Sang d'encre

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Ça y est, c’est décidé, j’abandonne, ma mission est terminée. Je dois vivre et laisser vivre. Je dois laisser les choses aller et qu’importe ce qui arrivera à ce pauvre homme qui a osé oser. Le premier jour de ma capitulation, je n’ai pas pu, j’ai manqué de force. Ma tête me l’ordonnait, mais mon cœur me l’interdisait. Je pensais à cet homme, à ses blessures futures et j’étais incapable de déposer les lettres. Le deuxième jour, ce fut le même scénario (pas fort pour une capitulation…). Est-ce que cela allait durer encore longtemps? Allait-il un jour trouver le courage? Avait-il la capacité de prendre ce risque, de s’affirmer? Toutes ces questions restaient sans réponses… *** Il réussit, finalement, à déposer ces lettres aux pieds de sa porte. C’était un mercredi. Il s’en souviendra toujours. Ce matin là, il faisait froid. Tellement froid que le chat de Mme Guindon n’osait même pas descendre de son perron. Il s’éloigna de l’entrée, remplit d’espoir envers l’amour qu’il avait osé avouer, à cette femme de la rue Bérard, dans ses lettres.

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