Sang d'encre - 2009

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L’homme de ma vie Cassandra Vallée Vendredi 5 décembre 2009 Je suis amoureuse! C’est définitif. Bon, cela fait déjà plusieurs années que ça dure, mais cette relation a atteint son paroxysme. Il s’appelle François. Il est grand, toujours bien habillé. Il ne serait même pas exagéré de dire qu’il a autant de style qu’un mannequin dans les magazines. Il est extrêmement beau, avec de grands yeux verts, une petite barbe et des cheveux châtain-roux. Je le trouve si parfait que je le redessine constamment dans ma tête lorsqu’il n’est pas là. Il est tout ce dont une femme pourrait rêver : drôle, attentif, patient, passionné, etc. Je déteste les gens égoïstes et fermés d’esprit. François n’est pas comme ça. Je le vois très souvent, et, pourtant, nous deux, ça dure depuis presque trois ans déjà. Je ne l’ai pas vu aujourd’hui, mais j’ai rendez-vous avec lui demain à son appartement. Je suis si impatiente! En attendant, j’écris. C’est même lui qui m’a proposé de me faire un petit journal intime afin de ne rien manquer. Il est tellement attentionné! Sinon, aujourd’hui je suis allée au travail. Je travaille au centre Bell, dans le magasin souvenir. C’est modeste, mais vraiment divertissant. Mon père et moi, lorsque j’étais petite, nous écoutions toutes les parties du Canadien ensemble. C’était devenu notre rituel. Il y a d’ailleurs une partie ce soir et je compte bien le recevoir à mon petit appartement afin que nous puissions l’écouter ensemble, comme d’habitude. Ma mère, je ne l’aime pas beaucoup. Elle et mon père sont divorcés depuis presque 10 ans maintenant et je la vois rarement. Elle se prend vraiment pour une autre et, honnêtement, elle me casse les pieds, alors c’est mieux ainsi, j’imagine. Je n’ai jamais vraiment été une fille de famille, sauf avec mon père. Bon, je vais cuisiner pour ce soir, à demain journal! Samedi 6 décembre 2009 Matin : wow! Quelle belle journée! Les Canadiens ont gagné 6 à 3 hier, mon père et moi, nous jubilions! Il est un farceur et nous parions toujours sur le pointage final; j’ai gagné hier! Il m’a donc promis qu’il me paiera une paire de billets, un jour, puisque je gagne nos paris la plupart du temps. Ce matin, j’ai dit la bonne nouvelle à mes collègues de la boutique, et ils étaient tous très excités pour moi. Les clients étaient rares, j’ai donc pu rêvasser à souhait en pensant à mon rendez-vous avec François. Qu’est-ce que je devrais porter? Ma nouvelle robe rouge? Je me maquille? Oui! Oui! J’ai si hâte de lui montrer mon journal, afin qu’il sache exactement ce que je pense de lui. C’est vrai, j’ai été célibataire presque toute ma vie. À l’adolescence, j’ai eu un seul amour, mais ce n’était pas réciproque. Il s’appelait Jean et je le désirais de tout mon être. Malheureusement, j’ai eu beau tout faire, il n’a jamais voulu de moi. J’allais souvent le voir à ses pratiques de hockey (eh oui, que voulez vous, je suis une fan finie)! Il m’appréciait beaucoup, mais il m’expliquait souvent qu’apprécier et aimer, c’était deux choses distinctes… Bref, j’ai fini par comprendre. Il y a une limite à l’amour. Il ne devait pas être ma véritable âme sœur. Le temps me l’a confirmé, car François est apparu. Je savais qu’un jour ma patience serait récompensée. Que voulez-vous, le karma a souvent raison. À plus tard, journal! Soir : je ne sais plus quoi penser… Lorsque je suis entrée chez François, il m’a dit qu’il devait me parler. Je me suis assise devant lui; il avait l’air solennel. Un mariage? Ce serait trop beau. Il m’annonce alors qu’il a un congrès pour son travail et qu’il doit s’absenter deux semaines! C’est immensément long! J’ai tellement d’amour à donner en deux semaines, voyons! Il me rassure en 89


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