boucan 2

Page 17

SLAM

*

Pawòlakafèt La pensée et les rêves, même éveillés, ne s’imaginent pas de frontières ni de limites. Tout juste quelques notions de temps, celles des contraintes logistiques à vaincre, à gérer. Si l’Atrium est un indéniable outil d’affirmation d’une ambition culturelle martiniquaise, c’est peut-être parce qu’il n’entend pas voir limiter ses ambitions et ses réalités aux temps, à la présentation de spectacles ou à la production. Culture, création, performance, slam, poésie...parole... Le quotidien nous apprend combien les mots sont fragiles et complexes, ces mots que personne ne conteste, ces mots qu’on peut pourtant galvauder, qu’on peut user et affaiblir pour mieux en trahir les valeurs. J’ai voulu les envisager comme des chantiers permanents où le public-acteur pourrait affirmer ce qu’ils signifient tout en cherchant ce qu’ils contiennent encore de nouveau et d’inédit, ou encore de non dit.

Simone en performance lors du « Mizik ek pawòl » avec la participation de Ninoska Espiñola, chanteuse chilienne

*

http://www.myspace.com/simone_slam http://www.myspace.com/slamsimone E-mail : lagrands@hotmail.com

Mon écriture se nourrit d’un regard sur l’envers et l’endroit du monde comme pour sortir du « véglaj » ambiant qui pousse trop souvent à chercher pour trouver.

DÉCA-DENSE Le regard de la nuit Lit l’essence de vies vécues Rêves perdus ou retrouvés Etreintes au goût de sueur Stupéfactions trafiquées Marketing sur le trottoir On perçoit du bling et des paillettes Si pleines de stress que les strass s’éteignent Comme des bêtes à feu sans âme Si pleines d’ivresse que les délivrances s’astreignent à trouver d’autres trames Excès tout accès Action toutes options Mystique toute lipstick Pas glop le gloss too much qui sillicone des baisers vite donnés, vite oubliés A la faveur de la nuit le sexe sait se décomplexer mais s’esquive et s’efface sous la pression de l’outrance Le dance floor se fait masturber sans gêne Et le Saturday night fever devient si hot, si graphiquement porno, si erotico chic Que les chairs deviennent banales et divulguent dans l’air des relents de sperme et de champagne Les corps opulents assument leurs charmes tant et si tant qu’ils rivalisent d’impudeur La volupté cède la place à la corrosion du vulgaire Et Les strings se font cordes aux cous de leurs propriétaires

Tenues en laisse par la provocation qui se mue en démonstration Démo pour ne rien dire, pour se faire voir Ailleurs sans doute, parce que le show sonne creux Et à trop faire du cirque, les bimbos boum boum dérivent en attraction La nuit déraille à coup de cocaïne, de rhum coca, pays de cocagne rêvés Cacophonie écho de la phobie du silence, de l’absence de celles qui veulent tant exister en excitant les sens Noces fauves et burlesques entre amants éphémères Pas encore hommes, pas encore femmes Mais si tellement over Bookés Dosés Ganmés Mais le game over n’est pas loin Les aléas jactent de l’est à l’ouest et les un et les unes perdent le Nord si vite Petites filles encore, délaissant leur chupa chups pour les robinets des chiottes des discothèques pour grands Leurs wonderbra sentent encore le pop corn iophylisé saveur caramel et le chewin-gum à la cola Mais dans ces nuisances sans existence, la décadence fait des faux pas Ils ont oublié l’enfance Ne savent pas ce qu’elle sait Ils prennent des cours de décadence Dans la tête des contes défaits

{Juillet

2010}

Boucan

© Textes de l’article : Simone Lagrand

© William Zebina

Simone aux côtés de Christophe Rangoly aka papa Slam

© William Zebina

Les mardi de l’Atrium

17


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.