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MOT À MAUX Inédit de Nicole Cage-Florentiny

Lettre ouverte à Anthony Phelps

>> 6. En 1996 vous avez reçu le prix

Casa de las Americas pour « Arcen-ciel, l’espoir », y a-t-il un avant et un après ce prix reconnu ? Oui, car grâce à ce prix, j’ai d’abord pu tenir entre mes mains tremblantes mon premier livre édité, mon premier recueil de poèmes : émotion ! Puis il m’a ouvert les portes de l’Amérique Latine puis du reste du monde, par ricochet. C’est grâce à lui que, j’ai été invitée à mes premiers festivals internationaux de poésie et que je suis éditée en Amérique Latine, en espagnol ou en bilingue (espagnol/français). 7. Vous vous intéressez aussi à la valeur thérapeutique de la création littéraire. Pouvez-vous nous en dire plus ? Mettant en connexion ma formation 34

Boucan {Avril

2010}

de psychothérapeute et mon métier d’écrivaine, j’ai mis au point une méthode de mieux-être par l’écriture automatique. Il s’agit, grâce, entre autres, à des outils comme la relaxation guidée ou l’hypnose ericksonienne, de permettre aux personnes qui le désirent de visiter des territoires intérieurs jusque-là méconnus et d’y puiser ressources et confiance pour faire face au présent et se projeter avec plus de sérénité dans l’avenir. 8. Quels sont vos projets actuels (signature, publication, collaboration...) ? J’attends la sortie prochaine d’un travail de collaboration artistique avec le plasticien martiniquais Hervé Beuze, dans le cadre du projet « Horizons insulaires » mené par les Îles Canaries et le

© Philippe Bourgade

Pour toi je saurai être eau t’emporter dans l’impétueux de mon courant perte-souffle rélé-anmwé rélé-soukou ralé-mennen-vini manman-dlo te conviant à te perdre pour te mieux retrouver hagard et purifié aux berges d’une folie d’eaux et puis soudainement rivière apaisée accueillir tes larmes et toutes les eaux à sourdre de ton corps rendu à mon amour puis de nouveau geyser en explosion d’eaux vives et puis coulée de lave à incendier ton âme et, Monsieur Phelps, je veux, oui, je veux cueillir l’instant où la chrysalide de l’aube se fait matin-papillon je ne suis qu’impatience, je n’ai su qu’ainsi, monsieur Phelps, monsieur Phelps en moi brûlent mille feux et je ne peux laisser au temps un temps que je n’ai pas d’état d’urgence en urgence d’être j’ai peur monsieur Phelps, que la litanie des trop tard ne crucifie l’espoir tant de renoncements tant de redditions tant de rêves en linceul d’impossibles Dîtes, dîtes à l’homme que j’aime que le temps jamais n’a su m’attendre dîtes-lui que je déclare l’état d’extrême urgence d’aimer, et d’être aimée dîtes-lui que tant de fois furent brisées mes ailes que j’ai pu oublier leur force en plein vol vers l’entier soleil de son regard celui-là qui m’enveloppe de sa douceur ambrée dites-lui aussi, monsieur Phelps que ce nuage qui plane au ciel de son regard mon amour tremblant rêve de le transmuter en fine coulée d’or dites-lui s’il vous plaît!

passionné Nilo Palenzuela. Ses images accompagnent (davantage qu’elles n’illustrent) une nouvelle que j’ai écrite en y développant le thème de l’insularité et qui s’intitule Entre îles. J’en profite pour remercier Ernest Pépin qui m’a chaudement recommandée aux promoteurs de ce projet. Un exemple de solidarité entre écrivains, une solidarité qui a trop peu court !


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