LE PREMIER MAGAZINE CULTUREL SUR LA BD ET LES ARTS VISUELS - GRATUIT BD m CINĂ m JEUX VIDĂO m EXPOS m POP CULTURE
SALON DU LIVRE : Les Vikings dĂ©barquent Ă Paris ET AUSSI : FRED : UN GĂNIE POĂTIQUE TOUS CONQUIS PAR W.E.S.T. ALTER EGO : UN PUZZLE DE SIX PIĂCES WALKING DEAD : INTERVIEW DE CHARLIE ADLARD LES GOUTTES DE DIEU : LA QUĂTE DU NECTAR ULTIME
LES CHRONIQUES DE LĂGION N°31 MARS-AVRIL 2011 - GRATUIT
UNE SPIN-OFF SAIGNANTE
OLIVIER THIERRY
ZOO est édité par Arcadia Media 45 rue Saint-Denis 75001 Paris Envoyez vos contributions à : contact@zoolemag.com Directeur de la publication & rédacteur en chef : Olivier Thierry Rédacteur en chef adjoint : Olivier Pisella, redaction@zoolemag.com Directeur commercial et marketing : Jean-Philippe Guignon, 01.64.21.96.44 jpguignon@zoolemag.com Conseillers artistiques : Kamil Plejwaltzsky, Howard LeDuc Rédaction de ce numéro : HélÚne Beney, Olivier Pisella, Louisa Amara, Julien Foussereau, JérÎme Briot, Jean-Marc Lainé, Christian Marmonnier, Kamil Plejwaltzsky, Vladimir Lecointre, Thierry Lemaire, Olivier Thierry, Jean-Philippe Renoux, Didier Pasamonik, Wayne, Philippe Cordier, Camilla Patruno, Gersende Bollut, Julie Bordenave, Yves Frémion, Karine Laca, Michel Dartay, Boris Jeanne, Audrey Retou, Egon Dragon, Yannick Lejeune, John Young, Jeanne Anatole Couverture : Mathieu Lauffray Publicité : pub@zoolemag.com ⹠Jean-Philippe Guignon, 01.64.21.96.44 jpguignon@zoolemag.com ⹠Marion Girard, 06.34.16.23.58 marion@zoolemag.com ⹠GeneviÚve Mechali-Guiot, genevieve@zoolemag.com Collaborateurs : Yannick Bonnant et Audrey Retou Remerciements : Préscilla Nouhaud
DĂ©pĂŽt lĂ©gal Ă parution. ImprimĂ© en France par ROTO AISNE SN. Les documents reçus ne pourront ĂȘtre retournĂ©s. Tous droits de reproduction rĂ©servĂ©s.
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07 - LES CHRONIQUES DE LĂGION m
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numéro 31 - mars-avril 2011 SALON DU LIVRE 2011 Fred © DARGAUD
ne fois encore, le Salon du Livre de Paris fait une large place Ă la bande dessinĂ©e et Zoo en est le partenaire. Comme les Lettres nordiques sont Ă lĂhonneur, nous vous proposons une rapide prĂ©sentation de quelques albums Ăż nordiques Ćž, quĂils soient du cru ou bien quĂils aient tout simplement pour dĂ©corum les contrĂ©es du Nord. Vous trouverez Ă©galement dans ce numĂ©ro une interview de Fred, Ă l'occasion de la publication d'une luxueuse intĂ©grale de PhilĂ©mon et dĂun livre dĂentretiens avec lĂauteur. Fred, c'est un peu le Brassens de la bande dessinĂ©e. (La similitude ne se limite pas Ă la moustache). Un Brassens qui aurait embrassĂ© le courant surrĂ©aliste. Un auteur comme il n'y en a plus et qui nous rappelle ce que c'est que de rĂȘver. Parce quĂun ami mĂa posĂ© la question rĂ©cemment, mettons les choses au point et apportons une rĂ©ponse claire. La question Ă©tait : Ăż Zoo est financĂ© par la publicitĂ©, donc quelle est la part dĂarticles authentiques et la part dĂarticles "de complaisance" ? Ćž. La rĂ©ponse : il nĂy a aucun article de complaisance. Nous n'Ă©crivons jamais sur un sujet dont nous n'avons pas envie de parler. Et nous nĂĂ©crivons jamais quoi que ce soit que nous ne pensions rĂ©ellement. On nous a parfois reprochĂ© dĂĂȘtre trop sĂ©vĂšres. Parfois, et plus rĂ©cemment, lĂinverse. La diversitĂ© de nos annonceurs et leur comprĂ©hension que seule une indĂ©pendance Ă©ditoriale totale est garante de la qualitĂ© de notre contenu, et donc de notre succĂšs, nous permet de dire ce que nous voulons sur ce que nous voulons. Le fait dĂĂȘtre gratuit nous permet par ailleurs de ne pas avoir Ă cĂ©der au Ăż commercialisme Ćž ambiant, qui oblige Ă faire sa couverture sur tel ou tel sujet Ăż vendeur Ćž. Cela nous permet de nous faire plaisir, de faire preuve dĂaudace Ă lĂoccasion, en vous faisant dĂ©couvrir ce que bon nous semble. Et nous espĂ©rons que ce plaisir sera partagĂ©. Une libertĂ© totale, donc, et dont je suis personnellement garant.
10 - INTRO : chatoiements et diversitĂ© de la BD nordique 12 - FLORILËGE NORDIQUE : petite sĂ©lection de la rĂ©daction 14 - VINLAND SAGA : une saga nordique en manga
ACTU BD 16 18 20 22 24 26 28 30 31 32
- FRED : dans lĂintimitĂ© du papa de PhilĂ©mon - W.E.S.T. : une apothĂ©ose scĂ©naristique et graphique - VOYAGE AUX ËLES DE LA DĂSOLATION : par E. Lepage - GALANDON : des rĂ©cits Ă©mouvants et des leçons dĂHistoire - ASLAK : y a-t-il un conteur dans la salle ? - MEZEK : trois femmes et un pilote - DO ANDROIDS DREAM OF ELECTRIC SHEEP ? - SISCO dĂ©teste le monde - MAGASIN SEXUEL : le retour de Turf - ALTER EGO : un puzzle de six piĂšces
RUBRIQUES 04 34 38 42 46 48 50 52 54 55 66
- AGENDA / NEWS : festival dĂAix, expo E. P. Jacobs Ă Buc... - REDĂCOUVERTE : Bruno Heitz, La Patrouille des Castors - MANGAS : Nura, Les Gouttes de Dieu, Soil - COMICS : Charlie Adlard, Secret Show - BD JEUNESSE : PoussĂ de Bamboo - LA RUBRIQUE EN TROP : Aristide PerrĂ© par FrĂ©mion - ART & BD : € travers le miroir - BEAU LIVRE : Heroic, un livre sur Maurice Tillieux - SEXE & BD : Gwendoline, de John Willie - VIDE-POCHE : sĂ©lection de produits culturels, high-tech... - STRIPS & PLANCHES : Les DĂ©zingueurs
CINĂMA 56 - RANGO : bienvenue au Far West ! 58 - FIGHTER : vaincre le quotidien sordide 60 - DETECTIVE DEE : la leçon de MaĂźtre Tsui
JEUX VIDĂO 62 - TOP SPIN 4 : retour gagnant 64 - NINTENDO 3DS : une splendeur Ă venir ?
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Prochain numéro de Zoo : le 9 mai 2011
Retrouvez quelques planches de certains albums citĂ©s par Zoo Ă lĂadresse www.zoolemag.com/preview/ Le logo ci-contre indique ceux dont les planches figurent sur le site.
Zoo est partenaire de :
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© Nury, Lauffray, Alberti, Xiaoyu et Tirso / GLĂNAT
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en bref XIII de retour dans la petite lucarne
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Festival Bulles Zik Beaucoup en sont convaincus ; Baru, PrĂ©sident du dernier festival dĂAngoulĂȘme, le clame haut et fort : la bande dessinĂ©e est lĂautre nom du rockĂnĂroll ! Ce festival, qui se tiendra du 1er au 3 juillet prochain Ă Paris XIe, invitera plus de 50 auteurs, organisera des soirĂ©es musicales dans la cĂ©lĂšbre salle du Gibus, et aura pour invitĂ© dĂhonneur le trĂšs fameux Frank Margerin. Lustrez vos bananes et cirez vos Ătiagues !
Exposition : E. P. Jacobs Ă Buc S
http://www.bulleszik.com/
Cité 14 : retour en 2011
OS MĂ©tĂ©ores est lĂenquĂȘte la plus cartographique de la bande dessinĂ©e. CĂest en se promenant un plan Ă la main que Mortimer dĂ©busque lĂaventure derriĂšre les grilles dĂune mystĂ©rieuse propriĂ©tĂ©... Quel amateur de Jacobs, connaissant la mĂ©ticulositĂ© du maĂźtre, nĂa pas rĂȘvĂ© dĂaller sur les lieux de lĂaction, dans la vallĂ©e de la BiĂšvre, pour confronter la fiction et la rĂ©alitĂ©, le passĂ© et le prĂ©sent (certains lĂont dĂailleurs dĂ©jĂ fait : www.sosmeteores.net) ? CĂest lĂexpĂ©rience que nous propose la ville de Buc, trĂšs prĂ©sente dans lĂalbum. Son chĂąteau accueillera les fac-similĂ©s de grande qualitĂ© de lĂensemble des crayonnĂ©s de SOS MĂ©tĂ©ores, prĂȘtĂ©s par la Fondation Jacobs. Ăgalement au programme, la projection de deux documentaires inĂ©dits en France que Guy Lejeune avait tournĂ©s pour la RTBF, et des balades commentĂ©es. c du 26 mars au 4 avril 2011, renseignements sur www.mairie-buc.fr ou au 01 39 20 71 37
Jadis Ă©ditĂ©e chez lĂĂ©diteur Paquet en Ă©pisodes Ă prix modique (1 âŹ, pas plus), la saga animaliĂšre CitĂ© 14, de Pierre Gabus et Romuald Reutimann, trouve refuge aux Humanos qui rĂ©Ă©dite en recueil la Ăż saison 1 Ćž, avant de lancer en septembre prochain la deuxiĂšme, inĂ©dite. Une sĂ©rie qui vous tiendra en haleine, non pas de chacal mais dĂĂ©lĂ©phant (eh oui). http://www.humano.com/album/35668
Les Roms et le photographe
Books on Demand BoD se lance sur le marchĂ© de lĂeBook. PrĂ©sent au prochain Salon du Livre, le leader europĂ©en de lĂautoĂ©dition prĂ©sentera sur son stand son nouveau service dĂ©diĂ© au livre numĂ©rique. Roman, BD, recueil de nouvelles, livre de recettes, carnet de voyages... Ăż En quelques clics, on peut publier facilement son livre en version papier et Ă©lectronique. Ćž BoD au Salon du Livre 2011, stand L21
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vec les Rencontres du 9e art, la bande dessinĂ©e investit Aix-en-Provence. Mais pas seulement. Ăż D'autres arts associĂ©s Ćž, c'est marquĂ© dans le sous-titre, s'invitent en effet dans les 13 expositions que la ville accueille pendant tout un mois. CĂŽtĂ© bande dessinĂ©e pure, il y aura les 20 ans de L'Association, Caroline Sury, Lilidol et Maya Mihindou pour leur premier album chez Venusdea, Alpha de Jens Harder, Fireboxes 2 (Bastien VivĂšs, Miles Hyman, Bruno Heitz et Guillaume Bianco invitĂ©s Ă dessiner sur des boĂźtes d'allumettes), CuBDe (cinq artistes dĂ©corent une boĂźte de 9m3), les dix ans du Zarmatelier de Marseille et Hugo Bogo. CĂŽtĂ© transversalitĂ©, Jimmy Panthera et la Lucha Libre, Jean Lecointre, un mur de gribouillages installĂ© par Claire FaĂ, le duo Valpares et Scarpa. On le voit, la programmation est exigeante et lorgne plutĂŽt vers les Ă©diteurs indĂ©pendants. Une excellente occasion de faire des dĂ©couvertes tout en visitant les lieux qui les abritent (galeries, Museum d'Histoire naturelle, MusĂ©e des tapisseries, CitĂ© du livre, Archives dĂ©partementales). DĂ©couvertes que l'on pourra coupler avec le week-end BD, trois jours au profil un peu plus classique. Rencontres, tables rondes, courts-mĂ©trages d'animation, ateliers, fresques, carnets de voyage, ça bouillonne au pays des calissons. c Du 22 mars au 23 avril (Week-end BD 8-9-10 avril), Aix-en-Provence, entrĂ©e gratuite, www.bd-aix.com THIERRY LEMAIRE
Diffusion en avril sur Canal +, tous les lundis en prime-time. JULIEN FOUSSEREAU
Des nouvelles dĂAlain, de Guibert, Keler et Lemercier, les arĂšnes â XXI, 96 p. couleurs, 19 ⏠THL
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AIX-EN-PROVENCE AUX COULEURS DE LA BD
Le cĂ©lĂšbre amnĂ©sique tatouĂ© reviendra en avril prochain sur Canal + pour 13 nouveaux Ă©pisodes. Stuart Townsend succĂšde Ă Stephen Dorff dans le rĂŽletitre. La belle Caterina Murino sera Ă nouveau de la partie.Virginie Ledoyen, Tom Berenger et Jean-Marc Barr seront les nouveaux visages de cette adaptation trĂšs libre de lĂïŹuvre de Van Hamme et Vance.
VLADIMIR LECOINTRE
une exposition et un concours sur le lémurien
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u 18 mars au 6 avril 2011, Fabrice Tarrin (Violine, Maki, etc.) a lĂhonneur dĂune exposition Ă Ăż LA Gallery Paris Ćž, espace dĂexposition et de vente dĂoriginaux rĂ©cemment ouvert dans le IVe. En collaboration avec lĂauteur, LA Gallery organise Ă cette occasion un concours : envoyez par e-mail (concours@lagallery.ca) votre interprĂ©tation du lĂ©murien, lĂavatar animalier que sĂest choisi Fabrice Tarrin dans ses bandes dessinĂ©es. De nombreux lots sont Ă gagner. Les gagnants sont sĂ©lectionnĂ©s le 22 mars. c Exposition du 18 mars au 6 avril www.lagparis.com LA RĂDACTION
Un ours bien léché DR
FABRICE TARRIN : © Fabrice Tarrin
On se souvient de la superbe sĂ©rie du Photographe, bĂ©dĂ©reportage de Guibert, LefĂšvre et Lemercier sur lĂAfghanistan en guerre. Avec Des nouvelles dĂAlain, cĂest un autre photographe qui est mis Ă lĂhonneur. Alain Keler sĂest spĂ©cialisĂ© dans les reportages sur les minoritĂ©s ethniques de lĂEurope centrale. Les histoires courtes de cet album, qui mĂȘlent photos et dessins, ont Ă©tĂ© prĂ©publiĂ©es dans lĂexcellent magazine XXI. Elles parlent des Roms, au Kosovo, Ă Belgrade, en RĂ©publique tchĂšque, en Calabre, en Slovaquie, Ă Montreuil. Un documentaire Ă hauteur dĂhommes.
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lĂ©biscitĂ©e dans notre numĂ©ro spĂ©cial AngoulĂȘme (Zoo n° 29), lĂintĂ©grale T.1 de LĂOurs BarnabĂ© a reçu pareille ovation au Festival, revenant aurĂ©olĂ©e du Prix des Ă©coles. Une distinction lancĂ©e il y a trois ans en partenariat avec la mairie angoumoisine, afin de sensibiliser les jeunes Ă notre domaine de prĂ©dilection, et encourager le corps professoral Ă sĂen servir comme support Ă©ducatif. La remise du prix a eu lieu le 27 janvier, en prĂ©sence de lĂauteur Philippe Coudray. ContactĂ©, celui-ci nous a confiĂ© son sentiment : Ăż La caractĂ©ristique de ce prix est quĂil est dĂ©cernĂ© par les lecteurs eux-mĂȘmes, et non par un jury. CĂest pourquoi il a pour moi plus de valeur quĂun autre. Il intervient pour le 30e anniversaire de LĂOurs BarnabĂ©, sĂ©rie crĂ©Ă©e en 1981. CĂest un beau cadeau dĂanniversaire pour un plantigrade, de la part des enfants ! Ćž
c LĂOurs BarnabĂ©, intĂ©grale T.1, de Philippe Coudray La BoĂźte Ă Bulles, 190 pages couleurs, 22 ⏠GERSENDE BOLLUT
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© Ben Basso
AngoulĂȘme 2011 : DeuxiĂšme Ă©dition des ZOOPPORTUNITĂS DE LA BD
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ILLUSTRATION DE BEN BASSO
© Prescilla Nouhaud
e 27 janvier dernier sĂest tenu Ă AngoulĂȘme la deuxiĂšme Ă©dition des ZoopportunitĂ©s de la bande dessinĂ©e. Cette soirĂ©e organisĂ©e par Zoo, en partenariat avec le FIBD, au Pavillon Jeunes Talents Âź, a rĂ©uni plus de 120 participants, parmi lesquels des Ă©diteurs comme Dupuis, Soleil, Casterman, Fluide Glacial, Emmanuel Proust, Delcourt, La BoĂźte Ă Bulles, manolosanctis, Sandawe, Cleopasâ LĂobjectif ? Faire se rencontrer des jeunes (et moins jeunes) auteurs et des professionnels pour discuter de projets concrets et Ă©ventuellement collaborer. Le tout dans un cadre convivial et selon un modĂšle Ăż structurĂ© / dĂ©structurĂ© Ćž (une partie structurĂ©e et une partie libre). Des rencontres auteurs-Ă©diteurs ont donc Ă©tĂ© organisĂ©es au cours dĂune soirĂ©e cocktail, sur le modĂšle du speed
dating. Plus de 130 Ăż rencontres organisĂ©es Ćž ont eu lieu en lĂespace de deux heures, sans compter les rencontres informelles qui se sont dĂ©roulĂ©es par ailleurs, ce qui en fait le plus grand Ă©vĂ©nement du genre. LĂallocution dĂouverture avait Ă©tĂ© donnĂ©e par Louis Delas, Directeur GĂ©nĂ©ral de Casterman, qui a prodiguĂ© quelques conseils aux participants. Ceux-ci â dessinateurs, scĂ©naristes, Ă©diteurs â sĂĂ©taient auparavant inscrits sur le site des ZoopportunitĂ©s1 et avaient fourni des exemples de leurs travaux. Ils avaient alors Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s par la rĂ©daction de Zoo, qui a ensuite jouĂ© les Ăż entremetteurs Ćž en attribuant aux divers Ă©diteurs les auteurs avec lesquels la rĂ©daction pensait quĂil pourrait y avoir des atomes crochus. Quelques Ă©diteurs nous ont confiĂ© Ă la sortie quĂils avaient rencontrĂ© des artistes quĂils allaient Ăż signer Ćž. En fin de soirĂ©e, les participants ont votĂ© pour dĂ©signer le Ăż meilleur espoir Ćž parmi les auteurs qui Ă©taient prĂ©sents, sur la base des travaux qui ont Ă©tĂ© montrĂ©s. Ben Basso a Ă©tĂ© le vainqueur dans la catĂ©gorie dessinateurs, et Edmond Touriol dans la catĂ©gorie scĂ©naristes. Souhaitons-leur bon vent. Face au succĂšs de cet Ă©vĂ©nement, rendez-vous a dĂ©jĂ Ă©tĂ© pris lĂan prochain par Zoo et le FIBD pour renouveler lĂopĂ©ration. LA RĂDACTION
www.zoopportunites.com Retrouvez quelques extraits des ZoopportunitĂ©s 2011 telles quĂelles ont Ă©tĂ© rapportĂ©es par France 3, sur le site de Zoo : www.zoolemag.com 1
LĂALLOCUTION DE LOUIS DELAS
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© Nury, Lauffray, Alberti, Xiaoyu et Tirso / GLĂNAT
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En chemin, elle rencontre, T.2, Les Artistes se mobilisent pour le respect des droits des femmes, collectif Cet album ne devrait pas exister. Non parce que son message humaniste nĂest pas louable, mais parce quĂon ne devrait pas, en 2011, avoir Ă alerter de lĂaugmentation de la violence contre les femmes dans le monde. Pourtant, viols, violences conjugales, harcĂšlements, mutilations, incestes, etc., sont des thĂšmes qui se conjuguent au fĂ©mininâ 24 auteurs proposent des rĂ©cits forts et un tour dĂhorizon sans concession de la rĂ©alitĂ©. Un album militant, un achat utile. Des Ronds dans lĂO / Amnesty International, 96 p. couleurs,18,50 ⏠HĂLËNE BENEY
Et toi, quand est-ce que tu tĂy mets ?,T.1, Celle qui ne voulait pas avoir dĂenfant, de Martin et Cazot
Il Ă©tait une fois LĂGION F
abien Nury fait son entrĂ©e en bande dessinĂ©e en 2003 par la grande porte, en co-signant avec Xavier Dorison le scĂ©nario de W.E.S.T., un thriller fantastique dessinĂ© par Christian Rossi (voir aussi p.18). Peu aprĂšs, pour sa premiĂšre ïŹuvre personnelle, le jeune scĂ©nariste a voulu montrer son savoir-faire et marquer les esprits avec un rĂ©cit particuliĂšrement dense, plutĂŽt complexe, mĂȘlant intrigues politiques, complots et suspense dans une Seconde Guerre mondiale oĂč Nazis et AlliĂ©s ne se doutent pas quĂils sont les pions dĂune guerre fratricide entre deux immortelsâ Les trois tomes de Je suis lĂ©gion, aux HumanoĂŻdes AssociĂ©s, paraissent de 2004 Ă 2007. CĂest lĂAmĂ©ricain John Cassaday qui rĂ©alise le triptyque dans un style rĂ©aliste rehaussĂ© de couleurs glaciales. Quoique relativement difficile Ă suivre, Ă cause dĂun dĂ©coupage trĂšs hachĂ© et surtout du fait dĂune ressemblance graphique trop marquĂ©e entre certains personnages, la sĂ©rie a trouvĂ© son public. Et nĂa pas fini de le
© Nury, Lauffray, Alberti, Xiaoyu et Tirso / GLĂNAT
Quatre tomes des « Chroniques de LĂ©gion » sont annoncĂ©s aux Ă©ditions GlĂ©nat dâici 2012, qui font suite aux trois tomes de « Je suis lĂ©gion ». MĂȘme si les deux histoires peuvent ĂȘtre lues sĂ©parĂ©ment, voici quelques rappels utiles sur la genĂšse de la sĂ©rie et le parcours de son scĂ©nariste. trouver, puisque Fabien Nury, entretemps devenu un des scĂ©naristes les plus apprĂ©ciĂ©s de sa gĂ©nĂ©ration (grĂące, en particulier, Ă la sĂ©rie Il Ă©tait une fois en France menĂ©e de main de maĂźtre avec Sylvain VallĂ©e, qui connaĂźt un succĂšs Ă la fois public et critique), a dĂ©cidĂ© de remettre le couvert en revenant Ă sa premiĂšre saga.
RIVALITĂS SĂCULAIRES
Les Chroniques de LĂ©gion propose une exploration des affrontements et rivalitĂ©s sĂ©culaires entre Vlad et Radu. Pour ce faire, Nury a recrutĂ© une vĂ©ritable lĂ©gion de dessinateurs. Pas moins de quatre, de quatre nationalitĂ©s diffĂ©rentes, chacun chargĂ© dĂune Ă©poque historique distincte. € nouveau les intrigues se croisent, mais cette fois, la lisibilitĂ© est au rendez-vous : depuis Le Triangle secret, le changement de style graphique Ă chaque changement dĂĂ©poque a fait ses preuves en tant que technique narrative pertinente. JĂRĆME BRIOT
Fluide G enfile ses plus beaux escarpins pour lancer une collection de Ăż chick bd Ćž. Les deux premiers titres viennent de paraĂźtre, dont celui de Mady et Cazot mettant en scĂšne les tribulations dĂune trentenaire qui nĂenvisage pas la maternitĂ©. Si la sociĂ©tĂ© est particuliĂšrement culpabilisante, la fabuleuse invention du Dr Pincus (la pilule, voyons !) est lĂ pour lĂaider Ă maintenir son cap. Des gags en une planche et un graphisme trĂšs sympa pour aborder une vraie question : celle du choix. Rose, mais pas layette. Fluide G, 56 p. couleurs, 10,40 âŹ
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Skins Party, de ThimothĂ© le Boucher AujourdĂhui, les fĂȘtes Ă la mode ce sont les Ăż Skins parties Ćž (venues dĂAngleterre et inspirĂ©es par la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Skins), de grands rassemblements de jeunes gens sous psychotropes, thĂ©Ăątres dĂextravagances et dĂexcĂšs divers (rien de trĂšs nouveau en somme). Avec un dessin adroit et une palette de couleurs Ă©tonnante pour certaines scĂšnes (notamment la prĂ©sence de rose fluo), le jeune auteur ThimothĂ© le Boucher (22 ans) met en place un rĂ©cit dans lequel la mĂȘme soirĂ©e est racontĂ©e successivement par divers protagonistes. Un one-shot trĂšs plaisant Ă lire et plutĂŽt bien ficelĂ©, mĂȘme si on peut dĂ©plorer des influences peut-ĂȘtre un peu trop marquĂ©es et une tendance Ă la surenchĂšre. Auteur prometteur quoi quĂil en soit.
manolosanctis, 112 p. coul., 16,50 ⏠OLIVIER PISELLA
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LES CHRONIQUES DE LĂGION :
le mal dans les veines Avec « Chroniques de LĂ©gion », Fabien Nury dĂ©veloppe lâidĂ©e selon laquelle le mal est en incubation dans nos propres veines. GrĂące Ă une maturitĂ© acquise Ă travers « Il Ă©tait une fois en France », « Chroniques de LĂ©gion » sâannonce dâavantage comme une saga Ă part entiĂšre quâune antĂ©suite directement en lien avec « Je suis lĂ©gion », la sĂ©rie de Fabien Nury et John Cassaday. Explications.
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LE SCĂNARISTE FABIEN NURY © Nury, Lauffray, Alberti, Xiaoyu et Tirso / GLĂNAT
Cette nouvelle saga est lĂantĂ©suite de Je suis lĂ©gion, que vous avez rĂ©alisĂ© avec John Cassaday aux HumanoĂŻdes AssociĂ©s. Pourquoi prolonger cet univers ? Comment comptez-vous relier les deux histoires ? JĂai eu le sentiment de ne pas avoir pleinement explorĂ© le concept fantastique dans Je suis lĂ©gion. Je me suis contentĂ© dĂutiliser le pouvoir du Ăż sang parasite Ćž, je ne lĂai pas vraiment dĂ©veloppĂ©. Par exemple, nous nĂavions jamais le point de vue de Vlad et Radu, les deux immortels. Je nĂai pas, je pense, assez poussĂ© leur mythologie, ni leur psychologie. Ici, je mĂattache Ă raconter lĂhistoire de leur point de vue, en utilisant notamment des voix-off. Quel effet cela fait-il de changer de corps ? DĂĂȘtre Ăż quelquĂun dĂautre Ćž, dont on intĂšgre les souvenirs, les Ă©motions, les espoirs ? Dans Je suis lĂ©gion, le concept Ă©tait limitĂ© Ă un instrument de pouvoir. Ici, cĂest plutĂŽt lĂĂ©ternitĂ© qui mĂintĂ©resse. Les Chroniques de LĂ©gion peut parfaitement se lire comme une sĂ©rie indĂ©pendante. Cela dit, les lecteurs de Je suis lĂ©gion pourront trouver certaines correspondances, certains indices qui mettent en relation les deux titres. Notamment grĂące Ă lĂintrigue qui se dĂ©roule Ă la pĂ©riode victorienneâ
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l y a cinq personnes au Ăż gĂ©nĂ©rique Ćž des Chroniques de LĂ©gion : vous-mĂȘme, Mathieu Lauffray, Mario Alberti, Zhang Xiaoyu et Tirso. Comment travaillez-vous avec eux ? JĂai Ă©crit le scĂ©nario dialoguĂ© complet des quatre tomes, en sachant quĂils seraient destinĂ©s Ă plusieurs dessinateurs. Bien sĂ»r, lĂarrivĂ©e de Mathieu Lauffray, qui a acceptĂ© de faire la couverture et le prologue qui se dĂ©roule en Transylvanie en 1476, a Ă©tĂ© un Ă©vĂ©nement dĂenvergureâ Concernant Mario, Tirso et Zhang, je connaissais et apprĂ©ciais leurs travaux. Nous leur avons transmis les scripts complets, chacun ayant ainsi toutes ses pages et une vision dĂensemble du projet. Depuis, nous communiquons surtout par mail. DĂailleurs, il y aura une sixiĂšme personne au gĂ©nĂ©rique : Ăric Henninot, qui rĂ©alise le Ăż climax Ćž du tome 4â Dans lĂensemble, cĂest un vrai bonheur de travailler avec des artistes aussi douĂ©s. AprĂšs lĂouverture Ăż opĂ©ratique Ćž de Mathieu, chaque dessinateur met en scĂšne le destin dĂune des incarnations de Vlad Tepes lĂimmortel : grĂące Ă son Ăż sang parasite Ćž, Vlad peut passer dĂune personne Ă lĂautre, dĂun lieu Ă lĂautre, dĂune Ă©poque Ă lĂautreâ Mario sĂattache Ă une noble espagnole, Gabriella de la Fuente, qui dĂ©barque au Nouveau Monde en 1521. Zhang dessine lĂĂ©popĂ©e dĂArmand Malachie, capitaine des Hussards, en 1812. Enfin, Tirso suit les pas de Victor Douglas Thorpe, Ă Londres, en 1887.
Dans Les chroniques de LĂ©gion, votre narration semble avoir gagnĂ© en fluiditĂ©... Y aurait-il un avant et un aprĂšs Il Ă©tait une fois en France ? Merci, cĂest gentil de me dire ça. Je crois en effet avoir beaucoup appris avec le destin de Ăż M. Joseph Ćž. € lĂĂ©poque oĂč jĂĂ©crivais Je suis lĂ©gion ou les premiers W.E.S.T., jĂĂ©tais victime dĂune sorte de boulimie dĂintrigues. Complots Ă foison, trames multiples, etc. Avec Il Ă©tait une fois en France, jĂai enfin compris que les personnages et les Ă©motions Ă©taient bien plus importants. Du coup, je crois que ce changement se lit dans tous mes derniers albums, y compris ceux qui reviennent au genre fantastique de mes dĂ©buts. Cette nouvelle sĂ©rie relĂšve du fantastique mythologique, baroque, chargĂ© dĂaffect, dĂĂ©motions extrĂȘmes et de visions grandioses â elle est donc trĂšs diffĂ©rente de Je suis lĂ©gion. CĂest aussi une tentative de faire de la Ăż pure Ćž BD, et non du Ăż film en BD Ćž, en exploitant les possibilitĂ©s narratives hĂ©ritĂ©es, entre autres, du comics. Il nĂy a quĂen BD quĂon puisse assister Ă la chute de Vlad Tepes, puis dĂ©barquer au Nouveau Monde, admirer la dĂ©route de NapolĂ©on en Russie et plonger dans le Londres victorien, le tout en un seul album ! On ne passe plus seulement dĂun pays Ă lĂautre en tournant la page, mais dĂun siĂšcle Ă lĂautreâ La solu-
tion de facilitĂ© aurait Ă©tĂ© de faire des one-shots, sur le principe Ăż un album, une Ă©poque Ćžâ Mais oĂč serait lĂintĂ©rĂȘt ? Je dois me rappeler que nous sommes du point de vue des Ă©ternels, et comment mettre en scĂšne lĂĂ©ternitĂ©, sinon en Ăż zappant Ćž dĂune Ă©poque Ă lĂautre ? Comme si Vlad, aprĂšs tous ces siĂšcles, tentait de se souvenirâ Sa vision serait fragmentĂ©e, dĂ©coupĂ©e en visions, Ă©poques et Ă©motions. CĂest un puzzle narratif que jĂessaie de mettre en place et qui se solutionnera au tome 4. Les lecteurs nĂauront pas trop longtemps Ă attendre, dĂailleurs, vu que les quatre albums seront publiĂ©s dĂici la fin 2012. Vous dĂ©veloppez dans votre saga une vision assez pessimiste mais peu manichĂ©enne de lĂhumanitĂ©. Vous semblez aussi avoir hĂ©ritĂ© de Philip K. Dick et de Dan Simmons pour ce qui est notamment du mensonge de lĂexistenceâ CĂest clair que je nĂadhĂšre pas Ă lĂidĂ©e que Ăż le mal, cĂest lĂautre Ćž. Le mal est en nous, humains. Il ne vient pas dĂailleurs. Vlad et Radu, son frĂšre, ne sont que les incarnations monstrueuses de fantasmes humains : le pouvoir, la vie Ă©ternelleâ JĂadmire Philip K. Dick, particuliĂšrement Substance mort, Ubik et Le MaĂźtre du Haut ChĂąteau ; il me semble, sans ĂȘtre un spĂ©cialiste, que son nihilisme venait en partie de son addiction Ă la drogue. € la fin de Substance mort, il
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© Nury, Lauffray, Alberti, Xiaoyu et Tirso / GLĂNAT
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dĂ©die le livre Ă tous ses amis tuĂ©s par lĂhĂ©roĂŻneâ Pour ma part, jĂessaie simplement de pousser Ă son terme mon concept fantastique : si je pouvais passer dans nĂimporte quel corps sans mourir, ou ĂȘtre dans plusieurs personnes Ă la fois, quel sens aurait mon existence1 ? Est-ce que je ne deviendrais pas fou Ă lier, Ă force ? Il y a des pages, dans le premier album des Chroniques de LĂ©gion, qui sont intĂ©gralement vues â et racontĂ©es â du point de vue dĂun ratâ JĂai lu et adorĂ© les romans de Simmons. Il a beaucoup influencĂ© Je suis LĂ©gion. Pour Les Chroniques de LĂ©gion, je me
o u v e r t u r e suis intĂ©ressĂ© Ă dĂautres romanciers qui mĂont fait rĂȘver et qui traitaient de lĂĂ©ternitĂ© â ou du passage du temps â de façon originale. Je pense Ă LĂHistoire du Juif errant de DĂOrmesson, Cent ans de solitude de Garcia Marquez ou Un thĂ© en Amazonie de Daniel Chavarria. DĂun chapitre Ă lĂautre, on change de personnage, de lieu ou dĂĂ©poque, de façon a priori anarchique. Mais au fur et Ă mesure, tout cela prend son sensâ Cette dimension purement romanesque me passionne. Il Ă©tait question Ă une Ă©poque dĂune adaptation filmĂ©e de Je suis lĂ©gion... Est-ce toujours en projet ? CĂest drĂŽle que vous me posiez cette question : la semaine derniĂšre, je suis tombĂ© sur un article de Variety oĂč ils annonçaient le tournage pour la fin 2011. Je ne suis pas directement impliquĂ© : jĂai Ă©crit quelques versions du script il y a quatre ans, quand John Cassaday devait en faire son premier film de rĂ©alisateur. Ce Ăż package Ćž nĂa pas convaincu, je crois. Du coup, le producteur, Pierre Spengler, sĂest associĂ© Ă dĂautres â qui ont eu lĂexcellente idĂ©e de ramener Nacho Cerda, un brillant rĂ©alisateur espagnol. Nouveau rĂ©alisateur, nouveau script, etc. Je ne sais pas sĂils iront au bout â ce sont les alĂ©as de lĂaudiovisuel â mais je leur souhaite bonne chance. PROPOS RECUEILLIS PAR ET
JĂRĆME BRIOT KAMIL PLEJWALTZSKY
1 Questionnement partagé par K. Dick dans We Can Remember it for you Wholesale.
LES CHRONIQUES DE LĂGION, T.1/4 de Nury, Lauffray, Alberti, Xiaoyu et Tirso GlĂ©nat, coll. Grafica 56 p. couleurs, 13,50 ⏠9
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Chatoiements et diversitĂ© de la BANDE DESSINĂE NORDIQUE © Riel, Bonneval et Tanquerelle / SARBACANE
Les pays nordiques sont traditionnellement cinq : les trois pays scandinaves, la SuÚde, le Danemark et la NorvÚge, la Finlande et la petite et lointaine Islande. Ils sont les invités du Salon du Livre de Paris cette année. Ces cinq pays recouvrent des traditions de bande dessinée pourtant forts différentes.
ILLUSTRATION EXTRAITE DU ROI OSCAR ET AUTRES RACONTARS, DĂAPRËS LĂĂCRIVAIN DANOIS J±RN RIEL
UN GĂANT ET DES NAINS (LĂGENDE SCANDINAVE)
Pourtant la Scandinavie est dominĂ©e par un encombrant gĂ©ant : la fondation danoise Egmont, un groupe de mĂ©dias danois crĂ©Ă© en 1920 qui sĂappelait 10
naguĂšre Gutenberghus, avant de prendre le nom de son fondateur Egmont H. Petersens en 1992. Le groupe est composĂ© de plusieurs divisions dont Nordisk Films, la plus vieille sociĂ©tĂ© cinĂ©matographique du monde crĂ©Ă©e en 1909, une division Ăż magazines Ćž, une division Ăż livres Ćž et une division Ăż Kids ans Teens Ćž (enfants et adolescents). La division Ăż bande dessinĂ©e Ćž dĂEgmont est leader dans son secteur, principalement dans les pays nordiques et en Allemagne. Elle est regroupĂ©e avec les mĂ©dias Ă©lectroniques, ce qui influence sa stratĂ©gie. Elle dĂ©tient surtout la licence des ïŹuvres de Walt Disney pour ces pays et pour lĂAllemagne, le plus fort tirage mondial pour le Journal de Mickey. Egmont est aussi lĂĂ©diteur dĂAstĂ©rix dans 23 pays. Face Ă ce gĂ©ant, une multitude de petits Ă©diteurs ont jouĂ© la carte de lĂĂ©dition alternative et sont les meilleurs vecteurs de notre bande dessinĂ©e sur la scĂšne nordique, mais aussi les producteurs dĂune bande dessinĂ©e originale publiĂ©e en France par LĂAssociation, Atrabile, La 5e Couche, FrĂ©mok mais aussi Carabas ou Dargaud ! On notera Ă©galement la prĂ©sence du festival SPX (qui affiche dĂ©jĂ 15 ans au compteur) animĂ© par la trĂšs dynamique Kristiina Kolehmainen et qui
est lĂune des scĂšnes alternatives les plus vibrantes au monde.
QUELS SONT LES AUTEURS NORDIQUES LES PLUS RECONNUS CHEZ NOUS ?
Sans conteste, le dessinateur norvĂ©gien Jason, aujourdĂhui rĂ©sidant de
DIDIER PASAMONIK © Didier Pasamonik
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e nĂest pas la premiĂšre fois que les Ăż Vikings Ćž font une incursion dans la bande dessinĂ©e française. Une premiĂšre Ă©quipĂ©e avait eu lieu Ă AngoulĂȘme, au MusĂ©e du papier en janvier 1997, oĂč quatre auteurs de chacun des cinq pays nordiques avaient Ă©tĂ© invitĂ©s Ă exposer. Ce systĂšme de quotas un peu curieux attribuant quatre auteurs Ă chacun des pays aux traditions de BD trĂšs inĂ©gales choqua quelque peu les auteurs scandinaves. Ils se consolĂšrent en vidant le bar VIP de lĂespace international : Ăż Les six raids vikings sur Paris au IXe SiĂšcle nĂĂ©taient rien comparĂ©s au pillage systĂ©matique du champagne, du brandy et des expressos quĂa dĂ» endurer cet humble Ă©tablissement durant tout le festival Ćž, tĂ©moigna le dessinateur Peter Madsen dans un article. Leur prĂ©sence en France est cependant notable depuis plusieurs annĂ©es, marquĂ©es par un Ă©change constant entre nos pays, en particulier dans le domaine de lĂĂ©dition alternative.
Montpellier, qui compte une quinzaine dĂouvrages Ă son actif, publiĂ©s chez Atrabile, Carabas et GlĂ©nat. DerriĂšre lui, Nemi, Ă©galement norvĂ©gienne (voir pages suivantes), creuse aussi son sillon chez Milady, la filiale de Bragelonne. Ensuite, un contingent de Finlandais se fait remarquer comme Ville Ranta, publiĂ© chez Dargaud (sur scĂ©nario de Trondheim) et ĂĂ & LĂ , Matti Hagelberg publiĂ© chez LĂAssociation, et bien entendu Tove & Lars Jansson, dont la sĂ©rie Les Moomins (Ă©ditions Le LĂ©zard noir) a Ă©tĂ© distinguĂ©e par AngoulĂȘme. Le trio de SuĂ©dois Max Andersson, Lars Sjunnesson et Gunnar Lundkvist se remarquent Ă LĂAssociation, de mĂȘme que lĂhistorien et critique Fredrik Strömberg qui publie chez PLG et Eyrolles des essais sur les Noirs dans la BD et sur la Propagande en bande dessinĂ©e. Le Danois Peter Madsen (chez Delcourt), de mĂȘme que le collectif Blaek ne sont pas passĂ©s inaperçus non plus. Ce sont les Ă©diteurs alternatifs qui se montrent les plus accueillants dans cette relation qui est basĂ©e surtout sur lĂĂ©change.
LA NORVĂGIENNE LISE MYHRE, AUTEUR DE NEMI
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FLORILĂGE NORDIQUE © Jason / CARABAS
Le Salon du Livre cĂ©lĂ©brant cette annĂ©e les Lettres nordiques, « Zoo » a dĂ©cidĂ© de vous proposer un bref tour dâhorizon des bandes dessinĂ©es venues du Nord, ou dont lâaction se dĂ©roule dans de septentrionales contrĂ©es. De quoi rĂ©chauffer vos derniĂšres soirĂ©es tisane / pyjama Damart du rigoureux hiver 2010-2011. JASON : UNE ïŹUVRE ABSURDE ET GRINĂANTE Avec un pseudonyme en forme de prĂ©nom tirĂ© de son propre patronyme (il sĂappelle John Ame Saeteroy), le NorvĂ©gien Jason a tracĂ© un chemin singulier en France, en passant parâ la Suisse oĂč il publie ses premiers ouvrages aux Ă©ditions Atrabile, jusquĂĂ Montpellier oĂč il rĂ©side aujourdĂhui. En lisant HergĂ©, il est attirĂ© par une approche minimaliste du dessin qui sait mĂ©nager un climat glaçant dĂĂ©trangetĂ©. Il y place des personnages animaliers anthropomorphes, ici sous lĂinfluence de Disney, mais aux yeux sans pupille, dans des situations toujours dĂ©calĂ©es. Jason nĂa dĂordinaire pas besoin de scĂ©nariste. Tous ses albums, il les a jusquĂici signĂ©s seul. Mais Fabien Vehlmann, lĂauteur cynique de Green Manor, a su le sĂ©duire dans cette fable noire initiatique dont le titre Ă©voque Maurice Leblanc, et la mort avec lui. Le lecteur sort ravi de lĂexpĂ©rience. c LĂËle aux cent mille morts, de Jason et Vehlmann, GlĂ©nat Lire aussi Low Moon, Des Morts et des vivants, JĂai tuĂ© Adolf Hitler, Le Dernier mousquetaire, entre autres. DIDIER PASAMONIK
KLAS KATT, DE GUNNAR LUNDKVIST, LĂASSOCIATION Klas Katt voit le jour en 1979 sous les crayons du SuĂ©dois Gunnar Lundkvist. Ce chat anthropomorphe et indolent passe le plus clair de son temps dans son appartement, Ă lire dans son fauteuil, Ă se perdre en introspection ou Ă tourner en rond, dans un vertige dĂinaction alimentĂ© par son angoisse du monde extĂ©rieur. Il faut admettre que Hell City, oĂč il habite, est un lieu sinistre et morne. Il semble y faire toujours nuit â et aprĂšs tout, ce doit ĂȘtre vrai plusieurs mois dans lĂannĂ©e, car le cercle polaire nĂest pas loin. Pourquoi Klas Katt, avec une description aussi dĂ©primante, estelle une BD culte ? Parce que ce nĂest pas le diable, mais la beautĂ© qui est dans les dĂ©tails. Et ce qui paraĂźt plat vu de loin sĂavĂšre nettement plus subtil et contrastĂ©, vu de lĂintĂ©rieur. Ce livre nĂest pas glacial, il est givrĂ©. JĂRĆME BRIOT
KRISS DE VALNOR, LA RIVALE DE THORGAL
© Gunnar Lundkvist
© Rosinski / LE LOMBARD
LOW MOON, DE JASON
KIRKENES, DE CHËTEL ET GOMONT, LES ENFANTS ROUGES En NorvĂšge comme ailleurs, il arrive aux adolescents de faire les 400 coups pour supporter la banalitĂ© du quotidien. Mais en brĂ»lant une Ă©glise abandonnĂ©e, Henrik et Inge ont quand mĂȘme fait trĂšs fort. Certes, les deux amis ont une vie aussi grise que le ciel d'Oslo en hiver, mais cette petite Ăż plaisanterie Ćž pourrait bien leur coĂ»ter cher. Il est donc grandement temps de faire le point. Alors, examen de conscience pour tout le monde ! Henrik, dont le couple qu'il forme avec Mia manque cruellement de passion ; Inge, qui n'a pas encore annoncĂ© Ă ses parents qu'il a choisi une fac de cinĂ©ma ; et Alf, le pĂšre d'Henrik, paranoĂŻaque sous traitement. VoilĂ le programme de ce road movie tout en sentiments qui mĂšnera les deux Ă©tudiants jusqu'Ă la ville septentrionale de Kirkenes, et, qui sait, jusqu'Ă l'illumination. THIERRY LEMAIRE
HĂGAR DĂNOR : UN ROUQUIN BARBU TAILLĂ POUR LĂINVASION Impossible dĂĂȘtre passĂ© Ă cĂŽtĂ© dĂHĂ€gar the Horrible, rebaptisĂ© HĂ€gar DĂŒnor en France (pour lĂexcellent jeu de motsâ), puisque les strips du Viking ont fleuri dans toute la presse quotidienne rĂ©gionale pendant des dĂ©cennies ! Belliqueux, flemmard, fĂȘtard, chauvin, le personnage dĂHĂ€gar avait de grandes chances de plaire aux Françaisâ comme au reste du monde puisquĂil a Ă©tĂ© diffusĂ© dans environ 2000 journaux Ă travers le monde ! Un humour prĂ©cis et universel pour ce hĂ©ros nĂ© en 1973 sous la plume de Richard Ăż Dik Ćž Browne, et repris Ă sa retraite en 1988 par Chris, lĂun de ses fils. Jouant sur le dĂ©calage entre la rudesse de son statut de guerrier et la routine de sa vie quotidienne, le ressort comique est renforcĂ© par une foule de seconds rĂŽles forts et attachants. Comme son stupide mais adorable bras droit Eddie le veinard, sa femme â de tĂȘte â Hildegarde, ses enfants Homlet et Ingrid, son chien Pilafâ Une efficacitĂ© redoutable qui mĂšne tous les lecteurs droit au Walhalla ! c HĂ€gar DĂŒnor, de Dik Browne, divers recueils existent en anglais ou en français HĂLËNE BENEY
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NEMI : UNE SĂDUISANTE Ăż MISS TERREUR Ćž La NorvĂ©gienne Lise Myhre est un phĂ©nomĂšne en NorvĂšge. AprĂšs avoir fait des Ă©tudes dĂart Ă Santa Monica en Californie, elle publie ses premiers strips dans la presse quotidienne scandinave avant de les rĂ©unir dans des volumes qui remportent un grand succĂšs. Le groupe Egmont dĂ©cide de lancer un magazine qui lui est entiĂšrement dĂ©diĂ©. PubliĂ© toutes les six semaines et centrĂ© sur son personnage, Nemi vend 70 000 exemplaires de chaque numĂ©ro dans un pays de 4 millions dĂhabitants. Ses strips paraissent aujourdĂhui dans prĂšs de 60 quotidiens en GrandeBretagne, en Espagne, en Irlande, en Finlande, en Australie, en SuĂšde, au Danemark, en Allemagne, au Japon, aux Ătats-Unis, en Italie et en Bulgarie. Son hĂ©roĂŻne, Nemi Montoya, une gothique aux yeux bleus qui ne sĂen laisse pas compter par les garçons, est, comme son auteur, incisive et volontaire, capable de terrasser un mĂąle dĂun bon mot. LĂamour, les relations de couple, le travail et la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral sĂen retrouvent dĂ©capĂ©s au KĂ€rcher. Ăż Miss terreur Ćž en est Ă son 3e volume. RafraĂźchissant ! c Nemi, de Lise Myhre, Milady DIDIER PASAMONIK
METI, DĂAAPO RAPI, RACKHAM / LE SIGNE NOIR DrĂŽle de BDâ et drĂŽle de pays que la Finlande ! Plus connue pour le cinĂ©ma absurde de KaurismĂ€ki ou la littĂ©rature suicidaire de Paasilinna, cette terre nordique coincĂ©e entre la Scandinavie et les pays Baltes nous livre un album hasardement dessinĂ© et coloriĂ©, qui raconte autant les aventures dĂune grand-mĂšre de 80 ans que les difficultĂ©s du dessinateur Ă qui elle raconte sa jeunesse trĂšs pauvre. Tous les deux ont eu du mal Ă sĂinsĂ©rer dans une sociĂ©tĂ© trĂšs moraliste et rigoriste. Au final, une rĂ©ussite de tendresse rude et dĂambiance finnoise, quelque chose dĂassez indescriptible autrement que dans cette alchimie de dessins rugueux et de rĂ©cits courts, Ă la Crumb et Pekar version aquavit â assurĂ©ment pour les amateurs dĂobjets dessinĂ©s non-identifiĂ©s.
NEMI, DE LISE MYHRE
BORIS JEANNE
LE ROI OSCAR ET AUTRES RACONTARS, DE J±RN RIEL, GWEN DE BONNEVAL & HERVĂ TANQUERELLE, SARBACANE Quatre histoires, quatre pĂ©pites. Suite directe de La Vierge froide et autres racontars, cette anthologie recĂšle son lot de mini-rĂ©cits savoureux, saupoudrĂ©s dĂun bagout indĂ©niable et dĂun humour macabre irrĂ©sistible. Ici, un chasseur de renards peste sur le dĂ©cĂšs accidentel de son compagnon dĂinfortune, lĂoccasion dĂun bon gueuleton collectif et de funĂ©railles mĂ©morables. LĂ , deux hommes se brouillent pour un sordide partage de latrines, lieu inestimable au beau milieu du Grand Nord. LĂ encore, deux anciens camarades se vouent une haine farouche par la faute dĂun cochon ayant lĂheur dĂaccĂ©der Ă toutes sortes de privilĂšges (twist glaçant Ă la clef). Le point commun Ă toutes ces histoires ? Un regard drĂŽle et tendre sur des fous paranoĂŻaques et avinĂ©s, retranchĂ©s dans des rĂ©gions arctiques que la solitude nĂĂ©pargne pas. Mais qui enchante des lecteurs aussi ragaillardis quĂaprĂšs une bonne rasade de tord-boyaux. LĂINĂNARRABLE HĂGAR DĂNOR, PAR DIK BROWNE
GERSENDE BOLLUT
LES AVENTURES DE MOOMIN, PAR TOVE JANSSON, LE PETIT LĂZARD MĂȘme sĂils ressemblent Ă des hippopotames, tous les Finlandais vous le diront : les Moomins sont des trolls, les emblĂšmes du pays. Toujours confidentielle en France, cette sĂ©rie crĂ©Ă©e par la dessinatrice Tove Jansson (1914-2001) fit un succĂšs jusquĂau Japon : la mode du kawaĂŻ, cĂest-Ă -dire le culte de tout ce qui est mignon, lui doit beaucoup. Le strip quotidien des Moomins fut publiĂ© dans 40 pays et les Finlandais entretiennent avec cette saga inclassable, aux multiples niveaux de lecture, un rapport identitaire aussi marquĂ© que celui des Français avec AstĂ©rix, ou des Belges avec Tintin. En France, il a fallu attendre 2007 pour quĂune premiĂšre traduction de Moomin et les brigands soit publiĂ©e, aussitĂŽt rĂ©compensĂ©e par le Prix du patrimoine du festival dĂAngoulĂȘme. Moomin, avec ses adaptations en dessin animĂ©, son merchandising effrĂ©nĂ© et son parc Ă thĂšme, est incontestablement LE grand classique de la BD scandinave. JĂRĆME BRIOT
INCONTOURNABLE THORGAL Avec ses longs cheveux noirs, Thorgal nĂa rien dĂun Viking ! CĂest en fait un orphelin qui fut recueilli par une famille, vers le VIIe siĂšcle. Mis Ă lĂĂ©cart du clan, il devint un archer Ă la prĂ©cision surprenante et Ă©pousa la fille du roi qui lui donna deux beaux enfants aux pouvoirs Ă©tonnants ! Cette superbe sĂ©rie de plus de 30 volumes fait parfois des incursions dans le fantastique ou la mythologie, mais le trait de Rosinski retranscrit Ă merveille les Ă©lĂ©ments naturels, et le scĂ©nario de Van Hamme possĂšde une dimension Ă©colo-humaniste, loin du thriller financier. € lire en commençant bien par le dĂ©but de chaque cycle ! c Grande exposition sur Thorgal au Salon du livre, plus de 80 planches et couvertures exposĂ©es. JEAN-PHILIPPE RENOUX 13
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Quelque chose en nous du Paradis © Makoto Yukimura / Kodansha Co. Ltd.
de conquĂȘte de lĂAngleterre par les armĂ©es danoises et norvĂ©giennes (fin du Xe siĂšcle), des hommes se dĂ©battent contre leur condition et leur destin, dĂ©fient les dieux et les hiĂ©rarchies sociales, et refusent dĂattendre lĂau-delĂ pour obtenir le Paradis. Ce qui donne la force Ă ces hommes de tempĂ©rament, cĂest un rĂȘve dĂenfance qui est en eux, la vision dĂune terre idĂ©ale, une contrĂ©e de paix et dĂabondance oĂč personne ne serait esclave. Cet horizon intĂ©rieur, certains lĂappellent Ăż Vinland Ćž. CĂest le nom que Leif, fils dĂErik le Rouge, a donnĂ© Ă une terre giboyeuse et fertile quĂil a dĂ©couverte Ă lĂOuest, au-delĂ du Groenland.
« Vinland Saga », Ă©ditĂ© en France par Kurokawa, a plus dâun atout dans son sac : dessin prĂ©cis, batailles spectaculaires, personnages flamboyants, narration atypique... Ne passez pas Ă cĂŽtĂ© de la plus formidable Ă©popĂ©e nordique jamais Ă©crite par un Japonais.
CĂest la tragĂ©die dĂune enfance dĂ©vastĂ©e, dĂune croissance vĂ©cue dans la sauvagerie. La haine de lĂassassin de son pĂšre aveugle Thorfinn et lĂempĂȘche de progresser. Le dĂ©veloppement de son esprit est stoppĂ©. NĂayant pas les moyens intellectuels dĂassimiler les leçons pacifistes de son pĂšre, lĂenfant soldat ressasse son traumatisme et les annĂ©es le transforment en surdouĂ© du combat aux allures de clochard primitif. 14
LĂautomne dernier, les lecteurs de la sĂ©rie ont pu dĂ©couvrir quĂun des ultimes chapitres du tome 8 sĂintitulait avec audace Ăż Fin du prologue Ćž. Les huit premiers tomes de Vinland Saga forment en effet un cycle dĂintroduction dont le hĂ©ros nĂest pas lĂadolescent vengeur, mais bien celui qui est lĂobjet de © Makoto Yukimura / Kodansha Co. Ltd.
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e petit Thorfinn dĂ©couvre que son pĂšre, Thors, Ă©tait auparavant un illustre combattant : un passĂ© glorieux, dans cette sociĂ©tĂ© viking qui exalte les vertus guerriĂšres, lĂesprit de conquĂȘte et la mort lĂĂ©pĂ©e Ă la main. Toutes valeurs dont prĂ©cisĂ©ment Thors sĂĂ©tait Ă©loignĂ© pour vivre une vie paisible et familiale dans la lointaine Islande. Mais rattrapĂ© par le fracas des armes, il est assassinĂ© sous les yeux de son fils qui, dĂšs lors, ne vivra que pour la vengeance.
sa haine : Askeladd, le chef dĂune armĂ©e de pillards vikings. Il nĂest pas trĂšs frĂ©quent que dans une fiction un mĂ©chant soit aussi rĂ©ussi. Le propre dĂun mĂ©chant flamboyant et charismatique, cĂest prĂ©cisĂ©ment quĂau bout dĂun moment, quelque horreur quĂil commette, le public lĂadmire. Makoto Yukimura a bien saisi le potentiel de son personnage et sa mise en lumiĂšre progressive est la premiĂšre surprise de cette ïŹuvre. En effet, Ă la lecture du premier tome Ă lĂallure plutĂŽt pataude, il est fort difficile dĂimaginer ce qui va suivre. Les vieux rĂ©flexes nous induisent en erreur et nous font prendre le jeune premier pour le centre, alors que cĂest le vieux renard que nous allons regarder. Si la prĂ©sentation est parfois naĂŻve, si les Ă©volutions des personnages sont souvent abruptes, la trame des relations qui est tissĂ©e derriĂšre sĂĂ©panouit dans un subtil jeu dĂĂ©chos. Dans ce nïŹud de tragĂ©dies sur fond historique
L'auteur n'hĂ©site pas Ă dĂ©sorienter de nouveau ses lecteurs en poursuivant dans le tome 9 l'ahurissante rupture amorçée Ă la fin de l'Ă©pisode prĂ©cĂ©dent. Nous quittons lĂAngleterre ravagĂ©e pour la pĂ©ninsule du JĂŒtland, au cïŹur du royaume danois. Un jeune homme que nous connaissons bien sĂy retrouve esclave sur un domaine agricole, les champs de blĂ© remplacent les champs de bataille... Ătranger au monde et Ă lui-mĂȘme, la rage lĂa quittĂ©. Il nĂest plus quĂune ombre. CĂest lĂ que son histoire commence vraiment. Comment va-t-il renaĂźtre ? Comment pourra-t-il se rĂ©concilier avec lĂenfant quĂil Ă©tait ? Retrouvera-t-il le Vinland qui est en lui ? Si la connaissance des Ă©vĂ©nements historiques rĂ©els peut nous donner quelques pistes, la hĂąte est grande de voir sur quels sommets Ă©motionnels lĂauteur va nous embarquer. VLADIMIR LECOINTRE
VINLAND SAGA, T.9 de Makoto Yukimura, Kurokawa, 208 p. n&b, 7,50 âŹ
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d © Fred / DARGAUD
FRED DANS LâINTIMITĂ
DU PAPA DE PHILĂMON
Qui nâa pas lu « PhilĂ©mon » ne peut saisir lâindĂ©fectible poĂ©sie, la mĂ©lancolie pudique, la fulgurance des trouvailles qui parcourent les histoires de Fred. SĂ©ance de rattrapage pour les plus jeunes, objet collector pour les fans : Dargaud publie une intĂ©grale de la sĂ©rie, et un livre dâentretiens avec lâauteur.
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mpossible de rĂ©sumer en de banals mots un univers dans lequel les lettres des cartes gĂ©ographiques se matĂ©rialisent en Ăźles isolĂ©es dans lĂocĂ©an, les onomatopĂ©es flottant dans le ciel embarquent les personnages Ă leur bord, les Ă©pouvantails prennent la parole et les personnages peuvent se perdre au sens strict dans les mĂ©andres de leur imaginaireâ Ăclos dans les pages de Pilote au milieu des annĂ©es 60, la saga PhilĂ©mon constitue un Ă©poustouflant voyage, porteur dĂune poĂ©sie avant-gardiste oĂč la collision entre rĂ©alitĂ© psychique interne et monde extĂ©rieur est sans cesse Ă lĂïŹuvre : matĂ©rialisation de mots dĂesprit, jeux sur la structure des cases et des planchesâ PĂ©pite Ă tirage limitĂ©, cette intĂ©grale permet au lecteur de se replonger dĂune longue traite dans cette Ă©popĂ©e, en commençant par atterrir des deux pieds sur le refuge hĂ©tĂ©rotopique du Ăż A Ćž de lĂOcĂ©an Atlantique, en la plus dĂ©licieuse des compagnies â lĂĂąne Anatole, le puisatier BarthĂ©lĂ©my et lĂOncle FĂ©licien. PubliĂ© simultanĂ©ment, un Ă©pais livre dĂentretiens met en scĂšne une tendre mise en abĂźme : le hĂ©ros Ă©ternellement adolescent, Ă la mariniĂšre trop courte, aux pieds nus et aux cheveux en 16
bataille, interroge avec candeur son crĂ©ateur. Sous son Ă©paisse et lĂ©gendaire moustache, Fred se raconte : ses origines grecques, ses premiers dessins de presse, lĂaventure fondatrice dĂHara Kiri â aux cĂŽtĂ©s de Cavanna, GĂ©bĂ©, Cabu, Choron, Wolinski, Topor â, lĂĂ©poque Pilote, son amour pour la plongĂ©e sousmarineâ Et des dessins inĂ©dits, oĂč toujours souffle cette douce brise libertaire, Ă©maillĂ©e dĂune tendresse pour les dĂ©shĂ©ritĂ©s et vagabonds de tout ordre, forains et autres petits mĂ©tiers ; la crĂ©ation selon Fred, oĂč la plus audacieuse des fantaisies cĂŽtoie la plus Ă©lĂ©gante des mĂ©lancolies. Votre narration dans PhilĂ©mon mĂȘle sans arrĂȘt le fond et la forme, le medium de la bande dessinĂ© est toujours prĂ©texte Ă rebondir dĂune maniĂšre inattendue ; vous laissez-vous surprendre vousmĂȘme au fil de lĂhistoire ? Absolument ! Ce nĂest jamais gratuit, il faut que ça serve Ă lĂhistoire, que ça dĂ©route le lecteur, en mĂȘme temps que les personnages qui ne savent pas oĂč ils vont. Et moi non plus ! DĂailleurs, en dĂ©couvrant cette intĂ©grale, jĂai lĂimpression que ce nĂest pas moi qui lĂai
Vous nĂaviez jamais relu ces pages ? Jamais ; quand je signe une page, je ne reviens jamais dessus. Je vais vous raconter une anecdote au sujet dĂun dessin que jĂavais fait pour illustrer une nouvelle de Barbey dĂAurevilly â un auteur de Normandie qui Ă©crit des nouvelles fantastiques un peu dans le style de Maupassant. Elle mettait en scĂšne un jeune militaire dans une ville de garnison, et une jeune fille de bonne famille. Je les avais dessinĂ©s au cours dĂun dĂźner, autour de la table avec les parents de la jeune fille, la bonneâ Je voulais quĂon comprenne quĂil allait se passer quelque chose entre eux, sur un simple Ă©change de regard. Et cĂest bizarre mais, en fin de journĂ©e, jĂavais fait tout le dessin â avec des dĂ©cors trĂšs minutieux â, jĂĂ©tais content du rĂ©sultat ; mais au moment de poser les points des yeux, dĂun seul coup, jĂai eu le trac ! JĂai donc laissĂ© le dessin reposer toute la nuit, et le lendemain matin, jĂai retrouvĂ© mes deux personnages en attente, sans yeux. CĂĂ©tait rien, juste deux traits et quatre points, mais je ne pouvais pas le faire le soir mĂȘme. Peut-ĂȘtre un peu par sadisme (sourire), peut-ĂȘtre un peu par jeu, comme pour continuer lĂhistoire. De plus, je vis le dessin comme un Ăż direct Ćž : je ne fais jamais de retouches, sĂil est ratĂ©, je le dĂ©chire et le recommence ; ça crĂ©e une certaine tension. © Fred / DARGAUD
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faite, je suis vraiment impressionnĂ©. Revoir des dessins que vous avez faits il y a 20, 30 ou 50 ans, cĂest troublant. Je me dis que cĂest vraiment un coup de chance dĂavoir pu trouver des histoires comme çaâ
A Est-ce lĂ que se situe le frisson que vous appelez le Ăż danger du mĂ©tier dĂauteur Ćž ? Cette image tirĂ©e du cirque me semblait assez explicite : lĂacrobate en maillot de corps arrive sur la piste, monte sur une Ă©chelle de corde pour accĂ©der Ă une plateforme situĂ©e tout en haut dĂun mĂąt. Le public retient son souffle, et lĂacrobate reste en Ă©quilibre sur sa plateforme minuscule Ă 20 m du sol, en attendant dĂĂȘtre prĂȘt. DĂun seul coup, il sent que lĂhistoire arrive ; quand elle est lĂ , il se lance dans le vide, et un trapĂšze apparaĂźt de lĂautre cĂŽtĂ© pour le rĂ©ceptionnerâ Et le public applaudit. La crĂ©ation, cĂest un coup de chance : vous ĂȘtes sur un bon sentier et vous arrivez aux Ă©toiles, ou bien vous ĂȘtes sur sentier branque, et vous arrivez sur un Ă©chafaudage.
© Fred / DARGAUD
Hara Kiri ou Pilote sont devenus des rĂ©fĂ©rences pour des gĂ©nĂ©rations de lecteurs. Le pressentiez-vous, en vivant ces aventures de lĂintĂ©rieur ? On lĂespĂ©rait ! Mais si on y pense sur le coup, on est cuit ; il ne faut pas penser Ă sĂ©duire le public quand on travaille. CĂest lĂ le grand secret. Si un auteur veut sĂ©duire, il va faire ce qui marche ; et ça marche Ă©videmment, le public nĂest pas dĂ©routĂ©. Quand jĂai commencĂ© PhilĂ©mon chez Pilote, les lecteurs nĂĂ©taient pas habituĂ©s â Ăż il ne sait pas dessiner, on ne comprend rien Ă ce quĂil raconte Ćžâ Et maintenant, on en fait une anthologie ! De quoi avez-vous nourri votre imaginaire fertile ? Quand jĂĂ©tais petit, La RuĂ©e vers lĂor de Chaplin a Ă©tĂ© une rĂ©vĂ©lation : passer du rire aux larmes, cĂest pour moi la dĂ©finition de lĂhumour. JĂai aussi lu beaucoup dĂauteurs anglo-saxons, comme Charles Dickens. Je ne lis plus vraiment de BD, jĂen suis restĂ© Ă Hugo Pratt, Franquin ou HergĂ© ; jĂaime bien Larcenet ou Blutch, mais je ne lis pas des histoires complĂštes, je regarde par hasard une page ou deux et ça me suffit. En fait aujourdĂhui, je nĂai besoin de rien. Je prĂ©fĂšre mĂallonger, et rĂȘver une histoire toute construite ! NĂimporte quoi peut la dĂ©clencher, un truc futile que je transpose â regardez ces livres autour de nous : si ce bouquin mal placĂ© venait Ă tomber pendant quĂon discute, ce
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serait bizarre, non ? Il pourrait tomber parce quĂon ne parle pas de lui, Ăż eh la journaliste, il faut parler de moi ! Ćž, Ăż oui, mais Zoo est un journal gratuit Ćž, Ăż et alors, je ne demande pas de cachet ! Ćž Je peux partir comme ça dans une histoire de 50 pages, ça va viteâ CĂest toujours de cette maniĂšre que sont nĂ©es vos histoires ? Je sais que cette fantaisie dans la façon de travailler nĂest pas habituelle ; jĂai aussi procĂ©dĂ© de la sorte avec Marie-Ange Guillaume, pour la biographie. Ăa lĂa beaucoup surprise au dĂ©but, car elle a lĂhabitude de faire un plan ; moi, dĂune page Ă lĂautre, je ne sais pas ce qui se passe, ça va et vient ! Mais je place toujours mon bureau face au mur, et je ferme les fenĂȘtres pour que lĂhistoire ne sĂenvole pasâ Il faut parfois un peu de temps pour sĂimprĂ©gner dĂune piĂšce, et laisser les histoires se poser sur vos Ă©paules ; jĂai dĂ©mĂ©nagĂ© rĂ©cemment, et ça sĂest fait trĂšs vite. Je vais continuer Ă travailler sur une nouvelle histoire de PhilĂ©mon, qui est en cours â je lĂai commencĂ©e il y a trois ans, 28 pages sont prĂȘtes ; peut-ĂȘtre la finirai-je sous forme de texte, et non de dessins. JĂĂ©cris les scĂ©narios au fur et Ă mesure, lĂhistoire peut Ă©voluer selon ce qui mĂarrive dans la vie. Dans la biographie, vous racontez que votre petitfils voulait que vous lĂemmeniez sur le Ăż A Ćžâ Oui, quand il Ă©tait petit (sourire). Il lisait PhilĂ©mon mais nous nĂen parlions jamais entre nous. Et un jour il mĂavait demandĂ© Ăż si tu as le temps, cet Ă©tĂ© ou un autre jour, tu pourras mĂemmener sur le A de lĂOcĂ©an Atlantique ? Ćž CĂĂ©tait formidable, surtout ce prĂ©ambule, Ăż si tu as le temps Ćž. Je croyais quĂil se foutait de moi, mais en fait il Ă©tait sĂ©rieux ! Je lui ai dit que ce serait avec plaisir, quand ça se prĂ©senteraitâ Vous pensez quĂil a finalement arrĂȘtĂ© dĂattendre ? JĂespĂšre bien que non ! Et quĂil nĂa jamais cessĂ© dĂattendre. Moi en tout cas, jĂattends toujours ce jour ; je sais quĂil se prĂ©sentera. PROPOS RECUEILLIS PAR
JULIE BORDENAVE
c Fred, lĂhistoire dĂun conteur Ă©lectrique, par Marie-Ange Guillaume, Dargaud Biographie, 224 pages, 29 ⏠c Exposition Fred, jusquĂau 23 avril Ă la Galerie Martel, 17 rue Martel, 75010 Paris, www.galeriemartel.com
INTĂGRALE PHILĂMON de Fred, Dargaud, 3 tomes, 250 p. couleurs, 35 ⏠17
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© Nury, Dorison et Rossi / DARGAUD
Conquis par W.E.S.T.
Avec la fin du troisiĂšme cycle des aventures de la W.E.S.T., Xavier Dorison, Fabien Nury et Christian Rossi se tournent vers leurs hĂ©ros pour dĂ©terminer jusquâoĂč ceux-ci sont prĂȘts Ă aller. Une vĂ©ritable apothĂ©ose scĂ©naristique et graphique.
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Go WEST ! Ćž, lancent en chïŹur Xavier Dorison, Fabien Nury et Christian Rossi depuis six albums, mais pas exactement comme on pourrait lĂentendre. Les Ătats-Unis quĂils dĂ©crivent nĂont en effet plus grand-chose Ă voir avec la frĂ©nĂ©sie de conquĂȘte qui agitait la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle. En 1901, date Ă laquelle la sĂ©rie dĂ©marre, le pays formĂ© de 45 Ătats a pour prĂ©sident William McKinley. Celui-ci va sĂattacher Ă promouvoir lĂexpansion Ă©conomique de la nation, tout en sĂattaquant aux grands trusts qui sont dĂ©jĂ en place â le plus connu dĂentre eux Ă©tant dirigĂ© par un certain John Rockefeller. La nouvelle frontiĂšre est dĂ©sormais industrielle. Les auteurs abordent ici une pĂ©riode peu traitĂ©e de lĂhistoire amĂ©ricaine comparĂ©e Ă celle, prĂ©cĂ©dente, dĂ©crite dans les westerns. LĂintĂ©rĂȘt nĂen est que plus fort. Mais si la conquĂȘte de lĂOuest nĂest plus dĂactualitĂ© aux Ătats-Unis en ce dĂ©but de XXe siĂšcle, quel est donc ce Ăż W.E.S.T. Ćž qui donne son titre Ă la sĂ©rie ? CĂest en rĂ©alitĂ© lĂacronyme de Weird Enforcement Special Team, le nom de code dĂune Ă©quipe de choc, spĂ©cialisĂ©e dans les affaires criminelles ayant trait au para-
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normal. CrĂ©Ă©e 25 ans plus tĂŽt sous le mandat du prĂ©sident Ulysses Grant, elle reprend du service avec un groupe lĂ©gĂšrement remaniĂ©. € sa tĂȘte, on trouve Morton Chapel, un homme dans la force de lĂĂąge dont la vie est marquĂ©e au fer rouge par des Ă©vĂ©nements que lui-mĂȘme qualifierait de dĂ©moniaques. € ses cĂŽtĂ©s, Angel Salvaje, un Indien catholique spĂ©cialiste des exorcismes. Puis Bart Rumble, un colosse exĂ©cuteur des basses ïŹuvres. Et enfin un petit nouveau, le jeune Joey Bishop, tireur dĂĂ©lite et tueur sans trop de scrupules. Deux hommes convaincus par lĂexistence de phĂ©nomĂšnes inexplicables et deux autres plus cartĂ©siens. Le dĂ©tail a son importance. Au final, un savant mĂ©lange entre aventure, surnaturel et Histoire. Le premier diptyque avait frottĂ© la W.E.S.T. au Club Century, un cercle discret regroupant les personnes les plus influentes et fortunĂ©es de la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine. Un club assez puissant pour assassiner le prĂ©sident McKinley, en lutte contre les conglomĂ©rats ? CĂest en tout cas lĂhypothĂšse des auteurs. Les hommes dĂaffaires seraient donc prĂȘts Ă vendre leur
A Ăąme au diable pour quelques (millions de) dollars en plus ? Le deuxiĂšme diptyque avait emmenĂ© les hommes de la W.E.S.T. Ă Cuba, occupĂ©e par les troupes amĂ©ricaines depuis 1898. Des Ă©lections se prĂ©paraient, et pour prĂ©server les intĂ©rĂȘts des Ătats-Unis, le prĂ©sident Roosevelt diligenta la W.E.S.T. pour mettre hors dĂĂ©tat de nuire un certain Islero, sorte de sorcier indĂ©pendantiste qui sĂ©duisait le peuple cubain et pouvait, horreur, prendre le pouvoir. La mission, sur fond de Santeria, le vaudou cubain, fut une fois de plus trĂšs musclĂ©e. Avec ce troisiĂšme diptyque, le lecteur entre Ă la fois dans lĂintimitĂ© des personnages et finalement dans le vif du sujet. LĂintĂ©gration dans le groupe de la jeune Kathryn Lennox, psychiatre spĂ©cialiste des traitements par lĂhypnose, a changĂ© la donne Ă lĂintĂ©rieur de la W.E.S.T. LĂapproche scientifique gagne du terrain sur lĂexorcisme et le vaudou. LĂexercice est cette fois pĂ©rilleux, car cĂest la propre fille de Morton Chapel qui est concernĂ©e. EnfermĂ©e dans la chambre dĂun hĂŽpital psychiatrique de New York, Megan reste prostrĂ©e depuis son plus jeune Ăąge. Depuis quĂelle a vu son pĂšre tuer sa mĂšre de sang froid. Celle-ci Ă©taitelle possĂ©dĂ©e ? Allait-elle planter un long couteau dans le corps de son enfant ? CĂest ce quĂa prĂ©tendu Chapel. Quinze ans plus tard, son beau-pĂšre, le richissime Johan Verhagen, dĂ©couvre que son gendre nĂest pas mort comme les services de la Maison Blanche le lui ont fait croire. LĂheure de la vengeance a sonnĂ© pour le vieil homme. Une fois de plus, Xavier Dorison et Fabien Nury mĂȘlent paranormal et haute sociĂ©tĂ© affairiste. Comme une mĂ©taphore sur la soif de pouvoir, le milliardaire Verhagen, le faiseur de
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prĂ©sident, est littĂ©ralement possĂ©dĂ©. Mais quelle est la rĂ©alitĂ© ? Les scĂ©naristes brouillent les cartes en mettant Morton Chapel et Kathryn Lennox sur un pied dĂĂ©galitĂ©. LĂun est convaincu dĂune prĂ©sence surnaturelle, alors que lĂautre ne jure que par la psychanalyse. Megan abrite-t-elle le dĂ©mon qui torturait sa mĂšre ou estelle, de maniĂšre plus prosaĂŻque, gravement nĂ©vrosĂ©e ? Le doute subsiste, mĂȘme si les convictions de Chapel vacillent au fil des pages. DĂailleurs, celles de Kathryn aussi, en quelque sorte. Ce dernier tome du diptyque est ainsi plus introspectif. Chaque personnage se trouve face Ă un dilemme, un choix Ă effectuer dĂautant plus difficile que le petit groupe a appris Ă se connaĂźtre et Ă sĂapprĂ©cier au grĂ© des Ă©preuves. Bishop va-t-il trahir ses amis en acceptant la mission secrĂšte de la Maison Blanche ? Rumble suivra-t-il Chapel jusquĂau bout de cette folie ? Salvaje mettra-t-il Ă exĂ©cution ses menaces envers Megan ? ArrivĂ© Ă ce paroxysme, chaque dĂ©cision est cornĂ©lienne. Le scĂ©nario est lumineux, rĂ©pondant Ă des questions posĂ©es dĂšs le premier album. Difficile Ă©galement de ne pas parler du dessin et des couleurs de Christian Rossi, tout Ă fait remarquables. Une documentation hallucinante, des dĂ©coupages splendides, des plans dĂensemble phĂ©nomĂ©naux, des planches muettes de haute volĂ©e, des effets de lumiĂšre hypnotiques. SĂil fallait encore le souligner, Christian Rossi est un maĂźtre du dessin rĂ©aliste. Trio gagnant pour cet album qui sonne comme un adieu et qui dĂ©montre une fois de plus que W.E.S.T. est une sĂ©rie exceptionnelle.
© Nury, Dorison et Rossi / DARGAUD
THIERRY LEMAIRE
W.E.S.T., T.6, SETH
de Christian Rossi, Xavier Dorison et Fabien Nury Dargaud 44 p. couleurs, 13,95 âŹ
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BALADE AU BOUT DU MONDE C
e que François capte dans son viseur, Emmanuel le retranscrit en cases et en dessins. On savait Emmanuel Lepage avide de grands espaces et de terres lointaines. Des dĂ©cors dĂĂ©vasion quĂon retrouvait dĂ©jĂ dans ses carnets de voyage amĂ©ricains (publiĂ©s en 2003) et qui ont fait le succĂšs des sĂ©ries Muchacho, La Terre sans mal ou NĂ©vĂ©. Mais ce Breton nĂavait paradoxalement jamais pris la mer ! Il nous embarque avec lui au-delĂ des quarantiĂšmes rugissants et nous livre avec talent un roman graphique dense, mĂ©langeant rĂ©cits en BD, paysages peints et croquis faits sur place. Partant dĂune implication personnelle, il dĂ©crit les sentiments divers inhĂ©rents au passage du fantasme dĂun voyage Ă sa rĂ©alitĂ© : innocence, enthousiasme, dĂ©ception, ennui, curiositĂ©, angoisse, fascinationâ Cette sorte de 20
© Emmanuel Lepage / FUTUROPOLIS
Les Ăźles Kerguelen, Crozet, Saint-Paul⊠Les Ăźles de la DĂ©solation. Un froid archipel austral au milieu de nulle part. Lorsque François Lepage, photographe, y part en reportage en compagnie de LâInstitut Polaire Paul-Ămile Victor (chargĂ© de ravitailler les scientifiques des TAAF â Terres Australes et Antarctiques Françaises), il propose Ă son frĂšre Emmanuel dâembarquer avec lui sur le bateau « Marion Dufresne »âŠ
voyage initiatique est Ă©galement didactique ; Ă travers diffĂ©rentes digressions, cĂest une mine dĂinformations prĂ©cises sur plusieurs domaines : lĂornithologie, la logistique, la marine, lĂenvironnement, lĂhistoireâ Mieux que nĂimporte quel reportage, on est immergĂ© dans ce Ăż tourisme Ćž particulier par le ressenti de lĂauteur, Ă travers diffĂ©rentes formes dĂexpression : vue subjective, croquis,
passages oĂč il se met en scĂšneâ Ăvidemment, les dessins Ă la craie, les portraits, les prises sur le vif au crayon et les aquarelles sont superbes et viennent donner de jolies respirations dans lĂhistoire. Les paysages sont magnifiques et lĂhumanitĂ© des gens authentique. Ainsi on saisit les instants, le quotidien, les discussions, Ă travers des rituels (le langage spĂ©cifique, le courrier, les repasâ) et on assiste Ă lĂintĂ©gration du narrateur dans cet univers lunaire confinĂ© du bout du monde. AprĂšs ce pĂ©riple dans les froids extrĂȘmes de lĂAntarctique (mais blotti au chaud chez vous !), vous ne pourrez plus confondre un pingouin et un manchot. Avec cette BD-reportage, Emmanuel Lepage a surmontĂ© le mal de mer et a bien mĂ©ritĂ© son titre de Ăż dessinateur de lĂextrĂȘme Ćž. WAYNE
VOYAGE AUX ËLES DE LA DĂSOLATION dĂEmmanuel Lepage, Futuropolis, 160 p. couleurs, 24 âŹ
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Les valeurs humanistes de LAURENT GALANDON
Accords sensibles, dĂAntonio Lapone et RĂ©gis HautiĂšre Trois hommes et trois femmes aux destins croisĂ©s offrent une variation sur le thĂšme Ă©ternel de lĂinsatisfaction amoureuse, fruit de lĂennui, de la pudeur, des rendez-vous manquĂ©s... Ce roman graphique est de ceux que lĂon termine Ă regret, dĂ©jĂ nostalgique de cette ambiance feutrĂ©e des annĂ©es 50, faite de rĂȘveries et de dĂ©sillusions et si Ă©lĂ©gamment crĂ©Ă©e par les auteurs. Ici, tout se savoure : de lĂintrigue (merveilleusement rythmĂ©e par un dĂ©coupage subtil) au dessin (les dĂ©cors sont de toute beautĂ©), en passant par les airs de jazz qui soutiennent le rĂ©cit. Tout, sauf lĂamour. Alors vraiment, Ăż il nĂy a pas dĂamour heureux Ćž ?
© Galandon et Nicaise / BAMBOO ĂDITION
Publiant ces jours-ci chez Bamboo le deuxiĂšme volet du « Cahiers Ă fleurs », sur le thĂšme du gĂ©nocide des ArmĂ©niens, et le premier tome des « Innocents coupables », sur les colonies pĂ©nitentiaires agricoles destinĂ©es aux jeunes dĂ©linquants mineurs, Galandon sâest fait une spĂ©cialitĂ© des causes sociales dans des rĂ©cits Ă©mouvants qui nâoublient pas les leçons de lâHistoire.
Treize étrange, 144 p. coul., 17 ⏠KARINE LACA
Branleur(s), de Jules & Tom Fradet
manolosanctis, 64 p. couleurs, 14,50 ⏠GERSENDE BOLLUT
LĂËge dur, de Max de RadiguĂšs LĂĂąge dur, ce nĂest ni lĂĂąge dĂor, ni (complĂštement) lĂĂąge con. Ces chroniques adolescentes sonnent juste, ont le goĂ»t du rĂ©el, lĂodeur de la cour de rĂ©crĂ© et du fond de la classe, et se dĂ©vorent avec un mĂ©lange de nostalgie et de soulagement (dĂavoir laissĂ© derriĂšre soi ces annĂ©es-lĂ ). Le graphisme privilĂ©gie les personnages qui, dans leurs problĂ©matiques de collĂ©giens typiques, deviennent incroyablement familiers au bout de quelques pages. LĂauteur belge Max de RadiguĂšs a su retranscrire avec finesse lĂunivers impitoyable de lĂentre-deux Ăąges.
LĂEmployĂ© du moi, 128 p. n&b, 12 ⏠OLIVIER PISELLA
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EXTRAIT DU CAHIER € FLEURS T.2
Ă fleurs ! Ćž Si Hamset ne reconnaĂźt pas le patronyme, il nĂignore pas, en revanche, le Cahier Ă fleurs, car cĂest prĂ©cisĂ©ment dans celui-ci, dissimulĂ© dans le violon offert par son grand-pĂšre quand il avait quatre ans, que le jeune virtuose avait trouvĂ© cette partition inĂ©dite. Le lendemain, Hamset est Ă lĂhĂŽpital, au chevet du vieil homme, qui lui raconte le calvaire vĂ©cu par les ArmĂ©niens entre avril 1915 et juillet 1916, dans lequel les deux tiers de ceux qui vivaient sur lĂactuel territoire de la Turquie ont Ă©tĂ© exterminĂ©s au cours des dĂ©portations et massacres planifiĂ©s. LĂauteur du Cahier Ă Fleurs en a Ă©tĂ© directement victime.
© Laurent MĂ©likian pour Bamboo Ădition
AprĂšs sĂĂȘtre perdus de vue durant 10 ans (fameux syndrome Bruel ?), deux amis dĂenfance se retrouvent autour dĂune chope. Bien vite, la gĂȘne cĂšde le pas Ă une complicitĂ© retrouvĂ©e : lĂun est devenu rocker fan de tuning (savoureux, il nĂa pas le permis), lĂautre, un Ă©tudiant aux parents divorcĂ©s, qui aime rester avachi des heures devant la tĂ©lĂ©. Entre cuite sĂ©vĂšre et plan foireux de vol dĂherbe pour leur consommation, le second compĂšre sĂamourachera de la belle copine du rockerâ Ces deux-lĂ ne sont pas bien mĂ©chants, Ă lĂimage dĂun album qui se lit dĂune traite, dont le style hĂ©sitant est excusable au vu de la belle authenticitĂ© du rĂ©cit.
LAURENT GALANDON
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ctobre 1983, le jeune prodige turc du violon Hamset Erdem fait sensation Ă Paris mais, au cours du concert oĂč il produit une piĂšce inĂ©dite dont lĂauteur est inconnu et quĂil dĂ©die Ă son grandpĂšre, un incident survient : dans lĂassistance, un octogĂ©naire se lĂšve et sĂĂ©croule accablĂ© par lĂĂ©motion, en murmurant Ăż Maraynoucheâ Le Cahier
UN GĂNOCIDE
MĂȘme sĂil nĂexiste que depuis la Seconde Guerre mondiale, le terme de Ăż gĂ©nocide Ćž sĂapplique ici : Ăż Le caractĂšre gĂ©nocidaire des massacres du peuple armĂ©nien en 1915-1916 a Ă©tĂ© reconnu dans un rapport, connu du nom de son auteur : Benjamin Whitaker, fait remarquer le scĂ©nariste Laurent Galandon. Il a Ă©tĂ© approuvĂ© par la Commission des droits de lĂHomme, Ă lĂONU, le 29 aoĂ»t 1985. Ćž DĂune maniĂšre gĂ©nĂ©-
rale, le marqueur du gĂ©nocide, ce sont les enfants. Quand ceux-ci sont exterminĂ©s comme les adultes, cĂest quĂil y a vĂ©ritablement la volontĂ© dĂĂ©teindre une lignĂ©e. QuĂest-ce qui a fait que Laurent Galandon sĂest intĂ©ressĂ© Ă un tel sujet ? Ăż Cette question revient rĂ©guliĂšrement pour Le Cahier Ă fleurs mais Ă©galement pour plusieurs de mes autres titres, constate-t-il. RĂ©cemment, jĂentendais une interview de Bertrand Tarvernier confrontĂ© Ă une question similaire : pourquoi tel ou tel sujet, toujours plutĂŽt "engagĂ©" ? Le rĂ©alisateur expliquait quĂĂ lĂoccasion dĂune lecture, de lĂĂ©coute dĂune Ă©mission radio, du visionnage dĂun film ou simplement dĂune photographie, etc., naissait chez lui un besoin â presque viscĂ©ral â dĂaborder une thĂ©matique, sans pouvoir dĂ©velopper davantage. Cette rĂ©ponse me convient bien. Plus prĂ©cisĂ©ment, lĂenvie dĂaborder le gĂ©nocide armĂ©nien est nĂ©e pendant ma recherche documentaire autour de LĂEnvolĂ©e sauvage. JĂai dĂ©couvert les propos dĂHitler qui, face aux rĂ©ticences de ses gĂ©nĂ©raux, justifiait la mise en place de la "Solution finale" dans la mesure oĂč, en 1915, aucun Ătat nĂavait rĂ©agi pour les massacres des ArmĂ©niens. Dans une certaine mesure, le gĂ©nocide des ArmĂ©niens portait dĂ©jĂ latent en lui la Shoah. Ćž LĂouvrage est poignant et, mĂȘme si le
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EXTRAIT DES INNOCENTS COUPABLES T.1
regardĂ©es avec le seul vrai questionnement qui vaille aujourdĂhui : comment une sociĂ©tĂ© moderne doit-elle ïŹuvrer pour le respect de ses minoritĂ©s ? Cette question-lĂ est universelle et le travail de mĂ©moire opĂ©rĂ© par Galandon est lĂ pour nous le rappeler.
DROITS DE LâHOMME
On notera que ce nĂest pas la premiĂšre fois que Galandon aborde ce type de sujet. Dans un prĂ©cĂ©dent diptyque, LĂEnvolĂ©e sauvage (toujours chez Bamboo), il mettait en scĂšne des enfants
© Galandon et Anlor / BAMBOO ĂDITION
dessin trĂšs classique de Viviane Nicaise recĂšle encore des faiblesses, il se met parfaitement au service dĂun scĂ©nario qui sait incarner des personnages broyĂ©s par lĂhistoire. Mieux : sa distanciation rend ici dĂĂ©minents services, faute de quoi, certaines sĂ©quences seraient proprement insupportables. Le massacre de tout un peuple, la brutalitĂ© de lĂappareil dĂĂtat qui prend le prĂ©texte de la guerre pour effectuer un Ăż nettoyage ethnique Ćž, jusquĂĂ lĂanecdote signifiante de lĂadoption de certains enfants par des familles musulmanes pas toujours bien intentionnĂ©es, tout cela est formidablement bien racontĂ©. Ăż Le livre a Ă©tĂ© bien accueilli, nous dit Galandon, dĂautant que jĂai parallĂšlement participĂ© Ă lĂĂ©laboration dĂune exposition "Surtout nĂen oubliez aucun ! Regards dessinĂ©s sur les gĂ©nocides" au Centre du Patrimoine armĂ©nien de Valence. Une Ă©tudiante turque mĂa interpellĂ© : elle me reprochait â comme Ă toute personne non-armĂ©nienne ou turque â dĂentraver le travail de recherche des historiens turcs et armĂ©niens sur le sujet, et par consĂ©quent, dĂenvenimer les relations entre les deux pays ! Ćž CĂest absurde Ă©videmment, car la situation provoquĂ©e par la chute de lĂempire ottoman et la laĂŻcisation radicale de lĂĂtat sous AtatĂŒrk doivent ĂȘtre
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© Galandon et Anlor / BAMBOO ĂDITION
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juifs sous lĂOccupation : Ăż JĂai Ă cïŹur dĂĂ©crire des histoires qui sont le vecteur de valeurs ĂżhumanistesĆž. Il ne se passe pas un jour sans que je sois outrĂ© par une situation oĂč les droits fondamentaux auxquels devraient pouvoir aspirer toute personne ne soient bafouĂ©s. Ćž Avec Les Innocents coupables, on retrouve cette qualitĂ© dĂindignation : Ăż Personnellement, raconte Galandon, je nĂai connu que des coloniesâ de vacances sympathiques et Ă©panouissantes ! LĂenvie des travailler sur les colonies pĂ©nitentiaires agricoles mĂest venue pendant la rĂ©daction de LĂEnfant maudit, histoire pour laquelle je faisais des recherches sur les orphelinats et lĂassistance publique. Bien souvent, les graines dĂune nouvelle histoire sont rĂ©coltĂ©es pendant lĂĂ©criture dĂune autre. Ćž Cela donne une histoire qui, Ă bien des Ă©gards, Ă©voque les Hauts murs dĂAuguste Le Breton : Ăż € lĂinstar de plusieurs de mes prĂ©cĂ©dentes BD, Les Innocents coupables ambitionne â modestement â de faire dĂ©couvrir un pan passablement mĂ©connu de nos institutions Ă travers lĂhistoire romanesque de quatre poulbots. La sĂ©rie comprendra trois tomes. Et, si elle rencontre lĂadhĂ©sion des lecteurs, jĂespĂšre alors pouvoir dĂ©velopper des rĂ©cits indĂ©pendants pour chacun de mes quatre protagonistes. Ćž Une rĂ©ussite qui doit aussi aux dessins Ă©mouvants et sensibles dĂAnlor. DIDIER PASAMONIK
c LE CAHIER € FLEURS,T.2,
DERNIËRE MESURE
EXTRAIT DES INNOCENTS COUPABLES T.1
de Galandon et Nicaise, Bamboo, coll. Grand Angle, 48 p. couleurs, 13,50 ⏠c LES INNOCENTS COUPABLES,T.1, LA FUITE de Galandon et Anlor, Bamboo, coll. Grand Angle, 48 p. couleurs, 13,50 âŹ
Borderline,T.4, de Alexis Robin et Nathalie Berr Fernando Villa est un Ă©crivain parfois confrontĂ© Ă des pannes dĂinspiration, mais celle-ci arrive parfois de façon inopinĂ©e, le contraignant Ă remplir de lignes manuscrites tout papier blanc. En fait, Fernando est une sorte de medium qui perçoit dĂauthentiques histoires criminelles. Ayant dĂ©cidĂ© de communiquer des informations Ă la police, il se fait interpeller dans une cabine tĂ©lĂ©phonique. Un interrogatoire musclĂ© lui permet de prouver lĂauthenticitĂ© de son talent, ce qui permet dĂĂ©viter un attentat organisĂ© par des fanatiques religieux. Un concept original et palpitant (digne de Stephen King !), qui tient le lecteur en haleine, mĂȘme si le dessin ne nous semble pas Ă la hauteur des qualitĂ©s du scĂ©nario.
Bamboo, Grand Angle, 48 p. coul., 12,90 ⏠MICHEL DARTAY
Les Larmes de l'assassin, de Thierry Murat Dans ce bout du monde chilien aride et venteux, un garçonnet grandit Ăż comme une graine plantĂ©e lĂ , condamnĂ©e Ă ne pas jamais donner de fleurs Ćž. Mais quand un assassin tue ses parents pour occuper leur bicoque et Ă©chapper Ă la traque policiĂšre, cĂest la vie qui surgit. Angel Allegria et le garçonnet vont (re)naĂźtre, vivre et ressentir un lien indĂ©fectible. Impossible de dĂ©crire ce livre sans trahir sa sobre poĂ©sie, la sensibilitĂ© enfouie des protagonistes, la force Ă©vocatrice de ces silhouettes en clair-obscur, la complexitĂ© des sentiments suggĂ©rĂ©s. Une BD adaptĂ©e dĂun roman primĂ© plus de 20 fois, Ă lire absolument.
Futuropolis, 128 pages couleurs, 18 ⏠KARINE LACA
Les Enfants du capitaine Grant,T.2, de Nesme Pour beaucoup, les romans de Jules Verne sont associĂ©s Ă lĂĂ©dition Hetzel aux couvertures rouges et dorĂ©es. Pour Alexis Nesme Ă©galement. Son superbe dessin vintage aux couleurs absolument remarquables plonge le lecteur dans une ambiance XIXe siĂšcle convaincante. Seul accroc Ă lĂorthodoxie Ăż vernienne Ćž de ce voyage extraordinaire, les personnages sont des animaux. Pas de problĂšmes, cette touche personnelle participe Ă lĂambiance particuliĂšre de lĂalbum. Une adaptation Ă lĂancienne, mais trĂšs moderne, post-moderne quoi.
Delcourt, 48 p. coul., 10,50 ⏠THIERRY LEMAIRE
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d Aslak, de Hub, Weytens, Michalak et Drac © Guy Delcourt Productions â 2011
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Y A-T-IL UN CONTEUR DANS LA SALLE ? Cette histoire est nulle ! Tuez le narrateur et ramenez-moi en un nouveau. Un meilleur. Et racontez-moi tout.
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eux frĂšres, bien brouillĂ©s comme il faut, courent aprĂšs le mĂȘme but, pour satisfaire un roi sanguinaire qui a tuĂ© leur pĂšre et menace leur mĂšre (entre autres). Une quĂȘte, des sauvages, des hĂ©ros, de lĂaction, une belle nana, des bateauxâ Ăż Encore de lĂheroic fantasy Ćž, me direzvous ! Certes, mais une quĂȘte plutĂŽt originale en fin de compte. Il sĂagit de retrouver un conteur mythique afin de renouveler le cheptel dĂhistoires dĂun roi viking. Petite (et maline) mise en abĂźme au passage, pour les auteurs du rĂ©cit. Pas bĂȘte.
ASLAK, T.1 LĂïŹIL DU MONDE
de Hub, Weytens, Michalak et Drac Delcourt 56 p. couleurs, 13,95 âŹ
Si Hub nĂa plus rien Ă prouver en tant quĂauteur complet (cf. Okko, chez Delcourt), il est plus surprenant de le retrouver lĂ comme Ăż simple Ćž co-scĂ©nariste. Les deux compĂšres (avec Weytens) sĂen sortent plutĂŽt trĂšs bien. Difficile pourtant de faire son chemin dans un genre usĂ© jusque Ă la corde, et
traumatisĂ© par des rĂ©fĂ©rences incontournables, entre La QuĂȘte de lĂoiseau du temps et les 4000 livres de Mister Arleston [pĂšre du monde de Troy, NDLR]. Mission accomplie, sur la corde raide. Aux dessins, Michalak semble se rĂ©galer. Celui qui a dĂ©jĂ donnĂ© des coups de main Ă Hub (sur Okko) mixe avec bonheur les traits de Loisel et Tarquin. Un style frais, vif, Ă la mise en page aĂ©rĂ©e et efficace. Une narration fluide, bien agrĂ©able Ă suivre. € la couleur, Drac rend un travail impeccable, qui accompagne lĂintention du
dessinateur sans en faire des caisses. Il nĂaurait pas Ă rougir dĂune comparaison avec des poids lourds du domaine comme Isabelle Rabarot ou Claude Guth. Un premier tome qui prĂ©sente les personnages sous un jour relativement original, sans toutefois trop dĂ©vier des chemins balisĂ©s du genre choisi. Si le second Ă©pisode ne tarde pas Ă suivre, les fans de ce type dĂĂ©popĂ©e devraient faire de mĂȘme. PHILIPPE CORDIER
© Nicolas Poupon / MĂME PAS MAL
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Mezek : TROIS FEMMES ET UN PILOTE Câest la rencontre inattendue de deux vĂ©tĂ©rans de la BD franco-belge, pour un album inattendu (lâaction se dĂ©roule en IsraĂ«l en 1948) qui paraĂźt dans la collection SignĂ© du Lombard. Au programme : combats aĂ©riens, conflits nationalistes, problĂšmes de conscience et intrigues amoureuses !
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CĂest la premiĂšre fois Ă notre connaissance quĂun album de BD aborde ce thĂšme qui aurait pu donner un excellent Buck Danny. Le scĂ©nariste Yann 26
avait conçu cette histoire il y a prĂšs de 20 ans, accumulant par la suite une abondante documentation sur le sujet. Il connaĂźt bien la thĂ©matique de lĂaviation, ayant dĂ©jĂ Ă©crit la sĂ©rie Le Grand Duc chez Paquet. Mais la trame de lĂalbum permet dĂaborder dĂauthentiques Ă©vĂ©nements comme lĂattaque dĂun navire de lĂIrgoun1, ce qui permet dĂexposer les tourments psychologiques dĂun pilote mercenaire : en plus de matĂ©riel de guerre et de combattants dĂ©sirant provoquer une insurrection, le navire transporte des femmes et des enfants israĂ©liens : les
© Juillard et Yann / LE LOMBARD
Björn est un pilote suĂ©dois expĂ©rimentĂ©, il maĂźtrise lĂatterrissage de ces avions peu fiables et ses conseils sont prĂ©cieux pour les autres. Les relations ne sont pas toujours cordiales avec les pilotes israĂ©liens, mais son physique avantageux de beau blond lui permet de sĂattirer les charmes de trois femmes (une blonde, une rousse et une brune, de quoi les reconnaĂźtre au premier coup dĂïŹil, mĂȘme si la nuit pourra prĂȘter Ă confusion !). La vie de pilote est brĂšve, on compte beaucoup dĂaccidents et de morts de compagnons dĂarmes dans cet album. Au terrain dĂaviation, les mĂ©sententes et altercations sont violentes avec les collĂšgues. Il y a les problĂšmes techniques inhĂ©rents Ă des avions dĂoccasion, rafistolĂ©s Ă bas coĂ»t, mais aussi de bizarres dĂ©faillances en sĂ©rie. AprĂšs une prĂ©sentation des diffĂ©rents protagonistes de lĂhistoire, lĂalbum alterne les sĂ©quences dĂaction avec celles dĂĂ©motion tendance intimiste.
© Juillard et Yann / LE LOMBARD
n petit rappel historique pour commencer : lĂĂtat dĂIsraĂ«l a Ă©tĂ© proclamĂ© le 14 mai 1948, Ă la suite du vote Ă lĂONU dĂun plan de partage de la Palestine, jusquĂici sous mandat dĂadministration britannique. DĂšs le lendemain, commence la guerre dĂindĂ©pendance israĂ©lienne, qui sera marquĂ©e par de nombreuses attaques des pays arabes voisins. Le nouveau pays est trĂšs jeune, il souffre dĂun embargo sur lĂarmement et ne compte pas suffisamment de pilotes. Il a pu se procurer des Mezek (carcasses de Messerschmitt Ă©quipĂ©es de lourds moteurs de bombardiers Junker, qui dĂ©sĂ©quilibrent lĂavion et privent le pilote dĂune partie de son champ de vision). Pour Ă©toffer les effectifs de son armĂ©e de lĂair, il sĂest adjoint le concours de pilotes Ă©trangers venus des quatre coins de la planĂšte, par sympathie pour ce jeune pays ou pour raisons financiĂšres (la solde Ă©tait gĂ©nĂ©reuse pour les mercenaires).
militaires locaux refusant de nuire Ă leurs compatriotes, la mission est donc confiĂ©e Ă des goys. En complĂ©ment de la frĂ©quentation des bars de Tel-Aviv, Björn aime sĂoffrir des bains de minuit (cinq au total) sur une plage voisine peu frĂ©quentĂ©e, histoire de sĂapaiser aprĂšs des journĂ©es Ă©prouvantes sous un soleil torride. Mais il ne sĂagit pas seulement dĂagrĂ©ables moments de baignade naturiste, puisquĂil lui arrive dĂy rencontrer par hasard des femmes de son triangle amoureux : complicitĂ© amoureuse, mais aussi parfois le dĂ©pit dĂune maĂźtresse Ă©conduite, ou la hargne dĂune IsraĂ©lienne qui vient de dĂ©couvrir quĂelle vient de coucher avec un pilote mercenaire. Il nĂy a pas beaucoup dĂhumour dans ce scĂ©nario sĂ©rieux de Yann, mĂȘme si lĂon retrouve dans les dialogues la vivacitĂ© habituelle de certaines rĂ©parties, agrĂ©mentĂ©es dĂexpressions typiques en version originale, heureusement traduites en astĂ©risques. AndrĂ© Juillard publie lĂ son premier livre aux Ă©ditions du Lombard, juste retour des choses pour cet adepte de la ligne claire. Si la pĂ©riode correspond Ă celle des premiers Blake et Mortimer, son trait retrouve une certaine sensualitĂ©, Ă©loignĂ©e de la raideur et des contraintes graphiques nĂ©cessaires pour assumer la reprise graphique des personnages de Jacobs. De plus, ayant eu dans sa famille deux professionnels de lĂaviation, lĂhomme Ă©prouve un grand intĂ©rĂȘt pour les avions. Dans ce Mezek, ils Ă©vo-
luent en silence et sans ligne de mouvements, un peu comme des planeurs effectuant un ballet aĂ©rien ou des poissons dans un aquarium. Une magnifique vision personnelle dĂauteur ! Nous ne souhaitons pas vous gĂącher le plaisir de la lecture en vous dĂ©voilant la chute finale. Sachez juste que la tension Ă©tant arrivĂ©e Ă son point maximal, tout finira par heureusement sĂapaiser. Le Lombard Ă©dite en complĂ©ment un Carnet de Croquis, sorte de making of de ce bel album. JEAN-PHILIPPE RENOUX 1 Irgoun : organisation clandestine armĂ©e de la droite rĂ©visionniste israĂ©lienne.
MEZEK de Juillard et Yann, Le Lombard, coll. SignĂ© 64 p. couleurs, 15,95 âŹ
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Du Plomb pour les garces, T.1, de Mangin et Malnati € lĂamĂ©ricaine, le studio ALM ICON propose des projets clefs en mains pour diffĂ©rents supports, en France. Il sort ici le premier tome dĂun diptyque violent Ă souhait, scĂ©narisĂ© par ValĂ©rie Mangin, qui traite de la cĂ©lĂ©britĂ©, de la presse Ă scandale et des bas fonds dĂun monde de strass sous cocaĂŻne. Un premier degrĂ© sous un Ăż jus Tarantinesque Ćž, assumant son influence sĂ©rie Z. LĂoriginalitĂ© vient surtout dĂun univers ultra fĂ©minisĂ© qui nĂa rien Ă envier aux blockbusters machos made in USA. Un gros dĂ©fouloir dessinĂ© par LoĂŻc Malnati, assistĂ© de membres de son studio (mĂȘme Bajram a mis la main Ă la case).
© Tony Parker / EMMANUEL PROUST
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JE PLEURE, DONC JE SUIS
Soleil, Quadrants, 48 p. coul., 14,30 ⏠PHILIPPE CORDIER
MĂ©moires dĂun guerrier, de Jean-Louis Marco CĂest sans doute une question de gĂ©nĂ©ration : aprĂšs le western, lĂheroic fantasy est dĂ©sormais bien installĂ©e dans son crĂ©puscule : un monde a disparu, le temps de lĂaventure est rĂ©volu et toute pĂ©ripĂ©tie sera dĂ©sormais jugĂ©e Ă lĂaune dĂun Ăąge dĂor perdu. Les auteurs et leurs hĂ©ros fatiguĂ©s lorgnent vers un temps regrettĂ© tout en sachant pertinemment quĂil nĂĂ©tait pas exactement ce que la lĂ©gende en a retenu. Un vieil aventurier bourru sĂessaie ici Ă une difficile entreprise de transmission Ă un petit-fils peu rĂ©ceptif. Son troisiĂšme rĂ©cit, celui que personne nĂĂ©coute, donne du relief Ă lĂensemble et hisse lĂïŹuvre au-dessus de son programme iconoclaste.
Gallimard, Bayou, 96 p. coul., 16 ⏠VLADIMIR LECOINTRE
Les Chroniques de la guerre de Lodoss : La Dame de Falis, de Mizuno et Yamada Ah, lĂĂźle de Lodoss, son univers impitoyableâ Pour les fans hardcore â ou ceux qui ont besoin dĂun gros pavĂ© pour caler leur lit â les Ă©ditions KazĂ© sortent en Ă©dition intĂ©grale tout le prologue de la saga de Ryo Mizuno, largement inspirĂ© de lĂunivers Tolkien et Donjons & Dragons. Sous le trait assez abrupt dĂAkihiro Yamada, vous verrez ressusciter la Reine des DĂ©mons, qui rassemble son armĂ©e pour mettre Lodoss dans le chaos : le prĂȘtre-guerrier Flaus sĂentoure alors de compagnons (guerriers, nain, prĂȘtresse) pour la dĂ©fier et ramener le calme sur lĂĂźle. Pour les fans hardcore, Ă©crivions-nousâ
Kazé, coll. Seinen, 522 p. n&b, 19,95 ⏠BORIS JEANNE
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« [Avoir du chagrin] Câest donc lâexpĂ©rience la plus absolue, la plus bouleversante qui puisse arriver. » Philip K. Dick, « Flow My Tears, The Policeman Said1 », Le Masque S. F. (1975).
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hilip K. Dick est, disons-le, un Ă©crivain mĂ©diocre ; son style est souvent trĂšs pauvre, quant Ă son Ă©criture, elle reste dĂune platitude dĂ©solante. DĂautres comme Frederic Brown, Walter Tevis, Roger Zelazny, Ray Bradbury, Dan Simmons et mĂȘme Norman Spinrad lui sont supĂ©rieur dans lĂexercice littĂ©raire. Pourtant, la modernitĂ© et la richesse des univers de K. Dick sont inĂ©galĂ©es, et mĂȘme dans ses romans les moins percutants â comme Flow My Tears, The Policeman Said â, quelque chose est Ă retenir. En dehors du sujet en luimĂȘme, qui est toujours intelligemment trouvĂ©, lĂauteur se laisse aller rĂ©guliĂšrement Ă des rĂ©flexions philosophiques. Dans Flow My Tears, The Policeman Said â puisquĂil sĂagit de notre exemple â Jason Taverner le hĂ©ros, disserte avec une ancienne star de lĂimportance du chagrin pendant un chapitre entier. Les Ă©changes entre les deux personnages aboutissent Ă la conclusion que la souffrance est toujours le corollaire de lĂamour et que cĂest Ă travers elle que lĂhumanitĂ© se rĂ©vĂšle. Parce quĂelle nous transcende, elle en vaut donc la Ăż peine Ćž. En dehors de cet aspect, K. Dick rĂ©invente le mythe de la caverne cher Ă Platon dans toute son ïŹuvre. Tous ses
hĂ©ros atteignent la vĂ©ritĂ© (ou le rĂ©el) en perdant pied avec la rĂ©alitĂ© ou en sĂexcluant de la sociĂ©tĂ© des hommes. Le roman qui en est lĂillustration la plus Ă©vidente Ă©tant The Penultimate Truth2.
la lourdeur de la traduction nuise à cette volonté. KAMIL PLEJWALTZSKY
En français : Le Prisme du nĂ©ant En français : La VĂ©ritĂ© avant-derniĂšre En français : Les AndroĂŻdes rĂȘvent-ils de moutons Ă©lectriques ? 1 2 3
Dans Do Androids Dream Of Electric Sheep ?3, Philip K. Dick considĂšre que notre rĂ©alitĂ©, en tant quĂĂȘtres humains, est dĂ©terminĂ©e par notre propension Ă lĂempathie. La souffrance dit-il, est une preuve de notre humanitĂ©, mais cĂest surtout notre capacitĂ© Ă endosser celle dĂautrui qui nous rend rĂ©els. Le roman nĂest donc pas quĂune ode Ă la douleur. CĂest aussi une injonction Ă aimer. Contrairement au Blade Runner de Ridley Scott inspirĂ© de ce roman de K. Dick, lĂadaptation de Tony Parker en bande dessinĂ©e est trĂšs fidĂšle au livre dĂorigine. Mais les intentions du dessinateur ne consistent pas Ă intervenir sur la narration. Elles se manifestent Ă travers une mise en scĂšne qui privilĂ©gie lĂisolement des personnages. De mĂȘme, il restitue la dĂ©nonciation des mĂ©dias tĂ©lĂ©visuels prĂ©sente dans lĂïŹuvre dĂorigine â dimensions totalement occultĂ©es dans le film. Parker avantage la fluiditĂ© de lĂhistoire en simplifiant quelques digressions et des dialogues trop touffus. Dommage que
DO ANDROIDS DREAM OF ELECTRIC SHEEP ?
de Tony Parker, dĂaprĂšs Philip K. Dick, Emmanuel Proust, 144 p. couleurs, 17,90 âŹ
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zoom Les Z,T.1, SĂ©tif-Paris, de Richard Malka et Frederic Volante
12bis, 48 p. couleurs, 13,50 ⏠GERSENDE BOLLUT
Orks,T.1, La Voix des armes, de Nicolas Tackian et Nicolas Guénet
Ă lâĂlysĂ©e se trouve un homme insupportable. Câest en tout cas lâopinion de Benec et Thomas Legrain. Macho, cynique, impitoyable, froid comme la glace. Son nom ? Vincent SiscoCastiglioni. Sa fonction ? Agent de la DGSPPR.
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n hĂ©ros de bande dessinĂ©e doit-il ĂȘtre sympathique ? VoilĂ un sujet beau et original pour le prochain bac de philo. Un petit conseil pour les futurs bacheliers : nĂoubliez pas de placer le nom de Vincent Sisco-Castiglioni, alias Sisco, dans votre dissertation. Parce que dans le genre Ăż personnage tĂȘte Ă claques Ćž, cet agent de la DGSPPR (Direction GĂ©nĂ©rale des Services de Protection du PrĂ©sident de la RĂ©publique) dĂ©tient la
Soleil, 48 p. couleurs, 13,50 ⏠PHILIPPE CORDIER
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© Benec, Legrain - Le Lombard ( n.v. DARGAUD - LOMBARD s.a.) - 2011
Death Squad, de Mike et Josselin Paris
Delcourt, 56 p. couleurs, 10,50 ⏠KARINE LACA
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SISCO DĂTESTE LE MONDE
Le chef du clan des Orks meurt. Des humains menacent la tribu, dĂ©truisant leur domaine idyllique. Le fils du chef, Gorko, veut prendre les armes. Ăa va saigner. Que se passerait-il si un fan de Robert E. Howard demandait Ă Richard Corben dĂadapter en BD le film de Cameron, Avatar, Ă la sauce Frazetta ? Eh bien ca donnerait Orks ! Une BD 100 % testostĂ©rone dessinĂ©e par un Nicolat GuĂ©net qui a dĂ» ĂȘtre Corben dans une vie parallĂšle. Sa technique est sans faille, mais mĂȘme si ce nĂĂ©tait pas le cas, le fait quĂil soit taillĂ© comme lĂun de ses musculeux barbares empĂȘcherait quiconque de le lui dire en face.
Les Death Squad, cĂest une troupe de soldats gaffeurs et irresponsables, qui rĂ©ussissent le tour de force de rater Ă peu prĂšs tout ce quĂils entreprennent. En mission sur une planĂšte hostile, cĂest Ă qui ira droit dans les pattes du monstre quĂil fallait tuer ou se tirera dessus avec sa propre arme.VoilĂ une sĂ©rie de gags sous forme de strips qui, avouons-le, proposent des gags un peu tĂ©lĂ©phonĂ©s et des ficelles un peu grosses. On regrettera Ă©galement la petitesse des cases, qui ne permettent pas au dessin de prendre toute son ampleur, et cĂest bien dommage de ne pas valoriser davantage le travail de ce jeune auteur brestois.
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© Benec, Legrain - Le Lombard ( n.v. DARGAUD - LOMBARD s.a.) - 2011
InspirĂ© de faits rĂ©els (lĂarrivĂ©e sur le sol français des frĂšres Zemour, figures du grand banditisme des annĂ©es 60-70), Les Z sĂouvre sur lĂinsurrection de SĂ©tif le 8 mai 1945. Entre exactions et viols, la brutalitĂ© de la Guerre dĂAlgĂ©rie pousse quatre frĂšres sans-le-sou Ă sĂinstaller Ă Montmartre. Mais ceux-ci ne tardent pas Ă infiltrer le milieu du crime organisĂ©. Bien quĂĂ lĂĂ©vidence documentĂ©, cet album souffre dĂun dessin trop acadĂ©mique et dĂun arc narratif expĂ©ditif (pas de vĂ©ritable respiration entre les diffĂ©rentes Ă©poques). Il donne envie de se pencher nĂ©anmoins plus avant sur lĂauthentique parcours de cette fratrie scĂ©lĂ©rate.
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palme. Il est odieux avec ses maĂźtresses, mĂ©prisant avec ses collĂšgues, insolent avec ses supĂ©rieurs hiĂ©rarchiques et pas forcĂ©ment trĂšs performant dans son mĂ©tier. Visiblement, ce type a un problĂšme pour ĂȘtre autant en colĂšre avec le monde. Certes, en grattant un peu, on parvient quand mĂȘme Ă lui trouver quelques qualitĂ©s. Il ne se laisse pas impressionner, est consciencieux, malin, dĂ©brouillard et euhâ bon conducteur. Hmm, bien peu en vĂ©ritĂ© pour le rendre aimable. Mais le plus curieux dans toute cette histoire, cĂest que ça fonctionne ! On se prend Ă suivre les aventures de ce bellĂątre avec bienveillance, espĂ©rant, comme pour tout hĂ©ros digne de ce nom, quĂil gagne Ă la fin. Pour ce troisiĂšme tome, on retrouve Sisco Ă lĂĂlysĂ©e dans une situation dĂ©licate, chouette. Sa derniĂšre mission (voir tomes 1 et 2) ayant Ă©chappĂ© dĂun cheveu au fiasco total, il est vertement sermonnĂ© par son supĂ©rieur. Comme punition, celui-ci nĂa rien trouvĂ© de mieux que de lĂaffecter Ă la protection de la fille du prĂ©sident de la RĂ©publique. La surveillance de Julie, fĂȘtarde invĂ©tĂ©rĂ©e (son nom de code est Ginfizzâ) et jolie rebelle au sale caractĂšre, est tout sauf une partie de plaisir. Une sorte dĂalter ego pour Sisco. LĂenfer pour semer les paparazzis. Qui plus est, le gouvernement a lancĂ© une offensive sur le terrain de la drogue. Il serait malvenu que les frasques de Gin-fizz fassent les gros titres des journaux. Le
beau garde du corps va devoir sortir le grand jeu. Finalement, cĂest peut-ĂȘtre pour ça quĂon se laisse prendre aux aventures de Sisco. Pour le voir patauger dans les ennuis et recevoir la monnaie de sa piĂšce. Et lorsque Julie, lĂautre Ăż personnage tĂȘte Ă gifles Ćž de lĂhistoire, le traite de Jack Bauer ou lui casse un plan rĂ©conciliation avec lĂune de ses conquĂȘtes, on ne peut rĂ©primer un petit sourire. Un jour, cĂest sĂ»r, on saura dĂoĂč vient ce caractĂšre de cochon. DĂici lĂ , aucune indulgence pour Sisco. THIERRY LEMAIRE
SISCO, T.3 GIN-FIZZ de Legrain et Benec, Le Lombard, coll. 3e Vague 48 p. couleurs, 11,95 âŹ
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UN SEX-SHOP CONTRE LA BĂTISE Magasin sexuel, Turf © Guy Delcourt Productions â 2011
AprÚs sept épisodes de « La Nef des Fous » ayant occupé 17 ans de sa vie, Turf, auteur majeur des éditions Delcourt, nous revient avec un nouveau diptyque : « Magasin Sexuel ».
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Magasin sexuel, Turf © Guy Delcourt Productions â 2011
ux Bombinettes, joli petit village hors du temps, la jeune Amandine relance Ăż La maison du caoutchouc Ćž sur la place du marchĂ©. Si lĂaffaire familiale vendait auparavant des tuyaux dĂarrosage et des bottes, cĂest plutĂŽt du cĂŽtĂ© du latex que celle-ci souhaite maintenant sĂorienter : elle a transformĂ© son commerce en sex-shop. Ăvidemment, cette ouverture fait scandale dans cette bour-
gade de province bien conformiste, et les concitoyens sĂen plaignent vite au maire, Ă©lu aux idĂ©es Ă©triquĂ©es. Ăż MalgrĂ© son nom, Magasin Sexuel ne sĂinscrit pas dans le courant de bande dessinĂ©e Ă©rotique actuel, cĂest tout juste si on voit un sein de lĂhĂ©roĂŻne Ćž, plaisante lĂauteur. Ăż Cela fait six ans que jĂai eu lĂidĂ©e de cette sĂ©rie, je voulais avant tout Ă©crire et dessiner une fable sur la bĂȘtise humaine, sur lĂamour, sur ses difficultĂ©s et ses plaisirs. Ćž. Pour ce qui est de la bĂȘtise, le rĂŽle va sans aucun doute au maire de la ville, personnage visuellement inspirĂ© de son homologue de Champignac et crĂ©Ă© comme un hommage par lĂauteur : Ăż Quand jĂĂ©tais petit, jĂimaginais quĂun maire, cĂĂ©tait toujours comme celui dessinĂ© par Franquin. Le mien est toutefois trĂšs diffĂ©rent : il est impoli, bĂȘte, maladroit, raciste... La seule chose qui semble le sauver aux yeux des lecteurs, cĂest quĂil se prend dĂaffection pour Amandine. Mais on verra dans le tome 2 que ça va vite ĂȘtre lourd pour elle. Ćž Si lĂon ajoute Ă cela une affaire de vol de lettres dĂenseignes de magasin, un univers graphique original et charmant (dont une variation rigolote sur les Twingos) et une vision Ă©tonnante de la gestion dĂun sex-shop, Turf livre ici un Vaudeville singulier et souriant Ă lire pour... le plaisir ! JOHN YOUNG
MAGASIN SEXUEL, T.1 de Turf, Delcourt, 64 p. couleurs, 14,95 ⏠31
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zoom Maki,T.2, Bravo la famille, de Fabrice Tarrin
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ouad ou Camille ? Le 1er avril vous aurez le choix de commencer la sĂ©rie Alter Ego par lĂun de ces deux albums. Ce nĂest pas une blague. Et vous pourrez mĂȘme attendre la sortie de Noah, Darius, Jonas ou Park pour dĂ©marrer la lecture. Peu importe lĂordre, ces six volumes forment lĂintrigue dĂune mĂȘme histoire. € la fin de ces 360 pages de bande dessinĂ©e, vous aurez en main tous les Ă©lĂ©ments de lĂaffaire. 720 façons diffĂ©rentes de lire une histoire, ça laisse rĂȘveur (6! = 6x5x4x3x2 =720). DĂautant plus que ce rĂ©cit dĂanticipation est particuliĂšrement bien menĂ©. € partir dĂun arriĂšre-plan Ă©conomicopolitique â la campagne de vaccination contre le Sida de lĂensemble de la population mondiale organisĂ©e par une multinationale â se noue une machination Ă laquelle les six personnages vont ĂȘtre confrontĂ©s, plus ou moins directement. Les destins se croisent souvent, mais chaque album a droit Ă de nouveaux lieux et de nou-
Alter Ego par Benéteau Efa Erbetta LapiÚre Renders ReynÚs © Dupuis 2011
Les Sentinelles T.3, Dorison et breccia © Guy Delcourt Productions â 2011
Les Sentinelles,T.3, Avril 1915 â Ypres, de Xavier Dorison et Enrique Breccia
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Une sĂ©rie dâaventure en six tomes quâon pourrait lire dans nâimporte quel ordre ? Avec « Alter Ego », un thriller humanitaropharmaceutique, Pierre-Paul Renders et Denis LapiĂšre proposent rien de moins quâune nouvelle expĂ©rience de lecture.
Dupuis, 48 p. couleurs, 11,95 ⏠GERSENDE BOLLUT
Delcourt, 64 p. couleurs, 14,95 ⏠JOHN YOUNG
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Alter Ego : UNE INTRIGUE Ă SIX ENTRĂES
PropulsĂ© mascotte des lecteurs de lĂhebdo Spirou en un temps record, le lĂ©murien Maki doit tout autant son succĂšs Ă sa franchise dĂ©complexĂ©e (les personnages nĂhĂ©sitent pas Ă jurer) quĂĂ lĂidentification immĂ©diate aux malheurs quotidiens dĂun antihĂ©ros qui sĂinspire du vĂ©cu de lĂauteur. Dans ce 2e tome Ă©ditĂ© par Dupuis (aprĂšs deux albums drĂŽlissimes parus chez Shampooing), Maki a fort Ă faire entre une sordide histoire de CD volĂ©, de honte alimentĂ©e par sa touchante aĂŻeule, et de retrouvailles dĂun amour de vacances quĂil croyait Ă jamais Ă©vanoui. Mordant, incisif et surtout terriblement authentique. Mille bravos M. Tarrin !
Durant la PremiĂšre Guerre mondiale, lĂarmĂ©e française crĂ©e les sentinelles, des soldats amĂ©liorĂ©s par la mĂ©canique dans le double but de remporter des victoires et de remonter le moral des troupes. Dans ce nouvel opus, un jeune officier devient PĂ©gase, une sentinelle volante capable dĂatteindre des vitesses folles Ă lĂaide de fusĂ©es et dĂailerons en acier. Le conflit sĂĂ©ternisant, les gĂ©nĂ©raux espĂšrent que cet avantage tactique aĂ©rien leur permettra de vaincre. Mais, de leur cĂŽtĂ©, les hommes du Kaiser travaillent sur une arme bien plus terrible. La rencontre des deux factions aura lieu en avril 1915, Ă Ypresâ Avec ce troisiĂšme Ă©pisode, les auteurs font dĂ©coller leur sĂ©rie au-delĂ de tout ce que les deux premiers albums laissaient imaginer. En mixant rĂ©cit de guerre historique, mythe du surhomme, et sciencefiction rĂ©aliste, Les Sentinelles offrent lĂun des meilleurs rĂ©cits de superhĂ©ros Ă©crit dans lĂunivers franco-belge. Au scĂ©nario, Dorison propose une Ă©criture mĂ©langeant avec maĂźtrise et discernement les codes de la bande dessinĂ©e et ceux du cinĂ©ma dĂaction. Au dessin, Enrique Breccia affine son style et fait merveille, entre Hugo Pratt et Kevin OĂNeill. Un album et une sĂ©rie Ă ne pas rater.
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velles ambiances. Les histoires sont diffĂ©rentes, se complĂštent et apportent des piĂšces au puzzle formĂ© par ce complot autour des nanotechnologies, des vaccins et des organisations humanitaires. Une sĂ©rie Ă©patante, initiĂ©e par Pierre-Paul Renders, qui rĂ©pond Ă nos questions. Comment est nĂ© ce projet ? JĂai eu une idĂ©e de base, qui est au cïŹur de cette sĂ©rie, celle de la dĂ©couverte scientifique qui va nouer lĂintrigue. JĂai trouvĂ© que cette histoire avait le potentiel pour faire un film, comme je suis rĂ©alisateur avant dĂĂȘtre scĂ©nariste, mais que le budget serait trop important. JĂai donc tout de suite pensĂ© Ă la bande dessinĂ©e. DĂautant plus que jĂavais coĂ©crit mon prĂ©cĂ©dent film avec Denis LapiĂšre, scĂ©nariste de prĂšs dĂune centaine de BD. JĂen ai parlĂ© Ă Denis, puis Ă Dupuis. LĂĂ©diteur a acceptĂ© bien que ce soit un gros pari, puisque les six albums sont produits Ă lĂavance.
Donc six tomes et la possibilitĂ© de commencer par celui quĂon veut. Ce nĂest pas banal. CĂĂ©tait le challenge dĂšs le dĂ©but et cĂest ça qui mĂa excitĂ©, et a intĂ©ressĂ© lĂĂ©diteur. DĂšs la phase de synopsis, je me suis amusĂ© Ă tester sur des lecteurs en leur donnant un ordre diffĂ©rent de lecture. Et Ă chaque fois, les rĂ©actions ont Ă©tĂ© Ăż jĂai bien aimĂ©, mais je pense que ça aurait Ă©tĂ© moins chouette dans un autre ordre Ćž. Tout le monde Ă©tait persuadĂ© dĂavoir lu dans le bon ordre (rires). Et mĂȘme le dernier qui sortira peut ĂȘtre lu en premier. Oui, dĂailleurs idĂ©alement, on aurait aimĂ© quĂils sortent tous en mĂȘme temps. Mais bien sĂ»r, commercialement, ce nĂĂ©tait pas trĂšs intelligent Ă faire. AprĂšs les deux premiers en avril, les autres tomes sortiront donc rĂ©guliĂšrement jusquĂau 28 octobre 2011. Alors cĂest vrai que les premiers lecteurs auront moins de choix que les autres. Pourquoi avoir commencĂ© par Fouad et Camille ? Avant tout parce que ces albums Ă©taient complĂštement rĂ©alisĂ©s, mais aussi parce quĂon pensait que ces personnages Ă©taient peut-ĂȘtre les plus attachants et
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d se sont calĂ©s sur son dessin quĂon peut comparer Ă celui de Gazzotti sur la sĂ©rie Seuls, en un peu plus rĂ©aliste. Un dessin qui convient bien au catalogue Dupuis. Finalement, quelle a Ă©tĂ© la plus grande difficultĂ© pour cette sĂ©rie-puzzle ? DĂabord, que tout sĂemboĂźte bien, trouver la chute pour chaque album. Mais cĂest plus au moment de la fabrication quĂil a fallu ĂȘtre trĂšs attentif. Comme les albums nĂarrĂȘtent pas de se recouper, il fallait que la temporalitĂ© soit vraiment juste. Pour que les personnages ne soient pas Ă deux endroits en mĂȘme temps, portent une tenue diffĂ©rente ou aient bien le tatouage qui montre quĂils sont vaccinĂ©s. Sauf pour certains flashback oĂč le personnage ne lĂĂ©tait pas encore. Tout un travail de vĂ©rification de dĂ©tails. Maintenant que vous avez Ă©crit les six albums, quels sont vos projets ? Eh bien la suite. Parce quĂune fois quĂon a lu les six tomes, on nĂest pas encore au bout du suspense. On a une vue dĂensemble du complot, on connaĂźt les tenants et les aboutissants, mais on ne sait pas ce qui arrive aprĂšs. Avec Denis on est donc dĂ©jĂ en train dĂĂ©crire le septiĂšme album, qui va boucler cette saison-lĂ . Et puis, pourquoi pas une deuxiĂšme saison sur le mĂȘme principe, si la sĂ©rie trouve son public ?
Alter Ego par Benéteau Efa Erbetta LapiÚre Renders ReynÚs © Dupuis 2011
THIERRY LEMAIRE
c SORTIE EN AVRIL : CAMILLE ET FOUAD c A PARAËTRE : JONAS, PARK, DARIUS ET NOAH Alter Ego, de ReynĂšs, LapiĂšre, Renders et BenĂ©teau, Dupuis, 64 p. couleurs, 11,95 ⏠donc permettaient dĂentrer plus facilement dans la sĂ©rie. Et vous ? Vous avez un ordre favori ? Absolument pas. Tout mon plaisir cĂest dĂimaginer pouvoir commencer par nĂimporte quel album. Si jĂavais un ordre favori, je ne serais pas content de mon travail. Au niveau du dessin, il y a toute une Ă©quipe : un directeur artistique, trois dessinateurs pour les personnages,
deux pour les dĂ©cors, une coloriste. CĂĂ©tait juste pour une question de rapiditĂ© dĂexĂ©cution ? CĂest sĂ»r quĂon avait envie que ça voie le jour dans un dĂ©lai raisonnable. Donc, on sĂest vite dit que lĂon nĂallait pas se contenter dĂun seul dessinateur. En revanche, on Ă©tait sensibles Ă garder une unitĂ© graphique. Mathieu ReynĂšs est lĂĂąme graphique de la sĂ©rie, il a fait tous les storyboards, la bible graphique, les couvertures et il dessine les personnages pour trois albums. Les autres
CE,T.5, de JosĂ© Roosevelt Artiste complet et qui sĂauto-publie, Roosevelt a donc les mains libres pour vagabonder sur les pages comme bon lui semble. La saga de Ăż Ce Ćž, un ĂȘtre ni immortel, ni mortel, continue. CĂest un vĂ©ritable plongeon dans lĂinconscient et lĂonirisme, teintĂ© dĂĂ©rotisme, de mystĂšre et de considĂ©rations philosophiques, peuplĂ© de crĂ©atures Ă©tranges et de symboles, le tout servi par un dessin en noir et blanc prĂ©cis et parfois presque tri-dimensionnel. Une sorte dĂAlice au pays des merveilles pour ceux qui auraient grandi. Ăa se lit et ça se contemple.
Ăd. du Canard, 48 p. n&b, 15 ⏠EGON DRAGON
Noir foncĂ©, de Nicolas Poupon Noir foncĂ©, Nicolas Poupon © MĂȘme pas mal â 2011
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Alter Ego par Benéteau Efa Erbetta LapiÚre Renders ReynÚs © Dupuis 2011
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Ceux qui connaissent Nicolas Poupon par les digressions existentialistes de ses deux poissons rouges enfermĂ©s entre les parois concaves de leur aquarium (Le Fond du bocal) seront ici bien surpris : lĂauteur dĂ©laisse la transparence aquatique pour tremper son humour dans une encre plus sombre. GoulĂ©e dĂair frais, lĂĂ©diteur MĂȘme pas mal a lĂintelligence de ne pas intimer le dessinateur Ă une unitĂ© de formes : entre le poĂšme, la micronouvelle, la comptine nausĂ©euse ou la planche ravageuse, lĂauteur ne choisit pas. De la fable dĂ©liquescente sur le capitalisme Ă un article commentĂ© dĂIgnacio Ramonet (Le Monde diplomatique), lĂunitĂ© de ton, quant Ă elle, est bien lĂ : une ambiance sombre, drĂŽle, versant Ă lĂoccasion dans le fantastique, avec quelques thĂ©matiques (LĂEscalade de la chuteâ) parsemant lĂouvrage tel un fil cramoisi. CĂest malin, subversif sans outrance : plutĂŽt quĂune simple dĂ©nonciation frontale, les sujets dĂindignation sont ici le tremplin Ă une crĂ©ativitĂ© sĂ©duisante, parfois envoĂ»tante, mĂȘme si un peu bavarde Ă lĂoccasion. Sans doute lĂauteur compte-t-il dans ses livres de chevet les indispensables IdĂ©es noires de Franquin ; peut-ĂȘtre mĂȘme opĂšret-il Ă lĂoccasion quelques virĂ©es dans la fantaisie dĂ©bridĂ©e et joyeusement grave de lĂimmense Roland Topor. € lĂimage de Jean-Marc qui Ăż revendique le droit Ă une dĂ©pression joyeuse et bon enfant Ćž, usant de sa corde de pendu comme dĂune balançoire, le titre ne ment pas : de lĂhumour (trĂšs) sombre, Ă rĂ©server aux lecteurs un brin avertis.
MĂȘme pas mal, 128 p. n&b, 22 ⏠JULIE BORDENAVE
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HUBERT, lâHercule Poirot des champs de patates DR
La Vie de Norman, de Stan Silas ĂgarĂ© dans une Ă©trange habitation, un garçonnet parti vendre des tickets de tombola disparaĂźt sans laisser de traces. Ses camarades de classe se lancent alors Ă sa rechercheâ DopĂ©e au gaz hilarant, cette aventure bourrĂ©e de twists loufoques vaut autant pour sa galerie de personnages brindezingues (mention Ă la maĂźtresse jouissivement cruelle) quĂĂ lĂimparable expressivitĂ© dĂun trait Ă lĂinfluence manga manifeste, jusque dans le dĂ©coupage et lĂemprunt de codes typiques (ainsi les torrents de larmes et de sang). Si les textes ne sont pas exempts çà et lĂ de menues coquilles, la bonne humeur contagieuse prend largement le dessus.
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Ăż DĂ©tective privĂ© Ă la cambrousse, yĂa que moi pour faire ce sale boulot. Tout le monde me connaĂźt et la moindre question Ă©veille les soupçons. Mais les vaches maigres, les placards vides et les Ă©pinards sans beurre vous poussent Ă faire de drĂŽles de chosesâ Ćž
Makaka, 63 p. couleurs, 12,90 ⏠GERSENDE BOLLUT
Une Vie sans Barjot, de Appollo et Oiry € 18 ans, Mathieu sĂapprĂȘte Ă monter Ă Paris pour ses Ă©tudes. Pour sa derniĂšre soirĂ©e, il va faire un voyage au bout de la nuit de marches nocturnes en fĂȘtes dĂ©bridĂ©es en compagnie de Barjot, son pote cinglĂ©, Ă la recherche de NoĂ©mie quĂil aime en secret. AprĂšs Pauline et les loups-garous, le duo Appollo-Oiry revient sur le thĂšme de lĂadolescence. € travers de nombreux personnages, cĂest une revue dĂ©taillĂ©e du passage Ă lĂĂąge adulte : fantasmes dĂĂ©vasion, questions sur lĂavenirâ sans affirmer si cĂest triste, lĂalbum nous interroge sur la perte des rĂȘves et du grain de folie de lĂadolescence. Une vie sans Barjot, cĂest ce quĂil y aura au-delĂ du murâ LĂambiance dense (un beau dessin en masses noires et camaĂŻeu) cristallise en une nuit ce mĂ©lange dĂangoisse et dĂespoir qui fa(isa)it nos 18 ans.
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ans la France rurale de la fin des annĂ©es 1950, Hubert exerce la singuliĂšre profession de dĂ©tective privĂ©. Suivre le frangin, pour savoir sĂil fume en cachette malgrĂ© lĂinterdiction du toubib. DĂ©couvrir qui vient marauder les truffes du notaire. Et parfois, enquĂȘter sur de vraies affaires criminelles, parce quĂĂ Beaulieu-sur-Morne (800 habi-
Futuropolis, 64 p. couleurs, 16 ⏠WAYNE
Tabou, 48 p. couleurs, 15 ⏠EGON DRAGON
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© Heitz / GALLIMARD BD
Mara,T.1, La Folie lucide, de Cosimo Ferri Mara, cĂest un croisement entre Colombo, Emmanuelle, et lĂInspecteur Harry. (Oui, je sais : pas facile Ă visualiser). Libertine affirmĂ©e et affichĂ©e, elle se balade avec son mari dans les milieux mondains et libertins. Au dĂ©tour de multiples parties de jambes en lĂair, elle dĂ©couvre indices et meurtriers, auxquels elle rĂšgle ensuite prestement leur compte. Une agrĂ©able maniĂšre de mĂȘler pornographie et intrigue, qui change un peu des classiques.
BRUNO HEITZ
tants), les morts poussent comme des champignons ! CrĂ©Ă©e en 1996 aux Ă©ditions du Seuil, la sĂ©rie policiĂšre et champĂȘtre de Bruno Heitz comptait neuf Ă©pisodes, quand en 2008 elle fut frappĂ©e dĂun coup dĂarrĂȘt brutal : son Ă©diteur venait de dĂ©cider de se recentrer sur les littĂ©ratures non graphiques. AprĂšs une traversĂ©e du dĂ©sert, marquĂ©e par une absence de plus en plus flagrante dans les rayons des librairies, la sĂ©rie fait lĂobjet dĂune rĂ©Ă©dition dans la collection Bayou de Gallimard. Ouf ! Un peu de justice pour ce PrivĂ© qui le mĂ©rite bien. La reprise chez Gallimard est assez naturelle, puisque les derniers rĂ©cits de lĂauteur, une adaptation en BD du Roman de Renart et le polar historique JĂai pas tuĂ© de Gaulle, mais ça a bien failli avaient dĂ©jĂ trouvĂ© leur place dans les collections FĂ©tiche et Bayou de cet Ă©diteur. € lĂorigine publiĂ©es en livres de petit format Ă couverture souple, les histoires vont ĂȘtre regroupĂ©es trois par trois. LĂhistoire inaugurale Un privĂ© Ă la cambrousse, suivie par Une magouille pas ordinaire et Le Bolet de Satan forment donc le premier tome. On y dĂ©couvre comment Hubert, par dĂ©sïŹuvrement et un peu par hasard, est devenu privĂ© chez les ploucs. Pleine dĂaction et de rebondissements, la sĂ©rie est une merveille de justesse. Heitz est un raconteur dĂhistoires nĂ©, tout y est : le rythme, le sens de la fausse piste, lĂhumour omniprĂ©sent mais sobre pour ne pas dĂ©crĂ©dibiliser lĂhis-
toire, et surtout une galerie de personnages plus vrais que nature. Loin dĂĂȘtre un foudre dĂintelligence ou de dĂ©duction, Hubert, cĂest la dĂ©brouillardise, le bon sens paysan au service de la vĂ©ritĂ©. Pour le dessiner, Bruno Heitz adopte un graphisme proche de celui des premiers Tintin, ceux en noir et blanc, quand HergĂ© Ă©tait seul aux manettes et publiait ses pages dans Le Petit VingtiĂšme, avant la crĂ©ation du Studio HergĂ©. Bruno Heitz nĂa dĂailleurs pas manquĂ© de rendre un hommage appuyĂ© Ă son inspirateur : dans le dernier Ă©pisode en date, LĂAffaire Marguerite, HergĂ© en personne est un des protagonistes dĂune des enquĂȘtes de notre dĂ©tective rural. Pour la dĂ©couvrir, il faudra attendre le troisiĂšme tome chez Bayou, Ă paraĂźtre fin 2012 ! JĂRĆME BRIOT
UN PRIVà € LA CAMBROUSSE de Bruno Heitz Gallimard BD 350 p. n&b, 19 âŹ
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SCOUT TOUJOURS
Teddy Ted,T.4, de Forton et LĂ©cureux Les Ă©ditions du Hibou ont la bonne initiative de continuer Ă rĂ©Ă©diter les aventures de Teddy Ted, ce cowboy humaniste dont les aventures furent publiĂ©es dans les annĂ©es 60 et 70 dans les magazines Vaillant puis Pif Gadget. Au scĂ©nario, Roger LĂ©cureux, le pĂšre de Rahan, et au dessin, Gerald Forton, lĂun des premiers dessinateurs de Bob Morane. CĂest dire si le tout tient bien la route : des aventures teintĂ©es de mystĂšres et dĂĂ©nigmes, pleines de bons sentiments, et qui nĂont pas vieilli. La beautĂ© du noir et blanc de Forton est notable. Dans cette aventure, Teddy Ted sĂaventure dans un village perdu dĂoĂč Ăż nul ne ressort jamais Ćž.
Hibou, 66 p. n&b, 15 ⏠OLIVIER THIERRY
HuitiÚme Continent, T.1, Le Dernier cauchemar, de Christian Vila et Stéphane Collignon
12bis, 48 p. couleurs, 13,50 ⏠GERSENDE BOLLUT
Bye Bye Love,T.1, Le Paradis sur Terre, de Le Tendre et Gnoni Un trio dĂadolescents sur un lac en Ă©tĂ©. Maude, Sonam et Omer. La belle vie. 15 ans plus tard, le bilan nĂest plus le mĂȘme. Sonam est partie depuis longtemps pour la capitale. Omer vit seul sa petite vie. Maude est une mĂšre cĂ©libataire qui vient de perdre sa mĂšre. Alzheimer. Le retour de Sonam, neuroinformaticienne, pour lĂenterrement de la vieille dame, nĂest pas un effet de sa bontĂ©. Elle sait des choses sur la dĂ©gĂ©nĂ©rescence du cerveau humain. Les intĂ©rĂȘts industriels sont des rouleaux compresseurs. Il faudrait rĂ©agir. Mais que faire face Ă la puissance de multinationales ?
12bis, 48 p. couleurs, 13,50 ⏠THIERRY LEMAIRE
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Les histoires de scouts peuvent-elles encore sĂ©duire en 2011 ? Avec le premier tome des recueils de « La Patrouille des Castors » de Charlier et MiTacq, les louveteaux reprennent du service. Un retour convaincant. du 16 juillet 1949 sur les publications destinĂ©es Ă la jeunesse, lĂutilisation des scouts est une aubaine pour Dupuis. Avec de telles histoires, lĂĂ©diteur ne craint pas la censure. Et puis â HergĂ© en est lĂexemple le plus connu â la plupart des dessinateurs belges ont Ă©tĂ© scouts. Un gage de rĂ©alisme. Michel Tacq a mĂȘme illustrĂ© diverses revues et un manuel de techniques scoutes. Quand celui-ci propose en 1953 La Patrouille des Castors, la sĂ©rie nĂa aucun mal Ă ĂȘtre acceptĂ©e. Avec raison, car les lecteurs de Spirou la plĂ©biscitent immĂ©diatement. La carriĂšre de MiTacq est lancĂ©e.
La patrouille des castors - L'Intégrale par Charlier (Jean-Michel) MiTacq © Dupuis 2011
Entre Richmond et Baltimore, un ivrogne paumĂ© traĂźne sa carcasse sans rĂ©pit, sĂacoquinant avec une jolie prostituĂ©e et fuyant des crĂ©atures dĂ©moniaques qui cherchent Ă le faire passer de vie Ă trĂ©pas. Rien que de trĂšs sordide, si ce nĂest que lĂhomme nĂest autre quĂEdgar Allan Poe et quĂil est dĂ©tenteur dĂune vĂ©ritĂ© trop gĂȘnante pour ĂȘtre exposĂ©e Ă la face du monde. Brodant un rĂ©cit fantastique autour des derniĂšres heures du poĂšte (aux circonstances jamais Ă©lucidĂ©es), cet album plaisant au trait expressif vaut pour sa romance aussi Ă©phĂ©mĂšre quĂabsolue. € venir, les destinĂ©es tout aussi romanesques de Jules Verne et Jack Londonâ
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l fut un temps oĂč un dessinateur de bande dessinĂ©e pouvait se lancer dans la rĂ©alisation dĂune sĂ©rie sur le scoutisme, sans volontĂ© de parodie, sans ironie. Un temps oĂč le mouvement fondĂ© par Baden-Powell avait une place prĂ©pondĂ©rante dans la sociĂ©tĂ©. Ce temps, cĂest lĂimmĂ©diat aprĂšs-guerre, qui voit la Belgique compter 45 000 scouts. Pas Ă©tonnant alors que le Journal de Spirou ouvre ses pages Ă des rĂ©cits sur le sujet. DĂšs 1948, Roy Powers â Eagle scout dessinĂ© par Franck Godwin enchante les jeunes lecteurs. Puis quatre ans plus tard, cĂest la rubrique du Coin des dĂ©gourdis, dessinĂ©e notamment par Eddy Paape, qui prend la relĂšve avec une page de jeux prĂ©sentĂ©e par des louveteaux. Depuis la loi
Certes, il serait difficile de nier que les aventures de ces cinq scouts sont aujourdĂhui un tantinet dĂ©suĂštes. La sĂ©rie ne manque cependant pas dĂintĂ©rĂȘt. Au premier chef desquels la prĂ©sence de Jean-Michel Charlier au scĂ©nario. Le scĂ©nariste (scout lui aussi) de Buck Danny, Tanguy et Laverdure, Barbe-Rouge et Blueberry livre Ă son public adolescent des rĂ©cits dignes des meilleures histoires de la BibliothĂšque verte, ce qui est assurĂ©ment un compliment pour une sĂ©rie jeunesse. DĂailleurs, avec les annĂ©es, les Ă©pisodes se complexifient. Poulain (le chef de patrouille), Chat (le dĂ©gourdi), Faucon (lĂintello), Tapir (le rondouillard maladroit) et Mouche (le benjamin) partent Ă lĂĂ©tranger, abordent des sujets plus sociaux ou politiques et vont mĂȘme jusquĂĂ vieillir. Ces rĂ©cits sont de plus parfaitement servis par le trait de
MiTacq. Le dessinateur sĂinspire du grand illustrateur Pierre Joubert (entre autres, dessinateur officiel des scouts de France) et va sur le terrain pour recueillir une documentation prĂ©cise. Suivront 30 albums rĂ©alisĂ©s avec le savoir-faire dĂartisans de la BD, nimbĂ©s du charme dĂune Ă©poque rĂ©volue. THIERRY LEMAIRE
Pour ceux que MiTacq intéresse, nous vous recommandons également les intégrales des aventures de Stany Derval, un journaliste écolo ÿ de l'étrange ƞ.
LA PATROUILLE DES CASTORS INTĂGRALE T.1 de MiTacq et Charlier, Dupuis, coll. Patrimoine 264 p. couleurs, 24 âŹ
La patrouille des castors - L'Intégrale par Charlier (Jean-Michel) MiTacq © Dupuis 2011
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zoom Nichons et baston, mais quand mĂȘme surtout des nichons, cĂest lĂ tout le concept de cette nouvelle sĂ©rie stupĂ©fiante : La Paire et le sabre. Dans ce monde imaginaire situĂ© Ă lĂĂ©poque Edo, Ăż une poitrine gĂ©nĂ©reuse apporte le bonheur, et lĂabsence de poitrine son lot de misĂšre. Ćž Alors admettons de suite que ce manga sĂadresse plutĂŽt aux garçons, et quĂau premier comme au second degrĂ© on peut le trouver fantastique. Rien de particuliĂšrement sexuel, simplement un gros dĂ©lire sur une sociĂ©tĂ© oĂč le volume des attributs mammaires conditionne la position sociale, et oĂč un clan Ă la solde du pouvoir est dĂ©tenteur dĂun art martial permettant de rĂ©duire ou augmenter la taille de ces prĂ©cieuses rotonditĂ©s. Des inventions loufoques telles que Ăż fĂȘte du nichon dansant Ćž, Ăż Ă©cole du sein malĂ©fique Ćž ou Ăż lait maternel des tĂ©nĂšbres Ćž dĂ©montrent quĂici tout est prĂ©texte Ă nibards. DrĂŽle et sidĂ©rant.
VENDETTA CHEZ LES YĂKAI Depuis le succĂšs de « Kitaro le repoussant » de Shigeru Mizuki, le petit monde des ĂȘtres fantastiques japonais est mieux connu en France, tout en nous restant assez difficile Ă comprendre. Avec « Nura », entrons de plain-pied dans lâunivers des « yĂŽkai » grĂące Ă Rikuo, un Ă©colier comme les autres, qui a aussi un quart de sang « yĂŽkai » et qui est attendu comme le futur Seigneur de la Nuit⊠NURARIHYON NO MAGO © 2008 by Hiroshi Shiibashi / SHUEISHA Inc.
La Paire et le sabre, de Hideki Yamada
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Ankama, coll. Kuri, 194 p. n&b, 7,95 ⏠OLIVIER PISELLA
Le Voyage de Ryu,T.1, de ShĂŽtarĂŽ Ishinomori Cette mini-sĂ©rie en cinq tomes nĂest pas seulement destinĂ©e aux amateurs de SF de lĂĂąge dĂor, mĂȘme sĂils y trouveront des rĂ©fĂ©rences, explicites ou non, Ă des maĂźtres en la matiĂšre â Isaac Asimov dans le tome 1. En vĂ©ritĂ©, elle se lit avec un plaisir aussi intense que le visionnage de la suite cinĂ©matographique de La PlanĂšte des singes. AprĂšs 40 ans dans lĂespace, un vaisseau atterrit sur notre planĂšte, mais celle-ci ne ressemble plus Ă celle que Ryu, un jeune homme jusquĂalors cryogĂ©nisĂ©, avait en tĂȘte. Son rĂ©veil est dur. DĂabord seul, il doit affronter les terribles changements qui affectent notre planĂšte Ă la suite dĂun conflit nuclĂ©aire. PubliĂ© dĂšs 1969 au Japon, Genshi ShĂŽnen Ryuu (en v.o.) est tout simplement indispensable dans votre mangathĂšque !
Glénat, coll.Vintage, 350 p. n&b, 10,55 ⏠CHRISTIAN MARMONNIER
Xiao Ou,T.1,Tout va mal, de Mai Zi Song Wei, alias Mai Zi (le Ăż blĂ© Ćž en chinois), est un jeune nouveau de cette scĂšne chinoise qui dĂ©boule en France depuis quelques annĂ©es maintenant. RepĂ©rĂ© par Kana, il procure un rĂ©cit aux dimensions sociales qui aurait pu sĂintituler Ăż La Rage de Xiao Ou Ćž. Car en effet, Xiao lĂado en veut au monde entier, et plus directement Ă lĂinjustice qui divise la sociĂ©tĂ©. Le mĂ©pris des riches lĂinsupporte, la soumission des pauvres aussi. Mais la schkoumoune qui le poursuivait fait pause le jour oĂč son pĂšre meurt dĂun soi-disant suicide. Son meilleur ami devient alors son pire ennemi. Deux autres tomes suivront pour boucler cette fiction nerveuse aux coloris blafards.
Kana, 128 p. couleurs, 18 ⏠CHRISTIAN MARMONNIER
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ui sont les yĂŽkai ? Ce sont des dĂ©mons de la nuit, des esprits Ă la forme animaliĂšre et/ou humaine, parfois leur tĂȘte flotte largement au-dessus de leur corps, etc. Ils peuplent lĂimaginaire japonais, et apparaissent dans toutes les zones dĂombre de la sociĂ©tĂ© â mais aussi dans les productions du Studio Ghibli comme Pompoko ou Chihiro. Vous les trouverez presque tous rĂ©unis et surtout illustrĂ©s dans le Dictionnaire des yĂŽkai de Shigeru Mizuki. Ce sont surtout de gros farceurs, et la spĂ©cialitĂ© du grand commandeur suprĂȘme du YĂŽkai est de partir sans payer du restaurant â du moins dans Nura, une BD pour ados dĂHiroshi Shiibashi. Elle met en scĂšne Rikuo, petit-fils du commandeur qui nĂa quĂun quart de sang yĂŽkai et qui aimerait bien vivre une vie normale de collĂ©gien. ProblĂšme : Rikuo est toujours entourĂ© des yĂŽkai qui le protĂšgent, et son grand-pĂšre fatiguĂ© aimerait bien quĂil lui succĂšde. Comme dans beaucoup de shĂŽnen [mangas pour jeunes garçons, NDLR], Nura est une histoire de destin Ă accepterâ
Sauf que le monde des yĂŽkai est loin dĂĂȘtre uni, et en attendant cette succession, les tensions se ravivent entre les clans et la guerre est toute proche. Rikuo le collĂ©gien en est la cible privilĂ©giĂ©e, ce qui a pour effet de rĂ©vĂ©ler par moment sa vraie nature de yĂŽkai et de seigneur de la nuit. Dans ces moments-lĂ , ça barde sĂ©vĂšre, et ses amies sont frĂ©quemment en danger. Mais Rikuo ne garde jamais le souvenir de ses transformations, et reprend sa vie dĂhumain, au grand dĂ©sespoir de son grand-pĂšre qui voudrait enfin prendre sa retraite ! Le principal intĂ©rĂȘt de Nura est de faire entrer lĂincroyable diversitĂ© des yĂŽkai Ă la fois dans un cadre quotidien (lĂĂ©cole) et dans une ambiance de guerre des gangs façon yakuza. Le dessin prend bien appui sur la tradition des estampes japonaises pour convoquer tous ces ĂȘtres franchement malfaisants ou simplement taquins, et donc tour-Ă -tour horribles et amusants : Rikuo doit sans cesse cacher sa nature de yĂŽkai, puis la laisser se dĂ©chaĂźner pour se dĂ©fendre, lui, son
clan, et ses camarades de classe. JusquĂĂ rĂ©gner sur le monde du YĂŽkai ? BORIS JEANNE
NURA, LE SEIGNEUR DES YĆKAI, T.1 de Hiroshi Shiibashi, Kana, 208 p. n&b, 6,75 âŹ
UN FRËRE ET SA SïŹUR POUR UN SEUL NOM DĂAUTEUR : TADASHI AGI
LA QUĂTE DU NECTAR SUPRĂME Plus de deux millions dâexemplaires vendus pour « Les Gouttes de Dieu », cette sĂ©rie toujours en cours de parution au Japon. DerriĂšre ce succĂšs, un frĂšre et une sĆur, cachĂ©s sous le pseudonyme de Tadashi Agi. Dans ce manga⊠enivrant, Shizuku Kanzaki, fils dâun Ćnologue mondialement reconnu, se lance dans une chasse au trĂ©sor en goĂ»tant les meilleurs crus afin de retrouver les douze grands vins dĂ©crits dans le testament de son pĂšre. JusquâĂ parvenir au treiziĂšme, LE vin idĂ©al, surnommĂ© « Les Gouttes de Dieu ».
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rĂšre et sïŹur, vous ĂȘtes experts en vin. Ătait-ce une passion familiale ? Nous nĂavons pas la qualification de Ăż sommelier Ćž, mais comme pour le protagoniste de notre manga, notre vie a Ă©tĂ© changĂ©e par le vin. Au Japon, puisquĂil y a peu de collectionneurs de vin, il est trĂšs rare de grandir dans une famille oĂč il existe une vĂ©ritable passion pour cela. Au Japon, le vin nĂest pas la boisson nationale. Est-ce considĂ©rĂ© comme un produit de luxe ? En effet, le vin chez nous est cher. Le sakĂ©, mĂȘme de haute qualitĂ© et utilisant du riz poli Ă 60 %, coĂ»te rarement plus de 100 000 yen (environ 900 euros). Pour un vin français comme le ChĂąteau Lafitte 2009, un prix de 100 000 yen serait une affaire. CĂest pourquoi lĂidĂ©e de dĂ©penser autant pour une boisson peut paraĂźtre surprenante pour les Japonais. Pour le sakĂ©, dĂailleurs, le concept de vieillissement nĂexiste pasâ alors il est dur pour un Japonais dĂenvisager de payer 2 000 000 yen (environ 18 000 euros) pour une bouteille de RomanĂ©eConti de 1985. Il faut goĂ»ter le vin pour comprendre si cĂest le bon prix ou non â aussi extravagant celui-ci puisse-t-il
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paraĂźtre. Mais au fond, mĂȘme si le vin est un luxe, il peut satisfaire lĂĂąme bien plus que lĂargent. NĂest-il pas un plaisir du cïŹur ? En tout cas, les Japonais qui se considĂšrent comme amoureux du vin â et il y en a beaucoup â le pensent. Votre manga a Ă©tĂ© primĂ© comme le Ăż meilleur au monde sur le vin Ćž par le Gourmand World Cookbook Awards du Français Ădouard Cointreau, et a fait partie de la sĂ©lection officielle dĂAngoulĂȘme 2009. La reconnaissance du public et des experts français est-elle importante pour vous ? Pour nous, le vin est un hobby, mais cĂest vital. Quand nous nous sommes lancĂ©s dans lĂĂ©criture de notre manga, nous nous sommes dit que mĂȘme sĂil nĂĂ©tait pas lu, mĂȘme sĂil ne se vendait pas, lĂimportant Ă©tait de dĂ©crire cet univers quĂon aimait tant. Ces sentiments nĂont pas changĂ©. Comme on aime tout particuliĂšrement le vin français, nous sommes contents que notre travail soit apprĂ©ciĂ© par les Français. Il paraĂźt que les ventes de vin en CorĂ©e ont augmentĂ© grĂące Ă la traduction de votre manga en corĂ©enâ On ne sĂy attendait absolument pas ! En CorĂ©e, le manga a eu beaucoup de
succĂšs, 2 500 000 copies vendues. Et oui, il paraĂźt que ça a influencĂ© les ventes de vin. CĂest comme si Bacchus, le dieu du vin, avait voulu rĂ©compenser notre travail. Dans le manga, vous vous efforcez de conseiller des vins abordables. On raconte que lĂune des meilleures bouteilles de votre cave personnelle est un RomanĂ©e-Conti de 1985, cotĂ© paraĂźtil un million de yens (environ 9 000 euros)â Le vin qui nous a particuliĂšrement marquĂ© a Ă©tĂ© une bouteille du Domaine de la RomanĂ©e-Conti Echezeaux 1985. € cette Ă©poque, il Ă©tait vendu au Japon pour 30 000 yen (environ 250 euros). LĂayant goĂ»tĂ©, nous avions pu apprĂ©cier sa profondeur. CĂest lĂ que nous sommes devenus de vĂ©ritables collectionneurs. Malheureusement, pour dĂĂ©videntes raisons Ă©conomiques, nous ne pouvons pas acheter tout le vin qui mĂ©riterait dĂĂȘtre
goĂ»tĂ©. Certains passionnĂ©s de vin nous permettent dĂen tester de nouveaux. Par exemple, on nous a fait dĂ©couvrir les cinq grands chĂąteaux de Bordeaux, du RomanĂ©e-Conti, du Petrus. Nous avons aussi aimĂ© le Laffitte 1945 et 1959, le RomanĂ©e-Conti 1971 et 73. Parmi les vins que nous avons acquis pour les faire vieillir, il y a pas mal de bouteilles dĂannĂ©es rĂ©centes, par exemple du Bordeaux 2003 et 2005, ainsi quĂun Bordeaux 2009 achetĂ© en primeur et un RomanĂ©e-Conti 2005. CĂest bien dommage que la valeur de ces vins ne se rĂ©vĂšlera que dans 10-20 ansâ il sĂĂ©coulera beaucoup de temps dĂici Ă ce quĂon puisse enfin les goĂ»ter. Si notre vie sĂarrĂȘtait avant ce moment, du ciel on demandera Ă nos enfants ou petits-enfants : Ăż cĂĂ©tait bon ? Ćž PROPOS RECUEILLIS PAR
CAMILLA PATRUNO
LES GOUTTES DE DIEU, T.17 de Tadashi Agi, GlĂ©nat, coll. Seinen, 240 p. n&b, 8,99 âŹ
a n g a s
SOIL © 2004 ATSUSHI KANEKO / ENTERBRAIN, INC., Tokyo.
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PEUR SUR LA VILLE Depuis 2006, Ankama cumule les succÚs ! ParallÚlement à « Dofus » (35 millions de joueurs) ou « Wakfu » (1 million de téléspectateurs), sa collection « manga Kuri » propose une nouveauté qui ne manque pas de sel⊠SOIL © 2004 ATSUSHI KANEKO / ENTERBRAIN, INC., Tokyo.
lĂauteur (crĂ©ateur du Ăż tarantiniesque Ćž Bambi sorti chez IMHO), se rĂ©clamant de diverses inspirations telles que Paul Pope, Burns ou Kozik, a bouclĂ© en 11 volumesâ dĂ©jĂ en cours dĂadaptation tĂ©lĂ© au Japon ! Baignant dĂ©jĂ dans des univers proches du manga, Ankama a lancĂ© en juin dernier le label nommĂ© Kuri. Avec JeanDavid Morvan Ă la tĂȘte de cette collection manga, et proposant les trois segments classiques du genre (shĂŽnen, seinen et shĂŽjo), elle propose dĂexcellentes sĂ©ries adultes, Ă lĂimage des nouveautĂ©s de ce dĂ©but dĂannĂ©e (Soil, La Paire et le sabre, Hitman et Ecchi). Une bonne surprise, avec en bonus, un rythme de parution bimestriel !
COUVERTURE PROVISOIRE
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ien ne semble pouvoir troubler le calme rassurant de Soil, une ville nouvelle japonaise aux rues et aux habitants Ăż bien rangĂ©s Ćž. JusquĂau jour oĂč les Suzushiro disparaissent mystĂ©rieusement. ĂvaporĂ©s en pleine nuit. Seul indice, un monticule de sel gemme apparu au milieu dĂune chambre. DĂ©pĂȘchĂ©s sur place pour mener lĂenquĂȘte, le capitaine Yokoi et sa jeune femme lieutenant Onoda vont vite ĂȘtre confrontĂ©s Ă une foule dĂĂ©vĂ©nements de plus en plus Ă©tranges. Comme lĂapparition dans la cour de lĂĂ©cole dĂun autre tas de sel, gigantesque cette fois, ou les attitudes pour le moins dĂ©calĂ©es de la communautĂ© : bientĂŽt, menaces, chantages et disparitions se succĂšdent, rĂ©vĂ©lant finalement la vraie nature du siteâ Totalement addictif, ce thriller dĂhorreur fait monter la pression crescendo, rĂ©vĂ©lant progressivement les indices dĂun mystĂšre remontant Ă lĂantiquitĂ©. Une intrigue dense que
HĂLËNE BENEY
SOIL, T.2 de Atsushi Kaneko, Ankama, coll. Kuri 228 p. n&b, 8,55 âŹ
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zoom Mythe et Super-hĂ©ros, dĂAlex Nikolavitch
Les Moutons Ă©lectriques, 194 p., 21 ⏠JEAN-MARC LAINĂ
Des mort-vivants en Qui aurait dit quâune sĂ©rie dâhorreur basĂ©e sur la survie dâun petit groupe dâhumains dans un monde infestĂ© de mort-vivants pourrait un jour rencontrer un grand succĂšs public ? Ă lâoccasion de la sortie dâun excellent et trĂšs attendu tome 13 en France, et avec lâarrivĂ©e de la sĂ©rie TV sur Orange CinĂ©ma SĂ©ries, « Zoo » a rencontrĂ© Charlie Adlard, le dessinateur du comics Ă©vĂ©nement. © DELCOURT
Les Moutons Ălectriques, jeune maison dĂĂ©dition qui a dĂ©jĂ engrangĂ© quelques succĂšs avec des Ă©tudes consacrĂ©es Ă Sherlock Holmes, ArsĂšne Lupin, Cthulhu, Jack Kirby ou Jim Steranko, continue Ă explorer lĂunivers des comic books avec quelques sorties du printemps. Avec Mythe et Super-hĂ©ros, Alex Nikolavitch, dĂ©jĂ scĂ©nariste et traducteur, rajoute une corde Ă son arc et Ă©tudie de quelle maniĂšre les univers de super-hĂ©ros sĂinscrivent dans le sillage des Ă©popĂ©es lĂ©gendaires et des rĂ©cits mythiques. RedĂ©couvrez Kirby, Ditko, Starlin, Iron-Man, Captain Marvel ou les New Gods avec le regard de Campbell ou de DumĂ©zil. € la fois Ă©rudit et trĂšs accessible.
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Marvel Classic n°1, de Stan Lee, Jack Kirby et Steve Ditko
Panini, 144 p. couleurs, 5,60 âŹ
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Royal Space Force, de Ellis et Weston Warren Ellis est un auteur Ă suivre, qui multiplie les projets courts oĂč il explore ses thĂšmes favoris. Parmi lesquels, la conquĂȘte de lĂespace. Dans Royal Space Force, seconde Ă©dition française, augmentĂ©e cette fois-ci, de son Ministry of Space, il dĂ©crit une uchronie oĂč lĂAngleterre a gagnĂ© la course Ă lĂespace aprĂšs la victoire contre les forces de lĂAxe. Chris Weston met son dessin prĂ©cis et dĂ©taillĂ© au service de cette aventure Ă©talĂ©e sur plusieurs dĂ©cennies. La conquĂȘte spatiale ne sĂest pas faite sans concessions douloureuses, on sĂen doute. Mais surtout, le rĂ©cit est sublimĂ© par une conclusion percutante. Nous dĂ©conseillons donc aux lecteurs de feuilleter le volume au moment de lĂachat. RĂ©servez-vous la surprise au moment de la lecture. Delcourt, 96 p. couleurs, 13,50 âŹ
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LE DESINATEUR CHARLIE ADLARD
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our les fans de la sĂ©rie, vous ĂȘtes connu comme Ăż le second dessinateur Ćž puisque vous avez pris la suite de Tony Moore Ă partir de lĂĂ©pisode 7 (correspondant au deuxiĂšme album français). Comment ĂȘtes-vous arrivĂ© sur la sĂ©rie ? Je connaissais Robert Kirkman, le scĂ©nariste, depuis longtemps. JĂavais rĂ©alisĂ© une BD appelĂ©e CodeFlesh avec Joe Casey et quand elle a connu des difficultĂ©s, Robert mĂa aidĂ© Ă finir de la publier. Nous sommes restĂ©s en contact et puis, un jour, il mĂa appelĂ© pour me demander Ăż Veux-tu vraiment gagner de lĂargent ? Ćž. En fait, les ventes des premiers Walking Dead Ă©taient largement suffisantes pour prĂ©sager du succĂšs de la sĂ©rie. Il pouvait donc me garantir une rentrĂ©e dĂargent, ce qui est rarement le cas pour une nouvelle sĂ©rie publiĂ©e chez Image Comics, maison dĂĂ©dition qui ne fait pas dĂavance sur les premiers numĂ©ros. JĂai donc pris la suite de Tony Moore qui avait quittĂ© la sĂ©rie. Robert voulait quelquĂun qui dessine avec un style plus sombre, plus rĂ©aliste. Etâ ça a marchĂ© !
comme un fan. En fait, je ne sais pas vraiment dĂun Ă©pisode sur lĂautre oĂč il souhaite aller. Du coup, je dĂ©couvre les pĂ©ripĂ©ties quelques semaines avant la sortie de lĂalbum. ÂŻtes-vous parfois choquĂ© par certaines situations de violence ou de dĂ©viance chez certains personnages ? € vrai dire, on frĂŽle souvent les limites du supportable. Il a pu mĂarriver de douter quand jĂai eu Ă dessiner des choses vraiment horribles, notamment dans certaines scĂšnes de torture ou de meurtre. Mais en fait, cĂest lĂesprit qui fait le gros du boulot et qui crĂ©e des blocages. Quand on imagine DR
Dans les annĂ©es 80, Strange SpĂ©cial Origines permettait aux lecteurs de dĂ©couvrir Ă peu de frais les origines de leurs personnages favoris et les classiques de la production Marvel. Un trĂ©sor. Depuis, certes, les classiques ont Ă©tĂ© souvent rĂ©Ă©ditĂ©s, mais Panini dĂ©cide de retenter lĂaventure en kiosque, en offrant un support peu cher (144 pages dĂoldies but goodies, qui pourrait rĂ©sister ?). Au programme, les premiers Ă©pisodes de Spider-man, des Fantastiques, des Vengeurs, des X-Men, de Thor, de Hulkâ LĂoccasion rĂȘvĂ©e de redĂ©couvrir le goĂ»t des comics des annĂ©es 60. € acheter, Ă offrir, Ă diffuser, Ă proclamer. Le patrimoine amĂ©ricain. Pour une poignĂ©e de dollars. Enfin, dĂeuros !
Comment vous a-t-il convaincu de rĂ©aliser une histoire de zombies, alors que vous nĂĂȘtes pas trĂšs fan du genre ? € vrai dire, je dois vous avouer que la premiĂšre raison cĂest que je suis un mercenaire (rires). Mais Robert mĂa dit quĂil sĂagissait dĂune histoire dĂhorreur humaine plus que de zombie, chose que jĂavais peu abordĂ©e, Ă part sur certains Ă©pisodes du comics X-Files. Ce qui mĂa plu, cĂest quĂau-delĂ de la thĂ©matique Ăż mort-vivants Ćž, on navigue entre lĂhorreur, la science-fiction et le drame humain, et cĂest sur ce dernier point que la sĂ©rie fait la diffĂ©rence. DĂailleurs, les zombies y sont bien moins intĂ©ressants que les protagonistes humains. Comment collaborez-vous avec Robert Kirkman ? Quel est votre degrĂ© dĂimplication dans lĂĂ©criture ? Je ne suis quĂun metteur en images, mĂȘme si je ne veux pas minimiser le rĂŽle que cela joue dans la narration. Lorsque je reçois les scĂ©narios de Robert, je les aborde en lecteur final,
WALKING DEAD, LA SĂRIE TĂLĂ
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Walking Dead T.13, Kirkman et Adlard © Guy Delcourt Productions â 2011
grande forme
les choses, elles sont souvent bien pires que lorsquĂon les voit rĂ©ellement. Dans mon cas, avant de me mettre Ă dessiner une scĂšne horrible, jĂai parfois quelques apprĂ©hensions, mais dĂšs que je mĂy mets, je peux trĂšs bien dessiner un ïŹil qui pend tout en sifflotant. € ce moment-lĂ , ce nĂest pas plus quĂun crayon et du papier. La sĂ©rie arrive bientĂŽt au 100e Ă©pisode aux Ătats-Unis. Pensez-vous continuer longtemps ? Je lĂespĂšre, et pour plusieurs raisons. DĂabord Robert est loin dĂavoir fini de raconter tout ce quĂil a en tĂȘte et il mĂa dit, ce qui est un honneur : Ăż Si un jour tu arrĂȘtes, je pense que jĂarrĂȘterai la sĂ©rie Ćž. Je ne voudrais pas ĂȘtre responsable de ça ! Ensuite, je dois avouer que jĂaime travailler sur ma propre sĂ©rie, une sĂ©rie dont je possĂšde une partie des droits : je nĂavais pas autant de libertĂ© quand je travaillais sur X-Files, sur Batman ou sur Green Lantern pour des majors. Quand jĂai rĂ©alisĂ© Le Souffle du Wendigo, le tome 5 de Corpus Hermeticum, chez Soleil, je me suis rendu compte que tout cela paraissait trĂšs naturel aux auteurs de chez vous, les auteurs de BD europĂ©enne ont bien de la chance ! Et puis, pour finir, Walking Dead me prend tout mon temps, donc je nĂai pas vraiment le temps de penser Ă la suite ou de tra-
vailler sur autre chose, mĂȘme si jĂai quelques projets Ăż europĂ©ens Ćž sous le coude. Parlons maintenant de la sĂ©rie tĂ©lĂ©. Il paraĂźt que vous avez Ă©tĂ© obligĂ© de la pirater ! Oui, au tout dĂ©but, parce quĂaucune chaĂźne anglaise ne la diffusait et que les sites de la chaĂźne amĂ©ricaine nĂĂ©taient ouverts quĂaux rĂ©sidents des Ătats-Unis. Mais bon, assez rapidement, la chaĂźne mĂa envoyĂ© un pack de DVD. Que pensez-vous de lĂadaptation ? Je sais que beaucoup ne la trouvent pas trĂšs fidĂšle, mais cĂĂ©tait dĂšs le dĂ©part une volontĂ© de Robert. Une sĂ©rie tĂ©lĂ© ne doit pas, et souvent ne peut pas, coller au rythme dĂune BD sans que des problĂšmes de rythme inhĂ©rents aux diffĂ©rences de narration nĂapparaissent. Pour ma part, jĂai trouvĂ© ça dĂautant plus amusant que je nĂai absolument pas participĂ© Ă la conception de la sĂ©rie, je dĂ©couvre donc les adaptations de mes designs au fur et Ă mesure des Ă©pisodes. Le deal est simple : je reste chez moi, Ă quelques dizaines de kilomĂštres de Birmingham, Ă dessiner mes albums comme je lĂentends. Et eux font pareil de leur cĂŽtĂ©, sous le contrĂŽle de Robert. Je ne voudrais absolument pas quĂon me fixe des contraintes liĂ©es Ă la sĂ©rie, donc je les laisse faire ce quĂils veulent. La seule chose que jĂai faite, cĂest dĂaller tourner dans un Ă©pisode. En cherchant bien, vous pourrez me voir en mort-vivantâ JOHN YOUNG
WALKING DEAD, T.13 POINT DE NON-RETOUR deRobert Kirkman et Charlie Adlard, Delcourt, coll. Contrebande 144 p. n&b, 13,50 ⏠43
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AprĂšs le succĂšs du nouveau film orchestrĂ© de main de maĂźtre par J.J. Abrams, la franchise Star Trek est redevenue lucrative, et de nombreux projets BD, articulĂ©s autour des personnages principaux, fleurissent aux USA. Chez nous, Delcourt est le courageux Ă©diteur qui exploite cet univers pourtant enchanteur. Leur expĂ©rience des titres Star Wars les conduit Ă choisir des histoires intĂ©ressantes, comme cet album, consacrĂ© au Docteur McCoy. Aux commandes de ce rĂ©cit qui voit le mĂ©decin rencontrer de nombreuses vies extraterrestres, une lĂ©gende des comics, John Byrne, connu en France pour son passage sur les X-Men ou sa reprise de Superman. LĂauteur excelle Ă dĂ©peindre les races aliens et la technologie du futur, et il est ici dans son Ă©lĂ©ment. Une science-fiction Ă la fois souriante et dĂ©paysante.
LA COĂNCIDENCE DES CONTRAIRES Souvent trahie par ceux qui lâont portĂ©e Ă lâĂ©cran, lâĂ©criture de Clive Barker trouve une fois de plus un artiste Ă sa mesure dans le neuviĂšme art. Un dĂ©nommĂ© Gabriel Rodriguez.
© Ryall et Rodriguez / AKILĂOS
Star Trek : Leonard McCoy, de John Byrne
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Delcourt, 112 p. couleurs, 13,95 ⏠JEAN-MARC LAINĂ
Authority : LĂannĂ©e perdue,T.1, de Morrison, Giffen, Ha et Robertson Il y a quelques annĂ©es, le label Wildstorm a tentĂ© une refonte totale de son catalogue. Authority, qui a portĂ© Warren Ellis ou Mark Millar au sommet de la gloire, a Ă©tĂ© confiĂ© Ă Grant Morrison, mais le scĂ©nariste, pris par Superman et Batman, a abandonnĂ© aprĂšs deux numĂ©ros. Keith Giffen a repris ses notes et continuĂ© ce rĂ©cit de science-fiction dĂ©bridĂ© mais un peu dĂ©sordonnĂ©. Le rĂ©sultat est une sĂ©rie dĂ©cousue qui nĂarrive pas, malgrĂ© quelques bonnes sĂ©quences, Ă retrouver lĂaspect provocateur et innovant des dĂ©buts. LĂirrĂ©gularitĂ© du dessin nĂaide pas.
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ouvent considĂ©rĂ© Ă tort comme une icĂŽne homosexuelle, Clive Barker exprime une profonde fascination pour lĂandrogynie. Elle reprĂ©sente Ă ses yeux la fusion des principes fĂ©minins et masculins â un Ă©tat de totalitĂ© idĂ©al, en somme. LĂauteur lĂexprime en reprenant Ă son compte une forme de mythe cosmogonique1 assez rĂ©pandu chez les peuples primitifs, selon lequel lĂunivers serait nĂ© de la sĂ©paration de la totalitĂ© en deux formes sexuĂ©es et antagonistes.
Panini, 160 p. couleurs, 15 âŹ
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Secret Show commence par lĂopposition de deux ĂȘtres humains investis accidentellement par des forces mystiques. Les deux personnages Ă©tant de deux natures radicalement opposĂ©es
Dans le monde de lĂĂ©dition, la catĂ©gorie des Ăż sleepers Ćž dĂ©finit ces titres dont le succĂšs public et critique est une surprise pour tout le monde. Tony Chu, dĂ©tective cannibale est de cette catĂ©gorie. Chu est un policier qui obtient ses informations en mangeant. Astreint Ă un rĂ©gime drastique, il a du nez, et un goĂ»t certain pour les crimes insolubles. Et ce deuxiĂšme album va lĂentraĂźner Ă lĂautre bout du monde. Les rĂ©cits sont courts et drĂŽles, et tranchent avec les grandes Ă©popĂ©es sinistres que les Ă©diteurs amĂ©ricains aiment Ă nous servir. GoĂ»tez-y, vous en redemanderez.
Delcourt, 144 p. couleurs, 14,95 ⏠J-M L
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© Ryall et Rodriguez / AKILĂOS
Tony Chu, détective cannibale,T.2, Un Goût de Paradis, de John Layman et Rob Guillory
mais Ă©gales en force, ils finissent par se neutraliser et se retrouvent piĂ©gĂ©s dans les entrailles de la terre. Les deux rivaux parviennent malgrĂ© tout Ă investir le corps de plusieurs jeunes femmes vivant dans une bourgade des Ătats-Unis. Ils manipulent chacune dĂelles afin que leur progĂ©niture achĂšve leur combat laissĂ© en suspens. Trois enfants sont mis au monde. LĂun est un garçon brun nourri par les Ă©nergies positives. Les deux autres, blonds comme les blĂ©s, sont frĂšres et sïŹurs. Ils sont marquĂ©s par le mal. Mais ces deux rejetons sont eux-mĂȘmes divisĂ©s dans leurs aspirations. Pendant que le garçon cultive lĂhĂ©ritage de son gĂ©niteur, la fille se sent attirĂ©e par ce qui Ă©mane de son adversaire dĂ©signĂ©. Comme si cet autre dĂ©tenait sa part manquante. Cette part qui lui permettrait dĂaccĂ©der Ă la plĂ©nitude. LĂhistoire de Clive Barker pourrait rebuter Ă cause de ces considĂ©rations un peu hermĂ©tiques. DĂautant que lĂauteur aurait pu (aurait dĂ») simplifier son entrĂ©e en matiĂšre quelque peu dĂ©routante. Mais une fois que la situation de dĂ©part et que les protagonistes sont posĂ©s, lĂhistoire se rĂ©vĂšle aussi fluide quĂenthousiasmante. Et les ambitions narratives du romancier sĂavĂšrent finalement profondes et accessibles. LĂauteur de Hellraiser a une aptitude manifeste pour dĂ©ployer des ambiances baroques, vĂ©nĂ©neuses et inquiĂ©tantes. Gabriel Rodriguez, qui met son dessin au service de Secret
Show, parvient de façon Ă©tonnante Ă installer ces diffĂ©rents climats ; et cela grĂące Ă une audace parfaitement dosĂ©e. Le dessinateur apporte enfin une expressivitĂ© trĂšs personnelle aux personnages de Clive Barker. Cette version de Secret Show est donc la coĂŻncidence de deux talents distincts. Une ïŹuvre forte par sa totalitĂ©. KAMIL PLEJWALTZSKY
Origine mystique de la crĂ©ation du monde (MircĂ©a Eliade, Mythes, rĂȘves et mystĂšres, Folio Essais n°128)
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SECRET SHOW de Chris Ryall et Gabriel Rodriguez, dĂaprĂšs Clive Barker AkilĂ©os, 300 p. coul., 29,99 âŹ
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UNE NOUVELLE POUSSE CHEZ BAMBOO Ă lâimage de son emblĂšme vĂ©gĂ©tal, les Ă©ditions Bamboo grandissent Ă vue dâĆil. Ce printemps voit naturellement naĂźtre leur nouvelle ramification, semĂ©e cette fois dans le prĂ© carrĂ© des livres jeunesse.
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© Di Martino et Beney / BAMBOO
ien nommĂ©e Ăż PoussĂde Bamboo Ćž, cette collection peut paraĂźtre traditionnelle puisquĂelle met en scĂšne, en bande dessinĂ©e, des grands contes classiques pour tous petits. Rien de rĂ©volutionnaire, me direz-vous ? Oui mais non, car toute son originalitĂ© tient dans son concept troisen-un : une partie BD sans texte, une partie atelier pour apprendre Ă dessiner et une partie avec le texte adaptĂ© du conte. SĂappuyant sur lĂidĂ©e simple que les enfants aiment les bandes dessinĂ©es, les manipulant souvent instinctivement en faisant abstraction des bulles avant lĂĂąge de lecture, cette collection offre Ă chaque conte un dĂ©coupage Ă©purĂ©, et donc dĂabord plus facile. Ensuite, les artistes en herbe apprĂ©cieront le cĂŽtĂ© ludique puisquĂils auront tous les outils explicatifs pour reproduire, en quelques coups de crayons, et Ă lĂaide de formes simples, les personnages de la BD. € vous tout de mĂȘme de veiller Ă leur fournir feuille et crayon Ă papier si vous tenez Ă garder immaculĂ© le mur blanc de votre salon.
EXTRAIT DU PETIT POUCET
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La troisiĂšme partie, elle, sĂadresse finalement autant aux parents quĂaux bambins, puisquĂelle propose la version texte de lĂadaptation dĂun conte
de la littĂ©rature populaire. RevisitĂ©e et simplifiĂ©e tout en gardant ses gimmicks (et donc ses bobinettes qui choient), lĂhistoire pourra ainsi ĂȘtre lue, le soir Ă la veillĂ©e, par un parent Ă©mu de transmettre les grands classiques de son enfance Ă sa propre progĂ©nitureâ Qui Ă son tour, pourra la relire facilement seule lorsque lĂapprentissage de la lecture et des mots approchera. Un cadrage clair, une mise en couleurs simple, une histoire dĂ©coupĂ©e en cases faciles Ă comprendre, tout est vraiment fait pour que lĂenfant sĂapproprie son album et maĂźtrise au plus vite les automatismes de lecture. DĂautant plus que cette sĂ©rie de titres, pensĂ©e pour les jeunes lecteurs et leurs petites mains, avec couverture matelassĂ©e et petit format (16,5 x 22,5 cm), bĂ©nĂ©ficie dĂun rythme de parution soutenu de quatre Ă six titres par an. Bref, voilĂ une collection qui allie le classique Ă lĂefficace. JEANNE ANATOLE
Collection PoussĂ de Bamboo, chaque titre : 48 pages couleurs, 9,95 âŹ
c Ă paraĂźtre en avril 2011 : Le Petit Poucet par Richard di Martino, Bonino et Beney Le Petit Chaperon Rouge par Domas, Bonino et Beney c Ă paraĂźtre en octobre 2011 : Boucle dĂOr et les 3 ours par Bessadi et Beney Hansel & Gretel par Domecq et Beney
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ARISTIDE PERRĂ
PrĂ©curseur de Charlie Schlingo Charlie Schlingo (lâauteur de « Canetor » et « Gaspation » entre autres) se revendiquait de « Popeye » de Segar. Le lien graphique entre les deux, câest Aristide PerrĂ© (1888-1958). Sa production est sans Ă©quivalent : vers 1950, il a rĂ©alisĂ© pas moins de 81 albums en seulement 8 ans ! Travail de titan, surtout pour les Ă©ditions Rouff, aux fascicules courts sur mauvais papier, BD populaire oĂč passĂšrent les rois de la BD dâalors : Forton, Mat, Thomen...
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errĂ© naĂźt Ă Rennes en 1888, dĂun directeur dĂusine et dĂune couturiĂšre. Il Ă©tudie la technographie [description des arts et de leurs procĂ©dĂ©s, NDLR], le dessin dĂhumour est sa passion trĂšs tĂŽt. Il dĂ©bute dans lĂAlmanach Nodot (1913), mais la guerre arrĂȘte tout. Il reprend en 1921 en entrant chez Offenstadt (SPE), pour qui il va pondre illustrations, petites BD et cartoons jusquĂĂ la Seconde Guerre mondiale. Principaux supports : PĂȘle MĂȘle (1923-29), Parisiana (1925-34), La Vie de Garnison (1926-37), Almanach National (1927-36) et naturellement LĂĂpatant (1931-38), oĂč en 1934 il termine en catastrophe lĂĂ©pisode inachevĂ© des Pieds-NickelĂ©s Ă la mort soudaine de Forton. PerrĂ© prend la suite de la saga, pour six Ă©pisodes-albums, jusquĂen 1938 oĂč il passe la main Ă A.G. Badert. Les Pieds-NickelĂ©s ne sont pas vraiment son truc (on lui refuse les bulles), ni celui de Badert, seul Pellos redonnera un souffle, aprĂšs-guerre, aux trois iconoclastes. Sa premiĂšre sĂ©rie BD, Bourlekrane (1925 dans Petits bonshommes), son premier album Polidor fait des farces (Prima, 1930) prĂ©cĂšdent dans Midinette un gros succĂšs, Poucette, trottin, gamine provinciale, dĂ©lurĂ©e et gaffeuse, garçon manquĂ© qui, malgrĂ© le titre (un trottin est un coursier dans la mode), change de mĂ©tier Ă chaque Ă©pisode. Sept premiers albums sortent chez Rouff (193339). Il rĂ©alise Clodomir dans le Journal de Toto, Pierre Dac lĂappelle pour des des-
EXTRAIT DE LĂOS € MOËLLE
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sins dĂhumour dans son lĂ©gendaire Os Ă MoĂ«lle, et il rĂ©alise un livre dĂillustrations Ă dĂ©couper, Les Aventures et exploits sportifs de Papou (SPE, 1933). Il adapte en 1940 le feuilleton vedette de la radio, La Famille Duraton, produit affiches et publicitĂ©s, y compris lumineuses, devient chef de studio chez Publicis puis free-lance. Pendant lĂOccupation, il refuse de participer aux journaux collaborateurs. AprĂšs guerre, il est une star de la BD, Rouff le publie directement en albums Ă un rythme effrĂ©nĂ©. Il reprend Poucette (26 nouveaux albums, 1949-59), crĂ©e son second grand personnage, Ăż Zigoto Ćž (19 albums, 1950-58), titi typique du temps qui lui aussi exercera tous les mĂ©tiers. Puis il fait ses Duraton Ă lui avec la Famille Bigorno (20 albums, 1951-57), Français moyens pas futĂ©s, que suivent Lamalice & Gourdiflo (8 albums, 1952-54), Ăż comiques troupiers au temps de la guerre dĂIndochine Ćž (dit justement le BDM), quĂil remplacera ensuite par Mimile & Minouche (11 albums, 195557), jumeaux orphelins aux farces classiques. Les fascicules Rouff Ă©taient partout et les reliures continuĂšrent Ă se vendre des annĂ©es. Il produit des dessins dĂhumour pour lĂAlmanach Vermot et autres, peint pour son plaisir, fait du thĂ©Ăątre et chante en public, mais il nĂen reste guĂšre de traces, sinon sur des programmes. En 1958, il a 70 ans et il est Ă©puisĂ©. Il meurt Ă Paris, dans lĂindiffĂ©rence, alors que la BD change dĂĂšre. Le dessin de PerrĂ© est simple, fondĂ© sur lĂefficacitĂ© et non le style, que peu de dessinateurs cherchent alors dans la BD dĂhumour. Humour qui vise, non Ă faire rire, mais Ă faire rigoler. Humour vieilli bien sĂ»r, tous les clichĂ©s misogynes, colonialistes ou sociaux y sont. Mais le rythme reste celui du slapstick, le cinĂ©ma muet oĂč lĂenchaĂźnement de gags entraĂźne le public dans un dilatage de rate incontrĂŽlable. Pourtant, ce stakhanoviste du dessin a crĂ©Ă© un style reconnaissable sans lignes droites, mĂȘme pour les cases, vite Ă©liminĂ©es ; ses personnages sont penchĂ©s, bras et doigts Ă©cartĂ©s, membres tordus. Il anticipe sans le savoir sur ce que feront aprĂšs guerre les dessinateurs de superhĂ©ros US (ils ne lĂont jamais lu), qui
refusent de voir une jambe droite. PerrĂ© rajoute toujours des pieds lourds, et surtout des muscles Ăż popeyens Ćž aux mollets. Du pur Schlingo. Aucun nĂest beau, personne ne drague jamais Poucette, Louise Brooks ratĂ©e et mal fagotĂ©e, BĂ©cassine du pauvre. On sĂexclame beaucoup chez PerrĂ©, les surprises sont flagrantes, les chutes violentes, les Ăż plouf Ćž appuyĂ©s, codes aujourdĂhui obsolĂštes. Mais un examen attentif montre Ă quel point PerrĂ© est un bon observateur de son Ă©poque, dont il nous donne un rĂ©sumĂ© Ă©tonnant de
prĂ©cision, Ă©pousant lĂactualitĂ© (Front Popu, guerre, avancĂ©es sociales) avec entrain, cas sans doute unique dans la BD dĂ©sincarnĂ©e de son temps. On trouve les albums Rouff aux Puces, cette BD mĂ©prisĂ©e a aujourdĂhui ses collectionneurs acharnĂ©s, il y a de plus en plus de fans de PerrĂ©. Bienvenue au club ! YVES FRĂMION
c FrĂ©mion est lĂun des plus fidĂšles hussards de Fluide Glacial. CĂest aussi un historien de la BD, un romancier et un scĂ©nariste (parmi dĂautres activitĂ©s).
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© Sempé
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Sempé à New York
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Bien connu pour avoir illustrĂ© les aventures du Petit Nicolas, JeanJacques SempĂ© est aussi lĂun des rares illustrateurs français Ă avoir les honneurs des pages du New Yorker, lĂhebdomadaire de lĂactualitĂ© culturelle de la grosse pomme. La galerie Martine Gossieaux revient justement sur ces dessins en prĂ©sentant une exposition des couvertures et des pages intĂ©rieures rĂ©alisĂ©es par SempĂ©. Une vision de New York tendre, parfois grinçante et un peu nostalgique, rehaussĂ©e de quelques touches dĂaquarelle. JusquĂau 27 mars, Galerie Martine Gossieaux, Paris VIIe THIERRY LEMAIRE
LE CĂTĂ SOMBRE DE LEWIS CARROLL
Les dessinateurs ont du cïŹur
Soleil en faveur dĂHaĂŻti, Collectif, Soleil, 192 p. couleurs, 22,90 âŹ
Avec « Ă travers le miroir », la suite dâ« Alice au pays des merveilles », Lostfish propose une vision sombre et inquiĂ©tante du roman de Lewis Carroll. Un livre illustrĂ© au plus proche du texte original. accompagnent le pĂ©riple de la jeune Anglaise qui passe Ă travers un miroir pour arriver dans un monde dĂ©lirant, oĂč les comportements des personnages sont Ă lĂopposĂ© des nĂŽtres, comme dans un reflet. Ăż Cette version est au dĂ©part destinĂ©e aux grands enfants, ces adultes qui ont gardĂ© le pouvoir de rĂȘver, je ne lĂai donc pas illustrĂ©e en cherchant Ă faire un livre jeunesse ; cela dit, nous savons tous que les contes de fĂ©e sont effrayants, Alice en fait partie, et Ă moins de se voiler la face, nous savons aussi que cĂest une des raisons pour laquelle ils plaisent aux enfants. Ćž
© Lostfish / SOLEIL
Un an aprĂšs le tremblement de terre qui a dĂ©vastĂ© lĂĂźle, HaĂŻti est toujours sous le choc des destructions considĂ©rables. Les Ă©ditions Soleil ont eu lĂidĂ©e de demander Ă 90 auteurs maison une illustration pour rĂ©aliser un album de solidaritĂ©. Claire Wendling, Arthur de Pins, Dany, Barbara Canepa, Cromwell, Mathieu Lauffray, Didier Tarquin et bien dĂautres ont rĂ©pondu prĂ©sents. € noter que 100 % des bĂ©nĂ©fices seront reversĂ©s Ă lĂAgence Universitaire de la Francophonie, pour aider les 12 universitĂ©s haĂŻtiennes. THL
Cases, bandes, composition Non, les cases dĂune planche de BD nĂapparaissent pas comme par magie sous le crayon du dessinateur. Leur agencement est le fruit dĂune rĂ©flexion et dĂune envie. Renaud Chavanne, dĂ©jĂ auteur dĂune analyse de la composition chez Edgar P. Jacobs, rĂ©pĂšte lĂexercice en universalisant le propos. De la rĂ©guliĂšre (gaufrier) Ă la fragmentĂ©e, en passant par la semi-rĂ©guliĂšre, la rhĂ©torique et la Ăż Ă lĂïŹuvre Ćž, Chavanne passe en revue les diffĂ©rents types de composition propres au 9e art. AprĂšs cette lecture, vous ne verrez plus jamais une planche de BD de la mĂȘme maniĂšre. Composition de la bande dessinĂ©e, Renaud Chavanne, PLG, 300 pages, 29 ⏠THL
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h oui, cette petite fille brune sur la couverture est bien Alice, lĂhĂ©roĂŻne de Lewis Carroll. Alors oubliez Walt Disney et plongez-vous dans lĂunivers de Lostfish, une jeune illustratrice française : Ăż La version de Disney est Ă mes yeux un peu trop fantaisiste et lĂ©gĂšre par rapport aux textes de Carroll, en gĂ©nĂ©ral plus sombres et mĂ©taphoriques. Ma version dĂAlice est brune en "hommage" Ă Alice Liddell qui a thĂ©oriquement inspirĂ© ce personnage Ă Lewis Carroll. Ćž Les quelques 70 illustrations, dont 30 pleines pages, en vis-Ă -vis du texte,
Le dessin animĂ© de Disney avait mĂ©langĂ© lĂintrigue des deux ouvrages de Carroll. Lostfish revient Ă plus dĂorthodoxie dans le texte, pour mieux sĂexprimer. Ăż Le choix sĂest portĂ© sur le second livre, qui est moins connu et me laissait de ce fait plus de libertĂ©, me permettant de rester plus authentique et fidĂšle Ă mes choix artistiques. Ćž Et justement, ces choix artistiques donnent une couleur particuliĂšre au rĂ©cit. InspirĂ©e par les Ăż portraits aux courbes gracieuses et dĂ©licates Ćž dĂIngres, le surrĂ©alisme de JĂ©rĂŽme Bosch et les VanitĂ©s, Lostfish a adaptĂ© sa palette. Ăż JĂutilise en gĂ©nĂ©ral des couleurs douces et trĂšs dĂ©saturĂ©es, je fais des images quasiment monochromatiques. Sans doute mon goĂ»t pour les vieilles images usĂ©es par le temps. Mais ici, lĂhistoire se dĂ©roule sur un Ă©chiquier, entre des piĂšces rouges et blanches. JĂai donc utilisĂ© plus de rouge quĂĂ
mon habitude, couleur que je rĂ©serve Ă la carnation, et en particulier aux articulations des personnages. Ćž Le rĂ©sultat, fascinant, immerge le lecteur dans un monde entre rĂȘve et cauchemar, sensation quĂil peut amplifier en Ă©coutant en musique de fond Ăż les Dresden Dolls, Sigur RĂłs, et des bandes originales de films, comme Le Labyrinthe de Pan ou Moon Ćž, la playlist de lĂauteur. THIERRY LEMAIRE
€ TRAVERS LE MIROIR de Lostfish et Lewis Carroll Soleil, coll. MĂ©tamorphose 210 p. couleurs, 29,50 âŹ
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GIL JOURDAN, LIBELLULE S'ĂVADE, PLANCHE 6
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HEROIC ET UNIQUE Bizarrement, il nâexistait pas de beau livre consacrĂ© Ă lâĆuvre de Maurice Tillieux, pilier essentiel du « Journal Spirou ». « Heroic », un recueil de dessins remastĂ©risĂ©s et dâextraits dâinterviews vient rĂ©parer cet oubli.
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ans Zoo n°21, nous vous avions briĂšvement prĂ©sentĂ© la riche carriĂšre de Tillieux, Ă lĂoccasion de la parution du premier volume de lĂIntĂ©grale Gil Jourdan. Le galeriste en planches originales Daniel Maghen profite de la fin de cette superbe intĂ©grale pour proposer une jolie compilation de dessins rares ou peu connus. DĂautres livres avaient Ă©tĂ© consacrĂ©s au mĂȘme sujet au cours des 30 derniĂšres annĂ©es, mais leur tirage limitĂ© de lĂordre de 1000 exemplaires les rendait vite indisponibles, la raretĂ© des documents prĂ©sentĂ©s permettant parfois dĂoublier la faiblesse de lĂimpression.
LĂaccent est mis sur lĂaspect graphique, superbement mis en valeur par des agrandissements de planches originales conservĂ©es par la famille de lĂauteur, mais aussi par un intĂ©ressant travail de mise en valeur de Vincent Odin. Dans certains cas figurent les calques oĂč Tillieux indiquait les couleurs ; mais quand les couleurs figuraient au verso Ă lĂattention des coloristes de lĂimprimeur, il les a superposĂ©es au trait Ă lĂencre de Chine, ce qui donne un rĂ©sultat final tout Ă fait nouveau et des plus Ă©lĂ©gants. Les amateurs de planches originales (comptez de 4000 Ă 25 000 euros en salle de vente !) pourront contempler sans se ruiner les spĂ©cificitĂ©s, les
traces de scotch, les crayonnĂ©s bleus et les petites annotations. Ce livre est aussi une compilation des extraits des multiples interviews accordĂ©es par Tillieux Ă des fanzines bien Ă©videmment Ă©puisĂ©s depuis des annĂ©es. Leur densitĂ© et le soin avec lequel ils ont Ă©tĂ© assemblĂ©s donne lĂimpression de lire une sorte de confession chronologique de Tillieux, un peu comme sĂil avait tapĂ© lui-mĂȘme les textes sur sa vieille machine Ă Ă©crire Trixie. LĂhommage graphique sĂaccompagne ainsi dĂune sorte de tĂ©moignage posthume.
c Heroic, éditions Daniel Maghen, 372 p. couleurs, 55 ⏠c Exposition Tillieux, du 13 au 30 avril 2011 à la galerie Maghen, du 15 avril au 2 octobre 2011 à la Maison de la bande dessinée de Bruxelles JEAN-PHILIPPE RENOUX © Tillieux / DANIEL MAGHEN
Par son aspect, Heroic ressemble Ă un luxueux catalogue dĂart. Le papier cotonneux et mat Ă Ă©tĂ© choisi pour rappeler celui des heroic-albums, publications belges de bandes dessinĂ©es oĂč Tillieux maĂźtrisa son style grĂące Ă un travail assidu sur les aventures du
journaliste FĂ©lix, prĂ©curseur du rĂ©putĂ© Gil Jourdan. Autodidacte du dessin, passionnĂ© de suspense et dĂefficacitĂ©, Tillieux emprunta au dĂ©but Ă dĂautres noms cĂ©lĂšbres, ce qui ne lĂempĂȘcha pas de trouver son propre style.
CI-CONTRE : GIL JOURDAN, LA VOITURE IMMERGĂE, PLANCHE 6, DĂTAIL ET INDICATIONS COULEURS EN MĂDAILLON : PORTRAIT DE GIL JOURDAN, ENCRE DE CHINE ET CRAYON
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Gwendoline : UNE HĂROĂNE ATTACHANTE Ă la fin de la Seconde Guerre mondiale, la pin-up devient le symbole de la modernitĂ©, mais aussi dâune rĂ©volution sexuelle Ă venir. Mais lâune dâentre elles va plus loin⊠et mĂȘme trop loin. Son nom : Gwendoline.
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Gwendoline, Willie © Guy Delcourt Productions â 2011
n 1946, le dessinateur John Alexander Scott Coutts â sous le pseudonyme de John Willie â commence Ă dĂ©velopper une sĂ©rie de comics sur le thĂšme du bondage. Parmi ses crĂ©ations figurent The Escape Artist, The Missing Princess et Sweet Gwendoline, une sĂ©rie oĂč une jeune femme prude est systĂ©matiquement victime des machinations de Sir Dystic dĂArcy. Ces bandes dessinĂ©es sont tellement avant-gardistes que ses Ă©diteurs autocensurent certaines histoires. MĂȘme le cĂ©lĂšbre photographe Irving
Klaw, qui reprit les droits de vente des premiĂšres ïŹuvres de Willie, demanda Ă Eric Stanton1 de retoucher les dessins oĂč apparaissaient les marques de coup de fouet sur le corps de Gwendoline. Car Gwendoline est une hĂ©roĂŻne qui, quelles que soient ses aventures, passe son temps Ă se faire sĂ©questrer, entraver et flageller. Dans la sĂ©rie, les responsables des malheurs de lĂhĂ©roĂŻne finissent toujours par ĂȘtre punis de leur vice. Il nĂest donc pas question de soupçonner le dessinateur de complaisance â dĂautant que le machiavĂ©lique dĂArcy nĂest autre quĂun avatar de lĂauteur. Ce nĂest pas non plus la nuditĂ© qui est en cause, elle est en effet presque inexistante. Mais ce sont les sĂ©vices imaginĂ©s et la prĂ©cision de leur description qui dĂ©rangent. En 1957, lĂun des modĂšles de John Willie meurt assassinĂ© par un maniaque qui se fait passer pour un photographe spĂ©cialisĂ© dans le fĂ©tichisme. Les consĂ©quences sont immĂ©diates et ce sont les Ă©diteurs qui les premiers prennent des mesures pour ne pas susciter une campagne mĂ©diatique semblable Ă celle que connurent les comics avec le rapport Wertham2. La production est donc freinĂ©e, autant pour Ă©viter des poursuites que par peur de servir de source dĂinspiration pour les pervers sexuels. Le plaisir du bondage chez Willie est purement visuel. LĂintĂ©rĂȘt quĂil porte Ă cette pratique consiste Ă mettre en Ă©vidence une partie ou une autre de lĂanatomie fĂ©minine. LĂauteur ne recherche donc pas la soumission de la femme, ni sa punition, mĂȘme si cette derniĂšre pratique permet de voir palpiter lĂobjet de son dĂ©sir. Willie considĂšre enfin la bande dessinĂ©e et le bondage comme des mises Ă distance du dĂ©sir. Elles sont sources dĂexcitation mais pas de jouissance, et cĂest lĂune des diffĂ©rences fondamentales du fantasme par rapport Ă la perversion. KAMIL PLEJWALTZSKY
GWENDOLINE LA PRINCESSE PERDUE
de John Willie, Delcourt, coll. Erotix 48 p. n&b + cahier dĂillustrations, 14,95 ⏠Eric Stanton fut un grand maĂźtre de la bande dessinĂ©e Ă©rotique aux Ătats-Unis au milieu des annĂ©es 1960. Le rapport Wertham (1954) sĂĂ©vertua Ă dĂ©montrer lĂimplication des comics dans la recrudescence de la dĂ©linquance juvĂ©nile. 1
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Console portable Sony NGP Objectif : ne pas laisser Nintendo occuper seul le terrain médiatique. Une semaine seulement aprÚs la démonstration de force du Japonais, qui a réuni plus de 1000 journalistes à Amsterdam pour la présentation de sa 3DS, son concurrent annonce, lui aussi, un successeur à sa console portable, la PSP. Son nom de code : la NGP, pour Next Generation Portable.
RĂ©alisĂ©e par Mist et Ătienne Aillaud pour Attakus, cette figurine comporte deux personnages : Dino, la monture articulĂ©e, et Orus, le cavalier au casque amovible et aux deux lances de taille diffĂ©rente. Hauteur : 19 cm Prix indicatif : 119 âŹ
Sortie prévue pour Noël 2011
Accu Recharge Intelligent, par Energizer Lâappareil photo qui tombe en panne au moment oĂč le petit dernier souffle sa premiĂšre bougie, c'est fini ! Energizer propose un chargeur de piles « nouvelle gĂ©nĂ©ration » dotĂ© de 4 fonctions : le dĂ©compte du temps de charge, le tĂ©moin de charge, l'indicateur des piles non conformes et la minuterie.
Dell Venue Au salon CES 2011, le groupe Dell a annoncé le smartphone Dell Venue, qui perd son clavier coulissant ( ce qui lui permet de gagner en finesse ) mais embarque cette fois-vi Android 2.2 Froyo. Date de sortie encore inconnue
Prix indicatif : 49,95 âŹ
Kit corps de rĂȘve
Blackberry Torch 9800 Alliant esthétisme et performance, ce mobile concilie deux écoles, celle du tactile pour suivre la tendance des smartphones derniÚre génération, et celle destinée aux adeptes de BlackBerry, proposant un bon clavier coulissant jugé par certains plus efficace. Pour révéler ce dernier, il faudra faire glisser l'écran tactile de 3,2 pouces avec une résolution de 360x480 pixels affichant 16 millions de couleurs. Orange propose en exclusivité sur son réseau de distribution le smartphone BlackBerry Torch 9800 en blanc. www.blackberry.com
Pour les femmes dĂ©sireuses de retrouver leur galbe dâantan (et qui nâont pas peur de suer), les « paresseuses » proposent ce kit qui comprend un livre dâexercices rĂ©digĂ© par Anita Naik et illustrĂ© par Soledad, ainsi quâune corde Ă sauter. Les paresseuses, câest pas des feignasses. Mise en vente le 27 avril Prix : 9.90 âŹ
Galaxy S2 de Samsung Le Galaxy S2 de Samsung est la nouvelle arme du Coréen sur le marché des smartphones : à peine 8,5 mm d'épaisseur, ce qui en fait selon la firme le plus fin au monde. http://www.samsung.com/fr/
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Showrunners
Les grandes sĂ©ries amĂ©ricaines produites par Hollywood sont devenues un vĂ©ritable phĂ©nomĂšne mondial. Les meilleurs artistes choisissent dĂ©sormais la tĂ©lĂ©vision plutĂŽt que le cinĂ©ma pour dĂ©velopper des sĂ©ries exceptionnelles telles que Mad Men,True Blood, Dexter, etc. Ces programmes Ă succĂšs doivent leur pĂ©rennitĂ© Ă leur Ăż showrunner Ćž : le crĂ©ateur original de la sĂ©rie chargĂ© de gĂ©rer tout ce barnum. Pour Orange CinĂ©ma SĂ©ries,Virginia Vosgimorukian et Anthony DubĂ© sont allĂ©s Ă la rencontre de ces artistes pour nous expliquer comment ils travaillent. Chaque Ă©pisode se concentre sur un showrunner de façon didactique. Une mine dĂinformations fascinantes pour les fans et les nĂ©ophytes. Actuellement diffusĂ© sur Orange CinĂ©max
Bienvenue au Far West ! RĂ©unir Gore Verbinski, rĂ©alisateur de la franchise « Pirates des CaraĂŻbes », et son hĂ©ros Johnny Depp une Ă©niĂšme fois sentait le coup marketing. Mais ces professionnels ont dĂ©cidĂ© de mettre leur ego de cĂŽtĂ© pour se mettre au service dâun film dâanimation. Le rĂ©sultat : une belle surprise et certainement le film dâanimation le plus drĂŽle de lâannĂ©e ! Verbinski lĂexplique : Ăż Rango parle dĂun lĂ©zard en pleine quĂȘte dĂidentitĂ© et raconte comment il est entrĂ© dans la lĂ©gende, cĂest un personnage exubĂ©rant â Ă mi-chemin entre Hunter S. Thompson et Don Knotts â et Johnny Depp, qui lĂincarne, lui a donnĂ© du panache et une Ă©nergie dĂ©bridĂ©e Ćž.
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© Orange Cinéma Séies / La Famiglia
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CĂest en sĂinspirant de glorieux anciens trĂšs divers, tels que John Ford, Sam Peckinpah, Clint Eastwood, Tex Avery ou John Lasseter, que Gore Verbinski et ses producteurs eurent lĂidĂ©e du film. En se disant quĂavec un genre aussi codifiĂ© que le western, ils pouvaient malgrĂ© tout aborder de maniĂšre originale et dĂ©calĂ©e cette histoire. Les enfants adoreront le hĂ©ros et ses acolytes, tandis que les adultes sĂamuseront des nombreuses rĂ©fĂ©rences placĂ©es pendant tout le film. Un film que lĂon vous conseille en VO bien sĂ»r, pour savourer la palette des accents que lĂon peut retrouver dans cette galerie de personnages dĂune petite ville perdue dans le dĂ©sert. Le 23 mars, Rango vous emmĂšne au Far West pour une chevauchĂ©e sauvage, tous en selle !
LĂAigle de la neuviĂšme lĂ©gion, de Kevin Macdonald Fans de Gladiator, Kaamelott et Apocalypto Ă la fois ? Vous rĂȘviez dĂun film dĂĂ©poque mĂȘlant action, honneur, suspense, scĂšnes tribales ? Kevin Macdonald, rĂ©alisateur Ă©cossais pur jus, rĂ©alise votre rĂȘve. LĂAigle de la neuviĂšme lĂ©gion est le symbole mythique de la puissance romaine, perdue par les vaillants lĂ©gionnaires du 9e bataillon dĂ©cimĂ©s au combat par des Bretons plus sauvages et cruels que les Mayas imaginĂ©s par Mel Gibson (pourtant expert en sadisme). Le hĂ©ros tout en muscles interprĂ©tĂ© par Channing Tatum devra risquer sa vie pour retrouver cet aigle dĂor et regagner lĂhonneur de sa famille, grĂące Ă lĂaide de son esclave jouĂ© par Jamie Bell, qui a bien grandi depuis Billy Eliott et King Kong. Un bon divertissement rythmĂ© et Ă©mouvant. Sortie le 20 avril
Bonobos, dĂAlain Tixier Ce film midocumentaire mi-fiction suit lĂitinĂ©raire de BĂ©ni, un petit bonobo capturĂ© par les hommes dĂun village, puis sauvĂ© par Claudine AndrĂ©, qui consacre sa vie Ă la dĂ©fense de cet animal en voie de disparition. Ne vivant que dans une parcelle de jungle du Congo, les bonobos sont les singes les plus proches de lĂhomme. Ils sont connus dans le monde entier pour leur particularitĂ© : la gestion des conflits par des caresses. Cette espĂšce nĂen reste pas moins menacĂ©e. Le rĂ©alisateur choisit la voix off pour faire entrer les enfants dans lĂunivers des bonobos, mais les adultes ne bouderont pas leur plaisir. Beaucoup dĂĂ©motion et dĂamour pour un documentaire aux images magnifiques. Un film tendre et utile. Sortie le 30 mars LOUISA AMARA
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es producteurs ont donc misĂ© sur la recette classique des films dĂanimation : des animaux Ăż humanisĂ©s Ćž, mais ceux-ci sont placĂ©s dans un dĂ©cor et une histoire inĂ©dits. CĂest plus quĂapprĂ©ciable lorsque lĂon voit Ă quel point Hollywood se rassure en produisant surtout des suites de succĂšs existants (Shrek, LĂËge de glace, etc.). On choisit donc un hĂ©ros totalement barrĂ©, un camĂ©lĂ©on qui ne sait ni quĂil est, ni dĂoĂč il vient, crĂ©ant des amis imaginaires (des jouets non-parlants) pour se sentir moins seul. Ce camĂ©lĂ©on vivant dans un vivarium est projetĂ© tout Ă coup dans le dĂ©sert du Mojave oĂč, bien sĂ»r, de nombreuses aventures vont lui arriver. Le coup de gĂ©nie des scĂ©naristes est aussi dĂavoir su garder constamment un second degrĂ© grĂące notamment aux chouettes mariachis, qui nar-
rent en chansons cyniques lĂhistoire de notre hĂ©ros. Un hĂ©ros sans nom, un homme qui sĂappelle personneâ Ăa ne vous rappelle rien ? CĂest sans doute ce qui plaira le plus aux spectateurs adultes du film : les nombreuses rĂ©fĂ©rences aux westerns de Sergio Leone. On pense Ă Clint Eastwood, Trinita, Lee Van Cleef, tous ces hĂ©ros mythiques qui ont fait lĂhistoire du western spaghetti. MĂȘme la musique y est. Les amateurs de western plus classique Ă lĂancienne seront gĂątĂ©s aussi. On y retrouve les paysages, les chevauchĂ©es sauvages. Une histoire pleine de rebondissements, de lĂaction, du rire et surtout un Johnny Depp trĂšs inspirĂ© par son personnage. Lui qui peut ĂȘtre si agaçant quand il cabotine Ă lĂĂ©cran, il peut ici donner toute la mesure de son talent teintĂ© de folie Ă un hĂ©ros aussi excentrique que lui. Gore
RANGO De Gore Verbinski Film dĂaimation DurĂ©e : 1h40 Sortie le 23 mars 2011
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Pollen, de Louie Schwartzberg
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Vaincre le quotidien sordide Les films sur le « noble art », ce nâest pas ce qui manque dans un genre balisĂ© au possible. Et pourtant, « Fighter » recĂšle en son sein la plus belle des qualitĂ©s : rĂ©injecter une Ă©nergie synonyme de nouveautĂ© dans une histoire maintes fois racontĂ©e. © PARAMOUNT PICTURES / METROPOLITAN
AprĂšs le gracieux Les Ailes pourpres, DisneyNature prĂ©sente sa nouvelle superproduction documentaire. Comme son nom lĂindique, Pollen explore les multiples voies de la reproduction horticole, quĂelle soit naturelle, Ă©trange, industrielle mais trĂšs souvent fascinante. Ăvidemment, la sonnette dĂalarme Ă©cologique est Ă nouveau tirĂ©e en conclusion et le fond nĂa rien dĂoriginal et peut mĂȘme laisser un peu sur sa faim. Mais la beautĂ© des prises de vues est rĂ©ellement stupĂ©fiante au point que lĂamateur de docu animalier pourra difficilement esquiver ce rendez-vous Ă la gloire de lĂingĂ©niositĂ© de la Vie vĂ©gĂ©tale Ă trouver son chemin. Sortie le 16 mars
Rabbit Hole, de John Cameron Mitchell Becca et Howie avaient tout pour ĂȘtre heureux jusquĂĂ ce que leur jeune enfant meure renversĂ© par une voiture. Le couple essaie de se reconstruire. Non sans heurts. John Cameron Mitchell fut rĂ©vĂ©lĂ© par Hedwig and the Angry Inch et se rĂ©vĂšle un bon observateur du deuil douloureux de par la belle sensibilitĂ© quĂil dĂ©ploie dans sa mise en scĂšne. Mais ce sont surtout Nicole Kidman, Aaron Eckhart et Dianne West qui dĂ©livrent une performance collective remarquable de justesse. GrĂące Ă eux, Rabbit Hole ne vire jamais geignard et sĂimpose par sa force mĂ©lodramatique pudique. Sortie le 13 avril
Hell Driver, de Patrick Lussier Une secte satanique a assassinĂ© la fille dĂun dĂ©nommĂ© Milton (tiens, tiens !). Pire, ils ont pris sa petite-fille afin de la sacrifier un soir de pleine Lune pour importer lĂenfer sur Terre. LorsquĂun divertissement bourrin sĂassume, cela donne un jubilatoire Hyper Tension. Sur ce plan, Hell Driver sĂannonce prometteur avec son vivier de ploucs rednecks, malgrĂ© une rĂ©alisation Ă la ramasse. Sa plus grande erreur, hĂ©las, est de ralentir le tempo en tentant dĂĂ©toffer des personnages condamnĂ©s Ă la caricature. Nicolas Cage apparaĂźt presque effacĂ© alors que son rĂŽle Ă©tait taillĂ© pour un de ses lĂ©gendaires cabotinages. Sortie le 23 mars JULIEN FOUSSEREAU
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epuis longtemps, lĂacteur Mark Wahlberg rĂȘvait de chausser les gants de boxe de Micky Ward pour raconter son authentique parcours semĂ© dĂembĂ»ches avant lĂaccession au titre de champion du monde des poids welters en 2000. TrĂšs connu aux Ătats-Unis, le destin de Micky Ward se rapproche de quelques mĂštres-Ă©talons du genre. On pense bien Ă©videmment Ă Rocky pour cette Ă©ternelle trame trĂšs amĂ©ricaine de lĂoutsider venu de nulle part sĂimposant par la force de son labeur et ses crochets du gauche. Avec de telles bases, on redoute par avance la success story lĂ©nifiante. Mais la beautĂ© de Fighter rĂ©side dans sa volontĂ© farouche dĂassumer ses racines de drame prolĂ©taire, dans ce quĂelles ont de plus comiques, violentes, tendres et effrayantes. RĂ©vĂ©lĂ© par Les Rois du dĂ©sert, le rĂ©alisateur David O. Russell revient en force ici, ne serait-ce que dans le soin tout particulier quĂil attache Ă dĂ©peindre lĂĂ©tat de dĂ©crĂ©pitude de Lowell, Massachusetts, ancien pĂŽle industriel du secteur textile amĂ©ricain malmenĂ© par la mondialisation. Par le biais dĂune mise en scĂšne Ă©nergique et inventive, le cinĂ©aste capte avec une lumiĂšre plate et peu flatteuse les ravages physiques et
sociologiques du chĂŽmage, de la pauvretĂ© et du crack. La premiĂšre de ces victimes sociales nĂest autre que Dicky Eklund, le demi-frĂšre et sparring-partner boiteux de Micky. SurnommĂ© Ăż la fiertĂ© de Lowell Ćž, Dicky fut autrefois un boxeur et un tacticien prometteur. NĂhĂ©sitant pas Ă maigrir considĂ©rablement, Christian Bale se rĂ©vĂšle stupĂ©fiant dans la peau de cet Ă©gocentrique exaspĂ©rant, vĂ©ritable tragĂ©die ambulante capable de passer en quelques secondes du pathĂ©tique cartoonesque au cogneur implacable. € cela sĂajoutent Alice, une furie matriarche, et sept sïŹurs dĂune vulgaritĂ© sans nom nourrissant une rancïŹur profonde Ă lĂĂ©gard de Micky, au point de lui interdire dĂaller de lĂavant. ĂnoncĂ© en ces termes, Fighter pourrait ĂȘtre une entreprise dominĂ©e par la condescendance. Il nĂen est rien car le film ne perd jamais de vue la part dĂhumanitĂ© de ces protagonistes façonnĂ©s par leur environnement. Parce que le vrai combat de Fighter se situe dans leurs rapports quotidiens quant Ă lĂavenir du champion en devenir, notamment entre Alice et Charlene, la compagne de Micky. CĂest dans ce jeu dĂopposition entre la fĂ©rocitĂ© de son entourage et la passivitĂ© de Micky que Fighter gagne aux
points. En cela, saluons la performance toute en retenue de Mark Wahlberg, Ă lĂunisson avec la logique narrative du film : encaisser un maximum de coups en serrant les dents pour Ă©puiser lĂadversaire et saisir la moindre faille. Et son dĂ©fi personnel est de taille : se sortir du marasme sans abandonner les siens, ni se renier soi-mĂȘme. JULIEN FOUSSEREAU
FIGHTER De David O. Russell Avec Mark Wahlberg, Christian Bale, Amy Adams, Melissa Leo... Durée : 1h53 Actuellement en salles
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© Twentieth Century Fox France
Moi, moche et méchant
Au cours dĂun Ă©tĂ© 2010 Ă©crasĂ© par les sorties attendues du champion Toy Story 3 et du dĂ©cevant Shrek 4, Gru et ses acolytes Ă©taient parvenus Ă se faire une place en empruntant une voie mĂ©diane : celle du grand Ă©cart entre la puretĂ© des sentiments Ă la Pixar et lĂhumour grassouillet Ă la Dreamworks. Si Moi, moche et mĂ©chant dĂ©roulait un cahier des charges prĂ©visible, il sĂen sortait grĂące aux minions, redoutables voleurs de scĂšne. Ces mĂȘmes minions qui surnagent Ă nouveau dans lĂĂ©ditorial de ce DVD grĂące Ă trois hilarants courts-mĂ©trages, vĂ©ritables bouffĂ©es dĂair frais dans une interactivitĂ© convenue. Un DVD Universal Pictures Video JULIEN FOUSSEREAU
Taking off Premier film du TchĂšque Milos Forman aux Ătats-Unis, Taking off fut souvent considĂ©rĂ© comme un brouillon de Hair malgrĂ© son prestigieux Grand Prix glanĂ© Ă Cannes en 1972. Pourtant, le film sĂavĂšre ĂȘtre une vĂ©ritable radiographie de son Ă©poque. Et pas la moindre : on sent derriĂšre les visages des hippies chantant LetĂs Get a Little Sentimental que les idĂ©aux utopistes et libertaires sont en train de mourir. Taking off en devient dĂautant plus Ă©mouvant. LĂexcellente restauration du film ainsi que les passionnantes interviews de Milos Forman et du scĂ©nariste Jean-Claude CarriĂšre travaillent Ă la redĂ©couverte de ce petit bijou. Un Blu-ray Carlotta JULIEN FOUSSEREAU
Canaan Canaan Ăż tueuses nĂ©es Ćž, comme le prĂ©cise le sous-titre français, est une sĂ©rie animĂ©e japonaise au scĂ©nario trĂšs complexe, tel que les Japonais les adorent. InspirĂ© du Ăż visual novel Ćž, un type de jeux vidĂ©o interactif trĂšs prisĂ© lĂ -bas, Canaan plaira aux amateurs de complots internationaux et de jolies femmes. Les hĂ©roĂŻnes de cette sĂ©rie sont toutes des bombes anatomiques, mais il nĂy a quĂun dĂ©chaĂźnement dĂactions parfois violentes pour trĂšs peu dĂimages suggestives pour contenter le spectateur. Cela nous rappelle les hĂ©roĂŻnes des jeux et films Resident Evil ou Lara Croft. Un Ă©rotisme potentiel mis au service dĂun scĂ©nario Ă la Heroes, un mĂ©lange qui plaira uniquement aux fans. En DVD ou Blu-ray KazĂ© LOUISA AMARA
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La leçon de MaĂźtre Tsui Tsui Hark est lâincarnation mĂȘme du cinĂ©aste gĂ©nial nâayant jamais Ă©tĂ© reconnu Ă sa juste valeur. Alors que ses annĂ©es de gloire paraissaient lointaines, Tsui Hark effectue un comeback de conquĂ©rant avec « Detective Dee ».
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n avait un peu perdu de vue Tsui Hark. Il faut dire quĂil avait laissĂ© des plumes dans son aventure Ă Hollywood. Comme tout bon filmmaker hongkongais dĂ©barquĂ© dans la Mecque du cinĂ©ma occidental au milieu des annĂ©es 1990, il sĂĂ©tait farci le bizutage de rigueur : tourner avec un Jean-Claude Van Damme au top de sa cĂ©lĂ©britĂ© et du tout Ă lĂego. Le rĂ©sultat fut le catastrophique Double Team et PiĂšge Ă HongKong dissimulant Ă peine un majeur tendu aux Ătats-Unis. Son retour Ă Hong-Kong fut Ă©tonnamment fracassant avec Time & Tide, certainement le film dĂaction le plus dĂ©lirant des annĂ©es 2000. LĂ , Tsui Hark, envoyait tout balader : histoire, dĂ©tails, cohĂ©sion, pour nous offrir les morceaux de bravoure les plus fous et conceptuels aperçus depuis des lustres. SĂil nĂa pas arrĂȘtĂ© de tourner depuis lors, il nĂa jamais retrouvĂ© ce niveau de folie maĂźtrisĂ©eâ âJusquĂĂ lĂexcellente cuvĂ©e qui nous concerne aujourdĂhui et augurant du meilleur pour la dĂ©cennie Ă venir. Detective Dee revĂȘt les atours du film de sabre chinois, le wu xia pian, implantĂ©s dans un contexte historique rĂ©el. En lĂan de grĂące 690, le couronnement de la future impĂ©ratrice Wu Zietan est imminent lorsque survient une
sĂ©rie de morts mystĂ©rieuses de sa garde rapprochĂ©e par combustion spontanĂ©e. Elle dĂ©cide alors dĂextraire le juge Di, fin limier et opposant dĂ©clarĂ©, afin quĂil mĂšne lĂenquĂȘteâ Le double effet Tsui Hark si dĂ©lectable dans ses plus grandes ïŹuvres fonctionne ici Ă plein : la subjugation basculant vers la sidĂ©ration. DĂšs le dĂ©part, le cinĂ©aste nĂa pas son pareil pour caresser la rĂ©tine avec une direction artistique somptueuse, sachant jouer des contraintes budgĂ©taires avec son savant alliage de dĂ©cors en dur et dĂimages infographiques. CĂest pourtant dans le dĂ©ploiement de sa mise en scĂšne sacrifiant tout sur les autels de la vitesse et lĂinventivitĂ© lors des scĂšnes dĂaction que Tsui Hark nous achĂšve. En effet, son sens de lĂespace et sa maestria du montage fusionnent parfaitement avec ses penchants prononcĂ©s pour le dĂ©tail incongru. Et il fait mouche Ă chaque coup. Cependant, cette forme remarquable de lĂhomme derriĂšre des chefs dĂïŹuvre comme The Lovers et The Blade serait moins percutante sĂil nĂy avait ce fond intrinsĂšquement nationaliste du wu xia pian quĂil pervertit en sous-marin. € lĂinstar dĂun confrĂšre comme Zhang Yimou et sa CitĂ© Interdite adoptant sagement Ăż la ligne du Parti Ćž, Tsui Hark semble prĂȘter allĂ©geance au pouvoir
chinois (dĂ©peint non sans ironie). Mais les motivations du Juge Li, marginal de gĂ©nie, ont moins Ă voir avec lĂorientation politique quĂavec la rigueur morale et lĂhonneur Ă lĂĂ©chelle individuelle. Affirmation discrĂšte dĂun rĂ©alisateur encerclĂ© par PĂ©kin mais dĂ©finitivement invaincu. JULIEN FOUSSEREAU
DETECTIVE DEE LE MYSTËRE DE LA FLAMME FANTĆME
De Tsui Hark, avec Andy Lau, Carina Lau, Bingbing Li... Durée : 123 min Sortie le 20 Avril
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TOP SPIN 4 :
Les Nord-CorĂ©ens attaquent le Colorado ! Il faut dĂ©fendre la patrieâ On pense au film LĂAube rouge de John Milius. Normal, il est lĂinspiration principale de ce FPS. DĂune exĂ©cution exemplaire, Homefront est un cousin anticommuniste de Call of Duty avec tout ce que cela implique : une libertĂ© dĂaction trĂšs limitĂ©e Ă cause dĂun dĂ©roulement balisĂ©. Un aspect contrebalancĂ© par des passages dĂune intensitĂ© indĂ©niable impliquant une gestion restreinte des armes et munitions. On apprĂ©ciera le dĂ©corum trĂšs eco-friendly par endroits. Beau paradoxe pour un jeu qui sulfate plutĂŽt pas mal.
RETOUR GAGNANT
Taper la balle jaune avec son pad frustrait Ă force de choisir entre lâĂ©cole arcade fun et instinctive, contre celle de la progression rĂ©aliste et exigeante⊠jusquâĂ la synthĂšse « Top Spin 4 », rendant justice comme jamais Ă la beautĂ© dramaturgique du tennis.
© 2K SPORTS
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Homefront THQ
Disponible sur Xbox 360, Playstation 3, PC
Emergency 2012 Deep Silver La franchise allemande de stratĂ©gie revient avec toujours le mĂȘme mot dĂordre par rapport Ă la concurrence : secourir plutĂŽt que dĂ©truire. SacrĂ© challenge pour ce nouvel opus puisquĂil faudra, en mode solo, coordonner les interventions dĂune brigade de sauvetage dans 12 scĂ©narios catastrophiques annonciateurs de la fin du monde, de Londres Ă Moscou en passant par Berlin. Rien de moinsâ Emergency 2012 rĂ©serve son lot de surprises plutĂŽt plaisantes dans lĂensemble. On regrettera juste les limites de lĂintelligence artificielle, Ă la fois chez les sauveteurs et les victimes. Reste le plaisir de sĂadonner au tourisme Ăż catastrophe Ćžâ Disponible sur PC
© TRION WORLDS
Rift Trion Worlds
Dans la jungle des jeux de rĂŽles massivement multijoueur (ou MMORPG), Rift pourrait bien jouer des coudes entre les rĂ©fĂ©rences que sont World of Warcraft et Warhammer. Il faut dire quĂil emprunte beaucoup aux titres prĂ©citĂ©s en combinant leurs atouts intelligemment. Dans un territoire de jeu visuellement superbe et de taille respectable, le clan des Gardiens et celui des RenĂ©gats sĂaffrontent et, de temps Ă autre, sĂen vont refermer des failles malĂ©fiques recrachant des monstruositĂ©s lovecraftiennes. Rift est Ă©galement bien fourni cĂŽtĂ© quĂȘtes parallĂšles et sĂannonce comme un bon cru pour les rĂŽlistes en tout genre. Disponible sur PC JULIEN FOUSSEREAU
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vec un segment et un gros pixel Ă renvoyer vers un autre trait adverse, Pong sĂimposait en 1972 comme la matrice premiĂšre du jeu vidĂ©o grand public. Du minimalisme originel, le tennis vidĂ©oludique sĂest peu Ă peu Ă©toffĂ© au grĂ© des Ă©volutions technologiques. Ce nĂest vraiment quĂau cours de la derniĂšre dĂ©cennie que le genre acquit une nouvelle dimension avec Virtua Tennis 2, Top Spin, ou Dream Match Tennis Pro, shareware plus underground sur PC. Le premier ravissait pour lĂinstantanĂ©itĂ© et la percussion de sa prise en main, tandis que les deux autres empruntaient la voie du rĂ©alisme technique. NĂ©anmoins, ces trois jeux avaient tous en commun la volontĂ© de reproduire la scĂ©nographie des compĂ©titions retransmises dans la petite lucarne en sĂefforçant dĂy intĂ©grer ses acteurs et thĂ©Ăątres les plus actuels ou mythiques. € sa maniĂšre, Top Spin 4 pourrait ĂȘtre la parfaite synthĂšse de tout cela. Pour ces raisons, Top Spin 4 fascine parce quĂil se joue autant quĂil se regarde. Ou quĂil sĂĂ©coute : les rĂ©actions du public vĂ©hiculent un large Ă©ventail de sentiments par leurs nuances et participent Ă la montĂ©e dĂadrĂ©naline et dĂanxiĂ©tĂ© avant un point capital. Cette touche sonore va de pair avec un mimĂ©-
tisme tĂ©lĂ©visuel dans les ralentis et les effets ostentatoires de montage entre deux points. Le gameplay est Ă lĂimage de cette mise en scĂšne. Bien que la maniabilitĂ© ait Ă©tĂ© simplifiĂ©e par rapport au prĂ©cĂ©dent volet, il nĂen demeure pas moins trĂšs technique. Se reposant autant sur un bon timing au rebond que sur le placement par rapport Ă la balle, ce dernier sĂavĂšre plaisant Ă maĂźtriser Ă mesure que lĂon progresse dans le mode carriĂšre. Car lĂintelligence artificielle peut sĂavĂ©rer redoutable au point que le jeu stratĂ©gique et construit devient nĂ©cessaire Ă la victoire. La Ăż banque de coachs Ćž peut fournir des solutions en dĂ©veloppant certaines caractĂ©ristiques de jeu trĂšs spĂ©cifiques (attaque au filet, volĂ©e, amorti, etc.) au dĂ©triment dĂautres (puissance, dĂ©fense de fond de court) ; un point essentiel qui Ă©vacue de facto la question du joueur surhumain. Et le joueur aura fort Ă faire face Ă de sacrĂ©s coriaces, contemporains comme vintages. En effet, Top Spin 4 aligne une sĂ©lection impressionnante de 25 joueurs et abandonne sa politique contreproductive dĂexclusivitĂ©s rĂ©servĂ©es Ă certaines consoles. Federer, Nadal, Djokovic, Agassi, Samprasâ les meilleurs rĂ©pondent tous prĂ©sent, impressionnants quĂils sont de par leur
gestuelle et modĂ©lisation (malgrĂ© quelques petites traces dĂaliasing). Avec une telle patine, lĂĂ©diteur 2K Sports offre la plus belle des illusions en simulation sportive : celle dĂinfluer sur le direct tĂ©lĂ©visĂ© pour mieux refaire le match. JULIEN FOUSSEREAU
TOP SPIN 4 2K Sports Genre : simulation sportive Disponible sur Xbox 360, PS3 et Wii
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Yoostar 2 ! Namco Bandai
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LA NINTENDO 3DS ET LE RELIEF : une splendeur Ă venir ?
Prendre la place dĂune star dans son film favori. Un rĂȘve que Yoostar 2 et les capteurs vidĂ©o rendent dĂ©sormais possible en insĂ©rant le joueur dans un extrait cĂ©lĂšbre. Ce dernier peut choisir de suivre le texte en respectant dĂ©bit, intonation et gestuelle Ă lĂaide dĂun systĂšme de jeu similaire Ă Guitar Hero ou, au contraire, dĂimproviser. Yoostar 2 se joue idĂ©alement Ă plusieurs avec ses options de diffusions sur les rĂ©seaux sociaux. Et avec 80 films, plus 100 en tĂ©lĂ©chargement le jour de la sortie, sans compter un rafraĂźchissement hebdomadaire, il y aura largement matiĂšre Ă sĂimproviser Marlon Brando du dimanche.
Avec le renouvellement de son parc de consoles, 2011 est une annĂ©e cruciale pour Nintendo. Les hostilitĂ©s dĂ©buteront le 25 mars prochain avec la 3DS, nouvelle console portable annoncĂ©e comme rĂ©volutionnaire. Nous avons jaugĂ© la bĂȘte.
Disponible sur Xbox 360 et Playstation 3 Move
Marvel Vs Capcom 3 : Fate of Two Worlds Capcom Attendu depuis des annĂ©es par les fanatiques de baston homĂ©rique accros aux combos percutants et dĂ©vastateurs, Marvel vs Capcom revient pour un troisiĂšme Ă©pisode. Entre temps, Street Fighter IV et ses animations en volumes dans un gameplay en 2D est passĂ© par lĂ . Cela se ressent dans lĂesthĂ©tique impressionnante qui se conjugue parfaitement Ă un style de jeu frĂ©nĂ©tique et furieux. Le casting des combattants bĂ©nĂ©ficie dĂun Ă©quilibre salutaire. Quelques ombres noircissent le tableau tout de mĂȘme, comme un mode arcade un peu court et une ergonomie mal finalisĂ©e en on line. Disponible sur Xbox 360 et PS3
Nickelodeon Fit 2K Play Marre que votre marmaille gesticule et hurle dans tous les sens ? Rangez votre ritaline et mettez-la donc devant Nickelodeon Fit ! Dora lĂexploratrice, Go Diego, Kai-Lan et les Melodilou lui intimeront lĂordre de remuer les bras avec sa Wiimote et le reste du corps sur la Wii Board Ă travers des simulations de course Ă pied, dĂaviron, de concours de corde Ă sauter ou de hula hoop. On pourra reprocher Ă Nickelodeon Fit dĂĂȘtre assez laid et parfois imprĂ©cis dans sa captation des mouvements. Mais sa contribution Ă lĂĂ©puisement physique des enfants hyperactifs les plus pĂ©nibles le rendrait presque inestimable. Disponible sur Wii JULIEN FOUSSEREAU
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CI-CONTRE : MODËLE Ăż BLEU LAGON Ćž
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orsque lĂon prend en main la 3DS, on est surpris par sa lĂ©gĂšretĂ©, embarquant dans 226 grammes un concentrĂ© de technologie de pointe ; la plus spectaculaire est Ăż lĂauto-stĂ©rĂ©oscopie Ćž, offrant la possibilitĂ© de jouer en relief sans lunettes polarisĂ©es. ParamĂ©trable via un curseur, voire carrĂ©ment verrouillable par un accĂšs parental, lĂautostĂ©rĂ©oscopie est dĂ©conseillĂ©e aux moins de sept ans. Une recommandation que lĂon comprend aisĂ©ment dans la mesure oĂč la domestication de lĂeffet se fait non sans mal. GĂ©nĂ©rĂ© Ă partir de lĂĂ©cran supĂ©rieur affichant 800 x 240 pixels, lĂeffet 3D attribue 400 pixels Ă chaque ïŹil une fois activĂ©... mais nĂ©cessite surtout un alignement parfait entre le joueur et la console, sous peine de maux de tĂȘte. Ăż Une question dĂhabitude... Ćž, nous dit-on. On demande Ă voir sur le long terme. La derniĂšre Nintendo se montre nĂ©anmoins bluffante, ne serait-ce quĂavec les logiciels prĂ©installĂ©s, tels ces mini-jeux en rĂ©alitĂ© augmentĂ©e se jouant avec des cartes spĂ©ciales que lĂon pose sur une surface plane. LĂ , en visant la carte avec la 3DS, un dragon peut apparaĂźtre dans notre quotidien et il faudra le dĂ©truire par le tir de prĂ©cision au risque de faire des trous dans les
murs. CĂest avec ce genre de jeux rigolos que lĂon prend conscience de la puissance de calcul de la 3DS. On annonce Ă©galement un accĂšs Wi-Fi simplifiĂ© pour entrer de plain pied dans le jeu en rĂ©seau communautaire et une boutique en ligne enrichie. Une puissance qui se paye par une faible autonomie. CĂŽtĂ© jeux, seules une vingtaine de dĂ©mos limitĂ©es furent accessibles lors du test. Toutefois, on constatera que les progrĂšs quant au rendu graphique sont lĂ . Le toilettage Zelda : Ocarina of Time est dĂune beautĂ© confondante ; il en va de
mĂȘme avec Super Street Fighter IV, deux jeux qui bĂ©nĂ©ficient Ă plein de lĂarrivĂ©e du Slide Pad, stick analogique sur 360 degrĂ©s remplaçant cette croix multidirectionnelle peu commode pour la maniabilitĂ© nextgen (on regrette dĂailleurs lĂabsence dĂun deuxiĂšme stick de visĂ©e pour les FPS). Steel Diver, jeu de torpillage sous-marin, propose un gameplay corporel grĂące aux propriĂ©tĂ©s gyroscopiques de la console. Pourtant, le jeu le plus prometteur se rĂ©vĂšle ĂȘtre Kid Icarus Uprising, rail shooter impressionnant dans son dĂ©lire visuel et son usage dĂ©mentiel du relief. Le pari de Nintendo est risquĂ© dans le sens oĂč la firme a laissĂ© pendant des annĂ©es Microsoft et Sony occuper le premier plan des avancĂ©es high-tech pour mieux tirer les marrons du feu en jouant la carte des jeux de soirĂ©es ou occasionnels. Rien que pour ses capacitĂ©s prometteuses, on souhaite que la 3DS trouve son public et que les versions annuelles Ă venir corrigent les dĂ©fauts prĂ©citĂ©s. DĂautant quĂelle aura fort Ă faire avec lĂĂ©mergence des constructeurs de smartphones, friands dĂapplications jeux vidĂ©o, ces derniers disposant dĂun potentiel de mises Ă jour supĂ©rieur. JULIEN FOUSSEREAU
LA 3DS REND AUSSI LES DENTS PLUS BLANCHES
c Console fournie avec une station de recharge, un bloc dĂalimentation, une carte SD 2Go, un stylet et six cartes de rĂ©alitĂ© augmentĂ©e. Prix indicatif : 250 âŹ
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BOUTANOX : ne confondez pas le manchot et le pingouin ! Le pingouin vole et vit en Arctique. Le manchot ne vole pas et vit en Antarctique. Celui-ci est un manchot et vit en Arctique, mais c'est un exemplaire unique... heureusement. Voir aussi : http://boutanox.blogspot.com/
FABCARO ne nous permettra pas de laisser vierge cet espace de prĂ©sentation situĂ© Ă gauche de son strip, car cela ferait un blanc trop important et nĂimporte qui pourrait gribouiller Ă cet endroit, y coucher ses pensĂ©es les plus infĂąmes, ou mĂȘme dessiner une case supplĂ©mentaire au gag, en singeant son style pourtant inimitable.
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CitĂ© dĂla Balle,T.2, de Relom OĂč lĂont suit les pĂ©rĂ©grinations de cinq lascars de la citĂ©, cette fois-ci condamnĂ©s Ă aller dans un centre de rĂ©habilitation Ă (oh mon Dieu, non !) la campagne. Leur mĂ©fait : ils ont fait sauter â par inadvertance â un commissariat de police. Le dessin caricatural rappelle au dĂ©part un peu Vuillemin ou les Freak Brothers, mais Ă©volue et sĂaffine vite. Tout ceci pourrait ĂȘtre bien naze, mais en fait, cĂest vraiment succulent et trĂšs drĂŽle. Fin, bien observĂ©, avec des dialogues trĂšs enlevĂ©s, voici un futur classique. CĂest un peu comme si on lisait la nouvelle gĂ©nĂ©ration de banlieusards façon Franck Margerin, 30 ans aprĂšs.
Le Lombard, 48 p. coul., 11,95 ⏠OLIVIER THIERRY
Dengeki Daisy,T.1 Ă 4, de Motomi Kyousuke Teru, une jeune lycĂ©enne, vient de perdre son frĂšre. Sur son lit de mort, celui-ci lui donne seulement un tĂ©lĂ©phone portable avec lĂadresse mail de Ăż Daisy Ćž.Qui est cette personne ? Teru lĂignore. € vrai dire, la seule chose qui lĂintĂ©resse, cĂest le rĂ©confort que lui procurent les mails de Daisy. Cependant, cela risque de ne pas suffire, surtout lorsquĂapparaĂźt dans son environnement Kuroski, le jeune gardien du lycĂ©e, qui va quelque peu perturber la vie de Teru.VoilĂ un shĂŽjo qui sort du lot grĂące Ă des intrigues bien ficelĂ©es, mĂȘlant Ă la perfection Ă©motion et suspense. Avec son petit cĂŽtĂ© obscur, ce manga attirera Ă coup sĂ»r les moins fans du genre.
Kazé, coll. shÎjo, pages n&b, 6,50 ⏠AUDREY RETOU
Petite Histoire des colonies françaises,T.4, La Françafrique, de GrĂ©gory Jarry et Otto T. Vous pensiez que lĂhistoire des colonies françaises sĂarrĂȘtait Ă la DĂ©colonisation ? CĂest en effet ce quĂon enseigne au lycĂ©e : la France rapatrie ses ressortissants, et devient un partenaire Ă©conomique de ses anciennes colonies, devenues Ătats souverains. Et ensuite ? Ensuite, cĂest la Ăż Françafrique Ćž : un systĂšme organisĂ©, consistant Ă apporter un petit coup de pouce ici ou lĂ , pour favoriser tel clan ou personnalitĂ© favorable Ă la France ou aux compagnies françaises. Et quand le coup de pouce sĂaccompagne dĂune guerre civile ou dĂun gĂ©nocide ? Militant, partisan, cet ultime tome de la Petite Histoire des colonies françaises ? Peut-ĂȘtre. Mais quelle leçon !
FLBLB, 128 p. bichromie, 13 ⏠JĂRĆME BRIOT
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LES DĂZINGUEURS : Dignes successeurs de la sĂ©rie TV Les TĂȘtes brulĂ©es, les DĂ©zingueurs vous mitraillent de gags, pour le plus grand bonheur des fans dĂaviation. Les DĂ©zingueurs T.2 : Coureurs de Nippons © Bamboo Ădition 2011 â Barbaud et Richez
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Blake & Mortimer : La Malédiction des 30 deniers Anuman Interactive
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WORLD OF DC
Dans une industrie du jeu vidĂ©o toujours plus sophistiquĂ©e, Anuman Interactive opte pour une ligne claire fĂ©dĂ©ratrice en adaptant le dernier diptyque de Blake & Mortimer. Une fois que lĂon accepte le parti pris esthĂ©tique de mise en scĂšne de personnages dessinĂ©s dans des dĂ©cors photorĂ©alistes, son charme simple agit sans mal. Il est essentiellement question de trouver des objets dans un temps imparti entre quelques mini-jeux. GrĂące au bon usage de la parallaxe et une interface intuitive, Blake & Mortimerâ est un petit modĂšle de jeu universel, de 7 Ă 77 ans. Disponible en tĂ©lĂ©chargement sur Iphone, Ipad
Pokemon version noire Nintendo La confrĂ©rie des mordus de RPG typiquement nippons va ĂȘtre aux anges. Avec le dernier jeu Pokemon ? Vraiment ? Oui. Mille fois oui. Certes, ce ne sera pas forcĂ©ment la tasse de thĂ© de tous les gamers. Mais force est de reconnaĂźtre que Nintendo a bousculĂ© ses habitudes en orientant le dernier-nĂ© de sa trĂšs lucrative saga de jeu de baston stratĂ©gique en un jeu de rĂŽle naĂŻf et trĂšs exhaustif. Mais ce sont surtout les possibilitĂ©s offertes en Wi-Fi par le Ăż PokĂ©mon Global Link Ćž, sorte de rĂ©seau social entiĂšrement dĂ©diĂ© aux monstres de combat, qui laissent rĂ©ellement bouche bĂ©e. Un must pour les initiĂ©s. Exclusivement sur DS
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Lego Star Wars III Activision
SituĂ© pendant la sĂ©rie animĂ©e Clone Wars, ce troisiĂšme volet reconduit son cĂ©lĂšbre humour Ă base de borborygmes dans un jeu dĂaction / aventure ultra scriptĂ©. Mais cette fois, on est rĂ©ellement impressionnĂ© par un sens Ă©pique se dĂ©gageant de certains tableaux contenant des centaines de personnages. LĂautre nouveautĂ© est le recours au split screen en mode coopĂ©ration et en solo. En effet, dans certains niveaux les protagonistes dĂ©marrent Ă des points opposĂ©s et le joueur devra alterner entre lĂun et lĂautre afin de remplir sa mission. Le fun est dĂ©cidĂ©ment avec cette franchise. Le 25 mars sur PC, Xbox 360, PS3, Wii, PSP, DS, 3DS JULIEN FOUSSEREAU
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BD, cinĂ©ma, jeux vidĂ©o, les super-hĂ©ros ont le vent en poupe dans leur cape ces derniers temps. Ce nâest donc pas une surprise si au multivers des MMO vient sâajouter celui des DC Comics. Alors hĂ©ros ou vilain, ĂȘtes vous prĂȘt Ă rĂ©veiller le pouvoir qui sommeille en vous⊠et dans votre manette ?
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Universe Online est le premier jeu MMO (permettant Ă un grand nombre de personnes dĂinteragir simultanĂ©ment dans un monde virtuel persistant, cĂest-Ă -dire qui continue Ă Ă©voluer lorsque le joueur nĂest pas connectĂ©) de super-hĂ©ros Ă reprendre une licence existante bien connue des lecteurs de comics. En outre, DC Universe Online a pu compter sur le talent du dessinateur Jim Lee pour garantir lĂauthenticitĂ© de lĂunivers des comics originaux, et ainsi sĂappuyer sur lĂïŹuvre publiĂ©e par les Ă©ditions DC Comics depuis 75 ans. Ainsi, on y retrouve moult super-hĂ©ros et vilains (de Superman Ă Batman et de Lex Luthor au Joker, en passant par Green Lantern ou encore Sinistro), qui vont sĂaffronter dans des lieux mythiques comme Gotham City ou Metropolis. Le synopsis dĂintroduction est particu-
liĂšrement bien trouvĂ© : dans un futur alternatif qui a vu lĂannihilation de la Justice League of America par Lex Luthor et ses sbires, Brainiac, entitĂ© extraterrestre omnipotente, dĂ©barrassĂ© des principaux dĂ©fenseurs de la Terre, profite du chaos ambiant pour asservir la race humaine... Des Terriens vont acquĂ©rir des pouvoirs, et comme vous lĂavez sĂ»rement devinĂ©, lĂun de ces supers-hommes, cĂest vous. LĂinterface de crĂ©ation de votre personnage va vous permettre de gĂ©nĂ©rer de toutes piĂšces votre hĂ©ros ou votre vilain, aussi bien en termes de design (sexe, apparence, origine, accoutrementâ) quĂau niveau de ses superpouvoirs (feu, glace, magie, technoâ) ainsi que de sa façon de se dĂ©placer (acrobatique comme Spider-Man, en volant façon Superman, ou en courant Ă grande vitesse Ă la Flash...). Une fois votre avatar peaufinĂ©, vous vous retrouvez plongĂ© en
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plein cïŹur de lĂaction oĂč il va falloir faire vos preuves Ăż façon comics Ćž dans ce monde de brutes, car nĂest pas superhĂ©ros qui veut, et encore moins supervilain. MĂȘme si les graphismes ne sont pas de toute derniĂšre gĂ©nĂ©ration, il faut bien avouer que de se battre aux cĂŽtĂ©s des nos hĂ©ros (ou vilains) prĂ©fĂ©rĂ©s en plein cïŹur de Gotham, avec le Bat Signal en fond se reflĂ©tant sur le plafond nuageux, a quelque chose de magique. Cela dit, une fois lĂĂ©merveillement passĂ©, on retrouve trĂšs vite les mĂ©canismes classiques et souvent rĂ©pĂ©titifs de progression de tout bon MMO basĂ© sur le levelling et les challenges sous forme de quĂȘtes Ă©chafaudĂ©es par les auteurs de DC Comics. CĂŽtĂ© gameplay, DC Universe Online propose une approche immĂ©diate, jouabilitĂ© console oblige (cĂest le premier MMO dĂ©veloppĂ© pour la PlayStation 3), avec des accĂšs aux commandes simplifiĂ©s, bien loin des habituelles barres dĂaction Ă rallonge convenant plutĂŽt aux claviers dĂordinateur. On notera quand mĂȘme une volontĂ© de tirer profit de la physique en laissant au personnage la possibilitĂ© dĂinteragir sur les objets de lĂenvironnement : on pourra ainsi jeter des voitures, ou encore geler nos adversaires, puis envoyer les blocs de glace ainsi obtenus se fracasser sur les murs. Sans rĂ©volutionner le genre, DC Universe Online pourrait bien trouver sa place dans le monde cruel des MMO en fĂ©dĂ©rant une communautĂ© de joueurs fans des univers DC, dĂ©sireux de retrouver les sensations procurĂ©es par leurs BD favorites. Le jeu vous demande nĂ©anmoins de vous acquitter dĂun abonnement mensuel dĂune douzaine dĂeuros, lĂĂ©diteur ayant optĂ© pour un modĂšle Ă©conomique payant au dĂ©triment dĂun choix Free To play. LAURENT FOUCHER
DC UNIVERSE ONLINE Sony Online Entertainment Genre : MMO / Beat'em all / jeu de rĂŽle Disponible sur PlayStation 3