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…OREILLE

CAPELLAN À CUBA

HAÏTI À L’HONNEUR

L’art est un acte politique par essence

Mar Caribe, installation de Tony Capellan (1996).

Tony Capellan est né à Tamboril en République Dominicaine. Il étudie au département des arts de l’Université Autonome de Saint Domingue. Peintre et graveur, il s’est tourné vers l’installation, estimant que ce mode de représentation était le plus adapté au message social qu’il entendait faire passer, notamment sur les conditions d’existence précaires des habitants de l’île. Il travaille essentiellement par assemblage d’objets, de débris rejetés par la mer, comme ces tongs qu’il présente dans l’exposition « Kréyol Factory ». Cet assemblage illustre les conditions de vie précaire des habitants de son île, mais se réfère également aux boat people du monde entier.

Coup de cœur pour cette artiste haïtienne qui vit au Canada. Marie-Hélène Cauvin, diplômée en art de l’Université Concordia en 1992 s’oriente vers l’art de la gravure à la Tyler School of Art de l’Université de Philadelphie, initiation suivie d’ un séjour de perfectionnement à Rome.

S

i la pratique de la peinture est assez répandue en Haïti, celle de la lithographie est moins courante. De rares artistes haïtiens en font. Marie- Helene Cauvin innove en nous proposant ses lithos. Avec Marie-Hélène Cauvin, l’art n’est pas décoratif, il n’est pas « confortable ». Fortement influencée par les expressionnistes, elle nous présente une vision ten-

CA-LÉÏDOSCOPE

Charles Campbell ou le motif « esclavage »

© C. Campbell

Venant de la Jamaïque, Charles Campbell a déjà beaucoup exposé en Amérique du Nord, dans la Caraïbe et en Maroon Meditation 2005 Europe. Il se nourrit huile/papier/toile de ses différents pays d’adoption (le Canada, le Royaume-Uni) et de ses racines jamaïcaines. « Pour l’instant, mon interêt s’oriente vers un travail sur la tension : la tension provoquée par l’utilisation chaotique et violente d’images placées dans le cadre de la répétition contrôlée d’un motif graphique ». Le travail de Campbell traite aussi de l’esclavage. Il parvient à transposer une période particulièrement traumatique et brutale sur un médium artistique tout en la rendant émouvante. http://www.charlescampbellart.com/ charles@charlescampbellart.com 08

Boucan {Avril

2010}

À RELIRE…

Choses dites à la vitesse d’une caresse… Georges Castera n’a pas choisi langue créole par préférence. Il a commencé à écrire en créole pour échapper à la censure de son pays d’origine (Haïti). Éxilé à New-York, il continue de publier en créole dans le cadre d’une organisation qui en valorisait son usage. Son écriture change suivant la langue qu’il utilise. Le français est plus spontané, ce n’est pas une langue qu’il a à défendre. En créole, il se fait plus polémique. Il y a dans

La nef des fous (1995) huile sur toile

La Tatouée (2000) gouache et fusain

due et angoissée du monde. Ses créations sont de l’ordre du surgissement : elle fait monter à la surface du tableau des personnages hantés par les thèmes de la violence, la mort, le dédoublement et l’érotisme. (voir notamment ses portraits d’esprits recouverts de peinture). Une palette colorée très réduite - l’ocre rouge, le rouge, le vert, le jaune et le noir sont des couleurs naturelles– accentue son lien avec le primitivisme. http://ppcauvin.cyberglobe.net/ ppcauvin@hotmail.com

l’œuvre de Castera un goût pour la transgression et la rupture, l’envie de dénoncer notre société inégalitaire. Dans « Le trou du souffleur » il tente de déculpabiliser l’érotisme. « J’ai essayé de donner au corps sa dignité, car il a été trop longtemps conspué, dévalorisé par des siècles de monothéisme. Je parle du corps féminin qui a été mis de côté comme quelque chose de dangereux, de diabolique. Je suis partisan de la joie, de la jouissance. L’homme qui fait l’amour est heureux. » Il y aborde aussi le rapport de la vie à la mort. Pas de place pour la nostalgie ou la culture de l’exil dans la poésie de Castera... En savoir + Georges Castera rejoint l’équipe des Éditions Mémoire en 1999 où il est directeur littéraire. Avec Castera, Rodney Saint-Éloi fonde la revue semestrielle d’art et de littérature Boutures.

© Œuvres M.-H. Cauvin

© DR

Le théâtre de l’intime


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