. À droite de la cuisine, la fenêtre d’angle apporte un surplus d’éclairage.

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APRÈS INTERVENTION 1 entrée 2 chambre 3 salle de bains 4 buanderie 5 cuisine 6 salon 7 salle à manger 8 bureau 9 terrasse 10 jardin 11 rangement

EXISTANT 1 entrée 2 chambre 3 salon 4 cuisine 5 salle de bains 6 terrasse 7 jardin

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AMÉNAGEMENT | INTÉRIEUR

La nouvelle terrasse est dans le prolongement direct de la pièce de vie, la limite entre intérieur et extérieur étant ainsi complètement estompée. Les marches servent aussi d’assises tandis que les dossiers camouflent des rangements.

pose plutôt de réunir les différents espaces de vie dans un seul et même volume. Une extension de 75  mètres carrés – en partie construite sur l’empreinte des anciennes cuisine et salle de bains –, qui, certes, grignote de la surface de jardin, mais fait gagner en fonctionnalité l’ensemble de l’habitation… tout en faisant office de piège à lumière. Toute l’astuce réside ici dans la toiture de ce nouvel espace qui, d’un geste simple et élégant, va chercher le soleil  : comme soulevée puis courbée à son extrémité nord, elle enjambe en effet la maison en front de rue pour mieux venir capturer le ciel. Ce dessin ingénieux est le fruit de longues recherches – plus d’un an d’études –, de nombreuses modélisations de l’existant, du terrain mais

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aussi des volumes alentours, et résulte également de l’observation minutieuse sur site des ombres et lumières portées et de fréquents échanges avec les futurs usagers. « Une fois tous les ingrédients analysés et toutes les contraintes intégrées, nous remarquons souvent que les projets les plus excitants naissent presque naturellement », analyse Ben Callery. La force même de l’évidence  ! CÉLÉBRER L’ARRONDI Fil directeur du projet, la forme courbe ponctue certains éléments forts de l’aménagement intérieur : plan de travail, mosaïque de la crédence, bureau, étagères mais aussi la nouvelle


Photos du chantier. La couverture est composée de deux poutres de rive en acier laminé, une de chaque côté. Entre elles, les pannes suivent simplement la courbe du toit.

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AMÉNAGEMENT | INTÉRIEUR

La salle de bains a trouvé refuge dans l’ancien salon. Les murs de plâtre ont été grattés afin de retrouver la brique d’origine.


Le grand bandeau vitré à l’extrémité nord cadre parfaitement la toiture en tuiles de la maison existante. L’isolation a été renforcée afin de conserver le plus possible la chaleur en hiver.

terrasse. « Comme un reflet du plafond, cette dernière célèbre l’arrondi pour mieux adoucir la rupture entre la construction et l’espace extérieur », interprète l’architecte. Son léger surplomb (dénivelé de près d’un  mètre entre les niveaux de la maison d’origine et du jardin) est mis à profit pour transformer les marches nécessaires en autant d’assises. À l’extérieur comme à l’intérieur, couleurs et matériaux sont minutieusement sélectionnés pour souligner les lignes fortes du projet. Ainsi les menuiseries sont en acier noir afin de contraster avec les murs et le plafond blancs et mieux marquer le décollement de ce dernier. Ceinturée de bandeaux vitrés qui accentuent l’effet d’espace en laissant s’échapper l’œil, la toiture semble ainsi littéralement flotter, prête à prendre son envol. Les perspectives cadrées sur l’antique toit en tuiles viennent alors mettre en tension vernaculaire et contemporain, tout comme dans la nouvelle salle de bains ultra design (anciennement le salon) où les murs de plâtre ont été grattés afin de retrouver la brique originelle. Une célébration du patrimoine

qui ravit les propriétaires. «  L’intervention de l’agence offre tout ce dont nous rêvions, résument ainsi James et Jo. Plus de lumière, plus de volume, plus d’ouverture. Mais aussi un espace incroyablement beau, à admirer tous les jours ». Et Teddy d’acquiescer d’un aboiement. architectes Ben Callery architects www.bencallery.com.au localisation Northcote (Australie) livraison avril 2017 bâti existant début XXe siècle études 12 mois travaux 10 mois surfaces 91 m² (existant)  +  75 m² (extension) matériaux acier (charpente et menuiseries)  / bois (charpente)  / frêne (sols intérieurs et extérieurs)  / cyprès (bardage) voir carnet d’adresses page 174 www.avivremagazine.fr | architectures à vivre

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PRATIQUE | AMÉNAGEMENT

GARÇONNIÈRE BRÉSILIENNE texte thierry lapiche I photos andré mortatti

ÉTAT DES LIEUX C’est dans un quartier en pleine mutation de São Paulo qu’un jeune entrepreneur brésilien achète en 2017 un appartement dans un immeuble tout juste livré. S’il travaille toute la semaine à Rio de Janeiro, il revient se reposer chaque week-end dans la ville natale de l’architecte Lina Bo Bardi et du pilote Ayrton Senna afin de profiter de son climat imprévisible, de ses gratte-ciel à perte de vue, de sa gastronomie, mais aussi de ses embouteillages gigantesques et du balai incessant d’hélicoptères qui la survolent ! Amateur d’architecture, c’est dans les pages d’un magazine spécialisé qu’il découvre le travail de l’agence Casa100. Séduit par son esthétique, il décide de contacter les architectes afin de transformer ses 24 mètres carrés sans caractère en un pied-à-terre sur mesure. Il rêve d’un lieu de vie épuré où la lumière régnerait en maître, d’« un endroit où simplement dormir, avec un minimum de rangement nécessaire ». Mais si ses besoins sont réduits, son budget l’est tout autant ! www.avivremagazine.fr | architectures à vivre

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AMÉNAGEMENT | PRATIQUE

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1 entrée 2 cuisine 3 chambre 4 salle d'eau 5 coin repas


RÉPONSE DES ARCHITECTES Les architectes de Casa100 partent d’une quasi-feuille blanche  : aucun aménagement (exceptée une salle d’eau dans un angle) ou finition dans ce carré presque parfait d’environ 5 × 5 mètres. Premier objectif : agrandir l’espace de vie. Le balcon existant est ainsi supprimé et sa surface récupérée pour accueillir le coin repas ; le garde-corps est, lui, remplacé par une grande baie sur toute la largeur de l’appartement. Deuxième étape : rationaliser et compacter les composantes du programme. Elles sont donc toutes intégrées contre un mur, face au lit, le long de deux tablettes en béton : cuisine, télévision, dressing, rangements, bibliothèque. Deux portes coulissantes en métal perforé permettent de camoufler ces éléments, selon les envies.

DÉTAILS Jusqu’ici sans fenêtre, la salle d’eau est maintenant éclairée en second jour grâce à l’intégration de verre translucide sur un pan de mur, face à la douche. Matériaux et finitions sont choisis pour respecter le budget et entretenir l’esprit épuré souhaité par le propriétaire : étagères en béton, sol en ciment, palette de couleurs réduite, système électrique apparent. Simple, fluide et ultra-fonctionnel : « Nous avons imaginé ce studio comme si c’était une chambre d’hôtel », concluent les architectes !

architectes Casa100 José Guilherme Carceles www.casa100.com.br localisation São Paulo (Brésil) livraison juillet 2017 études 2 mois travaux 3 mois surface 24 m2 matériaux béton (tablettes) / acier perforé (portes coulissantes) / noyer (mobilier sur mesure) / ciment brûlé (sol) voir carnet d’adresses page 174

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80 %

de réussite aux entretiens d’entrée en école d’Architecture

STAGE DESTINÉ AUX LYCÉENS QUI SOUHAITENT SUIVRE DES ÉTUDES D’ARCHITECTURE.

AU PROGRAMME Simulations d’entretiens Découverte et culture architecturale Visite d’architectures remarquables Expression graphique

UNE SEMAINE INTENSIVE VACANCES D’HIVER 2019 25 février au 1er mars 2019 / zones A+C 4 au 8 mars / zone C

VACANCES DE PÂQUES 2019

Atelier Pierre Hebbelinck - Pierre De Witt photo : François Brix

22 au 26 avril 2019 / zones A+C 29 avril au 3 mai / zone C

« J’ai été retenue pour passer les concours des 7 écoles pour lesquelles j’avais postulé (Paris-Belleville, Nancy, Marne-la-Vallée, Strasbourg, Lille, Val-de-Seine et Nantes). Refusée à Paris-Belleville, je suis acceptée pour mon 2e choix, l’école de Nancy que j’ai validée mardi ! » Amélie

« J’ai postulé pour 7 écoles, j’ai été pris à Belleville (mon premier choix) et était admissible à La Villette et Rouen. Merci encore ! » Léo

« Je suis admise à Paris Val-de-Seine, c’était mon premier vœu. Je vous remercie pour cette prépa, elle m’a eaucoup aidée et j’ai pu apprendre plein de choses sur l’architecture, en moins d’une semaine. » Pauline

« Les résultats sont tombés. Je suis prise à l’École nationale supérieure d’architecture de Grenoble, je suis très contente. Maintenant, il faut que je me décide entre l’école spéciale d’architecture et l’école de Grenoble... » Fanny

Infos : www.avivremagazine.fr / Contact : formations@avivre.net / t.01.53.90.17.12 / Dans la limite des places disponibles.


PRATIQUE | AMÉNAGEMENT

ORIENTER VERS LA LUMIÈRE texte nolwenn le bœuf I photos camille sonally

ÉTAT DES LIEUX Situé à l’angle de deux rues à proximité du centre-ville de Montpellier, cet appartement de 80 mètres carrés n’avait pas été rénové depuis les années 1950, les anciens propriétaires – un couple de personnes âgées – l’ayant laissé tel quel depuis lors. Le plan très cloisonné, les pièces mal orientées et l’isolation douteuse ont poussé les nouveaux maîtres des lieux, un couple de jeunes parents, à entreprendre d’importants travaux. Juste après l’achat, ils se lancent donc dans l’aventure avec un atout de taille : Jean-Baptiste est architecte associé de l’agence KOMBO. Lui et sa compagne Estelle ont des idées claires pour leur futur foyer : d’abord, créer une chambre supplémentaire pour leur fille Alba, apporter plus de lumière, révéler le charme du bâtiment ancien datant du XXe siècle et enfin profiter d’espaces plus vastes. Les combles au niveau supérieur faisant partie du lot, la mission devrait pouvoir être remplie sans avoir à pousser les murs ! www.avivremagazine.fr | architectures à vivre

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AMÉNAGEMENT | PRATIQUE

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NIVEAU SUPÉRIEUR (AVANT TRAVAUX) 1 grenier

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NIVEAU INFÉRIEUR (AVANT TRAVAUX) 1 cuisine/salle à manger 2 salon 3 chambre 4 salle de bains

NIVEAU SUPÉRIEUR (APRÈS TRAVAUX) 1 chambre 2 grenier

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NIVEAU INFÉRIEUR (APRÈS TRAVAUX) 1 entrée 2 cuisine/salle à manger 3 salon 4 chambre 5 salle de bains


RÉPONSE DES ARCHITECTES Après avoir complètement démoli les cloisons existantes, les concepteurs réorganisent pièces et circulations en spirale autour des murs de la cage d’escalier centrale, qui devient le support de nombreux rangements. Ainsi, ce parcours circulaire commence dès l’entrée, mène ensuite vers le salon et la cuisine ouverte qui profitent maintenant des deux façades sur rue et de la lumière naturelle, et se termine enfin vers les chambres, positionnées le long de la façade aveugle. Il ne reste donc rien de l’intérieur vétuste et mal divisé d’antan, si ce n’est les pierres apparentes des murs anciens et les poutres en bois révélées lors de la démolition du plafond du séjour. La chambre supplémentaire trouve justement sa place sous le faîtage de la toiture, le reste des combles étant transformé en grenier accessible depuis les parties communes.

DÉTAILS Pour amplifier le sentiment d’espace, l’architecte délimite les zones de la pièce de vie par un jeu subtil entre les volumes et les revêtements de sol : plus de hauteur sous plafond dans le séjour, des carreaux de ciment bleus dans la cuisine… Une couleur que l’on retrouve sur certains murs et sur plusieurs meubles, comme un thème récurrent qui unifie le tout : « L’ambiance est apaisée et sereine, avec comme seules teintes le blanc et le bleu et la chaleur des matériaux bruts », confient les associés de l’agence KOMBO.

Architectes KOMBO Architectes Jean-Baptiste Fayel et Mélanie Jamin localisation Montpellier (34) livraison 2017 bâti d’origine 1900 études 3 mois travaux 8 mois surface 90 m2 matériaux bois (structure plancher étage) / chêne (parquet et escalier) / aluminium (menuiseries) / carreaux de ciment (sols cuisine et salles d’eau) / plaques de plâtre (cloisons) / laine de bois (isolation plafonds et murs) / ouate de cellulose (isolation plancher) / trois plis épicéa (bibliothèque) / panneaux stratifiés (mobilier cuisine et placards) fournitures éclairage plafond Diro Trimless OK LED chez Deltralight / éclairage fente lumineuse 094 system chez Viabizzuno / éclairage joint creux salon Microtraccia chez Viabizzuno / radiateurs Milo Rock chez LVI / tabourets cuisine de Hee Welling pour Hay voir carnet d’adresses page 174

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LE SALON DU DESIGN, DU MOBILIER ET DE L’AMÉNAGEMENT DES ESPACES DE TRAVAIL

I LOVE MY WORKSPACE MOBILIER • AMÉNAGEMENT • DÉCORATION • AIR & LUMIÈRE • ACOUSTIQUE • MURS SOLS PLAFONDS • AUDIOVISUEL

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PRATIQUE | AMÉNAGEMENT

UN JARDIN TRAIT POUR TRAIT texte charlotte fauve I photos hugo hébrard

ÉTAT DES LIEUX Au Luxembourg, rares sont les terrains à bâtir. Aussi, lorsque ce couple de retraités, amateur d’art, trouve enfin le sien au cœur d’un quartier résidentiel, ils ne laissent rien au hasard et misent sur une architecture contemporaine largement ouverte sur le dehors. Cependant, rien n’était prévu pour le jardin ; pour que la verdure réponde aux formes de la demeure, les architectes conseillent à leurs clients de se tourner vers l’agence Christophe Gautrand & Associés. « Les propriétaires sont venus vers nous sans demande particulière, se souviennent les paysagistes Christophe Gautrand et Benjamin Deshoulières. Nous nous sommes donc inspirés de leur mode de vie pour leur permettre de s’approprier le jardin. » En prenant appui sur les perspectives en regard des baies vitrées ou des longs balcons filants, les concepteurs créent ainsi un lien entre l’intérieur et l’extérieur, tout en parsemant le lieu d’invitations à la promenade, à l’image des sculptures judicieusement choisies pour le duo de collectionneurs. www.avivremagazine.fr | architectures à vivre

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AMÉNAGEMENT | PRATIQUE

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RÉPONSE DES ARCHITECTES Les paysagistes ont repris les lignes fortes de la maison au moyen de plantations structurées aux abords de celle-ci, pour ensuite privilégier une végétation plus spontanée. Mis en scène selon une trame rectiligne, l’espace fait donc d’abord la part belle aux haies basses, aux minces bassins rectangulaires, avant de s’ouvrir progressivement sur de larges pelouses. Ici et là, des « chambres de verdure » sont autant de destinations différentes pour le promeneur ; imposantes parfois, à l’image du long miroir d’eau orné d’un grand bronze, face à la terrasse, ou plus intimistes, comme ce verger planté de fruitiers anciens qui investit un coin du jardin. Des tilleuls palissés font le lien entre ces haltes, tandis que des bancs en béton rythment la balade. Enfin, la mince bande qui s’étire entre la construction et la rue a été investie par un jardin en couloir : des pas japonais posés dans les herbes mènent jusqu’à l’entrée de l’habitation et son bel érable japonais.

DÉTAILS Pour structurer le végétal, Christophe Gautrand et Benjamin Deshoulières ont alterné les bassins, les haies basses et taillées d’Osmanthus et les massifs de fougères et d’hortensias. Ces plantations sont soulignées par des voliges en bois de pin, succession géométrique renforcée par des lignes minérales en béton ou gravillonnées de marbre blanc tracées dans le gazon. En lisière du jardin, les clôtures se fondent dans les feuillages grâce à des arbres à port libre, bouleaux, chênes ou frênes – un écrin de verdure plus naturel qui met ainsi le lieu à l’abri des regards.

paysagistes Christophe Gautrand & Associés www.christophe-gautrand.com localisation Luxembourg livraison 2018 surface 3 000 m2 matériaux gravier marbre blanc concassé (parterres) / béton blanc (bancs) / béton finition bouchardée (lignes minérales) / pin (voliges) / granit noir poli (miroir d’eau) / bois (abris de jardin) / tôle ondulée (abris de jardin) / acier thermolaqué (balançoire) fournitures éclairage LED / projecteurs sur piquet BEL Lighting plantes Pinus sylvestris / Tilia x palioda / Quercus phellos / Quercus palustris / Fagus sylvatica / Prunus avium ‘Plena’ / Betula utilis x ‘Jacquemontii’ / Carpinus betulus / Pyrus / Prunus / Malus / Amelanchier lamarckii / Acer palmatum ‘Osakazuki’ / Nyssa sylvatica / Osmanthus fragans / Hydrangea arborescens ‘Annabelle’ / Hydrangea paniculata / Dryopteris affinis / Matteuccia struthiopteris / Polystichum setiferum / Rhododendron fortunei / Rhododendron yakushimanum ‘Schneekrone’ / Rhododendron ‘Cunningham’s white’ / Anemone nemorosa / Hosta plantaginea / Osmunda regalis / Polystichum setiferum / Astilbe arendsii ‘Diamant’ / Polystichum polyblepharum / Hydrangea x semiola voir carnet d’adresses page 174

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Biennale des villes en transition Grenoble 09-16 09 16 mars 2019 http://villesentransition.grenoble.fr

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Bien-vivre,, Bien-vivre engagements, modes de vie…

UN TEMPS

D’AVANCE ’AVANCE! ’AVANCE 8 jours d’événements pour faire la vi(ll)e de demain

ENGIE logotype_solid_BLUE_CMYK 14/04/2015 24, rue Salomon de Rothschild - 92288 Suresnes - FRANCE Tél. : +33 (0)1 57 32 87 00 / Fax : +33 (0)1 57 32 87 87 Web : www.carrenoir.com

RÉFÉRENCES COULEUR

Zone de protection 1 C100%

Zone de protection 2 Zone de protection 3


ARCHITECTURE

© Thomas Jantscher

SPÉCIAL RÉNOVATION

Maison vétuste ou dépassée par le poids des années, appartement devenu trop étroit après un heureux événement, ou encore acquisition d’un bien débordant de cachet afin d’en révéler le potentiel… Les raisons de se lancer dans des travaux de rénovation ne manquent pas. Et quelle aventure excitante ! Mais dans ce cas plus que tout autre, l’intervention d’un architecte est indispensable. Qui mieux que lui, en effet, pour sublimer l’existant, l’adapter au mode de vie des futurs occupants, l’optimiser sans le dénaturer, voire lui conférer des propriétés énergétiques dignes d’un logement neuf ? Un moulin devenu atelier puis corps de ferme avant d’être finalement transformé en maison familiale en Moselle ; une ancienne usine de briques au cœur de Madrid réhabilitée en loft ultra-lumineux ; une grange suisse métamorphosée en habitation avec vue sur les montagnes ; une villa atypique à Melbourne remise au goût du jour et agrandie par la même occasion… Voilà autant d’exemples de rénovations menées avec brio par des architectes de talent, démontrant, une fois n’est pas coutume, que c’est bien dans les vieux pots que l’on fait la meilleure soupe !

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ARCHITECTURE | SPÉCIAL RÉNOVATION


ULTIME RÉSURRECTION Longtemps à l’abandon, cette bâtisse du XVIIIe siècle en campagne mosellane tourne à nouveau une page de sa vie. Tour à tour moulin, atelier, puis corps de ferme, elle est à présent la demeure d’une famille lorraine, après une spectaculaire rénovation réalisée par le collectif Studiolada. texte pierre lesieur I photos ludmilla cerveny


ARCHITECTURE | SPÉCIAL RÉNOVATION

La façade sud de la maison a été largement ouverte pour mettre en œuvre un imposant dispositif vitré : une baie coulissante de 6 mètres de large divisée entre le premier étage et le au rez-dechaussée.

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es volumes impressionnants, un état dangereusement vétuste, un terrain charmant mais inondable : beaucoup avaient reculé devant l’ampleur des travaux. Bien que cet imposant bâtiment soit idéalement situé au bord d’un joli ruisseau, dans un coin de campagne prisé à quelques kilomètres de Metz, personne n’avait osé se lancer dans sa rénovation. Et depuis le décès de son ancienne propriétaire, il y a près de 20 ans, il était resté à la vente. Jusqu’en 2015, lorsqu’un couple plus téméraire que les autres, s’embarque enfin dans l’aventure. C’est à Christophe Aubertin, le frère de la nouvelle propriétaire, architecte du collectif Studiolada et spécialiste de la construction bois, que le couple va confier la réalisation de cet audacieux projet. « Parce qu’il s’agit de ma sœur, de son mari et de mes trois neveux, j’avais un affect particulier avec ce chantier et je me suis senti tout de suite personnellement impliqué, explique ce dernier. Il nous a fallu 9 mois pour concevoir cette réhabilitation et finalement lancer les travaux au printemps 2016. »

RÉINVENTION DES VOLUMES Première difficulté, retrouver une certaine cohérence architecturale à budget maîtrisé. La propriété étant constituée

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d’un amalgame de bâtiments d’époques et usages variés, Christophe Aubertin commence par identifier ce qui peut être sauvé. « Au départ, il y avait un simple moulin à eau auquel s’est greffé un atelier de petite ferronnerie, avant que l’ensemble ne devienne une ferme, avec des étables, un hangar, et où seuls 40 mètres carrés étaient dévolus au logement. Un enchevêtrement de bâtiments au charme certain, mais qu’une succession de rafistolages rendait compliqué à unifier. » À cette partition difficile s’ajoutent les risques d’inondation du terrain, ce qui n’est pas sans inquiéter les nouveaux propriétaires. Alors, avec une surface totale de plus de 400 mètres carrés, l’architecte ne tarde pas à trancher. « Nous avons choisi de démolir toute une partie menaçante à l’est et de consacrer deux tiers du budget à purger, consolider les structures puis rénover l’enveloppe. » Outre la réfection de la toiture, la consolidation des murs (enduits par la suite) et la création d’une dalle de sol et d’un plancher, Christophe Aubertin s’applique particulièrement dans la création d’une charpente à double ferme dont chacune supporte 8 mètres de largeur de toit. À l’intérieur, ces nouveaux volumes se partagent en deux niveaux pour une surface habitable totale de 350 mètres carrés. Et pour créer le plancher intermédiaire, l’ar-


Exposée face au village, la façade nord comporte volontairement beaucoup moins d’ouvertures, pour des raisons thermiques, mais aussi d’intimité.

Vue du chantier. D’importants travaux de démolition ont précédé cette rénovation, notamment pour ce qui concerne l’aile est de la bâtisse que l’architecte a choisi de faire tomber.

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ARCHITECTURE | SPÉCIAL RÉNOVATION

En accord avec les architectes des bâtiments de France, Christophe Aubertin a choisi de préserver ce vestige du passé, une cheminée en briques utilisée dans le temps par un atelier de petite ferronnerie et qui reste un symbole dans le village.


Sur le toit de l’ancien atelier, une agréable terrasse prolonge la pièce de vie au premier étage. Elle profite d’une vue à 360° sur la campagne environnante, avec en ligne de mire, la sculpturale cheminée qui fait écho au passé de la maison.

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ARCHITECTURE | SPÉCIAL RÉNOVATION

Minimale mais impressionnante, la charpente met en valeur la belle hauteur sous plafond du premier étage. Au fond de la pièce, en façade nord, une fenêtre horizontale de 0,80 x 6 mètres offre une vue sur le village.

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REZ-DE-JARDIN 1 hall 2 chambre 3 salle de bains 4 dressing 5 cave 6 atelier 7 carport


La cuisine est un modèle Cuisinella personnalisé par l’architecte avec l’aide d’un menuisier.

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R+1 1 salle à manger 2 cuisine 3 salon 4 séjour 5 chambre 6 salle de bains 7 terrasse

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ARCHITECTURE | SPÉCIAL RÉNOVATION

Dans la pièce de vie, la large baie vitrée exposée plein sud inonde l’intérieur de lumière et fait entrer les vues dans la maison. Dans cette pièce, la charpente à double ferme, l’îlot de cuisine, mais aussi le fauteuil suspendu ont été dessinés par l’architecte.


« on a misé sur des points précis, le dessin de la charpente, et beaucoup de bois partout. au sol, aux murs, dans l’escalier, mais aussi dans la cuisine avec un modèle cuisinella que nous avons retravaillé avec un menuisier. » Christophe Aubertin, architecte


ARCHITECTURE | SPÉCIAL RÉNOVATION

La circulation entre les deux niveaux de la maison se fait par un escalier intégralement coffré de bois. Depuis le rez-dechaussée où les murs de pierre et les dalles de sol évoquent un univers très minéral, cet escalier annonce l’ambiance de l’étage, où le bois prédomine.

chitecte choisit de mettre en œuvre une dalle dont les hourdis sont moulés en copeaux de bois : « Cette solution permettait de ne pas surcharger les fondations, souvent fragiles sur ce type de vieilles bâtisses en zone humide, mais aussi d’apporter du cachet en sous-face. » Enfin, en prévention d’une éventuelle inondation, l’aménagement intérieur distingue la cellule de vie principale de la famille à l’étage et réserve le rez-dechaussée aux pièces secondaires. VALORISER L’EXISTANT Le fait de consolider structure et enveloppe ayant englouti une large partie du budget, le projet se limite à quelques générosités architecturales. « On a misé sur des points précis, explique Christophe Aubertin. Le dessin de la charpente, et beaucoup de bois partout. Au sol, aux murs, dans l’escalier, mais aussi dans la cuisine avec un modèle Cuisinella que nous avons retravaillé avec un menuisier. » Des finitions simples et naturelles qui soulignent les volumes exceptionnels de la maison. Seule audace du projet, une large surface vitrée de 6 mètres de long occupe désormais la façade sud. Composé

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d’une baie vitrée de 2 mètres de haut à l’étage et d’une fente horizontale de 90 centimètres au rez-de-chaussée, ce rectangle de verre aspire le paysage à l’intérieur. « C’est la seule défiguration de la façade qu’on se soit autorisée, mais ça en valait la peine, commente l’architecte. C’est magnifique de voir le ruisseau, les arbres et la faune évoluer au fil des saisons. On redoutait un peu la surchauffe en été, mais on a mis en place des brise-soleil orientables qui fonctionnent très bien. » Situé en limite de périmètre d’un bâtiment historique, le projet fut particulièrement surveillé par les architectes des bâtiments de France en raison de la sculpturale cheminée en briques de l’ancien atelier. « Tout le monde la connaît. Il suffit de traverser le village pour l’apercevoir, alors il semblait évident de la préserver. Elle assure finalement une certaine cohérence avec le coté industriel de la baie vitrée. » Enfin si l’eau chaude sanitaire est assurée par un ballon thermodynamique, le chauffage au sol est lui alimenté par une pompe à chaleur géothermique dont les 400 mètres carrés de capteurs horizontaux sont enterrés dans une prairie qui jouxte la maison. « Nous avons essayé autant que possible


Pour donner du cachet au rez-de-chaussée, comme ici dans l’entrée de la maison, la sous-face du plancher faite d’hourdis en copeaux de bois est volontairement laissée apparente.

Élévation de la façade nord

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ARCHITECTURE | SPÉCIAL RÉNOVATION

Certaines pièces du rez-dechaussée restent à aménager, comme ici une future chambre exposée plein sud, pour le moment utilisée comme salle de jeu. En plusieurs endroits, des moellons ont été laissés en l’état, pour souligner l’histoire de la maison et cultiver son charme.

de faire des choix écologiques, et celui-ci tombait sous le sens », ajoute Christophe Aubertin. Parfaitement adaptée à son environnement, la bâtisse profite à présent d’un niveau de confort et de cohérence inédits dans son histoire. Des progrès à la mesure de la nouvelle vie qui s’offre à elle, aussi inespérée fut-elle. architectes Collectif Studiolada – Christophe Aubertin www.studiolada.fr localisation Vantoux (57) livraison 2017 bâti d’origine XVIIIe siècle études 9 mois / travaux 12 mois surface 350 m2 coût des travaux 350 000 euros HT matériaux bois (charpente) / terre cuite (tuiles) / chaux (revêtement façade) / copeaux de bois (hourdis plancher intermédiaire) / aluminium (menuiseries) / panneaux en lamellécollé de hêtre (aménagements intérieurs) fournitures brise-soleil Roma / cuisine Cuisinella voir carnet d’adresses page 174

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© DR

TROIS QUESTIONS À L’ARCHITECTE CHRISTOPHE AUBERTIN, DU COLLECTIF STUDIOLADA

Architectures À Vivre : Ce projet « a été particulièrement surveillé par les architectes des bâtiments de France ». Concrètement, comment s’est déroulée la collaboration avec l’ABF ? De manière générale, j’apprécie travailler avec les architectes des bâtiments de France : la discussion est toujours constructive car nous avons les mêmes objectifs. Si dans ce projet l’existant n’était protégé au sens strict, il avait une réelle importance pour le village : tout le monde connaissait le moulin et sa grande cheminée emblématique. Nous avons donc rencontré plusieurs fois l’ABF – toujours avec les clients qui, selon moi, doivent être associés à ces discussions et en connaitre les détails – pour définir ensemble les priorités de conservation et les libertés possibles. Ici, nous souhaitions conserver la cheminée, détruire un corps de bâtiment sans intérêt et surtout redessiner totalement la façade sud, car ce grand pignon n’offrait que deux petites fenêtres. Or, nous voulions une large ouverture, qui dialogue avec la cheminée pour affirmer un caractère à la fois industriel et rural. Selon nous, cette grande baie rétablissait un certain équilibre. Nous avons donc présenté de nombreux plans, dessins, et références de réalisations avec

des approches similaires à l’ABF qui a parfaitement compris nos intentions et soutenu notre projet. Clarté et dialogue sont essentiels ! A.À.V : Cette ancienne bâtisse que vous avez réhabilitée en maison familiale est située en zone inondable. Quelles sont vos recommandations pour une rénovation d’un bien installé sur ce type de terrain ? Le caractère inondable de la zone a été fondamental dans l’organisation des différents espaces, puisque nous avons choisi d’inverser l’organisation « traditionnelle » d’une maison en plaçant les pièces de vie principales à l’étage. Le rez-de-chaussée, lui, est réservé aux zones techniques et chambres supplémentaires. D’un point de vue technique, il peut d’ailleurs être intéressant de rehausser ce niveau bas – ainsi que le réseau électrique – et de réduire le nombre d’ouvertures ; ici, nous l’avons relevé de 30 centimètres – 1 mètre pour ce qui concerne le réseau électrique – et limité les accès à seulement deux portes, munies de glissières pour y insérer des batardeaux, comme à Venise ! Enfin, au cas où ces précautions ne suffiraient pas, choisir des matériaux inertes, comme des plaques de plâtres résistantes à l’humidité et du carrelage, permet de limiter les dégâts.

A.À.V : Ici, le chauffage au sol est assuré par une pompe à chaleur géothermique. Comment fonctionne ce procédé ? Ce système est-il adaptable à toutes les propriétés ? Nous avons choisi une géothermie à capteurs enterrés horizontaux car le contexte le permettait. En effet, ce dispositif nécessite une surface de capteurs 1,5 fois supérieure à la surface intérieure à chauffer, soit, dans notre cas, 400 mètres carrés pour enfouir nos tuyaux ! Heureusement, nous avions ici un vaste terrain disponible, libre d’arbres et de plantations. Par ailleurs, il existe d’autres variantes : l’une d’entre elle nécessite une surface moindre, grâce à des forages verticaux enfoncés jusqu’à 30 mètres de profondeur, mais elle est plus coûteuse. Autre possibilité, des forages moins profonds qui captent la chaleur de l’eau dans une nappe phréatique, mais encore faut-il en avoir une sous son terrain. Personnellement, je préfère de loin ces dispositifs aux pompes à chaleur qui captent l’énergie de l’air ambiant : en cas de mauvais fonctionnement, ces systèmes complètent par de l’énergie purement électrique. La consommation peut alors être extrêmement élevée !


ARCHITECTURE | SPÉCIAL RÉNOVATION

TOPOGRAPHIE INTÉRIEURE Au cœur de Madrid, niché dans une ancienne usine de briques, un vaste appartement a été rénové par l’agence espagnole Zooco Estudio qui a su conserver le charme brut de l’existant. Mais la prouesse des architectes réside davantage dans le jeu de contrastes insufflé par une fine structure contemporaine aux multiples reliefs. Visite d’une topographie intérieure dessinée sur mesure. texte laurie picout I photos magensubliminal

- miguel de guzmán et rocío romero



ARCHITECTURE | SPÉCIAL RÉNOVATION

Afin de libérer un maximum d’espace au sol dans le salon, les architectes ont suspendu certaines pièces : le bureau et la bibliothèque sont fixés aux voûtes en brique à l’aide d’éléments métalliques de section 8 x 8 centimètres.


La bibliothèque en mezzanine bénéficie d’une hauteur de 1,85 mètre sous plafond permettant de créer, dessous, le long d’un mur existant en brique, un coin lecture.

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adrid et ses petites rues qui ondulent, son ambiance vibrante, ses marchés fréquentés, ses bars et restaurants chaleureux. C’est pour profiter des atouts de la capitale qu’un couple décide d’acheter un vaste appartement au cœur du quartier central de La Latina. Mais avant d’y emménager, ils souhaitent engager une rénovation complète ; la bâtisse construite en 1900, qui abritait autrefois une manufacture de briques avant d’être transformée en logements, offre 3,80 mètres de hauteur sous plafond mais présente des volumes fragmentés et peu lumineux. Au cours de l’année 2017, un an après l’acquisition, le couple contacte l’agence madrilène Zooco Estudio –  sur recommandation d’amis qui ont fait appel à eux pour concevoir leur propre maison – pour rénover leurs 140 mètres carrés. La jeune agence, fondée en 2008 dans la capitale espagnole par Miguel Crespo Picot, Javier Guzmán Benito et Sixto Martín Martínez, réalise aussi bien des équipements scolaires et culturels que des

aménagements de restaurants, hôtels, boutiques et appartements. En plus de jongler avec les différentes échelles de programmes, elle s’attache à l’intemporalité de ses concepts : « Nous essayons de créer des formes simples avec des matériaux délicats pour parvenir à une esthétique intemporelle et fonctionnelle, pour des projets qui durent dans le temps. » ÉVIDER POUR MIEUX RECRÉER Dans le cadre de cette rénovation, le couple souhaite intégrer trois chambres et salles de bains en plus d’un grand salon donnant sur la cuisine. Mais plusieurs problèmes se posent : la surface au sol est trop juste pour les exigences des propriétaires et la hauteur sous plafond ne permet pas d’insérer un étage réglementaire. De plus, l’appartement s’étend sur plus de 20 mètres de profondeur depuis la façade sur rue, principale source de lumière naturelle, et de nombreuses parois fragmentent l’espace. L’agence décide donc de supprimer www.avivremagazine.fr | architectures à vivre

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Le sol de la cuisine est recouvert d’un micro-ciment très résistant alors que le plancher de la salle à manger est en pin, comme celui d’origine.

Les meubles de cuisine tout hauteur dissimulent une porte d’accès à une pièce de 3,32 mètres carrés qui peut servir de buanderie.

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toutes les cloisons pour ne conserver que l’enveloppe formée par les murs porteurs en briques et la structure du plafond composée de voûtes catalanes – technique de construction traditionnelle du XVIIe siècle. « Nous tenions à préserver la structure d’origine du logement en raison de son caractère authentique et du contraste qu’elle génère avec la nouvelle armature », explique Jorge Alonso, l’un des architectes du projet. C’est dans ce nouveau volume vide et lumineux qu’ils dessinent la structure d’un étage intermédiaire de 58 mètres carrés avec des plateaux installés à différentes hauteurs en fonction des besoins ; des vides et des parois vitrées permettent de laisser passer la lumière. Les concepteurs conservent aussi les poutres et les six poteaux en bois de pin qui traversent l’appartement formant deux travées dans le sens de la longueur. Ces éléments, vestiges de l’ancien, délimitent certains espaces du rez-de-chaussée sans nécessiter de cloison : ils distinguent par exemple physiquement la cuisine du salon tout en assurant une continuité visuelle.

STRUCTURE HABITABLE « Le plus gros défi de ce projet a été de construire une nouvelle habitation dans l’habitation existante : cela ressemble plus au processus de construction d’une maison unifamiliale qu’à une réhabilitation intérieure. C'est parce que ce projet a sa propre structure, ses façades et ses installations », poursuit Jorge Alonso. Afin de conserver la plus grande volumétrie possible, les architectes ont cherché à générer l’ossature la plus fine ; ils ont opté pour un système métallique avec poteaux et poutres carrés de 8 x 8 centimètres courant dans l’ensemble de l’appartement. Garde-corps, parois vitrées ou en bois, sols et faux plafonds s’y intègrent grâce à une épaisseur de 8 centimètres maximum. Ce gain de place a permis aux concepteurs de répondre au cahier des charges et même de proposer des espaces supplémentaires au couple : un coin détente de 8 mètres carrés niché dans le salon et sa réplique en hauteur associée à un bureau suspendu. En effet, pour éviter un trop grand nombre de poteaux dans le salon, l’agence www.avivremagazine.fr | architectures à vivre

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Les parois vitrées autour de l’escalier permettent à la deuxième chambre de profiter de la lumière naturelle, même à 15 mètres de la façade.

Axonométrie du projet

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Les 8 mètres carrés du coin détente sont recouverts de micro-ciment ; l’une des parois est constituée de fines lattes en pin de 2,22 mètres de haut.


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Avec son 1,50 mètre de hauteur sous plafond, le coin détente en mezzanine incite à la position assise ou allongée.

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NIVEAU INFÉRIEUR 1 entrée 2 coin lecture 3 salon 4 cuisine/salle à manger 5 chambre 6 salle de bains

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Un passage a été aménagé par les architectes entre la troisième chambre (1,58 mètre de hauteur sous plafond) et le plancher au-dessus de la salle de bains (1,30 mètre de hauteur sous plafond).

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NIVEAU SUPÉRIEUR 1 bureau 2 coin repos 3 chambre

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Vue sur la cuisine et le salon depuis la bibliothèque en mezzanine.

Vues de l’existant

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La bibliothèque s’étend sur plus de 5 mètres de long et se termine par un second bureau donnant sur le salon.

Détails de la mezzanine

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La chambre principale, délimitée par trois murs existants, peut être fermée grâce à une grande porte coulissante tout hauteur ; celle-ci est placée de manière à intégrer le couloir et donc l’accès à la salle de bains depuis la chambre même lorsqu’elle est fermée.


Les architectes ont opté pour le micro-ciment comme revêtement des salles de bains afin d’éviter les joints et d’offrir une bonne résistance à l’eau. Les menuiseries et le mobilier sont en pin, en accord avec le reste de l’appartement.

a décidé de fixer certains éléments au plafond : le bureau et la bibliothèque sont ainsi reliés aux parties basses des voûtes à l’aide de poteaux métalliques. BLANC, BOIS, BÉTON Le contraste entre l’enveloppe d’origine et la nouvelle structure est adouci par un choix volontairement restreint de couleurs et de matières. Le blanc recouvre ainsi à la fois les éléments métalliques de la mezzanine – structure laquée blanc de 4 millimètres d’épaisseur –, les murs de briques et les voûtes du plafond. Les parquets existants en pin ont été conservés et étendus au rez-de-chaussée comme en mezzanine. C’est la même essence de bois qui est utilisée pour les nouvelles cloisons et portes, l’escalier et même le mobilier : rangements, bibliothèque et bureaux. Certains sols et les trois salles de bains ont été réalisés en micro-ciment – revêtement de 2 millimètres d’épaisseur à base de ciment et quartz – pour des questions budgétaires, de facilité d’entretien et de contraste avec la chaleur du bois et la pureté du blanc. Peu de matériaux pour une si grande richesse d’atmosphères.

architectes Zooco Estudio – Miguel Crespo Picot, Javier Guzmán Benito et Sixto Martín Martínez www.zooco.es localisation Madrid (Espagne) livraison septembre 2018 bâti d’origine 1900 études 6 mois travaux 6 mois surface 140 m2 matériaux briques (structure) / métal (structure mezzanine) / pin (parquet, parois mezzanine et mobilier) / verre (parois mezzanine) / micro-ciment (sols et revêtements salles de bains) fournitures lampe Cesta de Miguel Milá chez Santa & Cole / chaise BKF Armchair Leather chez Isist / lampadaire Gräshoppa par Greta Magnusson Grossman chez GUBI / tables basses Eclipse par Jon Gasca chez Stua / tabourets Hee Bar Stool chez Hay voir carnet d’adresses page 174 www.avivremagazine.fr | architectures à vivre

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ENGRANGER LES VUES Au cœur du vignoble du Vaudois, le village d’Ollon s’étale sur les pentes naissantes du Chamossaire. Densément bâti, d’anciennes granges inutilisées y subsistent, parfois à l’état d’abandon. Les architectes de l’agence Savioz Fabrizzi architectes ont transformé l’une d’elles en préservant sa texture, son volume et les ouvertures existantes, pour mieux plonger et se perdre dans le paysage. texte lucie cluzan I photos thomas jantscher


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Au cœur du village, l’implantation de la maison suit la très forte déclivité du terrain. Le niveau supérieur donne, depuis la chambre, sur une petite terrasse qui ouvre sur la ruelle.

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vant que son flot n’atteigne le lac Léman, le Rhône serpente dans les vallées alpines suisses où il prend sa source. Parmi les villages situés entre fleuve et sommets, Ollon bénéficie d’une orientation à l’ouest et de la présence de Lausanne à moins de 50 kilomètres. C’est ici que la future propriétaire décide d’élire domicile, à équidistance entre sa région natale où vit sa famille, et son lieu de travail. Elle trouve dans le centre ancien du bourg une grange en moellons inutilisée depuis plusieurs dizaines d’années, qui certes, demande un peu d’imagination pour s’y voir vivre, mais dont l'inscription dans une pente à forte déclivité lui permet néanmoins de bénéficier d’une potentielle vue dégagée et imprenable. Une fois l’achat conclu, elle s’en remet à l’agence Savioz Fabrizzi architectes qui a déjà construit la maison de ses parents. Sans idée particulière sur l’organisa-

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tion des espaces ou le choix des matériaux, elle sait qu'elle souhaite une pièce de vie et une chambre, enrichie d’un bureau pouvant servir de chambre d’amis. PRÉSERVER L’HISTOIRE DE LA GRANGE Familiers des transformations d’édifices agricoles ­ – notamment celle d’une ferme en agence bancaire –, les architectes ont vite perçu qu’ici il fallait conserver l’aspect originel de la grange, toutes ses ouvertures, et faire ressortir les moellons cachés sous un enduit vieilli. Dans tous les cas, d’un point de vue administratif, « il n’était pas possible de modifier la forme du bâtiment », se souvient l’architecte Barbora Pisanova. Côté structure, seulement trois des murs épais en pierre de l’enveloppe existante peuvent être conservés et renforcés à leur sommet par un chaînage en béton. Le mur ouest, le plus


Le volume de la grange a été réduit à des lignes minimales. Le nouveau toit est dépourvu des débords caractéristiques de l’architecture alpine. Les tuiles de fibres-ciment répondent aux ardoises de la grange voisine.

La grange dans son état à l’achat. Les multiples ouvertures permettaient une ventilation naturelle de ce grenier à foin devenu remise. L’étayage de la charpente indique son mauvais état.

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La façade sud révèle le niveau inférieur semi-enterré. La fenêtre basse remplace la porte d’entrée de l’ancienne étable. Le petit chemin permet d’accéder au jardin en terrasse en contrebas.


La La façade façade ouest ouest est est la la seule seule àà avoir avoir été été totalement totalement rebâtie rebâtie en en béton béton recouvert recouvert d’un d’un parement parement en en pierres. pierres. La La pergola pergola était était auparavant auparavant un un abri abri de de jardin jardin recouvert recouvert de de tôle tôle ondulée. ondulée. Les Les murs murs de de pierres pierres sèches sèches ont ont été été simplement simplement retouchés. retouchés.

Le mur ouest est démoli. Les différents niveaux de planchers d’origine ont été conservés pour s’adapter aux ouvertures. Une dalle active dans le plancher supérieur optimise le rôle du béton : elle stocke et diffuse l’énergie thermique, chaude ou froide. Le toit est composé de modules préfabriqués comprenant trois lignes de chevrons et l’habillage intérieur.

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L’accès principal à la maison se fait côté nord, par une porte incluse dans le claustra. On perçoit ici la transparence des espaces, le rôle des lattes de mélèze qui abritent des regards sans priver de la lumière.

La porte d’entrée se fond dans l’habillage intérieur. L’ouverture de la fenêtre se fait vers l’extérieur et s’adapte à l’épaisseur du mur.

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La fenêtre couvrant toute la largeur de la façade ouest offre une vue sur les vignobles et la vallée du Rhône. Elle peut être occultée par un store. Les vitrages sont traités : le verre est trempé à l’intérieur pour éviter sa rupture en cas de bris et feuilleté à l’extérieur pour éviter la surchauffe et les chocs thermiques.

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NIVEAU SUPÉRIEUR (REZ-DE-CHAUSSÉE) 1 entrée 2 salon 3 cuisine 4 coin repas 5 salle d'eau 6 chambre 7 baignoire encastrée

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NIVEAU INFÉRIEUR 1 bureau / chambre d’amis 2 salle d'eau 3 local technique 4 rangement

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« familiers des transformations d’édifices agricoles, les architectes ont vite perçu qu’ici il fallait conserver l’aspect originel de la grange, toutes ses ouvertures. »


L’ensemble des parois intérieures et du mobilier intégré est traité en panneaux 3 plis sapin teinté. Le bloc central, qui sépare pièce de vie et chambre, contient la salle d'eau. Sa partie supérieure compose une mezzanine accessible.


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Depuis la baignoire encastrée située dans la chambre, le regard file au loin dans le paysage. La paroi de bois dissimule un placard au-dessus de l’escalier.

haut, est quant à lui détruit car en trop mauvais état et bâti à neuf sur toute sa hauteur. Réalisé en béton et recouvert des pierres d’origine, il permet la création d’une vaste baie vitrée dans la pièce de vie qui embrasse le paysage. Pour les architectes, c’est au projet de s’adapter à l’existant, et non l’inverse ; aussi, toutes les portes et fenêtres gardent leurs dimensions, embrasures et linteaux originaux. Ce qui guide la répartition des pièces et l’emplacement des planchers. Ainsi, telle porte basse ou telle fenêtre latérale permettant de ventiler naturellement la partie supérieure, comme du temps du grenier à foin, permettent de lire l’histoire de la grange et d’en deviner ses anciens usages. ESPACE ET ÉNERGIE COMPTÉS Du point de vue de l’organisation intérieure, les 84 mètres carrés que compte la maison se répartissent sur deux niveaux. Le supérieur, en rez-de-chaussée, est pensé comme un volume

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unique sous combles avec en son centre un bloc qui comprend la salle de bains et l’accès à l’escalier vers le niveau inférieur. Réalisée en panneaux 3 plis sapin doublés, cette boîte définit d’un côté la chambre principale, de l’autre la pièce de vie. Le niveau inférieur, partiellement semi-enterré, contient un bureau transformable en chambre d’amis, une salle d'eau et un local technique. Du fait que la grange ne pouvait être surélevée, le volume intérieur est compté. Aussi, les combles ne sont pas fermés et l’escalier qui relie les deux niveaux est à pas décalés, ce qui évite de perdre inutilement de la surface. Autre élément qui libère les espaces : une dalle de faible épaisseur, dite « active », qui a « l’avantage de faire gagner de l’espace lorsque l’on est limité en hauteur, comme c’est le cas ici. Toutes les couches sont comprises dans une épaisseur de 20 centimètres », décrit Barbora Pisanova. Aussi peu usité dans l’Hexagone qu’en Suisse, ce procédé qui repose sur l’inertie thermique du béton


Du fait de la différence de niveaux avec la pièce de vie, l’impact visuel du bloc central est moindre. Tous les sols sont traités en béton teinté.

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COUPE LONGITUDINALE 1 séjour / cuisine 2 chambre 3 bureau / chambre d’amis 4 local technique

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L’idée d’une baignoire encastrée dans la chambre vient des architectes. Étagères et armoires intégrées dispensent d’encombrer les espaces avec du mobilier.

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Dans la salle de douche située dans le bloc central, la paroi vitrée laisse filer la lumière naturelle apportée par la fenêtre de toit.

consiste à intégrer au centre de la dalle des tuyaux remplis d’eau qui accumulent calorie ou frigorie pour chauffer ou refroidir un espace. UNE ESTHÉTIQUE MINIMALISTE Les choix relatifs à l’aspect extérieur tendent aussi vers une lecture plus claire du volume. Le règlement communal spécifiait que la couverture devait être réalisée en « ardoise naturelle ou artificielle ». Les tuiles de fibres-ciment de 40 par 60 centimètres renforcent l’écriture contemporaine fortement marquée par le dessin du toit que les architectes métamorphosent en supprimant l’avant-toit si caractéristique des bâtiments alpins. Pour compenser l’absence de débord, des gouttières en acier recouvert d’une ferblanterie en cuivre sont placées au nu des murs. Même principe pour les claustras qui s’inscrivent dans l’épaisseur des fenêtres. Les façades sont lissées sans devenir monotones. À l’intérieur, la palette des matériaux reste réduite au sapin lasuré et au béton teinté. À la lumière naturelle

L’escalier est, de jour, éclairé naturellement par des ouvertures ménagées dans les panneaux de bois formant les cloisons. Le choix d’un escalier à pas décalés permet de dégager de la surface au sol dans le bureau.

de faire varier la perception des espaces, de générer des effets cinétiques ; pour le décor, il se déploie derrière les vitres. architectes Savioz Fabrizzi architectes localisation Ollon (Suisse) livraison 2017 études 12 mois travaux 12 mois surface 84 m2 coût des travaux 613 000 euros matériaux moellons (structure) / tuiles de fibres-ciment Eternit (couverture) / panneaux 3 plis sapin lasuré anthracite (revêtements murs et plafonds, module central) / dalle active en béton teinté (sols) / carrelage Winckelmans (salle de bains) fournitures robinetterie Hansgrohe / sanitaire Ideal Standard / réfrigérateur Liebherr / plaque de cuisson Siemens / électroménager Miele / évier Blanco Claron voir carnet d’adresses page 174 www.avivremagazine.fr | architectures à vivre

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UNE MAISON PEUT EN CACHER UNE AUTRE Dans la banlieue de Melbourne, l’architecte australien Andrew Simpson a restauré une demeure historique de la fin du XIXe siècle et l’a dotée d’extensions sculpturales pour la transformer en résidence familiale agréable à vivre au quotidien. En jouant sur des contrastes forts entre l’ancien et le contemporain, il a exploré les notions de seuils et de parcours intérieurs et extérieurs pour varier les univers et les sensations. texte raphaëlle saint-pierre I photos shannon mcgrath



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La demeure d’origine en briques date de 1888. Typique du style Boom, elle est répertoriée comme un élément remarquable du patrimoine victorien. Elle possède deux corps de bâtiments anciens supplémentaires, un sur le côté caché par les cyprès, et un à l’arrière de la maison.


La décoratrice Simone Haag a travaillé sur le choix des coloris et du mobilier de la maison XIXe. Dans le salon de réception, un fauteuil Glove-Up de Patricia Urquiola et une table basse Tama de Walter Knoll.

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arrie et Josh vivaient avec leur fils dans le quartier de Fitzroy North, dans la banlieue de Melbourne. Un jour de 2014, ils découvrent qu’une fascinante demeure située dans une rue voisine va être vendue aux enchères. Répertoriée par le Victorian Heritage Council, cette maison qui porte le nom d’Hatherlie a été construite en 1888 pour le financier Samuel Lazarus. Figure historique en Australie, il est connu pour avoir tenu un journal de la rébellion des mineurs d’or d’Eurêka en 1854 et avoir été juré au procès de l’icône populaire Ned Kelly en 1880. Avec ses façades ornées de motifs en briques polychromes et ses garde-corps dentelés en fonte, la bâtisse est richement décorée dans le style Boom, reflet architectural de la prospérité économique née avec la ruée vers l’or.

Le petit salon de télévision est séparé de la salle à manger par une cloison italienne vintage. Canapés Togo de Michel Ducaroy chez Ligne Roset.

LA TOSCANE EN AUSTRALIE Flanquée d’un petit pavillon également en briques, Hatherlie dissimule aux passants une aile arrière, une extension en fibrociment des années 1950, une piscine et des écuries accessibles par une autre rue. Très profonde et tout en longueur, la parcelle de 570 mètres carrés est clôturée par de hauts murs. Avant même la vente, le couple s’adresse à Andrew Simpson, qui leur a été recommandé par un ami, pour valider la possibilité de créer de nouveaux espaces plus en phase avec leur mode de vie. « La configuration inhabituelle des lieux nous a immédiatement poussés à demander à nos clients ce qui les avait attirés ici », raconte l’architecte. Carrie et Josh lui révèlent que par bien des aspects – son emplacement au sommet d’une colline, les cyprès qui se dressent à ses côtés, www.avivremagazine.fr | architectures à vivre

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« notre intervention repose sur un travail fin autour de la géométrie permettant de créer des expériences spatiales variées, d’expansion et de contraction horizontale et verticale, qui s’adaptent au contexte patrimonial. » Andrew Simpson, architecte

La salle à manger de réception vue depuis le coin télévision. Les teintes sombres accusent l’esprit victorien. À gauche, la pièce donne sur le patio et son bassin. À droite, côté rue, elle ouvre sur le salon d’apparat. Table Clay de Marc Krusin chez Desalto.



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L’aile arrière, visible depuis la maison victorienne, a été transformée dans un style contemporain par Andrew Simpson qui a accentué le contraste entre des espaces formels et sombres et d’autres libres et lumineux.


Une partie de l’extension vient s’accrocher sur l’aile arrière de la maison, permettant de créer une seconde salle à manger face à la cuisine ainsi qu’un bureau et un balcon à l’étage.

La cuisine ouverte en cèdre a été aménagée dans l’aile arrière de la maison d’origine. Le plan de travail et la crédence sont en béton coulé sur place.

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R+1 1 chambre 2 salle de bains 3 couloir 4 dressing 5 chambre des invités 6 salle de bains des invités

REZ-DE-CHAUSSÉE 1 entrée 2 salon 3 salle à manger 4 salon de télévision 5 cave à vin 6 cuisine 7 séjour 8 terrasse 9 garage

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la cour centrale avec un bassin – cette maison leur rappelle les villas italiennes du XVe siècle et plus particulièrement de la Toscane où ils se sont mariés. « Notre intervention s’est donc focalisée sur ces caractéristiques avec en arrière-plan la référence à l’ouvrage d’Alberti, L’Art d’édifier, dans lequel il décrit l’importance d’une approche holistique du paysage et de l’architecture », détaille Andrew Simpson.

Le nouveau living-room est surélevé sur une plateforme.

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DE L’OBSCURITÉ À LA LUMIÈRE L’architecte commence par faire démolir ce qui n’est pas d’origine. Il transforme une partie de la piscine en cuve de récupération des eaux de pluie et remplit le reste de terre pour planter un lilas des Indes dans le patio autour duquel tout s’articule. Il aménage en garage le niveau bas du pavillon des écuries et son étage en appartement d’amis, accessible depuis le jardin par un escalier en colimaçon. Pour restaurer la maison du XIXe siècle, Andrew Simpson s’associe à la décoratrice Simone Haag qui propose de peindre les pièces dans une palette de tons gris évoquant l’atmosphère victorienne. Le contraste apparaît d’autant plus fort entre les surfaces


L’eau du bassin coupe le pont thermique entre le patio et l’intérieur et rafraîchit naturellement par évaporation le living-room et la salle à manger. Un passage vitré relie les deux extensions bardées de frêne brûlé selon la technique japonaise du Yakisugi.


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La paysagiste Renata Fairhall a imaginé une succession de petites terrasses et de cheminements floutant les frontières entre dedans et dehors.

sombres anciennes et les contemporaines, aménagées avec du cèdre et du chêne. « La restauration et l’extension sont conçues de manière à créer un équilibre entre diverses expériences qui permettent de profiter de la maison au fil de la journée et des saisons. Alors que la bâtisse principale sur rue offre un espace majestueux, feutré et replié sur lui-même, l’arrière est tourné sur l’extérieur et baigné de lumière naturelle. » BOUCLIER THERMIQUE L’agence ajoute 44 mètres carrés habitables dans deux volumes sculpturaux élevés avec une ossature bois et bardés de frêne brûlé, selon la technique ancestrale japonaise du Yakisugi qui favorise une plus longue conservation dans le temps en évitant les traitements chimiques. « Notre intervention repose sur un travail fin autour de la géométrie permettant de créer des expériences spatiales variées, d’expansion et de contraction horizontale et verticale, qui s’adaptent au contexte patrimonial », explique Andrew Simpson. Le premier

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volume, cerné par un étroit bassin, prend l’allure d’une protubérance greffée sur l’aile arrière de la maison d’origine. Plié tel un origami, il offre de l’ampleur à la nouvelle salle à manger et ménage à l’étage, dans le prolongement de la chambre des parents, un petit bureau et un balcon protégé des regards. Il fait également office de bouclier thermique devant la façade nord qui avait d’importants problèmes d’isolation. Un passage en verre relie les deux extensions. « Le profil du nouveau salon reproduit en miroir celui du toit de la façade sur rue. Érigé sur une plateforme symbolisant une colline, il offre aux habitants des perspectives sur le jardin tout en soulignant les caractéristiques de la maison originelle. » Ce volume intrigant se redresse au sud pour former un puits de lumière triangulaire qui favorise la ventilation naturelle en engendrant un tirage thermique. Tandis qu’au nord, un autre puits de lumière panoramique oriente le regard vers le sommet des arbres alentours et non sur la palissade érigée face au living-room. Au-dessous, les baies vitrées coulissantes permettent d’ou-


La terrasse couverte prolonge le salon quasiment jusqu’au mur de clôture.


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« alors que la bâtisse principale sur rue offre un espace majestueux, feutré et replié sur lui-même, l’arrière est tourné sur l’extérieur et baigné de lumière naturelle. » Andrew Simpson, architecte

Les baies vitrées du salon s’ouvrent entièrement pour abolir la séparation entre l’intérieur et l’extérieur de la maison. L’extension offre des espaces de détente pour la vie de famille.



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Le bois massif, juste protégé par une cire naturelle, crée une atmosphère chaleureuse. Du cèdre couvre murs et plafonds, complété par du chêne américain au sol.

vrir entièrement le salon sur une terrasse couverte. « Nous avons travaillé avec la paysagiste Renata Fairhall pour concevoir une succession d’espaces extérieurs à mi-chemin entre architecture et jardin. Ces aménagements sont essentiels pour tricoter un lien entre le bâtiment historique et ses extensions contemporaines. » architectes Andrew Simpson Architects www.asimpson.com localisation Melbourne (Australie) livraison 2017 bâti d’origine fin XIXe siècle études 36 mois travaux 18 mois surfaces 305 m2 (existant) + 44 m2 (extension) + 23 m2 (appartement d’amis) matériaux bois (ossature extension) / frêne brûlé (bardage extension) / cèdre (revêtements intérieurs) / carreaux de

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L’ouverture triangulaire, assistée par un ventilateur, suscite un effet cheminée au sud permettant d’évacuer l’air chaud.

céramique (revêtements intérieurs) / plaques de plâtre (cloisons) / béton (plan de travail cuisine et crédence) / chêne massif américain (sols) / pierre (sols) fournitures suspensions Nolan Pendant et Wahlburg Chandelier chez Arteriors / four Aga / hotte de cuisine Qasair / lave-vaisselle Miele / réfrigérateur Fisher & Paykel / mitigeurs Zucchetti / toilette Duravit / pommeau de douche Hansgrohe / grille de douche Stormtech / baignoire Kaldewei / canapés Togo de Michel Ducaroy chez Ligne Roset et Sunny chez Jardan / fauteuil et repose-pieds Calin de Pascal Mourgue chez Ligne Roset / fauteuil Glove-Up de Patricia Urquiola chez Molteni&C / lampadaire Palo de Michael Raasch chez e15 / chaises Utility Armchair U et table Utility Dining Table chez Stellar Works / table Clay de Marc Krusin chez Desalto / tables basses Kangourou Coffee Table chez Gubi et Tama de Walter Knoll voir carnet d’adresses page 174


À gauche du salon, un passage étroit a été ménagé pour permettre aux amis d’accéder directement dans le sas entre la cuisine et le salon.


S'ÉQUIPER | PRODUITS

COULEURS ET REVÊTEMENTS DÉCORATIFS La couleur fait un retour fracassant dans les intérieurs, le papier peint trouve une nouvelle jeunesse, et les fabricants rivalisent d’ingéniosité pour mettre au point des solutions toujours plus performantes et décoratives. Faciliter la pose, offrir des produits résistant à toutes les situations ou encore dépolluer l’air intérieur : autant de qualités aujourd’hui généralisées chez les industriels. Sans oublier les propositions modulaires qui permettent de combiner les éléments pour des décors toujours plus personnalisés. Dans le secteur de la céramique, le joint, disponible dans des nuanciers toujours plus étendus joue même désormais un rôle incontournable, au sol comme au mur. Sélection non exhaustive pour trouver l’inspiration !

© Pierrick Verny

sélection maëlle campagnoli


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1. Caraïbes, nuit Papier peint intissé haut de gamme, conçu et fabriqué en France, imprimé avec des encres sans solvant, labellisé Greenguard, et classé feu M1, issu de la collection Tropiques (Le presse papier). Disponible en finition texturée aspect lin ou lisse aspect mat, lé de 3 mètres (largeur 62 centimètres). Le lé : 75 euros. le-presse-papier.fr 2. ID_Supernature et ID_Tatoo Collection de dalles de vinyle disponibles en 12 formats (lames, hexagones, chevrons, etc.), 16 coloris inspirés du bois, de la pierre et du béton, et 10 motifs tatoués, permettant de composer des sols personnalisés et ultra résistants (Tarkett). Photo : lames aspect bois finition Park Oak (20 x 122 cm) et motif Mini Grid Ton sur ton. Prix selon format et composition, sur devis. particuliers.tarkett.fr Page de gauche : Dead Flat Peinture en phase aqueuse au fini très mat (Farrow & Ball). Recommandée sur les boiseries, plâtres et surfaces métalliques, en intérieur, hors pièces humides, cette finition est disponible dans toutes les couleurs de la marque, en bidons de 0,75, 2,5 ou 5 litres. À partir de 45 euros les 75 centilitres. Photo : vert Arsenic, rose Nancy Blushes et jaune Citron mis en scène avec la lampe de table Pop Up, issue de la nouvelle collection Magic Circus Éditions. eu.farrow-ball.com


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1. Conscient Dalles de moquettes en velours tufté structuré bouclé, rasé, composé de fibres polyamide teintes dans la masse, dont 62,5 % sont issues du recyclage (Interface). Classement émissions dans l’air ambiant : A +. Dimensions dalles : 50 x 50 cm. À partir de 70 euros le mètre carré fourni posé. www.interface.com 2. Cava Mosaico Déclinaison mosaïque de la collection Cava, composée d’un triangle et d’un trapèze, disponible dans une gamme de six coloris (Living Ceramics). Ici, le joint, disponible dans une gamme de 18 coloris, crée le décor. Grès cérame pleine masse, 5 compositions de motifs sur filets de 30 x 30 cm. Photo : motif D, mosaïque coloris Black et joint Crocus Blue. Design : Lucidi Pevere. À partir de 42 euros le filet de 30 x 30 cm. www.livingceramics.com 3. D09 Parquet issu de la collection 5 Millimètres, contrecollé avec parement chêne de 2,5 mm, sur support contreplaqué de bouleau (Itlas). Pose collée, sur carrelage, béton, Placoplâtre et bois brut. Disponible dans dix finitions à base d’eau. Dimensions planches : 11-13 x 50-150 cm, ép. : 5 mm. À partir de 90,50 euros le mètre carré. www.itlas.com 4. Jointed Collection de carreaux de mosaïque en verre cathédrale de 5 x 5 cm, gravé de 5 motifs géométriques différents jouant avec l’idée de joint, permettant de composer une large variété de décors muraux (Mosaico +). Disponible dans trois coloris neutres (gris, noir bleuté et marron). Disponible prochainement. Prix sur demande. mosaicopiu.it

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1. Dalle de Versailles Panneau de parquet carré composé de lames diagonales et entrelacées, disponible en massif ou contrecollé (CarréSol). Un service sur-mesure permet d’incruster d’autres matières (grès cérame, terrazzo, marbre, etc.) dans le panneau pour des sols personnalisés. Photo : dalle de Versailles en chêne massif finition Brut, dimensions : 98 x 98 cm, épaisseur : 2 cm. 154,80 euros TTC le mètre carré. www.carresol-parquet.com 2. 108® La sélection Collection de 108 teintes contemporaines de peintures intérieures, disponible dans de nombreuses finitions de la gamme Sigma, dont un mat poudré (Sigma Coatings). Photo : bleu 108056 finition Sigmalak. Prix public indicatif : 33,19 euros le litre. sigmacoatings.fr

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1. Un toque de oro Revêtement mural panoramique en vinyle gaufré aspect paille sur support intissé issu de la collection Formentera (Elitis). Jeu de paille en soubassement. Panoramique complet de 2,8 x 3 m, composé de quatre lés de 70 centimètres de large et 3 mètres de longueur. Prix sur demande. www.elitis.fr 2. Fine detail Collection de moquette incorporant des fils métallisés dans son tissage afin d’apporter des reflets or, argent rose gold ou cuivre au sol (Miliken). Socle acoustique en polyuréthane recyclé et fils Econyl® utilisés pour le tissage. Photo : modèle Stitchwork, finition Burnished Copper. Prix sur demande. www.milliken.com

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1. Graph Collection de carreaux en grès cérame pleine masse rectifiés, émaillés unis et texturés, résistant au gel (Vogue Ceramica). Disponible en trois formats (50 x 50, 25 x 25 et 10 x 25 cm), dans une gamme de 14 coloris neutres, 12 couleurs vives et 3 bases teintées masse rouge, bleu, et verte. Épaisseur 1 cm. Prix sur demande. www.vogueceramique.fr 2. Warm collection Solution complète de revêtement sols et murs composée de ciments résinés pour les sols, de micro-résines et peintures pour les murs, de parquet, et de plinthes invisibles afin de réaliser des ensembles continus (Kerakoll design house). Photo : Patina WR02 au mur, un enduit naturel, effet vieilli, perspirant, bactériostatique et fongistatique et Legno+Color Naturel Large WR00 au sol, une surface continue composée de trois couches d’éléments en bois décorés et protégés durant la pose. Sur-mesure, prix selon projet. kerakolldesignhouse.com

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1. Yves Klein® Peinture inspirée de l’International Klein Blue (IKB), disponible en deux finitions optimisées et exclusives : Mat profond et Mat velouté (Ressource). À appliquer sur la sous-couche spécialement développée pour la couleur. 32,50 euros la sous-couche d’un litre, et 50 euros le litre de peinture. ressource-peintures.com 2. Timber Revêtement mural en marqueterie de feuilles de bois de paulownia sur support intissé (Arte). Résistant à la lumière et légèrement lessivable. Largeur : 91,44 cm, livrable au découpage. Prix sur devis. www.arte-international.com 3. Bolefloor Parquet à courbure suivant la croissance naturelle de l’arbre, clipsable, disponible dans deux épaisseurs : 20 ou 17 mm (Bole). Cinq coloris disponibles (chêne, châtaignier, cerisier, frêne ou thermo-frêne) et trois qualités laissant apparaître plus ou moins de nœuds dans le bois (Select, Naturel ou Rustique). Photo : chêne rustique. Prix selon options et dimensions. www.bole.eu

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© G. Gleize (photo) – G. Jauffet (stylisme)

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1. Grafiche Natalia Dalle de bois pré-fini pour revêtement de sols et murs, avec motif géométrique imprimé, issue de la collection Giopagani (Giacobazzi Legno). Couche de chêne massif sur support en contreplaqué. Dimensions de la dalle : 60 x 60 cm, épaisseur dalle mur : 11,9 mm, épaisseur dalle sol : 14 mm. À partir de 247 euros HT le mètre carré. www.giacobazzilegno.it

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1. GlamMetal™ Revêtement mural à effet métallisé et au touché soyeux, obtenu à partir de la combinaison d’un métal lamellé combiné à un intissé effet textile (Glamora). Peut s’appliquer en rénovation sur les murs existants, comme du papier peint standard, ainsi que sur les plafonds. Photo : modèle Ribbon, collection IX. Lés de 68 cm de large, longueur à la demande. 150 euros HT le mètre carré. www.glamora.it 2. Elyopur Gamme de laques dépolluantes pour murs et boiseries disponible en finition mate et satinée, dans tous les coloris de la gamme Chromatic® (Seigneurie). Taux de COV inférieur à un gramme par litre. À partir de 28,67 euros le litre. www.seigneurie.com 3. Prestige clair Parquet chêne contrecollé XXL avec une couche de cinq millimètres de bois noble (Décoplus Parquets). Compatible sol chauffant. Dimensions : 28-30 x 180-390 cm, ép. : 19 mm. 184 euros HT le mètre carré. www.decoplus-parquet.com 4. Miel ambré Couleur de l’année Dulux Valentine, à combiner avec celles du nuancier existant, et disponible dans de nombreuses finitions et produits de la gamme de peintures et laques de la marque (Dulux Valentine). Photo : Miel ambré, Bouton de rose et Galet. www.duluxvalentine.com

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1. Les nouveaux neutres Nouveau nuancier de vingt tons neutres dégradés, travaillés comme des variations autour des couleurs phares de la marque, et déclinés en quatre familles (Mercadier). Photo : gris Solimões 01, issu de la famille des tons clair à moyen froid avec une pointe de terre d’ombre. www.mercadier.fr 2. Vert d’Ô Nouvelle teinte de la gamme de peinture Flamant by Tollens. Disponible en trois finitions : Wall Matt, Lack Matt ou Wall & Wood Satin (boiseries et pièces humides), la peinture est dépolluante, grâce la technologie Air Care mise au point par Tollens, qui capture les particules nocives présentes dans l’air intérieur. À appliquer sur la couche d’impression Wall Primer pour une qualité de finition optimale. 80 euros les 2,5 litres (Wall Matt), 43,30 euros le litre (Lack Matt), 40 euros le litre (Wall & Wood Satin) et 64 euros les 2,5 litres (Wall primer). tollens.com 3. Desert 50 LVP 8057 HB Sol vinyle contrecollé 100 % hydrophobe, issu de la gamme The Naturals, en pose cliquée à bâtons rompus, avec base en liège et couche de finition anti UV acrylique (Core tech®). Pose sans sous-couche, compatible chauffage au sol. Dimension de la planche : © Logan Nolin

68 x 11 cm, ép. 8 mm. 63,95 TTC le mètre carré. www.coretechfloors.eu 4. Corkessence Revêtement de sol en liège avec sous-couche intégrée (Wicanders). Composition de la lame : sous-couche en liège aggloméré, panneau d’HDF, couche de liège aggloméré, puis placage liège et vernis protecteur. Photo : finition Linn Blush. Dimensions dalles : 60,5 x 44,5 cm, ép. 1,05 cm. Prix sur devis. www.wicanders.com

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1. Skyline Mosaïque 3D en ardoise dont le relief est issu de la combinaison de fines bandes de matière (Porcelanosa). Disponible également en motif linéaire ou carré, pose murale sans joint, indoor et outdoor. Formats 30 x 31 cm (en plaque) ou 2 x 3,5 cm (bande d’ardoise). 92,96 euros le mètre carré. Porcelanosa est membre du groupement Tile of Spain. www.porcelanosa.com 2. Villa La Madonna Collection de tapis en vinyle, coton et polyester, ganse en alcantara et sous couche en vinyle (Bolon). Photo : coloris Smoke, dimensions 200 x 300 cm. Tarif anniversaire pour les 70 ans de la marque : 2 800 euros TTC. www.bolon.com

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1. Concreto Slimtech Revêtement en céramique XXL, extra fin et léger pour sols, murs ou aménagements sur-mesure, effet béton (Lea Ceramiche). Disponible dans une gamme de cinq couleurs et quatre finitions texturées. Dimensions : 120 x 160 cm, ép. : 6 mm. Design Fabio Novembre. Prix sur devis. www.ceramichelea.com

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À DÉCOUVRIR | À LIRE

AFTER PARTY

© François Prost , Headbangers Publishing / © éditions Lannou / © éditions Taschen

« Le Palace », « le Paradise », « le Calypso »… Évocateurs des soirées endiablées de l’adolescence, synonymes de mille et une anecdotes nocturnes, ces noms peuvent aussi être associés aux voyages en voiture le long des routes départementales françaises, entre zones commerciales et parkings déserts. C’est ainsi, lors d’une balade à vélo aux portes de Paris, que François Prost commence son pèlerinage ; il sillonne ensuite la France pendant sept ans pour photographier les façades de ces temples de la nuit de manière frontale et méthodique. Regroupés dans un ouvrage de 300 pages, les clichés rendent comptent de la singularité de ces bâtisses dans la ville et de leurs similitudes ; toutes – sans exception – sont dotées de « palmiers, îles paradisiaques, étoiles, colonnades gréco-romaines » décoratifs. Sans jamais se moquer, cet ouvrage révèle l’originalité de ces lieux jusqu’à en célébrer la beauté, en témoigne l’architecte Benjamin Laforre dans son édito : « l’enseigne du Macumba m’anime autant qu’un arc boutant de Notre Dame ! » Attention, édition limitée à 1000 exemplaires ! François Prost, Headbangers Publishing, édition bilingue anglais et français, 2018, 300 pages, 21 x 26 cm, 45 euros

THINK NEW MODERN Quatrième volet de la collection « Think » après Vintage, Rural et Eclectic, cet ouvrage de plus de 200 pages rassemble une sélection d’intérieurs qui correspondent, d’après son auteur, à la « mouvance New Modern ». Comprenez : le retour du style moderne du XXe siècle, le revival de la vague Bauhaus, le regain d’intérêt pour le travail des grands maîtres comme Le Corbusier ou Mies van der Rohe… Tout en contrastes, les vingt projets présentés ici misent sur des matières nobles, des textures brutes et des teintes neutres. De quoi inspirer n’importe quel passionné ! Piet Swimberghe et Jan Verlinde, éditions Lannoo, édition multilingue anglais, néerlandais et français, octobre 2018, 208 pages, 29 x 23 cm, 39,99 euros

HOMES FOR OUR TIME Au détour d’une balade, il arrive de croiser une demeure somptueuse, une cabane discrète ou un immeuble original. Des réalisations qu’il est rare, si ce n’est impossible, de visiter. Avec ce livre, Philip Jodidio, assouvit notre désir de découverte et nous livre la crème des maisons contemporaines. Ce recueil très complet, richement documenté et élégamment illustré, propose un tour du monde des réalisations d’architectes célèbres ou moins connus, du japonais Shigeru Ban aux français Nicola et Adelaïde Marchi. Ou comment rêver, au fil des pages, d’une nage dans la piscine de la Domus Aurea au Mexique, d’une retraite en forêt dans le Black Cottage en Corée du Sud ou d’une soirée sur le rooftop de la Red House en Nouvelle Zélande… Philip Jodidio, éditions Taschen, édition multilingue allemand, anglais et français, janvier 2019, 456 pages, 24,6 x 37,2 cm, 50 euros

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À DÉCOUVRIR | À LIRE

BAUHAUS

ANIMOTECTURE DESIGN POUR ANIMAUX DOMESTIQUES Si « Teddy est un chien heureux » depuis que sa maison a été agrandie par l’architecte Ben Callery*, tous nos compagnons à quatre pattes – ou à bec et plumes – n’ont pas cette chance. Pour eux, les éditions Phaidon proposent Animotecture, une anthologie réalisée par Tom Wainwright des meilleurs projets de design… pour animaux domestiques ! Canapés-niches, bureaux-arbres à chats, volière-table basse ; les bonnes idées ne manquent pas pour allier le confort de Bubulle, Moutache ou Médor, au nôtre. En bref, un ouvrage qui a du chien. Tom Wainwright, éditions Phaidon, 2018, 288

Avant d’être un courant, le Bauhaus était une école, fondée en 1919 – il y a pile 100 ans –, par Watler Gropius, à Weimar. Malgré sa courte vie – l’école, fermée par les nazis en 1933, n’aura ouvert ses portes que pendant 14 ans – le Bauhaus, dont le grand Mies van der Rohe fut le dernier directeur, a bouleversé plusieurs disciplines artistiques, en particulier l’architecture et le design. À l’occasion de ce centenaire, Taschen réédite son ouvrage dédié, qui plus est au petit prix de 40 euros. Une occasion à ne pas manquer, d’autant que l’édition originale s’est enrichie nombreuses photographies inédites. Un beau cadeau d’anniversaire, en somme. Magdalena Droste, éditions Taschen, février 2019, 400 pages, 25 x 34 cm, 40 euros

pages, 12,4 x 18,4 cm, 19,95 euros

LES ARCHIVES DE LA NASA 60 ANS DANS L’ESPACE Vitesse Lumière ! Avec cet ouvrage inédit, les éditions Taschen nous embarquent pour un voyage dans l’espace. Si Han Solo et son Faucon Millenium manquent à l’appel, l’expédition vaut quand même le coup, présentant l’histoire de la National Aeronautics and Space Administration, plus connue sous l’acronyme NASA. Au fil des 468 pages que compte ce livre, les images fusent : plus de 400 photographies et schémas racontent ainsi les grands programmes de la célèbre entreprise, des missions Apollo au télescope spatial Hubble et ses sublimes prises de vues étoilées. Vers l’infini et au-delà ! Piers Bizony, Andrew Chaikin et Roger Launius, éditions Taschen, édition multilingue (anglais avec livret de traduction en allemand et français), mars 2019, 468 pages, 33 x 33cm, 100 euros

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© éditions Taschen / © éditions Phaidon

* Voir reportage pages 58-69.


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À DÉCOUVRIR | À LIRE

DES BOUQUETS TOUTE L’ANNEE

MON BALCON EN PERMACULTURE Si la permaculture est à la mode, ce livre ravira les urbains qui, s’ils entendent parler de la technique, ne pensent pas forcément qu’elle peut aussi s’adresser à eux. L’ouvrage présente en effet l’exemple d’un balcon de 10 mètres carrés, celui de l’ingénieur Hervé Chabert : du choix du terreau à celle des plantes, celui-ci vous explique comment transformer un milieu à première vue hostile aux cultures, sans sol et exposé au vent, en petit potager productif… et accueillant aux butineurs ! Avec quelques techniques clefs précisément détaillées – thé de compost, seau Bokashi – des pages utiles pour débuter, et réussir, enfin, sa première récolte de tomates en plein Paris... Hervé Chabert, éditions Terre vivante, collection Facile et bio, février 2019, 120 pages, 21 x 21 cm, 14 euros

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© éditions Alternatives / © éditions Terre vivante / © éditions E/P/A

GREEN ART LA NATURE, MILIEU ET MATIÈRE DE CRÉATION Ils peignent de noirs retables sur des bottes de paille ou érigent d’évanescentes portes en branchages. Réunis sous la mouvance Green art, les 25 plasticiens présents dans cet ouvrage ont surtout l’art de faire s’écarquiller les mirettes. Foisonnante et éclectique, cette sélection s’inscrit dans la lignée du land art des années 1960 et du sculpteur Robert Smithson qui, en tordant sa spirale Jetty sur les bords du Grand lac salé, ouvrait la voie à des œuvres hors les murs. Le point commun de ces artistes inclassables : s’exprimer à l’air libre. Du belge Geoffroy Mottart qui cout ses postiches fleuries sur les statues de Bruxelles, à l’indien Tyler, dont les oiseaux volent sur les ombres des arbres de Mumbai, que c’est beau à voir… Linda Mestaoui, éditions Alternatives, octobre 2018, 240 pages, 21 x 28 cm, 35 euros

Quelle merveille que ce livre, coécrit par un amoureux des fleurs, Stéphane Pannetier, et la journaliste Dany Sautot. Des fleurs grappillées dans les plates-bandes du jardin de la Maubrairie dans le Cotentin, mais aussi dans les chemins creux, sur les bords des routes, dans les champs pour composer de voluptueux bouquets… en toute saison. Une invitation à glaner, au printemps, les premières feuilles du marronnier, en été, les épis de graminée, en automne, la grappe de raisin qui déborde d’une vigne, en hiver, les baies rouges du houx ou du cynorhodon. Pour les débutants, des pas à pas expliquent comment arriver à ces arrangements floraux généreux, comme « l’Odyssée de l’espace », avec des têtes de cardon aux allures d’astéroïdes ou « Bollywood Beauty » qui mêle l’orange des amours en cage au rose flashy des fleurs de nérine… Stéphane Pennetier, Dany Sautot, Stéphane Marie, Pascaline Noack, éditions E/P/A, novembre 2018, 240 pages, 19,5 x 25 cm, 29,90 euros


9ee Forum International Bois Construction 9 Forum International Bois Construction 3 avril 2019 3 avril 2019 Campus Bois ENSTIB à Epinal Campus Bois ENSTIB à Epinal 4 et 5 avril 2019 4 et 5 avril 2019 Palais des Congrès Centre Prouvé à Nancy Palais des Congrès Centre Prouvé à Nancy

www.nvbcom.fr ou www.forum-boisconstruction.com www.nvbcom.fr ou www.forum-boisconstruction.com Nicole Valkyser Bergmann Nicole Valkyser Bergmann + 33 6 85 41 96 91, nicole@nvbcom.fr, info@forum-boisconstruction.com + 33 6 85 41 96 91, nicole@nvbcom.fr, info@forum-boisconstruction.com


À DÉCOUVRIR | PORTFOLIO

LE GRAFF EN FRICHE Vingt-six artistes, un photographe : dans Wastelands, friches et graffitis se découvrent sous l’objectif de Jonk. De A à Z, de l’Allemagne à la Roumanie, une explosion de couleurs à l’épreuve du no man’s land, entre nature et usure de l’architecture.

© Ai Qing

texte charlotte fauve I photos jonk


Usine, Belgique, 2017. Le streetartiste belge Roa a grandi à Gand, en Belgique, dans un monastère médiéval, en partie résidentiel, en partie abandonné. Il fait donc très tôt l’expérience de la friche, où il commence à peindre dès l’adolescence.


À DÉCOUVRIR | PORTFOLIO

Entrepôt d’armes nucléaires, Allemagne, 2015. L’artiste allemand Plotbot Ken peint les friches depuis 2011. Ses œuvres y vivent au fil des saisons, se recouvrant de rouille ou de mousse.

J

onathan Gimenez, alias Jonk, est chasseur de friches. Il photographie les espaces délaissés, les hôtels miteux, les usines rouillées, où la nature reprend ses droits et déborde du cadre. Son appareil photo y saisit la poésie brute et déglinguée de lieux déserts, où parfois la magie surgit au gré de rencontres de hasard : au bas d’un escalier, un ange tend sa canne à pêche sur une mer de béton sale. Sur une autre image, un poulpe étire ses longs tentacules jusqu’à un tuyau de climatisation, là-bas, tout au bout d’une salle immense. Des apparitions, non, des tags, des inscriptions, des graffs par milliers, « la plupart inutiles, rarement sublimes », explique le photographe, qui préfère saluer les chefs-d’œuvre cachés à travers un abécédaire : Wastelands, publié aux éditions Alternatives. Vingt-six artistes, donc, tous pays et toutes techniques confondus ; « de la bombe, mais aussi du collage, du lettrage », pour un ouvrage grand public qui rapproche deux mondes ne se fréquentant qu’à contrecœur : les amateurs d’Urbex – explorateurs de sites à l’abandon – et les graffeurs. Car si tous partagent la même addiction pour la ruine vierge, les uns se contentent du plaisir de la découverte… tandis que

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les seconds dégainent le plus souvent leur bombe de peinture pour signer une façade. Ainsi, rares sont ceux qui, à l’image du street artist Ecloz, se contentent de contempler… et de refermer une porte, sans tatouer les murs d’un grand œil écarquillé – sa marque de fabrique qu’il réserve aux sites les moins délicats. Si Jonk, lui-même ancien graffeur, confesse regretter le « shoot d’adrénaline du graff, cent fois plus intense que celui de la photo », il se souvient bien de cette peur de « souiller ». « Ce sont des lieux dangereux, estime-t-il. Il y a d’abord la peur de passer à travers un plancher, de tomber sur un zoneur, de se faire attraper par un gardien, mais le graffeur est sous le coup d’une angoisse supplémentaire : il sait qu’il risque de détériorer l’endroit. » Si en troquant le spray pour l’objectif, Jonk s’est débarrassé de cette crainte pour de bon, lui échoit une autre responsabilité : celle, parfois, « de sacrifier un lieu » – autrement dit, de divulguer sa localisation à d’autres artistes. Certains des graffs de son livre sont d’ailleurs issus de cette prise de risque, à l’image du beau visage arc-en-ciel peint par le graffeur Hopare dans un château oublié, entre deux portes arrondies dévoilées par Jonk lui-même.


Hôtel, France, 2015. Le graffeur français Mouarf explique qu’il a commencé le graffiti à six ans ; des débuts précoces, pour des graffs qui reviennent aujourd’hui aux origines de la représentation, le portrait.

Plus qu’un panorama d’œuvres puissantes et de sites cachés, Wastelands est une exploration de la relation qu’entretiennent, chacun à leur manière, les artistes avec la friche : « Pour la plupart, ce sont des street artists qui travaillent d’abord dans la rue. Mais dans ces lieux abandonnés, ils trouvent autre chose, des émotions fortes, certes, mais aussi le plaisir de ne peindre que pour eux. Ce sont des œuvres plus personnelles, qui n’ont pas pour vocation d’être vues par des passants. » Journal intime ou laboratoire d’expérimentation, d’Alëxone Dizac à Zoo Project – disparu précocement cinq ans avant la sortie du livre –, Jonk leur rend à tous hommage, replaçant ces créations dans leur contexte. Ses photographies en plan large, non pas focalisées sur l’œuvre mais ouvertes sur l’environnement, révèlent ainsi le caractère de l’endroit et un peu de son histoire… L’Allemand Plotbot Ken, l’un des rares à s’être spécialisé dans ces terrains désaffectés, peuple de ses visions d’apocalypse de vieux bunkers ou d’anciens entrepôts d’armes nucléaires. Avec l’usure du béton, la mousse qui peu à peu ronge ses personnages, ses figures équipées de masque à gaz n’en paraissent que plus saisissantes. Le nor-

mand WAR! déploie quant à lui ses créatures sur des pans entiers de bâtiments, dressant par exemple un immense suricate sur des territoires en voie d’ensauvagement, ou un marabout pensif au milieu d’herbes folles. Pour Jonk, il reste un seul regret : largement partagés sur les réseaux sociaux, ces lieux dont il capture l’étrange beauté deviennent de plus en plus visités. Et recouverts de couleur, oui, mais sans respect. Des images qu’il faut savoir regarder sans chercher à percer leur mystère ?

2 LIVRES À GAGNER ! p. 176

Wastelands, l’art en friches, Jonk, éditions Alternatives, octobre 2018, 256 pages 28 x 22 cm, 30 euros

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À DÉCOUVRIR | PORTFOLIO

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Centre de télécommunications, France, 2015. Pour l’artiste français WAR!, la découverte d’une friche ouvre une parenthèse sur le monde, galerie d’art sauvage qu’il peuple de créatures surdimensionnées.

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À DÉCOUVRIR | PORTFOLIO

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Fours à chaux, France, 2017. Les insectes sont une série à part dans le travail du graffeur français Itvan Kebadian ; discrets, ils rampent sur les bâtiments délaissés comme sur une carcasse animale…

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NOUVEAUX MONDES | À DÉCOUVRIR

PRENDRE LA SCIENCE-FICTION AU SÉRIEUX LE MONDE DE YANNICK RUMPALA Quand un chercheur en science politique tire de la sciencefiction des « lignes de fuite » pour tracer des esquisses de mondes écologiques.

© Maodoltee

texte béatrice durand

Mountain view en Californie, en 2121 par Maodoltee

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À DÉCOUVRIR | NOUVEAUX MONDES

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lus que quelques mois… En novembre prochain, en Californie, des robots hyperperformants seront déclarés illégaux. Ils seront « retirés » pour avoir massacré des hommes. Que les grands angoissés se rassurent, c’est seulement le synopsis du tout premier Blade Runner sorti sur les écrans en 1982 et dont l’intrigue se déroule en 2019. Depuis le film, la silhouette de Los Angeles ne s’est pas hérissée de cheminées de raffineries de pétrole, son ciel n’est pas sillonné par des voitures-navettes et ses rues ne sont pas saturées de néons et de brumes obscures – même si l’organisation spatiale de la ville suit des logiques ségrégatives qui n’augurent pas forcément du meilleur1. Mais justement, si le scénario de Ridley Scott inspiré du roman de Philip K. Dick2 ne s’est pas déroulé exactement comme prévu, peut-être recèle-t-il de précieuses ressources pour éviter tout désastre. Telle est l’hypothèse vivifiante avancée par Yannick Rumpala dans son ouvrage Hors des décombres du monde. D’après le chercheur, découvrir si les récits de science-fiction se réalisent ou non ne représente qu’une infime partie de leur intérêt : à y regarder de plus près, ces fictions formalisent quantité de craintes et de solutions aux problèmes bien réels que nous rencontrons.

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LA FIN DES TEMPS, ET APRÈS ? Une météorite, un virus, une glaciation soudaine, une manipulation génétique incontrôlée ou une petite apocalypse nucléaire pour samedi ? La panoplie des accidents est désormais bien garnie pour animer nos soirées. Que nos yeux soient attirés par un livre ou un écran, la catastrophe s’est confortablement installée dans nos salons. Les dystopies, ces fictions à tonalité sombre, connaissent ainsi un essor massif depuis le début du nouveau millénaire. En analysant les œuvres de science-fiction, Yannick Rumpala capture l’esprit du temps qui passe. Dans les années 1950, s’épanouissent des récits plutôt confiants dans les possibilités technologiques, nourris et nourrissant des rêves d’odyssée spatiale. Mais assez vite, les futurs imaginés distordent « le grand récit du Progrès » en exhibant les conséquences impensées de la société moderne : dans les années 1970, se multiplient des utopies critiques ; dans les années 1980, émergent le cyberpunk (des univers ravagés par un développement technologique sans vergogne) et le steampunk (des univers restés aux temps des machines à vapeur), avant que les années 2000 ne voient déferler un déluge de récits mettant en spectacle rien

© SKDiz et A. Marshall

Moynaq en Ouzbékistan, en 2121 par SKDiz et A. Marshall. Après le retrait de la mer d’Aral, les habitants ont bâti une cité écotouristique, postmoderne à souhait, destinée à accueillir les voyageurs attirés par le spectacle des navires échoués dans le désert.


© Melkor3D / © E. Mendoza

Puno au Pérou, en 2121 par Melkor3D. Une colonie d’habitations en poils d’alpaga flotte au-dessus du lac Titicaca pour le préserver d’une lente disparition.

Panama City au Panama en 2121, par E. Mendoza. Le parc naturel englobe désormais la capitale, réglant le problème chronique de la pollution de l’air et de l’eau. L’électricité est tirée des arbres grâce à des capteurs de micro-énergie.

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À DÉCOUVRIR | NOUVEAUX MONDES

San Diego en Californie en 2121, par A. Marshall. L’élévation du niveau de la mer a immergé la côte californienne. Des chapelets de maisons sousmarines se substituent aux anciens quartiers terrestres.

LABORATOIRE DE FUTURS POSSIBLES Les récits d’anticipation ont le grand avantage de nous donner à voir les générations futures évoluer dans les paysages que nous leur léguerons. Ainsi envisagées, ces projections s’apparentent, selon le chercheur, à des exercices de « théorie politique appliquée ». De ce point de vue, deux traits saillants lui sautent aux yeux : tout d’abord, en dehors des collisions avec des astéroïdes, la plupart des catastrophes simulées sont d’origine humaine, et ensuite, les personnages ne cèdent pas au fatalisme mais tentent de reprendre leur destin en main – faute de quoi, les histoires manqueraient cruellement de suspense... Autrement dit, l’espoir ou la quête d’un mieux

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reste le carburant (naturel) de ces fictions, aussi tragiques soient-elles. La pénurie en eau, la sécession des riches ou la disparition du crime représentent autant d’hypothèses ou d’« expériences de pensée » d’une vie en société : les personnages expérimentent sous nos yeux des conditions de vie en commun, liées à des modes de fonctionnement énergétiques ou relationnels différents. « Si l’espèce humaine est capable de détruire la planète, est-elle aussi capable de la préserver ? », interroge le chercheur. Dans cette veine, il identifie six « lignes de fuite » susceptibles d’alimenter la réflexion collective  : « l’abstention technologique », le cantonnement volontaire aux techniques juste nécessaires ; « la frugalité autogérée », un choix de vie libertaire et coopératif ; « la sécession arcadienne », une société autonome renonçant à la croissance ; « l’abondance automatisée », une maîtrise des problèmes énergétiques par la technologie ; « le conservationnisme autoritaire », des expériences un peu radicales pointant la tendance des hommes à faire valoir leur exceptionnalité et « la spiritualité naturelle », une connexion sensible entre tous les êtres vivants, proche de l’animisme. L’ARCHITECTURE, POUR LE MEILLEUR OU POUR LE PIRE ! Dans ces histoires, les cadres bâtis sont bien plus que des dé-

© A. Marshall

moins que l’effondrement généralisé. Les catastrophes font partie du schéma narratif du genre, mais le politologue note que les issues heureuses se font tout de même plus rares dans les histoires récentes. Les personnages en proie au réchauffement climatique n’auraient désormais plus grand espoir de revoir un monde apaisé. Pour conjurer la menace et le haut risque en pessimisme définitif, un nouveau sous-genre, le solarpunk, tente depuis peu de présenter des futurs plus équitables, mâtinés de technologies solaires et de végétation luxuriante.


© Algol / © Firstear / © Algol / © A. Marshall

Le Cap en Afrique du Sud, en 2121 par Algol. Gongshan en Chine, en 2121 par Firstear. La Paz en Bolivie, en 2121 par Algol. Accra au Ghana, en 2121 par A. Marshall

cors : ils incarnent l’environnement social et politique des expériences vécues. L’architecture conjuguée au futur participe plutôt de l’artificialisation du monde. Dans le cyberpunk en particulier, les villes y sont volontiers tentaculaires, encombrées, stratifiées socialement quand elles ne sont pas parsemées d’infrastructures déglinguées. Parfois, une cabane isolée au milieu d’une forêt oubliée de la carte s’offre en lieu désirable, comme dans Oblivion – une sorte de paradis retrouvé tendant à la décroissance. Finies les cités radieuses, place à la décadence et à la seule appropriation des petits espaces délaissés… Les aliens et les robots pourraient peut-être nous aider à sortir de cette impasse collective. Selon Yannick Rumpala, l’apport essentiel de la science-fiction résiderait dans le fait d’avoir ouvert la voie à des cohabitations plus complexes, entre les (post) humains que nous sommes déjà devenus et la (post)nature, que nous avons déjà transformée. À l’heure où dans le monde « réel », de très sérieux géo-ingénieurs projettent divers stratagèmes techniques à l’échelle de la planète pour stabiliser le climat global et où de non moins sérieux bio-scientifiques envisagent de réduire la taille des humains pour qu’ils consomment moins d’énergie, les très fantaisistes auteurs de science-fiction paraissent bien avisés de tester le pire en éprouvette. Puisque les futurs sont en concurrence, nous gagnerions sûrement à

accorder davantage de considération à leurs rêves et à ceux de leurs androïdes endormis. Retrouvez un entretien avec Yannick Rumpala sur avivremagazine.fr. Mike Davies, Au-delà de Blade Runner : Los Angeles et l’imagination du désastre, Paris, éditions Allia, 2006 (version originale, 1998). 2 Le film s’inspire du roman Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? de Philip K. Dick, paru en 1968 dans sa version originale. 1

POUR EN SAVOIR PLUS Yannick Rumpala : Hors des décombres du monde. Écologie, science-fiction et éthique du futur, Ceyzérieu, Champ-Vallon, 2018 ; Développement durable et le gouvernement du changement total, Lormont, Le Bord de l’eau, 2010 ; yannickrumpala.wordpress.com Ecotopia 2121 : À quoi ressembleront les villes du monde dans un siècle ? Les illustrations de cet article sont tirées du programme Ecotopia 2121 initié par Alan Marshall, un enseignant en sciences environnementales de l’université Mahidol de Bangkok, pour célébrer le 500e anniversaire du classique Utopia, de Thomas More. Alan Marshall, Ecotopia 2121, A Vision for Our Future Green Utopia – in 100 cities, Arcade Publishing, 2016 ; www.ecotopia2121.com www.avivremagazine.fr | architectures à vivre

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CARNET | D'ADRESSES

44 Cahier design | Point de vue de designer Designer Studio Sebastian Herkner Sebastian Herkner Geleitsstraße 92 D-63067 Offenbach am Main Allemagne info@sebastianherkner.com www.sebastianherkner.com

46 Cahier design | Collab’ Designers Norbert Wangen Design Norbert Wangen Via Generale Guisan 16 6900 Lugano-Paradiso Suisse office@norbert-wangen-design.com www.norbert-wangen-design.com Lissoni Associati - Piero Lissoni Via Goito 9 20121 Milano Italie info@lissoniassociati.it www.lissoniassociati.com

58 Aménagement | Intérieur Architecte Ben Callery Architects 1 Bastings Street Northcote Vic 3070 Australie ben@bencallery.com.au www.bencallery.com.au

71 Aménagement | Pratique Architecte Casa100 Rua Doutor Antônio Bento, 746 Alto da Boa Vista São Paulo Brésil contato@casa100.com.br www.casa100.com.br

75 Aménagement | Pratique Architecte KOMBO Architectes 34, avenue Georges Clemenceau 34000 Montpellier t. 06 19 99 79 58 m.jamin@kombo-architectes.com

79 Aménagement | Pratique Paysagiste Agence Christophe Gautrand et associés 104, rue Saint-Maur 75011 Paris t. 01 82 83 15 88 www.christophe-gautrand.com

98 Architecture | Spécial rénovation Architecte Zooco Estudio Glorieta de Bilbao 1, 2ºCentro 28004 Madrid Espagne zooco@zooco.es www.zooco.es

112 Architecture | Spécial rénovation Architecte Savioz Fabrizzi Architectes Route des Ronquos 35 1950 Sion Suisse info@sf-ar.ch www.sf-ar.ch

126 Architecture | Spécial rénovation Architecte Andrew Simpson Architects 204 / 7 Smith Street Fitzroy 3065 Victoria Australie mail@asimpson.com.au www.asimpson.com.au

84 Architecture | Spécial rénovation Architecte Collectif Studiolada 12, rue Saint-Didier 54000 Nancy t. 03 83 33 92 13 contact@studiolada.fr www.studiolada.fr

À propos du carnet d’adresses Outre les références des fabricants et revendeurs des produits présentés dans ce numéro, ce carnet d’adresses compile les coordonnées des architectes et celles des entreprises et artisans ayant participé à la mise en oeuvre des maisons publiées. Pourquoi ? Par respect de leur travail et souci de rendre accessible leurs savoirfaire. Ce carnet étant transmis par les architectes et vérifié par nos soins, nous vous prions par avance de nous excuser pour les éventuels oublis qu’il pourrait occasionner.

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À VIVRE ÉDITION 34, rue Périer 92120 Montrouge t. 01 53 90 19 30 www.avivremagazine.fr président Olivier de La Chaise (olivier.delachaise@avivre.net) assistante de direction Houyame Morin-Pierre (hmorin@avivre.net) directrice des rédactions Nadège Mevel (nmevel@avivre.net) ARCHITECTURES À VIVRE RÉDACTION rédacteur en chef Mathieu Fumex (mfumex@avivre.net) directeur de la création et de la production Romuald Leblanc (rleblanc@avivre.net) conception et réalisation de la maquette Thomas Leguay (tleguay28@gmail.com) correctrices Violaine Aurias (violaine.aurias@gmail.com) Emmanuelle Josse (ejossepro@gmail.com) iconographe Évelyne Hassold (evelyne.hassold@mac.com) traitement des plans Régis Riguidel (regis@rr-a.fr) IMPRESSION Roto Smeets (Doetinchem, Pays-Bas) ONT COLLABORÉ A CE NUMÉRO journalistes Maëlle Campagnoli, Lucie Cluzan, Karl d’Anthalex, Jeanne Davin, Béatrice Durand, Charlotte Fauve, Elisabeth Károlyi, Thierry Lapiche, Nolwenn Le Bœuf, Pierre Lesieur, Laurie Picout et Raphaëlle Saint-Pierre photographes Tatjana Plitt (tatjana@tatjanaplitt.com, www.tatjanaplitt.com) Camille Sonally (contact@camillesonally.com, www.camillesonally.com) André Mortatti (andre@andremortatti.com.br, andremortatti.com.br) Hugo Hébrard (contact@hugohebrard.com, www.hugohebrard.com) Ludmilla Cerveny (contact@ludmillacerveny.com, www.ludmillacerveny.com) Imagensubliminal – Miguel de Guzmán + Rocío Romero (central@imagensubliminal.com, imagensubliminal.com) Thomas Jantscher (thomas@jantscher.ch, www.jantscher.ch) Shannon McGrath (shannon@shannonmcgrath.com, shannonmcgrath.com) REMERCIEMENTS Elena Demveg, Jean Lebadin, Jordi Patillon, Simone Chat, Nate Teyssier, Raoul Lenoir, Sophie Gallet et les éditions Alternatives PUBLICITÉ, PARTENARIATS ET COMMUNICATION direction marketing & développement Anton Keil (akeil@avivre.net) 06 26 72 28 92 Adcare 25-27, place de la Madeleine 75008 Paris Catherine-Sophie Marteau (csmarteau@adcare.fr) +33 (0)6 62 09 32 20 responsable web & data Charlotte Simoneau (charlotte@avivre.net) chef de projet Romane Courty (rcourty@avivre.net)

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JEU | CONCOURS

LA RÉDACTION VOUS FAIT GAGNER Deux exemplaires du livre Wastelands, l’art en friches

Wastelands, l’art en friches, Jonk, éditions Alternatives, octobre 2018, 256 pages 28 x 22 cm, 30 euros

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© Jonk

Quand 26 artistes – de A à Z – de la scène street et graffiti européenne parlent de leur travail dans les friches et du rapport qu’ils entretiennent avec ces lieux abandonnés. Les superbes photographies de Jonk, artiste lui-même, rendent un magnifique hommage à ces œuvres étonnantes, réalistes ou abstraites, où la nature et l’usure du temps ont toujours leur mot à dire.


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loft familial,194m2, s’organise comme une maison. Entrée privative, grand séjour, une cuisine-salle à manger et une chbre en 2 premier groupe Français r. En mezzanine, 2 chbres, SdB. UnLe bel espace en sous-sol, 2m30 de HsP, offre une 4èmespécialiste chbre avec SdE, une grande pièce amé geable. Avec Buanderie et cave. Près Ecoles, Commerces et transports. en immobilier hors M°Parmentier. normes depuis 1998 face Carrez : 146,15m2 DPE : D.

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Ce loft familial de 243m2 offre une vaste pièce de vie ouverte sur un extérieur privatif à l’abri des regards. Belle hauteur sous verrière, supports de charpente d’origine et un escalier spectaculaire. Le niveau supérieur est dédié aux 4 chambres dont une suite parentale. Un bureau ainsi qu’un garage complètent ce bien à 6 minutes de la Croix de Chavaux. Surface Carrez : 236,83. DPE : D. 1 200 000€ hors honoraires charge acquéreur : 4%

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Volumes et esprit industriel pour ce loft familial,326m2, en coeur d’îlot. Il offre une vaste pièce de vie,136m2, avec cuisine ouverte équipée, 5 chbres spacieuses dont une suite parentale ainsi qu’un remarquable toit-terasse arboré avec potager de 170m2 aux accents bucoliques et vue dégagée. A 2 pas des Lilas. Copro. sécurisée. Parking. Surface Carrez : 291,88m2. DPE : C 1 250 000€ hors honoraires charge acquéreur : 4%

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ILE SAINTECATHERINE (94)

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Conçue par Franck Salama, cette maison d’architecte de près de 550m2 au sol, offre une vaste réception, un séjour double hauteur, salle à manger, cuisine ouverte aménagée, salon tv, salle de billard, 5 chbres, dont une suite parentale, piscine intérieure, hammam, salle de sport et garage. Volume, espace, matériaux et prestations haut de gamme font de la maison Flag un bien unique. DPE : C. 910 000€ hors honoraires charge acquéreur : 5% Cette inédite maison contemporaine de 189m2 entourée de jardins, offre un bel espace de réception. Très familialle, elle bénéficie de 5 chbres, 2 SdB, cuisine, cellier et buanderie. Le sous-sol aménagé réunit un garage pour 3 véhicules, une cave à vin et un vaste espace de rangements. Environnement bucolique, plaisant et calme aux portes de Paris. Pleine prorpiété. DPE : C. 1 145 193 € hors honoraires charge acquéreur : 4%.

1 191 000 € HAI Accessible par un escalier privatif, ce «nid perché» d’environ 46m2 offre une belle pièce de vie avec cheminée, un espace nuit, un coin cuisine semi-ouverte, un espace bureau, une SdB et de nombreux rangements. Ce « cocoon » à la distribution optimisée est au calme absolu. Quartier prisé. Surface Carrez : 34,38m2. DPE :E. 450 000€ hors honoraires charge acquéreur : 4%.

PARIS 6ème

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468 000 € HAI

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68 MEUBLES MEIER – BARTENHEIM, 03 89 68 35 10 69 LE CEDRE ROUGE – LYON, 04 78 83 95 60 74 SAUREL – VEIGY-FONCENEX, 04 50 70 30 88 75 LE CEDRE ROUGE VICTORIA – PARIS, 01 42 33 71 05 75 LE CEDRE ROUGE MIROMESNIL – PARIS, 01 76 78 36 28 75 LE CEDRE ROUGE KENNEDY – PARIS, 01 76 78 36 25 76 JARDIN PASSIONS – BOIS GUILLAUME, 02 35 59 19 40 77 VERT EQUIP – BOURRON MARLOTTE, 01 64 45 64 45 78 LE CEDRE ROUGE – FEUCHEROLLES , 01 76 78 36 20 83 SIFAS – PORT COGOLIN, 04 94 56 58 66 83 SIFAS – LA GARDE TOULON, 04 94 23 91 10 85 SARL VILLA D’AZUR – LA ROCHE SUR YON, 02 51 31 06 15

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