Boucan 4

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Octobre 2011

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FA N Z I N E C U LT U R E L D E L A C A R A Ï B E

LO ! Les «LO» L’observatoire - Louverture Louri - Local (S. Lagrand)

Champ libre Raymond Médélice

Grave ! Danielle Lacôte Omar Richardson Marie-Hélène Cauvin Vladimir S. Charlier Rejin Leys Augustin Rojas Aurelia Walcott Atelier Aguilera Odile Muller

Lorenzo Eros & Thanatos

Loial Mi Chalè !

López

Guédon

L’histoire imaginaire d’un peintre réel par Jack Exily c  12 planches à suivre dans Boucan !

En scène !

Louiset Vivre l’habitat

Loas Collectif

Louisar L’ombre musicale

Sabas De l’Amour, du Vide et de la Création

CARIBBEAN ART GRAPHIC CARAIBE CARIBE ARTE PHOTO VIDEO LITERATURE LITTERATURE WEBZINE TYPO


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SOMMAIRE

05 • ÉDITO BOUC AN ACCUEILLE B>>ON 06 07 • LE BOUCHE À OREILLE 08 09 • CHAMP LIBRE DE L’ATELIER 10 31 • GRAVURE E AU -FORTE, AQUATINTE, MONOT YPE, X YLOGR APHIE, MIXED MEDIA 32 35 • ART DIGITAL EROS & THANATOS 36 38 • ET MAINTENANT, DANSEZ ! MI CHALÈ ! 40 43 • ESPACE EN SCÈNE 45 49 • POR TFOLIO L’AR CHITECTURE À VIVRE 50 51 • LOAS MÉDIA 52 55 • SONS MUSIQUE TR OPIC ALE ET URB AINE 56 59 • TOPOLOGIE 2 L’AMOUR, LE VIDE ET L A CRÉATION 60 • BANDE DESSINÉE HENRI GUEDON RE VISITÉ {Octobre

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Made it last

Typo-Tempête

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SIKLÒN

est une publication de l’agence 50450 Le Mesnil-Villeman 02 33 51 72 70 >> agence.siklon@gmail.com

Directeur de publication :

Cédric Francillette >> agence.siklon@gmail.com

Consulting rédactionnel : Guylaine Masini

Journalistes :

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Correcteur : A.B.

Conception graphique :

Boucan est sur

Frédérique Blaize 06 59 98 87 13 frederique.francillette@gmail.com http://www.creabook.com/bambi

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Guylaine Masini, Maxence Alavarna, Serena Laurent • Chronique : Simone Lagrand

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Régie publicitaire :

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Merci de nous contacter au : 02 33 51 72 70 ou par mail : agence.siklon@gmail.com SIKLÒN

SIKLÒN B>>On le complément multimédia du webzine « Boucan » est une publication de l’agence

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http://boucan-on.jimdo.com/ Remerciements aux artistes pour leur aimable participation

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ÉDITO

Boucan s’anime !

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Cédric Francillette

Directeur de publication

a grande nouveauté de Boucan pour cette édition numéro 4, est l’arrivée de sa page multimédia B>>On :

http://boucan-on.jimdo.com/

Amoureuse de la presse, la rédaction en connaît d’autant plus ses limites. Difficile de visionner des vidéos ou d’écouter de la musique dans un magazine… Pour pallier à ce manque, il nous a semblé évident de créer un supplément, qui permettrait aux artistes des nouveaux médias de pouvoir aussi s’exprimer. Sur la page B>>On 4, nous retrouvons les créations multimédias de deux artistes présentés dans Boucan 4, Karim Louisar et Maikel Lorenzo. Dans cette édition, nous accueillons Simone Lagrand avec sa chronique « Local », Raymond Médélice qui proposera un « champ libre », réfléxions variées sur l’art ainsi qu’une bande dessinée de Jack Exily, en douze planches à suivre dans les prochains Boucan. Suspens… Le dossier spécial gravure, permettra au lecteur d’apprécier l’impact des techniques d’impression sur le pôle caribéen. Les graveurs sont en général, des artistes discrets qui, dans la confidentialité de leur atelier, manipulent encres, acide et gouges pour enchanter le papier. Régine Louiset, Chantal Loial (compagnie Difé Kako) et Ludwin Lopez nous font partager leur passion commune pour l’espace, qu’il soit architectural, dansé ou scénographié. Nous finissons le webzine par le deuxième volet topographique de Christian Sabas, ayant pour thématique, l’amour, le vide et la création. Bonne lecture !

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BOUCHE À…

COUP DE CŒUR

L’OBSERVATOIRE DES TENDANCES

ODT à P-A-P !

(extrait) « Repliées dans les froncements des cœurs… Hantise accrochées aux valves qui pleurent Sans, sanglots san dlo, crève-cœurs… Les ombres tétanisent les corps de peur Qu’elles hantent, immiscent, enveloppent et écœurent Qu’on les ignore, qu’on les nie, qu’on les fuie… » Les ombres sont tantôt épaisses, lourdes, cotonneuses, tantôt fugaces et déliées. Elles n’apparaissent à nos yeux, ne se font jour que parce que la lumière est faite autour d’elles, parce qu’elles sont mises en relief. Nèfta Poetry jette un regard sans complaisance sur des expériences de vie et des défaillances sociétales. Des ombres du passé aux oblitérations de l’histoire, des morsures aux cœurs aux abus de pouvoir, des plaies du corps aux putrescences de l’existence… Mais toujours la lumière revient… Par la nitescence de la mémoire, les luminescences de la reconnaissance, la pétulance de la jeunesse en lien avec la famille. « Ombres » de Nèfta Poetry Éditions Persée - 2011

© S. Melyon Reinette

« Ombres »

L’observatoire des tendances (ODT) créé à Pointe-à-Pitre par Art6tem est un concept store qui explore la mode, la décoration, le « lifestyle » (accessoires et high tech) en proposant des produits originaux des caraïbes ou d’ailleurs.

A

vec la même ambition que le fameux « Colette » parisien, Mélanie Ibène propose un pôle de diffusion de produits fashion et design. Chaque marque est représentée par un ou plusieurs produits qui changent tous les trois mois. Le but est d’offrir une plateforme aux jeunes créateurs et aux petites marques pour leur permettre d’y lancer leurs créations en exclusivité ou avant-première. Le concept store affiche son attirance pour le nomadisme par l’organisation des événements « découverte » sur la Guadeloupe, la Martinique ou encore Saint-Martin. Les tendances passant inévitablement par le vintage depuis quelques temps, l’ODT teste une fois par mois une « 2nd Hand Shop » lors d’apéro-friperie. 3, centre Saint John Perse 97110 Pointe-à-Pitre

VALÉRIE LOURI

Enchantement

L’ODT facilite votre shopping en vous proposant des créations tendances dans une ambiance conviviale.

TOUSSAINT LOUVERTURE Historique…

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© Eloaprod

© V. Louri

Depuis le début de l’année 2011, Valérie Louri fait sa tournée en Amérique Latine. Après un premier album solo en 2006 « Bay lanmen » (Label Hibiscus Records), elle sort en 2009 « Fanm Lanmou », fruit d’un véritable travail d’équipe entre Valéry Denise, Mduduzi Madela et Louis-Cyril Tiquant. La particularité de Valérie est d’associer des rythmes bèlè (musiques et danses traditionnelles rurales de la Martinique) à d’autres influences caribéennes. Elle possède aussi une formation de danseuse (école Alvin Ailey et Broadway Dance Center pendant deux ans). « Famn Lanmou » - 2009 Label Yal Production

© M. Ibène

Retrouvez l’ODT sur facebook : https://www.facebook.com/ observatoire.tendances

© Eloaprod

Réalisée par Philippe Niang, cette fiction revient sur la vie du révolutionnaire haïtien Toussaint Louverture, figure emblématique de l’émancipation des Noirs au XVIIIe siècle à Haïti. Jimmy Jean-Louis incarnera le rôle principal. Ce feuilleton a pu voir le jour grâce à l’investissement d’Eloa Prod et de La Petite Reine TV. Eloa Prod accueille

bon nombre de scénaristes, techniciens, réalisateurs et comédiens issus de tous les horizons, et tente de faire se croiser des chemins entre des scénaristes expérimentés et des débutants. Sa politique est d’accueillir d’une part, des sujets sur le métissage, (mélanges de cultures, d’idées, de genres) pour mettre en valeur cette France pluriculturelle et d’autre part des sujets historiques, politiques ou « engagés ». Pour Jean-Louis Monthieux et France Zobda, les deux créateurs d’Eloa Prod, la mission de la télévision et du cinéma n’est pas seulement de divertir. Ils doivent aussi être un véhicule de réflexion et d’information… Tél. : + 33 1 58 17 50 14 www.eloaprod.tv


chetez local ! Mangez local ! Préconiser n’est pas payer, et manger local en économisant c’est la misère

totale Achetez local ! Vivez local ! Pensez local ! Dansez local… Payez local Roulez local ? Ah non ! Dans ma localité y’a tout un tas de qualité de choses mais pas d’autos préfabriquées. Pa ni loto lokal o péyi mè ni an lo tokar o piyaj J’ai cherché le mot local dans mon dico Et il m’a dit : Local = Qui appartient à un lieu, qui a rapport à un lieu. Appartenir ? À part tenir de l’importé sans obtenir un bien fondé, je ne vois pas… Pourtant, ce n’est pas que je snobe nos biens fondamentaux lotis au fondas du plus profond de notre terre locale malheureusement chloredéconée Non ! Je mange péyi, je bois péyi, je danse péyi, je vis péyi et je vois bien qu’on paye les pots cassés d’un passé et voire même d’un présent trop pillés et dévalorisés Car plutôt que faire l’éloge du lot de nos richesses à explorer Y’en a trop qui sont plutôt pour le dépaysement au carrefour des centres commerciaux si centraux qui sentent trop le biz. Et nous ? nous, on fait cheese !!! On pause pour la photo et c’est la faute à qui ? Aux tautologues vieillots du tricolore qui nous refourguent une glose qu’on avale au goulot ? À la technologie toxique, qui sait si bien chasser un naturel qui ne reviendra pas au galop ? À la délocalisation mentale ? À la mauvaise chronologie ? Au konplo nèg ki konplo chyen ? À ceux qui ont créé le concept d’île flottante.com pour sauver leur peau ? Sa ki ta nou sé pa ta yo, dit le proverbe

La conjoncture semble en avoir détourné la quote-part et en langue de chez moi ça donne : Sa ki ta nou sé an pa ta yo. Leur part, d’un gâteau explosif qu’ils dévorent en solo pendant qu’on dialogue sous l’eau et qu’on nie le néo colonialisme dorloté sous néon M’alimenter en PIL *? Ok, mais pas trop ! Because l’industrie locale n’est pas toujours localisable, ni glorieuse Pourtant, je mange local, je bois local, même si quand je bois l’eau claire de la source soi-disant, je me pose des questions Et quand le portefeuille me met des bâtons dans les roues. Je croule sous les calottes des calories calomnieuses de la malbouffe en surgelé. C’est déplorable, mais… L’orgie de kilos pleins d’colorants, de slogans et de pathologies en tous genres sous cellophane c’est le mal de mon siècle. Et les dégâts sont colossaux, surtout quand on refuse de regarder en face la topologie des dégâts et qu’on bazarde un catalogue d ’é p i s t é m o l o g i e s intello pour dire : Vive l’évolution et le progrès et le développement et les enveloppes de subventions ! Ca sonne pourtant comme la nécrologie de notre écologie Et on en trouve, des quantités de locaux motivés pour co-piloter la locomotive de cette logique lobotomisante qui mise sur l’oubli et le désamour de nousmêmes pour se gaver de la mélodie du Made in… Pourtant, d’un fond de cale avec hublot, j’entends l’horloge biologique de la terre sonner l’heure de nous-mêmes Tandis que les doutes s’agglomèrent dans ma tête parce que s’auto-suffire : je valide Mais la souffrance sous les autos : je valide pas, anh anh

On a crié : Moins de conteneurs, plus de contenu

© W. Zebina

LOcal A

CHRONIQUE

…OREILLE

Simone LAGRAND Poète paroleuse

Et dans une île où 200 000 chauffeurs en global warning dégainent leur embouteillages pour me rappeler que kolé tèt ek zépòl c’est out et que maintenant c’est pare-choc contre pare-chèque qui règne… j’ai peur On a crié an mwé dans les rues : Bésé ba… Bésé ba… Ce n’était pas une chansonnette de carnaval, non ! Et pourtant, que je me sens jouet sombre On a crié : Moins de conteneurs, plus de contenu Et pourtant, le round up continue de tondre la pelouse et le jardin local se sent bien allogène sous les allocations et les allocutions qui gouvernent les mentals ankylosés, ballotés dans un jeu de belote comico-biologique sans pied ni tête qui fait qu’un kilo de banane Martinique (tu sais, celle que rien ne peut abattre) perd la carte et revient moins cher à Château Rouge qu’à Foyal. Normal ? Local ? Et les blocages de port font toujours les mêmes blo Et les plodari pour posologie mal-finie font toujours les mêmes flop Et les colloques en tout genre s’abreuvent des mêmes monologues Et les pelotons de tête n’attendent pas les prologues Et les colonnes vertébrales se disloquent en diplomaties vaines Et pourtant… Je crois encore que mes enfants sauront différencier l’Alsace et la Lorraine du Lorrain de mon île Que les idées et les espoirs peuvent encore ravir aux étoiles leur floraison Que l’aloe vivra et verra Que les molosses aux pieds d’argile trouveront avec l’eau un logarithme qui fasse imploser les logiques en éclats de propositions et d’action Et qu’un jour la nature de ma terre explorera l’éloquence d’un effet papillon.

* PIL : Produit de l’Industrie Locale

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Le Laboratoire 1/5

De l’atelier Cette nouvelle rubrique, à retrouver dans les prochains numéros de Boucan, présente des textes et des photos inédites de l’artiste Raymond Médélice.

Né à Paris en 1956, il vit et travaille à la Martinique depuis 1979. En juin 2011, il participe à l’exposition collective « OMA Outre-Mer Art Contemporain » organisée par la Fondation Clément à l’Orangerie du Sénat (Paris).

http://youtu.be/UeA789nqns4 page facebook raymond.medelice@wanadoo.fr


© Photos et texte de l’article R. Médélice

Champ libre

La conception de l’œuvre est-elle contenue et circonscrite aux limites de l’espace de travail ? L’atelier est le lieu de production des œuvres de l’artiste. Je le v is comme un espace d’expérimentations dédié à des manipulations iconographiques, picturales et plastiques. L’emprise du lieu sur l’œuvre – facteur certain d’imprégnation – est un des thèmes centraux de la réflexion artistique. {Octobre 2011} Boucan

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DANIELLE LACÔTE

Nous naissons tous avec un don que la volonté intérieure cultive ou abandonne. L’estampe, registre essentiel de notre patrimoine graphique, nous donne un merveilleux moyen d’expression pleinement inscrit dans la modernité. L’observation minutieuse du monde et l’exaltation de l’imaginaire, Henri Colombani l’exprime dans son poème : Manière noire Elle va du noir au presque blanc Elle va du cri jusqu’au silence pour écrire l’acte grave Un chant d’amour indélébile et terrestre infiniment.

© DR

Cheminement caribéen 1972 : Diplômée de l’École

Supérieure des Arts Appliqués, professeur d’arts plastiques

2004 : Création de l’atelier de gravure en taille-douce rue Achille René Boisneuf à Pointe-à-Pitre

1978 : Diplômée de l’École

2007-2008 : Atelier de formation

2010 : Atelier pour les enfants en difficulté d’apprentissage de l’école Saturnin Jasor (Gosier)

Supérieure des Beaux-Arts de Paris

pour les plasticiens guadeloupéens

1986-2007 : Professeur d’arts plastiques en Guadeloupe

2008 : Formation des élèves de la classe préparatoire au concours de l’École des Métiers d’Art de Bergevin

2011: Atelier en partenariat avec

2007-2009 : Au service édition du centre régional de documentation pédagogique

Animation de l’atelier de gravure au collège de Petit-Bourg depuis 2000. Vit et travaille en Guadeloupe.

1993 : Premier atelier de gravure avec Lucien Léogane : formation des enseignants d’arts plastiques à la gravure

« Sans titre, épreuve d’artiste » - Eau-forte et aquatinte

danielle.lacote@laposte.net « Illustration d’un recueil de poèmes de Maïakoswki » - Bois gravé 10

2009-2010 : Atelier pour les enfants malvoyants de l’école de Mango (Gosier)

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le Musée Schœlcher et l’école Amédée Fangarol de Pointe-à-Pitre


SPÉCIAL GRAVURE

En partant de la technique de l’embossage, nous avons réalisé un livre tactile avec l’Union des Aveugles de la Guadeloupe.

« Sans titre, épreuve d’artiste » - Burin

© Photos et œuvres D. Lacôte

Atelier de Danielle Lacôte à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe)

« Sans titre, épreuve d’artiste » - Eau-forte

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ACTIVITÉS DE L’ATELIER

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« Projet Estampe » en partenariat avec le musée Victor Schœlcher La mythologie antique à travers les collections d’estampes du musée Schœlcher Les classes participant au projet découvriront la collection d’estampes du musée Schœlcher, la plus riche et la plus variée parmi les collections publiques de Guadeloupe. Au cours du projet, les élèves se familiariseront avec les différentes techniques de l’estampe à travers des exemples issus de la collection du musée. Chaque élève concevra ensuite sa propre estampe autour d’un thème emprunté à la mythologie grécoromaine. Des textes seront également écrits par les élèves afin de former avec les estampes réalisées un petit recueil racontant un mythe illustré. Techniques utilisées : linogravure, pointe sèche sur plexiglas, eauforte au pinceau sur zinc.

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Formation des élèves du Centre des Métiers d’Art Bergevin (Pointe-à-Pitre)

Encrage de la plaque

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Le moment magique : la découverte de l’impression

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SPÉCIAL GRAVURE

Des gravures réalisées dans l’atelier sont visibles en permanence rue Achille René Boisneuf. Ici, l’artiste Lou Aisenberg imprime une plaque lors de sa résidence.

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L’atelier organise des expositions et des résidences d’artistes pour permettre la pratique et la diffusion de la gravure dans l’espace caraïbe. Une artothèque d’estampes a aussi été mise en place. Expositions personnelles

• Guadeloupe - Centre des Arts Pointe-à-Pitre – 2004 - Rémy Nainsouta Pointe-à-Pitre – 2007 - Musée l’Herminier Pointe-à-Pitre – 2009 - Médiathèque de Gosier – 2010 - Musée Schœlcher – 2011 • Étranger - Australie Sidney – 1998 - Canada Sherbrooke – 2003

© Photos D. Lacôte

Ci-dessus : exposition collective à l’espace Rémy Nainsouta en 2008 Ci-contre : exposition collective au Musée l’Herminier en octobre 2009

• France hexagonale - Galerie des Beaux-Arts Paris – 1978 - Colmar-les-Alpes 1979 - Musée de Digne-les-Bains Biennale – 1980 - FOL des Hautes-Alpes Gap – 1982 -Chambre des Métiers d’Arts Digne-les-Bains – 1984 -Participation aux biennales de Saint-Maur 2005, 2007, 2009

Exemple d’une plaque (à droite) et de son impression en miroir (à gauche)

La gravure c’est du travail mais c’est surtout un bon état d’esprit…

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© D. Sponberg

J’utilise l’art pour refléter mon expérience. Lorsque je parle d’expérience, il s’agit de celle acquise par notre quotidien. Je viens d’une origine modeste et parce que je n’avais pas d’argent ou de statut, je cachais mes expériences. Plusieurs personnes ont remarqué mon potentiel et certaines m’ont poussé fortement, tandis que d’autres se sont servies de moi. Chacune de ces expériences m’a appris des leçons teintées de douleur. C’est à partir de ce ferment, qu’est née ma pratique artistique. Grâce à elle, je peux être honnête avec les autres, avec moi-même et surtout elle m’a donné ma liberté. Je suis intéressé par le symbolisme culturel et personnel en relation avec la condition humaine. Cette condition humaine en ce qui me concerne est profondément liée aux émotions. Je travaille sur des concepts tels que la mémoire, la ré-invention, la perte et le reflet. Je mélange les médias – photographie, texte et sons – tels des calques pour approcher au plus juste la complexité humaine. Mon but est de capturer la vérité comme elle est et non comme je la vois.

© O. M. Richardson

OMAR RICHARDSON

« Lyns ROUGE, ce que je suis », mixed media (gravure sur bois, impression digitale et monotype) – 2010/2011

http://www.omar-richardson.com/ orichardson242@gmail.com

1982 : Naissance à Nassau (Les Bahamas) 1998 : Lycée C.R. Walker Il est encouragé par son enseignante Mme Ashe à continuer un cursus artistique 1999-2002 : Étudie

à l’école des Bahamas en section peinture et céramique (Nassau)

2003-2006 : Études

au Savannah College of Art and Design (SCAD) de Savannah (Georgia – USA) Diplômé en peinture et gravure

2006-2009 : Études au campus d’Atlanta du SCAD (Georgia – USA) Diplômé en gravure et photographie commerciale 2000 : « Différences similaires II », première exposition personnelle à l’école des Bahamas 2007 : Il gagne le prix de la compétition annuelle de la banque centrale des Bahamas 2008 : Premier étudiant du SCAD à être invité au Centre Highpoint pour la gravure de Minneapolis (Minnesota – USA)

© O. M. Richardson

BIOGRAPHIE

Expositions collectives depuis 1999 « Le regard de Teke aussi », mixed media (gravure sur bois, impression digitale et monotype) – 2010/2011

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© E. Mason

SPÉCIAL GRAVURE

« Le regard de Camaris aussi », mixed media (gravure sur bois, impression digitale et monotype) – 2010/2011

« Qui/Que suis-je ? », mixed-media gravure sur bois et monotype – 2010/2011

© O. M. Richardson

© O. M. Richardson

Omar Richardson grave son bois (en haut), puis le prépare à l’impression (ci-contre).

© O. M. Richardson

«  Sept vues, sept chemins de renouveau (serpent 7) » sculpture et gravure sur bois – 2010/11

»

© E. Mason

© O. M. Richardson

culture et l’art pourront « Latoujours changer la nature de la vie

« Sans titre gravé numéro 5 » gravure sur bois et monotype – 2009

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©DR

MARIE-HÉLÈNE CAUVIN

BIOGRAPHIE 1951 : naissance à Port-au-Prince 1971 : quitte Haïti pour vivre au Canada 1987 : décide de se former à la lithographie 1989 : rencontre déterminante avec Robert Bigelow, maître de gravure 1992 : maîtrise à l’université Temple de Philadelphie

« Saint Jacques », gravure sur bois – 1996 16

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L’humain, ses sentiments, et d’une manière générale son comportement et son interaction avec ses semblables est au cœur de ma production. Bien qu’utilisant un médium qui pourrait paraître obsolète au vu du monde numérique actuel, je suis néanmoins à l’écoute de ma société et de mon environnement dans toutes ses expressions : les implications de la technologie, les différences intergénérationnelles, la religion, etc. Je constate que les avancées sociales, technologiques ou économiques n’écartent pas l’omniprésence des références et des croyances ancestrales. Librement inspirée par mon héritage culturel vaudou, je l’utilise pour apporter poésie et mystère. Le vaudou ne se réduit pas à un phénomène religieux, il modèle aussi la pensée haïtienne dans son ensemble. Les sujets que je traite peuvent sembler au premier abord, uniquement aborder Haïti, sa culture, son histoire et ses habitants réels ou imaginaires. Ce serait limiter la portée de mon œuvre car je me sens concernée par toutes les sociétés. Un exemple parmi d’autres : l’œuvre sur

les « boat people » fait écho à cette humanité partie à la dérive. Chaque technique de gravure créant une atmosphère et un style différents, me permet de développer des sujets dont la forme exprime clairement le contenu et l’enrichit.

« Noir-Rouge », lithographie sur pierre – 2003

« Anges de la Cité », gravure sur bois – 2000


SPÉCIAL GRAVURE

« Bourgeoise et Zinglindon », lithographie sur pierre – 1992

« Danse de la tigresse », lithographie sur pierre – 1989

« Led’unefin dessin lithographie diffère du trait brut de la xylographie, selon l’utilisation.

»

© Photos de l’article P. Litherland

www.mariehelenecauvin.com mhcauvin@gmail.com

« Deadman walking », collagraphie ­– 2005

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© S. Charlier-Juste

VLADIMIR CYBIL CHARLIER

BIOGRAPHIE 1967 : naissance dans le Queens à New York

Dans mon travail, je repense le language traditionnel de l’art et de l’artisanat haïtiens dans un contexte contemporain. J’aspire à créer des œuvres mettant en relation ma trajectoire personnelle et la culture des deux villes dans lesquelles j’ai vécu : New York et Port-au-Prince. Je porte une attention particulière aux lignes descriptives et à l’utilisation de matériaux parfois détournés de leur usage traditionnel (perles sur papier, peinture sur papier de cuisine ou sur soie). Je crois que c’est cette curiosité qui m’a poussée à expérimenter l’impression sur différents médiums. Mon expérience de l’impression à la main sur textiles remonte à de nombreuses années. J’ai été l’une des deux organi-

satrices (avec Rejin Leys) d’un portfolio de douze pièces de gravures intitulé « Art Quake » en collaboration avec des artistes de la Caraïbe et de l’Amérique centrale. Les bénéfices de la vente de cette édition reviennent aux artistes haïtiens victimes du tremblement de terre (voir le lien FB plus bas). Parallèlement à ma propre démarche artistique, j’ai travaillé en binôme avec l’artiste André Juste, sur un projet appelé « The Politics of Paradise ». Il consiste en une série d’œuvres qui examinent les pratiques historiques et mercantiles associées à cet art fantastique et éclatant de couleurs qui semble prévaloir dans la Caraïbe et plus particulièrement dans l’art haïtien.

Études primaires et secondaires en Haïti. Passe ses vacances d’été à New York

http://www.facebook.com/media/set/?set=a.164079383638284.31530.164007933645429

1991 : diplomée des Beaux-Arts du Queens College

http://thepoliticsofparadise.blogspot.com http://thepoliticsofparadise2.blogspot.com http://thepoliticsofparadiseatogtgallery.blogspot.com

1993 : - maîtrise à l’école des Arts Visuels (New York) - Résidence d’été à l’école de sculpture et de peinture de Showhegan Vit à New York depuis 1986 Vcybil@gmail.com

Ì Ì Ì « Comme si », linoleum sur lin – 2011 18

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« La Sirène in and out », Art Quake portfolio, linoleum sur lin et impression jet d’encre sur papier de riz – 2010


SPÉCIAL GRAVURE « Feuilles et pois », linoleum sur soie – 2011

Blog sur la collaboration d’André Juste et de Vladimir Cybil Charlier.

« Panier au féminin », linoleum sur soie – 2011

« Elle en a marre »

© Photos et œuvres V. S. Charlier

« Marchande de bêtises »

« Art Quake Portfolio » sur facebook – 2010

Linoleum sur soie – 2011

Linoleum sur lin – 2011

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REJIN LEYS

© DR

http://rejinleys.com/ rejinleys@yahoo.com

Dessiner est une manière d’explorer des idées et d’expliciter des concepts qui pourraient paraître de prime abord abstraits. Lorsque je juxtapose différentes idées dans un dessin, je suis amenée à penser aux relations existantes entre elles. Le dessin me permet d’initier un dialogue avec les spectateurs et donc de me positionner d’une nouvelle manière. Le travail nommé « Évolution + Connections » s’articule autour de plusieurs préoccupations et interrogations : - Comment produisons-nous de la nourriture pour nourrir les animaux qui sont

On parle alors de chaîne alimentaire, mais si on y regarde de plus près, il s’agit en fait de réseaux organisés autour de couches de coopération et de compétition. Les dessins possèdent aussi ces « calques », dont certains sont plus narratifs que d’autres. Ils partent d’une idée initiale et suivent le chemin d’une logique interne.

BIOGRAPHIE

Parsons (BFA = DNSAP)

1966 : née à Brooklyn (New York) de parents haïtiens

1995 : reçoit un prix de la Fondation New Yorkaise pour les Arts (en impression, dessin et livre d’artiste)

1988 : Diplômée de l’école de design

« Le haricot légendaire », mixed media ­– 2009

eux-mêmes destinés à nous nourrir ? - Que mangent les animaux ? - Les relations complexes entre l’homme et l’animal - L’évolution des espèces et l’avantage de la nôtre sur le règne animal.

1999 : Exposition

personnelle à la galerie Jean René Jérome (Port-au-Prince, Haïti)

2000 : Diplômée du Brooklyn College (MFA = Master of Fine Arts) Vit et travaille à New York

« Les liens qui nous enchaînent », embossage, encre et collage – 1994

« Riz et Poulet », mixed media ­– 2009

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« Émergence de super pouvoirs », mixed media ­– 2011


SPÉCIAL GRAVURE « Chaîne alimentaire », mixed media ­– 2009

Table de travail de Rejin à New York

« Les Cycles » projet d’un livre en micro édition d’art, linoleum et crayon – 2011

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DR

BIOGRAPHIE 1959 : Naissance à La Havane (Cuba) 1974-1978 : École d’art de San Alejandro (La Havane)

1978-1983 :

Institut supérieur d’art, spécialisation gravure (La Havane)

AGUSTIN ROLANDO ROJAS LEYVA

L’œuvre d’Agustin R. Rojas s’articule autour de la perte et de la séparation. Puisant dans sa propre expérience – il a quitté Cuba en laissant derrière lui amis et famille – Agustin grave le déracinement. D’une manière indirecte et symbolique, il aborde la situation politique et sociale de son île natale. « Tornade » fait référence à l’éparpillement du peuple cubain sous l’effet de la dictature Castriste. Dans « Radeau au large de la côte », il nous parle des immigrants clandestins qui fuient Cuba. Le radeau en question est simplement une chambre à air, ce qui renforce l’inexorable désespoir de leur entreprise. Le vautour de la mort plane dans « Vol au-dessus de l’abyme » mais il s’agit avant tout d’un hommage à Andrew Wyeth. La tristesse de « Dépression » – aussi influencée par Wyeth – renvoie aux 20 000 cubains morts en essayant de quitter Cuba. Ces gravures sont très souvent réali-

1983-1996 :

Professeur à l’Institut Supérieur d’Art

1997 : quitte Cuba pour accepter une résidence au centre des Arts Banff à Calgary (Canada). Il vivra six ans au Canada puis déménage à Miami et enfin à Toronto. Vainqueur de nombreux awards (prix Joan Miro et Sotheby en 1995), Augustin Rojas maîtrise toutes les techniques d’impression et de gravure. Il expose au niveau international (Suisse, Espagne, Mexique, États-Unis et Canada).

sées en bichromie : noir et blanc ou ocre et blanc. Divisé, humilié, le peuple cubain n’en est pas moins résistant comme l’indique le triptyque « Nous sommes divisés ». Le palmier, l’arbre national de l’île, lui sert de métaphore car face aux éléments, il se ploie, revient à sa forme initiale et ne se rompt pas. Enfin, parmi les thèmes les plus récents, l’embellie se fait, les retrouvailles et son regain d’espérance émergent. Les gravures « Prière pour la paix », « Pardonner », « Il y a un moment que je ne t’ai pas vu », et la série colorée et douce des « Embrasse-moi s’il te plaît » nous parle d’amour et d’apaisement. « Avec le même rythme » célèbre la dance, la musique et l’avantage d’être ensemble à nouveau. www.agustinrolandorojas.com agustinrojas@hotmail.com

crée les gravures « Jed’après mes dessins et mes peintures. Mon travail est inspiré par la nature et l’intimité de l’interaction des êtres humains.

« La décision », eau-forte et aquatinte - 1995

« Avec le même rythme », pointe sèche et eau-forte - 2002 22

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»


SPÉCIAL GRAVURE

« Embrassade », eau-forte - 2011

© Photos de l’article A. Rojas

« Embrasse-moi comme Klimt », eau-forte et papier chine colle Kozo - 2011

« Chacun ses goûts », aquatinte en plusieurs plaques - 1991

« L’espérance d’une embrassade », papier chine collé et eau-forte - 2011

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AURELIA WALCOTT

Je travaille la pointe sèche, le linoleum et l’eau-forte. Ma recherche plastique s’oriente autour des thèmes de la vie insulaire et de la femme caribéenne. J’apprécie particulièrement la richesse de la couleur et j’ai une préférence pour les tons chauds.

BIOGRAPHIE

peinture à New York avec l’artiste Manny Vega

1986 : Naissance à la Barbade

2008 : « 5 semaines, 5 artistes » exposition collective à la galerie Zemicon (Bridgetown Barbade)

2005-2007 : Académie des Beaux-Arts de San Alejandro (Cuba) 2005 : Workshop de dessins

DR

avec l’artiste mexican Arturo Miranda à San Alejandro

2007 : Workshop de

2008 : « Barbadiana » exposition à la galerie JM’arts (Paris) 2009 : « Collage » exposition à la galerie Aweipo (Barbade)

2010 : « 8e biennale mondiale de l’estampe et de la gravure » galerie d’art contemporain (Chamalières) 2010 : « 6e prix Carmichael » à la galerie Bridgetown (Barbade)

2011 : « La ligne » exposition à la galerie Bridgetown (Barbade)

Vit et travaille à la Barbade

http://www.wix.com/aureliawalcott/art aureliaw@gmail.com

« Femme des années 20 » pointe sèche et linoleum - 2008

« Le regard IT » pointe sèche et linoleum - 2008

« Les anges aussi » pointe sèche et papier chine collé - 2005 24

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SPÉCIAL GRAVURE

« Racines d’eau II » eau-forte, transfer acrylique et linoleum 2009

au focus et à la répétition « Grâce du graphisme de ces chevelures caribéennes, je crée un motif identitaire fort.

© photos de cet article A. Walcott

»

« Interplay » eau-forte - 2008 (ci-dessous détail)

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Atelier Aguilera

Presse et matériel utilisés dans la réalisation de la gravure et de son impression.

DR

Atelier impression : espace de promotion et de réalisation d’art graphique de Santiago.

De gauche à droite : José Julian, Carlos René, Josefina et Joel

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Presse d’impression pour petits et moyens formats.


SPÉCIAL GRAVURE

ATELIER AGUILERA

L’atelier Aguilera est un atelier familial d’artistes indépendants. Il se compose de : • son fondateur José Julian, peintre, sculpteur et graveur spécialisé dans la gravure sur bois

ou xylographie, • Joel, peintre, graphiste, scénographe et graveur spécialisé dans la lithographie, • Carlos René, graphiste, sculpteur et graveur spécialisé dans la calcographie et la colographie • Josefina, curatrice de l’atelier, diplômée d’histoire de l’art en 1998 à l’université de Oriente (Santiago de Cuba). L’atelier organise des expositions de gravures et des workshops de design graphique. Il est à l’initiative de l’exposition de 100 lithographies de 99 artistes différents qui fut montrée à la Maison de l’Amérique Latine (Paris) en 2005.

© Photos de l’article : Atelier Aguilera

Au premier plan, la presse pour estampiller et embosser. Au fond ,on aperçoit la presse lithographique.

Exposition permanente du travail des artistes à la galerie de l’atelier.

Exposition permanente du travail des artistes à la galerie de l’atelier.

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JOSE JULIAN AGUILERA

Jose Julian travaille plusieurs techniques : sculpture, peinture et gravure. Son œuvre graphique s’articule autour de deux thèmes principaux : le politique et le lyrique. Il a un amour particulier pour sa ville de Santiago avec laquelle il dialogue en jaune cadmium et perspectives impromptues. Il aime utiliser des symboles comme la libellule (la romance) ou le parapluie (bouclier contre les idées négatives).

DR

BIOGRAPHIE

botalin@cultstgo.cult.cu Tél. : (53 22) 641817 (53 22) 624155 Mobile : 53 843491

1934 : naissance à Santiago de Cuba (Cuba) 1953 : Diplômé de l’Académie d’art « José Joaquin Tejada » spécialisation dessin et modelage à Santiago de Cuba 1963 : Diplômé de l’Académie d’art

« Rue Père Pico 2 », gravure sur bois ­– 1965

« José Joaquin Tejada » spécialisation dessin et peinture José Julian Aguilera fut professeur à l’Académie d’art « José Joaquin Tejada », à l’Université d’Oriente et à l’Institut Supérieur d’Éducation (ISE) Il est reconnu pour son savoir-faire en ce qui concerne la gravure sur bois, noir et blanc et couleur

M. Aguilera a reçu de nombreux prix et distinctions pour l’ensemble de son œuvre plastique (34 au total) Il a participé à 25 expositions personnelles et 33 expositions collectives internationales (Biennales de Sao Paulo au Brésil en 1962 et de Cracovie en Pologne en 1972) Vit et travaille à Cuba

« Pluie sur la rue Père Pico », chromoxilographie ­– 1977

« Le bouclier », chromoxilographie –­ 1980

« L’usine », chromoxilographie ­– 1978 28

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SPÉCIAL GRAVURE

© Photos de l’article : Atelier Aguilera

« La sorcière et la lune », lithographie – 2002

« Série Théâtre », gravure sur bois – 2002

« Vouloir c’est pouvoir » série Théâtre, bois – 2002

« Sournois», lithographie – 2002

JOEL AGUILERA

DR

Je pratique la lithographie. J’aime la noblesse de la pierre alliée à l’énergie que j’y déploie pour la dessiner. J’ai travaillé sur des thèmes comme le théâtre, les relations inter raciales, l’amour ou l’érotisme. Pour des raisons techniques, il est difficile de travailler dans la finesse à Cuba. Nous n’avons pas toujours le matériel adéquat ou bien il est trop cher car importé. Mais le manque de moyens nous oblige à mettre en place des solutions alternatives qui donnent des résultats étonnants et créatifs.

joelmuse2001@yahoo.es joelmuse2001@gmail.com Tél. : (53 22) 646334 Mobile : 53 485097

BIOGRAPHIE

et costumes

(Santiago de Cuba)

1955  : naissance à Santiago de Cuba

1977 : Exposition « Trois » Galerie Oriente (Santiago de Cuba)

1997 : « Liquides parlants » Galerie Oriente (Santiago de Cuba)

1981 : Exposition à la salle César Reginfo, Caracas (Venezuela)

1998 : « Espaces positifs » Bibliothèque Megacen (Santiago de Cuba)

1993 : « Sonata », galerie Palas (Santiago de Cuba)

1999 : « Avec les fils de la Seine », galerie Clayssens Lille (France)

1979 : Diplômé de l’Académie d’art « José Joaquin Tejada » à Santiago de Cuba 1984 : Diplômé du centre national de préparation de spécialistes du Ministère de la culture en : scénographie, lumières

1995 : « Le paradis perdu » Maison de la Caraïbe

Vit et travaille à Cuba

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CARLOS RENÉ AGUILERA TAMAYO

Carlos travaille sur le concept d’utopie depuis le début des années 90. La figure de l’ours polaire est pour lui le résumé de toutes les entropies, c’est comme une signature personnelle et facilement identifiable. Il utilise la gravure comme champ d’investigations formelles. Il alterne les œuvres abstraites et figuratives. Actuellement il travaille sur une série de surfeursagriculteurs qui évoluent sur des vagues de canne à sucre.

DR

BIOGRAPHIE 1965 : Naissance à Santiago de Cuba

1984 : Études à l’Académie carlosreneat@yahoo.com d’art « José Joaquin Tejada » talleraguilera@cultstgo.cult.cu à Santiago de Cuba Tél. : (53 22) 654255 Mobile : 53 687678 1989 : Institut Supérieur d’Art de La Havane (Cuba) 1996 : Il obtient la médaille

d’or à la « III Biennale Centre Américaine et région

2003 : Distinction pour la culture nationale, La Havane 2005 : Mention en gravure au Salon National des arts plastiques de Cienfuegos (Cuba) 2006 : Premier prix au

« VIIe Salon d’art religieux » Santiago de Cuba. Prix de la commission du

Diocèse pour la Culture et Premier prix de la congrégation des Fils du cœur de Marie pour les Antilles.

2008 : Sélectionné pour participer à la Biennale d’Art de Lyon, France 2010 : Premier Salon Oriente de la UNEAC, Musée Emilio Bacardi (Santiago de Cuba) Vit et travaille à Cuba

© Photos de l’article : Atelier Aguilera

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Caraïbe » de Saint-Domingue République Dominicaine

« Talisman », gravure sur bois – 2006

« Éclatement de Pandore », gravure sur bois – 2007

« Exercice de prédation », technique mixte – 2008

« Fantômes », gravure sur bois – 2008 30

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SPÉCIAL GRAVURE

DR

ODILE MULLER-TATEJA

Partir d’un dessin académique, déstructurer l’œuvre pour la rendre vivante. En matière artistique, les choses trop évidentes, trop écrites, me laissent sceptique. L’important, c’est la résonance, l’émotion et le questionnement que chaque œuvre procure. En gravure, on trouve l’ambivalence de la force et de la

BIOGRAPHIE 1981 : Reçue au concours de l’école des Beaux-Arts de Nancy 1993-1999 : Cours périscolaire formation gravure 1997-1998 : Formation en histoire de l’Art (école du Louvre) 1999 : Stage en atelier

de sculpture à Nancy chez Olivier Weber.

«

2004 : Intervenante agréée par la DRAC Guadeloupe en gravure au collège de Petit Bourg. 1994 : Exposition CLIM

Laxou 54 (deuxième prix)

1995 : Sélectionnée pour exposer à Karlsruhe (Allemagne) 1995 et 1998 : Exposition Hôtel de ville de Tomblaine

1998 : Exposition

Abbaye de Gorze

fragilité. Attaque de la plaque avec des acides, des outils qui gravent le métal puis le tirage qui offre une œuvre délicate, émouvante de par ses noirs ou sépias puis ces blancs qui apportent cette lumière unique dans la gravure. freemuller@orange.fr http://muller-tateja-odile.blog4ever.com/ blog/index-64051.html

2006 : Exposition festival de jazz à Pointe-à-Pitre 2007 : - Exposition Caféière Beauséjour (Guadeloupe)

« Triptyque » sépia, eau-forte et résine –­ 2009

- Édition d’un livre pour enfants « Le merle et le tamarinier » avec les élèves de Segpa (Collège du Lamentin). Encadrement de la partie illustration

2009 : Exposition Musée l’Herminier à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe)

Dans le mystère d’une œuvre, le commentaire obscurcit bien plus qu’il n’éclaire.

»

© Photos et œuvres O. Muller

« L’attente », eau-forte et sucre ­– 2009

CAPTION

« Danser sa vie », technique mixte eau-forte et pointe sèche ­– 2008

« Lumière », technique mixte eau-forte et pointe sèche ­– 2008

« Au-delà du miroir », eau-forte ­– 2010

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Éros

& Thanatos sont dans un avion… Thanatos saute en parachute. Qui reste-t-il ? Maikel Lorenzo, artiste des nouveaux médias d’origine cubaine, qui vit et travaille en Italie…

Lo re nz o

www.brutalmachine.com www.youtube.com/user/maikelorenzo 3dartmike@gmail.com

Maikel

avoir à se reposer. À Cuba il existe une expression : « les poissons ne sont pas obligés de poser leurs pieds sur la terre ferme », ils vivent sans avoir conscience de ce qui se passe et sont peut-être plus enclins à rêver.

© M. Lorenzo

La série « Ressac mystique » a été réalisée à la manière pointilliste (l’artiste vivait alors dans un petit village nommé Sibanicu à Camagüey). Le style pointilliste ne fait pas référence au mouvement artistique éponyme de la fin du XIXe siècle, mais au résultat que l’on pourrait obtenir avec une imprimante laser. Les spectateurs comparent ces dessins à des impressions digitales alors qu’en réalité, il ne s’agit pas de copies mais d’originaux.

Apologie de l’époque

L’érotisme et la mort sont les éléments fondateurs de l’œuvre de Maikel Lorenzo. L’érotisme est soit suggéré, soit mis en avant comme dans le dessin intitulé « La famille sacrée » (série Ressac mystique) qui représente un grand sexe féminin et le lieu où se forme la famille. La mort, quant à elle, est toujours représentée d’une manière violente et peut être liée à d’autres symboles tels les poissons. Ceux-ci sont les seuls animaux qui peuvent aller dans n’importe quelle partie du monde sans

« La famille sacrée » dessin - 2002

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Cette série représente des machines ou des inventions humaines. On y sent l’influence manifeste des dessins d’ingénierie de Léonard de Vinci. De Vinci vécut à un moment clé de l’évolution de la pensée européenne : l’époque médiévale se terminait pour laisser place à la Renaissance. Très intéressé par le voyage, l’idée de bouger et la connaissance, Maikel avoue avoir été aussi profondément marqué par Victor Huerta Batista, un artiste cubain qu’il considère comme son mentor.


ART DIGITAL

el » vidéo

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Top Secret

© M. Lorenzo

Un des plus grands problèmes qu’il a du affronter en tant qu’artiste fut qu’à l’ISA (Institut Supérieur d’Art de La Havane) il présentait des vidéos conçues comme des histoires linéaires avec un langage proprement cinématographique et non des vidéos d’art expérimental. De cette réflexion sont nées d’autres vidéos comme : « Lumières dans le ciel » http://youtu.be/L-hI85BYGyk « Fast food » http://youtu.be/csgBco0vlIg « Babel » http://youtu.be/f-IRuCMbA4k et « Top secret » http://youtu.be/OqRdPKtSi4Q En vidéo, il faut savoir être synthétique et direct. Pour accrocher le spectateur, il est très important de faire des vidéos courtes parce qu’il est fréquent que le public dans les muestras ne reste pas jusqu’à la fin du film s’il est un peu long. Le concept premier de « Top secret » est l’embouteillage. Maikel voulait remplacer les voitures bloquées dans la ville par des tanks. Puis le projet s’est déplacé vers l’idée d’un documentaire animalier et de là, de deux tanks qui feraient l’amour (et non pas un viol comme ont pu le penser certaines personnes).

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© M. Lorenzo

ART DIGITAL

Cubains sur la lune

Ce projet – cher à l’artiste – est né en 2008. Il s’agit en réalité de sa thèse à l’ISA, thèse qui fut refusée. La démarche de Maikel s’articule autour de l’information. Comment celle-ci est-elle manipulée ? Commentelle utilisée à la lumière de l’histoire, des progrès humains ?… « Cubains sur la lune » est une sorte de métaphore de l’envie de gagner ou d’atteindre certains lieux. Il s’agit de la capacité de l’homme à coloniser des territoires. « Les cubains se confrontent à une histoire que n’est pas la leur mais qu’ils aimeraient avoir. Eux aussi, souhaiteraient aller sur la lune, connaître la technologie et des lieux inconnus vers laquelle elle pourrait les emporter. » Cette vidéo, dont l’esquisse se trouve sur youtube, est en pleine réalisation. L’artiste présentera la version finalisée en janvier 2012 à la galerie Gloria Maria. Pour résumer, on pourrait définir son style de « mockumentary », c’est-à-dire qu’il présente des événements fictifs sous une forme documentaire. http://www.youtube.com/watch?v=OMW-Expc3w8 www.gloriamariagallery.com

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dib j , d dibuj dibujo, 3d 3d k y rock ‘n’ ‘n’ r lll roll Maikel Lorenzo

1980 : naissance à Sibanicu (Cuba) 1999 : diplômé de l’Académie d’Art de Vicentina de la Torre, spécialisation design (Camagüey) 2004-2007 : réalisation de clips vidéos sous la direction d’Andros Barroso 2010 : diplômé de l’Institut Supérieur d’Art (ISA) de La Havane, spécialisation sculpture avec félicitations Actuellement : étudie à la Nouvelle Académie des Beaux-Arts, spécialisation film et nouveaux médias (Milan)

Expositions personnelles

2002 : « De la chaleur et autres démons », céramiques polychromes - Galerie Sibanicu 2002 : « Ressac mystique », dessins - Galerie Mira dans le cadre de l’événement « Magasin de l’Image » (Camagüey) 2008 : « Projet inventaire », vidéo - Fondation Ludwig (Cuba) 2009 : « À travers l’univers », vidéos, dessins et huiles à l’Église de Saint-Dominique (Pinerolo) et au Shortbus Café (Turin) - Italie

Maikel Lorenzo est sur B>>On le complément multimédia de Boucan

http://boucan-on.jimdo.com/

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Mi Chalè !

Chantal Loial & Difé Kako

Makak janbé croco - 2009

Conte chorégraphique (1 interprète acrobate, 1 interprète, 1 conteur et 1 musicien) Le titre fait référence à l’expression « croc-en-jambe », dont l’origine est une croyance à la fois créole et congolaise. Elle met en scène deux personnages : Konpè Makak (le singe) et le Roi Croco (le roi des crocodiles). Le conte se construit autour d’un tour que joue le singe au roi des crocodiles de façon adroite mais déloyale.

©P . Be

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http://dai.ly/hEiaa8 http://dai.ly/gDrmiE

Zandoli pa tini pat - 2008

(4 interprètes et 1 musicien)

Peuplé de plantes venues de toutes les régions du monde, le jardin tropical est à l’image de la culture créole, syncrétique. Mais loin de cette vision idyllique, ce spectacle pose la question de l’environnement. À travers l’image de Joséphine Baker et de sa ceinture de bananes, la compagnie interroge les instances politiques, sociales et économiques sur le désastre écologique de la pollution des sols au chlordécone.

http://youtu.be/pirr55CXu6Q

On t’appelle Vénus 2011 - Solo

L’itinéraire de cette femme, au XVIIIe siècle, ballotée depuis l’Afrique jusqu’à l’Europe, pour être montrée comme objet de curiosité, permettra d’aborder les questions de la défense de la condition féminine, du rapport à l’altérité, à l’exclusion et du phénomène des migrations. L’histoire de la Vénus hottentote nous parle de cette humanité capable de réduire à l’état d’objet scientifique ses propres sujets.

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Aski Parè - 2004 (4 interprètes et 3 musiciens) « Aski Parè » est une chronique lucide, parfois féroce, d’une certaine réalité des femmes confrontées à l’absence de l’homme. Cinq femmes dansent et chantent leur féminité, leurs douleurs, leurs désirs, leurs passions et s’efforcent de sublimer leur souffrance pour rester vivantes. « La chaise vide » est envisagée comme un objet transitionnel dans une dialectique présence/absence.

http://dai.ly/gWRKvu

http://youtu.be/W5P5QOIF5s4

© A. B

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© P. Berger


PORTRAIT

© Difé Kako

Kakophonies - 1995 - 2001 (4 interprètes et 3 musiciens)

Hansel et Gretel - 1997 (4 interprètes et 3 musiciens) Libre interprétation, dansée et orchestrée par des percussions, du conte de Grimm, « Hansel et Gretel ». Les personnages sont interprétés par les danseuses, tandis que les musiciens plongent l’histoire dans l’univers des Caraïbes et de l’Afrique. Les chants et l’utilisation de divers instruments afro-caraibéens évoquent l’esclavage.

Ce spectacle est le résultat d’un travail de recherche en danse, théâtre et musique. C’est une cacophonie, de celle qui nous plonge au milieu d’onomatopées, de chants et de poèmes. L’interprétation de la fable de La Fontaine en créole, « yé krik, yé krak et rita-ta », et surtout « ABCD », nous renvoie à notre système éducatif. Musiciens, danseuses et spectateurs se mêlent en un joyeux désordre visuel.

http://dai.ly/iukYjc

©P . Be rge r

http://dai.ly/jqDDIR http://dai.ly/jPtnfL

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Woulé Mango - 2000

(8 interprètes et 6 musiciens)

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« Woulé Mango », expression figurée créole qui signifie, « Vis ta vie, fais ton chemin… ». Le spectacle génère un souffle nouveau dans sa façon d’exploiter l’espace, le geste et le costume. Véritable invitation aux voyages entre l’Afrique et les Antilles, les valeurs exprimées reposent sur la joie, la sensualité et une certaine forme de poésie.

http://youtu.be/pirr55CXu6Q er

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Divers-Cités Féminines

2007 - Compagnie Difé Kako + Compagnie Le miroir des Songes (3 interprètes, 1 contorsionniste équilibriste et 2 musiciens)

© Difé Kako

Sabine Novel & Chantal Loïal revendiquent le droit à la diversité des corps et à l’originalité des expériences vécues. Deux musiciens et quatre femmes – représentant chacune un petit monde – s’expriment librement et nous livrent différents aspects de la féminité : force, mystère, joie et sensualité. Les griots nomment « Timtim boisec » cette énergie qui résonne à travers le corps, vous ébouriffe et de laquelle se dégage un humour malicieux.

http://dai.ly/cCuufn

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PORTRAIT Quels sont vos modèles, les personnes dont vous aimez particulièrement le travail créatif ?

Je m’inspire de l’itinéraire et de l’œuvre de Katherine Dunham et j’apprécie beaucoup le travail de Billy T. Jones, Thomas Lebrun, Paco Decina ou encore Alain Platel.

© B. Thouzeliier

Vous avez débuté dans le milieu artistique africain, est-ce un hasard ou un choix et pourquoi ?

>>

L

es Antilles sont fameuses pour leurs musiciens et leurs écrivains, pourquoi avoir choisi la voie de la danse ?

Il est difficile de répondre à cette question. En Guadeloupe, on dit dans ma famille que très jeune déjà il était manifeste que j’adorais danser dans les différentes fêtes. C’est peut-être pourquoi ce choix s’est imposé à moi et que de cette façon j’ai commencé le gwoka.

Comment vous définissez-vous professionnellement ? Danseuse ? Performeuse ? Passeuse ?

Je me définis comme danseuse et chorégraphe parce que rester interprète et « mettre en forme » est important pour moi. On peut considérer également que je suis « passeuse » ou une marqueuse de mouvements. En effet, il est fondamental de porter une attention à la transmission du savoir : ce que je tente de faire à travers les différents cours, stages, conférences dansées, etc.

C’est une question de rencontres et d’opportunités. Dans une MJC ici en métropole, avec une amie, j’ai commencé par des cours de jazz et d’afro avec le congolais Assaï Samba. C’est à partir de cette formation que j’ai été amenée à collaborer comme danseuse avec Kanda Bongo Man, Tchico Tchikaya…

Que vous apporte votre héritage antillais au niveau de la création ?

La culture antillaise – aux confluents de plusieurs cultures – m’a amenée à la dimension métissée dans le processus de création. Cette dimension multiple entraîne un rapport particulier au monde celui de la créolité, concept développé par Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau.

Quels sont les thèmes récurrents dans vos spectacles ?

On peut dire que les lignes de force de notre propos sont le devoir de mémoire, les thèmes de société dont par exemple la question de la situation des minorités, de la condition de la femme mais aussi les problèmes environnementaux.

De tous vos spectacles, lequel a le plus d’importance à vos yeux et pourquoi ?

Chacun de nos spectacles – dans

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Vous cherchez à créer une « gestuelle nouvelle », pouvez-vous nous en dire plus ?

Notre proposition veut faire se rencontrer les disciplines artistiques dans leur diversité telle une mosaïque. Guadeloupéenne de naissance, je reste attachée à la multiplicité des apports, des niveaux de langage ou d’écriture différents. C’est ainsi que nous sommes arrivés à ce qui constitue le peuple antillais à travers le métissage. Nous faisons donc appel à la contorsion, au hip hop, au baroque, aux danses traditionnelles antillaises ou africaines, au néoclassique, etc.

Dans le cadre de la transmission et la conservation de votre patrimoine dansé qu’avez-vous mis en place ?

Prenant en compte le risque de disparition d’éléments du patrimoine antillano-guyanais face à la mondialisation, depuis plusieurs années nous portons effectivement notre attention sur leur sauvegarde. Audelà de la trame de nos spectacles, nous avons donc mis en place des conférences dansées tant en métropole, dans les départements d’Outre-Mer, que dans des pays étrangers où la compagnie se produit (le Maroc, le Venezuela, l’Allemagne, l’Italie, etc.). Nous collaborons avec des institutions au cahier des charges strict tel le Centre Culturel de Fonds Saint-Jacques en Martinique et nous nous attachons à garder une trace de cette culture au moyen de documentaires.

Le CD du Bal-Konsèr

En quelques dates… 1983 : cours d’afro jazz avec Assaï Samba. 1986 : remarquée par l’ancien chorégraphe du Ballet National du Congo, Lolita Babindamana, elle intègre le Ballet Théâtre Lokolé. 1988 : rejoint le groupe du chanteur congolais Tchico Tchikaya. Danse avec le ballet professionnel afro jazz d’Assaï Samba, les Ballets M’B Soul, puis le Ballet Théâtre Lemba du Congo. 1989 : elle accompagne

sa singularité – a son importance pour moi. Mais je pourrais dire aussi comme beaucoup d’artistes que c’est celui qui est en cours de création qui occupe le plus mon esprit.

différents groupes du milieu artistique congolais-zaïrois et commence à enseigner la danse. Elle rencontre Kanda Bongo Man et travaille régulièrement avec lui. 1994 : crée sa propre compagnie de danse « Difé Kako » tout en continuant à enseigner et à danser dans d’autres compagnies. 1995 : À partir de cette année, elle intègre et ce durant trois ans,

la compagnie de Georges Momboye. 1997 : intègre la compagnie MontalvoHervieux pendant dix ans et participe auprès d’eux à six créations. 2008 : intègre les Ballets C de la B en tant qu’interprète dans une création du chorégraphe Koen Augustijnen : « Asches ». 2010 : intègre la compagnie de Raphaëlle Delaunay pour la création de « Bitter Sugar »

Avec cet album, retrouvez les musiques sur lesquelles vous avez dansé lors des bals, stages, carnavals ou cours de la compagnie. Dix titres originaux auxquels ont participé les musiciens, danseuses et choristes de Difé Kako. À découvrir sans tarder. http://www.difekako.fr/index.php contact@difekako.com



En scène ! Ludwin López

Formé en design industriel, Ludwin López a déjà une bonne approche des contraintes techniques, économiques et esthétiques, lorsqu’il s’oriente vers la scénographie à la suite d’un séjour à la Martinique.

Notes scénographiques de « À chacun sa vérité » 2007 La scène est en fait un rectangle avec, aux quatre coins, des petites tribunes à roulettes conduites par les comédiens. Les personnages qui se cachent à l’intérieur, tels des clowns sur ressorts, apparaissent et disparaissent au grand étonnement des spectateurs. La satire, qui passe assez souvent par la métamorphose, se veut caricature. Dans cette pièce, les costumes et le maquillage interviennent afin de donner cet aspect burlesque. Ici, les costumes sont de longs morceaux de tissus munis de cerceaux et formant des tubes. Ils donnent aux personnages l’apparence de pantins sur ressorts, image forte symbolisant la manipulation sociale. Le maquillage, transposition de cet esprit dans le physique des personnages, est fait d’exagération des défauts et de déformation des traits, grâce à des matières comme le latex et le silicone.

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2011}

P

ourquoi as-tu choisi le travail de scénographe ? En réalité, je n’ai pas choisi d’être scénographe. J’ai étudié le design industriel à l’Institut Supérieur de Design Industriel de La Havane pendant cinq ans avec une spécialisation en habitat. C’est grâce à mon père que j’ai suivi cette voie. En 2000, je suis arrivé en Martinique aidé par Yoshvani Medina, un de mes amis metteur en scène de théâtre. J’y ai découvert la magie du théâtre et à partir de ce moment-là, j’affirme volontiers que c’est le théâtre qui m’a choisi, qui m’a fait rêver. Cela m’a donné envie de créer des univers scénographiques pour faire aussi rêver les autres. Quelles sont les qualités nécessaires pour exercer ce travail ? Avant toute chose, il faut bien sûr être créatif. Je n’utilise pas le mot « artiste » parce qu’en général c’est un mot employé à tort et à travers dans notre société. Ajoutez à la créativité une bonne formation théorique et pratique en arts visuels (dessin, pein-

ture, gravure, sculpture, histoire de l’art). Je dirais en réalité qu’il faut être moitié créatif, moitié designer. La formation de designer industriel (habitat) est essentielle pour un scénographe : appréhender l’espace, les matériaux, les dimensions, les échelles et la technologie. Et pour terminer, j’y ajouterai une bonne dose d’humanité, être sensible à la réalité et à l’environnement qui nous entoure. Comment fonctionne le travail de scénographe ? Le scénographe en général est subordonné aux intentions du metteur en scène. Mais il arrive qu’un scénographe, par la force de sa proposition, puisse subordonner celui-ci. C’est un renversement de situation magique et puissant qui n’a rien à voir avec le pouvoir. Le metteur en scène et le scénographe sont comme deux marionnettistes qui manipulent de concert les fils du théâtre. • au niveau de la conception ? Lire une pièce de théâtre me demande un effort certain. C’est pour

© A. Cassang

« Circuit fermé » de Yoshvani Medina, 2004


SCÉNOGRAPHIE

DR

« Roméo et Juliette » pièce de W. Shakespeare, dirigée par Yoshvani Medina

Ludwin LÓPEZ

Né à Pinar del Rio (Cuba) en 1972, Ludwin López est diplômé de l’Institut Supérieur de Design Industriel de La Havane, spécialisation habitat. Il a travaillé comme concepteur graphique indépendant pour diverses institutions et entreprises (Habanos SA, Fond Cubain de Biens Culturels, Pôle Emploi Martinique, Greta BTP, Atrium Martinique, Danse Outre-Mer). Fin 2000, il part vivre en Martinique où il développe sa pratique scénographique. Artiste polyvalent, il intervient aussi au niveau des costumes et des supports promotionnels de pièces de théâtre. Il aime participer à des projets « utopiques » en collaboration avec des artistes : - Avec Yoshvani Medina et le « Théâtre Si » il monte plus de dix spectacles entre 2002 et 2007 - Il crée le « Théâtre Corps Beaux » avec Ricardo Miranda et un groupe d’amis en 2007 - Il met en place avec Nelson Rosell « Macheteart » un projet d’arts visuels en 2009 avec l’exposition C’mental Il vit et travaille à Miami

« Manteca » pièce écrite par Alberto Pedro Torriente et dirigée par Ricardo Miranda et Ludwin López (Festival underground) 2008

cette raison que je préfère assister aux lectures parce que c’est à ce moment précis que naissent les idées, que nait le concept. Le metteur en scène peut donner des directives, et même avoir une idée scénographique assez précise. Lui et le scénographe doivent travailler ensemble en complète harmonie et pleine compréhension. Imaginer Roméo et Juliette à Saint-Pierre en 1902, l’année de l’éruption de la montagne Pelée, Roméo un mulâtre et Juliette une Béké – le tout raconté par Ciparis – fut formidable et en même temps un grand défi créatif. J’ai dû solutionner ce problème avec une proposition à la hauteur de celle de Yoshvani Medina. Il m’est arrivé à plusieurs occasions, d’avoir un espace intéressant avec la possibilité de proposer différentes grilles de lectures et d’usages. Souvent, pour des questions de temps ou parce que le metteur en scène n’a pas su profiter de la proposition scénographique, le résultat est décevant. C’est réellement frustrant. Le budget peut aussi limiter

les prémisses conceptuelles bien qu’il ne pourra jamais limiter le processus créatif. • au niveau de la réalisation ? Arriver à donner vie à une idée scénographique n’est pas une chose facile. Une porte peut-être faite en acier s’il y a un budget conséquent ou en carton s’il est moindre. Les idées géniales naissent souvent de la difficulté : par exemple on pourrait imaginer une porte invisible, tout peut être pensable si c’est bien conçu. La scénographie devra être démontable, légère et facile à transporter. Le scénographe fait le suivi de la réalisation de chaque élément et parfois les réaliser lui-même. Il en va de même pour un costume. À partir du moment où nous avons choisi le croquis final, nous sélectionnons la costumière, les tissus et nous suivons le projet pour qu’il soit le plus fidèle au croquis initial. Quels sont les autres aspects du travail de scénographe ? La lumière, donne de la couleur, nettoie, montre ou cache, c’est un

www.myspace.com/ludwinlopez www.facebook.com/lopez.ludwin

élément dont on doit tenir compte dès le début du processus créatif. C’est un outil très puissant lorsque l’on travaille avec la boite noire ou en extérieur. C’est un travail qui doit être réalisé en collaboration avec l’éclairagiste créateur bien que souvent il s’agisse simplement d’un technicien auquel tu dois expliquer avec luxe de détails, tes intentions, les ambiances que tu souhaites... Certains aspects sont plus difficiles que d’autres ? Je prends beaucoup de plaisir à créer pour le théâtre : scénographie, costumes, affiches. Ce qui est compliqué, c’est plutôt lorsqu’on ne conçoit pas un des éléments du projet. Personnellement, je pense que cela manquerait de cohérence, même si ce n’est pas toujours le cas. Lors d’un spectacle vivant, il est bien difficile d’atteindre la perfection. Je trouve toujours quelque chose à améliorer. Je peux citer le cas de «Manteca», spectacle dans lequel je me suis le plus impliqué. Je l’ai monté avec Ricardo Miranda, >>

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SCÉNOGRAPHIE

« Mar Nuestro », une pièce écrite par Alberto Pedro Torriente et dirigée par Ricardo Miranda et Ludwin López, « Théâtre Corps Beaux » 2009-2010

« Soweto », comédie musicale de Serge Bilé dirigée par Aurélie Dalmat et José Exélis, 2008 (Projet scénographique inachevé)

« Mar Nuestro » Théâtre Corps Beaux, 2010-2011

dant trois ans. Je dois cette vocation à ma mère, diplômée de l’école nationale des arts plastiques de La Havane (Cuba). Depuis mon enfance, j’ai grandi avec les conditions idéales pour entrer dans le monde des Beaux-arts. Je maîtrise les techniques de représentation, tant au niveau des arts plastiques que des arts graphiques. Ces outils, ajoutés à l’expérience que j’ai accumulée, garantissent une bonne présentation et réalisation du projet. Mais un designer ne travaille pas seul. C’est pour cette raison que la sélection d’une équipe de travail compétente définit dans la majorité des cas le succès du projet.

>>

metteur en scène, acteur et ami. La scénographie peut être considérée comme un acteur à part entière. Nous avons donné environ 80 représentations en deux ans et il a gagné le 2e prix du Club de la Presse du Festival d’Avignon Off en 2007. J’aurai aimé montrer ce travail dans toute la Martinique ainsi que dans mon pays. Avec quel type de personnes aimestu travailler ? J’aime collaborer avec des créateurs qui se posent des questions et qui prennent des risques. Quels sont les outils que tu utilises pour faire ce travail ? Avant d’étudier le design, j’ai fait des études d’arts plastiques pen42

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Quelles sont les conditions de travail en tant que scénographe ? Je pense qu’en premier lieu, il faudrait créer des conditions pour former les designers. Je suis arrivé en Martinique en tant que designer et j’y suis devenu scénographe, en travaillant sur des projets qui ont apporté un plus au panorama théâtral et culturel de l’île. Il devrait exister une volonté culturelle réelle mais malheureusement les intérêts individuels et politiques jettent à terre les conditions qui pourraient être favorables pour le développement de cette activité. En Martinique, les conditions matérielles sont grandement suffisantes pour donner une impulsion à ce travail. Il y a aussi des espaces prévus pour accueillir la représentation théâtrale. J’ai eu l’opportunité de travailler pendant une période courte à l’IRAVM et j’ai pu y constater un niveau réellement bas d’enseignement toutes sections confondues.

Est-il nécessaire de travailler à l’étranger pour être connu ? Non, je ne le pense pas. Je ne travaille pas pour être célèbre, j’ai beaucoup de satisfaction lorsque je sens que le public reconnaît le travail réalisé à la fin d’une représentation ou d’une exposition, c’est réellement extraordinaire. Un créateur rencontrera toujours un espace, ici ou à l’étranger, il aura toujours des demandes à honorer. Quelles sont les différences entre par exemple un scénographe de théâtre et un scénographe d’exposition ? Un bon scénographe est capable de mener n’importe quel projet, chaque projet étant étudié d’une manière différente. Ton travail initial est celui d’infographiste ? En quoi ces connaissancest’ont-elles aidé lorsque tu travaillais sur les scénographies ? Le design graphique à Cuba est une alternative quasiment obligatoire, parce qu’il y a peu de possibilités de développement des autres spécialités. Lorsque j’ai eu mon diplôme de designer industriel, je travaillais déjà dans une entreprise de confection de vêtements. Avec cette entreprise, j’ai participé à deux salons internationaux de la mode à La Havane, avec mes propres collections. Avant de terminer l’université, j’ai collaboré à un projet de «mode et théâtre» que Yoshvani Medina avait monté à Pinar del Rio, notre ville. Il dessinait des collections folles et très osées. Un défilé c’est tout un événement dans notre petite ville. C’est de cette manière que j’ai commencé dans le milieu artistique.


4.

2.

1. Affiche « Mar Nuestro », créée pour le Théâtre Corps Beaux - 2009 2. Affiche « À chacun sa vérité », créée pour le Théâtre Si - 2007 5.

Costumes de « À chacun sa vérité » 4. Affiche « Les Sauveurs », créée pour la compagnie Wabuza - 2011 5. Pièce écrite par L. Pirandello, dirigée par Yoshvani Medina - 2007 7. 8.

7. « Je vécus dans le monstre », acrylique sur toile - 2010

8. Costumes de « Suicide-moi » spectacle de Y. Medina, 2002

3.

3. « Déchiffrant les rêves de maman, rêve 26 », art digital - 2010 6.

6. Affiche « Manteca », créée pour le Théâtre Corps Beaux - 2007 9.

© Photos et créations de l’article : L. Lopez

1.

9. « Déchiffrant les rêves de maman, rêve 14 », art digital - 2010

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PORTFOLIO

Vue du jardin potager. (projet jardin « microcosme » de Guyancourt)

vIvRe

l’hAbitAt

Régine Louiset est architecte DPLG de formation. Ses origines antillaises l’ont orienté vers l’étude de l’habitat traditionnel des villes créoles, et de l’architecture de l’Inde du Nord. Parallèlement à la réalisation d’un documentaire explorant le mode de vie dans les Haveli « Maisons des Vents » du Rajasthan, elle pratique la photographie notamment en Inde. Jardin « microcosme » à Guyancourt (Concours, 2009) Le projet microcosme comprend l’aménagement intérieur et extérieur d’un ancien bâtiment de bureaux situé à Guyancourt, en vue de la création d’une structure multi-accueil pour 60 enfants de 2 mois à 4 ans. Un jardin de 700 m² sera aménagé pour les sorties journalières des enfants, sur

un terrain situé à proximité d’un étang et de son parc verdoyant. Il sera traité de façon très végétale et sensible en un « parcours santé » cheminant entre cabanes et jeux, mini serres et observatoires élargissant le regard des enfants vers le décor extérieur environnant. L’environnement est ainsi reproduit à l’échelle de l’enfant.

Vue générale du projet

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PORTFOLIO

micRocOsmE

Les cabanes du jardin sont des structures à hauteur d’enfant. (projet jardin « microcosme » de Guyancourt)

Cité intercommunale de l’enfant (Brégnier-Cordon dans l’Ain) (Travaux en cours/Livraison courant 2012 Conception : Régine Louiset et l’association Navir) La cité intercommunale de l’enfant regroupe un ensemble de lieux d’activités extrascolaires pour enfants et adultes (1500 m²) sur un terrain de 7000 m². Dessinée en prolongement de

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la cour de l’école de Brégnier-Cordon, une grande place réservée à la fois aux enfants et aux adultes est encerclée par les bâtiments suivants : un multi-accueil et un CLSH (centre de loisir sans hébergement) reliés par un jardin intérieur couvert, une bibliothèque-médiathèque directement connectée à un pôle multi-rencontre, une cantine.

Plan, vue du dessus


nATure

Vue de l’atrium

Vue d’ensemble

Vue de la cantine

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PORTFOLIO

Univers interactif et pilote TV en préparation… En parallèle de son travail d’architecte, Régine Louiset est, avec Stéphane Blondel, co-créatrice du projet narratif et interactif MISTER FIVE. Un projet où la ville – futuriste et métisse – est un personnage central. Ils viennent de terminer le scénario d’un court-métrage, prologue de la série audiovisuelle qu’ils ont également écrite, et sont à la recherche d’une structure de production pour passer à la réalisation. Pour découvrir cet univers et pour tous renseignements connectez-vous sur le site officiel du projet : http://www.misterfive.fr

Studios FDF (Fort-de-France) Vue de la terrasse

(Projet de diplôme, 2005) Le centre-ville de Fort-de-France fait l’objet depuis quelques années de grands travaux de revitalisation et de projets urbains. L’implantation de studios d’apprentissage et de production audiovisuelle semblait alors idéale sur le site de la Pointe Simon le long du canal Levassor. Ces studios, où des professionnels pourraient venir tourner en accueillant des étudiants dans leurs équipes,

permettraient à une production qui a déjà fait ses preuves de s’affirmer et d’exprimer ses richesses avec les moyens qu’elle mérite. Programme : plateau de tournage avec loges et espace d’animation sur le toit-terrasse, studios de production, et de post-production, logements pour étudiants, ateliers d’artistes donnant sur la rue et café-restaurants. Surface totale :1500 m².

Vue intérieure d’un appartement d’étudiant

http://www.reginelouiset.com/book.html

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© R. Louiset & S. Blondel

© Visuels de l’article : R. Louiset

diPlôMe

Façade sud des studios

Pour plus d’information sur les photographies d’art de Régine Louiset : http://www.reginelouiset.com/ • reginelouiset@hotmail.com


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Š Photos R. Louiset

FerveuR indiENne


LOAS

© P. Fréro

« Le rebond du ballon » Pierre Fréro

Réalisateur, né à Marigot (Haiti) en 1969. Vit et travaille en Haiti.

2008 : entre à Cine Institute de Jacmel. Il s’y spécialise en écriture de scenario et réalisation.

© P. Fréro

2008 : premier court-métrage « Le rebond du ballon » projeté aux festivals de Saint Barth et Guyane. 2008 : co-réalise une pub pour Malta H.

2011 : écrit et réalise deux court-métrages : « Mais toi ma fleur » qui a reçu le prix Meilleur Film sans dialogue au Festival 10G Film de Cine Institute et « Un jour peut-être », nominé Meilleur Film avec dialogue. Il co-écrit et co-réalise « SOS choléra » pour sensibiliser la population haïtienne face à l’épidémie qui fait rage au pays. Diplômé en 2001, il fait partie de la première promotion de Cine Institute.

© P. Fréro

Christiane Bourbon à la « Outsider Art Fair » (New York) devant « Gerizon » de Myrlande Constant (Haiti) 2007 et un dessin de Prospère Pierre Louis (Haiti) †

© P. Fréro

Synopsis du film : Nedge doit choisir entre sa vie insouciante d’adolescente et celle de prêtresse vaudou, faite de sacrifices. http://www.cineinstitute.com/productions/ pif2004@yahoo.fr

En projet : « Ré-incarnation » qui doit paraître fin 2011, son premier long-métrage dont il est aussi le scénariste.

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« Bawon Limye », de Richard (2006 – Haiti), † 2011

© R. Lally

2010 : réalise deux documentaires sur la ville de Jacmel : « Jacmel avant et après le séisme », puis « A legacy under rubble » qui a été diffusé par la chaine de télévision CBC.

© P. Fréro

© R. Lally

2009 : assiste Norbert Alix dans la réalisation de son court-métrage, « Chemen glise ». Il est co-scénariste, et assistant directeur d’une publicité réalisée pour Toro, une boisson énergisante.

collaboration de M. Reynald Lally ( Avec l’aimable ) www.bourbonlally.com


Loas Loas ou Lwas Le panthéon vaudou est fait d’une multitude de « Lwas », qui sont des esprits, des divinités inférieures, pouvant entrer en communication et même collaborer avec les humains.

Collection de figurines Bizangos de la société secrète en Haïti (Artiste inconnu). Collection : Afrika Museum (Berg en Dal) 2009

http://www.afrikamuseum.nl

Karine Gabon

Vit et travaille en Guadeloupe ©DR

1999-2000 : DNSEP (Beaux-Arts de Toulouse)

© R. Lally

2005 : - « Pool Art Fair », Manifestation d’art contemporain Manhattan (New york). - Exposition au : « International Creole Fest » (Floride) - Exposition à la fondation AfricAméricA de Port–au–Prince. 2006 : - « Danse des Zémis et des Enfants Sorciers » (Guadeloupe)

« Bosou » de Guyodo (Haïti) 2009 • www.guyodo.com

2008 : Exposition à la « Galeria del Oriente » Santiago de Cuba

« Lwa-Haïti », technique mixte, 2006

© K. Gabon

« Lwa-Kayak », technique mixte, 2006

karinegabon@yahoo.fr

© K. Gabon

© K. Gabon

© R. Lally

« Lwa-Gourami », technique mixte, 2006

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L’ombre Karim Louisar & KL Agency

Son amour de la musique, il l’a hérité d’une part, de son père congolais qui lui ramenait des disques de la Motown des États-Unis et d’autre part, de sa mère martiniquaise mélomane. Rencontre avec un faiseur de sons et de musiques…

C’

est à la Défense que Karim Louisar m’a donné rendez-vous. Il est accompagné de son fils Yanis (4 ans) et sa fille Stessy (9 ans), « parce que la famille c’est important… D’ailleurs c’est un peu grâce à ma marraine que je suis dans le milieu musical… » Sa marraine lui a offert à l’âge de onze ans sa première guitare accoustique. « Qui pouvait savoir à l’époque jusqu’où cela allait me mener ! ». Bien bâti, sans une once d’arrogance, Karim a l’air sérieux de ces personnes très impliquées dans leur travail. Homme de l’ombre, il passe le plus clair de son temps dans son home studio où il compose, arrange, programme de la musique pour les différents artistes qui le sollicitent. « Cela fait maintenant treize ans que je suis dans le métier. Je suis un autodidacte, j’ai tout appris sur le terrain, à l’oreille ».

© Illus. F. Blaize

Pour moi, Victor Wooten est le maître incontesté de la basse toutes catégories confondues de ces quinze dernières années.

Carat Kifel

Izly

Dis l’heure 2 zouk 52

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Martyn’ Carrière


musicale

SONS

© Illus. F. Blaize

Je suis assez polyvalent dans les styles de musique, qu’ils soient langoureux ou endiablés. J’aime les groupes qui groovent, j’ai fait pas mal de « bœuf » avec des amis dans des studios de répétition. J’ai aussi accompagné le groupe « Melgroove » au Hot Brass et le groupe « Gospel Dream » au Divan du Monde à Paris.

Karim s’adapte au projet et à l’artiste car on le contacte souvent dans l’urgence. « Il faut une musique tout de suite, qui soit sur mesure au niveau du tempo, de la tonalité et du style ». Le travail se fait au casque pour éviter de déranger les voisins. Fort de son éclectisme, il a d’abord été influencé par le jazz fusion (Marcus Miller) et latin jazz (Stan Getz, Chick Corea, Joe Sample, Al Jarreau), pour ensuite s’orienter vers les musiques urbaines telles le hip hop, le Rn’B, le dance hall etc. Au début des années 80, Karim rencontre à Brazzaville Francky Mouélé – bassiste actuellement arrangeur à New York – qui l’initie à la clé de Fa pour déchiffrer des exercices de ligne de basse « Slap it ». « Je m’imprègne des nouvelles tendances, car

Pas peu fier…

L’album « Ô 2 Gammes » (2002) de Tonton Ben, oncle du rappeur Passi, est une étape importante dans la carrière de Karim Louisar, car il est compositeur, arrangeur, programmeur et réalisateur sur ce projet. « Le challenge était de mettre en mélodie le ‘ Mounoukoutouba ’ un dialecte du Congo Brazzaville réputé pour être inchantable. Nous étions précurseurs du genre… ».

Milca, Johan R.

& Jade

Compositeur ou programmeur, faites vos jeux !

En tant que programmeur, Karim crée littéralement un orchestre virtuel qu’il fournit à l’artiste pour l’enregistrement définitif en studio. « Je remplace l’orchestre qu’on >>

TÉMOIGNAGE

MARINA URSULE J’ai rencontré Karim Louisar, il y a un peu plus de six ans. C’est une personne avec laquelle on a plaisir à travailler car il est très « open » et n’a pas peur d’exploiter de nouvelles idées. C’est un personnage d’une humilité étonnante pour quelqu’un d’aussi talentueux et innovateur que lui. Lorsque l’on découvre son univers et sa richesse artistique, il paraît inconcevable de sortir un album sans sa collaboration. Une personne qui gagne à être connue au-delà des frontières, un grand artiste.

Passi, L-Vis

Leïla Chicot

& Alibi Montana

Photos DR

Le style Karim Louisar

l’objectif n’est pas de faire de la musique pour soi-même mais pour les autres ». Le titre qui le révéla en tant que compositeur sur l’album « Racines » de Bisso Na Bisso étant un zouk, cela lui permis une collaboration avec le saxophoniste Nicolas Guéret, Jacob Desvarieux, figure emblématique du groupe « Kassav » Tania St Val des « Zouk Machine » et Michel Alibo des groupes jazz fusion « Sixun » et « Sakésho ».

© A. Herman

Ambiance de travail façon KL Agency

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Stella Mouna 2011}

Boucan

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© Illus. F. Blaize

TÉMOIGNAGE

DR

IZLY Karim Louisar est un grand professionnel. Il m’a tout de suite mise à l’aise alors que nous ne nous connaissions pas. Il sait adapter la musique et les sons à la personnalité de l’artiste. Mon album n’est pas encore sorti, mais la première chanson que nous avons travaillée ensemble y figurera. Je me rappelle le jour où il m’a fait écouter ce fameux morceau : j’avais l’impression de voyager car c’était exactement ce que j’attendais : un morceau zouk-rnb pour lover sans modération ! Il a cette faculté de pouvoir composer et jouer différents styles de musique. C’est un très bon arrangeur et j’ai apprécié d’être coachée par lui. Ce monsieur drôle et sympathique, tout doucement, est devenu mon frère de cœur… Mes intérêts sont variés, ils vont de la politique (sensibilité de gauche) à la vie de famille en passant par l’écologie, le sport, l’informatique, le cinéma et les effets spéciaux. >> faisait venir pour réaliser un morceau

de musique et qui pouvait compter plus d’une quinzaine de musiciens ». Le programmeur est l’interface entre l’artiste, les chanteurs, les musiciens, et les ingénieurs du son en studio, il est le noyau de la réalisation d’un disque. À l’agence, Karim est plutôt bien équipé : un PC, Cubase 4 pour le midi, Pro Tools LE 6.9 pour l’audio. Il grave avec Néro 7, convertit ses wave en mp3 avec FX Audio Converter, et il a un micro Apex 415 pour faire des voix « témoins ». Ses artistes referont des

TÉMOIGNAGE

DR

LEÏLA CHICOT Ma collaboration est très récente avec Karim Louisar. Ce qui me plaît chez lui est qu’il arrive jusqu’à présent à répondre à mes attentes musicales. Nos deux projets qui sortiront sur mon prochain album ont été travaillés méticuleusement en respectant mes idées. J’aime sa façon de composer et je lui souhaite du bon pour la suite.

Petits arrangements entre amis…

Le style de Karim se démarque aussi par ses arrangements. Il apporte une touche hip hop dans le son lorsqu’il travaille sur des musiques tropicales (zouk, soukous, coupé décalé etc.). Le kit de batterie et la basse seront donc les mêmes que pour du rap ou du R’n’B : c’est ce qu’on appelle dans le jargon du musicien « le gros son ». D’une manière générale, on ne

Monique Séka

Boucan {Octobre

Une polyvalence qui paie

Grâce à sa pratique de la basse, Karim Louisar est autonome. « Impliquer plus de personnes dans les projets, reviendrait trop cher aux productions exécutives qui se chargent de me donner mon cachet de programmeur. C’est donc un gain précieux de temps et d’argent. » En instrumentation traditionnelle, il possède : • une 4 cordes pour le slap et tout ce qui est funk ou fusion avec micros EMG double bobinage pour le son (avec électronique active), • une 5 cordes pour le tapping et tout ce qui est slow reggae pour la lourdeur du son,

Tonton Ben

M’Passi 54

s’improvise pas arrangeur. Il faut avoir joué et écouté beaucoup de styles de musique, connaître les instruments qui donnent des couleurs particulières, avoir une bonne oreille musicale, maîtriser l’harmonie, les notes de musique, les gammes, les accords, le solfège, être sûr des musiciens qui viendront jouer. L’expérience permet alors d’anticiper un résultat qui sera au goût du plus grand nombre.

2011}

Photos DR

voix définitives en studio une fois que la ligne de chant sera carrée. Bien sûr, qui dit informatique, dit plantages, virus et bugs… « Je suis parfois obligé de réinstaller tous les programmes. Entre les incompatibilités d’ordinateurs programmeur et studio, la rupture de stock de CD Rom et DVD ROM vierges, les graveurs qui ne répondent plus, la programmation devient vite un cauchemar ! ». C’est une perte de temps en studio pour l’artiste donc des séances en plus à payer… Un conseil du professionnel : ne pas avoir de connexion Internet sur l’ordinateur PC qui sert à programmer.

à suivre ...


SONS • une fretless pour le son nuancé en

jazz et ballades bossa nova et,

• une 6 cordes pour l’étendue des

En quelques dates…

possibilité de chorus. Actuellement, les lignes de basse sont plutôt réalisées avec des sons virtuels, disponibles dans les banques de sons des outils de musique sur ordinateur.

En ce moment, Karim prépare les prochains albums de : Leïla Chicot, Monique Séka, Marty’n Carrière, Tonton Ben, Rafael Battistuzzi, MC Coco, Little C, Izly, Foxy Dana, Marina Ursule, JFP, Keny Wils… ainsi que les prochaines compilations de Wagram Music France. www.myspace.com/kreeml k-reem-l@hotmail.fr karimlouisar@yahoo.fr http://karim-lstory.hautetfort.com

1999 : premier disque d’or décerné par « V2 Music France » pour sa collaboration à l’album « Racines » de Bisso Na Bisso.

© F. Blaize

Sur le grill

1998 : première participation à l’album de Melgroove « Apoca Arrive ».

2000 : création du label KL Agency

1969 : naissance à Paris, d’un père congolais et d’une mère martiniquaise. 1975-1978 : danseur et interprète dans « Porgy & Bess », opéra populaire américain.

2001 : adhésion à la SACEM en tant qu’auteur compositeur et arrangeur de musiques de variété via son éditeur « Delabel Éditions » (label racheté depuis par E.M.I Music Publishing France).

1978-1990 : séjours fréquents à Brazzaville. Il y fera des rencontres déterminantes au niveau musical.

1998-à ce jour : diverses participations sur des albums et des compilations (une cinquantaine).

Karim Louisar est sur B>>On le complément multimédia de Boucan

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Amo ur, Christian Sabas

vide

et cré

ation…

Quand rien ne dit et que le néant nous fait les yeux doux… tu sais… je serai un grand d’un amour sans nom… d’un amour fou… j’aime le monde… je veux être tout le temps, en tous vents… j’aime m’étendre m’ouvrir à tous… j’aime… sera-ce ce doux qui me tente, m’attend ? en cela qui joue, qui danse, qui chante, sera-ce toujours ça ? si fier et si fou et alors comment combien pour s’en Gargariser encore un peu… Je l’ai vu cet amour en des yeux… c’est exact il y eut comme un flou que dissipera l’autre se rapprochant… mais c’est y possible qu’il faille créer comme une condition de l’être avec… ; qu’il faille tenir comme un compte sur l’autre qu’il faille se danser autour de son cri… Qu’on crée…oui qu’on crée cet amour Qu’enfin il existe…

L’exil t’a écrasé, anéanti… reviens, oublie le mauvais signe, dompte l’absence, reviens doucement, prends cette fleur, ramenée de là-bas, approche-toi, sens-la. Oh ! Comme ils t’ont traité là-bas, malmené, violé, volé, acheté… ton sourire. Pourquoi je leur semble tellement différent, si lointain, peu humain, lorgnant si perdu aux abords de la vie, courant le regard, quémandant l’amour… Ils m’ont poussé, frères, et abandonné, pas une pièce plus de place, ni de force, pas plus de papiers, juste un sentiment à l’étroit dans un corps saccagé, fatigué par les bouleversements, les cassures, les tempêtes, les tromperies, les obscénités, les tremblements, le marchandage dans un monde surfait… Mais des fois je reviens, tu me tiens, et c’est bien… Oui je reviens seulement pour te dire que je t’aime toujours…

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TOPOLOGIE

© Peintures, textes et dessins : C. Sabas

Fier il avança son bébé, l’air content… mais celui-ci avait du mal à donner un regard doux, aimant, avenant… L’homme se débrouillait comme il pouvait… Il était question de trouver à manger… Ça urgeait… l’enfant n’avait rien demandé…

D’un être si proche qui tint en ses mains comme une clé… Il a suffi d’un seul… coup de vent, au cœur du temps… pris dans les épaisses serres du désir… Il ne put esquisser le moindre repentir… On fut si nombreux à le voir partir… Il n’en sut rien des caresses, du toucher, d’un baiser. Ses yeux affolés parlaient sans cesse… au noir… C’est de là qu’on achoppe sur son récit… Aux amours… d’en fredonner…

Amour Sur ce qu’on invente et qui se dit. L’amour… habite un vaste champ à préserver Un véhicule… aussi qui tient du vif et nous porte en des terres délicates à sonder, terrains difficiles à baliser… l’émotion serait-ce ce frappé à la porte… du cœur alors

ce coup qu’il porte au cœur du monstre le rendant doux et si prenable par endroit… ce coup qui parfois l’assomme et le somme sûrement d’être plus… certains disent que l’âme parle et ses mots ne seront que d’amour… que travestiront ces corps d’homme ?… en folie certains s’en rappellent… à la chair et ses bleus… quand une douce déprime nous caresse, qu’un doux sentiment nous balance…

leurs mauvais coups sur un temps trop long… on peut dire de l’amour qu’il est fort… ; tant il semble arrêter les temps… À nous… de voir plus loin. L’homme Méditant sur… le finir. butera sur l’amour qui le véhiculera jusqu’à sa fin. L’amour réchauffe et donne une direction. Ça me semble un vieux sujet banalisé, voire méprisé, mais la seule chose que nous puissions créer de véritable c’est la rencontre… la relation … un jeu avec tout ce qui ne serait pas nous… je. à nous d’inventer chaque jour… que ce rapport à l’autre sur l’aimer perdure… découvrant alors à chaque fois en nous comme un nouveau visage… une nouvelle figure émerge… un regard sévit… un choix se dessine… La quête d’un autre si naturelle qu’elle soit, porte si haut les couleurs d’un amour… Pouvoir taquiner l’autre sans parler de soi… D’en ramener un peu de cet autre vers soi… tiens peut-être la création majeure du fils de l’homme… créer alors les conditions d’un amour voilà le gros du travail à mettre en joue… Et bien plus tard… Peindre pleurer, salir… musiquer, crier, dégueuler… chuter, danser, théâtrer Toujours une tentative d’échanger… et aussi d’en ramener à soi… comme séduire se dit… >>

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Christian Sabas >>

Amour Peindre, c’est enjoliver le rapport, préparer l’accueil de l’autre… se débarrasser de l’encombrant… oui c’est faire du vide que l’autre, l’arrivant, s’y maintienne et remplisse quelque peu cette place déjà trop vacante… l’expression dite artistique crée les conditions de la venue d’un autre… autre homme, voire de l’être… pas d’un surhomme… l’amour rend faible… eh oui c’est comme ça… tu le tiens il s’échappe. s’exposer… oui le sexe posé voire déposé sur la toile… dévoilera les lumières et ombres de notre homme, de notre faiseur d’œuvres, de notre amoureux… Les couleurs auront beaucoup dénoncé les corps d’un amour… et le séducteur de paraître bien pâle… mais dans l’ensemble le vide s’éloigne et sur un temps notre homme avance tout sourire… l’amour en creux du corps… il n’y a pas mieux qu’un dit art dans son expressivité même la moins alambiquée pour redonner du tonus et éloigner l’encombrant et ses vides et ses nœuds…

Chute de feuilles… tissu soyeux… saute aux yeux… bordé de dentelles… blanc comme le jour. A été là, et maintenant… lentement et toujours sera on sut qu’il s’enquit d’une clé… quand il prit l’étoffe, en fit un nœud,… on ne put lui réchauffer ce cœur déjà si froid… il aimait tant jouer, il eut tant donné… on semble si loin… Amour… bref

L’on ne saurait se permettre de le laisser filer… ; quand tu sentiras la brise et que les vents t’effleureront… ; va, laisse-toi emporter… oui il t’attend… ; lui aujourd’hui il n’est plus trop grand et beau… mais sache le reconnaître… ; il arrivera lentement et l’écran de fumée qui d’habitude le précède aura disparu… ; alors regarde-le , tiens sa main… ; sens-le fort… regarde intensément ses petits doigts de travailleur… ; fixe-le bien dans les yeux… il n’y a pas d’or, ni d’argent… mais promesse oui d’aller un peu plus… ; en ces contrées où seul on ne peut s’aventurer…

L’entame les corps d’amour… c’est y là que les cœurs se mettent en branle et que, l’homme se voudrait créant et ça serait tout bénèf…

ça peut stresser, ça file trop vite hélas… aussi… mais ça revient qu’on l’attende Nous l’homme, sommes le changement même.

Celui qui semble perdu, c’est que l’amour lui tourne autour… et comment le tiendra-t-il ?… quels moyens mettre en œuvre ?… l’art,… etc. faudra l’aider à se trouver, se retrouver s’exprimer… Il trouvera la réponse en franchissant, traversant… l’instant… se risquant dans les affaires du dehors… pressant ses sens de lui refiler un bébé doux et bien parfumé…

Il faut saisir l’amour en passant. Quels moyens te donnes-tu pour t’en saisir ? C’est un grand combat… Qu’est-ce que l’autre va venir chercher en toi et comment tu t’es préparé… pourquoi soi-disant avoir besoin de lui quand tu sembles si bien aussi, d’effroi… seul… on n’aime plus trop être seul ça fait incapable… incapable ; as-tu eu peur ? et ça fut comment cette peur… certains disent : il est parti… ah elle est partie… ; ah bon… c’est y pas beau tout ça… le gouffre en est plein de ceux qui sont restés… le néant travaille sur son aspirateur… infatigablement…

L’entrée en amour, en création… donc… le fait de toucher l’amour nous permet d’éclore, de renaître… cela rend fécond. 58

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Ma moumoune chérie… … et plus d’un S’y égara en ce dedans… on songea des fois à lui jeter un bonjour… on eut peur qu’elle s’y accroche… un vrai meurtre s’y adonnait…en ce non lieu elle s’y noya…


TOPOLOGIE

Le vif habita l’homme. «Quand il eut peint et qu’il

» © Peintures, textes et dessins : C. Sabas

entama un nouveau dessein, la femme… le prit à part

… sur les épaules du silence… en marge de sensations denses… le vide propose sa danse… le corps balance… se raccroche… personne ne l’a vu venir… quand d’ici de ce que l’on entend de ce corps en pleine reconversion… Il y eut… une lente chute…

Le vide… snobe l’amour. Rend l’homme maladroit Qui le lui rend bien d’ailleurs et en profite pour lui toucher deux mots dès qu’il l’aperçoit… Existe… vide, tiens-moi dehors et fixe le temps… L’amour… ça enserre…. mais ce dernier ne dira pas son dernier mot. Lorsque tu saisis la vie en ce qu’elle est, sur ce que l’homme peut proposer… tu découvres aux contours comme un trou…, sur la fin qu’un mauvais mélange de couleurs suffirait à dénoncer… cette peine que l’homme éprouve à ce moment-là… un vieux tableau exprimant le trop peu qu’il endure et cette sensation brutale que cette barbouille en sait plus, en vaut plus, tient plus… ou sinon adhère plus… quelques petits coups de pinceaux… nous fûmes si peu de chose, et j’avoue que je suis encore plus brutal, si je pense qu’on nait rien, rien, rien… et qu’en toutes choses et qu’à tous instants qu’on doive se l’avouer…

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Christian Sabas

Et la création? Expression…

sûr le faiseur souvent un plagiaire… enfin… il est question de quoi ?… d’en malmener sa fin et de parader sur les bords de celle-ci… la porter encore aux limites d’un amour. quel corps qu’on traite ainsi et quelles traces qui en demeureront ?… quelles compréhensions sinon… d’en être… Peindre c’est faire tenir le pinceau… en une maladresse si certaine… que notre chair à penser, affolée et souffreteuse… se sente adhérer à la toile, lui entaillant sa blancheur Faudra que la chose, le sentiment, qui devrait s’y développer… la scène qui devrait s’y dérouler en sa façon la plus simple… ne put jamais trouver à se dire de manière convenue… Oui peindre c’est livrer bataille… c’est jouer avec soi, se dé-faire, se dé-mesurer, s’allonger, se reposer, crier qu’on finit là, bientôt, dans la crasse, dans la misère, comme un chien, comme une poule… un corps beau… en tons beaux à musées, galeries… Peindre… c’est se délivrer… se libérer sur un temps de la pression d’une chose à-venir qu’on entend mort… renaître, reparle et mousse les sens… crache à la figure ton plus beau-bleu tableau… oui ouvre la gueule et beugle j’y suis… mais où… sur le toujours… et jusqu’à la fin…

du matériel de peinture, je dirai… je gaspille car je ne sais pas comment et ce que je serai en ce dit « peindre »… lancé à travers les configurations du sensible… bien sûr le mot mort et la môme art nous la content bien…. Dé-Peindre… serait-ce la bonne adresse pour se confronter à ce monde-là ?… de l’expression en tous genres… à tout va… et aussi pour le mieux… se confronter au corps décomposé, le dépeçant, extirpant les entrailles, désembouchant les tuyaux… que subsistent une légère allée, étroite bien sûr… d’où les grandes coulées rouges abreuveront les bestiasses avoisinantes séjournant à moindre frais en nos chairs et boyaux… en nos artères et colons… tout ça encore assez proche de la cuisine… si, c’est de la cuisine qu’on y mixera, mélangera les divers pigments-ingrédients qui se déploieront du ventre de la bête oui car il faut que ça sorte de quelque part… d’aucuns croient que c’est de la tête que toute cette saleté se repaît… non, non malheureusement c’est d’un immense informe, un grand dégueuli, un énorme malentendu… et faut-il en plus avoir broyé du noir pendant longtemps pour chercher et surtout arriver à sortir son petit paquet… l’œuvre… d’art et d’or… un gros truc… tout un pataquès pour ça… tout un arsenal… des écrits, des cours, des écoles, des présentations et des escrocs… toute la bande et bien

Les enfants jouent l’adulte peint… ou fait il sait plus jouer… En ce nulle part… où ma part de nul va se montrer Quand j’acte à peindre…

chercherais-je, accèderais-je encore à l’enfoui sans fond de l’humain, dans les corps en feu du je… Pleure, peins, salis, caresse, meurs et renais… Dans mes douteuses existences. En petites expériences… J’ai eu joué avec des couleurs… Je fus dans ce pipi caca Il y eut un projet,

Il y en aurait pour tous… ils s’aventurèrent fiévreux en cette nuit… Il aurait dû être là, à cette place… comme une lumière les aveugla… un signe leur était donné… ils partiraient donc dans les contrées où l’homme apprend comment ne pas malmener son dit semblable… certains hésitèrent… ils avaient toujours aimé ce goût teinté de sang que dégageait la victime. Ils se confiaient qu’il y en aurait toujours…

© Jean Cattoire

Christian Sabas Fondateur de l’Atelier du Non Faire

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Christian Sabas, infirmier psychiatrique diplômé, peintre et musicien vit en métropole depuis 1973. Il garde un lien avec sa ville natale en Guadeloupe où il crée le Musée d’Art Moderne de Ferry Lacok en décembre 2010. Depuis 1975, il travaille à l’hôpital Maison Blanche

où il fonde spontanément – en 1983 – l’Atelier du Non Faire qu’il qualifie d’expérience collective… Il base l’acte de soin autour de l’individu, de l’humain et de la relation à l’autre. Par ailleurs, il développe au fil des années son travail créatif autour de l’acte plutôt que

de l’œuvre. Il partage sa vie entre le travail de création avec les patients et son activité artistique. Il vit et peint dans son atelier à Montreuil et poursuit son action après 2005 en développant la Fondation Non Faire. bolokomoko@hotmail.fr www.atelierdunonfaire.org/


TOPOLOGIE

Donc et déjà… dans une logique de marché. Agir sans thème, sans fard, jusqu’à Découvrir dans l’humaine profondeur, un être proche. La peinture allège, mais je n’en sais trop prétendre… autre qu’elle m’est nécessaire. Plus je jette et m’allonge sur la toile, plus je suis en accord avec moi-même. Défouloir Lorsque tu as repéré qu’en tout temps, les couleurs, peuvent te permettre de mieux sentir, trouver l’autre… donc te retrouver, cela te donnerait un peu d’allant pas peindre, mais jouer, mettre le corps en axe… au top… soulever la peau et médire sur notre bonne vieille viande… tu peux le faire si t’es passionné et donc… tu voudrais savoir de quelles matières et jus on tient ?… du rouge, des bleus, du blanc et des cordes… quelques arêtes et beaucoup de nœuds…un gros truc…

La peinture est devenue un réflexe naturel, comme celui de boire de l’eau. Temps. Il attend un événement… ça sera l’exposition comme une tentative d’abandonner, de poser son sexe un instant et de s’entendre mourir sous les regards de l’autre… une position pour aller sur le mur mort… Je gratte le tableau, pour en dégager toute la pourriture. Devant la toile, je suis en représenté, je me présente à moi-même et je joue.

Ensuite, j’affronte la vindicte populaire en représentation. Mais la finalité de la peinture est-elle vraiment l’exposition ? Non, car en réalité ce qui prévaut, c’est l’expression. Lorsque je peins, j’ai l’impression de me repositionner, et dans le cas de mon origine antillaise, je prends une nouvelle assise et une vraie peau. L’écriture devient un prolongement de la peinture Et est ainsi porteuse. La peinture permet d’aller au fond de l’homme où ça qui va se passer traîne ou trame… L’écriture, quand à elle, socialise beaucoup alors que paradoxalement, mon rêve serait de me perdre, le lecteur, le regardeur aussi… Mon projet n’est pas de me faire comprendre. Si je m’exprime, c’est pour tenter d’être, de me trouver vivant, de m’originer… de m’authentifier, de me trouver naissant… quête du plus profond… en soif de devenir… j’écris des farfeluités, dans mon univers de tours menteurs bien. J’ai une manière d’écrire, de crier mon créer… comment puis-je le démontrer… un petit peu « mort », un petit peu « vie », un petit peu « poser la question à l’homme de son devenir »… L’être devra nécessairement accoucher. Il faut qu’il donne une valeur à son « je » dans le monde. Comment dit-il qu’il fait partie de ce monde ? en commettant quelques tableaux, quelques peintures, quelques grandes actions comme par exemple tomber amoureux– c’est une grande action… voire épouser la vie

C ’e s t de

cela

q u’o n s’agite… ;

qu’il

s’agit… ci-gît…

© Peintures, textes et dessins : C. Sabas

Sabas

Ça ne sera pas un ballet bien rodé… quand l’autre s’en revient des voyages où l’on revient blessé. et dans l’à-tout jamais… un désir s’est tu… qu’un corps ensanglanté dévoile… je revois ce voyageur qui passe la commande… aux autres… y-a-t-il un monde meilleur quelque part ?… était-ce bien là-bas qu’ils traitent si mal l’homme ?… quelqu’un lui prend la main et y glissera ce bout de papier si cher…

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En douze planches dessinées, Jack Exily nous propose un hommage au peintre martiniquais Henri Guédon.

Né en Martinique, Jack Exily vit et travaille à Paris. www.soulnetworks.org • exily.soulnet@gmail.com

© J. Exily

COMICSTRIP


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