Rapport sur les questions coloniales Tome 2 deuxième partie (2)

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CHAPITRE IX. EFFETS GÉNÉRAUX DE L'APPRENTISSAGE ET DE L'ÉMANCIPATION COMPLÈTE.

N° 107. § Ier. JAMAÏQUE.

A.

DÉPÊCHES

des Gouverneurs.

l'île et causer un embarras considérable. Je me déterminai donc à envoyer le colonel Mac-Leod, avec deux compagnies du 37 , par lire Rhadamanthe, à Ocho-Rios, tout près de Shaw-Park, demeure de M. Walker. Les troupes s'embarquèrent la même e

du

er

août 1834. — Troubles dans la paroisse Sainte-Anne.— Dépêche du marquis de Sligo à M. Sprinq-Rice.

1. CÉLÉBRATION

1

King's House ( Saint-Yago de la Vega), 13 août 1834.

J'ai le bonheur de vous informer que les rapports que j'ai reçus de tous côtés, sur l'état de l'île, sont des plus satisfaisants. J'espère qu'avant que celle dépêche ne vous parvienne, vous aurez reçu mon petit billet, envoyé par New-Yorck, et par lequel je vous faisais part de la tranquillité qui régnait autour de moi. Le billet avait été écrit le A, et envoyé par le schooner the Renown Je suis maintenant heureux de pouvoir confirmer ce rapport, et d'ajouter que, dans toute la colonie, à l'exception de la paroisse de Sainte-Anne, la transition de l'esclavage à l'apprentissage a eu lieu de la manière la plus satisfaisante. Il est remarquable que le 1er août a été consacré, dans la plus grande partie de l'île, à des exercices de dévotion. Dans les chapelles des différentes sectes, le service a été fait plusieurs fois dans le courant de la journée, et aussi souvent qu'une nouvelle succession d'assistants se sont présentés. A peine a-t-on vu un seul homme ivre dans les rues ce jour-là. Le samedi a été partagé entre le travail et l'amusement. Les nègres savaient parfaitement bien que le jour suivant le marché serait fermé (le dimanche); par conséquent, le samedi les marchés ont été extraordinairement abondants. Vers le soir les rues ont été remplies de john-gause-men avec leur cortège habituel. Pendant la nuit, il y a eu, dans quelques villes, des bals travestis, dans lesquels les autorités de l'île, passées et présentes, étaient représentées. Plusieurs individus, dans les villes, avaient donné des dîners à leurs nouveaux apprentis, et, sur plusieurs plantations, les propriétaires tuèrent des bœufs qui furent distribués aux nègres, outre leur allocation ordinaire de sucre, de rhum et de morue. A la campagne et dans les villes les apprentis ont tous été appelés à quelques réjouissances. Le dimanche suivant, les édifices religieux ont encore une fois été envahis par une foule nombreuse, et la journée s'est passée de la manière la plus tranquille. Mes rapports font menlion que, dans toutes les parties de l'île, à l'exception de la paroisse de Sainte-Anne, le lundi les apprentis se sont mis à l'ouvrage avec beaucoup de bonne volonté, et même, dans quelques endroits, de la meilleure grâce du monde. Jeudi matin, 7, j'ai reçu, par une estafette, une lettre de M. Walkcr, membre de l'assemblée pour la paroisse de SainteAnne, demeurant à Shaw-Park, qui m'a appris que les apprentis de sa plantation et de celles du voisinage avaient refusé de travailler sans être payés, et qu'ils avaient montré l'esprit le plus rebelle. Le courrier étant arrivé bientôt après et m'apportant plusieurs lettres du même voisinage, toutes dans le même sens, je m'aperçus que ces idées s'étaient étendues sur la plus grande partie de la paroisse, et je fus persuadé qu'à moins de mettre promptement fin à cette rébellion, elle pourrait s'étendre sur toute

nuit, et se mirent en merle lendemain matin ; elles arrivèrent à Ocho-Rios le 9, avant le jour, et furent immédiatement débarquées; l'effet produit parleur apparition soudaine fut très-grand ; il devint néanmoins nécessaire de punir un grand nombre de nègres, tant par le fouet, que par l'emprisonnement dans les maisons de travail (woorkhouses). Quand on leur a demandé de travailler, ils ont tous refusé. Cependant les allocutions des magistrats , soutenues par la présence des troupes, ont enfin rétabli l'ordre, et le colonel Mac-Leod est revenu ici hier avec ses troupes. J'ai ordonné qu'on y fit stationner une compagnie de plus qu'à l'ordinaire jusqu'à nouvel ordre. Les marrons (maroons) d'Accompons et de Scots-Hall ont aussi reçu l'ordre d'y rester sous les ordres de M. Cormor, qui doit les renvoyer chez eux aussitôt que la tranquillité sera rétablie. D'après ce que le colonel Mac-Leod m'a dit, je suis persuadé qu'aussitôt que le malentendu sera expliqué, les nègres demeureront tranquilles, à moins qu'ils ne soient excités à la révolte par la conduite des directeurs et, je suis fâché de le dire, même par quelques-uns des propriétaires et des agents. Les lettres que j'ai reçues par le courrier d'hier m'ont confirmé dans cette opinion, car il y a eu plusieurs scènes de désordre, suivies de punitions, dans SaintJames (Westmoreland) et Sainte-Elisabeth, causés, dans presque tous les cas, par la conduite brutale des directeurs ou par les exactions des propriétaires et des agents. On a refusé aux mères le temps d'allaiter leurs enfants : les vieilles femmes, qu'on avait l'habitude de leur fournir pour garder leurs enfants, leur ont été retirées, ainsi que les cuisiniers des champs'; et les sentiers qui mènent de leurs chaumières à leurs terrains ont été fermés. Plusieurs cas de mauvaise conduite, pour les mêmes raisons, ont aussi eu lieu à Saint-Thomas-dans-l'Est; mais, à l' exception des paroisses ci-dessus nommées, tout se passe dans la plus grande tranquillité.

2.

INCENDIE

dans le comté de Surrey. — Extrait d'une dépêche du marquis de Sliqo à M. Sprinq-Rice. King's House, 4 octobre 1834.

J'ai l'honneur de vous faire connaître que le seul acte de violence qui ait accompagné la transition de l'esclavage à l'apprentissage est arrivé à Belvédère, il y a quelques jours, et qu'après un prompt examen il a été évident que cet acte de violence était causé tout simplement par l'excitation du moment. J'en ai entendu parler à mon retour d'un voyage autour de l'île; mais je ne voulus point en faire le sujet d'une dépêche, avant de m'être assuré de l'exacte vérité. Le résultat a prouvé que mes prévisions étaient justes. Aussitôt que j'eus connaissance de ce,Ile affaire, j'envoyai le


PARTIE. 462 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II e

colonel Gregg aider les magistrats dans l'examen qui devait avoir lieu. Le colonel est inspecteur de police pour le comté de Surrey. Il paraît qu'en conséquence de la résolution d'obtenir du travail, en retirant aux nègres leurs allocations et leurs concessions ordinaires, ceux-ci, étant en général fort mécontents, vinrent tard à l'ouvrage, et rendirent nécessaire, la présence du magistrat spécial, M. Lyon, nouvellement nommé. Il fut appelé, et trouva nécessaire d'ordonner qu'on enfermât plusieurs apprentis dans des maisons de correction (workhouses) de Morant-Bay, pour les faire punir plus lard. Les coupables avaient été placés dans la sucrerie (hoiling house), comme l'endroit le plus sûr, jusqu'à ce qu'on les fît partir pour la prison. Il paraît qu'il existait parmi les nègres un esprit d'animosité et d'ingratitude porté à un haut point, quoiqu'ils aient toujours été bien traités. Un de ceux qui se trouvaient enfermés cria à ceux du dehors, qui leur parlaient par les fenêtres, que, s'ils mettaient le feu à la bagasse, tous les prisonniers pourraient aisément s'échapper. Plusieurs, auquels ceci fut dit, refusèrent de commettre ce crime; et les nègres qui devaient partir pour la prison furent retirés de la fabrique pour être emmenés. Au moment de leur départ, une vieille femme, nommée Christine Mowatt, âgée de soixante-dix ans, et sage-femme de la plantation, s'adressa aux autres nègres, et les conjura de ne point permettre que ses trois enfants partissent pour la prison , disant que c'était la troisième fois qu'on les y envoyait depuis Noël. Elle se servit des expressions les plus violentes et des gestes les plus passionnés. Le seul effet de ces manifestations fut que presque tous les nègres suivirent les officiers de police avec les prisonniers, avec l'intention de les relâcher, ou simplement de les accompagner. Je pense qu'ils voulaient les sauver, s'il s'était présenté une occasion fa-

largement du qu'il y aurait pour eux à se plaindre, et ils usent hebdomadaires droit nouveau qui leur est accordé. Les rapports des p a ces des juges spéciaux donnent de nombreuses preuves Beaucoup de ces que font les apprentis contre leurs directeurs. plaintes sont évidemment frivoles et ne peuvent être approuvées qu en deJe suis cependant heureux de pouvoir affirmer chose j'ai des de tous les obstacles que j'ai rencontrés, l'état ceci, J'ai vient journellement plus satisfaisant. En preuve de extraits de l'honneur de vous envoyer ci-joint des copies et des lettres venant de personnes auxquelles je puis me fier, et qui heu pe ndant font mention de la grande amélioration qui a eu se réconcilier les semaines dernières. Les maîtres commencent à deviennent plus raiapprentis les et le nouveau système, avec sonnablcs. Les nègres se soumettent peu à peu au système repropriétaires. gulier, également avantageux pour eux et pour les arrivée, les maîtres Maintenant que la saison de la récolte est e pour sentiront que leurs intérêts sont trop importants de succès, de manque lés avec légèreté. Leur ruine suivrait leur punition qu'ils ont et toute chance de reprendre le pouvoir de dansas chacun, perdu est passée. Je suis persuadé que suivre, celle d'un térêt, adoptera la seule marche qui reste à système humain mais énergique, qui produira les meilleurs effets attends aie avec beausur l'esprit des apprentis. Dans cet espoir, j présente coup moins de crainte le résultat de la récolte n ai ne le faisais il y a quelques semaines, quoique je aucune certitude à ce sujet.

, troubles à Noël ;

Je n'ai pas la moindre crainte qu'il y ait des mais en même temps je pense qu'il serait utile d'envoyer les détachements ordinaires, qui partiront le 17 et reviendront,

;

je je

ne l'espère, le 10 janvier. Désormais il ne sera plus recourir à une mesure aussi coûteuse.

vorable. Au moment où ils partaient, on entendit crier au feu! et une des cases à bagasse parut en flammes. Par la nature même de cette substance, qui était de la canne sèche et entassée pour être brûlée l'année suivante, une flamme terrible s'ensuivit immédiatement, et bientôt après la seconde case à bagasse prit

4.

feu également. On ne sait si cette dernière fut brûlée par les flammes de la première, ou si l'on y mît le feu exprès. Je crois qu'il n'y avait pas mauvaise intention, du moins cela n'a pas été clairement prouvé. Le seul acte répréhensible dans cette affaire a été qu'aucun des nègres des champs n'a voulu essayer d'éteindre le feu. Les domestiques de la maison et un ou deux des artisans l'ont tenté; mais aucun effort n'a été fait par les constables de la plantation ni par les commandeurs. Au contraire, les nègres coururent tous se cacher clans les champs de cannes, afin d'empêcher qu'on ne les forçât à donner leur concours, et se mirent à crier pendant l'incendie. Pendant une semaine on n'a pu savoir qui était le coupable, quoique tous les nègres de la plantation fussent présents, ayant été assemblés pour entendre la décision de M. Lyon. Enfin on découvrit que Robert Lewis, un des apprentis de la plantation, excité par un autre, nommé Blake, était le coupable. Il paraît que Blake, un des prisonniers, avait supplié Lewis de le faire', après l'avoir inutilement demandé à plusieurs autres. Je crois que deux autres prisonniers y avaient eu part, mais les magistrats n'ont accusé que Blake et Lewis, qui seront jugés aux assises pro-

production

ne conespère que le déficit dans la arrangements plusieurs tinuera pas; il annonce la conclusion de une < entre les maîtres et les apprentis. — Extrait d LE GOUVERNEUR

marquis de Sligo à M. Spring-Rice

1834. 13 décembre sur la conJe vous envoie quelques rapports de magistrats et quoique je duite des nègres. Ces rapports sont satisfaisants, la ne sois point tout à fait rassuré, quant a manière dont les après noirs se remettront à l'ouvrage le 29 de ce mois, les vane puisse remécances, je ne crains aucun désordre auquel on L'apparence dier par quelques exemples de punition. de la réannée, et s'il y a coite n'a jamais été plus favorable que cette pendant la récolte eu quelque déficit dans le travail des nègres prochaine. réparé l'année sera déficit ce que précédente, j'espère peu de temps ; mais J'en avais une fort mauvaise opinion il y a spéciaux, depuis quinze par suite des mesures actives des juges En arrangement. somme, jours plusieurs propriétés ont pris des salisfai les noirs ont prouvé qu il est facile de les des salaires.

chaines, et Chrétienne Mowatt comme complice.

5. 3.

PLAINTES fréquentes et exagérées de la part des apprentis.— Espoir que le sentiment de leur propre intérêt ramènera les maîtres à des dispositions conciliatrices. — Extrait d'une dépêche du marquis

acceptent le travail moyennant salaire. — Extrait comte d'Aborde n. d'une dépêche du marquis de Sligo au

LES NOIRS

Vega). Kings' House (Saint-Yago de la 835. 6 mars 1

de Sligo à M. le secrétaire Spring-Rice. King's House, 9 décembre 1834. Les nègres ont maintenant perdu toute crainte du danger

île, est très-satisfaisant. L'état présent des choses, dans cette interrompues par les grandes Les récoltes du Nord ont été arrêter les moulinstnadep pluies, qui ont forcé les directeurs à


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. IX. EFFETS GÉNÉRAUX DE L'APPRENTISSAGE, ETC. une semaine, et quelquefois pendant dix jours ; mais, quant à ce qui regarde le travail des nègres, excepté le dimanche, on peut obtenir autant d'ouvrage que l'on en veut, moyennant salaire.

6.

LES APPRENTIS continuent de travailler moyennant salaire. — Ils s'attendent à voir abréger le temps de l'apprentissage. — Extrait d'une dépêche du marguis de Sligo à lord Glenelg.

Highgate (Jamaïque),

18

juillet 1835.

Voici le sommaire des rapports que j'ai déjà reçus. Sur 296 plantations ou propriétés, les apprentis ont consenti, sans hésiter, ou ont fini par consentir à céder, moyennant salaire, leur temps disponible; beaucoup ont refusé d'abord, mais tous ceux portés dans l'état précité se sont donnés en location, lorsqu'on le leur a proposé. Aucun de ceux qui y ont une fois consenti ne s'est rétracté, si toutefois on les a bien traités et surtout si on les a soldés régulièrement, ce qui n'a pas toujours eu lieu. Les mêmes états constatent que, sur 98 plantations, on n'a pas proposé de louer le temps disponible des apprentis, et que, sur 22, ceux-ci ont obstinément refusé les offres de salaire qu'on leur a faites. On peut attribuer ce refus à divers motifs : d'abord manque de confiance dans leurs maîtres-, car je connais deux plantations qui se touchent et dont les nègres ont toujours refusé de travailler pour le compte de leurs propres maîtres, mais se sont donnés en location aux maîtres de la plantation voisine. Dans un temps, on leur a fait croire que louer leurs moments disponibles n'était que prolonger la durée de l'esclavage. On est parvenu à leur faire entendre raison à cet égard. Mais cependant je crois fermement que si celte idée domine encore sur certaines plantalions , dont elle a toujours le grave inconvénient d'indisposer les apprentis, il faut l'attribuer uniquement à cette ignorance où l'on a laissé les nègres. Ceux qui ont ainsi négligé de les éclairer recueillent maintenant le fruit de leur faute antérieure. Je crois pouvoir assurer que l'usage de louer le temps disponible des nègres pourra bien être aboli par les géreurs euxmêmes. La plupart des marchés ont été faits, du reste, pour le temps de la récolte ; car le travail extra n'est en général nécessaire qu'à cotte époque. J'ai oui dire que beaucoup de géreurs , à cause de la facilité avec laquelle s'est faite la récolle de cette année et du contentement que les nègres ont semblé exprimer au sujet de leur salaire, avaient résolu de ne pas leur faire dorénavant de conditions aussi avantageuses. De plus, m'a-t-on dit, ils ont l'intention de faire tous leurs efforts pour obtenir le travail des enfants qui ont atteint l'âge de six ans depuis le 1" août, soit en leur donnant les allocations d'autrefois, soit par d'autres moyens, mais toutefois sans rétribution pécuniaire. C'est là un expédient peu sage, pour deux raisons : la première, c'est que ce travail n'est d'aucune valeur, quand même ils l'obtiendraient ; la seconde, c'est que les parents, à cause des supercheries et de l'oppression dont ils ont si souvent été dupes, soupçonneront tout naturellement que cette offre se rattache à quelque projet de prolongation de l' apprentissage. Je crains qu'il n'en résulte, chez les adultes, une répugnance à louer leur temps; mais d'un autre côté leur avidité croissante et leur désir de se procurer des choses de luxe, 1

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les empêchera de renoncer au plaisir de toucher un salaire en argent, condition dont ils ont déjà éprouvé les avantages. Sur ce qui m'est revenu de certaines dispositions des apprentis , à s'imaginer qu'ils devaient tous être, libérés de l'apprentissage au 1er août, à cause, sans doute, de la libération immédiate des noirs des Caymans et des Maroons, j'ai dû expédier une circulaire aux juges spéciaux pour leur demander des renseignements à cet égard Quelques-uns ne m'ont pas encore répondu ; mais ceux qui m'ont écrit m'assurent que ces bruits, pour ce qui est de leurs districts respectifs du moins, sont sans fondement. D'après ce que j'avais ouï dire , je croyais que, dans la paroisse de Saint-David, cette idée dominait chez les apprentis. J'y envoyai l'inspecteur général Ramsay pour s'en informer. Comme son rapport a confirmé mes craintes, en m'anonçant que la police même s'inquiétait, j'ai ordonné de suite que toute la division de police fût changée et que les hommes en fussent répartis dans d'autres districts, je les ai fait remplacer par d'autres hommes résolus. J'ai ordonné aussi qu'on envoyât trente hommes de plus si c'était possible, car la maladie épidémique en a beaucoup diminué le nombre. Enfin j'ai aussi dirigé sur ce district une compagnie de ligne, et j'ai lieu d'espérer que le déploiement d'une force aussi imposante, dans le seul district où ces craintes sont fondées, éteindra immédiatement la fermentation , si elle existe, en montrant aux apprentis les préparatifs que j'ai faits pour la comprimer, et empêchera en outre qu'elle n'éclate dans d'autres localités où elle couve peut-être. J'ose croire que ces dispositions seront approuvées par vous.

7.

générale de la Jamaïque au 16 octobre 1839. —Copie d'une dépêche de l'honorable sir C. J. Metcalfe au marquis de Normanby. 1

SITUATION

King's House,

16

octobre 1839.

Je vais faire connaître à votre seigneurie les idées que j'entretiens sur l'état de cette île. En raison du peu d'expérience que je puis avoir acquis depuis mon arrivée, ces idées ne sont sans doute pas de grand poids; cependant je crois qu'il est de mon devoir de les exposer. 1. Quand la liberté des esclaves fut proclamée, la grande question qui agita l'île fut de savoir à quelles conditions le travail libre pourrait s'obtenir pour la culture des plantations à sucre, qui ont, jusqu'à présent, été la principale source de la richesse de la Jamaïque. Il devint naturellement de l'intérêt des propriétaires d'obtenir le travail au meilleur marché possible, tandis que l'intérêt de la population ouvrière fut de le vendre le plus cher possible; par conséquent une lutte a commencé, dans cette intention, entre les deux partis. 2. L'habitude qui a prévalu, pendant l'esclavage, d'accorder aux laboureurs des terres, d'où ils tiraient des moyens d'existence pour eux et pour leurs familles, leur a donné un grand avantage, quand ils obtinrent leur liberté; car ces terrains leur fournirent les moyens d'attendre, et, demeurant indépendants et hors des atteintes du besoin, ils purent faire leurs conditions. 3. Les propriétaires ne pouvaient pas attendre avec la même sûrêté; car le manque de travail sur leurs propriétés dans certaines saisons de l' année aurait été ruineux. Jusqu'à présent, les salaires ont été fixés plutôt selon la volonté du laboureur

Sir Charles Metcalfe est venu prendre le gouvernement de la Jamaïque quelques semaines après mon départ de cette colonie. Le rapport que j'ai adressé à M. le contre-amiral comte de Mogcs, sur la situation de l'île à cette époque (voir aux annexes de la première partie du Rapport, tome I, page 7), offre plusieurs points de concordance avec les jugements portés par le nouveau gouverneur. Je prends la liberté de signaler cette concordance à l'attention des lecteurs, parce que l'on m'a quelquefois accusé de partialité en faveur des noirs, et que Sir Charles Metcalfe est de tous les gouverneurs de la Jamaïque, depuis l'émancipation, celui qui est considéré comme ayant été le plus favorable aux intérêts des planteurs. *


464 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES.—IIePARTIE. que selon colle de son maître; et ceci continuera d'avoir lieu jusqu a ce qu' une grande augmentation de la population ouvrière rende le travail meilleur marché, ou jusqu'à ce que les laboureurs dépendent davantage de leur travail, ou jusqu'à ce qu'un grand nombre de propriétés ne soient plus en culture, à cause de l'impossibilité d'en supporter la dépense, ce qui produira le même effet qu'une augmentation dans la population ouvrière. 4. On doit espérer qu'il n'y aura que peu de propriétés qui seront totalement ruinées; mais l'on peut affirmer que cela aura lieu dans quelques cas. Les propriétaires les plus pauvres, accoutumés à payer le travail par la concession des terrains de provisions, avec très-peu de dépense en argent, trouveront qu'il sera difficile, sinon impossible, de payer des laboureurs à la journée ou à la semaine, et cela sans certitude d'obtenir du travail quand ils en auront le plus besoin, car les laboureurs évitent de contracter des engagements. 5. Les laboureurs, dans quelques parties du pays, travaillent seulement pendant quatre jours de la semaine, et prennent le vendredi et le samedi pour cultiver leurs terrains. Comme il arrive souvent que la meilleure saison pour la culture de leurs terrains est aussi celle qui conviendrait aux terres de leurs maîtres, il ne faut point s'étonner qu'ils préfèrent leurs propres intérêts, puisqu'ils exercent leur droit de travailler ou de ne pas travailler. On m'a dit qu'il est souvent nécessaire de payer trèscber, afin de se procurer du travail le vendredi et le samedi, ou aux moments critiques de la récolte. 6. Pour ces raisons, il est certain qu'il y a déjà eu et qu'il y aura encore de grandes pertes dans plusieurs de ces plantations, et principalement dans les plantations à sucre, où le travail continu est presque indipensable. Ceci n'est point aussi fréquent dans les plantations de café. J'ai vu des rapports qui prouvaient que la culture des propriétés par le travail libre revient à meilleur marché que durant l'esclavage et l'apprentissage, résultat qu'il serait très-heureux de voir généralement constaté. 7. Comme contre-poids au pouvoir des laboureurs sur les salaires, les propriétaires ont celui de demander un loyer poulies maisons et les terrains occupés par les laboureurs, et ce droit est souvent exercé pour contre-balancer, autant que possible, le payement des salaires, sans égard à la valeur réelle de la maison et des terrains. Ainsi, dans bien des cas, le loyer d'une maison est fixé, non en proportion de la valeur de la maison, mais selon le nombre de ses habitants. Les contestations rela-

pas disposé à les chasser, mais il cherche, au moyen de l'allocation gratuite de leurs maisons et de leurs terrains, à se les attacher avec le moins de dépense possible. L'on sent aussi que l'expulsion, si on la mettait généralement en pratique, serait dure et cruelle, et que cela pourrait pousser la population ouvrière au désespoir. Les noirs sont particulièrement attachés à ces possessions. Dernièrement un grand nombre d'entre eux ont acheté des armes à feu. Tandis qu'un parti est d'opinion que ces achats ne proviennent que de leur amour pour la chasse, l'autre affirme que c'est évidemment pour la défense de leurs maisons et de leurs terrains. 10. Quelquefois les laboureurs ont acheté de petits lots de terrain, et sont ainsi devenus propriétaires. Je serais bien aise que cette habitude fût générale; elle mettrait fin aux causes d'irritation, qui existeront aussi longtemps qu'ils conserveront leurs cases et leurs jardins sans redevance fixe. Quand les noirs sont tenanciers sur les propriétés des autres, ils désirent obtenir des baux pour leurs terrains. Les propriétaires consentiraient volontiers à leur accorder ces baux, si les laboureurs voulaient seulement contracter des engagements de travail pendant toute la durée du bail; mais ces derniers ont une aversion pour toute espèce de contrats en ce qui concerne le travail, et, à leur tour, les propriétaires ou leurs représentants ne veulent pas renoncer sans compensation à la mainmise qu'ils croient avoir sur le laboureur, en le retenant comme tenancier à volonté. 11. Je n aperçois aucun autre remède à cet étal de choses que celui que pourront y apporter le temps et un sentiment mutuel d'intérêt. Je pense que la loi ne peut avoir ici qu'une action très-restreinte, et qu il sera plus prudent de laisser les choses suivre leur cours ordinaire. Si l'on rend une justice impartiale aux deux partis, il faut espérer qu'ils finiront par s'entendre entre eux. 12. En essayant de caractériser ainsi les rapports qui existent actuellement entre les propriétaires et les laboureurs, je n'entends m exprimer qu'en termes généraux. Il y a, sans doute, do nombreuses exceptions que je connaîtrai mieux plus tard. 13. Cette lutte naturelle entre les propriétaires et les laboureurs a excité la discorde et la violence entre d'autres classes do la société. Les missionnaires baptistes se sont rendus particulièrement odieux aux propriétaires par les conseils qu'ils sont supposés avoir donné aux laboureurs.

tives aux loyers et aux salaires entretiennent beaucoup d'irritation et de litiges, mais il faut espérer qu'avec le temps tout cela s'arrangera sur des bases d'intérêt mutuel.

Il paraît très-possible que l'intervention d'un troisième parti qui se trouve placé immédiatement entre les' deux principaux, et qui est venu prêter son appui à l'un d'eux, ait empêché un

8. S'agit-il de décider de quel côté sont les plus grands torts dans ces différends ? Il est très-difficile d'arriver à la vérité. Si je croyais aveuglément quelques rapports officiels que j'ai reçus, j'en devrais conclure que, chaque fois que les choses vont mal dans une plantation, le directeur seul doit être à blâmer,

arrangement favorable pour l'autre parti, ou au moins égal pour tous les deux; et il est tout à fait naturel que les propriétaires se soient opposés énergiquement à cette intervention dans une affaire aussi importante pour leurs intérêts. Cette intervention peut aussi avoir opéré comme cause de méfiance et de ressentiment entre les parties intéressées, ce qui est un mal sérieux;

et que les laboureurs ne'sont jamais déraisonnables; tandis que, d autre part, je reçois des rapports totalement différents. J'en conclus que la vérité existe probablement entre les deux extrêmes, et que la patience des deux parties est quelquefois mise a l'épreuve. Sans doute les dispositions morales du directeur sont un fait principal. 9. Le remède évident contre le pouvoir que possède le laboureur, pour faire la loi en matière de salaires, étant de lui ôter son terrain, ce que le propriétaire a le droit de faire, l'on peut demander pourquoi l'exercice de ce droit n'a point lieu. Les exemples d'expulsion ont été comparativement rares. Il y a plusieurs raisons pour cela : d'abord le propriétaire ou le directeur s'attache toujours à l'idée que les tenanciers de sa propriété continueront à travailler exclusivement pour lui, H n'est donc

mais, en même temps, il était naturel que les laboureurs demandassent l'avis des pasteurs et des ministres qui avaient montré un grand zèle pour leur cause, qui les avaient enlevés à l'ignorance et à la superstition, et qui leur avaient ouvert la voie aux bienfaits du christianisme. Il était assez naturel aussi que, dans ces circonstances, on leur donnât des avis. Il se peut encore (pie, sans les conseils et l'appui des missionnaires, la population libérée se fût moins bien comportée à l'égard des anciens maîtres. Quand on considère ce qui aurait pu arriver sans l'influence des ministres sur leurs diverses congrégations, il n'est point facile de faire une part équitable à l'influence des missionnaires. Toutefois il semble démontré que la conduite des baptistes a été différente de celle de tous les autres missionnaires; car je n'entends aucun reproche contre les wesleyens, les moraves, les


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. IX. EFFETS GÉNÉRAUX DE L'APPRENTISSAGE, ETC. 465 presbytériens ou les ministres de l'église anglicane. Les baptistes seuls sont devenus parti politique, et se sont montrés opposés aux intérêts des propriétaires. D'après l'esprit de parti qu'ils ont excité, on peut présumer qu'ils ont plus d'influence que toute autre secte dans l'île. Us se préparent, m'a-t-on dit, à influencer les élections, à la première dissolution de l'assemblée. A celte époque, la partie de la population émancipée qui payera le cens légal aura le droit de voter. 14. Si le pouvoir politique exercé par les baptistes est un mal (et je suis porté à croire qu'en général c'est un mal chaque fois que les ministres de la religion se détournent de leurs fonctions religieuses pour prendre part aux discussions des partis politiques), ce mal n'admet point de remède pour le présent. Ou leur influence diminuera, parce que leurs disciples ne vou-

très-fâcheux de voir ainsi une magistrature divisée en deux camps opposés, comme a été la magistrature de la Jamaïque pendant toute la durée de l'apprentissage. L'un de ces partis causait de la méfiance au Gouvernement et au peuple, et l'autre en causait à la classe des propriétaires. Ce sujet demande une attention sérieuse de ma part, mais je n'y vois pas pour le moment de remède. J'apprends que la législature locale serait assez disposée à former des cours de justice, où l'on mettrait des personnes instruites dans les lois et libres de tout intérêt particulier ; on leur donnerait des émoluments convenables. S'il était possible d'arriver à un arrangement de cette espèce, par lequel le peuple obtiendrait une distribution impartiale de la justice, et qui fût en même temps agréable aux propriétaires du sol, je pense qu'il serait bien de l'encourager.

dront pas payer ce qu'il faudra pour le soutien de leur établissement religieux; ou elle augmentera par l'activité des baptistes à attirer d'autres prosélytes. Dans le dernier cas, leur influence sera un mal ou un bien pour le pays, suivant l'esprit qui les animera. En résumé, quoique la conduite des autres mission-

17 J'espère que rien de ce que j'ai dit ne pourra être considéré comme déversant le blâme sur les magistrats salariés. Ils se sont trouvés placés dans une position très-délicate et très-difficile,

naires, qui se renferment dans l'exercice de leurs devoirs religieux, et qui s'abstiennent de se mêler aux luttes politiques, me paraisse plus méritoire et plus utile au pays que celle des baptistes, cependant, si le bien et le mal que font ces derniers étaient

et d'une stricte impartialité, mais aussi d'un tact, d'une bonté de caractère et d'une discrétion extraordinaires. On ne pouvait s'attendre à ce que tous ces magistrats remplissent de pareilles conditions. Les uns se sont conduits admirablement, et ont ap-

équitablement appréciés, je pense que le bien l'emporterait.

paremment donné satisfaction à toutes les classes de la société. Si d'autres ont été détournés du but de leur mission, c'était une erreur assez naturelle ; je ne suppose point qu'en aucun cas ils aient voulu commettre d'injustice. Je n'ai aucune raison d'être

15. La conduite de la population ouvrière, en général, est représentée par les magistrats, dont les Rapports sont les sources les plus fécondes d'information officielle que possède le Gouvernement, comme étant irréprochables, et je ne vois aucune raison de douter de la vérité de leur témoignage. Des exemples d'une nature différente me sont tombés sous les yeux depuis mon arrivée; mais j'espère que ce sont des exceptions à la règle générale. L'état généralement paisible du pays, qui est sans police, est une grande preuve des bonnes dispositions des habitants. Cependant les dispositions morales qui se sont développées chez les noirs, dans la transition de l'esclavage à la liberté, tiennent plutôt à l'esprit d'indépendance personnelle. Je pense qu'ils sont aussi difficiles à gouverner qu'aucune autre population ouvrière dans le monde. Ils sont aussi, quant à ce que je puis voir, heureux et satisfaits. Dans mon voisinage surtout, ils sont assez polis, et ils semblent contents que l'on s'occupe d'eux. 16. A peu d'exceptions près, les magistrats salariés sont une classe devenue odieuse aux propriétaires. Ceci n'est point surprenant. Autrefois, la magistrature locale se composait entièrement des propriétaires ou de leurs représentants; ils remplissaient leurs fonctions gratuitement. Les juges spéciaux ou les magistrats salariés furent introduits parmi eux exprès pour protéger les apprentis, et avec un pouvoir spécial à cet effet. Leurs services ont été continués dans des vues semblables à l'égard des laboureurs libres. Ces arrangements étaient, sans doute, nécessaires. Il n'était pas possible de confier la distribution de la justice à ceux qui étaient eux-mêmes aussi directement intéressés dans les questions qui pouvaient leur être soumises. Cependant l'établissement de magistrats salariés fut extrêmement désagréable aux propriétaires. Ce mal fut aggravé, en grande partie, par l'inexpérience et l'incapacité de quelques-uns de ces magistrats. D'ailleurs un grand nombre d'entre eux se détournèrent du but dans lequel ils étaient nommés, et se regardèrent plutôt comme les protecteurs des laboureurs, que comme les dispensateurs d'une justice égale pour tous les partis. Les laboureurs ayant appris quel était le but de la nomination des juges salariés, ont tourné les yeux exclusivement vers eux pour obtenir justice, et ces derniers, agissant sous la direction immédiate du gouverneur, et lui mettant continuellement sous les yeux des exemples d'oppression de la part des propriétaires ou de leurs agents, excitaient des sentiments d'animadversion. C'est quelque chose de II.

une position qui demandait que tout individu qui l'occuperait fût doué non-seulement d'une connaissance profonde de la loi

mécontent de la conduite des magistrats salariés en général, quant à ce que j'ai pu observer de leur conduite. 18. Votre seigneurie sait, sans doute, que la législature doit s'assembler le 22 du courant. J'ai été informé que la Chambre des représentants se réunira dans de bonnes dispositions. Signé

B.

RÉSULTATS

C.

J.

METCALFE.

d'une enquête sur les premiers effets de

l'apprentissage, et rapports des commissions nommées par la législature locale. 1.

INTERROGATOIRE

de

M.

Shirley. Octobre 1834.

D. N'êtes-vous point propriétaire de plusieurs plantations dans cette île ? R. Oui, de Hyde-Hall et d'Ellingdon, dans Trelawney, sur lesquelles il y a de six cents à sept cents apprentis. D. Quelle expérience avez-vous acquise dans la direction des plantations ? R. La seule que puisse m'avoir donnée une résidence presque

continuelle sur mes plantations, depuis le mois de mars dernier. J'ai depuis ce moment dirigé toute mon attention sur la conduite générale de la plantation et sur tout ce qui concerne les intérêts des nègres qui y sont attachés. D. Quelle est votre opinion quant au système établi par l'acte d'abolition ? Il me paraît insuffisant à l'égard du produit des plantations en général. R.

D. R.

Quel motif avez-vous de penser ainsi ? L'insuffisance du temps de travail.

D. Les apprentis font-ils maintenant, selon vous, une portion suffisante et raisonnable de travail pendant le temps requis par la loi ?

R. Certainement : ils travaillent même avec gaieté et bonne volonté. Parles dernières nouvelles que j'ai eues, mes économes

3o


466

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

m'ont écrit que les apprentis des deux plantations se conduisaient de la manière la plus exemplaire. D. De la manière dont vous faites travailler maintenant, combien de personnes par arpent vous faut-il pour sarcler les cannes et disposer les terres ? R. Je ne sais pas quel est le nombre nécessaire pour disposer les terres (to give the bank); mais, à l'égard du sarclage, je puis répondre qu'à Ellingdon l'ouvrage n'a pas dernièrement exigé plus de cinq personnes par arpent. En preuve de ce fait, je vous dirai qu'un samedi dix-neuf apprentis du grand atelier ont défriché quatre arpents et demi, travaillant toute la jour née moyennant salaire. A Hyde-Hall, où le terrain présente beaucoup plus de

difficulté, mes derniers rapports m'ont informé que huit personnes avaient défriché un arpent par jour; mais je pense que c'est le minimum. En général, sur cette propriété, l'ouvrage a exigé un nombre de huit à douze personnes par arpent. D. Trouvez-vous que l'ouvrage soit aussi avancé qu'il l'était anciennement à celte époque de l'année ? R. Quoique je ne fusse pas à la Jamaïque les années précé dentes, je puis certainement affirmer, parce que je l'ai appris, qu'il n'en est pas ainsi ; mais cela vient des mauvaises saisons que nous avons eues dans Trelawney, et de l'impossibilité, pendant la dernière récolte, de louer assez de nègres, à Hyde-Hall, pour tenir le champ propre, tandis que l'on enlevait la récolle. À Ellingdon, où le sol est plus léger, les champs de cannes sont à peu près dans leur état ordinaire. Je dois dire qu'à Hyde-Hall le nombre de nègres employés aux champs a été diminué, parce que j'en ai retiré plusieurs des premiers et des seconds ateliers pour leur faire conduire les charrues. D. Pouvez-vous continuer la culture de la même quantité de cannes, et pensez-vous qu'il soit possible de le faire pendant le système d'apprentissage? R. Je compte cultiver la même quantité de terres que les années précédentes, et je m'efforcerai de tenir bon, jusqu'à la fin du système d'apprentissage, ce que je crois possible de faire, dans les circonstances où je me trouve placé : j'entends parler de la bonne volonté des nègres et de la facilité avec laquelle ils travaillent, moyennant salaire, quand on le leur demande. D. Avez-vous trouvé les apprentis disposés à travailler, moyennant salaire , et dites-nous jusqu'à quel point ? R. Les apprentis sont payés de la manière suivante pour cha-

que jour de travail ; Suivant l'ancien système la journée commence avec le jour et finit avec le coucher du soleil, avec les intervalles ordinaires pour le déjeuner et le dîner ; au grand atelier, 2 schellings 6 deniers 1 ; au second , 1 schelling 3 deniers, et au troisième 5 deniers; mais il faut se rappeler que, quant aux allocations en nature, je me conforme rigoureusement à la loi. D. Quels sont les arrangements que vous faites avec les apprentis, quant aux heures légales et au travail extraordinaire pour lequel vous les louez?

question, quand je considère combien la mouture de la canné et la cuisson du veson sont des opérations annexes. J'ai acheté un grand nombre de mulets cette année afin d'accélérer les opérations du jour, et pour avoir du travail au moulin pendant la nuit. J'ai calculé de celte manière et l'on m'a informé que dixhuit heures, sur les vingt-quatre , suffisent ; mais il faut que cela ait lieu pendant six jours de la semaine.

2.

INTERROGATOIRE

de M. Charles Smith.

Octobre 1834. D. Avez-vous des propriétés sous votre direction ? R. Je dirige six plantations de sucre et sept propriétés de pi-

mento dans Sainte-Anne et Sainte-Dorothée, mais principalement dans cette dernière paroisse. D. Quel est le nombre de laboureurs apprentis que vous avez sous vos ordres ? R. Entre (rois et quatre mille. D. Que pensez-vous du nouveau système de travail, d'après l'expérience que vous en avez acquise ? R. Je trouve qu'il réussit fort mal. D. Pensez-vous qu'il y ait eu quelque répugnance de la part des directeurs à adopter le nouveau système sans partialité? R. Aucune; chaque propriétaire que je connais a fait tout son possible pour s'y conformer avec impartialité. D. Savez-vous si quelques-uns des directeurs ou propriétaires ont, directement ou indirectement, apporté des obstacles aux magistrats dans 1 exécution de leur devoir sous la nouvelle loi? R. Pas du tout.

D. Les apprentis font-ils maintenant, pendant le temps fixé par la loi, une quantité d'ouvrage juste et raisonnable? R. Quant à ce qui me regarde, ils ne l'ont maintenant que le tiers de ce qu'ils faisaient sous l'ancien système. D. Quell e est la disposition générale des apprentis ? Sont-ils

obéissants et soumis envers leurs directeurs ? R. Non; ils sont au contraire très-impertinents quand on trouve à redire au peu d'ouvrage qu'ils font. Dans bien des cas, ils ont dit aux directeurs qu'on ne pouvait pas les forcer à travailler, et qu'ils ne feraient pas mieux. D. Avez-vous trouvé les apprentis disposés à travailler, moyennant salaire, à leurs heures libres ? R. Ils ont absolument refusé de travailler, en dépit de tout ce qu on leur a offert. Durant la dernière récolte de pimente, on leur a souvent offert une piastre par baril pour le piment vert, et ils ont souvent refusé, surtout sur les plantations de leurs propriétaires. En conséquence de ce refus, je suis certain que, sur plusieurs plantations, un tiers de la récolte a été perdue, et dans quelques cas même la moitié. D Vous venez de parler de leur refus de travailler à leurs heures libres: quelle quantité de pimento cueillaient-ils anciennement dans leur journée , et quelle quantité ont-ils cueillie cette

R. Les nègres travaillent pour moi suivant la loi, c'est-à-dire pendant quarante heures et demie par semaine, les lundi, mardi, mercredi et jeudi. Le vendredi, qui est leur jour libre, à peu d'exceptions près, ils travaillent tous, moyennant salaire. Ceci n arrive pas en général le samedi. Je vois ainsi se réaliser ce que j attendais, en divisant le temps comme je l'ai fait, afin qu ils puissent gagner de l'argent dans leurs jours libres.

R. Sur quelques plantations ils n'ont cueilli que la moitié, et sur d'autres pas un tiers de la quantité qu'ils cueillaient anciennement pendant leur journée.

1 août ?

D. Au prix d'une piastre par baril que vous avez offert pour

D. A-t-on fait du sucre dans votre plantation depuis le R. Non.

er

D. Pendant combien d'heures, sur les vingt-quatre , pensez-

vous qu il soit nécessaire qu une fabrique de sucre soit tenue en activité constante, afin que la récolte soit enlevée ? R. Mon expérience ne me permet point de répondre à cette 1

Monnaie locale.

saison ?

cueillir du pimento, combien un laboureur actif aurait-il pu gagner par jour ? R. Cinq schellings. D. A-t-on fait du sucre dans quelques-unes des propriétés qui sont sous votre direction, depuis le 1 août ? er


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. IX. EFFETS GÉNÉRAUX DE L'APPRENTISSAGE, ETC. 467 Oui, Ion a fait du sucre dans quatre des propriétés placées

R.

D. Pourrez-vous continuer à cultiver la même quantité de cannes pendant la durée de l'apprentissage ? R. Certainement, car j'ai eu l'habitude de donner le samedi, pendant la récolte et hors de la récolte, sur la propriété de Wild-

sous ma direction. D. Quelle quantité d'heures vous a-t-il été possible de tenir la fabrique en activité sur les vingt-quatre ? R. Neuf heures.

man.

D. Croyez-vous que ce temps soit suffisant?

R. Non certainement. J'ai offert de l'argent aux apprentis pour exprimer une certaine quantité de jus. Leur réponse a été qu'ils ne voulaient point du tout travailler dans leurs heures libres. Nous ne faisons maintenant que huit barriques de sucre par semaine, et nous en faisions anciennement vingt-huit. Quel nombre d'heures, sur vingt-quatre, pensez-vous qu'il soit nécessaire qu'une fabrique de sucre soit tenue en activité D.

D. Croyez-vous que la réduction du travail à quarante heures et demie par semaine fasse diminuer les produits ? R. Pas beaucoup sur les plantations que je régis. D. Quelle est la disposition générale des nègres; sont-ils obéissants et soumis ? R. Je n'ai rien su qui fasse supposer le contraire, et je n'ai entendu parler que de quelques apprentis qui ont été menés devant le juge spécial.

constante pour que l'on puisse enlever la récolte?

D. Avez-vous trouvé des apprentis disposés à travailler moyen

Il faudrait dix-neuf heures sur les vingt-quatre pendant cinq jours de la semaine. R.

nant salaire à leurs heures libres ?

D.

laboureurs apprentis pour les faire travailler à leurs heures li-

R. Dans un cas, ils ont refusé : au commencement du mois de septembre, à Salt-Savannah, quand je leur offris 1 schelling 8 deniers pour leurs deux demi-vendredis ; ils m'ont ré-

bres ?

pondu que cela n'était pas assez. A Papine, ils ont creusé des

Quels salaires pensez-vous que l'on devrait payer aux

deniers par jour

trous à 2 schellings 6 deniers par jour; et l'inspecteur m'écrit

serait amplement suffisante pour six heures de travail de nuit,

que, pour cette somme, ils ont creusé cent trente trous dans une

pourvu que les ouvriers voulussent travailler comme anciennement. Mais je pense qu'il serait mieux de les payer à la tâche, par

journée. A Dundee, dans Trelawney, les nègres en masse ont

exemple au prix de 15 schellings environ pour chaque cuve de

vailler dix heures par jour, afin qu'ils pussent se louer à la plan

jus de cinq cents gallons (à peu près deux mille litres).

tation , le vendredi, ce qu'ils font à raison de

Je pense que la somme de

R.

1

schelling

8

1

Croyez-vous que les 15 schellings suffiraient aussi pour

D.

ceux qui seraient dans la sucrerie (boiling-house )?

R. Certainement, jusqu'à ce que le moulin fût arrêté. Je donnerais alors aux chauffeurs et autres ouvriers de la sucrerie 5 deniers chacun pour faire cuire le reste du veson. D.

Pensez-vous qu'il soit possible de continuer la culture et la

fabrication du sucre dans les circonstances présentes ?

R. Certainement non. Les propriétaires n'y trouveront pas avantage. D. En considérant l'état présent du pays, quels sont les règlements que vous croyez nécessaires pour assurer la tranquillité de la société et la culture des propriétés ?

qu'aux magistrats salariés. Il faudrait aussi que la police des différentes paroisses stationnât dans les parties les plus peuplées, pour être prête à agir promptement en cas de nécessité. Je conseillerais également qu'une partie de la police fût mise à cheval.

INTERROGATOIRE

de M. Farquharson. Octobre 1834-

D.

Combien de propriétés dirigez-vous ?

J'ai une propriété à Vere, une autre à Clarendon, une dans Saint-Andrew, une à Trelawney, trois enclos à Sainte-EliR.

sabeth, et une petite plantation de café qui m'appartient dans la même paroisse. D.

Combien avez-vous de laboureurs apprentis sous vos or-

dres? R.

A peu près onze cents.

D. Que pensez-vous du succès du nouveau système de travail, établi par l'acte d'abolition ?

Quant à ce qui me concerne, je ne vois aucun changement dans le travail; il est ce qu'il était auparavant. R.

Trouvez-vous que le travail de la plantation soit aussi avancé qu'il l'était ordinairement à cette époque de l'année ? D.

R.

1

Oui.

2

schellings 1 de-

nier par jour; ils travaillent la demi-heure extra, ce jour-là, afin de compléter les quarante heures et demie par semaine. Je leur ai accordé ce qu'ils demandaient, et je suis convenu de leur payer 2

schellings 6 deniers pour cent trous. S'ils en creusent plus de

quatre-vingt dix par jour pendant les quatre jours, on leur payera le surplus au même prix. Je me suis aussi arrangé avec eux pour qu'ils travaillent à leurs heures libres, à 5 deniers pour deux heures. Dans ma propriété de Sainte-Elisabeth, quand je le désire, ils travaillent pour 1 schelling 8 deniers par jour de neuf heures. D. Dans votre propriété à Papine, dont vous avez parlé, la terre avait-elle d'abord été ouverte par la charrue? R. J'c ne sais ; l'inspecteur ne le dit pas.

Il sera impossible de remplir ces deux buts, à moins de donner aux magistrats civils à peu près les mêmes pouvoirs R.

3.

chargé l'inspecteur de m'écrire pour me prier de les laisser tra-

D. Quelle est la proportion des laboureurs occupés à ce travail sur cette plantation? R. Trente-deux ouvriers sur cent trente-cinq travaillaient aux trous de cannes, à raison de 2 schellings 6 deniers pour cent trous. D. Quel nombre

d'arpents avez-vous fait ouvrir, sur vos

plantations, par les apprentis dans leur temps libre? R. Nous ne faisons que de commencer. A Salt-Savannah, les trous à cannes sont faits avec la charrue : nous avons ouvert quatorze arpents en neuf jours, et l'inspecteur m'a écrit qu'il faisait aussi bien avec la charrue qu'avec les nègres. D. Y a-t-il quelques nègres qui fassent, dans un jour, quatrevingt-dix trous à cannes? R. Il n'y a que quelques jours que j'ai fait le marché. D. A-t-on fait du sucre sur quelques-unes des plantations, sous vos ordres, depuis le 1er août? R. Non. D. La récolte d'une plantation de sucre peut-elle être enlevée, et l'agriculture peut-elle être continuée par des laboureurs qui ne travailleront que quarante heures et demie dans la semaine ? R. Non certainement. D. Quel nombre d'heures, sur les vingt-quatre, regardez-vous comme nécessaire dans une fabrique de sucre pour que la récolte puisse être enlevée ? R. A peu près seize heures , en commençant à quatre heures

Monnaie locale.

II.

3o.


468

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. —PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

du malin, en arrêtant le moulin à sept heures et en faisant cuire le veson. D. D'après la connaissance et l'expérience que vous avez des nègres, croyez-vous qu'ils consentiront à donner ce nombre d'heures de travail à un prix que vos profits vous permettront de leur payer? R. Oui. Je ne parle que de ceux qui sont sous mes ordres. D. Quel serait, selon vous, le salaire juste et raisonnable à donner aux laboureurs apprentis pour le travail qu'ils feraient à leurs heures libres ? R. A raison de 5 deniers pour deux heures.

sept ans de plus. Je leur répondis qu'ils avaient été mal informés ; mais ils refusèrent encore d'entrer en arrangement. Le 4 août, ils allèrent à leur ouvrage et travaillèrent bien. Le 5, comme je passais par là, quelques-uns vinrent à moi et me dirent qu'on les avait informés qu'ils travaillaient contrairement à la loi. Après une assez longue conversation, je leur demandai si jamais je les avais trompés ; ils me répondirent qu'ils étaient persuadés que le maître ne leur ferait pas un mensonge, mais que le maître parlait suivant la loi de la Jamaïque, et qu'ils avaient le droit d'être conduits par la loi de lord Mulgrave. D. Connaissez-vous d'autres exemples en preuve de ce que vous rapportez-là?

D. Pensez-vous qu'il soit nécessaire d'obtenir quelque changement dans la loi, ou de faire nommer un plus grand nombre de magistrats spéciaux pour assurer le succès du système d'apprentissage?

R. Mon économe à Spot-Valley, M. Creaver, m'a informé que les nègres ont bien travaillé pendant la première semaine d'août. Mais que, depuis cela, ils n'avaient fait que fort peu d'ouvrage.

R. La seizième clause ne dit pas clairement quelles sont les allocations que l'on doit leur faire. Si elle le disait clairement,

Dans bien des cas, les nègres ont refusé de travailler moyennant salaire ; et à leur ouvrage ordinaire ils font beaucoup moins qu'ils

il ne pourrait s'élever aucun malentendu entre les magistrats spéciaux, les apprentis et les maîtres. La trente-neuvième clause . n'établit pas clairement s'il est obligatoire pour le propriétaire

ne faisaient autrefois. J'observe aussi qu'après que je leur ai parlé, ils travaillent mieux pendant quelques jours, mais cela ne dure pas. Je ne connais pas d'enfants qui aient été mis en apprentissage.

ou le directeur de relâcher un apprenti qui a été enfermé pendant vingt-quatre heures. Dans quelques cas, le crime commis

D. Savez-vous si, des arrangements justes et raisonnables ayant été proposés par des directeurs de plantations, pour payer aux apprentis leur ouvrage extraordinaire, les nègres ont refusé

par un apprenti peut être d'une nature si sérieuse, qu'il ne serait pas prudent de relâcher le criminel avant l'arrivée d'un magistrat spécial. La soixante-troisième clause pourvoit à la punition des offenses commises par des esclaves, avant le 1er août, mais non par des personnes libres. L'acte ne s'occupe point de l'éducation et de l'instruction religieuse des jeunes apprentis; ce qui, dans mon opinion, est indispensablement nécessaire pour assurer la sûreté de l'île, à l'expiration de l'apprentissage. Je suis d'avis que le nombre des magistrats spéciaux est insuffisant. Dans la paroisse de Sainte-Elisabeth, cinq ou six magistrats ne seraient pas de trop pour remplir les devoirs exigés par la cinquantequatrième clause.

4. Interrogatoire de M. William Stanford Grignon, esq. 4 novembre 1834. D. Combien y a-t-il de temps que vous habitez ce pays ? R. J'y suis arrivé en

1798,

et j'y suis resté toujours depuis, à

l'exception d'un petit voyage que j'ai fait en Amérique. D. Avez-vous eu la direction de beaucoup de nègres, et en quelle qualité ? R. J'ai eu la direction de quelques nègres comme propriétaire, et celle de plusieurs plantations de sucre et autres comme administrateur et géreur; dans ces plantations il y avait un grand nombre de nègres. D. Selon votre opinion, les nègres travaillent-t-ils aussi bien et avec autant de bonne volonté qu'avant le 1er août? R. Non certainement. Le 3o juillet les premiers ouvriers de la plantation de Saltspring, où j'ai demeuré pendant près d'un an, vinrent me trouver et me dirent qu'ils ne voulaient avoir rien a faire avec la nouvelle loi ; qu'ils étaient très-satisfaits de continuer comme auparavant. Je leur répondis que je ne pourrais pas leur permettre cela; que, puisque la nouvelle loi leur avait donné une grande augmentation de temps, je ne pouvais pas le leur ôter ; mais que, s'ils voulaient continuer à faire le travail de nuit, et aider la plantation à d'autres égards, je continuerais a babiller et nourrir leurs enfants libres, que je payerais leur médecin et leur laisserais toutes les allocations dont ils jouissaient autrefois. Le 31 juillet, les nègres vinrent me trouver et me dirent qu'ils étaient bien fâchés de ne pouvoir faire ce qu'ils avaient eu l'intention de faire, parce qu'on les avait informés que, s'ils agissaient ainsi, ils s'assujettiraient à un esclavage de

de les accepter ? R. A Spot-Valley et Salt-Spring, et aussi sur les plantations de M. Deffell, dans les paroisses de Trelawney, Hampstead et Retreat, j ai offert aux nègres de leur donner suivant la loi tous les samedis, des harengs, un vendredi sur deux, d'avoir soin de leurs jeunes enfants, comme auparavant; en un mot, de leur accorder toutes les allocations dont ils joussaient pendant l'esclavage; et qu en retour ils veilleraient la nuit comme autrefois, ce qu'ils ont refusé de faire. D. Quelle proportion de travail obtient-on maintenant en comparaison de celui que l'on obtenait autrefois ? R. Il est impossible de vous dire la proportion exacte, puisque quelques propriétés en font plus et d'autres moins. Mais, sur la plantation de Salt-Spring, où je crois que les nègres se conduisent aussi bien que dans aucune plantation de la paroisse, je suis persuadé que nous perdons au moins un tiers de leur travail. A Spot-Valley, nous en perdons beaucoup plus. Je rapporterai surtout une chose qui a eu lieu dans cette dernière propriété; la prairie (grass pièce), que les nègres ont mis l'année dernière une semaine à nettoyer, leur a pris cette année, avec un nombre égal de travailleurs, quatre semaines entières. D. Quand on propose aux apprentis de travailler moyennant salaire, ne demandent-ils pas, en payement, plus que le produit du pays ne peut permettre au propriétaire de leur donner pour que son profit soit raisonnable? R. Je ne puis dire que les nègres placés sous ma direction m'aient demandé une somme particulière d'argent. Je leur ai fait une proposition, mais je ne connais pas encore leur réponse. Je leur ai proposé 5 deniers pour dix trous à cannes, et 5 deniers pour trois heures de travail à leurs heures libres, pendant la récolle. Je leur ai cependant déclaré que je ne les occuperais point à creuser des trous à cannes, ni à d'autres sortes de travail, à moins qu'ils ne consentent, en même temps, à enlever la récolte. Car ce serait une perte d'argent de cultiver des cannes que l'on ne pourrait ensuite récolter. D. Les apprentis s'occupent-ils de leurs jardins, ou emploientils leur temps libre de manière à augmenter leurs jouissances ? R. A en juger par ce que j'ai pu voir, ils ne s'occupent point. Le samedi étant le jour du marché à Montego-Bay, la ville est ordinairement remplie de nègres, et je ne puis dire s'ils vendent leurs provisions ou s'ils passent leur temps à flâner; mais je vois une grande quantité de nègres dans la ville, le vendredi après midi, quand je crois qu'ils devraient être occupés à soigner leurs


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. IX. EFFETS GÉNÉRAUX DE L'APPRENTISSAGE, ETC. terres. J ai entendu dire qu'en général ils négligent beaucoup leurs jardins.

D. Quelle est votre opinion , en général, à l'égard du nouveau système ? R. Je pense que, dans ce moment, le nouveau système ne réussit pas du tout, et qu'à moins qu'on n'adopte des mesures qui changent et qui amendent la loi présente, ce système sera ruineux pour le pays. D. Ne pensez-vous pas qu'au lieu de tenir des cours spéciales comme à présent, il vaudrait mieux que les paroisses de l'île fussent divisées en districts, et que les magistrats spéciaux fussent forcés de faire leurs rondes comme la loi l'ordonne ? il. A l'égard de la division des paroisses en districts, je pense que ce serait utile, ainsi que les visites régulières des juges, pourvu que ceux-ci voulussent remplir leur devoir avec impartialité. La tenue des cours spéciales clans la ville, je parle de Montego-Bay, a causé les plus grands désagréments. D. Connaissez-vous d'autres exemples que celui dont vous avez parlé dans voire réponse à la onzième question, où l'on ait fait des offres de salaires aux apprentis pour travailler à leurs heures libres, et qu'ils aient refusé d'accepter ? R. J'ai dit, dans une de mes premières réponses, que j'avais offert aux noirs de travailler moyennant salaire ; mais que je n'avais pas obtenu de réponse. J'ai reçu , par le courrier d'aujourd'hui, trois lettres de mes économes, et je demande la permission de vous les lire : «Salt-Spring, à novembre 1834. « Suivant votre demande, j'ai parlé aux nègres de cette plantation de travailler depuis cinq heures du matin jusqu'à neuf heures du soir. Cependant je n'ai pas eu de réponse pendant quelque temps. Enfin quelques-uns m'ont répondu qu'ils ne voulaient point travailler, à raison de 5 deniers pour trois heures. « Signé J. R.

COY. »

« Spot-Valley, il novembre 1831.

469

libr es, qu'ils s'engageront dans des travaux réguliers d'agriculture lorsque leur apprentissage sera terminé? R. Je ne le pense pas, et mon opinion, à cet égard , s'est formée d'après la circonstance suivante : parmi mes nègres, il y en a six qui sont devenus libres parce qu'ils ont été en Angleterre; trois de ceux-ci étaient employés â des travaux d'agriculture dans ma propriété de Westmoreland; ils ont tous refusé de continuer ces travaux, mais ils m'ont offert leurs services, pourvu que je voulusse les employer dans quelque occupation domestique. D. Vous avez la direction de la plantation de Leyden. De quelle manière les apprentis se conduisent-ils sur celte plantation ?

R. Je dirige la plantation de Leyden conjointement avec M. Georges Gordon. Il dirige les travaux d'agriculture, et moi je m'occupe de ce qui regarde l'exportation. Je ne me suis jamais mêlé des affaires des nègres, et je ne savais pas comment ils se conduisaient, lorsque, il y a quelques semaines, deux nègres sont venus à mon bureau, et m'ont envoyé une plainte contre le capitaine Clarck, qui les avait fait fouetter. Cela me fit demander la cause de leur punition, et l'on me répondit que c'était pour mauvaise conduite, et parce qu'ils n'avaient pas creusé un nombre suffisant de trous. Je refusai d'avoir autre chose à démêler avec eux, et je leur dis d'aller trouver M. Gordon s'ils avaient des plaintes à faire. Je rencontrai après cela M. Gordon; je lui dis que les nègres étaient venus me trouver et comment j'avais agi. Il me répondit que les nègres de Leyden s'étaient conduits fort bien, qu'il ne savait pas ce qui leur était arrivé, mais que dans le moment ils creusaient une bonne quantité de trous à cannes: je pense qu'il me dit quatre-vingts ou quatre-vingt-dix, et je compris à sa conversation que celte amélioration provenait de la ligne de conduite qu'avait suivie le capitaine Clarke. Ce dernier me raconta plus tard qu'il avait eu occasion de les punir; qu'ensuite au lieu de retourner â la plantation ils s'étaient enfuis, et qu'il avait lancé un mandat pour les arrêter et les mettre en prison.

D. Le capitaine Clarck ne vous a-t-il pas dit qu'ils se conduisaient fort mal et qu'ils refusaient de travailler ? R. Je n'ai point entendu dire au capitaine Clarck qu'ils eussent

« J'ai reçu votre lettre au sujet du travail que vous désirez faire faire pendant la récolte, et je l'ai lue aux nègres. Quelques-uns

refusé de travailler, mais qu'ils s'étaient mal conduits et qu'ils ne travaillaient pas bien. Je limite mes observations à ceux qui

semblaient portés à y consentir, mais ils disent qu'il leur faut le

avaient été punis par le capitaine Clarck, et qui étaient venus se plaindre à moi.

samedi; d'autres demandent 10 deniers par heure, et ne veulent point travailler pour moindre somme. Ils ajoutent qu'ils ne veulent faire de marché qu'avec le juge spécial. Ils disent tous que 1 schel. 8 cl. est trop peu pour une journée. Il me paraît qu'ils

5. INTERROGATOIRE de M. George Gordon, esq.

arrangent sans cloute quelque plan entre eux, et qu'ils garderont probablement leurs vrais sentiments jusqu'au moment de commencer la récolte, parce qu'ils pensent sans doute obtenir tout ce qu'il leur plaira de demander pour leur travail extraordinaire. « Signé J.

CRÉRAR. »

» Hampstead, 4 novembre 1834. «Vous désirez savoir de moi comment les nègres se conduisent. Je puis seulement vous répondre que les vôtres font aussi bien que ceux du voisinage. Ils ont fini leur tâche de soixante-quinze trous, mais il n'y en a que deux à qui j'ai pu persuader de travailler, moyennant salaire (l'économe et un autre). Un des labou-

Novembre 1834.

D. Combien de plantations avez-vous sous votre direction ? R. Je représente tout ensemble trente plantations, en comptant les

miennes dans Trelawney, YVeslmoreland.

Hanovre, Saint-James et

D. Quel est le nombre d'apprentis que vous avez sous vos ordres ? R. A peu près sept ou huit mille. D. Comment trouvez-vous que le nouveau système de travail réussit ? R. Il réussit â ma satisfaction.

reurs a creusé cent cinquante trous dans sa journée et pendant une partie de la nuit, mais le lendemain il n'en a pas creusé un

D. Les laboureurs que vous occupez nettoient-ils le même nombre de cannes par arpent qu'autrefois ?

seul. Quelques-uns avaient fini leur lâche à neuf ou dix heures et je leur ai demandé s'ils allaient travailler pour de l'argent;

R. Sur quelques plantations, en faisant la part de la différence de temps établie par la loi, les nègres nettoient les cannes au

leur réponse a été négative.

même nombre par arpent qu'anciennement. Sur quelques autres plantations ils ne le font pas; mais, même dans ces dernières, ils

« Signé

W. DEXTER. »

ont beaucoup mieux travaillé depuis cinq ou six semaines.

D. Votre opinion est-elle, d'après la répugnance présente des apprentis à travailler, même pour de l'argent, à leurs heures II.

D. Trouvez-vous que l'ouvrage des plantations soit aussi avancé qu'il l'était ordinairement à cette époque de l'année ?

3o..


470

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

R. Non, je ne le pense pas; parce que un quart du temps de travail a été ôté par la loi; parce qu'il y a eu quelque interruption de travail dans toutes les plantations que je connais, à cause de l'excitation momentanée causée chez les apprends par le grand changement qui a eu lieu dans leur condition, laquelle excitation me parait moins grande maintenant; et enfin parce qu'il est tombé cette année beaucoup plus de pluie qu'à l'ordinaire. D. Continuez-vous à cultiver la même quantité de terres à cannes qu'auparavant, et pensez-vous pouvoir le faire pendant la durée du système d'apprentissage ? R. Non, je n'ai pas l'intention de le faire pendant la durée de l'apprentissage, et je compte réduire la quantité d'arpents que l'on doit faire cet automne. D. Avez-vous trouvé les apprentis disposés à travailler, moyennant salaire , à leurs heures libres ? R. Oui; partout où je le leur ai proposé, ils ont creusé des trous pour les cannes à un prix régulier : à Hanovre, à 2 schell. 6 den. pour cent trous, chacun de quatre pieds carrés; à SaintJames, à 5 den. pour dix trous de quatre pieds carrés; à Trelawney, je donne 5 den. pour huit trous de quatre pieds trois pouces carrés, sur un sol extrêmement dur. D. Quelle quantité de terre avez-vous ainsi fait sarcler sur une propriété ? R. La plus grande quantité a été de six arpents jusqu'au 1 novembre, sur Old-Retreat-Estate à Hanovre: cet ouvrage a er

été terminé en quatre semaines. Je crois que depuis cela les apprentis ont travaillé à leurs heures libres. D. Dans quelle proportion les laboureurs s'occupent-ils à cet ouvrage sur chaque plantation ? R. Deux tiers ou la moitié du grand atelier. D. Depuis le 1 août, a-t-on fait du sucre sur quelques-unes des plantations placées sous votre direction ? er

R. Non, pas en grande quantité; le plus qu'on a fait a été deux barriques sur chaque plantation. D. Quel nombre d'heures supposez-vous qu'il soit nécessaire qu'une fabrique de sucre soit tenue en activité, pour que l'on puisse récoller complètement?

R. Dans les plantations dont j'ai la direction je pense qu'un travail continu de seize heures sur les vingt-quatre, pendant six jours de la semaine, permettrait de faire la récolle entière. D. Croyez-vous que les nègres donneront volontairement ce nombre d'heures pour les salaires que vos profits vous permettront de leur payer ? R. Je le pense. D. Quels seraient les salaires que vous croiriez juste de leur offrir ? R. 1 denier par heure pour le travail qu'ils feraient à leur temps fibre.

R. Ils montrent beaucoup de répugnance à travailler pendant les heures prescrites par la loi. D, A quelle époque ont-ils commencé à montrer cette répugnance pour l'accomplissement de leurs devoirs ? R. Du 15 au

20

août.

D. Font-ils, malgré cette aversion, une quantité suffisante d'ouvrage ? R. Non, ni en quantité ni en qualité. D Les apprentis, selon vous, travaillent-ils aussi bien et d'aussi bon cœur qu'avant le 1" août? R. Non. D. Pensez-vous qu'il y ait dans l'île quelque influence secrète pour persuader aux nègres de ne point travailler et de ne point mettre leurs enfants en apprentissage ? R. Je n'en ai aucune connaissance; je ne connais pas non plus d'enfant au-dessous de six ans qui soit en apprentissage. D. Connaissez-vous quelques cas où un arrangement juste ait été proposé par des personnes chargées de la direction de propriétés, afin de payer aux apprentis le travail qu'ils feraient aleurs heures libres, et où les nègres aient refusé d'accepter ces offres ? R. Je n'en connais point d'exemple; j'ai fait du sucre sur ma propriété, la Bogue, dans le commencement d'août, et les apprentis travaillent à leurs heures libres moyennant salaire. D. Quand on leur propose de travailler moyennant salaire, les apprentis ne demandent-ils pas plus que ne peut leur accorder le propriétaire, eu égard au produit des terres ? R. J ai payé à chaque apprenti 1 schell. 8 den.1 pour neuf heures de travail à leurs heures libres, au second atelier 1 schell. 3 den., et je veux bien continuer à leur payer les mêmes salaires: je veux dire pour la fabrication du sucre.

D. Payericz-vous aussi volontiers le même prix pour le travail des champs, hors de la récolte ? R. Oui. D. Quand vous payez cette somme de salaires, leur donnezvous des harengs secs ? R. Oui, je leur accorde des harengs et les allocations ordinaires, tant qu ils se conduisent bien. Dernièrement je les ai privés de leurs harengs, à cause de leur insubordination. D. Pensez-vous que les mêmes nègres travailleraient maintenant pour les mêmes salaires ? R. J'ai des doutes à ce sujet. D. Les apprentis ont-ils soin de leurs jardins et emploient-ils leur temps libre d'une manière avantageuse pour eux, propre à augmenter leurs jouissances, et à empêcher qu'ils ne deviennent à charge à leurs maîtres ? R. Non, quant à ce que j'ai pu observer, ils ne le font pas.

D. Avez-vous essayé s'ils veulent travailler à ce prix ? R.

D. Savez-vous s il existe quelque mécontentement dans l'es* prit des apprentis sous vos ordres ?

Non.

D. Ne pensez-vous pas que ces salaires, outre les, allocations ordinaires, doivent causer une augmentation considérable clans les dépenses nécessitées par l'exploitation d'une plantation à sucre ?

6.

INTERROGATOIRE

de M. J. Cray g.

R. Certainement je le pense, par la raison que nous avions autrefois le travail des esclaves pendant la récolte, à leurs heures

6 novembre 1834.

libres, sans leur payer aucun salaire. D. Dites-nous votre opinion, en général, sur le succès du

Quelle a été votre occupation dans l'île ? R. J étais autrefois négociant à Montego-Bay; mais, depuis dix ans, je suis propriétaire d'une plantation de sucre. Je demeure D.

sur ma plantation, la Bogue, dans la paroisse de Saint-James. D. Combien d'apprentis avez-vous sous vos ordres ? R. Environ 1

290.

Monnaie locale.

nouveau système. R. D'après ce que je puis juger, le maître n'a pas obtenu des apprentis la quantité d'ouvrage que la loi lui donne le droit d'exiger. Les apprentis ont souvent été absents de leur travail, et, quand le juge spécial les a condamnés à combler ce déficit, ils ne lui ont pas obéi.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. IX. EFFETS GÉNÉRAUX DE L'APPRENTISSAGE ETC.

471

D. Les juges spéciaux visitent-ils les propriétés comme l'ordonne la loi, et ne pensez-vous pas que si les paroisses de l'île étaient divisées en districts, et que les juges spéciaux fussent obli-

cannes, a leurs heures libres, à 40 ou 5o schellings de moins par arpent que le prix courant payé aux ateliers de louage. D. Les apprentis ont-ils soin de leurs jardins, et emploient-ils

gés de faire des tournées, ce serait plus utile que de tenir des cours spéciales comme ils le font à présent ?

leur temps libre de manière à augmenter leur bien-être et empêcher qu'ils ne deviennent à charge à leurs maîtres ? R. Je n'ai jamais vu les nègres soigner mieux leurs lerres

R. Si les juges spéciaux voulaient faire leur devoir avec impartialité, ce serait un avantage qu'ils visitassent les propriétés de chaque district aussi fréquemment que la loi le leur commande. Quels sont, selon vous, les salaires que l'on devrait raisonnablement donner, pour le travail extraordinaire des apprentis, à l'agriculteur pour son travail journalier, et à l'artisan pour D.

son ouvrage à la pièce ? R. J ai déjà répondu à la première partie de celle question; et quant au salaire des artisans, c'est une simple affaire d'arrangement particulier. D. Trouvez-vous que les nègres travaillent mieux, moyennant salaire, à leurs heures libres que pendant les heures qu'ils doivent à leurs maîtres ?

qu'ils ne l'ont fait depuis le 1er août; ils emploient leurs heures libres ou à cultiver leurs terres ou à arranger leurs demeures. D. Dites à la commission votre opinion générale quant au succès du nouveau système. R. Je pense qu'il réussit beaucoup mieux que l'on n'aurait pu s'y attendre et qu'il s'améliore journellement. D. Vous dites que vos apprentis se sont loués moyennant un salaire payé en argent ; avez-vous eu quelques difficultés à les y déterminer? R. Je n'ai point trouvé de difficulté à leur persuader de travailler à ces conditions. Sur une plantation, celle de Gilsborough, dans Saint-James, ils m'ont fait demander pari'économe la permission de creuser une pièce de terre, en trous à cannes, à leurs heures libres, plutôt que de le laisser faire par un atelier de louage.

R. Je n'ai point observé de différence.

D. Avez-vous entendu dire que les nègres de quelque autre propriété que celles que vous dirigez se soient engagés moyen7.

INTERROGATOIRE,

sous serment, de M- George Gordon, esq. 6 novembre 1834,

nant salaire ? R. Oui; les apprentis de Latium et d'Adelphi, dans SaintJames, de Sodhall et de Content, dans Hanovre, ont creusé des trous à cannes, à leurs heures libres, moyennant salaire.

D. Depuis combien de temps habitez-vous cette île ? R. Depuis plus de vingt-six ans.

D. Avez-vous la direction de la plantation de Leyden ? si vous l'avez, dites-nous de quelle manière les apprentis se conduisent,

D. Avez-vous la direction de beaucoup de nègres , et en quelle

et combien de trous à cannes ils creusent à leurs heures de travail.

qualité ? R. J'ai eu la direction d'un grand nombre de nègres, comme administrateur et comme propriétaire. D. Les apprentis travaillent-ils maintenant, selon vous, aussi bien et avec autant de bonne volonté qu'avant le 1er août? il. Les apprentis , autant que j'ai pu le constater sur les plantations que je dirige dans les paroisses de Saint-James, Hanovre, Westmoreland et Trelawney, travaillent aussi bien que jamais; cependant, dans quelques propriétés, celle de Williamsfield par exemple, ils ne font pas autant d'ouvrage qu'ils en faisaient; mais, en général, ils en font autant, heure pour heure, qu'avant le 1er août. D. Avez-vous des exemples de refus de la part des apprentis de travailler à leurs heures libres, moyennant des salaires raisonnables, quand l'offre leur en a été faite? R. Je n'ai pas su que l'on ail fait des arrangements ? D. Quels sont les salaires que vous considérez comme justes pour le travail extraordinaire des apprentis, tant le travail journalier de l'apprenti laboureur que l'ouvrage à la pièce ? il. Je n'ai point essayé de faire de marché pour le travail journalier; mais je crois qu'un schelling par jour, les apprentis recevant les mêmes allocations qu'anciennement, serait bien assez. Je donne aux tonneliers 3 sch. A d.par jour pour terminer une barrique à sucre, 5 sch. pour un poinçon et 3 sch. h d. par jour pour de bons maçons et charpentiers. D. Croyez-vous que les apprentis continueront à travailler pendant la récolle aussi bien que vous dites qu'ils travaillent maintenant? R. Je m'imagine que oui. D. Quand on leur propose de travailler moyennant salaire, les apprentis ne demandent-ils point une somme plus forte qu'il n'est possible au propriétaire de leur payer, eu égard au profit qu'il tire du produit de ses terres? R. Quant à l'expérience que j'en ai eue, ils ne le font point. J'ai employé des artisans au prix mentionné dans ma précédente réponse, et j'ai loué des apprentis pour creuser des trous à II.

R. J'ai la direction de la plantation de Leyden; les apprentis se conduisent d'une manière satisfaisante. Les laboureurs creusent cinquante trous par jour, et les femmes quatre-vingts dans les heures appartenant à leur maître, ce qui est tout ce qu'on leur demande.

Votre avenir est-il favorable ou défavorable, eu égard à l'état présent de l'apprentissage et des profits du planteur ? R. Je considère que l'avenir est favorable, considéré sous le point de vue émis dans la question. D.

D. Y a-t-il eu des actes d'insubordination sur quelques-unes des plantations placées sous votre direction ? Avez-vous été obligé d'appeler les juges spéciaux? R. Sur les plantations que je dirige aucun acte d'insubordination ne m'a obligé à appeler un magistrat spécial; mais sur les plantations de Williamsburg et de Leyden, vers la fin de septembre, les nègres travaillaient si peu, que j'ai fait appeler le magistrat le plus voisin, le capitaine Clarke. Depuis sa venue et les décisions qu'il a prises sur ces plantations, les apprentis ont fait tout ce que je puis attendre d'eux. D. Quelques-uns des apprentis placés sous votre direction n'ont-ils point été publiquement punis pour des actes d'insubordination , par ordre des magistrats spéciaux ; et le capitaine Clarke ne fut-il pas obligé de faire appuyer ses décisions par la présence de la force armée ? R. Un apprenti placé sous ma direction fut publiquement fouetté par ordre du capitaine Clarke. Je ne pense pas que ce fût pour un acte d'insubordination, mais bien pour s'être évadé des mains d'un constable tandis que celui-ci le conduisait chez le capitaine Clarke, magistrat spécial. Il avait été en outre représenté par l'économe comme ayant fait trop peu d'ouvrage dans les champs, et excité les autres à en faire aussi peu. Le capitaine Clarke avait mené une partie de ses troupes à Williamsfield avant d'avoir donné des ordres et pris des informations sur l'état des apprentis. D. Alors sous quel système ou sous quel arrangement, quant aux heures de travail, aux allocations, etc., etc., avez vous dirigé

3o...


472 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

les plantations qui sont sous vos ordres et sur lesquelles vous dites que les apprentis travaillent de si bon cœur? R. Les apprentis sous mes ordres travaillent neuf heures par jour, à une seule exception que voici : à leur demande ils travaillent quarante heures et demie en quatre jours ; j'accorde aux apprentis des harengs et toutes les allocations qu'ils recevaient quand ils étaient esclaves; je ne fais point travailler les femmes qui ont six enfants; je leur donne les mêmes aides pour la préparation de leurs aliments et les mêmes gardes pour les enfants qu'autrefois; je n'ai point supprimé les gardiens chargés de surveiller spécialement les jardins des nègres; je paye 10 deniers par nuit au gardien de la bergerie; je ne demande à personne de passer la nuit à la sucrerie ni dans les autres bâtiments ; je me suis rendu garant envers le médecin pour les soins qu'il donne aux enfants libres, et les parents se sont engagés à rendre cette dépense par leur travail durant la récolte; je donne aussi à plusieurs femmes l'ancienne allocation de maïs et de sucre sur la promesse qu'elles travailleront également pendant la récolte. D. Pensez-vous que les planteurs puissent payer des salaires aussi élevés? Si vous le pensez, avez-vous pris en considération le prix de la fabrication du sucre aux Indes orientales et dans les colonies étrangères avec lesquelles nous devons entrer en concurrence ? R. Je pense que les plantations peuvent payer les salaires dont j'ai parlé ; mais je n'ai point calculé le prix du travail dans la fabrication du sucre aux Indes occidentales et dans les colonies étrangères.

D. Sur quelles raisons fondez-vous cette conviction ? R. Sur ce que le travail de la récolte est ordinairement fait beaucoup plus volontiers qu'aucun autre, et qu'après avoir vu une grande masse de laboureurs adopter si facilement le nouveau système, on a lieu d'espérer qu'ils travailleront avec autant de bonne volonté qu'auparavant. D. Pensez-vous que les nègres des plantations peuvent creuser des trous à cannes pour 40 ou 5o schellings meilleur marché par arpent que ce que l'on paye aux ateliers de louage, par la raison que pour les nègres des plantations tout est profit, tandis que les nègres de louage sont soutenus par leurs maîtres, dont ils forment le capital? R. Certainement.

D. Vous attendez-vous, avec le nouveau système, à faire sur les plantations que vous dirigez des récoltes égales aux anciennes et sans dépenses additionnelles ? R. Certainement je ne m'y attends pas.

une question, un exemple d'insubordination sur la plantation de Windsor-Ladge, où l'inspecteur a mené le nègre directement chez le capitaine Clarke , sans me consulter ? Cet apprenti avait quitté son ouvrage un quart d'heure avant la fin des quatre heures et demie qu'il devait faire le vendredi. Il fut puni par vingt-cinq coups de fouet sur la plantation de Latium. Celte punition paraît avoir produit un bon effet; car l'individu s'est conduit fort bien depuis lors, cl il a creusé plus de trous à cannes, à ses heures libres, qu'aucun autre apprenti de la plantation.

8.

INTERROGATOIRE

de M. P. C. Crichton, de lu paroisse de Sainte-Marie. 7

novembre 1834.

D. Quelles sont les propriétés que vous dirigez, et combien de nègres avez-vous sous vos ordres ? R. Y ai la direction de trois plantations de sucre; une dans la paroisse de Sainte-Marie, une dans celle de Saint-George et une dans celle de Portland, sur lesquelles il y a huit cents nègres. Je suis, en partie, directeur de deux cents autres apprentis. D. Avez-vous trouvé le nouveau système généralement satisfaisant dans ces propriétés, en le comparant à l'ancien, et en prenant en considération les quarante heures et demie du maître? R. Je m'étais d'abord résigné à une diminution considérable dans toutes nos récoltes, mais je ne trouve pas que le nouveau système réussisse bien, même en faisant la part de tous ces desavantages. J avais d abord raison d'en espérer du bien, et j attribue son défaut de succès principalement aux causes suivantes : 1° Au désappointement généra] qu'ont éprouvé les apprentis en ne trouvant pas leurs idées d'émancipation réalisées au degré qu'ils l'espéraient; 2° au nombre très-insuffisant des magistrats salariés, d'où provient l'impuissance de l'économe à punir avec assez de promptitude, ce qui porte l'apprenti à croire qu'il peut agir avec impunité; et 3° enfin au grand nombre (le différents systèmes suivis dans le même voisinage, qui confondent les idées de l'apprenti, cl lui font soupçonner de moins bonnes intentions de la part de son maître.

D. Avez-vous fait les arrangements nécessaires avec les apprentis, afin de vous assurer la quantité de travail qu'il vous faut pour enlever la récolle ? R. Tous mes apprentis sont convenus d'abandonner les quatre heures et demiedu vendredi, à condition qu'ils recevront, comme autrefois, les mêmes concessions, de poisson salé et d'ha-

D. Quand vous avez senti le désir que les apprentis placés sous vos ordres se louassent à leurs heures libres, moyennant salaire, ne leur avez-vous pas fait connaître personnellement ce désir,

billement, ainsi que la nourriture, les vêtements et les soins du médecin pour leurs enfants apprentis. Sur la plantation de Golden-Vale, de Portland et de Québec , dans Sainte-Marie (les

croyant qu'une telle communication aurait un meilleur effet venant de vous que venant d'un économe ? R. Oui; je l'ai toujours fait, excepté dans un ou deux cas.

deux plantations sur lesquelles, d'après leur étendue, j'ai cru qu'un tel arrangement pourrait réussir), ils sont convenus de se diviser en deux ateliers lorsque le moulin serait mis en acti-

D. Combien d'apprentis ont été punis à Williamsfield, Ilampstead et Leyden, séparément, par ordre des juges spéciaux? R. Autant que je puis me le rappeler, le juge spécial a fait

vité, savoir : un atelier pour le moulin et l'autre pour la sucrerie (boiling house), que le premier commencerait à quatre heures du matin et travaillerait jusqu'à une heure de l'après-midi; qu'il

punir cinq apprentis à Leyden, cinq sur Williamsfield et un sur Hampstead.

serait alors relevé par le second atelier, qui devrait travailler jusqu'à dix heures du soir. Les apprentis devaient travailler dans les champs neuf heures par jour. Un nombre suffisant d'appren-

D. Dites-nous quel était le sujet de plainte contre les nègres qui ont été punis? R. Un des apprentis de Leyden fut puni pour avoir coupé quatre cannes, a ce que je crois, et pour ne pas avoir fait d'ouvrage dans les champs; a Williamsfield un apprenti fut puni pour avoir dérobé sur les terrains à provisions et avoir ensuite pris la fuite ; un autre pour insuffisance d'ouvrage dans les champs; trois pour la même faute et pour s'être échappés, tandis que le «instable, les menait chez le magistrat. La plainte qui a eu lieu à Hampstead a été infligée pour impertinence envers l'inspecteur dans les champs. J'ai oublié hier, en réponse à

tis, sur les deux plantations, se sont aussi volontairement offerts pour tenir le travail du moulin et de la fabrication, depuis dix heures du soir jusqu'à quatre heures du matin, à raison d'un schelling par nuit, ou de 5 schellings par semaine de cinq nuits. Mon opinion est que la plantation subit une certaine perte chaque fois que l'on éteint les feux. D'abord nous avons produit environ les deux tiers de la quantité que nous produisions sous l'ancien système, quoique nous ne tinssions jamais le moulin et la sucrerie en activité plus de trois nuits par semaine. En même temps, les travaux d'agriculture, qui, dans les paroisses en question, de-


ETUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. IX. EFFETS GÉNÉRAUX DE L'APPRENTISSAGE, ETC.

473

mandent une attention constante, se sont trouvés arriérés. Je suis fâché d'ajouter que dernièrement les choses n'ont pas été aussi bien.

dispositions, mais cependant leur conduite n'est pas aussi bonne en général que pendant l'esclavage.

• D. Voulez-vous nous dire ce qui s'est passé quand vous avez fait savoir aux apprentis que vous désiriez les employer à leurs heures libres moyennant salaire?

nant salaire à leurs heures libres ?

h. Ils ont approuvé mes propositions quand je leur ai fortement représenté qu'il était nécessaire d'agir ainsi pour le bien des propriétés et pour celui de leurs familles; qu'ils se procureraient par là le moyen d'élever leurs enfants et de mettre quelque chose de côté pour la lin du système d'apprentissage. Je leur ai particulièrement démontré le grand avantage qu'ils auraient à se faire une réputation de travail et de bonne conduite. D. Vous avez sans doute pensé qu'une communication aussi importante, dans un moment où l'on doutait beaucoup de la bonne volonté des nègres à travailler moyennant salaire, devait venir de votre part ? J'ai été de cette opinion, et j'ai cru qu'il était nécessaire que j'agisse ainsi.

D. Avez-vous trouvé des apprentis disposés à travailler moyenR. Les uns l'ont promis, d'autres ont refusé, et quelques-uns ont répondu qu'ils attendraient ce qu'allaient faire les apprentis des autres plantations. A-t-on fait du sucre sur vos plantations depuis le 1er août ? R. Non. D.

D. Peut-on récolter le produit d'une plantation de sucre et en continuer la culture avec quarante heures et demie de travail par semaine ? R. Non certainement. D. Combien d'heures croyez-vous qu'il soit nécessaire de tenir une fabrique de sucre en activité pour que l'on puisse enlever la récolte ?

R. Je crois qu'il faudrait seize heures par jour.

II.

D. Etiez-vous préparé à rencontrer quelques difficultés de la part des nègres, et avez-vous senti qu'il était nécessaire de leur

expliquer familièrement que leur intérêt et celui delà plantation voulaient qu'ils travaillassent moyennant salaire? R. Depuis dix-huit mois j'ai essayé de préparer les nègres placés sous mes ordres au grand changement qui a eu lieu au mois d'août, et la plus grande partie de mes apprentis, en comptant tous les premiers ouvriers et ceux de la classe supérieure, se sont immédiatement rangés de mon avis. D. Avez-vous calculé si les salaires que vous payez maintenant sont tels, que la plantation puisse les continuer durant le reste de l'apprentissage? Il Je l'ai fait, et j'espère pouvoir continuer avec profit. D. Avez-vous trouvé vos apprentis paresseux, insoumis ou insolents depuis le 1er août ? R. Tous mes économes se sont beaucoup plaints de leur paresse, et, dans un cas, les femmes ont été si insubordonnées, que le magistrat spécial en a envoyé trois à la maison de force

pendant quinze jours. Les commandeurs ne sont plus respectés comme pendant l'esclavage.

D. Entendez-vous dire qu'un travail de seize heures par jour, pendant cinq jours de la semaine, suffise pour enlever la même récolte qu'autrefois? R. Je ne veux pas dire que les mêmes récoltes seront obtenues, mais je pense que le sucre peut être fabriqué avantageusement, si les apprentis veulent travailler moyennant un salaire raisonnable , et accorder seize heures de travail continu pendant la récolte. D.

Quels salaires croyez-vous qu'il serait juste de payer aux

laboureurs apprentis, pour le travail qu'ils feraient à leurs heures libres ? R. Je pense que 3 halfpence (environ 3 sous) par heure serait tout ce que le maître pourrait leur donner. Depuis combien de temps habitez-vous cette île ? R. Vingt ans.

D.

D. Pensez-vous que les apprentis travaillent aussi bien et avec autant de bonne volonté qu'avant le 1er août ?

R. Non. Croyez-vous qu'il y ait une coalition organisée dans l'île, ou quelque influence secrète pour persuader aux nègres de ne point travailler, et de ne point mettre en apprentissage leurs enD.

fants libres ? R. Je ne pourrais dire qu'un tel système existe parmi les ap9.

INTERROGATOIRE

de M. William Shorpe. 8 novembre 1834.

D. Avez-vous la direction de plusieurs plantations? R.

De quatorze dans Trelawney, Hanovre, Westmoreland et

Sainte-Elisabeth. D.

Quel est le nombre d'apprentis que vous avez sous vos

ordres ? R.

Environ trois mille.

D. Que pensez-vous du nouveau système de travail établi par l'acte d'abolition ? R.

Je pense qu'il ne réussit pas bien.

D. Dans votre opinion, les apprentis font-ils maintenant une portion juste et raisonnable de travail pendant le temps exigé par la loi ? R.

Non certainement.

Obéissent-ils à l'autorité de leurs directeurs et se conduisentils avec la soumission convenable ? D.

Ils paraissent tout à fait mécontents et maussades dans bien des cas, et fort susceptibles ; tellement qu'il est désagréable pour R.

les blancs d'être en rapport avec eux. Je parle surtout des propriétés qui sont sous mes ordres dans Trelawney, de ma plantation de Westmoreland, et des autres plantations placées sous ma direction, à Hanovre et Sainte-Elisabeth. Il paraît y avoir de meilleures

prentis ; et, à l'égard de leurs enfants , je trouve très-naturel qu'ils désirent les voir rester comme ils sont. D. Quelle quantité de travail obtient-on maintenant, en comparaison de ce que l'on obtenait autrefois ? R. Je vais vous soumettre un bordereau de travail, sur la plantation Covey, qui répondra, je crois, à ce que vous me demandez. BORDEREAU

de travail sur la plantation Covey, paroisse de Trelawney, août 1834. (Tiré du registre de la plantation.)

avant et depuis le 1

er

DEPUIS LE

1er AOÛT.

AVANT LE

1er AOÛT.

Premier atelier, contenant 51 bons ouvriers: a mis 8 jours 1/2 à sar-

Premier atelier, contenant 70 bons ouvriers: a mis 3 jours à sarcler

cler 5 arpents de terre, pour faire do l'engrais; ce qui donne une

9 arpents de terre pour faire de l'engrais ; ce qui donne une

moyenne de 66 ouvriers par ar-

moyenne de 23 ouvriers par arpent.

pent. Le premier atelier, composé de 56 bons ouvriers, a mis 13 jours 1/2

Le premier atelier, composé de 108 bons ouvriers, a mis 2 jours 1/2

à creuser 9 arpents de trous à

à creuser 9 arpents en trous à

cannes; ce qui donne une moyen-

cannes; ce qui donne une moyen-

ne de 84 hommes par arpent.

ne de 30 ouvriers par arpent.

Le premier atelier, composé de 45 bons ouvriers, a mis 5 jours à

Le premier atelier, composé de 64

passer au moulin le produit de 41 arpents de cannes à sucre;

à passer au moulin 10 arpents

bons ouvriers, a mis 1 jour 1/2

ce qui donne une moyenne de 16

de cannes à sucre ; ce qui donne une moyenne de 9 ouvriers par

hommes par arpent.

arpent.


474

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

Le premier atelier, de 58 laboureurs, a perdu une demi-heure par jour, depuis le 18 août jusqu'au 31 octobre; faisant en tout trois jours entiers pour chaque homme 174 jours. Le second ateliçr, de 24 laboureurs, a perdu le même temps tous les matins

72

Le troisième atelier, de 35 laboureurs, a perdu le même temps tous les matins

105

Les coupeurs d'herbe, 10 laboureurs, ont perdu le même temps TOTAL

D. Quelle esl votre opinion , en général, sur le succès du nouveau système ?

30

R. Cela va fort mal. jours.

Moi, William Williamson, je jure que ce qui précède est exact. W. WILLIAMSON.

Juré devant moi, ce 3o octobre 1834. Signé

10.

INTERROGATOIRE

J.

W.

JAMES

II. Dans notre voisinage, la culture des terrains de provisions a été abandonnée depuis le 1er août ; les nègres passent leurs heures libres dans une inertie complète, et, suivant toutes les apparences, nous sommes menacés d'avoir une famine.

207

Signe!

leurs heures libres de manière à augmenter leur bien-être, et à ne pas devenir à charge à leurs maîtres ?

, juge spécial.

de M. John Douglas. 8 novembre 1834.

D. Quels sont, selon vous, les meilleurs moyens à adopter pour remédier à ces vices , et, si l'on n'y porte remède , quelle est votre opinion sur ce qui pourra en résulter!1 R. Je pense qu'il faudrait un plus grand nombre dé magistrats salariés pour faire exécuter les lois, aussi bien qu'un tarif de salaires pour les heures libres des apprentis, afin de pouvoir les forcer à travailler. Autrement il en résultera que la culture des plantations sera bientôt abandonnée, et les propriétés ruinéesD. Les juges spéciaux visitent-ils les propriétés comme la loi l' exige, et ne pensez-vous pas que, si les paroisses étaient divisées en districts, et que les juges spéciaux fussent obligés de visiter les plantations, ce serait plus utile que de tenir des cours spéciales comme ils le font à présent?

D. Depuis quand demeurez-vous dans l'île ? II. Depuis dix-neuf ans.

R. Je crois que si les juges spéciaux visitaient les propriétés comme la loi l'exige, ce serait beaucoup mieux.

D. Avez-vous eu la direction de plusieurs nègres, et en quelle

D. Que pensez-vous que l'on devrait payer aux apprentis pour le travail extraordinaire; au laboureur par jour, et à l'artisan à

qualité? R. De 3oo à 400, comme économe.

la pièce ?

D. D'après les observations que vous avez pu faire, les ap-

R. Tout au plus 1 sch. 8 d. pour neuf heures de travail de nuit; les artisans, dans la même proportion ; les laboureurs ordinaires, 1 sch. 3 d. par jour ( monnaie locale ).

prentis travaillent-ils maintenant aussi bien et aussi volontiers qu'avant le 1er août? R. Certainement non. D. Quelle quantité de travail obtient-on maintenant en comparaison de ce qu'on obtenait autrefois ? R. Le même nombre de nègres qui coupaient autrefois assez de cannes pour faire quinze barriques, ne coupent maintenant,

D. Savez-vous si, dans d'autres plantations que la vôtre, les nègres se sont loués moyennant salaire? R. Les uns se sont loués pour de l'argent, les autres pour des allocations; mais le nombre en est fort restreint.

dans le même temps, que de quoi faire sept ou huit barriques. Le même nombre de charretiers qui portaient anciennement une quantité suffisante pour faire quinze barriques n'en portent maintenant que ce qu'il faut pour en faire sept ou huit ; et le même nombre de tonneliers qui auraient fabriqué les quinze barriques n'en font aussi que sept ou huit. Avant le 1er août, dix nègres auraient suffi pour sarcler sur un arpent de cannes, et depuis cette époque il en faut toujours vingt et même davantage. Les mêmes proportions peuvent s'appliquer à tout ce qui regarde le travail des plantations. D. A-t-on pu fabriquer ces sept ou huit barriques sans débourser de l'argent ou sans allocations extraordinaires? R. Les personnes employées à la fabrication du sucre ont reçu 10 schellings , en sus de toutes leurs anciennes allocations; il y en a même eu plusieurs qui, après avoir reçu des harengs, sont revenus les jeter clans le tonneau, et ont reçu l'argent avec beaucoup de répugnance, en disant que ce n'était pas assez. Outré cela, je leur ai donné trois aides de plus qu'à l'ordinaire. D. Quel salaire étiez-vous convenu de donner pour le travail dont vous venez de parler? II. 3 sch. 4 d. à chaque ouvrier du moulin, et 4 sch. 2 d. pour ceux de la fabrique, parce qu'ils devaient finir la cuisson. Cette somme était à peu près pour seize heures extraordinaires. D. Vous les avez trouvés prêts à travailler moyennant salaire, mais mécontents de recevoir ce dont ils étaient convenus d'avance ? R. Je ne les ai point trouvés prêts à travailler moyennant salaire avant de leur avoir accordé trois hommes en surplus. Alors même ils ont reçu l'argent avec mécontentement. D. Les apprentis s'occupent-ils de leurs terres, et emploient-ils

11.

INTERROGATOIRE

de M. John Harrison. 11 novembre 1834.

D. D après l' expérience que vous en avez acquise, que pensezvous du nouveau système de travail établi par l'acte d'abolition? II. Je pense qu il ne réussit pas bien. D. Existe-t-il du mécontentement dans l'esprit des apprentis placés sous vos ordres, ou dans les autres plantations de la paroisse en général ? R. Ils se .considèrent comme trompés si l'on exige d'eux la somme entière de neuf heures, que la loi leur a commandé de faire. Ils sortent fort tard le matin, et sont obligés, en conséquence, de rester plus tard dans la soirée. D. A quelles causes attribuez-vous leur mécontentement et le peu de succès du nouveau système ? R. En parlant de mon voisinage, je crois que la première cause paraît venir du manque d'un système uniforme de travail dans toute la paroisse ou district. Quelques planteurs ont adopté le système de huit heures, d'autres celui de neuf heures par jour. Les uns donnent le vendredi entier alternativement, les autres la moitié de chaque vendredi. Quelques planteurs ont été obligés, depuis le commencement des récoltes, de ne point donner de vendredi, jusqu'à ce que le café soit entièrement cueilli, ce qui a fait croire aux apprentis qu'on les privait de leur temps légal. Il me semble que l'on pourrait remédier à cela en décrétant, pour les plantations de café, une loi par laquelle on commencerait les travaux des champs, d'un bout de l'année à l'autre, au lever du soleil, pour les finir à quatre heures. Ce système don-


ÉTUDE DE L'EXPER. ANGL. — CHAP. IX. EFFETS GENERAUX DE L'APPRENTISSAGE, ETC. nerait la moyenne de neuf heures par jour, entre le jour le plus long et le jour le plus court ; mais il a clé évident, après une courte expérience, que la principale cause de ce mécontentement a été l' impossibilité complète de mettre en action les prévisions delà nouvelle loi, par les moyens que l'on a jusqu'à présent employés à cet effet ; car, quelque louables qu'aient été les efforts du magistrat spécial (le lieutenant Colebrook) de notre paroisse, depuis le commencement de ses fonctions, on a trouvé que, même avec l' aide d un autre magistrat, nommé récemment au district de Mille-Gully, il était absolument impossible, dans une paroisse aussi montagneuse et aussi étendue, avec de mauvaises routes et quelquefois des pluies de longue durée, de visiter les différentes propriétés ou même de répondre à toutes les demandes journellement adressées. La bonne exécution de la loi exige un personnel plus considérable, et il me semble qu'il ne faudrait pas moins de six magistrats spéciaux dans Manchester. Cette paroisse contient trois districts.

475

paroisses de l' île étaient divisées en districts, et que l'on forçât les magistrats spéciaux à faire leurs rondes régulièrement, comme la loi l' ordonne, cela vaudrait mieux que de tenir des cours spéciales, comme cela a en lieu jusqu'à présent? R. Les juges spéciaux ne peuvent visiter les propriétés auss souvent, que la loi l'ordonne, car leurs districts sont trop étendus Il serait donc bien mieux qu'il y en eût un nombre suffisant, afin qu'ils pussent visiter les plantations régulièrement; caries cours spéciales, comme on les a tenues jusqu'à présent, causent beaucoup de préjudice aux plantations, en raison du temps perdu par les différentes parties qui sont obligées de faire un voyage pour aller aux audiences. D. D'après la répugnance des apprentis à travailler, même moyennant salaire, à leurs heures libres, pensez-vous qu'ils s'accoutumeront à un travail régulier d'agriculture quand leur apprentissage sera terminé?

D. Croyez-vous qu'il y ait eu de la mauvaise volonté de la part

R. Par ce qui s'est passé depuis le 1er août, je suis d'avis qu'ils ne s'engageront point, en général, dans les travaux d'agriculture

des maîtres ou des directeurs de propriétés à entrer de bonne foi dans le nouveau système ?

après la fin de leur apprentissage. Ainsi, on ne pourra continuer la culture régulière des plantations, ni obtenir ce travail continu

R. Non, tout au contraire. Dans notre paroisse, le nouveau

qui est nécessaire dans la culture du sucre, à moins que l'on ne fasse des lois efficaces pour empêcher le vagabondage et assurer le travail dans toutes les classes de la population.

système avait été mis en activité, sur quelques plantations, avant son commencement légal, et, quand il commença, je puis positivement affirmer que chacun semblait déterminé à y prêter toute l'assistance possible.

D. Savez-vous si quelques propriétaires ou directeurs de plantalions se sont directement ou indirectement opposés aux magistrats spéciaux dan3 l'exécution de leurs devoirs ? R. Non, certainement. Je parle ici de notre paroisse, où les deux magistrats ont toujours été trop respectés pour trouver le moindre obstacle. Au contraire, je suis certain qu'ils reconnaîtront toujours que, depuis leur résidence parmi nous, ils ont reçu tout le concours possible. D. Les apprentis font-ils maintenant ce que vous considérez comme une portion raisonnable de travail pendant le temps prescrit par la loi ?

R. Je ne le pense pas. D. Obéissent-ils à l'autorité des économes, et se conduisent-ils avec la soumission convenable?

R. Non; ils paraissent maussades et mécontents, sans cause et sans raison. Sous le prétexte le plus frivole, ils abandonnent leur ouvrage, et, sans aller chez les juges spéciaux de leur pa-

D. Quels salaires pensez-vous que l'on devrait payer à l'apprenti pour son travail à ses heures libres, au laboureur pour son travail journalier, et à l'artisan pour son ouvrage à la pièce? R. Je pense que 1 schelling (monnaie locale) suffit pour une journée d'ouvrage dans les champs, et 1 o d. pour dix heures à la fabrique, en accordant toutes les allocations et tous les privilèges dont ils jouissaient quand ils étaient esclaves, et qui surpassent en général ce que la loi a ordonné. Comme la loi ne commande point que l'on veille à la fabrication, elle n'ordonne pas non plus que l'on veille aux terres des nègres. Je trouve qu'il y a un avantage mutuel à ce que les deux parties soient protégées comme autrefois et que rien ne soit payé pour veiller la nuit à la sucrerie, parce que peu de propriétaires peuvent supporter cette charge. Outre cela, tous les apprentis laborieux ont le moyen de cultiver des terrains de provisions, de les vendre pour de l'argent, et même en quantité très - considérable ; mais, strictement parlant, la loi ne leur donne droit qu'à une quantité de provisions suffisantes à leur entrelien et à celui de leurs familles. Sur la propriété que j'habite, les apprentis vendent souvent, dans un jour, pour 5o ou 6o liv. st. de provisions,qui sont portées au quai par les wagons de la plantation et vendues aux bateaux qui viennent de Kingston. Tout ce qu'ils ont à payer sur l'argent qu'ils reçoivent, c'est la

roisse, à la distance d'un mille ou deux, ils font quinze ou vingt milles pour aller à la paroisse voisine, Sainte-Elisabeth, sous prétexte d'y déposer des plaintes, mais en réalité pour jouir

journée de salaires des charretiers.

d'autant de jours de loisir, au grand détriment de leurs propriétaires. C'est un mal auquel il faut remédier le plus tôt pos-

D. Rapportez-nous la cause des troubles qui ont eu lieu dernièrement à la plantation de Golden-Grove.

sible.

R. Le juge spécial expliquait aux apprentis qu'ils devaient accepter les conditions justes et libérales que j'ai offertes ; mais ils ne voulaient point en entendre parler. Alors, à ce qu'on m'a 12. Interrogatoire de M. Thomas Mac-Cornoch. 11 novembre 1834.

D. Que Pensez-vous en général du nouveau système? R. A moins que l'on ne fasse des amendements considérables à la loi, et que l'on n'augmente de beaucoup le nombre des juges spéciaux, je crois que le système ne pourra pas réussir et que la culture du sucre devra cesser. Plusieurs planteurs trouveront qu'il leur sera moins coûteux d'abandonner la culture de leurs plantations, que de s'exposer à une ruine certaine en la continuant. D. Les magistrats spéciaux visitent-ils les plantations comme la loi le leur ordonne, et ne pensez-vous pas que si toutes les

raconté (car je n'étais pas présent, étant au lit malade de la lièvre),il leur dit que, s'ils ne voulaient pas travailler plus longtemps que la loi ne l'ordonne, on pourrait leur faire faire leur nombre limité d'heures, dans le temps que l'on voudrait. Là-dessus ils commencèrent à crier beaucoup, et, après qu'on leur eut inutilement commandé d'être tranquilles, le juge ordonna que l'on mil en prison une femme qui semblait faire plus de bruit que personne. Ils s'écrièrent alors tous qu'ils voulaient aller au cachot avec elle; ils la suivirent à la prison, et quand ils y arrivèrent ils la délivrèrent et l'emmenèrent; puis, en passant devant la maison, ils poussèrent trois cris de triomphe. Le défi ayant été ainsi jeté aux magistrats et à la loi, le juge crut qu'il était de son devoir d'envoyer chercher quelques agents de la police, et, n'en trouvant que treize, il y ajouta quelques soldats, au nombre de sept, je crois, pour empêcher d'autres troubles. Le lendemain matin tous les nègres


476

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIECES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

furent appelés par le juge , et les chefs furent punis : neuf furent fouettés, tandis que deux autres, avec six femmes, furent envoyés à la maison de correction.

D. Avez-vous eu la direction de plusieurs nègres, et en quelle qualité ? R. J'ai eu soin, comme médecin, de plusieurs milliers de nè-

D. De quelle manière arrangez-vous vos heures de travail?

gres , depuis mon arrivée dans l'île , et j'ai à peu près soixante apprentis sous mes ordres, comme propriétaire d'une plantation de café.

11. Les apprentis travaillent quarante-cinq heures par semaine, ce qui l'ail qu'ils ajoutent quatre heures et demie de leur temps, à condition de recevoir, pour eux-mêmes et leurs enfants, les mêmes allocations que quand ils étaient esclaves. D. Et vous n'avez pas essayé d'introduire le système de huit heures pendant quatre jours et de huit heures et demie pour le cinquième? R. Non. D.

Quels gages vos apprentis vous ont-ils demandés ?

R. Us n'ont point spécifié de somme, mais ils m'ont dit qu'ils ne voulaient pas travailler la nuit. Us avaient dit qu'ils tiendraient le moulin en action depuis quatre heures jusqu'à huit; mais le jour qu'ils ont coupé des cannes il ont déclaré qu'ils avaient l'in- tention d'arrêter le moulin au coucher du soleil. Après une longue conversation, ils ont tenu le moulin en activité jusqu'à huit heures, mais ils ne l'ont pas repris le lendemain, avant cinq heures. Je suis parti de chez moi le lendemain, et je ne sais ce qu'ils ont fait depuis.

13.

INTERROGATOIRE

de M. John Pine. 13 novembre 1834.

D. Votre opinion est-elle, d'après la répugnance que les apprentis manifestent à présent à travailler, même moyennant salaire, à leurs heures libres, qu'ils s'engageront dans un système de travail régulier quand leur apprent ssage sera terminé? B. Comme cette loi n'est qu'une expérience, nous ne devrions jamais perdre de vue son but ultérieur. Il est nécessaire de commencer immédiatement sur toutes les plantations et d'empêcher les apprentis de cultiver trop de terre , à moins qu'ils ne payent un loyer fort élevé. Dans la suite, ils n'en seront que plus heureux; l'homme laborieux donnera une partie de son temps moyennant salaire, afin de se procurer les douceurs de la vie ; les paresseux ne pourront gagner que juste ce qu'il leur faudra pour les empêcher de mourir de faim. Car, sous le système libre, ce ne sera qu'à des hommes bien connus pour leur bonne réputation que l'on voudra louer des terres. D. Quels seraient les salaires que vous croiriez possible de payer à l'apprenti pour son travail extraordinaire ?

D. Selon que vous avez pu observer, les apprentis travaillentils maintenant d'aussi bon cœur et aussi bien qu'avant le 1er août? R. Nullement. D. Croyez-vous qu'il y ait dans l'île une coalition organisée, ou quelque influence secrète, pour persuader aux nègres de ne pas travailler, et de ne point mettre en apprentissage leurs en-

fants libres ? R. Je n'ai aucune connaissance de cela ; mais je suis moralement certain qu'une coalition étendue et déterminée a été organisée parmi les apprentis, par une influence placée en dehors d'euxmêmes, et qu'on leur a persuadé d'opposer la force d'inertie, en n'exécutant point, à leurs heures de travail, la quantité d'ouvrage qu'il leur serait facile d'exécuter, et en ne donnant point le travail extraordinaire qu'ils pourraient donner moyennant salaire. En agissant ainsi ils pensent que leur apprentissage sera nécessairement terminé plus tôt, parce que leur maître ne pourra jamais supporter une conduite aussi ruineuse et qu'ils se trouveront par conséquent libres de toute contrainte. D. Avez -vous connu quelque exemple où un arrangement équitable, proposé par quelques directeurs de plantations, de payer leurs apprentis pour leurs heures libres, ait été refusé par ces derniers? II. Dans la plupart des plantations où je suis médecin, on a proposé des arrangements particulièrement favorables aux apprentis , mais ils n ont eu qu un succès partiel. Les apprentis ont généralement refusé d accepter leurs allocations extraordinaires, telles que des harengs, du riz, les soins du médecin et l'entretien de leurs enfants libres, afin de ne point donner les quatre heures et demie qu'on leur demande par semaine. El cependant j'ai la preuve certaine qu'ils soutirent de ces privations. Il doit être évident pour tout le monde que, si le désir de gagner leur vie honnêtement et de se procurer, par le travail, ce qui est nécessaire à leur existence ne se fait pas sentir chez eux, des événements terribles auront bientôt lieu. Ces événements seront ou des épidémies funestes, ou des actes d'insubordination. La nourriture que les nègres ont adoptée dans certains districts ruraux, et qui ne contient pas une seule particule de sel, est très-malsaine. Je considéré ce dernier exemple comme une nouvelle preuve qu'il existe une influence secrète, qui fait espérer aux noirs que l'ap-

B. Je crois qu'on pourrait donner 2 sch. 1 d. pour les premiers ouvriers, 1 sch. 8 d. pour les bons ouvriers, 1 sch. 3 d.pour des ouvriers ordinaires, et 10 d. pour ceux qui sont ordinaire-

prentissage sera bientôt à sa fin. La circonstance suivante montrera qu ils souffrent déjà de la fermeture des magasins de leurs maîtres. Sur la propriété de Gray's-Inn , où ils ont positivement

ment dans le dernier atelier. Cette proportion de salaires pourra diminuer vers la fin de l'apprentissage, mais pas de beaucoup. Si les propriétaires veulent ne pas permettre que l'on occupe

refusé de recevoir les allocations ordinaires en échange de quatre heures et demie de travail par semaine, le reste d'un baril fut vidé dans le ruisseau à Dunder : ils vinrent ramasser le

leurs terres sans présenter un bon certificat, et s'ils en font payer la location toutes les semaines, soit en argent, soit en travail, le nègre laborieux ne voudra pas se faire renvoyer ; mais il consi-

sel, le lavèrent et s'en servirent avec leurs provisions. Mes propres nègres ont refusé des allocations que je leur offrais pour les quatre heures et demie extraordinaires par semaine, et ont eu recours au même moyen pour se procurer du sel, qu'ils au-

dérera comme la plus grande tache à son honneur d'être chassé du domaine de son maître,qui a été la demeure de sa famille et de ses ancêtres depuis plus d'un siècle.

raient méprisé étant esclaves. Outre cela je leur ai offert 1 sch. 8 d. par semaine pour faire des travaux légers à leurs heures libres, mais ils l'ont positivement refusé. Lorsque je leur en demandai la raison, un vieil Africain me répondit que, plutôt que de tra-

14.

INTERROGATOIRE

du docteur J. Maxwell. 24 novembre 1834.

D. \ a-t-il longtemps que vous demeurez dans ce pays ? B. Depuis dix-huit ou dix-neuf ans. 1

Monnaie locale.

vailler pour moins d'une demi-piastre par jour, il se coucherait et dormirait. Vers la même époque de l'année dernière, mes nègres sont venus me demander de leur laisser cueillir du café leurs heures libres; celle année je leur ai non-seulement demandé, mais je les ai priés de le faire, parce que mon café tomberait; ils m'ont répondu qu'il n'y en avait pas assez de mûr pour y gagner


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. IX. EFFETS GÉNÉRAUX DE L'APPRENTISSAGE, ETC.

477

une journée de salaires. Pour répondre à cette objection je leur ai alors offert 1 sch. 8 d. par jour : ils ont refusé la proposition.

D. Avez-vous fait du sucre depuis le 1 août, et, si vous en avez fait, quelle quantité avez-vous fabriquée en comparaison de ce

D. Quelle est, selon vous, la quantité de travail qu'on obtient à présent en comparaison de ce qui se faisait anciennement ? R. A peu près la moitié.

que vous faisiez autrefois?

D. Quand on leur propose de travailler moyennant salaire, les apprentis ne demandent-ils pas plus que le produit du pays ne peut le comporter, en laissant un profit raisonnable au pro-

priétaire ? R. J'ai donné plus baut une réponse à cette question. Les apprentis travaillent-ils à leurs jardins et emploient-ils leur temps libre avec avantage, de manière à augmenter leurs D.

jouissances et à ne point courir le risque de devenir à charge à leurs maîtres ?

R. En général les jardins sont plus négligés maintenant qu'auparavant par les apprentis, surtout par les miens. D. La conduite des magistrats salariés vous a-t-elle paru de nature à faire respecter les lois et arrêter les actes d'insubor-

er

II. J'en ai fait plus de quatre-vingt barriques depuis le 1er août, c'est-à-dire huit barriques par semaine de cinq jours. Mais durant le même temps, avant le 1er août, j'en aurais fait treize ou quatorze barriques. D. Avez-vous connu quelque exemple où les apprentis aient refusé d'accepter des arrangements justes et équitables pour travailler à leurs heures libres, quand les offres leur ont été faites par les propriétaires ou directeurs de plantations ? R. Aucun de mes apprentis n'a refusé de travailler à la sucrerie, depuis le point du jour jusqu'à la nuit, à raison de 1 schell. 8 den. pour dix heures de travail à leur temps libre, sans compter leurs anciennes concessions de sucre, de rhum et de harengs; les hommes qui travaillent à la cuve,etc., travaillent pendant dix-huit heures sur vingt-quatre, au même prix. D. N'attribuez-vous pas la bonne conduite présente des apprentis de votre plantation à des punitions promptement in-

dination ? R. La visite régulière des magistrats, qui rendraient la justice avec impartialité entre le maître et les apprentis, empêcherait une grande perle de travail qui a lieu sous le régime

fligées ? R. Oui, en grande partie. D. Pensez-vous que la proposition eût été acceptée si un éco-

actuel. Elle arrêterait le crime et tendrait à exciter de meilleures

nome l'eût faite à votre place ?

dispositions dans nos paysans, quand ils verraient que le Gou-

R. Je pense que oui, pourvu que l'inspecteur eût voulu prendre la même peine de les rassembler et de la leur expliquer.

vernement est bien déterminé à les faire travailler pendant la durée de l'apprentissage. D.

D'après la répugnance que vous avez observée dans les ap-

prentis à travailler moyennant salaire, à leurs heures libres, pensez-vous qu'ils s'engagent dans un travail d'agriculture régulier quand la fin de leur apprentissage sera arrivée ? R. Je pense qu'ils ne travailleront point assez pour que l'on puisse avantageusement continuer la culture des produits d'exportation, mais qu'ils se retireront dans l'intérieur, où ils se con-

D. Croyez-vous qu'en général les économes se donnent la peine que vous avez prise ? R. Je ne saurais vous le dire. D. Croyez-vous que les apprentis travailleront aux champs, à leurs heures libres, pour les salaires qu'il sera possible de leur allouer ? R. Je ne le crois pas, et il me semble que personne, placé comme eux, ne voudrait travailler dans les champs, moyen-

tenteront de satisfaire leurs besoins, du reste fort peu nombreux dans ce climat. Voici ce qui me le fait penser : avant le 1er août,

nant salaire.

je désirais stimuler leur industrie et leur énergie en établissant un champ de café qui devait être cultivé par eux à leurs heures

eux ?

D. Que voulez-vous dire par ces mots : des gens placés comme

libres : ils auraient reçu la moitié du produit; je leur au-

R. Ils ont des maisons libres de loyer, ils sont habillés aux

rais fourni gratuitement un maître d'école. Mais, quoique mes propositions fussent basées sur les principes les plus libéraux,

dépens du propriétaire, ils peuvent prendre autant de terre qu'il leur plaît pour les cultiver à leurs heures libres; par conséquent

quoiqu'ils fussent convaincus qu'ils pourraient gagner de 10 à

ils peuvent gagner davantage en cultivant cette terre, qu'ils ne

11 sch. par jour lorsque le café viendrait en maturité, et que dans

le feraient en travaillant dans les champs pour la somme de

l'intervalle ils auraient de bons gages en provisions, en blé et en

salaire qu'il est possible au propriétaire de donner.

pois, etc., ils ne voulurent point accepter. Cette circonstance m'a beaucoup découragé.

15.

INTERROGATOIRE

de l'honorable John Bell, magistrat de la

paroisse de Saint-George. 25 novembre 1834.

D. Depuis combien d'années habitez-vous celle île ? R. Depuis plus de onze ans, et je demeure sur ma plantation. D.

D. Quel serait, selon vous, le moyen le plus efficace de les forcer à travailler aux champs?

Avez-vous eu la direction de plusieurs nègres et en quelle

qualité?

R. Je suis propriétaire de trois cents nègres, et je les dirige

R. Si on ne leur donnait pas plus de terre qu'il ne leur en faut pour leur propre entretien, ils est alors probable qu'ils travailleraient moyennant salaires. D. Combien croyez-vous avoir payé en argent pour le travail libre qu'il vous a fallu employer pour la fabrication de votre sucre ? R. Environ 14 ou 15 schell. par barrique. D. Veuillez nous expliquer ce qui s'est passé entre vous et les apprentis quand vous leur avez exprimé le désir qu'ils allassent se louer à la fabrique ?

maintenant qu'avant le 1er août?

R. Je les ai tous assemblés, et je leur ai dit qu'il était nécessaire qu'ils travaillassent pendant plus de neuf heures à la fabrique, et que je désirais savoir ce qu'ils en pensaient. Les uns me répondirent qu'ils ne voulaient pas travailler à la fabrique

Pendant quelque temps après le 1er août ils n'ont pas fait plus de la moitié de l'ouvrage qu'ils faisaient autrefois. Je me suis alors adressé au juge salarié, qui en fit punir quelques-uns,

une minute de plus que leur temps ; mais les ouvriers de la fabrique, et plusieurs autres, me répondirent qu'ils travailleraient le temps qu il me plairait. Quand je connus l'opinion de chaque

et commanda à d'autres de rendre, en travaillant le samedi, le temps qu'ils avaient perdu. Depuis cela, ils ont fait autant d'ouvrage qu'auparavant, toute proportion gardée du temps.

individu, je fis couper des cannes, et je mis à la fabrique ceux qui m'avaient dit qu'ils voulaient bien y travailler à leurs heures libres. Je gardai ces mêmes nègres à l'ouvrage pendant près de

moi-même. D.

Avez-vous observé que les apprentis travaillent aussi bien

R.


478

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

trois semaines. Alors ceux des champs vinrent me dire qu'ils ne m avaient point compris quand je les avais appelés, mais que si je voulais les essayer à la sucrerie, ils y travailleraient comme les autres. D. Croyez-vous faire les mêmes récoltes qu'auparavant, ou à quelle perte vous attendez-vous ? R. Je m'attends à une différence d'un quart sur le tout. D. Quelle est votre idée quant à l'obéissance que l'on pourra s'attendre à obtenir des nègres, par suite d'une loi qui les forcerait de travailler à leurs heures libres moyennant salaire, et qui, en cas de refus d'ouvrage, les assujettirait à des punitions ? R. Je pense qu'ils seraient obéissants.

Mais il ne serait point

politique de faire une telle loi, car, si vous désirez leur persuader de travailler comme laboureurs libres, voici le moment où l'on devrait en faire l'essai.

16.

INTERROGATOIRE

de M. William Shorp. Novembre 1834.

D. Etes-vous directeur de propriétés foncières, et quelle en est l'étendue ? Je dirige quatorze plantations dans Trelawney, Hanovre, Westmoreland et Sainte-Elisabeth. R.

D Quel est le nombre d'apprentis sous vos ordres ? R.

A peu près 3,ooo.

D. Que pensez-vous du succès du nouveau système de travail établi par la loi d'abolition ? R,

Je pense que ce système ne réussit pas trop bien.

D. Croyez-vous qu'il y ait eu quelque mauvaise volonté de la part des directeurs de propriétés de s'associer, avec impartialité, à l'exécution du nouveau système?

R. Non certainement. D. Quel nombre d'heures, sur les vingt-quatre, croyez-vous nécessaire dans une fabrique de sucre pour pouvoir enlever la récolte ? R. Je pense qu'il faudrait seize heures. D. Croyez-vous que les nègres pourront être amenés à.donner volontairement ce temps au prix qu'il sera possible de les payer ? R. Je ne le pense certainement pas, à moins qu'ils ne soient forcés de le continuer régulièrement par quelque acte de l'assemblée. Il est très-probable que plusieurs seront disposés à travailler moyennant salaire; mais ils sont d'un caractère si inconstant, qu'ils pourront consentir aujourd'hui et refuser demain. Et, dans une manufacture de sucre, il est absolument nécessaire de maintenir un travail uniforme et continu. D. Quel serait, selon vous, le tarif juste et raisonnable des salaires que l'on devrait accorder aux apprentis pour le travail qu'ils feront à leurs heures libres ? R. Je considère qu'un denier et demi par heure est le plus que le maître pourra leur donner. D. Pensez-vous qu'il soit possible de continuer la fabrication du sucre dans les circonstances présentes ? R. Non certainement, pas avec avantage. D. En considérant l'état présent du pays, quels règlements croyez-vous nécessaires pour assurer la paix de la société et la culture régulière des plantations ? Pi. Je pense que Ion devrait encourager l'immigration par tous les moyens possibles ; arrêter le crime et le vagabondage par des lois coercitives, et appliquées sans délai; augmenter le pouvoir des magistrats locaux à appliquer les lois d'abolition (avec des amendements pour assurer un travail continu pendant les récoltes), et forcer les magistrats spéciaux à appliquer les lois avec impartialité.

R. Je ne l'ai jamais entendu dire; tout au contraire. D. Connaissez-vous des directeurs ou des propriétaires de plantations qui aient, directement ou indirectement, causé des obstacles aux magistrats spéciaux dans l'exécution de leurs devoirs ? R.

Non.

D. Les apprentis font-ils maintenant ce que vous considérez comme une portion suffisante et raisonnable de travail, durant le temps fixé par la loi ? R.

Non certainement.

D. Obéissent-ils à l'autorité des directeurs, et se conduisentils avec la soumission nécessaire ? Dans bien des cas ils paraissent mécontents, maussades et très-susceptibles, tellement qu'il est même désagréable pour les R.

blancs de leur parler. Je parle surtout des plantations qui sont sous ma direction dans Trclawney. Dans ma propriété particulière en Westmoreland, et dans les autres propriétés qui sont sous mes ordres, dans Hanovre et Sainte-Elisabeth, il paraît y avoir de meilleurs sentiments; mais ils ne sont pas aussi bons qu'autrefois. D. Avez-vous trouvé les apprentis disposés à Iravailler moyennant salaire a leurs heures libres ? R. Les uns ont promis, les autres ont refusé, et quelques-uns mont répondu qu'ils attendraient pour voir ce que feraient les apprentis des autres plantations.

D. A-t-on fait du sucre sur quelques-unes des plantations qui sont sous vos ordres, depuis le 1er août ? R.

Non.

D. Peut-on récolter le produit d'une plantation de sucre et continuer l'agriculture, en faisant travailler les apprentis seulement quarante heures et demie par semaine ?

17.

d'une commission nommée pour faire une enquête sur les résultats du nouveau système de travail.

RAPPORT

14 novembre 1834.

Monsieur le président, Votre commission, nommée pour examiner le nouveau système de travail et présenter à l'assemblée les règlements nécessaires pour forcer au travail les esclaves nouvellement libérés, et pour établir le tarif des salaires qui seraient équitables entre les apprentis et les maîtres, quant à l'ouvrage qu'ils feront à leurs heures libres, Rapporte : Qu'elle a considéré de son mieux les pétitions que lui ont présentées les paroisses d'Hanovre, de Trclawney, de Sainte-Elisabeth et de Saint-Thomas-dans-l'Est, et qu'elle a entendu de la manière la plus solennelle les dépositions de personnes de la plus grande considération et de la plus grande expérience , dans différentes parties de l'île, sur le nouveau système de travail. Dans quelques cas, on a considéré qu'il était possible qu'il réussît; mais, d'après le plus grand nombre des témoignages, la commission est portée à conclure : Que le nouveau système ne réussit point; que quarante heures et demie d'ouvrage par semaine ne suffisent par pour que l'on puisse continuer la culture des terres ; que les nègres n'exécutent pas une quantité d'ouvrage raisonnable pendant ce court intervalle , et que , pendant leurs heures libres, peu d'entre eux veulent travailler pour les gages que les cultivateurs de la canne à sucre peuvent leur payer. Que la paresse et le mépris des autorités deviennent journellement plus alarmants; que la récolte de pimento, la seule qui soit venue en maturité depuis le 1er août,


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. IX. EFFETS GÉNÉRAUX DE L'APPRENTISSAGE, ETC.

479

■a été, en grande partie, perdue pour les propriétaires, par l'impossibilité de la faire cueillir; que la récolte de café, qui commence maintenant, aura probablement le même sort; et que la

prescrites par la loi, et de leur résolution presque universelle de ne point travailler pour des gages à leurs heures libres,

perspective des propriétaires des plantations de cannes est encore plus désespérée, parce qu'on est certain que les cannes pourri-

Qu'après avoir entendu sous serment plusieurs témoins, dans différentes classes de la société, elle est arrivée à la conclusion

ront sur pied, à cause de l'impossibilité de fabriquer le sucre pendant le petit nombre d'heures durant lesquelles les fabriques pourront être ouvertes.

qu'il existe clans l'esprit des apprentis une répugnance presque universelle au travail, et qu'ils ne font maintenant, pendant les

Le manque de succès du système peut être attribué principalement aux causes suivantes:

qu'ils faisaient pendant le même espace de temps avant l'acte

Rapporte :

heures prescrites par loi, guère plus de la moitié du travail d'abolition .

1° L'autorité privée du maître (qui formait anciennement la

Qu'ils ont une répugnance à travailler moyennant salaire pen-

plus grande partie du pouvoir coercilif) a été si complètement détruite, qu'il ne peut pas même avoir maintenant sur ses ap-

dant leurs heures libres. Ceci est prouvé par le fait que, dans les

prentis autant d'autorité qu'un maître en a en Angleterre sur ses

pour faire enlever la récolte du sucre , ils ont presque refusé de

ouvriers ;

tenir leur engagement.

cas où l'on a pris avec eux des arrangements justes et équitables

Les magistrats locaux ont été privés, en même temps que

les maîtres, du pouvoir et de l'autorité nécessaires pour aider à maintenir la paix de la société et faire respecter les lois ; 3° Enfin, le nombre des magistrats salariés est insuffisant. Plusieurs sont incapables de remplir, d'une manière convenable,

C.

RAPPORTS

des magistrats spéciaux, de décembre 183b à janvier 1837.

les devoirs difficiles et importants qui leur sont confiés, à cause de leur ignorance complète des habitudes et des dispositions des

1.

EXTRAIT

d'une lettre datée de Saint- James, 1er décembre 1834.

nègres ou de la quantité raisonnable d'ouvrage qu'ils peuvent ou qu'ils doivent faire. D'autres raisons d'une importance moins grande ont aussi été

Je n'ai aucune raison de me plaindre du travail des apprentis ; tout au contraire, car ils ont exécuté en neuf heures le même ouvrage qu'ils faisaient anciennement en douze. En travaillant aux

données, savoir : Les différentes manières de faire travailler adoptées par différents propriétaires ; les décisions, également différentes, données par différents magistrats; et une influence secrète, qui n'admet point de preuve légale, mais qui existe évidemment, tendant à détruire le système d'apprentissage, en poussant les laboureurs à ne pas travailler moyennant salaire à leurs heures libres, mais, comme ils l'expriment eux-mêmes, à agir selon la loi. Votre commission recommande, comme seul moyen de sauver la colonie d'une ruine complète, et de donner une chance

cannes le vendredi, plusieurs ont gagné 6 sch. 8 d., 8 sch. 9 d., d., et 14 sch. 2 d. Le nombre des houes était à 5o; ils se sont, de leur propre volonté réunis jusqu'à 57, 75 et 82. Pour encourager le travail parmi leurs camarades, trois premiers ouvriers et constables ont pris 10 sch.,

12

sch.

6

anciennement de

40

leurs houes et ont chacun creusé 180 trous dans la demi-journée. Si ce n'était point trop long à détailler, je pourrais faire voir que ce qui prenait sous l'esclavage trois ou quatre minutes à faire, n'en prend maintenant que deux. Comme les travaux sont

raisonnable de succès à la grande expérience de l'émancipation

aussi avancés cette année que l'année dernière à la même époque, je ne puis m'apercevoir que nous ayons souffert par le change-

des esclaves :

ment de système.

1° Qu'une magistrature plus nombreuse et plus compétente, possédant des connaissances suffisantes et l'expérience locale, soit nommée immédiatement pour maintenir l'ordre, réprimer

2.

EXTRAIT

d'une lettre de M. John Daughtrey, juge spécial.

le crime et forcer au travail ; Bath, 3 décembre 1834.

2° Que l'on fasse à la loi tous les amendements nécessaires pour éviter toute ambiguïté, en définissant plus clairement les droits et les devoirs réciproques des maîtres et des apprentis. 3° Que l'on fasse tous les règlements qui seront nécessaires pour établir, d'une manière équitable, entre les maîtres et les apprentis, le temps de travail qui assurera la récolle de ce grand article d'exportation , sur lequel reposent la prospérité de la colonie et le bien-être de toutes les classes. Voire commission considère ce règlement comme étant de la plus haute importance et même d'une nécessité absolue, afin d'amener à travailler pour son propre profil un peuple ignorant, paresseux et dissipé, qui, jusqu'à présent, n'a été accoutumé au travail que par des moyens coercitifs, et pour l'empêcher par ce moyen de tomber dans un état d'indolence, dont il serait plus tard impossible de le faire sortir.

On ne peut rien voir de mieux que la conduite des nègres sur quelques-unes des plantations de ce quartier. Je puis parler surtout d'Amity-Hall, où le propriétaire a établi une échelle équitable de salaires pour les heures libres, et agit en tout d'après un système d'encouragement judicieux. Non-seulement ses nègres lui donnent tout le temps extraordinaire dont il a besoin, mais encore ils travaillent pour lui gaiement, avec bonne volonté, et montrent, pour ce qui regarde la question du salaire, un intérêt qui est très-opposé aux allégations contenues dans la pétition de la paroisse. En vérité, milord, rien n'est moins exact que de dire que les nègres de ce district ne sont point disposés à travailler, à leurs heures libres, pour de l'argent. Maintenant qu'ils ont vu paver des salaires, leur indifférence apparente s'est universellement changée en empressement, et sur quelques plantations il y a des offres de service, même au-delà de ce qui est nécessaire.

18.

EXTRAIT du.

rapport d'une commission de la chambre d'assemblée de la Jamaïque. Novembre 1834.

Voire commission, nommée pour s'informer des causés du rnécontentement général qui existe parmi les apprentis, de leur répugnance à travailler comme autrefois, même durant les heures

Le fait est qu'on leur avait dit, à dans un moment de colère, qu'on les obligerait à enlever la récolte sans salaires, et cette idée s'était tout à coup répandue dans tout le district : il n'a donc fallu rien moins qu'un payement effectif de salaires pour les désabuser. Relativement à un discours attribué à M à l'égard de ce district, je me permettrai de dire que, si ce discours est


480

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. —II PARTIE. e

exactement rapporté, M

a été grossièrement abusé ; car, sur la plantation de Plantain-Garden-River, où il paraît que les nègres font «ce qui leur plaît,» il y a autant d'ordre et de tra-

nombre de laboureurs robustes qui allaient à l'hôpital pour avoir été exposés à l'air de la nuit, il est évident que, si le changement est accueilli par le planteur avec intelligence et impartialité, la

lui-même pourrait le désirer. Il est vrai qu'au moment où l'inspecteur de police dit aux noirs, d'un ton sec et laconique, qu'ils seraient obligés de faire

condition du propriétaire se trouve vraiment améliorée.

vail régulier que M

aller le moulin jusqu'à huit heures, il lui fut répondu : « Point d'ouvrage de nuit. » Ayant appris cela, et connaissant la bonne disposition des nègres en général, j'allai à la plantation le jour

5.

EXTRAIT

Sainte-Dorothée, 10 décembre 1834

que l'on mit le moulin en mouvement, et je les assemblai. Us arrivèrent dans le plus grand ordre, et écoutèrent ce que j'avais à leur dire avec attention et respect. Pour en finir, ils me répondirent unanimement « que ma parole était bonne » et qu'ils fe-

d'une lettre de M. Alexandre Mac-Leod, juge spécial.

Je pense qu'il est de mon devoir d'informer votre seigneurie que la conduite des nègres dans cette paroisse est à présent paisible au plus haut degré, bien réglée et laborieuse.

raient ce que je voudrais. Us allèrent se mettre à l'ouvrage, et,

Récemment, en ma qualité de juge spécial, j'ai donné mon

depuis ce temps, ils ont continué avec activité et persévérance. Je regrette de ne pas avoir le temps d'écrire à M à ce

assentiment à un arrangement entre un maître et ses apprentis,

sujet; mais je serai bien obligé à Votre Execllence, si elle veut bien faire connaître ce que je viens de lui communiquer.

3.

EXTRA IT

du registre quotidien de M. Charles Brown , juge spécial. Vere, jusqu'au 8 décembre 1834.

Comme nous sommes au commencement de la récolte dans cette paroisse, nombre de propriétaires et de directeurs font des arrangements avec leurs laboureurs pour enlever la récolte. J'é-

sur les propriétés de Lodge et de Colbecks, dans cette paroisse. En vertu de cet engagement les apprentis se sont obligés à employer une partie de leur temps libre à enlever la récolte de 1 835, et à avancer celle de 1836, pour un prix qui ne coûtera pas aux. propriétaires l'équivalent d'une seule année d'intérêts de la somme donnée comme compensation. Les noirs de celte paroisse se montrent généralement très-disposés à travailler à leurs heures libres, pour un prix favorable aux propriétaires. S'il en était ainsi dans toute l'île ( et je suis fortement porté à croire que cela est), le succès du système d'apprentissage serait hors de doute.

prouve du plaisir à dire que tout est tranquille, et que tout le monde est à l'ouvrage comme à l'ordinaire clans la paroisse. Les

.6.

EXTRAIT

d'une lettre de M. John Daughtrey, juge spécial.

apprentis me font journellement des demandes pour que je leur explique la loi quant au temps de travail et aux allocations, etc. Je leur ai donné à tous les conseils nécessaires à l'égard de leur

Il y a environ un mois qu'une pétition à l'assemblée coloniale, rédigée à Spanish-Town, a circulé et a été généralement signée dans ce voisinage. Dans cette pétition, il est

conduite et de leur devoir.

4.

LETTRE

datée du

Bath, 10 décembre 1834.

9

décembre

183H.

Dans la lettre que j'ai eu l'honneur de recevoir de Votre Excellence, en date du 3o octobre, vous avez exprimé l'espoir que je pourrais rendre un compte favorable de l'exécution du plan que j'avais proposé aux apprentis de cette plantation, pour l'achat d'une partie de leurs heures libres pendant la récolte. Ce système est mis en pratique depuis plus de deux semai es, et je suis heureux de pouvoir dire qu'il a produit un effet excellent, aussi bien sous le rapport du travail que sous le rapport de la conduite des travailleurs. Les points principaux du plan que j'ai eu l'honneur de soumettre à votre seigneurie subsistent toujours, quoiqu'il y ait

dit que «le travail du district était presque terminé, et que les nègres avaient, refusé de travailler pour des gages raisonnables à leurs heures libres. » A cette époque-là, milord, quoique l'on affirmât que les nègres ne travaillaient presque plus, des personnes d'expérience, qui connaissaient bien le district, m'ont assuré qu'ils ne voyaient pas grande différence, quant à l'aspect et à la bonne culture des terres, entre celle année elles années précédentes; et, depuis cette époque, tous les propriétaires ont certainement été prêts à faire marcher leurs moulins, comme à l'ordinaire. A l'égard du refus des salaires, je dirai qu'à celte époque, parmi toutes les propriétés de mon district, on n'avait encore demandé qu'à trois de travailler aux heures libres, moyennant salaire, et, sur ces trois plantations, deux y avaient consenti, ainsi que les principaux ouvriers de la troisième.

quelques petits changements dans les détails. Le moulin est à l' ouvrage à peu près depuis quatre heures du matin jusqu'à six heures du soir, depuis le lundi jusqu'au vendredi inclusivement. Sur ce temps, nous occupons à peu près 12 heures

Mais comme ce n'était pas assez, un des administrateurs, qui a lui-même signé la pétition et qui l'a fait signer à bien d'autres, a positivement rejeté la demande que les noirs faisaient eux-

par semaine des heures libres de 40 bons ouvriers et de 3 enfants. Les gages sont : principaux ouvriers, 3 sch. 4 d. ; ouvriers

mêmes de travailler, à leurs heures libres, moyennant salaire: ce qu'ils commencent généralement à désirer.

ordinaires,

C'était assez plaisant d'entendre gravement affirmer par un des représentants de la paroisse « que la fabrication du sucre

2 sch. 6 d. ; enfants, 10 d. Ces gages se montent à 6 liv. 10 sch. par semaine. Nous faisons environ 12 barriques pendant cet espace de temps. Dans cette proportion, nous fabriquerons une quantité égalé a ia dernière récolte , c'est-à-dire 400

barriques, en 33 semaines. Les gages qui seront payés pendant ce temps se monteront a 160 liv. sterling. Quand nous pensons, milord, que, pour la plupart, celte dépense sera plus que couverte par l' intérêt de la somme qui sera accordée comme indemnité; que, en outre, grâce a la suppression du travail de nuit, nous pouvons avec confiance nous attendre à une amélioration dans la qualité du sucre fabriqué, et que la quantité perdue par le vol sera diminuée; quand nous considérons aussi le grand

avait presque cessé dans Saint-Thomas-dans-l'Est, » quand elle ne faisait que de commencer. Les personnes même, milord, sur le témoignage desquelles M.. .. a fait sa déclaration, se vantent du progrès qu'elles ont déjà fait, et parient même à qui fabriquera la plus grande quantité de barriques par semaine. relie est maintenant leur confiance, après tous leurs sombres pronostics. A Golden-Grow ils se vantent d'avoir fabriqué de cinquante à soixante barriques pendant la semaine dernière; et ils parlent a peu près sur le même ton à la plantation Rolland.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. IX. EFFETS GÉNÉRAUX DE L'APPRENTISSAGE, ETC. 481 A Amity-Hall ils fabriquent maintenant douze barriques par semaine, dans les heures fixéees par la loi; et à Hordley, plantation voisine et à peu près semblable, la même quantité , mais dans un temps un peu plus long. A Plantain-Garden, où les nègres faisaient « ce qui leur plaisait,» l'inspecteur ne peut pas trouver à redire à leur conduite. Suivant ma recommandation, ils travaillent au moulin, en se remplaçant alternativement et sans se plaindre, depuis six heures du matin jusqu'à minuit. La récolte sera, par conséquent, rapidement enlevée. En vérité, Milord, comme les presses sont maintenant toutes en action, je crois pouvoir affirmer en toute sûreté qu'il n'y a pas, dans tout le district, un seul exemple d'une plantation sur laquelle on doute de pouvoir enlever toute la récolte. La plus grande imprévoyance, ou une véritable sottise de la part des directeurs, pourrait seule s'y opposer.

7.

COPIE

d'une lettre de

M.

John Daughtrey, juge spécial, au

marquis de Sligo. Bath, 17 décembre 1834.

C'est avec la plus grande satisfaction que je viens faire connaître à Votre Excellence l'état, non - seulement favorable, mais progressif de cet important district. A Golden-Grow, la semaine dernière, les apprentis ont fait seize ou dix-sept barriques; à Holland-Estate, presque la même quantité; et les directeurs des deux plantations m'ont dit euxmêmes qu'ils n'ont jamais vu mieux travailler ni mieux se conduire que ne l'ont fait les nègres. Après tout ce que Votre Seigneurie a entendu dire, je pense que ces faits valent la peine d'être communiqués. Outre cela, l'administrateur de GoldenGrow m'a dit que, pour Noël, il y aura tout autant de travail fait que l'année dernière à la même époque. J'avais déjà su par l'inspecteur que le moulin avait été mis en activité le même jour du mois. Ceci, Milord, doit vous faire voir quels rapports vous devez

leur ordonnai de se mettre à l'ouvrage l'après-midi de ce même jour, qui devait leur appartenir, puisqu'ils avaient été au moulin depuis quatre heures. Il s'y soumirent tout de suite, apparemment convaincus de la justice de ma décision, et ils vinrent tous aux champs à l'heure marquée. J'ai rapporté cette circonstance pour prouver qu'il y a amélioration dans les sentiments des nègres, et qu'à mesure que le système sera plus connu, on saura en faire ressortir les avantages et en faire disparaître les inconvénients. La disposition à travailler aux heures libres, moyennant salaire, devient générale. Dans quelques plantations, il y a toujours des surnuméraires qui attendent afin de se louer pour l'ouvrage de nuit, en cas d'absence de la part de ceux dont le tour serait venu. Je suis bien aise de voir que l'administrateur, qui avait d'abord dit que les nègres ne voulaient point travailler moyennant salaire, quand il ne le leur avait pas demandé, et qui ensuite leur avait refusé des salaires quand ceux-ci offraient leur temps libre, ait enfin changé d'idée. Il a autorisé ses économes à faire des arrangements avec les nègres pour le temps qui est nécessaire à la récolle.

8.

EXTRAIT

d'une lettre de M- Richard Standish-Haly, juge spécial. 24 i décembre 1834.

J'ai beaucoup de plaisir à faire savoir à Votre Excellence que, dans toutes les plantations qui ont commencé la fabrication du sucre ( et elles sont en assez grand nombre ), des arrangements ont été faits entre les maîtres et les apprentis, qui semblent convenir à tous les deux. Je n'ai à me plaindre que d'une chose : c'est qu'au lieu d'adopter un système uniforme et général de salaires, presque toutes les plantations font des arrangements particuliers. Il n'y a aucun remède à ce mal. Espérons qu'avec le temps et la patience l'on trouvera un système qui sera mieux approprié aux intérêts du pays.

croire, des miens ou de ceux qui les ont précédés, et qui proviennent d'autres sources. Depuis mon dernier rapport je n'ai pas reçu une seule plainte d'indolence ou d'insuffisance de travail, ce qui prouve qu'en général lés nègres travaillent bien. Je les ai vus moi-même plus gais et plus contents qu'à l'ordinaire, d'où l'on peut conclure qu'ils n'ont point de mauvaises intentions pour les fêtes de Noël. A ma dernière visite à Vere, où Votre Excellence se rappellera que les nègres avaient donné un peu de tracas à leurs maîtres, ils ont demandé à être réunis afin que je leur expliquasse la loi, en ce qui concerne le temps de la récolte. Au lieu de la confusion, de la turbulence qu'ils ont manifestée auparavant, ils m'ont écouté avec attention et respect. Quand j'ai fait. allusion à leur ancienne conduite pour exprimer ma satisfaction du changement qui s'est opéré, ils se sont écriés d'un commun accord : «Nous avons eu tort, maître ; nous vous demandons pardon. » Les mêmes dispositions se sont manifestées dans toutes les plantations de Port-Morant, qui étaient anciennement les pires du district, et sur lesquelles les inspecteurs m'ont dit que les apprentis ne s'étaient jamais rassemblés sans confusion et sans clameurs. A Duckenfield on leur avait demandé de se mettre au moulin à quatre heures du malin, un jour de la semaine dernière; mais, comme il n'y avait pas de cannes, il leur fut dit de ne point venir avant le lever du soleil. Ayant été mis à l'ouvrage à midi et demi seulement, on s'attendait à ce qu'ils iraient aux champs après leur heure ordinaire de dîner : mais il n'en vint aucun. En y allant le jour suivant, et en apprenant de quoi il s'agissait, je II.

9.

EXTRAIT

d'une lettre de E.

D.

Baynes, juge spécial, à C. H.

Darling. Aylmer's, 5 janvier 1837. L'acte d'abolition de la colonie est malheureusement loin d'être clair, et le juge spécial trouve que c'est une tâche un peu difficile d'exécuter les prescriptions de cet acte en maintenant les droits du nègre et les intérêts du propriétaire. Il en résulte des interprétations diverses de la loi par les personnes chargées de. la faire exécuter, et ces interprétations ont été, et sont encore, des causes de confusion et de dissension dans la société. Cependant mon opinion est qu'en général la rédaction de l'acte a été plus favorable au maître qu'à l'apprenti. Quand la loi a donné au maître quarante heures et demie par semaine, elle n'avait sans doute jamais eu l'idée que l'on pût en obtenir davantage de l'apprenti sans lui accorder une compensation équivalente. Cependant on ne compte ce temps , si ce n'est lorsqu'il s'agit des ateliers de louage (jobbing gangs), que depuis le moment qu'ils commencent à travailler dans les champs ; comme si le chemin que l'apprenti fait et le temps qu'il emploie pour aller à l'ouvrage de son maître, quelquefois à deux milles de l'habitation, n'était point, suivant l'esprit de la loi, employé au service du maître, et ne devrait pas être considéré comme tel. J'ai entendu des plaintes fréquentes de la part des nègres à l'égard du temps qu'on leur accorde pour déjeuner et pour dîner ; ils croient souvent qu'on leur enlève une partie de ce temps, ce qu'il leur est difficile de prouver, puisqu'ils n'ont aucune espèce de chronomètre. Celte cause de méfiance et de discussion pourrait être 31


482 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

évitée au moyen d'un expédient très-simple : il s'agirait d'obliger les directeurs de donner à leurs nègres des sabliers d'une heure et d'une demi-heure, lesquels, étant portés aux champs, ne leur laisseraient aucun doute quant à la somme de temps employée. Je pourrais citer plusieurs autres sources d'inconvénients qui empêchent l'essai impartial du système, et auxquels on pourrait remédier par des moyens également simples. Mais toutes ces améliorations, pour être faites avec succès, devraient être armées de la force de la loi. Les juges spéciaux sont l'objet d'une si grande jalousie, que presque tous les moyens proposés par eux sont trop ordinairement rejetés sans qu'on daigne les examiner. Il y a peu de service aussi fatigant ou aussi ingrat que celui d'un juge spécial : il est regardé, dès le commencement, d'un mauvais œil par la plus grande partie des propriétaires et des directeurs, et il voit que tous ses efforts sont insuffisants pour satisfaire tout le monde. S'il essaie de modifier ou d'empêcher les punitions, il est immédiatement attaqué et injurié dans les feuilles publiques, comme essayant de relâcher les liens de la discipline, dans l'intention malveillante de désorganiser les apprentis et de ruiner les maîtres; si, au contraire, il maintient une discipline sévère (et dans certains districts une telle méthode est absolument nécessaire), il s'attire la haine des nègres qui s'en vont, par centaines, se plaindre de lui au siège du Gouvernement. Ce ne sont pas les seules circonstances décourageantes qu'il rencontre dans l'accomplissement de ses devoirs. Dans tous les jugements auxquels a pris part un juge spécial, il a toujours eu le dessous, et il y en a plusieurs qui ont fait des dépenses ruineuses, beaucoup au delà de celles que leur salaire leur donne le moyen de soutenir. Il est inutile que j'essaie de prouver que les juges spéciaux, quoi qu'ils fassent, verront toujours leurs efforts suivis des mêmes résultats, à moins que le Gouvernement de la métropole ne trouve moyen de nous protéger dans l'exécution droite et consciencieuse de nos devoirs. J'ai souvent fait allusion, dans d'autres rapports, à la nécessité d'abolir la punition corporelle des nègres apprentis, ainsi, que la condamnation aux travaux forcés dans la maison de correction, pour des délits qui ne comportent pas des peines dégradantes. Cette dernière sentence est beaucoup plus sévère que la première, si l'on considère la manière dont sont administrés plusieurs de ces établissements. Ces deux genres de punitions seraient remplacés par un système de travail disciplinaire sur les plantations. Les premières punitions sont absurdes, puisqu'elles n'ont aucun rapport avec l'offense particulière de l'apprenti, celle de ne point donner à son maître la quantité d'ouvrage qui lui est due. Cependant, tant que durera le régime de travail obligatoire, il faudra trouver quelque moyen pour obtenir ce travail. L'établissement d'ateliers de correction sur les plantations pourrait atteindre le but si désirable, de combiner une punition analogue et proportionnée au délit, avec les égards dus aux intérêts du propriétaire. La punition la plus convenable pour la paresse, l'absence, ou pour un refus de travailler, est évidemment un travail continu et forcé. Ces ateliers ne seraient établis que sur les grandes plantations, qui pourraient recevoir et payer les services des coupables appartenant aux petites plantations. Les condamnés devraient travailler, sous la surveillance d'un officier de police, pendant dix heures les jours ouvrables; le dimanche on les emprisonnerait. Il va sans dire qu'ils recevraient de la nourriture , et que pendant la durée de leur peine leurs jardins seraient entretenus par leur maître. La quantité et la qualité de leur nourriture seraient réglées par la loi, aussi bien que leur punition, en proportion de leur faute. La mauvaise conduite de ces criminels devrait les assujettir a une prolongation de punition, et, dans des circonstances plus graves, aux travaux forcés dans les maisons de correction. L époque fixée pour l' émancipation des apprentis non ruraux s approche. Je prends la liberté de faire observer qu'à moins que l'on ne s'assure promptement et d'avance de ceux qui auront

droit à leur liberté en 1838, il y aura beaucoup de confusion à redouter. Il n'est nullement décidé quels sont les apprentis, sur les différentes plantations, qui doivent être considérés comme non ruraux. Le classement actuel, il faut bien se le rappeler, a été l'ouvrage du maître; car les estimateurs, qui, d'ailleurs, n'avaient aucune autorité légale pour décider à laquelle de ces deux classes les esclaves appartenaient, les ont notés comme ruraux ou non ruraux, sans aucun égard à la loi, et simplement comme il avait plu au propriétaire de les classer dans les livres de la plantation. Les difficultés et l'opposition auxquelles on peut s'attendre, si l'on ajourne jusqu'au dernier moment cette démarche nécessaire, peuvent être prévues d'après le refus général qui a été opposé à la recommandation équitable de lord Sligo à ce sujet. Il y a sans doute plusieurs apprentis qui prétendront avoir droit à leur liberté en 1838, auxquels la loi n'a point accordé ce droit. Il se trouvera aussi quelques maîtres qui voudront retenir des apprentis qui seront alors libres selon la loi. Je ne puis terminer ce rapport sans faire une remarque silice qui a été affirmé par plusieurs individus, que, dans ce pays, les crimes et délits vont en augmentant: rien n'est moins exact. Ceux qui propagent ces assertions font semblant de ne pas apercevoir, que depuis peu de temps seulement les infractions à la loi sont devenues, dans ces colonies, matières de blâme judiciaire ou d'observations publiques. Anciennement il n'y avait que les grands crimes qui étaient punis par la loi; tous les délits inférieurs étaient punis par la discipline privée, ou, trèssouvent, n'étaient point du tout punis, le propriétaire considérant une attaque contre le bien public avec beaucoup d indifférence, quand il n en souffrait pas lui-même. Conséquemment, il n abandonnait que rarement à la justice un esclave coupable, a moins que ce ne fût dans des cas qui encouraient la déportation ou la mort : dans ces cas la loi lui payait une indemnité. Il considérait souvent qu'il était de son intérêt de proléger un esclave qui n'avait commis qu'une légère faute, puisqu en le laissant emprisonner il pouvait lui-même y perdre. Les choses sont maintenant complètement changées. Le magistrat devant lequel tout délit est déféré, doit, si l'accusation est soutenue par un témoignage suffisant, renvoyer l'accusé devant les cours supérieures. Voila d'où provient l'augmentation apparente du crime, dont on a si injustement parlé, dans le seul but d'exciter des préjugés contre les nègres. L'augmentation des accusations qui viennent devant les tribunaux ne doit donc pas être considérée, dans ce pays, comme une indication de l'augmentation des crimes et délits. Quant à la somme totale des punitions qui sont maintenant infligées par les sentences des magistrats spéciaux, personne ne peut prétendre qu'elle se monte à la centième partie de celles qui étaient infligées par la discipline privée pendant l'esclavage.

EXTRAITS

des rapports des magistrats spéciaux, de novembre 1838 à juillet 1839. zo novembre 1838.

1. La population émancipée encourage l'établissement des dispensaires, et achète, de son propre mouvement, des billets pour les familles. La caisse d'épargnes de cette paroisse n'est ouverte que depuis deux jours : une somme de 7,920 li anes a été déposée. Il y a certitude de dépôts plus considérables. Ce fait n'offre-t-il pas, pour le bon ordre et contre le vagabondage, une sécurité moins coûteuse, plus efficace et plus satisfaisante que l'établissement d une police ou de lois restrictives? Signé GRANT.

31 janvier 1839. 2. Le commerce intérieur a éprouvé une amélioration très-


ÉTUDE DE L'EXPER. ANGL. — CHAP. IX. EFFETS GÉNÉRAUX DE L'APPRENTISSAGE ETC. sensible. Le passage de l'esclavage à la liberté a été matériellement avantageux aux marchands. L'argent, qui valait auparavant 3 ou 4 p. o/o de prime, est tombé à 1, et ensuite à o, à cause de sa circulation considérable, résultant des achats personnels des cultivateurs pour l'époque de Noël. Avec de l'énergie et de la prudence, on enlèvera les récoltes, et les salaires seront maintenus à un taux convenable. Signei

CHAMBERLIN.

d' une robe ayant appartenu à une femme décédée et enlevée de la maison du mari de la défunte par la belle-mère. Pendant quelque temps la maison de correction n'a contenu qu un seul individu prisonnier, et encore sa condamnation datait du temps de l' apprentissage. C'est à peine si, dans chaque propriété, l' on demande ou l'on entretient un gardien de police: quoique le café et d autres produits soient publiquement exposés, un exemple de vol est chose excessivement rare. Signé

er

I

du manque de pitié de la part d'un surveillant ont cessé d'avoir lieu. On n'amène plus devant les magistrats de femmes enceintes ou chargées de familles, qui auraient refusé de reprendre les travaux des champs. Aucun constable de plantation ne peut abuser de son autorité, et mettre les gens en prison pour insolence, absence, etc. Cet état de choses peut être entièrement attribué à la prudence des cultivateurs : c'est un encouragement à l'industrie et à la bonne conduite. Je suis heureux de dire que l'on ne saurait trouver une société plus paisible. On n'entend plus parler de petits vols, si communs autrefois MARI.TON.

3 avril 1839.

4. L'établissement d'un commerce libre entre cette île et Saint-Domingue ne peut que produire de nombreux avantages aux deux pays, non pas pour un échange de produits, ainsi que quelques-uns se l'imaginent; non pas par une augmentation, pour la Jamaïque, des productions territoriales, telles que l'igname, le cacao, etc., etc., dans le but de chasser de ce marché la concurrence, car cela serait positivement très-nuisible; mais pour d'autres produits qui ne sont pas cultivés ici aussi généralement et avec autant de succès, tels que le riz, le blé, les fèves, les pois et autres légumes; de plus, le petit bétail, porcs, moutons, volaille, articles qui se vendent excessivement cher dans noire pays. Il résultera de plus grands avantages pour les deux pays de cet échange et de celte exportation de produits. Signé

BAYNES.

1erniai 1839.

5. Ainsi que je l'avais prévu, beaucoup de nègres achètent des terres et s'établissent sur leurs propriétés. De bonne foi, on ne peut les blâmer d'agir ainsi. Leur conduite continue, en général à être très-bonne. Je me félicite aussi d'avoir à parler favorablement de la conduite des planteurs. Signé

GRANT.

avril 1839.

3. Les cultivateurs se réfugiaient souvent ici pour éviter le travail forcé. Toutes les oppressions provenant de la dureté ou

Signé

483

MAC-LEOD.

10 mai 1839.

20 mai 1839.

8. Nous voyons avec plaisir l'application de la charrue à la culture des champs de cannes à sucre. Au temps de l'esclavage et de l'apprentissage , les trous à cannes étaient généralement creusés, dans cette paroisse, par des ouvriers à la tâche qui dépendaient des hommes d'affaires, des régisseurs ou de leurs amis. Si l'usage de la charrue avait alors été établi, autant que la nature du terrain l'eût permis et que l'intérêt des propriétaires l'eût exigé, les profits de ces directeurs d'ouvriers auraient subi une grande diminution. Ces bandes d'ouvriers de louage n'existent plus. Désormais on trouvera donc convenable, comme d'ailleurs cela a toujours été, d'adopter, pour la préparation du sol à la culture de la canne, le mode plus expéditif et plus économique de la charrue, en remplacement du mode pratiqué jusqu'à ce jour, méthode qui est plus lente, plus pénible et plus coûteuse. Signé

FISHBOURNE

et

HOWITT.

5 juin 1839. 9. Je crains, dans mes rapports précédents, d'avoir donné de fausses idées sur la valeur et l'importance des terres cultivées par les nègres pour leur propre entretien. Il n'est pas étonnant, par exemple, que quelques personnes soient tombées dans l'erreur dont j'ai parlé, surtout lorsque l'on se rappellera que, dès longtemps, et par des vues intéressées, ces planteurs prenaient à tâche de faire des rapports extravagants sur l'importance des terres allouées aux nègres pour leurs jardins. J'ai établi qu'à l'aide de peu de culture une acre de terre peut fournir, à une famille nègre, le maïs et les vivres nécessaires à sa subsistance. Cela n'est exact que jusqu'à un certain point. L'acre de terre ne fournira au cultivateur qu'une seule récolte ; pour vivre sur une seule acre il faudra donc à la famille une nouvelle acre chaque année, et, dans quelques lieux, il en faudra une tous les six mois. Sous le régime de l'esclavage, les nègres pouvaient cultiver des terres en tous lieux où ils trouvaient le sol bon et libre. Lors de l'apprentissage ce privilège fut réduit. Il l'est maintenant à la jouissance du morceau de terre occupé actuellement par le nègre, terre dont la valeur, à part, de rares exceptions, sera bientôt réduite à rien. Ces faits sont d'une grande importance relativement aux rapports accrédités par les planteurs sur les achats actuels

6. Les planteurs des environs ont maintenant un nouvel épouvantail pour occuper leur imaginai ion. En voyant les nègres acheter quelques morceaux de terrain, rarement plus étendus

de terre par les nègres. Ils prétendent que ces acquéreurs de terres abandonneront la culture des produits de la colonie. Je vais montrer combien cette opinion est erronée.

qu'une ou deux acres, et sur lesquels ils construisent des habitations à leur usage, les planteurs prétendent que les cultivateurs

Par la seule énergie et la seule industrie des nègres, au nombre, je crois, de 1,500, femmes et enfants compris, une ville s'élève, dans les environs de Clarendon et de Manchester. Sur une étendue de deux milles carrés, les propriétaires vendent

renonceront aux travaux agricoles. Je ne crois pas nécessaire de démontrer combien ces craintes sont puériles. Les cultivateurs ne peuvent pas vivre, s'ils ne travaillent pour autrui. Les terres qu'ils achètent ne sauraient suffire à leurs besoins. Signé

PRINGLE.

18 mai 1839.

de la terre pour celte entreprise. Les ventes les plus considérables ont été faites par M. Andrew Drummond. Depuis le mois d'août de l'année dernière, cette personne avait acheté 700 acres, moyennant 5oo livres, monnaie locale. A l'exception de 20 acres réservées, il a vendu la totalité de son acquisition en lots d'une étendue moyenne de 15 à 25 acres chacun. Ce qu'il avait acheté

7. L'amélioration de la condition morale des cultivateurs, depuis leur émancipation définitive, est plus grande que n'auraient pu le prévoir leurs partisans les plus dévoués. Il n'y a

5oo livres , il l'a vendu 2,000 livres. Il paraît que les acquéreurs des terres de M. Drummond n'agissaient que comme agents.

eu qu'un cas de vol aux assises du trimestre de janvier dernier. Je présume qu'aux assises d'avril il ne sera présenté qu'une seule affaire, déjà remise pour absence de preuves. Il s'agissait

Parmi eux et parmi tous les autres colons, il n'en reste que trois, qui maintenant possèdent chacun 5 acres La généralité ne possède qu'une acre et demie à deux acres. J'ai visité plusieurs fois

II.

31.


484 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

ce village. Je me suis entretenu avec les habitants et aussi avec quelques personnes respectables des environs. J'ai appris que la conduite de ces nouveaux colons avait été irréprochable et leur industrie surprenante. La qualité de la terre est si mauvaise, et les lots achetés sont si modiques, qu'il y a presque impossibilité d'obtenir des produits. Les acquéreurs n'ignorent point cet état de choses. A ce sujet, ils me dirent qu'ils avaient désiré des habitations où ils ne fussent point troublés, et où ils eussent la liberté de travailler, pour leur subsistance, là où il leur plairait. Ce qu'ils m'ont dit, ils l'exécutent, malgré les travaux entrepris par eux pour bâtir leurs maisons et élever leurs clôtures. Ils s'emploient principalement au travail à la tâche et passent des engagements pour préparer les pâturages. Ces individus, qui sortent principalement des domaines à café et des plantations à bestiaux, sont disposés à continuer le genre de travaux auxquels ils étaient habitués. Il y a trois belles plantations à sucre dans le voisinage immédiat, du côté de Clarendon. Aucun des colons n'y a encore pris d'occupation. Cependant on doit peu craindre qu'ils ne s'y emploient un jour. La situation du village augmentera certainement l'importance de ces propriétés sucrières et des

travailleurs indépendants des plantations pour leur subsistance, tend à entraver la régularité nécessaire aux travaux de culture de la canne à sucre. Cette circonstance, jointe aux significations de congé, a induit une grande partie de la meilleure classe des cultivateurs de celle paroisse à se rendre acquéreurs de terres, et à devenir ainsi, contrairement à l'attente des gens qui les occupaient, encore plus indépendants que par le passé du travail journalier sur les plantations. Cette circonstance a produit aussi un mal actuel pour la société en général, par l'élévation extraordinaire du prix des articles, tels que l'igname, le cacao, la banane, etc., nourriture ordinaire de la classe laborieuse. Le prix moyen de l'igname et du manioc, qui, dans cette paroisse, était ordinairement de 10 à 15 livres par quintal, s'est élevé, les deux derniers mois, dans la ville, par l'approvisionnement de Falmouth, de 20 à 3o livres. La culture des jardins des montagnes ayant été tout à coup réduite, et la population des domaines achetant au lieu de vendre les produits ci-dessus indiqués, ces deux causes ont amené l'élévation du prix du travail. Plus de 8oo acres ont déjà été partagées en lots d'une perche à deux acres chacun, au prix de 10 à 40 livres l'acre. Les missionnaires et cl autres personnes négocient d'autres acquisitions dans

autres propriétés du voisinage. Signé

tivées comme jardins par les cultivateurs. Celte résolution est motivée par l'opinion que le produit de ces terres, en rendant les

PRINGLE.

31 juillet 1839.

le même but.

10. Un grand nombre de propriétaires ont fait annoncer la vente des terres situées dans les montagnes, et jusqu'alors cul-

Signé

LYON.

N° 108. § II. TABAGO. 1. EXTRAIT

HEUREUX

effets de l'apprentissage.

du discours du lieutenant-gouverneur Darling, prononcé devant te conseil et rassemblée. 10

mars

1835.

pulation laborieuse, changement duquel la prospérité future de la colonie doit principalement dépendre. J ai suivi avec la plus grande anxiété les effets progressifs de ce changement. Je pense, en somme, que l'on obtiendra dans l' avenir un résultat plus favorable que l'on ne pouvait s'y attendre

En terminant celle adresse, il est bien satisfaisant pour moi d'avoir à vous féliciter sur la tranquillité et le bon ordre qui régnent partout dans l'île. Je dois beaucoup, à cet égard, aux

dans le commencement. Sur 72 domaines maintenant en culture dans l'île, les cultivateurs de 63 sont entrés en arrangement par-devant les magis-

magistrats spéciaux, pour le zèle avec lequel ils ont rempli leurs devoirs, mais en fait ils ont eu peu à faire. Les heureux résultats de

trats salariés, pour le travail nécessaire et extraordinaire de la récolle actuelle. Ces arrangements ont été raisonnables, et, dans

la bonne intelligence qui paraît être maintenant établie entre les apprentis travailleurs et leurs maîtres sont clairement démontrés par le caractère des plaintes portées devant les magis-

quelques cas, ils ont dépassé l'époque de la récolte.

trats, etqui n'ont en elles-mêmes rien de sérieux. Je crois ne pas me tromper en disant que la bonne conduite de l'apprenti travailleur, dans l'île de Tabago, est un fait si bien établi, que désormais il ne me sera pas nécessaire d'en faire une mention publique.

2. EXTRAIT

ÉTAT

satisfaisant de la colonie.

de l'adresse de l'assemblée à Son Excellence le major gé-

néral Henry Charles Darling , lieutenant-gouverneur. 17 mars 1835.

L'assemblée entrelient le plus sincère espoir que l'état sanitaire,la paix et la tranquillité, dont Votre Excellence a fait un tableau si satisfaisant, continueront pendant longtemps à contribuer au bonheur de la colonie.

3. EXTRAIT

RÉSULTATS

de l'affranchissement.

du discours du lieutenant-gouverneur Darling, aux Chambres législatives. Tabago, 12 mai 1839.

Quelques mois se sont écoulés depuis le changement important qui s'est opéré dans la condition sociale de notre po-

Un désir croissant se manifeste chaque jour, dans les classes les plus obscures, pour obtenir les bienfaits de l'éducation; fait rendu évident par le plus grand nombre d'adultes et d'enfants qui suivent les écoles publiques. Nous avons au moins une école par paroisse, outre des écoles particulières dans quelques parties de l'île. Je dois espérer les meilleurs résultats de l'application des condamnés aux travaux forcés, peine qui a été substituée à la déportation. La diminution des crimes dans l'île justifie cette espérance et peut être justement considérée comme le résultat d'un système de punition qui place constamment les effets des mauvaises actions sous les yeux de ceux qui seraient tentés de violer la loi. Trois personnes seulement ont été mises en jugement depuis les dernières assises, et cela pour de minimes délits. La conduite des condamnés a été assez bonne pour que, d'après l'avis du conseil de Sa Majesté, j'aie fait enlever les fers au premier détachement. J'aime à croire que les fins de la justice n'en seront pas moins obtenues, malgré celte diminution de sévérité dans l'application de la loi.

4.

ORGANISATION

du travail libre et dispositions des travailleurs.

EXTRAIT

de la réponse de l'assemblée. Tabago, 24 mai 1839.

Tout en étant d'accord avec les rapports soumis à Votre Excel-


ETUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. IX. EFFETS GÉNÉRAUX DE L'APPRENTISSAGE, ETC. 485 lence par le lieutenanl-gouverneur sur ce que la conduite de la population affranchie semblait offrir une perspective favorable pour

et qu'une grande indifférence pour les intérêts de leurs patrons semble dominer parmi elles. De tels résultats, quelle que soit d'ail-

l'organisation du système de travail libre, la Chambre est cependant, malgré elle, forcée de persister dans les sentiments qu'elle a déjà exprimés au lieutenant-gouverneur, c'est que les classes

leurs à ce sujet l'opinion de moralistes spéculatifs, ont tristement

laborieuses ne font pas de progrès dans les habitudes de travail,

déçu les plus vives espérances d'une grande partie des membres de cette chambre; l'assemblée reconnaît néanmoins que les lois dernièrement promulguées ont produit quelques bons effets.

N° 109. § III. GUYANE. I.

LA

prospérité de la colonie ne recevra aucune atteinte. DÉPÊCHE

du gouverneur Light à lord Gleneg.

connaître quels abus il désirait voir réformer. S'il n'y avait pas d'abus, sa mission serait sans objet ; il a donc fait les plus grands efforts pour prouver que ces abus existent réellement.

George-Town (Demerara), 6 septembre 1838.

Je n'ai pas manqué d'examiner avec soin tout ce qu'il m'a soumis depuis son arrivée. J'ai communiqué le résultat de cet exa-

Comme je me vois forcé de clore aujourd'hui même les dépêches que je vous adresse, je pense qu'il sera bien que vous receviez les

men à votre seigneurie. J'examine dans ce moment comment sont traités les Coulis; mais cet e affaire n'a pas de l'apport avec

informations les plus récentes concernant l'état de la population ouvrière depuis le 1er août dernier.

la condition de la population indigène.

De tout ce que j'ai pu recueillir, il résulte qu'il est peu probable que nous ayons à craindre une grande discontinuité de travail. Sur certaines plantations de la côte occidentale de l'Essequibo, des causes qui se rattachent à la localité ont excité du méconten-

M. Scoble prétend qu'il s'est mis en communication avec la population ouvrière. Il affirme que cette classe, dans toute l'étendue de la colonie, est victime de caprices et d'actes d'oppression , et que par consé-

tement, et les laboureurs ont par suite montré peu de dispositions

quent elle ne jouit pas de la plénitude des droits qui lui sont acquis par l'émancipation. A la vérité, dit-il, les nouveaux éman-

pour le travail ; les mêmes causes ont en le même effet dans cer-

cipés ont le droit de changer de maître lorsqu'ils sont mécontents,

taines parties de la contrée de Demerara. Les dernières nouvelles

et ce droit ils l'exercent assez souvent ; mais les maîtres jouissent

de Berbice, reçues il y a trois jours , annoncent que les cultiva-

encore d'un privilège illégitime ; ils peuvent renvoyer le travailleur

teurs sont assez contents ; il paraîtrait même que, dans quelques

de la case qu'il occupe sur la plantation , lorsque celui ci cesse de travailler pour elle ; et, par là, ils ont moyen d'obtenir plus

plantations, il a été fait plus d'ouvrage que pendant l'apprentissage. Partout où il y a eu du tact et de la modération de la part

de travail qu'ils n'auraient droit d'exiger.

des maîtres et des régisseurs, le travail a été assez considérable.

Sur des terres légères, le sarclage des plantations se paye à

Le payement du salaire, au 1er septembre, a fait ouvrir les yeux aux fainéants; cl leur a clairement démontré que les paresseux ne

raison d'un florin ou un tiers de dollar par cent roods 2 ; sur des terres moins faciles à travailler, on paye le même salaire pour

sauront être rétribués dans la même proportion que les ouvriers

75 roods.

diligents. Les magistrats (stipendiary magistrales) parlent généralement d'une manière assez favorable du progrès de l'industrie ; les la-

Les terres des plantations situées sur la rive orientale de la rivière Demerara, exigent un travail pénible. M. Scoble convient qu'en accordant une heure pour le trajet au champ, aller et re-

boureurs semblent généralement disposés à demeurer sur les plantations où ils se trouvaient pendant l'esclavage et l'appren-

tour, un laboureur robuste peut accomplir sa tâche en cinq heures. Donc, en commençant à six heures du matin, il est en

tissage. Ceux-là seuls ont changé, qui, dans l'étal d'esclavage et

mesure de gagner un second florin à onze heures ; ce que font

d'apprentissage, avaient été renvoyés de leur résidence primitive.

aisément les laboureurs industrieux. Ils sont de retour chez eux

Comme preuve des dispositions paisibles manifestées par les

vers quatre ou cinq heures du soir. Le planteur se contenterait

nouveaux émancipés, je citerai ce fait, qu'il n'y a presque pas eu de

bien de la certitude d'un travail continu pour une seule tâche par jour.

condamnations par les juges de paix dans le courant, du mois d'août. J'éprouve un bien vif plaisir à faire ce rapport, que votre seigneurie lira, je n'en doute pas, avec beaucoup d'intérêt. Les propriétaires intelligents et sans préjugés n'ont rien à craindre pour l'avenir ; d'après ce qui s'est passé le mois dernier, il y a lieu d'espérer que la prospérité de la colonie ne recevera aucune atteinte. Signé

2.

EXTRAIT

HENRY

LIGHT.

d'une dépêche du gouverneur Light au mar-

quis de Normanby, sur la visite de M. John Scoble à Demerara 1. Demerara, 3 juin 1839.

Vendredi 31 du mois dernier, M. Scoble a pris congé de moi. Avant son départ de la province, j'ai eu avec lui une entrevue assez longue. Je voulais surtout chercher à pressentir ses vues et à

J'ai déjà eu l'honneur d'exposer à votre seigneurie quelles tentations le voisinage des villes offre aux travailleurs et tout ce qui, de ce côté, les entraîne à quitter l'ouvrage des maîtres, et les détourne d'entreprendre des travaux à la tâche. Il n'y a pas lieu de croire que les propriétaires des plantations voudront renoncer spontanément à un moyen de contrecarrer la cupidité de certains individus, et qu'ils consentiraient à louer des cases dans le voisinage de leurs bâtiments ; ce qui détruirait la valeur des constructions qu'eux-mêmes ont fait élever pour loger leurs travailleurs. Cependant le refus de louer des terres pour bâtir les cases est considéré par M. Scoble comme un abus de la part des propriétaires. Ce serait dans tous les cas le plus grand abus dont les nouveaux émancipés aient maintenant à souffrir. Je crois devoir mettre votre seigneurie sur ses cardes contre cette allégation. Dans les districts éloignés de la province, les paresseux sont

L' impartialité me prescrit de donner place à cette pièce. Mais ce sera en même temps pour moi l' occasion de rendre hommage aux sentiments purs et dévoués de M. Scoble. Pendant mon voyage à Londres, M. Scoble a eu la bonté de me prodiguer tous les renseignements nécessaires à mes études, bien qu'il n'ignorât pas que, sur plusieurs points de ces questions, mon avis contrarie les idées du parti dont il est un des plus honorables représentants. L excès du zèle religieux est aujourd hui chose trop rare et trop mal appréciée pour que l'on puisse songer à en faire un reproche à des hommes tels que MM, Sturge, Sam. Gurney, Scoble, etc. Il a bien fallu, pour déterminer l'émancipation, une compensation passionnée à l'injustice et à l'oppression dont la race noire a été si longtemps victime. * ' Le rood vaut un quart d'acre ou d'arpent. * II.

3 !..


486

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES - IIe PARTIE.

exposés à d'autres tentations, qui leur font négliger le travail de la plantation pour se livrer à une existence irrégulière. On obvie à cet inconvénient en forçant les travailleurs de demeurer sur la plantation. Je suis convaincu que l'interposition de personnes comme M. Scoble retardera toute amélioration, et je ne vois pas non plus ce que le Gouvernement peut y faire. M. Scoble a affecté de prédire une cessation générale de travail pour l'époque où les services des travailleurs sont précisément le plus recherchés. Je serais fâché de penser que les paroles de M. Scoble, mal interprétées par les laboureurs avec qui il a été en communication, donnassent lieu à un résultat qui confirmerait ses prévisions. Ce serait chose nuisible aux deux parties, et qui probablement

prochain ; à Henrietta, huit d'Anguille, qui achèveront leur service en septembre

1840. contrats,

Sur ces deux plantations, toutes les conditions des annulées pa excepté celle qui fixe la durée du service, ont été et consentement mutuel, et avec le concours du juge salaire. précisé au lieu de ces conditions, les laboureurs reçoivent plantation. les mêmes salaires que les autres laboureurs de la état Les cases à nègres des deux plantations sont en fort bon Outre ces quinze laboureurs apprentis ruraux, il y a quatre la lascars de Bombay, engagés comme bateliers ou mariniers à plantation Success. Ceux-ci sont entièrement occupes sur les baleaux de la plantation ; ils reçoivent 10 ou 12 piastres par mois, de a et on leur a offert leur libération, quand il leur plaira

ne produirait pas l'effet que désire M. Scoble. Il faut que le vieux levain du planteur s'éteigne plutôt dans

mander.

cette colonie-ci que dans beaucoup d'autres. Il faut que les régisseurs et les directeurs s'abstiennent de tout propos injurieux

trict, où j'ai passé la nuit.

envers les noirs, et qu'ils les traitent avec douceur et modération, car, autrement, le travail diminuerait beaucoup. De nouveaux besoins se faisant sentir tous les jours chez la population ouvrière, elle prendra l'habitude de l'assiduité au travail Dès que les noirs auront donné la preuve de ces habitudes d'ordre et de travail, on ne s'opposera plus à ce qu'ils fassent des acquisitions de terrains. Mais, alors, cette mesure ne sera même pas nécessaire, car les hommes industrieux seront trop recherchés pour que les maîtres ne rendent pas leur position aussi agréable que possible. Quant aux paresseux, ils reconnaîtraient bientôt

Cinq heures du soir. Je suis retourné chez le magistrat du dis-

jour, eu Vendredi 15 novembre. — Je suis allé, à la pointe du Vrow-Anna compagnie du magistral du district, à la plantation I |,a ^ 0 1 S C avons Nous y avons pris un bateau, dans lequel nous traversé à Hogg-Island. Nous avons visité la plantation Johanna, où il y a sera terminé le dix-sept laboureurs d'Antigoa, dont l'engagement 13 du mois de juin de l'année prochaine. Ceux-ci ont été absolument sur le même pied que les autres

mis

laboureurs. Leurs

plainte à faire, maisons sont très-bien établies ; ils n'avait ni aucune conduite. De Joet leur directeur exprime sa satisfaction de leur

d'eux-mêmes qu'il est plus gênant d'avoir un loyer à payer que

hanna nous sommes allés à Hoop-en-Vrees. Les seuls apprentis de cette plantation sont quatre hommes et deux femmes, Allemands

de demeurer sur la plantation, à condition d'y donner du travail. J'ai lieu de croire que l'attachement des nègres pour le lieu de

d'origine. Leur temps de service, d'après un contrat fait pour une Cette planannée, sera terminé en février de l'année prochaine.

leur naissance est tel qu'on en trouverait bien peu qui, après quelques jours d'absence, ne soient pas retournés aux plantations sur lesquelles ils ont résidé comme esclaves. Les exceptions se rencontrent chez les individus qui, dans l'état d'esclavage, ont été transférés, par suite de vente ou toute autre cause, d'une plantation à un autre. Dès qu'ils ont obtenu leur émancipation, il est rare qu'ils ne retournent pas à leur résidence primitive. Il est peu probable que la présence, dans cette colonie, d'un homme qui est regardé par unecertaine partie de la société comme un émissaire salarié, et qui se constitue arbitre suprême de ce qui est juste ou injuste, se permettant de faire retomber sur tous les reproches que quelques-uns peuvent mériter, puisse contribuer beaucoup au maintien de la bonne harmonie. Il est dans la nature de l'homme, dans toutes les conditions sociales, de résister à celui qui s'arroge une autorité qu'on ne lui a pas donnée. La mission de M. Scoble a donc été accueillie avec méfiance. On le conspuait lors même qu'il avait raison , et je crains bien qu'en conséquence il ne se montre peu disposé à juger avec indulgence les imperfections qu'il a pu remarquer, et qui s'expliquent bien naturellement, dix mois après un bill d'émancipation auquel beaucoup de planteurs ont opposé résistance.

3. EXTRAIT

ÉTAT

du district d'Essequibo.

du. journal d'un magistrat de district, durant un voyage officiel dans le comté d'Essequibo. -

Novembre 1839.

Jeudi 14 novembre. — A dix heures du matin je quittai GeorgeTown par le bateau à vapeur, et. à midi et demi je débarquai à la station de police à Légua». Le magistrat du district n'étant pas chez lui, j'empruntai un des chevaux de police, et j'allai visiter Belfield et Henrietta, les deux seules plantations de l'île sur lesquelles il y ait des laboureurs apprentis, savoir, à Belfield, sept de la Dominique, dont l'engagement sera terminé le 14 du mois

talion vient cependant de recevoir dernièrement 150 ouvriers prêtre, maltais ( hommes, femmes et enfants), accompagnés d'un d'un médecin et d'un interprète, et qui sont venus par le navire rester libres de tout la Louise, le 4 de ce mois. Ces gens doivent deman contrat ; la personne qui les a fait venir compte leur voyage. de cour de police le remboursement de la dépense l'ordonnance d'un l'expédition ayant été entreprise par suite de qui s'est migratipn, laquelle était en vigueur durant le temps Majesté. Quel écoulé entre sa publication et la révocation de Sa s'imagine plantation qu'en soit le résultat, l'administration de la engageront pouvoir offrir à ces laboureurs des conditions qui les des cases à l'état à rester à son service. Un rapport flatteur de nègres de celte plantation et de la libéralité de son propriétaire est inscrit au bureau du secrétaire du Gouvernement ; et une demandant annonce vient de paraître dans les journaux pour l'exécution d'une chapelle et de quatre maisons. Il y avait déjà aujourd'hui dix jours que les Maltais étaient à Hoop-en-Vrees, et nulle maladie n'avait encore eu lieu parmi eux Us paraissaient extrêmement satisfaits, et, s'ils se conduisent à bien , ils pourront devenir une acquisition fort utile cette propriété, qui jusqu' a présent manquait cl ouvriers; mais, ce qui est s'accoutumait" plus à considérer encore c'est que, s'ils et devenaient industrieux et tranquilles, ils pourraient y attirer leurs compatriotes, et Hog-Island, dont le sol est si renommé trois plantantions. pour sa fertilité, quoique n'ayant à présent que son étendue est pourrait rivaliser avec les îles de l'Essequibo; presque double. magistrat A midi je pris un bateau, je me séparai du

du district, et j'allai à Walkenaam. Je débarquai à Palmyra, la plantades lion la plus proche, et sur laquelle sont placés engagés par des contrats.

peu-

Dominique, dont Sur cette plantation, il yen a deux de la l'enMartinique, la de seize prochain ; dont le mois gagement finit le Allemand, dont un le temps et temps finit le 16 février prochain, supérieur, de rien sera terminé le 14 février. Il n'y a dans la colonie, aux cases à nègres de celte plantation. -nsbaueorlL lagagés sont sur le même pied que les autres. Le directeur etles


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. IX. EFFETS GÉNÉRAUX DE L'APPRENTISSAGE, ETC. 487 boureurs sont mutuellement contents les uns des autres, et une école florissante, fondée par les administrateurs du legs Mico, ajoute aux attraits de celle belle plantation. De Palmyre je me rendis à Maria s-Pleasure, où il y ai quinze laboureurs engagés des îles Bahamas et deux Allemands. Les contrats des premiers se terminent en février, et ceux des derniers au 1er mars. Ces gens reçoivent les mêmes salaires et les mêmes allocations que les autres laboureurs ; et le directeur parle de ceux des Bahamas de la manière la plus distinguée. Les cases peuvent supporter la comparaison avec toutes les autres de la colonie. De Marias-Pleasure j'allai à la plantation Caledonia, où je passai la nuit. Sur cette plantation il y a vingt-cinq laboureurs apprentis ou engagés des îles Bahamas, dont l'un aura fini son temps au ri avril, elles autres le 16 (Juin 1841. C'est la seule plantation du district où les laboureurs engagés de leur libre choix ne soient point sur le même pied que les autres ;

ils reçoivent, par leur contrat, 4 piastres par mois, et toutes les allocations que l'on donnait autrefois aux laboureurs apprentis. Le registre des salaires prouve cependant qu'ils gagnent, par leur travail extraordinaire, depuis un guilder jusqu'à une demipiastre par jour (de 2 fr. à 2 fr. 5o cent.). Ces gens ont été une fois assez récalcitrants (c'était au mois de juin dernier), et furent réprimandés par le gouverneur. Depuis cela ils se sont assez bien conduits, et les meilleures dispositions existent entre eux et l'administrateur de la plantation, M. Ross. Cet administrateur, soit dit en passant, fut le premier à abolir l'usage du fouet a la Guyane anglaise. Les maisons de cette plantation sont excellentes, et suffisent amplement pour contenir vingt laboureurs de plus que ceux qui existent actuellement sur la propriété. Samedi malin 16 novembre. Les grandes pluies m'empêchèrent de visiter Zelandia, Sans-Souci et Moor-Jarm, les seules plantalions qu'il me restât à voir à Walkenaam, parmi celles sur lesquelles il y a des laboureurs engagés. Ces engagés ont tous été mis sur le même pied que les autres laboureurs. A Zelandia il y a trente Portugais dont les engagements seront terminés le 15 août prochain. À Sans-Souci, à 12 milles d'Anguille, et à Saint-Martin, où le terme de service sera expiré au mois de septembre prochain, et a Moor-Farm, propriété sur laquelle on élève des bestiaux et l'on cultive des bananes, appartenant à l'administrateur de la plantation Caledonia, il y a dix personnes engagées des îles Bahamas, qui sont tenues de servir jusqu'au 16 juin 1841. A 10 heures du matin (samedi le 10 novembre), j'allai de l'autre côté de l'île; je louai un bateau, et je traversai jusqu'à la côte d'Essequibo. Je débarquai à Hibernia, où je rencontrai le magistrat du district, et, nous étant rembarqués pour Tiger-Island, nous descendîmes à la

De Good-Intent, j'allai à Hurst-Dieren, où je couchai. Il y a seize laboureurs engagés d'Anguille, dont le service finit en avril et en juin prochain. Ils sont absolument sur le même pied que les autres laboureurs, et ont de plus l'avantage d'être habillés. Ceux-ci, comme tous les autres insulaires des Indes occidentales se sont mariés , et ils ont cessé de former un corps séparé des autres laboureurs. Leurs maisons sont bonnes, et il est peu probable que les laboureurs puissent gagner au change; il y a lieu de penser, au contraire, qu'ils continueront même après la fin de leur contrat. Jusqu'à présent, je ne connais point de propriété , dans l'un ou l'autre de ces deux districts , à laquelle on ne puisse appliquer les mêmes observations. Un arrangement mutuellement avantageux est résulté des circonstance présentes entre le serviteur et le maître , et l'on peut raisonnablement présumer qu'il n'y aura que fort peu de changements, même quand les contrats seront expirés, car chacune des parties commence maintenant à bien comprendre ses intérêts. Dimanche matin, le 17 novembre. Je suis parti pour aller à la plantation Union, à 7 heures, en compagnie du magistrat salarié du district. Sur cette propriété il y a vingt-cinq laboureurs apprentis d'Anguille , dont le temps de service sera terminé le 21 septembre 1 840 ; ils reçoivent les mêmes salaires que les autres laboureurs, et de plus des habillements. Ils se sont mariés et liés avec les gens de la plantation, de sorte qu'ils ne forment plus un corps distinct. Les maisons sont dans le vieux style mais ordinairement bonnes et confortables. Cette plantation étant la dernière du district G, sur laquelle il y ait des laboureurs engagés par contrat (ceux de Dageraad et de Mocha ayant annulé leur contrat), je me séparai du magistrat du district, et j'allai immédiatement à Anna-Regina, pour y examiner l'état des Coulis. (Voyez là-dessus le rapport spécial.) Dans l'après-midi, je vis les Allemands sur la plantation Reliance. Ils étaient d'abord au nombre de vingt-quatre, en arrivant sur la propriété le 18 du mois dernier, conséquemment ils y étaient depuis un mois et deux jours. Huit avaient été attaqués parla fièvre, deux en étaient morts, les autres étaient convalescents. Dix-huit de ces travailleurs, après avoir été quelques jours sur la propriété, entrèrent en engagements pour une année. Copie du contrat a été transmise à Son Excellence par le magistrat du district. Ils ont principalement été employés à de légers travaux dans les environs des bâtiments, et, d'après toutes les apparences, il est probable qu'ils s'accoutumeront graduellement au climat, et deviendront une acquisition utile à la plantation. Lundi 18 novembre, 7 heures du matin. Je quittai la plantation Reliance pour aller à Airy-Hall Je m'embarquai, à 10 heures, à bord du bateau à vapeur, et je débarquai à George-Town à quatre heures et demie du soir.

plantation Sophienberg, où il y a onze laboureurs engagés des îles

Remarques générales.

Bahamas, dont le service sera terminé le 29 mai prochain. Ces gens ont été placés sur le même pied que les autres laboureurs, avec celte différence qu'ils reçoivent des habillements outre leurs

Il est impossible de traverser les différents districts de la colonie sans être frappé des améliorations qui ont eu lieu dans les

salaires. Les maisons sont bonnes et commodes. Les laboureurs travaillent assez bien ; ils n'avaient aucune plainte à faire, mais

cases des laboureurs ; il y a à peine une plantation qui n'ajoute, à cet égard, de ses propres ressources, au bien-être des labou-

deux d'entre eux, William et John-Baptist, s'étaient enfuis de l'île. A trois heures du soir je m'embarquai, et j'allai à la plantation Good-Intent. Sur cette propriété il y a onze laboureurs des îles Bahamas , dont le service finit au 11 août 1841. Les contrats

reurs.

avaient été faits par le juge spécial Ross, à George-Town, ainsi que ceux des laboureurs de Caledonia. Sous tous les rapports, ils sont placés sur le même pied que les autres laboureurs, et outre cela ils ont l' avantage cl être habillés. Les maisons sont nombreuses et très-bien bâties. Les laboureurs travaillent quelquefois mal; mais on n avait point fait de plainte particulière, et la cause du mécontentement venait évidemment du propriétaire, puisqu'il s est engagé par contrat a leur donner 8 piastres par mois pour le travail ordinaire de sept heures et demie. II.

A l'égard de la récolle de la présente année, le déficit, comparé à celui de l'année dernière, sera, dit-on, de plus d'un tiers. Quant à l'état de la culture pour la récolte prochaine, plusieurs se plaignent que le sarclage et les fossés ont été tellement négligés, par suite du manque d'ouvriers, que l'on ne peut s'attendre à de meilleurs résultais que ceux obtenus cette année. L'on convient de toutes parts que l'immigration est le seul moyen par lequel on puisse espérer de réaliser encore une fois les récoltes des années précédentes; et, si l'on en peut juger par le nombre de cases qui s'élèvent dans toutes les directions, et par le bon accord qui semble régner partout entre les maîtres et les ouvriers, les planteurs ne doivent pas être sans espoir.

31...


488 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

L'exécution efficace du devoir d'un magistrat de ronde est entravée par le manque de stations aux différents endroits où s'arrête le bateau à vapeur pour débarquer les voyageurs. Il ne lui est donc pas possible maintenant d'emmener avec lui son cheval, et, pour se faire transporter d'une station à une autre, il est inévitablement obligé de demander et d'accepter des services, qui,

cinquante-six laboureurs-apprentis des îles Bahamas. Leur terme de service, qui était de trois ans, sera expiré en novembre 1840 ; ils ont cependant été mis sur le même pied, à l'égard des salaires, queles autres laboureurs, et ils terminent facilement (ce qui arrive généralement dans toute la colonie), leur tâche convenue en

comme on peut se l'imaginer, influent matériellement sur son

cinq ou six heures de temps. Ainsi ils se ménagent une partie considérable de la journée pour travailler dans leurs jardins, ou

inépendance d'action. Que cela soit ou non, l'inconvénient en

pour faire du travail extraordinaire chez leurs maîtres. Les cases

est pour lui fort considérable, et l'efficacité de ses services en est beaucoup diminuée.

à George-Town, sur un espace de seulement trois milles, l'on a

Récapitulation des plantations visitées, et nombre de laboureurs quielles contiennent, du 14 au 18 novembre.

bâti et l'on bâtit quarante nouvelles maisons pour des travailleurs. Chacune coûte de 90 liv. à 1 00 liv. (2,250 fr. à 2,500 fr. ). Elles ont occasionné une dépense d'environ 4,000 liv. sterling (100,000 fr.). C'est une preuve que les planteurs ajoutent au bien-être de leurs

ILE LEGUAN.

Belfield Plantations.

sur cette propriété sont de la première qualité. De cette plantation

7

Henrietta

8

Success

4

laboureurs actuels, et se préparent à en recevoir d'autres.

HOG-ISLAND. Johanna Plantations.

17

Hoop-en-Vrces

6

Maltais, n'ont point de contrat

145

ÎLE WALKENAAM.

Plantations

19

Maria's-Pleasure

17

Caledonia

25

priété jusqu'à l'âge de 21 ans. A leur arrivée ils étaient âgés de 8 et 16 ans. Ceux de 16 ans devaient recevoir une piastre par

11

mois, avec la nourriture, l'habillement, le logement et les soins du médecin ; ceux au-dessous de l' âge de 16 ans devaient recevoir une demi-piastre par mois, avec les mêmes avantages. Un d'entre

11

ces derniers a obtenu sa libération, il y a quelques mois, par l'entremise du magistrat du district, qui avait découvert que l'enfant en question avait omis de signer le contrat général. Le reste,

Sophienberg

CÔTE D'ESSEQUIBO. Good-Hitent Plantations

risation du principal magistrat de Tunchae au capitaine Rimmington, ils furent amenés ici dans le navire de ce dernier. Ils firent un contrat (le 3 octobre 1835) pour servir sur cette pro-

Palmyra

TIGER-ISLAND.

Plantation

Sur la plantation Hoop-en-Vrees il y avait, il y a peu de temps, vingt-deux laboureurs engagés, natifs de Madère, dont quinze sont venus dans la colonie comme mineurs , et, sous une auto-

Hurst-Dieren

16

Union Reliance

25 17

Anna-Regina

46

Signé W. B.

WOLSELEY,

magistrat.

à l'exception de trois qui sont encore sur la plantation, se sont évadés à différentes reprises, depuis le 1" août 1838.'Le propriétaire n'a aucune intention de faire des démarches, soit pour réclamer ceux qui l'ont quitté, soit pour engager ceux qui restent à ne point le quitter, à moins que ce ne soit, comme à présent, de leur libre consentement. Outre ces trois jeunes laboureurs,

Différents extraits du journal du même magistrat inspecteur, à partir de son départ de la côte d'Essequibo, lundi 18 novembre.

De celte plantation j'allai à la plantation Tceles, où il y a

il reste deux adultes qui sont également libres de quitter la plantation , mais qui ne montrent jusqu'à présent aucune disposition a le faire. Ces laboureurs n'étaient jamais employés qu'aux alentours de la fabrique.

N° MO. § IV. LA TRINITÉ.

DÉPÊCHE

de lord Glenelg à sir

E.

J.

M.

Mac-Gregor.

Trinité, 15 octobre 1839.

Je vous prie de faire savoir au lieutenant - gouverneur que j'approuve sa conduite dans les circonstances détaillées en ce rapport. Il me semble avoir agi avec justice, en refusant son intervention pour persuader aux cultivateurs d'accepter les conditions proposées par les propriétaires. Toute violation de la loi doit être promptement réprimée par le pouvoir exécutif, en même temps que de bons avis doivent être volontairement

donnés à ceux qui en demandent. Il ne faut négliger aucun moyen de répandre des instructions en temps utile, et de faire naître une opinion exacte de la nouvelle position des maîtres et des cultivateurs. Mais ces derniers sont entièrement libres d'accepter ou de rejeter les conditions auxquelles les propriétaires peuvent vouloir engager leur travail. L'intervention du Gouvernement, en semblable matière, ne ferait probablement que retarder, loin de bâter, la bonne intelligence qui doit, il faut l'espérer, succéder promptement aux différends presque inévitables dans les commencements d'un si grand changement d'état social.


ETUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. IX. EFFETS GÉNÉRAUX DE L'APPRENTISSAGE, ETC. 489 N° 111. § V. LA BARBADE. généraux de l'émancipation.

une population de 80,000 individus, deux personnes seulement ont été emprisonnées.

de M. W ■ R. Hayes à h. G. Ludlow de New-Haven.

Un partisan de la nécessité de la colonisation des noirs pourra demander comment on parviendra à se débarrasser d'eux ? Je lui

EFFETS

LETTRE

La Barbade, 26 décembre 1838.

Je vous ai parlé, clans ma dernière lettre, de la manière dont s'est passé, dans cette île, le premier jour de l'émancipation. Nous ne tardâmes pas à recevoir des colonies voisines des détails qui nous apprirent que partout ce même événement avait été l'occasion d'actions de grâces adressées à Dieu pour la terminaison de l'esclavage, et que la conduite des émancipés avait mérité des louanges et répondu à l'espoir des partisans de leur liberté. La tranquillité et le bon ordre n'ont pas cessé de régner. N'est-il pas digne de remarque que, tandis qu'autrefois un seul jour de cessation de travail devenait pour les noirs une occasion de gaieté bruyante, on ait vu se briser le dernier lien de l'esclavage au milieu de la décence et de la sobriété? La soumission aux lois et la tranquillité sont encore aujourd'hui aussi grandes qu'au 1™ août; nous avons déjà cinq mois de d'épreuve de l'émancipation complète, et je puis dire qu'on n'a jamais vu aux Indes occidentales une période de paix plus profonde. Il y a eu des contestations relativement aux salaires comme dans les autres pays libres, mais sans coalition. Une seule tentative de coalition a été faite, et c'est par les planteurs, dans le but de maintenir les salaires au plus bas ; encore cette tentative n'a-t-elle pas eu de suite. Je n'examinerai pas si la population continuera à travailler pour un salaire et à rester paisible, ni si la colonie deviendra inculte, et si les noirs retomberont clans la barbarie, etc. Ces considérations ont donné lieu à des prédictions sinistres; on

répondrai par l'exemple de toutes les colonies, où les anciens propriétaires d'esclaves, qui maintenant emploient des travailleurs libres, font tous leurs efforts pour empêcher l'émigration. La Trinité, Demerara et Berbice manquent de cultivateurs. La première a rendu une loi qui assure le passage à tout travailleur avec la liberté de se choisir une occupation à son arrivée. Demerara et Berbice ont envoyé des agents d'émigration, tant ici que dans les autres îles, pour engager les laboureurs à venir, en leur promettant un fort salaire, de bons traitements, etc. D'un autre côté, la Barbade, la Grenade, Saint-Vincent et toutes les anciennes et populeuses colonies, ensemble ou séparément, témoignent hautement, par les résolutions législatives qu'elles prennent, que chez elles les bras ne sont pas surabondants. Ce qui est encore plus certain, c'est que les anciens propriétaires bâtissent de nouvelles maisons pour les paysans, et, avec une sage prévoyance, les rendent ainsi commodes que possible pour les attacher au sol par le bien-être. A l'appui de la bonne intelligence qui règne entre les propriétaires et les laboureurs, je rapporterai que, le 24 de ce mois, un grand nombre des premiers étaient venus en ville pour acheter des porcs, des jambons, du riz, etc., qu'ils destinaient à leurs gens à l'occasion de Noël. Cette solennité a été célébrée cette année avec calme et recueillement, contraste frappant avec les scènes de tumulte et d'ivresse qui précédemment marquaient la même époque.

saura bientôt ce qu'elles contenaient de vrai. On n'achète pas ou l'on n'afferme pas à longs termes des terres et des maisons dans

En essayant de faire connaître quelques-uns des bienfaits de l'affranchissement, je me suis trouvé dans la perplexité de savoir par où commencer et comment finir. Il faut voir par soi-

les contrées où la vie n'est pas en sûreté, où les bras manquent au travail, et où tout, en général, menace d'une ruine prochaine ;

même pour bien apprécier l'inexprimable avantage que ces îles en retirent. L'émancipation n'est pas avantageuse seulement pour

en un mot, un homme prudent ne s'embarque pas sur un navire qui fait de l'eau. La confiance est l'âme de la prospérité, et la

les esclaves appelés à la liberté, elle profite à la fois à tous les habitants, riches comme pauvres.

preuve convaincante qu'elle existe ici se trouve dans les immenses opérations faites en biens-fonds depuis le 1er août. Il y a une mul-

Il n'est pas rare d'entendre regretter que l'émancipation n'ait pas été opérée plus tôt; les uns disent depuis cinquante ans, les

titude d'exemples de propriétés qui ont été vendues 100,000 fr. au-dessus de ce qu'on en demandait il y a six mois, époque cependant où en trouvait déjà le prix très-élevé. Un propriétaire

autres, depuis vingt; mais tous sont d'accord qu'elle aurait dû

s'était décidé à vendre, il y a quelques semaines, une propriété qu'il a rachetée, depuis, moyennant une bonification de 48,000 f. De longs bails ont été passés pour diverses autres plantations. L'une d'elles, appelée Edgecumbe, a été louée pour vingt et un

car est-il présumable que ce soit l'effet du hasard, si la tranquillité et les meilleures dispositions de leur part ont signalé en même temps, dans toutes les colonies, les premiers pas de l'é-

ans, moyennant 37,500 francs; une seconde, pour dix ans, à raison de 48,000 fr.; une encore, louée à un prix fort élevé, a été sous-louée par le preneur avec un bénéfice de 80,000 francs qui lui ont été comptés. Je pourrais citer une quantité de faits semblables , ainsi que les noms des parties, mais cela me semble inutile. L'impulsion donnée à l'élévation du prix des propriétés de cette île est un fait aussi notoire que celui de l'émancipation. Mais, dira-t-on, les crimes ne sont-ils pas devenus plus fréquents qu autrefois? J'ai sous les yeux un journal imprimé à la Barbade, il y a quinze jours, d'après lequel, dans toute l'île , sur

être proclamée tout à coup sans apprentissage. Il est de la dernière évidence que les noirs n'avaient pas besoin d'être préparés ;

mancipation, au lieu de l'incendie, du meurtre et de la dévastation qui avaient été prédits ? N'est-ce pas plutôt la confirmation de ce principe : « Qu'il y a toujours sécurité à bien faire. » Combien je voudrais voir une députation de propriétaires d'esclaves faire le tour de notre île ! Ils auraient seulement à voir et à écouter ; aucun argument ne saurait mieux les convaincre. Il serait même inutile de faire auprès d'eux appel aux principes, à la pitié, à la crainte de Dieu; leur intérêt propre les déterminerait à une émancipation immédiate. Signe W. R.

HAYES.



CHAPITRE X. DISPOSITIONS

RÉCIPROQUES DES PLANTEURS, DES NOIRS ET DES DIFFÉRENTES PERSONNES ENGAGÉES DANS L'OEUVRE PRATIQUE DE L'ÉMANCIPATION.

SOMMAIRE.

NUMÉROS TITRES.

ORIGINE DES DOCUMENTS.

DATES.

PAGES.

d'ordre.

N° 112.

§ Ier.

LA JAMAÏQUE.

A. Dépêchés du ministre secrétaire d'État des colon es et du gouverneur de la Jamaïque.

495

I. Extrait d'une dépêche du marquis de Sligo à M. J. Spring-Rice. — Etat satisfaisant de la colonie.

Pupers relative to the abolition of slavery, 25 décembre 1834. part. I, pag. 70.

Ibid.

2. Lettre de M. E. B. Lyon au marquis de Sligo. — Les apprentis renouvellent leurs engagements.

Idem,, part. III (1), pag. 89

9 septembre 1835.

496

3. Extrait delà copie d'une dépêche du marquis de Sligo à lord Glenelg. — La conduite des noirs dépend de celle des maîtres à leur égard.

Idem, pag. 150

13 décembre 1835.

Ibid.

4. Extrait de la copie d'une dépêche du marquis de Sligo à lord Glenelg. — Conduite à tenir envers les noirs pour maintenir les améliorations obtenues.

Idem , pag. 161

1er janvier 1836.

497

5. Dépêche du gouverneur, transmettant les rapports trimestriels dos juges spéciaux.— Progrès des habitudes d'humanité des maîtres envers les apprentis.

Idem, part. IV (1), pag. 56

9 juillet 1836.

Ibid.

6. Extrait d'une adresse du gouverneur de la Jamaïque à la législature, l'ouverture de la session. — Conduite à tenir par les juges spéciaux.

ldem, pag. 179

1er novembre 1836.

498

7. Dépêche du gouverneur sir Lionel Smith au marquis de Normanby. — Accroissement de la démoralisation des femmes. — A quelle cause l'attribuer.

20 juin 1839.

499

8. Copie d'une dépêche du même au même. — Révolte sur la plantation de Spring-Hill, attribuable, entre autres causes, à ce que les loyers ne sont pas clairement fixés.

17 juillet 1839.

Ibid.

9. Copie d'une dépêche de lord John Russell à l'honorable sir C. T. Metcalfe. — Nécessité de faire disparaître les causes d'animosité entre les maîtres et les apprentis.

27 septembre 1839.

Ibid.

B. Rapport des magistrats spéciaux et des missionnaires ou membres du clergé.

500

Idem, part. II, pag. 266

29 juin 1835.

Ibid.

2. Rapport de M. J. W. Baynes

Idem, pag. 251

1er juillet 1835.

Ibid.

3. Rapport de M. Thomas Dillon

1. Rapport de M. Thomas Davies. — État moral des apprentis.

Idem, pag. 252

Idem.

Ibid.

4. Rapport de M. Arthur Welch

Idem, pag. 258

Idem.

501

5. Rapport de M. T. Watkins-Jones

Idem, part. III (1), pag. 50

5 août 1835.

Ibid.

6. Rapport de M. E.

Idem, pag. 81

12 août 1835.

Ibid.

Idem, pag. 91

ler septembre 1835.

Ibid.

27 octobre 1835.

Ibid.

B.

Lyon

7. Errait d'une lettre du juge spécial Cockning à M. Nunes.

8. Extrait du rapport du juge spécial J. A. Dillon , au Idem, sujet de la paroisse Sainte-Anne.

pag. 117

9. Rapport de M. R. L. Cooper

Idem, pag. 167

29 décembre 1835.

502

10. Rapport de M. John Odell

Idem, pag. 188

Idem.

Ibid.

11. Rapport sur l'état général du district,par M. Hawkins, magistrat spécial.

Idem, pag. 180

31 décembre 1835.

Ibid.

12. Rapport de M. John Daughtrey

Idem, part. IV (1), pag. 154

21 juin 1836.

503

1er juillet 1836.

Ibid.

13. Extrait d'une lettre de F. J. Baynes, magistrat spécial, au marquis de Sligo.— État moral des apprentis. Etat de la culture.

Idem, pag. 57


492

NUMÉROS

SOMMAIRE DU CHAPITRE X. (Suite.)

TITRES.

ORIGINE DES DOCUMENTS.

DATES.

PAGES.

d'ordre.

14. Copie d'une lettre d'Edward Dacres Baynes, esp.0, magistrat spécial, au marquis de Sligo. — Étatmoral des nègres.

Papers relative to (lie abolition of slavery part. IV (1), pag. 58.

30 juin 1836.

503

504

15. Extrait d'une lettre de Patrick Dunne, esq., juge spécial, au marquis de Sligo.

Idem, pag. 65

29 juin 1836.

16. Rapport spécial trimestriel du colonel Gregg au marquis de Sligo.

Idem, pag. 116

Juillet 1836.

Idem, pag. 263

31 décembre 1836.

506

17. Extrait d'une lettre de E. B. Lyon, juge spécial....

Idem, pag. 261

4 janvier 1837.

507

18. Extrait d'une lettre de Samuel Lloyd, juge spécial, à C. H. Darling.

Idem, pag. 268

8 janvier 1837.

Ibid.

19. Extrait d'une lettre de Richard Hill, esq., juge spécial, à sir Lionel Smith. 20. Extrait d'une lettre de Henry Laidlow, juge spécial, à C. H. Darling.

Idem, pag. 257

9 janvier 1837.

Ibid-

21. Extrait d'une lettre de R. Lambert, juge spécial, à C. H. Darling. — État moral des nègres. — État de la culture.

Idem, pag. 319

31 mars 1837.

Ibid-

Idem, pag. 315

1er avril 1837.

508

22. Extrait d'une lettre de C. Ricketts, juge spécial, à Son Excellence le gouverneur.— État normal des noirs. 23. Lettre de R. Chamberlin, juge spécial, à Richard Hill.

Idem, pag. 329

Avril 1837.

24. Extrait d'une lettre de J. Harris, juge spécial, à C. H. Darling.

Idem, pag. 334

1er avril 1837. 26 juin 1838.

25. Extrait d une lettre de J. Daughtrey, au capitaine Darling, secrétaire du Gouvernement. 26. Extrait d'une lettre de J. W. Grant, juge salarié de Manchester et Clarendon, à Richard Hill, sur les loyers et les dispositions des noirs à acquérir des terres.

Extracts Jrom parliamentary papers, etc.

10 juin 1839.

27. Extrait d'une lettre de Phil. O'Reilly au capitaine Darling, secrétaire du Gouvernement, — Etat de la culture. — Conduite des noirs.

9 juillet 1839.

28. Lettre de M. J. Daughtrey à Richard Hill, esq. — Goût des noirs pour la chasse au tir; bruits de révolte répandus à cette occasion.

29 juillet 1839.

29. Lettre de J. M. Grant, juge salarié, à Richard Hill, esq.— Justification de sa conduite.— Détails sur les loyers.

26 août 1839.

30. Actes arbitraires des maîtres envers les cultivateurs.

30 avril 1839.

31. Extrait d'une lettre de James Kowden, missionnaire wesleyen, à Ch. Darling, etc. — Bonne conduite des noirs.

3 juin 1839.

32. Extrait d'une lettre de Th. F. Abbot, missionnaire baptiste, au très-noble marquis de Normanby, secrétaire d'État pour les colonies. — Accusations portées par la presse contre les noirs émancipés.

11 juin 1839.

33. Extrait d'une lettre de W. T. Woodcock, ministre salarié, au capitaine Darling, secrétaire du Gouvernement. '

24 juin 1839.

34. Extrait d'une lettre de Benjamin Franklin au capitaine Darling. — État moral des noirs.

26 juin 1839.

35. Extrait d'une lettre de John Kingdon, ministre baptiste, au capitaine Darling.

27 juin 1839.

36. Extrait d'une lettre de J. H. Cooke, recteur de SaintThomas-dans-l'Est.

28 juin 1839.

37. Extrait d'une lettre do M. Grant

6 août 1840.

38. Extrait d'une lettre de M. Mac-Leod

7 août 1840.

Ibid. 509

510

511

Ibid.

512

Ibid-

514 Ibid-

Ibid-

515

Ibid-

516 Ibid-

IbidIbidIbid-

C. Départ de sir Lionel Smith de la Jamaïque.—Adresse des missionnaires baptistes. — Affaire des menaces d'assassinat. 1. Adresse à Son Excellence sir Lionel Smith, gouverneur de l'île de la Jamaïque.

505

Ibid. Août 1839.


493

SOMMAIRE DU CHAPITRE X. (SUITE.)

NUMÉROS

DATES.

ORIGINE DES DOCUMENTS.

TITRES.

d'ordre.

28 août 1839.

517

6 septembre 1839.

518

13 septembre 1839.

Ibid.

2. Réponse à l'adresse des baptistes

4. Copie d'une dépêche du gouverneur sir Lionel Smith au marquis de Normanby, sur l'illégalité de la résolution prise par la cour des comptes. 5. Copie d'une dépêche de l'honorable sir C. T. Metcalfe, bar", au marquis de Normanby. — Détails sur le départ de sir L. Smith. N° 113.

§

1.

Rapport du magistrat spécial. — État moral des noirs.

§ III.

Papers relative to the abolition of slavery, part. II (continued) ,pag. 249.

LA

pag. 248

2. Adresse des noirs émancipés à Son Excellence sirl Idem, pag. 258 George F. Hill, bar", etc. 3. Adresse des nouveaux émancipés à Sa très-gracieuse Majesté Alexandrina-Victoria, reine de la GrandeBretagne et d'Irlande, etc. S

IV.

Idem

2. Rapport de J. J. Tinling, magistrat spécial, à Son Excellence le capitaine Geo. Tyler, lieutenant gouverneur. — Amélioration dans les dispositions des noirs pour le travail. 3. Rapport de Edwin-Polson, magistrat spécial, Excellence le lieutenant-gouverneur.

N° 116.

pag. 144

Idem, part. III (2), pag. 380

SonIdem,

pag. 387

17 juin 1835.

519

1er juillet 1835.

Ibid.

26 août 1734.

520

D'août 1838.

Ibid.

6 août 1838.

Ibid.

24 mai 1833.

521

3 juin 1836.

522

15 juin 1836.

Ibid.

§ V. LA BARBADE. 1. Extrait d'une dépêche du gouverneur sir Lionel Smith au très-honorable E. G. Stanley. — Influence de l'indemnité sur les dispositions morales des planteurs.

Idem, part. II, pag. 52

29 juillet 1833.

220

2. Proclamation aux apprentis pour leur annoncer l' affranchissement.

Idem, pag. 56

22 juillet 1834.

Ibid.

3. Copie d'une dépêche de sir L. Smith à lord Glenelg. — Influence funeste de la classe dite des petits blancs.

Idem, part. III (2), pag. 14

8 décembre 1835.

Ibid.

10 août 1338.

524

4. Rapport de M. Joncs, inspecteur de police .rurale.— Événement de l'affranchissement définitif. 5. Extrait d'un rapport envoyé par sir E. M. Mac-Gregor à lord Glenelg. — Dispositions des noirs. N° 117.

519

SAINT-VINCENT.

1 . Esprit de désordre et d'insubordination chez les Idem, nègres des plantations situées dans le district de Charib et sur les plantations voisines.—Procès-verbal] d'une assemblée de magistrats, tenue à Grand-Sable, paroisse Charlotte, à Saint-Vincent, par ordre du gouverneur, à l'effet de procéder à une enquete, etc.

I

1er octobre 1839.

TRINITÉ.

1. Copie d'une dépêche du lieutenant-gouverneur sirl Idem, pag. 205 George F. Hill, bar", à M. Spring-Rice, secrétaire d'Etat. — La tranquillité règne, et en général le travail est terminé à midi. Les apprentis emploient le reste de leurs journées sur les plantations voisines.

N° 115.

I

HONDURAS.

II.

2. Copie d'une dépêche du colonel Cockburn au très- Idem, honorable lord Glenelg, transmettant le rapport qui précède. N° 114.

PAGES.

§

VI.

17 septembre 1838.

Ibid.

2 novembre 1833.

525

LA DOMINIQUE.

1. Copie d'une dépêche du lieutenant-gouverneur sir C. M. Schomberg à M. le secrétaire d'Etat Stanley. Premiers effets de l'émancipation sur l'esprit des planteurs et sur les noirs de divers âges. 2. Lettre du lieutenant-gouverneur Macphail à sir W. M. G, Colebrooke, — Etat des noirs affranchis.

Idem, part. II (continued), pag. 135 ..

22 avril 1839.

Ibid.


SOMMAIRE DU CHAPITRE X. (Suite et fin.)

494

NUMEROS

ORIGINE DES DOCUMENTS.

TITRES.

d'ordre.

N° 118.

§

VII.

Idem, part III (2), pag. 314

2. Rapport du major Grœme. — Amélioration physique chez les noirs. 3. Rapport du major Grœme, magistrat salarié. — Manière paisible dont se sont passées les fêtes de Noël.

N°120.

§ VIII.

22 février 1836.

526

1er février 1839.

527

9 janvier 1839.

Ibid.

ANTIGOA.

1. Lettre de Bennet Harvey, à Son Excellence le gouverneur. —• La réunion des missionnaires moraves se prononce pour l'émancipation immédiate.

Papers relative ty the abolition of slavery, part. II (continued), pag. 12.

1er novembre 1833.

2. Opinion de Mathews Banks, missionnaire wesleyen, sur le même sujet.

Idem, pag. 11

29 octobre 1833.

1. Adresse des membres du conseil des îles de la Vierge à Son Excellence sir E. J. M. Mac-Gregor, bar , etc.

Idem, pag. 35

Juillet 1834.

2. Extrait d'une lettre de Son Honneur le président des îles de la Vierge, à sir E. J. M. Mac-Gregor, bar".

Idem

4 août 1834.

§

IX.

ILES

PAGES.

MONTSERRAT.

1. Rapport de M. L. Grœme, juge spécial, à Son Excellence sir E. J. M. Mac-Gregor, etc. — Etat des noirs et de la culture.

N° 119.

DATES.

DE

LA

527

Ibid.

VIERGE.

527

01

N° 121.

X.

ILES

BAHAMAS.

Extrait d'une dépêche du lieutenant-gouverneur B .T. Balfour à M. le secrétaire d'État Stanley. — Les noirs témoignent l'intention de renoncer au travail après le 1er août. N° 122.

XI.

LA

Ibid.

Idem , pag. 260

14 juillet 1834.

528

GUYANE.

1. Copie d'une dépêche de sir J. Carmichael Smith à lord Glenelg. — Situation de la colonie en 1835.

Idem, part. III (2), pag. 105

12 décembre 1835.

2. Discours du gouverneur à l'assemblée locale de Demerara.—État de la colonie après la déclaration définitive de la liberté.

Papers relative to the West-Indies, part. I pag. 296

17 septembre 1838.

3. Extrait d'une dépêche du gouverneur Light à lord Idem, British Guiana, pag. 94 John Russel. — Situation favorable du pays malgré la diminution de la récolte.

21 janvier 1840.

4. Extrait du discours du gouverneur Light à l'assemblée coloniale [court of policy).

Idem

28 février 1840.

5. Extrait des registres de plaintes des magistrats salariés pour le mois de juin 1840.

Idem, pag. 165

Juin 1840.

528 529

Ibid.

Ibid. 530


CHAPITRE X. DISPOSITIONS RÉCIPROQUES DES PLANTEURS, DES NOIRS ET DES DIFFÉRENTES PERSONNES ENGAGÉES DANS L'OEUVRE PRATIQUE DE L'ÉMANCIPATION.

N° 112. § Ier. LA JAMAÏQUE. A.

DÉPÊCHES

du ministre secrétaire d'État des colonies et

du gouverneur de la Jamaïque. T. EXTRAIT

d'une dépêche du marquis de Sligo à M. J. Spring-Rice. — Etat satisfaisant de la colonie. Du 26 décembre 1834.

Il est arrivé, la semaine dernière, que les nègres de quatre grandes plantations, près d'ici, ont refusé d'entrer en arrangement; mais ils ont choisi un homme qu'ils ont envoyé me parler à ce sujet. Je l'ai entretenu longtemps, et il a paru être tout à fait démon avis. Je lui ai dit que si les autres ne voulaient point le croire, il amenât avec lui, le jour suivant, deux ou trois des premiers de chaque plantation, et que je leur parlerais. Ils ne sont point venus, et je n'ai plus rien su des directeurs; ce qui me

Il est vrai que les nègres connaissent parfaitement bien leurs droits, et qu'ils sont déterminés à les maintenir. Il est vrai aussi

fait croire que mon avis a produit l'effet désiré. Il y a sans doute eu quelques exemples où ils ont refusé d'entrer en arrangement,

qu'ils ne travaillent

qu'ils se trouvent dans une position comparativement heureuse,

quoique le juge spécial ail fait tout son possible pour les y engager; mais il faut remarquer que, dans presque tous les cas, les

•le ne nie point non plus qu'ils aient de temps à autre montré un mauvais caractère. Il serait difficile que, dans une population de

hommes se sont arrangés facilement : ce sont les femmes qui ont montré le plus d'opposition. 11 est bien connu qu'elles sont la

pas

autant

qu'auparavant, maintenant

340,000 individus, on n'en trouvât pas quelques-uns de malin-

la partie, la plus fatigante et la plus tracassière de toute la po-

tentionnés, mais les exemples sont fort rares, et encore doiventils souvent être attribués aux menaces qui leur sont faites de les

de châtiment.

priver de tous leurs avantages antérieurs, du terrain dont ils ont longtemps joui, de leur bétail, en un mot, comme j'ai bonne

Les punitions corporelles ont été retranchées, et il n'y a encore ni treadmill ni prisons.

raison de le croire pour un ou deux cas, parce que l'inspecteur leur avait dit « qu'on leur laisserait bien peu de chose à la lin de

pulation; ce que j'attribue à l'absence d'un moyen convenable

Cependant on aura bientôt remédié à cet inconvénient, car on . fait des préparatifs à cet effet.

leur apprentissage. » Ces cas, cependant, ainsi que les exemples d'un mauvais caractère, sont rares, je le répète. Les maîtres et

pandue ici par des personnes dont l'intérêt était de tenir le pu-

les directeurs s'accoutument davantage à la nouvelle loi, et l'on ne fait que peu de plaintes à leur égard. Il en résulte qu'il se

cette idée n'est venue dans l'esprit de personne depuis les trois

fait plus d'ouvrage, et, dans la plupart des plantations, on travaille moyennant salaire. Je connais une plantation, celle de Goldcn-Grove, sur laquelle, malgré tout ce qui a été dit, on fait cinq à six barriques de sucre de plus maintenant qu'à la même époque de l'année dernière. Des hommes qui ont, toute leur

Quant à l'idée d'insurrection ouverte, elle peut avoir été réblic dans un état d'agitation et d'alarme; mais j'ose affirmer que derniers mois. Les assertions contenues dans les journaux ne sont point du tout une preuve que celte croyance existe. Cependant le fait sera connu avant que cette dépêche ne vous parvienne. Tout le monde pense que, s'il y a des troubles, ils auront lieu pendant les vacances prochaines. Je nie positivement la supposition que fait M. Burge, que le

vie, été accoutumés à agir par contrainte, ne peuvent facilement s'accoutumer à user des voies de simple persuasion. Les nègres pro-

nombre nécessaire de magistrats spéciaux peut être calculé d'a-

fitent aussi un peu de ce qu'ils sont maintenant exempts de la punition directe du maître. Cependant tout cela commence à s'ar-

près celui de la magistrature générale. Les raisons en sont trop évidentes pour que je les répète. Cependant, comme il s'agit de

ranger, et je ne désespère point de voir la plus grande partie des apprentis prendre des habitudes laborieuses. Il y a six semaines que j'avais bien des doutes quant à l'enlèvement de la récolle. Maintenant je peux affirmer que la plus grande partie se fera

ces employés, je dirai qu'avec le nombre qui m'est promis, il y en aura bien assez, et que l'expérience acquise par ceux qui sont déjà ici servira de guide à ceux qui vont arriver.

dune manière satisfaisante; peut-être ne sera-t-elle pas tout à fait aussi abondante que celle de l'année dernière, mais elle le sera assez pour prouver que le nouveau système n'est point aussi mau-

L'avocat général avait émis l'opinion que les apprentis avaient droit à toutes leurs anciennes allocations, mais sans porter un ordre public ou officiel à ce sujet. Ces concessions n'ont point été accordées après la première semaine, à l'exception du temps

vais qu on se l'est imaginé L'insuffisance du nombre des magistrats spéciaux a sans doute causé beaucoup de mal; mais avec ceux que vous m'avez donnés, et avec les facilités que vous

nécessaire aux mères pour allaiter leurs enfants. Et, dans le moment où ces avis sont arrivés à la Jamaïque, il n'y avait pas eu un seul cas justiciable de présenté aux magistrats spé-

avez mises à ma disposition, je pense obvier complètement à

ciaux depuis plus d'un mois. Il est assez singulier, cependant, de dire qu'elles sont maintenant, je puis l'affirmer, presque uni-

cette difficulté. Un fait remarquable, c'est que, dans bien des cas, les nègres n avaient pas voulu d abord entrer en arrangement avec leurs maîtres, et que du moment où le juge spécial a été présent et leur a garanti l'exécution de leur marché, ils y ont de suite consenti.

versellement accordées aux nègres, au moins par tous les principaux procureurs ; de manière que ce n'est plus un sujet de contestation. A l'égard du dernier paragraphe de la lettre de M. Burge, où


496 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

3.

Si j' avais cru qu'une telle mesure fût nécessaire, après la

de la copie d'une dépêche du marquis de Sligo à lord Glenelg. — La conduite des noirs dépend de celle des maîtres à leur égard.

bonne volonté avec laquelle mes conseils ont été suivis, je vous l'aurais représenté il y a longtemps. J'ai mûrement considéré ce

Hôtel du gouverneur (Saint-I0ago de la Vegaj,

il recommande une augmentation de la force militaire dans cette île, je ne puis pas en conscience dire qu'elle soit nécessaire.

EXTRAIT

sujet avec l'idée d'en réduire le nombre et non de l'augmenter; mais je ne puis vous recommander aucune réduction avant une* année au moins. M. Burge parle aussi de l'introduction de laboureurs européens dans l'île. C'est une mesure que je désire encourager tout autant que lui ; mais le désir de faire passer une loi convenable sur cet objet a été contrarié par l'opposition de la chambre d'assemblée aux propositions qui lui ont été faites. Comme ces propositions, ainsi que tout ce qui s'est passé, forment le sujet d'une dépêche séparée, il n'est point nécessaire d'en parler maintenant. J'espère que le rapport que je pourrai faire, avant le départ du paquebot, sur les dispositions pacifiques des nègres et leur retour à l'ouvrage, prouvera que les assertions de M. Burge sont fausses. Signé

SLIGO.

13 décembre 1835.

l'ai appris que l'on s'était vivement récrié à la déclaration que j'ai faite, que c'est de la conduite des planteurs que dépend le succès ou l'insuccès. De pareilles récriminations sont fort injustes; car, dans les conversations particulières, on ne m'a jamais nié cette vérité. Ce n'est point, du reste, un principe faux, que les inférieurs ont l'habitude de mesurer en grande partie leur conduite sur celle de leurs supérieurs. ! orsque les nègres commettent quelque faute, n'est-il pas tout naturel qu'ils désirent en être repris avec ménagement? Est-il vraisemblable de supposer que le nègre affectionnera et, une fois devenu libre, voudra bien aider de ses services un planleur qui aura toujours été dur avec lui, aussi bien qu'il aidera le maître doué d'un caractère humain, qui l'aura traité, pendant qu il était apprenti,' avec celte douceur et ces ménagements nécessaires dans un pays où la civilisation est imparfaite et l'éducation entièrement nulle?

2.

LETTRE

dé M. E. B. Lyon au marquis de Sligo. — Les apprentis renouvellent leurs engagements.

Palmetto-River, 9 septembre 1835.

Je suis sûr que ce sera pour vous un grand sujet de satisfaction d'apprendre que les apprentis de la plantation de Blue-Mountain, qui, l'année dernière, ont été les premiers à accepter mes propositions, et qui, par leur fidélité à remplir leurs engagements, leur bonne conduite et leur industrie, se sont montrés dignes de devenir libres, ont, cette année encore, donné des preuves incontestables de leurs excellentes dispositions, en manifestant une louable sollicitude pour le bien-être futur de leurs enfants. Ils ont consenti, en outre, à renouveler leurs engagements de l'année passée : une clause a été ajoutée à ces engagements, c'est que les • enfants,âgés de six ans au mois d'août 1834, et ceux qui, l'année d'après, parviendraient à cet âge, formeraient une section à part dans la plantation , seraient de bonne heure initiés aux coutumes et aux travaux journaliers et recevraient, au compte du propriétaire, une heure et demie d'instruction par jour, La plantation de Greenwall est dirigée sur le même plan que celle de Blue-Mountain. L'influence de l'exemple donné par les

Selon moi, rien n'est plus préjudiciable que le changement du mode de travail de neuf heures par jour en celui de huit heures, qui s'est effectué immédiatement après la récolle. Je ne saurais dire quelle a été la cause de ce changement. Je crois pouvoir affirmer qu il n'a point été fait dans le but d'avoir une plus grande quantité de travail, de la part des apprentis; car pendant la recolle, époque où l'on fait tout ce que l'on peut pour activer le travail, le système de neuf heures était universel. On a dit pour raison que l'apprenti, avec la moitié du vendredi pour lui-même, avait trop de temps à donner à la paresse, et que l'on avait voulu le mettre à l'abri de ce mauvais penchant. Si telle est la considération sur laquelle on s'est appuyé pour prendre une semblable mesure, je dois dire qu'on a agi sans discernement. En effet, il est bien plus probable que l'on arrivera à d'heureux résultats, en cherchant àamener au travail un peuple libre, plutôt qu' en l' y poussant avec effort. Je pense, cependant, que la plupart des gens sensés ont, comme moi, fait cette réflexion ; caries grands administrateurs de plantations, sur la conduite desquels je ne cesse d avoir les yeux, ont en général renoncé à ce système. Je ne sais aucune exception à ce que j'ai dit dans mou rapport général sur les bonnes dispositions existantes. Dans des dossiers séparés, que j ai eu l' honneur de vous envoyer, Votre Excellence

travailleurs de ces deux plantations et du bonheur dont ils jouissent me servira, j'espère, à persuader à ceux des autres plantations de ce district qu'ils doivent se conduire d'après les

pourra voir qu il y a eu très-peu d'apprentis, comparativement à leur nombre, qui aient été convaincus de culpabilité. Je nie com-

mêmes principes. Si un pareil système pouvait devenir général, il n'y aurait plus à craindre pour l'avenir des apprentis. Leurs enfants, qui auraient été accoutumés au travail, en même temps qu'ils auraient appris à lire, ne seraient certainement pas dispo-

depuis le

sés, à la fin de l'apprentissage, à s'adonner à la paresse et au vagabondage ; bien au contraire, ils aiguillonneraient, par leurs progrès , l' activité et le courage de leurs parents, qui auraient à cœur de conserver a leurs enfants l'heureuse supériorité que ceux-ci auraient acquise. Mon plus grand désir est d'être le créateur d'un pareil état de choses : je m'y appliquerai de toutes mes forces. L'année dernière, j ai réussi, au delà de mon attente, à établir un système unique de travail, pendant et après la récolte dans vingt-six plantations. Si j étais cette année aussi heureux, je considérerais cet avantage comme une des garanties les plus fermes pour la prospérité future de l'île. Signé E. B.

LYON.

plètement qu'il soit vrai que le nombre des fautes se soit accru 1" août, et, généralement, qu'il y ait augmentation dans le nombre de mauvaises actions

A Middlesex seulement il y a un genre de crime qui s'accroît d une manière alarmante : c'est le vol de bétail. Dans les bois qui se trouvent près de la ville, et dans certaines autres parties de la campagne, de grands troupeaux de bétail sauvage errent et paissent en liberté. Comme une grande partie de ces troupeaux a été détruite, et qu'il est beaucoup plus facile d'élever du bétail apprivoisé que du bétail sauvage, le peuple s'est mis à voler du bétail domestique. Quelques mesures salutaires ayant été décidées dans la dernière grande assemblée, j'ai l'espoir fondé que ce genre de crime ne tardera pas à s'arrêter.... Signé

SLIGO.


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. X. DISPOSITIONS RÉCIPROQUES, ETC. de lu copie d'une dépêche du marquis de Sligo à lord Glenelg. — Conduite à tenir envers les noirs pour maintenir les améliorations obtenues.

-T. EXTRAIT

Highgate (Jamaïque), 1er janvier 1836.

C'est avec plaisir que je rends compte de la situation actuelle des choses. Je suis persuadé, en effet, que les planteurs ont compris quelles pouvaient être les fâcheuses conséquences de la rudesse : aussi ont-ils perdu leurs premières habitudes de violence. Je crois pouvoir affirmer qu'il y a un changement total, à part quelques rares exceptions, dans le mode de traitement adopté pour les apprentis. Ces derniers, malgré leur manque d'éducation , savent s'y montrer très-sensibles. Voyant aujourd'hui qu'ils sont protégés suffisamment, ils se sont relâchés de la rigueur avec laquelle ils voulaient que leurs droits nouveaux fussent maintenus, et ne portent plus que très-peu de plaintes contre leurs maîtres. D'un autre côté, ils savent qu'ils sont soumis à la loi, et ne donnent, comparativement à ce qui arrivait au commencement du système , que très-peu d'occasions sérieuses de se faire réprimander. Il est vrai qu'ils sont indolents et font peu d'ouvrage; il est vrai aussi qu'ordinairement ils ne déploient pas toute l'énergie dont ils sont susceptibles dans l'intérêt de leurs maîtres; mais, tant qu'on n'aura pas démontré que les nègres sont différents des individus d'une autre couleur, il sera naturel de faire celte réflexion : que, gagnant si peu pendant les heures que la loi les oblige de donner à leurs maîtres, ils ne peuvent réellement pas travailler avec autant d'ardeur que lorsqu'ils sentent que plus ils font d'ouvrage, plus ils ont de bénéfice. Dans un des rapports que je vous envoie, Votre Excellence pourra voir que maintenant ils ne mettent pas plus de temps à creuser, moyennant salaire, cent soixante trous à cannes, qu'ils n'en mettaient pendant l'esclavage pour en creuser quatrevingt-dix. Je commence à espérer que le mode de conduite adopté par les planteurs sera tellement favorable aux intérêts de l'île qu'il ira en s'améliorant graduellement jusqu'à la fin de l'apprentissage. J'espère aussi que les apprentis, sous le rapport delà conduite, feront des progrès analogues : de sorte, qu'en l'année 1840, lorsqu'à l'apprentissage succédera une liberté entière, il n'y aura aucune de ces conséquences fâcheuses que certaines personnes redoutent. H y a ici plusieurs colons qui, malgré les louables efforts qu'ils n'ont cessé de faire en faveur des apprentis, nourrissent intérieurement cette idée, qu'il leur sera impossible, l'année 1840 arrivée, de s'assurer les services d'un apprenti; et sous l'influence de cette conviction, ils négligent les moyens qui pourraient les mettre à l'abri de tout fatal accident. Je crains que ces colons ne continuent à suivre les mêmes idées. Il serait temps, du reste, qu'ils se préparassent, et je suis sûr que, s'ils le voulaient, ils acquerraient bientôt celte confiance dans l'avenir, qui, malgré les obstacles, ne fait que s'accroître dans le pays. Néanmoins, parmi les vieux économes, il y en a très-peu qui veulent entendre la voix de la raison. Plusieurs habitent la colonie depuis plusieurs années et ne veulent pas abandonner des préjugés qui depuis longtemps les dominent. Un d'entre eux, ainsi que je l' ai appris il y a quelques semaines, se plaisait à ordonner aux apprentis qu'il avait sous sa direction, lorsqu'ils commettaient quelque faute, de se promener en face de sa porte, pendant un espace de temps qu'il déterminait, avec un poids de cinquante livres sur la tête. Comme ceci se passait au soleil, il s'ensuivait que ce qui faisait l'amusement de l'économe devenait pour les apprentis un châtiment des plus pénibles. L'actif magistrat, M. Lyon, qui le premier eut connaissance de ce fait, s'empressa de me le faire savoir. Je le fis connaître à mon tour à l'administrateur de la plantation où il avait lieu, M. Duncan Robertson. Celui-ci se rendit immédiatement sur les lieux, en com-

pagnie de M. Joseph Gordon, coadministrateur, à ce que je crois, de cette même plantation. Ces messieurs, après avoir mûrement examiné les choses, enlevèrent à l'économe la charge qu'il oc cupait, ayant soin , je pense, de pourvoir à ce qu'un homme de ce caractère n'en pût obtenir aucune autre. De tels cas sont rares cependant, et comme, lorsqu'il s'en est rencontré, ils ont été aussitôt réprimés par les administrateurs, il est à croire qu'ils ne se répéteront plus. Il y a encore quelques contre-maîtres qui se montrent violents clans leurs manières et dans leur langage, ce qui est très-préjudiciable. Néanmoins je ne doute pas qu'ils ne se corrigent. Je suis certain, lorsqu'ils seront parvenus à se contenir, que les suites heureuses de leur changement ne se feront pas attendre. Je viens d'apprendre qu'en conséquence de la bonne conduite que les apprentis ont montrée pendant les saints jours qui précèdent Noël, les géreurs de plantations ont, pour la plupart, l'intention de leur accorder ce jour, quoique la loi n'en fasse pas mention. Un tel acte de bienveillance aurait, j'en suis sûr, les plus heureux résultats. On a remarqué généralement que celle année il y a eu bien moins de John Canoeing1 que d'ordinaire à pareille époque, et que les désordres qui en étaient la suite habituelle n'ont pas été aussi graves qu'autrefois. Le jour de Noël et le dimanche (Kingston fait exception seulement) se sont passés dans la tranquillité la plus grande. A Kingston, ville si étendue, il se trouve assez de gens oisifs pour que l'on soit trompé par les apparences. Là, toutefois, on a remarqué aussi que les fêtes se sont passées avec plus de calme que d'habitude. Pour ce qui a rapport aux émigrants, beaucoup ont été amenés ici par des particuliers. Je crains que les préparatifs faits pour eux ne soient hors de proportion avec leur nombre. Il ne m'est du reste arrivé aucune plainte à cet égard. MM. Olbers, en un espace de temps très-court, ont amené cinq cent trente-deux de ces émigrants. Les personnes qui en ont fait venir le plus grand nombre sont MM. Barclay et Salmon. Ce dernier, pour le moment, s'occupe de faire construire à ses frais une grande plantation qui leur est destinée ainsi qu'à d'autres qui pourront venir par la suite. MM. Mitchell en ont aussi amené un trèsgrand nombre pour leurs différentes plantations. Ces messieurs ont montré à leur égard autant de libéralité que leurs intérêts pouvaient le permettre. Je crains fort que le choix qu'ils ont fait de ces émigrants n'ait pas toujours été heureux ; car plusieurs d'entre eux sont errants pour le moment, après avoir obtenu qu'on les déchargeât de leur travail. Aucune plainte, cependant, ne m'est parvenue encore, si ce n'est pourtant de la part des émigrants de Sainte-Anne.

5.

du gouverneur, transmettant les rapports trimestriels des juges spéciaux. — Progrès des habitudes d'humanité des maîtres envers les apprentis. DÉPÊCHE

Highgate (Jamaïque), 9 juillet 1836.

J'ai l'honneur de vous envoyer en original les rapports trimestriels des juges spéciaux. Ce qu'ils constatent de plus remarquable, c'est, sans contredit, le progrès des habitudes d'humanité des maîtres envers les apprentis; l'expérience, en effet, a fini parleur apprendre que la meilleure politique est l'esprit de conciliation. Cependant, quoique cette conduite soit presque généralement tenue, je suis fâché d'avoir à dire qu'elle n'est point universelle. Je connais plusieurs maîtres qui, persévérant dans leur ancien système , continuent à exiger la livre de choir2, ce que je dénonce comme étant la plus mauvaise politique possible; et plus d'un propriétaire en Angleterre en souffrira profondément, si l'on ne se bâte de mettre un terme à toutes les

On désigne ainsi une sorte de mascarade qui a lieu chez les noirs des colonies anglaises pendant les fêtes de Noël. * Allusion A l' action du juif Shylock dans la pièce de Shakespeare. *

II

497

32


498

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

sottises répétées ici journellement sur le caractère des nègres, qui, dit-on , n est point connu. Il y a maintenant près de deux ans que j observe ces hommes avec la plus grande attention ; je vois que leur indolence proverbiale n'est autre chose que ce que l'on rencontrerait à coup sûr dans tout Anglais forcé de travailler sans autre profit ou payement personnel que celui des nègres dans ce pays, si l'on voulait surtout l'assujettir, en outre, à des punitions corporelles, dans le cas où la quantité d'ouvrage ne satisferait point le propriétaire. Quelle quantité de travail votre seigneurie pensera-t-elle qu'il serait possible d'obtenir, a ces conditions, de la majorité des blancs en Angleterre ? Je pense, pour moi, qu'on n'en pourrait obtenir la moitié de ce que l'on obtient aujourd'hui des nègres. On dit qu'ils mentent ; mais j'ai entendu faire la remarque que , si cette accusation n'est pas sans fondement, dès qu'on leur fait prêter serment, ils sont d une réserve extrême , et que les exemples de parjure sont excessivement rares; le mensonge, d'ailleurs, n'est qu'une funeste habitude qui est une conséquence de l'esclavage et du manque d'éducation. Si les propriétaires en souffrent maintenant, ils ne font que recueillir le fruit de leur ancienne conduite envers les noirs. On les dit habitués à de petits larcins ; mais, si l'on découvre maintenant beaucoup plus de vols, ce n'est que par suite de la vigilance extraordinaire de la police; et, en outre, on doit se rappeler qu'autrefois l'usage général avait permis aux esclaves de prendre une certaine quantité de sucre, de sirop et de rhum : cela se faisait ouvertement, ou bien le mal, quand il existait, n'était pas connu; il n'y avait personne pour le découvrir. Quand il existait des soupçons, le fouet peut quelquefois avoir été appliqué ; mais je suis bien convaincu que l'on ne pensait guère à porter la moindre vigilance sur ces petits larcins. Aujourd'hui le désir de vexer les noirs a bien diminué, quoiqu'il existe encore en certains endroits. Je suis certain cependant que, d'abord, plusieurs teneurs de livres et plusieurs économes avaient pris la résolution, en dépit de la loi qui affranchissait les esclaves , de continuer à les vexer. Cela causa naturellement beaucoup de mal, et c'est avec un vif plaisir que je puis dire que ces dispositions semblent s'être rapidement évanouies. Dans bien des circonstances on a retiré aux noirs leurs anciennes allocations de nourriture; on leur supprime leurs congés, et, s'ils manifestent la plus légère répugnance à travailler, ou pour toute autre raison, plus ou moins juste, on leu rôle souvent leurs samedis: comment peuventils donc subsister autrement que par le vol? Cependant ces exemples ne sont pas très-fréquents, et l'on peut voir partout quelques preuves éclatantes de bonté et d'humanité. Je voudrais particulièrement appeler votre attention sur les heureux effets de l'esprit de conciliation mentionné dans le rapport de M. Bayncs, à propos de la paroisse de Saint-Jean, ou Spring-Vale. Cette paroisse, sous la direction de M. James Wright Turner, se fait remarquer par une absence de plaintes vraiment extraordinaire. Mais la partie la plus curieuse de ce rapport est certainement l'effet de la conduite particulière qu'il a tenue à l'égard des nègres récemment loués du docteur Loane, députéde cette paroisse. Ils passaient auparavant pour les nègres de la paroisse les plus difficiles à maintenir; depuis qu'ils sont à Spring-Vale, on assure que leur conduite a été exemple de tout reproche, et qu'on n'a pas eu la moindre faute à leur attribuer. Si de tels faits ne dessillent point les yeux des propriétaires absents de la colonie, et ne les engagent pas a envoyer à leurs agents l' ordre positif d'adopter le même genre de conduite, ils auront à s'en repentir amèrement après 1840. Les agents qui suivent le système de MM. Turner, Lockburn et h arquharson auront des laboureurs en abondance et à bas prix, tandis que d autres , que je pourrais nommer, resteront sans un seul ouvrier.

6.

d'une adresse du gouverneur de la Jamaïque à la législature, à l'ouverture de la session. — Conduite à tenir par les juges spéciaux. EXTRAIT

1er novembre 1836.

On me représente le pays comme très-agité et très-mécontent. Je vous invile à examiner la cause et l'origine des griefs sans passion , afin que je puisse les représenter fidèlement aux ministres du Roi, et y remédier, s'il est possible. On a eu beaucoup à se plaindre de la conduite de deux ou trois des juges spéciaux qui ont irrité les maîtres elles apprentis les uns contre les autres, ce qui, dans plusieurs cas, a provoqué plus de sévérité et plus de dureté envers les laboureurs qu'il n'y en a jamais eu durant l'esclavage. Je fais en ce moment tout ce que je puis pour arrêter ce mal, et, entre autres mesures , j'ai ordonné des enquêtes à la suite desquelles on pourra établir un tarif de travail. Je n'ai point oublié , messieurs , que la Jamaïque a donné la première l'exemple d'exécuter promptement et honorablement les désirs du Parlement par son acte préparatoire d'émancipation. J'étais alors occupé du même objet dans le Gouvernement des îles du vent (wind-ward), et je ressentis la plus grande reconnaissance envers les habitants de la Jamaïque pour ce louable empressement. Nous devons profondément regretter qu'il se soit élevé des sentiments fâcheux qui ont empêché telles modifications de votre acte que l'expérience a montré être encore essentielles aux intérêts mutuels des maîtres et des domestiques. Je ne croirai jamais que les personnes qui représentaient alors les intérêts de celte puissante colonie aient été indifférentes au succès des mesures qu'elles avaient si promplement mises à exécution et je ne manquerai pas, en conséquence, de proposer ci-après à votre considération quelques moyens d'amélioration pratique qui mettront probablement lin aux plaintes et ramèneront la confiance et la bonne volonté entre les propriétaires et les laboureurs. Il y a en vérité un sujet très-important que je no puis m empêcher de soumettre à votre sérieuse considération ; c'est la condition religieuse et morale des nègres. Personne n'a eu de plus fréquentes occasions d'observer cette classe que moi, puisque j ai gouverné directement ou indirectement huit colonies peuplées de noirs, et je suis fâché d'être obligé de déclarer que dans cette île elle est plus arriérée que dans toute autre. Cependant, messieurs , les hommes doivent apprendre à craindre Dieu avant que l' on puisse s attendre à leur faire respecter les lois. Il est physiquement impossible que les ministres de l'église établie, qui ne sont qu'en petit nombre, et qui ont une grande étendue de population à diriger, puissent faire plus qu'ils n'ont fait. Le premier devoir est d'inculquer les doctrines du christianisme et de n'insister sur aucune règle particulière de religion. Je pense que laide des missionnaires est très - nécessaire dans ce but. Il ne nous reste, messieurs, que quatre années pour achever l'expérience de l'apprentissage. Donnez aux travaux des missionnaires toute l'assistance qui est en votre pouvoir ; bannissez de votre esprit l'idée qu'ils sont vos ennemis ; je réponds sur ma tête de leur loyauté et de leur fidélité. Encouragez leur paisible établissement parmi vos nègres ; que quatre ou cinq plantations contiguës s'associent pour ériger des écoles-chapelles (chapel-schools) ; et, comme vous connaissez l'attachement des nègres pour l'endroit de leur naissance et pour celui de la sépulture de leurs parents, vous pourrez, je le crois sincèrement, avoir enfin sur vos plantations des paysans heureux. L'exemple d'Antigoa démontre fortement l'avantage de ces améliorations.


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. X. DISPOSITIONS RÉCIPROQUES, ETC. 7.

DÉPÊCHE du gouverneur sir Lionel Smith au marquis de Normanby. —Accroissement de lu démoralisation des femmes. — A quelle cause l'attribuer.

j

Union-Hill, 20 juin 1839.

Je reçois votre lettre du 10 courant, contenant copie d'une lettre adressée au clergé de la paroisse de Saint-Thomas-dans-l'Est, et relative à quelques observations du docteur Cooke à l'agent de la colonie, sur l'accroissement delà démoralisation des femmes dans celte partie de l'île. Je vous l'avouerai franchement, je pense que ce document est dicté par cet esprit de parti et cette monomanie particulière à la Jamaïque, qui caractérisent toutes les violentes représentations des planteurs, et particulièrement celles que M. Burge a soumises au Parlement. Rien n'affecte plus nos sentiments que les fruits amers que l'esclavage a portés relativement à la dégradation du caractère de la femme. J'ai longtemps déploré ces maux, et j'en ai fait le sujet continuel de mes représentations au clergé. Ces maux sont inhérents au triste état de choses dont nous venons de sortir; mais, faire de cette preuve reconnue des misères de l'esclavage un argument politique , et l'attribuer aux observations et aux avis du gouverneur, ce n'est là que l'effet déplorable de ce système d'opposition opiniâtre et d'accusation systématique qui a si justement excité l'indignation du public anglais contre celle colonie. Le docteur Cooke est un homme de quelque talent, mais il a séjourné trop longtemps dans ce pays pour être exempt des opinions et des préjugés qui y régnent. Il est gérant d'une habitation, compagnon de planteurs depuis trente ans, médecin praticien des habitations au temps de l'esclavage; par ces causes, et par d'autres présentes à mon esprit, il ne peut être considéré comme un témoin équitable et impartial. Considérant toutes ces circonstances, et connaissant bien le triste état de libertinage où vivent les femmes en ce pays, je ne puis cependant souscrire aux opinions émises par le docteur Cooke, ou attribuer un mal si monstrueux à une cause aussi limitée. Le fait, pour moi, n'est pas assez évident, et certainement il résulte de causes plus générales que celle d'un avis donné par le gouverneur. Je n'ai jamais entendu le clergé ou l'inspecteur des écoles, qui est venu, depuis trois mois, deux fois dans cette paroisse, faire mention de ce sujet d'accusation. Je suis intimement convaincu que, si ce fait avait eu toute l'extension prétendue, et s'il avait fourni matière à une infamie aussi notoire, j'en aurais entendu parler. Cet objet sera cependant présent à mon esprit, et je me livrerai à toutes les recherches qui seront en mon pouvoir afin de procurer de nouvelles informations à Votre Excellence.

8.

d'une dépêche du même au même. — Récolte sur la plantation de Spring-Hill attribuable, entre autres causes, à ce que les loyers ne sont pus clairement fixés.

499

doutant pas que sa présence ne fût tout à fait suffisante pour obtenir l'obéissance due au pouvoir civil, sans avoir recours à l'emploi de la force militaire. J'ai donc donné ordre au custos (le maire) de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre en jugement les criminels à la cour des sessions trimestrielles , qui siégeait alors par ajournement, et j'ai enjoint soigneusement au custos, ainsi qu'aux magistrats salariés, de ne point appeler la coopération active des troupes, à moins que le pouvoir civil ne rencontrât encore une fois une résistance sérieuse. Comme votre seigneurie le verra par la copie ci-jointe d'une lettre du juge salarié Fishbourne, le résultat a été tel que je m'y attendais. On n'a point été obligé d'appeler l'intervention de la force armée. La plupart des malfaiteurs ont été arrêtés, et l'on devait les juger le 16 du courant. Il peut être important de rappeler que dans ces cas , et dans deux ou trois autres du même district, où les laboureurs ont montré une disposition moins paisible que celle qui a presque universellement marqué la conduite des classes ouvrières depuis le 1er août, il n'y a aucune raison de croire que cette mauvaise conduite ait eu son origine dans l'idée que leurs maisons et leurs terrains fussent leurs propriétés. Cependant il n'y a aucun doute que les dispositions hostiles qui se sont déclarées à SpringHill n'aient été suscitées par des malentendus avec l'inspecteur, quant à la manière dont le loyer était fixé et le payement demandé , et qu'elles n'aient été considérablement augmentées par la manière peu judicieuse avec laquelle les constables sont tout d'abord allés saisir chez les nègres, les armes à la main. Les nègres de ce district ont toujours été remarquables comme les moins civilisés de l'île, et je crois que dans ce moment ils sont moins abondamment pourvus des moyens d'instruction morale et religieuse, soit par l'église établie , soit par les différentes sociétés de missionnaires, qu'aucune autre partie de la population. Signé Lionel

9.

SMITH.

COPIE d'une dépêche de lord John Russell à l'honorable sir C. T. Metcalfe. — Nécessité défaire disparaître les causes d'animosité entre les maîtres et les apprentis.

Downing-Street, 27 septembre 1839.

Après avoir mûrement considéré les dépêches de votre prédécesseur et les nouvelles reçues de la Jamaïque par différentes personnes de ce pays, il me paraît que ni les améliorations dans la législation, ni la plus grande habileté dans le Gouvernement, ne peuvent assurer la prospérité et la paix de l'île, à moins que de meilleurs sentiments ne s'introduisent dans les

COPIE

King's-House, 17 juillet 1839.

J'ai l'honneur de vous informer qu'en conséquence de ce que les laboureurs, sur la plantation de café de Spring-Hill, dans la partie montagneuse de la paroisse de Saint-George, ont deux fois montré une esprit de résistance aux constables de la paroisse dans l'exécution de mandats de saisie, etc., j'ai ordonné que les

différentes classes de la société. Je désire attribuer l'exaspération présente à des causes tout à fait capables d'avoir produit cet effet, savoir ; l'immensité du changement opéré par la substitution de la liberté à l'esclavage ; chez les maîtres, le mécontentement produit par la diminution de la durée de l'apprentissage, qui avait été fixée par acte du Parlement; chez les laboureurs, la crainte que l'on n'eût abandonné qu'en paroles seulement, et pour le conserver en réalité, le pouvoir de les contraindre au travail.

magistrats salariés accompagneraient un corps de constables spéciaux pour se saisir des meneurs.

Cependant, quelles que soient ces causes, j'espère que le temps et la réflexion pourront convaincre toutes les personnes intéressées

C'est avec regret que. je suis obligé de vous faire savoir que non-seulement les magistrats ont été reçus avec le langage le plus insolent, mais qu'ils ont été attaqués avec des pierres par quelques-uns des plus turbulents agitateurs, parmi lesquels cependant les femmes se distinguaient par leur violence. Alors j'ai pensé qu'il était nécessaire de faire marcher sur la paroisse un petit détachement du 2" régiment des Indes occidentales, ne

que la ruine, ou au moins des pertes considérables dans toutes les classes de la société, devront résulter de la continuation des animosités présentes.

II.

Les propriétaires, s'ils ne peuvent se concilier les laboureurs nègres, verront graduellement abandonner la culture de leurs propriétés, et leurs terres deviendront de plus en plus improductives. 32.


500 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

Les laboureurs, s'ils préfèrent les plus simples moyens d'existence aux salaires qui pourront leur procurer une subsistance confortable, rétrograderont annuellement en civilisation, devien dront une classe ignorante et dégradée de la société, et perdront tous les avantages que l'on peut s'assurer par l'activité, l'industrie et le travail. Il importe fort peu que les différentes classes se rejettent le blâme de l'une à l'autre. La colonie n'en souffrira pas moins, les amis de la liberté et les intérêts de l'empire auront également à souffrir d'un tel résultat. Quant aux censures qui seront méritées, il faut qu'aucun parti ne s'attende à échapper à celles d'un monde impartial. 11 est extravagant de supposer que le nègre pourra exécuter des travaux qu'un blanc, dans la même position, ne pourrait pas faire. D'un autre côté, il est injuste de refuser au propriétaire ce travail continu qui peut seul le mettre à même de payer des salaires élevés. Mais c'est de l'abus des droits constitutionnels et légaux que peuvent dériver les plus grands maux. Si chacun doit pousser à l'extrême des privilèges qui lui sont donnés pour le bien de tous, aucune société ne pourra exister en paix, et une constitution libre devient alors une calamité au lieu d'être un bien. J'aurai d'autres occasions de vous écrire quant aux différentes mesures que l'état présent des affaires peut réclamer. Cette dépêche est destinée à imprimer fortement dans votre esprit ce que votre expérience aura déjà dû vous faire remarquer, savoir : qu'aucun changement dans la législation ne pourra vous tirer avec succès de vos embarras présents, à moins que vous ne prêchiez la paix et la charité parmi les sujets de la Reine, à la Jamaïque, pour le bonheur desquels Sa Majesté ressent la plus vive sollicitude. Signé

B.

RAPPORTS

J.

RUSSELL...

des magistrats spéciaux et des missionnaires ou membres du clergé.

1. Il APPORT de M. Thomas Davies. — Étal moral des apprentis. Falmouth, 29 juin 1835.

J'ai l'honneur de vous mander qu'autant que je peux en juger, il y a progrès dans les habitudes morales de la population nègre, surtout en comparant l'époque actuelle avec celle où je suis entré en fonctions et antérieurement au 1er août; mes rapports constatent que les plaintes diminuent, tant de la part des géreurs que de la part des apprentis, et il me semble qu'il règne une meilleure intelligence entre eux.

éprouvera peut-être îles difficultés à se procurer le terrain nécessaire à une mesure aussi utile. On m'a suggéré que des écoles dans les attributions desquelles on comprendrait l'enseignement de l'agriculture pratique seraient préférables à celles où l'on ne recevrait que l'instruction élémentaire : on consacrerait la moitié de la journée à l'instruction, et l'autre moitié à l'agriculture pratique. Signé Thomas DAVIES, juge spécial.

2.

RAPPORT

de

J.-W.

Baynes.

Paroisse de Saint-Thomas-dans-la-Vallée, 1er juillet 1835.

Je regrette d'avoir à vous annoncer que, pendant quatre mois que je viens de remplir les fonctions laborieuses de magistrat spécial, conformément à l'acte d'abolition, je n'ai remarqué généralement chez les nègres aucune disposition au travail. On est obligé d'user de toute la sévérité de la loi pour les forcer à faire le travail ordinaire ; si les géreurs leur prennent quelques minutes de leur temps, ils s'en montrent très-avares, tandis que le malin ils sont presque toujours en retard et que souvent ils sont paresseux et ne travaillent pas dans le courant de la journée. Je ne saurais donner une preuve plus certaine de ce penchant à la paresse, qu'en vous signalant la manière dont ils élèvent maintenant leurs enfants, repoussant le plus souvent tout moyen qu on leur propose pour leur apprendre à travailler ou pour les mettre en apprentissage. Quant au caractère ordinaire de la classe ouvrière, c'est un composé de malice, de ruse, de bassesse et de mensonge. Dans mon opinion, ils attachent peu d'importance à la sainteté du serment, même en connaissance de cause; et, toutes les fois qu'ils croient trouver quelque avantage à le profaner, ils ne s'en font pas scrupule. Les plaintes, je suis fâché de l'avouer, se multiplient depuis quelques semaines, et manifestent, pour certains cas, delà mauvaise humeur de la part des apprentis. Les nègres sont bien traités par les géreurs, et ils ne s'en plaignent que très-rarement; la loi empêche complètement les géreurs de se livrer envers eux à des actes d'oppression. Je regrette que mon rapport ne soit pas plus favorable. Signé J.-W. BAYNES , capitaine.

3.

RAPPORT

de M. Thomas Dillon.

Great-House (Clarendon), 1er juillet 1835.

On ne peut pas espérer autant de travail pendant les heures que fixe la loi, que lorsque ces heures étaient illimitées; mais, à mon avis, la quantité de travail est proportionnée néanmoins au nombre d'heures. Je suis décidément d'opinion, d'accord en cela avec des hommes expérimentés, qu'on ne pourra jamais faire cultiver la canne à sucre par des blancs, et, si on a l'intention de continuer la culture de cette denrée d'exportation, il faudra nécessairement la confier à des nègres. Les blancs pourront réussir sur les pens1 ou sur des plantations à café; mais, dans ces éta-

Conformément aux instructions de V. E., j'ai l'honneur de vous mander l'impression produite sur moi par la conduite des nègres. Ils me semblent dociles; ils respectent les lois, ils y ont confiance, et ils sont remplis de bons sentiments pour les fonctionnaires qui veulent bien les administrer avec bonté de cœur et intégrité. Comme preuve de leur bonne volonté, je citerai ce fait que, sur toutes les plantations de ce district, tous les apprentis ont

bissements-là même, ils ne réussiront pas si on nous envoie des êtres aussi dépravés que ceux qui nous sont arrivés, qui deviennent ivrognes, et donnent un fort mauvais exemple aux

offert, d'eux-mêmes, de travailler moyennant salaire. Et si Votre Excellence veut bien songer que les heures qu'ils consacrent au travail extraordinaire sont celles qu'on destine ordinairement au

apprentis. Je suis convaincu que V. E. prend intérêt au bien-être des enfants que la loi a déclarés libres. Si l'on établissait des écoles dans l' intérieur de la colonie, ils en profiteraient, car l'éducation leur donnerait des habitudes d industrie. Si l'on n'y songe pas

sommeil ou au repos, elle conviendra que ce fait les relève de l'accution de paresse si souvent portée contre eux. On a aussi accusé souvent les apprentis de négligence, d'insolence, d'insubordination et de petits vols; ces accusations sont

bientôt, ces enfants deviendront une race de fainéants; mais on 1

Établissements pour l'élève des bestiaux. *

diminuées de moitié dans mon disctrict. Je dois ajouter que tous ceux de qui dépendent les apprentis,


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. X. DISPOSITIONS RÉCIPROQUES, ETC.

501

tant géreurs, économes, que teneurs de livres et autres subordonnés, à une seule exception près, usent d'humanité à leur égard. Ils exigent le travail, l'obéissance et le respect au point d'en être fastidieux; mais je n'ai eu connaissance que d'un seul acte d'oppression dont j'ai parlé, et encore était-il peu grave. En somme, milord, je dois dire que la réciprocité de bons sentiments et de tolérance entre maîtres et serviteurs s'affermit de

des systèmes suivant lesquels le travail est dirigé. Dans telle propriété, en effet, on ne trava lie que huit heures par jour, tandis que, dans telle autre, on travaille neuf heures; encore les apprentis, dans cette dernière, n'ont-ils pas pour eux la moitié de chaque vendredi, ou, ce qu'ils préfèrent, un vendredi tout entier par quinzaine. J'ai l'intention d'user de l'influence que je possède pour engager les planteurs de la paroisse à se réunir et à

plus en plus, et que cette même providence bienfaisante et miséricordieuse, qui a présidé à la mesure extraordinaire et sans exemple d'émancipation graduelle, en surveille et accélère encore l'accomplissemen t définitif.

s'entendre, afin que le travail, autant que cela est possible, s'exécute d'après le même mode d'organisation. Toutes les personnes auxquellesj'ai déjà communiqué mon idée me semblent disposées

Signé Thomas

II.

RAPPORT

de

M.

DILLON.

Arthur Welch.

Plantation de Warwick (district de Carpenters-Moutain, paroisse de Manchester), 1erjuillet 1835.

Les nègres de ce district sont paisibles et généralement bien disposés. Le travail se fait régulièrement et sans qu'il soit nécessaire d'avoir recours à la loi. Les crimes y sont rares, les délits les plus graves que j'aie eu à constater consistent à dépouiller de temps en temps les terres à provisions, et je mets en œuvre, tous les moyens que m'accorde

à la suivre. Il y a une disposition qui paraît générale chez les apprentis, c'est de travailler moyennant salaire. A Parker-Hall, ils s'occupent gaiement, dans le temps qu'ils ont à eux, à creuser la terre pour la plantation des cannes, et ils peuvent gagner quatre schellings par jour. A Palmet, à Byndloss, ils travaillent également pour de l'argent. A Williams-Fields, ils s'occupent pour leur propre compte pendant dix heures chaque jour, et prennent, pour se reposer, un vendredi par quinzaine. Enfin, durant la récolte, dans le plus grand nombre des plantations, les apprentis travaillent quelques heures de plus que le temps fixé. Je suis heureux, en terminant , d'annoncer à Votre Honneur que tous les apprentis, suivant l'usage, ont repris leurs travaux lundi matin, sans montrer le plus léger symptôme de mécontentement. Signé

T. WATKINS-JONES.

la loi pour les prévenir. Partout les apprentis sont traités avec humanité par les maîtres ou les géreurs. On ne les laisse pas manquer de terres pour cultiver leurs provisions ; ils ont des volailles et des porcs, quelques-uns même ont des chevaux. Le dimanche, leur extérieur est bien mieux que celui des paysans d'Europe. La mendicité et le besoin sont étrangers à la colonie. Les plaintes d'apprentis contre leurs maîtres ou les géreurs sont rares, et encore découvre-t-on le plus souvent que les apprentis sont les agresseurs. J'ai tout lieu de croire que les apprentis travaillent aussi bien que pendant l'esclavage. Quelques planteurs se plaignent qu'ils ne peuvent entretenir la même quantité de terrain en état de culture; mais cela doit se comprendre eu égard à la diminution légale des heures du travail. Lorsque les nègres font un travail salarié, ils semblent travailler plus activement que pour leurs lâches journalières. Quelques planteurs prétendent que depuis quelque temps les nègres négligent la culture de leurs terres à provision pour avoir plus de temps à louer au dehors. Comme ils ont assez de temps à eux pour faire ces deux choses, j'attribue celle négligence plutôt à leur paresse et, peut-être aussi, à la sécheresse de la saison. Ce que j'aurais à dire pour l'avenir ne peut être que problématique; mais je considère le système actuel, avec une sage application des mesures prescrites par la loi, comme tout aussi avantageux aux maîtres qu'aux serviteurs, et je ne vois pas non plus une diminution dans les denrées d'exportation. Enfin je crois que les paysans de l'île sont plus à leur aise et plus heureux que ceux de quelque autre contrée de l'Europe que ce soit, et je suis certain qu'en devenant définitivement libres ils auront à surmonter bien des difficultés dont ils n'ont pas eu d'idée jusqu'à présent. Signé Arthur

5.

RAPPORT

WELCH,

magistrat spécial.

de M. T. Watkins-Jones. Logan-Castle, 5 août 1835.

J'ai trouvé dans cette paroisse beaucoup de mécontentement parmi les apprentis. Ce mécontentement provenait de la diversité II.

6.

RAPPORT

de M. E.

B.

Lyon.

Palmetto-River (Saint-Thomas-dans-l'Est), 12 août 1835.

On a avancé, dans l'assemblée coloniale, que les nègres sont entêtés et indolents : ce que j'ai vu et entendu m'a donné la preuve du contraire. Les nègres, dans ce district, s'acquittent pour la- plupart de leurs devoirs avec beaucoup de zèle et de conscience, et si, dans certaines localités, la dernière récolte n'a pas valu la précédente, ce n'est point de leur faute. A HarbrandHall, à Hall-Head et à Rosette (plantations où l'atelier a toujours montré l'activité la plus louable pendant ou après la récolte, et ou les plaintes ont toujours été très-rares), on n'a pas planté de cannes dans le courant de l'année 1834. On craignait, à cette époque, que le travail, après l'abolition de l'esclavage, ne fût pas soutenu aussi activement qu'il l'a été. Sur sept plantations à sucre que j'ai visitées, et qui embrassent une population de 2,145 apprentis, mon journal de la semaine passée ne constate que deux plaintes légères. Signé E. B.

7.

EXTRAIT

LYON,

juge spécial.

d'une lettre du juge spécial Cockning à

M.

Nunes.

1er septembre 1835.

Je prends la liberté de faire savoir à Son Excellence que les apprentis attachés aux églises des différentes communions se montrent très-actifs, très-intelligents et très-honnêtes dans l'accomplissement de leurs devoirs. Ces résultats sont dus au soin que leurs différents pasteurs prennent de leur bien-être spirituel etau zèle avec lequel ils s'efforcent de leur inspirer des sentiments de douceur et d'union.

8.

EXTRAIT

du rapport du juge spécial J. A. Dillon, au sujet de la paroisse de Sainte-Anne. Retirement ( Great-House ), 27 octobre 1835.

Les fautes des apprentis consistent en désobéissances, absences, négligences de travail et petits larcins. Votre Excellence

32..


502 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

a dû voir, dans les documents que je lui ai envoyés sur la population de cette paroisse, qui comprend déjà plus de 4,000 adultes, qu'en un mois il n'y a eu que onze punitions infligées, et que ce chiffre n'a jamais été dépassé ni avant ni après mon arrivée dans la paroisse, pour le même espace de temps

de temps en temps, dans ce même village, où l'on construit en ce moment une chapelle pour les gens de cette profession. A Davres-Cove, à quelques milles de Green-lsland, il y a un ministre presbytérien qui officie aussi tous les dimanches. Signé John

11.

9.

RAPPORT

de M.

R. L.

Cooper.

Plantation Orange-Hill (Jamaïque) , le 29 décembre 1835.

Les apprentis manifestent de plus en plus de l'inquiétude relativement à leurs cases et à leurs jardins. Beaucoup d'entre eux, qui en ont été privés depuis longtemps, désirent vivement en avoir. Ceux qui en ont les entretiennent d'une manière qui fait le plus grand honneur à leur industrie. La religion se propage rapidement parmi eux. Les mariages sont très-fréquents, et tout fait espérer que le concubinage ne tardera pas à être aboli pour toujours des mœurs des nègres. Il y a un fait que je me permettrai surtout de signaler à Voire Excellence, convaincu qu'elle en éprouvera un sensible plaisir : c'est l'éclatante amélioration qu'on constate chez les enfants nègres au-dessous de six ans sur presque toutes les plantations. ! a conduite des parents nègres est exemplaire; elle est digne d'être imitée par leurs voisins plus riches. Bien qu'ils ne veuillent pas destiner leur progéniture à cet état d'esclavage, dans lequel ils ont si longtemps souffert euxmêmes, ils témoignent le bien louable désir d'assurer à leurs enfants des protecteurs qui puissent leur procurer les bienfaits de l'éducation. Signé R. L.

10.

RAPPORT

COOPER,

magistrat spécial.

de M■ John Odell.

Saltspring (Hanovre), 29 décembre 1835.

J'ai l'honneur de vous mander, en réponse à votre circulaire , que la conduite générale de la population nègre de ce district est exemplaire. On doit attribuer celte amélioration dans les dispositions des nègres plus particulièrement aux bons traitements que ne cessent de leur prodiguer la plupart des géreurs des plantalions auxquelles ils sont attachés. Je vous dirai aussi qu'il y a bien moins de plaintes de toute nature. La récolte vient de commencer; elle promet d'être abondante : cependant on m'assure qu'il y aura quelque diminution sur celle de l'année dernière. Si les fortes pluies, qui ne cessent de nous inonder depuis cinq ou six jours, se prolongeaient, je craindrais que celte diminution ne fût considérable ; autrement je pense qu'elle sera très-peu importante. Sur beaucoup de plantalions , il y aura même, je pense, une forte augmentation par comparaison avec l'année dernière; tandis que, sur d'autres encore, il y aura diminution. Je crois qu'en général il faut attribuer la diminution à une mauvaise direction du travail. Les vacances de Noël se sont passées en fêtes et en réjouissances, et les apprentis ont repris de si bon cœur leurs travaux, que l'intention des géreurs est, a ce qu' il paraît, de leur accorder vendredi prochain comme congé supplémentaire. Quant a ce que me demande votre seigneurie, relativement à l' éducation ou au progrès moral de la population libre et des apprentis de ce district, je regrette d'avoir à vous annoncer que jusqu ici il a été fait bien peu de choses pour arriver à un but aussi important; cela se borne même à quelques louables efforts de la part du clergé. Le service divin est célébré régulièrement tous les dimanches par un ministre de l' église anglicane, dans une chapelle fort commode et nouvellement construite à Green-lsland. La congrégation est fort nombreuse. Un ministre baptiste prêche,

RAPPORT

ODELL,

juge spécial.

général sur l'état du district, par M. C. Hawkins, magistrat spécial 31 décembre 1835.

Les nègres du district que j'ai l'honneur d'administrer sont tranquilles et soumis ; les apprentis paraissent fort désireux de travailler, moyennant salaire, sur les plantations de leurs maîtres ou sur celles des autres , selon l'occasion. Sur la plupart des plantations de ce district, les nègres ont paru contrariés de voir appe1er des lâcherons, soit pour le plantage des cannes à sucre, soit pour d'autres travaux. Us m'ont prié d'intercéder auprès des géreurs pour qu'aucun travail des plantations ne soit confié à des mains étrangères. Je suis heureux de pouvoir vous assurer que la conduite générale des apprentis s'améliore de jour en jour. J'ai lieu d'espérer aussi que la morale ne restera pas en dehors de ce mouvement d'amélioration , car les mariages commencent à devenir beaucoup plus fréquents. J'ai cru voir aussi que les nègres se néglignent beaucoup moins : ainsi leur toilette est plus soignée, leur mise plus décente, et il y a chez eux des habitudes de propreté qui n'existaient pas il y a quelque temps. Quant au traitement qu'ils ont à éprouver de la part de leurs maîtres, je ne crains pas d affirmer que tous les propriétaires de ce district et leurs subordonnés, sans exception, sont bons, humains et indulgens envers leurs apprentis. J'en juge d'après mes observations personnelles. Du reste, et je n'ai reçu, de la part des nègres, aucune plainte qui puisse me faire croire le contraire, il me semble qu'il existe entre les maîtres et les apprentis une réciprocité de bons sentiments dont on ne voyait pas d'exemples avant l'abolition. L'ouvrier travaille mieux, et le maître est moins exigeant. Il y a eu beaucoup moins de plaintes de part et d'autre depuis que j'administre ce district ; j'en ai reçu beaucoup moins qu'on ne pouvait le supposer, eu égard au chiffre de la population, et considérant que je visite régulièrement toutes les plantations une lois par semaine, et quelquefois même plus souvent, si les circonstances l'exigent. Les jours de mes visites sont toujours connus a l' avance des maîtres et des apprentis, et ils savent.bien que je fais droit à toutes les réclamations qu'ils peuvent m'adresser. Les champs à cannes sont dans un état très-prospère, surtout ceux des plantations situées sur le bord de la mer. Les grandes pluies qui viennent de tomber nous font espérer que la récolte de cette année sera beaucoup plus belle que celle de l'an passé : c'est là, du moins, ce que prédisent les plus anciens planteurs Les champs on été sarclés et enfumés comme à l'ordinaire, et les travaux marchent aussi activement Sur quelques plantations les cannes sont bonnes à couper. Je n'ai pas entendu émettre un seul doute sur le résultat de la récolte, comme l'année dernière ; tout le monde semble espérer, au contraire, que celle de cette année sera assez belle. Les vacances de Noël se sont passées sans trouble. J'ai su même que tous les nègres s'étaient rendus à l'église le jour de Noël et le dimanche. Tout Je monde s'est trouvé à l'appel le lundi, comme à l'ordinaire. Votre Excellence m'a demandé de lui faire connaître quelles sont les mesures qu'on a prises pour l'instruction de la population nègre et autre. J'ai l'honneur de lui annoncer que le révérend John Vine vient d'établir une école pour les enfants sur la plantation Arcadia, sous la direction de M" * Vine. Elle a eu environ 40 élèves jusqu'ici. Ces élèves sont pour la plupart des 1


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. X. DISPOSITIONS RÉCIPROQUES, ETC. 503 enfants d'apprentis. On l'a même priée d'en recevoir davantage; mais elle a reconnu qu'il lui serait impossible] d'en instruire un plus grand nombre. M. Vine attend journellement un maître d'école qui doit arriver d'Angleterre. Il a l'intention alors de former une école sur un très-grand pied, et il ne doute pas qu'elle ne soit bien suivie. M Vine n'a exigé aucune rétribution jusqu'ici. Son mari fait aussi de petites instructions aux apprentis entre les heures de l'office. Il leur explique l'Ecriture sainte et leur enseigne la lecture. L'auditoire est toujours très-nombreux, et tout le monde se comporte très-convenablement. me

Signé C.

12.

RAPPORT

de

M.

, juge spécial.

HAWKINS

John Daughtrey.

Sainte-Elisabeth , 21 juin 1836. La classification des apprentis, telle qu'on l'a jusqu'ici opérée dans ce district, non-seulement n'a pas été suivie des maux qu'on avait prédits, mais elle a eu un résultat exactement, contraire. Quelques paroles bien simples ont suffi pour faire comprendre aux apprentis le but de celle mesure, et pour la dépouiller de tout mystère. Delà j'ai pris occasion d'occuper leur attention quelques instants, et de leur faire voir que le soin avec lequel on établissait les catégories légales prouverait, s'il pouvait subsister encore quelques doutes à cet égard, que l'apprentissage serait terminé exactement à l'époque promise et au jour indiqué; et qu'avec autant de certitude qu'en voyant le soleil se coucher le soir ils savent qu'il se lèvera encore une fois le lendemain matin, ils pouvaient être certains que, le 1" août 1840, ils auraient leur entière liberté. Mais lorsque ce moment approlorsqu'il ne restait plus chait désormais avec tant de rapidité guère que quatre ans, et que leur bien-être avenir pouvait dépendre, en grande partie, de la conduite qu'ils tiendraient maintenant, delà réputation qu'ils se feraient comme apprentis, il était de la plus haute importance pour eux que chacun s'occupât de l'œuvre de sa propre réforme ; que les personnes honnêtes et industrieuses, hommes ou femmes seront sûres de trouver de l'appui dans leur propre maître ou dans quelque autre ; mais que les temps seront mauvais pour les paresseux et les vauriens, dont personne ne voudra alors se charger. Je ne les ai jamais vus écouter avec plus d'intérêt, ni sembler plus frappés de tout ce que j'avais pu leur dire auparavant. Malgré les assertions contraires de la vieille race des planteurs, qui s'y sont, d'ailleurs , rarement prêtés , les noirs paraissent toujours contents que l'on s'adresse à leurs sentiments, et sans leur contester la raison. Il est évident que l intelligence grandit chez eux à mesure qu'elle est exercée. J'ai l'espoir et je suis réellement persuadé que la direction donnée à leurs esprits par ce court appel aura une influence salutaire sur la conduite de plusieurs d'entre eux. Signé John

DAUCHTREY.

les intérêts, il faut en excepter quelques circonstances particulières, où des femmes, condamnées à travailler au tread-mill, ont opposé la résistance la plus déterminée, jusqu'à défier les lois et mettre leur vie en danger; mais, appuyé sur une longue expérience, je puis affirmer que, eu égard à la nature et à l'étendue de la population , il y a moins de crimes et moins de punitions dans ce pays qu'il n'en faudrait compter en Angleterre s'il s'agissait de maintenir la même proportion d'apprentis dans l'obéissance à leurs maîtres et de les éloigner de l'ivrognerie. Les récoltes sont très-médiocres ; mais les directeurs font de grands préparatifs pour l'année prochaine et plantent une grande quantité de cannes. Les champs de cannes et les pâturages sont dans un état beaucoup plus beau et plus avancé, et leur produit sera enlevé en temps convenable. Nous devons nous plaindre que l'emploi des machines soit aussi restreint : le travail serait considérablement diminué, on porterait remède à la destruction des chevaux, et les propriétaires en retireraient un beaucoup plus grand profil. Des hommes fort expérimentés m'ont assuré que, par l'économie qu'il serait possible de réaliser en chevaux et en travail manuel, la dépense nécessaire pour l'achat des machines serait remboursée en deux ans.

14.

d'une lettre D'Edward Dacres Baynes, esq. magistrat spécial, au marquis de Sligo. — Etat moral des nègres.

COPIE

Aylmers-Saint- Jean, 30 juin 1836.

Suivant les ordres de Votre Excellence, je dois lui faire savoir que, bien que les apprentis, continuent, sur différentes propriétés, à se montrer difficiles et opiniâtres, aimant mieux être mis à l'amende par le juge spécial que de donner librement à leur maître une proportion convenable de travail, ils n'en connaissent pas moins leur position ; qu'ils remplissent les conditions de l'acte d'abolition, et qu'ils continuent, sinon avec plaisir, au moins sans murmures, à travailler pour leurs maîtres d'aussi bonne grâce qu'on peut l'exiger de gens qui reçoivent une rétribution si disproportionnée à leur travail. A Spring-Vale, la même industrie et la même bonne conduite existent toujours. Celte propriété, dont M. Turner est l'attorney, et M. Burke le directeur, mérite qu'on l'offre en exemple à toute l'île. Il s'est passé deux ans sans une seule plainte, ni du maître ni des apprentis. Vingt-cinq laboureurs de Spring-Mount, propriété du D' Loane, ont été récemment loués pour aller travailler à Spring-Vale à l'année. Je n'hésite point à dire qu'ils étaient les plus mauvais nègres de la paroisse; ils étaient paresseux, insolents, toujours mécontents et continuellement punis. Cependant M. Burke m'a dit qu'il n'avait point à désirer que des nègres se conduisissent mieux que ceux-ci ; tel est l'effet d'un gouvernement doux, raisonnable et conciliant. Dans tous mes anciens rapports je me suis plaint du résultat déplorable que produisait le manque d'uniformité dans la conduite des différents propriétaires de ce district, et je l'ai attribué à la mésintelligence, si visible dans bien des cas, entre le maître et l'apprenti. Tandis que sur une propriété un nègre jouit de tous les

13. EXTRAIT dune lettre de F. J. Baynes, magistrat spécial, au marquis de Sligo. — Etat moral des apprentis. — Etat de la culture. er

1 juillet 1836.

.... Nul état de société ne peut être parfait. Dans plusieurs circonstances les apprentis se sont coalisés pour ne faire que peu d'ouvrage, ou même pour n'en pas faire du tout. La loi a eu cependant assez de force pour punir les fautes et proléger tous II.

avantages et de tous les congés qui lui étaient accordés sous l'ancien système, sur la propriété voisine tout ce qui va au delà de la misérable pitance accordée par la loi lui est absolument refusé. Estil naturel que l'apprenti travaille aussi bien et avec autant de satisfaction que dans le premier exemple? Est-il probable qu'après la fin de l'apprentissage il doive aimer beaucoup le maître sévère, et ne préférera-t-il pas offrir ses services au maître plus humain et plus indulgent? Il ne faut pas une grande sagacité pour sentir que des personnes qui agissent de cette manière sacrifient aveuglément leurs intérêts aussi bien que ceux de leurs commettants,

32...


504 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. - PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

et qu'ils s'interdisent par là tout espoir de s'assurer plus tard les services de ceux qui leur sont actuellement soumis. Ils mangent en herbe l'espoir de leur moisson, ou ils arrachent l'arbre pour s éviter la peine de le cultiver. L'économie qui ne voit que le présent, est méprisable. La perle qui attend ceux qui raisonnent ainsi est incalculable. A quel litre le maître pourra-t-il demander aux affranchis, en 1840, de faire quelque chose pour lui, lui qui n'a jamais rien fait pour eux ?

progrès moraux. Si l'on ne se résout pas à faire les efforts les plus sérieux et les plus persévérants pour réparer le temps perdu, si les mauvaises tendances de son caractère ne sont pas réprimées, et les bonnes encouragées; si, enfin, on ne se bâte pas de lui enseigner ses devoirs religieux, civils et sociaux; son émancipation prochaine sera un malheur pour les autres, sans être un avantage pour lui. Avant de terminer ce rapport, je désire représenter à Votre

Quand je dis que la paroisse est tranquille et soumise, que les apprentis travaillent convenablement, que la culture va bien,

Excellence l'état de dénûment complet qui sera probablement le partage des nègres âgés et infirmes qui depuis longtemps sont incapables de travail, et qui sont en conséquence déclarés par la loi non predials après le 1er août 1838. Ces fidèles servi-

qu'on a récollé beaucoup plus qu'on ne s'y attendait, d'après la diminution des heures de travail; que ce district a donné en produit une moyenne aussi belle que celle des dernières années du vieux système, et que l'apprenti rachète souvent aujourd'hui les quatre années d'apprentissage qui lui restent à courir à un prix plus élevé que celui où l'usage avait fixé autrefois la valeur d'un nègre jeune et bien portant, j'ai raconté des faits et épuisé tous les sujets du côté de la louange. Le revers de la médaille n'est guère encourageant. Si le nègre travaille bien , ce n'est pas, sur la plupart des propriétés, par bonne volonté envers son maître, mais par la crainte des punitions; c'est surtout parce qu'il se dit que sa tâche touche à sa fin et que, voyant approcher l'heureux moment de sa liberté, il craint peut-être de le retarder; mais les exceptions, comme Votre Excellence a dû s'en apercevoir, sont nombreuses. Je ne puis m'empêcher de faire remarquer que, depuis le commencement de cette année, les grands crimes ont augmenté.Depuis deux mois j'ai envoyé aux cours supérieures un plus grand nombre de criminels que pendant le temps écoulé er

depuis le 1 août 1834. Les vols de provisions sur les terrains cultivés et de cannes à sucre dans les champs sont très-fréquents, et cependant j'ai lieu de croire que je n'en connais pas la cinquième partie, les directeurs aimant mieux pardonner le délit que d'avoir à encourir la peine et la dépense, avec les pertes de temps et de travail, causées par le renvoi de l'affaire aux sessions trimestrielles. Pour rendre justice cependant à la majorité des habitants de SaintJean, je dois faire remarquer que, par sa situation centrale, sa proximité des villes de Saint-Jago, d'un côté, et d'Essequibo, de l'autre, son voisinage de la côte, ses chemins presque impraticables, sa culture peu étendue, ses vastes forêts, et sa grande proportion de colons noirs et libres, qui encouragent et qui recèlent les fugitifs, elle est particulièrement propre au refuge de personnes de mauvaise réputation. Le district appelé the RedHills (les Collines-Rouges) est surtout infesté de fuyards. J'en ai fait arrêter vingt depuis quelques jours. La conduite des nègres envers leurs maîtres est moins respectueuse qu'autrefois; ils sont encore peu instruits de leurs devoirs religieux et de leurs obligations morales, et ils sont aussi grossiers et licencieux que jamais dans leurs habitudes particulières. D'après mes observations, les noirs n'ont point fait le progrès nécessaire pour pouvoir remplir les devoirs de citoyens libres. Deux années, formant le tiers complet de l'apprentissage, se sont écoulées sans que l'on ait fait un seul effort utile pour développer ou améliorer leurs facultés morales. Personne ne s'est avancé; on n'a pas levé la main pour indiquer le chemin; personne n a ouvert la bouche pour les instruire ou pour améliorer leur sort ; on les a abandonnés entièrement à leurs lumières imparfaites et isolées. Sur une population de 6,000 âmes, toutes les écoles de celte paroisse réunies ne comptent pas plus de 80 élèves, si l' on excepte les écoles du dimanche. L'église paroissiale ne contiendrait pas la quarantième partie des habitants de la paroisse. Je ne vois point d'infériorité naturelle dans le nègre; je suis persuadé qu il n en existe point. Donnez-lui les mêmes avantages qu a l' Européen, et il n y a pas de raison qui puisse faire supposer qu il ne l' égalera point ; mais, si l'on doit encore l'abandonner a lui-même, comme il lest à présent, il pourra continuer les efforts corporels qui lui sont journellement demandés par son maître, mais il y aurait de l'absurdité à exiger de lui des

teurs, qui ont passé toute leur vie, sacrifiant leur jeunesse, leur santé et leur force pour entretenir le luxe de leurs maîtres; ces pauvres vieillards, dont quelques-uns touchent à l'âge de cent ans, qui ont survécu à tous les membres de leur famille, sans un ami pour les aider dans leurs nécessités, ni pour fournir à leurs besoins , seront, peut-être avant la fin de leur apprentissage, renvoyés de leurs demeures, et réduits à périr dans les bois ou sur les terres incultes, à moins qu'avant celte époque quelque loi, réclamée par tous les sentiments d'humanité et de justice, ne soit portée en leur faveur. Signé

15.

EXTRAIT

, juge spécial.

E. D. BAYNES

d'une lettre de Patrick Dunne, esq., juge spécial, au marquis de Sligo. Saint-David, 29 juin 1836.

. .. Les apprentis sont rangés, industrieux, et se conduisent bien. Les plaintes contre eux diminuent toujours, et celles qui arrivent sont généralement légères. Les laboureurs sont extrêmement inquiets au sujet des terrains à provisions, et très-soigneux de les cultiver ; mais ils ne refusent pas, quand ils peuvent le faire, de travailler, moyennant une juste rémunération, pendant les jours de congé qui leur sont accordés. Quand les nègres sont traités d'une manière convenable, ce qui n'arrive pas toujours, il n'y a que de fort bons rapports entre eux et leurs surveillants ; ils connaissent parfaitement leurs droits et les soutiennent avec opiniâtreté; il est surprenant que, privés comme ils l'ont été, presque sans exception, des bienfaits d'une éducation convenable, ils soient presque tous si intelligents et si sensés. Les querelles, les émeutes et l' ivrognerie sont rares parmi les laboureurs. Les chefs d'atelier (head people) sont intelligents et dignes de confiance. Sur deux propriétés, Bell-Clare et Fair-Prospect, les surveillants sont des nègres; sur celte dernière propriété, qui appartient à Alderman Tyrrell, de Kingston , le commandeur, James Tyrie, fut libéré par son maître il y a peu de temps et mis à la tête de la propriété lorsque celui-ci quitta la colonie ; l'autre propriété, appartenant à M. Leslie, un des membres de la Chambre législative pour cette paroisse, est dirigée par William Leslie, qui est encore apprenti. Je parle de ces circonstances pour montrer l'estime que l'on fait de leur intelligence, et la confiance que l'on a dans leur discrétion. L'affection et les soins que les femmes prodiguent à leurs petits enfants sont fort louables, et, eu égard aux difficultés qui les environnent, elles ne sont point surpassées en cela par les femmes de quelque pays que ce soit.


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. X. DISPOSITIONS RÉCIPROQUES, ETC.

16.

RAPPORT

spécial trimestriel du colonel Gregg au marquis de Sligo. Juillet 1836.

Il a été hautement proclamé que l'on n'a fait aucune opposition à la loi d'abolition ni à son exécution. J'accorde ce fait. La loi est exécutée à peu près littéralement; mais, milord, l'esprit de la loi est-il compris comme il doit l'être ? Peu de personnes pourraient l'affirmer. Il serait à peu près aussi raisonnable de s'attendre à ce qu'un voleur abandonnât son métier, parce que la Chambre des communes aurait déclaré le vol illégal, que de s'attendre à ce que des gens qui depuis cinquante ans ont disposé d'un pouvoir arbitraire y renoncent tout à coup pour entrer dans l'esprit de la loi. Quand le juge spécial inflige une amende pour infraction à la loi, il n'est pas rare d'entendre dire par la personne qui paye l'amende que le misérable noir recevra une terrible correction à la première occasion, et puis on la voit payer ensuite tranquillement ses 125 francs. Ceci me fait penser à l'anecdote du marin qui avait été mis à l'amende d'une guinée pour avoir crevé l'oeil à un adversaire, et qui en paya deux en disant : Voilà; mais il me faut l'autre œil. Il y a bien des manières d'éluder la loi; plus les difficultés sont grandes, plus on s'applique à les éviter; et, comme mes assertions pourraient passer pour inexactes, on me permettra d'indiquer quelques-uns des expédients qui sont employés pour éluder la loi, par ceux qui proclament le plus hautement le désir qu'elle ait un libre cours. Je dirai d'abord que l'apprenti ne montre pas autant de zèle pour le travail qu'on veut bien le dire quelquefois, et que, de son côté , il élude la loi chaque fois qu'il lui est possible de le faire, par toutes les ruses qu'un sauvage sait déployer quand il veut obtenir quelque chose. Il faudrait décider si cela vient de sa profonde ignorance, ou si c'est par un désir de tracasser son ancien maître, qui, comme je l'ai déjà dit, ne perd aucune occasion d'éluder lui-même l'esprit de la loi. Je reviens aux expédients dont j'ai parlé. Supposons que les parents d'un enfant de douze ou treize ans désirent racheter sa liberté, parce que le maître trouve toujours quelque chose à redire à l'égard de cet enfant; ils font les démarches nécessaires, alors le maître vient dire « que c'est un excellent garçon,» et qu'il désire le garder. Les parents sont tout surpris, et cependant, comme ils ne veulent pas contester ce qu'ils pensent être vrai, il en résulte que l'enfant est estimé à un prix beaucoup plus élevé, et quelquefois au delà de celui que les parents peuvent donner. Les vieillards désirent arriver au but, qu'ils espèrent atteindre depuis trois quarts de siècle. Après avoir donné non-seulement leurs enfants, mais leurs petits enfants à la propriété, après avoir rendu pendant cinquante ans des services nombreux sans une seule tache à leur réputation, il arrive qu'ils ne peuvent plus travailler (quoiqu'ils soient en parfaite santé). Eh bien alors, à cause même de leur excellente conduite, on leur donne la surveillance d'un atelier. Quelle est la conséquence de ce fait ? Le maître déclare qu'ils ne peuvent plus être sujets à l'estimation ! et voyez pourquoi ? parce que , par exemple, une femme a passé l'âge de faire des enfants, parce qu'elle a la surveillance d'un

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testé, en demandant une autorisation pour aller travailler autre part. Comme le magistrat ne peut la lui accorder, il lui promet de parler et parle en effet à son maître; mais le maître, soit qu'il veuille montrer à l'apprenti que le magistrat n'est point toutpuissant, soit par tout autre motif, fait celle réponse spécieuse « qu'il ne peut se passer d'un cultivateur aussi capable au moment où il paye des ouvriers pour terminer l'ouvrage négligé par les apprentis. » C'est par mille oppositions semblables que l'esprit de la loi, aussi bien que l'esprit d'harmonie qui devrait exister entre le maître et l'apprenti, se trouvent froissés. Il en résulte que les apprentis vont aux champs, non pour y travailler, mais pour s'y entretenir de leurs griefs. Le maître trouve une résistance passive dont il ne peut comprendre le motif; car, dit-il, ils n'ont aucune raison de se plaindre. On leur a donné leur drap, leurs jours de liberté, leur poisson salé, leurs terres à provisions, etc. Il va chercher son voisin pour examiner leur ouvrage, prend son opinion, et appelle le magistrat; l'ouvrage est vérifié par le voisin : en un mot, il fait toutes les démarches indiquées par la loi, dans le but, dit-il, de ramener les apprentis aux sentiments de leur devoir, et n'hésite point, en même temps, à déclarer « que le système est mauvais, » ce qui est vrai à son égard; mais alors on peut se faire celte question ; « Si le maître n'avait point commencé , l'apprenti aurait-il pris l'initiative ? » Cette question, comme toute autre relative au caractère du nègre, ne peut facilement se résoudre, parce que la vraie disposition du noir n'est que peu connue. A l'appui de ce que j'avance, je puis me référer à ce qui a été si souvent dit pendant la discussion du système d'émancipation, par ceux-là même qui possédaient tous les moyens de se procurer des informations exactes; je fais allusion a la déclaration qu'on ne pourrait jamais persuader aux nègres de travailler pour un salaire. Cette assertion paraît maintenant si peu vraie, que les apprentis s'en vont de propriété en propriété pour se louer, avec un empressement qui est incroyable. Ils abandonnent leurs terres à provision ou en négligent beaucoup la culture ; ce qui devient très-préjudiciable pour les personnes qui sont obligées d'envoyer au marché, car on ne peut avoir maintenant pour 25 francs les provisions que l'on avait anciennement pour 8 francs. On se demande encore, si le maître eût accordé à l'apprenti de se louer à d'autres, n'aurait-il pas pu remplacer le travailleur sortant avec ce que lui aurait payé celui-ci, outre la grande probabilité que celui-ci se serait repenti quand il aurait vu qu'il lui faudrait aller beaucoup plus loin pour arriver à son ouvrage, ou travailler beaucoup plus dans sa nouvelle place. Un propriétaire pardonne quelquefois un peu de paresse à ses apprentis, mais voudrait-il payer des gages à de mauvais ouvriers? Je ne le pense pas. Ainsi, quand cet esprit de résistance passive se montre, le maître, qui ne veut pas abaisser son autorité aux yeux de son ancien vassal en faisant appeler un magistrat, essaie de mettre un frein à cette résistance en vexant l'apprenti, et voici un des moyens dont il se sert. Généralement parlant, les terres des nègres sont situées à une grande distance des travaux, et dans des pays montagneux, qui ne peuvent facilement servir à produire les denrées coloniales. Ces terres sont, en conséquence, d'un accès difficile, souvent à dix ou douze milles, le maître n'est obligé que de donner vingt-six jours entiers par an, au nègre pour la culture de ses terres, sans spécifier

atelier, et parce qu'elle s'est conduite admirablement durant toute sa vie, toutes ses bonnes qualités sont maintenant tournées

dans quelle partie de la semaine le jour ou la demi-journée sera donné; et comme le vendredi est le meilleur jour pour l'apprenti, à cause du samedi qui le suit, le maître informe ses apprentis

contre elle, et pour avoir servi fidèlement elle ne peut obtenir ce qu'elle désire le plus sur la terre. Un maître et son apprenti ne peuvent plus s'accorder, parce que l'apprenti fait entendre di-

qu'il ne peut leur donner le vendredi après-midi, parce qu'il en a besoin lui-même, mais qu'il leur donnera leur demi-journée le lundi. A quoi peut servir l'après-midi du lundi aux apprentis,

rectement ou indirectement qu'il n'est plus esclave. En conséquence , l'apprenti désire se soustraire à l'œil de celui qu'il craint le plus ; mais il n'a pas les moyens d'acheter sa liberté : il court chez le magistral, qu'il considère comme au-dessus de son maître, et lui dit combien il déteste celui-ci, ou combien il en est dé-

dont les terres sont à une heure de chemin, surtout pour des gens déjà fatigués du travail de la matinée, particulièrement quand ils ne tirent pas un salaire immédiat de leurs travaux. Quelles sont donc les conséquences naturelles de ce fait ? Les femmes s'en vont rôder sur la propriété, à la recherche de nour-


506 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES — IIe PARTIE. rilurc pour leurs porcs; les cultivateurs, qui ont de quoi souper, vont s'asseoir dans leurs cabanes, et, tout en fumant leurs pipes, ils concerlent quelque moyen de vexer leur maître, et se séparent rarement sans avoir imaginé et résolu quelque projet de résistance

bâtir une maison. Dans cette paroisse, chaque fois qu'il y a de bonne terre à vendre en petits lots, il y a toujours de nombreux acheteurs nègres, qui offrent de 5 à 10 liv. sterl, par arpent.

passive, tandis que les apprentis qui n'ont pas de quoi manger s'en vont, comme chose toute naturelle, chercher à se sustenter aux dépens de leur maître.

Dans la partie la plus orientale, plus de cent cinquante arpents, et dans ce district, à ma connaissance , à peu près qualrevingts arpents, ont été vendus de celte manière. Par une pru-

Jusqu'à présent j'ai essayé de montrer les habitudes générales du maître et de l'apprenti; mais qu'il me soit permis de constater quelques exceptions qui existent dans mon district; par

dence digne d'éloges , plusieurs acheteurs ont fait faire les actes au nom de leurs enfants, assurant ainsi de quoi vivre à leur famille, pour le cas où ils décéderaient avant la fin de leur apprentissage. Ces actes de prudence sont de fortes preuves des

exemple, sur la propriété de Hyde-Hall, appartenant à M. Sherley, les choses se font comme il faudra qu'elles se fassent après 1840, par suite d'un système libéral et cependant strictement

progrès de la civilisation , et doivent éloigner toute crainte que les nègres libres ne se laissent aller à une paresse insouciante,

économe : ainsi l'argent déboursé sera peut-être de 1,200 à 1,500 livres (monnaie locale) pour cette récolte, et le rapport, suivant le calcul le plus bas, sera de 7,000 ou 8,000 livres sterling. On y a introduit, avec le plus grand succès, des chemins de fer dont la dépense, qui ne peut dépasser 100 livres (monnaie locale) sera presque économisée sur la récolte d'une année Une autre observation que je désire produire en faveur des arrangements judicieux de M. Scharschmit, agent de celle pro-

contents de vivre des. productions spontanées du sol. L'esprit d'acquisition qui leur enseigne à disposer de leurs petits gains de la manière la plus profitable' doit avoir pris naissance dans les habitudes d'industrie persévérante contractées pendant l'esclavage : serait-il donc raisonnable de supposer que, quand on aura fait disparaître toutes les entraves qui s'opposent maintenant à l'exercice de l'industrie du noir, ces habitudes seront détruites et que l'esclave économe deviendra un affranchi abruti, peu

priété, c'est que, nonobstant la somme énorme qui est payée en salaires, on n'entend jamais les apprentis se plaindre que « Massa doive pour 5o francs au travail de cannes, » ou que « Massa doive une demi-journée. » Ces plaintes attestent ordinairement une dis-

soucieux des bienfaits de la civilisation et incapable d'apprécier les avantages qu'il savait estimer pendant la servitude. Mais, quoique j'aie la plus grande confiance dans l'industrie

position trop sévère à l'économie, et me font toujours penser qu'il y a quelque chose à reprendre dans la conduite des directeurs. Il est fort difficile pour un magistrat d'arranger ces bagatelles, et, avec la permission de Votre Excellence, j'ai l'intention, malgré l'augmentation de travail qui en résultera, d'écrire toujours à l'agent supérieur de la plantation dans des cas pareils: j'espère par ce moyen arriver à faire écouler les plaintes par l'économe ou par le directeur. Dans les remarques précédentes, j'espère que Votre Excellence ne verra que le désir de donner des renseignements qui puissent être utiles. Signé Gilmore D.

17.

EXTRAIT

d'une lettre de

E.

, juge spécial.

GREGG

B. Lyon, juge spécial. 31 décembre 1836.

La preuve la plus positive que les délits graves n'augmentent point dans ce district populeux et étendu, c'est qu'au moment où j'écris il n'y a qu'un apprenti qui attende son jugement aux assises trimestrielles, lesquelles se tiendront le 3 janvier prochain. Comme j'ai donné beaucoup d'attention à la conduite des individus qui ont acheté leur liberté et que je suis fermement persuadé de l'importance de l'effet qui sera produit par leur exemple sur l'esprit de l'atelier, et sur l'idée qu'ils se formeront des avantages de la liberté, j'ai observé, avec le plus vif intérêt, l'industrie et la persévérance de la plupart de ceux qui ont été libérés dans ce district par leurs propres économies. Plusieurs s occupent encore d'agriculture, et il y en a qui, depuis leur affranchissement, ont été préposés à la surveillance de petites plantalions ; tandis que les autres, et c'est le plus grand nombre, gagnent le salaire le plus élevé comme artisans ou comme domestiques. Presque tous ceux qui ne sont point occupés à des travaux domestiques possèdent un cheval ou quelque bétail, et montrent le plus grand désir de se distinguer de l'apprenti ordinaire par la qualité de leurs habillements et par leur conduite. Les nègres économes des deux classes, soit apprentis, soit libres, font les plus grands efforts pour devenir propriétaires de terrains. En un mot, le premier objet des désirs du nègre qui vient d'obtenir sa liberté est d'acheter un terrain et de se

générale et dans l'amélioration de la condition des paysans après 1840, je ne pense point qu'il soit possible de continuer la fabrication du sucre en aussi grande quantité qu'à présent. La plus grande partie de ceux qui travaillent aux plantations de sucre, devenus alors propriétaires de petites fermes, seront indépendants de la nécessité de travailler pour des salaires journaliers, tandis que les autres qui seront obligés de travailler, seront exposés à la tentation d'entrer dans les plantations de café et chez les petits colons, sur les terres desquels le travail sera moins onéreux, et où ils ne seront pas exposés, dans toutes les saisons, aux efforts continus qui sont nécessaires dans les fabriques de sucre. Dans mon opinion, le seul moyen que les producteurs de sucre puissent avoir de continuer celte culture d'une manière étendue, après la fin de l'apprentissage, c'est de mettre à profit le temps de l'apprentissage, pour créer dans leurs ouvriers un fort attachement à leurs habitations présentes, et pour identifier leurs intérêts avec celui de l'ancien maître. Je suis bien convaincu que les ministres de l'Église établie, ainsi que les missionnaires des différentes sociétés de l'île, qui ont été si libéralement aidés soit par des concessions de terre du Gouvernement anglais, soit par les dons gratuits des sociétés de bienfaisance , soit par les particuliers , auraient pu, il y a longtemps, faire quelque chose dans les districts ruraux de cette paroisse, pour atteindre un objet d'une aussi liante importance que le développement de l'intelligence des nouveaux affranchis. J'avais espéré aussi qu'ils s'efforceraient d'aider à l'établissement d'un état social régulier pour l'avenir, en donnant à ces affranchis les éléments des connaissances morales et religieuses, et en élevant des chapelles et des écoles dans le voisinage des terres où ils sont journellement occupés, Mais, jusqu'à présent, à une ou deux exceptions près, leurs efforts se sont bornés aux villes. Ce district, contenant une population de 5,000 personnes, n'a ni chapelles ni écoles, et les visites du ministre, qui étaient, durant l'esclavage, régulières, fréquentes et fort avantageuses aux jeunes nègres, ont été discontinuées. Les apprentis, restant ainsi sous le ministère religieux de prédicateurs de leur propre classe, ne peuvent que se former des idées erronées et rétrograder au lieu d'avancer en intelligence, si la providence spéciale de Dieu ne leur vient pas en aide. Signé E.

B.LYON

,juge spécial.


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. X. DISPOSITIONS RÉCIPROQUES, ETC. 8.

EXTRAIT

d'une lettre de Samuel Lloyd, juge spécial, à C. H. Darling. 4 janvier 1837.

Les vacances de Noël viennent de se terminer, et il a été reconnu par tous les habitants respectables qu'ils n'ont jamais vu les noirs se mieux conduire. Les anciennes fêles africaines deJohnCanoeing sont remplacées par des réjouissances plus paisibles décentes, et chaque jour me donne quelque preuve d'une et plus amélioration générale, même dans leurs manières. Il y en a beaucoup0 qui se servent d'expressions recherchées qui leur étaient tou àfait inconnues il y a deux ans. Les apprentis paraissent désirer racheter le reste du temps de leur apprentissage, mais il y en a peu qui puissent le faire, moins qu'ils ne soient aidés par des personnes qui désirent ensuite s'assurer de leur travail. seule école de ce district est celle de Chapellon , sous la diLa ction du recteur de la paroisse; elle est bien fréquentée. On maintenant un grand édifice capable de contenir mille prépare enfants, dans un endroit que l'on appelle Arthur's seat, et pour l'évêque a souscrit avec la paroisse sur les fonds généraux de l'éducation. pouvoir rendre à votre Excellence un compte Je regrette de ne satisfaisant de la manière dont sont élevés les enfants libres.

19 19. EXTRAIT

d'une lettre de Richard Hill, esq., juge spécial, à sir Lionel Smith.

507

blée. Le refus du juge spécial, d'exercer sa juridiction sur des apprentis non enregistrés, a produit le même effet que l'affranchissement , mais sans donner, à celui qui en est le sujet, ni la sécurité ni l'importance d'un homme libre. C'est là un grand mal, et nous devons regretter que cette question n'ait pas encore reçu d'autre solution qu'une liberté mal définie.

20.

EXTRAIT

d'une lettre de Henry Laidlow, juge spécial À C. H. Darling. 9 janvier 1837.

. . Il se manifeste un désir toujours croissant de la part des apprentis, particulièrement des femmes, de racheter le reste du temps de leur apprentissage, et, depuis mon dernier rapport, il y a eu treize affranchissements d'effectués. D'après ce que j'ai pu apprendre, quand les apprentis sont libérés, ils s'occupent ordinairement de leurs différents états, et les laboureurs achètent des pièces de terre qu'ils cultivent pour leur entretien; mais dans plusieurs cas, la somme nécessaire à leur affranchissement est avancée par un tiers, chez lequel l'apprenti se remet en apprentissage, après qu'il a- reçu sa liberté. Pour conclure, j'ai beaucoup de plaisir à dire que l'expérience de chaque année offre la perspective d'un succès complet pour le grand essai qui se fait en ce moment, et ne laisse que peu de doute qu'à la fin de l'apprentissage la plus grande partie de la population des noirs se trouvera graduellement préparée à la jouissance de ce bien , qui leur a été assuré à si grand prix par la nation anglaise.

Spanish-Town, 8 janvier 1837.

apprentis de la ville, seules personnes placées La conduite des donner lieu à un rapport bien sous ma surveillance, ne peut ndu. Les habitants d'un district rural, par leurs travaux, leurs peuvent présenter des habitudes et leur conduite en masse, peut retracer leur l'on social ; de progrès signes, bien définis, examiner d'ensemble; mais dans avancement individuel ou les une ville, outre la fidélité des esclaves libérés dans leur service sinon de consparticulier, l'observateur ne peut Taire autre chose jeunes sont publiques, écoles el si dans les instruits tater si les conservent les habitudes qu'ils ceux qui ont atteint l'âge mûr esclaves, ou aspirent à imiter les mœurs et les senavaient étant hommes libres. La liberté, cependant, a ses corruptiments des tions qui lui sont propres, et, malheureusement pour l'exemple du nègre, la liberté des Indes occidentales n'a que trop ressemblé Cet e ville, plus que toute autre de la colonie, a été remarquable par le nombre de ses habitants libres, la plupart d'une paudans la dégradation. Spanish-Town, sans vreté extrême et plongés importance commerciale et située dans une plaine où il n'y a que peu à tirer du sol, est une ville dont la population a toujours eu précaire. Les combatsdecoqs et les tables de jeu, qui une existence parmi la classe élevée, influent d'une ont de nombreux partisans manière pernicieuse sur les classes inférieures ; de tels usages ordinairement la source des vices publics. Cependant, deviennent à mesure que les travaux du clergé réussissent à détourner le à peuple de ces plaisirs et diriger son énergie vers l'accomplispublics et privés, à mesure que sement régulier de ses devoirs liberté s'étendent dans les districts ruraux les bienfaits de la avantageux et honorable, le nombre des travail en rendant le la ville, les petits colons augmentent à dans pauvres diminue et le vice sont devenus plus rares. la campagne et la pauvreté incidents relatifs à l'application de la loi d'apParmi les prentissage, et qui donnent lieu a des discussions, il s'en élève "n nouveau qui provient do la chambre d'assem-

21. C.

EXTRAIT d'une lettre de R. Lambert, juge spécial, à H. Darling. — Etat moral des nègres. Etat de la culture.

Sainte-Marie, 31 mars 1837.

A l'égard de l'existence de bonnes dispositions entre les maîtres et les apprentis, je désire vous faire observer qu'un directeur habile ne trouve aucune difficulté à les établir. Comme on a pu faire des arrangements satisfaisants pour le travail aux heures libres des apprentis, chaque fois que les directeurs l'ont proposé, j'en conclus que si ce système, ainsi que celui du travail a la tâche, était plus généralement adopté, les apprentis ne refuseraient pas de travailler. Avec ces conditions, ils peuvent gagner, à leurs heures libres, de 3 sch. 6 d. à 4 sch. 2 d. par jour, et de 2 1/2 d. à à d. par heure, outre la jouissance de leurs anciennes allocations. Dans ces circonstances, on ne trouvera aucune difficulté à s'assurer les récoltes prochaines. Mais la grande sécheresse aura sans doute un effet désastreux, à l'égard des plantations de sucre. On craint aussi, si cette sécheresse continue encore longtemps, que les plantations de café n'en souffrent beaucoup. L'amélioration dans la conduite générale des apprentis a produit un progrès analogue dans l'état de la culture, qui prospère nonobstant l' étendue de terre cultivée. Les terrains de provision des nègres sont , dans ce district , cultivés avec le plus grand soin et leur rapportent assez pour leur fournir le moyen d'acheter leur liberté. Ils ont le plus grand désir de s'affranchir ; mais plusieurs en sont empêchés par le prix élevé auquel on eslime leurs services comme laboureurs. Quatre affranchissements seulement ont eu lieu pendant le dernier trimestre, et ces quatre personnes se sont adonnées à la culture de terrains de provisions dans lesquels ils déploient une industrie et une application extraordinaires, parce qu'ils y ont un intérêt direct. Malheureusement ce bon exemple n'est point suivi par la jeune population


508 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

libre, que les parents laissent, de la manière la plus coupable , plongés dans un état complet'de paresse. Je crains que ces habitudes de paresse ne soient encouragées par les parents, parce qu ils sont déterminés à empêcher leurs enfants de gagner leur vie à la sueur de leur front. Je crois aussi que d'autres moyens que ceux qui proviennent de l' intervention du maître doivent être employés pour leur assurer les bienfaits de l'instruction religieuse. Quand elle leur est procurée parles propriétaires, ils la repoussent souvent. S'il n'existait point de sujets de défiance, on pourraitfaire de grands progrès à cet égard, mais la masse regarde toujours avec soupçon toutes les offres qui leur sont faites par ceux qu'ils croient capables de pouvoir en tirer profit. Cet obstacle, joint à celui de la difficulté de communication clans un district aussi montagneux, a été la cause qu'il n'y a eu que peu d'augmentation dans le nombre de ceux qui reçoivent les avantages d'une instruction morale et religieuse.

22.

d'une lettre de C. Ricketts,juge spécial, à Son Excellence le gouverneur. — Etat normal des noirs. EXTRAIT

District de Judas, 1er avril 1837.

On a sans doute beaucoup parlé des sentiments qui subsistent entre le maître et l'apprenti; mais, comme j'ai été à même de comparer les améliorations du système social dans les autres colonies des Indes occidentales avec celles de cette île, j'espère pouvoir présenter quelques considérations sous un nouveau point de vue. Les colonies de la Couronne ont eu l'avantage d'être placées clans un état d'amélioration sociale, progressif et systématique depuis bien plus longtemps que les colonies privilégiées. Dans ces dernières, la population ouvrière fut libérée de l'esclavage par l'acte d'abolition, sans aucunes mesures préparatoires. L'existence d'un esprit vindicatif s'était fait connaître dans une rébellion récente, et, quoique cet esprit de vengeance ait été un peu apaisé, cependant il est toujours entretenu parle système que l'on suit maintenant, système fondé sur les craintes générales qu'inspire le maintien de la prospérité du pays, après 1840. Le désir de profiter le plus possible du présent, sans considérer l'avenir, se montre surtout dans les estimations exorbitantes de la valeur du travail des apprentis. Au commencement de celle année, le reste du temps d'apprentissage d'un ouvrier rural, en bonne santé, était estimé à 60 liv. sterl., déduction faite du tiers pour les accidents, et cette estimation se calculait par les heures de travail dans une semaine. Il paraîtrait donc naturel que l'apprenti reçut les mêmes salaires pour son travail extraordinaire ; mais quelques planteurs pensent que 5 den. currency sont un salaire suffisant pour quatre heures de travail, à de bons laboureurs, et 2 d. 1/2 pour le même temps à des laboureurs de second ordre. Les apprentis sentent eux-mêmes l'injustice manifeste de ce calcul, et ne sont point disposés à respecter ceux qui en sont les auteurs. Quelque léger que puisse paraître ce salaire, j'ai toujours fait tous mes efforts pour persuader aux apprentis de travailler même à ce prix. Je considérais que c'était le seul moyen pour cette classe de retenir entre ses mains quelque portion du numéraire en circulation, puisque, par le désir général qu'ils ont de racheter le reste du temps de leur apprentissage, ils avaient dû beaucoup diminuer la petite portion qu'ils en avaient anciennement. Le salaire de leur travail extraordinaire est le plus souvent dépensé en choses nécessaires qui ne leur sont point fournies par les propriétaires, et, par conséquent, ces petits gains ne peuvent pas avoir pour effet d'augmenter leurs économies Ces maux sont plus grands encore à l'égard des colons les moins riches, et, dans bien des cas, le maître et l'apprenti vivent dans un état d hostilité mutuelle. Quoique l' absence de plaintes puisse faire penser qu'il existe un accord parfait entre les par-

ties, ce n'est souvent qu'un calme trompeur. Des actes réciproques d'agression sont si souvent commis, que les deux parties peuvent douter de quel côté pencherait la balance. Je prétends donc que, si le système ne reposait que sur les bons sentiments, il serait dans une condition bien chancelante; il lui faut le soutien des lois pénales et du travail forcé. Un long apprentissage, joint à l'insuffisance des allocations, a une tendance à diminuer plutôt qu'à développer l'amour du travail, puisque l'apprenti est privé de ce qui peut l'exciter le plus au travail volontaire, c'est-à-dire d'une part convenable dans le produit de son industrie. L'apprenti restera donc laboureur forcé et involontaire jusqu'à la fin de l'apprentissage, et, quand il se trouvera libre de tous ses liens, il est probable qu'alors il repoussera les offres intéressées de ceux qui l'auront exploité durant son passage de l'esclavage à la liberté. En général, je pense qu'il n'y a pas plus de causes de malveillance entre les nègres et leurs propriétaires, qu'il n'en existe entre les différentes classes de la société dans tout autre pays. Cependant nous ne faisons point les progrès nécessaires, parce que Ion pense trop à l'intérêt présent, sans avoir égard aux changements qui auront lieu sous peu clans notre système d'agriculture. La politique dont je viens de parler aura sur les nègres l' effet que des impôts trop lourds produisent sur la classe indigente des autres pays : au lieu d'encourager des habitudes de travail, cela les pousse au désespoir. Cette conduite ne peut concilier l'affection des laboureurs, et par conséquent contribuer à la prospérité future de ceux qui les emploient à présent. D après les faits dont je viens défaire mention, il faudrait, pour agir avec justice envers les apprentis, les payer pour l'ouvrage qu' ils font à leurs heures libres, en proportion du prix que l' on met au temps qu'il leur reste à faire de leur apprentissage. Signé

23.

LETTRE

RICKETTS, juge spécial.

de R. Chamberlin, juge spécial,

À

Richard Hill.

Manchioneal, avril 1837. Une des grandes fautes dans lesquelles la classe élevée de ce pays paraît être tombée, c'est de s'être persuadé que cet état d''épreuve n a été établi que pour l' avantage exclusif des propriétaires et comme partie de la rançon des esclaves. La grande importance de l' apprentissage, comme système préparatoire pour instruire l'esclave dans ses devoirs moraux et dans les obligations delà liberté, n a été considérée que d'une manière tout à fait secondaire. Le seul but des déterminations du maître est l'augmentation de ses récoltes et l'extension de ses ressources pécuniaires. Le bien moral ou intellectuel de la classe qui doit principalement être avantagée par l'abolition de l'esclavage doit céder à ces considérations mesquines. Le juge spécial ne peut s'attendre à être aidé par le propriétaire ou à vivre en bonne intelligence avec lui, que lorsqu'il se rend un sujet de terreur pour les apprentis. Tout témoignage de confiance dans l'équité de son administration qui lui serait donné par les nègres l'assujettit à l'opposition violente et aux injures des directeurs. Les sentiments de ces derniers ne marchent point de pair avec l'état progressif de la société. Habitués jusqu'à présen t à gouverner par la crainte et par la force, il est difficile de leur faire comprendre que leur plus grande sécurité consiste à s'attacher les apprentis par la conciliation et l'estime. Le petit nombre d'hommes honorables qui adoptent celle sage direction en retirent un avantage présent par l'industrie et la tranquillité de leurs apprentis, et en obtiendront un bénéfice encore bien plus grand , en s'assurant leurs services pour la culture de leurs plantations . quand ils seront entièrement libres. La plupart des directeurs avaient eux-mêmes besoin d'un apprentissage pour les préparer à conduire des hommes libres.


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. X. DISPOSITIONS RÉCIPROQUES, ETC. Les allocations que l'on avait cru nécessaire d'accorder aux. esclaves, qu une longue habitude leur avait presque fait considérer comme un droit, et qu'un usage universel leur assurait pour leur entretien, furent retirées sur la plupart des plantations , à moins que les apprentis ne voulussent consentir à abandonner une grande partie du temps que leur laissait l'acte d'abolition. Il leur était difficile d'agir ainsi, parce que, depuis le 1er août 1834, l'entretien de leurs enfants au-dessous de dix ans est à leur charge. Vous jugerez jusqu'à quel point on a insisté sur celte méthode de payement en travail, quand je dirai que trop souvent on exige la restitution du temps qu'une mère a perdu pour le service du maître , dans l'accomplissement de ses devoirs envers ses jeunes enfants. Le système suivi à cet égard dans ce district n'était pas supportable. Le tableau ci-joint des avantages comparés montrera que cette description n'est point exagérée. On verra que si l'on donnait une garde pour soigner les enfants, afin que leurs mères pussent aller à leur ouvrage, les apprentis étaient obligés de sacrifier une partie de leur temps en payement de cette concession. Cette manière d'agir ne peut s'accorder avec l'esprit de la loi d'abolition , dont l'intention est d'améliorer la condition et d'augmenter la liberté des apprentis. Si les sentiments du nègre le poussent à résister, en paroles ou en actions, à ces empiétements tyranniques sur ses droits sociaux, on l'accuse d'insubordination et de rébellion, et l'on déclare en état d'anarchie et de confusion le district dans lequel le juge spécial refuse de sanctionner ces outrages. Tolérer un tel système serait rendre l'apprentissage supérieur à l'esclavage seulement en ce que le droit de punir serait enlevé aux mains d'un directeur capricieux. En dépit des difficultés qu'éprouvent les parents à soutenir leurs enfants, il est rare qu'ils acceptent les offres de secours que leur font les propriétaires, à la condition de les payer, soit par leur travail, soit par celui des enfants d'un âge qui leur permet de remplir certaines fonctions dans les plantations. Ce refus provient de leur méfiance, parce que les concessions dont ils jouissaient étant esclaves leur sont maintenant faites à un prix fort élevé. Puisqu'une mère est obligée de rendre à son maître le temps employé à remplir des devoirs naturels et indispensables envers ses enfants, l'apprenti s'imagine que toutes les propositions de cette nature, provenant du directeur, doivent être dictées par les mêmes motifs d'intérêt personnel. Il serait donc fort difficile de les convaincre qu'elles sont le résultat d'une bonté désintéressée, ou qu'elles sont basées sur des principes équitables. Nous devons cependant nous féliciter de ce que les apprentis consentent à travailler, moyennant salaire, dans les heures qui leur restent libres, après la culture de leurs terrains. Dans ce district populeux, à l'exception des efforts bornés des missionnaires, il n'y a pas un seul établissement pour l'instruction des apprentis ; ceux, eu petit nombre, qui jouissent de cet avantage font de grands progrès et se conduisent, en général, très-bien. Depuis que je suis nommé à ce district, aucun de ces apprentis n'a été accusé d'un délit qui méritât d'être puni, et il n'y a pas eu un seul apprenti de Manchioneal envoyé aux cours supérieures. La position précaire de l'esclavage en fait, dans tous les temps, une institution dangereuse et incertaine. Un des grands avantages de son abolition, dans ces iles, se montre déjà dans la grande augmentation de la valeur des propriétés, depuis peu d'années. Avec toutes les facilités que donnent ces montagnes pour commettre le crime, on peut voyager le jour ou la nuit dans la plus grande sécurité, et il est fort rare qu'on entende parler d'actes d'agression et de violence. Le grand respect que les apprentis montrent pour la loi, et l'influence qu'elle a sur eux sont de bon augure. Ils témoignent le désir de connaître leurs obligations sociales, et tâchent d'y conformer leur conduite. Le nègre intelligent qui montre ces 1

509

sentiments est nécessairement odieux à son maître, et la somme des défauts d'un apprenti consiste à être un « avocat. » On a toujours considéré les femmes comme plus turbulentes et plus difficiles à conduire. Le tread-mill et l'emprisonnement solitaire à leur égard, au lieu de la punition du fouet, ont produit les résultats les plus avantageux; et il n'y a point de doute que l'abolition de cette dernière punition, pour les hommes, serait aussi suivie de résultats semblables. Mon expérience me confirme dans la certitude de son inutilité. Les autres méthodes de punition sont plus efficaces , parce qu'elles sont suivies d'une dégradation moins permanente, et conséquemment de moins d'abattement et d'insouciance. Le système tyrannique d'enfermer les malades dans les hôpitaux est ordinairement pratiqué dans ce district. A toutes les observations que l'on fait aux directeurs contre cette coutume injuste, ils répondent que c'est un règlement sanitaire prescrit par les médecins. Ce n'est cependant pas autre chose qu'un emprisonnement inutile et injuste de personnes auxquelles les maladies ou les infirmités donnent droit à un traitement beaucoup plus doux. Je ne puis m'empêcher de répéter, à l'honneur des apprentis de ce district, qu'il n'y en a pas eu un seul envoyé aux cours supérieures depuis le commencement de mon administration. Leurs délits sont ordinairement d'une nature fort légère, et arrivent dans toutes les sociétés humaines. La condition des nègres dans les ateliers de louage, à laquelle on fait allusion dans l'acte d'abolition, est ordinairement dure et malheureuse, et à peine ont-ils le temps de travailler pour leurs besoins physiques. Le samedi est employé à cultiver et à récolter des provisions pour leur nourriture et pour celle de leurs enfans durant les cinq premiers jours de la semaine, pendant lesquels ils vont travailler loin de chez eux. Ils ne connaissent point le bonheur d'un intérieur, et leur vie est un travail continuel. Une longue sécheresse a retardé le progrès de la fabrication du sucre dans ce district, et l'on n'a fait que peu de plants pour les récoltes prochaines. Le produit de ce district, pour Tannée présente, sera meilleur que celui de l'année dernière. Je ne puis clore ce rapport sans parler de la condition des infirmes et des vieillards, qui deviendront libres, comme non ruraux, en 1838. Usés au service de leurs maîtres, ils n'ont pas pu mettre de côté de quoi se soutenir pendant la fin de leur vie. lisseront alors sans domicile, et leur situation mérite l'attention du Gouvernement. Il faut qu'il y ait quelque règlement législatif en faveur de ces personnes ; la plupart sont incapables de rien faire pour s'entretenir, et on ne saurait les laisser réduits a n'avoir d'autre ressource que la mendicité. Signé

24.

EXTRAIT

, juge spécial.

R. CHAMBERLIN

d'une lettre de J. Harris, juge spécial, à C. H. Darling. Sainte-Elisabeth, avril 1837.

... Il est certain que les apprentis sont maintenant disposés à entreprendre le travail à la tâche, et je pense que les propriétaires désirent qu'un plan régulier soit adopté. Mais quoique Ton ait préparé des échelles de travail, par les ordres du Gouvernement, elles n'ont pas encore subi l'épreuve de l'expérience. J'ai entendu dire par plusieurs directeurs qu'à certains égards ils ont éprouvé les laboureurs, et qu'ils peuvent accomplir la quantité de travail que Ton considère comme convenable. Cependant il est impossible de savoir si l'échelle de travail, que Ton dit avoir été adoptée par les commissions, contiendra un système pratiquable l. Je n'ai point vu cette échelle, ainsi préparée, j'en ai seule-

Voir plus bas au chapitre intitulé : lâches, salaires, etc., etc. L'échelle de travail dressée pour la Jamaïque est reproduite dans ce chapitre.


510 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. ment entendu parler, et il faudrait que je pusse l'examiner moimême pour me convaincre qu'elle est raisonnable. Je suis persuadé que l' on ferait bien d'appliquer ce système , afin de s'assurer, par l' inspection régulière d'un directeur, d'un teneur de livres, ou même d'un officier de police, si la quantité d'ouvrage, établie par cette échelle de travail, peut être raisonnablement exécutee : ce qui serait ainsi fait pourrait être considéré comme le maximum de travail exigible. Ceci une fois bien établi, il pourrait se faire un arrangement satisfaisant entre les deux parties (maîtres et apprentis), quant à tous les ouvrages à exécuter, et les plaintes sur l'insuffisance du travail seraient moins fréquentes. L apprenti et le maître pourraient, chacun de son coté, s assurer de la quantité d'ouvrage à faire. Les apprentis se louent ordinairement à leurs heures libres moyennant salaire, et reçoivent de 1 schell. 8 d. à 2 schell., 1 schell et 2 schell. 6 d., le plus souvent loin des propriétés auquelles ils sont attachés. Ce n est point qu'ils refusent de travailler pour leurs maîtres; mais je pense que rarement on le leur demande. Je les ai vus, dans plusieurs circonstances, travailler volontiers le vendredi et le samedi dans l'intérêt de leurs directeurs, et leurs dispositions sont en général si bonnes que , s'il le fallait, et si on les prévenait à temps, afin qu'ils pussent se préparer la quantité de provisions nécessaires, je suis persuadé que tous les apprentis travailleraient pour la plantation à leurs heures libres, et d'une manière raisonnable. A l' égard des terres allouées pour jardins , les apprentis sont assez bien traités quant à la quantité; mais, dans bien des endroits , la qualité en est bien médiocre, et n'est favorable qu'à la production de certaines sortes de provisions. Cependant, lorsque les saisons sont bonnes, ils se procurent une nourriture assez abondante. Mais les terres montagneuses souffrent souvent du manque de pluie, qui affecte tous les produits de la terre. Pendant une grande partie des trois mois passés, il y a eu une grande sécheresse, et, s'il ne tombe bientôt de la pluie, il s'ensuivra des conséquences fort pernicieuses. Il me semble que les apprentis donnent des soins convenables à la culture de leurs terres; je n'ai entendu qu'une plainte pour un fait contraire. D'après l'avîs que j'ai donné aux nègres, je ne pense pas que ces plaintes se renouvellent; et, si cela arrivait, il faudrait appliquer les prescriptions la 38 clause de la loi d'abolition. Les propriétaires expriment la crainte que les nègres ne se louent à leurs heures de liberté, et n'apportent pas, par cone

séquent, l'attention convenable à leurs terres ; mais ce n'est là qu'une crainte, et l'exemple ci-dessus mentionné est le seul où il y ait eu des plaintes positives. Je crois qu'il serait bien de conseiller aux apprentis de toutes les plantations de consacrer le samedi entier, une fois par quinze jours, à cultiver leurs terres; ceci les mettrait à l'abri du besoin pour l'avenir. Dans le cas où les terres deviendraient stériles, à cause d'une longue sécheresse, ou pour toute autre raison, on pourrait alors, plus consciencieusement, recourir à la 48 section de l'acte d'abolition. En général, les récoltes n'ont point été aussi productives que Ion s'y attendait, et cette diminution doit être attribuée à la grande sécheresse de l'année dernière, au moment le plus important pour la culture du café et où il lui fallait le plus d'eau. Les pièces de café sont maintenant en bon état, etsi les saisons,

de mon district montrent des dispositions et une conduite admirables dans l'attente de leur prochaine libération d'apprentissage. La nouvelle de ce bienfait inattendu a été reçue par eux plutôt avec un sentiment de reconnaissance sérieuse qu'avec l'exaltation de la joie. Us apprécient toute sa valeur, mais, pour les observateurs et pour ceux qui ont de bonnes intentions, elle a amené des causes de sollicitude inconnues jusqu'à présent, et qui, heureusement peut-être, tendent à modérer leurs transports. Une grande partie de mon temps est occupée à leur donner des conseils. La perspective du terme de mes travaux, comme magistrat spécial, me fait éprouver une grande satisfaction lorsque je considère que, pendant la durée de mes fonctions, quelle qu ait pu être la fluctuation dos sentiments des planteurs envers moi, les apprentis m'ont accordé une confiance non interrompue. Ils me la donnent encore; et, il faut le dire, à la louange de leurs bons sentiments et de leurs mœurs, les marques et les expressions de leur respect augmentent à mesure que s'approche le jour qui doit mettre un terme à la position particulière dans laquelle nous sommes les uns relativement aux autres. Hier au soir, après l'ouvrage, une troupe entière m'est arrivée d'une propriété voisine, pour demander, disaient-ils, «l'avis du magistral. » Il paraît que le maître venait de leur faire savoir, par le constable, que tous ceux qui ne seraient pas disposés à travailler, après le 10 août, pour 10 pences par jour, avec leurs maisons et leurs terrains, seraient obligés de quitter la propriété ; qu outre cela il était aussi déterminé à ne plus leur permettre d élever des porcs, et qu'ils seraient forcés de se procurer un médecin à leurs dépens. Je vis que celte communication les avait un peu effrayés, et que ce qui les avait particulièrement chagrines.et désappointés, celait que le «maître eût été si brusque» envers eux à cette occasion, et qu'il leur eût fait porter par le constable une nouvelle aussi importante, et cela dans de pareilles circonstances, au lieu de leur parler lui-même. Je leur dis que j étais fâché que le maître ne leur en eût pas parlé lui-même, mais qu'ils le savaient un peu partisan des anciennes idées, et que les hommes étaient ordinairement lents à les changer pour de meilleures ; mais qu'ils verraient leur maître lui-même changer peu à peu, a mesure que les nouveaux temps viendraient. Je leur conseillai d'envoyer au maître une réponse très-polie et trèscalme, pour lui exposer qu'il leur fallait un certain temps pour penser a ce plan, et qu ils désireraient savoir la détermination des autres avant d'y consentir; mais que c'était leur désir de rester sur la plantation, si le maître et eux pouvaient faire un arrangement convenable. » Cet avis parut tout à fait s'accorder avec leurs vues. La seconde demande qu'ils me firent avait pour objet desavoirs il n'y aurait pas des « messieurs de l'Angleterre pourleur faire rendre justice, » après le 1er août. La question me fut faite trèssérieusement par le principal orateur, au nom de ses camarades: et cet orateur, en m'exprimant les craintes qu'ils avaient qu'on

e

d ici au mois d'août et de septembre, sont favorables, on peut s attendre à faire une récolte abondante et d'excellente qualité.

ne les laissât à la merci des «magistrats du pays,» fit preuve d'une sagacité et d'une prévoyance peu ordinaires sur leur situation , en cas de discussions pour des payements ou pour des arrangements, lorsque « le maître et les amis du maître » décideraient l'un pour l'autre. En communiquant à Son Excellence un incident comme celui-ci, je me fais une certaine violence, parce que je puis paraître avoir un intérêt personnel dans la question. Mais je suis soutenu par la conviction que Son Excellence me connaît trop bien, et qu'elle a elle-même un esprit trop élevé, pour m'attribuer un motif bas.

25.

EXTRAIT

dune lettre de J. Daughtrey, au capitaine Darling, secrétaire du Gouvernement. Sainte-Elisabeth, juin 1838.

Son Excellence sera bien aise d'apprendre que les habitants

Quoique tous les membres du corps auquel j'appartiens aient été condamnés indistinctement, en Angleterre, il y en a un grand nombre que les nègres estiment comme leurs amis, et dont ils ne verront le départ qu'avec le plus vif regret. Dans un état de crise particulière comme aujourd'hui, chaque indication des sentiments populaires doit avoir quelque valeur, et


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. X. DISPOSITIONS RÉCIPROQUES, ETC. cela seul m a porté a. faire connaître à Son Excellence le petit inaident qui forme le sujet principal de ma lettre.

EXTRAIT d'une lettre de J. W. Grant, juge salarié de Mail-, chester et Clarendon, à Richard Hill. — Sur les loyers et les dispositions des noirs à acquérir des terres.

26.

Jamaïque, 10 juin 1839.

Le premier trimestre de loyer devint payable au propriétaire d'une plantation sur laquelle demeuraient deux hommes ayant mal aux jambes, et un autre n'ayant qu'une main. Ils allèrent consulter l'inspecteur, et lui demandèrent de quelle manière ils pourraient gagner suffisamment de quoi payer leurs loyers. L'inspecteur leur répondit qu'ils pourraient casser des pierres pour la voie publique, et que pour ce travail il leur payerait 4 pences 1/2 (45 centimes) par tonneau. Us convinrent de le faire et se mirent à l'ouvrage ; depuis ils ont continué le même travail au moyen duquel ils payent leurs loyers , et gagnent en même temps suffisamment pour se procurer les moyens d'existence. Il y a plusieurs personnes placées à la tête de plantations , qui suivent le système de faire payer ce que les nègres appellent head money1 et que je traduis par capitation. Chaque individu au-dessus de 12 ans est obligé de payer tant par semaine. Par exemple, si le chef d'une famille occupe une maison avec son terrain, il est obligé de payer tant par tête pour lui, sa femme et chacun de ses enfants. Les laboureurs veulent bien payer la valeur réelle delà location par an , par trimestre ou par semaine; mais cela ne suffit pas. On exige la capitation rigoureusement. Je m'imagine qu'un Ecossais ou un Anglais serait peu salisfait s'il était forcé de payer un loyer, sans égard à la valeur de sa maison ou de son jardin , mais simplement en proportion du nombre d'enfants dont il pourrait lui arriver d'être chargé. A Grove-Place, une des plus grandes plantations de la paroisse, on fait, rigoureusement payer la capitation (quoique l'on ait conseillé à l'administrateur de ne faire payer que la valeur des maisons avec leurs terrains); quelques-uns de ses meilleurs laboureurs travaillaient dernièrement dans une plantation voisine, donnant pour raison qu'il leur était impossible de travailler sur la plantation où ils demeuraient, attendu qu'on leur faisait payer la capitation , et qu'il fallait , en conséquence, qu'ils allassent plus souvent à leurs terrains pour les faire valoir selon ce qu'ils les payaient. Voilà comment les plantations se trouvent privées de laboureurs, et comment les laboureurs sont portés à employer leur temps dans une occupation qui, j'en suis sûr, ne leur rapporte pas suffisamment. J'ai observé, parmi les nègres, un grand désir d'acheter des terres, ce qu'ils ont pu faire au prix d'à peu près 6 liv. sterl. par arpent. Il a été vendu plusieurs centaines d'arpents à PortSavannah, sur les bords de Clarendon. On y a bâti une quantité de maisons depuis le 1er août, et la population du village doit déjà passer 1,000 habitants. Le village augmente journellement, ainsi que sa population, et, comme il est probable qu'il deviendra intéressant pour la paroisse, j'en parlerai plus parti culièrement dans quelque temps. J'ajoute cependant avec grand plaisir que le système de capitation dont j'ai parlé fait place graduellement à un arrangement plus équitable, et j'espère qu'il sera bientôt aboli entièrement. Il existe aussi une autre habitude que je considère comme fort nuisible, celle de laisser s'établir une grande irrégularité dans les contrats de travail, en faisant payer des loyers à des personnes qui ne travaillent pas sur la plantation, et en exemptant celles qui y travaillent. Parmi les maux que doit engendrer ce système est le suivant : il opère comme marque de faveur ou de défa1

Tant par tète. *

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veur, et, comme le payement des loyers entraîne presque toujours quelque malentendu, qui porte le laboureur à aller travailler autre part, parce qu'on lui refuse de l'ouvrage sur sa plantation, l'individu qui, seul parmi un nombre de personnes exemptées, est obligé de payer un loyer, se trouve, pour ainsi dire, frappé de disgrâce. Ce n'est point l'injustice, mais l'odieux de ce système , qui est répréhensible. Je crains d'avoir déjà trop empiété sur le temps de Son Excellence; mais je ne puis fermer cette dépêche sans faire quelques remarques sur le cri que l'on élève à présent contre la multiplication des armes à feu entre les mains des noirs. Je nie absolument qu'il y ait aucune mauvaise intention dans le désir manifesté par les nègres de devenir possesseurs d'armes à feu. Je demande la permission de renvoyer aussi, à ce sujet, à la lettre du révérend M. Stewart. Les personnes qui ont l'intention de faire du mal cachent ordinairement les moyens qu'elles possèdent de le faire : le nègre porte son fusil en plein jour. Mais, quand même il y aurait quelque raison de craindre, l'absence d'une loi précise rendrait inutile tout effort de répression. Les attaques que l'on dirige contre la conduite des fonctionnaires qui n'essayent point de remédier à ce mal ne font que l'augmenter, comme elles ne tendent qu'à faire connaître leur impuissance légale; ce qui doit avoir poureffet d'encourager plutôt que de réprimer le mal. Dans un changement comme celui qui a eu lieu dans ce pays, parmi les difficultés et les doutes qui doivent encore s'élever sur bien des points, nous avions le droit de nous attendre à ce que ceux qui sont intéressés dans la direction de propriétés adoptassent une ligne de conduite ferme et courageuse L'avidité et la témérité avec lesquelles les rapports mal fondés , d'une soi-disant résistance aux officiers de paix, ont été reçus et envoyés à Son Excellence, seront considérées un jour comme la preuve que ceux qui auraient dû coopérer avec le plus de zèle à l'établissement de la liberté n'ont pas été fidèles à leurs intérêts.

27.

EXTRAIT d'une lettre de Pli. O'Reilly au capitaine Darling, secrétaire du Gouvernement. — Etat de la Culture. — Conduite des Noirs.

Alley-Sere, 9 juillet 1839.

En rendant compte de la conduite des laboureurs et de l'étal actuel du travail, je ne puis considérer le premier fait qu'avec un sentiment de plaisir, elle second me donne un grand espoir relativement au succès de l'agriculture. Dans nos audiences hebdomadaires, il se présente à peine autre chose que de petites discussions, qui résultent du payement de salaires ou de loyer, et c'est avec la plus grande satisfaction que je vous annonce qu'on a enfin trouvé un mode d'arrangement équitable, et qui est généralement adopté, pour fixer et obtenir le payement du loyer des maisons. Les discussions que provoquaient les abus à ce sujet ont cessé d'exister en même temps que les abus eux-mêmes. Plusieurs des propriétés sont sur le point de terminer leurs récoltes et sont dans un état parfait de culture. Je vois avec plaisir que plusieurs des planteurs, profondément imbus de vieilles idées, commencent à ouvrir les yeux sur la mauvaise politique de leur conduite au commencement du nouveau régime. Il est de mon devoir cependant de dire que l'état prospère de cette paroisse serait complet, si ce n'était la malheureuse condition de quelques plantations, qui font exception par suite de la mauvaise conduite des gérants envers les laboureurs. Il est tout naturel que ces plantations soient dans un mauvais état de culture, etje ne puis que regretter qu'elles soient choisies comme


512 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. exemples de la manière dont le nouveau système réussit, quand il est notoire que la paroisse serait aujourd'hui dans un état plus prospère qu'à aucune époque de l'apprentissage, si ce n'était la sitnation des propriétés dont je viens de parler, qui, je suis heureux de pouvoir le dire, forment l'exception et non la règle.

28. LETTRE de M..J. Daughtrey, À Richard Bill, esq. — Goât des noirs pour la chasse au tir; bruits de révolte répandus à cette occasion. Sainte-Elisabeth, 29 juillet 1839.

Connaissant l'existence de certaines rumeurs dont l'effet, sinon le but, est de rattacher l'achat de fusils et de poudre à canon parles nègres, dans différentes parties de ce pays, à des desseins ultérieurs contre la paix publique, je désire ardemment exprimer à Son Excellence ma parfaite conviction que tous ces soupçons et toutes ces rumeurs sont tout à fait sans fondement. Des personnes mal disposées, comme il en existe dans tout état social, peuvent avoir essayé, avec ou sans motif évident, d'éveiller les craintes des gens timides ou l'espoir des méchants. Mais c'est l'œuvre de quelques individus et non de la majorité. Ces bruits ne peuvent pas avoir eu d'autre origine. Je puis attester que le directeur d'une propriété qui avait éprouvé quelque difficulté à amener les nègres à ses conditions, leur dit il y a quelques temps : « Ah! je vois qu'il faut que nous ayons une lutte. » Or, quelle qu'ait été la légèreté avec laquelle ceci fut dit, il est très-possible que tous les nègres auxquels la plaisanterie fut adressée n'en aient pas eu une idée très-claire. Et si un économe a pu être aussi indiscret, pourquoi n'y en aurait-il pas d'autres ? Quand une fois un nègre conçoit une idée sur un sujet qui le concerne ainsi que ses compatriotes, elle se propage bientôt, et, comme on peut se l'imaginer, elle ne perd rien dans son passage. En général, les nègres aiment beaucoup trop la chasse au tir. Je m'efforce toujours de réprimer cette inclination. La vente publique des armes à feu leur a fait penser qu'ils pouvaient les acheter sans commettre un délit; et le désir de les posséder a dû être stimulé par la défense qui existait anciennement. L'achat de fusils a dû naturellement mener à l'achat de poudre. Dans le

15 courant , avec la copie d'une lettre du secrétaire d'Étal des colonies, et avec certains documents du Parlement, qui me sont transmis afin que je puissse répondre à une plainte portée contre moi par M. Burge , l'agent de l'île, sur l'affirmation de M. Robert Smilh , l'inspecteur de Spur-Free. Je ne me serais jamais imaginé que l'on pût porter contre moi une accusation qui attribue le défaut de payement des loyers, delà part des noirs, à mon «intervention inconvenante,» et j'espère pouvoir convaincre sa seigneurie que nulle accusation ne peut être moins fondée. Etant convaincu que la liberté aurait la meilleure influence sur les relations qui devraient exister entre les cultivateurs et les propriétaires, j'ai toujours fait tous mes efforts pour persuader aux directeurs de demander, et aux nègres de payer un loyer équitable pour les habitations qu'ils occupent dans les différentes plantations. Durant les trois mois qui suivirent l'avis qui fut donné aux nègres d'abandonner leurs terrains et leurs maisons, sa seigneurie sait que l'on n'exigea pas, en général, le payement des loyers, parce qu'il y avait différentes opinions, exprimées en public et en particulier, quant aux intentions de la législature sur ce point. Cependant la dépêche, qui communiquait le résultat de l' avis que l'on avait demandé au procureur et à l'avocat général de l'Angleterre, montra que celte demande serait illégale. Mon influence, durant celte époque, fut employée à préparer l' esprit des nègres par la persuasion, par des explications et par des prières, aux nouveaux devoirs et aux nouveaux engagements auxquels ils seraient assujettis comme tenanciers. Ce n'est point en vain que je me suis servi de cette influence. Partout où on leur a demande un loyer juste et équitable, les nègres, à peu d exceptions près, l'ont promptement et régulièrement payé. A J expira lion des trois mois, dans les cas où les explications et la persuasion furent inutiles, on eut recours à la loi, et je puis assurer que, chaque fois que le propriétaire a pu prouver que sa demande était légale, ses droits n'ont jamais été sacrifiés. Depuis le 1" novembre 1838, dans toutes les décisions à l'égard des loyers, j'ai eu comme adjoints, Son Honneur le custos, ou les juges locaux Hollingswort, Coley, Bygrave et Good. En recevant ces plaintes, il m'a paru que le meilleur témoignage que je pourrais envoyer à sa seigneurie serait celui de ces messieurs. Je leur ai adressé des lettres officielles à chacun, même à M. Hollingsworth , dont le nom est joint aux déclarations qui ont été faites contre moi. Dans sa réponse ( n° 4) on remarquera qu'il

Nassau, les incitateurs et les meneurs des autres nègres, dans l'amusement du tir au blanc, ont été les anciens chefs d'ateliers, et malheureusement ces anciens chefs d'atelier sont encore les

dit : « Dans toutes les occasions où nous avons été associés pour décider sur des questions de loyer, nous avons toujours été de la même opinion, sans la moindre dissidence.» Les autres lettres

favoris des économes et des administrateurs. Quelles que soient les folles idées qui se sont répandues dans l'esprit d'un petit nombre de nègres, je suis persuadé qu'elles seront restreintes à ceux qui sont à peu près sans instruction. Les gens de Fonthill font, en général, partie de celte classe; car ils n'ont eu que des moyens très-partiels d'instruction, et cela

des juges locaux sont également claires sur ce point, et prouveront a sa seigneurie combien est mal fondée l'accusation, que c est a ma manière d'appliquer les lois, ou à mon «intervention

seulement pendant l'apprentissage. Quant à la moralité et à la tranquillité de mon propre district, j en repondrais sur ma vie. A part l'influence des ministres , il y a la sécurité qui est donnée par la possession d'un grand nombre de tant de petites propriétés, chacun de ces propriétaires étant une espèce d'otage pour la paix de la société qui l'entoure. Signé

29.

J. DAUGHTREY.

de J. M. tirant, juge salarié, à Richard Bill, esq — Justification de sa conduite. — Détails sur les loyers.

LETTRE

Manchester, 26 août 1839. J ai l' honneur île vous accuser réception de votre lettre du

inconvenante,» que l'on peut attribuer le refus de payement des loyers sur les planta lions. M. Good, qui est un des commissaires de correspondance, est à Londres en ce moment ; mais je lui ai écrit par le même paquebot qui porte celle dépêche à sa seigneurie. J'espère que ce que j'ai dit, ainsi que les lettres, ci-jointes, numérotées 1, 2, 3, 4, 5 et 6 , et la copie des procédures, numérotée 7, fourniront à sa seigneurie un témoignage suffisant pour réfuter les accusations contenues dans les documents présentés par M. Burge. Je suis aussi accusé d'avoir embauché les cultivateurs dans les plantations sur lesquelles ils sont établis. Si, par le mot «embauché», on veut dire retirer les paysans de leur ouvrage, ou leur persuader de ne point remplir les contrats qu'ils auraient pu faire, personne ne peut blâmer une telle conduite plus fortement que moi. Vers l'époque où ces déclarations furent faties parles personnes qui y ont apposé leurs noms, il n'était point rare de voir des individus qui avaient terminé leur travail sur les plantations, ou qui ne pouvaient entrer en arrange-


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. X. DISPOSITIONS RÉCIPROQUES, ETC. ment avec leur ancien directeur, errer dans le pays à la recherche dune occupation. J'en ai parlé dans ma dépêche et j'en ai donné des preuves. Ainsi, tandis que j'ai blâmé l'Habitude de détourner les paysans des contrats qu'ils avaient faits , ou des travaux qu'ils avaient commencés, quand des travailleurs sont venus chez moi me demander si je savais où ils pourraient avantageusement porter leur travail, je n'ai vu aucun inconvénient à le leur dire. Plusieurs fois, vers cette époque, les nègres de deux plantations ont été sans occupation. En venant me voir ils ont pu être recommandés à M. Braudford, auquel je ne parle même pas, à madame Thomas Mason , et à d'autres que je connais à peine. Avant de parler en détail des déclarations, je désire appeler l'attention de sa seigneurie sur celle partie de la lettre du maire, dans laquelle il dit : « Je vous ai entendu insinuer aux paysans «qu'ils désiraient (s'ils étaient bien traités) rester sur les plan« talions où ils avaient été placés » ; et à cette partie de la lettre de M. Davy, dans laquelle il dit que , « si donner de l'emploi à des laboureurs qui en manquent, peut s'appeler les sé«duire, peu de directeurs de cette paroisse seraient exempts de « cette accusation. » En tout ce que je puis avoir à dire, ou que j'ai pu avoir dit dans celte dépèche , je désire qu'il soit clairement entendu que je n'ai jamais réclamé et que je ne réclamerai jamais le droit d'intervenir, d'aucune manière, dans la direction des plantations ou dans l'emploi des personnes qui y sont établies. En opposition à la lettre de M. Handy, je place celle de M. Jordan, numérotée 8. il y a une différence matérielle entre leurs déclarations sur un point très-important : c'est à l'égard du nombre des laboureurs employés. M. Handy affirme qu'il y en eut 17 qui allèrent à Cocoa-Walk , tandis que M. Jordan affirme qu'il n'en est arrivé que 10. Ceci ferait quelque différence clans le calcul de M. Handy. Mais, pour prouver combien les raisonnements qui s'opposent à une concurrence juste cl sans restriction sont futiles, M. Handy ne dit-il pas lui-même «que l'on doit «espérer qu'à l'avenir ils resteront sur les propriétés où ils «sont établis?» Est-ce que lui ou tout autre pourrait les convaincre, d'une manière aussi décisive, qu'il serait plus-profitable pour eux de travailler chez eux que d'aller chercher de l'ouvrage ailleurs? M. Handy aurait dû désirer qu'ils en fissent l'essai cl qu'ils en connussent le résultat. Cependant je sais que maintenant ils travaillent sur les plantations voisines; M. Handy no doit donc plus ignorer que la plantation ne pouvait pas fournir constamment de l'occupation aux laboureurs qui y étaient « établis. » Ici je puis faire remarquer qu'il y a plusieurs plantations dans un fort bon étal de culture, qui ne possèdent pas un seul laboureur, ou qui n'en ont que deux ou trois établis à demeure. Si les paysans étaient obligés de ne travailler que pour les plantations où ils sont établis, la culture de celles qui n'ont point de laboureurs serait bientôt abandonnée. Mais, pour ce qui est de la plantation de Chippenham , je me rappelle que M. Handy me dit qu'elle avait beaucoup souffert, durant l'apprentissage, par suite de la conduite violente et du manque total de tout esprit de conciliation delà part du premier économe. Quant à ce qu'il veut dire par «influence secrète», je ne puis le concevoir. Cela ne peut se rapporter à moi; car, d'après ce qu'il dit lui-même, la mienne a été avouée cl publique. Dans sa déclaration, M. Smith admet que « le loyer que l'on a demandé a été de 3 sch. A cl. (4 francs ) pour les principaux locataires ; et de 1 sch. 8 d., par semaine, pour chaque personne habitant, la maison. M. Smith , autant que je puis me le rappeler, n'a jusqu' ici exerce aucune poursuite pour le payement des loyers. Si M. Hollingsworth ( devant lequel il a prêle serment de l'exactitude de sa déclaration) était associé avec moi pour décider d'un tel cas, et qu on nous eut présenté un compte semblable expressément établi par tête d'habitant (voyez l' opinion ci-jointe du grand juge, qui déclare ces demandes illégales), je crois qu'il n'y aurait pas,

513

comme le dit lui-même M. Hollingsworlh, la moindre différence dans nos décisions. Mais il est dur que l'on m'accuse de la difficulté qu'il y a à se faire payer les loyers, quand M. Smith n'a jamais porté une telle plainte devant aucune cour dont j'aie été membre Son accusation aurait été beaucoup plus grave , et de plus d'importance, s'il eût pu prouver qu'il m'avait adressé une plainte, et que je n'avais pas voulu lui rendre justice. S'il existait un arran gement entre lui et les laboureurs pour la réduction du loyer, il ne l'a point fait connaître, et n'a point appelé de témoignage pour le prouver. Je m'en rapporte encore une fois au document n° 7. Je suis convaincu, d'après la connaissance que j'ai des sentiments des laboureurs, que si les loyers ne sont point payés dans toutes les plantations, c'est par suite de la résistance que rencontre partout l'usage défaire payer tant par tête, pour chaque individu qui occupe la maison. Tel est le système adopté sur la plantation Spur-Free, comme on peut le voir d'après les registres. Au commencement de l'affranchissement, les paysans ne comprenaient pas la véritable nature du loyer, et plusieurs d'entre eux s'y soumirent par ignorance. Depuis , ayant découvert que le système adopté n'est point celui que l'on a suivi clans les autres pays, et qu'il est évidemment injuste que l'homme qui a une grande famille soit opprimé par son propriétaire en proportion clu nombre de ses enfants, ils en ont témoigné leur mécontentement ; et nonseulement ils ne le payent point volontiers, mais ils s'y refusent énergiquement. M. Smith m'accuse aussi d'être cause que Ton se procure difficilement des ouvriers. Certainement il ne voudrait pas restreinclre l'activité industrieuse des laboureurs, qui sont en si grand nombre qu'ils produisent une recelte annuelle de 1,664 liv. sterl. (41,600 fr. ), à la production de 5 lierions de café, total de sa récolle de l'année dernière. Il cache un fait important, qui peut servir à éclaircir les motifs de la conduite des laboureurs. M. Smith sait aussi bien que moi que, même pendant l'esclavage et l'apprentissage, ses nègres, ont été employés comme laboureurs à la journée ; allant, d'un bout de la paroisse à l'autre, à la recherche d'ouvrage, et qu'ils sont obligés de le faire maintenant, comme autrefois, puisqu'ils ne peuvent trouver aucune occupation sur une plantation tout à fait épuisée. Je me reporte ici à la lettre du révérend directeur Stewart, ci-jointe, n° 9, et a ma dépêche clu 9 janvier. À l'égard de Spur-Free, je disais : «Il y a vraiment peu de cafiers de reste; niais cela est ainsi «depuis plusieurs années. Cette propriété est tout à fait épuisée « comme plantation à café , et je ne crois pas que, depuis quel« ques années, la moyenne de l'exportation ait dépassé 10 tier« çons. Quelques-uns des laboureurs sont venus me trouver l'autre «jour pour se plaindre qu'ils ne pouvaient pas se procurer clu travail «sur la plantation, et me prier de leur en trouver sur d'autres «propriétés. Il n'est point vrai qu'ils n'aient rien fait depuis le « 1er août. Ils ont souvent été occupés sur différentes plantations, « et je puis déclarer, sur l'autorité clu révérend directeur Stewart, «qu'à peu près trente se sont formés en atelier de louage, qu'ils «ont été a Mill-Gulley chercher de l'ouvrage, et qu'ils ont été «employés sur une plantation appelée Petersfield ; je puis décla' «rer, d'après ce que je sais , que, pendant l'apprentissage, ils «étaient continuellement loués au dehors par l'économe, at« tendu qu'il n'y avait rien à faire sur la plantation à laquelle ils « appartenaient. » En lisant les déclarations de Thomas Blackwood , de Thomas Edwards et de William l'âge , on ne saurait croire qu'elles leur aient d abord été lues et expliquées, comme il est d'usage en pareil cas. Blackwood n' était point « principal économe » de SpurFree , quelque temps avant la fin de l'apprentissage. Je me rappelle qu il avait été «cassé», selon sa manière de s'exprimer, pour avoir retiré les laboureurs de la plantation afin de leur faire cultiver ses propres terrains de provisions, et pour d'autres raisons. Après cela, je crois qu'il racheta sa libération. Je le rencontrai à Mnndeville, le jour que j'ai dit; et, comme je savais 33


RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE.

514

e

et que j'ai prouvé que les laboureurs de Spur-Free étaient quelquefois obligés de voyager par le pays à la recherche d'occupations, e lui dis que, s'ils en avaient besoin , ils pourraient en trouver à l'Ermitage. Je crus que c'était une faveur que je lui faisais alors, ainsi qu'à eux, et il le pensa aussi. Mon avis faisait allusion à leur ancienne habitude de travailler comme atelier de louage, et j'avais tout lieu de croire qu'ils continueraient de travailler ainsi. Je pensais qu'ils se rendraient sur les plantations où on leur offrirait du travail. Quant à ce qui me regarde, les déclarations de Thomas Edwards et de William Page sont complètement réfutées par les lettres de M. Davy et de M. Maxwell, numérotées 5 et 10. M. Maxwell nie leur avoir dit que j'eusse songé à leur envoyer 200 laboureurs pour sarcler la plantation. La réponse que j'ai faite à la déclaration de M. Smith sera, je pense, également applicable à celle de Louis et de Joseph. Je crois avoir toujours suivi une conduite droite, celle de la justice; et je puis consciencieusement dire que, dans l'exécution de mon devoir, j'ai toujours eu le plus grand désir que l'île put prospérer et que tous ses habitants pussent devenir, comme j'espère qu'ils le deviendront, un peuple heureux, moral, industrieux et vivant dans la concorde. Signé J. W.

GRANT

de paix est invité à rendre sa sentence pour l'arrestation de personnes accusées seulement de s'être rendues coupables d'une offense, d'un délit mal défini, et qui, en somme, n'a aucun caractère de criminalité. Ce délit, dans un pays tel que la Jamaïque, ne peut être commis que par des personnes appartenant à la classe pauvre et ignorante de la société. L'engagement n'a pas besoin d être fait par écrit., d'être réciproque ni revêtu d'aucune des formalités qu'on exige pour les contrats; de sorte que, si, par exemple, un surveillant fait à un cultivateur une proposition qui ne soit ni acceptée ni refusée à l'instant, il peut affirmer, par serment, que A.. . s'est engagé à soigner et garder un troupeau de bétail sur la propriété de B... ., ce qu'il a négligé ou refusé de faire. Sur celte plainte, le magistrat peut rendre sa sentence [warrant). Nous avons vu plusieurs personnes qui, arrêtées et mises en prison en vertu d'un tel warrant, pour y attendre leur jugement, ont été enfin remises en liberté, attendu qu'on no pouvait prouver qu'il y avait eu contrat, ou parce que personne ne se présentait pour soutenir la plainte. Quelques autres ont été condamnées à perdre leurs salaires.

31.

, juge salarié.

d une lettre de James Kowden, missionnaire wesleyen, à Ch. Darling, etc. — Bonne conduite des noirs.

EXTRAIT

Bail), 3 juin , 1839. Liste des lettres jointes aux déclarations de M. J. W. Grant.

1. De l'honorable J. L. Davy, custos. 2. De Thomas Bygrave, juge de paix. 3. De John Coley, juge de paix. 4. De David Hollingsworth, juge de paix. 5. De John Davy, juge de paix. 6. De J. R. Williamson, juge de paix. 7. Copie de procédures, le 2 février 1839. 8. D'Alexandre Jordan, inspecteur de Cocoa-Walk. 9. Du révérend Stewart, curé salarié, à Manchester. 10. De E. D. Maxwell, inspecteur de l'Ermitage. 11. Du révérend docteur Stewart, curé salarié, à Manchester. 12. Opinion du grand juge dans l'affaire de Richmond.

30.

ACTES

arbitraires des maîtres envers les cultivateurs. Jackson-and-Bell, 3o avril 1839.

Nous vous demandons humblement la permission de vous signaler les abus et l'oppression qui, nous le disons à regret, et sans vouloir pour cela accuser personne de corruption, s'autorisent de l'acte constitutif de cette île, et s'appuient précisément sur l'article 4 de cet acte. Ledit article porte en substance que « tout serviteur, ouvrier, artisan, homme de peine, cultivateur, commis, domestique attaché, soit à la personne , soit à la maison, qui manquera à l'engagement par lui contracté envers ses maîtres, par écrit ou verbalement, soit en se conduisant mal, soit en s'absentant, soit en négligeant do remplir exactement ses devoirs, pourra, sur la dénonciation qui en sera faite par son maître ou sa maîtresse, leur intendant ou représentant, et après serment préalablement prêté, être appréhendé au corps par ordre du juge de paix, lequel, après avoir interrogé les parties et s'être assuré de la réalité de la plainte, devra rendre une sentence qui condamnera le délinquant a être renfermé, pendant un espace de temps qui n excédera pas trois mois, dans une maison de correction, ou il sera occupe a de rudes travaux; le délinquant pourra être condamné aussi à la perle de tout ou partie de son salaire, » Votre Excellence peut remarquer, par conséquent, que le juge

En réponse à la demande de Votre Excellence, je lui fais connaître que, dans le district de Plantain-Garden-River, j'ai, sous ma direction immédiate, près de 3,ooo cultivateurs. Je suis heureux d affirmer a Votre Excellence que le libertinage et la licence n'augmentent point parmi les jeunes nègres. Pour preuve de cette assertion, je citerai la tendance dominante des nègres à contracter mariage. Depuis le 1er août 1838, nous n avons pas compté moins de 1 ) o mariages parmi les membres de notre société. Je pense, dès lors, que les renseignements donnes par M. Cooke sont tout à fait erronés, Je ne suis pas en position d'affirmer jusqu'à quel point l'avis donne par Son Excellence aux femmes nègres, de ne point travailler dans les champs, a produit son effet, mais j'ai appris que peu de femmes en avaient profité. Signe James

KOWDEN

, missionnaire wesleyen.

32.

EXTRAIT d' une lettre de Th. F. Abbot, missionnaire baptiste, au très-noble marquis de Normanby, secrétaire d'État pour les colonies.— Accusa/ions portées par la. presse contre les noirs émancipés.

Sainte-Anne, 11 juin 1839 Le sentiment de Injustice me porte à m'adresser à vous en faveur de la classe des cultivateurs de cette colonie, si profondément blessée dans ses intérêts, et surtout de cette partie de la population agricole dont je suis le pasteur. Je prie instamment votre seigneurie d'accorder son attention à mes courtes observations : je ne les lui soumets qu'après les avoir soigneusement méditées. Mon honneur et ma dignité de ministre de l'Évangile, que je n'hésite pas à engager ici, vous en sont un sûr garant. Depuis l'abolition de l'esclavage, la presse de cette île n'a pas cessé un instant d'entretenir le public des exigences folles de la population laborieuse, de la partialité du gouverneur sir Lionel Smith, de la mauvaise dispensation de la justice par les magistrats spéciaux, et. de l'intervention déplacée des missionnaires baptistes entre les maîtres et les serviteurs. D'autre part, la presse a émis des réfutations de ces articles, des accusations de mauvaise administration portées contre plusieurs représentants des propriétaires absents et autres agents chargés de la surveillance des propriétés, et enfin des exemples avérés de cruautés inouïes auxquelles ils se seraient portés.


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. X. DISPOSITIONS RÉCIPROQUES, ETC. Au milieu de toutes ces contradictions, il est extrêmement difficile, même pour des personnes complètement désintéressées, qui ne vivent pas sur les lieux, de se former une opinion exacte de l'état véritable des choses. Je puis vous certifier, pour ce qui regarde les congrégations de la partie de la population confiée à mes soins, et qui s'élève à plus de 3,000 personnes, que, non-seulement elles sont loin de supposer qu'elles puissent avoir droit à la propriété des maisons et des terres qu'elles occupaient sous le régime de l'esclavage, mais que même elles n'attendent d'Angleterre aucune espèce de loi à ce sujet. Depuis l'abolition du système d'apprentissage , j'ai visité différentes parties de l'île ; je me suis mis en rapport avec environ 10,000 apprentis; je les ai questionnés sur leurs droits, leurs privilèges, et leurs devoirs en tant qu'hommes libres ; j'ai recueilli de leur bouche la libre et sincère manifestation de leurs sentiments, et je n'hésite pas à vous déclarer que les accusations que l'on a fait peser sur celte partie de la population, prise collectivement, n'ont pas le moindre fondement. J'admets volontiers que l'attachement des cultivateurs pour le lieu de leur naissance, pour la sépulture de leurs ancêtres ou de leurs enfants, est si fort qu'ils sont disposés à faire les plus grands sacrifices pour ne point s'en éloigner (et plus d'un gérant de propriété n'a pas craint de tirer un vil profit de ce noble sentiment); je conviens même que j'ai rencontré des cultivateurs qui ont refusé de payer la renie qui leur était demandée, quand celte rente était exagérée; d'autres, qui ont refusé de travailler aux conditions qu'on leur proposait, lorsque ces conditions leur ont paru injustes; et enfin quelques-uns qui s'obstinaient à ne vouloir à aucun prix travailler pour les maîtres qui, sous le règne de l'esclavage, ne s'étaient signalés que par leur cruauté. Vous, Milord, vous n'avez pas besoin qu'on vous fasse remarquer qu'il n'y a là rien qui ne se retrouve dans les pays de liberté, et vous serez peu disposé, j'en suis sûr, à blâmer ces hommes, récemment appelés au bienfait de la liberté, d'avoir eu la hardiesse de défendre leurs droits. Mais, tout en faisant ces concessions, je dois protester solennellement d'une vérité, c'est que je n'ai pas trouvé une seule personne qui ne fût disposée à payer de légitimes loyers pour les maisons et les terres, ou à travailler, moyennant une rémunération équitable pour ceux d'entre les propriétaires qui traiteraient les cultivateurs avec les égards que l'on doit à toute créa-

515

aussi peu épargnés par ceux qui ont intérêt à tenir les propriétaires absents dans l'ignorance du véritable état des choses, tandis que les missionnaires des autres sociétés, à peu d'exceptions près, sont l' objet de leur prédilection et de leurs éloges, je répondrai que cela lient d'abord au fait que la population des travailleurs suit [dus volontiers les instructions et prédications des missionnaires baplistes que de tous les autres ordres; et, en second lieu, à ce que les ennemis de la vérité et de la justice s'attaquent de préférence aux missionnaires d'une certaine communion, dans le vain espoir de les immoler à leur rage et à leur vengeance, en supposant toutefois que ce but soit plus facile à atteindre que s'ils avaient affaire à tout le clergé. Je dirai enfin que cela tient aussi à ce que certains ministres, enivrés par les éloges des oppresseurs, n'ont pas craint de se ménager une honteuse popularité auprès des riches et des puissants, en leur sacrifiant les intérêts et le bonheur de la classe la plus pauvre et la plus délaissée. Signé Th. F. ABBOT , missionnaire baptiste.

33.

d'une lettre de W. T. Woodcock, ministre salarié, au capitaine Darling, secrétaire du Gouvernement.

EXTRAIT

Rural-Hill, si juin 1839. Après tout, je crois que le docteur Cooke parle sous l'influence d'une erreur, lorsqu'il affirme, sans restriction, que les jeunes femmes ne veulent point travailler dans les plantations; et particulièrement lorsqu'il attribue l'augmentation du libertinage et de la licence à l'avis donné aux femmes par Son Excellence le gouverneur. Si, au lieu de s'efforcer de déverser le blâme sur Son Excellence, il avait établi que l'augmentation de la licence et de l'insubordination chez la population agricole devait être attribuée aux exemples d'immoralité donnés par nous-mêmes , à notre long refus d'accorder aux nègres, l'instruction morale et religieuse ; à notre opposition violente contre les membres du clergé qui prenaient intérêt au bien-être de la population noire ; à la triste multiplication des débits de liqueurs spiritueuses dans les villes et dans les ports de mer, et, en beaucoup de circonstances , à notre conduite impérieuse, oppressive et inconciliante, j'aurais alors consciencieusement souscrit à ses opinions. Signé

W. T. WOODCOCK

, ministre salarié.

ture humaine. Qu'il y ait, parmi ces hommes nouvellement émancipés, des paresseux, des vauriens, des membres indignes de la société, c'est ce que je ne prétends pas nier. Mais ce qui est malheureusement aussi évident pour moi, c'est qu'il se trouve au moins autant de gens de cette espèce, toute proportion gardée, dans les autres classes de la communauté, sans avoir les mêmes motifs d'excuse à alléguer pour leurs vices et leurs crimes. Votre sei. gneurie conviendra que ce que je viens de dire pour les cultivateurs elles ouvriers pourrait aussi bien s'appliquer à la classe privilégiée de l'aristocratique Angleterre .. .En finissant, j'ai une remarque à faire sur les missionnaires baptistes, qu'on accuse de s'être mal à propos mêlés des différends survenus entre les maîtres et leurs serviteurs. Les missionnaires baptistes, autant que je sache, toutes les fois qu'ils sont intervenus dans ces démêlés, ne l'ont fait qu'avec répugnance et sur les instances des parties intéressées. On ne peut nier, en effet, que les propriétaires, les inspecteurs, les hommes de loi n aient souvent prié les missionnaires d'intervenir, ainsi qu'ils peuvent le prouver par les demandes écrites qu'ils conservent en leur possession ; do même aussi qu'on est forcé de reconnaître que, grâce à leur intervention conciliatrice, des différends élevés se sont arrangés à l'amiable, et, de sages mesures ont été prises pour l'avenir. Si on me demande pourquoi les missionnaires baplistes sont II.

34.

d'une lettre de Benjamin Franklin au capitaine Darling. -— Etat moral des noirs.

EXTRAIT

Mount-Bay, 26 juin 1839. Les mariages parmi les individus jeunes ou d'un âge moyen sont plus nombreux qu'ils ne l'étaient avant le 1 août 1838. Depuis cette époque, à Morant-Bay, beaucoup de jeunes gens dont la manière de vivre était diamétralement opposée aux priner

cipes de la morale et de la religion, ont rompu avec leur inconduite flagrante, et se sont ralliés aux enseignements d'instruction religieuse donnés par le docteur et par moi-même. Je n'ai point remarqué d'accroissement, et encore moins d'accroissement journalier, de libertinage et de licence parmi les jeunes nègres. Autant que je puis être informé, je n'ai aucune raison de penser le contraire. J'ai espéré et j espère encore, en me soumettant toutefois à l'opinion du docteur, que la population fait généralement des progrès en bonnes mœurs et en habitudes de civilisation. Je crois que beaucoup de jeunes femmes ont quitté les habita lions avec l'intention d'obtenir du travail en ville; mais je no puis affirmer qu'elles soient parties par suite d'un sentiment de discrédit attaché au travail agricole. Je ne crois pas non plus que

33.


516

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

ce départ résulte de l'avis donné par Son Excellence aux femmes nègres. Je suis disposé à croire que leur atlachement pour les villes et les connaissances personnelles qu'elles y ont les aurait poussées à agir comme elles l'ont fait, lors même que le gouverneur n'aurait pas dit un mot sur le travail. Enfin, quoique ces opinions consciencieuses ne soient point d'accord avec celles du docteur, je dois cependant faire observer, en toute équité, qu'il m'a pourvu, avec promptitude et bienveillance, d'une chaire, à l'habitation des Montagnes-Bleues, afin de prêcher l'Evangile là où le libertinage et la licence diminuent, et où la cause de la morale et de la religion est en progrès. Signé

35.

EXTRAIT

B

enjamin

FRANKLIN.

d'une lettre de John Kingdon, ministre bapliste, au capitaine Darling. Bell-Castle, ( Manchioneal), 27 juin 1839.

Sur une seule habitation, Happy - Groove, j'ai su libertinage que le avait depuis peu augmenté ; mais il faut remarquer que celte habitation est la plus peuplée de toutes celles du district. Les négresses qui composent l'association maternelle, formée par mistress Kingdon, et qui se réunissent une fois par semaine pour recevoir des instructions sur la meilleure manière d'élever leurs enfants, se plaignent beaucoup de l'influence du travail agricole sur le moral de leurs filles; de sorte que, s'il y a réellement augmentation de libertinage précoce, on doit, en toute vérité, l'attribuer aux conversations et à la conduite indécente tenues aux champs. Il résulte de cet état de choses qu'il eût été à désirer que les femmes persistassent dans l'erreur où elles étaient sur les expressions de l'avis donné par Son Excellence, et auquel le docteur Cooke fait allusion Je ne crois cependant pas que l'immoralité soit plus générale que par le passé. Les cultivateurs, au contraire, recherchent le mariage comme un état bien supérieur au concubinage. Toutes les fois que les rentes à payer ne forcent pas les parents à envoyer leurs enfants aux champs, afin de gagner une partie du salaire nécessaire à l'acquittement des charges, ces parents les envoient à l'école. Je suis convaincu que le bonheur domestique et le comfort font de grands progrès. Les chapelles et les églises sont plus suivies que jamais, à l'exception cependant de celles où le service est fait par des personnes d'une conduite déréglée. Signé John

36.

EXTRAIT

KINGDON ,

ministre baptiste.

d'une lettre de J. H. Cooke, recteur de Saint-Thomasdans-l'Est, Brooklands ( Morant-Bay ), 28 juin 1839.

Les femmes crurent certainement, pendant plusieurs mois, que Son Excellence leur avait conseillé de ne point se livrer au travail des champs. Beaucoup d'autres crurent aussi que la loi les exemptait de ce genre de travail. Celte erreur continue à régner et se propage d'elle-même. Je déclare avec peine que, depuis l'abolition de l'apprentissage, les jeunes gens des deux sexes ont mis de côté toute considération pour l'autorité de leurs parents. Ils agissent dans une direction contraire à la volonté de ces derniers, et les menacent même de les mener devant les magistrats, lorsqu'ils sont par eux menacés de punitions. Effrayés de ces conséquences, les parents s'abstiennent d'un contrôle et dune discipline salutaires, si nécessaires à l'éducation et au bien-être de l' enfance. Dans mes conversations avec les principaux des habitations, celte absence de contrôle sur l'en-

fance a souvent formé un grave sujet de plaintes. Un très-petit nombre d'enfants assistent leurs parents dans les travaux agricoles : ils se rendent continuellement dans les villes, où ils s abandonnent à une existence de paresse et de vagabondage. Je crois qu'il n'existe pas, dans les habitations, autant de décence que par le passé; et je pense, avec le curé de l'île, que si une amélioration a pu se manifester de ce côté, le vice s'est évidemment accru dans les villes et dans les ports de mer. En réponse à la lettre que, d'après le désir de Son Excellence, je lui avais à ce sujet adressée, M. Wharton m'écrit: « Je crois pouvoir émettre mon opinion, et dire que la mo« ralité de la population agricole va en augmentant ; mais que «le vice suit une progression semblable dans les villes, et « principalement dans les ports de mer. » Cependant, comme, en ma qualité d'ecclésiastique, je puis être peu versé dans celte statistique, je me suis livré à d'actives informations, et, trouvant que les opinions étaient très-partagées, j'ai pensé que la conséquence la plus rapprochée de la vérité était celle-ci : que peu de changement, en bien comme en mal, s'est opéré dans les mœurs. Signé J.

II. COOKE,

37.

EXTRAIT

recteur de Saint-Thomas-dans-l'Est.

d'une lettre de

M.

Grant. 6 août 1840.

La chapelle de Saint-Georges, à Mill-Gulley, et l' église et la chapelle des missionnaires de Londres, à Mandeville, ne peuvent contenir la foule assemblée pour entendre le service divin. Dans beaucoup de propriétés, les cultivateurs restèrent au travail jusqu'au 31 juillet. Je fais mention de ce fait, ainsi que de celui de leur retour au travail mardi dernier, parce qu'on a dénaturé publiquement la conduite des cultivateurs, et que l'on a fait courir les bruits les plus faux et les plus perfides sur leurs intentions.

38.

EXTRAIT

d'une lettre de M. Mac-Leod. 7 août 1840.

Je suis heureux de n'avoir à faire que de bons rapports sur la conduite des nègres en général. Son Excellence le gouverneur sait déjà que, dans le mois de juin , la prison et la maison de correction sont restées les portes ouvertes pendant huit jours consécutifs. Je suis heureux aussi d'ajouter qu'il n'y a pas aujourd'hui un seul prisonnier dans la maison de correction, et que la prison ne contient que trois personnes, lesquelles ne sont pas des condamnés, mais des prévenus. Après avoir ainsi parlé des nègres, il est juste de déclarer que la conduite générale des planteurs de ce district est également excellente.

C.

DÉPART

de sir Lionel Smith de la Jamaïque. —Adresse

des missionnaires haptistes. — Affaire des menaces d'assassinat. 1.

ADRESSE

à Son Excellence sir Lionel Smith, gouverneur de l'île de la Jamaïque.

Nous, ministres de l'Union occidentale des haptistes, pour nous et pour les églises et les congrégations auxquelles nous présidons, nous demandons à nous approcher de Votre Excellence afin de lui exprimer le profond et sincère regret que nous ressentons de la voir quitter le gouvernement de cette île ; événement


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. X. DISPOSITIONS RÉCIPROQUES, ETC. que nous ne pouvons que déplorer comme contraire à la prospérité de la colonie cl comme mettant en danger le bien-être de ceux que vous avez couverts de l'égide de votre protection. Nous demandons la permission d'assurer Voire Excellence qu'en vous offrant nos sincères remercîmenls pour les nombreux bienfaits qui résultent de votre administration, nous sommes poussés seulement par la conviction sincère que vous avez justement droit, non-seulement à la reconnaissance, mais aux prières ferventes de ceux que vous avez défendus chaque fois qu'ils oui

été d'être déterminés à protéger leurs semblables dans la jouissance de cette liberté, qui a été achetée pour eux par les efforts des habitants de la Grande-Bretagne. En terminant, nous assurons Votre Excellence qu'en quittant notre pays vous emporterez avec vous nos prières sincères pour votre bonheur présent et éternel, pour que vous arriviez en sûreté dans le sein de votre famille, et pour que vous soyez longtemps conservé, afin de faire le bonheur de ceux parmi lesquels il plaira à la Providence divine de vous placer.

été injustement accusés.. Maintenant que Votre Excellence est sur le point de nous quitter, nous pouvons, sans nous exposer à l'imputation de flatterie, dans l'intention d'obtenir votre faveur, exprimer sans crainte, et d'une manière non équivoque, notre admiration pour la sagesse et l'équité qui ont caractérisé votre administration. Le tact admirable qu'a déployé Votre Excellence lorsqu'il s'est agi de mettre lin au système d'apprentissage, et en maintenant la paix de la colonie pendant une époque d'excitation extraordinaire, sans l'aide d'un corps de police, doit exciter dans l'esprit de tout sujet loyal des sentiments d'admiration et de reconnaissance. Celle conduite nous portera toujours à associer le nom de sir Lionel Smith avec celui de la liberté cl du bonheur du peuple. Ce n'est point pour nous assurer aucun ascendant politique que nous avons employé notre influence dans l'extension des droits civils et religieux de nos compatriotes émancipés ; mais d'après la ferme conviction que, agir autrement, ce serait sacrifier les nobles principes du christianisme à des convenances politiques, et acheter ainsi honteusement, les applaudissements d'une faction opposée au bonheur de l'homme. Nous avons la conviction, nonobstant les clameurs insensées par lesquelles nous avons été assaillis, que, dans nos efforts poulie bien public, Voire Excellence a dù reconnaître un désir ardent d'employer notre influence pour maintenir la dignité de la Couronne britannique et soutenir la majesté de la loi. A toute époque, nous aurions regretté Ja perte qu'éprouvera la colonie en général et nous en particulier, en perdant. Votre Excellence; mais nous la ressentons plus particulièrement en ce moment, bien convaincus que nous sommes sans aucune défense, sans la moindre protection de la loi, cette partie de la société ou l'on choisit les jurés étant composée en général de nos ennemis implacables. Pour assouvir leurs sentiments de haine contre nous, plusieurs d'entre eux ont violé le lien solennel du serment. Nous supplions donc Votre Excellence, à son arrivée en Angleterre, de se servir de l'influence qu'elle exerce pour nous assurer cette protection à laquelle nous avons droit , et pour obtenir la révocation de ces lois cruelles et oppressives qui existent encore dans les statuts de la Jamaïque. Votre Excellence peut regarder notre conduite passée comme le modèle de notre conduite à l'avenir, et nous désirons vous assurer que, par une obéissance continuelle aux lois, jointe à une ferme détermination de nous servir de tous les moyens constitutionnels pour obtenir une justice égale et impartiale, nous essayerons de mener à bien l'application de ces fermes principes de liberté que Votre Excellence a si noblement maintenus pendant, sa ; lorieuse administration. Nous reconnaissons unanimement que nous perdons en Votre Excellence un ami qui nous a défendus sans intrigue de notre part, et sans aucun désir de la sienne d'obtenir nos applaudissements. Voire Excellence, nous le pensons, a dû être convaincue que nous faisions nos efforts pour le bie n-être temporel cl éternel de nos semblables, et que nous ne devions pas être sacrifiés à une faction, soit à cause de nos vues particulières sur la vérité divine, soit parce que nous prenions le parti des opprimés. Nous devons donc offrir nos remercîmenls à Votre Excellence de ce qu elle ait bien voulu partager les reproches que l'on nous a laits, et protéger la réputation d'hommes dont le seul crime a II.

517

2.

RÉPONSE À

l'adresse des baptistes. King's-House , 28 août 1839.

Mes révérends amis, Je reçois celle adresse avec des sensations mêlées de joie et de douleur. Je vous entends avec plaisir attester que sous mon administration vous avez été protégés dans vos devoirs envers vos coreligionnaires, quoique j'aie toujours regretté, que même tous mes moyens d'encouragement n'aient pu être autre chose qu'une juste défense de vos travaux vraiment irréprochables. D'autre part, je snis peiné d'apprendre que vous a- ez des craintes que, par suite de mon départ de ce Gouvernement, vos efforts pour le soutien des droits moraux et civils de votre société puissent jamais manquer d'obtenir le soutien de ceux qui exerceront le pouvoir de toute portion de la société dont l'esprit n'aura pas été souillé par l'amour de l'esclavage. En acceptant le Gouvernement de cette colonie, j'ai fortement exprimé la confiance que j'avais clans le corps des missionnaires, dans leur haute intégrité et dans leurs principes loyaux. Vous avez plus que réalisé Ions les bienfaits que j'attendais de votre ministère, en élevant les nègres de la dégradation de l'esclavage aux nobles devoirs du christianisme. C'est de vous qu'ils ont appris à endurer les persécutions avec patience. Les ennemis de voire religion n'ont jamais osé essayer de prouver leurs accusations audacieuses contre vous, même avec l'aide d'une presse vicieuse et salariée à la fois en Angleterre et à la Jamaïque, et même, comme on peut le présumer, lorsqu'ils avaient lieu d'espérer beaucoup d'indulgence de la part des jurés de la Jamaïque. Messieurs, la première année de liberté générale vient de s'écouler. Que sont devenues les prévisions de ses ennemis? Où sont les vagabonds ? les squatters? où sont les attaques contre les propriétés ou contre les personnes des blancs ? Sur les 3oo,ooo esclaves opprimés que l'on a émancipés en un jour, il n'y a pas un seul individu qui ail commis un seul de cas crimes si redoutés. La conduite admirable des laboureurs dans ce moment critique a été le sujet d'un grand triomphe pour la religion; et ceux qui ont contribué à les éclairer dans leurs devoirs moraux, à travers les persécutions, les insultes et les dangers, ont mérité les égards et l'estime de tous les hommes justes dans tous les pays chrétiens. Les habitants de l'Angleterre ont le droit de demander et insisteront toujours pour obtenir que la liberté des esclaves, qu'ils ont rachetée à un prix élevé, leur soit parfaitement assurée, et il reste encore beaucoup à faire pour eux. Vous pouvez cependant être sûrs que le pouvoir qui a accompli un acte national aussi glorieux que la destruction de l'esclavage dans toutes ses branches, détruira enfin les petites tyrannies dont les travailleurs ont encore à souffrir. Il s'opère vraiment un grand changement, par lequel des hommes sans préjugés commencent à remplir les fonctions de directeurs de plantations; il ne se passera pas beaucoup de temps avant que les propriétaires absents ne reviennent de leur pré-

33.


518 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

sente erreur et ne découvrent que le salut de leurs plantations doit dépendre de l'emploi d'agents qui ne déroberont point aux laboureurs le produit de leur travail, et qui ne leur demanderont pas des loyers exorbitants. Des hommes qui sont encore émus de la possession toute nouvelle de la liberté ne peuvent volontiers travailler sous un pareil traitement. Quant à moi, messieurs, je vous remercie de tout le regret

fournir à l'avocat de la Couronne toutes les informations qu'il peut posséder, et qui pourront être utiles pour découvrir et punir ces malfaiteurs. Résolu. —Que ces résolutions seront insérées pendant un mois dans chacun des journaux de cette colonie.

que vous exprimez de mon départ de ce Gouvernement. Je suis cependant resté ici plus longtemps que ne le comportaient mes devoirs envers ma famille. Ni les accusations violentes de la chaire, ni celles de la presse, unies à des menaces souvent répétées d'assassinat, ne m'ont empêché de faire mon devoir envers la population émancipée. J'ai été plus que récompensé en

D'après une résolution adoptée par les honorables commis saires des comptes publics, dans une assemblée tenue aujourd'hui , la récompense ci-dessus nommée est offerte et sera payée à toute personne qui découvrira l'auteur ou les auteurs des menaces d'assassinat dont parle Son Excellence sir Lionel Smith baronnet, dans sa réponse (du 28 août 1838) à une adresse qui

voyant le bonheur paisible avec lequel ils jouissent de leur liberté. Je pardonne du fond de mon cœur aux hommes violents qui, regrettant la perte de leur pouvoir, ont fait un crime au Gouvernement d'avoir opéré ces changements ordonnés par la Providence, pour assurer le bonheur du plus grand nombre, tout en contrariant les intérêts de quelques égoïstes.

lui a été faite par l'Union occidentale des baptistes.

Je vous supplie aussi de pardonner à vos assuré que vous continuerez à vous servir pour encourager l'industrie des laboureurs. lerez combien le travail est nécessaire dans

ennemis, et je suis de votre influence Vous vous rappeltous les pays pour

empêcher le crime, et combien l'extension de la liberté universelle doit dépendre du résultat du travail. Messieurs, je prends congé de vous avec les sentiments delà plus parfaite considération. Signé Lionel

SMITH.

Aux ministres de l'Union occidentale des baptistes.

Signé Samuel

, secrétaire.

MURPHY

4. COPIE d'une dépêche du gouverneur sir Lionel Smith au marquis de Normanby. — Illégalité de la résolution prise par ht cour des comptes. Kings'-House, 13 septembre 1839. 'ai l'honneur de vous envoyer la copie de certaines résolutions récemment adoptées par les commissaires des comptes, en conséquence d'un passage contenu dans ma réponse à une J

adresse des missionnaires de l'Union occidentale des baptistes, dont j'ai aussi l'honneur de vous envoyer des copies. Les documents ci-joints, 3 et A, étant des copies de deux avis du Gouvernement, feront connaître à Votre Seigneurie les actes des commissaires des comptes, et les démarches que j'ai adop-

3.

EXTRAIT

des minutes de la cour des comptes, du 6 septembre

1839. Résolu. — Que cette commission a appris avec le plus grand étonnement et avec bien du regret, par la déclaration faite par Son Excellence sir Lionel Smith, le gouverneur, dans sa réponse à l'adresse de l'Union occidentale des baptistes, qu'il avait souvent été menacé d'assassinat, ces menaces ayant eu lieu , à ce qu'il paraîtrait, dans l'intention de l'empêcher de faire son devoir envers la population émancipée. Résolu. — A aucune époque de l'histoire de cette île, et même dans les temps les plus difficiles, on n'a jamais soupçonné ses habitants d'avoir entretenu des sentiments aussi criminels envers leur gouverneur, que ceux qui leur sont maintenant attribués, pour la première fois, par Son Excellence le gouverneur, à la veille de son départ de cette colonie. Résolu.—Que celle commission , en particulier, et les habitants de la Jamaïque qu'elle représente, nient d'une manière solennelle toute connaissance des menaces dont a parlé Son Excellence le gouverneur, et qu'elle croit nécessaire d'exprimer, de la manière la plus solennelle et la moins équivoque , la condamnation de la conduite de toute personne qui aurait pu recourir aux menaces en question. Résolu.—Qu'il convient pour l'honneur des habitants de celte île que les autorités se servent d tous les moyens possibles pour découvrir et amener en justice les personnes qui pourront avoir agi d'une manière aussi illégale et aussi malséante, et que l'on donnera ordre à l'avocat de la Couronne de l'aire les démarches nécessaires à cet effet. Résolu. — Qu'il sera inséré une annonce, dans chacun des journaux de l' île , ollrant une récompense de trois mille piastres à quiconque fera connaître l'auteur ou les auteurs des menaces diaboliques dont a parlé le gouverneur. Résolu —Que le secrétaire fera passer une copie de ces résolutions à Son Excellence le gouverneur, et qu'il sera prié de

tées eu conséquence. Ayant ainsi rendu publique l'illégalité de la conduite tenue par ce corps, et ayant, en môme temps, fait passer au receveur général une copie de l'opinion de l'avocat général, pour sa gouverne, j'avais espéré qu'il n'y aurait pas besoin d'autre intervention de la part du pouvoir exécutif. Cependant , le jour même que l'avis du Gouvernement du 9 septembre futl publié, et après une discussion qui paraît avoir eu lieu, en parfaite connaissance de cause, de la part des personnes qui étaient présentes, il fut tenu, dans la paroisse de Saint-Andrew, une réunion publique présidée par le custos, M. Joseph Gordon , où l'on a pris les résolutions dont j ai l'honneur de vous faire parvenir une copie. Je désire appeler l'attention de Votre Seigneurie sur la secondé résolution, dans laquelle Votre Seigneurie s'apercevra que le gouverneur est accusé d'avoir prononcé une grossière calomnie sur le peuple de la colonie on général, et sur le corps des agriculteurs en particulier; et j'ose expximer l'espoir que Votre Seigneurie sera de la même opinion que moi, qu'il est impossible de permettre à M. Gordon , en raison du respect dû au représentant de la Reine, de continuer à exercer les charges honorables et de confiance qu'il exerce dans cette colonie sous l'autorité de la Couronne. Je lui ai donc formellement demandé de me faire savoir s'il a, en effet, présidé l'assemblée tandis qu'une résolution aussi insultante a été prise ; cl s'il me répond affirmativement, ce dont je n'ai aucun doute, mon intention est île le suspendre de ses fonctions de custos de la paroisse de SaintAndrew et de maréchal des logis en chef de la milice. J'aurais hésité à lui retirer ce dernier emploi, ayant, je l'avoue franchement, une grande répugnance à punir une offense politique par la perte d'une charge militaire ; mais les principes que le Gouvernement de Sa Majesté considère devoir appliquer dans des cas île cette nature sont si clairement définis dans la dépêche que j'ai reçue de lord Glenelg, au 1er juillet 1887 (il 116), que je sens qu'il ne me reste pas d'autre alternative que celle de ne faire aucune attention à la conduite de M. Gordon , ou de le 0


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. X. DISPOSITIONS RÉCIPROQUES, ETC. renvoyer de tous les emplois, civils et militaires, qu'il tient du Gouvernement. J'aurai beaucoup de regret si l'agitation soulevée par la conduite illégalement suivie par les commissaires des comptes, à l'égard des expressions que j'ai employées dans ma réponse à l'adresse des baptistes, augmente les difficultés contre lesquelles mon successeur devra lutter au commencement de son administration. Mais je dois déclarer à votre seigneurie que j'ai employé ces expressions de propos délibéré, et dans l'intention de faire connaître au peuple de la métropole et de celle colonie l'esprit violent et invétéré qui anime la faction à laquelle je viens de faire allusion. Cette violence, je le crois fermement, s'étend sur tous ceux qui, mus par leurs propres principes, ou désirant remplir leur devoir envers le Gouvernement, ont pris une part active dans l'accomplissement et dans la direction de la récente et heureuse transition de l'esclavage à la liberté. Signé Lionel

5.

SMITH.

à'une dépêche de l'honorable sir C. T. Metcalfe, bar au marquis de Normamby. — Détails sur le départ de sir Lionel Smith. et

COPIE

Kings'-House, 1er octobre 1839.

519

seaux de Sa Majesté à cette station, le priant de fournir un vaisseau pour conduire sir Lionel Smith à New-York. J'espère que l'on approuvera cette démarche, comme marque de respect envers sir Lionel, dans les circonstances présentes. J'ai été reçu à mon arrivée, par sir Lionel Smith, de la manière la plus amicale, et j'ai constamment été en rapport avec, lui depuis. Il s'est embarqué ce malin à bord du bâtiment de Sa Majesté le Serpent. Il a été suivi h Port-Henderson , l'endroit où il s'est embarqué, et le long de la route qui y conduit, par une grande foule de nègres émancipés, qui s'étaient assemblés pour témoigner leur respect envers le gouverneur sous l'administration duquel ils avaient reçu la liberté, et qui s'était constamment dévoué à leur protection. On m'a dit que la conduite des noirs a été des plus touchantes, et qu'ils montraient la plus grande affliction du départ de leur ami et bienfaiteur. Outre l'attachement et l'enthousiasme de cette partie de la population, sir Lionel emporte avec lui, d'après ce que j'ai pu voir jusqu'à présent, le respect de toutes les personnes dénuées de préjugés, et qui connaissent les graves difficultés contre lesquelles il a dû lutter. Quoique une nombreuse classe de personnes, qui croient avoir été lésées dans leurs intérêts par les mesures qu'il a prises, soient fort irritées contre lui, je ne doute pas qu'il ne vienne un temps où elles reviendront à de meilleurs sentiments envers lui, et où l'on se rappellera son gouvernement avec le respect universel dû à sa conduite honorable, juste, courageuse et ferme.

J'ai l'honneur de vous envoyer copie d'une lettre qui a été adressée par moi au commodore Douglas, commandant les vais-

Signé C. T. METCALFE.

N° 113. § II. HONDURAS. L

RAPPORT

du magistrat spécial.. — État moral des noirs. Belize (Honduras), 17 juin 1835.

J'ai l'honneur de vous transmettre la relation d'une tournée que j'ai faite sur les bords de la rivière de Belize. Conformément à vos instructions, j'ai parcouru tous les établissements d'acajou et autres où l'on emploie des apprentis. Pendant ma tournée, qui a duré près de trois semaines, je n'ai reçu qu'une seule plainte, très-légère, sur la conduite d'une femme. Il y a dix-huit ans que je réside dans la colonie; maintes fois j'ai eu occasion de me mêler de la gestion d'établissements, mais jamais je n'ai vu plus de tranquillité et de bon ordre que dernièrement. Je suis convaincu que lorsque les apprentis ne sont pas à Belize et qu'on peut les empêcher de fréquenter les débits de liqueurs fortes, repaires de tous les fainéants de la ville, ils sont disposés à être polis, industrieux et contents. Les maîtres et les apprentis s'efforcent, autant que possible de se rendre agréables les uns aux autres. Les travaux se font à la satisfaction de tout le monde. J'ai visité les établissements de MM. Gentle et Anderson à Roaring-Creek. J'y ai vu plusieurs des individus qui se sont montrés si turbulents en votre présence pendant le rassemblement qui s'est formé aux alentours de l'hôtel du Gouvernementaux fêles de Noël de l' année dernière. Ces individus se sont bien conduits depuis. Leurs maîtres m ont même assuré que jamais ils n'ont mieux travaillé. Les travailleurs ont déclaré qu'ils n'avaient eu qu'à se louer des bons traitements de leurs maîtres pendant les travaux pénibles de la coupe d acajou, et les maîtres, de leur côté, m'ont assuré

11

qu'ils avaient l'intention de récompenser la bonne conduite de leurs travailleurs. Signé William MASKAL.

2.

COPIE

d'une dépêche du colonel Cockburn au très-honorable

lord Glenelg, transmettant le rapport gai précède. Honduras, hôtel du Gouvernement, 1er juillet 1835.

J éprouve une bien vive satisfaction en vous transmettant, cijoint, une lettre que j'ai reçue de M. William Maskal, magistrat spécial de la colonie. J'y joins la relation d'une tournée d'inspection qu'il a faite le long de la rivière de Belize. Indépendamment des renseignements que m'a donnés M. Maskal, il m'est parvenu des rapports de tous les districts de la colonie. Je puis vous assurer que loin de recevoir des plaintes, de la part des maîtres, je reçois d'eux-mêmes l'assurance qu'ils Sont contents du travail de leurs apprentis; et, d'un autre côté, ceux-ci sont reconnaissants des bons traitemenls de leurs maîtres. Jamais le travail n'a été mieux fait; jamais il n'y a eu plus de gaieté de cœur chez les travailleurs : tout le monde est content et je peux dire que, dans cette colonie du moins, l'émancipation a réussi au delà de ce que ses plus zélés partisans pouvaient en attendre. Signé Francis

, président.

COCKBURN

33...


520

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES.—PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. N° 114. § III. LA TRINITÉ.

1.

d'une dépêche du lieutenant (gouverneur sir George F. Hill, bar", à M. Spring-Rice, secrétaire d'État. — COPIE

quelle vous avez bien voulu nous élever, et de devenir des sujets très-soumis de sa majesté la Reine.

La tranguillité règne, et en général le travail est terminé à midi. Les apprentis emploient le reste de leurs journées

Pour nous et au nom de la société, Signé Louis NICOLAS, Félix

sur les plantations voisines.

PINTO.

Port-d'Espagne (Trinité), 26 août 1834.

J'ai l'honneur et la satisfaction de vous faire savoir que la tranquillité ne cesse de régner dans cette colonie. Quant à la disposition des apprentis, je ne vous cacherai pas que ceux de quelques plantations manifestent de la mauvaise volonté, ou exécutent les travaux lentement et sans soin. J'espère bien fermement que leur conduite ne tardera pas à s'améliorer, et qu'ils feront leur devoir avec leur gaieté de cœur habituelle ; car, sur beaucoup de plantations, les lâches , qui étaient de sept heures et demie, sont souvent achevées avant midi, et ils se louent au dehors pour le temps qui leur reste disponible. On m'a signalé même une plantation dont l'atelier tout entier finissait le travail de bonne heure, puis allait travailler le reste de la journée sur la plantation voisine, où il gagnait même plus que le matin. Cet usage de salarier en espèces le travail supplémentaire des apprentis ne lardera pas à leur prouver que les explications qu'on leur a données à ce sujet étaient exactes, et cette population , qui d'abord a refusé d'y croire, ne tardera pas à s'en prévaloir généralement

2.

A DRESSE

des noirs émancipés à Son Excellence sir George F. Hill, bar", etc., etc. er

La Trinité, 1

août 1838.

Après avoir rendu grâce à Dieu de nous avoir permis, dans sa bonté divine, de devenir aujourd'hui des membres libres de celle communauté, permettez-nous, au nom de la société dite des Wadeloes, qui se composait jusqu'ici en grande partie d'apprentis , de témoigner à Votre Excellence nos remerciements très-sincères de la grâce qui nous est accordée, et que nous attribuons surtout à Votre Excellence, après notre gracieuse souveraine Victoria. Veuillez aussi croire à notre sentiment de reconnaissance pour votre généreuse sollicitude pour nous, qui sera à jamais gravée dans nos cœurs. Nous devons aussi nous féliciter que cette bénédiction nous ait été accordée sous l'administration bienveillante et toute miséricordieuse de Votre Excellence; et nous osons vous assurer que, en souvenir de reconnaissance, nous nous efforcerons, par notre conduite à venir, de nous montrer dignes de la position à la-

3.

ADRESSE

des nouveaux émancipés à Sa très-gracieuse

Majesté Alexandrina-Victoria, reine de la Grande-Bretagne et d'Irlande, etc. Port-d'Espagne (Trinité), 6 août 1838.

Nous, sujets loyaux, nègres affranchis et apprentis émancipés, prions très-humblement Votre Majesté et le Gouvernement et.le peuple de la Grande-Bretagne, dont la divine Providence vous a fait le chef suprême, d'agréer l'expression de notre reconnaissance pour le bienfait inestimable de la liberté dont on a bien voulu nous gratifier. Votre Majesté, souveraine d'un peuple libre, doit toujours avoir eu l'esclavage en horreur; Votre Majesté désire pouvoir compter, non sur la crainte de ses sujets, mais sur la loyauté et l'affection de leurs cœurs. Nous sommes fiers à présent de sentir que nous faisons partie de l'empire de la Grande-Bretagne, et que nous sommes placés sous son étendard sacré. Nous jurons de nous sacrifier avec tout ce que nous possédons à la défense des droits de Votre Majesté toutes les fois que les circonstances l'exigeront. C'est avec un sentiment de reconnaissance et d'orgueil que nous devenons des sujets trèsloyaux de Votre Majesté; mais nous nous sentons enchaînés par un lien plus indissoluble d'affection, lorsque nous réfléchissons que notre jeune et belle reine Victoria a bien voulu descendre jusqu'à accueillir et traiter avec bienveillance des sauvages de l'Afrique. Que Votre Majesté puisse régner encore longtemps sur un peuple libre, reconnaissant, loyal et religieux; que les arts et les sciences, le commerce, les manufactures, l'agriculture, la religion, la morale et l'éducation, continuent encore à s'améliorer, et que, par notre conduite, nous puissions nous montrer dignes de la liberté qui nous a été accordée. Tels sont les vœux que font, dans les humbles prières qu'ils adressent à Dieu toutpuissant les sujets loyaux de Votre Majesté, les uns provenant de la nation moco-africaine, et les autres faisant partie delà société Damas de Port-d'Espagne. Pour 1,207 Mocos répartis dans les divers quartiers, Signé John HARPE. ♦

Pour 120 membres de la société de Damas, de Port-d'Espagne , Signé

F. JOSEPH ,

directeur.


ÉTUDE DE L'EXPERIENCE ANGLAISE. — CHAP. X. DISPOSITIONS RÉCIPROQUES, ETC.

521

N° 115. § IV. SAINT-VINCENT. de désordre et d'insubordination chez les nègres des plantations situées dans le district de Charib et sur les plantations voisines.

1. ESPRIT

d une assemblée de magistrats, tenue sur la plantation Grand-Sable, paroisse Charlotte, à Saint-Vincent, par ordre du gouverneur, à l'effet de procéder à une enquête sur l'esprit de

PROCÈS-VERBAL

désordre et d'insubordination qui s'est manifesté chez les nègres des plantations situées dans le district de Charib et sur les plantations voisines. Saint-Vincent, 2 4 mai 1833. Patrick Crichton, esq. de Zangley Park, George Calquhoun Grant, esq., de l'Adelphi, Rev. Thomas, Alexander Brown, de Grand-Sable.

magistrats siégeants.

James Sutherland, esq., de la plantation de Waterloo, ayant prêté serment, dépose que, à son retour de Kingston, le jeudi, 16 mai, M. Stevenson, administrateur de la plantation de Orange-Hill, vint lui dire que, pendant son absence, les nègres étaient arrivés fort tard au travail ; que le contre-maître lui avait dit aussi la même chose, mais en déclarant qu'il n'en savait pas la cause. M. Sulherland ajoute avoir déclaré aux nègres, dans l'aprèsmidi du vendredi, que, s'ils persistaient à se conduire ainsi, il les punirait. Le lendemain samedi il se rendit aux champs en personne, et, voyant que les nègres persistaient toujours, il en fit enfermer trois ; le surlendemain dimanche, son administrateur lui apprit qu'on avait entendu dire aux nègres que, si leurs trois camarades étaient punis, ils iraient en masse se plaindre au gouverneur. Le lundi les trois nègres furent punis; depuis ce jour tout l'atelier est arrivé au travail à l'heure. M. Stevenson, administrateur de la plantation d'Orange-Hill, ayant prêté serment, confirme la déposition de M. J. Sulherland relativement à ce qui s'était passé en sa présence. Il ajoute que les nègres, quelques jours avant le retour de M. Sulherland , étaient généralement arrivés à peu près une demi-heure avant le lever du soleil, tandis que, comme d'un commun accord, ils n'arrivaient presque jamais avant sept heures moins un quart. — On demanda à M. Stevenson d'où il savait que les nègres auraient déclaré que, si leurs trois camarades étaient punis, ils iraient en masse se plaindre au gouverneur. Le témoin refusa de nommer la personne, dans la crainte, dit-il, qu'elle ne fût maltraitée par les autres nègres. M. A. Mac-Leod, de Turama, plantation voisine de celle d'Orange-Hill, ayant prêté serment, dépose qu'il se rendit à la ville le mardi 14 courant, et que, dans la matinée du 18, il retourna à la campagne, où on lui apprit que, pendant son absence de quatre jours, les nègres n'avaient pas fait plus de travail qu'ils auraient pu ou qu'ils auraient dû en faire en deux jours. lien demanda la raison au contre-maître, qui l'informa que les travailleurs arrivaient très-lard le matin; et que, dans l'après-midi, quoiqu'ils eussent leurs deux heures bien comptées, ils ne revenaient travailler qu'une heure après l'appel, qui se fait à son de trompe. Le témoin se rendit aux champs dans l'après-midi du même jour. Il vit les nègres, contrairement à l'usage, s'attrouper auprès des habitations, puis se rendre en masse au lieu du travail, où ils arrivèrent une demi-heure trop tard. A cause de leur mauvaise conduite, et en raison de cette espèce de coalition, il lit punir quatre des principaux meneurs.

Depuis, personne n'a manqué à l'appel. Un des quatre , nomme Grandison, fut enfermé après avoir subi sa peine. M. Davis, un des contre-maîtres, et Quashie, tonnelier, entendirent celui-ci déclarer que bientôt il leur ferait à eux-mêmes ce qu'on venait de lui faire. — Les magistrats ayant demandé à M. Mac-Leod s'il avait eu connaissance d'une assemblée nocturne qui aurait été tenue par les nègres de diverses plantations, il répondit que ces assemblées se tenaient assez fréquemment, car il lui arrivait souvent de rencontrer, à une heure assez avancée delà nuit, des bandes nombreuses de nègres se dirigeant des autres plantations vers Orange-Hill et Turama. Il ajouta que, depuis vingtsix ans qu'il habitait la contrée, il n'avait jamais été témoin d'autant d'insubordination et de désobéissance que depuis quelques mois. Une fois, entre autres, en rentrant chez lui veTs onze heures du soir, il aperçut environ vingt-cinq nègres rassemblés sur la grande roule, aux limites des plantations de Rabacca et de Waterloo. Il s'avança vers eux au trot de son cheval ; mais ils se dispersèrent aussitôt dans les champs de cannes. A. Cumming, propriétaire du lot 14 et de la plantation de Rabacca, ayant prêté serment, dépose qu'il y a eu un changement manifeste de conduite de la part des nègres de la plantation n° 14, depuis quelques mois. Ils sont arrivés à l'hôpital au nombre de trente à cinquante tous les matins, la plupart sans apparence de maladie ou d'empêchement de se livrer à leurs occupations ordinaires; les uns prétendant avoir travaillé au moulin , les autres aux chaudières la veille, et se trouver fatigués. Un cas analogue s'est présenté il y a deux jours. Le nommé George vint à l'hôpital, prétendant souffrir d'un point de côté, et ajoutant qu'ayant travaillé la veille au fourneau il avait besoin de repos. M. Cumming lui répondit qu'il ne pensait pas qu'il fut très-malade et incapable de travailler, et lui demanda comment il pouvait espérer d'être nourri et vêtu s'il ne voulait pas s'occuper. George répliqua qu'il avait déjà beaucoup travailllé pour son maître; qu'à la vérité il en recevait du poisson salé et des vête ments ; mais que le travail qu'il faisait était suffisant. pour le payer ; que, quant à ses terres à provisions, il les avait sarclées et plantées lui-même, et que par conséquent il croyait que ces (erres lui appartenaient; que, bien que son maître l'eût acheté de son argent, il avait déjà travaillé assez longtemps pour rembourser le montant de ce qu'il lui avait coûté. M. Cumming s'en alla, laissant George à l'Hôpital. Il eut occasion d'y retourner après déjeuner; mais George était parti pour une affaire n'ayant pas de rapport avec la plantation : il était donc capable de reprendre son travail, s'il l'avait bien voulu. M. Cumming dépose, en outre, qu'il eut occasion, il y a quelques semaines, de menacer d'une punition un nègre, nommé Simon, pour sa mauvaise conduite. Ce Simon s'approcha de lui, et, avec un geste menaçant, lui déclara que, s'il était puni, il ferait quelque chose qui mériterait l'échafaud, et non le tread-mill. M. Jennings, le géreur de la plantation Rabacca, ayant prêté serment, dépose que, à la prière de M. Cumming, il se rendit à l'hôpital de la plantation, lot 14. D'après le grand nombre de nègres qui ne cessaient d'y arriver, il vît que, si cela continuait, il serait bientôt impossible de faire exécuter le Iravail de la plantation. Il examina tous ceux qui s'y trouvaient, et vit que la plupart n'étaient pas malades, et n'avaient aucune raison de s'absenter du travail. M. Jennings ajouta que, à Rabacca, où il demeure, les nègres arrivent ordinairement fort tard ; que les femmes et les enfants sont, non-seulement en relard le matin, mais qu'ils ne font pas le tiers de la besogne qu'ils faisaient autrefois. — Les


522

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

magistrats demandèrent alors à M. Jennings quelles étaient les mesures qu'il avait prises pour engager les prétendus malades à retourner au travail; la réponse fut qu'on avait tout essayé, excepté la punition corporelle, et que rien n'avait pu les y décider. M. J. Ellis, géreur de la plantation, lot 14, ayant prêté serment, dépose que les nègres viennent beaucoup plus tard au travail qu'autrefois ; qu'ils accourent à l'hôpital les quatre premiers jours de la semaine, ne travaillent que le vendredi et le samedi, et perdent ainsi trois ou quatre jours de chaque semaine, «Hier, dit-il, je fis des reproches à quelques noirs qui n'étaient sortis de leurs habitations que quinze minutes après le lever du soleil. Ils me répondirent qu'il faisait trop froid pour sortir plus matin. » M. Ellis ajoute que, depuis deux mois, les nègres étaient très-obstinés et très-désobéissants. M. Thomas A. Hares, géreur de la plantation lot 14, ayant prêté serment, dépose que, se trouvant aux champs le 4 courant, les nègres se montrèrent très-insolents, parce que, par mégarde, on avait envoyé une plus petite quantité de rhum qu'à l'ordinaire, bien qu'on eût ordonné que la ration fût complétée de suite ; qu'il en entendit plusieurs s'écrier que bientôt ils chasseraient tous les blancs des plantations, et qu'ils s'empareraient des femmes. A quelques jours de là, comme le domestique de M. Cumming passait devant les ateliers avec le cheval de son maître, le témoin entendit deux jeunes gens, les nommés Guy et Dublins , entrer en conversation. L'un d'eux s'écria, en désignant le cheval, que ce serait celui-là qu'il prendrait aussitôt qu'il serait libre. Son camarade lui répondit qu'il achèterait un tilbury. Il fit part sur-le-champ de ces conversations à M. Ellis, le géreur. M. Thomas Mackintyre, de la plantation de Colonaire, ayant prêté serment, dépose que, depuis quelques semaines, il a remarqué que les nègres sont très-insubordonnés; qu'ils ne se rendent jamais au travail à l'heure fixe, ni le malin ni le soir; que quelquefois ils ne commencent pas leur besogne avant trois heures de l'après-midi. C'est ce qui arriva un jour, entre autres, où M. Munro, l'administrateur de la plantation, se trouvait sur les lieux. M. Munro se rendit aux champs avec le témoin, et demanda aux nègres s'ils avaient à se plaindre de quelque chose. Ils répondirent que non. M. Munro leur demanda alors pourquoi ils sorlaient si tard le malin, en leur déclarant que, si cela continuait, il les punirait. Le témoin, ne voyant toujours pas de changement dans leur conduite, ordonna l'emprisonnement d'un de ceux qui étaient arrivés les derniers au travail, avec l'intention de lui faire infliger une punition corporelle; mais tout l'atelier intercéda en sa faveur, en promettant d'être plus régulier à l'avenir. Depuis lors ils sont effectivement sorlis de meilleure heure. M. Mackintyre ajoute qu'il a remarqué que, toutes les fois que la bande avait résolu de se bien conduire ou de se mal conduire, elle avait agi de concert; qu'ils sortent de leurs habitations, et se rendent en masse aux champs, de manière à ce qu'il soit impossible de distinguer les principaux meneurs. M Macpherson, géreur de la plantation de Mount-William, ayant prêté serment, dépose que, depuis quelque temps, les nègres se sont rendus à l'hôpital en plus grand nombre qu'à l' ordinaire, et qu'il a été difficile de les faire travailler. M. Patrick Crichton, géreur de Langley-Park, ayant prêté serment, dépose qu'il a remarqué que les nègres ont fréquenté l'hôpital en plus grand nombre avec peu d'apparence de maladie, et qu il a éprouvé beaucoup de difficulté à les faire arriver du travail; que l'atelier s'y rend bien moins régulièrement qu'au-

trefois , et qu'il s'est vu obligé de les en punir en les faisant enfermer pendant la nuit. M. George Calquhoun Grant, de la plantation Adelphi, ayant prêté serment, dépose que son géreur s'est plaint que les nègres arrivent bien plus tard au travail qu'autrefois ; qu'ils font beaucoup moins d'ouvrage, et que la liste de l'hôpital constate qu'ils y entrent en beaucoup plus grand nombre qu'autrefois, sans etre malades. Que les nègres sont dans un état d'incertitude déplorable, à cause des idées erronées qu'ils se sont faites relativement a leur émancipation immédiate. Qu'il a été obligé d'infliger douze coups de martinet, il y a cinq jours, à un nègre nommé Thomas, qui a l' habitude de ne jamais arriver à l'heure, et qui, lorsque le contre-maître lui en a fait l'observation, a été trèsinsolent, et s'est écrié que son maître n'avait pas le droit de lui faire infliger de punition corporelle.

2.

du magistrat spécial À Son Excellence le capitaine Geo. Tyler, lieutenant-gouverneur. — Amélioration RAPPORT

dans les dispositions des noirs pour le travail. Saint-Vincent, 3 juin 1836.

Je suis heureux d'annoncer à Voire Excellence que les plaintes contre les apprentis travailleurs ont été bien moins nombreuses dans ce dernier mois que dans les mois précédents. Dans deux ou trois plantations les ateliers ont été convaincus de n'avoir pas bien fait leur devoir. J'ai visité ces mêmes plantations depuis lors, et je suis satisfait d'apprendre que les apprentis se comportent bien et travaillent de bonne volonté. La conduite des travailleurs dans la division est généralement respectueuse et régulière. Signé J. J.

3.

RAPPORT

TINLING

, magistrat spécial.

du. magistrat spécial à Son Excellence le lieutenant-gouverneur. Deuxième district, 15 juin 1836.

Je regrette de ne pas pouvoir signaler, dans mon rapport à Votre Excellence, pour le mois, de mai, une diminution des délits parmi les apprentis travailleurs. En ce qui concerne les rapports entre employés et apprentis dans leurs fonctions respectives, il y a une diminution progressive; mais il se commet des vols assez nombreux dans les jardins à provisions. L'insuffisance des soins de police apportés à la garde des terres offre de grandes tentations aux oisifs et aux apprentis mal intentionnés. Ceux-ci négligent la culture de leurs propres terrains, afin de vivre par le pillage de la propriété des noirs laborieux et industrieux; j'espère que la cause de ce mal disparaîtra sous peu, et qu'on obligera ceux dont les terres ne sont point cultivées à y travailler pendant les jours qui sont à eux. Dans le nombre des punitions infligées, j'ai l'honneur d'informer Votre Excellence que, sur une des plantations, tout l'atelier, au nombre de quarante-six apprentis, savoir : dix-huit hommes et vingt-huit femmes, a été condamné d'ensemble à un jour de travail extra pour avoir mal travaillé; en déduisant ceux-ci des 115 punitions, il ne restera qu'un total de 65. Signé Edwin

POLSON.


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. X. DISPOSITIONS RÉCIPROQUES, ETC.

523

N° 116. § V. LA BARBADE. I..

d'une dépêche du gouverneur sir Lionel Smith au très-honorable E. G. Stanley. — Influence de l'indemEXTRAIT

nité sur les dispositions morales des planteurs. Hôtel du Gouvernement de la Barbade, le 29 juillet 1833.

Les propriétaires , en voyant substituer un fonds d'indemnité à un prêt, sont devenus plus calmes et plus raisonnables, et j'augure les plus heureux résultats des bonnes dispositions qu'ils manifestent pour préparer les esclaves au grand changement qui va s'effectuer. Un comité de l'assemblée et du conseil législatif doit se réunir, le 3o courant, pour délibérer sur les divers projets de lois ou sur les diverses modifications qu'il conviendra de voler pour le nouvel étal de choses qui va surgir de l'acte d'abolition

tages que vous ont donnés le Roi et le Parlement; mais vous devrez vous bien conduire, être industrieux et faire honnêtement el fidèlement votre devoir envers vos maîtres. La loi est forte. Elle vous punira si vous ne travaillez pas En Angleterre on arrête et on punit comme vagabonds ceux qui sont paresseux et qui refusent de travailler, il en sera de même ici. L'Angleterre doit donner vingt millions pour solder votre liberté, vous ne pourrez reconnaître toute la portée de ce bienfait et vous en rendre dignes qu'en vous conduisant bien, en vous conformant aux lois, en vous soumettant humblement à ceux qui ont droit à vos services, et de qui vous devrez espérer une récompense de votre travail, lorsque vous serez définitivement li bres. Délivré de ma main et scellé de mes armes, à l'hôtel du Gouvernement, le 22 janvier 1834, et dans la quatrième année du règne de Sa Majesté. Dieu sauve le Roi.

2.

PROCLAMATION

aux apprentis pour leur annoncer

Par ordre de Son Excellence :

l'affranchissement..

Signé William

, secrétaire.

HUSBAND

22 juillet 1834. Après le 1" août prochain, vous cesserez d'être esclaves, mais vous deviendrez des apprentis au service de vos maîtres actuels, sous la protection des lois de la métropole. Lorsque vous vous conduirez mal envers ceux-ci, vous serez punis par des magistrats envoyés tout exprès d'Angleterre, pour tenir la main à la loi qui doit vous régir vous et eux. Les esclaves artisans, ainsi que ceux qui se sont occupés jusqu'ici d'agriculture ou de fabrication de sucre devront rester en apprentissage chez leurs maîtres pendant six ans, à partir du 1er aoûtprochain , jusqu'en 1840 ; et les esclaves serviteurs resteront en apprentissage pendant quatre ans , du 1" août prochain jusqu'en 1838. Les laboureurs, et ceux qui ont fait le commerce, doivent rester plus longtemps en apprentissage que les autres, parce que la loi ne les oblige à travailler que quarante-cinq heures par semaine, ce qui leur donne un jour par semaine pour eux, et ce temps n'est exigible d'eux que dans les cas exceptionnels, par exemple, lorsqu'il s'agit de soigner le bétail el de veiller à la garde des propriétés de leurs maîtres. Les serviteurs ou domestiques n'ont pas la jouissance de ce temps disponible, c'est pour cela que leur apprentissage doit être moins long que celui de leurs confrères de l'autre catégorie. Si vous vous absentez du service de vos maîtres , ou si vous négligezleur travail, vous devrez leur tenir compte du préjudice que cette absence ou celle négligence leur aura occasionné. Après le 1er août prochain , on ne pourra infliger de punitions corporelles aux femmes, vos compagnes; elles ne pourront plus être emprisonnées par les maîtres, mais elles pourront être condamnées à la prison ou aux travaux forcés par les magistrats. Les enfants esclaves qui n'auront pas atteint l'âge de six ans, au

août prochain, ou qui viendront à naître après cette époque, seront affranchis de droit. La loi exige que vous pourvoyiez à l'entretien de vos enfants ainsi affranchis ; car, si vous ne le faites pas, ils seront obligés de 1"

servir les maîtres de leurs mères jusqu'à vingt el un ans révolus. L'acte du Parlement vous donne plus de facilités pour racheter votre libération de l'apprentissage, que vous n'en aviez lorsque vous étiez esclaves pour racheter votre liberté. Vous ne pouvez maintenant manquer de comprendre les avan-

3

COPIE

d'une dépêche de sir L. Smith à lord Glenelg. —

Influence funeste de la classe dite des petits blancs. Gouvernement de la Barbade, le 8 décembre 1835.

le dois informer votre seigneurie que pendant quelque temps la colonie a été dans une grande fermentation, par suite des fraudes pratiquées envers les apprentis, et des excès commis par plusieurs planteurs. Nous avons ici deux classes de petits blancs descendants des familles qui vinrent d'Angleterre, dans les premiers temps de la colonisation, et qui travaillaient comme engagés avant l'introduction générale du travail des esclaves ; c'est sans contredit la par* tie la plus dégradée de la population de l'île. Quelques personnes de celte classe ont souvent possédé des esclaves depuis un jusqu'à douze, et leur propre existence reposait sur le travail de ces esclaves ou sur le prix de leur location au dehors. Une autre partie de celte classe n'avait ni esclaves ni propriétés ; mais,méprisant le Iravail des champs comme toute autre industrie, elle a vécu longtemps de la charité des noirs, à présent apprentis laboureurs. Ces blancs ont exercé , pendant le dernier changement, l'influence que la malheureuse différence de couleur leur donnait pour tromper ceux dont ils espéraient partager les avantages. C'est pourquoi, lorsque la loi pour le supplément de nourriture et de vêtements fut rendue, ils poussèrent les apprentis à demander ce supplément en nature, au lieu d'accepter aucune compensation , en leur faisant entendre que la métropole avait accordé davantage, mais que cet excédant avait été retenu ici. Dans les grandes propriétés, où les apprentis avaient eu pendant longtemps la jouissance d'une certaine portion de terrains, et avaient même cultivé la canne à sucre pour leur propre compte, ils insistèrent pour avoir une livre additionnelle de poisson; les propriétaires les avertirent qu'ils reprendraient les terres qu'ils ne possédaient qu'en considération de leur bonne conduite. Des sentiments de colère et de vengeance s'élevèrent des deux côtés; les apprends firent preuve d'entêtement et d'insubordination, et quelques planteurs détruisirent leurs cultures,On croira difficile-


524 RAPPORT SUR LUS QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. ment, dans la métropole, quelle funeste influence ces misérables blancs ont pu exercer sur les apprends noirs. La défiance qui régna pendant quelque temps fut telle, qu'un assez grand nombre de noirs déclarèrent devant un des magistrats spéciaux que, s'ils n'insistaient pas pour avoir leur ration de poisson salé, ils courraient le risque d'être remis en esclavage, et que le gouverneur les enverrait aux casernes de Sainte-Anne pour y être fouettés par ses soldats. Ainsi, c'est de moi-même qu'ils avaient pu concevoir une telle opinion, tandis qu'ils devaient bien savoir que j'ai encouru la haine et les outrages des blancs, en établissant le droit qu'avaient les noirs d'être traités comme des êtres humains. Grâce aux mesures adoptées pour détruire ces fâcheuses impressions, tout s'est calmé. Les principaux planteurs commencent à sentir l'avantage des bons procédés. Bien que nous ayons dans cette île le code d'esclavage le plus sévère que je connaisse, les noirs, en général, ont toujours eu une nourriture suffisante. Je conseillerais de les faire travailler moyennant salaire, plutôt que de leur accorder des provisions en nature, parce qu'on les prépare ainsi à un étal de liberté où ils devront tout à fait compter sur l' habitude du travail pour se soutenir. Les planteurs payent sans difficulté aux apprentis les journées qui leur appartiennent et qu'ils leur consacrent. J'ai la conviction que, là où les apprentis seront traités avec justice, on ne manquera jamais de bras pour la culture. Je suis, etc. Signé Lionel

SMITH.

més que, s'ils retournaient aussi promptement au travail, après leur émancipation , ils compromettraient leur liberté et encourraient un nouvel apprentissage de six ou de sept années. Si cette fausse opinion se répandait, le préjudice qu'elle porterait aux intérêts ruraux de l'île aurait un effet déplorable pour les autres plantations. Je ne négligerai aucun moyen de désabuser les nègres sur ce point. Les nègres sont néanmoins retournés au travail dans quelques plantations. J'espère que mardi prochain toute la population sera complètement à l'œuvre.

5.

d'un rapport envoyé par sir E. M. Mac-Gregor à lord Glenelg. —Dispositions des noirs.

EXTRAIT

17 septembre 1838.

Nous ne pouvons pas établir positivement si nos efforts ont amené une meilleure application de la loi cl plus de fidélité dans l'exécution des engagements; mais, quant, aux suggestions que nous avons cru devoir faire en celle circonstance, et sur le changement de position des parties, par suite de l'abolition de l'esclavage, et sur la haute nécessité d'employer des moyens de conciliation unis à la fermeté, pour la direction des plantations, nous pouvons affirmer qu'elles ont été reçues avec beaucoup de candeur et de douceur; nous espérons qu'ainsi elles ne seront pas sans effet. Nous répéterons ici (pie les cultivateurs, loin d'entretenir l'idée que leur nouvelle situation d hommes libres les exempte de l'obligation du travail quotidien, admettent promptement, au contraire, l'impor-

4. Il APPORT de M. Joncs, inspecteur de police ronde.— Evénement de l'affranchissement définitif. 10 août 1838.

Votre Excellence m'ayant demandé de lui adresser un rapport sur l'état de la colonie depuis le 1er de ce mois jusqu'à ce jour, j'ai l'honneur de m'acquitter d'un devoir agréable, en affirmant (pic la conduite des cultivateurs, dans ce laps de temps, a été complètement paisible et. pacifique. Ils n'ont jamais mêlé le moindre désordre aux manifestations de joie que l'on devait naturellement attendre dans des circonstances telles que celles où ils se trouvaient. Ce fut, le 1er août, un spectacle touchant de voir les noirs, en grand nombre, revêtus de leurs plus beaux habits, et faisant éclater des sentiments de joie et de reconnaissance, se rendre pacifiquement et avec calme aux églises et aux chapelles, dont quelques-unes étaient tellement remplies, qu'une grande partie des spectateurs dut rester dehors. On aurait vraiment pu croire que, d'un consentement unanime, les nègres avaient résolu de montrer qu'ils savaient apprécier le bienfait de la liberté, tant la journée se passa avec une apparence de solennité laquelle personne n'avait le droit de s'attendre. Cette conduite grave et posée ne les empêcha cependant pas, lorsqu ils rentrèrent chez eux, de se livrer à la joie et de prendre place au petit festin préparé pour la circonstance. Il est vraiment remarquable qu'aucune infraction à la tranquillité publique, au bon ordre , au décorum, n'ait été signalée. Ce fait sera tenu pour incroyable par les personnes qui n'en auront pas été témoins. Le 2 du mois, dans quelques plantations, les cultivateurs reprirent leurs travaux habituels; d'autres, qui étaient libres de travaux ( disposai ) prirent un jour de congé jusqu'au mardi ; après cela ils retournèrent tous an travail. Celle bonne disposition continua jusqu'au «S du courant; alors, je regrette de le dire, elle fut interrompue. Les cultivateurs, dans plusieurs plantations, cessèrent de'travailler, donnant pour raison qu'ils étaient infor-

tance de la culture du sol, et expriment la résolution où ils sont de continuer la tâche des travaux agricoles. Cependant, comme cette opinion était accompagnée de certaines réserves portant sur ce qu'ils veulent fixer par eux-mêmes les conditions de leur travail , elle a été combattue par les directeurs de plantations comme destructive du travail régulier de la propriété territoriale. Quelques embarras momentanés pour les deux parties sont résultés de cette difficulté. Conformément aux instructions de Votre Excellence, la question d éducation occupa beaucoup notre attention, et d'autant plus qu à onze stations sur quinze nous nous sommes assemblés, soit dans une école, soit dans un bâtiment du voisinage. Les enfants furent une fois examinés, et s'acquittèrent de cet examen d'une manière remarquable. Votre Excellence sait que les ecoles sont nombreuses à la Barbade, quoique le nombre ne soit pas encore en rapport avec la population. Beaucoup'de ces écoles ont été construites uniquement pour les enfants des cultivateurs. Les efforts du clergé, sous la direction vigilante et énergique de l'Evêque, ont été couronnés de succès et ont été aidés par les dons magnifiques du Parlement et des sociétés d'Angleterre, autant que par l'appui libéral des paroisses et des particuliers de l'île. Les cultivateurs manifestent d'eux-mêmes le plus grand désir d'assurer à leurs enfants les bienfaits de l'éducation, circonstance que nous considérons comme éminemment avantageuse, l'éducation devant conduire à l'amélioration du caractère et de la conditition du peuple ainsi qu'à l'accroissement de l'industrie. Pourtant on pourrait craindre qu'un jour les parents, dans leur désir de donner de l'éducation à leurs enfants, négligent de les élever pour le travail agricole. Cet inconvénient sera surmonté par degrés, en partie par le besoin que les parents ressentiront promptement du secours de leurs enfants clans le travail, et en partie aussi, sans aucun doute, parle soin que prendront les instituteurs, de détromperies parents sur ce point, cl de leur montrer comment, par une éducation précoce et par d'autres moyens, ils pourront assurer l'instruction à leurs enfants , sans les rendre paresseux et inutiles.


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. X. DISPOSITIONS RÉCIPROQUES, ETC.

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Vu notre incompétence, il ne nous siérait point de parler de l' état actuel de l'agriculture clans l'île. A nos yeux le pays semble offrir, clans sa plus grande étendue un aspect flatteur,

l'opinion que, grâce à la Providence, la prospérité de l'agriture à la Barbade n' aura pas à souffrir de l'interruption partielle et momentanée qui a eu lieu en quelques endroits dans le

principalement en comparaison des autres îles des Indes occidentales. A l'exception de la paroisse de Saint-Pierre, d'une partie de Saint-Philippe et de quelques plantations situées çà et là, on nous a généralement dit qu'à la Barbade les récolles sont en

travail agricole, et que l'on devait naturellement attendre après un si grand changement dans l'état respectif des individus. Nous dirons pour conclure que nous sommes enclins à ne point désespérer d'un pays où la religion et la civilisation avancent rapidement, en se tenant par la main ; où l'industrie a été si constamment pratiquée (nécessité que l'on continuera, sans doute, d'inculquer profondément dans tous les esprits) et où la

retard, et particulièrement les récoltes de provisions. Nous avons entendu dire expressément que l'igname a été cultivé, cette saison, sur une plus grande étendue, et que, s'il y a moins de blé (blé de Guinée), au moins dans quelques endroits, c'est qu'en considération du taux des salaires, celte culture ne fournirait pas un bénéfice suffisant. Il ne serait pas étonnant qu'il pût survenir des changements dans le système de l'agriculture, à raison des grandes modifications apportées au mode de payement des cultivateurs. Nous pensons aussi que la culture de l'île a pour quelque temps fait un pas en arrière, en partie par suite de l'abolition de l'apprentissage, et en partie aussi par suite de l'état d'incertitude et d'insécurité qui a régné durant les derniers mois de crise qui ont précédé l'émancipation complète. Pour ce qui est de l'avenir de l'île, nous voudrions entretenir

culture du sol a été portée à un si haut degré de perfection. Notre plus grande crainte provient de l'influence que pourraient avoir, par la parole ou par l'imprimerie, les mauvais avis donnés aux hommes libres, pour la plupart sans instruction et sans 'expérience. Nous espérons, cependant, que, grâce aux bons avis donnés par des amis sincères, à la direction équitable des patrons sous l'administration juste et vigilante des lois, le bon sens et les bons sentiments des cultivateurs résisteront à toute mauvaise influence, et que cette classe deviendra bientôt plus heureuse et plus utile à la société par l'usage de cette liberté qui lui a été si sagement et si généreusement accordée.

N° 117. § VI. LA DOMINIQUE. 1.

COPIE

d'une dépêche du lieutenant-gouverneur sir

C

M.

Schomberg à M. le secrétaire d'Etat Stanley. — Premiers effets de l'émancipation sur l'esprit des planteurs et sur les noirs de divers âges. Roseau (Dominique), 2 novembre 1833. Depuis qu'on a expliqué aux nègres des diverses plantations la substance de l'acte d'abolition de l'esclavage, tout est demeuré aussi tranquille dans la colonie que lorsque je suis entré en fonctions, le 23 avril. J'ai lieu de croire qu'il existe des doutes dans l'esprit des vieillards sur le sort qui les attend à l'expiration de l'apprentissage, ou quand ils seront devenus infirmes et qu'ils ne pourront plus travailler de leurs bras. L'esprit des jeunes gens, au contraire , est tout occupé de l'idée d'une émancipation prochaine. Généralement les nègres ont manifesté beaucoup plus d'apathie à ce sujet que ne le croyaient des personnes d'une grande expérience. Il y a des planteurs et des administrateurs qui semblent désirer l'émancipation immédiate de leurs nègres. Ils s'imaginent qu'ils pourront faire des arrangements bien plus avantageux, tout bien considéré, que ceux qu'on est sur le point d'adopter Il est probable que le café sera plus généralement cultivé dorénavant, surtout par les propriétaires français. Cependant les avantages de l'extension de cette culture ne se feront sentir que dans quelques années. Signé

2.

LETTRE

W.

M.

C.

M.

SCHOMBERG. .

du lieutenant-gouverneur sir Macpha.il à sir G. Colebrooke, — État des noirs affranchis. 22 avril 1839.

En transmettant à Votre Excellence les rapports mensuels des magistrats salariés, j'ai l'honneur de lui soumettre les observalions suivantes sur plusieurs points traités dans ces rapports.

D'après leur lecture, il est très-satisfaisant de reconnaître que, dans toute l'étendue de la colonie, la population est excessivement paisible. Les mœurs domestiques s'améliorent; les mariages augmentent ; l'extérieur individuel est plus soigné, et cela à l'aide d'une plus grande consommation des produits anglais. Dans un rapport sur son district, M. Lynch affirme que de bons sentiments existent entre les propriétaires et les cultivateurs, excepté dans deux domaines. Au district de M. Philip, plusieurs ventes de terrains ont été faites à des individus sortant de l'apprentissage. La classe agricole manifeste un grand désir de posséder des terres.

L'instruction religieuse est favorablement accueillie, mais ses moyens d'action sont encore très-limités. Grâce aux efforts libéraux et judicieux de l'association religieuse dite Mico, j'espère qu'en sus des moyens déjà existants, les établissements d'éducation seront bientôt complètement pourvus. Les circonstances défavorables signalées dans les présents rapports doivent principalement être attribuées à l'absence des lois qu'exigent les changements apportés récemment aux relations sociales. La nécessité de l'adoption de ces lois est fortement indiquée dans plusieurs des rapports inclus. Au nombre des maux existants, il faut signaler la grande indolence manifestée par les cultivateurs. Les cultivateurs répugnent généralement à contracter des engagements écrits. De fréquents recours en justice ont eu lieu, de la part des propriétaires et des cultivateurs, pour la non-exécution d'engagements verbaux. L'instabilité du travail régulier portera probablement préjudice à beaucoup de grands domaines. Les cultivateurs paraissent jusqu'ici ne pas comprendre les avantages des associations de bienfaisance et des caisses d'épargne. Cela paraît provenir de leurs dispositions à la défiance Néanmoins, ces circonstances contraires peuvent être surmontées par des lois convenables et par des mesures administratives. Les habitudes d'ordre et même de privation contractées par le cultivateur sont favorables a l'établissement de sociétés de bienfaisance et de caisses d'épargne, pourvu que de telles créations soient accompagnées de la confiance dans le Gouvernement


526

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

Cet essai est d'autant plus facile à tenter, que la population est docile et remplie de bonnes dispositions. La loi pourvoira sans doute aux besoins du pauvre et de l'infirme. Les propriétaires ont jusqu'ici montré de la mauvaise volonté pour établir un service médical. J'ai lieu de penser que, malgré cela, il en sera établi sur beaucoup de points; mais la mobilité du nombre des cultivateurs sera un obslable, si les médecins exigent d'être payés par les propriétaires. Je m'occupe avec activité de faire disparaître les entraves apportées à la liberté des rapports entre les magistrats salariés et la population de leurs différents districts.

mauvais jugement porté par les propriétaires et les géreurs sur les magistrats, lorsque ces derniers se livrent à l'examen des plaintes qui sont portées devant eux. L'absence, pour ces magistrats, du droit d'entrer sur les plantations; leur présence, en cas d'investigation, étant dès lors regardée comme une infraction. Le manque d'une résidence légale dans chaque district, ainsi que d'un logement convenable pour eux et leur famille.

Ces difficultés semblent être les suivantes : La nature rocheuse et l'état presque impraticable des routes; la grande dislance des domaines entre eux. La difficulté d'obtenir des informations exactes, provenant du

La destruction de ces obstacles coûtera de la dépense et du travail. Je crois pourtant qu'ils peuvent être promplement surmontés, si la législature et le pouvoir exécutif veulent bien s'en

Ces laits sont allégués, et, je crois, avec beaucoup de raison, comme causes de la non-exécution des devoirs de Injustice."

tendre dans ce but.

N° 118. § VII. MONTSERRAT. 1. RAPPORT de M. L. Grœme, juge spécial, à son Excellence sir E. J. M. Mac-Gregor, etc. — Etat des noirs et de la culture. Montserrat, 25 février 1836. Depuis mon rapport du 19 août 1835, les planteurs ont eu beaucoup moins à se plaindre de la conduite des apprentis. Les relations semblent être mieux comprises, de part et d'autre , et je vois se consolider entre eux de bons sentiments. Au mois d'août 1835, j'ai puni 157 hommes et 62 femmes. Au mois de janvier 1836, je n'ai puni que 96 hommes et 42 femmes. J'espère que j'en aurai encore moins à punir ce mois-ci. Si l'on avait donné suite à la demande que j'ai faite relativement aux moyens de punir par le travail forcé, parla réclusion et les fers, on aurait incontestablement prévenu beaucoup de délits et sans avoir recours trop souvent à infliger le châtiment du fouet. Je vous annoncerai enfin qu'à l'exception de deux ou trois plantations, auxquelles se rattachentd es circonstances toutes particulières, les vêtements qui se donnent habituellement au mois de janvier ont été distribués : ce n'est pas sans peine que je l'ai obtenu. Au mois de septembre, les propriétaires de trois plantations ont libéré leurs nègres du temps non expiré de l'apprentissage. Ils ont évité par là les frais d'entretien pendant l'espèce de disette qui régnait à cette époque. Les vacances de Noël se sont passées sans désordres. Il n'a manqué que bien peu de travailleurs à l'appel le jour de la rentrée, quoique l'on eût supprimé les gratifications extraordinaires, comme l'an passé. L'apprentissage semble ne pas avoir créé de mécontentement sur ces plantations, et l'on voit les travailleurs libres et les apprentis travailler comme à l'ordinaire dans les champs limitrophes. On a adopté avec assez de succès, sur certaines plantations, de substituer aux rations de poisson salé et aux allocations de vêtements , un salaire en espèces payé chaque semaine. La division du travail permet aux nègres de celle colonie de ne travailler que quatre journées de 10 heures par semaine, laissant à leur disposition le vendredi cl le samedi. Comme condition de cette substitution du salaire en espèces aux allocations, on a stipulé que les apprentis travailleraient le vendredi. La somme hebdomadaire comprend le salaire de celte journée de travail extraordinaire. On la divise en cinq, et, en cas d'absence de l'apprenti, on réduit d autant le salaire qui lui revient. Je me suis réservé le droit de prononcer en dernier ressort sur toutes les contestations qui pourraient résulter de cet arrangement Dans certains cas, j ai autorise les maîtres a accorder un jour par semaine au heu de ces allocations, et je désire bien vivement que ce système soit approuvé par Votre Excellence. Je pense que ce système d'é-

change tendra utilement à préparer les nègres à l'émancipation définitive. J' ai déjà constaté que le nombre de plaintes est considérablement diminué, et surtout qu'il y a beaucoup moins de prétendus malades a ! hôpital, car, par mon système, le nègre qui se fait inscrire comme malade, sans qu'il le soit réellement, n'a plus droit au payement intégral de son salaire hebdomadaire. J'en ai vu de 15 a 20, sur une seule plantation, se faire porter malades au commencement d une semaine; mais, depuis qu'on a adopté ce système d'échange, il n'y en a plus que 5 à 6. Je reviens encore aux enfants et aux infirmes. Malheureusement j ai trop lieu de craindre que beaucoup de décès aient été accélérés par la négligence et l'inattention. La plupart des infirmières sont des femmes que l'on a trouvées trop faibles pour le travail, et les enfants soutirent par suite du peu de loisir de leurs mères , aussi bien que par la négligence volontaire de celles-ci. Il y a,dans notre colonie, fort peu d'hôpitaux qui soient convenables pour les malades, et on les regarde plutôt comme des maisons de punition que comme des maisons de refuge. Les apprentis se soumettent aveuglément à ma volonté, et se montrent disposés, en toute circonstance, à s'en tenir à ma décision en tout ce qui est matière à contestation. Lorsqu il y a de la discrétion de la part des maîtres, les plaintes sont peu nombreuses de part et d'autre. Les apprentis sont toujours disposés a travailler moyennant un salaire en espèces; mais certains planteurs les soldent en marchandises, ou exigent qu'ils dépensent le montant de leurs salaires sur la plantation même, qui est ordinairement assez bien approvisionnée, et ou ils peuvent avoir autant de crédit qu'ils en veulent; cette facilité peut arriver à les gêner singulièrement dans la suite. J'ai eu oecasion dé juger du mauvais effet de ce système au Mexique, où il n'a servi qu'à retenir les aborigènes dans un étal complet d'ignorance et d'avilissement. La valeur des propriétés augmente. Depuis mon arrivée, on a monté, à grands frais, une machine à vapeur, la première qu'on ait apportée dans la colonie. On amis en culture line grande étendue de terrains incultes, cl. de nombreux ateliers de travail ont été construits. Plusieurs plantations ont été louées assez avantageusement par les propriétaires absents : cela dénote que la confiance augmente dans l'esprit des personnes qui résident depuis longtemps dans la colonie. Il se trouve à Montserrat un assez grand nombre de nègres émancipés. J'ai cru voir que la magistrature locale est toujours très-disposée à entendre les plaintes des maîtres, mais qu'il n'en esl pas ainsi lorsque ces plaintes proviennent des apprentis. Un nègre vint se plaindre à moi, il y a quelque temps, d'avoir été frappé par son maître. Il n'avait pu obtenir qu'on écoulât sa plainte, quoiqu'il se fût adressé à trois magistrats différents.


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. X. DISPOSITIONS RÉCIPROQUES, ETC. Je joins à mon rapport une correspondance relative à la condamnation illégale de deux apprentis, qui avaient fait 31 jours de détention avant que le fait ne fût porté à ma connaissance. Je prie Votre Excellence de vouloir bien parcourir l'article 4 de

527

une amélioration sensible dans l'extérieur physique du cultivateur, principalement chez les enfants. Cette circonstance réjouira les partisans de la grande mesure si heureusement accomplie.

l'acte pour la protection de la propriété, dont j'ai l'honneur de lui transmettre également une expédition. Les récoltes ne seront pas très-abondantes cette année, à cause

3.

du major Grœme, magistrat salarié. — Manière paisible dont se sont passées les fêtes de Noël.

RAPPORT

du temps peu favorable qu'il a fait ce dernier printemps. Elles promettent d'être fort belles l'année prochaine, et l'aspect des

9 janvier 1839.

jeunes plants donne de belles espérances aux propriétaires.

Les jours de la fête de Noël se sont passés paisiblement et dans le plus grand ordre. On a peut-être trop dansé dans les domaines 2.

du major Grœme. — Amélioration physique

RAPPORT

chez les noirs.

convenables. Tous les moulins de l'île sont maintenant en ac1er février 1839.

J'ai

situés tout près de la ville, mais, sur les habitations des districts, ce délassement favori a été contenu dans des limites tivité.

le plaisir de vous apprendre que j'aperçois N°

119.

§ VIII. ANTIGOA. 1.

LETTRE

à Son Excellence le gouverneur. — La réunion

des missionnaires moraves se prononce pour l'émancipation

prochain, au lieu d'être préalablement soumise à un système d'apprentissage. Mon opinion à cet égard est fixée depuis longtemps. Je pense

immédiate.

que les esclaves de cette colonie sont tout à fait en état de jouir,

Spring-Garden ( Saint-John, Antigoa), 1er novembre 1 833. J'ai l'honneur de vous mander le résultat d'une conférence des missionnaires moraves d'Antigoa, qui a eu lieu ici ce matin, au sujet de votre dépêche du

28

octobre. La majorité des membres

présents ont été d'avis que, pour la population esclave de cette colonie, une émancipation complète, dès le 1er août prochain, serait préférable, sous tous les rapports, à un système d'apprentissage préalable. Signé Bennet

HARVEY.

dès à présent, du grand bienfait dont on se propose de les gratifier. J'ai été à même, depuis sept ans, de suivre de près et d'observer attentivement l'état moral et religieux, les mœurs et le caractère des nègres. Je ne crains pas d'assurer à Son Excellence que je ne conçois pas en quoi l'émancipation immédiate et complète des nègres pourrait compromettre, quels qu'ils soient, les sujets de Sa Majesté, pourvu toutefois que cette mesure soit sanctionnée par la législature coloniale, et qu'elle soit approuvée par la généralité des possesseurs d'esclaves. Au début de l'opération, il conviendrait d'établir, pour quelques semaines, une police active et sévère, et de pourvoir légalement aux besoins futurs des nègres hors d'âge et invalides.

2.

OPINION

de Mathews Banks sur le même sujet.

J'ajouterai, comme telle a toujours été mon opinion, que l'abolition définitive de l'esclavage effectuée de cette manière serait

Antigoa, J'ai

29

octobre 1833.

grandement à l'avantage de toutes les classes de cette colonie.

eu l'honneur de recevoir une lettre de Votre Excellence, Signé Mathews

dans laquelle elle me consulte pour savoir si la population esclave er

de cette colonie serait en étal d'être émancipée, dès le 1

BANKS,

missionnaire wesleyen.

août N°

120.

§ IX. ILES DE LA VIERGE. 1.

ADRESSE

des membres du conseil des îles de la Vierge,

à Son Excellence sir E. J. M. Mac-Gregor, bar", etc.

les classes des fidèles sujets de Sa Majesté dans les îles de la Vierge. Signé William

Juillet 1834.

GORDEN,

Nous, 1rs membres du conseil de Sa Majesté pour les îles de

William

ROGERS

ISAAC

William

, président ; William

CRABBE,

LAWSEN, H.

N.

M.

D.

FRENCH,

SNOW.

la Vierge, nous avons l'honneur de témoigner à Voire Excellence combien nous avons été sensibles à la visite qu'elle a bien voulu faire à cette partie de son Gouvernement. Nous sommes heureux de voir que la population esclave s'est conduite d'une manière

2.

d'une lettre de Son Honneur le président des îles de la Vierge à sir E. J. M. Mac-Gregor, bar".

EXTRAIT

paisible depuis que Votre Excellence a été nommée au Gouver-

4

nement de cel te colonie. Nous espérons sincèrement que, par leur bonne conduite à venir, ils témoigneront de leur loyauté et de leur reconnaissance envers le Roi, et qu'ils continueront à mériter la protection de Sa Majesté.

août 1834-

Je suis heureux de pouvoir mander à Votre Excellence que le 1er août s'est passé sans événement. On a accordé congé à tous les nègres de la colonie. Beaucoup d'entre eux sont venus en ville, et se sont rendus dans les chapelles. Tout le monde s'est con-

Nous apprécions comme ils doivent l'être les motifs qui ont engagé Votre Excellence à visiter celle colonie, et nous de-

duit de la manière la plus convenable. Il ne s'est manifesté au-

meurons satisfaits que Votre Excellence se montre disposée à employer tous les moyens possibles pour maintenir le bon ordre

tout le monde s'est rendu paisiblement au travail sous le nouveau système, le lundi malin. J'espère sincèrement que cet état de

et la tranquillité, et pour contribuer à la prospérité de toutes

choses continuera de subsister.

cune excitation extraordinaire, et, à bien peu d'exceptions près,


528 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. § X. ILES BAHAMAS.

N° 121.

d'une dépêche du lieutenant-gouverneur B. T. Balfour à M. le secrétaire d'Etat Stanley. — Les noirs

dans quelques-unes des îles de ce district, ont résolu de cesser le travail après le 1er août, sous le prétexte que le Roi leur a ac-

témoignent l'intention de renoncer au travail après le 1 août.

cordé la liberté ; ils prétendent en outre que je m'entends avec leurs maîtres pour les priver de la jouissance de ce bienfait. Tel est le sentiment, m'assure-t-on, qui s'est manifesté le plus gé-

EXTRAIT

er

Nassau, 14 juillet J 834. Vous verrez, monsieur, que, dans mon discours d'ouverture de la session , j'ai parlé île certains symptômes d'insubordination qui se sont manifestés chez les nègres de celle colonie. Par prudence, j'ai cru devoir cacher

néralement chez les esclaves à Exuma et à Éleuthera. A l'exception des îles Turques , dont j'aurai occasion de parler ci-après, c'est dans ces îles qu il y en a le plus. Le retard dans l'arrivée des juges spéciaux a augmenté mon embarras; car, ayant cru avec

mes craintes à ce sujet. D'après les nouvelles qui me sont par-

confiance que ces fonctionnaires seraient arrivés depuis longtemps , ce n'est que depuis quelques jours seulement que j'ai pu-

venues depuis trois semaines, je vois avec peine que les nègres,

blié ma proclamation aux esclaves.

N°122. § XI. LA GUYANE. 1.

d'une dépêche de sir J. Carmichael Smith à lord Glenelg. — Situation de la colonie en 1835.

COPIE

Camp-House (Demerara), 12 décembre 1835.

Votre Excellence sera bien aise d'apprendre que pendant le mois dernier (novembre), la douane établit que, de cette rivière, 8,211 tonneaux de sucre ont été exportés, tandis que le chiffre

moyen du même mois pendant les trois dernières années d'esclavage a été de 5,610 tonneaux. Cette colonie n'a jamais été dans un état plus florissant,

et je crois qu'à très-peu d'exceptions

près le mécontentement des planteurs au sujet du dernier changement disparaît rapidement. Les rapports des magistrats spéciaux pour le dernier mois montrent un décroissement très-considérable dans le nombre des punitions, le total des cas de punitions par le fouet n'ayant été que de 49. Je compte pour l'avenir sur une plus grande diminution encore et j'espère même que le fouet cessera entièrement d'être employé, excepté lorsqu'il sera ordonné pour la répression du vol par jugement des cours criminelles. Chaque mois, depuis l'abolition de l'esclavage, le nombre des individus ainsi punis a graduellement diminué et en dernier lieu avec une telle rapidité, qu'à mon avis l'époque n'est pas éloignée où ce mode de punilion sera tout-à-fait abandonné. J'ai à peine besoin d'ajouter que non-seulement je suis satisfait de la bonne conduite et de l'activité des apprentis dans toute cette province, mais que le bien excède l'attente des meilleurs amis des noirs.

parle d'après mes observations personnelles, attendu que je visite a époques fixes les différentes églises et chapelles aussi bien que les écoles de paroisses et autres, et que je distribue des médailles aux écoliers des deux sexes qui sont le plus attentifs et qui se conduisent le mieux. J'ai été fort satisfait dimanche dernier en voyant dans l'église paroissiale de Saint-Luc environ 80 des plus vieux apprentis recevoir le sacrement avec une décence et une apparence de dévotion qui n'auraient pas pu être plus édifiantes au milieu de la congrégation la plus religieuse d Europe. Les plus pauvres donnaient chacun 2, 3 ou 4 bitts aux indigents et souscrivaient ensuite, suivant leurs moyens pour la construction d une chapelle supplémentaire qu'on a pensé a élever pour la commodité de ceux qui ne peuvent aisément se rendre à l' église de la paroisse. Votre seigneurie sera, je l'espère, d'accord avec moi,

que les gens qui se conduisent ainsi dans leur humble condition actuelle ne paraissent pas devoir abandonner leurs églises, leurs chapelles, leurs mi nistres et leurs moyens d'instruction pour se retirer dans les bois et les déserts de la Guyane, pourvu qu'ils soient traités avec douceur et que leur intérieur ne soit pas malheureux. 11 serait bien a désirer que les propriétaires et les tenanciers des plantations de celle colonie qui résident en Europe voulussent considérer leur intérêt sous son vrai point de vue, et qu'en éloignant les administrateurs et les économes qui s'opposent aux mesures du Gouvernement, ils témoignassent de leur détermination à coopérer sans réserve à la prospérité et à la paix future. Un on deux exemples ou l' intention avouée d'être rigoureux sur ce point, mettraient lin a tous les mauvais sentiments, et il s'élèverait à

Comme preuve de l'amélioration rapide des sentiments moraux parmi les apprentis et de leur désir de s'élever dans l'échelle de la civilisation, je prends la liberté de soumettre à Voire

peine une plainte dans toute celle grande et florissante province, soit contre un apprenti, soit de sa part.

Excellence un extrait de la Gazette de samedi dernier contenant

règlements que j'ai établis depuis mon arrivée dans cette colonie

l'avis de 79 mariages. Le nombre annoncé chaque samedi varie sans doute, mais en général le taux moyen est d'environ 90. Dans deux ou trois ans, le concubinage aura disparu. La der-

et que j' ai oublié de mentionner. Le premier recommande la dé-

nière ordonnance qui permet que les mariages soient célébrés

rues, les bras attachés et les menottes aux mains. Ces deux rè-

indistinctement par tous les ministres do la religion chrétienne a produit les plus heureux effets ; elle a été un grand bienfait pour les apprentis laboureurs.

glements ayant pour but d'apprendre aux apprentis à se respec-

En me reportant aux copies de mes lettres, je retrouve deux

cence dans l'habillement des apprentis laboureurs, et le second défend qu'aucun apprenti soit conduit au tribunal à travers les

ter eux-mêmes et à s'élever dans leur propre estime et dans l'estime du monde, j'espère qu'ils obtiendront l'approbation de

La sollicitude des apprentis pour s'instruire et faire instruire leurs enfants, la ponctualité avec laquelle ils assistent au service divin, sont des preuves incontestables qu'ils n'ont pas envie

de cette province, de l'absence générale de crimes et par consé-

de se rendre fugitifs. Ils désirent s'améliorer, et si ce désir

quent du peu d'occasions qu'il y a eu de rendre des arrêts sévères

Votre Excellence. Pour mettre Votre Excellence à même de juger de la tranquillité

est convenablement encouragé et protégé, s'ils sont traités avec justice et bonté, il ne peut y avoir de doute qu'ils se montreront aussi industrieux quand ils seront en liberté qu'ils le sont à pré-

ou des ordonnances de police, je la prie de me permettre de lui

sent comme apprentis laboureurs. En ce qui concerne leur désir de s'instruire et leur exactitude à suivre le service divin, je

qui tous ont été acquittés. A la dernière cour criminelle à Berbice,

faire savoir qu'à la dernière session de la cour suprême de juslice criminelle de George-Town, nous n'avons eu que cinq accusés nous n'en avons eu que 3, dont 1 seul condamné. A la dernière


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP.

X.

DISPOSITIONS RÉCIPROQUES, ETC.

cour inférieure tenue à George-Town, 36 cas de coups et de vols

criques ne font point mention, dans leurs rapports,

légers ont été examinés. A la dernière cour inférieure criminelle

augmentation de population dans les lieux écartés,

529 d'une

d'Essequibo, il s'est présenté plusieurs cas semblables ; et à la

J'ai connaissance de quelques cas de condamnation. Si ce

dernière cour inférieure tenue à Berbice, il n'y a eu ni un seul

n'est dans cette ville où , comme cela devait être, il est accouru

prisonnier, ni un seul cas à examiner.

une certaine quantité de vagabonds des districts ruraux, depuis

Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de contrées en Europe,

le 1er août, on n'a adressé qu'une seule accusation de la côte

ayant la même étendue et une population aussi grande , où il se

orientale à la cour du grand sheriff (high sheriff'ss court). La der-

soit présenté aussi peu de causes criminelles. Il ne faut pas non

nière tournée n'en constate pas une seule.

plus perdre de vue le peu d'importance de la plupart de ces causes.

En présence de ces faits,

nous pouvons , j'ose l'espérer,

compter d'avance sur la continuation de la prospérité de la co-

Je n'ai aucune demande à former auprès de Votre Excellence

lonie. Il n'est pas impossible qu'une diminution dans les denrées

ni aucune idée à lui suggérer qui, dans mon opinion, doive accé-

d'exportation

lérer encore davantage la prospérité croissante de cette province.

prochain; mais aussi nous devons avoir égard au mauvais temps

Les affaires de la colonie ne peuvent pas aller mieux. Quelle que

qui a régné dans quelques districts, antérieurement au 1er août,

soit l'importance des secours que l'on se propose d'accorder à la

et qui a fait rester sur pied une forte portion de la récolte. On

Guyane anglaise , pour aider à l'instruction morale et religieuse

peut se demander si une prolongation de travail forcé aurait pro-

delà population laborieuse, Votre Excellence s'emploiera, je n'en

duit un résultat aussi satisfaisant. J'ai l'espoir que l'on secon-

doute pas,pour qu'ils soient envoyés le plus tôt possible. J'exprime

dera généralement mes efforts pour asseoir la prospérité indivi-

aussi l'espoir que l'agent général de la colonie sera chargé d'a-

duelle sur le bien-être de tous.

ait lieu pour le présent trimestre et pour le

dresser à Berbice, sans nul retard, l'argent monnayé montant à 125,000 fr. pour lequel des traites ont été achetées et lui ont été envoyées. Les sujets qui précèdent sont les seuls sur lesquels je

3.

EXTRAIT

Russell. — Situation favorable du pays malgré la diminution de la récolte.

désire, pour le moment, attirer l'attention de Votre Excellence. Signé J. Carmichael

d'une dépêche du gouverneur Light à lord John

SMITH.

Demerara, le 22 janvier 1840.

2.

DISCOURS

du gouverneur à l'assemblée locale de Deme-

rara. — Etat de la colonie après la déclaration définitive de la liberté.

Les nègres sont si peu enclins à quitter la civilisation, que la seule maison qui ait été bâtie sur la rivière, depuis l'émancipation, l'a été par un ancien colon de couleur, qui désirait un nouvel établissement. Les habitants, noirs ou de couleur, des bords de la rivière sont tous d'anciens colons, et ils sontfort peu

George-Town, le lundi 17 septembre 1838.

nombreux. Ils cultivent des provisions ou élèvent des bestiaux dans les savanes voisines. Les établissements pour la coupe des

Je croirais manquer à mon devoir envers le public , et peutêtre ne pas répondre à votre propre attente, si, à noire première réunion après la mémorable époque du 1er août, je ne vous entretenais pas de l'état de la colonie.

bois sont exploités principalement avec l'aide des anciens habitants du pays , dont quatre ou cinq cents fréquentent la rivière. Les hommes commencent à porter des habillements, et les femmes mettent un jupon.

Nous approchons de la fin du second mois qui s'est écoulé depuis la proclamation de la liberté générale. Ce laps de temps peut nous suffire pour apprécier les bonnes dispositions des nou-

4.

EXTRAIT

veaux émancipés. Mais nous ne pouvons pas encore juger l'effet

du discours du gouverneur Light à L'assemblée coloniale (court of policy).

général de cette mesure sur la prospérité de la colonie. Les colons,

28 février 1840

les propriétaires et les maîtres doivent s'applaudir de ce qu'aucun incident ne soit venu leur indiquer un manque de bonne vo-

Il y a eu, je regrette de le dire, une grande diminution dans

lonté de la part de la masse des laboureurs. Celle circonstance,

vos produits, mais non pas telle qu'elle puisse exciter le découra-

qui fait honneur à ces derniers, est en même temps un sujet de

gement. Il est notoire que, pendant trois ou quatre mois de l'année

satisfaction pour leurs maîtres, et tend à confondre ceux qui espé-

dernière, non-seulement les cannes n'ont pas été productives,

raient qu'il en serait autrement.

mais que, dans plusieurs parties du pays, les moyens de trans-

Il n'est pas étonnant que plusieurs changements de résidence aient eu lieu. On devait bien s'attendre aussi à voir des individus

port des champs aux fabriques ont été arrêtés par le manque d'eau dans les tranchées.

qui avaient été toute leur vie assujettis à un travail obligatoire se

La diminution ne peut donc pas être attribuée exclusivement

relâcher d'abord, aussitôt que ce travail ne leur serait plus

à la révolution qui s'est opérée dans notre système social. J'espère

imposé, puis parfois même s'en abstenir tout à fait. Mais il n'y

que le produit de celte année présentera une augmentation suf-

a pas lieu de s'alarmer ni même de craindre que ces dispositions

fisante. Les recettes d'importation et de droits intérieurs ont de

à l'oisiveté, qui se sont montrées dans quelques districts, ne de-

beaucoup surpassé ce qu'on avait supposé, et la liste civile a

viennent générales et habituelles.

été presque défrayée en entier par l'excédant du revenu des

Il a suffi de démontrer aux noirs la fausseté des idées qu'ils

douanes.

s'étaient faites sur les droits qui leur étaient acquis par l'émanci-

Cependant il est consolant d'observer que telle est la con-

pation ; ces explications ont donné la première impulsion à la

fiance dans la durée permanente des propriétés, que le prix des

la reprise des travaux d'un bout à l'autre de la colonie. La mo-

plantations qui sont à présent en vente est loin d'être bas; et

dération cl la patience des maîtres ont aussi produit de grands

je me réjouis de dire que, généralement parlant, les proprié-

changements. Si sur certaines plantations la quantité de travail

taires ne montrent aucune inclination à vendre leurs planta-

n a pas répondu aux espérances des planteurs, sur d'autres, du moins, et je dirai même sur presque toutes, le travail est en

tions.

pleine activité. Il est avéré que les laboureurs ne se sont pas livrés à une vie vagabonde; ils ne sont pas non plus perdus pour les districts en culture; car les inspecteurs des rivières et des

la permanence de notre système, je ne puis m'empêcher de

II.

En parlant de la confiance que tous paraissent avoir dans donner mon témoignage à la bonne conduite de vos ouvriers. On devait s'attendre à ce qu'ils fussent moins assidus au travail. 34


530 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES.— PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

que pendant l'esclavage, et c'est un sujet de félicitation de voir qu'ils sont tout aussi industrieux. Leur gaieté et leur contente-

dune manière satisfaisante, et la plainte renvoyée. La troisième fut faite par un ouvrier tailleur contre son maître,afinde se faire

ment dissipent les craintes de plusieurs et surpassent l'espoir de tous. Des hommes, dont l'ambition ne se borne pas à un simple

payer 5o piastres qui lui étaient dues pour gages. L'accusé obtint du temps pour faire une contre-réclamation; mais, comme il ne

désird'êlre délivrés de toute espèce d'esclavage, mais qui'aspirent à devenir propriétaires, et qui savent qu'ils peuvent obtenir l'ac-

parut pas, jugement fut donné contre lui pour le tout, avec une piastre et demie de compensation pour perte de temps : mandat de

complissement de leurs désirs par l'industrie, ne peuvent pas être paresseux. Nous avons des preuves convaincantes qu'en acqué-

saisie , et puis mandat d'arrestation , s'il y avait carence d'objets à saisir, furent ensuite lancés contre l'accusé. La suivante était une plainte cl un forgeron, qui accusait son maître, propriétaire

rant des terrains aucun n'a encore voulu sortir des limites de la civilisation. Votre colonie est remarquable pour la rareté des crimes, et il n'y a que fort peu d'exemples de délits d'une nature grave. Vos

d une fonderie, de refuser le payement de salaires , se montant à une piastre et demie : accordé et payé sur-le-champ. La cin-

laboureurs sont soumis; ils obéissent aux lois et respectent

quième et dernière plainte était celle d'un ouvrier maçon contre son maître, qui refusait de lui payer 20 piastres 72 cents

l'autorité. Ces dernières qualités peuvent nous étonner (et mon opinion sera partagée par la métropole) quand on considère le

d arriéré de gages : la demande fut admise et payée par un billet.

mauvais exemple qui a été systématiquement donné par ceux qui auraient dû être retenus par leur position sociale.

Le rapport du juge salarié Fowler contient deux plaintes. La

5.

EXTRAIT

des registres de plaintes des magistrats salariés, pour le mois de juin 1840.

Les juges salariés Coleman, Rose, Brittain, Ware et.de Groot, rapportent qu'ils n'ont eu aucun différend à régler entre maître et serviteur, dan s) le courant du mois de juin. Le journal du juge salarié Lyon contient un seul cas : c'est uneplainte portée par un ouvrier charpentier contre son maître , pour refus de payement de salaires se montant à la somme de huit piastres, salaire que le plaignant a obtenu, avec deux piastres pour la perte de temps qu'il a éprouvée en allant faire sa plainte. Le journal du juge Strutt ne contient aussi qu'une plainte, portée par

un

ouvrier charpentier contre son maître,

pour

refus de salaire suivant le prix convenu. La raison du maître était que le plaignant avait mal travaillé; cependant, ceci ne suffisant pas pour autoriser l'infraction au contrat, on fit payer' par l'accusé ce qui lui était réclamé. Le journal du juge Heyland contient trois plaintes : l'une d'un charpentier contre son maître, pour lui avoir retenu cinq jours de gages; le juge les lui a accordés, (avec une piastre 33 cents pour le temps qu'il a perdu. L'autre est une accusation de voie de fait par une femme contre le directeur d'une plantation; elle accepta 3 piastres comme compensation. La dernière plainte est celle d'un batelier contre le capitaine du bateau, pour voie de fait. Cette affaire est arrangée, le maître du bateau ayant consenti à payer 2 piastres au plaignant.

première d'un charpentier contre son maître, pour 12 piastres 17 cent, de gages. Jugement en faveur du plaignant, avec 8 piastres d'in demnité, pour mauvais traitements et perte de temps. La seconde par un laboureur contre le directeur d'une plantation qui refusait de payer à la femme du plaignant certains services que celle-ci prétendait lui avoir rendus. On prouva que la femme ne travaillait point pour la plantation, mais qu'on lui permettait d'occuper une maison , à condition qu'elle s'occuperait des enfants dans la cour de la maison des nègres. Comme elle no put prouver qu'on lui avait promis des salaires, la plainte fut renvoyée. Le rapport du juge salarié Allen contient quatre plaintes portées par des laboureurs contre les directeurs, pour non-payement de leurs gages entiers, ou pour d'autres récompenses qu'ils disaient avoir gagnées. Dans un de ces exemples, la demande avait pour objet une botte de bananes que l'on avait promise généralement et individuellement aux laboureurs comme boni, outre leurs gages, pourvu qu'ils travaillassent six jours de la semaine. Le plaignant ne put établir son droit, et la plainte fut retirée. Deux autres plaintes furent renvoyées, parce qu'il n'y avait pas de preuves que l'on n'eût point payé les salaires

en entier. La dernière

plainte fut arrangée à l'amiable, le plaignant recevant

2

piastres

pour les gages qui lui étaient dus, et une piastre d'indemnité pour sa perte de temps. Le rapport du juge salarié Mac-Leod contient une plainte: un laboureur de plantation accusait son directeur de lui avoir payé 3 bitts au lieu de 4 (un quart de piastre au lieu d'un tiers) pour sa journée. Il fut prouvé qu'il n'avait pas fait le travail qui lui aurait donné droit à ce qu'il réclamait, et la plainte fut renvoyée.

M. le juge Maclennan rapporte trois plaintes, dans deux desquelles les plaignants sont laboureurs sur des plantations. Dans la

Aucune de ces plaintes ne provient des plantations de son dis-

première, le directeur d'une plantation est accusé d'avoir battu un laboureur avec un bâton; le Tait fut prouvé, et l'accusé

plainte pour voie de fait par un maître tailleur sur son apprenti,

condamné à payer 10 piastres au plaignant. La seconde fut

et de quatre infractions de contrat par des apprentis artisans :

Le rapport du juge salarié Ross contient cinquante plaintes. trict; elles arrivent toutes de George-Town, à l'exception d'une

portée,contre le contre-maître d'une plantation, par une femme

toutes ces plaintes s'élevaient entre des maîtres et leurs ouvriers,

alléguant qu'il avait rapporté, de manière à lui faire tort, la

pour descomptes de salaires qui ont été réglés selon le témoi-

quantité d'ouvrage qu'elle avait fait; cette accusation fut réfutée

gnage des deux parties.


CHAPITRE XI. ETAT DE LA RELIGION, DE L'EDUCATION ET DES MARIAGES.

SOMMAIRE.

NUMÉROS

ORIGINE DES DOCUMENTS.

DATES.

A. Rapport sur l'éducation des noirs à la Jamaïque

Report from C. J. Latrobe, est]., on negro éducation.

7 février 1838.

533

B. Rapport sur l'éducation des noirs dans les îles du vent et sous le vent.

Idem

21 juin 1838.

537

C. Rapport sur l'éducation des noirs à la Guyane anglaise et a la Trinité.

Idem

14 août 1838.

542

TITRES.

d' ordre.

123.

§ Ier.

EXTRAITS DU RAPPORT DE

M.

J.

C.

PAGES.

LATROBE.

547

APPENDICE. — 1.

Extraits des appréciations de dépenses . votées en faveur de l'éducation à Demerara, Essequibo et Berbice, pendant les années 1834, 1835, 1836, 1837 et 1838. 2. Proportion des moyens d'instruction, avec le chiffre de la population.

Idem

548

3. Extrait du budget de Demerara et d'Essequibo pour 1838. Sommes votées pour le clergé, etc

Idem

Ibid.

A. État des sommes allouées à l'église anglicane dans toute la Guyane anglaise pour les églises, les écoles, les salaires, etc., en 1836 ,1837 et 1838.

Idem

549

D. Rapport sur l'état de l'éducation des noirs à la Trinité.

Idem

15 février 1839.

Ibid.

551 1. Rapport des administrateurs de cette fondation.. .

Idem

2. Témoignage d'Alexandre Stronach, directeur de l'école de la fondation Mico, à la Barbade.

Idem.

3. Précis des travaux des directeurs de la fondation Mico dans les différentes îles dont il a été parlé dans les rapports précédents.

Idem

554

4. Règlement pour la direction des écoles entretenues par la fondation Mico.

Idem

Ibid.

Ibid, 4 septembre 1837.

553

556 F. Récapitulation générale exposant l'état de l'éducation dans les îles britanniques des Indes occidentales et à la Guyane anglaise, de mai 1837 à juin 1838. F bis. État de le religion et de l'éducation dans le diocèse de la Barbade et des Antilles en 1841. G. Emploi de 750,000 francs votés par le Parlement, en 1837, pour le développement de l'éducation des noirs.

558

Papers relative to the West-Indies , 1841 1842, p. 147.

Report from. C. J. Latrobe

560

Porter's tables

563

N° 124. § II.

TABLEAUX STATISTIQUES CONSTATANT LE PRO-

GRÈS

DE

L'ÉDUCATION

ET

DES

MARIAGES

CHEZ

LES NOIRS.

I. Relevé du nombre d'individus qui ont suivi les écoles dans les dix-neuf colonies il travail libre, de 1838 à 1839. 2. Chiffre des individus qui ont reçu l'instruction dans les écoles de la Guyane anglaise pendant le trimestre de juillet à septembre 1838, et pendant le trimestre d octobre à décembre de la même année.

Idem, vol. de 1832 à 1841

Ibid,

3. Situation des congrégations des frères unis ou morves, à Antigoa, de 1837 à 1839.

Idem

Ibid.

A- Chiffre des communiants divers de la Guyane anglaise pendant le trimestre de juillet à septembre 1838.

Idem

Ibid.

Mouvement de la population et des mariages dans les colonies anglaises, de 1832 A 1839.

II.

564

Idem

34.


SOMMAIRE DU CHAPITRE XI. (Suite.)

532

NUMÉROS

TITRES.

ORIGINE DES DOCUMENTS.

DATES.

Papers relative to the abolition of slavery, part. III (1), pag. 12.

24 février 1836.

PAGES.

d'ordre.

N° 125.

§ III. RÉCLAMATIONS DES MISSIONNAIRES WESLEYENS AU SUJET DES MARIAGES.

Extrait d'une dépêche de J. Beacham sur la nécessité de valider les mariages célébrés par les missionnaires antérieurement à l'émancipation. N° 126.

§

IV.

DÉPÊCHES

DU

MINISTÈRE

DES

COLONIES

564

ET

DES GOUVERNEURS SUR L'ÉDUCATION.

N° 127.

565

1. Extrait d'une lettre du secrétaire de lord Glenelg à l'honorable J. Stewart.

Idem, pag. 7

2. Circulaire adressée aux magistrats spéciaux des îles Bahamas, par sir W. M. G. Colebrooke.

Idem, part. III (2), pag. 534

18 septembre 1835.

566

Idem, part. III (1), pag. 197

30 décembre 1835.

566

§

V.

RAPPORTS

DES

MAGISTRATS

SPÉCIAUX

1836.

SUR

L'ÉDUCATION.

1. Rapport du juge spécial Arthur Welch à Son Excellence le marquis de Sligo.

1837.

2. Autre extrait 3. Extrait d'un rapport de M. H. Ally, juge spécial....

Idem, part. IV, pag. 246

17 janvier 1837.

4. Extrait d'un rapport de J. Daughtrey, juge spécial..

Idem, pag. 213

10 janvier 1837.

5. Extrait d'un rapport de W. Ramsay, juge spécial, au marquis de Sligo.

Idem, pag. 83

1837.

1838.

6. Extrait d'un rapport sur les progrès de l'éducation et de l'instruction religieuse.

28 novembre 1838.

7. Rapport du juge spécial Grant

18 mars 1839.

8. Autre rapport du juge spécial Grant Papers relative to the West-Indies, part. pag. 54.

9. Extrait d'une lettre de R. Hill

I,

6 août 1840.

10. Extrait d'un rapport du juge spécial Kelly

1838.

11. Extrait d'un rapport du juge spécial de la Trinité sur l'éducation. N° 128.

§

VI.

ÉDUCATION

RELIGIEUSE

DES

COULIS

6 août 1839.

À

567 Ibid. Ibid. Ibid. 568

Ibid. IbidIbid. 569 Ibid-

DE-

MERARA.

Idem, British Guiana ( 1840), pag. 87..

1. Dépêche du gouverneur à lord John Russell

10 décembre 1839.

2. Copie d'une lettre du ministre B. Coltart à M. Wolseley. N° 129.

§

VII.

20 janvier 1840.

569 Ibid-

PROGRÈS DE L'ÉDUCATION À LA JAMAÏQUE.—

DISPOSITIONS

MORALES

ET

RELIGIEUSES

DE

LA

POPULATION ÉMANCIPÉE DE CETTE COLONIE, À LA FIN DE

1840.

A. Questions adressées par J. W. Grant, magistrat salarié , aux ministres de toutes les communions résidant dans la paroisse de Manchester.

Idem, part. II (1841), pag. 198

4 septembre 1840.

570

B. Réponses des ministres des diverses communions aux questions précédentes : 1. Lettre de M. Samuels, missionnaire wesleyen.. ..

Idem, pag. 200

28 septembre 1840.

Ibid-

2. Lettre de M. Blandford, de la mission morave....

Idem, pag. 201

29 septembre 1840.

Ibid-

3. Lettre du révérend docteur Stewart .

Idem, pag. 198

3 octobre 1840.

Ibid-

4. Lettre du révérend George Robbins, missionnaire morave.

Idem, pag. 200

15 octobre 1840.

571

5. Lettre de M. J. Lorn , missionnaire morave

Idem

26 octobre 1840.

Ibid.

6. Lettre de M. Gibson, de la société des missionnaires de Londres.

Idem, pag. 199

10 octobre 1840.

Ibid.

7. Lettre de M. John Aird, catéchiste presbytérien..

Idem, pag. 202

12 octobre 1840.

8. Lettre de M. Dawson, de l'institution Mico

Idem, pag. 201

16 octobre 1840.

Ibid572


CHAPITRE XI. ÉTAT DE LA RELIGION, DE L'ÉDUCATION ET DES MARIAGES.

N° 123.

§ I . EXTRAITS DU RAPPORT DE M. C. J. LATROBE, er

ENVOYÉ EN

A.

RAPPORT

MISSION

DANS

LES

INDES

sur l'éducation des noirs

À

OCCIDENTALES

la Jamaïque.

POUR

CONSTATER

L'ÉTAT

DE

L'EDUCATION DES

NOIRS.

toute espèce, qui s'est opéré dans la colonie, mais principalement à la promptitude avec laquelle on a arrêté les devis provisoires,

7

février 1838.

et à l'inexpérience des missionnaires concernant les difficultés qui entourent ici les entreprises de construction de toute es-

On remarque, à la Jamaïque, quatre différentes manières de bâtir ou distribuer les écoles, à l'entretien desquelles les fonds votés par le Parlement ont été appliqués :

pèce. J'ai pensé qu'il était de mon devoir, tout en remplissant mes fonctions dans ces colonies, de me borner plutôt à obtenir des

1° Les écoles régulières, séparées de tout autre bâtiment, et

informations sur l'état actuel des choses, qu'à influencer en au-

dans lesquelles le Gouvernement ne refuse pas que le service di-

cune manière ce qui se passait autour de moi; cependant, quant

vin soit célébré de temps à autre, pourvu que l'objet principal

aux opinions que je n'ai pu convenablement m'empêcher de ma-

de leur institution ne soit jamais perdu de vue.

nifester, dans certains cas, lorsqu'elles m'ont été demandées par

Les écoles régulières-, contiguës à des chapelles, et non

votre seigneurie, j'ai toujours eu égard aux instructions expli-

entièrement isolées, mais néanmoins parfaitement distinctes

cites dont j'ai été honoré et aux intentions de la législature an-

quant aux plans et aux évaluations. La plupart de ces édifices ont

glaise, d'après l'opinion que j'avais pu m'en former en parcourant la correspondance entre le bureau des colonies et les direc-

une cloison mobile, que l'on peut enlever au moment de l'office divin. 3° Les chambres de classes occupant, en partie ou en entier,

teurs des sociétés des missionnaires de la métropole. Et, en même temps que je me sentais obligé d'exprimer ma conviction sur la

l'étage inférieur d'une chapelle, et formant partie du plan dans

sagesse du règlement établi pour tout le monde, en même temps

l'élévation de l'édifice.

que j'affirmais qu'en y adhérant, autant que possible, on détruirait toute cause de jalousie et de mécontentement entre les diffé-

4° L'emploi d'une partie de l'intérieur d'une chapelle à l'instruction journalière des enfants des nègres.

rents corps de missionnaires de la colonie, et peut-être, pour l'a-

De ce qui précède, il faut conclure que les premières écoles

venir, de malentendus et de difficultés avec le Gouvernement,

sont, sans contredit, les meilleures, lorsque surtout l'habitation

je n'ai jamais oublié que l'objet spécial recherché par la mesure

du maître se trouve sous le même toit. La deuxième méthode a l'avantage d'économiser le travail dans la construction des deux édifices, et, quand le plan est parfaitement distinct, il n'y a aucune objection à faire.

adoptée par le Gouvernement de Sa Majesté était le progrès moral et religieux de la population nègre, et que, pourvu qu'on y arrivât, le reste était d'une importance secondaire. Je suis heureux de dire, pour la satisfaction personnelle de

On dit, en faveur delà troisième méthode, que, quoique ce ne

votre seigneurie , que la mission qui m'a été confiée par le Gou-

soit pas une école distincte, elle remplit néanmoins les intentions

vernement de Sa Majesté, a jusqu'à présent été remplie avec le

du Gouvernement, en fournissant une école permanente aux en-

concours franc et loyal de toutes les classes de la population. Je

fants delà classe ouvrière ; elle est d'ailleurs bien plus solideque

n'ai remarqué aucune apparence de crainte sur une interven-

celles qu'on pourrait élever avec la même somme en construi-

tion illégale dans les différents systèmes d'instruction morale et

sant un édifice séparé, d'après des évaluations proportionnées

religieuse suivis dans les écoles des diverses sociétés de mis-

au secours accordé par le Gouvernement.

sionnaires.

Quoique les intentions du Gouvernement de Sa Majesté soient

Quoiqu'il soit à regretter qu'à cause des obstacles dont j'ai fait

virtuellement remplies par la quatrième méthode, en ce qu'on

mention il n'y ait eu que le petit nombre de ces écoles qui aient

fournit un endroit permanent pour l'éducation des nègres, ce-

été bâties et occupées à l'époque de mon passage, il ne faut pas

pendant cette méthode peut être sujette à des objections très-

vous laisser ignorer que, dans la plupart des localités, il a été établi des écoles dans des bâtiments provisoires. Il est vrai que

fondées.

formations générales concernant le prix d'établissement des

la plupart de ces écoles ne sont encore qu'en germe; mais, dans le nombre, il y en a bien peu qui, avec du temps, ne promettent

écoles de cette île, car on verra, par le tableau, qu'il n'a été pos-

de réussir, si elles sont sagement dirigées.

Je regrette de ne pouvoir fournir à votre seigneurie des in-

sible de se procurer ce renseignement que pour un très-petit

En jetant un coup d'œil sur les actes des différents corps de

nombre d'écoles. En vérité, telles sont les différentes circons-

missionnaires , dans la supposition qu'ils peuvent exercer une

tances que présentent diverses localités, qu'il serait presque im-

influence sur le succès des mesures adoptées par le Gouverne-

possible de former des conclusions générales sur ce sujet.

ment de Sa Majesté, je devrais peut-être dire, à l'égard des

Dans presque tous les cas, on a observé que les évaluations ne s'élevaient jamais au chiffre des dépenses actuelles. Cette diffé-

fondations de la société, dite Société pour la prédication de V Evan-

rence est due, en partie, à l'élévation du prix des travaux de II.

gile, que le plan.général, donné par sa seigneurie, pour la formation, dans cette île, d'écoles dépendantes de celte société et de

34-


534 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

l'Eglise établie favorisera sans doute beaucoup moins qu'on poui-

ment de leurs écoles à l'absence forcée du missionnaire président

rait le désirer l'établissement des écoles. Néanmoins , ce projet

de leur corps, qui est resté , pendant la plus grande partie de

tendant à exciter la concurrence ou la coopération de personnes

l'année, en Europe.

dont l'attention n'est pas encore suffisamment dirigée vers la

On verra, dans bien des cas, que les écoles qu'ils dirigent

nécessité de l'éducation des noirs, il y a tout lieu d'espérer que

doivent leur maintien à la protection bienveillante de la Société

ces écoles seront d'une utilité réelle pour la colonie. Sans doute, en suivant un système différent, on aurait pu établir un plus grand nombre d'écoles et un enseignement plus actif. Mais il n'est pas certain que ces écoles fussent devenues aussi importantes pour l'île.

des dames pour l'éducation des nègres, société qui, en donnant sans ostentation de petits salaires annuels à des professeurs, a fait beaucoup de bien dans celle partie du pays. La nécessité de s'assurer, à l'avenir, la coopération d'une classe plus élevée de professeurs des deux sexes, et d'augmenter

La garantie la plus forte et la meilleure de l'utilité de ces

les salaires attachés à cette fonction, devient cependant de jour

écoles, pour l'avenir, c'est cette inspection constante et person-

en jour plus sensible. Il est nécessaire aussi de mettre, dans le

nelle de la part du clergé de l'île, qui est partie intégrante du

système d'éducation, plus d'énergie que l'on n'en a montré jus-

système et dont les écoles de la ville de Kingston attestent les

qu'à présent.

heureux résultats. Ce système d'inspection porte également sur

La sphère principale de la société des missionnaires bap-

le progrès et la conduite journalière des élèves et sur la conduite

tistes, pour l'éducation des nègres et des créoles, se trouve dans

et la capacité de ceux à qui leur éducation est confiée. Ainsi la

les paroisses de Saint-James, de Trelawney et de Sainte-Catherine.

connaissance de l'état actuel de ces institutions ne dépend pas de

La société des missionnaires baptistes est d'opinion que les

simples rapports officiels transmis à des époques données, ni des

fonds qu'elle prélève, pour ses missions ou pour l'objet spécial

observations faites pendant des inspections temporaires; l'expé-

delà prédication de l'Evangile, parmi les païens, ne doivent pas

rience prouve qu'on ne peut avoir grande confiance dans ces

être appliqués à l'éducation ; et, par conséquent, les missionnaires

deux moyens d'information.

ont été obligés d'avoir recours à leurs ressources particulières,

La société des missionnaires de l'Eglise possède, dans la colo-

dans la poursuite de leurs projets pour l'éducation des classes de

nie , des hommes capables. Leur réputation et leurs talents as-

couleur. L'énergie, la persévérance et le courage avec lesquels

surent l'accomplissement consciencieux du devoir qu'ils ont à

ces projets ont été mis à exécution doivent en général exciter le

remplir.

respect et l'admiration.

Les circonstances ont suscité cependant à la société des diffi-

Pour rendre justice aux autres corps de missionnaires, il con-

cultés particulières, et il est bien à regretter que ces établisse-

vient de remarquer, dans la comparaison que l'on pourrait faire

ments dans l'île ne soient pas plus considérables ; il est à regret-

entre l' état de leurs écoles et l'état avancé de celles des mission-

ter aussi que les fonctions de l'enseignement, étrangères à celles

naires baptistes, que ces dernières ont été élevées dans des cir-

d'un missionnaire proprement dit, et que nul homme , quelque

constances différentes.

actif qu'il soit, ne peut remplir convenablement en dehors de ses devoirs ecclésiastiques , ne soient pas confiées, par les direc-

les fonds afférents à l'éducation , elle refuse d'assumer la respon-

teurs de la société métropolitaine, à clés personnes spéciales.

sabilité des entreprises de ces missionnaires, en ce qui concerne

C'est à cette cause seule qu'on doit attribuer une grande partie des retards qui ont eu lieu dans la construction des édifices.

doivent, en effet, rester sous la direction individuelle du fonda-

Comme la société des missionnaires baptisles n'a pas fourni

l'éducation, ou d'exercer aucune influence sur les écoles, qui

Les stations de la société sont largement répandues dans la colonie; elles sont plus nombreuses dans la partie élevée et né-

teur, et dépendre de lui quant à leur entretien.

gligée de l'île que celles des autres corps de missionnaires.

tés de missionnaires obligeaient chacun de leurs agents à attendre

Dans le document annexé tableau A, j'ai fait allusion aux causes qui arrêtent les progrès des missionnaires wesleyens. Quoique le zèle de ces missionnaires soit depuis longtemps reconnu dans

la décision de la commission, qui est en Europe, ainsi que l'au-

l'île, où l'action de la société n'a point jusqu'à présent été diri-

Ainsi, tandis que les règlements de la plupart des autres socié-

torisation du Gouvernement pour bâtir leurs écoles, le zèle et l'énergie des missionnaires baptisles étaient stimulés par la conviction que leurs directeurs ne pouvaient venir à leur secours,

gée vers l'éducation , la mesure sage adoptée par les directeurs,

et que, par conséquent,leurs projets ne pouvaient pas être mo-

dans la métropole, d'envoyer un inspecteur résidant pour les

difiés. Des efforts personnels et extraordinaires , de la part de ces

écoles de cette île, a malheureusement été rendue moins utile

missionnaires, furent le résultat de cet étal de choses : aussi la

par les circonstances particulières dans lesquelles la société a

plupart de leurs écoles étaient-elles presque terminées, avant

été placée. Peut-être que le désir de compléter la nouvelle école, et la formation de l'école-modèle à Kingston avant qu'on

accordait son concours pour une partie des dépenses déjà faites.

ne fit d'autres démarches, ont retardé l'établissement des écoles dans d'autres endroits.

collègues n'ont pas osé étendre le champ de leurs travaux, c'est

même qu'ils eussent reçu l'assurance que le Gouvernement leur El maintenant si ces missionnaires et plusieurs autres de leurs

Mais, selon le plan systématique que l'on a adopté, on s'attend à ce que toutes les écoles que l'on bâtira dans les paroisses seront

au manque de fonds seulement qu'il faut en attribuer la cause.

élevées simultanément, et qu'elles seront occupées dans le courant de 1838.

society) ont montré leur dévouement pour la cause de l'éduca-

Les stations de la société des missionnaires wesleyens sont assez largement distribuées sur une grande étendue de l'île. Celles de la société des missionnaires moraves se trouvent toutes,

offerts à remplir, personnellement ou par leurs familles, en de-

a la seule exception de Irwin-Hill (Saint-James), dans la paroisse de Sainte-Elisabeth, et dans les districts voisins de Manchester et Westmoreland, où quelques-unes do ces stations existent déjà depuis plusieurs années. La société a retiré certains

Les missionnaires de la société de Londres (London missionary tion des nègres par la bonne volonté avec laquelle ils se sont hors des devoirs de leur ministère, les places de professeurs dans les écoles, jusqu'à ce que l'on pût se procurer en Europe de nouveaux instituteurs. En même temps, le soin de surveiller la construction des écoles leur était entièrement confié. C'est dans les paroisses de Clarendon, Manchester, Trelawney et Sainte-Anne, qu'on trouve le plus grand nombre de ces mis-

avantages de la bienveillance avec laquelle ces missionnaires ont été accueillis par plusieurs propriétaires résidant dans cette partie

sionnaires.

de l' île, et n a pas eu à lutter contre la difficulté d'obtenir des

cas, excepté à Hampden , avoir éprouvé beaucoup de difficultés

terrains qui avaient été refusés à plusieurs autres.

à obtenir le transfert légal des terrains choisis pour les emplace-

On doit peut-être attribuer les retards qu'a subis l'établisse-

La société des missionnaires écossais semble, dans tous les

ments de ces écoles. Ses stations se trouvent particulièrement


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CH. XI. ÉTAT DE LA RELIGION, ETC.

535

dans les paroisses de Sainte-Marie, d'Hanovre, de Saint-James et de Trelawney.

Chambre d'assemblée, en 1835-36; et la dernière session de

Il n'est pas douteux, d'après la réputation personnelle et les talents des individus qui forment le corps des missionnaires de cette société, que, partout où on leur permettra d'établir

beaucoup de progrès.

des écoles permanentes, ces écoles ne soient bien dirigées, et a exercent une influence salutaire sur la population.

novembre; et comme il existe, à ce sujet, clans l'esprit public,

Comme il appert du tableau A, la plus grande prudence a marque les actes des directeurs de la fondation Mico, clans la formation de leurs écoles à la Jamaïque. Je ne suis pas disposé à

que des mesures couvenables seront prises dans la session sui-

penser que celle prudence ait eu pour motif un cloute qu'ils auraient entretenu concernant le succès des écoles dirigées

1836-37 a pris une décision, sans que la proposition ait fait Je suis informé que certaines propositions à ce sujet doivent être présentées à la Chambre aussitôt qu'elle s'assemblera, en un intérêt qui va toujours croissant, la conviction générale est vante. Il me reste à soumettre au Gouvernement de Sa Majesté, au sujet de l'éducation dans les colonies, les remarques que mes observations personnelles ont pu me donner l'occasion de faire.

d après le principe libéral qui a présidé à leur formation , ou du système particulier d'instruction que l'on y suit. Mais je

vait pas, pour le moment, s'attendre à aucun excédant, quant aux

supposerais plutôt que, étant libres d'agir avec plus de circonspec-

moyens d'instruction. Cependant, et la chose était facile à prévoir,

tion que les sociétés de missionnaires, ils désiraient, dans l'état

le peu de relations qui existent entre les différents corps des mis-

présent d'indécision de la colonie, se restreindre à fournir promp-

sionnaires , et les circonstances qui ont déterminé le choix des lo-

tement les moyens d'éducation partout où le besoin urgent s'en

calités , ont fait que les écoles qui existent sont très-inégalement

ferait sentir, sans s'engager, pour le présent, à entretenir des

distribuées sur la surface de l'île. On aurait pu désirer, vu le

écoles et à occuper d'une manière permanente les postes en ques-

manque total des moyens d'éducation dans tous les districts, qu'on

tion. L'ordre et la régularité de leur action ne laissent rien à désirer; leurs stations sont distribuées clans toute l'île.

eût ménagé, çà et là, un peu plus d'espace entre les stations. En

On pourra voir, en jetant les yeux sur le tableau général B,

tions de sucre sont en possession de la majeure partie des écoles ;

que la plus grande partie des écoles de toute espèce qui existent

et même, dans ces parties de l'île, il se trouve un espace très-

dans l'île,, et particulièrement les plus importantes, sont dirigées

étendu , très-peuplé, où il n'en existe point.

par les sociétés des missionnaires et par les individus que nous venons de nommer.

J'ai déjà fait remarquer que, dans les divers districts , on ne de-

général, les côtes et les distric's adjacents occupés parles planta-

Les districts montagneux sont, en général, bien négligés; les écoles y sont peu nombreuses et, pour la plupart, dispersées sur

Il faut remarquer, quant aux écoles paroissiales, dont un

un espace accidenté, occupé par des enclos, des plantations à

fort petit nombre dépendent de l'évêque, qu'elles sont d'une

café et des terrains à provisions (jardins à nègres). La popula-

inutilité marquée, soit que nous les jugions d'après l'étendue

tion de ces parties de l'île est bien loin d'être aussi nombreuse

de leurs moyens, ou d'après les principes sur lesquels elles sont

que l'on pourrait se l'imaginer, quand on voit pour la première

dirigées, ou enfin d'après les talents et la réputation des indivi-

fois ces collines et ces montagnes qui séparent par leurs crêtes

dus que l'on emploie pour y professer.

escarpées des vallées d'une grande fertilité.

Cependant, depuis 1834, l'attention des conseils de fabrique

On a grand besoin, dans ces quartiers, de petites écoles, éta-

s'est graduellement tournée vers l'état des écoles paroissiales; et

blies avec discernement, et appropriées à la position des planta-

dans bien des paroisses on recherche, avec ou sans le concours

tions et des établissements du voisinage, avec facilité d'accès

de l'évêque, les moyens de remédier à ce mal.

pour les enfants d'un petit district. La plus grande partie des en-

Quant aux deux autres classes d'écoles, qui ne dépendent

fants qui fréquentent les écoles journalières de la colonie sont

point de l'église établie ni des missionnaires, c'est-à-dire les écoles

les enfants libres des apprentis. En vérité, quand je considère

particulières et les écoles cles plantations pour les enfants des

qu'un grand nombre de ces enfants appartiennent aux familles

apprentis, établies et dirigées par le propriétaire ou par son re-

qui sont devenues libres en se rachetant, depuis 1834, je suis

présentant, on n'en peut guère parler à présent. Il y en a peu du

porté à conclure que les trois quarts du nombre total des enfants

genre de ces premières,excepté clans la ville de Kingston ou clans

qui reçoivent une instruction régulière dans l'île appartiennent

quelques-unes des plus grandes villes, qui s'élèvent au-dessus

proprement à celte classe de la population. La quatrième por-

des écoles du plus bas degré d'Angleterre, l'instruction qu'on y

tion se compose principalement des enfants des créoles pauvres

donne étant cles plus restreintes. Le besoin d'écoles particulières

et libres ainsi que des marrons.

d'un ordre plus élevé, clans lesquelles les classes supérieures cle

La plupart des enfants qui fréquentent les écoles

du di-

la colonie pourraient recevoir une éducation libérale, la création

manche et du soir sont des apprentis jeunes ou adultes. On

d'un collège, ou de quelque autre institut ion publique sanc-

en trouve peu, parmi les premiers, dans les écoles journalières,

tionnée par la législature, se fait fortement sentir clans toute

et cela pour des raisons faciles à comprendre : c'est peut-être

l'île. Ce besoin se fait sentir surtout maintenant pour plusieurs

même, de toutes les classes de la société, celle qui possède le

propriétaires à qui des moyens restreints, et cles doutes sur les

moins d'instruction, tandis qu'il serait si nécessaire de lui en

changements que l'émancipation peut causer à leur fortune,

procurer.

rendent trop onéreux les frais considérables d'une éducation privée pour leurs enfants.

Dans les écoles du dimanche et du soir, les élèves les plus avancés des écoles journalières sont d'une grande utilité, et, à

Les écoles cles propriétés dont nous venons de parler sont à présent en petit nombre; néanmoins cet objet commence à

la campagne, plusieurs de ces écoles sont dirigées entièrement par leurs soins.

occuper l'attention cle plusieurs hommes influents cle la colonie.

En réfléchissant au peu de temps qui s'est écoulé depuis l'éta-

Il existe une grande diversité d'opinions, quant à leur succès,

blissement d'une grande partie de ces écoles, ainsi qu'aux diffi-

eu égard à la position respective des deux classes de la société. Le temps seul peut prouver la justesse de l'une ou l'autre de ces vues.

cultés et à l'indécision qui ont suivi les premiers efforts que l'on

Votre seigneurie sait que, jusqu'à présent, la législature de l'île n a point trouvé l'occasion de se prononcer d'une manière définitive au sujet cle l'éducation des classes ouvrières, ni d'adopter aucune mesure générale pour le succès cle cet objet

sant.

important. Cette matière fut introduite clans In

facilité se fait remarquer surtout en ce qui concerne l'écriture et

II.

session de la

a tentés dans la situation actuelle de l'île, je n'hésite pas à dire que l'aspect qu'elles présentent en général est assez satisfaiIl a été universellement remarqué, dans l'île , que les enfants de couleur de toutes les classes déploient une facilité remarquable à acquérir les éléments de l'instruction qu'on leur procure. Celte

34...


536 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. l'arithmétique; et, clans les meilleures écoles , les progrès qu'ils

mation naturelle du pays. Il était impossible de faire la tournée

font, en très-peu de temps, dans ces branches d'éducation;

d inspection dans une meilleure saison pour se convaincre de

sont vraiment extraordinaires. En lecture, les progrès ne sont pas aussi frappanls; mais je suppose qu'on peut, en général,

l'influence inévitable que ces derniers obstacles exercent sur les écoles, ou de la véracité des excuses données par plusieurs sur-

en attribuer la cause à l'éducation défectueuse, sous ce rapport,

veillants pour justifier leur peu de succès, et cela principale-

de plusieurs de ceux que l'on emploie pour le moment dans

ment dans les districts montagneux. En cherchant, lors de ma

l'enseignement.

dernière visite, dans chacune des écoles, à connaître le nombre

Quant aux obstacles et aux difficultés qui pourraient s'opposer,

actuel des élèves de toute espèce, sans avoir égard à ce qui

dans cette île, aux progrès de l'éducation, je crois dire la vérité en affirmant que les autorités locales et les planteurs contrarient

avait été fait ni à ce qu'on pouvait faire à l'avenir, j'ai senti que, si j'inscrivais purement et simplement le nombre d'élèves qui s'y

bien rarement les différents projets proposés pour l'éducation

trouvaient dans cette partie de l'année, ce ne serait pas un acte

des apprentis ou de leurs enfants, quelle que soit la secte qui les

de stricte justice envers les directeurs, et que je ne fournirais

propose.

pas ainsi au Gouvernement de Sa Majesté une juste idée de ce que l'on avait fait dans l'île. Si j'avais pris le nombre d'élèves

On ne peut nier qu'il n'existe dans l'île une classe nombreuse d' individus dont les opinions sont encore imbues des préjugés de l'ancien régime. Je suis porté à croire que les sentiments qui dominent dans cette classe sont plus particulièrement ceux de la méfiance et du soupçon. Les dispositions présentes de celte classe sont mauvaises, ainsi que celles d'une autre classe, dont la principale objection repose sur ce que, dans les nouvelles écoles, on s'occupe trop peu de travail et d'industrie. D'autres montrent une grande apathie à l'égard de celle question ; et cependant il n'est pas moins vrai que le changement qui s'est opéré à ce sujet dans l'opinion publique a été tel, qu'il a surpris ceux qui ont connu, pendant les dix dernières années, la colonie et la force des préjugés qui la dominaient. Mais maintenant que chaque mois apporte une preuve nouvelle des progrès du sentiment public à ce sujet, et que l'on obtient de jour en jour la coopération franche et libérale de plusieurs individus influents qui, jusqu'à ces derniers temps, étaient les premiers à faire de l'opposition, les partisans de l'éducation, dans la métropole et dans la colonie, doivent se sentir encouragés, et s'étonner de tant de progrès accomplis , plutôt que se sentir désagréablement affectés à l'idée de ceux qui leur restent encore à faire. Cependant, mettant de côté l'obstacle résultant de l'opposition active ou passive des planteurs, il y a encore de grands obstacles qui s'opposent, pour le présent, au succès des écoles. Le plus grand de ces obstacles vient du peu d'assiduité des écoliers et de l'impossibilité apparente de faire sentir aux parents la nécessité d'envoyer leurs enfants à l'école dans certains cas, et, dans d'autres, de les y envoyer régulièrement. L'expérience a démontré qu'il n'y avait aucun remède à cela , à moins que le maître d'école n'eût le temps, le zèle et l'habileté nécessaires pour persuader les parents et les forcer, par des conseils

dans les écoles journalières, telles que je les ai trouvées, le nombre total de ceux qui les fréquentent aurait à peine fourni la moitié de celui que j'ai donné. Les causes de ces absences sont les maladies, les pluies et la rareté des provisions, obstacles qui, cette année, se sont fait sentir, d'une manière extraordinaire, dans toute l'île, depuis le mois de mai jusqu'à la fin de septembre. Le manque de provisions a fait tort aux écoles, en ce que les apprentis pauvres et la population de couleur libre n'avaient de nourriture d'aucune espèce à donner à leurs enfants pour emporter avec eux à l'école. Cette disette générale provenait dune sécheresse de six mois et, en partie, d'une certaine négligence dans la culture des terrains à provisions. L arrivée à maturité du mango et sa grande abondance en juillet et août procura quelques soulagements d'une part, mais en ajoutant au nombre des malades, loin d'augmenter le nombre des élèves, elle ne lit que le diminuer. Les pluies fréquentes qui tombent dans cette saison influent quelquefois sur la fréquentation des écoles dans tout le pays, mais elles se font moins sentir sur les côtes, où elles tombent beaucoup moins souvent, qu'à quelques milles à l'intérieur, clans des districts du milieu et sur les montagnes. Là leur fréquence, leur violence et leur effet subit sur les torrents des montâmes et sur les rivières ont obligé, dans bien des cas, le maître d'écolo à consentir à ce que l'école soit fermée tous les jours à midi ou peu après. Je crois avoir raison de dire que toutes ces causes, contraires a l' assiduité des élèves, se sont fait sentir avec plus de force cette année que les années précédentes; mais, comme ces trois causes sont particulières au climat, on peut toujours s'attendre

réitérés, à faire ce qui dépend d'eux pour remédier au mal.

a ce qu elles influent sur l'éducation régulière des enfants durant trois mois de l'année.

Différentes circonstances et différentes localités offrent sans doute quelque variété à cet égard; mais la réponse générale qu'on fait partout est celle-ci : «Nous ne pouvons persuader à nos en-

Ce sujet me rappelle l'opinion, fréquemment exprimée dans les districts de montagnes, que quelques nouvelles dispositions pourraient faciliter les succès des mesures prises pour l'éducation des

fants d'aller à l'école plus régulièrement. »

classes ouvrières. Il s'agirait, entre autres choses, d'établir des dortoirs dans les écoles. Par dortoirs, on veut dire la seule addition d une ou de deux chambres pourvues de nattes, et peut-

Il ne serait pas absolument vrai d'affirmer que, dans plusieurs parties du pays, les classes ouvrières n'aient point le désir de s'instruire ; mais ce sentiment est bien loin d'être général, et, partout où il se rencontre, il n'est point estimé à 'sa juste valeur. Bien des écoles ont eu bon nombre d'élèves durant la première semaine , mais ce nombre a souvent diminué des trois quarts. On a remarqué que, dans les districts cultivés en clos et en plantations de café, les écoles étaient plus régulièrement fré-

être aussi de couvertures, où les enfants, dont les parents s'engageraient à fournir d'avance les provisions d'une semaine, pourraient être logés et nourris sous une surveillance convenable pendant quelques mois consécutifs : par ce moyen, on donnerait aussi, en cas de mauvais temps, un abri aux plus jeunes enfants qui viennent de loin ou qui passent par un pays

quentées que dans ceux où existent de grandes propriétés. Il y a peu d écoles qui puissent prétendre se trouver au grand

dangereux.

complet pendant plus de trois jours entiers de la semaine; car les enfants mettent beaucoup de négligence à y aller le lundi; le

ficulté principale, dans tous les cas où cette expérience a été

vendredi, plusieurs enfants restent chez eux avec leurs parents, ou vont aux jardins ou ailleurs ; et le samedi on trouverait difficilement dans toute l'île une école qui soit fréquentée.

J ai cité quelques exemples de l'essai qui en a été fait. La diftentée, a consisté dans l'arrangement à prendre pour l'entretien de ces pensionnaires; car, partout où les parents ont été rendus responsables des provisions, on a reconnu qu'on ne saurait

En outre, il faut, à celte irrégularité sans cause suffisante,

compter sur eux pour remplir ce devoir. Si on pouvait surmonter cette difficulté, plusieurs écoles en feraient l'expérience avec

ajouter celle qui résulte des variations du climat et de la confor-

leurs propres ressources, (l'est une mesure dont les avantages


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CH XI. ÉTAT DE LA RELIGION, ETC. sont évidents. Il suffit d'ajouter qu'elle serait probablement trèsagréable à un grand nombre des apprentis de ces districts. La mesure adoptée par plusieurs sociétés de réclamer une lé-

537

considérer comme présentant les avantages d'écoles normales sont toutes d'une fondation récente, et à peine y en a-t-il une qui soit en pleine opération.

gère rétribution pour l'instruction donnée dans leurs écoles ne

En parlant des professeurs, je devrais parler aussi de leurs

saurait être considérée comme exerçant une influence sur la fré-

honoraires; car c'est peut-être là, en général, la source la plus

quentation de ces écoles, puisque le payement en est rarement

féconde en inquiétudes pour les directeurs de la majeure partie des écoles entretenues par les sociétés de missionnaires, et sur-

exigé comme chose obligatoire, et peut, dans presque tons les cas, être regardé comme parfaitement libre.

tout de celles qui ont profité du concours du Gouvernement.

La législation devra juger s'il ne serait pas à propos de pro-

Les honoraires présents et à venir des professeurs employés dans

mulguer une ordonnance qui obligerait les enfants d'un certain

les écoles dirigées par les missionnaires de la société baptiste

âge à fréquenter les écoles, et si, dans l'état actuel de la colonie,

proviennent, comme on l'a déjà remarqué, des moyens et des

cette ordonnance serait réellement utile.

efforts individuels des missionnaires. Quant à la société des mis-

Une autre difficulté,qui embarrasse très-sérieusement tous ceux

sionnaires moraves, les honoraires des professeurs sont dus à la

qui sont occupés à pourvoir à l'instruction de la population ou-

coopération de la société des dames pour l'éducation des nègres,

vrière de cette île, c'est celle de se procurer des personnes con-

par conséquent au montant des fonds qui peuvent se trouver à

venables comme instituteurs et comme institutrices.

la disposition de la société, ainsi qu'au peu de moyens que possède son Église. Les salaires fournis par les sociétés des mission-

Il est à remarquer qu'il y a quatre classes de personnes employées en ce moment dans l'enseignement des écoles journa-

naires de l'Eglise et par les sociétés wesleyennes, soit de Londres,

lières :

soit d'Ecosse , doivent être puisés dans les fonds variables prove-

1° Des Européens mariés ou non mariés, choisis par les direc-

nant de contributions volontaires faites dans l'intérêt général

teurs des sociétés, etc., dans la métropole, et envoyés expressé-

de leur mission, et qui ne sont pas généralement considérés

ment pour être employés dans certaines stations;

comme strictement applicables à cet objet.

2° Les blancs que l'on a engagés dans la colonie comme maîtres ou maîtresses;

On s'est donc constamment demandé si le Gouvernement de Sa Majesté ne pourrait pas, jusqu'à un certain point, venir au

3° Les personnes de couleur adultes, nées dans l'île;

secours des écoles. Je prends la liberté de soumettre ce sujet

4° Des jeunes gens qui ont pu recevoir leur éducation, au

aux méditations de votre seigneurie et du Gouvernement de Sa

moins en partie, dans les écoles normales. Sans doute la première classe de ces professeurs est, en général la plus utile; mais comme il faut apporter beaucoup de soins dans le choix qu'on en fait, si on désire qu'ils réussissent, et que malheureusement les grandes dépenses que fait la société (non-seulement pour leur voyage, mais encore pour leur entrelien dans l'île), et les dangers du climat donnent à ce système l'apparence d'une spéculation, il en advient qu'aucune société de missionnaires ne suit cette marche sans hésitation, et que toutes seraient bien aises de s'y soustraire.

Majesté avec la conviction que, après la mesure déjà adoptée, nulle autre ne pourrait être plus favorable à l'éducation dans l' île que celle qui soulagerait les directeurs d'une portion de ce fardeau et d'une cause d'inquiétude pour l'avenir. Dans l'état présent de l'éducation , à la Jamaïque, chaque classe d'écoles doit être considérée comme un bienfait tant qu'elle tendra à inculquer des principes moraux et religieux dans l'esprit de la population de couleur. Il y a cependant une classe d'écoles dont l'utilité paraît si évidente, quand on jette les yeux

qu'à présent dans la colonie, l'expérience seule peut prouver, à

sur l'immoralité et les habitudes basses qui dégradent l'île, que je ne puis m'empêcher d'en parler. Ce sont des institutions sur le plan du Refuge pour les femmes, à Fairfield, à Manchester,

l'égard de chacun, si la nécessité, qui, dans bien des cas, dirige

à Kingston ( commencées par la société des missionnaires de l'É-

le choix, le fait tomber sur un individu capable ou non.

glise) , et celle de Half-Way-Tree,paroisse de Saint-Andrews, qui

Quant aux blancs, soit européens, soit créoles, engagés jus-

A l'égard de l'emploi de maîtres appartenant à la classe des

doit son origine à l'évêque du diocèse. Partout où on pourrait en

personnes de couleur dans les écoles journalières (et l'on verra que

établir de semblables, on devrait assurément leur donner tout

leur nombre forme à peu près les deux cinquièmes du nombre

l' encouragement possible ; car elles ne peuvent manquer, si on

total des professeurs), je crois que, jusqu'à-présent, soit défaut

les dirige sagement, d'être du plus grand avantage pour l'île,

(l'éducation chez la plupart des adultes , soit par suite de la rapi-

soit qu'on emploie plus lard celles qui les habiteront comme maî-

dité avec laquelle il a fallu faire passer le professeur du banc de

tresses dans les écoles, ou comme domestiques, ou comme

l'écolier à la chaire de l'enseignement, il n'en est que peu dans

femmes pour les laboureurs.

le nombre dont la capacité soit égale aux exigences de leurs devoirs. Dans la dernière classe, plusieurs peuvent avoir fait preuve

Votre seigneurie me permettra encore de faire la remarque générale que, dans les circonstances où se trouve la colonie, il serait également bon et sage, en ce qui concerne les classes ouvrières,

d'une grande intelligence comme élèves ; mais, dans leur nou-

et juste et politique à l'égard des maîtres et des propriétaires,

velle position, n'ayant peut-être ni l'occasion ni le goût de pous-

qu'on ne manquât jamais de faire comprendre à toutes les classes

ser plus avant leur instruction, il y a un point que ni le profes-

d'élèves la nécessité d'un travail honnête, et d'employer tous les moyens au pouvoir de ceux qui sont intéressés au succès et à

seur ni l'élève ne peuvent dépasser. On trouve, sans doute, çà et là, des exceptions à celle remarque; mais, sur le nombre de ceux qui sont actuellement en

l'utilité réelle des écoles, pour réunir, partout où on le pourra, des leçons d'industrie active aux autres branches d'éducation.

fonctions, il en est à peine un quart qui soient propres à con-

Signé C. J.

duire une école au delà des simples rudiments.

LATROBE.

En faisant connaître à votre seigneurie ce que je regarde comme l'état actuel des choses, je n'entends en aucune manière exprimer l'opinion que le caractère de celte classe de professeurs ne puisse grandement changer avec le temps. La nécessité absolue qui existait d'établir des écoles, quelque mal qu'elles pussent d'abord être dirigées, afin d'occuper le terrain et de

B.

RAPPORT

sur l' éducation des noirs dans les îles du vent et sous le vent. 21 juin 1838.

maintenir celles qui étaient en exercice, n'a fréquemment laissé d autre alternative que celle de se servir des instruments qui

Votre seigneurie ne sera pas surprise du peu d'ensemble qui

s'offraient. En outre, le peu d'écoles, dans l'île, que l'on peut

règne dans ces détails, ni de voir que, dans la longue chaîne


538 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. - PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. d' îles qui se développe depuis Tortola, il ne s'en trouve pas deux

des apprentis, et pour faire un rapport sur d'autres objets qui s'y

dans lesquelles l'éducation des nègres fasse des progrès égaux et

réfèrent. Cette commission a ouvert ses séances en juillet 1837,

suive la même marche. Il n'y a pas deux de ces îles dans les-

mais elle n'a pas encore terminé ses travaux.

quelles le caractère social, politique et physique, offre un point

Jusqu'à présent, si j'ai été bien informé, celte commission

parfait de ressemblance ; et c'est cette différence qui doit puis-

s'est uniquement occupée d'interroger différentes personnes atta-

samment agir sur l'éducation.

chées à l'éducation des nègres dans l'île , ainsi que des planteurs

A la Barbade, quoique les sociétés wesleyennes et moraves

et d'autres personnes qui connaissent le caractère actuel des en-

et les directeurs de la fondation Mico soutiennent quelques excel-

fants , leurs habitudes, leurs occupations cl leurs penchants. Le

lentes écoles pour les classes ouvrières, l'éducation de ces deniè-

rapport, quand il sera préparé et adopté, sera, m'a-t-on dit,

res, dans toute la colonie, dépend principalement de l'instruction

placé sous les yeux du Gouvernement de Sa Majesté. Je n'ai point

donnée dans les écoles placées sous la direction des membres du

appris que ce rapport dût conclure à l'adoption de mesures actives

clergé de l'île; ceux-ci sont stimulés et soutenus, dans celle

et immédiates, de la part de la législature, en faveur de l'éduca-

bonne œuvre, par la présence et la coopération active de leur

tion des nègres ; mais je crois qu'il faudra le considérer tout à fait

évêque. La haute réputation et les talents de l'évêque de la Bar-

comme une démarche préliminaire, et qu'un certain laps de

bade sont trop bien connus de votre seigneurie pour avoir be-

temps sera nécessaire avant que les désirs du gouverneur général

soin d'aucun autre témoignage; mais, comme la mission dont je

à ce sujet soient complètement remplis.

suis chargé m'a mis particulièrement en rapport avec lui, je croi-

Il est bien à désirer que celle belle colonie, qui possède, sans

rais manquer à la justice, si je retenais l'expression de mon admi-

contredit, plusieurs avantages moraux et physiques sur presque

ration pour ce qu'il a fait en douze ans, et de ma reconnaissance

toutes les autres, soit la première à poser des principes solides et

pour la courtoisie, la patience et la franchise dont il a fait preuve

libéraux en faveur de l'éducation générale des enfants de sa

à mon égard, en facilitant, par tous les moyens qui étaient en son

population ouvrière, et qu'elle les mette en pratique.

pouvoir, le succès de ma mission.

A la Barbade, presque toute la surface du pays est en état de

A la Barbade le nombre des écoles et des maisons d'écoles

haute culture; il n'existe, dans l'intérieur, aucune partie propre

permanentes est très-considérable, et tout porte à croire que

à servir de retraite aux paresseux, aucun lieu pour se cacher- en

ce nombre augmentera. L'on peut être assuré du zèle de ceux

dehors des limites delà société civilisée, avec la certitude d'y

qui sont plus particulièrement engagés à avancer l'instruction

trouver encore les moyens de pourvoir aux besoins purement

des classes ouvrières, et rester persuadé que , pour la propagation de l'instruction, l'on profitera ici, autant qu'il sera pos-

physiques; les classes ouvrières n'y possèdent aucun terrain à

sible, de toutes les facilités qui pourront être données par le Gouvernement de la métropole, par la législature coloniale ou par des particuliers.

provisions, séparé des propriétés qui doivent fournir à leurs moyens d'existence ainsi qu'à celle de leurs maîtres; il s'y trouve un beaucoup plus grand nombre de propriétaires résidants, et un système social plus fortement organisé, à bien des égards, que

L'éducation du grand nombre des pauvres blancs qui se trou-

l'on'ne peut en rencontrer ailleurs; on dit même que, dans celle

vent dans cette île ( et l'on ne doit pas craindre de blesser la

colonie, les nègres sont en progrès de quelques années sur leurs

vérité en affirmant qu'ils forment la plus basse classe de la po-

frères les blancs; et, enfin, on y voit moins de ces malheureuses

pulation ) est presque aussi difficile à faire que celle des nègres et des personnes de couleur.

lonies. Assurément, on pourrait atteindre ce grand but sans

Les grandes et florissantes écoles centrales de Bridge-Town, et,jusqu'à une époque récente, toutes les écoles paroissiales sans exception , ont été maintenues pour le bien particulier des enfants des parents blancs. Ces écoles sont particulièrement utiles; elles sont dirigées d'après des principes qui, quelque exclusifs qu'ils paraissent à un certain degré, semblent être bien appropriés aux circonstances où se trouve cette partie de la population de la

dissensions intérieures entre les habitants que dans d'autres corisques, et avec une confiance entière dans l'influence que ces établissements exerceraient sur l'avenir de la colonie. Il est bien à regretter que, avec tous ces avantages apparents, la méfiance que les noirs témoignent à envoyer leurs enfants aux travaux de culture se fasse plus sentir à la Barbade que dans toutes les autres îles que j'ai visitées ; il en résulte que le sentiment d'intérêt du

colonie. Les objections que l'on pourrait élever contre ces écoles,

planteur le porte à ne vouloir adopter aucun projet d'utilité générale pour la colonie sans y ramener l'idée d'attacher la classe

parce qu'elles admettent exclusivement des personnes de race

ouvrière au sol.

blanche, n'auraient plus la même puissance, surtout avec les

Si l'on parvient à surmonter cette difficulté, les questions

excellentes institutions qui existent dans la même ville pour le

qui peuvent embarrasser le développement de l'éducation dans

bien des classes de couleur.

d'autres îles ne paraissent pas pouvoir matériellement les retar-

A l'égard des écoles paroissiales de la campagne, dont les

der dans celle-ci. A l'égard des nègres de la Barbade, quelque

blancs , dans maintes circonstances , on peut le dire , ne voulaient

avancés qu'ils soient, sous bien des rapports, par comparaison

pas profiter, tandis que les races de couleur ne le pouvaient pas,

avec leurs frères, on ne peut pas dire que leur supériorité con-

ce doit être un sujet de félicitation de voir qu'en ce moment

siste à savoir mieux qu'eux apprécier les avantages de l'éduca-

il y ail opportunité, dans plusieurs paroisses, de les ouvrir à tous

tion. Ce n'est pas qu'il n'existe un vague désir de s'instruire

indistinctement, et de les rendre encore plus utiles en ne faisant aucune distinction de couleur. Quand ce progrès sera devenu plus

parmi la plupart des personnes de cette classe, mais ni le fait de la fréquentation des écoles, ni la disposition de la part des pa-

général, on verra quelle est la force et le caractère du préjugé au sujet de la couleur, préjugé qui se montre maintenant dans

rents à contribuer aux dépenses de ces écoles, ne se sont mani-

presque toutes les écoles de l'île. Il est vrai que , maintenant, l'on peut citer deux ou trois exemples d'écoles nationales dans lesquelles les enfants blancs se trouvent en compagnie des nègres,

qu'autre part.

pour le bien desquels les écoles ont été particulièrement établies , tandis que, d un autre côté, l'on cite des exemples d'une

d'instruction des enfants delà classe ouvrière, et que cette amélio-

répugnance manifeste, chez les parents d'enfants de couleur, à les envoyer aux écoles fréquentées par les pauvres blancs.

avec lesquels la législature coloniale, et plusieurs propriétaires in-

Une commission, composée de membres du conseil et de la chambre d'assemblée de la colonie, a été nommée pour prendre en

cet esprit louable continue à animer la population, il ne peut

considération l'article concernant l'éducation des enfants libres

rer une amélioration considérable dans l étal moral de la popu-

festés, jusqu'à présent, d'une manière plus sensible à la Barbade Quant à l'île de Ta'bago, votre seigneurie remarquera qu'il y a eu récemment une augmentation considérable dans les moyens ration a pris sa source principalement dans les bons sentiments fluents, ont concouru aux progrès de l'éducation des nègres. Si y avoir aucun doute que quelques années ne suffisent pour opé-


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CH. XI. ÉTAT DE LA RELIGION, ETC.

539

lation, surtout si le nombre des membres du clergé et des missionnaires augmente en proportion des besoins.

grandes et manifestes difficultés pour ce qui regarde l'extension de

A la Grenade, la législature de la colonie a montré sur cet objet une plus grande maturité de sentiments que l'apathie té-

lonie est vraiment sombre, quoique dans certains districts de la

moignée par les propriétaires, en général, et par la plus grande

volonté, manifestée tout à coup dans l'intérêt de cette cause,

partie des assemblées paroissiales , n'auraient permis de l'espérer.

par quelques-uns des propriétaires les plus influents, et par

Cette législature a plusieurs fois prouvé ses intentions libérales, et a montré sa bonne volonté à seconder les efforts de tous les

l'agence des missionnaires de la société wesleyenne. Cependant

corps religieux de la colonie, en faisant des avances de fonds,

îles sont nombreux et variés. Les principaux résultent du dialecte

sans égards aux différences d'opinion religieuse. En dépit des

ordinaire des nègres, qui est un patois français, de la religion pro-

difficultés opposées au clergé de l'Église établie et aux mission-

fessée par la plupart, du petit nombre des membres du clergé et

naires protestants , par l'attachement d'une grande partie des nè-

des missionnaires, de l'étendue et de la nature physique de leur

gres à la religion catholique , il ne peut y avoir aucun doute sur

sol, et surtout des discordes intestines des partis qui devraient con-

le bien qui résultera de cet appui. Cependant, comme le clergé

courir aux progrès de la colonie. Toutes ces difficultés réunies

catholique n'a pas encore établi d'écoles pour les enfants des

s'opposent à ce que l'on puisse s'attendre à un rapport favorable,

apprentis dans les campagnes de cette colonie, et que le désir ar-

avant que quelques-unes n'aient été vaincues.

l'éducation parmi la population nègre. L'avenir de la première coDominique une impulsion ait été récemment donnée par la bonne

les obstacles qui s'opposent à l'éducation générale dans les deux

dent du lieutenant-gouverneur, de voir établir un vaste système

Je ferai remarquer à votre seigneurie qu'à Antigoa la législa-

d'écoles, n'a point encore été accompli par les directeurs de la

ture, dans plusieurs circonstances, s'est montrée bienveillante

fondation Mico, ni par aucun autre parti neutre, l'avenir est en-

pour l'avancement de l'objet en question ; et l'on ne saurait en-

core sombre, en ce qui regarde les progrès de ces classes dans la

tretenir de doute raisonnable qu'un Gouvernement colonial ainsi

colonie. Il faut remarquer que quelques enfants de catholiques

constitué et dirigé ne reconnaisse enfin la nécessité et la conve-

vont, sans scrupule, aux écoles qui dépendent de l'Église établie.

nance politique de favoriser quelque mesure législative en faveur

Votre seigneurie remarquera qu'à la Grenade aussi bien qu'aux

de la propagation d'un degré convenable d'instruction pour sa

îles de Saint-Vincent, de la Barbade, de Tabago , etc., il existe,

population ouvrière. Je sais que les sentiments du gouverneur

depuis dix ans, des écoles pour les enfants de couleur des villes

général des îles sous le vent, à ce sujet, sont connus de votre

principales. Ces écoles méritent d'être particulièrement remar-

seigneurie.

quées, parce qu'elles ont puisé leur origine dans le sentiment

Jusqu'à un certain point on peut établir un parallèle entre la

même de leur nécessité; nécessité reconnue par quelques per-

position des îles d'Anligoa et de la Barbade, à l'égard de l'éduca-

sonnes de cette classe à une époque où l'éducation des enfants

tion. Dans toutes les deux il existe, à cet égard, une grande

de couleur paraît avoir été bien loin de la pensée des philan-

activité au sein du clergé de l'Église établie et dans le corps des

thropes, quelle que fût la supériorité des lumières de ceux-ci sur

missionnaires. Les écoles sont nombreuses et se ressemblent jus-

l'état de la population des Indes occidentales. La lenteur que

qu'à un certain point. Dans les deux colonies , l'on saisit avec zèle

l'on mit à venir à leur secours produisit, dans l'esprit des habi-

toutes les occasions qui se présentent pour augmenter leur nombre

tants, la conviction qu'ils n'avaient d'espoir que dans leurs pro-

et leur utilité. Il n'y a point de doute qu'avec un concours conve-

pres efforts; et, dans chaque colonie, une assocation fut formée

nable il n'y ait, avant plusieurs années, un certain degré d'ins-

pour fonder des écoles destinées à l'instruction de la classe de

truction répandue dans toutes les paroisses. Sous un rapport im-

couleur.

portant, l'île d'Anligoa paraîtrait peut-être avoir l'avantage,

Si le principe qui les excita à faire ces efforts était digne d'é-

non-seulement sur la Barbade, mais encore sur toutes les autres

loges, la manière dont on le mit en pratique ne l'était pas moins.

îles des Indes occidentales. Il n'y a point d'île dans laquelle, à en

Dans presque tous les cas, le résultat a été l'établissement et l'en-

juger par les indications présentes, le passage de l'éducation au

tretien d'une excellente école, où les enfants sont ordinairement

travail, ou l'union des deux, paraisse devoir rencontrer aussi peu

élevés dans les principes de l'Église établie, et placés sous la

de difficultés. Je ne voudrais pas tromper votre seigneurie, en

surveillance générale de l'évêque et de son clergé. Dans le mo-

lui laissant croire qu'il ne puisse s'élever aucun obstacle; mais il

ment actuel, l'évêque, la paroisse ou les corps législatifs des co-

est certain qu'un grand nombre d'enfants qui, lors de l'abolition

lonies où se trouvent ces écoles, contribuent à leur entretien.

de l'esclavage, furent retirés des travaux des champs par leurs

Il reste encore beaucoup à faire dans les campagnes de l'île

parents, y sont maintenant retournés. Sans doute, les causes

de Saint-Vincent, et surtout sur la côte contre le vent, avant

principales qui ont produit ce résultat ont eu leur origine dans

qu'on puisse dire que la population nègre soit convenablement

la position particulière de la colonie, qui a subi deux années de

pourvue des moyens d'éducation.

sécheresse et de disette depuis l'émancipation.

Il y a un nombre considérable de catholiques dans la colonie,

Dans bien des cas, et peut-être dans la plupart, cette détresse

cl néanmoins aucune école particulière à cette religion n'y exis-

a obligé les parents à profiter du produit faible, mais certain, du

tait à l'époque de ma visite, .l'ai entendu dire que l'on en a établi

travail de leurs enfants, pour ajouter au bien-être commun.

une à Kingston pour l'éducation des enfants de toutes les religions, sous le patronage de l'évêque catholique à la Trinité. La législature n'a pas encore trouvé le loisir d'accomplir les désirs du Gouvernement à l'égard de l'adoption de mesures lo-

L'on peut inférer des détails précédents, que, faute de fonds, le clergé de l'Eglise établie a eu beaucoup de difficultés à soutenir la cause de l'éducation des nègres dans celte île. Ces diffi-

cales en faveur de l'objet en question, et je regrette de ne pou-

cultés sont venues des embarras que paraît avoir éprouvés la société de la foi chrétienne, sur laquelle reposait particulièrement

voir fournir aucune indication sur la manière dont elle pourra

l'espoir de l'évêque pour l'entretien des écoles.

agir plus tard. Le lieutenant-gouverneur désire sincèrement activer toutes les mesures prises pour l'éducation des nègres, et

La même circonstance a influé encore plus défavorablement sur l'éducation a Saint-Christophe, à Nevis et aux îles du Nord.

voir établir des écoles d'un degré capable de satisfaire aux besoins de la colonie en général. On ne saurait trop apprécier ce qui a

Dans les plus importantes de celles-ci, sans les efforts, couronnés de succès, des corps de missionnaires moraves et wesleyens, et

été fait, dans certains districts, par le clergé de l'Église établie, eu égard aux moyens d'action qu'il possédait.

sans l'influence personnelle du dernier recteur de Basse-Terre'

Sainte-Lucie et la Dominique éprouvent toutes les deux de 1

La ville de Basse-Terre est la capitale de .Saint-Christophe.

(maintenant archidiacre d'Anligoa), l'éducation des enfants des apprentis aurait certainement plutôt rétrogradé qu'avancé.


540 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. Dans l'île de Montserrat, l'impulsion donnée à l'éducation, en

de l'instruction à ceux que la Providence a placés sous son au-

dépit de difficultés semblables, par suite des grands efforts per-

torité; mais, à celte heure, on peut compter des centaines d'en-

sonnels du doyen rural et de son collègue, aussi bien que des

fants allant à l'école là où il y en avait à peine un il y a dix ans;

missionnaires wesleyens, n'a besoin que d'être encouragée pour

et, dans les cas où un seul homme se serait levé anciennement

produire les meilleurs effets.

pour défendre cette cause, on peut maintenant en trouver vingt

On ne saurait dire, en parlant d'aucune des colonies qui font

tout prêts à la soutenir et à la faire avancer.

partie du Gouvernement des îles sous lèvent, que les législateurs

Quoique plusieurs des législatures coloniales refusent encore

aient jusqu'à présent dirigé leur attention sur l'éducation des

leur concours, et même leur sanction , cependant, un changement

nègres; et, de leur côté, les propriétaires, à quelque exception

de sentiments, même dans ces corps, a commencé à se faire

près, dans les circonstances décourageantes et difficiles, n'ont

jour, car plusieurs de leurs membres ont approuvé la propaga-

pas montré de disposition à venir franchement au secours de

tion de l'éducation parmi la race nègre, et ont montré leur bonne

l'œuvre, ni à appuyer de leur concours ceux qui luttent pour la

volonté à l'aider par tous les moyens en leur pouvoir. Cet

faire progresser.

exemple ne sera pas sans influence.

La position d'Anguille est, en ce moment, très-particulière, et,

Dans les plus grandes îles, les assemblées paroissiales, quoique

si l'émigration de la classe ouvrière continue, il sera à peine

loin d'avoir été unanimes, jusqu'à présent, annoncent, année

nécessaire d ajouter aux moyens présents d'instruction.

par année, un plus grand désir d'examiner et de réorganiser

J'ai trouvé les écoles des îles de la Vierge bien négligées, non

leurs établissements paroissiaux, et d'élever des institutions d'un

certainement par un manque de zèle de la part du clergé rési-

caractère plus libéral, sur les fondations bornées posées parles

dant ou des missionnaires, mais par l'absence totale des moyens d'exécution. A l'égard de la ville principale, dans la grande île

préjugés ou les nécessités de l'ancien régime colonial.

de Tortola, des mesures plus encourageantes venaient d'y être

des classes supérieures de la population dans les différentes îles,

La seule manière déjuger des sentiments des propriétaires et

prises; mais on pensait qu'à moins d'établir des maisons d'é-

au sujet de l'éducation des nègres, c'est de voir ce que l'on fait

coles permanentes et de fournir des salaires plus convenables, les

en sa faveur, et de n'attribuer aucun motif indigne ni à celui qui

écoles deviendraient difficilement aussi utiles qu'on pourrait le

11e reconnaît pas encore que c'est son devoir et son intérêt d'y

désirer. Une grande apathie paraissait régner dans la législa-

prêter son aide, ni à celui qui s'en proclame l'ami.

ture de la colonie, à l'égard de l'éducation des nègres. Vu la nature de la population, disséminée sur onze îles, plus petites

Il faut avouer que dans plusieurs îles les propriétaires et leurs

les unes que les autres, il ne sera pas facile de fournir à toutes

représentants, s'ils ne résistent pas activement, opposent, cependant, par leur inertie même un obstacle puissant au progrès de

des moyens d'instruction fréquents et réguliers.

l' éducation; et que, généralement parlant, ce qui est effectué par

Dans les circonstances auxquelles on a fait allusion, relativement à cette partie éloignée du diocèse, il est satisfaisant d'ap-

le clergé et les missionnaires , se fait, par conséquent, avec beaucoup de peine et avec de grands désavantages.

prendre que l'attention de l'évêque, actuellement absent de la

Les succès qui sont obtenus pour l'éducation des nègres dans

Barbade, et en tournée dans ce quartier, est pleinement attirée

une île donnée, ne doivent pas autoriser à conclure que l'éduca-

sur la situation des écoles et sur l'état de l'éducation dans toutes

tion en soit nécessairement plus favorisée par la législature ou

les dépendances de l'Eglise établie. On peut s'attendre au meil-

par les propriétaires. A la Barbade, par exemple, cl à Antigoa, où l'on a déjà tant fait, il est impossible de cacher que jusqu'à pré-

leur résultat, tout ce qui se rapporte à cet objet ayant été soumis, dans ce moment, à son examen particulier. On doit espérer qu'au moyen de cette ressource pécuniaire, sans laquelle les pro-

sent, à en juger d'après l'observation des faits, les efforts du clergé et des missionnaires ont été loin d'être généralement encouragés.

grès de l'éducation , dans ces îles, eussent été retardés, les écoles prendront du développement, et que les colons eux-mêmes et

résulter moins d'un préjugé étroit contre tout ce qui tendrait à

les amis des nègres dans la métropole verront que la seule, la meilleure manière d'assurer la prospérité coloniale, est de fournir,

développer l'esprit du nègre, que d'une défiance au sujet des vues ou des intentions ultérieures de plusieurs partisans de cette

sans délai, d'amples ressources pour l'éducation religieuse.

cause. L'opinion des propriétaires est encore indécise, quant à la

Il est juste cependant de remarquer que celte opposition peut

A l'égard des traits généraux de l'éducation des nègres dans

nature et au degré d'instruction à donner; et des doutes s'élèvent

les îles du vent et dans les îles sous le vent, un aperçu des infor-

sur l' effet qu'une éducation purement spirituelle et non combinée

mations détaillées que je suis à même de fournir au Gouverne-

avec des leçons pratiques d'industrie peut exercer sur la prospé-

ment de Sa Majesté le mettra à portée de former son propre

rité de la colonie.

jugement.

Votre seigneurie doit s'attendre à ce que les mêmes observa-

repuis un très-petit nombre d'années, l'éducation a, sans

lions générales, que j'ai eu l'honneur de placer sous ses yeux,

doute reçu, dans ces îles, une grande impulsion. Celte impulsion

dans mon rapport sur l'état de l'éducation à la Jamaïque, puis-

s'est manifestée bientôt après leur constitution en diocèse ; car

sent s'appliquer à toutes les îles de cet archipel. En général, il y

il est à la connaissance de votre seigneurie que, depuis son

a peu de différence entre les systèmes que l'on suit, les moyens

arrivée jusqu'à l'époque présente, l'attention du prélat aux soins

que l'on emploie, la nature des difficultés qui s'y rencontrent, et

spirituels duquel ces colonies sont confiées a toujours été dirigée vers cet objet; mais c'est depuis 1834 que celte impulsion a

le caractère des races que l'on désire améliorer.

beaucoup augmenté. Au moment actuel, et en jugeant les Indes occidentales dans leur ensemble, il ne peut y avoir aucun doute

quelques différences près, les mêmes dans toutes les Indes occi-

sur les progrès rapides et continus des sentiments publics au sujet de l' éducation des nègres. On peut encore remarquer de nombreux

qu'à l'exception des écoles de la fondation Mico à Bridge-Town,

obstacles, venant des préjugés de toutes les classes, du manque de moyens et de la faiblesse des instruments que l'on emploie. Dans certains endroits, cependant, ces obstacles ont perdu de leur force, ou même ont disparu complètement; car ce ne sont plus, comme autrefois, quelques missionnaires dévoués ou quelques ecclésiastiques zélés qui, seuls, se prêtent à l'œuvre de l'éducation; ni, çà et là, un propriétaire, plus hardi que la plupart des autres, qui, en dépit des préjugés et de l'opposition, donne

Le cercle des études et la méthode d'enseignement sont, à dentales, et peuvent être d'autant plus uniformes dans ces îles, capitale de la Barbade, il n'y a que trois corps principaux s'occupant de l'œuvre de l'éducation dans les îles du vent et sous le vent, et que les distinctions entre leurs systèmes ne sont que très-légères. On n'a encore découvert ni essayé, jusqu'à présent, aucun système pour combiner des leçons pratiques d'industrie avec la culture de l'esprit; et, si je puis m'exprimer ainsi sans être taxé de présomption, je dirai que ce sujet est hérissé de difficultés et demande beaucoup de tact et de prudence de la part


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CH. XI. ÉTAT DE LA RELIGION, ETC. de ceux qui désirent introduire ce double enseignement, et de ceux qui reconnaissent que leurs intérêts en dépendent. J'ai déjà exprimé ma conviction que l inertie ou l'indécision de la plupart des planteurs a sa cause principale dans les incertitudes relatives à cette combinaison. Comme il faut reconnaître que la main de la Providence indique évidemment les propriétés ou les plantations comme les théâtres naturels où la majorité des classes ouvrières de ces îles devra exercer son industrie, je douterais de la sagesse d'un système d'instruction qui porterait les parents ou les enfants à faire de faux raisonnements à ce sujet. Il faut qu'un bon système d'éducation imprime fortement dans leur esprit la nécessité de se soumettre au travail, non-seulement comme moyen de satisfaire à leurs besoins naturels, mais encore comme moyen de contribuer au bonheur et à la moralité de l'ordre social. Je vois avec regret l'effet des anciens préjugés sur l'esprit des maîtres ou des serviteurs, et je dois reconnaître qu'un doute fâcheux doit planer sur l'avenir aussi longtemps que ces préjugés existeront. Le temps el les circonstances, qui sont au

541

11 existe aucune ordonnance législative qui force les enfants de ces colonies à fréquenter les écoles. Après la question qui touche aux moyens pécuniaires, par lesquels les écoles seront entretenues, celle de s'assurer d'un nombre convenable de professeurs est la plus importante, et c'est une des grandes difficultés qui s'opposent à l'éducation des nègres. On peut la considérer, en grande partie, comme provenant du manque de fonds; car, quoique j'aie remarqué que les personnes de couleur, dans cette partie des Indes occidentales, ont fourni en proportion un plus grand nombre de maîtres et' de maîtresses habiles qu'à la Jamaïque, il est certain que le salaire qu'il est au pouvoir du clergé d'offrir est en général si peu considérable, qu'il ne serait pas raisonnable de s'attendre à trouver des professeurs habiles pour un tel prix. Ces difficultés existent principalement dans les plus grandes îles. A la Barbade, il est vrai, on peut, sur le nombre des blancs et des créoles, qui ont reçu de l'éducation, faire quelque choix pour remplir ces em-

pouvoir de la Providence, produiront probablement plus d'effets

plois ; et, en même temps, les écoles centrales et coloniales sont tout à fait en mesure de servir, moyennant des arrangements

que les projets des hommes ; et cette question, comme d'autres

convenables, à former pour les écoles de campagne des institu-

questions d'une importance vitale aux Indes occidentales, doit

teurs capables. On peut appliquer la même observation à l'école-

être mise de côté jusqu'à ce que la grande mesure de l'émanci-

modèle de la fondation Mico.

pation soit pleinement accomplie. Il est certain que, même à

Mais à Antigoa et à Saint-Christophe il en est bien autrement; il y a un besoin urgent, surtout à Antigoa, de créer des écoles

présent, il reste beaucoup à faire aux propriétaires pour inspirer, à ce sujet, plus de confiance aux apprends. Il a dû paraître évident à votre seigneurie que la grande difficulté qui s'oppose à l'éducation des nègres, dans ces îles, pro-

normales pour l'instruction de professeurs. Il a été suggéré que, si l'on trouvait des fonds et des agents, l' on pourrait en établir une qui enverrait des maîtres et des maî-

pourra rien faire. Avec des fonds, tant que le clergé et les mis-

tresses avec des cerificats de capacité et de bonne conduite, pour être employés dans les écoles des îles, sans égard, soit à la

sionnaires se montreront zélés, l'œuvre pourra avancer, alors

société particulière dont l'école pourrait dépendre,

même que la législature n'accorderait pas précisément sa sanc-

communion particulière de chrétiens à laquelle le professeur ap-

tion, ni les propriétaires leur concours. Votre seigneurie n'hési-

partiendrait.

tera pas, je l'espère, à assurer le Gouvernement de Sa Majesté et

Quelque utilité qu'il y eût d'exiger de ceux qui se destinent à la carrière de professeurs, l'obligation de suivre les cours des écoles les mieux dirigées, il serait bien à désirer que les candidats qui se vouent à celte profession fussent placés dans une

vient du manque de fonds. Sans ressources financières, on ne

le pays que les fonds publics volés à cet effet ont jusqu'à présent été bien et consciencieusement appliqués par ceux que l'on a fait les aumôniers de la libéralité publique ; et il en aurait été de même si les fonds avaient été dix fois plus considérables s. Il est très-satisfaisant que l'on ait décidé d'accorder quelques secours aux professeurs, sur les fonds votés par le Parlement

soit à la

position à pouvoir en retirer de plus grands avantages et contracter ainsi du goût pour l'instruction. C'est l'absence de cette faculté qui arrête le développement d'un grand nombre d'écoles ;

en 1837. Dans la plupart des circonstances, l'usage de faire con-

car l'on peut en remarquer plusieurs où les enfants intelligents

tribuer les élèves aux dépenses de l'école pour une légère somme

apprennent en peu de temps tout ce que sait le professeur, et

hebdomadaire a complètement manqué son effet. Dans toutes ces îles, je ne puis citer que deux ou trois exemples où l'expérience

n'ont plus alors aucun espoir d'avancer. Dans ces îles, comme à la Jamaïque, je puis témoigner de la

ait réussi. J'ai eu bien souvent occasion de reconnaître la conve-

facilité avec laquelle la plupart des enfants nègres et créoles re-

nance de faire payer une petite somme et d'entendre bien des

çoivent les premiers principes de la science. On pourrait presque

opinions à ce sujet. Je suis tout à fait porté à admettre la conve-

dire qu'ils font preuve de talents précoces quand ils sont placés

nance de ce mode de rétribution, vu les moyens restreints des sociétés par lesquelles l'œuvre est principalement soutenue. La somme que l'on demande à chaque parent est tellement minime, qu'elle ne laisserait presque à personne l'excuse de ne pouvoir la payer. Plusieurs personnes qui ont beaucoup médité ce sujet pensent qu'il serait bien de demander une légère somme à tous les élèves, excepté aux orphelins; et que cette somme serait doublée ou triplée à l'égard de ceux à qui l'on enseignerait l'écriture ou l'arithmétique. Celle mesure stimulerait peut-être les parents, et les forcerait à envoyer leurs enfants plus régulièrement aux

dans des conditions propres à les développer. Les enfants de race purement africaine ne sont pas différents des autres sous ce rapport. En général, je dirai qu'ils apprennent à bien écrire avant de lire correctement. Plusieurs personnes disent que la facilité que montrent ces enfants, dans un âge tendre, à apprendre les rudiments, ne réalise pas, en général, l'espérance que l'on pouvait en concevoir. Quelle que soit l'opinion que l'on se forme à cet égard, ce n'est pas maintenant le moment de décider cette question : c'est à l'avenir qu'il appartient de la résoudre, ainsi que bien d'autres relatives à la position et à la capacité des habitants de ces magnifiques colonies.

écoles.

Outre les deux principales difficultés que je viens de soumettre a vo'.re seigneurie, et qui doivent être considérées comme étant

La fréquentation irrégulière des écoles, qui se fait plus ou moins remarquer dans toutes les îles, cause de grands retards dans les progrès des enfants; mais c'est une difficulté à laquelle il est im-

communes en général à toutes les îles en question, il est de mon devoir de vous en faire connaître d'autres qui existent, surtout

possible de remédier, quant à présent. Il y a des îles où les causes de celte irrégularité, dans certaines saisons de l'année, sont évidentes; mais l'on ne voit pas qu'il y ail une différence considérable à cet égard même là où ces causes n'existent pas. Votre seigneurie doit savoir que, jusqu'à cette époque, il

dans les îles qui appartenaient autrefois à la France. Dans cellesci , la langue el la religion ont jusqu'à présent présenté des obstacles presque insurmontables aux progrès intellectuels. L on conviendra sans doute que la langue doit opposer des difficultés a l' extension de l'éducation. Elle est composée, en général, d 'un dialecte qui n'est compris ni par un Français ni par


542 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. un Africain ; et, quoiqu'elle ait été cultivée jusqu'à un certain degré, et qu'elle ait servi à la composition d'un certain nombre de chants nationaux assez agréables, ce n'est cependant qu'un jargon. Signé C.

C.

RAPPORT

J. LATROBE.

sur l'éducation des noirs à la Guyane anglaise et à la Trinité. Londres, 14 août 1838.

J'ai l'honneur d'envoyer à votre seigneurie les documents cijoints, sur l'état actuel de l'éducation des nègres dans les colonies de la Guyane anglaise et de la Trinité.

I. LA GUYANE ANGLAISE.

A l'égard de la Guyane, cette grande et florissante colonie, un coup d'oeil jeté sur les détails que je viens soumettre à votre seigneurie ne peut manquer de vous convaincre que, si le projet d'éducation des nègres n'a commencé à occuper l'attention du public que tout récemment, il a été suivi avec une ardeur et une libéralité qui font vraiment honneur aux habitants. Dans aucune autre colonie anglaise, de cette partie du monde, on n'a vu la législature remplir aussi complètement les vues du Gouvernement de Sa Majesté, soit en votant les fonds

Dans diverses paroisses anglaises de Demerara, d'Essequibo et de Berbice, le clergé montre une grande activité. Quand on considère la confiance toujours croissante des propriétaires dans le système suivi par le clergé de l'Eglise anglicane pour l'éducation des nègres, et les avantages qui résultent de la nomination d'un commissaire ecclésiastique, zélé et rempli d'énergie, dont l' influence personnelle et la position dans la colonie sont de nature à faciliter tous les projets raisonnables pour la propagation de l'éducation, il est difficile de pas partager la conviction que le succès ou la non-réussite de la cause de l'éducation des nègres dans ces paroisses dépend beaucoup du caractère personnel des ministres résidants. Il est jute de dire , pour excuser la lenteur que l'on remarque en général, dans les paroisses écossaises, que la mort de plusieurs de leurs pasteurs résidants, dans le cours de l'année dernière, doit inévitablement avoir retardé l'exécution des plans que l'on avait pu former pour l'avancement de l'éducation. Il est cependant vrai que, jusqu'à présent, l'Église nationale écossaise ne s est guère montrée comme Église missionnaire, ni dans celle colonie, où la main de la Providence lui a ouvert une sphère si étendue, ni dans aucune des îles des Indes occidentales, ou elle est représentée. Quel que soit le zèle dont ses ministres résidants soient animés personnellement pour l' exécution des projets d'éducation des nègres , il paraît qu'il n existe aucune société dans l'Eglise établie d'Ecosse qui soit capable d'avancer celle œuvre dans les colonies, ou de seconder d une manière efficace les efforts de ses ministres. Les moyens que possèdent les paroisses écossaises, pour conduire des écoles, sont, par conséquent, fort restreints, et le peu d'é-

nécessaires à l'éducation des nègres, soit en prenant des mesures actives pour les employer promptement et utilement.

coles qui y existent sont en grande partie, sinon entièrement, soutenues par les allocations du budget colonial. l'ai conséquence de la subdivision en paroisses des différentes

Outre les sommes votées en 1836 et 1837 , pour acquérir et augmenter les moyens d'éducation dans les paroisses rurales de

colonies qui composent la Guyane anglaise, la soiété des missionnaires de l'Église a reconnu la nécessité de retirer ses agents des

la colonie, une somme s'élevant à peu près à 34,000 livres sterling (85o,ooo fr. ) a été placée dans les évaluations de 1838,

districts les plus populeux, qui sont supposés être pourvus de ministres résidants des Églises anglaise et écossaise, et a tourné son attention plutôt vers l'instruction religieuse et l'éducation

pour être appliquée à la propagation de l'instruction religieuse, sous une (orme ou sous une autre, dans tout le pays. Dans la répartition des diverses sommes qui ont été votées, et en particulier pour l'éducation des classes ouvrières , la législature a toujours proportionné l'aide qu'elle a donnée aux paroisses anglaises et écossaises, à la population noire de chaque paroisse; se confiant, pour la manière dont on emploierait ces sommes, aux conseils de fabrique et aux ministres résidants des deux Eglises nationales. Un changement dans l'opinion publique, en ce qui concerne le développement de l'éducation des nègres, semblable à celui qui existe dans d'autres colonies en ce moment, s'est évidemment effectué parmi les propriétaires et les colons les plus influents de la Guyane anglaise. Une conviction qui va toujours en augmentant, quant à la convenance politique de cette mesure, lui a rendu favorables plusieurs partis, dans des classes où l'obligation de fournir des moyens d'instruction à la classe ouvrière peut ne pas être encore suffisamment reconnue. ' L opinion générale est certainement en sa laveur ; et l'on ne trouve que peu d'exemples où le zèle et l'activité du clergé résidant ou des missionnaires n'aient point été franchement et pleinement secondés par la bonne volonté et la libéralité des propriétaire^ ou des directeurs de propriétés. La classe ouvrière, dans les parties les plus peuplées et les plus florissantes de la colonie, a manifesté le désir d'aider, par des souscriptions ou par d autres moyens, les efforts que l'on fait pour son avantage particulier; et, dans bien des cas, ses membres ont fait des souscriptions considérables.

des habitants des établissements dispersés sur les bords des rivières et des criques de l'intérieur, et vers la conversion de la population indienne delà colonie1. On ne peut trop apprécier, même sous le point de vue politique, les travaux de ses missionnaires et de ses catéchistes sur les rivières Essequibo et Demerara. L augmentation et la prospérité de ces stations de missionnaires, sur les limites de la civilisation et dans l'intérieur de la colonie, devraient exciter un intérêt peu ordinaire dans les conjonctures présentes; car il est probable qu'un grand nombre d individus, d un esprit agité ou entreprenant, quitteront les côtes et iront dans ces régions former des établissements. On ne pouvait imaginer des moyens meilleurs ni plus doux pour soumettre de tels hommes à l'influence de la société, et à l'observance des lois du pays. A l' égard des Indiens, l'établissement de ces stations de missionnaires doit être considéré comme étant d'une importance égale sinon plus grande, surtout si la position changée des différentes classes de la société dans la colonie tendait éventuellement à mettre plus fréquemment les indigènes en contact avec les races qui, jusqu'à présent, n'ont habité que les côtes. Le désordre et les dangers résultant de ce contact sont trop notoires, pour ne point démontrer la nécessité qui existe de mettre, autant que possible, les Indiens sous la protection des lois, et de leur fournir des instituteurs et des guides moraux, dont l'influence même, si elle n'empêche pas ce commerce, puisse au moins diminuer les dangers d'un contact que l'expérience de

Voir plus bas, chapitre État des Indiens et des aborigènes, le compte rendu des travaux de l'Église anglicane pour la conversion des Indiens de la

Guyane, par l'évêque de la Barbade. *


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CH. XI. ÉTAT DE LA RELIGION, ETC. tous les temps et de tous les pays nous a toujours montré comme nuisible aux deux partis. La conversion des races indiennes , résidant sur les limites de la colonie, a été presque perdue de vue, depuis que ces pays ont été attachés a la Couronne anglaise. La société des missionnaires moraves, à une époque aussi reculée que 1738, maintenait une mission florissante sur la rivière de Berbice, à peu près à cent cinquante milles au-dessus de la Nouvelle-Amsterdam. En 1 758, deux a trois cents Indiens résidaient sur cette station; dans les cinq années suivantes, ce nombre fut diminué de beaucoup par les épidémies et la famine ; la révolte des esclaves de la colonie, en 1763, ruina complètement rétablissement. La mission de Berbice ne fut jamais rétablie; mais, depuis cette époque jusqu'à présent, la même société a maintenu des missions importantes et florissantes sur les rivières des colonies hollandaises adjacentes, du côté du midi. L'expérience faite par le clergé attaché à la société des missionnaires de l'Eglise s'accorde maintenant avec celle des missionnaires moraves. La docilité de beaucoup de tribus, et l'aptitude de l'Indien à recevoir de l'instruction, sont placées hors de doute. La grande difficulté à surmonter ici, comme autre part, est cette antipathie innée pour des habitudes sédentaires et des demeures fixes, qui caractérise l'Indien des continents de l'Amé-

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peu considérable dans cette colonie. Les écoles qu'ils possèdent ne sont point nombreuses et sont très-peu importantes. Le mode de répartition des fonds qui ont été fournis par le Gouvernement anglais à la société pour la propagation de l'Évangile, et aux sociétés des missionnaires de Londres, de l'Église et de Wesley, et qui devaient être employés à bâtir des écoles dans la Guyane anglaise, se trouve détaillé plus bas, page 56o. Les personnes à qui l'on a confié le soin de mettre à exécution les intentions de leurs sociétés respectives l'ont fait en général avec discernement et avec autant de célérité que le permettaient les circonstances. En faisant allusion aux causes de retard, il me sera permis d'en indiquer une qui a apparemment arrêté la"construction des bâtiments dans plus d'une des stations de la société de Londres. Ces stations dépendent encore de la métropole, et l'on a dû nécessairement demander le concours des directeurs, avant de mettre aucun plan à exécution. Les longs intervalles exigés par la lenteur des voies de correspondance ont certainement produit de l'embarras et des délais ; car, dans plus d'un exemple, le temps qui s'est écoulé entre l'envoi des évaluations faites dans la colonie et le retour de l'approbation de la société a été si long, qu'il s'était fait dans le prix du travail et des matériaux des changements qui ont rendu l'exécution] des plans im-

rique du Nord et du Sud; mais l'expérience a prouvé que cette antiphatie est plus facile à surmonter dans les latitudes méri-

possible,

dionales que dans les latitudes septentrionales.

aujourd'hui complétées et occupées, en dépit des obstacles cidessus et d'autres encore qui sont plus fréquents, je veux dire les délais que l'on apporte à faire les contrats de transport pour les

Je ne crois pas commettre d'indiscrétion en soutenant près de voire seigneurie les droits des indigènes dans une colonie anglaise, et en demandant qu'on les fasse participer aux vues philanthropiques de la métropole. C'est à la société des missionnaires de Londres et aux travaux de ses missionnaires à Demerara et à Berbice, que la population nègre de ces colonies a été, jusqu'à une époque récente, principalement redevable de l'instruction religieuse dont elle a joui. Le zèle de la société, pour l'établissement des écoles, paraît avoir été proportionné aux besoins de la population , et avoir

On verra qu'un grand nombre des écoles en question sont

emplacements, et la difficulté de se procurer de bons ouvriers. La première de ces deux difficultés a presque toujours été une cause de retard, et dans bien des cas l'agent n'a rien eu de mieux à faire que de bâtir sans autorisation, plutôt que d'abandonner l'avantage d'occuper une situation favorable, et de procurer les moyens d'instruction à des districts qui en,manquaient. Je pense que votre seigneurie ne jugera pas nécessaire que je répète ici des observations générales, faites dans des rapports

ment de Sa Majesté. Cependant, les missionnaires ont rencontré

précédents sur le genre et l'appropriation des écoles bâties avec l'aide des concessions faites par le Gouvernement, puisque

des difficultés imprévues dans l'exécution de ces projets, par la

l'application que l'on en fait à celles qui sont bâties dans cette

mort de plusieurs des membres de ce corps respectable durant l'année qui vient de s'écouler. Et l'intervalle, comparativement long, qui s'est écoulé sans que leur nombre fût recomplété, a

colonie est évidemment la même que celle des bâtiments semblables dans les îles des Indes occidentales. Les obstacles ordinaires qui s'opposent à l'éducation des nègres, tels que la difficulté

été marqué par un embarras général dans toutes les opérations des missionnaires de la Guyane anglaise. Cependant les écoles conduites par celte société sont à la fois nombreuses et impor-

difficulté, non moins grande, d'obtenir des maîtres convenables, ont été, je suppose, suffisamment démontrés. Le plus grand

répondu aux facilités offertes, dans ce but, par le Gouverne-

tantes, et plusieurs d'entre elles sont au premier rang parmi les principales de la colonie. L'obligation de faire l'instruction journalière dans plusieurs de ces écoles repose, jusqu'à présent, sur le missionnaire rési-

de s'assurer de l'assiduité des enfants à venir aux écoles, et l'autre

obstacle à la propagation rapide de l'instruction dans la Guyane anglaise est sans doute l'usage général de la langue hollandaise parmi les nègres des plantations. Cette langue est répandue dans une portion considérable de la population ouvrière de Demerara et de Berbice, et continuera sans doute pendant quelques années

dant ou sur sa famille. Si cet arrangement pouvait être modifié, ce serait à l'avantage de tout le monde. Car, quoique la bonne

à venir retarder les progrès de l'éducation là même où il existe

administration de l'école, conduite par le missionnaire en personne, et la bonté de ses instructions ne soient pas mises en

des écoles ; car c'est une remarque ordinaire, que les enfants qui fréquentent les écoles, et qui apprennent, par conséquent, à lire

doute, cependant lefficacité générale de ces écoles serait, sans doute, augmentée par la nomination de maîtres habiles et de bonne réputation. Il est impossible que le missionnaire donne

l'anglais, parviennent souvent à prononcer facilement les mots, tandis qu'ils restent complètement ignorants du sens représenté

une attention non partagée à l'école, tandis que son temps et son attention sont régulièrement demandés par les devoirs et les travaux de sa mission.

A l'égard de l'assiduité que mettent les enfants à fréquenter les écoles, et qui dans certains quartiers n'est qu'irrégulière, faute des habillements nécessaires et à cause des maladies dont ils sont souvent attaqués, il y a certaines saisons pendant les-

La sphère d'activité des missionnaires de la société wesleyenne, dans la Guyane anglaise, est fort limitée. Elle n'a qu'une école journalière qui soit en opération pour le présent. Celte école est excellente et de la plus grande utilité. Les mêmes remarques peuvent s'appliquer à la société des missionnaires moraves, qui ne possède qu'une station dans la paroisse de la Trinité, district d'Essequibo. Le nombre des luthériens et des catholiques romains est fort

parles sons qu'ils prononcent.

quelles la force des pluies, unie au peu d'élévation du sol, produit des absences générales et presque inévitables dans toutes les écoles de campagne. La récolte périodique du café, dans des districts où ce produit est le principal objet de culture cause un effet semblable. Il a été dit que le sentiment général de tous les habitants de la colonie paraît; être décidément en faveur de l'adoption des


544 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. mesures tendant à favoriser les progrès intellectuels de la population noire ; et il est fort à regretter qu'une lutte entre les partisans des cultes anglais et écossais s'oppose évidemment, dans différentes parties de la colonie, aux progrès de l'éduca-

difficulté qui a jusqu'à présent existé de donner à une, instruction utile et saine une forme qui soit à la portée des enfants des différentes religions, et surtout de la nombreuse population catholique de l'île. Celte colonie est la première, parmi celles qui sont

tion et au succès des projets formés pour son avancement.'

placées dans les mêmes circonstances, dans laquelle l'expérience ait été convenablement faite; et, autant que cette expérience, jusqu'ici très-bornée, puisse guider le jugement, il paraît y avoir dans celle méthode une grande probabilité de succès.

II. LA TRINITÉ.

Dans l'île de la Trinité l'éducation des nègres est encore dans son enfance. La colonie a éprouvé des obstacles beaucoup plus grands que plusieurs îles des Indes occidentales, à cause de la prépondérance des langues française et espagnole, et de la reli-

En considérant l'état présent de l'éducation des nègres, il ne faut point négliger le passé; car, sans en avoir quelque connaissance , il serait difficile de porter un jugement exact sur le présent.

gion catholique, et aussi à cause de la manière dont sa population mélangée se trouve disséminée en groupes distincts cl souvent

Il paraît évident qu'avant l'émancipation, en 1834, l'éducation des nègres se faisait dans ces colonies avec tous les désavantages possibles.

isolés sur une surface très-étendue. Il en résulte, pour la propagation de l'instruction, des obstacles fort difficiles à surmonter. Dans les deux dernières années cependant, en dépit de l'in-

Les législatures coloniales s'y opposaient décidément; le grand corps des propriétaires, ainsi que les directeurs des propriétés ne s'y opposaient pas moins. Quant un d'eux l'essayait ou la favorisait,

différence qui règne encore parmi la majorité des propriétaires de la colonie, pour la cause de l'éducation, et malgré les délais qui ont été apportés dans les actes des autorités à l'égard de l'éducation , une impulsion évidente a été donnée à son avancement dans l'île, et donne pour l'avenir de grandes espérances. Ce fait est d'autant plus heureux, que la colonie a été placée dans des circonstances particulièrement défavorables à l'exécution des projets qui ont été formés dans ce but, par des épidémies sérieuses et. par des pluies abondantes d'une durée inaccoutumée. Les catholiques sont fort nombreux dans l'île, et cette religion a des prosélytes dans toutes les classes de la société. Les écoles appartenant à cette religion ne sont que peu nombreuses, et même ce petit nombre, à cause de certaines circonstances , est moins accessible aux classes ouvrières que l'on pourrait le souhaiter. Il est cependant certain que la nécessité et l'obligation de procurer les moyens d'éducation à toutes les classes, riches ou pauvres, comme l'évêque d'Olympie s'est efforcé de le faire sentir à son clergé , sont reconnues par plusieurs des membres de cette religion. Il est certain aussi que les efforts que l' on a faits sont conduits avec plus de zèle et couronnés d'un plus grand succès que précédemment. Il n'y a toutefois que peu de suite dans ces efforts ; mais l'excuse s'en trouve dans l'absence presque totale d'assistance pécuniaire. Presque tout ce qui a été fait jusqu'à présent, pour la propagation de l'éducation religieuse parmi la population ouvrière de la Trinité, doit être attribué aux travaux du clergé et des missionnaires de l'Eglise anglicane et des agents de la donation Mico. L'activité du petit nombre des ministres résidants de l'Église .anglicane a été stimulée par l'encouragement et par l'aide qu'ils ont reçus récemment de la métropole, représentée par l'évêque de la Barbade. Le zèle dont ils sont animés ne laisse aucun doute que l'augmentation de leurs moyens d'action ne produise des avantages plus considérables pour le pays. Les détails que j'ai l'honneur de soumettre à votre seigneurie, relativement aux actes du clergé dépendant de la société des missionnaires de l'Église, dans cette colonie, feront suffisamment apprécier, je l'espère, l'importance et le caractère judicieux de leurs travaux parmi les classes ouvrières et les réfugiés améri-

celle tentative était considérée comme une folie, ou, ce qui était bien pis, comme une trahison envers les intérêts communs; et, si l' individu était un propriétaire absent, il était presque certain que ses bonnes intentions manqueraient leur effet. En général, les ecclésiastiques, qui étaient disposés à entreprendre l'éducation des esclaves, étaient considérés d'un mauvais œil. Il n'était pas rare qu'une opposition ouverte et armée ne vînt s ajouter à la défiance et à la haine. Quelque bonne que fût la réputation et quelque inattaquables que fussent les intentions des personnes qui agissaient ainsi, cet esprit de crainte et de méfiance ne pouvait être calmé. Il est bien avéré qu'il agissait sur la conduite de plusieurs personnes et sur l'opinion publique dans les colonies. Les écoles auxquelles les nègres étaient admis étaient, pour la plupart, fort médiocres. Les moyens nécessaires pour leur donner de la suite et de la force ne pouvaient s'obtenir ni clos colonies ni de la métropole. Si l'on considère l'état de l'éducation coloniale en général, on peut dire avec vérité que, généralement, les principes étroits d'après lesquels on dirigeait les écoles paroissiales et les écoles soi-disant libres, et la manière irrégulière dont ces écoles étaient tenues, donnaient une pauvre idée du|degré d'estime que l'on accordait dans les colonies à un bon système d'éducation. Ils ne donnaient pas une meilleure idée du caractère des corps publics ayant le pouvoir de diriger et de contrôler les institutions de cette classe. Il y aurait peu de justice ou de sagesse à exagérer les ténèbres du passe, afin de donner plus d'éclat à l'aube d'un avenir nouveau qui parait vouloir se lever sur ces colonies; cependant ou ne doit pas oublier que, soit que la chaîne de la servitude gênât le corps de l' esclave au degré qu'on l'a cru, soit que son poids fut moins lourd, il ne peut y avoir aucun doute quant à l'influence avilissante que l'esclavage exerçait, plus ou moins, sur toutes les classes de la société dans les pays où il existait. Quoique l'on n'ait encore fait que bien peu de chose en comparaison de ce que l'on devra faire avant peu d'années, le changement est si singulièrement frappant que tous sont forcés d'en convenir, qu'ils s'en réjouissent ou non. Une impulsion étendue, sinon générale, a été donnée à l'éducation des nègres et dans la métropole et dans les colonies. Elle a non-seulement réveillé et stimulé ces corps religieux et charitables, dont les efforts, luttant contre le courant de l'opposition

cains. J espère que votre seigneurie sera convaincue que toute l' assistance qui a été donnée à cette société et à celle de la propagation de l' Évangile a été judicieusement appliquée. En ce moment il n'y a pas dans l'île de la Trinité d'écoles

gés spontanément vers l'accomplissement de cet objet, et avaient aidé cette belle cause; mais elle a aussi exercé son influence sur

journalières qui soient soutenues par la société des missionnaires wesleyens , ni par l'Église écossaise.

mêmes qui étaient récemment au nombre des opposants à toutes les mesures qui semblaient tendre vers la culture morale de la

Les écoles qui ont été récemment ouvertes à Port-d'Espagne et ailleurs, par les agents de la donation Mico, sont dignes d'un intérêt tout particulier, car elles promettent de surmonter la

nègres qui doivent profiter du changement; car, dans bien des cas, ou voit que l'attention publique dans les colonies est forte-

coloniale et de l'indifférence delà mère patrie, s'étaient déjà diri-

un nombre considérable et toujours croissant de ces hommes

race nègre. Il est évident que ce ne sont pas seulement les


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CH. XI. ÉTAT DE LA RELIGION, ETC. ment dirigée vers la réorganisation des institutions actuelles pour l'éducation, et vers la fondation d'autres établissements appropriés aux besoins de toutes les classes delà population. Les détails présentés à votre seigneurie fourniront, sans doute, des preuves abondantes de la vérité de ces rapports. A l'époque actuelle, en dépit de l'indifférence que montre encore la plus grande partie de la classe élevée; malgré l'apathie et l'indécision qui régnent clans la majorité des législatures coloniales ; malgré le peu de valeur que les nègres attachent encore à l'instruction , et malgré d'autres difficultés qui s'opposent à sa propagation rapide, à cause du climat, de la faiblesse des moyens et surtout du manque de fonds suffisants, on ne peut nier que, comparé au passé, le présent n'offre de puissants motifs d'espérance pour

545

écoles, ou à payer les salaires des professeurs, suivant les besoins de la localité. Votre seigneurie me permettra de faire quelques remarques sur deux questions qui ont été fréquemment soulevées dans les colonies, c'est-à-dire sur la convenance de faire distribuer parles législatures coloniales les fonds fournis par le Parlement anglais, et sur l'extension générale du système d'éducation à toutes les colonies. La première de ces propositions, dégagée de toute autre considé ration de moindre importance, ne doit pas être recommandée comme une mesure générale, si l'on désire une prompte application des fonds.

à

Si la seconde, relative à l'extension générale du système d'éducation, signifie l'adoption d'un système uniforme d'éducation dans les écoles, avec le concours des fonds de la métropole et des colonies; si elle consiste dans l'organisation d'une

ce changement. Ceux qui étaient favorables à celte cause ont été

commission formée de membres des législatures ou du clergé et des agents des différents corps de missionnaires engagés

l'avenir. D'après toutes mes observations, je ne puis hésiter à donner votre seigneurie celle assurance que l'intérêt que le Parlement anglais a pris à l'éducation des nègres a beaucoup contribué à soutenus, en même temps que l'esprit d'opposition a été affaibli, aussitôt que l'on a appris que des allocations considérables de

dans celte œuvre, je vois avec regret que l'on doit entretenir de grands doutes sur le succès d'une mesure de cette sorte,

fonds publics, destinées à favoriser son avancement, avaient été volées en 1835 et dans des sessions suivantes du Parlement im-

soit qu'on l'introduise dans les colonies en général, soit qu'on l'introduise dans une des principales îles. Mes doutes sub-

périal. Ce fait a exercé une grande influence morale.

sistent, lors même que l'on considérerait comme un objet de

L'emploi que votre seigneurie et le Gouvernement de Sa Ma-

quelque importance pour le Gouvernement de Sa Majesté de

jesté ont jugé convenable d'accorder à la plus plus grande partie

conserver la coopération spontanée de ces corps ecclésiastiques

de ces fonds paraît avoir été également juste cl sage.

et missionnaires, aux efforts desquels l'on peut, avec vérité, at-

On dit que, depuis mon départ, votre seigneurie a donné de nouvelles facilités pour l'augmentation des moyens d'éducation dans les colonies des Indes occidentales, et qu'elle a jugé à propos de modifier les premières conditions reconnues convenables pour venir au secours des sociétés des missionnaires au moyen des fonds votés par le Parlement. Ces modifications, en y comprenant l'application d'une partie de ces subsides au payement des salaires des professeurs, sont tout à fait propres à remplir le but que l'on se propose et à aplanir des difficultés qui ont, jusqu'à présent, produit de l'hésitation et des retards. Votre seigneurie me permettra de lui faire remarquer que, dans l'application de ces subsides, il s'est commis une inadvertance qui résulte du plan que l'on a adopté de distribuer les fonds par une communication directe entre le secrétaire d'État et les directeurs des différentes sociétés dans la métropole.

tribuer tout le bien qui a été accompli jusqu'à présent. Votre Seigneurie s'est tout d'abord assurée de cette coopération volontaire qui n'en a pas moins été soumise au plan et au désir du Gouvernement. Chacune de ces sociétés sentait qu'en même temps qu'elle était honorée de la confiance du Gouvernement, elle n'était pas assujettie à une direction particulière et étrangère à celte société, soit dans la métropole, soit dans les colonies. Chacune était libre de poursuivre sa méthode particulière, sans craindre une collision avec les autres sociétés placées dans les mêmes circonstances, et cherchant à obtenir le même résultat par des moyens différents. Il est inutile de rappeler à Votre seigneurie que de légères différences dans les opinions religieuses ne sont que trop souvent suivies de sentiments qui amènent une véritable séparation d'intérêts, et une interruption dans la coopération chrétienne entre des sociétés chrétiennes, quand même ces sentiments seraient tellement modifiés qu'ils ne dégénére-

Il en est résulté que, jusqu'à une date très-récente, la législa-

raient point en opposition ouverte. Dans les colonies il n'est

ture de plus d'une colonie alléguait ignorance complète concernant la manière dont la métropole remplissait sa promesse d'a-

quelquefois que trop évident que,si des individus de différentes sectes, établis en un même lieu, se conduisent bien et paisi-

vancer l'éducation des nègres. Ces législatures alléguaient celle ignorance comme une excuse du relard ou de la négligence qu'elles

blement, c'est seulement parce qu'ils se sont déterminés à ne point se voir ou à ne pas faire attention à leurs actes mutuels.

montraient à opérer ce changement, ou peut-être même du

Il est à craindre que tout projet, quelque raisonnable qu'il pût paraître, qui mettrait différentes sociétés en rapport obligé, ferait manquer le but que l'on se serait proposé. De même tout

refus qu'elles faisaient de l'assistance des colonies, au moment où l'on y bâtissait des écoles avec le concours du Gouvernement et par le moyen des sociétés de missionnaires. il est à remarquer en effet que jusqu'à celle date, à l'exception de deux ou trois exemples, l'aide des législatures dans les colonies a été complètement refusée ou accordée d'une manière qui ne

effort que l'on ferait sous prétexte de venir à leur secours , et qui interviendrait en quelque chose dans les principes qui distinguent chaque société, n'atteindrait pas le but désiré.

produisait que fort peu de bien.

J'ai cru devoir faire cette remarque sur la position particulière de ceux qui se sont voués à l'éducation des nègres, tout acerbe

Le principe d'après lequel on devrait employer les fonds accordés par les colonies, si elles en votaient, paraît, jusqu'à pré-

qu'elle puisse paraître, parce qu'elle est vraie et qu'elle me paraît nécessaire. •

sent, ne pas avoir été fixé. Quand on s'est adressé à moi pour avoir des renseignements, je h'ai pu donner qu'une opinion personnelle et non officielle. Il m'a paru plus sûr de suggérer que, dans les conjonctures présentes, il serait mieux de suivre la

Il est certain qu on peut trouver des hommes d'un esprit élevé qui, par leur manière d'apprécier l'œuvre à laquelle ils se sont associés avec d'autres personnes, s'élèvent au-dessus des senti-

marche indiquée par le Gouvernement de Sa Majesté, qui consiste à accorder concours et protection partout où cela est réellement nécessaire, et où les personnes déjà occupées de l'éducation des nègres le mériteront par le zèle et la fidélité qu'elles auront déployés. On aurait pu appliquer les fonds à bâtir des II.

ments étroits de secte ou de parti. Il est également nécessaire que je fasse l'éloge de plusieurs missionnaires et membres du clergé qui sont occupés à instruire la population de ces colonies; je dois même parler de la majorité avec respect et vénéralion. On remarquera nécessairement une grande différence de caractère et de talents entre ceux qui montrent plus ou moins de 35


546 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. zele dans celte carrière ; mais j'ai eu des preuves convaincantes, dans toutes les classes, que, quelque grands que soient les obstacles, ils sont presque toujours vaincus partout où il y a du zele et de l' abnégation. En vérité, aucun de ceux qui se sont

plaintes réitérées, il s'est encore élevé une"objection contre les écoles du soir dans l'esprit de plusieurs personnes qui en avaient établi au commencement. Ces personnes ont reconnu que, loin de produire le bien que l'on en attendait, ces classes étaient

voués a la conversion de ces colonies ne peut espérer de réussir, s il ne montre l'abnégation , la droiture et le zèle qui forment le caractère du missionnaire chrétien.

plutôt un moyen d'encourager l'immoralité parmi des jeunes gens déjà disposés au vice; mais ceci n'est pas toujours vrai.

Quant aux nombreuses écoles journalières qui ont été établies pendant les quatre dernières années, il n'est pas surprenant que les degrés d utilité en soient très-différents. Les écoles dans les villes devraient être et sont généralement d'un degré supérieur à celles de la campagne, vu la position différente des enfants qui

Quant aux écoles du dimanche, le nombre de celles qui sont régulièrement organisées, soit sous la direction personnelle du clergé ou des missionnaires, soit sous celle des membres des congrégations qui peuvent se dévouer à l'œuvre avec zèle et régularité, n'est pas aussi considérable que l'on pourrait le désirer. Celles qui existent produisent un excellent effet sous tous les

les fréquentent; mais l'utilité de toutes ces écoles, soit à la ville, soit à la campagne, dépendra principalement de la personne qui

rapports.

en sera chargée, et du système d'inspection auquel elles seront assujetties.On devrait, en général, être surpris d'avoir pu placer une si grande partie de ces écoles sous la direction de professeurs respectables des deux sexes, car la précipitation des arrangements

maïque, j'ai proposé à votre seigneurie d'encourager, dans certains districts, l'institution d'une espèce de pensionnat pour les enfants des nègres. D'après une occasion que j'ai eue très-récemment d'inspecter quelques écoles expérimentales de cette nature,

n avait donné à ceux qui avaient la direction du système que très-peu de temps pour la préparation, l'examen ou le choix des personnes chargées de le mettre en œuvre; et même à pré-

établies par les agents de la société des missionnaires de l'Église, aussi bien que d'après une conviction résultant d'observations générales faites dans différentes colonies, je sens qu'il est de

sent le nombre parmi lequel ils peuvent choisir doit être trèslimité. Il faut nécessairement un laps de quelques années avant

mon devoir, avant de clore ce rapport, de plaider fortement en faveur de l'importance de ces établissements, surtout dans les colonies, où l'on trouve de petits établissements dispersés sur

que l'on obtienne facilement un nombre suffisant de professeurs capables. On peut' s'attendre à ne réunir que très-difficilement aux colonies un nombre considérable de professeurs européens, si on a égard à l'inclémence du climat et à l'insuffisance des salaires, qui sont en disproportion avec les dépenses nécessaires. L'augmentation du nombre des écoles normales est par conséquent un sujet de la plus haute importance pour l'avenir de l'éducation dans ces colonies. En considérant l'état de l'éducation à son point de vue actuel, il faut admettre que la moralité et les opinions orthodoxes, en matière de religion, sont, dans les personnes qui instruisent les enfants de la classe ouvrière, d'une importance beaucoup plus grande que la possession de talents très-distingués; et l'on ne saurait apporter trop de soins dans le choix que l'on en fera. J'ai été graduellement conduit à penser que, partout où il serait possible, les professeurs devraient être des hommes mariés, soit qu'on les trouve dans les colonies, soit qu'on les envoie de la métropole. Si l'on apporte quelque soin à les choisir, le bien qui en résultera sera certes suffisant pour compenser toutes les dépenses extraordinaires. Ces dépenses, d'ailleurs, faites en faveur de bons employés, ajouteraient à leur considération, comme professeurs et comme'particuliers, et leur donneraient de plus fréquentes occasions de faire le bien parmi les enfants et les adultes de la classe ouvrière. Elles augmenteraient le nombre d'une classe de personnes qu'il est de l'intérêt de l'humanité et de la moralité de multiplier par tous les moyens possibles. L'état de la société dans ces colonies, à celte époque, est tel, que l'on peut dire avec vérité que, tout homme marié, à quelque classe qu'il appartienne, menant une vie régulière et

Dans la première division de ce rapport, relative à l'île de la Ja-

une grande étendue de pays. Là-dessus je suis moins influencé par la considération des difficultés qui peuvent s'opposer à l'assiduité des enfants à fréquenter une école journalière, à cause de la distance ou de la difficulté des chemins dans certaines saisons, que par la conviction que, quels que soient les avantages qu'ils retireraient d'une instruction régulière, le plus important sera celui de mener une vie réglée, exempte de la contagion continuelle d'immoralité à laquelle les enfants sont sujets en retournant chez eux. Ces enfants apprendraient aussi à se soumettre à une discipline douce, et à connaître la valeur du temps et le lien qui existe entre le travail moral et le travail physique. Chaque individu qui serait élevé de celte manière exercerait une influence sur l'avenir de la société. Le plan d'après lequel ces écoles pourraient être dirigées serait semblable à celui des écoles appartenant à cette société à la Trinité, etc., où leur succès paraît assuré. Il me semble qu'il est de l'intérêt de la colonie de ne pas laisser passer les conjonctures présentes sans augmenter le nombre de ces institutions. Les dépenses qu'elles occasionneraient, une fois le bâtiment construit, ne seraient que légères, pourvu que les parents des enfants voulussent remplir les engagements qu on leur proposerait. Je prendrai aussi la liberté d'insister sur l' utilité de créer, autant que votre seigneurie le jugera convenable, un plus grand nombre d'écoles pour les enfants du sexe féminin. Ces établissements manquent partout. C'est à tort qu'à l'époque actuelle on s'attendrait à trouver un vif intérêt dans l'esprit de la classe ouvrière de ces colonies pour ce qui concerne la nécessité elles avantages de l'éducation. Un grand nombre de ces avantages est encore hors de leur portée,

irréprochable, est un bienfait pour le pays qu'il habite; car la force de l'exemple qu'il peut donner est un reproche pour le vice et un encouragement pour ceux qui, dans ce moment, paraissent

•et beaucoup, parmi ceux qui sont placés de manière à pouvoir en

désirer faire profession de moralité chrétienne. Les écoles journalières de la colonie sont principalement instituées pour les jeunes enfants; les écoles du dimanche et du soir devraient fournir une occasion d'instruction partielle

des avantages que l'éducation est supposée offrir, puisse en engager un nombre considérable à inscrire leur nom ou celui de leurs

pour les enfants qui travaillent et pour les adultes. On ne saurait nier que les écoles de ces deux dernières classes ne fassent beaucoup de bien, et que, consciencieusement dirigées, parmi une population qui désire être instruite, elles ne forment un auxiliaire très-important à l'instruction journalière, et ne favorisent la propagation rapide de l' instruction chrétienne parmi les classes ouvrières des colonies. Outre le défaut d'assiduité des adultes, qui est le sujet de

profiler, y témoignent une indifférence marquée. Quoique l'amour de la nouveauté on de l'imitation , ou une idée vague de profiter

enfants sur les registres des écoles, cependant le nombre de ceux qui apprécient véritablement l'éducation et qui en retirent des avantages solides ne sera que peu considérable. L'indifférence qui existe, quant à l'assiduité régulière, et la rareté des exemples OÙ l'on ait montré de la bonne volonté à contribuer aux dépenses occasionnées par l'éducation, peuvent être acceptées comme preuves de la vérité générale de cette observation. Cependant il est presque certain que les grands changements qui viennent d'être effectués dans la société exerceront bientôt une influence salutaire sur la masse des classes ouvrières. Jusqu'à


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CH. XI. ÉTAT DE LA RELIGION, ETC. celte époque, il n'y a vraiment aucun motif de se décourager. On pourra discuter plus tard si, avec un peu de patience, on ne pourrait pas se dispenser entièrement de forcer les enfants à

REPORT

67,140

Vote de secours aux écoles libres

venir régulièrement aux écoles. Un sujet de regret, sinon de surprise, doit encore vous être signalé ; je veux parler de la rareté des cas où l'instruction intel-

547 f

3,780

Vote pour les écoles destinées à l'éducation des jeunes gens des districts ru-

1837.

lectuelle s'allie aux soins du travail agricole. Les préjugés des nègres s'y sont presque toujours opposés.

I

Demerara

Il ne faut jamais perdre de vue quel a été l'état des nègres

raux de cette colonie

54,000

Écoles de petits enfants

6,300

Vote de secours aux écoles libres....

3,780

et Essequibo.,

dans ces colonies. Si on a pu remarquer que, dans leur état naturel, les nègres n'occupaient qu'une place peu élevée dans

(Suite.)

l' échelle de l'intelligence humaine, ces hommes ont certainement été placés dans des circonstances qui pourraient excuser encore

Vote pour les écoles destinées à l'édu-

un plus bas degré d'abaissement. Et, maintenant que la cause

1838.

cation des enfants des paroisses ru-

principale n'existe plus, il ne faut point être surpris si, avec une

rales de cette colonie

54,000

force physique largement développée, leur énergie intellectuelle étant encore sans culture, ils montrent une disposition à imiter

Écoles de petits enfants.

2,700

plutôt les vices et les folies des classes supérieures qu'à s'attacher à la culture de ce qui est réellement solide et digne d'éloge.

Vote pour les écoles des paroisses ru-

Aujourd'hui que la liberté politique du nègre lui a été octroyée, il doit nécessairement réclamer les bienfaits de l'éducation. C'est

1836.

le désir de votre seigneurie que celte demande soit pleinement accordée, et que l'éducation donnée soit solide et religieuse. Votre seigneurie me permettra d'ajouter que, pour produire tout le bien que l'on désire, celte éducation doit être modérée ; qu'elle doit plutôt tendre à rectifier l'esprit qu'à exciter un trop grand développement; qu'elle doit être adaptée aux besoins et à l'avenir delà classe à laquelle on l'offre; et surtout qu'elle doit être basée sur les saintes Écritures. Signé C.

18,000

rales Vote pour les écoles libres

Berbice.. 1837.

4,032

Vote pour les écoles des paroisses ru18,000

rales

1838. Idem

18,000

J. LATROBE. TOTAL

APPENDICE.

Nous devons faire remarquer, à l'égard des démarches de la législature de la Guyane anglaise, relatives à l'éducation des nègres,

des appréciations de dépenses votées en faveur de l'éducation à Demerara, Essequibo et Berbice pendant les années 1834, 1835,1836,1837 et 1838.

1. EXTRAITS

Vote de secours aux écoles libres

249,732

f

3,780

que, jusqu'à l'année 1836, les sommes votées pour l'entretien des écoles libres de la colonie paraissent insuffisantes pour cet objet; mais que lorsque le lieutenant-gouverneur porta ce sujet devant la cour de police, en février 1836, et lui présenta les documents expliquant les mesures prises par le Gouvernement de Sa Majesté, la cour répondit immédiatement et généreusement à l'ap-

1834.

Idem...

3,780

pel. La somme de 720,000 francs pour les trois colonies fut pla-

Idem

3,780

l'éducation ; une commission fut immédiatement nommée pour rechercher le meilleur moyen d'appliquer cette somme à l'édu-

Donation à l'école des petits enfants...

1,800

cation de la population des paroisses rurales. Un recensement exact des laboureurs apprentis des paroisses rurales, fut com-

cée sur le budget de cette année pour les besoins généraux de Demerara et Essequibo.

1836.

Vote pour les écoles provisoires, afin de

mencé et terminé dans les premiers jours de décembre de la

réaliser un projet qui doit plus tard

même année : le résultat fut présenté à la cour de police. Le tableau suivant montre le nombre de laboureurs apprentis dans

être approuvé parla cour de police, pour l'éducation des enfants dans les paroisses rurales de cette colonie...

54,000

chaque paroisse, et les sommes qui ont été votées en faveur de chacune d'elle, en proportion de 11 1/2 stivers par individus, pour Demerara et Essequibo, et de 12 stivers pour Berbice.

A

II.

REPORTER

67,140

35


548

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. —PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. 2.

PROPORTION

des moyens d'instruction avec le chiffre de la population.

LABOUREURS

TOTAL SOMMES

APPRENTIS.

PAROISSES RURALES.

de

TOTAL. VOTÉES.

LA

Population.

Demerara

Essequibo

Saint-Mathieu. (Anglais.)

5,350

5,416f

Saint-Marc. (Écossais.)

3,552

3,596

Saint-Swithin. (Anglais.)

3,726

Saint-Luc. (Écossais.)

4,859

Saint-Paul. (Anglais.)

9,453

Sainte-Marie. (Écossais.)

5,391

|

3,771 4,919 9,570 53,403

5,457

Saint-Pierre. (Anglais.)

5,409

5,475

Saint-Jacques. (Écossais.)

3,893

3,940

Saint-Jean. (Anglais.)

4,122

4,172

La Trinité. (Anglais.)

7,648

7,743

Toussaint. (

2,201

)

Saint-Patrick. (Anglais.) Berbice

POPULATION.

!

2,376

1,981

' Saint-Michel. (Anglais.)

3,676

2,138 (

Saint-Clément. ( Écossais. )

4,017

Saint-Sauveur. (Écossais.)

2,388

3,969

16,792

2,404

Sainte-Catherine. (Écossais.)

2,595

Le vote pour 1838 avait déjà eu lieu quand M. Latrobe visita la colonie. Il devait être de la même somme. Cependant cette somme, elle-même, n'est qu'une faible portion de cette partie du budget colonial qui détaille les différentes sommes fournies par la colonie pour l'instruction religieuse des habitants, comme on le verra par l'extrait suivant.

II

69,475

Berbice, 1838 :

Salaires des ministres

91,800

Catéchistes et sacristains.

15,840

Loyer pour le clergé

22,809

Écoles des paroisses rurales

18,000

Provisions pour différents établissements religieux, (Cette somme sera prélevée en partie cette année et en partie 189,540 l'année suivante.) Trois ministres adjoints

3.

du budget de Demerara et d'Essequibo pour l'année 1838, contenant les sommes votées pour le clergé, les catéchistes,

15,416

4,338 j

70,195

Le même système de répartition a été suivi en donnant, aux différentes paroisses, les sommes de 54,000 francs et de 18,000 francs, votées en 1837.

54,059f

15,120 2,520

Chapelain de la prison

EXTRAIT

les sacristains, les églises, les écoles et les maisons de charité. TOTAL

Salaires des ministres

355,629

158,580

Sacristains et catéchistes.

29,250

Chapelain de la prison

2,520

Chapelain de la garnison

540

Loyer pour le clergé

Demerara et Essequibo

496,535

Berbice

355,629

40,080

Ecoles libres pour les pauvres indigents

3,780

Provisions pour différents établissements religieux

99,995

Écoles dans les paroisses rurales

54,000

Catéchiste de Pomeroon

2,250

Six ministres adjoints

30,240

Pour l'augmentation de l'église romaine

14,400

Maisons de charité

TOTAL GÉNÉRAL

852,164

9,000

Nouvelle église de Saint-George

45,000

Ecole (paroisse Sainte-Marie)

3,600

École pour les petits enfants

2,700

Sur les différentes sommes fournies par la colonie dans les années 1836, 1837 et 1838, une somme totale de 932,025 francs a été employée à l'entretien de l'église anglicane et des institu-

TOTAL

496,535

tions qui en dépendent.


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CH. XI. ÉTAT DE LA RELIGION, ETC. 4.

ÉTAT

des sommes allouées

À

l'église anglicane dans toute la Guyane anglaise pour les églises, les écoles, les salaires, etc., en 1836, 1837 et 1838.

1836.

1837.

1838.

Saint-Georges

38,250f

83,698f

73,310'

Saint-Paul

30,540

29,523

52,563

Saint-Swithin

33,075

33,075

48,375

Saint-Mathieu

25,270

37,060

24,460

127,135

183,356

198,708

25,419

PAROISSES RURALES.

Demerara

TOTAUX.

Esscquibo

549

TOTAUX.

La Trinité

25,743

30,585

Saint-Jean

24,476

22,532

28,256

Saint-Pierre.

30,315

26,355

23,115

80,543

79,472

76,790

40,300

34,900

51,820

17,492

39,963

15,958

43,416

68,350

135,199

TOTAUX

Allsaints Berbice

40,300

TOTAUX

509,199'

236,796

243,849

TOTAL GÉNÉRAL

989,844

Sur ceUc somme de 989,844 francs, 126,000 francs ont été accordés, dans le cours des années 1836, 1837 et 1838, pour l'éducation; outre cela chaque paroisse a un sacristain et un

On suppose que le total des contributions particulières de la colonie n'est point porté à sa valeur exacte, et que, quand toutes les souscriptions seront payées, elles se monteront à 56o,ooo francs.

catéchiste qui reçoivent des salaires de 2,250 francs chacun.

Dans cette supposition, une somme totale de 1,875,000 francs paraît avoir été consacrée à l'instruction religieuse et à l'éducation,

On n'a pu

se procurer le montant complet des sommes

dans toute la colonie, seulement pour le culte protestant.

fournies à l'Église d'Ecosse. Il est juste aussi de faire remarquer, comme preuve des progrès généraux de la colonie, en ce qui regarde l'instruction religieuse et l'éducation, pendant les trois dernières années, et surtout dans les trois paroisses anglaises, qu'en outre des sommes

D.

RAPPORT

sur l'état de l'éducation des noirs à la Trinité.

allouées par la législature l'évoque du diocèse est venu, de son côté, apporter pour celle œuvre le produit des sommes votées par les sociétés dépendantes de l'Eglise anglicane, ou des contri-

15 février 1839.

butions particulières de la colonie. La Trinité n'a point encore été divisée en paroisses. Somme totale donnée par l'évêque sur les fonds mis à sa disposition

258,450'

Il n'y a qu'un recteur de l'Église établie de l'Angleterre, dans la colonie de la Trinité, qui officie à l'église de la Trinité, à Port-d'Espagne; et, avec l'aide d'un vicaire, il dessert les

435,075

districts environnants, depuis le Carenagejusqu'à San-Juan et Chaguanas. Les districts de Facarigue, qui s'étendent du voisi-

2,500

nage de San-Juan et de Saint-Joseph vers Arima, et ceux de Carapichaima, en comprenant les parties habitées de la côte et de

Total des contributions particulières de la colonie pour l'érection d'écoles, d'églises et de chapelles Total des sommes reçues des sociétés dépendantes de l'Église Salaires donnés par l'évêque h des lecteurs, etc

12,875

Total des salaires alloués par la colonie pour le clergé supplémentaire

25,000

Total des salaires alloués par des sociétés à des lecteurs, catéchistes, etc

17,500

Total des s: laires alloués par des particuliers à des lecteurs, etc

13,125

l'intérieur de Chaguanas à Pointe-à-Pierre, ont chacun leur ministre desservant. Les districts Naparima du nord et du midi, en comptant Pointe-à-Pierre, San-Fernando et Savanna-Grande, doivent aussi être considérés comme étant pourvus de ministres de l'Église prolestante, puisqu'on y trouve deux missionnaires résidents de la société des missionnaires de l'Église. Les différents devoirs de ces messieurs ne leur permettent pas d'étendre leurs travaux du côté du sud , quoique la petite réunion d'îles à Oropuche soit quelquefois visitée par le ministre de San-Fernando.

TOTAL

764,525

On espère qu'il sera nommé un desservant pour le district Chaguanas.

II.

35..


550 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES — IIe PARTIE. Les travaux des missionnaires wesleyens sont entièrement circonscrits dans la même partie de la colonie qui est occupée par l'église anglicane; jusqu'à présent aucun des agents des corps de missionnaires protestants n'a été au delà. Il est vrai

CISTE

QUARTIERS

FORMANT

LA

DIVISION

QUARTIERS.

POPULATION.

QUARTIER».

572 521

Maraval

885

557

Mayaro

019

189

Mucurapo

133

668

Maraccas (Vallée de)...

835

Joseph, San-Juan , forment la portion de l'île qui contient le plus grand nombre de ministres et du clergé prolestant. Au delà de

* Carenage et Cuesse

Bocas

REPORT

Caroni

349

* Naparima du nord

Cedros

798

* Oropuche

ces districts, le clergé catholique a occupé le terrain à Arima, station dont il a été déjà parlé, à Oropuche et la Brea, au sud-

* Carapichaima

ouest de Naparima, et sur le golfe de Paria; à Séparia, au milieu de l' extrémité allongée du sud-ouest de l'île; et à Hérine sur la côte

Chaguaramas

368

Sainte-Anne

Cimaronero

292

Santa-Cruz

* Chaguanas

méridionale de la même partie. A Hérine plusieurs nègres parlent anglais. Un catéchiste a quelquefois demeuré à Toco, à l'extrémité

* Caura. .

nord-est de l'île.

' Diego-Martin

Outre les écoles dépendantes de l'Eglise catholique énumérées dans le tableau, il a été établi, à certaines époques, un système assez irrégulier d'instruction religieuse à Séparia et à

Cacos (Baie de) Erin

L'évêque d'Olympe ne dispose d'aucun fonds qu'il puisse appl quer à cet objet, mais il est loin d'être indifférent à l'extension de l'éducation parmi la classe ouvrière. Il a été fait à son instigation un effort, dans le but de former une association dans le diocèse, pour combler les dépenses faites pour l'éducation des jeunes ecclésiastiques et des professeurs. Cette association est connue sous le nom d'association catholique des Indes occi-

1,60 ) 650

Pointe-à-Pierre * Naparima du midi

535

"Saint-Joseph

408 925

*Savanna-Grande

440

' Tacarigua et Aronca... .

' Savonctta

11,382

1,130 548 1,147 2,144 715 1,070 022 1,964 031 1,481

Gicapo

334

Toco et Cumana

489

Guanapo

658

Trazarete

335

Hicacos

230

' Ville de Port-d'Espagne.. 12,522

La Brea

325

' Ville de San-Juan

153

Las Cuevas

261

* Ville de Saint-Joseph ...

354

La Ventille

628

* San-Fernando

890

Trois

83 TOTAL

A

Toco. Le Gouvernement colonial n'a, jusqu'à présent, accordé aucun secours pécuniaire au clergé de l'Église romaine pour l'entretien des écoles.

POPULATION.

Arima. * Mission d'Arima

être pourvus de ministres résidents de la même église. Ceux-ci doivent être payés par la colonie, à condition qu'ils connaîtront la langue anglaise.

t.'ll.E.

Aricagua

L Église de Rome divise l'île en quatorze districts. Port-d'Espagne, Carapichaima , San-Fernando, Savanna-Grande, Saint-

Deux autres districts, ceux de los Cedros, tout près de l'extrémité du sud-ouest, et Ban-de-l'Est, sur la côte orientale, doivent

DE

(Les quartiers où se trouvent les écoles sont marqués d'un astérisque.)

que c'est dans ces limites que la partie de la population la plus nombreuse et la plus importante de la colonie se trouve rassemblée; le reste est disséminé le long des côtes. A peu de distance de la côte il y a aussi des agglomérations de propriétés, souvent d'un accès difficile et quelquefois presque inaccessibles.

DES

REPORTER

40,355

11,382

Comme remarque générale, nous ferons observer que la plus grande partie des écoles qui existent sont sur un très-bon pied et fort bien dirigées. A l'égard de la légère rétribution payée par les parents pour l'éducation de leurs enfants, on ne suit aucun système général. Dans les écoles nationales, à la ville et à la campagne, on demande une rétribution purement nominale. Si le payement en avait été rendu obligatoire, on aurait complètement arrêté le bon effet des institutions, car les parents montrent peu de dispositions à fournir les payements que l'on exige.

dentales pour la propagation delà foi. On ne connaît pas encore quel a été le succès de ce projet.

Les payements paraissent cependant se faire avec plus de régularité que dans les écoles de la fondation Mico. Dans celles-là, on considère aussi la rétribution comme libre , car on ne renvoie

La plupart des petites missions indiennes protégées par l'Église romaine, dans les premiers temps de la colonie, ont été aban-

de la classe aucun des enfants qui ne se conforment pas à la règle générale.

données. Celle de Tacarigua a été jointe à Arima, où se trouvent, à cette date, 229 Indiens. La mission de Montserrat fut transférée

Dans les districts du Naparima, nord et sud, les missionnaires de l' Église avaient essayé de rendre la rétribution obligatoire; mais, n'ayant pu y réussir, ils ont aboli la règle et admettent tous

de même à Savanna-Grande. La dispersion récente des Indiens qui étaient anciennement rassemblés dans ce voisinage a en partie interrompu cette mission, quoique le district contienne encore environ 165 Indiens. On en compte encore 126 à Toco et à Cumana. Il n'y en a point à Guapo ni à Diego-Martin , et fort peu à Caura. Le nombre entier des Indiens originaires de l'île est maintenant beaucoup au-dessous de 600. La population des établissements de pêche sur la côte nord de Maguerippe à Toco, des îles des Bocas , de toutes les propriétés et de tous les établissements de la côte du vent; de

les enfants, sans aucune condition. A l' égard des écoles catholiques, comme chacune est conduite suivant les vues individuelles dos curés, et comme elles sont fréquentées par un petit nombre d'enfants de la classe ouvrière, on 11e

peut rien conclure de positif à ce sujet. La colonie a été visitée dans un moment où des circonstances

ordinaires et extraordinaires mettaient obstacle à la fréquentation des écoles par des élèves de toutes classes. Les suites de la petite vérole, qui avait sévi dans la colonie pendant les mois de juil-

tous les districts du midi cl des plantations de café, de sucre, et de coton des belles vallées qui descendent de la chaîne principale

let et d'août, et qui, pendant quelque temps, avait fait fermer presque toutes les écoles, venait à peine de cesser, quand une épidémie fatale (qui sévit encore dans l'île), commença au mois

des montagnes (à l'exception de celle de Diego-Martin et du Carenage), ainsi que de la plus grande partie de l'intérieur de l'île, était hors de la portée des moyens présents d'instruction

de mars. La saison pluvieuse, en outre, avait commencé de si bonne heure, qu'il s'était à peine écoulé deux mois d'intervalle entre les deux saisons; et l'étal des routes, surtout dans l'inté-

quand la colonie a été visitée. Sur 38 quartiers qui formaient la division de l' île, il n y en avait que 12 qui eussent des écoles de

rieur des districts habités, était de nature à mettre un obstacle sérieux à l'arrivée des enfants à l'école, ainsi qu'à l'exécution des projets de construction.

toute sorte.


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CH. XI. ÉTAT DE LA RELIGION, ETC. La plus grande difficulté qui s'oppose aux progrès rapides des ouvriers de la Trinité et de leurs enfants, vient de ce que, jusqu' a présent, une grande partie des nègres ont été accoutumés à

551 33,750

REPORT

ÉGLISE ROMAINE.

Évêque et vicaire apostolique

25,000

parler français ou espagnol, et que celte difficulté ne peut être surmontée que graduellement. Jusqu'à présent, la plupart des maîtres ont été des Européens. A l'égard du payement des salaires, les maîtres, de cinq des écoles attachées à l'Eglise

Port-d'Espagne.

anglicane, et qui sont en rapport par l'évêque de la Barbade avec la société de la propagation de l'Evangile, ont été rétribués

Cure de San-Juan.

3,550

Curé de Saint-Joseph

3,550

conjointement, moitié par leur société, moitié par la législature coloniale. Ces cinq écoles sont: Port-d'Espagne, Chaguanas, Ca-

Curé d'Arima

3,550

Curé de Naparima

3,550

rapichaima, Saint-Joseph et Diego-Martin. Un semblable secours a été accordé plus récemment aux maîtres d'Indian-Walk, école

Curé de Separia

3,550

Curé de Savanna-Grande

3,550

près de Savanna Grande, et de Tacarigua. La société des mission-

Curé d'Erin

3,550

Curé de Couva

3,550

Curé du Carenage

3,550

Curé de Toco

3,550

?

Curé

naires de l'Église et la fondation Mico ne reçoivent aucun secours pécuniaire de la colonie pour l'entretien de leurs écoles. Voici quels ont été les actes du Gouvernement colonial à l'é-

3,550

Curé en second

3,250

Curé et catéchiste

3,250

Sacristain major

3,250

gard de l'éducation des nègres.

TOTAL.....

107,550

Le 13 juin 1835, une commission de quatre membres du conseil de Gouvernement fut nommée pour faire un rapport sur l'état de l'éducation dans la colonie, sur le nombre des écoles pu-

On doit ajouter cette année deux autres curés pour les districts de los Cedros et de Ban-deT'Est. Ils seront payés de la même

bliques ou particulières et sur les moyens d'instruction qu'elles fournissaient. Cette commission devait constater aussi les moyens

manière par la colonie , à condition qu'ils sauront bien l'anglais.

d'instruction religieuse fournis à toutes les classes, avec l'intention de les augmenter le plus tôt possible : cependant elle ne

POPULATION DE LA TRINITÉ.

s'est jamais assemblée, ou, si elle s'est assemblée, elle n'a jamais fait de rapport à la législature.

Nombre d'apprentis en 1834.

Le 2 février 1836, une autre commission fut nommée pour

18,407

Nombre des enfants libres

2,240

délibérer sur les dépêches de lord Glenelg, du 16 novembre 1835, du 25 novembre 1835 et du 15 janvier 1836, au sujet de l'établissement des écoles et de l'éducation des nègres ; mais, comme

20,656

TOTAL

la première fois, celte commission ne fit pas de rapport. Le 20 mai 1836, une somme de 5,000 francs par an fut destinée, outre la même somme accordée par l'évêque de la Bar-

À présent l'on suppose que la population de la colonie se monte à 36,654:

bade, à former les honoraires de cinq maîtres d'école, stationnés delà manière suivante : un à Chaguanas, un à Carapichaima,

Indiens.

un à Saint-Joseph, un à Diego-Marlin et un à Port-d'Espagne.

Libres ( de couleur )

17,551

Le 15 février 1838, une commission fut nommée pour faire préparer des plans et des devis afin de bâtir dans la ville de

Apprentis

12,691

Blancs

3,992 557

Nombre d'émigrants du 1er août 1834 au 2 juin 1838....

1,863

Port-d'Espagne une école dont le prix ne devait pas excéder 25,000

francs. Sur cette somme le gouverneur promit de four-

36,654

TOTAL

1

nir 12,500 francs, pris sur les fonds votés par le Parlement pour l'éducation des enfants à la Trinité; les autres 1 2,5oo francs devaient être fournis par le Cabildo. La commission devait faire un rapport sur l'emplacement ; elle n'en a pas fait.

E.

RENSEIGNEMENTS

sur la fondation Mico.

Le 23 février 1836, une somme de 1,000 francs, jointe à une pareille somme accordée par l'évêque de la Barbade, fut votée

I.

RAPPORT

des administrateurs de cette fondation.

comme salaire pour un maître d'école à Savanna-Grande (IndianWalk) ; et, le 24 avril 1838, une autre somme de 1,000 francs,

NOTA.

Cette fondation, dont le but est l'instruction morale et religieuse

jointe à une pareille somme accordée aussi par l'évêque, fut votée

de la population nègre et de couleur dans les colonies anglaises, fut ins-

comme salaire pour un maître d'école à Tacarigua; le salaire

tituée le

20

juillet 1835.

devait commencer à courir depuis le 20 novembre 1839. La somme portée au budget de l'île pour l'entretien du clergé de l'Église anglicane et de l'Église romaine se monte à présent à 107,550 francs.

ÉGLISE ANGLICANE.

ORIGINE.

La dame Jeanne Mico, veuve de sir Samuel Mico, laissa, par son testament, daté du 1™ juillet 1670 , la somme de 1,000 liv. st. (25,000 francs), pour racheter des esclaves. Elle ordonna que cette somme serait dépensée sous la direction de ses exécuteurs testamentaires, pour racheter, annuellement avec les intérêts,

f

Recteur du Port-d'Espagne Curé du Port-d'Espagne.

15,000 6,250

Ministre du district de Carapichaima Ministre du district de Tacarigua

A REPORTER

6,250 6,250

quelques esclaves. Vers l'année 1680, la cour de la chancellerie, dans un procès qui eut lieu alors au sujet de l'établissement de cette fondation, décida que le legs serait consacré à acheter des terrains et que les rentes qu'ils produiraient seraient employées selon le désir

33,750

de lady Mico.

La statistique de M. Montgomery-Martin porte ce chiffre à 39,045 , savoir : 3,632 blancs, et 35,413 noirs et personnes de couleur. II.

35...


PARTIE. 552 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe Suivant ce décret, on acheta à Castle-Baynard, à Londres, un quai et certains bâtiments qui furent transférés aux exécuteurs

forLes fidéicommissaires établissent d'abord quelle somme établisse mait le capital de la fondation au moment de son

testamentaires de lady Mico.

ment.

On fit plus tard plusieurs démarches à l'égard de celte fondation, mais on n'approuva jamais de projet pour l'emploi de ces fonds. Cependant, par un décret de la cour de la chancellerie, du 11 juin 1731, les trois quarts de ce qui formait alors les fonds

fondation 2,882,495 fr. à 3 pour 0/0 au nom des commissaires de la Mico, donnant un revenu annuel de Quai de Francis-Street, rapportant annuellement 2,250 fr., et occupé par la compagnie de Carron, ci

furent transférés à sir Charles Wager, afin qu'il les employât suiTOTAL

vant le vœu de la testatrice. Dans l'année 1827, à la mort de M. Barker, le dernier fidéicommissaire de celte fondation, ses exécuteurs portèrent encore une fois ce sujet devant la cour de la chancellerie; et cette cour en renvoya la décision à lord Stanley, afin qu'il nommât des personnes de confiance pour être fidéicommissaires des fonds et

88,424

Car Le quai fut vendu le 2 5 mars 1837, à la compagnie de placés furent ron , pour 5,000 liv. sterl. ( 125,000 francs j, qui portant dans le 3 p. 0/0, rapportant 4,149 francs par an, et revenu de la fondation à 92,873 francs.

de la propriété de la fondation, et pour préparer un projet réglant RECETTES.

l'application des rentes et des profits, suivant le désir de la fondatrice. Si l'audiencier trouvait que ce testament ne pouvait être exécuté selon le vœu de la donataire, il devait tâcher de s'en approcher le plus possible, selon les circonstances actuelles. Il s'éleva bien des difficultés et des empêchements dans divers quartiers. Ces difficultés ne furent vaincues qu'en 1835, quand l'audiencier, dans son rapport, approuva le plan d'après lequel les opérations de la fondation sont maintenant dirigées. Par

Les commissaires fournissent un état des sommes qn er er reçues depuis le 1 octobre 1835 jusqu'au 1 décembre 1837 fidéicommisBalance duc par feu John Raymond Barker, le dernier saire, payée par son exécuteur J. Gibson Rente d'une année, reçue des exécuteurs, déduisant

112

fr.

frais de perception

un ordre lancé par le maître des rôles (master of the rolls) le

Intérêt et profit sur les bons d'échiquier

29 juillet 1835, le rapport de l'audiencier fut confirmé, la nomination d'un des fidéicommissaires fut transmise par le secrétaire d'État pour les colonies, et la fondation présente fut

Quai de Castle-Baynard

4,204 4,681

Dividendes sur les fonds publics

' 230,071

établie. Les sept personnes dont les noms suivent furent nommées fidéicommissaires par la cour de la chancellerie. :

Reçu en secours accordés par le Parlement jusqu'à la même époque

'

TOTAL

James Gibson, esq. ;

des recettes au

Stephen Lushington ;

31

décembre

1837

619,571

DÉPENSES.

Thomas Fowell-Buxton, esq. ;

Thomas Peckard-Warren, esq. ;

La société expose ce qui a été positivement dépensé pour le progrès de l'éducation des nègres, avec la division des dp afférentes aux différentes colonies vers lesquelles leurs

John Gurney-Hoare, esq.

ont été dirigés :

Charles-Raymond Barker, esq. ; James Stephen, esq. ;

Dépenses jusqu'au 31 décembre 1837.

BATIMENTS.

ENVOI ET DÉPENSES

NOMS RÉPARATIONS DES

COLONIES.

La Jamaïque Maurice * La Barbade La Trinité

TOTAUX

des écoles et loyers.

173,462f

de voyage des maîtres et de leur famille ; agents étrangers, etc.

BILLETS SALAIRES

TIRÉS

DÉPENSES PERMANENTS DES ÉCOLES, ETC.

des maîtres.

64,395f

98,320'

4,000

11,760

20,537

18,667

1,250

6,755

50,632 .

6,953 4,135

sur M. Hoare et Cie, et dont on n'a pas encore reçu les comptes.

27,083' 13,085

//

64,137

11,506

10,875

10,065

8,500

260,266

88,911

136,487

71,785

48,668

TOTAL-

413,875f 56,325 30,800 105,075

606,075

.

31

au

antérieure On s'attend à recevoir, des agents de la fondation dans celte colonie, de nouvelles demandes relatives à l'époque décembre 1837.

Compte de balance jusqu'au 31 décembre 1837.

AVOIR-

DOIT.

Dépenses totales connues 13, 496 Balance en caisse applicable aux réclamations de Maurice. Recettes totales

619,5"

619,571


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CH. XI. ÉTAT DE LA RELIGION, ETC.

553

Dépenses depuis le 1er janvier 1838 jusqu'au 30 juin 1839.

NOMS DES

ENTRETIEN des

ÉDIFICES.

ÉTABLISSEMENTS,

RÉPARATIONS

du 1er janvier 1838 au 30 juin 1839.

des écoles et loyers.

DÉPENSES

SALAIRES DÉPENSES

DE VOYAGE

COLONIES.

150,000f

La Jamaïque

des professeurs et agence étrangère.

DES ÉCOLES, ETC.

des maîtres.

//

//

//

TOTAL.

PERMANENTS

Il

150,000f

Maurice

37,500

10,000f

16,000'

54,500'

2,750'

120,750

La Trinité

40,025

22,925

5,500

42,875

6,050

118,000

9,025

5,000

Demerara.

//

8,250

3,000

14,250

1,125

26,625

La Grenade

//

13,750

5,750

21,250

2,750

43,500

La Dominique

//

13,750

8,500

23,250

3,125

4S,625

Sainte-Lucie

//

18,250

8.500

28,250

4,375

59,375

Saint-Vincent

//

8,250

3,000

14,250

1,125

26,625

Antigoa

//

8,250

1,500

15,000

575

25,300

Tabago

//

7,500

1,500

11,250

550

20,800

Iles Bahamas

u

7,500

14,250

1,500

23,250

Grand-Cayman

//

5,000

3,375

7,000

1,625

17,000

128,425

56,025

255,375

25,550

703,725

La Barbade

237,750

TOTAUX

//

9,250

//

//

23,875

Pour les dépenses de la la métropole et pour les dépenses imprévues

30,000

733,725

TOTAL GÉNÉRAL

MOYENS, 1er

DU

JANVIER

1838

AU

DÉPENSE PRÉSENTE ET PRÉVUE, 30

JUIN

1839.

DU

1er

JANVIER

1838

AU

30

JUIN

1839.

Montant non reçu du Gouvernement sur ce qui a été accordé en 1837

175,000'

dessus

Somme que Ton suppose recevoir sur ce qui sera accordé parle vote de 1838

500,000

Dividendes sur les fonds de la fondation pendant une année et demie

Total des sommes que Ton dépense à présent comme ci-

Surplus pour dépenses imprévues

f

733,725 77,200

135,925 810,925 810,925

2.

TÉMOIGNAGE

d'Alexandre Stronach, directeur de l'école de la fondation Mico, à la Barbade. 4 septembre 1837.

D.

Veuillez nous dire le nombre d'écoles établies à Brigde-

Town et placées sous voire direction, et le nombre des enfants qui les fréquentent. R. Nous avons trois écoles, deux à Bridge-Town, et une près la Belle-Plantation, dans la paroisse de Saint-Michel. L'école située dans Baxter's-Road, à Bridge-Town , est journellement fréquentée par 140 enfants. On a pratiqué dans celle école le système d'éducation pour les enfants; on y élève-des maîtres pour d'autres écoles. Environ 160 adultes, qui la fréquentent le soir et le dimanche, sont instruits principalement par des professeurs volontaires et gratuits. Les adultes sont d'une conduite exemplaire et reconnaissants des soins qu'on leur donne; ils ont fait de très-grands progrès, et prélèvent volontiers une petite somme tous les mois pour défrayer l'éclairage de l'école. Les autres écoles de Nelson-Street, de Bridge-Town et celle de la Belle-Plantation

ne sont établies que depuis un mois; il vient dans chacune environ 5o enfants tous les jours. Les maîtres ont été élevés dans l'école modèle de Baxter's-Road. Le nombre moyen d'adultes le soir et le dimanche est environ de 60. D. Faites-nous savoir le plan général adopté pour l'éducation des enfants. R. Les instructions que j'ai reçues, en partant, des directeurs de la fondation Mico ont pour but de diriger particulièrement mon attention sur l'éducation des enfants des laboureurs de l'âge de deux à sept ans , et d'établir pour eux des écoles qui seraient conduites d'après les mêmes principes que ceux qui s'appliquent dans les écoles d'enfants de la métropole. Le trait distinctif du système suivi pour l' enseignement des enfants, c'est que le maître doit s attacher avant tout à former le caractère des élèves. Le corps aussi bien que l' esprit des enfants doit être assujetti de bonne heure à un système complet d'éducation morale. D. Veuillez-nous dire ce que vous entendez par éducation morale. R. Par éducation morale, nous entendons, non-seulement


554 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

l' instruction adressée à l'esprit d'un enfant, mais encore l'effort nécessaire pour faire pratiquer les principes de celte éducation. Afin d'y réussir il faut exercer une surveillance entière sur la conduite des enfants pendant qu'ils travaillent et pendant qu'ils jouent. Chaque faute que l'on désire corriger est exposée, en présence de toute l'école: on l'examine, et on la prouve par

3.

PRÉCIS

des travaux des directeurs de la fondation Mico dam les

différentes îles dont il a été parlé dans les rapports précédents. Les chiffres indiquent le nombre des enfants et des adultes dans les écoles de la semaine et du dimanche.

les enfants qui l'ont.vu commettre; le maître la prend alors comme moyen d'instruction morale et religieuse, et la juge par la Bible

suit LES REGISTRES.

qui est considérée comme la base de notre système. Je suis heureux de pouvoir ajouter que les enfants regarderaient comme une La Jamaïque

grande punition que nous omissions la lecture de notre histoire journalière tirée des Écritures saintes. D. Enseigne-t-on aux enfants qu'il n'y a qu'un seul moyen de salut, et que c'est par l'amour de notre Sauveur qu'on y

MOYENNE du nombre des élèves qui fréquentent les écoles.

5,136

3,808

La Trinité

710

292

Maurice

515

515

La Barbade

400

460

des Bahamas

100

160

6,981

5,235

arrive ? TOTAL

R. Tel étant le but des Ecritures saintes, notre système a d abord pour but de leur faire connaître par quelle faute l'homme tomba de son premier état, ainsi qu'il est raconté dans les trois premiers chapitres de la Genèse. De là nous conduisons leur tendre esprit à l'étude plus agréable de la naissance, de la vie, des souffrances et de la mort du Sauveur. Nour leur démontrons

Dispositions actuellement en cours d'exécution. — Maîtres partis récemment pour les destinations suivantes :

HOMMES.

que ce n'est qu'en croyant en lui que l'homme peut espérer de se racheter comme il est raconté dans le Nouveau Testament. Chaque jour ils apprennent une leçon importante par une narration tirée de la Bible. D. Pour l'instruction des enfants , se sert-on du Credo ou de toute autre formule établie? R. Le Credo (Apostles' Creed), l'Oraison dominicale et les dix commandements sont enseignés dans nos écoles. D. Enseigne-t-on aux enfants à lire, à écrire et à chiffrer? R. Oui, aux enfants les plus âgés ; les plus jeunes sont instruits principalement de vive voix, à l'aide d'objets figurés et de leçons analogues ; mais on les distribue aussi en classes, dès l'âge le plus

TOTAL.

Maurice

4

2

6

La Trinité

3

2

5

Grenade

1

1

2

Tabago

1

1

2

Saint-Vincent

2

2

4

Sainte-Lucie

2

1

3

Antigoa

1

1

2

Grand-Cayman

1

//

1

Demerara

1

1

2

16

11

27

TOTAL

II.

FEMMES.

RÈGLEMENT

pour la direction des écoles entretenues par la fondation Mico.

tendre, pour apprendre l'alphabet. 20

D. Trouvez-vous qu'il y ait en général de la bonne volonté de la part des apprentis à envoyer leurs enfants à l'école ? R. Les parents envoient volontiers leurs enfants à l'école. Il est arrivé quelquefois que le manque d'habillements les a empêchés de le faire. D. Demande-t-on une rétribution régulière pour chaque enfant ? R. On ne demande aucun prix fixe, mais on s'attend à ce que chaque parent contribue selon ses moyens à l'éducation de ses enfants. D. Jusqu'à quel point ont-ils consenti à cela ? R. Environ deux tiers des enfants payent à peu près trois sous par semaine. D. Les progrès des élèves ont-ils répondu à votre attente? R. Ils ont dépassé mes espérances.

juin 1838.

1. Toutes les écoles entretenues, en totalité ou en partie, sur les fonds de cette fondation, seront ouvertes à tous les enfants, de quelque religion que soient leurs parents. 2. Le grand but de celle fondation étant la propagation générale de l' éducation, surtout de l'éducation religieuse, le système d instruction sera essentiellement basé sur l'Écriture sainte; les livres et extraits seront les mêmes que ceux dont se sert maintenant la société des écoles anglaises et étrangères. 3. On n emploiera dans les écoles aucun catéchisme ou livre contenant les dogmes spéciaux d'aucune religion en particulier, mais chaque enfant sera libre de fréquenter les églises ou chapelles auxquelles appartiendront les parents. 4. Ces règlements constitueront la base sur laquelles seront fournis les secours pécuniaires aux écoles particulières ou publiques. Les écoles qui recevront ces secours seront sous la direction des fuléicommissaires de celte fondation. 5. L on n'emploiera aucun maître qui n'ait produit des renseignements suffisants sur sa moralité, ses principes religieux et ses talents comme maître; ses services seront appréciés par l' agent des fidéicommissaires qui aura le droit de le destituer.


RÉCAPITULATION GÉNÉRALE EXPOSANT

1° l'état de l'éducation dans les Indes occidentales et dans la Guyane anglaise, de mai 1837 à juin 1838. 2°l'état de la religion et de l'éducation dans le diocèse de la Barbade et des Antilles en 1841.


e

556 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE

F.

générale exposant l'état de l'éducation dans les ÎLES britaniques

RÉCAPITULATION

NOMBRE

NOMBRE DES ÉLÈVES.

POPULATION.

MOYENNE SUR LES REGISTRES.

do ceux qui fréquentent les écoles. NOMBRE Dans

Écoles

COLONIES.

NÈGRES, APPREN-

des

Total

Écoles

Écoles

journa-

du

VA'"

libres

Ecoles

es écoles

libres

*

popula-

Nombre

enfants

du

MAÎ-

„!■

de la

do Ecoles

de

ENFANTS ENFANTS

enregistré

Ecoles

de

de

total

TOTAL

ceux

sur les

journa-

libres

du

du

BLANCS.

Indiens,

TRE»

TIS,

d'aption

particu-

et

eé»

sala

-

diman-

que l'on

sala*

prentis,

des

dans la

total.

lières.

soir.

registres.

che.

lières.

dimanche

soir.

etc.

lières.

pprentis.

1834. pprentis. riés.

1834.

instruit.

riées.

a1-

colonie.

s H

La Jamaïque.

.

12,580 20,870

Les Caymans

M

85

La Barbade

4,119

Tabago.

742

La Grenade.

1,010

Saint-Vincent.;

000

1 Le, Grenadine, ......

Sainte-Lucie.

610

5,304

3,124

La Barbade,

131

La Dominique

388

Montserrat

807

8,321

9,789

16,806

132

60

79

47

9,883

2,430

3,304

3,215

456

675

644

300

47

4,502

1,262

75

861

497

1,932

561

140

3,227

222

184

472

601

1,678

1,507

196

Antigua

38,754

539

81

4,012

42,766

126

42

174

878

7,397

3,986

13,869

20,000

17,193

68,760

14,047

60

1,191

1,678

300

2,000

10,105

1,516

11,621

3,747

23,536 28,123

3,786

19,789

2,062

153

3,240

1,301

3,024

23,208 ' 3,000

750

500

370

85

196

80

137

2,522

2,134

2,158

108

100

120

317

330

249

896

508

435

54

997

351

660

1,174

225

1,489

621

455

750

137

196

4,456

275

220

110

153

51

82,807 120,000

25,208

6,848

1,980

315

8

3,500

4,066

13,292

1,500

25,535

4,000

169

248

14,792

9

425

1,284

720

4,468

12,187

2,000

14,187

19,375

1,489

312

427

5,980

400

6,380

7,119

8,837

9,325

17,523

28,492

10

5

19,292

417

9

5

7

29,535 35,581

113

9

15

29,533

!

6

10

( Inclus dans St-Vinctet la Grenade.)

1,000

36

10

13,921

124

1

1

( Inclus dan, la Jamaïque. )

801

1,073

164

38,784 347,921 447,021

1,731

562

6,573

70,000 309,167

224

264

427

30,000

944

3,093

315

314

547

30,541

3,946

104

18

46

1

1

4

7

18

13

14

8 4

Nevis

563

Saint-Christophe

2,012

1,039

1,714

1,602

692

378

4,418

1,558

1,341

1,293

1,011

452

3,086

31

234

1,633

4,652

300

1,800

188

4,169

7,574

14,782

1,263

2,741

7

14

7

36

12

1 Anguille

47

60

107

15

25

40

35

197

470

463

1,123

C5

3

110

250

424

1,801

459

2,260

2,934

5,151

7,731

1

1 6

Iles do la Vierge. . . .

323

La Trinité

1,847

768

848

1,091

431

3,126

,

658

667

288

2,069

49

418

1,140

3,544

500

3,992

2,080

12,006

4,151

18,407

1,000

4

3

a 2,249

25

20,656 36,054

! |6 24

Guyana anglais,

4,914 11.388

2,474

15,776

3,609

3,606

9,308

22,275 25,043

37,673

1,824

14,736

629

19,405

3,566

13,010

75,035

8,012

58

83,047 100,223

351 GRANDTOTAL.

.

34,098 49,150 11,410

94,664

8,342

71,058

10,166 104,830

60,830

140,341 608,942

391

649 85,530 694,478 901,

Fondation Mico. — Dans la, quatre premières colonnes do cette division do la récapitulation. on n'a tenu aucun compte du nombre do, écoles. bâtie, ou arrangée, par l'agence

d

e

325


ÉTUDE

557

DE LA RELIGION , ETC.

DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CH. XI. ÉTAT

occidenatales et à la Guyane anglaise, de niai 1837 à juin 1838.

DES ÉCOLES

ALLOCATIONS

PARLEMENTAIRES.

SOCIÉTÉS MAI.

NOMBRE

NOMBRE

MAÎ-

STATIONS

NOMBRE DES STATIONS DES

MISSIONNAIRES

total

ÉCOLES

d'écoles

NOMBRE

de que l'on

sur lesquelles

DU PARTI-

se propose

on s'était proposé

,R

"E TRES

DU

TRESSES

auxquelles

fondées

de bâtir des écoles

bâties

à l'aide des

ou

terrains

l'on

d'écoles

de

allocations

le Gouvernement

TOTAL.

de

l'on tient

des

et dont les

et

TOTAL.

achetées

«a

ne sont

s'est

occupées

sions ,

situations

parlementaires pour l'éducation

a prêté son aide

"'TU

ou que

répa-

ne sont

qu'en

assuré

journa-

se propose des écoles de bâtir

point

RES.

des nègres.

couleur. couleur.

l'on

pour bâtir les écoles.

déterdispose.

1835.

1836.

38

54

tive.

terrain.

journa-

bâtiments

l'aide

rées.

du

1837.

provi-

lières.

Gouver-

minées.

lières dans des

avec

encore

perspec-

d'un

DATES.

des écoles

par

ou que l'on

SOIR.

183

prés desquelles

déjà

obtenu

concesCULIÈ-

de stations

on a

bâtir, TOTAL.

pour lesquelles

de

où les

NOMBRE

stations

soires.

nement.

139 95

124

541

41

61

102

5

107

15

25

Mai, sept. 1837.

107

18

51

14

44

16

3

Février, avril 1838.

2

7

4

1

Janvier 1838.

13

2

7

26

21

! 2

Société pour la diffusion do l'Evangile dans les pays étrangers

7

Si 33

12

13

111

213

15

12

27

25

6

4

10

20

8

6

14

50

7

II

11

Société des missionnaires wesleyens

14

7

5

12

Société des misionnaires moraves

5

3

3

Société des dames pour l'éducation des nègres.

97

16

39

55

2

1

1

2

Société des missionnaires baptistes

43

4

10

14

Société des missionnaires écossais

26

5

8

3

20

16

6

4

6

4

1

4

4

8

2

4

3

4

2

9

11

2

1

1

13

17

2

1

2

3

1

1

1

3

1

1

2

3

1

2

3

1

16

8

4

17

1

1

1

8

10 3

II

Une sta lion est comptée dans ans la Jam maïque.)

Société des missionnaires de l'Eglise anglicane

3 9

16

2

Décembre 1837. Janvier 1838.

:

13 U

10

l2

Janvier 1838.

2

S

22 7

18

1

5

5

Janvier 1838.

5

2

Décembre 1837.

9

Nov., déc. 1837.

1

Décembre 1837.

1

Décembre 1837.

1

H

1

1

5 10

14

*

3

3

1

3

3

4

3

3

1

5

5

2

3

1

1

5

4

1

1

3

1

1

Novembre 1837.

1

3

8

2

3

Novembre 1837.

2

11 3 1

13

Société des missionnaires de Londres

7 4

19

S|

4

4

8

11

35

46

i

Fondation Mico

Novembre 1837.

14 20

12

82

1

2

1 1

3

s

1

1

1

1

1

Novembre 1837.

1

1

1

1

Novembre 1837.

11

20

7

9

Juin 1838.

40

11

12

Mai 1838.

293

74

104

4 6

15

2

2

4

1

77

12

10

22

4

33

14

47

175

215

390

il 15 7

19

il

4

10

8

I

26

6

32

14

13

1

9

83

50

233

75

65

36

94

2

63 37

15

\

202

y

1

\ 345 206

345

1.447

8

charité. comme on n'avait demandé aux administrateurs aucune spécification du nombre ou des situations, on a inclus dans les dernières colonnes les résultats des actes de cette

!


E

558

RAPPORT

SUR

LES QUESTIONS

F

bis.

ÉTAT

COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES —

II

de la religion et de l'éducation dans le diocèse de la Barbade et des

PARTIE

en ANTILLES

UE

SOCIÉTÉS MUT

ÉGLISES

ÉTENDUE

PRÉSENTS

MEMBRES

ET

CHAPELLES.

en ILES.

POPULATION. MILLES

carrés.

La Barbade

Tabago

Sainte-Lucie 3..,

.

NO NOMBRE

NOMBRE

h

d'églises.

de places.

L'ÉGLISE.

22,502

20,055

I

2,400

50,000

6

18

3,950

2,530

100

14,000

2

4

1,500

1,300

1

1

200

40

20,000

1

NOMBRE

h'

31

180

h la

CLERGÉ.

120,500

La Trinité

du

I

2

35

COMMUNION»

Je société''

43

2,787

.

5

280

"

137

" 21

/

1, Saint-Vincent

150

La Grenade

127

20,300

27,810

9

5

14

5

6

5,580

2,495

4,070

//

pris. l'évêque et l' archidiacre, et M. R. J. Rock, qui tient une école particulière à Speight-Town. » Indépendamment do plusieurs autre, non achevé.,.

y

P

écolo, on activité; on avait commencé

à

on construire uno

à

Castries, mois elle n'a pas été achevée . un nouvell P emplacement a été choisi à In Soufrière,

449

250

"


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE. ANGLAISE. — CH. XI. ÉTAT DE LA RELIGION, ETC.

Compte rendu de S. G,

559

Hart-Coleridge, èvêque de la Barbade et dépendances ecclésiastiques.

RAPPORT ÉCOLES SOUS LA DIRECTION

L'ÉGLISE

DE

DES ENFANTS.

ANGLAISE

DE LA POPULATION

POUR L'INSTRUCTION

DES PAUVRES.

avec le nombre

DU DIMANCHE.

PLANTATIONS.

DES

DU SOIR.

RELIGIEUSE

TOTAUX.

des

des

Ecoles. Elèves.

Ecoles.

Elèves.

Écoles.

Ecoles.

Élèves.

Ecoles.

Élèves.

Écoles.

Élèves.

élèves.

écoles.

Élèves.

«

49 3,004

2

173

1

00

9

1

30

«

2

60

"

22

"

2

"i

10

1 sur 1,452.

83

6,726

89

28

1,305

710

23

1,630

"

"

2,131

398

1 sur 18.

»

22 1,038

3

214

"

"

I

1 sur 1,786.

1 sur 38.

11 860

1 sur 609. I

1 sur 8.

»

"

"

"

"

«

2

123

1

20

3

176

»

"

"

"

"

8

210

11

5

281 '

" I

"

*

15 696

I

1,077

37

2,126

1 sur 548.

1 sur 9.

41

25

1,338

1 sur 1,112.

1 sur 21.

15 856

2


560

G.

e PARTIE. RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

dévelopindiquant l'emploi détaillé de la somme de 750,000 francs, votée par le Parlement, en 1837, pour le coopèrent, ment de l'éducation des nègres, ainsi que les sommes sollicitées sur ces fonds par les différentes sociétés qui dans ce but, avec le Gouvernement de S. M. TABLEAU

SOMME DÉPENSE RÉELLE

COLONIES

LES

ÉCOLES

SONT

NOTES

SOMME ACCORDÉE

OU

ÉTABLIES.

ESTIMÉE.

par

EXPLICATIVES.

DEMANDÉE.

le Parlement.

SOCIÉTÉ

LA

POUR DE

PROPAGATION

L'ÉVANGILE.

LA BARBADE. 6,250f 5,000 5,000

Paroisse de Christ-Church, village de Bath de Saint-James, Clarendon-Fort LA TRINITÉ.

5,000 5,000 5,000 5,000

District du Port-d'Espagne de Saint-Joseph de Carapichaima TABAGO.

6,250 0,250 0,250 10,000

District Saint-David, Plymouth Saint-George, baie de la Barbade Saint-Jean, Lambeau-Hill Saint-Patrick, Mount-Pleasant-Sandy-Point.. . SAINTE LUCIE.

7,500 7,500

Soufrière. Gros-Ilet

f

GRENADE. Saint-Andrew Saint-David Saint-Jean et Saint-Marc Saint-Patrick Beguia Grenadines

Pour subvenir \ « l'érection1 des écoles.

3,750 3,750 3,750 3,750 0,250 0,250

125,000f

SAINT-VINCENT.

3 écoles à la

Barb de

a

.

Trinité 7 écoles à la

|

Tabago. 4 écoles à

1

Luc e i . 2 écoles à Sainte-

190,000

2 écoles à la

Grenade.

et1C' 2 écoles à Beguia Grenadines.

Saint-Vincent 15 écoles à

0,250 0,250 0,250 0,250 0,250 6,250 6,250 0,250 0,250

Saint-George et Saint-Andrew, Calliagan • Propriété de Belair Upper-Diamond Saint-Patrick et Saint-David, Baronallic Richmond (Baie de Richmond). Paroisse de Charlotte; Orange-Hill Baie de Colonnie Baie de Ricabon Peruvian-Vale

Il

Étant deux tic» à" prix estimé do

G écolo. à la anglaise.

Guya

ne

Maorie0,

3 écoles à

GUYANE ANGLAISE. / Saint-James, Walkenaam Saint-Peter, propriété Retrieve. . DEMERARA, Richmond-Hill Waterloo ESSEQUIBO. Saint-George, George-Town Saint-Mathieu, rivière de Demerara

5,000 5,000 5,000 5,000 10,000 5,000

II

lonne n° 3.

MAURICE. Port-Louis Savanna Rivière-Noire

'.....

DES

sera . emCelte somme 6 ployée de la m»'" vante : de la

(B)

7,500 7,500 7,500

M

232,500 2,500

ÉCOLES.

diocèse Maurice. qui

2,500 au

Diocèse de la Jamaïque de la Barbade — des îles Bermudes de Maurice,

A

oca

t 1836 Cette al1836. Cette n de tion location avaitc0„r9 accordée pour (inécoles d' enfants oa, aux fant schools) elle fut apt de mois ensuite elle fut pliquée au paycocontenue la somme

11,250

ENTRETIEN

somme , ll

so

LA JAMAÏQUE. Kingston, école centrale

De celte

(A)

Pour l'entre.) tien des écoles.

25,000

Aucune nomme n'a été spécifiée.

(B) 232,500

REPORTER

A

150,000

100,00

ro ort ion qui Dans une p p n'excédera pas un encourues l'endépense. do. dans de par la société ces tretien des écoles

districts.


ÉTUDE DE L'EXPERIENCE

SOMME COLONIES

DÉPENSE RÉELLE

SOMME

NOTES

DEMANDÉE,

EXPLICATIVES.

ACCORDÉE

par

00 ESTIMÉE.

OÙ LES ÉCOLES SONT ÉTABLIES.

561

RELIGION, ETC. CH. XI. ÉTAT DE LA

ANGLAISE.-

le Parlement

190,000f

150,000f

232,500f

SOCIÉTÉ DES MISSIONNAIRES DE L'ÉGLISE.

ENTRETIEN DES ÉCOLES. Entretien des) écoles. . . . j

'

I

SOCIÉTÉ DES MISSIONNAIRES WESLEYENS.

Pour les appointements du maître d'école et les dépenses imprévues.

CAL DE BONNE-ESPÉRANCE.

Pour être employés dans la proportion d un tiers do ces dépeuses. Il

7 500

7,500

11,250

c)

37,500

25,000

,

ENTRETIEN DES ECOLES.

Somme non spécifiée.

(c) 17,500

Idem.

SOCIÉTÉ MORAVE.

LA JAMAÏQUE.

Pour aider à bâtir

6,250 | 6,250 J 6,250

16,667

ANTIGOA. 6,250

ENTRETIEN DES ÉCOLES.

Saint-Jean, Mont-Thabor.. Saint-Christophe : Saint-George, Basse-T erre An ligna : Sainte-Marie, Grâce (Baie de) "

Sainte-Élisabeth, N. Fulnec

22,917

Moyenne des r débours p j l'entretien \ des écoles, à 1,250 fr. pour chaque école../

18,750

6,250

(c)

Idem.

SOCIÉTÉ DES MISSIONNAIRES RAPTISTES.

LA JAMAÏQUE. 18,750 7,500 8,750 15,000 . 7,500 . 4,375 21,000 20,550 L

Saint-James : Salter's-Hill

Westmoreland : II

anover : Gurney's-Mount Fletcher s-Grove

"33,750

6,250 5,000 5,000

(D)

25,000

11,250

6,250 6,250 5,000 8,750 5,000 2,500 10,000 12,500 8,750 10,000 11,250

1 SOCIÉTÉ DES DAMES POUR L'ÉDUCATION

DES NÈGRES.

GUYANE ANGLAISE. 13,750

MAURICE.

3,750

16,250

7,500

454,675

286,667

D) On dit qu'il A déjà été II souscrit 13,400 francs de la somme que la so- Il ciété doit ajouter à ce 11 vote du Parlement, et II qui doit être appliquée II aux bâtiments d'écoles II spécifiés dans la seconde II colonne, ou à une por- Il tion, comprenant les quatre premières sur la liste en commençant par Salter's-Hill.

3,750

Somme non spécifiée.

347,917

36 il.


562

e

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

PARTIE.

SOMME COLONIES

DÉPENSE RÉELLE

SOMME

NOTES

DEMANDÉE.

EXPLICATIVES.

ACCORDÉE

00

LES

ÉCOLES

SONT

ÉTABLIES.

00

ESTIMÉE.

par le Parlement.

454,675f

REPORT

ENTRETIEN DES

286,667f

347,917

ÉCOLES.

18 écoles à la Jamaïque 23 écoles à Antigoa 4 écoles à Monlserrat 4 écoles à Saint-Kitt 4 écoles à Nevis. 1 école à la Trinité 1 école à Saint-Vincent 2 écoles à la Guyane. 4 écoles aux îles Bermudes La Jamaïque : Fairfield, asile pour les femmes

j Pour aider à l'entretien des écoles.

26,475

(E)

8,750

Somme non spécifiée.

La société des dames pour l'éducation des nègres a dépensé pendant l'année 1837, sur les fonds de la société (outre la somme accordée par le Parlement) la somme de 17,675 francs pour l'entretien des écoles.

[E)

(F) 2,500

SOCIETE DES MISSIONNAIRES DE LONDRES, DIRECTEURS

LA

DE

FONDATION

Rien n'a été demandé pour l'année 1837.

MICO.

La Jamaïque Maurice La Barbade La Trinité Sainte-Lucie La Dominique Iles Bahamas Antigoa Tabago La Grenade Saint-Vincent

202,500 125,000 Dépenses esti- \ mées pour 50,000 l'année ter. 75,000 f minée en 25,000 févr. 1838 350,000 pour l'éta25,000 blissemt et 1 5,000 | le soutien 25,000 des écoles., 10,000

(G)

350,000

V) Qui devront être employés dans la proportion d'un tiers des dépenses. (G) La moitié seulement de cette somme a jusqu'à présent été payée aux directeurs do la fondation Mico.

" " ILES BAHAMAS.

Pour achever l'école normale à Nassau LE

DES

GOUVERNEUR

ILES

2,802

(H) 2,802

7,500

7,500

7,500

7,500

7,500

7,500

(11)

BAHAMAS.

ILES BAHAMAS. Pour bâtir l'école normale à Nassau Soutien de l'école normale; salaire de M. M'Swiney, pour une année terminée le 26 iuin 1838 SOCIÉTÉ

DES

DAMES

L'ÉDUCATION

D'ÉDIMBOURG DES

POUR

NÈGRES.

Secours demandé pour l'érection des écoles et le soutien des maîtres. — Quelques renseignements (1) SOCIÉTÉ

DES

MISSIONNAIRES

DE

C.

J.

(1) Secours différé jusqu'à ce que l'on fournisse un compte exact, selon les conditions requises.

Somme non spécifiée.

[K)

LATROBE,

Pour l' inspection de toutes les écoles des Indes occidentales protégées par le Parlement, en comptant 155 fr. payés à M. Arrowsmith pour des cartes

TOTAUX

RÉCAPITULATION

Somme non spécifiée.

ÉCOSSAIS.

Secours demandé pour les honoraires des maîtres et autres dépenses. — Quelques renseignements (K) DÉPENSES

Les directeurs ont entrepris la direction de cotte école à la demande du Gouvernement de Sa Majesté, et le reste de la dépense du bâtiment a été payé par eux.

(L)

951,452

18,905

679,974

Secours différé jusqu'à ce que Ton fournisse un compte exact, scion les conditions requises.

(L) La totalité a été payée jusqu'à la fin do Tannée 1839.

712,917

du tableau indiquant l'emploi de la somme de 750,000 francs accordée par le Parlement, dans l'année pour les progrès de l'éducation des nègres.

1837,

SOMME NOM DE LA SOCIÉTÉ.

Société pour la propagation do l'Évangile Société des missionnaires de l'Église Société des mi sionnaires wesleyens Société des missionnaires moraves Société des missionnaires baptistes Société des dames pour l'éducation des nègres Directeur de la fondation Mico Gouverneur des îles Bahamas pour l'école normale de Nassau Dépenses d'inspection de C. J. Latrobe Balance réservée pour les dépenses imprévues et les réclamations de la société des missionaircs écossais, et de la société des dames d'Édimbourg pour l'éducation de3 nègres, en recevant les renseignements que l'on attend d'elles

TOTAL

ACCORDÉE

par le vote de 1837. 150,000f 25,000 25,000 22,917 52,500 22,500 352,802 15,000 18,905 65,376

750,000


XI. ÉTAT DE

ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CH.

LA

RELIGION,

ETC.

563

N° 124. TABLEAUX STATISTIQUES

§ II.

CONSTATANT LE PROGRÈS DE L'ÉDUCATION ET DES MARIAGES CHEZ LES NOIRS, EXTRAITS DE

1. RELEVÉ

PORTER'S TABLES.

du nombre d'individus qui ont suivi les écoles, dans les dix-neuf colonies à travail libre, de 1832 à 1839.

1832. 1833.

COLONIES.

506

Antigoa La Barbade

1834.

1835.

"

1,965

"

u

"

"

(1)

«

La Dominique

220

242

180

La Grenade

529

470

566

3,056

La Jamaïque Montserrat Saint-Christophe ...

510

"

22

33

44

331

730

292

Tabago

174

288

152 126 960

776

"

"

La Trinité

373

Iles Bahamas

1,117

Iles Bermudes

814

Demerara

311

Berbice

64

Le Cap

"

(A)

Porter donne les renseignements suivants sur les écoles d'Antigoa. Ecoles moraves en 1837: du dimanche, 955 élèves; de jour, 668; du soir, 50; d'enfants, 94. Écoles moraves en 1838 : Élèv. 994. Institrs. 12. Dépenses 7,850 fr. 1839 1,301. 16. 15,625 Écol. wesleycnncs 1837 2,953. Ecoles 4. Instituteurs 181. 1838 3,046. » 180. 1839 2,927. " 173.

1,202

1,251

1,048

1,834

75

744

814

"

80

372

3,064

3,116

"

Ecole de la fondation Mico : du dimanche, 500 élèves pour 1839.

"

delà semaine, 635 — (B) Il manque des renseignements pour 1832.

3,406

"

540

"

"

171

347

535

1,439

1,942

56

212

218

"

"

"

4,320

3,428

1,253

1,371

1,122

1,664

758

605

1,037

(D)

1,508

"

(E)

6,433

"

806 "

524

"

1,738 (4)

"

"

891

1,464

"

"

"

"

2,330

3,483

3,876

3,240

126

128

300

326

"

1,859 2,137 (5) 230

"

1,043 (c) 1,026

477

"

1,004

224

759

161

"

"

227

Honduras

745

950

1,346 1,511

Maurice

2,827

380

"

1,690 (3)

//

"

"

"

"

305

3,014

502 3,003

212

Tortola

OBSERVATIONS.

2,377

2,477

2,725 923

"

Saint-Vincent

Sainte-Lucie

(A)

2,061

257

60

1,236

"

"

"

635

"

"

525

1,880

1839.

1838.

9,440 1,638 (2) 19,894 38,754 31,865 (B)25,264

"

"

Nevis

1837.

1836.

pour 1839.

(c) Les écoles du dimanche recevaient 787 élèves en 1839. En 1835, le nombre des élèves de la paroisse St-Picrro n'a pas été relevé. (D)

Il manque des renseignements pour plusieurs paroisses.

(E)

Il y avait 86 écoles en 1839.

(1) Pour 1834, Montgomery-Martin donne 1,789 élèves. (2) Pour cette année, suivant Montgomery, 1,171 élèves. (3) Pour 1836, suivant Montgomery, 2,135 élèves. (4) Pour 1836, suiv. Montgomery, 6,428 élèves. (5) Suivant Montgomery, en 1836, 1,559 élèves.

2.

CHIFFRE

des individus qui ont reçu l'instruction dans les écoles de la Guyane anglaise, pendant le trimestre de juillet à septembre 1838, et pendant le trimestre d'octobre à décembre de la même année.

TRIMESTRE DE JUILLET DÉSIGNATION

DES

TOTAL.

Adultes.

3,460

4,081

7,541

2,912

3,115

6,027

212

2,735

2,947

121

2,969

3,090

1,919

421

2,340

1,650

596

2,246

5,591

7,237

12,828

4,683

6,680

11,363

TOTAUX

des congrégations des frères unis ou moraves, à Antigoa, de 1837 à 1839.

ADULTES

ENFANTS

CATÉCHUTOTAL.

non

TOTAL

AU-DESSOUS de

MÈNES.

GÉNÉRAI,.

COMMUNIANTS.

douze ans.

4,893

1,498

2,764

9,155

DÉCEMBRE.

Enfants.

de nuit

COMMUNIANTS

À

Adultes.

—— de jour

SITUATION

D'OCTOBRE

ÉCOLES.

Écoles du dimanche

3.

TRIMESTRE

A SEPTEMBRE.

2,817

11,972

4.

Enfants.

des communiants divers de la Guyane anglaise pendant le trimestre de juillet à septembre 1838.

CHIFFRE

Église épiscopale d'Écosse de Hollande • luthérienne romaine Société des missionnaires de l'Église établie des missionnaires wesleyens idem de Londres idem moraves

2,428 250 "

12 "

20 1,346 1,854 "

5,910

TOTAL

II.

TOTAL.

36.


564

RAPPORT SUR

5.

e

LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

MOUVEMENT

1831. en fi y

COLONIES.

A en en

A 55

1832.

en g

A

2

A

de la population et des mariages dans les colonies anglaises, de

en -fi C -W Q

S

Antigoa

en W C N en en A 55

en w

G < 2 A M

1833.

en -W C -W fi

"

La Grenade

578

53

229

G4G

79

M 186

G44

La Jamaïque

fi o

A

A

N

La Barbade La Dominique

en W C N A en en

1834. en W y 55

en -W C É D

A RI

A

en en

A

s

N

575 5,301

284

1,190

604

107

268

en W G A5 RI A S

202

1835.

en -fi y -w Q

348

en W C 55

en W G

A

<

en en

2

A

A

as

s

651

470

707

1836.

en -fi y -w fi

95

281

210

Nevis Saint-Christophe 16

307

Saint-Vincent Tabago

142 383

344

97

435

329

< 2

en 'fi y -w o

a

(S) 282 1,091

246

823

7,487

906

1,940

E y as •"S en en

en E

en

w

y

< 2

A N

<

885

316

en "fi y É fi

s

y

N <

en en A as

683 1,083

a?

i

« G

-a a -s

<

RI

s

A

5

468

759

(») 65

361

25

202

522

30

228

110

122

348

65

279

342

395

460

142

176

82

154

155

388

358

576

51

102

437

69

314 3,533 3,120

281

282

07

144

27

715

65

132

550

43

122

07

09

35

73

195

27 197

904 1,233

833

123

931

701

178

644

887

430

344

309

110

197

192

56

202

653

341

(B) 819

507

75

622

135

28

133

95

123

57

209

882

1,878

250

755

377

(D) 203

858

388

(") 192

908

211

(K) 244 1,704

272

69

185

299

55

109

290

271

235

1,873 2,725

270 3,802 2,074

5,350 1,007 2,488

930 46

100

238

39

583

174

4,483

"

83

170

382

426

124

51

63

191

118

(L) 528

180

1,401

W

53

762 2,170

460 296

75

1,247 4,913 2,910

430

W

40

019 1,070

173

287

148

173

7,934 3,881

48

504

1,178

28

34

002

687

"

268

30

141

"

3,215 1,407

284

959

122

622 0,537

M

57

8

147

A N

1,962

45

868

Iles Bermudes

Berbice

756

en en

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331

4,919

Honduras

?!

(c)

519

502

Cap de Bonne-Espérance.

Demerara ot Essequibo...

<

873 3,806

392

9

818

2

A

18

152

309

n

Iles Bahamas

en

en W y as

1839.

1838.

287

n

La Trinité

A

1837.

en È o É Q

55

Montserrat

Tortola

A N

3,752 1,582

423

en E o

as

1832 À 1839 1.

091

"

Sainte-Lucie

en w y

PARTIE.

161

245 154

"

273

136 '

) Les registres de paroisses étant les seuls documents à consulter, il y a nécessairement omission de naissances et de décès. (B) Les relevés qui ont servi à établir ces chiffres sont inexacts. (c) Il manque le mouvement do quatro districts. (D) Lo mouvement de la population do huit localités n'est pas connu. (E) Les baptêmes indiques sont inexacts, en ce qu'ils ne comprennent que ceux pratiqués d'après le rite dominant. (F) Six localités n'ont pas fourni de renseignements. (G) Ce relevé ne se rapporte qu'à l'Église protestante. (A

sés ne

(H) Beaucoup d'enfants nègres morts sons baptême, ou trop éloignés pour être bapti , pas compris dans ce relevé. •( 1 ) Le mouvement chez les moraves , les presbytériens et les wesleyens, n'est indiqué ni pour année, ni pour 1838 et 1839. (J) Les paroisses n'ont pas toutes fourni -, des renseignements pour les années 1837, 1838 »et 1839. (K) Le chiffre auquel on a porté les naissances do 1838 provient de 1,573 Africains arrive» p peu. (L) Ces 528 mariages ont été célébrés du mois d'octobre au mois de décembre 1838.

N° 125. III.

RÉCLAMATIONS DES

d'une dépêche de

MISSIONNAIRES WESLEYENS AU SUJET DES MARIAGES.

Beacham sur la nécessité de valider les mariages célébrés par les missionnaires antérieurement à l'émancipation2.

EXTRAIT

J.

24 février 1836. Monseigneur, Le comité de la société des missions wesleyennes sollicite respectueusement l'attention de Votre Honneur sur la requête suivante. Cette requête a rapport à l'interruption sérieuse, que les missionnaires de la société éprouvent au milieu de leurs travaux dans les colonies où l'esclavage a régné naguère et aussi au tort grave qui résulte, pour la religion et la morale publique,

sions qu elle y établit. Il s'est écoulé un demi-siècle depuis que le vénérable docteur Coke fonda à Wesley, dans l'île d'Antigoa, la première mission. L'œuvre, commencée alors, fut poufsuivie avec tant de succès, que la société aujourd'hui, possède des établissements florissants à Antigoa, à la Dominique, « Montserrat, à Nevis, à Saint-Christophe, à Tortola, à Anguille, à Saint-Vincent, à la Grenade, à la Trinité, à la Barbade, à Tabago, à Demerara, à la Jamaïque, à la Nouvelle-Providence, à Eleuthère, à l'île d'Harbour, à Abaco, à l'île Turk et aux îles Bermudes. Le nombre des membres ou communiants attachés à ces différentes stations se compose en partie de blancs et d'hommes de couleur. Il s'élève au moins à trente-deux mille. Il y a plus du double de personnes qui, sans être membres de la société, atten-

du changement que la question du mariage a subi dans ces mêmes colonies. Pour vous faire une idée exacte de la grandeur du mal dont nous nous plaignons, il faut que nous remontions à l'époque reculée ou la société commença ses travaux dans les Indes occi-

dent le ministère des missionnaires et reçoivent l'instruction tant religieuse que civile. Ces sociétés et congrégations sont sous la direction de soixante-seize missionnaires du pays. Un nombre considérable d'agents qui leur sont subordonnés obéissent à leur

dentales, et que nous passions en revue les progrès des mis-

impulsion.

1

En Angleterre on compte, chaque année, 1 mariage sur 128 personnes; en Prusse, 1 sur 200; en France, 1 sur 131; en Belgique, 1 sur 144. Pendant l' année 1839, on a compté à la Jamaïque, 1 mariage sur 100 personnes; à Antigoa, 1 sur 133; à Maurice, 1 sur 300; à Saint-Christophe, 1 sur 166; aux îles Bahamas, 1 sur 300. * C est sans doute a la suite de ces réclamations que l'ordre en conseil du 7 septembre 1838 a été rendu. Cet ordre en conseil valide les mariage' dont il est question dans la lettre du missionnaire Beacham, et accorde aux ministres dissidents la faculté de célébrer les mariages. *


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CH.

Regardant la divine institution du mariage comme nécessaire a la sûreté de la morale publique, et comme la base de toute société bien conduite; persuadée, en outre, que le concubinage est diamétralement opposé à l'esprit et aux principes du christianisme, la société a établi en règle générale que les missionnaires sont dans l' obligation constante de ne pas admettre au nombre des membres de l'Église ou des communiants les personnes vivant en concubinage, et do rayer du nombre des membres ceux qui, parmi eux, se mettraient à vivre de celte manière illicite. Avant l'introduction de la loi de l'émancipation des nègres, les missionnaires avaient pouvoir de faire les mariages parmi les esclaves qui appartenaient à leurs Églises respectives, et parmi ceux qui, après s'être fait instruire clans la religion, se faisaient recevoir membres de l'Église. Afin d'avoir un relevé fidèle de tous les mariages qu'ils exécutaient, ces messieurs avaient des registres préparés à ce dessein. La feuille qui accompagne cette requête a été enlevée à l'un de ces registres, pour que Votre Honneur soit à même de juger du soin que l'on apporte pour assurer l'authenticité des mariages que font les missionnaires de la société. Aussi longtemps que les choses se sont passées ainsi, ces mariages, quoique non formellement reconnus par la loi, ont été cependant regardés comme bons sous le rapport moral et ont produit les effets les plus salutaires. Les nègres eux-mêmes sont susceptibles de comprendre le sacrement du mariage au point de vue de la religion. Déjà l'attachement conjugal était créé; les affections de familles étaient raffermies, les vertus domestiques commençaient à germer : les mariages des noirs, enfin, étaient un bien réel pour la société en général. L'abolition de l'esclavage a placé sous un nouveau jour la question des mariages des nègres et a amené un nouvel état de choses rempli d'inconvénients. Les mariages de nègres faits par

XI. ÉTAT

DE

LA

RELIGION

ETC.

565

sonnes libres, des doutes se sont produits sur la validité de leurs premiers mariages. Comme maintenant, en qualité d'hommes libres, les nègres peuvent contracter des mariages légaux, ceux qu ils ont contractés lorsqu' ils étaient esclaves les unissent-ils légalement aujourd lui? Mais à cette question, d'où dépend la légitimité ou l'illégitimité de leurs mariages, se trouve lié intimement le sort des enfants qui en sont nés. Le mal qui provient de cet état de choses est des plus graves. La masse des nègres (ces nègres, pour la plupart, sont membres de la mission ), est réduite à la pénible alternative, ou de subir le reproche immérité de vivre en concubinage, ou, en se remariant suivant les formes voulues par la loi, d'illégitimer leurs enfants et de leur enlever le droit d'hériter de leur avoir. On voit même assez souvent des cas où, au mépris des principes de la nature, des nègres prennent avantage de l'incertitude qui règne actuellement au sujet des mariages antérieurs, et quittent leurs femmes et leurs enfants pour contracter un nouveau mariage. Mais cet obstacle n'est pas le seul dont nous ayons à nous plaindre. La difficulté que l'on éprouve pour la célébration des mariages légaux est aussi un des inconvénients les plus gravesExcepté à Demerara et dans certaines parties de l'archipel de Bahama, où il n'y a pas de ministre de l'Église, les missionnaires des autres sociétés, n'ayant pas reçu d'une loi coloniale le pouvoir de marier des individus libres, ne peuvent plus désormais célébrer les mariages parmi les nègres. Au milieu de ces circonstances, vu le petit nombre des membres du clergé de l' Eglise d'Angleterre, tous les mariages ne peuvent pas être célébrés légalement dans plusieurs endroits; et, dans d'autres où le nombre de prêtres est suffisant, les dépenses et les embarras que la célébration du mariage occasionne sont pour les nègres

les missionnaires cle la société, lorsque les nègres étaient regardés par la loi comme biens mobiliers ainsi que les valeurs qu'ils

des obstacles qu'ils sont peu disposés à combattre. Qu'arrive-t-il de tout ceci ? Que souvent des nègres, qui recevaient des missionnaires l'instruction religieuse et auraient pu devenir d'utiles et d'honorables membres de la société, cèdent à la force des

possédaient, auraient suffi, tant que cet état aurait été la condition légale de la population nègre, pour cimenter le principe du

circonstances, et, formant des liaisons illicites, se mettent à vivre dans un état de concubinage

mariage. Aussitôt que les nègres ont été élevés à l'état de per-

Signé J. BEACHAM.

N° 126.

§ IV.

1.

DÉPÊCHES

EXTRAIT

DU

MINISTÈRE DES COLONIES

d'une lettre du secrétaire de lord Glenelg à l'honorable J. Stewart. 1836.

George Grey, secrétaire de lord Glenelg, fait savoir à l'honorable J. Stewart, pour qu'il en informe les lords commissaires, que Son Excellence a examiné les mesures qu'il serait de l'intérêt du Gouvernement d'adopter, à la suite d'une résolution agréée, par la Chambre des communes le 12 juin 1833 , qui décide que le Gouvernement de Sa Majesté se charge de toutes les dépenses

ET DES GOUVERNEURS SUR L'ÉDUCATION.

ont acquise. Les succès déjà obtenus par ces mêmes corps dans l'enseignement font espérer, pour l'avenir, des succès d'autant plus complets, que les moyens qu'ils auront entre les mains seront plus nombreux. D'après les statistiques, le meilleur moyen d'arriver à de bons résultats, c'est de concourir à l'érection de nouvelles écoles. Dans ce but, lord Glenelg est d'avis que l'on pourvoie à une partie des dépenses nécessaires au moyen de souscriptions volontaires, ou par toute autre voie. Comme à l'île Maurice, et dans quelques parties des Indes occidentales , il est probable que l'action des sociétés religieuses n'est pas

que pourront faire les autorités locales, en concourant à l'éducation religieuse et morale de la population nègre. Il lui annonce

assez puissante pour atteindre la fin désirée. Lord Glenelg veut que l'on accorde des sommes d'argent qui, jointes aux contributions locales, serviront à fonder des écoles nouvelles. La somme

qu'il a été ordonné, aux gouverneurs des colonies et aux diverses sociétés qui s'intéressent à cet objet, de faire des enquêtes

que lord Glenelg se propose de demander pour l'exécution de ce plan ne s'élève pas à plus de 5oo,ooo francs.

dans le but de donner du développement aux ressources qui y sont afférentes ; puis il l'avertit que les documents résultant

Pour que l'on ait pleine sécurité sur l'application de ces secours pécuniaires, lord Glenelg a le projet de créer des inspecteurs qui seront chargés d'adresser au Gouvernement des rapports sur l'état des différentes écoles auxquelles les fonds publics seront

de ces enquêtes ont été déposés entre les mains du vénérable J. Sterling, homme très-versé dans Renseignement, et d'une expérience consommée jointe à un zèle ardent. Après lui avoir donné avis d'un rapport favorable fait à ce sujet par M. Sterling, il lui soumet l'opinion de lord Glenelg pour arriver plus

venus en aide.

efficacement à la fin qu'on se propose. Celte opinion est qu'il faut se servir de l'influence que les différents corps religieux

pense que le moyen le plus économique et le plus efficace en même temps d'obvier à cet inconvénient, c'est de fonder des

II.

Un obstacle cependant se présente : c'est le manque de maîtres nécessaires pour la direction des écoles. Lord Glenelg

36..


566

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

e

PARTIE.

écoles normales. Il serait d'avis que, clans le cours de cette année , on en érigeât au moins trois : deux dans les Indes occidentales , et une à l'île Maurice. L'entretien de ces trois écoles,

tagées en lots ou parcelles de terres, et ensuite mises en vente publique. Il est à désirer qu'en général ces établissements soient formes sur les terres de la Couronne, en réservant toujours des

y compris les traitements des maîtres et maîtresses, ainsi que la nourriture des élèves, ne serait pas très-dispendieux. Lord Gle-

emplacements convenables pour ériger des églises, des écoles, et autres bâtiments publics; et aussi pour construire des quais le long du rivage de la mer. Dans quelques endroits il sera néces-

nelg propose, à cet effet, qu'en outre de la première somme de 5oo,ooo francs on en vote une autre de 125,000 francs, qui serait spécialement destinée à l'érection d'écoles normales. Signé George

GREY.

saire que des terres limitrophes soient réservées pour former des communaux, ou pour être distribuées en lots de culture, suivant la nature ou l'étendue des lieux. Dans les districts que vous visiterez, vous ferez des rapports séparés concernant les écoles, et concernant les terres appartenant au domaine de la Couronne. A l'égard de ces dernières, vous

2.

adressée aux magistrats spéciaux des îles Bahamas par sir FF. M. G. Colebrooke, gouverneur. CIRCULAIRE

Nassau, 18 septembre 1835.

J attache une très-grande importance à l'établissement des écoles d'enfants et des écoles de travail pour les filles, et plus tard pour les garçons1. Outre le traitement de 1,000 francs par an accordé à l'instituteur dans les îles du dehors , on donnerait 2 50 francs par an à une femme recommandable, propre à diriger une école de petits enfants, et l'école des filles, sur les mêmes bases que celles qui sont établies à Nassau. Un

profiterez de l'expérience et des lumières des magistrats locaux, des inspecteurs des terres, bois et forêts de la Couronne, et de toutes les autres personnes éclairées que vous rencontrerez; alors des mesures seront prises pour former des établissements, après la réception de vos rapports. Je n'ai plus qu'à vous prier de saisir toutes les occasions de faire savoir aux habitants des îles du dehors, et surtout aux apprentis, que je compte avec sécurité sur leur empressement à maintenir les lois et a remplir tous les devoirs qu'elles leur imposent. J'espère qu'ils sauront apprécier les avantages qui doivent résulter de l'ordre, de l'industrie, de l'honnêteté et de l'exactitude.

autre point vers lequel je désire attirer votre attention, c'est le choix d'emplacements qui soient convenables pour la formation d'établissements clos, où les terres seraient avantageusement par-

Signé

W. M. G. COLEBROOKE.

N° 127.

§ V.

RAPPORTS DES MAGISTRATS SPÉCIAUX SUR L'ÉDUCATION.

I. RAPPORT du juge spécial Arthur

Welch à Son Excellence le marquis de Sligo. 3o décembre 1835.

Les apprentis semblent désirer beaucoup l'éducation et l'instruction religieuse. Le révérend M. Hall, desservant de celte partie de la paroisse, est infatigable. Il y a aussi un ministre presbytérien qui vient de se fixer dans le voisinage. M"" Wright de Kensnoorth a établi une école sur sa plantation. Cette dame s'intéresse bien vivement aussi à l'école qu'on a fondée à Fairfield. L'apprenti, selon moi, n'est pas naturellement disposé aux mauvaises mœurs. On n'a jamais cherché à encourager chez lui le mariage ; cela est si vrai que, même aujourd'hui, si un chef d'atelier se marie, on le renvoie aussitôt. Les mariages sont devenus beaucoup plus fréquents, et les nègres se conforment également à toutes les autres pratiques de l'Église. L'établissement d'écoles sera très-profitable aux enfants, en ce que les parents ne les laisseront plus courir à travers la campagne. On ne songe plus maintenant à fermer ni les portes ni les fenêtres pendant la nuit, et je crois que les vols de produits sont beaucoup moins fréquents qu'autrefois. Les vols de café s'étaient augmentés d'une manière effrayante. On cite ehtre autres un receleur qui a embarqué dernièrement cent barils de ce produit sans avoir à lui un seul arpent de terre. L'établissement do la police a eu pour effet de supprimer complètement ce trafic. J'ai assisté à l'office du jour de Noël, à l'église de M. Hall. Il y avait au moins cent soixante communiants. Chacun, je crois, a donné une pièce d'argent à la quête. Comme la paroisse n'a pas de pauvres, le produit de cette quête se verse dans la caisse de réserve. On ne se livre plus à la danse le jour de Noël, on 1

observe maintenant les cérémonies religieuses consacrées à la commémoration de la fêle. Je n'ai pas vu un seul homme ni une seule femme en état d'ivresse depuis que je suis venu me fixer dans la paroisse. Les apprentis sont partout fort bien traités par les maîtres. On donne les rations ordinaires de poisson salé sur la plupart des plantations. A Noël, on a donné une ration fort copieuse de bœuf, de morue, de rhum et de sucre. Ces vivres ne sont point prescrits par la loi. Je ne puis parler aussi favorablement de la conduite des apprentis nègres qui sont en état de domesticité. Ils sont paresseux et dépravés, et sont au fait de toute espèce de finesses et de friponneries. Quand cependant ils deviendront maîtres de leurs actions, ils seront bien obligés de se corriger, car on est bien déterminé maintenant à n'engager que ceux qui seront porteurs de bons certificats de moralité. Comme il est arrivé quelques émigrés dans le district, je vais me permettre une observation à ce sujet. Ce sont surtout les paysans robustes de l'ouest de l'Irlande et du nord de l'Écosse qu'on pourra utiliser dans nos campagnes. Les artisans de tout genre trouveront aussi à s'occuper; mais je conseillerais à tous ces gens de se fixer avant de faire venir leurs familles, à moins de s'être assurés des moyens de leur procurer des vivres. Il faudrait que ce lussent des gens de bonne vie et mœurs, pour ne pas corrompre nos indigènes par de mauvais exemples. J'ai peu de confiance dans la valeur des émigrants européens comme agriculteurs. Ils pourront seulement garder les troupeaux ou faire des ouvrages d'intérieur. Il vaudrait mieux, selon moi, amener ici les esclaves saisis sur les négriers capturés que de les envoyer à Sierra-Leone ou à Cuba. Lorsque les étrangers verront que le trafic des esclaves devient profitable à nos colonies, cela contribuera plus que toute autre chose à le faire abolir.

On apprendrait aux filles les travaux de l'aiguille cl du rouet, ainsi que les diverses industries domestiques. Les garçons seraient occupés au jardinage et au travail des champs.


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CH.

Un mot sur le climat de la Jamaïque. Dans ces montagnes le thermomètre varie de 65 à 75 degrés F. à l'ombre. La nuit il baisse souvent. Toutes sortes de légumes d'Europe y viennent parfaitement et toute l'année. Je vous citerai un exemple du progrès de l'industrie des nègres. Un apprenti, dont la demeure est voisine delà mienne, a en ce moment un beau champ de petits pois anglais en étal de maturité. Il peut, s'il le veut, avoir des petits pois, des patates et des choux tous les jours à sa table, sans compter d'autres espèces de légumes propres au pays et qui sont innombrables. Les fruits sont ici très-abondants. On voit des milliers d'oranges gisant à terre; il n' y a pas même de porcs pour les

XI

3.

ÉTAT

EXTRAIT

DE LA RELIGION, ETC.

567

d'un rapport de M. H. Ally, juge spécial. 17 janvier 1837.

Je suis charmé de pouvoir vous annoncer que l'instruction religieuse des apprentis se fait avec beaucoup de zèle par le clergé de ce district, et que leur désir de faire le bien est égalé par le désir des apprentis de recevoir un bienfait aussi précieux. Je n'ai aucun doute que l'instruction de la génération naissante, surtout son instruction religieuse, ne produise des habitudes de travail et une entière obéissance envers les maîtres.

manger.

C'est avec le plus grand plaisir que j'ai remarqué le décorum

Quant à la récolle prochaine de café, les champs ne sont pas encore sarclés et il ne le seront même pas avant que tout le

avec lequel les apprentis suivent les exercices religieux. Les mariages sont nombreux, et la conduite des noirs dans ces occa-

produit de la dernière récolle ne soit expédié. Les caféiers auront besoin d'être taillés très-avant, à cause delà quantité de fruits qu'ils

sions est digne d'éloges.

viennent de produire. Il pousse cependant beaucoup de nouveau café, mais je ne saurais vous donner une idée de ce que sera la

d'acheter leur liberté; j'en ai eu trois pendant le mois dernier. Je ferai un rapport à ce sujet aussitôt que les apprentis auront payé

récolte avant d'avoir vu les caféiers en fleur. Beaucoup de per-

le prix de leur libération complète. Je n'ai point vu d'exemple

sonnes plantent du café, et il se forme aussi de nombreux établis-

d'un apprenti qui ait voulu retourner au travail des champs après

sements pour ce produit par des chefs d'atelier qui achètent du

avoir acheté sa liberté.

Les apprentis qui en ont le moyen montrent un grand désir

terrain.

Signé

H. A LLY.

Je terminerai en vous répétant que, selon moi, le nouveau système est en bonne voie, et qu'il pourra réussir tant que les magistrats spéciaux auront les moyens de faire respecter la loi et de maintenir la discipline. Mais il faudra aussi faire bien comprendre aux apprentis que le devoir de ces fonctionnaires est autant de leur faire remplir les obligations que prescrit la loi que de leur donner aide cl protection contre leurs agresseurs, en cas de besoin. Signé Arthur

2.

AUTRE

, juge spécial.

WELCH

extrait. 1837.

Les missionnaires se sont montrés très-dévoués à la colonie, et

leurs efforts sont dignes des plus grands éloges. Ils ont souffert beaucoup du climat, et les décès qui ont eu lieu dernièrement

4. EXTRAIT

d'un rapport de J. Daughtrey, juge spécial 10 janvier 1837.

L'éducation et l'instruction religieuse sont encore fort négligées. Il y a des églises qui ne peuvent suffire au nombre de ceux qui voudraient les fréquenter, et plusieurs localités déjà habitées, dans une étendue de huit à dix milles, n'ont ni église ni écoles. Les nègres attachent beaucoup d'importance à avoir une église et une école près d'eux, et un ministre qu'ils puissent appeler. C'est une preuve évidente de leurs progrès en civilisation ; au commencement ils préféraient aller en chercher an loin. On les a souvent vus dans ces derniers temps travailler gratuitement à l'érection de chapelles, et passer un temps considérable à réparer les routes qui y conduisent on à embellir les terres qui les entourent. C'est là, à mon avis, une des plus grandes preuves de

parmi eux sont vraiment effrayants. Les jeunes ecclésiastiques de l'Eglise établie, paraissent être pieux et zélés, et ils font ce qui

l'influence de l'instruction chrétienne, car la dernière chose qu'un

est en leur pouvoir pour déterminer quelques individus de la classe supérieure, qui, je regrette de le dire, vivent souvent dans

téressée.

un état de concubinage, à changer de conduite. Les administrateurs se refusent à engager des gérants mariés; le seul remède que l'on puisse appliquer à ce vice doit venir de la métropole, et voici comment ; les propriétaires qui sont en Angleterre devraient renvoyer tous les hommes immoraux, soit procureurs, soit directeurs. Il en résulterait le plus grand bien, et la civilisation ferait des progrès rapides. La valeur des propriétés serait augmentée et les laboureurs seraient heureux. Si j'étais propriétaire, et que je fusse absent, je m'arrangerais avec un négociant commissionnaire; je louerais les plantations à

esclave émancipé paraît capable de faire, c'est une action désinLe désir d'acheter leur liberté a été arrêté en grande partie par les évaluations élevées que l'on savait avoir lieu dans les autres districts ; pendant le dernier trimestre il n'y a eu ici que sept libérés. Quelques-uns de ceux qui ont été rachetés se sont établis sur des terres à eux qu'ils cultivent soigneusement. Sur un ou deux de ces nouveaux libres on ne peut donner d'aussi bons renseignements; mais le plus grand nombre, domestiques, laboureurs ou marchands, ont fait de nouveaux engagements, avec des contrats d'apprentissage, et poursuivent leurs anciennes occupations. Signé

J. DAUGHTREY.

quelque directeur marié et respectable, et je laisserais embarquer les produits par le négociant. En suivant ce système, le négocianty gagnerait à la longue, le propriétaire pourrait vivre, et les géreurs immoraux et tyranniques seraient chassés même de la société des hommes qu'ils tiennent sous le joug. J'appellerai l'attention de Votre Excellence sur l'époque prochaine de l'affranchissement entier des apprentis non ruraux; mon opinion est qu il y aura l'année prochaine, en août, beau-

5.

EXTRAIT

d'un rapport de

W.

Ramsay. juge spécial, au

marquis de Sligo. 1837.

coup de mécontentement à cet égard. Toutes les personnes sensées s y attendent. On doit blâmer les propriétaires et les géreurs

Mes observations personnelles sur l'état présent d'une école dans celte ville me mettent à même de rapporter à votre sei-

de s être opposés au classement des apprentis non ruraux, qui avait été proposé, il y a longtemps, par le marquis de Sligo.

gneurie que, sur près de 600 élèves qui étaient présents à un examen de l'école métropolitaine (établie d'après le système de la société de l'école britannique et étrangère en Angleterre), plus

II.

36...


568

e

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

de 400 étaient des enfants d'apprentis de cette paroisse; ce qui confirme l'opinion que le refus fait par les apprentis d'engager leurs enfants provient de leurs moyens de les soutenir, et je puis ajouter, de les élever. L'examen m'a prouvé que l'état actuel des progrès de ces enfants était beaucoup plus avancé que je ne

8.

AUTRE

PARTIE.

rapport du juge spécial Grant. 18 mars 1839.

L'église et les écoles sont encombrées. La population entière

m'attendais à le trouver.

montre le plus grand désir d'obtenir l'instruction religieuse et

Je ne puis terminer ce rapport sans exprimer ma ferme conviction que la grande cause des difficultés présentes de l'île vient du peu d'intérêt que le directeur possède dans la plantation qu'il

civile. Us ne pensent point qu'il soit jamais trop lard pour apprendre. Il est curieux de voir parfois un homme de quarante

dirige. Comme le directeur est tout à fait dépendant de la volonté des administrateurs, et qu'il peut être change' selon leur plaisir

ans ou au-dessus apprenant ses lettres ou épelant des mots de deux ou trois syllabes.

ou leur caprice, puisqu'ils sont les représentants des propriétaires

Le nombre des mariages et des baptêmes augmente journellement. Il s'est aussi opéré un grand changement clans le costume

absents, il n'a qu'un intérêt passager dans la prospérité de la plantation, ce qui est tout à fait incompatible avec le bonheur

venable.

de la masse. Généralement la conduite des nègres est plus con-

permanent du pays. En laissant les directeurs devenir fermiers des propriétés, avec la perspective d'autres avantages, on ne manquerait pas d'alléger le mal ou de parer entièrement à bien des difficultés : comme fermiers, leur intérêt consisterait à consulter celui de leurs apprentis, et serait par conséquent lié au bien du pays en général ; tandis que, clans l'état actuel des choses» ils ne consultent que l'intérêt de ceux qui les emploient momentanément. Signé W.

6.

EXTRAIT

, juge spécial.

RAMSAY

d'un rapport sur les progrès de l'éducation et de l'instruction religieuse. 1838.

Signé

9.

EXTRAIT

d'une lettre de

GRANT.

R.

Hill.

6 août 1839.

En passant rapidement à travers le pays , j'ai trouvé peu d'occasions d'apprendre quelques faits relatifs à la situation des classes ouvrières. En général, les planteurs se plaignent beaucoup de l' état de l' agriculture. A Montego-Bay, il y a une grande effervescence sur les sujets politiques et religieux parmi les maîtres, d'un côté, et clans les classes ouvrières de l'autre. Voilà ce qui a présenté des obstacles à l' établissement d'une grande école nationale. On a voulu, plus d' une fois, par un zèle mal placé pour l'église établie, en exclure tous les enfants, excepté ceux des

Dans les villes les enfants libres sont habituellement envoyés à l'école; mais, dans les plantations, les propriétaires ou leurs

membres de l' Église. Les soupçons des dissidents, qui se considèrent comme objets de persécution, furent bientôt suffisamment excités pour leur faire croire que nos instructions étaient

représentants, par esprit d'opposition contre toute amélioration apportée au sort dès cultivateurs, ont empêché l'établissement

'hostiles aux intérêts de leur communion. Les écoles qui existent n'avaient donné que peu d'idée des avantages d'une éducation

d'écoles dans les domaines dont la gestion leur était confiée. Il résulte de là, et je regrette d'avoir à le déclarer, que les villages nègres abondent trop souvent d'enfants approchant de la puberté qui vagabondent dans un état complet de nudité, et qui sont

utile et religieuse. Le nombre d'élèves paraît, en général, avoir été borné ou irrégulier, et on n'a pris que peu de peine pour chercher dans leurs demeures les enfants des pauvres cl des igno-

incapables de rien faire pour eux ou pour autrui. Toutes les sectes de l'île, à l'exception des presbytériens et des indépendants, ont, dans Spanish-Town, un édifice consacré à leur culte. Il existe aussi diverses écoles pour la jeunesse. Celle du révérend Jacques Philippo, ministre baptiste, est la mieux dirigée et la plus suivie.

rants. L'instruction sur les sujets religieux et sur l'arithmétique semble avoir été fort peu soignée, et bien des garçons qui prétendent avoir appris la grammaire latine n'ont fait aucun progrès clans des branches d'instruction qui pourraient les aider à gagner leur pain durant leur vie. En annonçant, le 6 juillet, que la nouvelle école nationale serait ouverte le 8 , mon premier but a été d'expliquer l'instruction que l' on y offrait et ce qui serait vraiment utile aux classes inférieures de la société. La preuve pratique qui a été donnée par le nègre Robbins, qui avait accompagné le maître de l'école

7.

RAPPORT

du juge spécial Grant. 28

novembre 1838.

Les bons effets du travail convenablement rétribué deviennent de jour en jour plus évidents. Pendant l'esclavage, l'ignorance et la paresse des enfants étaient des causes continuelles de plaintes. Les effets du système de la liberté sont sur ce point complètement visibles. Cette paroisse possède douze écoles, qui sont encombrées des enfants de ceux des cultivateurs qui peuvent les vêtir proprement et se passer de leur travail. Maintenant il n'est pas rare de voir une mère dont les ressources sont modiques s'occuper activement à cueillir du café du matin au soir, elle et ses quatre ou cinq enfants , puis les envoyer à l'école clans les

centrale à Kingston, a été très-utile à cet égard, et les examens qu'il a subis sur le catéchisme d'Oxford ont causé de fréquentes expressions d'étonnement. Montego-Bay contient, à ce que l'on suppose, à peu près 8,000 âmes, ou à peu près un cinquième de la population de Kingston. Dans trois semaines, nous avons pu rassembler une école de 33o enfants (et le nombre en est depuis augmenté jusqu'à 374). Aujourd'hui, 310 de ces enfants étaient à la fois présents à l'école. Ce nombre est plus grand, je crois, que tout autre que l'on ait vu clans les écoles de la Jamaïque, excepté l'école nationale centrale de Kingston. Los vacances en commémoration de l'abolition de l'esclavage ont relardé le progrès de celte école pendant lu semaine dernière; mais il est presque certain que nous recevrons encore 150 élèves dans le

intervalles consacrés au repos. Il n'est pas inutile d'ajouter que le besoin d'instruction religieuse augmente journellement. Il y a clans cette paroisse treize édifices consacrés au culte, et où les

courant de ce mois. Il y a quatre hommes et trois femmes qui se

exercices sont exactement suivis.

jeunes filles sont dirigées d'une manière convenable et dans des Signé

GRANT.

préparent à remplir des fonctions scolaires, clans celte paroisse et dans les paroisses voisines. Les écoles de garçons et celles de chambres séparées. Les progrès des enfants sont fort satisfaisants. Signé

R.

HILL.


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE.— CH. XI.

10.

EXTRAIT

D

'un rapport du juge spécial Kelly. 6 août 1840.

J al assisté à quelques-unes des réunions des noirs. J'ai été témoin des démonstrations les plus ardentes de dévouement à la Couronne, d estime et d'affection pour le gouverneur, et de leur résolution à obéir aux lois. Je pense qu'il faut, en grande partie, attribuer celle conduite méritoire aux progrès de l'éducation et à l'influence morale qui agit journellement sur la population. J ai assisté aux examens de deux ou trois écoles placées sous la direction des missionnaires baptistes. J'ai été enchanté devoir un si grand nombre d'enfants aussi avancés en éducation et aussi bien instruits de leurs devoirs moraux et religieux. Plus de deux mille enfants reçoivent journellement ainsi l'instruction, et chaque semaine, dans cette paroisse, sous la direction des susdits missionnaires. Signé

11. EXTRAIT

KELLY.

d'un rapport du juge spécial de la Trinité sur

ÉTAT

DE LA RELIGION,

ETC.

569

Le manque de bras serait la réponse à cette question. Je me permettrai d'émettre l'opinion que si la concurrence existait, on obtiendrait un travail continu, outre l'amélioration morale et l' accroissement de l' intelligence dans toutes les classes de la société. Ayant appelé l' attention de votre seigneurie sur l'état moral des habitants de cette île, je crois convenable de l'informer que tous les efforts ont été tentés pour fournir l'instruction à la génération qui s élève , et toutes les facilités données pour obtenir une éducation solide. Comme preuve de cette assertion, je n'ai qu'à rappeler à Votre Excellence la liste de nos écoles. Il serait à désirer que le nombre de ces écoles ne fût pas trop augmenté, mais réparti plus judicieusement, de manière à ce que les classes pauvres ne trouvassent pas trop de facilité à y parvenir. Je pense que les avantages moraux ou physiques , trop abondants , sont moins appréciés que ceux dont l'accès est plus difficile. Seulement il ne faut pas que la difficulté devienne un obstacle insurmontable, mais un excitant au succès. Ces réflexions paraissent avoir été le plan que s'est (racé le supérieur de l'institution de charité dite Mico. Il a cru devoir exiger une rétribution pour chaque élève, pensant que l'éducation est d'autant moins appréciée qu'elle est gratuite. Le désir manifesté par les classes les plus pauvres pour l'obtention de l'instruction est jusqu'ici en rapport avec les moyens qui leur

l'éducation. 1838.

Ainsi que j'ai déjà eu l'honneur de le faire observer à votre Seigneurie, celle île est douée d'une fertilité inconnue à beaucoup d'autres colonies. Presque tous les produits que la terre peut enfanter sous l'action d'un climat chaud et humide, naissent ici avec très-peu de travail : épices, graines, fruits, racines, toutes ces productions récompensent le cultivateur par une abondance croissante. Le golfe de Paria est le port de l'île; il fournit un vaste abri aux vaisseaux, qui peuvent y séjourner sans crainte de tempêtes. Le port est situé dans la position la plus avantageuse au commerce général. On se demande comment pourrait être arrêtée la prospérité progressive d'une île dont l'importance et la production ont fait des progrès si rapides depuis qu'elle est en

sont offerts. Je pense qu'il en résultera une amélioration morale également en rapport avec la culture intellectuelle; l'instruction sans la moralité deviendrait une force dangereuse. J'annoncerai avec peine à votre seigneurie que les récoltes diminueront d'un tiers celle année, et que beaucoup des domaines les moins considérables cesseront de produire le sucre et le cacao. Ja crois cependant, dans l'état d'incertitude inhérent à un nouveau système, qu'il est impossible d'obtenir des renseignements exacts. Il faudra deux ou trois ans pour que l'esprit de la population noire soit accoutumé à l'état de liberté et à la responsabilité qui s'attache aux hommes qui comptent sur eux-mêmes pour leur existence, libres de la contrainte du travail, mais soumis aux punitions morales infligées à la paresse.

notre possession.

N° 128

§ VI.

I.

DÉPÊCHE

EDUCATION

du gouverneur Henry Light

À

RELIGIEUSE DES

lord John

COULIS A DEMERARA.

maintenant il est habillé à l'européenne, et sa figure brille d'intelligence et d'espoir.

Russell.

Signé Henry

LIGHT.

20 janvier 1 840.

J'ai l'honneur de vous transmettre les rapports du magistrat salarié sur l'état des Coulis à Berbice; ainsi que le rapport général sur l'étal des Coulis dans la Guyane anglaise, par les ma-

2.

COPIE

d'une lettre du ministre B. Coltart À

gistrats salariés des districts.

M.

Wolseley.

10 décembre 1839.

Je crois bon d'appeler l'attention de votre seigneurie sur les lettres de MM. Coltart, ecclésiastique écossais, à Bellevue (Demerara), et de M. Farward, missionnaire de Londres, à Berbice: elles prouvent la disposition des Coulis pour le christianisme. Un jeune homme, qui a soigné les Coulis malades à l'hôpital colonial, a été baptisé. Il a fait des progrès considérables dans la lecture, sous le réverend M. Foy. Il a été envoyé à Essequibo pour être placé sous les soins et la surveillance du missionnaire de l'Eglise, le révérend M. Bernard, afin qu'il puisse devenir missionnaire parmi ses compatriotes établis ici. Ce Couli a saisi avec enthousiasme la perspective de celte mission. Je vis cet homme à ma première visite à l'hôpital colonial ; c'était un être abruti,

Je ressens le plus grand plaisir à vous annoncer que les Coulis de Bellevue ont récemment fait des progrès considérables, sous le rapport des facultés morales et intellectuelles, et qu'avec l'aide de Dieu j'ai tout lieu de croire que ces progrès deviendront de plus en plus remarquables. Un d'eux, comme vous le savez, a déjà été baptisé; et deux autres, depuis quelques jours, ont demandé le baptême. Depuis peu, je dirige moi-même une classe pour leur instruction. Elle s'assemble trois fois par semaine dans l'église. Signé

R. COLTART

, ministre de la paroisse de Saint-Marc.


e

570

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

PARTIE.

N° 129. § VII.

PROGRÈS DE

A.

QUESTIONS

DE L'ÉDUCATION A LA JAMAÏQUE.— DISPOSITIONS MORALES ET RELIGIEUSES

LA POPULATION

adressées par

J.-W.

ÉMANCIPÉE

DE CETTE COLONIE,

Grant, magistrat sa-

larié, aux ministres de toutes les communions résidant dans la paroisse de Manchester.

A LA FIN

DE

1840.

terre, je crois qu'elle ne serait pas à l'avantage de ces derniers. Les parents payent avec régularité 2 francs tous les deux mois. Je ne suis pas à même de répondre avec connaissance de cause aux autres questions que vous m'avez adressées. Signé W.-S.

Mandeville, 4 septembre 1840.

BLANDFORD.

1. Quels sont les progrès de l'éducation parmi les enfants de votre district ? 2. Les noirs sont-ils instruits de leurs devoirs sociaux ? Comment remplissent-ils leurs obligations de pères de famille et de membres de la société ?

3.

LETTRE

du révérend docteur Stewart.

Manchester, 3 octobre 1840.

3. Quels progrès ont-ils fait dans l'instruction religieuse ? 4. L'augmentation des petits établissements, en ajoutant à l'aisance, a-t-elle accru ou diminué le zèle des noirs comme membres des sociétés religieuses et leur empressement à con-

Maigre le peu d'étendue de nos ressources, les progrès de l' éducation sont fort satisfaisants. Les enfants ont profilé à un point que l' on pourrait croire exagéré. Nous sommes placés ce-

tribuer aux besoins de leurs églises.

pendant dans des circonstances extrêmement difficiles. Il n'est pas aisé de trouver des instituteurs convenables, et, lorsqu'on les rencontre, ils ne peuvent compter d'une manière certaine que

Signé J,-W.

B.

RÉPONSES

GRANT.

des ministres des diverses communions aux questions précédentes.

sur la moitié de leur traitement, qui est à la charge de la fabrique. Souvent nous ne pouvons les retenir. Si la rétribution due aux maîtres était fixée dune manière plus certaine, les avantages que l' on retire des écoles deviendraient plus grands encore.

1.

LETTRE

de

M.

Samuels, missionnaire wesleyen. 28 septembre 1840.

1. Nous avons trois écoles suivies chacune par au moins 60 élèves, et une autre nouvellement ouverte dont on ne peut encore rien dire. Les progrès des enfants sont satisfaisants.

J habile ce district depuis le mois d'avril 1834. Les mariages ont beaucoup augmenté dans toutes les classes. Parmi les noirs c'est à- présent une coutume générale, et je n'ai pas encore entendu citer un cas d'infidélité conjugale. Leurs querelles de ménage sont soumises au clergé, d après ce principe qu'ils expriment eux-mêmes en disant ; « Nous venons a vous parce que vous nous avez mariés. » J'ai eu connaissance de quelques querelles ordi-

2. En général la conduite de la population est bonne. Elle s instruit peu à peu de ses devoirs sociaux et de famille, et agit d'après ces principes. Son zèle pour le travail est souvent exemplaire. Quelquefois néanmoins elle laisse à désirer; on peut en

naires, mais relativement peu nombreuses, si l'on considère le nombre des individus mariés, qui s'élève à plusieurs centaines de couples. Excepté dans deux ou trois circonstances, la paix et l' harmonie ont été rétablies a la suite de quelques douces remon-

attribuer la faute, soit à l'irrégularité du payement des salaires, soit à la manière dont les individus sont traités. Je ne puis rien dire de favorable au sujet des domestiques.

trances. La meilleure preuve à donner de leur exactitude à remplir leurs obligations sociales envers leurs enfants cl leurs parents,

3. Il y a progrès journaliers dans l'instruction religieuse. 4. La majorité des noirs qui ont acquis des terres se montre encore plus religieuse et plus empressée à contribuer aux dépenses des diverses églises. Signé P.

SAMUELS.

c'est qu on ne les a jamais vus recourir à la chanté publique, excepté dans une circonstance où le père de quatre petits enfants avait perdu la vue. Pendant la dernière disette de provisions les sympathies de la population furent vivement excitées en faveur des vieillards et des infirmes. J ai la conviction que le travail demandé dans ce district, et qui a été convenablement payé, a toujours été aussi promptement exécuté. S il avait été nécessaire, la somme du travail aurait pu être doublée dan» le même temps.

2.

LETTRE

de M. Blandford, de la mission morave. Fairlield, le 29 septembre 1840.

Il est évident, aux yeux de l'observateur, que la portion de la génération nouvelle, qui reçoit une instruction de chaque jour, n est plus ce qu'elle était précédemment. Nous avons à diriger 131 enfants auxquels nous enseignons ce qui est nécessaire pour en faire des membres respectables de la société. Sur ces 131 enfants 75 lisent dans les saintes Écritures; ils écrivent et calculent déjà. Le reste n'est pas encore aussi avancé. Il est encourageant de voir les progrès qu'ils ont faits depuis qu ils viennent a l' école. Si on faisait une comparaison entre eux et des enfants de leur âge et de leur condition, élevés en Angle-

Quant a l' instruction religieuse, le seul moyen de juger avec certitude de l' influence de la religion sur le cœur, les passions et les sentiments de la population émancipée, c'est d'examiner leur conduite. Cette opinion peut être justifiée par des faits. En arrivant ici j'y trouvai une église et une congrégation de 100 personnes ; il y a maintenant deux églises, à 7 milles de distance, où le service se fait tous les dimanches, et la congrégation a décuplé. A la première confirmation administrée par l'évêque, en février 1835, il me félicita de ce que je lui présentais le plus grand nombre d'enfants qu'il ait encore rencontrés dans la paroisse; ils n étaient pas moins de 40. A la confirmation de cette année, avant le départ de sa seigneurie pour l'Angleterre, je lui ai présenté 628 enfants, qui tous ont reçu le sacrement. Depuis l'époque de la liberté une grande partie des personnes les plus


ÉTUDE DE

L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CH. XI.

respectables de ma commune se sont établies sur des terres acquises par elles, ou bien elles ont changé de résidence. Elles se sont toutes présentées à d'autres ministres de l'Église établie. Je

ÉTAT DE

LA RELIGION

ETC.

571

temporaire, car, d un autre coté, plusieurs ont aidé largement a rétablissement de notre nouvelle chapelle de Newfield. Signé

J. LORN.

calcule qu'au moins 70 membres de l'Église ont quitté ce quartier; quelques-uns d'entre eux, éloignés de 14 milles, ne viennent pas moins assister au service. Quoi qu'il en soit, à la dernière communion d'août, 257 personnes étaient présentes. Leur exactitude à remplir leurs devoirs religieux n'est pas seulement irré-

6.

LETTRE

de

M.

prochable; elle est surprenante. Les petits établissements qu'ils ont formés ont eu pour effet, selon moi, d'améliorer leurs habitudes et leurs manières. Il en est peu cependant qui aient eu moyen d'acheter assez de terre pour devenir électeurs. Nous ne réclamons rien des noirs pour notre entretien personnel ou pour celui de l'église. Dans une circonstance particulière ils ont librement offert de contribuer à l'agrandissement du, bâtiment d'école. Dans une autre circonstance j'ai recueilli une somme considérable en prêchant pour l'école nationale du dio-

Gibson, de la société des missionnaires de Londres. Ridgemount-Mandeville, 10 octobre 1840.

1. Relativement aux progrès de l'éducation , je puis certifier que les enfants en ont fait de très - remarquables, tant sous le rapport de l'instruction que sous celui de la conduite. On leur apprend la lecture , l'écriture, l'arithmétique, la géographie et la grammaire. Une grande partie de leur temps est consacrée à recevoir l'enseignement religieux. Nous avons à l'école de jour 3oo enfants, sur lesquels 200 à

cèse. Signé

S.

H.

STEWART.

230 sont régulièrement présents. L'école du dimanche en compte autant. Plusieurs des enfants ont eux-mêmes appris à leurs parents et à d'autres personnes à lire la Bible. Les parents payent 2 5 centimes par semaine pour chaque en-

4.

LETTRE

du révérend George Robbins, missionnaire morave. Bethaine, 15 octobre 184o.

fant. La peine qu'ils ont à gagner cet argent leur fait mieux apprécier la valeur de l'enseignement. Cette augmentation de charge les rend plus actifs et tend à leur faire contracter une indépendance de caractère que nous désirons beaucoup voir se dé-

1. Nous avons trois écoles de jour dépendantes de notre établissement; les enfants qui les suivent font des progrès dans l'écriture et la lecture. Pendant ces derniers mois, elles n'ont pas été aussi fréquentées que nous l'aurions désiré, à cause, je crois, de la rareté des provisions, par suite de la sécheresse, et aussi à cause de l'éloignement de plusieurs familles qui ont changé de résidence. Le dimanche, plus de deux cents enfants assistent aux leçons ; il vient également quelques adultes qui montrent le plus grand désir d'apprendre à lire les saintes Ecritures. 2. A peu d'exceptions près, la population qui nous entoure est très-laborieuse, et ne manque ni aux devoirs de famille, ni à ceux qu'impose la société. 3. L'instruction religieuse fait des progrès. 4. Plusieurs noirs de notre Eglise se sont établis sur des terres achetées par eux , d'autres sont sur le point de les imiter. En gé-

velopper au milieu de la population. 2. Nous nous appliquons à inculquer dans l'esprit des noirs le sens véritable de leurs devoirs de chefs de famille et de membres de la communauté. Beaucoup d'entre eux les remplissent trèsconvenablement. En somme, la population est très-industrieuse, sauf naturellement quelques exceptions. 3. Il y a une amélioration sensible dans l'instruction et dans la conduite religieuse des noirs. 4. Ils ne font aucune difficulté de contribuer aux frais qui sont à notre charge. L'année dernière surtout ils ont manifesté à ce sujet plus d'empressement que jamais. Plus lard ils supporteront à eux seuls les dépenses des ministres et des instituteurs. Nous n'avons que très-peu d'établissemens nouveaux. Les noirs qui les forment en deviendront, à mon avis, plus heureux et plus éclairés.

néral, lorsque le concours des laboureurs est réclamé pour aider à l'entretien de l'Église, ils s'empressent de répondre à l'appel qui leur est fait. Signé

Signé

J. GIBSON.

G. ROBBINS.

7.

LETTRE

de M. John Aird, catéchiste presbytérien. 12 octobre 1840.

5.

LETTRE

de

M. J.

Lorn, missionnaire morave. Fairfield, 26 octobre 184o.

Les enfants qui suivent nos écoles font des progrès satisfaisants. Leur nombre n'est pas plus grand, quelquefois même E

il est au-dessous de celui de l'année dernière ; cela provient, en partie, du peu de disposition des parents à payer la rétribution

Les progrès de l'éducation vulgaire et religieuse ont été fort importants pendant les deux dernières années. Beaucoup d'enfants écrivent et calculent avec facilité. J'ai été forcé, il est vrai, de tenir à la stricte exécution des règlements, pour obtenir de l'exactitude, et j'ai assez bien réussi. Les enfants se plaisent à

de 25 centimes par semaine, ou 1 franc par mois.

l'école ; ce sont les parents qui, ne connaissant point par euxmêmes la valeur de l'éducation, s'abstiennent, sous le plus léger prétexte, de les envoyer à l'école. Un autre obstacle encore, qui

2. La population laborieuse s'accoutume à remplir les devoirs sociaux, et à suivre la morale que nous lui enseignons.

a duré plusieurs mois, a été la rareté des provisions, qui a beaucoup découragé les enfants. La rétribution de l'école se paye régu-

3. Quant à son instruction religieuse, il ne m'est pas possible de répondre en peu de mots à cette question. 4. Nous avons eu à nous plaindre dernièrement d'un relâchement dans l'exactitude des noirs à suivre les exercices religieux. Les achats de terre qu'ils font et les dépenses de construction do leurs habitations ont eu pour résultat la diminution de leurs contributions. Je pense bien que cet état de choses n'est que

lièrement et de bonne grâce, ainsi que les dépenses de livres, etc. Le concubinage devient de plus en plus rare. Quant aux devoirs réciproques de pères, de mères et d'enfants, je ne puis parler de leur accomplissement comme je le désirerais, et cependant je ne voudrais pas rejeter tout le blâme sur les noirs eux-mêmes. Il faudrait un miracle pour changer tout d'un coup la face de la société ; mais je crois que ce changement s'opère graduellement. L'état d'où sont récemment sortis les noirs a influé sur le déve-


572

RAPPORT

SUR

LES

QUESTIONS

COLONIALES. — PIÈCES

loppement de leur industrie; il en est beaucoup qui travaillent encore comme autrefois , c'est-à-dire le moins possible. L'instruction religieuse se répand. Je n'ai remarqué que bien peu d'exemples de négligence, et un seul cas d'idolâtrie, l'année dernière. Jusqu'à présent peu de cultivateurs se sont établis à leur compte , bien qu'un certain nombre d'entre eux soient sur le point

de le faire. Ils se montrent plus disposés que jamais à contribuer à nos dépenses ; ils ont fourni cette année une somme double de celle de l'année dernière.

Je dois, avant de terminer, appeler votre attention sur le manque de soins médicaux dont souffre ce district. Les noirs n'ont généralement fait aucun arrangement avec les médecins, qui, de leur côté, ne les soignent pas. Les conditions sont cependant douces, mais il existe une grande répugnance à y souscrire. J'ai connu au moins trois circonstances où la mort a été le résultat de la négligence des parents. S'il survenait une épidémie , ses ravages seraient effrayants. Il est pénible aujourd'hui de voir des êtres souffrir sans que personne s'occupe de les soulager. A moins qu'une mesure ne soit prise dans l'intérêt public , je ne vois pas comment on pourra remédier à ce mal.

Signé John

8.

LETTRE

AIRD.

de M. Dawson, de l'institution Mico. Hill-Side, 16 octobre 1840.

1.

Ma position m'a mis à même déjuger mieux que personne

des progrès des jeunes enfants, que pendant longtemps j'ai observés avec plaisir. D'abord , comme on pouvait s'y attendre, les avantages pratiques de leur instruction ont été insensibles ; mais, à présent, ils fournissent la preuve de leur aptitude à comprendre les choses de l'esprit et de l'influence qu'elles ont sur leurs cœurs. 2. On prétend qu'il existe encore des exemples de conduite irrégulière. Cela est vrai; mais en même temps je puis dire que ces exemples diminuent rapidement. L'ancienne manière de vivre

e

JUSTIFICATIVES. — II

PARTIE.

es, des noirs était une source fâcheuse de plaintes et de querell mais entre leurs paie»13 non-seulement entre certains individus, actes et leurs amis. Les disputes se renouvelaient sans cesse, des qu'aucune lumière coupables se commettaient sans crainte, alors morale n'éclairait leur conscience, soit pour servir d'appui faible, soit pour retenir le méchant. Les choses ont tout à pra changé d'aspect. Depuis que le mariage est généralement concern tiqué, le mari et la femme prennent à ce qui les sont intérêt plus vif. Les relations domestiques et sociales attentai venues paisibles et agréables. On en a la preuve dans l' éducation croissante que les parents apportent au bien-être et a l' de leurs enfants. En passant auprès de leur demeure, j en les et t souvent les réprimandes salutaires qu'ils leur adressent, ce sont efforts qu'ils font pour instruire leurs familles ; souvent , La voix les enfants eux-mêmes qui instruisent leurs père et mère. etent de la prière s'élève à présent des mêmes lieux qui ne r débauche saient autrefois que de blasphèmes et des excès de la 3. Les progrès de l'instruction religieuse sont incontestables se La majorité de la population fait des efforts louables pour en quérir. Elle le prouve en se rendant aux classes du soir, assisréunissant sur les propriétés pour faire des prières, et e tant à l'église au service du dimanche.

du e L'état d'inaction auquel l'oppression tant de l'esprit qu re corps avait réduit les facultés intellectuelles des noirs est sensible; chez quelques-uns même il n'y a aucun espoir de l'attention et de médier. Cependant, en général, ils montrent de l'intelligence ; non-seulement la connaissance des vérités divines con urs pénètre dans leur esprit, mais le changement de leur témoigne de l'influence de ces connaissances sur leurs cœurs On doit moins s'étonner de les voir aussi peu avancés en civilisation et en connaissances morales, que de leurs progrès rapide ont souaprès un état de dégradation aussi prolongé. Ces progrès .vent dépassé toutes les espérances. La population ne témoigne aucun éloignement à contribuer, suivant ses moyens, aux frais des églises.

Signé

DAWSON.


CHAPITRE XII. DONNÉES

GÉNÉRALES

POUR A

ÉTABLIR

SUCRE

SOUS

LE

LE

PRIX

DE

RÉGIME

REVIENT

DE

D'ESCLAVAGE

L'EXPLOITATION

OU

DE

DES

PLANTATIONS

LIBERTÉ.

SOMMAIRE.

NUMÉROS

ORIGINE DES DOCUMENTS.

TITRES.

d' ordre.

SECTION

DATES.

PAGES.

I.

COLONIES ANGLAISES.

130.

§ I. JAMAÏQUE.

ÉPOQUE ANTÉRIEURE A L'APPRENTISSAGE ET A L'ÉMANCIPATION.

A- Rapport de M. Wedderburn sur la situation commerciale des colonies des Indes occidentales.

Report from the comittee on the commercial state of the West-India colonies.

Juillet 1807.

575

B. Lettre de M. E. B. Lyon, transmissive de documents sur les dépenses des plantations par le travail libre. — Comparaison des dépenses d'une plantation sous le régime de l'esclavage et sous celui de la liberté.

Papers on the condition of the labouring population in the West-Indies, part. I (5).

9 juillet 1838.

579

C. État comparé des dépenses de diverses propriétés, pendant l'esclavage, l'apprentissage et depuis la liberté complète.

Papers relative to the West-Indies, part. II,

1840.

582

D. Économie résultant de l'emploi de la charrue aux Indes occidentales.

Anti-slavery reporter, n° 51

1er décembre 1841.

584

1832.

584

2° ÉPOQUE

131.

DE

L'APPRENTISSAGE ET DE

L'ÉMANCIPATION.

1839, page 137.

1841, page 26.

§ II. LA BARBADE ET TORTOLA.

A. Produit et dépenses d'une plantation à sucre à Tortola.

Porter on sugar cane, appendice, p. 322.

B. Produit et dépenses d'une plantation à sucre à la Barbade.

585

G. Rapprochement de l'état des deux plantations A et B.

586

N

° 132.

§

III. LA GRENADE.

Aperçu des dépenses et du produit d'une plantation à sucre.

587

N

° 133.

§ IV. ANTIGOA.

Aperçu des dépenses et du produit d'une plantation à sucre, N° 134.

Pièces justificatives,

IRE

partie, page 72..

587

§ V. GUYANE ANGLAISE.

587 135.

§ VI. NOTES DIVERSES SUR LA CULTURE ET LA FABRICATION A SURINAM.

Témoignages, 1° de M. May, directeur de la plantation Alkemaar; et 2° de M. Barnett, directeur de la plantation Dombourg, à Surinam.

588


574

SOMMAIRE DU CHAPITRE XII (Suite).

NUMÉROS

TITRES.

d'ordre.

N° 136.

ORIGINE DES DOCUMENTS.

DATES.

§ VII. DÉPENSES GÉNÉRALES D'UNE HABITATION À SUCRE

A

LA LOUISIANE.

588

Détails sur les dépenses et les produits N° 137.

PAGES.

§ VIII. CAPITAL IMPRODUCTIVEMENT ABSORBÉ PAR

L'ACHAT OU L'ÉDUCATION DES ESCLAVES.

589

1er et 2e exemple

SECTION

II.

COLONIES FRANÇAISES.

N° 138.

§

I

er

.

PRIX

DE

REVIENT

SUCRE

1.

AUX

DE

LA

PRODUCTION

DU

ANTILLES.

Estimation approximative d'une sucrerie d'un produit annuel de 100,000 kil. de sucre.

2. Évaluation approximative des dépenses

N° 139.

§ II.

Renseignements fournis aux Chambres par le conseil des délégués des colonies.

1839.

Idem

591

M. Lavollée

592

GUADELOUPE.

A. Prix de revient de la production du sucre et faits divers concernant les propriétés et la culture. B. Extrait des notes de l'administration coloniale

N° 140,

§

III.

593

MARTINIQUE.

Dépenses et produit d'une sucrerie à la Martinique....

SECTION

N° 141.

590

M. Lavollée

594

III.

PRIX DE REVIENT DE LA CULTURE SOUS LE RÉGIME DU TRAVAIL LIBRE, A LA JAMAÏQUE. DES

VALEUR

PROPRIÉTÉS.

Rapports des magistrats spéciaux de la Jamaïque sur la valeur des propriétés et sur le prix du travail Rapport de MM

Grant .

Bell et Jakson...

Grant...

594

Exlracts J'rom the parliamentary papers, etc.

Idem

20 novembre 1838.

Ibid.

Idem

19 février 1839.

Ibid-

Idem

24 février 1839.

Ibid.

Idem

27 mars 1839.

Ibid.

Idem

30 mars 1839.

Idem

1er avril 1839.

Idem

6 avril 1839.

Idem

24 mai 1839.

Idem

10 juin 1840.

Idem.,

31 juillet 1840.

Fisbourne.. .

Idem

7 août 1840.

Bell et Jakson...

Idem

8 août 1840.

595 IbidIbid. IbidIbidIbid. Ibid.

596


CHAPITRE XII. DONNÉES GÉNÉRALES POUR ÉTABLIR

LE

PRIX

DE

REVIENT

DE

L'EXPLOITATION

D'ESCLAVAGE

OU

DE

DES

PLANTATIONS

À

SUCRE

SOUS

LE

RÉGIME

LIBERTE.

SECTION I. COLONIES ANGLAISES.

N° 130. § I . JAMAÏQUE. er

1° ÉPOQUE ANTÉRIEURE A L'APPRENTISSAGE ET A L'ÉMANCIPATION

A.

du rapport de MM. Wedderburn et compagnie, membres du comité chargé d'examiner la situation com-

from the committee on the commercial state of the West-India colonies. July 1807.) La dépense occasionnée parla fabrication du sucre, sans y comprendre les frais de distillation du rhum, s'est élevée à 26 fr. 02 c.

DÉPENSES

PROVISIONS

à la JAMAÏQUE.

Récolte de 1801 Dépenses

69,825f

6

32 80

7

25 95

8

31 65

9

21 55 208 20

TOTAL

SUCRE

104,175'

BOUCAUTS.

193

TIERÇONS.

POINÇONS

TOTAL

do

du

RHUM.

PRODUIT.

40

75

162,000f

Revenu net Récolte de 1802 Dépenses

54,750

19,025

73,775

215

36

89

144,375

60,225

34,975

97,225

207

31

93

170,525

Revenu net Récolte de 1803 Dépenses Revenu net Récolte do 1804 Dépenses

57,900

29,950

87,850

208

30

115

173,275

69,450

51,200

120,650

281

50

123

181,975

80,125

42,700

122,825

180

40

85

96,650

Revenu net Récolte de 1805 Dépenses Revenu net Récolte de 1800 Dépenses

OBSERVATION.

* Détail des approvisionnement» pour la récolte de 1801. Casaques Chaux Farine Chapeaux Habillements des noirs Porter Cercles Drogues.. Objets en fer

3,850f 75 1,850 300 975 225 1,125 425 1,325

Chandelles Poudre a tirer... Huile et peinture Fromage Poterie Meubles Papeterie Linge Graines potagères

275 200 1,250 100 25 50 25 75 50

Fil Frais Charbon de terre .... Provisions achetées en Irlande Briques Harengs Cercles

100 3,850 5,750 2,175 1,575 7,850 250 34,350

TOTAL

Ce» frais sont à peu près les mêmes pour les autres années.

Perte DÉPENSES MOYENNES PRODUITS MOYENS,

"

PRODUITS.

DÉPENSES.

34,350'

35 40

située dans le Westmoreland (Jamaïque)

(les ACHETÉES*.

15

5

Soit une moyenne de 26f 02° par quintal de 112 livres.

DÉPENSES. RÉCOLTES.

4

Ensemble

par quintal de 112 livres, sur les propriétés ci-après : (voir page 576 et suivantes.) PROPRIÉTÉ

28 15

3

merciale des colonies des Indes occidentales. (Report

1.

17f70c par quintal.

N° 2

EXTRAIT

d'une année

idem

101,100F 154,800

NÈGRES

existant en 1801

Idem en 1806 REVENU MOYEN,

idem

345 301

53,700

Le tableau concernant cette propriété est inséré dans le rapport de MM. Wedderburn et marqué de la lettre A. Il n'est pas compris dans les huit propriétés ci-dessus mentionnées.


576

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

Les dépenses, en déduisant le produit du rhum, laissent poulies quatre dernières années, sur là récolle du sucre de cette plantation, une moyenne de 17 fr. 70 c. par quintal. Les bâtiments n'ont pas nécessité de réparations coûteuses; il n'y a pas eu d'achat de nègres, et il n'est rien porté en compte pour perte sur leur nombre, bien qu'en 1801 il y eût 345 esclaves sur la plantation, et qu'en 1806 ce nombre fût réduit à 301, à cause de l'excédant des décès sur les naissances. On n'a porté non plus dans ce relevé aucune somme pour intérêts. Le sucre se vend plus cber qu'il n'est estimé pour les propriétés du Westmoreland. En

3.

-CI E

RÉCOLTES

évaluant la propriété dont nous venons de nous occuper, à un prix modéré, on ne peut pas l'estimer, en 1801, à moins de 1,250,000 francs. A cette époque elle possédait 345 noirs; elle avait coûté bien davantage au propriétaire. 2.

PROPRIÉTÉ

S E

CD RIÉ

De Do De De

dans le district de Hanovre (Jamaïque).

PROPRIÉTÉ

1803... 1804... 1805.. . 1806.. .

O

P

CD

ER

R S G —

ISI « RLA

S*u S

O

R A

N

P A

37,675f 33,025 38,300 41,275

301 292 297 302

E

CD

300

des

74,600f 70,175 73,150 74,875

SUCRE.

PROVISIONS

DÉPENSES

achetées

faites

en

à la

ANGLETERRE

JAMAÏQUE.

SUCRE.

Boucauts.

Tierçons.

Poinçons.

112,275 103,200 111,450 116,150

177 169 200 159

31 46 38 39

61 68 74 70

33,275f 22,400 31,250 24,725

443,075

705

154

273

111,650

443,075f 11 1 ,650 705 tonneaux 154 tierçons

sucre

nègres

PRODUIT

331,425

705 tonneaux. 102

Plus 154 tierçons, équivalant à

RHUM.

du RHUM.

DÉPENSES.

TOTAL

RÉCOLTES

PRODUIT

RHUM.

Dépenses de 4 ans ." A déduire le produit du rhum Dépenses nettes pour la fabrication de

du Westmoreland (Jamaïque), avec environ, et 226 têtes de bestiaux.

RECOLTES EN

TOTAL

E.

S

N Î E * OH -É g D

807

Ces 807 tonneaux ont coûte 331,425 francs, soit 410 fr, 00 c. par tonneau pesant 14 quint. 2.10, ou 28 fr. 10 c. par quintal.

du

BOUCAUTS.

TIERÇONS.

POINÇONS. RHUM.

Détail des approvisionnements faits dans la colonie. De De De De

1803 1804 1805 1806

,,

34,975f 29,950 51,200 42,700

Moyenne d'une année

62,250f 57,900 69,450 80,125

207 208 281 180

31 30 50 40

93 115 123 85

40,450f 49,975 53,050 38,475

158,825

269,725

876

151

416

181,950

39,700

67,425

219

38

104

45,475

DEPENSE

MOYENNE

D'UNE

Provisions Dépenses A déduire les produits du rhum

107,125f 45,475

Dépenses du sucre

219 boucauts, 38 tierçons. 25 boucauls.

Ensemble

6,925

Charbons

5,800

SEL

150

Briques à four

575

Salaires et commissions J 5,225f 16,425 Bestiaux, mulets, etc Travail des nègres 12,000 Soins de médecin 2,050 Serrurerie et divers frais 1,800 Impôts 6,250 Dépenses au port 3,325 Bois pour réparations des bâtiments et pour les tonneaux 17,000 Bœuf frais 3,725 Harengs 2,325 "80,125

Nature des objets reçus d'Angleterre pendant la même année, pour une valeur de 42,700francs, soit:

TOTAL

150f 3,250 325 975 3,700 875 200 300 2,025 6,325 625 5,925 3,250 5,525 250 2,125 6,875 42,700

Il n est rien porté au compte pour intérêt du capital et achat de nègres.

41,275

Dépenses à la Jamaïque. Travailleurs loués

14,025f Soins de médecins, commissions de marchands, bœuf frais, frais d'embarquement, etc 14,725 Bestiaux achetés 11,200

Les dépenses à la Jamaïque, portées ci-dessus pour 1806 à 80,125 francs, se divisent comme suit :

.'

3,250

TOTAL

Ou, par chaque tonneau , 252 fr. 70 c. au moment de l'embarquement à la Jamaïque. Le poids du tonneau est de 14 quint. 2.10. Au taux de 252 fr. 70 c. le tonneau , le quintal coûte 17 fr. 70 c.

Chaux Casaques.. Savon, chandelles, suif. Drogues et vins pour les nègres Chapeaux, vêtements de nègres Meubles, poterie, huile et peinture Fromage et porter Cordage, papeterie, fd Cerceaux et fûts Objets en fer, plomb Graines Fret et autres dépenses Briques à four, frais compris Charbons de terre, idem Sel, idem Provisions d'Irlande Harengs.

5,350

Provisions d'Irlande, droits compris Harengs

244 boucauls,

TOTAL

1,550 7,525

...

61,650

Savoir Les 38 tierçons représentent

6,725' 3,425

terie, etc Objets de fer, plomb, cerceaux, etc fret, droits de douane, dépenses d'embarquement..

ANNEE :

39,700 07,425

Habillements de nègres, chapeaux, jaquettes, etc. . Graines, vins, huile, suif, fromage, porter, drogues, etc. Chaux, briques, verres, cordes, bouclions, papete-

Impôts

' 8,100 Bois pour bâtiments, tonneaux, poisson salé, etc, . . 13,700 Salaires des blancs et frais d'avoués J 3,125 TOTAI

4.

PROPRIÉTÉ

74,875

dans le Westmoreland (Jamaïque); 276 nègres.

APPROVISIONDÉPENSES

RÉCOLTES

SUCRE.

RHUM,

BOUCAUTS

poinçons.

NEMENTS DANS

L'ÎLE.

D'ANGLETERRE.

Do 1804 De 1805 De 1806

36,800' 38,550 32,250

Moyenne d'une année.

45,500' 43,625 52,975

227 220 221

124 113 78

107,600

142,100

668

315

35,850

47,350

223

105

Moyenne des approvisionnements d'Angleterre pour un un des dépenses de l'île pour un an

35,850f 47,350

TOTAL des dépenses moyennes 83,200 A déduire le produit do 105 poinçons de rhum qui ont été vendus, en raison de la concentration , nu prix do 300 francs 39,375

DÉPENSES NETTES

43,825

Sur le poids réel de 2,951 quintaux, cette dépense donne une moyenne do 15 francs par quintal.

La dépense qui précède ne constitue pas réellement tout ce que coule le sucre, attendu que la plantation a pour annexe une ferme destinée à l'élève des bestiaux, et que par conséquent il n'y


ÉTUDE

DE

L'EXPÉRIENCE

ANGLAISE. — CHAP.

XII.

PLANTATIONS

a pas de frais à débourser pour en fournir sur la plantation. Aux prix auxquels les bestiaux se sont vendus pendant ces trois dernières années, ces frais s'élèveraient au moins à 12,500 francs

A

SUCRE.

577

Dépenses à la Jamaïque.

par an, terme moyen, et représenteraient 4 fr. 15 c. par quintal, ce qui porterait la somme totale des frais à 19 fr. 15 c. par quin-

8,925f

Salaires d'ouvriers Achat de bestiaux

tal. Celte plantation est à une petite distance du lieu d'embarquement; d'un autre côté elle a suffisamment de combustible, et par

8,700

Impôts

4,275 Bœuf frais, soins de médecin, dépenses de quai et de timbre 11,300 Bois, farine, poisson salé. 6,175

suite très-peu de frais de charbon de terre. Le détail des dépenses de l'île pour la récolte de 1806 se compose de

Honoraires des administrateurs, salaires des économes

Salaires et commissions J l,675f Travail payé 9,825 Impôts 6,950 Bois d'Amérique pour bâtiments, tonneaux, poisson salé,etc 14,150 Comptes de marchands, boeuf frais, poisson, dépenses de quai et de médecin 10,375 TOTAL

8,625 48,000

TOTAL

Il n'est rien porté pour intérêts de fonds et achat de noirs.

6.

52,975

PROPRIÉTÉ

dans le Hanovre (Jamaïque), possédant

151

nègres.

Détail des approvisionnements pour 1806. 202f 50 3,386 10 539 45 919 15 3,416 20 913 20 263 45 2,032 90 6,058 20 867 50 3,475 50 324 70 2,014 90 7,829 45

Chaux

c

Savon, chandelle et suif Médicaments et vin pour les noirs Chapeaux, vêlements de noirs, etc Poterie, huile et peinture Cordes, papeterie, fil Cerceaux et tonneaux Objets en fer, plomb Graines Fret, droits et dépenses Sel, frais compris Provisions d'Irlande, idem Harengs, idem TOTAL

32,243

PROVISIONS

RÉCOLTES

Do De De De

1803.. . 1804... 1805... 1806...

RECOLTES.

DÉPENSES

tirées d'Angleterre et d'Irlande.

faites

PRODUIT

TOTAL.

Il n'est rien compté pour intérêts de capitaux ni pour achats

RHUM.

du

Poinçons.

rhum.

dans la Tonneaux.

colonie.

16,725f 23,150 22,375 18,250

52,050f 63,125 56,675 49,975

68,775f 86,275 79,050 68,225

302,325

20

SUCRE.

Tierçons.

133 146 136 93 508

30 40 34 30

14,175f 17,375 14,875 7,925

140

54,350

»

»

f

Total des dépenses de 4 ans A déduire le produit du rhum

302,325 54,350

Dépenses nettes pour 508 tonneaux de sucre

247,975

Ce qui porte le prix de revient du tonneau à 488 fr. 10 c. 14 quint. 3/4 et 7 liv. représentant le tonneau, le prix du quintal est de 32 fr. 80 c

de nègres. 5.

PROPRIÉTÉ

dans le Hanovre (Jamaïque), possédant

178

nègres. Détail des approvisionnements.

RÉCOLTES.

PROVISIONS

tirées RÉCOLTES d'Angleterre et

PRODUIT

DÉPENSES

dans

TOTAL.

l'île.

Boucauts.

d'Irlande.

De Do De De

1803... 1804... 1805... 1806...

SUCRE.

22,575f

56,750f

16,475 28,475 21,500

63,575 54,225 48,000

79,325t 80,050 82,700 69,500 311,575

RHUM.

du

Poinçons.

RHUM.

Tierçons.

103 127 123 86

30 30 25 30

36 37 43 41

439

115

157

65,250

f

Dépenses totales tics 4 années Moins le produit du rhum Dépenses do fabrication pour

18,950f 18,975 16,975 10,350

311 575 65,250 439 tonneaux 115 tierçons

sucre

246,325 439 tonneaux 77

Plus 115 tierçons équivalant à Forment un total de

Vêtements de nègres, linge, chapeaux, etc

625

Médicaments

400

Vin

100 75

Fromage Porter

125

Savon, huile, chandelle, suif, chaux

675

Corde, papier, bouchons, etc

325

Outils en fer, plomb, etc

2,900

Cerceaux, tonneaux, etc Droits de douane, entrée, fret et transport Poudre, droits compris

2,975

Provisions, idem

775 4,150 18,250

Le poids du tonneau était do 13 quintaux 1/2. Le quintal revient à 35 fr. 40 c.

Dépenses à la Jamaïque.

Détail des approvisionnements de l'île pour la récolle de 1806.

II.

75 125

Harengs, idem

516

TÔT AI

925

Sel, idem

Ces 516 tonneaux ont coûté 246,325 francs, ou 477 fr. 35 c. chacun.

Vêtements de nègres, chapeaux, jaquettes, mouchoirs Graines400 f., vin 175 f., fromage 75 f., porter 125 f. Outils et objets en fer, etc Chaux, briques Huile, suif, savon, goudron Médicaments Cerceaux, fûts, etc Bouchons, papeterie, cordes,etc Droits de douane et d'entrée, fret et transport Poudre, droits compris Sel, idem Provisions d'Irlande, idem Harengs, idem Charbon de terre, idem

4,000f

Graines

3,875 775 2,725 350 725 350 950 375 625 50 125 1,875 4,150 4,550 21,500

Bois, farine, poisson salé

5,625

Salaires d'ouvriers

11,325

Achats de bestiaux

10,275

Impôts, etc

3,550 Bœuf frais, soins de médecin, dépenses de quai, de timbre, etc 11,150 Honoraires des administrateurs, salaires des blancs. 8,050 TOTAL

49,975

Les dépenses ci-dessus ne comprennent ni intérêts de fonds ni achats de noirs. 37


578 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. 7.

dans le Hanovre (Jamaïque), possédant

PROPRIÉTÉ

8.

nègres.

150

.344

PROVISIONS

De Do De De

1803. . 1804. . 1805. . 1806..

. . . .

PRODUIT DÉPENSE

faites

totale.

T on neaux.

la colonie.

59,450f 03,750 72,250

48,425f 40,650 40,075 40,600

DÉPENSES

tirées d'Angleterre.

faites a In Jamaïque.

19,950 53,825 74,225 54,800

41,650t 86,55 0 81,325 93,725

du

T nu ions.

Poinçons.

Rhum.

40 20 20

17,700 27,650 20,050 13,000

De Du De De

78,400

Dépenses de 4 ans.

202,800

Moyenne d'un an,.

50,700

67,925

99 123 112 122

20

44 73 50 40

263,375

456

100

207

RÉCOLTES

1803 1804 1805 1806

PRODUIT

RHUM.

du rONNEAUX. TIERÇONS.

POINÇONS.

RHUM.

89 191 192 260

31 20 40 41

37 82 100 124

303,250

732

132

349

149,275

75,800

183

33

87

37,325

27,975f 37,375 38,175 45,750

f

Dépenses totales ries 4 années A déduire le produit du rhum

263,375 78,400

MOYENNE D'UNE ANNEE.

456 tonneaux 100 lierions

Dépenses pour

possédant

SUCRE.

PROVISIONS

RHUM.

SUCRE.

dans

11,025f 23,100 32,175 27,325

(Jamaïque),

nègres et 233 têtes de bestiaux.

RÉCOLTES.

DÉPENSES

tirées RÉCOLTES d'Angleterre et d Irlande.

du Westmoreland

PLANTATION

sucre

184,975

456 tonneaux 07 tonneaux

100 tierçons équivalant à

f

Dépenses.. Provisions

75,800 50,700

126,500F

A déduire le produit du rhum

37,325

RESTE pour le sucre

TOTAL 523 tonneaux La dépensé, pour les 523 tonneaux, est de 184,975 francs, soit 353 fr. 75 cent, par tonneau, et de 25 fr. 90 cent, par quintal, à raison de 13 quint. 2/4 11 liv. par tonneau.

Plus 33 tierçons équivalant à

89,175

183 tonneaux 22 205 tonneaux coûtant 89,175f.

TOTAL

C'est par chaque tonneau 435 francs, et par quintal, à raison de 13 quint. 2/4 26 liv. par tonneau, 31 fr. 65 cent.

Provisions envoyées de la. Grande-Bretagne, en 1806. Vêtements fie nègres, chapeaux, mouchoirs, etc. .. Graines, 625 fr.; médicaments,375 fr.; vin, 225 fr.;

Provisions envoyées de la Grande-Bretagne en 1806.

3,875f

fromage, 75 fr.; porter, 125 fr

1,425

Savon, chandelle, chaux, suif, etc Objets en fer, plomb, etc

2,325

600

Cordes, papier, bouclions, etc

350

Cercles, tonneaux, jougs pour les bœufs

3,375

Droits de douane, entrée, fret et transport

2,425

Charbon de terre et droits

5,600

Poudre

50

Sel

125

Briques à four

450

Provisions

1,875

Harengs

4,850

200f

Chaux Savon et chandelle Vêlements de nègres, casaques, etc Médicaments et vin pour les nègres Objets en fer, cuivre et plomb Papier, cordes, peinture, huile, etc Chapeaux Graines, fromage, porter Briques à four Cercles et tonneaux Harengs Frais Charbon, frais compris Sel, frais compris Provisions d'Irlande

375 8,400 975 8,875 1,525 925 2,150 1,050 2,250 8,975 8,925

44,625'

7,575 300 2,300

TOTAL

54,800

27,325

TOTAL

Dépenses à la JamaïqueDépenses à la Jamaïque. Bois, poisson salé, farine, etc Salaires

Salaires des blancs et commission Achat de bestiaux Salaires des noirs Réparations de bâtiments, moulins, etc Soins de médecin Impôts Bœuf frais, 3,250 fr.; dépenses au part, 3,375 fr.. Bois pour les bâtiments et les tonneaux

10,775f 4,200 3,175

Impôts

Bœuf frais, soins de médecin, frais de port, etc.... 13,825 Honoraires d'avoués et salaires des blancs 8,625 TOTAL

40,600

9.

PLANTATION

c

RÉCOLTES

'S c

« - e

1803.... 1804.. 1805 1800

re h

a

, £s gui n « s - aux ; |papi d g 2 CI p E, a y? if siles. s le , a S b "S u n C d a bj S8 p&ë h'Ste sS" a% u eu é v

m Cci E-. 'o— Q

6,350f 13,875f 4,950 13,800 7,250 16,325 7,650 12,900

14,200f 11,700 18,200 12,025

5

Do Do Do De

11,525f 15,825 20,900 16,775

Le relevé ne comprend ni intérêts d'argent, ni estimation de la dépréciation annuelle des nègres.

du Westmoreland (Jamaïque), possédant

PROVISIONS TIREES D'ANGLETERRE ET D'IRLANDE.

.S ■."S

3,975f 5,475

S,275 5,775

o - c o E CL, d s —.

d

r

s s ri g g. isi re S vi 8 PROV et

3

,

a

■il*

« ue p

da riM co o -a IS

fis -aM S — H i. "5 «.g-8 oi cCQ «•»

« ra Ch

nègres et 434 têtes de bestiaux.

DEPENSES FAITES DANS LA COLONIE. «

CD -.2 —• S R

519

19,625f 12,025f 28,050f 18,675 14,075 19,975 16,150 25,025 10,075 21,075 37,300

f

885,900 315 775

RÉCOLTE FAITE PRODUIT

u 3

_o « jj

Mci

37,975f 38,600f 9,400 43,225 11,975 4,775 4,600 34,175

3

% s

sucre.

w . M .u CL ^

.ifs

H _

I

g S

11,975f 2,275f 13,375 38,000 13,075 34,850 14,150 15,075

>J

25,100f 26,750 25,525 24,025

1,666 tonneaux 291 tierçons

sucre

570,125

du

Ton-

Tier-

Poin-

neaux.

çons.

çons.

145 198 166 164

225,550f 215,250 222,000 222,200

320 388 486 472

50 80 80 81

885,900

1,666

291

A Ajoutant 291 tierçons ou TOTAL

Dépenses pour la fabrication de

RHUM.

TOTAL.

S'* a cq

TOTAL des dépenses des 4 années

Dépenses do 4 années A déduire pour le produit du rhum

93,725

TOTAL

Il n'est rien porté ci-dessus pour intérêt de capitaux ni pour achats de noirs.

15,400f 17,700 6,825 13,725 2,150 9,100 6,625 22,200

rhum.

95,300F 87,875 67,625 64,975

315,775

1,666 tonneaux 194 1,860

Ayant coûté 570,125 francs, soit 306 fr. 55 c., ou par quintal 21 fr. 55 c. ù raison do 14 quint. 1/4 par tonneau.

Ce relevé ne comprend ni intérêt d'argent ni compensation pour dépréciation de la valeur des nègres.


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. XII. PLANTATIONS A SUCRE.

Sur une moyenne de trois ans, les dépenses, déduction faite du produit du rhum, sont de 15 francs seulement par quintal à la charge du sucre, ce qui provient de ce que la plantation élève

Récolte de 1806. 144 tonneaux, 30 tierçons de sucre ont produit.. . . 44,625f 57 tonneaux perdus en juillet, et qui auraient produit 14,750

59,375

des bestiaux en quantité suffisante pour son usage; autrement, si les bestiaux avaient dû être achetés, les dépenses seraient

Produit de la récolte du rhum

30,950

TOTAL

90,325

A déduire pour assurance sur le sucre et le rhum RESTE

Approvisionnements d'Angleterre et d'Irlande

32,250f

Dépenses de l'île

52,975 )

83,350

276 nègres; elle a fait une bonne récolle ordinaire l'année pas-

85,225

sée , et ses dépenses ont été en proportion. Le capital employé ne peut être évalué à moins de 1,125,000 francs.

1,875

ÉVALUATION

des frais supportés par les plantations de la Jamaïque depuis l'année

DE

DÉSIGNATION.

montées à 18 fr. 75 c. par quintal, et celles de l'île auraient été augmentées de 10,000 à 12,500 francs. Cette plantation possède

6,975

PERTE

10.

1763

DE

À 1773.

Salaire de l'inspecteur en chef 1,750 à 2,500f du teneur de livres en chef et du distillateur 525 à 700 du second teneur de livres 425 à 500 Douves de chêne rouge, par 1,000. ..... 150 à 200 de chêne blanc, idem 175 à 250 Mules 475 À 525 Jeunes bœufs. 175 à 250

579

1773

DE

À 1783.

1783

À 1789.

1789

DE

1794.

1763.

DE

1794

DE

1799

X 1806.

À 1799.

1,750 à 2,500f 2,500 à 3,000f 2,500 à 3,750f 3,000 à 4,500' 3,750 à 5,375' 700 à 500 200 à 175 à 475 à 225 à

875 275 525 700 350

875 500 175 225 450 225

à 1,075 à 550 à 250 à 300 à 550 à 275

1,075 550 200 225 550 212

à 1,125 à 625 à 375 à 550 à

350

1,125 625 ,375 550 550 350

à 1,250 à 875 à 825 à 900 à 900 à 725

1,250 850 550 700 900 725

à 1,500 à 1,250 à 750 à 800

2° EPOQUE DE L'APPRENTISSAGE ET DE L'ÉMANCIPATION.

B. Lettre de M. Edmond B. Lyon, magistrat (stipendiary magistrate), à l'éditeur du journal Falmouth Post, à la Jamaïque. 9 juillet 1838.

propriétaire de la plantation Kinloss ; vous m'obligerez donc beaucoup si vous voulez donner place dans votre feuille à un extrait suivant des documents parlementaires, où se trouve consigné le témoignage de M. R. Scott devant le comité de la Chambre des communes, en 1832. Toute personne instruite des économies considérables qui ont été introduites pendant ces quatre dernières

Je pense que le court espace de temps qui doit s'écouler d'ici

années dans les frais d'exploitation des sucreries reconnaîtra

au 1er août ne saurait être mieux employé qu'à discuter avec mo-

que M. Scott a beaucoup élevé le chiffre de ce qu'il appelle una-

dération la question des salaires, et à réunir les informations qui

voidables contingencies, et qu'on peut faire subir en conséquence

peuvent mettre le planteur en mesure d'apprécier exactement la

d'importantes réductions à ce chapitre; mais, même en prenant

probabilité des profils à tirer de l'exploitation d'une sucrerie par le travail libre. La question a déjà été bien éclairée par la publi-

le compte tel qu'il est, et en admettant, ce qui ne sera pas con-

cation, dans votre feuille, d'un document qui se rapporte à cet objet, et par les observations contradictoires auxquelles ce docu-

testé sans doute, que la même habitation avec la même dépense pour le travail et une sage administration rendra 200 boucauts

deux documents, ayant été publiés sans signature, n'ont pas eu

du poids d'un tonneau ou 17 quintaux, et 100 poinçons de rhum de 100 gallons impériaux chacun, il restera démontré qu'au prix actuel des denrées dans cette colonie, le propriétaire,

toute l'importance qu'ils auraient pu acquérir, s'ils avaient été connus pour émaner de personnes compétentes, ayant l'expé-

au lieu de perdre 889 livres sterling (22,225 francs), gagnera au contraire 4,975 livres monnaie locale (74,625 francs). Un tel

rience pratique des travaux agricoles et de l'exploitation des su-

revenu suffit pour faire de la production du sucre une industrie très-profitable et un placement avantageux pour les capitalistes.

ment a donné lieu dans le journal de Saint-Jacques. Mais ces

creries. J'ai recherché avec beaucoup de soin un document qui ne donnât pas lieu à celte objection, et j'ai l'espoir d'avoir réussi, je pense qu'aucun planteur dans la paroisse de Trelauwney ne jouissait, comme homme de talent et comme homme d'affaires,

Signé Edmond

B. LYON.

d'une plus haute considération que M. R. Scott, de son vivant

II.

37.


580 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. - IIe PARTIE.

1.

, faite dans l'année 1828, par M. W. Taylor, des dépenses qu'aurait à supporter, sous le régime de travail libre, une de l'habitaplantation fabricant 200 boucauts de sucre et 80 poinçons de rhum. — Remarques de M. Robert Scott, propriétaire tion Kinloss. ESTIMATION

MONNAIE

MONNAIE DÉPENSES.

DÉPENSES.

LOCALE.

DE FRANCE.

LOCALE.

FRANCE-

REMARQUES DE M. ROBERT SCOTT.

ESTIMATION DE M. TAYLOR. liv,

sch. don.

fr.

liv.

c.

sch. den.

fr.

c.

C'est cependant l'estimation la plus basse

Pour creuser les trous de cannes, 40 ouvriers, faisant 70 trous par jour, 5 liv.

de ce que l'on paye à la Jamaïque pour

(75 fr.) par acres, ou 40 ouvriers à

creuser les trous de cannes dans le sol le plus léger; on paye souvent 10 et

2 sch. 6 den. par jour ( 1 fr. 85 c.)..

DE

200 00 00

3,000 00

11 liv. ( 150 et 165 fr.) par acre. Lorsque le travail se fait à la journée, le taux régulier est de 3 sch. 4 den. (2 fr. 50 c.); mais il me semble, à tout prendre, qu'une moyenne de 7 liv. 10 sch. (112 fr. 50 c.) serait une évaluation plutôt basse qu'élevée. Il faut donc ajouter à ce premier chiffre 45 personnes employées au sarclage des cannes et aux autres travaux de l'ha-

Nulle part le travail de culture ne se fait par de bons ouvriers, à moins de

bitation pendant 130 jours, à raison

2 sch. 6 den. par jour (1 fr. 85 c.),

de 1 sch. 8 den. (1 fr. 25 c.), en dé-

ainsi il faut encore ajouter à cet article

100 00 00

1,50 00

162 00 00

2,430 00

duisant, pour le reste de l'année, 120 jours pendant lesquels les mêmes personnes sont employées à la récolte, et aussi le temps pendant lequel elles sont employées à fouiller les trous de 487 10 00

cannes

7,305 00

Coupe des cannes et travail aux usines, 40 ouvriers pour 120 jours, à raison de 2 sch. 6 den. ( 1 fr. 85 cent.), et 60 demi-nuits pour ces 40 ouvriers, à raison de 1 sch. 3 den. par demi-nuit (93 c.)

750 00 00 11,250 00

3 charretiers pendant 120 jours, à raisonde2sch.6 den. par jour (1 fr. 35c.)

45 00 00

675 00

de la plantation, et, comme ils ont

3 garçons de charrette, 120 jours à 1 sch. 8 den. (1 fr. 25 c.)

30 00 00

450 00

beaucoup de travail de nuit pour porter les produits à l'embarcadère, leurs salaires devraient être élevés. On peut

Le chef de la batterie, 2 den. par cuite

45 00 00

doubler cet article

(12 c.)-, si l'on fait 12 boucauts par semaine à raison de 7 cuites par boucaut, à raison de 2 sch. 11 den. par jour (69 c.)

Les charretiers sont généralement les ouvriers les meilleurs et les plus actifs

11 3 6

167 62

675 00

En outre, je pense que dans l'estimation ci-contre le nombre de 45 ouvriers, que l'on suppose devoir suffire à une plantation de 200 boucauts, est beaucoup

Porteurs de bagasses sèches, appartenant au second atelier, 1 sch. 3 den.

trop faible.

(93 c.) par jour; la moitié de ce salaire pour la nuit, 7 den. 1/2 (47 c.), en tout 1 sch. 10 den. 1/2(1 fr. 40 c.), 4 ouvriers à ce dernier prix pendant 120 jours

45 00 00

675 00

Second atelier occupé aux travaux ordinaires de la plantation, les uns à couper des herbes pour les bestiaux, les

Les salaires des ouvriers inférieurs sont portés assez haut.

autres, domestiques, cuisiniers, garçons de garde, soit 45 à raison de 1 sch. 3 den. (93 c.) par jour pendant 290 jours

A

6

12,249 37

2,385 16 00

35,771 99

816 12

REPORTER

DIFFÉRENCE

en plus

307 00 00

4,605

0


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. XII. PLANTATIONS A SUCRE.

MONNAIE

MONNAIE DÉPENSES.

DÉPENSES. LOCALE.

ESTIMATION DE

SI.

TAYLOR

581

DE

LOCALE.

FRANCE.

(Suite).

REMARQUES DE M. ROBERT SCOTT

liv. sch. den.

2,385 16 00

REPORT

fr.

DE

FRANCE.

(Suite). liv. sch. den.

c.

fr.

c.

35,771 99 L'estimation est trop faible dans ce qui

Gardiens 4 l'entrée des pièces de cannes etdemaïs, 104 12 den. (03 4 75cent.) pour 290 jours

12

1

8

181 25

est désigné ci-contre sous le titre de dépenses accidentelles, et que j'appellerais plutôt inévitables; telles sont les

Gardiens de bestiaux 4 raison de 1 sch.

dépenses suivantes : 8,000 douves pour les boucauts de sucre,

1 den. par jour (81 cent.), 2 pour 290 jours

48

4 00

723 00

à 20 liv. (300 fr.) 4,000 douves pour les poinçoins

Enfants occupés 4 garder les bestiaux et

5,000 pieds de planches 4 15 liv. (225 fr.)

le menu bétail, 11 pour 290 jours, 4 1 sch. 9 den. (93 c.)

199

5 00

2,988 75

1,700 cercles en fer pour poinçons... .

pour 290 jours

84 11

8

1,268 75

6 den. (1 fr. 87 c.) pendant 290 jours

72 10 00

1,080 63

Gardiens pour le petit troupeau, 4 2 sch.

Huile

30 00 00

450 00

Provision Compte du boucher

Mécanicien et 1 patron du bateau , pour

Compte pour la maison du planteur. ..

120 jours à 2 sch. 1 den. par jour.. .

25 00 00

Charpentiers, charrons, chaudronniers, maçons, payés 4 la tâche

200 00 00

3,000 00

Tonneliers pour 200 boucauts, 4 3 sch., et 80 poinçons, 4 5 sch. (3 fr. 75 c.).

55 00 00

825 00

375 00

1,125 00

40 00 00

600 00

70 00 00

1,050 00

30 00 00

450 00

20 00 00

300 00

200 00 00

3,000 00

80 00 00

1,200 00

100 00 00

1,500 00

30 00 00

450 00

Outils, cuivre, fer pour le moulin et le charronnage, par an

1 den., pour 290 jours

1,800 00

75 00 00

Clous pour les tonneliers et les charpentiers

Gardiens du grand troupeau, 2, à 2 sch.

2,400 00

4,000 cercles en feuillards pour les boucauts, 4 10 liv. ( 150 fr.)

Petits enfants, A raison de 1 0 den. (63 c.),

160 00 00 120 00 00

Appointements : Econome 200 liv. Charpentier 150 1er teneur de livres.... 80 2 idem 70

500

00

00

7,500

00

e

Dépenses d'administration , salaires de l'économe, du teneur de livres; com-

Commission de l'administration. Taxes et impositions TOTAI

280 00 00

4,200 00

200 00 00

3,000 00

1,905 00 00

00,000 00

1,387 00 00

00,000 00

518 00 00

7,770 00

mission de l'administrateur, fourni1,387 12

tures, droits de quai, etc TOTAL

PRODUITS

SELON

M.

8

20,813 75

4,500 00 00

67,478 12

DIFFÉRENCE

6,000l 1,500

TOTAL déduites

7,500 4,500

90,000f 22,500

en faveur du planteur

3,000

112,500 07,500

DE

M.

ROBERT

L'estimation de M. W. Taylor est donc trop faible de Ajoutant cette somme A l'estimation On obtient Ajoutez encore la dépense annuelle pour entretetenir l'habitation en mules et bêtes de somme

RECTIFIEE

DES

307' 518

4,005f 7,770

825 4,500

12,375 67,500

5,325

70,875

400

6,000

5,725

85,875

PRODUITS.

200 boucauts de sucre 4 12 liv. si 2,400 80 poinçons de rhum 4 10 liv. st 800 Dépenses eu monnaie locale 5,725, en monnaie sterling DÉFICIT

du planteur

5,725

85,875

4,575

68,625

45,000

N° 11 Estimation qui met le prix du sucre à 14 sch. 1 den. 1/3 le quintal, ou 17 fr. 55 cent., et celui du rhum à 2 sch. le gallon (2 fr. 50 c.).

1

comme ci-dessous

net en faveur du propriétaire..

.

SCOTT.

Sur les salaires. Sur les dépenses accidentelles

ESTIMATION

154,500f

10,300

TOTAL

PRODUIT DIFFÉRENCE

8,000l 2,300

200 tonneaux de sucre 4 40 liv., monnaie locale. 100 poinçons de rhum 4 23 liv., idem

DÉPENSES BALANCE

en plus

N° 2. Estimation meilleure, qui met le sucre 4 2 liv. 7 sch. 1/2 den. (35 fr. 25 c.) le quintal, et.le rhum 4 4 sch. 7 den. 1/5 (3 fr. 40 c.)

TAYLOR,

200 boucauts de sucre à 30 livres, monnaie locale (450 fr.) 80 poinçons de rhum à 20 liv. idem (300 fr.). . , DÉPENSES

Evaluation ci-contre

3,200l

N° 3. Estimation d'après le prix des denrées 4 la Jamaïque, en septembre 1839. En calculant le prix des denrées sur le pied où il se trouvait 4 mon départ de la Jamaïque, le 14 septembre 1839, la même habitation produisant la même somme de denrées donnerait un revenu beaucoup plus considérable. Estimation à raison de 3 liv., monnaie locale (45 fr.) le quintal de sucre, et 8 sch. 4 den. le gallon de rhum (6 fr. 25 c.). 200 boucauts de sucre 4 57 liv. le boucaut.... 80 poinçons de rhum 4 41 liv. 13 sch. 4 den.. DÉPENSES

REVENU

11,400l

y 3,333

6

s

8

14,733

l

8

comme ci-dessus

5,324

19

12

net en faveur du propriétaire

9,400

7

4

80,000f

4,089

102,225

889

22,225

d

s

6

d

f 141,125

L'estimation îles produits n° 1 me paraît être celle de MM. Scott et Kinloss, L'estimation n° 2 a dû être ajoutée comme correctif par M, Ed. Bacres Lyon. *

(Papers on the condition of the labourign population in the West-Indies, p. 137, part. I (5). 1839.

I

I

37..


582 RAPPORT SUR 2.

e

QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE.

LES

Le travail libre comparé à l'esclavage.

sonnes occupées pendant une année, en les divisant on quatre classes, et en estimant ainsi leurs services :

— 1838.

(Extrait d'un rapport de M. S. Price, magistrat, paroisse Saint-Thomasdans-l'Est.)

MONNAIE

DÉPENSES D'UNE PLANTATION DE

300

TRAVAILLEURS. LOCALE.

DE FRANCE.

e

Mise dehors pour l'entretien de 300 esclaves, y compris les impôts, et en général toutes les autres dépenses, à raison de 5 livres (125 francs.) par chaque esclave

e

1,500 00 00

fr.

22,500

TRAVAIL LIBRE.

s

18,000

Ce qui donne en faveur du propriétaire , sous le régime de liberté, une première différence de

300 00 00

4,500

Ajoutez le revenu provenant du loyer de 50 cases et 50 jardins, à raison de 3 sch. 4 den. (2 f. 50 cent.) chaque, pour cinquante-deux semaines

433

0

8

6,500

733

6

8

11,000

La différence totale est do Somme qui suffit, et au delà, pour faire lace aux dépenses de l'administration et autres éventualités, lesquelles sont absolument les mêmes sous le régime de liberté que sous celui d'esclavage.

PRODUIT DE LA PLANTATION.

Valeur de 120 tonneaux de sucre à la Jamaïque, produit du travail ci-dessus détaillé, à 40 liv. (600 fr.) par tonneau Valeur de 50 poinçons de rhum à 45 liv. (675 fr.) TOTAL.. En supposant encore que les frais d'exploitation soient augmentés de , en somme, environ

4,800l 2,250

f

72,000 33,750

7,050

105,750

2,050

30,750

5,000

75,000

Il faut remarquer en outre que, dans le système de travail libre, le propriétaire n'absorbe pas de capitaux, soit par l'achat de noirs, soit par la perte annuelle résultant de la mortalité.

Le même rapport signale un autre fait Ires-remarquable: «Je « saisis celte occasion d'annoncer à Son Excellence, écrit M. Price, « la hausse qui vient de se manifester dans le prix des terres inacres 1/2 de terre, à peu près incultivables, situées « au bord de la mer, ont été achetés par MM. Francis des mains «du propriétaire, qui habite Saint-George, à raison de 100 liv. « (1,500 fr.) par acre. » (J. L. C.) 6

( Papers on the condition of the labouring population in the West-lndies.) (Part. I (V) pag. 96. — 1839.)

C.

ETAT

34,667 95

TOTAL

liv. sch. den.

Salaires de 00 laboureurs libres pour 50 semaines, à 8 sch. 4 den. ( 10 fr. 40 cent. ) chacun 1,041l 3 4d | 1,200 00 00 158 6 8

« cultes;

Ces prix sont, à peu de chose près, les mêmes pour le temps de l'apprentissage et pour celui de l'esclavage; par exemple, sur la propriété R., on occupait, durant l'apprentissage, 18,033 cultivateurs de 1re classe, à 1 fr. 25 cent. 22,541f25e 6,581 5,922 90 2 à 90 6,268 4,387 60 3 à 70 3,027 1,816 20 à 60 4e

ESCLAVAGE.

REVENU

1r 25° 90 70 60

1re classe, par jour.. 2e idem 3e idem 4° idem

comparé des dépenses de diverses propriétés pendant

l'esclavage, [apprentissage et depuis la liberté complète.

( 1840. — Papers relative to the West-Indies, 1841, pag. 1 06, part. II.) Je me suis éclairé de tous les renseignements possibles afin d arriver à connaître si le travail libre est une cause de ruine pour les propriétaires du sol. Le point le plus important, celui qui pouvait diriger tous les calculs, était de fixer ce que coûtaient le travail des esclaves et celui des apprentis. J'ai donc pris la moyenne des dépenses de l'esclavage pour un certain nombre d'années, et j'ai relevé, d'après les livres, le nombre des per-

La dépense moyenne de plusieurs années d'esclavage est de 36,ooo fr. Pour mieux faire comprendre le taux des salaires, il est nécessaire de dire que l'on demandait, à la journée, 1 fr. 80 cent, au plus bas, pour un travail ordinaire d'homme ou de femme, et de 2 fr. 40 cent, à 3 fr. 60 cent, pour fumer les terres ou pour sarcler. On voit que mes calculs sont encore bien au-dessous; ils ne sont basés que sur les dépenses réelles. Le nombre des malades, sur la propriété précitée, s'est élevé à 5,400 pour un an, sans y comprendre les infirmes. Je conclus de tout cela que l'esclavage coûtait plus cher que l'apprentissage. Sous ce dernier système, le propriétaire tirait avantage de ce que l'acte d'abolition n'avait pas maintenu en esclavage les enfants au-dessous de six ans ; il se trouvait ainsi dispensé de pourvoir à leur entretien. Les grandes plantations étaient, en proportion, plus coûteuses que les petites; en conséquence, ce sont elles qui tirent le plus grand avantage du changement opéré. La loi obligeait à entretenir un certain nombre de soldats de milice payés sur les plantations ayant une quantité déterminée d'esclaves ou d'apprentis. Cette dépense équivalait presque à l'amende de 22 fr. 5o cent, par esclave et par tête, imposée aux propriétaires qui ne remplissaient pas cette obligation. Les petites récoltes, du temps de l'esclavage, revenaient plus cher que les grandes. Les livres des plantations semblent avoir été tenus dans le but surtout de constater le nombre des travailleurs, plutôt que d'indiquer la nature et la quantité du travail. C'est pour cette raison que j'ai omis la dépense de quelques articles, dans certains cas: ainsi, lorsque j'ai trouvé les charpentiers et les tonneliers réunis dans la même colonne d'un journal, je n'ai pu établir la dépense des tierçons. 1.

PLANTATION

R.

J'ai déjà dit que la moyenne des dépenses, sur cette propriété, pendant l'esclavage et l'apprentissage, pouvait s'évaluer à 36,000 f. par an. Je puis certifier que la culture y a été améliorée et augmentée pendant la première année de liberté, et cependant les frais n'ont été que de 12,730 fr. comme suit : Appointements d'un inspecteur (monnaie locale) 22 5 45 0 Salaire d'un gardien des parcs à bestiaux Charretiers, transport de la récolte compris. .. . 32 6 Gages d'un domestique 13 16 Travaux de charpentier 43 15 Travaux de tonnelier 20 11 15 0 Travaux de maçon Émondagc du café. 96 8 Cordes 1 1 Escompte d'argent pour la paye 1 9 Récolte du café 238 5 16 10 Cueillette à la main 52 10 Préparation de la récolte 1 10 Plantation de café 235 12 Préparation des champs à café 9 6 Main-d'œuvre de clôtures 0 13 Préparation des pâturages 0 10 Réparation de toiles goudronnées TOTAL

ou en francs

0 10 10 8 10 8 0 4 8 0 7 10 2 0 3 8 4 0

846 14 8 12,730


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. —CHAP. XII. PLANTATIONS A SUCRE. J'ai fait les calculs suivants pour les différents travaux de la même propriété.

4.

PLANTATION

Cueillette du café. e

71 15 65 40

de 1838-30 (première année de liberté) idem 58 60

Dépenses pour fabrication des tierçons. Récolte de 1833, par tierçon.... de 1837, idem

6 90 7 70

de 1838-39, idem

5 60

Nettoyage du café. Récolte de 1833, par tierçon de 1837, idem

16 10 14 45 12 80

de 1838-9, idem

PLANTATION

Y.

L'économe de cette plantation témoigne de l'amélioration de la culture, ainsi que de la conduite exemplaire des cultivateurs résidants. Cueillette du café. Récolte de 1833 (esclavage), par lierçon

f

L'inspecteur rend un compte favorable de l'amélioration éprouvée pendant la 1re année de liberté. Pendant la dernière année de l'esclavage, le propriétaire avait à soutenir (en basant le calcul sur un seul jour) 11,712 individus qui ne travaillaient pas pour la plantation, non compris les malades, les infirmes, les femmes en couche et les jeunes enfants, tandis que depuis la liberté ce nombre a été réduit à 4,613, y compris les malades, les infirmes et les femmes en couche. Le nombre des bras occupés à la culture pendant la dernière année de l'esclavage s'est élevé à 17,782 , et pendant la dernière de l'apprentissage à 12,650. La dépense pour le temps de l'esclavage , à raison de 1 fr. 20 c., aurait été de 21,338 fr. 40 c., et pour l'apprentissage de 16,180 fr., tandis que la dépense totale depuis la liberté n'a été que de 9,564 fr. 3o c. Il y a un parc à bestiaux attaché à la propriété. D'après les livres, on payait pour le nettoyer une somme moyenne de 1,125 francs, ce qui représente 900 individus pour un jour, à raison de 1 fr. 20 c. En 1838, le même travail s'est fait par marché, moyennant 4o5 francs, et en 1839 pour 45o francs.

c

48 75

5.

de 1836 (apprentissage), idem 63 50 de 1838-1839 ( lreannée de liberté), idem . 51 00

Préparation du café. Récolte de 1833, par tierçon de 1836, idem

11 10 15 10

de 1838-1839, idem

15 84

Cueillette à la main. Récolte de 1833, par tierçon

14 40

de 1836, idem de 1838-1839, idem

6 85 4 70

PLANTATION V.

Café et gingembre. La moyenne des dépenses de cette propriété a été, pendant l'esclavage, de 7,500 francs. Le travail libre a coûté depuis le 1" août 1838 jusqu'au 1™ août 1839, 5,220 fr., ou 2,280 fr. de moins. D'après un riche propriétaire, cette plantation a augmenté en valeur, par les améliorations introduites depuis un an, d'au moins 7,500 francs. 6.

PLANTATION U.

Café et parc à bestiaux. Les dépenses, pendant l'esclavage, étaient de 16,920 francs. Les comptes depuis le travail libre 11e donnent qu'une somme de

Fabrication des tierçons. Pour la récolte de 1833, par tierçons

5 65

de 1836, idem

7 90

de 1838-1839, idem

4 40

11,552 fr. 55 c.

PLANTATION

f

1837, Nettoyage du parc 1839, idem par marché

3.

W.

Café. f

Récoltede 1833 (esclavage), coût par tierçon de 1837 (apprentissage) idem

2.

583

22 50

.......

X.

Cueillette du café. Récolte de 1833 (esclavage), par tierçon de 1837 (apprentissage), idem

Préparation du café. Récolte de 1833, par tierçon de 1837, idem de 1839-1840, idem

1837, sarclage de 21 arpents de caféiers

231 24

1839, idem par marché

150 00

1837, nettoyage d'un champ de pâturage 1839, idem par marché

100 00

39 50

43 80 de 1838-1839 (1reannée de liberté), idem.. 31 85

15 45 13 70

45 00

1835, défrichement et préparation à planter de 8 arpents de nouvelles terres, l'arpent à raison de... 157 50 1839, terres plus fortes, le même travail par mar80 00

ché, l'arpent à raison de

7 20 1837, émondage du champ de café n°4 1839, idem par marché

Cueillette à la main. Récolte de 1833, par tierçon de 1837, idem

11 00 9 00

de 1839-1840, idem

3 35

324 40 315 00

1837, construction de 35 chaînes de mur en pierre, la chaîne à

19 40

1839, idem par marché, la chaîne

20 00

Frais des tierçons. Récolte de 1833, par tierçons de 1837, idem de 1839-1840, idem

10 00 11 00 5 60

Dépenses faisant partie de celles du travail, telles que appointements de l'inspecteur, domestiques, etc., non compris les provisions d'Angleterre, comme bœuf, etc. Pour 1833 (esclavage)

f

liberté

I

1837, sarclage du champ de café n° 5, de 13 arpents 216 25 1839, idem par marché, à 10 francs l'arpent 130 00 1837, sarclage du champ de café n° 4, de 21 arpents 233 75 1839, idem par marché, â 10 francs l'arpent 210 00 1837, préparation du champ de pâturage n° 4 1839, idem par marché

31 20 ] 5 00

e

1,503 15

Pour 1837 (apprentissage) 1,446 00 Montant total des dépenses de la 1re année de

6,275 50

I

1837, émondage du champ de café n° 5, de 13 arpents 255 00 1839, idem, à raison de 15 francs l'arpent 195 00

3

e

. 163 75

7


584

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. 7

PLANTATION

champs avaient été choisis ; ils étaient de la même étendue, d'une surface unie et couverts de gazon; on commença en même temps le travail sans aucun engrais. Dans l'un des champs les trous furent

T.

Cueille du café. Récolte de 1837 (apprentissage), frais par tierçon. de 1839-1840 (1re année de liberté), idem

8.

PLANTATION

creusés comme à l'ordinaire, à raison de 70 trous pour 2 fr. 5o c.; dans l'autre, où pour la première fois la charrue était essayée, j'eus non-seulement à diriger les hommes et les animaux, niais

77 10 54 20

encore à m'essayer moi-même à l'usage d'un instrument que je connaissais auparavant fort peu. J'employai des bœufs, et consé-

S.

Café et parc à bestiaux.

quemment les bras nécessaires pour les conduire.

Du temps de l'esclavage, cette propriété coulait annuellement g,000 francs. Les dépenses du travail du 1er août 1838 au 1er août 1839 sont de 5,373 fr. 75 c., ce qui donne une économie de 3,626 fr. 25 c. en faveur de la 1re année de liberté. Dans

Dépense pour creuser les c

Pour planter les cannes 460 30

cer les plants avortés

les plants avortés dont

par suite de la sècheresse

le nombre était petit, 505 60

trouvait bien pulvéri-

138 60 Pour entretenir le champ

1839, idem par marché

49 80

1837, émondage d'un champ à café de 5 ans

151 20

1839, idem du même champ

150 00

récolte

1837, nettoyage des 546 barils café pour 445 fr., 0 80

2,757 00 180 00

J'aurais encore d'autres renseignements à fournir qui donneraient les mêmes résultats, mais je crois inutile de les ajouter. Signé J.

D.

ÉCONOMIE

W. GRANT

1,070 60

TOTAL

méthode; quant au labourage pour planter, il coûte précisément un quart de moins. D'après l'état du sol, on prévoyait que tous les plants réussiraient dans la partie labourée, on les y a donc plantés serrés. Le succès a été tel qu'on l'espérait, ainsi que le prouve la dépense pour sarcler et remplacer, qui s'élève à un

0 60

1839, domestique de l'inspecteur

3,097 25

D'après ce détail, il est évident que, malgré les difficultés de l'emploi de la charrue pour la première fois, les trous creusés de cette manière n'ont pas coûté la moitié autant que par l'ancienne

3 00 2 80

523 75

qu'il la récolte 1,445 00

TOTAL

1837, récolle de 546 barils de café, 1,656 francs, 1839, récolle de 600 barils de café pour 1,702 fr.,

10500

Entretien du champ jus-

jusqu'au moment de la 79 80

1837, frais d'inspecteur, domestiques, etc

parce que la terre se sée

1836, nettoyage d'un autre champ

ou par baril 1839, nettoyage des 602 barils café pour 365 fr., ou par baril

115 00

Pour sarcler et remplacer

136 20

124 80

ou par baril

à environ un pied de distance

Pour sarcler et rcmpla-

c

ou par baril

326f85c

trous Pour planter les cannes

assez rapprochées.. . .

174f 00

1837 , nettoyage du même champ 1839, idem par marché

herser et creuser les 686f35

façonner

l'année du 1er août 1837 au 1er août 1838 , la dépense de nettoyage des parcs, bien qu'une grande partie du travail n'ait pas été fait, s'est élevée à 1,876fr., tandis que pendant l'année du D'août 1838 au 1" août 1839 , même opération, en y comprenant ce qui était resté inachevé l'année précédente, n'a coûté que 699 fr. 60 c. 1836, nettoyage d'un champ h café 1838, idem par marché

Dépense pour labourer,

trous à la houe et les

, magistral salarié.

résultant de l'emploi de la charrue aux Indes occidentales.

Un correspondant de la Gazette de la Jamaïque écrit : Je vais vous donner le résultat comparé de l'emploi de la houe et de celui de la charrue pour creuser les trous à cannes. Deux

5 seulement. Celle expérience démontre un des plus grands avantages de la charrue; tous les plants réussissent malgré la sécheresse. Labourée par un lemps sec, la terre se pulvérise parfaitement, le gazon disparaît, et pendant plusieurs semaines on n'en voit plus un brin; si quelque pousse se montre, le moindre contact de la houe la détruit. D'un autre côté, les trous à cannes étant creusés dans le tertre, les racines du gazon se trouvent conservées, et, bien que la sécheresse empêche les cannes de e

se développer, le gazon n'en croît pas moins. Les avantages résultant de cet essai sont de deux tiers environ pour la charrue. Après avoir détaillé les dépenses de chaque méthode, il 11e reste plus qu'à parler des produits comparés. Les trous à cannes préparés à la houe ont produit 8 tonneaux, par le travail dela charrue on en a obtenu 10. (Anti-slavery reporter, n° 51.— 1er décembre 1841.) N°

§

A.

ESTIMATION

DESCRIPTION

LA

BARBADE

ET TORTOLA.

Valeur estimée.

du produit et des dépenses d'une plantation

à sucre A Tortola.

I.

II.

(Plantation A.)

de la propriété, sa situation, qualité du sol, etc.

131.

89 nègres à 2,500 fr 135 arpents de terres à cannes, il 875 fr 55 arpents de terres A nègres et jardins à 375 fr 267 arpents de pâturages et terres incultes A 150 fr 3 idem A 550 fr

c

118,125 00 20,625 00 40,050 00 1,650 00

1 cheval

1,031 25

Ole est située au sud-ouest de l'île, bornée par la mer, et à environ 9 milles de la ville. Le sol de celle propriété est si varié, qu'il est difficile de le décrire exactement; toutefois il se compose en grande partie d'une terre légère, brune ou noire, assez

Bâtiments et ustensiles

pierreuse.

Ou au change de 200 pour

21 mulets A 825 fr

TOTAL

222,500f00

17,325 00

, monnaie courante de Tortola %,

valeur d'Europe

112,500 00 533,806 25 f

c

266,903 12 1/2


585

A SUCRE. ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. XII. PLANTATIONS

la plantation, et dont les comptes devaient être publiquement vérifiés. Les sommes indiquées sont les moyennes des prix.

J'ajoute une grande confiance aux renseignements ci-dessus, tournis par le receveur désigné par la chancellerie pour diriger

2.

APERÇU GÉNÉRAL

d'une plantation à sucre, à Tortola, pendant l'année

1832.

PRODUITS.

SOMME TOTALE

PRIX DES ARTICLES SUCRE.

NATURE DES TERRAINS.

Tonneau de 1,500 liv.

RHUM,

poinç.

Arpents.

DU PRODUIT,

MONNAIE COURANTE.

en monnaie courante.

gall.

....

15 120 55 267

80

40 4,400 |

457

80

40 4,400

48,000' 00 12,375 00

c

Par tonneau de sucre.. . 600f 00 2 80 Par gallon de rhum

c

Plants de cannes Rejetons terrains de noirs et jardins Pâturages et friches

Produit brut

60,375 00

CONSOMMATION ET DÉPENSES. Nègres.

atelier de nègres 2 idem.. ' 3e idem. . Enfants..

38

e

90

pi 6 89

Rations par jour pour

1

1

909 35

NO

hâtions accordées par semaine aux esclaves selon l'âge, indépendamment du produit do leurs terres et de leurs Jardins, 2 À 3 quarts farine, 6 harengs, estimés au-dessous de la valeur. NOURRITURE FOURNIE.

♦ PRIX MOYEN. Dépense annuelle en courante

monnaie

f

Sel •

barils de porc.

3

. 5 barils de farine de harengs... 20 "km

....

..

82 618 515 2,578 6,600

c

50 75 60 15 00

10,395 00 1,250 00 2,500 00 1,250 00 6,250 00 4,375 00 3,875 00 3,000 00 4,500 00 875 00 1,875 00 625 00 2,500 00 2,500 00 1,250 00

Habillement Frais de médecin Appointements du directeur

Huile à quinquet et chaux Houes, serpes et touEcs Cerles en fer et clous à river Dépenses d'ouvriers et réparations de bâtiments Déchet sur les marchandises Frais divers

47,929 35 60,37.5 00 12,445 65 6,222 82 1/2

1 Lataxede4 1/2 pour 0/0 a clé supprimée depuis l'apprentissage.

ESTIMATION

du produit et des dépenses d'une plantation

à sucre à la Barbade. (Plantation B.)

Valeur estimée. 150 nègres à 2,250 fr 216 arpents à 2,000 fr

08 idem h 1,250 fr DESCRIPTION

de la situation de la propriété, nature du sol, etc.

paroisses de Saint-Georges, Saint-Thomas et Les limites des traversent cette propriété. Elle est éloignée de sept Saint-Joseph milles de Brigde-Town, ou l'on envoie le sucre; sa distance la son sol est formé plus rapprochée la mer est de cinq milles; d'une erre brun clair et rouge.

80 têtes de bestiaux à 375 fr 16 bouvillons à 250 fr 16 veaux à 125 fr... 10 chevaux à 1,500 fr

Bâtiments et ustensiles TOTAL

en monnaie courante

pour 0/0 On en monnaie d'Angleterre, à 133 1/2

357,500' 432,000 122,500

30,000 4,000 2,000 15,000 125,000 1,068,000

801,000


586 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. Montant du bénéfice lorsque le sucre, à cause de sa qualité supérieure, vaut 46 fi". 85 c., monnaie anglaise, par 100 livres,

Le voisinage d'une île étrangère donne aux noirs la facilité d'échanger avec avantage leurs volailles, leurs porcs et les produits de leurs terres contre des productions des Etats-Unis. Il ne peut pas en être, ainsi à la Barbade , où la population est plus compacte relativement à la quantité des bonnes terres, de sorte qu'un propriétaire, au moyen de son capital et d'une habile division du travail, est à même de récolter, pour la nourriture de ses esclaves

pour o/o par an. Par sa belle position et ses beaux produits en sucre, cette plantation est un exemple avantageux en faveur de la culture de l'île. Les prix ont été cotés d'après le cours moyen des ventes de l'époque. Lorsque les propriétés ne sont pas situées de manière à profiler des pluies qui tombent en abondance, les bénéfices ne sont pas 97

beaucoup plus qu'ils n'obtiendraient eux-mêmes des terrains qu'on leur donnerait à cultiver. Dans chaque colonie il existe des circonstances locales qui influent sur le système de culture; elles ne peuvent être comprises facilement par les personnes qui ignorent certains détails aussi fastidieux à rapporter que difficiles

aussi grands Les détails fournis dans le compte de la plantation A mettent à même de comparer le système suivi à Torlola pour la culture des terres et la nourriture des noirs, avec celui pratiqué à la Barbade ; toutefois, quelques explications sont nécessaires. A Tortola on donne des terres aux esclaves, et la farine d'Amérique

à comprendre.

s achète à meilleur compte qu'on ne pourrait l'obtenir dans l'île. 2.

APEEÇU

détaillé, four 1832, d'une plantation à sucre de 150 noirs et 314 acres de terre, située à la Barbade.

PRODUCTION TOTAL

PRIX DES ARTICLES.

NATURE DE LA CULTURE.

en monnaie (Monnaie courante.)

Arpents. 33 33 6 70 20 20 17 2 15

Plants Je cannes Rejetons Pépinières Millet Maïs Patates douces Ignames et choux caraïbes Citrouilles ou giraumonts Pois Jardins do nègres Terres affermées Pâturages et terres en friche. . . TOTAUX

116

gall.

gail.

5,216

1,600

boiss.

boiss.

liv.

liv.

liv.

liv.

boiss.

250 120,000 60,000 50,000 15,000 200

9 10 54 116

1. s. d. Sucre à 40 liv. le boucaut

1,050

314

courante.

5,216

1,600

1,050

1/2

100

1,400

800

1/2

50

200

250

250

120,000 60,000 50,000 15,000

4,640 00 00

Rhum à 2 sch. 8 don. le gallon.. Mélasse à 2 sch. le gallon Millet a 10 sch. le boisseau Maïs à 7 sch. 6 d. le boisseau. . . Patates à 7 sch. 6 d. le quintal.. Ignames et choux à 7 s. 6 le quint. Citrouilles à 7 sch G d. le quintal. Pois à 12 sch. le boisseau

200

Produit brut

695 160 525 93 450 412 56 125

9 00 00 15 00 10 5 00

4 00 00 00 00 00 00 00

7,157 19 04

DÉPENSES Consommation des noirs La famille et les serviteurs blancs , ainsi que les chevaux, hôtes à cornes et animaux do toute espèce consomment, sans y comprendre ce qui s'emploie à planter et à semer

250

67,512 40,000 30,003

12,000

150

52,488 20,000 20,000

3,000

50

FRAIS DIVERS.

1,227 15 00 3/4

On emploie environ 10,000 kil. de choux et d'ignames pour plants.

60 quint, poisson salé à 35 sch. chaque 105 00 3 barils porc 22 10 60 boisseaux sel à 5 sch. choque. ... 15 00 Articles divers pour les malades 30 00 Habillement Honoraires do médecin Salaires Impôt coloniul de 4 1/2 p. 0,0 Nourriture des serviteurs blancs, consistant, indépendamment des légumes, en porc nourri sur la propriété Planches et douves Salaires d'ouvriers Cercles et chaux Réparation des bâtiments Frais divers

654 14 11

172 10 00

1

TOTAUX

] 50

1,600

1,050

250

120,000 60,000 50,000 15,000

CONSOMMATION DES NOIRS (Rations par jour). Hommes et femmes 86 2e atelier, garçons et filles 20 2 pintes de millet ou 2 pintes 1/2 de maïs. 3e atelier 18 1 pinte 1/2 de millet ou 2 pintes de maïs. Enfants inoccupés 15 1 pinte de millet ou 2 pintes de maïs. Petits enfants 11 Les patates et les légumes se distribuent à raison de trois livres par pinte de millet.

200

Total des dépenses

Les dépenses totales étant de Et les produits de

150 80 230 247

00 00 00 00

00 00 00 00

50 140 50 50 100 50

00 00 00 00 00 00

00 00 00 00 00 00

3,201 19,11 3/4 3,201 10 11 3/4 7,157 19 4

Il reste net, voleur en monnaie courante 3,955 19 4 1/4 Soit en livre, sterling, au change dc 133 1/3 p. 0/0, 2,966 liv. 19 sch. C den., ou en francs, 74,175 francs.

Porter on the sugar cane, page 326.

C.

RAPPROCHEMENT

de l'état des deux plantations A et B.

DÉSIGNATION.

PLANTATION

PLANTATION

A.

B.

Nombre de nègres . . . Quantité d acres plantées en cannes Idem concédées aux nègres ou en jardins Idem en pâturages ou incultes Idem en prairies artificielles Idem cultivées en maïs et en millet Idem cultivées en patates douces, ignames, ctc Quantité d animaux produisant des engrais, tels que chevaux, mules, jeunes boeufs veaux ctc Idem de livres de sucre fabriqué chaque année.. . . Idem de. gallons de rhum idem BÉNÉFICE

calculé sur le montant du capital

ou

150

135 y

25

122 185,600

2 1/2

p.

0/0

environ 9

p. 0/0


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. XII. PLANTATIONS A SUCRE.

587

N° 132. § III. LA GRENADE. APERÇU

des dépenses et du produit d'une plantation à sucre de 264 acres d'étendue, située paroisse Saint-Georges, à la Grenade, de 1818 à 1828, d'après les comptes tenus sur la plantation même.

DEPENSES COMPRISES DÉPENSES ANNÉES.

DÉPENSES

DANS LES DÉPENSES ANNUELLES.

en

ANNUELLES.

Provisions.

Monnaie courante.

1818 1819 1820 1821 1822 1823 1824 1825 1826 1827 1828

8,309l 5,739 4,818 4,462 4,287 3,940 3,760 3,530 4,521 4,953 4,890

11"1 01 05 11 08 03 08 04 02 01 00

03s 12 05 08 16 01 10 05 02 14 00

NOMBRE

713l 1,028 602 717 673 674 933 809 954 656 737

03s 07 12 18 03 02 18 05 14 07 18

00d 02 02 06 06 00 09 08 01 09 02

Gros meubles, douves, etc.

2,013l 1,659 1,102 809 1,317 1,519 840 915 1,114 1,019 1,399

00s 16 00 09 18 10 02 03 08 19 13

FRANCS.

04d 00 03 04 09 05 05 00 06 07 10

D'ESCLAVES.

94,425 68,325 53,535 49,582 44,282 43,778 40 535 39,210 50,145 55,025 54,325

145 130 127 136 137 152 143 142 144 143 148

PRODUIT

PRODUIT

DU SUCRE

DU RHUM

en quintaux

en

de 112 liv.

gallons.

2,194 3,049 2,669 2,768 2,732 2,851 2,858 3,014 2,694 3,024 3,833

16,124 18,791 17,082 12,407 18,131 19,913 16,661 19,317 13,900 13,817 14,266

Porter on sugar cane, page 368.

N° 133. § IV. ANTIGOA. DÉPENSES

et produit d'une habitation à sucre à Antigoa, sous le régime du travail libre. (Extrait des pièces justificatives

du présent rapport, I partie, page 72.) re

DÉPENSES.

LIVRES STERL.

Travail des nègres Autres dépenses comprenant entretien des bâtiments, géreurs, médecins, forgerons et autres ouvriers, ainsi que tous les aides blancs

850

1,500

FRANCS.

21,250

LIVRES STERL.

PRODUITS.

270 barriques sucre, estimées devoir être vendues 260 poinçons de mélasse TOTAL

37,500

La dépense étant de 2,350

TOTAL.

58,750

CONTENANCE DE L'HABITATION.

REVENU NET

FRANCS.

5,400 1,500

135,000 37,500

6,900 2,350

172,500 58,750

4,550

113,750

Celte habitation, sous le régime de l'esclavage, avait 210 esclaves; elle n'a maintenant qu'environ 108 travailleurs libres, grands et petits.

80 acres plantées en premières cannes. 70 idem plantées en rejetons ou deuxièmes cannes. 70 idem en préparation pour une autre récolle. 220 acres de terres cultivables en cannes.

N° 134. § V. LA GUYANE ANGLAISE. FRAIS

d'une habitation de

DÉPENSES. Poisson salé Habillement bananes achetées Charbon de terre cl boucauts Chaloupes (cabotage) Salaires, taxes, soins médicaux Porc, riz, vin de Porto, briques, chaux, merrains, gros meubles, clous, huile, goudron, poix, cordages, bateaux Machines; réparations des bâtiments, et maisons des nègres Assurances sur les bâtiments TOTAL

1

500

travailleurs, calculés par

LIVRES STERL..

FRANCS.

677 750 1,143 1,205 300 1,500

16,925 18,750 28,575 30,125 7,500 37,500

1,096

27,400

1,000 248

25,000 6,200

7,919

197,975

M.

Rose, planteur de la Guyane anglaise1.

FRANCS.

Sucre, 10,769 quint, de 112 liv. à 12 sch.

6,461

161,525

Rhum, 58,334 gallons à 6 den

1,458

36,450

7,919

197,975

TOTAL égal à la dépense

Cet état est évidemment inexact. Il a été reconnu tel.

LIVRES STERL.

PRODUITS.

Capital engagé

120,000 liv. ou 3,000,000 fr.


588 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUTIFICATIVES. — II PARTIE. e

N° 135. § VI. NOTES DIVERSES SUR LA CULTURE ET LA FABRICATION A SURINAM. TÉMOIGNAGE

1.

de M. May, directeur de la plantation

Alkemaar, à Surinam. (C'est la plus belle plantation

de la colonie.) On ne cultive que 5oo acres cle (erre (environ en cannes. En 1838 les 500 acres ont produit : Un revenu cle 200,000 fl. forme de

200

hectares)

Le rhum de l'habitation Alkemaar s'est, vendu, à Amsterdam, l'année dernière, 2 fl. 1/4 le gallon. Sirop, 38 cents le gallon.

2.

de M. Barnett aîné, directeur de la plantation Dombourg, à Surinam.

TÉMOIGNAGE

Produit moyen d'une acre de terre : A,000 livres de sucre. Une bonne distillerie rend un gallon de rhum pour un gallon

1,500,000 livres de sucre. 30,000 gallons de rhum. 60,000 gallons de mélasse.

La vente des mélasses a suffi pour payer les frais de culture et d'administration.

de mélasse. La bagasse, résidu de la canne, passée au moulin est le meilleur fumier.

N° 136. § VII. DÉPENSES GÉNÉRALES D'UNE HABITATION A SUCRE A LA LOUISIANE. 1.

DÉPRÉCIA TION

de l'atelier.

Ces dépenses diminuent au contraire dans une mauvaise année C, où le

Un nombre de 100 nègres suppose une mortalité d'au moins 5 par an, pour cause extraordinaire, telle qu'une épidémie, etc. La dépréciation résultant de l'âge et des accidents qui en mettent quelques-uns hors de service peut être évaluée à 7 pour 0/0. En calculant la valeur de chaque

temps employé à la fabrication est plus court et où les salaires à payer se trouvent réduits d'environ 445 gourdes au-dessous de ceux d'une année ordinaire. On peut donc se borner à porter les dépenses de la même plantation pendant une mauvaise année à

4.

esclave à raison de 500 gourdes par tête, ce qui donne 50,000 gourdes pour les 100 nègres, on peut fixer au plus has le chiffre de la dépré1 ciation à 3,500g

PRODUITS

11,010g

de la plantation.

Bonne récolte. Sur la plantation prise pour exemple, on considérerait la récolte A

2.

PERTE

d'animaux.

comme excellente. Le produit de 400,000 liv. de sucre au prix de 6 centièmes la livre, est de 24,000'

Elle représente, calculée à quatre paires de bœufs de 50 gourdes

200'

Et à 6 chevaux de 75 gourde-

3.

ENTRETIEN

j

450

650

Celui de 20,000 gall. de mélasse à 18 centièmes PRIX brut vendu par un négociant

de l'atelier.

3,600 27,600

Les frais de commission, à raison de 2 1/2 pour 0/0 , le fret, le charroi, le pesage, les annonces de vente, etc., peuvent

Sur les sucreries, il n'est pas possible de récolter assez de provisions en blé, fourrage, etc., pour les hommes et les ani-

s'évaluera 5 pour 0/0,et forment, une somme de

1,380

maux; celles qui en produisent le plus ne donnent encore que 1/3 ou 1/4 de la consommation de l'année.

PRIX net de la vente par l'intermédiaire d'un commissionnaire

Il manque donc 2,500 barils de blé d'une valeur de 60 balus de foin, de l'ouest ou du nord, pour le

Duquel il faut déduire les dépenses générales du planteur pour

1,850g

l'année A Il reste pour une bonne année A

Poisson salé, 25 barils à 5 gourdes Wiskey, 300 gallons à 25 cent

14,320

180 NOTA. Les ventes se font ordinairement

Provisions. 50 barils de porc et de bœuf à 9 gourdes, ci

11,000

2,030

temps du labourage, au poids de 300 liv. chaque, représentant 18,000 liv., et à 1 centième

20,220

quatre mois de terme. Les l'abri du risque de ces ventes en payant au commissionnaire 2 1/2 pour 0/0 pour garantie de la signature de l'acheteur; planteurs se mettent

450g 125 75

Tabac, sel, vinaigre, etc

100

Provisions diverses pour les blancs et les ouvriers...

125

875

Récolte moyenne. Dans une année ordinaire B, le produit de 300,000 liv. de sucre à 0 cen-

Habillement. Tous les trois ans, une couverture et une mousti-

tièmes donne

quaire pour l'été, chemises do dessus, pantalons, robes do

18,000g

Et le produit de 15,000 gali. de mélasse à 18 centièmes

toile et jacquettes rondes d'hiver, robes de cotonnade, chemises de flanelle, capotes de laine, souliers, chapeaux, mouchoirs, etc., à 12 gourdes par tête

c'est ce qu'en France on nomme dû-croire.

PRODUIT brut

1,200

2,700 20,700

A déduire les frais du commissionnaire, à 5 pour 0/0

1,035

Hôpital. Appointements du docteur, médicaments, vêtements d'hôpital

500

Matériel. Machines A vapeur, moulins à sucre, réparations, huile, clc Chaudières et autres ustensiles, réparations, etc.,. . Houes, haches, pelles, harnais, clous, goudron, suif, enduit pour les citernes, etc

PRODUIT net de la vente

A déduire encore les dépenses générales de l'année

500g)

Il reste pour une année ordinaire B

19,665 11,455 8,210

300

1,200 400

Dans une mauvaise année C, 20,000 livres de sucre à 6 centièmes

Salaires. Gages des surveillants, du contre-maître à la fabrication du sucre et des ouvriers

1,500

TOTAL des dépenses générales pour une année ordinaire B. ..

11,455

donnent..

Les dépenses générales d'une année de bonne récolte, qui nécessite plus do temps pour la fabrication du sucre, donnent

TOTAL des dépenses générales d'une bonne année A. . . .

10,000 gall. de mélasse à 18 centièmes PRODUIT brut

Frais du commissionnaire â 5 pour 0/0 PRODUIT net

une augmentation, pour salaires et provisions, que l'on peut évaluer à

Mauvaise récolte.

445

1 1,900

Les évaluations de ce tableau sont en gourdes. La gourde vaut 5 fr. ho cent.

Dépenses générales du planteur Il reste pour une mauvaise année

12,000' 1,800 13,800 690 13,110 11,010

2,100


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. XII. PLANTATIONS A SUCRE. En résumant trois années (le récolte , l'une excellente, l'autre ordinaire, et la dernière mauvaise, un planteur, dont la propriété serait libre de toute dette, retirait, d'un capital de 150,000 gourdes, un produit g de 24,630 Dont la moyenne est de

8,210

pour une année ordinaire, ce qui représente un intérêt de 5,47 1/3 pour 0/0 par an. Pour une bonne année A, il retire donc 9,54 2/3 pour 0/0 ,

Le produit des ventes de l'année B étant de Les dépenses générales de Celles pour intérêts de

589 19,665g g

11,455

15,055

3,600

Il reste pour l'année B

4,610

Les deux années de récolte, l'une bonne, l'autre ordinaire, auront donc g rapporté au propriétaire 15,330 Mais le montant des ventes de l'année C n'ayant été

Pour une année ordinaire B , 5,47 1 /3 pour 0/0, Et pour une mauvaise année, 1,40 pour 0/0.

13,110g

que de

Comme il existe un grand nombre d'exploitations et que beaucoup de

Les dépenses générales s'élevant à . ..

planteurs ont de très-forts engagements à remplir, il est nécessaire d'éta-

Et les intérêts à

blir une comparaison pour un cas semblable.

Cette année donne une perte de

Nous supposons une propriété de l'étendue et du produit de celle dont nous avons parlé, entre les mains d'un planteur qui devrait 30,000 gourdes.

11,010g

14,610

3,600 1,500

De sorte qu'il ne reste plus pour trois années que..........

13,830

Son capital ne serait donc plus que de 120,000 gourdes. Il aurait dû emprunter ces 30,000 gourdes, dont l'intérêt et la commission pour endossement de son papier équivalent 4 12 pour 0/0 par an; ce serait une dépense de 3,600 gourdes à déduire du produit net des trois années de récolte. Ainsi le produit des ventes de l'année étant de 26,220g 11,900g

Les dépenses générales de Et celles pour intérêts de

Ainsi, pour une bonne année, le planteur aurait retiré de ce capital 8,93 1/2 pour 0/0 ; pour une année ordinaire, 3,83 1/2 pour 0/0, et pour une mauvaise année il aurait éprouvé une perte de 1,25 pour 0/0.

3,600 ;

Il reste pour l'année A

Dont la moyenne est 3,83 1/2 pour 0/0 d'intérêt sur un capital de 120,000 gourdes.

10,720

N° 137. § VIII. CAPITAL ABSORBÉ IMPRODUCTIVEMENT PAR L'ACHAT OU L'ÉDUCATION DES ESCLAVES. 1.

PREMIER

exemple

Le temps pendant lequel un esclave acheté devrait travailler pour indemniser son maître peut se calculer d'après le capital déboursé, les intérêts composés et ce qu'il rapporte annuellement; mais le temps qu'il emploie réellement au travail est un fait que l'on ne peut estimer que sur des probabilités et des témoignages. Comme la méthode que l'on suit à présent pour ce calcul n'était pas encore en usage lorsqu'on posa les questions à des témoins consultés, on ne leur en adressa pas de spéciales. Quelques-uns cependant répondirent, par hasard, comme il convenait, et leurs réponses, en y joignant le sentiment de plusieurs auteurs en crédit, ont fait établir comme suit la moyenne du travail des esclaves cultivateurs, soit qu'ils aient été élevés sur la plantation, soit qu'ils aient été achetés. Années.

A la Barbadc Idem (pour une propriété, 4 ans). A la Jamaïque Idem Dans les îles anglaises à sucre en général La moyenne de ces deux périodes de 7 ans et de 7 ans 1/2 est de

7 1/2 7 7 7 1/2 7 1/4

Suivant d'autres autorités, tous les esclaves, sans distinction, sont supposés mourir ou être renouvelés (partie par importations cl partie par naissances) aux époques ci-après : A la Barbade Idem Idem Idem Idem Aux îles sous le vent.» Idem (quelquefois 7 ans). Idem (sur plusieurs propriétés 9 ). A la Dominique Dans toutes les îles 4 sucre Idem Idem Idem (en 10 ans). A Saint-Domingue

tention, celle du docteur Anderson; en 1788, il n'avait aucune donnée authentique. Il y a une chose certaine , qui est la 'seule importante, c'est que, si les esclaves cultivateurs élevés [bred slaves) n'accomplissent pas, suivant l'opinion des planteurs, plus de 7 à 8 ans de travail, s'ils meurent ou sont renouvelés en 15 ans, nous pouvons en conclure que l'existence des cultivateurs achetés (et nous nous sommes seulement occupés de ceux-ci) n'excède pas 7 ans en général. Si encore nous faisons la part des circonstances , la somme nette de travail ne se monte pas là. Si un nombre égal d'esclaves mourait jeune, jusqu'à ce que le tout fût renouvelé en 15 ans, la moyenne de leur existence serait de 7 ans 1/2. Il y aurait donc égalité, à peu de chose près, entre le travail et l'existence; mais je crois que le premier a été calculé trop haut. 1° Les Africains ont de 14 à 40 ans quand on les amène aux Indes occidentales; ceux achetés dans ces contrées, ayant été maltraités ou durement conduits par leurs maîtres, lorsque ceux-ci, dans la détresse, ont besoin de les vendre, n'ont à ce moment que très-peu d'enfants, sont eux-mêmes affaiblis par l'emprisonnement qui souvent dure plusieurs mois; beaucoup ont le désespoir dans l'âme de se voir vendus comme des bestiaux.

Dans les trois années qui s'écoulent avant qu'ils soient acclimatés , il meurt 2 sur 5 Africains amenés ; et les 14 ans qu'ils auraient remplis sont à déduire de 35 ans (5 fois 7) de travail supposé à exécuter par les 5. Il ne reste plus que 21 ans de travail à espérer pour les 4 années restant sur 7, déduction faite des 3 d'acclimatement qui sont perdues. Cela est tout à fait absurde. On peut appliquer le même raisonnement aux esclaves achetés aux Indes occidentales, qui ont aussi à souffrir beaucoup avant de s'être consolés d'avoir quitté et leurs demeures et leurs parents, °

2

14 16 16 15 15 15

14 14 16 15

et de se faire aux nouvelles plantations et souvent aux îles nouvelles dans lesquelles on les transporte. 3° Le temps de travail réel, quoiqu'il soit, est encore très-réduit par la maladie ou la désertion.

15

4° Suivant Newton, l'espèce humaine en général se renouvelle par la mort tous les 33 ou 34 ans ; mais les esclaves tant achetés qu'élevés se renouvellent tous les 15 ans, deux fois plus vite que les autres hommes, et ceux achetés seulement, quatre ou cinq fois plus vite. La moyenne la plus exacte de la vie d'un travailleur à Londres et d'un soldat de l'armée anglaise n'excède pas 10 ans; celle du

La moyenne de ces trais périodes de renouvellement, 14, 15 et 16 ans, est de 15 ans.

Il n' y a pas à chercher d'autres autorités; ces renseignements sont les seuls que j'aie pu obtenir. De ceux entre parenthèses, les trois premiers n'ont qu'une application partielle, le dernier est purement conjectural, quoiqu'il exprime une opinion digne d'at-


590 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. dernier, 7 ans, si, après s'être acclimaté, il sert aux Indes occidentales. Malgré ces considérations, nous admettons, pour mettre nos calculs à l'abri de toute objection, que le planteur obtienne 7 ans de travail pénible de chaque esclave qu'il achète; cela ne l'empêchera pas, s'il ne recrute des esclaves que par les achats, d'être bientôt complètement ruiné ; et pourtant il y a des planteurs qui ont besoin de réparer ou de faire leur fortune par le travail de ces pauvres créatures frappées de mort sur les navires de traite ou sur les plantations ruinées. C'est un aveuglement sans exemple , et que l'on peut considérer comme une vengeance pour les opprimés.

2.

DEUXIÈME

exemple.

Ce que les calculateurs, aux Indes occidentales, appellent le profit net des plantations, n'est rien autre chose que ce que nous appellerons annuités de travail, dépendant de la vie des esclaves. Dans le seul cas où les esclaves ne décroîtraient pas, ou plutôt s'accroîtraient par des naissances, on pourrait dire profit net. Si je dis : ou plutôt s'accroîtraient, c'est qu'il est clair qu'une plantation sur laquelle le nombre des esclaves ne ferait que se soutenir, est toujours exposée à la dépopulation par les épidémies, la famine, etc. On a déjà dit cela; mais on ne saurait trop souvent le répéter aux imprudents planteurs. Voici le meilleur calcul qu'il m'ait été possible de me procurer sur ces annuités de travail ou profit net, pendant 40 ans, finissant en 1807. 1° En 1768, M. Frère dit que le revenu delà propriété foncière , à la Barbade, n'est pas de 4 p. 0/0 par an. 2 En 1774, M. Long établissait que les produits des plantations à sucre, à la Jamaïque, suivant les circonstances, s'élevaient à 1 1/2,3 1/2 et 10 p. 0/0. Il fixait le produit net à 8 p. 0/0. 3° En 1789, M. Steele portait le revenu d'une plantation, à la Barbade, sur les terres et les objets périssables, à 8 p. 0/0. °

4° Pour la même année, le produit, dans différentes îles, est porté à 3, 3 1/2,4, 5 et 6 p. 0/0. 5° En 1793, M. Edwards, calculant sur les bois achetés, abattus, et sur les terrains mis en culture, évalués à la moitié de la valeur des terres cultivées à la Jamaïque, s'exprimait ainsi : Le profit net du planteur est de 7 p. 0/0 de son capital, sans rien déduire pour compenser la perte des noirs, l'intérêt d'un capital dormant et le dépérissement des bâtiments, et en supposant que le propriétaire réside sur les lieux; car, étant absent, il est sujet à une taxe annuelle de 6 p. 0/0 sur la valeur brute de son sucre et de son rhum, pour commission légale due à son agent. M. Edwards détaille les dépenses et démontre l'erreur du calcul usuel suivant lequel les frais annuels seraient couverts par le rhum. On a vu, depuis lors, qu'à la Jamaïque les dépenses en objets importés d'Angleterre et les dépenses en objets achetés dans l'île se montent, à la Jamaïque, à 25 fr. 5o cent., monnaie d'Angleterre, par chaque quintal de sucre,et, dansles autres îles, à 24 fr. 5o c., outre la valeur du rhum. 6° En 1807, on portait le produit annuel des plantations à sucre,dans les différentes îles, à 0, 1 1/2, 2 1/2,3, 6 et 10p.% du capital; sur une plantation, on les élevait jusqu'à 12 p. 0/0, pour 4 années finissant en 1798; mais ils se sont réduits, depuis, à 3 p. 0/0 et même plus bas. Ainsi, en n'y comprenant pas cette dernière plantation, mais seulement le produit 0 à 10 p. 0/0, il se trouve une moyenne d'un peu plus de 4 1/2 p. 0/0. Si nous déduisons 2 1/2 p. 0/0, ce qui est trop peu pour les charges omises par M. Edwards, et si nous réduisons de cette manière son chiffre de 7 p. 0/0 à 4 1/2, la moyenne sera de 109 francs ou moins de 4 3/8 p. 0/0 de profit net pour ceux qui élèvent des noirs et d'annuités de travail pour ceux qui les achètent, sur les 4o ans finissant en 1807. Cette proportion est la plus applicable à toutes les propriétés anglaises cultivées en sucre.

SECTION II. COLONIES FRANÇAISES1.

N° 138. § 1er. PRIX DE REVIENT DE LA PRODUCTION DU SUCRE AUX ANTILLES FRANÇAISES. (Mémoire présenté par MM. les membres du conseil des délégués des colonies, 1839.) I.

ESTIMATION

approximative d'une sucrerie d'un produit 2

annuel de 100,000 kilogrammes de sucre . Fonds de terre. 130 carrés A 1,081

25,000f 00

335,530f 90c

tières et ustensiles propres à la fabrication. 35,000 00

francs3

140,530f 00c

Maison principale

8,000 00

Dépendances de la maison, cuisine, maga-

Atelier.

sin, etc

130 esclaves à 1,500 francs1

195,000 00

Moulin et apparaux

5,000 00

Hôpital, case A platines, platines pour cuire le manioc 0,000 00 50 cases à nègres de 300 A 500 francs "... 20,000 00 Parcs et appentis pour les animaux 2,000 00

Bâtiments et usines '. 25,000' 00c

Sucrerie et purgerie, appentis de fourneaux, A reporter

c

Report un équipage à 5 chaudières, limandes et citernes, bacs à sucre, bacs à vesou,gout-

101,000 00 25,000 00

335,530 00

A reporter.,

430,530 00

1 Pour les calculs concernant la Guyane française, voir les travaux spéciaux que j'ai publiés sur cette colonie. * 2 Toutes les estimations portées dans ces deux tableaux résultent d'inventaires établis contradictoircment, et de comptes d'habitation et de gestion puisés dans les colonies aux sources les plus respectables. (Note de MM. les membres du conseil des délégués. ) 3 Le carré de la Martinique équivaut A 1 hectare 29 ares 20 centiares ; le carré de la Guadeloupe est de 94 ares 95 centiares. (Idem.) 4 Le prix de 1,500 francs a été adopté comme valeur moyenne, parce que, s'il s'est fait des ventes inférieures A ce taux, il s'en fait encore journellement A des conditions plus élevées. 1,500 francs sont d'ailleurs le prix qu'ont été vendus et que se vendent encore les ateliers ou portions d'atelier ; aujourd'hui même on trouve difficilement de pareilles acquisitions A faire. (En général 80 ouvriers employés A la culture supposent un atelier de 150 nègres.) (Idem.) La valeur des bâtiments est établie eu égard A l' état de vétusté. En général l' estimation est en raison du prix des matériaux et de la main-d'œuvre, sans tenir compte des frais de transport, de manœuvres, etc., qui sont A la charge de l'habitation. Quant aux bâtiments de luxe, il n'en existe pas; ceux devenus inutiles s'estiment pour les matériaux. (Idem. ) « Les cases A nègre que l'on bâtit maintenant coûtent 500 francs. Sous le rapport du logement, comme en tout le reste, il a été apporté de notables améliorations dans le régime des esclaves.

(Idem.)


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. XII. PLANTATIONS A SUCRE. 436,530 00

Report

Report

Voitures et ustensiles.

591 15,550 00

Vêtements et linge d'hôpital.

6 voitures, 2 charrues, 1 charrue fouilleuse, garnies, outils, meule et cloches montées , etc

800 aunes de toile à 1 fr. 50 cent 10,000 00

1,200 00

Casaques et capotes...

300 00 1,500 00

Bestiaux '.

c

Remplacement des bestiaux*.

25 mulets à 450 francs

11,250 00

40 bœufs à 350 francs

14,000 00

50 vaches et suites à 100 francs

2,000 00

5 bœufs à 700 francs (prix courant)

1,100 00 —

2 mulets à 550 francs

5,000 00

3,100 00

30,250 00

Entrelien des bâtiments et usines.

Culture, récolle pendante.

Mécanique, charpente et apparaux du mou-

200,000 livres de sucre, dont la moitié et les sirops pour la fabrication, reste 100,000 livres net à 25 francs, 2

les frais de vente déduits

1,800 00

lin, dépense annnelle. Equipage, 5,000 francs; citernes, limandes,

25,000 00

bacs à vesou et à sucre, ustensiles et gout-

Plantations pour l'année suivante, estimées

tières, 5,000 francs, ensemble 10,000 fr.,

60,000 livres, dont trois quarts et les si-

à renouveler dans 15 ans, soit pour un an

rops pour la fabrication et les (rais de culture, reste 15,000 livres à 25 francs... .

3,750 00

Terres en labour ou prêtes à être plantées. .

700 00

666 66

50 cases à nègres à renouveler dans 25 ans 800 00

(20,000 francs), pour un an 29,450 00

Le reste de l'article bâtiments et usines (53,000 francs), à renouveler dans 40 ans,

Bagasse et engrais.

1,325 00

soit pour un an Bagasse pour cuire 50 à 60 barriques .....

2,500 00

Fumier pour

1,500 00

4,591 66 Impôt communal

250 00

4,000 00 TOTAL Ou en somme ronde

24,991 66'

TOTAL

510,230 00

En somme ronde, 25,000 francs pour 200,000 livres de

500,000 francs.

sucre, soit pour 50 kilogrammes8

2.

ÉVALUATION

approximative des dépenses d'une sucrerie

d'un produit annuel de 100,000 kilogrammes de sucre.

12 50

Il faut y ajouter les frais de vente et de transport dans le pays,savoir : Fret de l'habitation à la ville pour 50 kilogr.

1 20

Gestion, appointements du géreur

5,000f 00c

Commission à 2 1/2 pour 0/0

0 37 1/2

Médecin, par abonnement ou par visite

1,000 00

Magasinage, charroi, conditionnage à 5 fr.

Médicaments3

500 00 300 00

tions

1,000 00

Renouvellement des outils, houes, serpes, etc

250 00

200 futailles à sucre, à 15 francs

3,000 00

Vivres . 4

150 quintaux de morue à 20 francs 30 idem de riz à 30 francs

50 kilogrammes

0 85

T out le monde sait que les irais de rabattage, de fret de la colonie en France, de vente, etc., sur les marchés de la métropole, le déchet, la différence de tare, etc., représentent, d'après les documents les plus positifs, une somme, au minimum 9, de

f

0 50

2 92 1/2

Renouvellement, dans dix ans, des voitures, charrues, ustensiles, soit pour un an

la barrique, pour 50 kilogrammes Impôt colonial, dit droit de capitation, par

Fret des objets de consommation de la ville aux habita-

c

3,000 00

TOTAL

15 00 30 42 1/2

900 00

Farine et aliments, outre ceux fournis par l'habitation

600 00 4,500 00 A reporter

15,550 00

Or, jusque-là il ne s'agit encore, pour le producteur colon, que du remboursement de ses avances journalières ou annuelles pour amener 5o kilogrammes de sucre à l'entrepôt du marché de consommation; mais, dans cette énumération de ses dépenses,

1

Les animaux s estiment sans égard â leur acclimatement et à leur habitude du travail, mais en tenant compte de leur âge et de leur état de santé, ce qui les remet presque toujours, terme moyen, au prix de cargaison porté ci-dessus. (Note de MM. les membres du conseil des délégués.) Dans les quartiers où les habitations sont en généra! d'une médiocre étendue et ont peu de savanes, le nombre des bêtes à cornes y est moindre; mais on y supplée par une plus grande quantité de mulets. Le résultat est le même pour l'estimation de la propriété et pour l'évaluation de la dépense. 2 C'est-à-dire dans l'usine. En 1838 ce prix est tombé à 15 francs et au-dessous. (Idem.) 3

II arrive souvent que la maladie d'un seul esclave coûte les deux sommes portées ci-dessus pour médecins et médicaments. Les visites extraordi-

naires de médecins coûtent de 20 à 40 francs, selon la distance. (Idem.) 4

Les nègres convalescents sont nourris de la table du propriétaire. Cette dépense ne peut guère être évaluée; elle rentre dans la dépense particulière du propriétaire. Quand il est absent, cette dépense se trouve comprise dans les appointements du géreur, qui, dans ce cas, sont toujours plus considérables. — 11 s'agit, bien entendu, d'une habitation où le samedi est donné toute l'année aux nègres. (Idem.) 5

C'est le prix de France. (Idem.)

6

II y a lieu à augmenter le chiffre de celte dépense, à cause des morts accidentelles. Dans l'évaluation de la sucrerie, le prix des bœufs n'a été porté qu'à 350 francs, et celui des mulets qu'à 450 francs; mais ici il s'agit de bestiaux acclimatés et habitués aux travail, et dont le prix est nécessairement supérieur à celui de cargaison; bien entendu qu'il ne s'agit ici ni d'épizooties, ni d'autres cas de pertes extraordinaires et malheureusement trop fréquentes. (Idem.) ' Toutes ces dépenses ont été évaluées pour une habitation dans une situation normale, sans s'arrêter à la différence en plus qui doit résulter pour une gestion que le malheur des temps et les mauvaises lois économiques rendent nécessairement plus onéreuse. ( Idem. ) 8 Avant 1830, les renseignements les plus positifs portaient ce prix à 15 francs; la réduction est de 20 pour %. La nécessité a enseigné l'économie. Cette différence de 20 pour 0/0 est énorme, si on considère qu'elle ne porte et ne peut porter que sur une partie de la dépense. Tout ce qui tient au bien-être des nègres n'a pas été réduit; bien au contraire, cette partie des dépenses a augmenté et tend à augmenter encore. Les articles Gestion, Médecin, sont restés les mêmes qu'avant 1830. (Idem,) Dans une note lue, le 19 janvier 1836, par M. le ministre du commerce à l'assemblée générale des conseils d'agriculture, des manufactures et du commerce, ces frais sont évalués de 15 à 17 francs. (Idem.)


592 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES,—PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

lien ne représente ni le salaire de son industrie , ni l'intérêt de son capital fixe, dont les éléments ont été rigoureusement détaillés dans l'appréciation des valeurs dont se compose une sucrerie coloniale ; et cependant cet intérêt, quel que soit le taux auquel on l'admette, constitue exclusivement la rémunération du travail et le seul moyen d'existence du planteur, et, par conséquent, est le principal élément du véritable prix de revient du sucre colonial. En admettant donc qu'on puisse prétendre qu'un intérêt de 5 pour % doive suffire à cette industrie et à celle nature de biens, on arrive, dans cette hypothèse, aux résultats suivants : Une sucrerie qui produit 100,000 kilogrammes de sucre, représentant , selon le détail ci-dessus, un capital réel de 5oo,ooo fr. l'intérêt à 5 pour % de ce capital répond, pour chaque 5o kilogr. de sucre, à une répartition proportionnelle de 12 fr. 5o cent., qu'il faut ajouter aux déboursés déjà énoncés, pour avoir le véritable prix de revient (qui, pour le planteur, est le prix vénal nécessaire). Ce prix, sur le marché du producteur, c'est-à-dire aux colonies, devra être de 27 fr. 92 c. 1/2 , savoir: Déboursés de fabrication

12f 50c

Frais accessoires jusqu'à l'embarquement

2 92 1/2 12 50

Intérêts du capital fixe TOTAL

27 92 1/2

A l'entrepôt des ports de France ce prix devra être de 42 fr. 92 -cent. 1/2 , savoir : Prix de revient de la fabrication coloniale

27f 92c1/2

Frais de navigation et autres

15 00 42 92 ;

TOTAL

A l'acquitté, c'est-à-dire sur le marché de consommation, le prix devra s'élever à 67 fr. 67 cent. 1/2 , savoir : Prix d'entrepôt

42f 92c1/2

;

Droit perçu en douane

24 75 67 07 j

TOTAL

D'où il résulte évidemment que, dans les prix de 51, 52, 53, cl même 54 francs (au droit actuel), qui, depuis six mois, sont ceux du marché métropolitain, non-seulement il n'y a pas un centime pour représenter les intérêts dus au capital fixe du colon, mais encore que ce capital est journellement entamé, et que la ruine du planteur devient aussi imminente qu'Inévitable.

N° 139. § II. GUADELOUPE. A. PRIX de revient de la production du sucre aux Antilles et

Report

faits divers concernant les propriétés et la culture, d'après

246,400

Nègres.

les calculs fournis par M. Lavollée, inspecteur des finances.

1.

GRANDE

propriété.

Population

200 nègres.

Revenu

400 barriques à 500 kilos chaque.

Capital engagé. — Bâtiments.

85 nègres cultivateurs, ouvriers, laboureurs, sucriers, etc

127,500'

50 nègres, moyen atelier, à

.60,000

65 enfants ou vieillards

39,000

Bestiaux. 25 mulets à 600 francs

15,000'

48 bœufs à 400 francs

19,200

Vaches, suite, etc Moulin. — Le moulin à vent avec le bâtiment qui le contient coûte

Prenons le plus ordinaire........

43,200

9,000 TOTAL du capital engagé

25,000 francs; celui à eau, de 15 à 18,000 francs; celui à vapeur, de 35 à 50,000 francs.

226,500

655,000f

25,000'

Dépenses annuelles obligées.

Sucrerie. — Vastes bâtiments à loger les sucres de toute une récolte et dans lesquels se trouvent les équipages, les citernes et tous les appareils do fabrication

20,000

Équipages montés.— Appentis de fourneaux, ustensiles, etc. Maison de maître..

6,000 20,000

Dépendances.—Cuisine, magasins, etc

4,000

Hôpital et dépendances

4,000

Case à farine

2,500

Cases à nègres. — 80 à 350 francs

Vêtements. — Pour grands et petits, casaques à nègres, capotes de commandeurs, etc

Tonnellerie et chantiers

2,400 138,900f

5,400' 3,500

8,900'

100 carrés à 500 francs Bois; 150

150,000f 50,000

id. à 250 francs

237,500

37,500 A reporter

3,800

400 barriques vides pour recevoir le sucre Pour le rhum , 12 barriques à 30 francs

5,000

Renouvellement de boucs, coutelas et autres outils

1,500

360

boursés faits pour améliorer les fumiers des parcs de l'habitation, pour les saturer de lessive de chaux , etc Réparations aux bâtiments et usines

1,500 5,600

Remplacement annuel des bestiaux :

Terres. Terres à cannes. 150 Carrés à 1,000 francs.... Savanes,jardins à nègres, friches et jachères;

10,800

Fumier et engrais. — Nous n'entendons pas parler de l'acquisition des engrais réduits, nous évaluons seulement les dé-

Ustensiles.

Charrues, harnais, outils, etc

autres, enfants, vieillards, malades, ou paresseux et sans conduite, reçoivent l'ordinaire.

19,000 8,000

Charrettes et tombereaux

Vivres. — Sur une population de 200 individus, 100 peuvent prendre leur samedi en remplacement do l'ordinaire; les

100 ordinaires : 2 liv. 1/2 de morue ) à 2 fr. pour 52 semaines c . 11/2 /2, de 2 pots de farine

2 Cases à bagasse

TOTAL

8,000' 2,500

28,000

Vinaigrerie. — Pièces à grappes, alambic, fourneaux, ustensiles

Gestion. — Appointements du géreur et autres Médecin. — Médicaments, frais d'hôpital

246,400

3 mulets

1,800'

6 bœufs

1,800

3,600

Nous déduisons de la valeur des bœufs le prix obtenu de 4 bœufs de réforme. A reporter

42,660


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. XII. PLANTATIONS A SUCRE. Report

42,660

Droit colonial à 10 francs le quintal (le sucre brut Impôt communal à 2 francs par nègre

4,000 300

Magasinage et commission de vente sur le marché de la colonie

8,100 TOTAL

55,060

Report

3,000

2 mulets et 2 bœufs. (Nous ne faisons pas la part des perles extraordinaires, bien que ce soit ici le cas. )

1,800

Droit colonial

g]2

Magasinage et commission de vente

792 3,000

TOTAL des dépenses obligées

5,060 RESTE

6,250

Réparation des bâtiments, usines, etc

Frais de gestion, faisance-valoir, etc

Déduisant de cette somme les dépenses auxquelles la rhumerie a donné lieu

593

15,454

50,000

Il aura donc été dépensé, dans la localité la plus favorable, une somme de 5o,ooo francs pour arriver à produire 400 barriques de sucre, soit 200,000 kilogrammes. Les 5o kilogrammmes de

Ainsi,dans les conditions défavorables établies ci-dessus, il faut dépenser une somme de 15,454 francs pour arriver à produire 3o,000kilogrammes de sucre et environ 12,000 gallons de rhum; déduisant de la dépense totale celle occasionnée par la fabrication du rhum, on aura un prix de revient de 23 fr. 33 c., non com-

sucre reviennent donc à cette habitation à 12 fr. 5o c., non compris l' intérêt du capital ; et si la vente de ces sucres a lieu au prix actuel de 25 francs les 5o kilogrammes, le propriétaire aura une somme de 5o,ooo francs pour l' intérêt d'un capital de 655,300 fr.

pris l'intérêt du capital, pour 5o kilogrammes de sucre. Vendu à 25 francs, le capital engagé ne rapporte qu'un intérêt de 0 4/10 p. 0/0 par an.

c'est-à-dire 7 6/10 p. 0/0, plus les produits du rhum qui peuvent élever ce chiffre de 2 p. 0/0, total 9 6/10 p. 0/0.

B.

EXTRAIT

des notes de l'administration coloniale en réponse à M. Lavollée.

2.

PETITE

propriété. GUADELOUPE.

Population : 60 esclaves.

Avec engrais les terres donnent

Revenu : 60 barriques de sucre de 500 kilogrammes chaque.

Estimation. Moulin et canal

20,000f

Sucrerie et purgerie

20,000

Une case à bagasse Parcs

1,000

Maison de maître

8,000

Dépendances et cuisine

2,500

Case à farine, grages, platines

2,200

Hôpital et dépendances

barriques de sucre par

58,200f

Premiers rejetons

1,500 à 2,000

Deuxièmes rejetons

1,000 à 1,500

Manioc.

25,500

La même terre donne pendant quatre années de suite. On accorde aujourd'hui 7 à 10 pour 0/0 de tare sur le poids brut du sucre. Nature des engrais employés.

Terres. 50 carrés en cannes

50,000

id, vivres et jardins 40 id. bois

15,000

30

10

2,500 à 3,000 kil.

Cannes plantées

2,500

10,500 15,000

Vinaigrerie

à

Moyenne des revenus des plantations à sucre à la Guadeloupe.

2,000

Cases à nègres, 35 à 300 francs

8

hectare.

75,000

Poudrette, sang desséché, morue. Celle-ci se vend 100 kilos.

francs

12

les

10,000

Valeur vénale des terrains. Bestiaux. Terres à cannes 16 bœufs à 400 francs

6,400

16 mulets à 600 francs

9,600

Vaches et suites

2,000

40 esclaves A 1,500 francs 20

60,000

id. à 500 francs

10,000

70,000

Ustensiles. Cabrouets, charrettes, tombereaux

2,500

Outils, ustensiles de sucrerie, bâts, etc

3,500 TOTAL

400

Bois et savanes

250

C'est tout au plus le sixième de la récolte du sucre qui, dans la fabrication, arrive à la qualité de bonne quatrième. Rendement des sucres purs plus élevé que celui des sucres inférieurs : ceux-ci 75 pour 0/0 ; les sucres purs 90 pour 0/0. Frais accessoires d'un boucaut de sucre.

6,000 252,700

Dépenses annuelles obligées.

Vêtements, casaques, capotes, etc

Fret jusqu'à la Pointe-à-Pître

7

Roulage, pesage et magasinage

3

les 100 kilos

Fret A 10 francs

600

noues et coutelas

250

Frais d'hôpital

600 A reporter

6,250f

10

Ensemble

750' 1,350

11

Impôt en remplacement de la capitation

930

Futailles, 60 à 12 fr. 50 c

12f

Boucaut

Commission à 5 pour % sur un prix moyen de 22 fr.

Nourriture : 30 ordinaires par semaine à 2 francs par nègre, 60 francs; soitpour 52 semaines 3,120f

11.

600

à vivres

18,000

Nègres.

1,200 fr. l'hectare.

à café

43

ou 4 fr. 30 cent, par kilo.

Une machine à vapeur, dont le transport d'Europe avait coûté 439 francs, a coûté 1,348 francs pour être transportée de la Pointe-à-Pître à l'anse Bertrand.

38


594 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES.— PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

N° 140, § III. MARTINIQUE. DÉPENSES

et produit d'une sucrerie située au Vauclin ( Mar-

tinique), l'un des quartiers qui tient le milieu, quant au sol, entre les bons et les mauvais (s'il en est de mauvais), d'après M. Lavollée. ANNÉE 1838.

Morue 29,171 livres

5,609f

402 barils de farine de manioc et de maïs

9,329

Frais d'hôpital, médecin compris pour 800 francs. .

1,970

16 milliers de merrains pour barriques

3,498

1,123 planches pour fonds de barriques et réparation.

2,763

Feuillards pour le rabotage

1,915

31 barils de clous à barriques de 50 kilogrammes...

1,149

Rabatage sur l'habitation de 499 barriques à 1 fr... .

499

Façon des barriques

282

500 livres de vieilles cordes pour ligatures de cercles.

193

96 houes

348

84 coutelas

270

3 charrues, ou réparation de charrues

360

Compte de forge

823

Compte de charronnage et de roues

661

312 hectolitres de chaux

624

Ouvriers maçons et charpentiers

605

Bois du Nord, du pays, fourches, pour réparation. . Façon d'un bac à sirop Étrennes suivant l'usage

1,096 250 300

Suaire.

10

14 baptêmes à 5 francs

70

Gratification de 20 francs aux 14 mères A reporter.,

280 32,904

Report

32,904

Dépenses pour un mariage

20

Gratification aux laboureurs

67

Honoraires des commandeurs

120

Diverses et menues dépenses

4,417

Appointements du géreur

12,000

Achat de bestiaux (dépense exceptionnelle)

11,400

Droit colonial sur 577 barriques à 8 fr. 50 cent. ( 17 francs par 1,000 kil.)

4,980

Fret de l'habitation, à Saint-Pierre, de 581 barriques. TOTAL de la dépense

Récolte

7,265 73,173

581 barriques.

En divisant le montant de la somme dépensée par le nombre de barriques récoltées, on trouve pour chacune d'elles 125 fr. 94c. Nous supposons chaque barrique du poids de 5oo kilogrammes, bien qu'il soit toujours plus fort; et le prix de revient ressort à 12 fr. 59 cent, par 5o kilogrammes de sucre. Mais il faut remarquer que dans la dépense figure une somme de 1 1,400 francs pour achat extraordinaire de bestiaux. Cette depense exceptionnelle, faite comme augmentation du capital, ne saurait entrer dans les charges habituelles de la faisance-valoir; en conséquence, nous la retranchons des 73,173 francs. Il ne reste donc plus en dépense effective que 61,773 francs, qui donnent 106 fr. 32 cent, de frais de production par boucaut, ou 10 fr. 63 cent, par 5o kilogrammes de sucre, prix de revient égal à celui indiqué pour la première catégorie. Il faut remarquer que, dans les dépenses annuelles, le géreur figure pour une somme de 12,000 francs.

N° 141. SECTION III. PRIX DE REVIENT DE LA CULTURE SOUS LE RÉGIME DU TRAVAIL LIBRE A LA JAMAÏQUE. —VALEUR DES PROPRIÉTÉS. des magistrats spéciaux de la Jamaïque sur la valeur des propriétés et sur le prix du travail.

RAPPORTS

20 novembre 1838.

Lors de l'affranchissement définitif, on prétendait que , si cette mesure pouvait être avantageuse aux grandes propriétés, elle serait la ruine des petites. L'événement a complètement prouvé la fausseté de cette assertion ; car les petites plantations ont été les premières où le travail s'est établi, parce que, malgré la modicité de leurs ressources pécuniaires, les propriétaires, d'après le bas prix des salaires, ont été à même de faire ce qu'ils n'auraient pu entreprendre sous le régime de l'apprentissage. Quant à la culture des propriétés en général, j'ai pour moi les calculs d'une personne qui a résidé longtemps dans le pays. Ces calculs prouvent que les haltes de bestiaux peuvent être entretenues avec un tiers en moins de travailleurs que pendant l'esclavage ; une bonne propriété à café et une plantation sucrière, avec un tiers de plus, environ. Signé GRANT.

19 février 1839.

Dernièrement, il s est vendu une propriété de l'intérieur, située défavorablement, a cause de sa distance considérable de tout

port ou point d'embarquement. Le nouveau propriétaire espère retirer de la récolte de cette année, tous frais payés, la moitié du prix de son acquisition. On dit que ce domaine a été payé 5,ooo liv., monnaie locale. Signé CARNABY. 24 février 1839.

On se plaint généralement de ce que les frais du tonneau varient, suivant les circonstances, de 3 liv. 10 sch. à 5 liv. Sansaucun doute, l'extension de l'application des machines et les autres améliorations amèneront par la suite une réduction des prix. Signé

DAUGHTREY.

27

mars 1839.

Quant à celle assertion , que les produits sucriers peuvent supporter le taux élevé des salaires, il n'y a qu'une chose à dire, c'est que l'expérience a prouvé que la dépense par tonneau varie de 3 liv. 10 sch. à 5 liv. Le planteur peut donc ainsi calculer ses dépenses cl ses profits. Le prix de vente du sucre dans la colonie étant de 40 sch. à 54 sch. par quintal de 112 liv., et celui du rhum de 6 sch. 8 den. à 8 sch. 4 den. par gallon, il est facile de prouver que le résultat est extrêmement favorable au propriétaire. Signé

LYON, DILLON

et

KILLY.


ÉTUDE DE L'EXPÉRIENCE ANGLAISE. — CHAP. XII. PLANTATIONS A SUCRE. 30 mars 1839.

Nous pouvons signaler, comme preuve de la prospérité du pays et delà confiance générale dans la durée de celte prospérité, l'augmentation de la valeur de la propriété territoriale, et la difficulté de se procurer, à aucun prix, des maisons de résidence, particulièrement dans les environs des villes, où néanmoins on a fait nouvellement des constructions considérables. Les marchands se livrent aux spéculations ; les artisans sont recherchés avec empressement; enfin le public commence à s'apercevoir que les plaintes hautement répétées sur la ruine du pays provenaient de causes plutôt imaginaires que réelles. Signé

BELL.

et

JACKSON.

1er avril 1839.

Dans cette paroisse, la dépense de fabrication du sucre est généralement de 4 liv. 10 sch. par tonneau , environ ; à ce prix, les planteurs se déclarent satisfaits. Signé PRINGLE.

6 avril 1839.

Du temps de l'esclavage et de l'apprentissage, un entrepreneur de travaux dépensait de 10 à 12 liv. par acre pour exécuter, avec ses esclaves et ses apprentis, le travail, qui consiste à creuser des trous à cannes sur un acre de terrain; maintenant, avec des salaires de 1 sch. 8 den. par jour, un acre de trous à cannes peut être entièrement préparé pour la somme de 2 liv. 10 sch., monnaie courante; au taux de 2 sch. 1 den. la journée, il coûtera 3liv. 2 sch. 6 den. ; à celui de 2 sch. 6 den.,il coûtera 4 1iv.10 sch., et à celui de 3 sch. 4 den., taux le plus élevé dont j'aie entendu parler, il ne revient qu'à 5 liv., ou moitié delà dépense d'autrefois. La dépense totale de chaque nègre pour le planteur était estimée de 6 à 7 liv. par an. Signé RAMSAY.

24 mai 1839.

M. Joseph Gordon, maire (custos) de cette paroisse, a offert d'affermer, pour 2,000 liv. par an, deux domaines appartenant au duc de Buckingham. On prétend que ces domaines n'ont pas rapporté 1,000 francs par au, pendant les années dernières. Signé

lieu de diminuer, les dettes des propriétaires ayant souvent surpassé la valeur des propriétés, ces propriétés seront probablement vendues, et l'on reviendra à cultiver les produits qui seront susceptibles de maintenir en rapport la dépense et le bénéfice. Nous supposerons qu'il y a aujourd'hui un quart en moins de travailleurs occupés à la culture de la canne et à la fabrication du sucre, que du temps de l'esclavage et de l'apprentissage. On sait que, pour prouver l'impossibilité du succès du système de travail libre, des personnes citaient la diminution survenue dans le nombre des cultivateurs, immédiatement après le 1" août. Il s'est écoulé assez de temps, depuis la proclamation de la liberté, pour prouver la fausseté de ces accusations. D'abord, on ne peut établir aucune comparaison entre le travail d'un homme libre et celui d'un esclave, entre le travail forcé et le travail volontaire. On a déjà victorieusement démontré que l'intérêt personnel est le stimulant le plus énergique pour exciter au travail ; que le salaire est un mobile industriel plus puissant que tout autre auquel on puisse avoir recours. Si l'argent produit nécessairement une activité extraordinaire , il en résulte que, sous le régime de liberté, on a requis, pour exécuter la même somme de travail, un nombre moins grand d'individus que sous le régime de la contrainte. J'ai dit que c'était là un fait prouvé. Je m'en réfère, à ce sujet, à la situation de cette paroisse et à l'état des terres à café nouvellement plantées. Cet examen prouvera que les planteurs ne considèrent point les salaires comme trop élevés, car l'on ne peut supposer que l'on cherche à augmenter la culture, si cette augmentation devait être préjudiciable aux intéressés, et ne devait pas au moins les mettre à l'abri de toute perle. M. Burge veut des faits ; ce qui suit peut être considéré comme positif: « Sous le régime de l'apprentissage, j'avais, terme moyen, 200 cultivateurs par semaine. Depuis le commencement du régime de liberté, je n'en emploie, terme moyen, que 20 ou 25. Il est inutile d'ajouter que la propriété est mieux tenue qu'elle ne l'a jamais été à l'époque de l'apprentissage Je ne doute point qu'en fournissant des faits à M. Burge, agent de la colonie, les personnes de Manchester qui ont assumé cette responsabilité n'aient donné ce renseignement important et satisfaisant, à savoir que, pendant la première année du régime de la liberté, on a expédié à Alligator-Pond 1,200 tierçons de café de plus que durant la dernière année de l'esclavage; c'est-à-dire qu'on en a embarqué 2,100 en 1833, et 3,300 en 1839. Signé

GRANT.

BOURNE.

10 juin 1840.

J'ai remarqué que les personnes qui proclament le plus hautement l'état déplorable du pays sont celles qui tiennent le plus aux propriétés qu'elles y possèdent, et qui cherchent le plus à les augmenter, suivant leurs moyens. J'en connais une qui, il y a trois ans, a acheté une propriété. On lui en offrait dernièrement trois fois la valeur; et, au moment même où elle refusait, elle n'en assurait pas moins que le pays était ruiné. A Clarendon, les choses vont assez bien. Dans quelques propriétés, la fabrication du sucre n'est pas en rapport avec la dépense et les difficultés de la culture. On sait généralement que, sous le régime de l'esclavage et de l'apprentissage, les dettes de beaucoup de propriétés, engagées à des marchands anglais, s'accumulaient annuellement. Cet état de choses, préjudiciable au propriétaire, ne l'était pas au marchand qui, à la condition d'une perte annuelle pour le propriétaire, s'assurait du fret pour ses bâtiments, un intérêt de son argent, une commission pour sa peine, et le monopole des produits. Il était donc de l'intérêt du marchand de continuer la culture de propriétés pauvres et mal situées , alors même que cette culture était sans profit pour le propriétaire absent. Je pense qu'à présent les choses vont changer de face. Au II.

595

31 juillet 1840.

La possibilité de cultiver avec succès et économie les diverses productions delà colonie, sous le régime du travail libre, ayant été démontrée par l'expérience de l'année dernière, il devient désormais nécessaire de s'appliquer à découvrir le mode de travail le plus convenable, d'examiner l'intelligence déployée dans la culture des terres, la prudence indispensable pour assurer aux planteurs une succession de bonnes récoltes, enfin de calculer, d'après eux-mêmes, l'intérêt que les capitaux actuellement affectés à l'agriculture coloniale pourront produire plus tard. Signé

LYON.

7 août 1840.

Pour tous les genres d'ouvrages, on a recours au travail à l'entreprise et au travail a la tache. Le salaire payé à l'entreprise et celui du travail à la tâche ou ordinaire sont également modérés Un propriétaire m'a dit qu'après avoir tout terminé dans ses champs, ses travailleurs s'étaient engagés, moyennant 5 liv. l'acre, à abattre des bois d'une étendue, je crois, de 4o acres. Ils abattirent le bois, brûlèrent les buissons, et plantèrent ensuite

38.


596 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. - IIe PARTIE. du café, pour le prix de 5 liv. par acre. Sous l'apprentissage, ce travail, d'après le tarif de travail fixé par les planteurs eux-mêmes, eût demandé 61 hommes par acre. Cinq livres, monnaie courante, par acre ne donnent pas un schelling anglais par jour à chaque travailleur. Certainement c'est là un prix raisonnable. La préparation des pâturages, la construction ou la réparation des haies et autres genres de travaux, sont également exécutés à des

culture dont une partie ne fut jamais payée, et 60 p. 0/0 par la c'est-à et la vente. Cela eut lieu à l'époque la plus inquiétante, Quelque dire lors de la première année d'une liberté complète. ce grand que soit ce bénéfice, nous savons qu'il n'excéda point que M. Arris avait obtenu avant de disposer de son domaine M. Duncan Hamilton vendit dernièrement une plantation encore plus à Saint-Jean, et obtint de celte vente des bénéfices

prix semblables ou même moins élevés.

grands que ceux de MM. Arris et Sanguinetli. Signé

FISHBOURNE.

8 août 1840. Quelque temps après la déclaration de l'apprentissage, M. Arris acheta un domaine, situé à Saint-Thomas-du-Val. Saisi de la panique générale qui se répandit à l'époque de l'affranchissement , il vendit son domaine à M. Sanguinetti, moyennant 5,ooo liv. ( 2,000 liv. environ de plus qu'il ne l'avait payé). M. Sanguinetti, après avoir réalisé 2,000 liv. par la récolte, revendit ce domaine à M. Arris, moyennant 6,000 liv., et obtint ainsi, par une année de culture, 40 p. 0/0 de son capital,

beau- en

contribue L'absence d'une monnaie métallique courante payement il coup à hausser le taux des salaires, parce que le trav ils est nécessairement précaire. A la lin d'une semaine de dont les nègres sont souvent payés au moyen de billets ignorent la valeur, et qu'ils escomptent ensuite depuis A p. % de quel- une jusqu'à 1 0. Comme cet étal de choses favorise les intérêts moyen nts ques personnes, nous craignons qu'il ne cesse qu'au paye loi qui forcerait les banquiers et autres à faire des q en espèces, et qui limiterait l'émission de ce papier. Les bai prélèvent un intérêt considérable sur l'argent. Signé

BELL

et

JACKSON.


CHAPITRE XIII. DES INFIRMES HOSPICES, MAISONS DE CHARITÉ, ÉTAT INSTITUTIONS DE BIENFAISANCE, CAISSES D'ÉPARGNE,

ET DES VIEILLARDS.

SOMMAIRE.

NUMÉROS

TITRES.

DATES.

ORIGINE DES DOCUMENTS.

PAGES.

I

Tordre.

N° 142.

PIÈGES

RELATIVES AUX

INSTITUTIONS DE BIENFAI-

SANCE, ETC.

février 1839.

599

1er février 1839.

Ibid.

10 juin 1839.

601

17 août 1838.

Ibid.

er

A. Extraits d une dépêche de lord Glenelg sur la convenance d'appliquer aux colonies d'Amérique la loi des pauvres d'Irlande.

Extraclsfrom parliamentarypapers, etc. .

B. Extrait du projet de loi sur l'établissement des maisons de travail.

C. Difficulté d'obtenir des législatures locales les res-| sources nécessaires pour l'entretien des pauvres et des infirmes. — Dépêche de sir W. Colebrooke au marquis de, Normanby. D. Circulaire de sir W. Colebrooke , sur le même sujet, aux lieutenants-gouverneurs des îles sous le vent.

E. Dépêche de sir W. Colebrooke à lord Glenelg, sur le même sujet. F. Statuts des sociétés de bienfaisance des frères moraves, à Antigoa.

G. Règlements de la société de bienlaisante dite Sprint] Gardai, à Saint-Jean (Antigoa).

Document recueilli à Antigoa

1

16 mars 1839.

Ibid.

1836.

Ibid.

1838.

602

603 Étal comparatif des recettes et dépenses annuelles de cette société. 304 H. Règlements relatifs au fermage des biens apparie nant aux établissements moraves, à Antigoa.

38. II.

!



CHAPITRE XIII INSTITUTIONS DE BIENFAISANCE, CAISSES D'ÉPARGNE, HOSPICES, MAISONS DE CHARITÉ, ÉTAT DES INFIRMES ET DES VIEILLARDS.

N° 142. PIÈCES

RELATIVES

AUX

INSTITUTIONS DE

A.

EXTRAIT

DE

CHARITÉ,

d'une dépêche de lord Glenelg sur la con-

venance d'appliquer aux colonies d'Amérique la loi des pauvres d'Irlande. Downing-Street, 1er février 1839.

BIENFAISANCE,

ÉTABLISSEMENTS

ETC.

La conclusion pratique de ce que j'avance est qu'il serait nécessaire d'établir des maisons pour la réception de chacune de ces classes; mais il ne faudrait pas oublier, non plus, les asiles destinés aux personnes âgées et infirmes, qui seraient sans aucune

Monsieur, je vous remets une copie d'une dépêche émanée du commissaire de la loi des pauvres, M. Lefèvre. Vous remarquerez qu'il considère la loi des pauvres irlandais, votée dans la dernière

ressource de la part de leurs proches ou amis. A cette fin, une dépense très-modérée suffirait parfaitement, et l'organisation exposée dans la dépèche cijointe pourrait y obvier. D'un autre côté, le plan qui y est exposé serait d'une grande valeur, je

session du Parlement, comme un modèle qui, avec de certaines modifications, pourrait être adopté avantageusement par les législatures des Indes occidentales.

pense, si on le considérait, non comme un remède pour un mal existant, mais comme une précaution pour l'avenir. La société ayant à présent assumé sur elle l'obligation qui,

En vous transmettant ce document, pour votre gouverne, et en vous priant de recommander la loi qu'il renferme à la législature de la colonie qui est sous votre gouvernement, je crois devoir ajouter quelques remarques que l'auteur de l'original n'a point faites, parce qu'il les considérait, sans doute, comme tombant plus particulièrement dans mon domaine. Je souscris entièrement à-son opinion, en ce que la création d'une maison de tra-

jusqu'à ce jour, appartenait aux propriétaires particuliers, de soutenir les indigents, il est de la plus grande importance d'établir, tout d'abord, sous la forme d'une loi positive, les principes

vail est à la fois le remède le plus efficace et le plus humain qu'on puisse opposer à l'accroissement du paupérisme. Je conviens, en outre, avec lui, qu'un telle loi pourrait être sagement incorporée dans le code des Indes occidentales britanniques, sauf à la considérer plutôt comme une précaution contre les abus probables de l'avenir que comme une exigence immédiate. Je crois que le paupérisme, comme il existe dans ce royaume, est inconnu dans ces colonies, et j'espère qu'à moins d'être encouragé par une législation imprudente ou par une application vicieuse de la loi, il ne s'y manifestera point. La demande de travail est si grande, et les besoins physiques des classes pauvres de la société sont si restreints et si aisément satisfaits, qu'il serait difficile de trouver parmi elles un homme en santé réellement dans l'impossibilité de pourvoir à sa subsistance. Si des obstacles inutiles ne s'opposent pointa l'émigration des travailleurs, dans les colonies où la demande de travail est grande et le prix du salaire élevé, je crois que, pendant de longues années, toute personne capable et désireuse de travailler aura son existence assurée. Les seuls objets de la bienfaisance publique seront, pour le moment, des orphelins trop jeunes pour travailler, des personnes atteintes de maladies, et des personnes devenues incapables par les infirmités de la vieillesse. Dans une grande partie des colonies, un simple hôpital de dimensions ordinaires recevra tous les malades, et des dispositions seront ordonnées pour l'éducation et l'entretien de tous les orphelins abandonnés, dans une seule école, qui ne dépassera pas la grandeur ordinaire. Ceux que la décrépitude et des infirmités incurables rendront impotents trouveront beaucoup de ressources dans la charité privée et dans l'affection île leurs proches, sentiment dont la race nègre est rarement dépourvue. IL

d'après lesquels ce devoir sera dorénavant rempli. Si le système que l'on propose pour l'entretien des indigents, aux frais de l'Etat, était marqué au coin de la témérité, et si ses conditions offraient une existence dépendante, plus attrayante qu'une vie de labeur et d'indépendance, nul doute qu'une foule d'individus se trouveraient toujours prêts à profiter eux-mêmes d'une occasion qui favoriserait leur amour pour l'inaction et le repos, dispositions communes à toutes les races sous le climat des Indes occidentales. La difficulté de distinguer le besoin réel du besoin produit par l'indolence serait aussi grande là qu'elle l'a été ici. Une telle loi, promulguée en ce moment dans les colonies, serait sans doute destinée à demeurer sans application. Cependant elle agirait indirectement, pour prévenir l'accroissement du paupérisme; elle ne recevrait d'application que très-rarement, ou peut-être jamais, dans quelques colonies; mais elle aurait établi un principe solide et une règle de conduite propres à être appliqués sur une échelle de peu d'étendue, pour la distinction entre la véritable et la fausse indigence; elle fournirait aux objets immédiats de la charité publique les moyens d'échapper à un extrême besoin, partout où il pourrait se manifester, tandis qu'elle empêcherait d'être à la charge de l'Etat toutes les personnes qui pourraient trouver quelques ressources dans leur propre activité ou dans l'assistance de leur parents ou amis. Signé

B. EXTRAIT

GLENELG.

d'un projet de loi sur l'établissement des maisons de travail.

Non-seulement il a été démontré, par les recherches des personnes éminentes qui, en 1822, furent chargées de l'enquête relativement à la loi des pauvres, qu'il existait, dans le système des maisons de travail, un remède à tous les maux que nous avons énumérés plus haut ; mais ce remède a été déjà appliqué,

38..


600

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE.

en grande partie, et avec un tel succès que la législature de ce royaume a été obligée d'entreprendre, pour ce qui regarde l'Irlande, la même lâche que l'on veut recommander aux législatures des colonies des Indes occidentales, c'est-à-dire l'adoption de mesures d'ensemble pour le soulagement des indigents. Cet acte contiendra, 1° l'exposé succinct des principes sur lesquels repose le système des maisons de travail. 2° La désignation des moyens nécessaires pour réaliser ce système et pour indiquer la manière de constituer les fonctionnaires qui doivent employer ces moyens; l'acte contient des enquêtes, une exposition brève des diverses dispositions de l'acte irlandais, en faisant la distinction de ceux qui sont applicables à l'état présent des colonies des Indes occidentales, et en discucutant ceux qui semblent devoir être pris en considération. 3° Le principe sur lequel est basé le système des maisons de travail est simple et intelligible. Il consiste en ceci, que le soulagement offert aux indigents, aux frais de la communauté, doit être présenté de (elle manière, qu'il rende la condition de ceux qui le recevront moins avantageuse que celle du laboureur indépendant, ou de ceux qui, par leur propre industrie, ou avec l'aide de leurs amis, auraient des moyens de subsistance. Evidemment ce principe ne peut être mis en pratique que si l'on donne asile aux seuls indigents ; le pauvre ne devra recevoir un secours qu'en désignant la nature et la somme exacte de ses besoins, et à condition d'être placé sous l'inspection et le contrôle d'un officier spécial.

e

IX. Fixer l'époque à laquelle commencera la distribution des secours aux pauvres. X. Distribuer les secours dans la maison de travail, ce qui comprend, parmi d'autres points , les suivants ! 1° Formation d'un bureau pour entendre les demandes de secours, et décider .s'il y a lieu de les accorder; 2° La direction et le contrôle des officiers delà maison, et la nécessité de l'accomplissement de leurs devoirs; 3° Engagement pour subsides. XI. L'inspection vigilante de la maison et de ses locataires par une autorité indépendante. XII. Contrôle des dépenses. Les diverses mesures qui viennent d'être énumérées sont confiées par la législature anglaise à la surveillance de deux classes de fonctionnaires, les commissaires de la loi des pauvres et le conseil municipal. L'administration actuelle des secours est confiée à des conseils électifs choisis dans les divers districts pour lesquels ils agissent respectivement, et qui remplissent ces devoirs gratuitement.Les fonctions qui ont un caractère législatif, c'est-à-dire la formation des statuts delà maison, la fourniture de ce qui lui est nécessaire et les mesures qui y ont rapport regardent le conseil des commissaires de la loi des pauvres. Il semblerait que le peu d'étendue des colonies des Indes occidentales et les circonstances particulières où se trouvent ces établissements appellent une modification de ce système. On jugera probablement plus convenable de placer l'administration

La maison de travail offre les seuls moyens sûrs et praticables pour arriver à cette lin clans un établissement de cette na-

actuelle des secours clans les mains d'un petit nombre de fonctionnaires salariés, au lieu de la confier à un conseil nombreux

ture; chaque besoin réel du pauvre peut être soulagé, mais pour accepter de pareils secours il faut être bien réellement pauvre. C'est l'abandon de ce principe, et l'adoption d'un système de soulagement, sans maison de travail, qui a conduit l'Angleterre aux dépenses ruineuses et aux maux bien plus grands encore produits par la taxe des pauvres. Et, à moins que le principe qui a présidé à l'établissement des maisons de travail ne soit maintenu dans sa stricte et entière intégrité, il serait inutile d'espérer que ceux qui commencent maintenant une vie industrieuse et indépendante se conformeront à leur nouveaux devoirs de fournir à leur propre subsistance et à celle de leurs enfants, ainsi qu'à celle de leurs vieux parents, tout comme de prévoir les maladies et les accidents, et de se réserver les ressources qui leur seront nécessaires dans un âge plus avancé.

agissant volontairement et gratuitement. Cet avis repose sur les considérations suivantes : 1° La responsabilité des agents salariés, beaucoup plus grave que celle des agents gratuits;

4° Il est nécessaire de mentionner les mesures à prendre pour l'établissement légal des maisons de travail. Ces mesures sont : I. Définir la condition des locataires de la maison de travail, ou, en d'autres termes, la disposition de ses statuts. Jusqu a ce que les statuts soient établis il ne sera pas possible d'arriver à un résultat satisfaisant quant à la nature et à la distribution des bâtiments à construire. IL Désigner le nombre supposé d'indigents qu'on devra loger. III. Etablir et fixer la nature, la grandeur, les divisions et le plan d un maison de travail, avec ses dépendances nécessaires. IV. Choisir et acheter un terrain convenable, ou, si le cas le permet, des bâtiments déjà existants, qui pourraient être arrangés pour l'objet qu'on se propose. V. Construire la maison de travail, ou approprier à cet usage les bâtiments existants. VI. Pourvoir la maison de son ameublement et de tous les objets qui lui sont nécessaires. VIL Fournir des fonds pour le payement de ces objets et l'entretien des indigents. VIII. Nommer les officiers de la maison.

2° La plus grande uniformité et l'observance plus stricte des règles et des principes qui caractérisent la gestion de personnes inamovibles, tandis qu'il se présente de grandes variations et des contradictions fréquentes, lorsque l'administration est confiée à un conseil nombreux, dont la composition change très-souvent, tantôt par la mutation de ses membres, tantôt par l'absence des uns ou la présence des autres; 3° L'économie réelle, pour la communauté, résultant delà nomination d un conseil salarié, au lieu d'appeler un plus grand nombre de personnes qui sacrifient leur temps et leur travail; La condition spéciale des habitants des Indes occidentales, propres à celte charge, et qui se trouvent, pour la plupart, déjà engagés dans l'accomplissement de plusieurs services gratuits pour la communauté ; 5° La sévérité nécessaire à l'administration des maisons de travail: si l'administration était exercée par un conseil non salarié, composé, comme il arriverait presque toujours, d'hommes qui ont déjà été chefs d'esclaves ou d'apprentis, elle ne manquerait pas de donner lieu à d'injustes défiances. Toutes les fois que la législature d'une colonie aura contribué à l'établissement d'un corps salarié de gardiens pour le soulagement des pauvres, il doit être, eu outre, recommandé que quelques-unes des mesures exécutives que les commissaires de la loi des pauvres remplissent en Irlande soient appliquées dans la colonie. Ces mesures-consistent en une enquête préliminaire pour le soulagement des indigents; la préparation des plans de la maison de travail, le choix et l'achat d'un emplacement, l'engagement nécessaire pour la construction delà maison de travail et la surintendance de sa complète organisation. Eu égard, ceendant, à leurs bases, les statuts de la maison de travail ne définissant pas la condition des locataires de la maison, mais aussi exerçant une protection sur ceux qu'une autorité arbi-


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. —CHAP. XIII. INSTITUTIONS DE BIENFAISANCE, ETC. traire des gardiens atteindrait, il semblerait imprudent de se départir des principes du bill irlandais , qui fait reposer ce pou-

D.

voir sur des officiers exerçant une espèce d'autorité législative et contrôlant, régularisant les actes des officiers municipaux. Bien que les raisons qui ont amené la création d'un tel corps en Irlande n'existent point au même degré dans les colonies des Indes occidentales, cependant un grand inconvénient se produirait probablement dans la colonie qui aurait une assemblée législative, si la législature elle-même tentait d'imaginer des statuts pour la maison de travail, et si, dans l'intervalle des sessions, il n'y avait point d'autorité constituée, ayant pouvoir de faire immédiatement aux statuts toutes modifications qui seraient rendues nécessaires par des circonstances fortuites ou imprévues; il semblerait devoir être établi que l'on formerait un conseil spécial dans chaque colonie, ayant une assemblée législative. Ce conseil consisterait en trois personnes, dont l'une serait reconnue par le gouverneur; les autres seraient membres du conseil et de l'assemblée et seraient choisis par ces corps eux-mêmes. On ne propose pas de restreindre les fonctions de ces commissaires seulement à la formation des statuts de la maison de travail, ils doivent avoir la faculté de faire tels autres règlements qu'ils jugeraient convenables pour le gouvernement et le contrôle du corps des gardiens ; ils fixeraient l'époque à laquelle l'adminis-

sujet. — Extrait d'une circulaire désir W. M. G. Colebrooke aux lieutenants gouverneurs des îles sous le MÊME

vent. 17 août 1838.

Le succès qu'a obtenu, avec le concours de la législature, la formation d'un établissement à Saint-Jean pour la réception de ceux qui, étant sans parents et amis, demandent des secours et des soins médicaux, et qui y sont envoyés des plantations environnantes à des prix fixés, m'engage à recommander cet objet à votre considération; mais, dans la majorité des cas, je sais que les habitudes simples du peuple feront préférer une légère allocation pour pourvoir ou aider à leur subsistance. La nomination d'un curateur des pauvres, dans chaque commune, sera une précaution très-urgente pour que les secours les plus prompts soient offerts aussitôt qu'ils seront requis.

E.

MÊME

sujet. — Extrait d'une dépêche de sir

serve pour eux de les renvoyer. Les commissaires auraient pareillement , soit par eux-mêmes, soit par un officier qu'ils désigneraient, à entendre les rapports des gardiens et à visiter de temps en temps la maison de travail, et à examiner la condition de ses habitants. Il semblerait que les devoirs de ces commissaires, quoique importants, ne prendraient pas une somme de temps et de travail assez grande pour les salarier. Les mesures ci-dessus mentionnées comme nécessaires à l'établissement d'un système de maison de travail seront remplies, dans les colonies ayant des assemblées législatives, non par l'action immédiate des législatures, mais par les commissaires et les gardiens, dont les fonctions ont été expliquées plus haut. Cependant plusieurs objets concernant l'administration et le soulagement des pauvres seront traites par les législatures des colonies.

C.

DIFFICULTÉ

d'obtenir des législatures locales les res-

sources nécessaires pour l'entretien des pauvres et des infirmes. — Dépêche de sir W. M. G. Colebrooke au marquis de Normanby. 10 juin 1839.

Votre seigneurie doit savoir que, dans les actes additionnels de l'abolition passés tin 1833, un fonds de réserve fut créé pour venir au secours des pauvres résidant sur les plantations, et cela pendant le terme fixé pour l'apprentissage. A l'expiration de ce système, on adopta, dans chaque colonie, une mesure temporaire pour faire face aux nécessités de la situation nouvelle. Ces ressources sont devenues généralement insuffisantes; il en est résulté de grands maux et la mort de quelques individus. D'après la difficulté qu'il y a d'obtenir des assemblées locales qu'elles adoptent des mesures générales ou permanentes, et comme, dans l'état de désordre où se trouvent actuellement les finances, les dépenses qu'occasionne l'entretien d'une maison de travail seraient un obstacle presque insurmontable, il serait convenable, au moins pour le moment, d'accepter tel secours que la législature voudrait bien accorder.

W. M. G.

Colebrooke à lord Glenelg.

tration du soulagement des pauvres commencerait, et leur approbation serait nécessaire au choix de l'emplacement et des plans ainsi qu'au coût des travaux de la maison de travail. Il faut observer, en outre, que ces commissaires devront, pour le moment, nommer eux-mêmes les gardiens salariés, sauf ré-

601

16

mars 1 83g.

Je vois avec peine la lenteur que mettent les législatures locales à prendre des mesures pour les pauvres, et pour remédier aux souffrances auxquelles beaucoup d'infirmes ont été exposés. On a démontré souvent combien la population nègre avait témoigné de sympathie pour un établissement de cette nature. Les difficultés financières qui sont alléguées ne peuvent plus être admises par ceux qui connaissent la valeur de produits qui sont, chaque année, le fruit de leur travail. Je n'ai pas manqué de recommander ce sujet important à toutes les législatures locales.

F.

STATUTS

des sociétés de bienfaisance des frères moraves, à Antigoa. (1836.)

Le but de cette société est de procurer des secours mutuels à ses membres en cas de maladie ou de misère, de pourvoir, après leur mort, aux frais indispensables de leurs funérailles, et, à l'occasion, de prêter aussi assistance, autant toutefois que le fonds social peut le permettre, à toute autre personne qui se trouve dans des circonstances difficiles. La société est administrée par des collecteurs, un directeur et un trésorier. Le collecteur est chargé : 1° De recueillir les souscriptions et d'en verser, toutes les quatre semaines, le montant au directeur spécialement chargé de les garder en dépôt ; 2° De veiller sur les membres de la société et de signaler au directeur les divers cas d'immoralité ou d'inconduite qu'il peut, y avoir à leur reprocher; 3° De s'assurer et de faire le rapport au directeur de tous les cas de maladie ou de besoin qui affligent les membres de la société, comme aussi des cas de besoin imprévus où pourrait se trouver également toute autre personne étrangère à la société ; 4° De faire connaître immédiatement au directeur le décès des membres de la société on de leurs enfants, afin qu'il puisse être pourvu en temps utile et d'une manière convenable à leurs funérailles. Chacun des collecteurs, à sa nomination, recevra un exem


602

e

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE.

plaire des présents statuts pour se guider dans l'accomplisse-

3° A la naissance de chacun de leurs enfants nés dans le ma-

ment de ses devoirs et pour être à même de faire connaître aux

riage, elles recevront 1 dollar pour le faire baptiser ou présenter

membres de la société les clauses et conditions qui la régissent.

à l'église.

Les fonctions du directeur consistent à tenir les comptes de la société, à diriger ses affaires et à surveiller ses intérêts. 11 préside les assemblées et est spécialement chargé de veiller à l'exécution exacte des règlements. Le trésorier de la mission des frères, à Antigoa, est aussi le trésorier de la présente société et chargé de la gestion de ses fonds.

9. En souscrivant pour 1 schelling par mois, payable d'avance, pour être portée sur la liste du médecin, toute personne, qu'elle soit ou non membre de la société, aura droit, en cas de maladie, à recevoir les secours de la médecine, ainsi que ses enfants âgés de moins de douze ans, pourvu toutefois que les maladies ne soient point occasionnées par une vie déréglée et qu'on réside dans l'étendue du district de l'établissement médical.

STATUTS.

10. Ne pourront avoir droit aux secours de la société les per-

1. La société ne se composera que de personnes appartenant à l'Eglise des frères-unis à

et faisant partie de quel-

qu' une des classes de la congrégation qui y est établie.

sonnes devenues impotentes ou infirmes par suite d'inconduite ou de débauche, ou qui se seraient blessées à dessein. 11. Tout membre de la société convaincu de crime, mis en

2. Ne pourront être admises comme membres de la société les personnes atteintes de maladies graves et incurables ou affectées

soit de fraude envers la société, soit d'opposition à l'exécution

de quelque infirmité corporelle. Les membres de la société ont seuls droit à ses bienfaits. Néanmoins la société se réserve la faculté d'y faire participer, à l'occasion, les personnes malheureuses que les circonstances

souscrit pour

un schelling

des présents statuts, soit d'insultes à l'égard d'un collecteur dans l'exercice de ses fonctions, perdra non-seulement le montant de sa Souscription, mais aussi tous ses droits aux bénéfices ultérieurs du fonds social, et ne pourra plus faire partie de la société.

auraient mises dans l'impossibilité de souscrire. 3. Chaque membre

prison par un magistrat, ou exclu de l'église ou reconnu coupable,

12. Une assemblée générale de la société aura lieu, tous les

par mois

payable d'avance.

ans, à la Pentecôte et à Noël.

4. Si, par suite des maladies générales occasionnées par la température, les fonds de la société se trouvaient épuisés, il sera fait un appel à ses membres à l'effet d'augmenter le montant de la souscription.

G.

RÈGLEMENTS

5. Celui des membres de la société qui, sans motif suffisant,

de la société de bienfaisance dite de Spring-Garden.

laisserait sa souscription en souffrance pendant trois mois perdra, A Saint-Jean d'Antigoa, 1838.

pour l'avenir, tous ses droits aux bénéfices du fonds social. 6. Les dépenses courantes acquittées, ce qui restera sur le montant des souscriptions, sera versé, chaque trimestre, entre les mains du trésorier. 7. Trois mois après son admission, tout membre de la société aura droit aux avantages ci-après : °

1

Plusieurs membres de l'Eglise des frères unis de la ville de Saint-Jean, ayant appris que quelques-uns de leurs frères et sœurs se trouvaient dans une telle indigence qu'ils manquaient, pendant leurs maladies , des moyens de se procurer une nourriture convenable, ayant appris aussi que les restes de plusieurs

il lui sera alloué a schellings par semaine lorsque, par suite

que la mort avait frappés n'avaient pu être ensevelis qu'au moyen

de maladie ou de quelque infirmité, il se trouvera réduit à ne pouvoir gagner sa vie ou se livrer à ses occupations ordinaires;

de souscriptions qu'on s'était vu clans l'obligation pénible de solliciter par toute la ville, se son! fait un devoir de chercher à re-

mais, si sa maladie ou son infirmité se prolonge au delà de

médier a une pareille calamité, de subvenir aux moyens de se-

douze semaines, il n'aura plus droit qu'à une allocation de

courir le pauvre et de provoquer une mutuelle assistance dans

1 schelling par semaine.

les cas de maladie. Dans ce but, une société a été fondée, en

a* Etant dans le besoin, il aura droit à des secours suivant

septembre 1828, sous le nom de Société de bienfaisance des

la nature du cas dans lequel il se trouvera et suivant que le per-

membres de l'Eglise des frères-unis, dans la ville de Suint-Jean, et

mettront les ressources de la société. 3° A son décès, il sera donné pour ses funérailles 6 dollars; toutefois il sera retenu sur cette somme ce qui pourrait être dû sur le montant de sa souscription.

un comité a été nommé afin d'assurer l'exécution des statuts de la société. Le nombre des membres de la société s'étant graduellement accru, et la sphère s'en étant agrandie par l'accession de diverses

4° Au décès de ses enfants, il sera également donné, savoir:

personnes appartenant à d'autres sociétés, on a jugé convenable

1 dollar pour un enfant au-dessous de quatre ans, 2 dollars pour

de lui donner un nom et d'adopter des mesures plus étendues,

un enfant au-dessous de huit ans, et 3 dollars pour un enfant

en rapport avec le développement de ladite société

au-dessous de douze ans. 8. Un an après son admission, tout membre de la société aura droit aux avantages suivants : 1° Lorsque, par son âge ou par suite d'infirmités, il se trouvera impotent et réduit à ne pouvoir rien faire, il sera admis comme pensionnaire de la société, et il lui sera alloué 1 schelling par semaine; mais, une fois devenu pensionnaire, il n'aura

Divers règlements ont été préparés en conséquence, et acceptés par la société et l'assemblée annuelle qui s'est tenue dans l'école de Spring-Garden, le 8 octobre

1832.

Ces règlements,

après avoir été revus soigneusement, ont été réimprimés pour être répandus et pour l'instruction particulière des membres que la société nommera, de temps à autre, pour la direction des affaires qui la concernent.

plus droit aux autres avantages dont jouissent les membres de la société, et, à son décès, au lieu de 6 dollars, il n'en sera plus donné que 3 pour ses funérailles. 2° Les femmes mariées, lorsqu'elles seront en couches, rece-

RÈGLEMENTS.

I

vront 1 dollar, et, un mois après leurs couches, les deux schel-

La société s'appellera Société de bienfaisance de Spring-Garden.

lings par semaine alloués en cas de maladie, si cela est jugé

L'objet de cette société est d'aider par des secours d'argent tous

nécessaire

ceux qui en feront partie, dans le cas de maladie ou de besoin


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. - CHAP. XIII. INSTITUTIONS DE BIENFAISANCE, ETC.

603

imprévu ; de pourvoir, en partie, aux dépenses de leurs funé-

Tout membre du comité qui négligera de se rendre à la

railles , et d'étendre, à l'occasion, ces secours aux personnes

réunion mensuelle et ne pourra pas motiver son absence d'une

mêmes qui ne seront pas membres de la société, lorsqu'elles se

manière plausible, payera une amende de deux schellings.

trouveront sans ressources, et que l'état des fonds le permettra.

5° Si un membre du comité s'absente pendant trois mois des réunions mensuelles, sans pouvoir donner à ce sujet une raison

II.

valable, il perdra son titre de membre du comité.

Un comité, composé de quinze frères et de quinze sœurs,

6° Si un membre du comité se rend coupable, pendant une

sera nommé tous les ans pour diriger les affaires de la société.

réunion , de paroles ou de manières offensantes , ou s'il refuse

Ce comité devra choisir, parmi ses membres, un président, un

d'obtempérer à l'invitation réitérée du président, de rentrer

vice-président et une directrice.

dans Tordre, il devra être destitué, et ne pourra plus être

Tous les membres du comité, à l'exception du président, sont

admis au nombre des membres du comité que s'il obtient la majorité des voix, de la part des frères et sœurs témoins de

collecteurs et inspecteurs. Leurs devoirs, comme membres du comité, sont déterminés à

l'offense. 7° Si un ou plusieurs membres du comité se retirent de la

l'article 4. Leurs devoirs comme collecteurs consistent à percevoir les

réunion, après que le nombre des membres nécessaire aura été

souscriptions des membres en faveur de la société, à lever les con-

rassemblé, la réunion n'en continuera pas moins ses opérations

tributions parmi les membres et amis, pour le soulagement des

habituelles.

indigents, et particulièrement des pensionnaires de la société.

8° Tous les membres du comité sont tenus, lorsqu'on leur en

Les fonds de ces souscriptions et contributions devront être re-

aura fait part, d'assister aux funérailles des membres et des pen-

mis immédiatement entre les mains du secrétaire.

sionnaires de la société décédés, à moins d'une impossibilité

Comme inspecteurs, ils sont chargés de faire l'examen des rapports au sujet des souscripteurs malades ou décédés, et, si les faits mentionnés sont reconnus vrais, d'en rendre compte sur-le-

réelle. Toute infraction dans ce cas sera punie d'une amende de deux schellings. 9° Toutes les amendes imposées aux membres du comité devront être payées au secrétaire par lesdits membres, avant de

champ au secrétaire. Le devoir du président est d'assister à chaque assemblée du

reprendre leurs sièges dans le comité.

comité, et de présider toutes les réunions ; de s'assurer si les rè-

10° Il ne sera fait aucun changement dans les règlements et

glements du comité sont bien observés; d'en faire, au besoin,

l'on ne pourra remplir aucun vide dans le comité que moyennant

observer l'exécution ; de distribuer les sommes d'argent accordées

le consentement de la société.

pour cause de maladies , de funérailles, ainsi que celles dues aux

11° Une copie de ces règlements sera remise à chaque mem-

pensionnaires ; de se rendre chez les souscripteurs mâles, en cas

bre, homme ou femme, dès sa nomination comme membre du

de maladie, d'absence ou de mort de leur collecteur, et, en gé-

comité.

néral, de s'occuper, de tous ses moyens, des intérêts et de la prospérité de la société.

V.

Nul ne pourra être admis ou réadmis au nombre des membres

Le devoir de la directrice est de se rendre chez les souscrip-

de la société s'il n'habite pas la ville de Saint-Jean, s'il est âgé

teurs du sexe féminin, dans le cas où elle y est obligée par la

de moins de douze années, ou est affecté d'une maladie incu-

maladie, l'absence ou le décès des collectrices, et de veiller de

rable ou de naissance.

tout son pouvoir aux intérêts des femmes qui font partie de la

VI.

société. Toute personne admise ou réadmise par le comité au nombre III. Comme, dans le commencement, le but de la société était de

des membres de la société payera pour admission la somme de deux schellings, et recevra une copie de ces règlements.

secourir les membres indigents de l'Eglise des frères; comme aussi il est nécessaire que la société soit maintenue dans ses dispositions premières,

il

est ordonné qu'aucune personne ne

deviendra ou ne restera membre du comité, si elle n'est pas membre de ladite Eglise ainsi que de la société.

VII.

Tout membre de la société souscrira à l'avance pour deux schellings par mois. Ces fonds seront remis par les collecteurs au secrétaire, qui en rendra compte, tous les trois mois, au comité. Ce qui restera dans la caisse, à la fin de chaque trimestre,

IV. Instructions pour le comité.

en dehors des dépenses courantes, reviendra au trésorier de la société. VIII.

1° Le comité se réunira dans l'école des frères, à SpringGarden, le premier lundi de chaque mois, pour examiner les

Une personne qui aura omis de payer la souscription exigée,

demandes d'admission dans la société. Il s'assurera si les sous-

pendant six mois, cessera de faire partie de la société ou de pro-

criptions ont été lovées et remises au secrétaire ; si les règlements

fiter des avantages qui sont attachés au titre de membre, à moins

de la société ont été suivis avec exactitude. Il devra, en général,

pourtant que les arrérages ne soient entièrement soldés, ou

donner son attention à tout ce qui concerne la société.

qu elle n obtienne sa réadmission comme membre nouveau.

a" Les deux tiers des membres du comité, hommes et femmes, constitueront une assemblée. Deux frères et deux sœurs pourront aussi, conjointement avec le président et le secrétaire, former une commission pour les cas inattendus. Toutes les décisions de cette commission devront dire rapportées au comité dans la réunion du mois suivant.

IX.

Trois mois après leur admission dans la société, et après avoir payé exactement trois mois de souscription, les membres jouiront des avantages suivants : 1° Un secours de quatre schellings par semaine leur sera accordé, dans le cas où ils seraient affligés d'une maladie ou d'une

3° Toutes les questions, dans les assemblées delà société, du

incapacité corporelle qui les rendrait incapables de subvenir à

comité ou de la commission, seront résolues par la majorité des voix. Les sœurs ont la liberté de voter dans tons les cas qui ont

leur subsistance, ou les empêcherait de se livrer à leurs occupa-

rapport aux personnes de leur sexe.

inspecteurs, et notifiés au secrétaire dans les trois jours, excepté

tions ordinaires. Ces cas, du reste, devront être constatés par les


RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES, —II PARTIE.

604

e

pourtant dans les cas de détresse imprévus. Si ces maladies ou

XII.

indispositions n'ont pas une durée de trois jours, les indivi-

convaincu de Si un membre de la société est légalement fraude à quelque crime et condamné à la prison, ou s'il commet

dus qui en auront été affectés n'auront aucun droit au secours d'usage.

contrairement l'égard de la société, ou en est devenu membre envers un aux règlements, ou, enfin, se rend coupable d'insulte

2° Des secours médicaux, pour eux et pour leurs enfants lé-

gitimes jusqu'à l'âge de douze ans, dans tous les cas de mala-

montant collecteur dans l'exercice de ses fonctions , il perdra le avat autres tous des souscriptions qu'il aura versées, ainsi que tages pécuniaires, et cessera d'être membre de la société.

die, pourvu qu'ils résident dans la ville de Saint-Jean, qu'ils n'aient pas été exclus, en vertu des règlements, de toute participation aux avantages de la société, et que leurs souscriptions aient été pleinement soldées au premier lundi ou avant le pre-

XIII.

mier lundi des mois de mars, juin, septembre et décembre,

société se Si, au moment d'une épidémie, les fonds de la

époques auxquelles sera remise au docteur la liste des membres

trouvaient épuisés, chacun des membres sera tenu de

qui auront droit, dans le trimestre suivant, aux secours de la

souscrire

du reste, pour une somme plus forte que d'ordinaire, suivant,

médecine.

le besoin des circonstances.

3° A la mort des membres , on payera douze dollars pour leurs funérailles. Sur cette somme seront retenus les arrérages de sous-

XIV.

cription dus à l'époque du décès. convenable^

Pour entretenir parmi les membres un intérêt

4° Pour les funérailles d'un enfant d'un membre de la société,

âgé de moins de quatre ans ; trois dollars, s'il est âgé de quatre

uns ce qui concerne la société, et les exciter à s'aimer les de ni' la autres, à faire de bonnes œuvres et à ne pas se lasser

à huit ans, et de quatre dollars, s'il est âgé de huit à douze ans.

dans les voies du devoir, tous les trois mois,

il sera accordé le secours suivant : Deux dollars, si l'enfant est

réunions de la

des

société auront lieu le second lundi des mois de décembre, mars X.

et juin. Pendant ces réunions, on exposera les comptes du tripourront exister dan? meslre passé, on remplira les vides qui

Douze mois après leur admission dans la société, les femmes mariées auront droit à deux dollars pendant leurs couches, et

comité pour le courant de l'année, et l'on renverra à la réunion

à deux schellings par semaine,

trimestrielle la solution des questions posées par le comité-

pendant le mois de maladie

qui suivra leurs couches, s'il est reconnu qu'elles sont dans le besoin.

XV.

XI.

lundi Une réunion annuelle de la société aura lieu le second compte des un

de septembre. Dans celle réunion, il sera rendu

Tout membre de la société qui se mutilerait ou se ferait à lui-même quelque blessure, avec intention, ne recevra aucun

choisira un vaux de l'année, le comité sera renommé ou l'on en

soulagement de la société. Il en sera de même de ceux qui se

nouveau, et les questions que le comité aura pu poser seront envoyées à la réunion annuelle.

livreront à l'ivrognerie, à la débauche ou à une vie désordonnée.

oa

ÉTAT COMPARATIF

)

des recettes et des dépenses annuelles de la société de bienfaisance de Spring-Garden, à Saint-Jean (Antig

1 re ANNÉE 2e ANNÉE 3" ANNÉE 4e ANNÉE finissant finissant finissant finissant au au au au 21 septemb. 20 septemb, 30 septemb. 8 octobre 1829. 1832. 1830. 1831.

9e année 7" ANNÉE 8e ANNÉE 5e ANNÉE 6e ANNÉE ' finissant finissant finissant finissant finissant au au au au au 9 septembre 8 septembre 14 septemb. 12 septemb. 11 septemb. 1837. 1833. 1834. 1835. 1830.

Nombre de souscripteurs.

s

"

"

"

213

400

Pensionnaires

"

"

"

"

"

"

"

"

il

il

213

400

4,925f 75c

4,775' 95c

4,005f 00c

2,501' 15c

4,362f 86c

0,828' 90c

350 55

510 00

828 15

527 50

923 75

2,255 00

5,038 10

5,855 00

TOTAUX

Montant des receltes....

.

089

699

22

33

711

732

589 27 616

15,446f 85c 18,147f 80

c

14,729' 00c

DÉPENSES. Secours pour les malades. Pensionnaires

a

Secours accidentels

"

Dépenses en médicaments

" 64 40

il

2,005 00

3,588 10

1,085 45

300 00

83 75

4,162 50

4,930 90

1,101 25

2,240 35

2,085 80

544 00

558 00

308 75

201 55

402 50

180 25

459 35

384 25

240 10

208 15

384 70

378 10

220 90

410 00

Salaires, etc

402 25 12 00 u

"

II

738 10

753 10

Construct ns et réparations

" "

550 00

240 00

o

" . "

520 75

"

Funérailles Dépenses extraordinaires.

" 327 75 "

"

à

"

"

"

"

"

80

2,201 85

2,480 75

1,594 40

2,308 10

4,220 00

14,944 55

Balance en faveur de la société

3,915 95

2,514 10

1,518 25

900 75

2,054 70

2,008 30

502 30

Balance au débit de la société

il

"

"

"

n

"

4,928 75

4,775 95

4,005 00

2,501 15

4,302 80

0,828 90

TOTAUX

des dépenses.

1,009

Signé

B.

HARVEY,

"

" 15,440 85

3,212 90 20,854 05

7,402 50 4,354 40 480 60 4,864 35 1,043 10 401 25 151 95 2,279 35 21,637 50 II

" 2,700 25 18,147 80

6,908 50 14,729 00

secrétaire chef de la mission morave,


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIII. INSTITUTIONS DE BIENFAISANCE, ETC. H.

relatifs au fermage des biens appartenant aux établissements moraves, à Antigoa.

RÈGLEMENTS

Pour ériger, rebâtir ou réparer un édifice quelconque, maison, four, étable, etc., le tenancier devra se soumettre aux conditions suivantes : 1° Il faudra que les travaux soient d'accord avec le plan de la localité, et qu'ils aient eu l'approbation du ministre résidant. 2° Les toits devront être couverts en aissantes ou en briques. 3° Le montant des dépenses qui auront été faites pour constructions ou réparations et la valeur elle-même de ces construcons et réparations seront, à leur achèvement, évalués a lavable. 4° Toute construction sera payée par la mission au moyen d'une réduction ou d'une annulation du prix de location, suivant les diverses circonstances où se trouveront les parties innées. 5° Lorsque des arrangements auront été pris au sujet du défrayement de dépenses faites pour construction, par le moyen d'une réduction du prix de location ou autrement, le tenancier n'aura pas droit de faire le moindre changement dans les consens susdites, à moins qu'il n'ait la sanction expresse du ministre résidant. 6°

tenancier quittant la localité avant qu'une construction Un ne soit achevée, ou avant que les dépenses qu'une construction lui aurait occasionnées ne lui aient été remboursées, ainsi qu'il plus haut, recevra de la mission la valeur entière ou le reste de la valeur desdites constructions. 7°

Lorsqu'un tenancier aura été défrayé de dépenses de cons-

truction ou réparation par une réduction dans le prix de locatenu de payer à l'avance, tion ou par un autre moyen, il sera une rente en rapport constructions, desdites jouissance pour avec lales dépenses qui auront été faites par lui et dont on lui aura remboursé le montant.

605

Toutes les cotisations doivent être payées par mois et a l'avance. Tout habitant d'une localité est tenu d'assister la mission, moyennant une rétribution convenable, lorsque le besoin s'en fait sentir, à moins qu'il n'en soit empêché par une gêne absolue ou par toute autre cause suffisante. Personne n'a le droit de puiser de l'eau d une citerne, de couper du bois clans un parc et de cueillir des feuilles d arbre ou de l'herbe, sur un sol appartenant à la mission. Les tenanciers ne peuvent avoir d'autres animaux de bassecour que des volailles, à moins, pourtant, qu'ils ne soient renfermés dans un clos, une étable, ou retenus par des entraves. Les tenanciers n'ont pas le droit de planter sur les terres de la mission des arbres autres que des arbres fruitiers. Si un tenancier est convaincu de crime et a été exclu de l'église ou puni par le magistrat, il perdra tout droit sur la localité qu'il occupe, et ne devra pas y demeurer plus longtemps. Il en sera de même pour un tenancier qui, malgré les avertissements qu'ils aura reçus, donnera asile à des paresseux , de à des fripons, à des vagabonds, ou enfin a des individus mauvaise vie, à moins, si c'est un homme, qu il lui soit perfemme, mis de rester par égard pour sa femme, et si c est une considération , autre toute par égard pour son mari, ou par résidant. mais toutefois avec la permission du ministre Pour qu'un changement de demeure puisse avoir lieu, il faut avance. que signification en soit faite réciproquement un mois d mois trois faite être doit signification Pour quitter le pays, la à l'avance. Tout tenancier, sur son admission dans une localité de la mission, signera en qualité de tenancier et de la manière suivante : « Je soussigné certifie donner mon consentement à l'observation des règlements ci-dessus, en présence de témoins. 18. . » jour du mois de , ce «A ( Témoins. )



CHAPITRE XIV. L'ESCLAVAGE. ÉTAT DU TRAVAIL AUX DEUX PÉRIODES DE L'ABOLITION DE

PREMIÈRE PARTIE. PÉRIODE DE L'APPRENTISSAGE.


OBSERVATION GÉNÉRALE SUR

LES

SOURCES

LES

MATÉRIAUX

DE

CE

CHAPITRE

ONT

ETE

PUISÉS.

Le grand nombre de pièces qu'il a fallu citer pour donner un aperçu complet de l'Etat du travail dans les dix-neuf colonies émancipées, pendant une période de près de neuf ans, exclut une table détaillée qui serait presque aussi étendue que le chapitre lui-même. Pour mettre le lecteur en mesure d'apprécier l'exactitude et l'authenticité de ces pièces, il suffit d'indiquer les documents officiels d'où elles ont été tantôt extraites, tantôt traduites littéralement. Pour la période de l'apprentissage, les documents officiels imprimés par ordre du Parlement forment 6 volumes in-folio, savoir: 1. Papers presented to Parliament by His Majesty's command in explanation of the measures, etc., for giving effect to the act for the abolition of slavery; part. I et II, Jamaïca, 1833-1835.

2. Idem, part. II (continued), Antigua, Montserrat, Sant-Christopher, Nevis, Virgin Islands, Dominica, Saint-Vincent, Grenada, Tobago, Trinidad, Sant-Lucia, Honduras, Bahamas, Grand-Caymanas, Bermuda, Cape of Good-Hope, 18 33 -183 5.

3. Idem, part. III (1), Jamaïca, 1836. 4. Idem, part. III

(2), Barbadoes, British Guiana, Mauritius, Antigua, Montserrat, Sant-Christopher, Nevis, Virgin Islands, Dominica, Saint-Vincent, Grenada, Tobago, Trinidad, Sant-Lucia, Honduras, Bahamas,

Bermuda and Cape of Good-Hope.

5. Idem, part. IV (1), Jamaïca, Barbadoes, British Guiana , 1837.

6. Report of the select committee on apprentisceship. Afin de comparer les traductions ou les extraits faisant partie de ce chapitre avec le texte anglais, on aura recours au volume portant la date de l'année indiquée en tête de la pièce traduite ou donnée par extrait, et contenant les documents relatifs à la colonie mentionnée en tête du paragraphe. Ainsi, pour trouver le texte de la pièce 5 (Rapport du juge spécial Cocking), insérée page 618 des Pièces justi-

ficatives du présent chapitre, on devra se reporter au paragraphe Ier, page G

17,

qui indique qu'il s'agit

de la colonie Jamaïque, et consulter ensuite le volume intitulé Papers presented, etc., années 1833-35.


CHAPITRE XIV. ÉTAT DU TRAVAIL AUX DEUX PÉRIODES DE L'ABOLITION DE L'ESCLAVAGE.

PREMIÈRE PARTIE. PÉRIODE DE

L

'APPRENTISSAGE.

SOMMAIRE.

NUMÉROS

TITRES.

d'ordre.

ORIGINE DES DOCUMENTS.

DATES.

PAGES.

ANNÉE 1834. N° 143.

HONDURAS.

13 août et 11 sept. 1834.

611

31 décembre 1834.

611

18 novembre 1834.

612

27 août, 1er et 24 oct. 1834.

612

20 novembre 1834.

616

1. Lettre de M. John Ross au gouverneur, sur la préférence donnée par les noirs au mode de travail dit système de neuf heures.

2 juin 1834.

616

2. Dépêche de sir J. C. Smith à lord Stanley

2 juillet 1834.

Ibid.

1 à 29. Rapports des magistrats spéciaux Patrick Dunne, J.Kennet-Dawson, E. E. Fishhourne, Cocking, A. Dillon, G. D. Gregg, Walter Finlayson, V. M. Olivier, R. Standish-Haly, J. Odell, R. Daly, A. Welch, Jackson, Marlton, Price, Mac-Leod, J. Daughtrey, S. Farrar, T. Colebrooke, W. Ramsay, Farquharson, Th. Davies, Hawkins, Pennel, E. B. Lyon.

De mars à juin 1835

617

30. Mémoire de soixante-treize planteurs et personnes intéressées dans les propriétés de la paroisse de Trelawney, sur le résultat du système d'apprentissage.

20 mai 1835.

625

31 • Extrait d'une dépêche du marquis de Sligo à lord Glenelg, sur l'état de la culture et les dispositions es travailleurs. — Annexe.

21 juin 1835.

Ibid.

32 à 43. Rapports des magistrats spéciaux J. Baynes, R. Edwards, L. Pryce, W. H. Sowley, W. Marlton Daughtrey,Dunne, Blake, Gregg, Baynes, Mac-Leod, E. Fishhourne.

Du 27 juin au 3 aoû 1835.

627

1

Ier.

§

et 2. Lettres du gouverneur de la colonie sur les premiers effets de l'émancipation.

144. §

II.

TABAGO.

Lettre du gouverneur de la colonie sur le même sujet..

145. § III.

SAINT-CHRISTOPHE.

Lettre du gouverneur de la colonie.—Même sujet....

146. §

IV.

ANTIGOA.

1 à 3. Rapports de H. Loving, directeur de la police, et du conseil privé de l'île. N° 147. §

V.

ILES BAHAMAS.

N° 148. §

VI.

GUYANE

ANGLAISE.

ANNÉE 1835. ER

§ I .

N° 149.

LA

JAMAÏQUE.

44. Lettre de M. Cooper sur les dispositions des noirs.. 5. Dépêche du marquis de Sligo à lord Glenelg. — Mode de travail sur les plantations.

11 août 1835.

633

6 août 1835.

Ibid.

46. Dépêche du marquis de Sligo à lord Glenelg, relative à la distribution des heures de travail.

17 août 1835.

Ibid.

18 au 25 août 1831

634

Rapports des magistrats spéciaux StandishHaly, Holme, M. Walsh, Daughtrey.

47 à 50.

51. Réponse de lord Glenelg au marquis de Sligo. ...

II.

5 octobre 1835.

39

635


610

SOMMAIRE DE LA Ire PARTIE DU CHAPITRE XIV.

NUMÉROS

DATES.

PAGES.

27 octobre au 30 décembre 1835.

635

3 mars 1835.

643

1. Questions relatives à la culture et aux travailleurs

25 juillet 1835.

643

2 et 3. Réponses faites par MM. Child et Mac-Intosh, magistrats spéciaux.

Octobre 1835.

644

10 juin 1835.

646

Janvier [à juin 1835.

646

26 décembre 1835.

648

juin 1835.

650

TITRES.

ORIGINE DES DOCUMENTS.

d'ordre.

52 à 68. Rapports des magistrats spéciaux Pryce, Walsh, Lyon, Langrishe, Bourne, Moresby,Cocking, C. Hawkins, J. Harris, Watkins-Jones, Penne!, Daughtrey, Fyfe, Howitt, Lloyd. N° 150.

§

II.

LA

TRINITÉ.

Dépêche du gouverneur au ministre des colonies N° 151.

§

N° 152.

III.

§ IV.

LA

TABAGO.

BARBADE.

Avis de lord Glenelg, interprétatif du texte de l'acte d'émancipation. N° 153.

§

V.

ANTIGOA.

1 à 3. Lettres du directeur de la police, Henry Loving. N° 154.

§

VI.

ILES BAHAMAS.

Rapport de MM. Th. R. Winder et E. Hill, sur l'état de la colonie dans sa partie septentrionale. N° 155.

§

VII.

GUYANE

ANGLAISE.

1 à 4. Dépêches de sir J. C. Smith, gouverneur, sur la situation de la colonie.

De janv.

5. Résumé des rapports des quinze juges spéciaux salariés, pour le mois do juin 1835.

Juin 1835.

653

6. Résumé des rapports des quinze juges spéciaux,pour le mois de juillet 1835.

Juillet 1835.

662

7. Dépêche de sir Carmichael Smith à lord Glenelg.. . 8. Résumé des rapports des quinze juges spéciaux salarié , pendant le mois de novembre 1835.

26 septembre 1835. Novembre 1835.

674 675

ANNÉE 1836.

N° 156.

S

er

I

.

LA JAMAÏQUE.

1. Dépêche du gouverneur à lord Glenelg sur les bonnes dispositions des noirs. 2 à 39. Rapports des juges spéciaux Welch, Baynes, . Cocking, Daughtrey, Walkins-Jones, Dillon, Davics, Reynolds, Cooper, J. Odell, Pryce, Mac-Leod, Gregg, J.Noland,E. B. Lyon, Edwards, Fishbourne, J. Harris, R. Hill, Walsh, G. Hawkins, Carnaby, Facey, Sidney-Lambert, Sowley, R. Saint-Jones, T. Mathews. N° 157.

§

II.

S

III.

687

Du 24 févr. au 31 déc. 1836.

lbid

20 mai 1836.

701

ANTIGOA.

Lettre du surintendant de police sur la situation de la colonie. Il se plaint que les enfants des noirs ne soient pas élevés pour l'agriculture. N° 158.

6 février 1836.

GUYANE

ANGLAISE.

1. Discours du gouverneur sur l'état prospère de la colonie.

26 janvier 1836.

2. Dépêche du gouverneur à lord Glenelg sur le même sujet.

28 janvier 1836.

702 703

ANNÉE 1837.

N° 159.

§

er

I

.

LA

JAMAÏQUE.

à 3. Rapports des juges spéciaux Dillon, Harris, Marlton.

Oui" janv.au 1er avr. ' 1837

703


CHAPITRE XIV. ÉTAT DU TRAVAIL AUX DEUX PERIODES DE L'ABOLITION DE L'ESCLAVAGE.

PREMIÈRE PARTIE. PÉRIODE DE L'APPRENTISSAGE.

ANNÉE 18341. N° 143. § Ier. HONDURAS. 1. COPIE

d'une lettre du colonel Cockburn à M. le sous-

secrétaire d'État Lefèvre. — Dispositions des noirs. Honduras, 13 août

1834.

tissage , les nègres profiteront des facilités qu'ils ont de quitter la colonie, et se rendront dans les républiques voisines. Ce serait là un bien grand mal. Je prendrai toutes les précautions nécessaires pour le prévenir. Signé Francis

Depuis le 31 juillet dernier l'ordre n'a pas été troublé dans cette colonie. Il s'est manifesté cependant chez les esclaves émancipés un certain esprit de mécontentement. Us ne conçoivent pas, et il est même difficile de leur faire comprendre les obligations que leur impose l'émancipation. Ils s'imaginent que le Roi les a rendus libres, et que, par conséquent, il est injuste de les faire travailler encore six ans sans salaire. J'ai eu occasion d'en voir beaucoup, et j'ai voulu leur faire comprendre leur véritable position. Ils ne nient pas ce qu'on leur dit; ils semblent bien entendre. Cependant plusieurs avaient résolu de ne pas retourner au travail, et maintenant il y en a un bien plus grand nombre qui s'y refusent. Il est évident que, pour eux, les six années d'apprentissage effacent tous les avantages que semblait leur offrir la loi. Ils ne songent qu'au présent, et, comme ils ne se trouvent pas « complètement affranchis dès à présent de toute espèce d'esclavage, » ils ne semblent pas contents de ce qu'on a fait pour eux. Je continuerai tous mes efforts pour les mettre dans la bonne voie, et je puis compter, je n'en doute pas, sur l'appui zélé des maîtres. Néanmoins, je le crains bien, plutôt que de se soumettre aux six années d'appren-

2.

COPIE

COCKBURN.

d'une lettre du colonel Cockburn à M. le soussecrétaire d'État Lefèvre. Honduras, 11 septembre 1834.

Ma lettre du 13 août vous mandait le résultat de l'émancipation pour cette colonie. Je suis heureux d'avoir à vous assurer maintenant que ce que je redoutais alors ne s'est pas réalisé. Les apprentis ont repris leurs travaux, et les maîtres sont trèscontents d'eux. Les juges spéciaux que j'ai nommés pour me seconder se sont acquittés de leur mission à mon entière satisfaction, Je suis même tellement convaincu qu'ils feront tous leurs efforts pour me seconder à l'avenir, que je désire les voir confirmés par le Gouvernement dans les fonctions dont je les ai investis. Signé Francis COCKBURN.

N° 144. § II. TABAGO. DÉPÊCHE

du gouverneur à M. le secrétaire d'État des colonies. Tabago, 31 décembre 1834.

Depuis le 1er août dernier, la conduite des apprentis a été des plus exemplaires. Aucun changement ne s'est opéré dans leurs bonnes dispositions. Les deux jours de fête, le 25 et le 26 décembre, ont été célébrés, comme h l'ordinaire, par des réjouissances publiques, et je n'ai eu à constater aucune

infraction au bon ordre. Il paraîtrait qu'ils espéraient tous que le lendemain samedi, jour qu'on leur a constamment accordé pour eux, depuis le 1" août, serait un troisième jour de fête. Je pense que les propriétaires y auraient consenti assez volontiers ; mais, avec le dimanche, cela aurait fait quatre jours successifs de repos. Je ne sais pas jusqu'à quel point il eût été prudent, alors, de leur accorder le samedi, car cela aurait pu donner à beaucoup d'entre eux le prétexte ou l'occasion de s'absenter des plantations. On exigea donc la présence de tout le monde le samedi 27, mais plutôt pour répondre à l'appel que pour travailler.

On ne trouvera, dans ce chapitre, aucune pièce concernant l'état du travail à la Jamaïque, pendant l'année 1834. Ce qui se rapporte à cette colonie, pendant l'année 1834 et pour l'objet spécial du chapitre XIV, est omprisdans les pièces insérées au chapitre VI: Mesures d'ordre, etc., et au 1

chapitre IX : Effets généraux de l'apprentissage et de l'émancipation complète. * I I .

3

9

.


612 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIECES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. Leurs démonstrations de réjouissance , m'assure-t-on, ont été beaucoup moins animées cette année. Cela provient, probablement , de ce qu'ils ont eu à leur disposition, dans le courant de l'année, beaucoup plus de temps qu'à l'ordinaire ; cette circonstance a rendu moins frappant le contraste entre les mesures prescrites et l'indulgence excessive qu'on leur avait montrée jusqu'ici à l'époque de Noël. Les administrateurs ont peut-être cru devoir restreindre les gratifications de rhum, etc., et c'est ce qui a pu diminuer la grande gaieté qu'on remarquait autrefois. Quoi qu'il en soit, la colonie a joui et jouit encore de la plus parfaite tranquillité. Il s'est élevé, il est vrai, quelques difficultés relatives aux gratifications à accorder aux apprentis, pour les travaux extraordinaires, pendant la saison de la récolte qui vient de commencer; mais ces difficultés ont été très-facilement aplanies. Beaucoup

d'apprentis en ont référé à la générosité des administrateurs; il en est qui n'ont exigé d'autres gratifications que les rations ordinaires de liqueurs chaudes provenant du sucre et du rhum. S il m'était permis d'émettre une opinion, d'après l'expérience des cinq mois qui se sont écoulés depuis l'abolition de l'esclavage, je dirais qu'il n'y a rien à redouter, pour cette colonie, du système d'apprentissage. J'ajouterai môme que , malgré quelques plaintes qui me sont parvenues sur le relard que mettent certains apprentis à se rendre le matin au travail, ce système sera , dans son ensemble, tout aussi avantageux aux propriétaires que l'ancien système, sans compter que la condition des nègres s'est sensiblement améliorée. Signé

C.

H. DARLING.

N° 145. § III. SAINT-CHRISTOPHE. EXTRAIT

d'une dépêche du gouverneur Saint-Christophe,

18

À M.

Spring-Rice.

novembre 1834.

Le système d'apprentissage marche beaucoup mieux que personne ne l'aurait espéré. Les nègres sont généralement trèspaisibles et travaillent bien pour la plupart. Beaucoup de plan-

système, qu'ils ont jamais pu en obtenir du temps de l'esclavage. D'autres, et môme en assez grand nombre, vont jusqu'à dire qu on leur en fait davantage. L'émancipation est si récente, que les apprentis ne connaissent pas encore tous les avantages qu ils pourront retirer de l'industrie; mais il ne tarderont pas, sans doute, à les sentir. Signé

teurs assurent qu'on leur fait autant de travail, par le nouveau

J.

L.

NIXON.

N° 146. § IV. ANTIGOA. I.

EXTRAIT

d'une lettre de

M.

Henri Loving , directeur

de la police. Antigoa,

1° Sur l'heure de se mettre à la besogne le matin ; Sur le travail que nécessite la distribution de fourrage aux chevaux et bestiaux ; 3° Sur l'heure où il faut cesser le travail le soir. A mon bureau central on a été constamment occupé à écouler des plaintes ou à donner des avis sur ces divers sujets de contestation. 2°

27

août 1834.

La journée à jamais mémorable du 1er août s'est passée heureusement; aucun événement n'est venu la troubler, ni marquer par le désordre la transition de l'état d'esclavage à celui de liberté. Jamais solennité n'a été célébrée avec plus de recueillement. Tout s'est fait dans la conviction et avec le sentiment profond qu'il ne s'agissait pas d'un jour ordinaire. On a rendu grâces au Seigneur, dans toutes les églises et chapelles, depuis onze heures du matin jusqu'à huit heures du soir.

Je me suis attaché surtout à faire sentir aux plaignants que la loi ne décide rien. Je leur ai expliqué que la seule conduite digne d'hommes libres, était de quitter le service de leurs maîtres, s ils pensaient trouver un emploi plus avantageux ailleurs.Ils ont tous suivi mes conseils à cet égard; quelques uns ont même repris le travail sur les plantations auxquelles ils ont été

Le lendemain (samedi) a été consacré par la population ouvrière à des fêtes et à des réjouissances. Ils étaient tous vêtus à neuf, des pieds à la tête. Les comestibles de toute espèce ne man-

attachés jusqu alors, sans en exprimer de mécontentement. Le premier sujet de contestation est dû à un manque d'union parmi les planteurs.

quèrent pas, et je suis heureux de pouvoir assurer à Votre Excellence que tout s'est passé dans le plus grand ordre.

Bien que leurs intérêts semblent être les mêmes, ils ne s'accordent pas dans leur conduite. Chacun veut agir selon ce qu'il juge le plus avantageux. Ainsi, par exemple, l'homme qui a des principes d'humanité exigera que ses nègres se mettent à l'œuvre dès le lever du soleil ; l'homme modéré les fera commencer un peu

Le lundi A, sur quelques plantations, les ateliers se mirent gaiement au travail moyennant le salaire stipulé. D'autres n'avaient que 10 à 12 travailleurs sur une population de 100 à 200. Sur d'autres encore les travaux étaient suspendus. Il m'a semblé que la plupart des nègres avaient compté sur une semaine de repos, et calculaient jusqu'à quel point une coalition dans le but de forcer à augmenter le salaire pourrait leur être profitable. l'eutêtre aussi voulaient-ils chercher ailleurs les moyens d'utiliser plus avantageusement leur industrie. Depuis celle époque jusqu'à ce jour, beaucoup de changements de plantation à plantation ont eu lieu. Il y a même certaines plantations dont tous les nègres ont changé par caprice, par amour de la nouveauté, par intérêt ou par haine pour les maîtres ou les géreurs. C'est à la dernière de ces causes que je puis attribuer la plupart des difficultés qui empêchent les nègres d'envisager avec satisfaction le nouvel état des choses. Voici, entre autres, quelques points sur lesquels ils ne s'accordent pas avec leurs maîtres :

plus tôt, et le rigide colon de l'ancien régime, dès l'aube du jour, pour ne s'écarter en rien des anciens usages, ainsi que le porte une note particulière adressée par un administrateur à son géreur. L'esprit soupçonneux et vigilant des nègres ne larde pas à être frappé de ces différences, ce qui devient bientôt un sujet de mésintelligence entre eux et les maîtres les moins généreux. Je doute beaucoup que les nègres, à présent qu'ils sont émancipés, veuillent jamais se mettre à l'œuvre avant le lever du soleil, et, à moins que les planteurs n'adoptent tous un même système, je vois peu d'espoir de faire cesser cet état de choses. Quant au second sujet de contestation , le travail que nécessito la nourriture des chevaux, sous l'ancien système ce travail se faisait pendant les deux heures qu'on prétendait leur accorder pour le dîner.

Depuis l'émancipation, les nègres n'ont pas voulu que cet usage


ÉTUDE DE L'EXPÉR ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. - 1834. - ANTIGOA. continuât a subsister. Presque tous les planteurs cèdent, parce qu'ils voient qu ils ne peuvent pas faire autrement. Quelques-uns de ceux-ci payent pour faire distribuer le fourrage, d'autres accordent un temps extra pour le recueillir. Le troisième sujet de contestation a rapport à l'heure de quitter le travail. Les nègres avaient voulu sacrifier leurs heures de repas, travailler sans discontinuer depuis le matin jusqu'à quatre heures du soir, puis cesser le travail; mais leur constitution ne" pouvait supporter une telle fatigue; on leur a objecté, en outre, que la ruine des plantations s'ensuivrait, et ils ont cédé après une lutte de peu de durée. Viennent aussi des plaintes de la part des nègres âgés et infirmes, qui n'ont pas toujours lieu d'être contents des secours qu'a voulu leur assurer le législateur. Sur certaines plantations on a pourvu avec sollicitude à tous leurs besoins, tandis que sur d'autres il est loin d'en être ainsi. Plus d'une fois j'ai vu de malheureux nègres, accablés d'années et d'infirmités, accourir en foule à mon bureau pour me demander des secours; j'en vois comparativement moins de jour en jour, ce qui me fait espérer que leur position s'améliore. Cependant, comme ces plaintes sont plus dignes de commisération que les autres, je veillerai avec zèle aux. intérêts de celle classe infortunée. Il y a un fait qui se rattache à la culture du sol et que je crois devoir porter à la connaissance de Votre Excellence. Les nègres de certaines plantations envoient leurs enfants des deux sexes habiter des villes dont la population est déjà fort au-dessus des ressources qu'elles offrent. Ce fait serait assez grave en lui-même; mais il le devient encore davantage, quand on songe que ces enfants, âgés de cinq à douze ans, sont la souche de la population agricole. Si elle était détruite, le sol finirait par rester inculte. Un autre fait, non moins important, fait craindre pour la prospérité de la colonie. C'est l'arrivée, depuis le 1 du mois, de plusieurs esclaves de la colonie française qui avoisinc la nôtre (la Guadeloupe); on annonce que des milliers arriveront encore dès qu'ils trouveront l'occasion de s'échapper. Je désire bien siner

cèrement voir émanciper et prospérer ces pauvres gens; mais il y va de l'appauvrissement et de la ruine de notre petite colonie, si on leur permet d'y trouver un asile. En terminant ce rapport, je vous dirai que la population ouvrière ne s'est rendue coupable, depuis le jour de son émancipation, que de quelques délits ordinaires, tels que ceux qu'on signale chez les populations les plus civilisées. J'ajouterai que les nègres reprennent peu à peu leur travail ; que la moitié s'y livre avec assiduité, et que les autres ont abandonné l'agriculture et parcourent la colonie pour chercher un travail plus avantageux. 11 y en a qui sont paresseux et vagabonds par principe, et qui comme tels tombent nécessairement sous la surveillance delà police; d'autres qui ont été renvoyés des plantations par ordre de l'autorité, pour une cause ou pour une autre, et à la demande de leurs maîtres; mais j'ai pu constater qu'un certain nombre de ces derniers étaient rentrés en faisant des concessions, et qu'ils ont obtenu leur pardon. Il y a, sans doute, des torts de part et d'autre; je ne puis cependant m'abstenir de vous exprimer combien j'ai à me louer de la conduite du plus grand nombre des propriétaires résidents ou de leurs représentants. Tous font de notables efforts pour se concilier l'affection des nègres et les guider par leurs conseils dans l'usage de la liberté. Signé Henry LOVING.

2.

EXT HAIT

d'une lettre du même.

Un autre mois s'est écoulé depuis l'abolition de l'esclavage

I

dans cette colonie, et j'espérais que les planteurs auraient retiré du nouveau système deux fois autant d'avantages pendant ce mois que pendant le mois précédent; mais il n'en a point été ainsi. Voici à quoi je crois pouvoir l'attribuer : 1° A l'absence des plantations de plusieurs centaines de travailleurs adultes, qui ont abandonné leur ancienne occupation, et se sont faits pêcheurs, bateliers, débardeurs, portefaix et domestiques sur la côte, dans les ports et dans toutes les villes de l'intérieur. Quant aux portefaix, dont il est facile de constater le nombre par leurs médailles, je vois que ce nombre a augmenté dans la proportion de 3oo pour 100 depuis le 1er août. Cette augmentation m'a conduit tout naturellement à me demander jusqu'à quel point cette partie de la population peut se procurer des moyens d'existence par un travail pour lequel il y a tant de concurrents ? La réponse à cette question est fort simple. Les rues en fourmillent journellement. Ils vivent dans une oisiveté presque continuelle, gagnant à peine, dans les vingt-quatre heures, de quoi apaiser la faim , et ne se garantissant des atteintes de la loi que par leur médaille. Pour les débardeurs, on peut dire que le nombre en est augmenté dans la proportion de dix à un , tous provenant des plantations. Ces individus rôdent le plus ordinairement aux alentours des établissements de pêche; et j'ai appris, du magistrat qui vient d'être nommé au district des cinq îles, qu'il a dispersé, il y a deux jours, une soixantaine de ces individus qui s'étaient rassemblés sur une des plages, pour attendre l'arrivée des bateaux pêcheurs, et pour ramasser quelques crabes ou autres vivres, plutôt que de gagner leur pain au moyen d'une industrie honnête. Voici ce qui en adviendra : ceux qui ont quitté leur plantation seront forcés d'y retourner pour reprendre leurs occupations d'autrefois, ou bien (ce que je redoute encore plus) ils se livreront à des déprédations sur les propriétés des particuliers; et, conduits à cet état de mendicité et de dépravation par suite de leurs habitudes de paresse et de vice, plus tard ils contribueront à augmenter le chapitre des dépenses du pays, ou surchargeront les paroisses d'une manière effrayante. Il en sera probablement de même de la nouvelle classe de domestiques. 2° A l'absence de la jeunesse des deux sexes sur les plantations; et je ne vois pas, non plus, par quelle disposition de la législature on pourrait y remédier. Les parents de ces jeunes gens

ont avidement profité de l'émancipation qui venait de leur être accordée pour détacher leurs enfants de la vie agricole, sous cette impression ridicule (née de l'état d'esclavage) que la position d'agriculteur était une des plus dégradantes. Ils ont voulu que leurs enfants reçussent l'éducation des grandes villes, qui entraîne comme conséquence l'amour de la toilette, le dégoût du travail. Telle a été jusqu'ici, dans toutes les villes delà colonie, la cause de la misère de beaucoup de nègres libres ou de leurs descendants de couleur. 3° A la prédilection que témoignent les femmes adultes des plantations pour le travail non régulier pendant la semaine. Ce mode de travail leur laisse des heures intermédiaires pour brocanter ou aller au marché vendre, pour quelques sous, des légumes ou des racines qu'elles se procurent sur leurs terres à provision ou ailleurs, ou du bois et de l'herbe verte qu'elles rainassent, sans permission, sur les terres de leurs maîtres. On en a vu consacrer trois jours d'une semaine à ce trafic illicite. 4° Au manque d'accord dans les sentiments et dans les actions des planteurs, quant au meilleur moyen de développer l'industrie ou d'assurer la résidence continuelle de la population ouvrière. Je ne crains pas d'être démenti, non plus, en attribuant principalement l'état peu rassurant des intérêts agricoles à la diversité

Antigoa, 1er octobre 1834-

I

613

.

d'opinions qui existe chez les planteurs et au peu d'harmonie entre les règlements adoptés sur leurs plantations respectives. On en voit qui offrent des gratifications minimes en sus du salaire pécuniaire, d'autres qui n'ont ni le moyen ni l'intention d'en

3

9

.


614

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

accorder. Ceux-ci exigent, à une minute près, l'accomplissement du temps de travail, et renvoient des champs tous ceux qui y arrivent un instant après l'heure convenue, en leur interdisant le travail pour le restant de la journée; ceux-là parviennent à faire exécuter les travaux sur leurs plantations avec plus de célérité et de bonne volonté, en déduisant du salaire de leurs travailleurs le montant des heures perdues de la journée. Tandis qu'un planteur expulse un père, une mère, un mari ou une femme de chez lui, un autre, plus sage et plus humain, prévoit que les proches parents de ces expulsés ne tarderont pas à suivre les leurs, et qu'ainsi, pour se débarrasser de quelques-uns, ils se verront privés du service d'un très-grand nombre. Les uns encouragent les mères de famille à rester, en chargeant de vieilles femmes dn soin de leurs nourrissons pendant les heures du travail, d'autres se sont opposés à ce système. De là mésintelligence réciproque entre les maîtres elles mères, et, le plus ordinairement, l'expulsion de ces dernières. Au sujet delà seconde des causes que j'ai signalées, c'est-à-dire l'absence des enfants, je proposerais aux planteurs un moyen assez efficace peut-être pour y remédier : ce serait d'établir, sur chaque plantation, une école dirigée par un instituteur nommé par le suffrage des travailleurs et choisi parmi eux. En sus de la gratification qu'il plairait aux planteurs de lui accorder, on le rétribuerait au moyen d'une souscription hebdomadaire de 7 c. 1/2 par écolier. Le but de cette contribution serait d'exciter chez les enfants et chez leurs parents un certain sentiment d'orgueil, et de leur inspirer plus d'intérêt pour un établissement où le maître et l'élève dépendraient l'un de l'autre. Par ce moyen on pourrait bien ramener, au moins, un certain nombre des filles et des garçons qui, comme tous les enfants, ont une prédilection pour le toit paternel; le planteur s'assurerait ainsi du travail, tout en contribuant à l'éducation de la génération naissante. On pourrait diviser la journée de manière à répondre à toutes les exigences. Voici comme j'envisage le remède à la troisième cause indiquée : la loi qui force les brocanteurs ambulants et les colporteurs de prendre une patente de ho francs par an empêcherait en partie les femmes nègres d'avoir recours à ce moyen incertain d'existence. Celle qui ordonne l'arrestation de tout individu pris en flagrant délit de-vente de bois ou d'herbe, sans une permission écrite de son maître, agit à présent efficacement dans le cercle de mon administration, et plus d'un fainéant, qui pourvoyait à son existence journalière en volant ces articles, est maintenant sur le point de reprendre son travail des champs. Mais rien, à mon avis, ne contribuera plus à empêcher les femmes ou les nègres eux-mêmes de courir à chaque instant au marché, qu'une disposition de la législature qui fixerait un jour général de marché, chaque semaine, pour la vente de produits des plantations, excepté lorsque les maîtres croiront devoir permettre à leurs ouvriers de porter des provisions à la ville, munis d'une permission par écrit pour les vendre. C'est aux planteurs eux-mêmes à remédier à la quatrième cause, celle du manque d'ensemble ou d'uniformité de système dans leurs ateliers ; l'incertitude de leurs mesures et de leurs opinions a été excessivement nuisible au mouvement progressif de l'industrie et à l'affermissement de la tranquillité publique. Je ne suis pas assez versé dans l'agriculture pour aviser aux moyens d'améliorer létal actuel des choses, .le sais que plusieurs propriétaires de cette colonie ont la capacité d'esprit et la pratique nécessaires, et j'espère que les renseignements que Votre Excellence a désiré obtenir des planteurs rempliront le grand but que vous vous êtes proposé en les leur demandant. Cependant mon avis est que les planteurs pourront s'assurer le travail continu des nègres. Il y a, je le sais, des obstacles à la réalisation de ce système, mais, après tout, il est bien préférable à celui du travail à la journée ou a la tâche. On commence à voir que le travail à la journée devient peu profitable. Voici quel serait l'inconvénient

du travail à la lâche : c'est qu'aussitôt une première tâche (terminée, les nègres n'hésiteraient pas à dépenser ce qu'ils auraient gagné, avant d'en entreprendre une seconde, et Dieu sait tout le mal qui pourrait en résulter. Il y a dans le district de Five-Island trois plantations voisines l'une de l'autre. Sur l'une, les négresses mères travaillent avec assiduité, parce que leurs nourrissons sont confiés à des mains étrangères. Sur les deux autres, les négresses ne travaillent point, parce que le système contraire est adopté. Le propriétaire de la première plantation a retiré de ces négresses un travail de cinq heures par jour, tandis que les deux autres propriétaires sont en perte de toute celle somme de temps, Il résulte de ce défaut de régularité, dans le mode de travail, que les uns profilent de ce qui nuit aux autres. Les crimes diminuent sensiblement, et le nombre est bien audessous de ce qu'on pourrait attendre de l'état actuel de la colonie, .l'ai l'espoir qu'une application rigoureuse des lois par tous les fonctionnaires publics tendra à affermir la tranquillité et assurera la prospérité de toutes les classes de la société. Signé Henry

3.

EXTRAIT

LOVING.

d'un, rapport du conseil privé de l'île sur l'état

de la culture et les dispositions des travailleurs.

Antigoa, 24 octobre 1834.

La commission du conseil chargée d'examiner l'état actuel de la colonie, et d aviser aux meilleurs moyens d'en augmenter la prospérité, en encourageant l'industrie chez les nègres, a l'honneur de vous soumettre les observations suivantes. Elle en a puisé la substance dans les divers rapports des magistrats et des propriétaires ou directeurs de plantations, que Votre Excellence lui a fait mettre sous les yeux. Elle y a ajouté le fruit de ses observations et de son expérience, pendant les trois mois qui se sont écoulés depuis le grand changement qui vient de s'opérer. Les nègres d Anligoa ont accueilli l'émancipation avec une modération et des sentiments religieux qui font le plus grand honneur à cette race et aux nouveaux émancipés, mais pourtant sans aucune démonstration de reconnaissance envers ceux de la dépendance desquels ils venaient d'être affranchis, et qui avaient le principal intérêt dans celte mesure. Le souvenir du passé ne semble exercer aucune influence, soit en bien, soit en mal, sur la grande question qui s'agite, c'est-à-dire la culture du sucre au moyen du travail libre. La commission a pu constater des exemples d'attachement envers quelques directeurs et d'aversion pour quelques autres. Cet attachement, au moment du changement de système, n'a pas empêché que l'on ne refusât, par dégoût du travail agricole, les salaires qui étaient offerts. Le dégoûL du travail agricole et les fausses idées que les nègres se sont laites semblent, pour la masse de la population, la première difficulté à lever. Quand on songe que, pendant la dernière récolte, dans beaucoup de plantations on a cru devoir payer la journée du samedi aux travailleurs à raison de 2 fr. 5o cent, en sus de rations de vivres et de rhum, on ne s'étonnera plus du peu de bonne volonté manifestée par cette classe en août dernier. Ils ont dû être amèrement désappointés en apprenant que, pour un travail de première classe, on ne pouvait espérer que la moitié de la somme ci-dessus, et que la journée du travailleur de seconde classe ne devait se payer qu'à raison de 90 centimes.

Votre commission n'entend pas induire de ces faits que le salaire des travailleurs ne soit pas suffisant et même élevé, eu égard aux avantages qui s'y rattachent, tels que les soins médi-


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1834. — ANTIGOA. eaux, le logement, elles terres à provisions; elle ne voudrait pas en inférer non plus que ce prix, ait été fixé après une convention concertée à l'avance entre tous les directeurs de plantalions. Cependant, aux assemblées de la société d'agriculture qui ont eu lieu antérieurement au 1" août, la question du salaire a été discutée à fond, et le taux que l'on paye en ce moment a été déterminé, par des planteurs d'une certaine expérience pratique, comme étant le maximum que leurs moyens permettraient d'allouer. Il a été convenu, du reste, que ce prix serait généralement adopté, et, à quelques exceptions près ou dans des cas d'intérêt particulier, il l'a été effectivement. Il n'y avait donc pas lien de s'étonner si un petit nombre de nègres seulement travaillaient aux champs avant la mi-août, et s'ils exprimaient tout haut leur mécontentement. Néanmoins, comme vers la fin de ce même mois d'août le nombre des travailleurs était considérablement augmenté, on aurait pu supposer que ce prix aurait suffi pour donner de l'élan à l'industrie. Malheureusement on ne tarda pas à s'apercevoir que le montant de trois jours de solde donnait aux travailleurs, vu leurs habitudes d'imprévoyance pour l'avenir, le moyen de passer le restant de la semaine à rien faire. On vit bientôt aussi qu'on ne pouvait pas compter sur leur travail. Il s'ensuivit que certains propriétaires, qui, à cause de la position toute particulière de leurs plantations, ne pouvaient se passer du travail des nègres, enchérirent en secret, sans calculer les suites funestes qui pouvaient en résulter pour la communauté, ou les désastres dont ils menaçaient les malheureux qu'ils attiraient de leurs habitations sans en avoir d'autres à leur donner. De là le peu de ré-

615

nécessité pour forcer la population d'y recourir comme moyen d'existence. C'est en vain qu'on tenterait de continuer la culture du sucre en offrant des salaires élevés ; cet article qui, par sa valeur, et parce qu'il peut lutter contre les saisons fréquentes de sécheresse, est propre à maintenir la colonie dans son ancienne position, sera toujours au-dessus du cours sur tous les marchés du inonde , à cause du coût de la production. D'ailleurs, les noirs, vu l'état actuel de leurs sentiments et leur imprévoyance pour l'avenir, ne donneront pas le travail continu dont aucune plantation à sucre ne saurait se passer. A l'appui de cette observation on a déjà cité le peu de régularité que les nègres apportent dans le travail, avec un salaire aussi avantageux que celui de 1 fr. 2 5 cent, ou de 90 centimes. On a cité encore ce fait, que le produit de trois jours de travail met le travailleur à même de passer le restant de la semaine à ne rien faire, ou de se livrer à d'autres occupations que celles des champs. On pense bien qu'un travail fait par des émancipés sera toujours plus dispendieux, dans les Indes occidentales, que celui qu'on aurait confié autrefois à des esclaves. Cette opinion est justifiée par le montant du salaire hebdomadaire qu'on a payé, sur chaque plantation, depuis le 1 août dernier; il est presque égal à er

celui des dépenses d'autrefois, qui consistaient en rations de vivres, mais il se répartit entre un bien plus petit nombre, et n'est pas proportionné au travail qu'on obtient et qui est exécuté avec négligence, parce qu'il n'existe pas de moyen coercitif. Le besoin de travailleurs s'est si bien fait sentir, que l'expulsion des plan-

gularité dans le travail des nègres, puis les expulsions qui durent s'ensuivre, et qui, tout en ayant un cachet de légalité, ne laissaient pas que d'être la source de grands maux. On devait bien s'attendre que les nègres voudraient faire valoir les nouveaux droits qui venaient de leur être acquis. C'est à quoi il faut attribuer la préférence qu'ils manifestèrent d'abord pour accepter du travail sans être assujettis à la surveillance de leurs dominateurs d'autrefois. Celte préférence ne pouvait être très-préjudiciable si, sur toutes les plantations, il y avait eu autant de nègres qu'en exigeaient les travaux; et cette espèce de caprice aurait fini par tomber de lui-même Mais, d'après un dépouille-

talions n'est plus une punition, et le plus mauvais cultivateur obtiendrait de l'emploi à quelque heure de la journée que ce fût, et partout où il se trouverait. Un état de choses aussi extraordinaire ne peut tarder à amener la misère. C'est seulement après la réaction qui s'ensuivra que votre commission espère voir disparaître les obstacles à la culture qui menacent de ruine cette colonie. S'il n'était pas possible de

ment attentif des états fournis par plus de quatre-vingts plantations, il est constant que plus d'un tiers de la population ouvrière d'Antigoa, surtout les hommes et les jeunes gens des deux sexes, ne s'occupent plus d'agriculture; que ce sont les femmes adultes

colonie. Si de robustes agriculteurs voulaient venir, de la GrandeBretagne ou d'ailleurs, s'établir dans nos localités avec leurs familles, et en assez grand nombre pour pouvoir entreprendre

qui, depuis le 1er août dernier, ont été spécialement chargées, comme elles le sont encore aujourd'hui, des travaux de culture de la colonie ; les enfants ont été envoyés aux écoles des grandes villes, ou placés ailleurs pour apprendre un autre état. Ainsi se trouve détruit le germe de ta prospérité future de l'île comme colonie à sucre. Les hommes, en grand nombre, ont choisi la profession de pécheurs, débardeurs, portefaix el domestiques, préférant vivre dans le besoin et dans l'oisiveté que de retourner au travail des champs. On peut déjà constater d'une manière positive la décadence de la culture de la colonie, surtout pour les produits alimentaires et la préparation des terres à canne pour 1835. Il est facile de reconnaître en cela les effets combinés de la paresse et du dégoût du travail agricole de la part des nouveaux émancipés; car les travailleurs perdent le plus ordinairement deux jours sur six; bien peu d'entre eux veulent louer leurs services pour le samedi, et il en manque toujours un grand nombre à l'appel du lundi. Malheureusement, jusqu'ici le travail agricole leur a toujours paru dégradant et pénible. Les instructions du Gouvernement de Sa Majesté, qui défendent d'élever des apprentis d'Afrique a l'agriculture, el l'habitude qu'on a d'en éloigner les enfants de couleur, ont donné encore plus de force à ce sentiment chez les nègres ; il ne faudra rien moins que le besoin ou la -

II.

triompher de cet esprit de dégoût pour l'agriculture, qui semble s'être emparé des nègres, on pourrait, en offrant publiquement l'encouragement au travail des blancs, détourner, pour ainsi dire, le cours de l'émigration des paysans d'Europe vers cette

une portion du travail que nécessitent les diverses opérations de la fabrication du sucre ou la culture du sol, on donnerait un élan à la population nègre, qui serait avantageux à la communauté. Les noirs se feraient alors une plus haute idée des occupations pour lesquelles ils ont toujours témoigné le plus grand mépris, lorsqu'ils sont devenus libres. Quand bien même l'expérience ne réussirait pas pour ce qui est des nègres, au moins la colonie ne deviendrait-elle pas un désert. Votre commission attribue le progrès qu'on a signalé dans le labourage à la charrue, et dans les autres opérations de l'agriculture, à l'introduction, il y a quelques années, de laboureurs écossais que les nègres étaient accoutumés à voir manier la charrue dans les champs. Ces individus ont fini par s'élever au-dessus de leur condition; aussi n'en voit-on plus aujourd'hui. Cependant l'influence de l'exemple qu'ils ont donné se fait encore sentir, et le nègre estime bien plus le labourage à la charrue que les autres opérations de l'agriculture. Mais le projet entraînerait trop de. dépenses, et, par cela même, il éprouvera des obstacles qu'on ne pourra surmonter qu'avec l'assistance du Gouvernement de S. M. Signé

W. BYAM,

Paul

HORSFORD,

G. SAVAGE-MARTIN.

39...


616 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. N° 147. S V. ILES BAHAMAS. EXTRAIT

d'une dépêche du gouverneur à M. Spring-Rice. Iles Bahamas, 20 novembre 1834.

Le bon ordre n'a pas cessé de régner dans notre colonie. Nous n'avons eu à infliger que bien peu de punitions depuis le nouveau système ; et, quoique peu sévères, ces punitions semblent suffisantes pour assurer l'assiduité de la part des nègres.

Je viens de recevoir les rapports mensuels des juges spéciaux. Dans deux districts, on n'a même pas eu occasion de punir; dans les autres, les punitions corporelles ont été peu rigides : quelques heures de détention , ou çà et là un travail extraordinaire le dimanche , c'est tout ce que les magistrats ont cru devoir ordonner. Il n'y a pas eu non plus de plaintes de la part des nègres ni des maîtres sur la conduite des magistrats. Signé B. T.

BALFOUR.

N° 148. S VI. GUYANE ANGLAISE. 1. EXTRAIT

d'une dépêche de M. Ross sur la disposition des noirs à tirer parti de leur travail. Rossfield, 2 juin 1834.

Votre Excellence sera peut-être bien aise de connaître le résultat de l'expérience que j'ai faite d'un système qui se rapporte exactement aux termes de la 5° section de l'acte d'abolition. Ce système a été appliqué sur deux plantations, à compter du 1er mars dernier, avec un succès qui dépassa de beaucoup les espérances que j'en avais d'abord conçues. Ayant assemblé les nègres, et leur ayant exprimé mon désir de leur faire connaître, avant mon départ de la colonie, le système d'apprentissage qu'on allait très-prochainement mettre en vigueur, je proposai de laisser à leur choix un mode de travail analogue à celui qui leur était alors imposé, c'est-à-dire cinq jours légaux de neuf heures, sans changement de tâche, et le sixième jour à leur disposition ; ou bien un travail de six jours, à sept heures et demie par jour, avec une réduction proportionnelle de tâche. Les nègres n'hésitèrent pas à opter dans le sens de la première proposition, qu'ils acceptèrent comme un bienfait de ma part. Leur raisonnement sur la dernière proposition me parut concluant. «Après un travail de sept heures et demie, dirent-ils, il nous faudra un peu de repos; alors la journée sera perdue, et nous n'aurons pas de temps à nous pour travailler chez, d'autres maîtres ou sur nos terres; tandis que si le temps supplémentaire que nous accorde la loi nous est donné en une seule fois, c'est-à-dire en une journée entière par semaine, nous saurons bien l'utiliser à notre profit. » Je suis persuadé que tel serait le langage de tous

les laboureurs de la Guyane, si on les consultait à ce sujet. Je stipulai avec mes travailleurs que toute journée perdue à l'hôpital, non pour maladie grave, mais par laisser-aller, me serait remplacée par le travailleur sur son temps disponible. Il est résulté de cette clause de mon contrat que l'ouvrage n'a plus été abandonné pour l'hôpital, et que la moyenne des malades, qui autrefois était de douze, ne dépasse jamais trois pour cent. Ainsi l'atelier rural est plus fort et donne par le fait plus d'ouvrage. Aussi je calcule que je ne perds rien au change. Cette innovation avait d abord produit grande sensation et jeté l'alarme dans le voisinage; mais, depuis lors, mon système a été adopté sur plusieurs plantations, et avec un résultat tout aussi satisfaisant 1. Signé John Ross.

3.

EXTRAIT

d'une dépêche du gouverneur à lord Stanley. Camp-House, 2 juillet 1834.

Malgré les apparences généralement favorables, de grandes précautions et beaucoup de vigilance sont encore nécessaires. Il faut apporter le même soin, d'une part, à prévenir toute tentative de tromper les nègres, ou de leur imposer un travail plus fort que celui qui est exigible; d'autre part, à empêcher tout acte d insubordination : l'un ou l'autre porterait également atteinte au bon ordre de la province. Signé

J.

Carmichael

SMITH.

Si les noirs étaient, comme on le prétend, disposés à la paresse, ils n'auraient point demandé un pareil arrangement. S'ils ont voulu disposer d un jour entier dans la semaine, au prix d une plus grande fatigue de chaque journée de travail pour le maître, c'est dans le but de tirer plus de profit d'une somme de temps qu'ils pourraient louer ou employer d'une seule fois. C'est pourtant à propos de cet arrangement qu'on a prétendu que les noirs refusaient un jour de travail par semaine. La vérité est que la plupart d'entre eux, ayant trouvé plus d'avantage à l'arrangement convenu entre M. Ross et ses travailleurs, ont voulu qu'il devînt général. *


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1835. — JAMAÏQUE.

617

ANNÉE 1835. N° 149. R

§ IE . RAPPORTS 1.

RAPPORT

LA

DES

JAMAÏQUE.

MAGISTRATS

SPÉCIAUX.

moignent beaucoup d'antipathie pour le travail salarié et refusent obstinément d'y consacrer leurs temps libre ; les proprié-

du juge spécial Dunne.

Paroisse de Saint-David, 16 mars 1835. La tranquillité règne dans mon district. La récolte de café, qui est très-considérable ici, est presque complètement sauvée. Elle a été rentrée d'une manière très-satisfaisante; la quantité cueillie journellement par chaque travailleur, était égale à celle qu'on a exigée de tout temps. Les apprentis n'ont pas hésité à travailler moyennant le salaire qu'on leur a offert, c'est-àdire 1 franc par boisseau. Il a été fabriqué presque autant de

taires qui ont payé en argent n'ont, pas retiré un bénéfice proportionné. Une des principales causes de ce refus, de la part des nègres, c'est la proximité de leurs cases et le produit avantageux de leurs terres à provisions. La culture des plantations est très-arriérée, tant pour la récolte de cette année que pour celle de l'année prochaine, et cela parce que les apprentis et surtout les femmes ne font pas autant de besogne dans un nombre d'heures donné qu'ils en faisaient avant le 1er août. En dernier lieu, il y a eu moins de plaintes relativement au travail.

sucre cette année que l'année dernière et à peu près dans le même temps, à la différence seulement de 8 1/2 barriques. Les se-

Ce sont plutôt des plaintes individuelles, par exemple pour vol,

maines de cette année ne sont que de cinq jours, celles de l'année dernière étaient de 6 jours de 24 heures. On ne travaille de nuit

priétés. Les apprentis^

que sur 2 plantations sur 10. Ceux qui travaillent la nuit reçoivent 3 francs 5o centimes par semaine, en sus des salaires ordinaires.

n'a pas cessé de régner dans le district.

mauvaise garde, et pour dégâts commis à dessein sur les produ dimanche

rendent assez régulièrement à l'office 1 S|

enablement. Le bon ordre

Signé J. KENNET-DAWSON , juge spécial.

Les apprentis donnent, en outre du travail journalier, un jour par mois de leur temps. Sur toutes les autres plantations, à l'exception d'une seule, les apprentis travaillent 7 heures par jour, en sus du temps qu'exige la loi, et donnent encore un jour

3. RAPPORT

par mois sans autre rétribution que le salaire ordinaire. Sur la

Dover (Douvres), paroisse de Saint-George, le 17 mars 1835.

plantation de Windsor-Forest, le temps extra leur est rétribué à raison de 20 centimes par journée de 7 heures : le travail se fait mieux qu'à l'ordinaire sur cette dernière plantation. Cette année la qualité du sucre est supérieure à celle de l'année dernière, le sucre fabriqué la nuit étant inférieur à celui qu'on fabrique le jour. D'après ce que je viens de dire, je suis d'opinion que les nègres qu'on traite avec bonté ne refuseront pas de tra-

du juge spécial Fishbourne.

Autant que j'ai pu en juger, depuis deux mois seulement que j'exerce les fonctions de juge spécial, les dispositions et la conduite générale des apprentis sont peu satisfaisantes. Ils ne travaillent pas moyennant salaire; ceux qui sont occupés aux champs s'y refusent toujours. Toutes les fois qu'ils veulent

vailler moyennant salaire pendant le temps qu'ils pourront détour-

bien louer leur temps disponible, leurs prétentions

ner de la culture de leurs terres à provisions. Maintenant que les

exorbitantes, et, quand on s'y soumet, ils font si peu de tra-

apprentis comprennent mieux l'étendue de la liberté qu'on leur a accordée, ils sont plus contents et moins disposés à se plaindre qu'ils ne l'étaient avant le 1er août. Les géreurs aussi se prêtent

vail , qu'il est impossible à aucun propriétaire de trouver son profit à les occuper. Quelques-uns des plus intelligents parmi eux

plus volontiers au changement qui s'est effectué et se font plus de scrupule de porter plainte.

Signé Patrick

2.

RAPPORT

DONNE.

du juge spécial Kennet-Dawson.

District de Manchioneal, 17 mars 1835. Toutes les facilités et toute l'assistance possibles m'ont été données par les magistrats locaux et par les géreurs des propriétés. A

sont si

reçoivent des salaires, tels que les porteurs et les distillateurs ( still house-men), qui gagnent de 5 à 10 francs par semaine; mais, en somme, les apprentis n'y semblent pas disposés et préfèrent même perdre tout leur temps que de cultiver leurs terres à provisions. Il s'ensuit que, dans presque toute l'étendue de mon district, les nègres manquent de vivres, et que beaucoup d'entre eux vivent de ce qu'ils peuvent dérober aux plus industrieux. Je ne constate ni augmentation ni diminution dans le nombre des plaintes; mais, aussitôt que la mésintelligence et l'irritation qui existent seront calmés, j'espère qu'elles deviendront bien moins fréquentes. Signé E. E. FISHBOURNE, juge spécial.

mon avis les apprentis ne savent certainement pas apprécier le

grand bienfait qui leur a été accordé, et de plus ce sont des ingrats qui ne se soumettront au système d'apprentissage que comme contraints et forcés. La conduite des femmes est un grand obstacle à la prospérité des plantations; elles sont turbulentes, obstinées et insolentes. Dans ce district les gardiens se conduisent mal. On les accuse souvent d'abus de confiance et d'inexactitude à leur poste. Il faudrait une loi bien impérative pour obliger les noirs à former leurs enfants, dès l'âge de six ans, à des habitudes d'industrie et de bonne conduite, car ils refusent constamment les secours que leur offrent leurs maîtres et ne veulent pas entendre parler d apprentissage ; ils semblent vouloir au contraire élever leurs enfants pour être leurs esclaves. Les nègres de ce district té-

4. RAPPORT

du juge spécial Lyon. Palmetto River, 18 mars 1835.

Les apprentis du district que j'administre sont aussi contents et travaillent aussi activement que les paysans des contrées les plus civilisées du monde. Pour en être là aujourd'hui, il faut qu'ils aient fait des progrès très-rapides depuis Noël; et j'ai eu la satisfaction d'apprendre que, sur les plantations qui emploient plus de deux cents apprentis, non-seulement on fabrique le sucre avec autant de facilité et en aussi grande quantité qu'autrefois, mais encore qu'on y fait autant de travail d'agriculture qu'on en faisait aupa-


618 RAPPORT SUR LES

QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

ravanl en travaillant davantage. Un autre fait assez singulier, qui se rapporte à la fabrication du sucre de cette année, c'est que, sur aucune des plantations que j'ai eu occasion de voir, on n'a constaté une seule mauvaise barrique, et que la qualité du produit est généralement meilleure que l'an passé. On alléguerait vainement, pour atténuer ce progrès, que la mauvaise qualité des sucres des années passées était l'effet du travail de nuit, puisque maintenant encore on travaille la nuit sur beaucoup de plantations, et que le sucre qu'elles produisent est aussi de bonne qualité. Le travail salarié pourrait devenir général, si tous les administrateurs et géreurs étaient d'accord à ce sujet; mais malheureusement il n'en est point ainsi. J'ai vu les nègres se contenter assez généralement de salaires raisonnables, et, après en avoir essayé, désirer vivement avoir autant de travail qu'on leur en pourrait donner. Les nègres de quelques plantations, qu'on ne paye pas en numéraire parce qu on n'a pas besoin de travail supplémentaire, s'en sont plaints à moi comme d'un préjudice, en me faisant observer combien était plus avantageuse la position de leurs confrères des plantations qui sont payés ainsi. Vu l'appât qu'offre l'argent, et la bonne volonté avec laquelle les nègres s'empressent de travailler pendant leur temps libre quand on le leur demande, je ne pense pas qu'il soit difficile de faire faire le travail entier d'une plantation, soit à la tâche, soit par contrat de louage, en les payant en numéraire. Par conséquent, il n'y a rien à craindre pour l'avenir. Les crimes et les petits délits sont bien moins nombreux sur toutes les propriétés de ce district; la maison d'arrêt n'a que deux détenus ; il n'y en a que bien peu à la maison de correction, et de ces derniers pas un n'a été condamné par moi. Je n'ai reçu que très-peu de plaintes des géreurs, et encore moins des apprentis. Je me suis efforcé de faire sentir à ceux-ci combien il leur importe de devenir soumis et industrieux pour s'assurer le bien-être et une position respectable; et, comme je vois l'industrie se développer partout autour de moi, je dois croire que mes avis n'ont pas été infructueux. En comparant mon journal de septembre et d'octobre avec celui des deux derniers mois, je vois un progrès rapide et surprenant. Si les administrateurs voulaient bien mettre plus de circonspection dans ce qui concerne la capacité et la conduite de ceux qu'ils choisissent pour surveiller et diriger les apprentis, tout obstacle à la réussite de cette expérience bienveillante disparaîtrait sur-le-champ. Propriétaires et géreurs s'accordent à dire que ce changement leur donne à eux autant de tranquillité d'esprit qu'il a procuré de soulagement aux pauvres esclaves. Signé Ed. B. LYON , juge spécial.

5. RAPPORT

du juge spécial Cocking. 16 mars 1835.

Le travail moyennant salaire a été accepté sur presque toutes les plantations, mais cependant les apprentis n'en font peut-être pas autant qu ils le devraient. Il n'y a qu'une seule plantation où les apprentis s y soient refusés, et cela n'a pas fait diminuer le produit hebdomadaire. La récolte se fait assez lentement sur toutes les plantations ; celle de l'année prochaine en souffrira matériellement, si les apprentis ne font pas plus d'efforts. Deux plantations de ce district sont fort en retard, et les apprentis semblent vouloir n'y faire qu'à leur tête. Signé R. COCKING, juge spécial.

6.

RAPPORT

e

PARTIE.

du juge spécial Dillon. Alexandrie, 17 mars 1835.

Les plantations à sucre sont dans une situation très-prospère : la plantation de Cave-Valley produit 13 3/4 barriques par semaine, et celle de Ballentay en produit 13. Le maximum auquel elles aient atteint a été de 18 barriques par semaine. Signé A. DII.LON, juge spécial.

7.

RAPPORT

du juge spécial Gregg. Kingston, 16 mars 1835.

Dans mon comté, que j'inspecte tous les mois, les apprentis travaillent en général très-bien. Lorsque les magistrats spéciaux savent bien s'y prendre, les nègres louent assez volontiers leur temps libre, surtout quand le régisseur est sur les lieux et qu'il promet de les payer en argent. Mais ils ont si peu de confiance dans tout ce qu'ont fait leurs anciens maîtres, que, si on leur manque une fois de parole, il est très-difficile de les faire travailler de nouveau. Quant aux plaintes, elles deviennent beaucoup inoins fréquentes, c est un fait bien avéré, surtout lorsque les magistrats usent d' impartialité et évitent les deux extrêmes. Je ne trouve même pas nécessaire de faire donner pins de vingt-cinq coups de martinet, surtout lorsque cette punition est accompagnée d une réprimande convenable: ce sont les femmes qui semblent donner le plus de peine. A l' égard de l'effet général du système, je suis convaincu qu'il dépasse de beaucoup les espérances qu'avaient conçues ses plus zélés partisans. Signé Gilmore-D. GREGG, inspecteur colonial et juge spécial. 1

8.

RAPPORT

du juge spécial Finlayson. 16 mars 1835.

Cette paroisse contient 25 plantations à sucre, 4 battes (pens), o4 grandes plantations à café, 5 plantations sur lesquelles les apprentis sont ordinairement employés à la tâche, et un grand nombre de propriétés sur lesquelles on cultive le café, le pimento et les provisions. G est seulement sur les plantations à sucre qu'on a tenté de faire travailler les apprentis pendant leur temps libre. Les propriétaires ont d abord beaucoup tardé à leur faire des propositions à cet égard. Chacun craignait peut-être d'offrir des salaires trop élevés, tant qu'il n'y avait pas un taux général sur lequel on pût se guider; d un autre côté, les apprentis craignaient probablement cle s'engager pour des salaires trop faibles. Un autre obstacle encore a pu venir du désir qu'avaient les apprentis de certaines plantations de se réserver la demi-journée du vendredi ou un vendredi sur deux, ainsi qu'il est spécifié dans l'acte d'abolition; car autrement ils sont tout disposés à travailler 16 heures par jour pendant la récolte. Quelle qu'ait été la cause de ce fait, il est certain qu'on ne leur a généralement proposé cle travailler que la veille cle la récolte, et même, sur plusieurs plantations, après que la récolle avait commencé. Les apprentis de beaucoup cle plantations se sont engagés pour le travail extra, moyennant l'allocation des anciennes rations cle salaisons, cle vêtements et d'autres petites provisions, qui dépassent de beaucoup les rations prescrites par l'ancienne loi. Sur d'autres plantations, ils sont convenus d'une certaine


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. - CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1835.—JAMAÏQUE.

•somme en argent; et sur d autres encore ils reçoivent des rations et une somme d'argent. Il est généralement reconnu que le travail revient plus cher .aux propriétaires qui donnent des provisions qu'à ceux qui payent en numéraire. La moyenne du prix de ce travail peut être de 2 sch. 1 d. (2 fr. 60 cent.) pour cinq jours par semaine. Les propriétaires de battes et de plantations à café n'ont fait aucun effort pour engager les apprentis à louer leur temps disponible. On croit que certains propriétaires leur ont demandé de travailler pendant quelques semaines; mais ils n'y ont pas toujours consenti, soit parce qu'on leur offrait un salaire trop faible, soit parce qu on a voulu les rétribuer en leur accordant sur leur travail ordinaire autant de jours qu'ils devaient en céder pendant la récolte sur leur temps réservé. En somme, on pense assez généralement que, quand on voudra offrir aux apprentis des conditions avantageuses, ils n'hésiteront pas à les accepter, et que, l'année prochaine, lorsqu'on aura mieux compris la valeur du travail, et qu'on aura fixé un tarif en numéraire convenable, il sera facile d'obtenir leur travail pendant le temps qui leur appartient. Quant à la bonne volonté des apprentis dans l'exécution du travail ordinaire, il y a un progrès sensible depuis les deux derniers mois. Ils savent bien maintenant qu'ils seront punis s'ils se négligent, et le nombre des plaintes est sensiblement diminué. 161 causes ont été jugées par le magistrat spécial, pendant le mois de janvier dernier. Pendant le mois de février, il n'y en a eu que 132 ; plusieurs plantations n'ont même fait aucune plainte. On ne saurait empêcher qu'il ne se commette quelques délits; mais on peut dire qu'en général les apprentis de la paroisse sont bien disposés, et qu'à bien peu d'exceptions près ils font autant de travail qu'autrefois. Signé Walter FINLAYSON, magistrat spécial.

9. RAPPORT

du juge spécial Olivier. Savanna-la-Mar, 17 mars 1835.

Les 22 propriétés que j'ai visitées m'ont semblé en pleine prospérité, et les géreurs m'ont paru très-satisfaits. Sur une seule les nègres refusaient le travail salarié, mais plutôt pour en faire renvoyer le géreur, dont ils étaient mécontents, que par mauvais vouloir. Sur d'autres, telles que Shrewbury, Petersfield, Mesopotamia, Cornwall, Bail et George's-Plain, ils travaillent tous de bon cœur. Sur plusieurs de ces propriétés, on n'a pas cru devoir les employer hors des heures du travail, mais je n'en suis pas moins convaincu qu'ils auraient travaillé tout aussi bien que les autres. Les bonnes dispositions et la conduite des nègres dépendent beaucoup, à mon avis, des économes des plantations; à l'appui de ce que j avance , je vous dirai que, sur plusieurs propriétés , où l' on a eu des motifs graves pour renvoyer les économes ou pour les punir, on a été par la suite beaucoup plus content des nègres. Les plaintes sont bien moins fréquentes, et, sur 21 établissements que j ai vus, dans le courant de la semaine dernière, il y en a 14 où je n ai pas reçu une seule plainte, soit des maîtres soit des apprentis. Signé V.-M. OLIVIER, juge spécial.

10. RAPPORT

du juge spécial Standish Haly. Chapelton, 16 mars 1835.

Les apprentis du district supérieur de Clarendon ( upper<district of Clarendon), qui comprend plus de 5o propriétés, avec une population negre d au moins 10,000 âmes , sont très-soumis ■et se conduisent bien. Ils se livrent volontiers au travail salarié sur

619

les propriétés ou l' on a besoin de leurs services extraordinaires, et je les sais très-désireux de travailler sur les plantations où on les traite bien et où on les paye régulièrement. Je peux aussi vous dire qu'ils éprouvent maintenant beaucoup de honte lorsqu il leur arrive d être punis, ce qu on ne remarquait pas en eux avant le nouveau système. Il faut attribuer ce changement favorable à la formalité du jugement, aux témoignages demandés sous la foi du serinent, et, en général, à la justice qui préside a la fixation des peines. Si, de la part des géreurs, les plaintes n ont pas beaucoup diminué, on peut en attribuer la cause aux exigences de la saison de la récolle, époque où le travail a besoin d'un surcroît d'efforts. Mais vous pouvez, sans hésiter, assurer Son Excellence que les hôpitaux sont moins encombrés qu'ils ne le sont ordinairement à cette epoque de l' année, et que la maison de correction, bien que ce soit celle qui serve a toute la paroisse de Clarendon et aux autres paroisses avoisinantes qui n'ont pas encore de tread-mill, ne renferme pas plus de 10 détenus, tandis que la moyenne, avant le 1er août, a toujours été de 5o. Signé R. STANDISH-HALY, juge spécial.

11. RAPPORT

du juge spécial Odell.

Saxam-Hill (Hanover), 17 mars 1835.

L'état de mon district, qui contient 31 propriétés avec une population d'environ 8,000 apprentis, est très-satisfaisant. A mon arrivée dans ce district, la plupart des apprentis m' ont semblé peu disposés à accepter du travail salarié pendant leur temps disponible, et le petit nombre d'entre eux qui ont bien voulu travailler exigeaient un salaire très-élevé. Les affaires ont maintenant changé de face, car, sur plusieurs plantations, les apprentis travaillent à raison de 10 d. ou 15 d. par heure, et je pense même qu'avant la fin de la récolte, ce tarif sera généralement accepté. Quanta leur conduite, je dois dire qu'il me semble d'après ce que j'ai eu occasion de voir, qu'elle s'est sensiblement améliorée, et, certainement, les maîtres s'en plaignent beaucoup moins. Signé J. ODELL. , juge spécial.

12. RAPPORT

du juge spécial Daly sur le même sujet. 17 mars 1835.

Les nègres semblent disposés assez généralement à accepter le travail salarié, surtout quand on a soin de leur expliquer trèsclairement que les paresseux ne seront pas bien vus du Gouvernement, et que leur avenir dépend entièrement de la conduite qu'ils tiendront aujourd'hui. J'ai remarqué qu'en général ce moyen réussit. Je dois ajouter que c'est celui qu'emploient presque tous les directeurs des ateliers, et qu'il y en a peu qui pensent que l'on ne puisse faire travailler les nègres qu'en les châtiant. Du reste, je n'hésiterai pas à affirmer que ce sont ceux qui maltraitent les apprentis qui obtiennent le moins de travail, et que c'est des plantations où ce système est en vigueur qu'il m'arrive le plus de plaintes. Ces plaintes, au surplus, diminuent de toutes parts. La disposition des negres qui ont été bien gouvernés me paraît s'être améliorée sensiblement dans cette partie de la colonie ; ils sont revenus de l'idée fausse et extravagante qu'ils s'étaient faite d abord de la liberté. On admet assez généralement que la quantité de sucre qui a été fabriquée dans ce district est égale à celle qu'il a produite à la même époque des années précédentes. Il y a peu de plaintes contre les nègres, et elles sont toutes sans importance. Signé R. DALY, juge spécial.


620

E

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. —II

13. RAPPORT

du juge spécial Welch.

District de Carpenter's Mountain, 17 mars 1835. Ce district contient principalement des plantations à calé, quelques pâturages et beaucoup de bois. Sur les trois quarts des propriétés, il y a un grand nombre de nègres infirmes, qui ne pourront jamais travailler, et dont la plupart ne seront bons qu'à envoyer dans un hospice lorsqu'ils auront terminé leur apprentissage. On est content des apprentis sur presque toutes les propriétés qui sont bien gérées, car, à cet égard, tout dépend du bon esprit des administrateurs, et là où il y a des géreurs habiles, il y a bien peu de plaintes. Sur les plantations dont les maîtres sont bourrus , hostiles au système et toujours mécontents, quoi qu on fasse, les collisions avec les nègres sont fréquentes. Je vois que partout où les économes cumulent les fonctions de géreurs il y a moins de plaintes ; je pourrais même dire qu'il n'y en a presque pas. Là où les administrateurs se mêlent de la gestion, les travailleurs paraissent moins heureux. Un économe très-habile, qui remplit toujours les fonctions de géreur, m'a affirmé «que sous le système actuel ses gens faisaient en quinze jours la besogne ordinaire de trois semaines. » Le mouvement progressif de la civilisation chez les populations nègres doit avoir produit de bons résultats. Le ministre qui dirige cette partie de la paroisse a beaucoup fait pour l'amélioration de leur conduite, et on peut prédire d'excellents résultats, lorsque les ministres de la religion s'occupent sérieusement du bien-être de leurs paroissiens. Les nègres prêtent beaucoup d'attention aux avis des missionnaires et recherchent assez avidement l'instruction religieuse ; ils sont doux et inoffensifs, et ont cette organisation de caractère dont il ne faut pas espérer de grands efforts, ni de corps ni d'esprit. Ils offrent à leurs maîtres le temps qui leur appartient à raison de 1 fr. 85 cent, par jour; mais c'est plus qu'il n'est possible à ceux-ci de donner. Ils semblent assez disposés à travailler à ces conditions. Du reste le nègre peut utiliser plus avantageusement le temps laissé à sa disposition, en cultivant des provisions, du blé et quelques autres espèces de vivres. Le"premier nègre venu avouera qu'il peut retirer de ses terres à provisions 1 fr. 3o cent, par jour et pendant toute la semaine, s'il lui est permis d'y consacrer son temps. Cela lui fait un revenu annuel de 390 francs, ce qui ne laisse pas que d'être un assez beau revenu pour un laboureur, sans exiger un travail bien pénible. Les plaintes sont très-insignifiantes et proviennent le plus ordinairement de la classe des domestiques, comme cela arrive, même en Europe. Aux champs il n'y a de plaintes que sur les femmes, qui sont insolentes envers les constables auxquels elles ne veulent pas obéir. Je ne vois aucune disposition de la part des nègres à une résistance passive, et les apprentis ne se plaignent nulle part du nouveau système de travail. Enfin je pense qu'ils sont généralement fort disposés à accueillir favorablement l'administration de la justice, telle que le prescrit l'acte d'abolition. Signé Arthur WELCH, magistrat spécial.

14. RAPPORT

du juge spécial Jakson. 17 mars 1835.

J ai parcouru toutes les localités de mon district, et j'ai appris, de quelques propriétaires et administrateurs recommandables, que les apprentis de la plupart des plantations se sont beaucoup mieux conduits depuis ma dernière tournée. Sur beaucoup de propriétés, ils travaillent de bon cœur, moyennant un salaire,

PARTIE.

tandis que, sur d'autres, ils persistent encore à s'y refuser. Cela provient, à ce que m'ont assuré les propriétaires et les directeurs eux- mêmes, de ce que cette partie du district n'a été visitée par aucun juge spécial depuis le 1" août; les apprentis ignoraient donc la loi. Après les avoir fait assembler, je me suis efforcé de leur en expliquer les dispositions, aussi j'espère que mon premier rapport apprendra à Votre Excellence qu'ils ont su profiler de mes avis et que tout va bien. Je dois dire aussi que j'ai reçu des propriétaires et des directeurs toute l'assistance possible dans l'exercice de mes fonctions. Malgré les conseils qui m'avaient été donnés par quelques propriétaires de ne visiter leurs plantations qu'accompagné d'une force imposante, je m'y suis rendu seul et entouré des apprentis. J'ai fait mon devoir sans crainte. J'ose espérer que j'aurai mérité l'approbation de Votre Excellence. Signé James JACKSON, magistrat spécial.

15.

RAPPORT

du juge spécial Marlton. New-Ramble, 17 mars 1835.

Dans le district j ai 16 plantations à sucre à visiter; les moulins y marchent a diverses époques pendant douze, seize et dixhuit heures, selon les besoins. Je ne sache pas que nulle part il y ait eu obstacle à la coupe des récoltes. Certains géreurs font travailler a la lâche, d'autres donnent du temps en retour, d autres encore donnent des rations de rhum, de sucre et de provisions salées : il y en a qui font travailler les apprentis 45 heures pendant et après les récoltes; les travailleurs donnent 4 1/2 heures par semaine pour une ration de poisson salé. Les apprentis, dans toute l'étendue de ce district, font preuve des meilleures dispositions pour le travail salarié. Non-seulement ils acceptent un prix quand on le leur offre, mais, ils préfèrent encore cet arrangement à tout autre. Les propriétaires ne se soucient pas toujours de donner des salaires, mais là où on les a offerts, les apprentis louent volontiers leur temps. Beaucoup de géreurs m ont assuré des bonnes dispositions de leurs apprentis. Lors qu'on a essayé franchement le nouveau système, en agissant de bonne foi avec les nègres, les propriétaires n'ont eu d autres embarras que les délits qui se commettent dans tous les pays. Les apprentis regardent le nouveau système comme un grand bienfait, et sont bien aises de profiter de tous les avantages que la loi leur accorde. Il y a pourtant un grand inconvénient pour ce qui regarde le temps du travail ; c'est qu'il n'y a pas d'heure fixe pour les repas des travailleurs aux champs. Beaucoup d'entre eux s'imaginent qu'on les trompe. On ressent vivement le besoin d horloges et de montres: sur plusieurs plantations, on a été obligé de donner des montres aux constables, surveillants des champs. Je ne peux pas dire que l'irritation résultant de l'application du nouveau système , que les propriétaires et les géreurs ont appelé un empiétement sur leurs droits, soit entièrement calmée; les propriétaires s'accoutument difficilement à regarder leurs anciens esclaves comme leurs égaux devant les cours de justice et les tribunaux. Quant à la fréquence des plaintes, je pense que les nègres commettront moins de délits quand ils connaîtront mieux les lois. C'est du moins ce que j'ai cru reconnaître. En effet, il ne m'est plus parvenu de plaintes des plantations où je me suis donné le plus de peine pour expliquer les prescriptions de la loi sur les obligations réciproques des mailres et des serviteurs. En somme, je pense, pour ce qui est de mon district, qu'il présente un heureux exemple de la réussite du nouveau système, et qu'il ne faut qu'un peu de bonne foi de la part des géreurs pour rendre les apprentis propres à recevoir


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.—1835. —JAMAÏQUE.

i affranchissement. Je n ai pas appris que les propriétaires ou géreurs aient fait aucune démarche pour l'établissement d'écoles, pour l' instruction des apprentis, ou pour encourager le mariage de leurs serviteurs.

18. RAPPORT

du juge spécial Daughtrey sur le même sujet. Sainte Elisabeth, 24 mars 1835.

Signé William MARLTON , juge spécial.

16. RAPPORT

du juge spécial Pryce.

District intérieur de Trelawney, 17 mars 1835. Les apprentis se conduisent bien, et la tranquillité n'a cessé de régner dans ce district. Tous les moulins sont en mouvement, et depuis que les pluies ont cessé, le produit hebdomadaire des plantations, qui a toujours été avantageux, a considérablement augmenté. La récolte marche rapidement et aussi bien qu'on peut l'espérer Signé S. PRYCE, juge spécial.

17. RAPPORT

du juge spécial Mac-Leod sur le même sujet. Old-Harbour-Market, 18 mars 1835.

Quant à la bonne conduite des apprentis, et aux bons sentiments qui existent entre eux et leurs maîtres, mon district est dans un état très-satisfaisant. Par malheur cependant, le travail salarié est loin d'être aussi considérable que l'exigeraient les besoins du pays. Dans les quatorze plantations placées sous ma surveillance, il n'y en a que cinq où l'on travaille ainsi, et eDcore, pendant quelques heures par semaine seulement. Cet étal de choses désastreux ne provient pas de la mauvaise volonté des nègres, mais bien de ce qu'ils exigent un salaire beaucoup au-dessus de ce que veulent donner les géreurs. Les apprentis occupés à des travaux extra ne sont salariés qu'à rai-

621

Dans l'étendue de la paroisse que j'administre les nègres se conduisent bien et les planteurs sont contents de leur travail. Votre Excellence n'ignore pas que je ne suis arrivé que tout récemment. Cependant j'ai déjà vu toutes les principales plantations de mon district et quelques-unes même plusieurs fois. La plupart ne m'ont pas fait parvenir une seule plainte. Dans le petit nombre des délits commis par des nègres, et qui ont été soumis jusqu'ici à ma juridiction, je n'en ai reconnu aucun d'une nature grave. Les nègres sont généralement d'un bon caractère. L'on m'assure que non-seulement ils travaillent pendant les heures que prescrit la loi, mais encore qu'ils font passablement d'ouvrage et de bon cœur. On n'en a pas encore vu refuser le travail moyennant salaire, et, en ce moment, ils l'acceptent volontiers partout où ou leur en offre. Je sais même que beaucoup d'entre eux vont en solliciter pour le temps qui leur appartient en propre. On m'a plusieurs fois exprimé combien on était content de la manière dont s'exécutait le travail libre. J'ai eu souvent occasion d'assister a la paye, et j'ai remarqué avec, plaisir qu'au lieu de se plaindre des salaires, comme cela arrive le plus ordinairement , ils sesont tous présentés de la manière la plus polie, et le contentement sur le visage pour recevoir leur argent, comme ils disent avec emphase. Ils sont très-habiles à calculer ce qu'ils ont à recevoir, et je défie qu on trompe les moins intelligents d'entre eux de la plus petite fraction de ce qui leur revient. Ils aiment l'argent : c'est un trait caractéristique chez eux. En présence d'un état de choses aussi encourageant, il n'est pas étonnant de voiries propriétaires et les géreurs, ceux du moins qui en ont la franchise, avouer que leurs craintes au sujet des suites fâcheuses qu'ils avaient prédites à l'occasion du changement du système de travail ne se sont pas réalisées. Enfin ils commencent à se faire une opinion favorable des choses, et croient maintenant qu'il sera possible de vivre

son de 10 ou 15 centimes par heure: si les géreurs voulaient bien leur allouer de 20 à 3o centimes, je ne doute nullement que tous les nègres, hommes et femmes, ne consentissent à travailler

en paix et de tirer bon parti des capitaux même à la Jamaïque. J ai eu le plaisir d'entendre les mêmes assertions toutes les fois que j ai visité les habitants les plus influents de cette grande et

pendant leur temps libre. J'ai dit à plusieurs géreurs que j'espérais qu'ils voudraient bien accorder le salaire que demandent les nègres; tous m'ont répondu que cela leur était impossible, parce que l'indemnité n'avait pas encore été payée. Autrement le travail salarié, à raison de 20 ou 3o centimes par heure, aurait été essentiellement profitable aux plantations. Voilà donc dans quelle position embarrassante se trouve actuellement la plus grande partie des habitants de cette colonie. Les propriétaires se plaignent de n'avoir pas encore reçu l'indemnité ; ce qui, disent-ils, leur causera un très-grand préjudice. On s'accorde généralement à dire que le retard apporté cette année dans la rentrée de la récolte, par suite du refus d'un grand nombre de nègres de faire du travail extra, portera un tel dommage à la culture, qu'il s'en suivra une diminution sensible dans la récolte de l'année prochaine. Mais, quant à l'état du district, je le répète, il est très-satisfaisant. L impossibilité de s'entendre relativement au travail extra ninllue nullement sur la bonne intelligence qui règne entre les maîtres et les apprentis : ces derniers se livrent de bon cœur et assidûment au travail que prescrit la loi; il y a décidé-

belle paroisse. J'ai tout lieu de croire, d'après ce que j'ai pu voir dans la paroisse où j'ai commencé mes fonctions officielles, aussi

ment moins de plaintes maintenant qu il n'y en avait au commencement de l'apprentissage, et celles qui sont portées sont beaucoup moins graves. Signé Alex. N. MAC-LEOD, magistrat spécial.

bien que dans celle où je les exerce actuellement, que la première année de l'apprentissage pourra donner des résultats pécuniaires beaucoup plus avantageux que ceux des années précédentes, ce qui est loin d'être ruineux, comme beaucoup l'avaient prédit. Mon rapport serait imparfait si je m'abstenais d'exprimer ma conviction que c'est aux instructions et à l'influence du curé de la paroisse et de deux ou trois ecclésiastiques, aidés par le zèle assidu, persévérant et désintéressé des frères moraves, qu'on doit en grande partie attribuer un état de choses aussi satisfaisant. Signé J. DAUGHTREY.

19. RAPPORT

du juge spécial Farrar. Houghthon-Grove, 2à mars 1835.

J ai l' honneur de vous transmettre un état comparé des récoltes des plantations à sucre, pour les années 1834 et 1835, jusqu'au 20 courant. Je suis fâché de voir que les apprentis sont loin d'être assidus a l' ouvrage, et que, quand ils travaillent, ils n on font pas autant qu'ils le devraient. Les apprentis de quelques plantations travaillent moyennant salaire, et on ne se plaint sur aucune de celles-ci qu'ils aient refusé les salaires qui leur étaient offerts. J'ai cependant constaté quelques exemples de refus sur d'autres


e

622 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE.

plantations. Les apprentis font les tâches prescrites par la loi, mais, en général, ils ne travaillent pas de bon cœur, et montrent même de la mauvaise volonté ; les plaintes des géreurs sont loin de diminuer. Signé Simon FARRAR, juge spécial.

20. RAPPORT

du juge spécial Colebrooke.

qu'ils continuent maintenant à se montrer mieux disposés envers leurs maîtres , et j'ai l'espoir aussi que j'aurai bien peu de délits à juger. Signé Siméon FARRAR, magistrat spécial.

24. EXTRAIT

Plantation de Lloyd's (paroisse de Saint-David), le 13 mai 1835.

Knock-Patrick (Manchester), 25 mars 1835.

Il y a progrès dans la conduite et dans le travail des apprentis de mon district; les plaintes deviennent moins nombreuses. Us se montrent généralement disposés à travailler à raison de deux francs, mais c'est plus que ne peuvent donner beaucoup de propriétaires. Signé Thomas COLEBROOKE , juge spécial.

21. RAPPORT

du juge spécial Ramsay.

Spanish-Town (Sainte-Catherine), 2 5 mars 1835.

En ce moment les apprentis travaillent assez volontiers moyennant salaire, surtout si l'on considère qu'il est depuis longtemps d'usage, dans cette paroisse, de leur permettre d'utiliser leur temps disponible à faucher de l'herbe et à couper du bois pour leur compte. Ces produits se vendent assez bien et procurent à beaucoup d'entre eux un gain plus considérable que s'ils disposaient de leur temps au service de leurs maîtres. Pendant l'exercice de mes fonctions dans diverses parties de la colonie, j'ai eu maintes occasions de juger de quelle manière le nouveau système agissait sur l'esprit et les dispositions de la population nègre, et je peux assurer à Son Excellence qu'à bien peu d'exceptions près (moins enfin qu'on en aurait à constater dans toute autre communauté sous l'influence d'un si grand changement) les apprentis sont généralement tranquilles, qu'ils travaillent de bon cœur, et que ceux de l'intérieur commencent à apprécier l'avantage de se louer à leurs maîtres. Autant que je peux en juger, je pense que des sentiments de bon accord commencent à naître entre les parties. Signé William RAMSAY, juge spécial et inspecteur général de police.

22. EXTRAIT

d'une lettre de M. Farquharson. Spring-Mount, 14 avril 1835.

Toutes les plantations de mon district marchent bien, et l'intervention d'un magistrat spécial, y est* rarement nécessaire. La plantation de Salt-Savanna a produit une moyenne de dix barriques de sucre par semaine, pendant six semaines, avec une machine de 10 chevaux et seulement 5 chaudières; la plantation de Lon-Ground, dans la paroisse de Clarendon, en a produit neuf barriques par semaine, pendant trois semaines, avec un moulin hydraulique et cinq chaudières, en commençant le travail le matin de bonne heure et en arrêtant le moulin avant huit heures du soir : ces deux plantations appartiennent à M. Wildman.

23. EXTRAIT

du rapport du juge spécial Farrar. Houghton-Grove, 11 mai 1835.

Les apprentis de ce district se conduisent beaucoup mieux qu'ils ne l'avaient fait jusqu'ici. Je ne doute pas

du rapport du juge spécial Lyon.

Il est de mon devoir de citer quelquefois, à à l'appui de mes rapports sur la bonne volonté et l'activité des apprentis, certains faits qui viennent à ma connaissance. En voici un : Depuis quinze jours, les apprentis de la plantation de Garbrand-Hall sont occupés à creuser des trous à cannes dans un sol dur et rocailleux. Us font environ chacun no trous par jour. C'est là une moyenne qui n'a jamais été atteinte pendant l'esclavage, et je pense qu'il est rare qu'on en ait fait plus sur aucune plantation, même dans les terrains les plus légers. C'est, sans doute, un exemple d'excès de travail; mais je suis heureux de pouvoir certifier que, sur toutes les plantations à sucre des alentours, les apprentis travaillent avec une assiduité et une bonne volonté dont, je puis le dire, on n'a pas encore eu d'exemple à la Jamaïque. Signé E. B. LYON , juge spécial.

25. EXTRAIT

du rapport du juge spécial Davies. Falmouth, 18 mai 1835.

Le rapport sur la paroisse de Trelawney, annonçant que les préparatifs de la récolte de l'année prochaine ont été complètement négligés, n'est justifié par aucun fait. J'ai été aux informations sur diverses propriétés, dont les administrateurs sont indignés qu'on puisse supposer que ce renseignement émane d'eux, car il ne serait guère de l'intérêt général que leur dire ne s'accordât pas avec celui de leur économe. Mais voici ce qui, peut-être, est vrai. Dans les parties de l'île où le temps additionnel qui a été fourni par les nègres ne leur a pas été rétribué, la culture ne saurait être avancée, et de là une foule de plaintes; quant aux plantations ou les nègres ont été payés, il n'en sera pas ainsi. Tout est tranquille dans le district; cependant je dois signaler l'extrême mauvaise conduite des émigrants, et l'influence funeste qu'elle pourrait avoir sur l'esprit de la population nègre. Signé Th. DAVIES, juge spécial.

26.

EXTRAIT

du rapport du juge spécial Hawkins. Rio-Bueno, 18 mai 1835.

J'ai visité presque toutes les plantations de mon district, dans le courant de la semaine passée, et je puis vous assurer que ce qui vous a été écrit sur la négligence des noirs à préparer la récolte présente de cette paroisse n'est pas exact. L'honorable M. Muller a réprimandé ses économes pour avoir fourni ce renseignement, en disant qu'on aurait dû s'adresser à lui. Signé D. HAWKINS, juge spécial.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1835. — JAMAÏQUE. 27.

EXTRAIT

du rapport du juge spécial S. Pryce. Rop-Hill-Pen, 19 niai 1835.

Je peux affirmer en parfaite confiance que, sur toutes les plantations de mon district, qui sont convenablement gérées, les espérances de la récolte pour l'année prochaine sont fort belles. Il en est plusieurs où cette récolte pourra surpasser ou tout au moins égaler celle de cette année. Sans doute il y aura une diminution assez considérable sur quelques autres, soit à cause du nouveau régime de travail soit à cause de la nonchalance des planteurs eux-mêmes, dont plusieurs s'étaient déjà consolés, à mon arrivée, de la non-réussite totale de leur récolle. Sur une plantation la récolte était déjà faite , et on avait recueilli 80 barriques de sucre : la récolte est ordinairement estimée a 160 barriques.

623

prochaine. Pourquoi ce désir d'empêcher les magistrats de se mettre au couran t de ce qui se passe sur les plantations ? On accuse les juges spéciaux de donner de faux renseignements au Gouvernement : ne doit-on pas plutôt accuser les géreurs de fournir de faux renseignements aux magistrats ? Signé R. C. PENNELL , juge spécial.

29. RAPPORT

du juge spécial Lyon. Coby-Estate, 1er juin.

D'après William Drew, économe, la culture des champs est aussi avancée que d'habitude à pareille époque de l'année, et le nombre d'acres plantées en cannes est égal à celui qui, l'année dernière, à la même époque, avait la même destination.

Signé S. PRYCE. Serge-Island, 1er juin. 28.

EXTRAIT

du rapport du juge spécial Pennell. Rio-Bueno, 19 mai 1835.

H vous a été fait un rapport sur Trelawney, portant que les préparatifs pour la récolte de l'année prochaine ont été entièrement négligés. Je me réfère, à ce sujet, à mon rapport du 28 du mois dernier, dont je puis garantir l'exactitude. Je me vois forcé de m'étendre un peu longuement sur ce point afin d'aider à comprendre ce que j'aurai à communiquer dans la suite. Avant mon arrivée à la Jamaïque, il n'existait personne, je crois, qui fût plus opposé que moi aux mesures qu'on a adoptées pour l'émancipation des nègres clans les Indes occidentales. Je fondais mes objections sur l'expérience que j'avais acquise de l'esclavage au Brésil ; et j'en avais tiré des comparaisons très-erronées, et, plus tard, des conclusions non moins inexactes. Je n'avais pas songé à la grande différence qui existe entre le nègre récemment importé de la côte d'Afrique et celui qui est né et élevé dans la colonie, souvent même depuis plusieurs générations. Mais je ne tardai pas à voir dans quelle erreur j'étais tombé, et je suis convaincu maintenant que si le Gouvernement anglais n'avait pas eu recours à ces mesures, il y aurait été contraint. Le grand mal provient, dans mon opinion, de ce que les nègres ont trop de temps à eux, beaucoup plus qu'il ne leur en faut pour cultiver leurs terres à provisions ; c'est à tel point qu'on peut dire qu'on les encourage à la paresse. Il ne faut pas espérer qu'on pourra faire faire autant de travail en neuf heures qu'on en obtenait autrefois en dix-huit; et cependant j'ai vu des registres de certaines plantations qui constatent que la moyenne de travail de vingt-quatre heures pendant la re'colte n'a pas dépassé, dans les quatre dernières années, la quantité qu'on a obtenue dans ces neuf heures. C'est là ce que portent les registres, et dans les deux cas la moyenne a été la même. Je dois faire observer ici qu'on a accusé les juges spéciaux de faire de faux rapports. On a prétendu qu'ils ne se souciaient guère que ces rapports fussent publiés. Si tout marche aussi mal que veulent bien l'affirmer quelques individus de la paroisse de Trelawney, comment se fait-il que le juge spécial n'a reçu qu'une seule plainte quant à l'insuffisance du travail pendant la dernière semaine et que cette plainte provienne de la plantation de Manchester, dont le géreur a assuré qu'il n' avait porté que cette seule plainte à un juge spécial depuis le 1er août. Les propriétaires ont souvent réprimandé les géreurs pour avoir fourni des renseignements sur les préparatifs de la récolle

Thomas EMSLIE, propriétaire et économe. Nous sommes aussi avancés, pour la culture des champs, que nous l'étions l'an dernier à la même époque. Nous n'aurons pas d'autre différence dans les produits que celle qui doit nécessairement résulter de la réduction que nous avons apportée dans le nombre des travailleurs. Ce printemps, nous avons occupé les gens de la plantation à faire des trous à cannes, ouvrage qu'autrefois nous faisions exécuter par des gens de corvée. Nous avons reculé le moment de la récolte afin de pouvoir envoyer paître le bétail pendant la saison sèche.

Garbrand-Hall. W. NANGLE,

économe.

Ces trois dernières semaines, plus de soixante-dix de nos apprentis sont entrés à la fois à l'hôpital, par suite d'une espèce d'épidémie. Ce fait nous a mis en arrière, mais avec un jour de travail de tout notre monde nous réparerons ce retard. La récolte aurait pu s'achever en six semaines : nous avons été obligés de la remettre à la fin de la saison sèche, à cause du bétail pour lequel il nous fallait des pâturages. Aujourd'hui encore l'arrivée d'une machine, exécutée d'après le principe du docteur Ure, et dont nous désirons faire l'essai cette année, nous a mis de nouveau en retard; il nous reste à peu près assez de cannes à couper pour nous occuper la semaine prochaine. Celte année, les trous à cannes, que des hommes de corvée étaient autrefois chargés de faire, ont été creusés par l'atelier même de la plantation.

Buckingham, 2 juin.

John PALMER, économe. Nos champs sont bien cultivés. Nous ne sommes en retard que pour planter. Ce retard nous vient de ce que nous n'avons pas eu de temps sec. Il nous faudra renforcer les champs où l'on a plante de bonne heure-, cette opération nous demandera quelque temps : nous ferons autant de cannes que nous en avons fait l'année dernière à pareille époque.

Blue-Mountain, 2 juin. W. SPIRT,

économe.

Nous sommes en avant pour tout notre travail, excepté pour planter, ce que nous ne pouvons faire pendant le temps sec. Nous


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RAPPORT SUR LES QUESTIONS

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COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE.

n' avons pas eu de pluie pendant ces quatre mois. Nous planterons , en dix acres de terrains, autant de cannes que l'an passé.

Mount-Pleasant.

Le fils du propriétaire, M. Nockells, qui est à la fois économe et administrateur,' au retour d'un voyage d'agrément de six semaines, a été très-satisfait de l'amélioration que le travail de la plantation avait éprouvé pendant son absence. J'ai interrogé le principal chef des travailleurs : il m'a assuré que partout les champs sont dans le meilleur état, et que la récolte est plus avancée aujourd'hui qu'elle ne l'était l'année dernière à la même époque. Ce creusé les trous à précédemment par moitié des noirs de de l'épidémie.

sont les apprentis qui, cette année, ont cannes, dans lequel ils avaient été aidés des hommes de corvée. En ce moment, la la plantation se trouve à l'hôpital par suite

Hall-Head, 3 juin. L'économe et principal chef des travailleurs m'a dit que les champs sont dans une condition favorable, et les préparatifs de la moisson aussi avancés que d'habitude. On plantera au printemps vingt acres de cannes. L'année dernière on n'a fait aucun plant. La récolte est presque terminée.

Petersfied, 3 juin.

John R. GROSSETT, propriétaire; Thomas BLAKELEY, administrateur ; William RIENARDSON , économe.

Golden-Valley, 5 juin.

Philip J..., propriétaire ; Alexandre BARCLAY, administrateur, John TASKER, économe. La culture de nos champs est avancée. Nous planterons, ce printemps, plus de cannes que nous n'en avons plantées au printemps dernier. Tout serait terminé aujourd'hui, sans une épidémie qui nous a forcés d'arrêter le moulin pendant une semaine. Presque tous les ouvriers de la plantation sont à l'hôpital. Il n'y a aujourd'hui que treize individus au travail.

White-Hall, 5 juin. Charles O. HODGSON, propriétaire résident. En une semaine la récolte a été finie. Nous avons eu plus de sucre que l'année dernière Nous n'en espérons pas moins pour la récolte prochaine, car le nombre d'acres que nous avons préparées ce printemps est égal à celui que nous avons préparé le printemps dernier, s'il n'est pas plus fort.

Spring, 5 juin. BOND et RUTHERFORD, propriétaires; Charles ANDERSON, administrateur; Thomas ROSE, économe.

Cette plantation se trouve sous l'administration de la cour de chancellerie. Pendant quelques années ses propriétaires ont été indécis sur la question de savoir s'ils continueraient à en faire

Nous sommes extrêmement arriérés. C'est à peine si nous avons achevé un champ de cannes. Notre récolte sera tardive. Cette plantation n'a pu encore se relever du préjudice qui lui

une plantation à sucre, ou s'ils la convertiraient en un parc. Les champs, par cette raison, ont été négligés. Du reste, on en fera prochainement un parc, si toutefois on ne l'abandonne pas tout à fait.

a été causé par l'insubordination des apprentis, qui s'est prolongée pendant deux mois, à partir du 1er août dernier.

Chaque semaine la moitié des travailleurs de cette propriété est employée dans la plantation de Cardiff.

Middleton, 4 juin.

James FORSITH, propriétaire; William H. How, économe. Nous avons achevé presque tous nos champs. Nous planterons, pendant cette saison environ quarante acres de jeunes plants. Notre récolte est terminée. On était presque déterminé, Tannée dernière, à se défaire de cette propriété ; mais, depuis le mois d'août, le propriétaire, qui demeure à Kingston, lui a imprimé un nouvel élan en y envoyant soixante apprentis de plus, et en consacrant une somme d'environ 2 5,ooo francs pour la réparation des bâtiments et la continuation des travaux. Cette manière d'agir est, à mon avis, une preuve directe qu'il approuve le système actuel et qu'il a confiance dans l'avenir.

Crighton-Hall, 9 juin. WADDINGTON,

propriétaire; J. R. AYLEY, administrateur et

économe. Nous ferons cette année deux cents barriques de sucre : c'est notre récolte régulière depuis cinq ans. Si nous n'éprouvons aucun déficit, la récolté prochaine atteindra le même chiffre. La grande sécheresse que nous avons subie nous a occasionné une certaine augmentation de travail : de sorte que nous sommes moins avancés que Tan dernier. Toutefois la différence est de pieu de chose. Nous pourrions avoir déjà fini la récolte ; mais, comme nous avons tout le temps nécessaire pour l'embarquer au mois d'août, nous nous inquiétons peu de ce retard. Il nous reste maintenant environ vingt barriques à faire. En deux semaines, nous pourrons en être quittes.

Spring-Garden, 4 juin.

Les héritiers de M. N. BEKFORD , propriétaires ; Charles SCOTT , administrateur; Andrew STEIN, économe. Nous sommes en retard pour la récolte et la culture de nos champs. Une partie des travailleurs de la plantation se trouvant pour le moment à l'hôpital, le moulin est arrêté depuis deux semaines. Dans cette propriété, où il n'y a que très-peu de travailleurs , on se trouve obligé, pour couper des cannes le lundi, de suspendre le moulin le vendredi. Le nombre des personnes occupées lorsque le moulin fonctionne, n'est que de dix à douze. On ne peut y fabriquer le sucre, à moins de se faire assister par des gens de corvée.

Greenwall, 9 juin.

George WRIGHT, propriétaire résident ; T. P. MATHEWS, économe. Cet économe m'annonce que leur récolte est achevée depuis trois semaines : ils en sont contents. Si, ce qui est possible, leurs champs n'ont pas été préparés avec le même soin que d'habitude, leurs pâturages seront relardés.

Georgia, 15 juin. R. MILLER, propriétaire; Charles SCOTT, administrateur; John JONES, économe.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1835. — JAMAÏQUE.

H ne nous reste plus de la récolte de cette année qu'un champ à moissonner. Nos champs sont cultivés. Plantation peu peuplée.

Mont-Liban, 16 juin. W. WYLLYS ,

propriétaire ; John CROCKETT, administrateur.

C. MAPOTHER, économe, me fait observer que ses travailleurs sont un peu moins avancés pour la récolte que l'an dernier, à la même époque, et qu'ils n'ont retourné l'engrais que sur une pièce de terre. Le moulin a fonctionné toute la nuit. Dans cette plantation, il règne beaucoup d'activité. Les champs en sont montueux et à une grande dislance de l'usine. On transporte à dos de mulets : la terre n'est pas très-bonne.

17 juin 1835.

Telles sont les observations que j'avais à faire sur la récolte et la culture des champs, dans toutes les plantations à sucre de mon district. D'après les remarques personnelles que j'ai faites et les renseignements que m'ont fournis les conversations, je vois que la majorité des planteurs est en avance pour la récolle prochaine ; ils espèrent qu'elle ne sera pas moins bonne que celleci. Loin d'avoir diminué la quantité de plants, on l'a augmentée sur plusieurs habitations. Signé E. B. LYON, juge spécial.

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Européens pourront se charger de tout le travail qu'exige la culture du café, du gingembre, des provisions de bouche et des produits de moindre importance. Avec le temps ils pourront ne former entre eux qu'un corps effectif de police, et, de temps à autre, on les occuperait sur les plantations à sucre ou autres, où, par leur industrie, ils seraient d'un bon exemple pour les apprentis. En s'établissant sur ces terres, ils empêcheraient les nègres paresseux de venir s'y fixer, lorsqu'arrivera l'époque de leur affranchissement absolu. D'après le peu de ressources qui restent à la colonie, les soussignés savent bien qu'il ne faut pas espérer que le trésor de la Jamaïque pourvoie aux frais de transport et d'installation de ces émigrants ; c'est pourquoi ils supplient Votre Excellence de vouloir bien solliciter le secours de la mère patrie pour la réalisation d un projet d'une si grande importance. C est le seul moyen auquel il soit encore possible d'avoir recours pour assurer le bonheur de tous les sujets de Sa Majesté; et pour continuer, même sur une petite échelle, la culture des denrees d exportation, qui sont d'un revenu si important pour la Grande-Bretagne. (Suivent soixante-treize signatures.)

d'une dépêche du marquis de Sligo à lord Glenelg, sur l'état de la culture et les dispositions des travailleurs.

31. EXTRAIT

Higbgate, 21 juin 1835.

de soixante-treize planteurs et personnes intéressées dans les propriétés de la paroisse de Trelawney, sur le résultat du système d'apprentissage.

30. MÉMOIRE

20 mai 1835. A Son Excellence le marquis de Sligo. Les soussignés exposent humblement qu'après un essai de neuf mois du système d'apprentissage prescrit par l'acte d'abolition en vigueur dans celte île, les prévisions des hommes de pratique, relatives aux résultats funestes de ce système, sont pleinement réalisées. On doit malheureusement s'attendre à voir bientôt dépérir entièrement la culture des denrées d'exportation dans la colonie. Bien que la saison ait été très-favorable, et qu'on ait pu profiter du travail des années précédentes, il n'est pas permis d'espérer que la prochaine récolte de sucre atteindra la moyenne des autres années. La cause unique de ce fait, c'est que les noirs ont fourni très-peu de travail, depuis le commencement du système d'apprentissage. Les soussignés font observer que tout le travail qu'on obtient maintenant des apprentis, même en les rétribuant largement pour le temps qu'ils y consacrent, se borne exclusivement à la fabrication du sucre, et que, par suite de la négligence apportée à la culture des champs de cannes, on n'a pu faire de nouveaux plants ni s'occuper utilement des rejetons et des prairies. Un déficit considérable dans la récolte de l'année prochaine devra nécessairement s'ensuivre, et le mal augmentera successivement tous les ans, jusqu'à ce qu'on soit obligé d'abandonner définitivement les plantations à sucre, quoi qu'en disent les gens sans expérience qui se bercent de folles illusions. Après y avoir donné toute l' attention que mérite une question aussi grave, les soussignés sont donc d'avis que la seule chance qui leur reste de continuer à rendre cette colonie profitable à la Grande-Bretagne est de former des établissements de blancs dans l' intérieur rie la colonie. La température y est si douce que des II.

J ai eu l'honneur de vous communiquer, il y a quelque temps, la résolution qui a été prise à une assemblée de Falmouth, présidée par M. Miller. J'ai eu l'honneur de vous mander en même temps que les quatre juges spéciaux de celte paroisse s'étaient empressés de m'écrire, d'un commun accord , pour me donner l' assurance positive qu'il ne s'était passé dans leurs districts aucun événement qui pût rendre nécessaire une telle résolution. J'adressai alors une circulaire à tous les juges spéciaux, et je leur prescrivis de s'informer, avec la plus scrupuleuse exactitude, de l'état de la culture pour l'année prochaine sur toutes les plantations de leurs districts respectifs ; de me faire connaître à l'avenir la perspective des récoltes, et de me dire si celles de cette année étaient faites ou non. Vous trouverez, dans le rapport que je vous transmets à ce sujet, ces détails pour 762 plantations : ils sont rédigés par 3g juges spéciaux. Je vous transmets également copie des lettres de ceux des juges spéciaux qui ont cru devoir m écrire a ce sujet. En jetant les yeux s ir ces pièces, vous verrez toute l' influence que peut exercer une bonne gestion ; vous verrez aussi que toutes les plantations qui sont confiées à de bons administrateurs sont très avancées, tandis que d'autres sont très-arriérées. On m'assure qu'un des plaignants a fait une récolte énorme celte année ; un autre, qui prétend que les plantations des paroisses de Sainte-Elisabeth et de Westmoreland ne pourront fournir leur contingent et dont la plantation est annoncée, dans le rapport de M. Bell, comme très en retard, ayant pris chez lui un grand nombre d'immigrants allemands, a été obligé d'employer des nègres à construire des habitations pour les nouveaux venus, au lieu de leur faire faire les travaux ordinaires de culture. Il est notoire que cette plantation est excessivement malsaine , et le propriétaire , voyant qu'il perdait beaucoup de monde par la mauvaise nourriture et la construction vicieuse des habitations fut obligé d'employer ses gens à en construire de nouvelles. Mais le dépérissement de cette seule plantation ne saurait démontrer le non-succès du système. M. Gurley , un des juges spéciaux de la paroisse de Sainte-Élisabeth , me mande que , sur une des plantations de M. Wildman, gérée par M. Farquharson, celui-ci lui dit que la culture était tout aussi avancée qu'à l'ordi-

40


626

e

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

naire, et que, lorsqu'il fit la même question à l'économe ; celui-ci lui répondit de suite : « Je sais très-bien ce qui vous occupe ; vous cherchez des faits pour le gouverneur. Il veut démentir le bruit qui s'est répandu de la non-réussite des récoltes ; mais vous aurez beau faire, vous n'y parviendrez pas. » Voilà qui vous prouvera quels sont les sentiments des économes, depuis qu'ils ont perdu leur domination. M. Raulinson, juge spécial de Sainte-Anne, me dit, dans une de ses lettres, que son district ne produit pas de sucre, si ce n'est à force de travail et d'engrais. Il en est ainsi, du reste, dans plusieurs autres paroisses. M. Bell, juge spécial de Sainte-Elisabeth, dit aussi qu'on ne cultive pas de sucre dans sa paroisse, parce que le terrain y est très-mauvais, que les propriétaires ont donné les plantations à loyer, et que le moindre contingent qu'on imposera sur des propriétés aussi fictives devra produire un grand changement; mais, enfin, si le produit est moindre, les déboursés seront plus petits en proportion. M. Walsh, un des juges spéciaux, me mande qu'ayant dit au parent d'un des principaux propriétaires résidants, qui se plaignait à lui que les apprentis ne pourraient rentrer à temps ses récoltes, qu'il était autorisé par ceux-ci à lui offrir leur temps disponible moyennant le salaire ordinaire d'un schelling pour 9 heures, on le pria de se taire et de ne pas en parler au vieux propriétaire, parce que celui-ci se fâcherait, étant résolu de ne jamais salarier ceux qui ont été autrefois ses esclaves. Je vous prie de vouloir bien excuser la longueur de ma déêche, en raison de ce qu'on m'attaque sans cesse, de ce qu'on l'accuse de faire volontairement de faux rapports, et de ce que ces accusations ne manqueront pas d'échos en Angleterre.

ANNEXE.

NOTES

relatives à la Jamaïque, résultant d'observations personnelles et des renseignements les plus authentiques.

1° La qualité du sucre de cette année est, sans contredit, bien supérieure à celle qu'on a fabriquée jusqu'ici par le travail de nuit. 2° La diminution des bras pour la récolte de cette année est beaucoup moindre que pour celle des années précédentes, et sur un grand nombre de plantations l'on a eu besoin d'un moins grand nombre de travailleurs. 3° En général, les noirs se portent beaucoup mieux cette année qu'à la fin des récoltes des années précédentes, lorsque beaucoup d'entre eux avaient supporté de telles fatigues qu'ils en sont morts. 4° Les apprentis commencent généralement à se faire mieux au système ; ils travaillent tous assez volontiers moyennant salaire, soit la nuit, soit le jour, et ils se conduisent de mieux en mieux. 5° On peut s'attendre à voir leur conduite s'améliorer, à mesure qu'ils sentiront les avantages de l'éducation et de la religion, et qu'ils se corrigeront de ce système d'astuce auquel ils étaient obligés d'avoir recours, pendant l'esclavage, pour se garantir contre l'oppression. G Sur plusieurs plantations , la récolte de l'année prochaine pourra dépasser celle de cette année, et, sur la plupart, elle sera pour le moins égale. 7° Quant aux plantations ou ces prévisions pourront ne pas se réaliser, il faudra attribuer le fait à divers motifs, indépendamment du manque de travail, surtout quand on songe que, sur beaucoup de plantations, on forçait les esclaves, non-seulement à travailler la nuit et le jour, tant que le leur permettaient leurs forces, pendant les six jours de la semaine, mais qu'on leur faisait encore le dimanche empoter le sucre. 8° Une grande insouciance s est manifestée sur bien des plantations, en ce qui concerne les préparatifs de la récolle

PARTIE.

prochaine. J'ai eu plusieurs exemples de planteurs refusant de planter des cannes l'année dernière, par suite de la certitude anticipée qu'ils ne pourraient pas faire faire leur récolte. g Les états ci-joints établissent que les préparatifs de la récolte prochaine, lorsqu'on a voulu les faire, n'ont pas été aussi difficiles à obtenir qu'on l'a prétendu. 10° Le nouveau système a servi admirablement de prétexte pour excuser toutes les négligences et pour masquer toutes les autres causes de non-succès. 11° J'aila conviction intime queles opinions de certaines personnes, relativement aux récoltes futures, sont beaucoup plus 0

favorables qu'elles ne veulent l'avouer; et, à l'appui de cette conviction, je citerai la répugnance qu'on a trop souvent témoignée à me donner des éclaircissements à cet égard. 12° Les économes , en certains cas, et ces cas sont fréquents , n'ont pas voulu coopérer franchement à l'exécution de la nouvelle loi, parce qu'ils s'en trouvent lésés. 13° Beaucoup d'administrateurs et géreurs ont affirmé avec tant d'obstination que le nouveau système échouerait, qu'ils ne veulent pas convenir maintenant que leurs prédictions à cet égard étaient mal fondées. Il ont commencé par prédire, pour le 1" août, l'effusion du sang et la destruction des propriétés : en ceci les événements ont prouvé qu ils avaient tort. Ils ont prédit ensuite que ce qui n'était pas arrivé le 1er août arriverait à Noël : ici encore leurs prédictions ne se sont pas réalisées. Ils ont prétendu, plus tard, que les apprentis refuseraient le travail salarié : les événements sont encore venus démontrer la fausseté de leur assertion ; car je n ai pas eu un seul exemple du refus de salaire, lorsqu'il a été offert. Enfin ils ont affirmé que la récolte ne se ferait pas ; et ils se sont de nouveau trompés, car elle s'est faite sur un grand nombre de plantations beaucoup plus tôt qu'à l'ordinaire. et, s'il y a eu retard sur certaines propriétés, il faut s'en pren dre bien plus au mauvais temps et au refus des maîtres de payer un salaire , qu a toute autre cause dont le nouveau régime puisse être inculpé. 14° Ayant été successivement contredits sur tous ces points, fisse sont créé maintenant un nouveau système d'attaque : ils ont exprimé des craintes pour la récolte de l'année prochaine. J'ai eu des doutes a cet égard, et c'est pour cela que je transmets les renseignements que j'ai recueillis, afin qu'on puisse juger jusqu à quel point ces craintes peuvent être fondées. J'avoue franchement que la plupart des rapports sont en cela beaucoup plus favorables que je ne m'y attendais. )5 La fabrication et la culture du sucre ont été conduites d après les méthodes les plus arriérées, et l'on a bien peu profité des améliorations récentes qu'a subies la mécanique dans soir application a l' agriculture. On ne se sert presque jamais de charrue ; la ou la nécessite a exigé qu on l'employât, le travail a parfaitement réussi. Les moulins à manège , et dont on se sert presque partout, seront abandonnés , parce qu'ils fonctionnent si lentement qu'on ne peut même pas mettre en œuvre les cannes que les noirs ont encore le temps de couper, malgré la réduction des heures de travail. 16° Les plantations à gingembre, à arrow-root et à café, sont dans un état tel, qu'on ne se rappelle pas l'avoir vu plus satisfaisant. 17 Les nègres sont susceptibles de progrès, puisque, depuis le 1"' août, ils ont mieux travaillé partout où l'on n'a pas usé de sévérité envers eux. Ils ont été peu encouragés par la plupart des géreurs. °

Au commencement, le nombre des magistrats spéciaux était complètement insuffisant, et celte circonstance les affecte plus qu'on ne se l'imagine , parce qu'ils témoignent la plus grande confiance à ceux qui les traitent.réellement avec bonté. Ils ont passé les vacances de Noël plus sobrement qu'à l'ordinaire , et il n'y en a pas eu plus de vingt qui aient manqué à


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1835. — JAMAÏQUE.

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l' appel le 39 décembre. Tous ont travaillé, le jour de l'an, sans murmurer.

aussi rigoureusement que possible la position relative des maîtres et des apprentis.

On n'a donné aucune impulsion, jusqu'ici, à l'instruction morale ni a l' éducation, et l'on a donné aux noirs bien peu de bons exemples.

Ceux-ci connaissent parfaitement quels sont leurs droits et leurs privilèges, et ils y tiennent excessivement. Ils ne souffrent pas qu'on empiète sur leurs droits en quoi que ce soit; de leur

La récolte s'est faite , cette année, sans un seul cas d'insubordination, et elle est de qualité bien supérieure à celle des

côté, cependant, ils sont moins scrupuleux, et se sont habitués depuis longtemps à croire qu'ils ont une part dans le bien de leurs maîtres. En général les apprentis de l'un et de l'autre sexe ne semblent pas travailler de bon cœur, mais bien plutôt remplir une tâche pour éviter unepunition qu'accomplir un devoir obligatoire. S'ils arrivent au travail à l'heure fixée, par contre-coup ils ne font dans la journée qu'autant d'ouvrage qu'il leur plaît; cepen-

autres années. On a perdu bien moins d'animaux que les années précédentes. A bien peu d'exceptions près , les apprentis ont travaillé de bon cœur jour et nuit, pendant cinq jours par semaine, lorsqu'on a voulu leur payer de bons salaires.lls creusent maintenant des trous a cannes sur la plupart des plantations, à raison de cinq centimes par trou. A ce travail ils gagnent 5 fr. (un dollar) parjour; ils en creusent souvent 160 en un jour, tandis que la tâche était de 70 à 80 pendant l'esclavage. Plusieurs planteurs conviennent, mais à contre-cœur, qu'on a plus travaillé cette année que l'année dernière. On a fait assez de difficultés pour me laisser comparer le travail de cette année avec celui de l'année dernière, par la raison qu'il est bien reconnu que l'année qui a précédé l'apprentissage a été presque perdue. Tout le monde avoue que, quoique rien ne marche tout à fait bien, cela va beaucoup mieux qu'on ne s'y attendait. 11 y a eu défaut d'uniformité dans l'administration de la loi, et on n'a pu y remédier qu'après une expérience de quelques mois. Les rations de vivres , les allocations volontaires et le tarif du salaire des apprentis ont beaucoup varié. Beaucoup d'entre eux n'ont reçu aucun payement, et se sont laissés persuader par les géreurs de donner un travail supplémentaire moyennant les allocations d'autrefois. . Les planteurs ont conçu beaucoup de jalousie contre les magistrats spéciaux, et, sur beaucoup de plantations, ils ont lutté avec une grande opiniâtreté pour le maintien de leurs anciens droits. Beaucoup de planteurs ont ouvertement et hautement exprimé leur conviction intime que le système avait complètement échoué. Beaucoup de géreurs tiennent envers les apprentis la même conduite qu'autrefois, autant du moins que la loi le leur permet. Les apprentis, de leur côté, n'ont guère eu le temps de changer de sentiments envers leurs anciens oppresseurs. Quand on songe à tout cela, et qu'on voit qu'avec tous ces désavantages les apprentis se sont si bien conduits , ne peut-on pas en conjure tout naturellement qu'il y a un progrès sensible chez eux. Voilà ce qu'il en est de la conduite des nègres. Quelle a été maintenant celle des blancs ? Je ne saurais parler avec trop de louanges de quelques géreurs ; mais aussi ils ont recueilli le fruit de leur sagesse, par le succès remarquable dont leurs efforts ont été couronnés. En jetant les yeux sur le contenu des divers rapports, on verra jusqu'à quel point ont réussi les efforts de quelques-uns , et en quel déplorable état se trouvent plusieurs des propriétés sous la gestion de quelques autres, qui, cependant, avaient les mêmes moyens de succès. En somme, je pense que la pleine réussite du nouveau système, quant à l' apprentissage, dépend entièrement de la conduite des blancs, et, si le système ne réussit pas, tout le blâme devra retomber sur eux.

32.

RAPPORT

du juge spécial Baynes.

District de Rocky-Point et de Port-Morant, 27 juin 1835.

dant, quand on leur donne du travail à la tâche, ils l'achèvent assez généralement de manière à pouvoir ajouter deux journées par semaine à celles qui leur reviennent de droit. Les plaintes sont certainement bien moins fréquentes qu'à l'époque de mon entree en fonctions : les nègres cherchent autant que possible à mettre à l'épreuve un nouveau magistrat, ou un économe inexpérimenté; mais, lorsqu'ils voient qu'ils ne réussissent pas, ils deviennent dociles et soumis. C'est une race tranquille et paisible; on n'a que rarement à constater ce qu'on pourrait appeler un vol. Ils s'attachent plus volontiers aux localités qu'aux personnes, c'est là, je pense, ce sur quoi pourront compter les planteurs à l'expiration de l'apprentissage. La position des économes est difficile et laborieuse. Quelques-uns, par suite de la diminution des récoltes, ont à craindre le mécontentement des propriétaires ; c est peut être ce qui leur fait exiger des apprentis un travail plus fort qu'ils ne le devraient. Le lien qui devrait unir réciproquement les maîtres et les serviteurs semble brisé, et chacun se fie plutôt au magistrat spécial. J ai toujours vu les maîtres ou les économes traiter leurs subordonnés avec bonté, et leur donner toutes les allocations qu'on leur accordait autrefois; ils accordent aussi aux enfants en bas âge libre protection, les soins médicaux et les égards qu'exige la position de leurs mères. Je pense, d'après les observations peu étendues que j'ai pu faire, que les planteurs de ce district, loin de vouloir susciter des obstacles à l'acte d'abolition, le seconderont, au contraire, de tout leur pouvoir. La position de cette partie de la colonie diffère essentiellement de celle des autres parties. Les nègres sont riches, ils possèdent beaucoup de terres, et les gens que j'emploie à mon service intérieur montent leurs propres chevaux pour faire mes commissions. Le travail aux grandes cultures ne leur est donc pas nécessaire, car ils obtiennent davantage par la culture des terrains dont ils sont propriétaires. Je signale ce fait à votre seigneurie, afin de lui expliquer pourquoi certains apprentis ne cèdent pas volontiers leur temps. Signé J. BAYNES

33. RAPPORT

du juge spécial Edwards.

Lyndons (paroisse de Westmoreland), 29 juin 1835. . . . Les plantations ou les géreurs ont secondé l' établissement du nouveau système vont bien, et promettent des récoltes abondantes pour l' annee prochaine; mais celles dont les propriétaires ou leurs subordonnés ont manifesté un esprit contraire n'ont pas produit cette annee une aussi belle récolte, et, l'année prochaine, elle sera encore moins abondante. Il n'y a que bien peu de plantations de mon district qui soient dans ce dernier cas, et, grâce à l'assistance d'un ou deux hommes recommandables de la colonie, j ai pu faire sentir aux gereurs la grande erreur dans laquelle ils s'étaient laissé entraîner. Signé B. EDWARDS, magistrat spécial.

Je me suis efforcé, par des observations précises, de constater

II.

40.


628 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. —IIE PARTIE.

34.

RAPPORT

du juge spécial Pryce. Trelawney, 30 juin 1835.

Le bon ordre et la tranquillité n'ont cessé de régner dans toute l' étendue de ce district populeux. La belle saison a donné un nouvel aspect à la beauté de la campagne, et un stimulant de plus aux efforts de tous les intéressés dans la culture des champs à cannes. Les apprentis commencent déjà à se mieux conduire, sous le nouveau système; ils s'accordent mieux avec les géreurs. Ils s'habituent peu à peu aux devoirs qui leur sont imposés, et travaillent avec assiduité. A l' appui de ce que j'avance je citerai les faits suivants : Les apprentis semblent généralement observer le dimanche plus religieusement qu'ils ne le faisaient autrefois. Ils semblent tous désirer l'instruction morale et religieuse, et disposés à donner de l'éducation à leurs enfants. Aucun de ceuxci n'a été mis en apprentissage chez les anciens maîtres. Ils s'occupent plus attentivement de leurs cases et de leurs terres; l'un d'eux m'a même demandé si la loi ne lui permettrait pas d'acquérir et de posséder un terrain. Je crois que les apprentis commencent à sentir, de plus en plus , l'importance du grand bienfait qui les attend, et la nécessité de se rendre, par une éducation plus étendue et plus morale , dignes d'atteindre au terme de l'apprentissage ; mais nulle part dans ce district, si vaste et si important, on n'a fait d'effort pour les stimuler en ce sens. Depuis la récolte, je n'ai reçu dans toute l'étendue de mon district, contenant 46 plantations et environ 9,000 apprentis, qu'une seule plainte sur le travail. Par les renseignements que j'ai pris, je me suis assuré que le contre-maître lui-même méritait des reproches II avait suspendu les allocations de harengs aux apprentis, et les avait fait travailler huit heures pendant toute la semaine au lieu de neuf par jour pendant cinq jours, les privant ainsi de leur demi-journée du vendredi. Les apprentis font volontiers un travail extraordinaire, pendant cinq jours de la semaine, moyennant un salaire modéré. Je ne sache pas que, sur aucune plantation, les apprentis s'y soient refusés; sur quelques-unes même, ils consentent à travailler la nuit, lorsqu'on leur offre une rétribution honnête. Quelques apprentis ont gagné jusqu'à 7 fr. 30 cent, en creusant 160 trous dans leur journée. Les récoltes se poursuivent et s'achèvent d'une manière trèssatisfaisante. Sur toutes les plantations, sans exception, le produit est d'une qualité supérieure à celui des années précédentes. On n'a perdu des animaux, ainsi qu'il arrivait autrefois, que sur une seule plantation, où il a fallu, comme à l'ordinaire, s'en procurer avant la récolte. Dans ce district un seul propriétaire réside sur sa plantation, qui est très-petite ; mais les administrateurs et les géreurs semblent généralement se montrer plus disposés à coopérer au nouveau système d une manière impartiale et honorable, en traitant les apprentis avec bonté. Ils accordent, comme par Je passe, aux apprentis et a leurs enfants libres, des rations de harengs, ainsi que d autres menues provisions qui ne sont pas imposées par la loi. Plusieurs planteurs persistent avec opiniâtreté dans l ancien système, et ne peuvent oublier ni leurs préjugés ni le pouvoir arbitraire dont ils usaient envers les apprentis; ceux-ci, de leur coté, n ont pas encore eu le temps de s'habituer à vivre sur le pied d'égalité avec leurs anciens maîtres. Les plaintes sont, en général, moins nombreuses depuis que je suis entré en fonctions, et d'une nature peu grave ; elles ne concernent le plus souvent que les apprentis entre eux.

Une expérience acquise par une résidence de trente-quatre ans dans la colonie me permet d'assurer que les espérances de la récolle de l'année prochaine sont aussi flatteuses que possible. et ne s'accordent nullement avec ce que prétendent les feuilles publiques. Les plantations de Thaïs produiront aussi de belles récoltes l'année prochaine. La culture en marche bien, et M. Tharps m'a assuré qu'il croyait bien certainement à une plus grande abondance pour la saison prochaine. En cela il se fonde sur l'apparence prospère des cannes. M. Dexter, économe, administrateur et vieux praticien à Hampstead et à Retreat, espère en toute confiance augmenter les récolles de ces plantations; les récoltes de plusieurs autres plantations seront aussi abondanles que celles de cette année. M. Bridge, économe, administrateur des plantations de York, et de Galles-Valley, a pu terminer sa récolte le 25 mai, et m'a déclaré «qu'il n'avait de sa vie eu moins de peine et plus de plaisir à faire une récolte;» or M. Bridge est un vieux planteur d'une expérience pratique bien reconnue. La plupart des planteurs de mon district conviennent que les heures de travail fixées par la loi sont suffisantes, lorsqu'on les emploie consciencieusement; que les choses prennent une tournure favorable, et que les apprentis ont fait et font beaucoup plus de travail cette année que l'année dernière : c'est là un fait avéré; du reste les apprentis semblent tous très-heureux et très-contents; leurs habitations sont bonnes; ils sont bien nourris, bien vêtus. Depuis que j ai pu constater le bien-être des apprentis et les heureux effets du nouveau système, une confiance entière a succédé en moi aux inquiétudes que m'avait données d'abord la grave responsabilité dont je m'étais senti chargé lorsque je commençai mes fonctions officielles. Signé L. PRYCE, juge spécial.

35.

RAPPORT

du juge spécial Sowley.

Paroisse de Sainte-Anne, 30 juin 1835.

Les apprentis de ce district continuent à bien travailler, et il semble exister une certaine réciprocité de bons sentiments entre eux et leurs maîtres : je pense qu'il y a confiance de part et d autre. On leur alloue assez souvent, en récompense de leur bonne conduite, les rations ordinaires de harengs. Il n'y a plus de plaintes, ou bien elles sont sans importance; il y a donc progrès chez les apprentis. Ils ne témoignent pas avoir à se plaindre de la manière dont les traitent les maîtres ou leurs délégués. Signé W. H. SOWLEY, juge spécial.

36. RAPPORT

du juge spécial Marlton.

New-Ramble (paroisse de Sainte-Marie), 30 juin 1835.

J'ai l'honneur de vous transmettre mon rapport pour la semaine dernière, avec l'état mensuel des plantations. Le temps est maintenant très-favorable, et les moulins à sucre, qu'on alimente du produit de la dernière récolte, fabriquent le plus de sucre possible pour fournir, avant le 1" août, les chargements des navires. Les apprentis se conduisent bien et sont très-industrieux; les géreurs en sont généralement contents. J'ai visité cinq plantations le 29 courant. Je n'ai pas reçu une seule plainte des géreurs, A Oxford, Brimmer-Hall, Tryall et Trinity, on accorde les mêmes rations et allocations qu'autrefois. Les apprentis ne regardent pas à une heure de travail de plus ; d'ailleurs on leur alloue un salaire, et les maîtres n'ont pas besoin d'avoir recours


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. —CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1835. — JAMAÏQUE.

629

au magistral. Les quatre plantations appelées Bayley, Tryall, Trinité, Brimmer-Hall, Roslin, sont en très-bon étal, sous la surveillance de M. Charles Stewart, de Tryall; il espère, m'a-t-il dit, que les apprentis feraient encore mieux l'année prochaine que celle année. Je n'ai pas eu à infliger de punition corporelle à un seul apprenti travaillant sur les plantations de ce propriétaire. On leur donne un vendredi sur deux, lorsque le moulin ne fonctionne pas : ils preferent cela au système des huit heures. J'ai vu

ainsi. La masse des noirs est plutôt portée à dénoncer le crime qu a le commettre. Il était impossible, en effet, que les crimes augmentassent, car, sous l' ancien système, ils étaient devenus

que lorsque les gereurs étaient disposés à obtempérer aux désirs des apprentis, ceux-ci s'efforçaient, de leur côté, de leur être agréables. Dans ce district, les apprentis se louent volontiers pour un salaire, lorsqu ils ont confiance dans les géreurs. Du reste, les géreurs peuvent corroborer mon témoignage à cet égard. Je n'envoie jamais un apprenti d'une plantation à l'atelier disciplinaire, à moins que sa présence ne soit pas nécessaire : j aime mieux lui infliger des travaux forcés sur la plantation même. Mon district n'est pas si grand que je ne puisse savoir de

actif et observateur, et dont les fonctions nécessitent la présence dans toutes les localités et chez toutes les classes de la population

quelle manière on exécute ces sentences. Je visite chaque plantation une fois par semaine, afin qu'on n'use pas de cruauté à l'égard des prisonniers, qu'on donne aux apprentis la nourriture ordinaire et qu'on ne les mette pas dans l'impossibilité de cultiver leurs terres en les faisant travailler trop longtemps. Personne, que je sache, dans ce district, n'a réclamé d'indemnité pour temps perdu par suite de punitions corporelles; car j'ai soin que la punition ne rende pas malades ceux qui la subissent. Je n'ignore pas que lorsqu'un apprenti reçoit 3o coups de martinet , à Port-Maria, il a le dos dans un état déplorable. A moins de délits graves, je considère que 20 ou 25 coups suffisent pour amener une bonne conduite à l'avenir. Lorsqu il ne se trouve pas d'instruments sur la plantation où réside un apprenti condamné à la punition corporelle, je l'envoie à la maison de correction de Port-Maria. L'homme qui l'accompagne à l'atelier disciplinaire est chargé d'infliger la punition sur un échafaud triangulaire érigé à cet effet sur la place du marché, afin que l'exemple serve aux assistants. J'aviserai à faire assister le sous-inspecteur de police à ces exécutions. En attendant, j'ai ordonné au directeur de la prison de ne pas faire infliger le châtiment , s'il pensait que le coupable ne fût pas assez fort pour le supporter. Signé W MARI.TON. m

universels, et leur nombre dépendait alors des occasions plus ou moins favorables qu'on trouvait de les commettre. Afin d'avoir des renseignements aussi authentiques que possible sur ce fait d'une si grande importance, je les ai demandés au plus ancien constable de la paroisse, homme d'un esprit

nègre. Sur la question de savoir s'il pensait que les nègres commissent plus ou moins de vols sur les plantations qu'avant le 1™ août, il me répondit «que ces vols étaient certainement moins fréquents, car les gens libres d'une condition peu aisée se plaignent maintenant de ne pouvoir se procurer ni sucre ni café, etc., et d'être obligés d'aller chercher ces articles dans les boutiques. » Effectivement, c'est là un fait avéré. D'autres m'ont assuré aussi que les vols sont considérablement réduits. Je ne prétends pas dire cependant que l'improbité ne domine plus d'une manière déplorable , mais, loin qu' clic soit augmentée, comme on l' a Ffirme, le changement de système a imposé aux apprentis une réserve de conduite qu'ils n'avaient pas auparavant. Aucune accusation n'a été portée plus fréquemment, mais d une manière vague et générale, contre les apprentis, que celle de négliger la culture de leurs terres à provisions. Cette accusation , si elle est fondée, est d'une nature si grave que, chaque fois qu'elle m'est portée, je demande qu'elle soit articulée avec précision, sauf à aller, s'il le faut, voir les terres de l'inculpé, accompagné d'experts désintéressés, pour appliquer ensuite les dispositions de la loi. Mais jusqu'ici on n'a pu me préciser aucune de ces accusations; il est donc évident qu'on n'a pas constaté la négligence, on n'a fait que la soupçonner. Il y a, parmi les nègres , quelques mauvais sujets qui n'ont jamais voulu cultiver leurs terres, pas plus autrefois qu'aujourd'hui. Que les provisions aient été plus rares qu'à l'ordinaire, c'est incontestable; mais les principaux d'entre les nègres, gens recommandables, et que j'ai questionnés à ce sujet, m'ont assuré que cela arrive assez souvent dans celle saison, et que, cette fois, la rareté ne sera que temporaire, parce qu'il y a perspective d'une récolte.fort abondante. Celte rareté résulte de ce que les anciennes provisions sont épuisées, et de ce que la maturité des nouvelles récoltes a été un tant soit peu retardée par la sécheresse.

37. RAPPORT

du juge spécial Daughtrey.

Whitehall (paroisse de Sainte-Élisabeth), 30 juin 1835.

Jamais, sous l'ancien système, les nègres ne se sont mieux conduits que pendant cette première année de l'apprentissage : je peux l'affirmer pour ce district avec confiance, et d'après les renseignements les plus authentiques. On s est plaint d abord, de leur part, d insolence et d indiscipline. Ces fautes sont devenues maintenant aussi rares qu'elles étaient fréquentes autrefois. Le progrès de la situation et une sage application de la loi y ont apporté remède. Je n en dirai pas autant des plaintes qui me sont faites contre les nègres qui ne se rendent pas au travail à l'heure fixe, ou qui se rendent coupables d'autres actes semblables. Mon journal montre cependant que des plaintes de ce genre deviennent de plus en plus rares; il faut attribuer celte amélioration à la disposition salutaire de la loi, qui rend les nègres responsables du temps qu ils perdent volontairement pendant les heures du travail, et les oblige d'en tenir compte à leurs maîtres sur leurs moments disponibles. Les accusations de vol étaient si nombreuses, il y a quelques semaines , que je dus presque croire à une grande extension des mauvaises mœurs ; mais il m'a été assuré qu'il n'en est pas II.

C'est là, je le crois fermement, toute la vérité; chacun, du reste, a dû s'apercevoir que celte disette n'a pas été ressentie seulement par les nègres , mais aussi par les autres classes et pour les mêmes raisons. A l'égard de la quantité de travail que font les nègres, pendant les heures fixées par la loi, je ne puis en parler avec autant de confiance, parce que les opinions et les assertions même varient à ce sujet. Les géreurs de quelques plantations m'ont donné les renseignements les plus satisfaisants, tandis que d'autres se plaignent sans cesse de l'insuffisance du travail. Toutes les fois qu'une accusation m'a été prouvée, je n'ai pas manqué d'allouer la compensation réclamée, en la déduisant sur le temps disponible du nègre ; et, lorsqu'il y a eu plusieurs délinquants, j'ai toujours ordonné que le travail disciplinaire fut exécuté sous la surveillance d'un petit détachement de police, autant pour en assurer l'accomplissement que pour servir d'exemple. Ce moyen a presque toujours empêché une seconde infraction, et toujours, je crois, une troisième. Il n'y a pas eu, en général, diminution de travail, même en proportion de la diminution des heures : cela est démontré par le fait que, quand le travail se fait à la tâche, comme, par exemple, lorsqu'il s'agit d'écorcer le gingembre, la tâche quotidienne est la même que sous l'ancien système, et s'accomplit assez généralement. J'espère que, peu à peu, on parviendra à adapter le

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E

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

PARTIE.

système des tâches à presque tous les travaux de culture : cela tendra a en augmenter la somme et à en assurer l'accomplissement avec plus de bonne volonté et de contentement de la part

Combien il est a regretter qu'on ait laissé écouler une année entière de l' apprentissage sans faire aucun effort pour améliorer l'état moral de la race noire en propageant l'éducation et en favo-

des travailleurs. Je signale un fait très-intéressant dans l'état actuel des plantations à sucre : c'est que, dans ce district, on voit assez généralement la charrue substituée au travail à la houe , avec le plus

risant l' établissement des ecoles, dont il es! question depuis si longtemps. Quant aux maîtres et aux géreurs, je ne vois rien dans leur conduite qui puisse laisser à redire. Je crois bien cependant que

grand succès. On trouve aussi que les nègres peuvent la guider et la conduire, et qu'ils ont la vue assez exacte pour cela, chose qu'on n'a pas voulu croire jusqu'ici. L introduction de la charrue sera d'une économie immense

les sentiments de bienveillance envers les nègres n'augmentent pas chez eux. Quelques-uns semblent même haïr davantage leurs

pour les planteurs, Elle abrégera considérablement le travail. On pourra d'ailleurs introduire plusieurs autres économies du même genre. Je ne puis pas terminer sans parler de l'effet immense que le système d'apprentissage a déjà produit sur la civilisation des nègres. Depuis plus d'une année j'ai des relations journalières avec ceux des districts de la colonie qui ont été le mieux préparés, si je ne suis pas à même d'en juger, ce sera donc ou par suite de préjugés ou par défaut de lumières. Je ne parlerai de la plupart de ces progrès qu'au point de vue de la civilisation ou de la discipline. Çà et là on aperçoit poindre comme la première lueur d'un sentiment d'obligation morale et religieuse; mais, en général, les nègres sont encore sans principes. C'est surtout aux connaissances, aux lumières et à la tenue, suite de la pratique de la religion, des leçons et des instructions de ses ministres, qu'il faut attribuer ce changement. On ne voit plus beaucoup d'exemples de cette conduite sauvage et déréglée, si commune pendant l'esclavage. Les noirs se comportent devant moi avec douceur et soumission; ils écoutent avec calme ce qu'on leur dit; et l'un des géreurs les plus éclairés me disait l'autre jour : « Je vous déclare qu'ils me comprennent mieux. » Il en est effectivement ainsi, et il est également vrai qu'ils savent mieux se faire comprendre. Je ne doute pas qu'ils n'aient appris plus d'anglais depuis un an que pendant les dix années précédentes. Beaucoup d'entre eux sont sur le point de se marier, et presque tous choisissent les compagnes les plus convenables, c'est-à-dire les mères de leurs enfants. La femme se sent élevée, quand elle devient épouse, et l'homme se respecte davantage, parce qu'il a la conscience d'avoir bien fait. L'absence du mariage était, chez eux, un obstacle à l'exercice de leurs devoirs religieux, et cela contribuera à les fixer après l'apprentissage sur les plantations auxquelles ils sont maintenant attachés. Rien n'est plus paisible que la population blanche de cette partie de la colonie: c'est là, je crois, un immense avantage. J'ajouterai qu'en général les nègres commencent à mieux comprendre leur position exacte et qu'ils en sont aussi plus satisfaits. Il n'en était pas généralement ainsi d'abord. Le changement a été loin de réaliser les espérances qu'on leur en avait fait concevoir; ils voient maintenant qu'à mesure qu'ils approchent de l'époque a laquelle ils doivent être définitivement libres, s'il y a quelque chose à gagner, il y a aussi quelques sacrifices à faire. Il ne faut pas trop espérer d'abord ; par suite du changement qu a subi leur position, les progrès réels s'effectueront petit à petit ; quoi qu on fasse, il faudra une ou deux générations pour effacer de l' esprit des nègres le souvenir des effets dégradants de l' esclavage : c est un système de profonde démoralisation. Les creoles étaient de bien plus mauvais esclaves, et, en quelque sorte, des hommes encore plus dépraves que les indigènes d'Afrique; ils ne sont ni aussi dociles, ni aussi industrieux, ni aussi probes. La méchanceté et la duplicité semblent être le fond du caractère de ceux qui sont nés et ont été élevés dans l'esclavage ; on dirait qu ils portent dans leur cœur des armes défensives contre l'oppression. D'un autre côté, les nègres de l'ancienne Guinée m'ont toujours été signalés comme étant les plus inoffensifs et les plus dignes de confiance.

anciens esclaves, maintenant que ceux-ci sont sur le point de leur échapper. Ils reprochent aux apprentis de conserver plusieurs des penchants et des principes de l'esclavage, tandis qu'il leur est impossible, à eux, d'oublier les sentiments et les préjugés que l'esclavage leur a malheureusement fixés dans l'esprit. Il faut cependant leur donner, comme aux nègres, le temps de changer. Il n'y a rien d'impraticable dans le système de travail de l'apprentissage. Si tout le monde voulait bien s'y prêter, pour en tirer le meilleur parti possible, non-seulement ce système réussirait, mais encore il réussirait au mieux. Là où il ne réussit pas, il ne faut en accuser ni les nègres, ni la loi, ni les magistrats, mais, avant tout, les économes. On excuse souvent un directeur inhabile qui attribue au nouveau système le mauvais succès de sa gestion, tandis qu'autrefois un fait de ce genre, quelle qu'en fut la cause, était presque regardé comme un crime el suffisait pour motiver son renvoi. Des jeunes gens actifs, intelligents, persévérants, ignorants de l'ancien système, el qui se conduisent avec bonté, mais avec fermeté envers les nègres, qui les traitent comme on doit traiter son prochain , el qui sachent que le plus sûr moyen de faire d'un homme une brute, c'est de le traiter et l'appeler ainsi : voilà les gens qui pourront lutter contre les difficultés du nouveau système, et qui finiront par les surmonter, el en obtenir la plus parfaite réussite. Signé J. DAUGHTREY.

38. RAPPORT

du juge spécial Dunne. Saint-David, 30 juin 1833.

D'après mes observations personnelles et les renseignements que j'ai pu recueillir sur les diverses plantations de mon district, la récolte de l'année prochaine surpassera celle de cette année. La conduite des apprentis est bonne. Depuis qu ils connaissent la loi, ils sont moins disposés à porter des plaintes frivoles. Je voudrais bien pouvoir en dire autant des gé reurs et de leurs subordonnés; beaucoup d'entre eux semblent avoir tellement en horreur le nouveau système, qu'ils se réjouiraient de le voir échouer, quelque inexplicable que cela paraisse. Ils parlent des nègres et leur adressent la parole avec un ton arrogant et emporté qui est fort inconvenant; leurs dispositions à infliger des punitions corporelles se manifestent presque a chaque plainte : ce n'est guère là le moyen, il faut l'avouer, d'introduire une réciprocité de bons sentiments et de reconnaissance entre les maîtres et les serviteurs, el de se faire respecter ou considérer de ces derniers; et cependant on s'étonne de voir ces mêmes individus doux et gracieux en apparence dans leurs relations sociales. Je dois dire néanmoins que l'on trouve chez certains planteurs des sentiments de généreuse humanité. Signé Patrick DUNNE, juge spécial.

39.

RAPPORT

du juge spécial Blake. Retreat, 30 juin 1835.

Quant au traitement des apprentis sur toutes les plantations de ce district, je pense qu'il n'y a pas à s'en


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1835.

plaindre; on leur donne toutes les allocations qu'on accordait pendant l'esclavage et qui sont bien au delà de ce que comporte le règlement. Les maîtres et les géreurs traitent le plus ordinairement les apprentis avec bonté; mais les contre-maîtres voudraient les voir renfermés dans des cellules pour les moindres bagatelles, et ils n'apprécient clans un magistrat spécial que sa disposition a infliger des punitions corporelles excessivement sévères. J' en ai entendu se plaindre amèrement de la perle que leur faisait essuyer l' absence d un apprenti pendant un quart de journée; mais, s'ils pouvaient enfermer ce même apprenti pendant vingt-quatre heures, ils ne parleraient pas du préjudice qui pourrait leur en advenir. Je ne puis donner à votre seigneurie une preuve plus évidente de la diminution considérable des plaintes de part et d'autre, qu'en disant que, dans les premiers temps ou je fus chargé de ce district, mon intervention était journellement requise six à huit fois; maintenant je ne suis pas appelé autant de fois dans un espace de quinze jours. Régulièrement, tous les samedis, de quarante à soixante apprentis venaient porter plainte contre leurs maîtres; maintenant il m'en vient rarement plus de cinq ou six. Tout marche bien et paisiblement, et j'entends cet aveu de la bouche de personnes qui sont loin de vouloir reconnaître que le nouveau système pourra jamais réussir ou qu'on pourra jamais faire agir les apprentis autrement qu'à leur propre guise. Signé Henry BLAKE, juge spécial.

40. RAPPORT

du juge spécial Gregg.

Comté de Surrex, Kingston, 3o juin 1835.

J'ai visité toutes les localités de mon comté dans le courant du mois, et je n'ai eu qu'une seule fois l'occasion d'exercer mes fonctions de juge ; ce fut le 3 du courant, sur la plantation d'Albion , dans la paroisse de Saint-David. Dans cette paroisse, les apprentis travaillent aussi bien que jamais, et, en général, on fait autant de travail qu'autrefois, bien que le nombre' d'heures soit diminué ; d'ailleurs les apprentis de la plantation d'Albion ont loué leur temps disponible aux maîtres à raison de 2 francs, et creusent 100 trous de cannes dans leur journée. Le sol est léger, il est vrai, mais cela ne démontre pas moins qu'on réussit à faire travailler les apprentis moyennant salaire, indépendamment de l'économie considérable qui en résulte pour les propriétaires. On m'assure qu'on payait autrefois les tâcherons à raison de 187 fr. 50 cent, l'acre, ou 2,700 trous à cannes; ce travail ne se paye plus maintenant que 56 fr. 25 cent. Mais, en supposant même que les apprentis ne creusent que 75 trous, le prix de revient de ce travail ne se monterait qu'à 75 francs par acre; si l'on veut bien payer leur travail aussitôt après qu'il est terminé, je ne pense pas que les apprentis refusent de creuser 5o trous pour 2 francs, ce qui équivaudrait à 112 fr. 5o cent, par acre 1. Voici quel est le raisonnement que l'apprenti se fait à lui-même : il se rend à ses terres à provision et les ensemence ; il faut qu'il attende et soigne sa récolte pendant trois mois au moins ; ensuite il est obligé d en porter le produit sur sa tête jusqu'au marché, quelquefois assez éloigné, où il en vend avantageusement une partie; mais, comme ses heures sont comptées, il est le plus ordinairement dans la nécessité de sacrifier le reste au revendeur qui, n ignorant pas que le malheureux apprenti est forcé

JAMAÏQUE. 631

de s en retourner à heure fixe, attend comme un requin affamé le moment de lui rendre service : c'est l'expression dont j'ai entendu l' un deux se servir; de sorte qu'à vrai dire ce sont ces revendeurs qui gagnent le plus d argent. D'ailleurs un apprenti ne saurait porter sur la tête un fardeau d'une valeur de plus de 4 fr. 15cent, à 6 fr. 2 5 cent., tandis qu il peut céder son vendredi moyennant 4 fr. 15 cent, ou 100 trous à cannes, et se rendre à ses terres à provisions ou au marché, le samedi, sans s'exposer au désappointement de ne pas trouver à vendre ses provisions; ainsi il pourra se procurer en une semaine ou deux ce qui demandait autrefois autant de mois. Sur Blue-Mountain-Valley, plantation de Saint-Thomas-dansl'Est, le travail se fait fort bien; les apprentis ont loué leur journée et leur nuit. La plantation de Plantain-Garden-River, dans la même paroisse, ne marche pas , je pense, aussi bien; cependant elle a dépassé toutes les autres, excepté Hall. Le district de Manchioneal ne marche pas aussi bien qu'on pourrait l' espérer; cependant le travail ne s'y fait pas à contrecœur, et c est beaucoup; car les apprentis de ce district ont toujours donné quelque inquiétude. Les plantations de la paroisse de Portland vont aussi bien que jamais; mais, lorsque je m'y rendis, j appris un fait qu'il est bon de vous signaler. Des individus y spéculaient de cette manière : ils vont trouver le maître tonnelier ou le charpentier, qui sont toujours de bons sujets; ils avancent à ceux-ci de quoi racheter leur liberté, et privent ainsi la plantation de l'un de ses travailleurs les plus essentiels, puis ils finissent par obliger le géreur de la plantation d'acheter le travail de celui même qui a fait l'avance à l'apprenti. Les paroisses de Saint-George, de Port-Royal et de Saint-André vont très-bien; enfin les plantations sont partout dans un tel état de prospérité qu'on peut dire que le système d'apprentissage a réussi au delà de ce que la confiance la plus hardie pouvait en attendre. On sent vivement le besoin d'écoles nationales ou l' on enseignerait de bons principes de loyauté et de religion à la génération naissante. Dans un précédent rapport, j'exprimai l'opinion qu'un décroissement d'un cinquième résulterait du nouveau changement; mais, alors comme aujourd'hui, je témoignais le désir de me tromper. J'ai lieu d 'espérer que les récoltes atteindront le même chiffre qu'autrefois; cependant je prétends que, si la moyenne était alors de 100,000 barriques, maintenant elle sera de 85,ooo à 90,000 ; mais cette différence peut provenir, du reste, de ce qu'on a été obligé de renoncer aux plantations dont les travailleurs étaient en trop petit nombre, car autrefois on ne pouvait fabriquer du sucre sur ces plantations qu'en exténuant les malheureux esclaves. A présent, quand les apprentis n'auront pas d'emploi sur une plantation , ils en chercheront volontiers sur une autre. Signé G. D. GREGG , inspecteur principal de police et juge spécial.

41. RAPPORT

du juge spécial Baynes.

Aylmers (paroisse de Saint-Jean), 1er juillet 1835.

Je n'ai pu constater aucun changement matériel dans la disposition de la population nègre; elle est certaine

1

REMARQUE GÉNÉRALE Dans les documents originaux d'où ces pièces justificatives sont extraites, on a presque toujours négligé d'indiquer, eu énonçant le prix du travail, s'il était compté en monnaie locale ou en monnaie métropolitaine. Le change entre la livre coloniale et la livre sterling est dans certaines colonies de 200 pour 0/0, et à la Jamaïque de 180 pour 0/0, c'est-à-dire que deux livres coloniales ne valent dans les premières colonies qu une livre sterling, et qu'à la Jamaïque il faut 1 1. st. 1 5 schellings en monnaie coloniale pour faire une livre sterling. Il peut se trouver par conséquent, suivant que le prix du travail aura été évalué en monnaie locale ou en monnaie métropolitaine, de telles différences, qu'il ne faut accepter qu avec la plus grande réserve les chiffres donnés dans ce chapitre. On trouvera au chapitre : Tâches, salaires, loyers, prix des marchandises, un tableau des salaires dans les différentes colonies, extrait des Tables de Porter. Ce tableau mérite toute confiance. * II.

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RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIE PARTIE.

ment plus paisible, et sa conduite est meilleure sous tous les rapports : mais il est à regretter qu'il existe si peu de bonne volonté réciproque entre les apprentis et les géreurs. Ceux-ci font d un côté tout ce qu ils peuvent pour obtenir de leurs subordonnés le plus de travail possible pendant les heures que fixe la loi, et les apprends, de leur côté, semblent vouloir ne leur en accorder que ce qui est rigoureusement dû; encore faut-il recourir souvent à l'intervention du magistrat. Cependant les apprentis de ce district font une quantité assez satisfaisante de travail; car, à vrai dire, on n'a pas à leur reprocher de manquer totalement d'industrie. A l'exception de quelques mauvais sujets, ils cultivent tous leurs terres à provisions avec assez d'assiduité et de soins, et en tirent même un revenu assez avantageux. C'est seulement lorsqu'il s'agit de leurs anciens maîtres qu'ils font des difficultés. Sur une seule plantation de ce district, il existe des sentiments de réciprocité entre maîtres et serviteurs. Si ces sentiments étaient généraux, ils ne manqueraient pas d'assurer la pleine réussite du nouveau système, et rempliraient le grand but qu'on s'est proposé en affranchissant les nègres, celui de. les préparer peu à peu au changement que doit subir leur position en 1840. Celte plantation, c'est celle de Spring-Vale, d'où je n'ai jamais reçu de plaintes ni des maîtres ni des apprentis, et cela n'empêche pas que le travail n'y ait dépassé de beaucoup cette année la moyenne ordinaire de bien des années auparavant. Les nègres, ne pouvant peut-être pas effacer de leur souvenir les circonstances de leur situation passée, sont excessivement méfiants et soupçonneux, ils ne croient pas à la bonne foi de ceux qui les gouvernent. On se plaint aussi qu'ils montrent de jour en jour moins de respect pour leurs maîtres, et qu'ils sont même parfois assez insolents. Sur quelques plantations, des façons d'agir diverses ont amené partiellement des résultats différents; mais le fond du caractère nègre est toujours le même. Il y a parmi eux, je n'en disconviens pas, des individus doués d'une intelligence tout aussi élevée et de facultés intellectuelles tout aussi développées que le paysan d'Europe; mais ceux-ci ne sont qu'en bien petit nombre, et je ne puis m'empêcher de vous dire que, dans mon opinion personnelle, quoique une année se soit déjà presque écoulée depuis le commencement du système actuel, les nègres, autant que j'ai pu en juger personnellement, n'ont pas fait assez de progrès vers l'émancipation définitive et vers la nouvelle position à laquelle ils seront élevés dans cinq ans d'ici, pour qu'on puisse espérer de grands développements moraux ni des améliorations très - prononcées dans leur caractère. Chez eux, dans leurs villages, les nègres mènent une vie tout aussi licencieuse et aussi relâchée que jamais. Quoique chrétiens, baptisés du moins, il ne semble pas que les efforts de leurs directeurs religieux, de quelque secte qu'ils soient, aient réussi à les empêcher de se livrer à la polygamie. Les nombreux cas que j'ai constatés dans mon journal démontrent que le vol continue à être assez général malgré les punitions qu'on ne cesse d'infliger. L'idée du serment chez le nègre n'est ni exacte ni assez profonde. Tous les jours on voit des individus qui viennent d'être condamnes, sur les témoignages les plus évidents, demander à baiser le livre des Ecritures pour prouver leur innocence. Le besoin d un système convenable d'éducation pour les adultes aussi bien que pour les enfants des deux sexes se fait sentir d une manière très-pressante. Les enfants que l'acte d'abolition émancipe de droit, comme n ayant pas atteint l'âge de 6 ans a l' époque du 1er août 1834, sont élevés dans la paresse la plus complète. J' ai reçu bien peu de plaintes graves ; sur quelques plantations, on traite mieux les apprentis que sur d'autres. Il y a plusieurs cas d infraction à l' acte d abolition auxquels j'applique sans hésiter la peine que comporte la loi; mais ces cas sont heureusement fort rares. Je dois ajouter cependant avec regret que, dans certains autres, les allocations qui avaient été maintenues jus-

qu ici aux apprentis , ont dû leur être retenues depuis la récolle par suite de leur refus de travailler, aux heures réservées, pour se les procurer. Quant au dernier point, c'est-à-dire si le nombre de plaintes a augmenté ou diminué, il en est à peu près de même. J'avais espéré, il est vrai, il y a deux mois, qu'il y aurait progrès; mais dans les derniers temps les plaintes sont redevenues plus nombreuses. Tandis que sur certaines plantations les apprentis se comportent mieux, sur d'autres ils deviennent désobéissants et insubordonnés. De Clefford, par exemple, plantation appartetenant à M. Coleman, le représentant de Clarendon, je n'avais pas reçu une seule plainte pendant les six premiers mois de mon administration, et, depuis un mois, j'y ai eu beaucoup à faire, et j'ai dû même infliger des châtiments assez sévères. M. Coleman continue néanmoins à se plaindre de ce que ses apprentis ne veulent pas lui faire assez de travail. Je remarque aussi que les accusations deviennent plus graves. Plusieurs nègres ont été accusés, par exemple, d'avoir causé la mort d'animaux domestiques par négligence ou par mauvais traitemenls; ils ont été accusés aussi d'aulres délits qui témoignent de leurs sentiments hostiles envers le maître ou le géreur. Signé Ed. D. BAYNUS.

42. RAPPORT du juge spécial Mac-Leod. Sainte-Dorothée, 1er juillet 1835.

Voici deux faits importants qui serviront à constater le caractère, les dispositions morales et la conduite actuelle des apprentis. Le premier, c'est que, depuis le commencement de l'apprentissage, les nègres ont toujours fait plus de travail dans un temps donné qu'ils n'avaient l'habitude d'en faire, dans le même temps, avant l' époque du 1 août. Je n'ai vu personne dans mon district qui pût nier celte assertion, et effectivement il serait ridicule de prétendre la nier, si on veut bien songer à l'abondance des récoltes de 1834 et 1835. La récolte de la derniere de ces deux années vaudra presque celle de la première, et aura été faite tout aussi promptement, bien que les apprentis aient fourni à peine la moitié du temps que l'on exigeait pour cette opération pendant l'esclavage. Le second fait, c est que le nombre des apprentis qui ont quitté les plantations de leurs maîtres depuis le 1er août ne dépasse que d un sixième tout au plus le nombre des fugitifs qu'il y avait lieu de constater pendant l'esclavage. Les maîtres semblent traiter les apprentis aussi bien qu'il est raisonnable de l'espérer, et il en sera toujours ainsi tant que les magistrats spéciaux continueront à faire leur devoir. Les lois actuelles, si elles sont sagement appliquées, suffisent pour rendre tout acte d'oppression impossible. Les plaintes de nègres contre leurs maîtres sont biens moins fréquentes qu'elles ne l'étaient au commencement de l'apprentissage. Je ne peux pas dire que les plaintes des maîtres aient diminué dans la même proportion ; cependant elles sont certainement bien moins graves. Une coalition sur une plantation par esprit d'insubordination est une chose devenue très-rare. En somme, je crois qu'il y a une aussi grande réciprocité de bons sentiments entre maîtres et serviteurs qu'on pouvait raisonnablement l'espérer, et môme que la confiance la plus hardie n'en pouvait attendre quelque temps avant le 1er août. Le peu de disposition que manifestent les nègres à travailler moyennant salaire ne provient nullement de mauvais vouloir envers leurs maîtres, mais de ce qu'ils espèrent tirer meilleur profit de la culture de leurs terres que des salaires qui leur ont er


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1835. — JAMAÏQUE.

été proposés jusqu'ici. D'après les renseignements que j'ai pu recueillir, je suis persuadé qu'aussitôt que l'indemnité sera payée, les maîtres auront le moyen de payer des salaires qui leur vaudront beaucoup de travail extra. Cet argent est devenu essentiel aux propriétaires de la Jamaïque, et dans mon opinion rien ne manque maintenant à la prospérité de la colonie, pour toute la durée de l'apprentissage, sinon de hâter le pavement de l'indemnité. Signé Alex. N. MAC-LEOD, magistrat spécial.

43.

EXTRAIT

d'une lettre de M. Fishbourne au marquis de Sligo.

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Dans plus d'une occasion, les maîtres se sont plaints de la difficulté de réunir les travailleurs avec lesquels ils avaient déjà pris des arrangements. J'ai fait des recherches à ce sujet, et j'ai découvert que les nègres avaient en partie l'idée que partout ils étaient trompés dans le payement de leurs salaires -, et, à part une seule exception, cette idée des nègres est parfaitement justifiée. Il y a certains jours aussi où les nègres refusent de travailler, ce sont les jours qu'ils destinent à la culture de leurs terres ou au transport de leurs denrées au marché; ils gagnent beaucoup plus pendant ces journées que lorsqu'ils se louent pour le compte d'autrui. On a vu encore, et moi-même j'en ai été témoin, des cas où les nègres refusent de travailler chez leur propre maître, et vont se louer, pour un salaire même inférieur, chez le propriétaire voisin. Signé R. S. COOPER, magistrat spécial.

Annoto-Bay, 3 août 1835

L'année dernière, tous les planteurs des environs firent leurs efforts pour récolter et embarquer, avant l'établissement du nouveau système, le plus de deurées possible. Dans ce but, les moulins et les chariots étaient nuit et jour en mouvement. Pendant que tous les efforts des plantations étaient dirigés de la sorte vers un même point, les autres branches d'industrie étaient nécessairement négligées. Il est résulté de tout ceci une grande diminution dans le nombre des cannes, et par conséquent dans la quantité de matière à sucre-, de plus, les travaux de cette année se trouvant augmentés de tous ceux qui ont été arriérés l'année passée, ces circonstances expliquent pourquoi la récolte de cette année et les préparations nécessaires pour celle de l'année prochaine éprouvent tant retard. J'ai appris aussi que plusieurs personnes étaient tellement persuadées que les nègres, après la cessation de l'esclavage, ne voudraient plus travailler, que non-seulement elles négligèrent de planter comme d'habitude, mais encore firent couper et travailler les cannes nouvelles. D'après cela, une partie du sucre, dont la récolte actuelle aurait profité, se trouve avoir été enlevée dans la récolte dernière. En outre, le manque de nouveaux plants et les négligences apportées à la culture occasionnent pour celte année un préjudice, qu'avec la diminution du nombre d'heures de travail, il sera impossible de réparer. Lorsque j'interroge les planteurs à ce sujet, ils me répondent que cette diminution d'heures de travail, jointe à la mauvaise volonté que les apprentis lémoignent, leur ôte le moyen même de cultiver à demi leurs champs, et de pouvoir faire à temps leurs récolles : qu'il ne faut pas s'étonner alors s'il y a mécompte dans la quantité de cannes et de sucre. Pour moi, j'admets bien que parfois les noirs ne travaillent pas comme ils pourraient le faire, mais aussi je pense qu'il serait déraisonnable d'exiger des mêmes personnes, pendant un travail de huit à neuf heures, la même quantité d'ouvrage qu'il leur était possible de faire autrefois en douze, dix-huit ou vingt-quatre heures. Il serait absurde encore de vouloir que la culture du sucre, sous les conditions actuelles, s'exécutât avec le même succès qu'auparavant, à moins, toutefois, d'augmenter le nombre des travailleurs. Signé E. FISHBOURNE.

44.

LETTRE

de

M.

Cooper sur les dispositions des noirs pour le travail. Saint-James (Pitfour), 11 août 1835.

A une ou deux exceptions près, je puis vous annoncer que tous les nègres apprentis de ce district ne demandent pas mieux que de travailler dans leur temps libre, pourvu qu ils aient la certitude qu'on leur donnera des salaires convenables, et que ces salaires leur seront payés exactement.

45.

DÉPÊCHE

du marquis de Sligo

lord Glenelg. — Mode de travail sur les plantations. À

Hôtel du gouverneur, 6 août 1835.

J ai l'honneur de vous faire parvenir une liste supplémentaire des plantations où l'on travaille moyennant salaire, de celles où l' offre de travailler ainsi a été ou n'a pas été faite, et enfin de celles où cette offre a été complètement repoussée. Le nombre des premières est de 407, le nombre des secondes de 158, et celui des dernières de kg. D'après ces résultats, j'aime à croire que "Votre Honneur comprendra la vérité de ces paroles, prononcées par moi au commencement de la session : savoir, qu'il n y a pour ainsi dire pas à tenir compte du nombre des nègres qui refusent de travailler moyennant salaire, pendant le temps dont ils ont la libre disposition. Signé SLIGO.

46.

du marquis du Sligo À lord Glenelg relative à la distribution des heures de travail.

DÉPÊCHE

Highate, 17 août 1835.

Les plaintes que Voire Excellence m'a communiquées viennent en partie, à mon avis, de la manière même dont l'acte d'abolition a été rédigé au sujet de la liberté que le propriétaire a de faire faire, s'il le veut, dans les cinq premiers jours de la semaine , les quarante heures et demie de travail qui lui sont dues. Dès mon arrivée dans la colonie, j'ai eu à entendre une foule de débats sur l'acte d'abolition. Avant appris alors qu'un grand nombre de nègres ne travaillaient que quatre jours et demi dans la semaine, je rédigeai dans ce sens une proclamation , ou plutôt une adresse aux nègres. Un mois ou deux mois plus lard, une élude approfondie de la loi m'avait fait reconnaître que dans mon adresse j'avais omis de mentionner l'article 42. Je consultai les personnes qui m'entouraient, et je fus confirme dans mon opinion a cet égard. En conséquence, dans mon adresse du mois d'août dernier aux apprentis, je corrigeai l' erreur commise, et je publiai la loi dans son véritable sens. Je pensais en ce moment, comme je le pense aujourd'hui, que la répartition du travail en huit heures par jour est le mode le plus propre a concilier à la fois les intérêts du maître et ceux de l'apprenti. Depuis, j ai appris que, dans les temps autres que ceux de la moisson (les apprentis alors ne travaillent pas moyennant salaire) ; ces derniers ont coutume d'abandonner la plantation le vendredi malin pour s'en aller quelquefois à vingt milles voir des amis, de demeurer absents jusqu'au lundi, et de revenir à


634 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. —IIE PARTIE.

la plantation le matin fatigués et incapables de travailler tout le reste de la journée. Dieu sait ce qu ils ont fait pendant ce temps. Un negre ne manque pas d'aller au marché chaque semaine; il y a, du moins, vingt-six jours dans l'année qu'il emploie sous ce prétexte. D'après ces informations nouvelles, je sentis que la disposition de la loi mécontenterait les nègres, et qu'il fallait en changer le principe. Je voulus donc qu'aucune fausse interprétation ne pût résulter de ma proclamation, et, dans ce but, j'y fis toutes les rectifications nécessaires. Cependant j'adressai à tous les juges spéciaux une circulaire , dont je vous envoie la copie, dans l'espoir que l'on pourrait persuader aux maîtres d'agir suivant les désirs des apprentis, conduite que je regarde comme la meilleure dés politiques. Pendant la récolte, les maîtres ont adopté le mode de neuf heures de travail par jour; ils sentaient alors qu'il était de leur intérêt de se faire bien venir des apprentis et de louer leur temps disponible. Celte manière d'agir leur réussit pleinement. La récolte finie, des rassemblements de propriétaires ont eu lieu dans le but d'établir un mode uniforme pour les heures de travail. Le mode choisi a été celui de huit heures. Dans les endroits où de pareilles réunions ne se sont pas tenues, ce plan n'a été adopté que par un petit nombre dans quelques localités, et par la majorité dans d'autres; je ne puis dire pour quel motif. Quoiqu'il eu soit, les apprentis sont tous très-mécontents; quelques-uns des principaux d'entre eux se plaignent gravement, dans des lettres qu'ils m'ont adressées, du mode de répartition généralement adopté. J'aime à croire qu'en faisant ce choix les planteurs n'ont pas obéi, comme on le pense généralement, à de mauvaises passions; cependant il n'y a pas apparence du contraire. L'effet d'un pareil plan est d'empêcher les nègres de donner à la culture de leurs terres le temps qu'on leur accorde dans ce but. J'ai fait quelques recherches pour m'éclairer sur la question, et j'ai remarqué que les terres qui leur sont données en propre se trouvent le plus ordinairement à une très-grande distance de leurs habitations. Ceci, du reste, ne vient pas de la faute des maîtres ; car le terrain que l'on cultive pour le sucre ne convient pas toujours à la culture des provisions. Je sais plusieurs cas où un propriétaire s'est trouvé obligé à de grandes dépenses afin de pouvoir louer ou acheter des terres qui fussent convenables pour les gens de sa propriété ; encore n'a-t-il pu se les procurer qu'à une distance de dix à quinze milles. Moi-même, qui possède deux plantations, j'ai offert aux nègres de choisir, dans une localité plus rapprochée, les terres qui leur plairaient. Tous ont unanimement préféré des terrains sur mes autres plantalions, quoiqu'elles soient éloignées de neuf milles et que le sol n'en soit pas plus productif que celui des plantations à sucre. Je me suis alors déterminé à faire venir les travailleurs de mes propriétés clans la localité que je viens de citer et dont l'excellente terre est peut-être la meilleure de l'île. Les adversaires du système de huit heures disent ici que les vieux planteurs n'ont adopté ce changement que dans l'intention d'entraver autant que possible la liberté nouvellement acquise aux apprentis. Ils donnent pour raison qu'il n'y a urgence dans le travail que pendant la récolte, et que c'est précisément après la récolte qu'a eu lieu le changement dont il s'agit. Je voudrais ne pas partager les idées de ces personnes au sujet de l' intention attribuée aux planteurs; cependant, je ne puis m empêcher de dire que je ne sais pas de mesure plus contraire au sens commun, et plus propre à détruire la confiance naissante des apprentis envers leurs maîtres, que celle qui fait l'objet du mécontentement des travailleurs. Je suis fâché que les propriétaires ne puissent pas se débarrasser des vieux préjugés qui dominaient pendant l'esclavage. Signé SLIGO.

47.

RAPPORT

de M. Standish-Haly. Mount-Hindmost, 18 août 1835.

J'ai l'honneur de vous transmettre mon journal de la semaine. Depuis la fin de la récolle, je remarque dans le travail un relâchement qui s'accroît de plus en plus. Le temps de la récolte est une époque de grande activité. Mon rapport vous montrera que certains cas de vol et de paresse m'ont forcé à user de punitions énergiques. Pourtant, dans toutes les plantations où un surcroit de travail a été nécessaire, les apprentis ont bien voulu travailler les samedis, et quelques-uns même la moitié de leurs vendredis au prix de quatre bitts par jour de neuf heures. Dans la vallée de Pindare, à Mullet-Hall, à Trefusi, à Pennant, et, je pense, à Reflet, les apprentis ne montreront pas moins de bonne volonté. Déjà, dans les deux premières localités, leur consentement est acquis; je ne crains pas qu'ils refusent dans les autres, s'il m'est possible de leur en faire la proposition moi-même : il arrive fréquemment qu'ils refusent aux économes. Signé R. STANDISH-HALY.

48.

RAPPORT

de M. Holme.

Hill-Side (Lucea), 18 août 1835. J ai l' honneur de vous envoyer le rapport de mon district. Dans toutes les plantations, les nègres continuent à travailler activement. On se plaint généralement des travailleurs extra, qui ne fournissent pas la même quantité de travail que sur les plantations. Les nègres, dans plusieurs propriétés, ont commencé à creuser le sol pour la culture des cannes et ont adopté le travail à la tâche. En deux heures leur tâche est achevée. Les terres qu'ils cultivent sont bonnes; ils vendent une grande quantité de provisions. J'ai toujours soin que les châtiments corporels soient infligés en ma présence. Signé John. R. HOLME.

49.

RAPPORT

de M. Walsh.

Derry-police-station (Pear-Tree-Grove), 19 août 1835. Ci-joint mon rapport de cette semaine. Le travail est excellent. Sur quelques plantations, où le travail est libre, les apprentis se gardent bien de perdre une heure de leur temps. Sur d'autres, les maîtres sont mal disposés et ne me prêtent aucune assistance. Si les propriétaires de la Jamaïque voulaient comprendre le changement que l'abolition de l'esclavage a apporté dans la marche actuelle des affaires; si, en outre, ils voulaient faire quelques concessions, et ne pas se laisser dominer par les préjugés, ils pourraient, en peu de temps, obtenir d'heureux résultats. L'absence des propriétaires réels est un véritable malheur pour l'île. Eu un mot, je ne puis dire autre chose sur mon district, sinon que tout y semble dans une voie d'amélioration remarquable. On doit admettre dans les corps, même les mieux composés, qu il se rencontre parfois des membres d'un mauvais caractère. Il ne faut pas s'étonner alors, quand on réfléchit à la haute position que l'Angleterre a enlevée à la population blanche de l'île, qu'une transformation ait eu lieu sous le rapport de la morale et de la religion. Sans aucun doute, notre population est trop peu nombreuse pour une colonie dont l'heureuse situation et la fertilité sont si remarquables.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. —CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1835. — JAMAÏQUE. 635

Voire Excellence verra, par mon rapport, que, dans toutes les plantations que j'ai visitées la semaine dernière, il ne m'a été fait aucune espèce de plainte, ni par les maîtres ni par les apprentis. Signé Henry WALSH.

50.

RAPPORT

de

M.

Daughtrey.

White-Hall (Sainte-Elisabeth ), 2 5 août 1835. L'état de ce district continue à être assez satisfaisant. Dans plusieurs endroits, la récolte du pimento a duré quelques semaines, et se trouve aujourd'hui .à peu près finie. Partout où il l'a fallu, le travail a répondu aux exigences du moment. Le succès de la récolte du pimento, comme Votre Excellence le sait fort bien, ne dépend pas de la culture, mais de la saison. Si donc la récolte actuelle a été mauvaise, il ne faut point en accuser les apprentis : la responsabilité de ces derniers ne commence qu'à l'instant où il s'agit de recueillir. Cependant toutes les parties intéressées dans ce district à la récolte du pimento sont généralement satisfaites. La récolte du café va bientôt arriver. Elle sera abondante. Je ne doute pas que l'on ne puisse trouver autant de bras qu'il sera nécessaire pour qu'elle se fasse heureusement. Dans certains districts, la disposition que montrent les nègres à travailler moyennant un salaire est due à l'influence de causes purement locales, quelquefois même temporaires. Cette disposition est relative à la valeur du motif qui l'a fait naître. Il est clair qu'un apprenti n'aimera guère à se louer pour des heures extra, qu'après avoir fait son approvisionnement pour le marché; il est clair aussi qu'il préférera un demi-dollar par jour à un macaroni1, et un maître qui le traitera avec cordialité à un autre qui ne le regarderait qu'avec mépris. Il n'y a rien d'extraordinaire, rien de faux dans un pareil raisonnement de la part de l'apprenti, et cependant il y a certaines personnes mal disposées à son égard qui lui en font un crime et jettent tout sur le compte de la paresse. Ce qui est certain, c'est que tout ce qui a l'air d'un travail forcé, et qui ne peut se faire que sous l'influence de la contrainte, doit paraître actuellement à l'apprenti plus ou moins insupportable. Pendant l'esclavage, le travail se faisait sous les conditions dont nous venons de parler : il ressemblait à un châtiment véritable. Ces conditions ne pourront disparaître qu'à la longue; en attendant, partout où elles régneront encore, on ne pourra blâmer l'apprenti de refuser, car, avant tout, il doit rechercher ce qui est le plus directement dans son intérêt. Du reste, je suis persuadé qu'avec un peu de ménagement et de bon sens on s'entendra fort bien avec lui. Chaque fois qu'il a été nécessaire que les apprentis prêtassent, dans le temps qui leur appartient, le secours de leurs bras, j'ai réussi à les engager au travail moyennant un salaire d'argent ou de temps en retour. Il m'est arrivé souvent d'obtenir leur consentement après qu'ils avaient déjà refusé les offres des maîtres eux-mêmes. Signé John DAUGHTREY, magistrat spécial.

51.

DÉPÊCHE

de lord Glenelg au marquis de Sligo. Downing-Street, 5 octobre 1835.

J ai reçu votre dépêche du 17 août dernier, dans laquelle vous me faites connaître les opinions de l'attorney général, et celles des cinq personnes qui composent le parquet de la Jamaïque, sur la question de savoir si, d'après la loi existante pour la 1

colonie,le maître a droit d exiger d un apprenti rural huit heures de travail pour chacun des cinq premiers jours de la semaine, ou neuf heures pour chacun des quatre premiers, et quatre heures et demie pour le cinquième. En peu de mots, la loi accorde-t-elle a l' apprenti, pour qu il puisse cultiver ses terres , la moitié de chaque vendredi ? On admet généralement que le mode le plus avantageux aux travailleurs serait de les exempter de travailler pour le compte du maître, pendant l'après-midi du vendredi. D'un autre côté, les personnes que vous avez consultées à ce sujet sont d'un avis contraire. Je ne vois pas par quel raisonnement solide on pourrait leur prouver qu elles sont dans l' erreur; je ne pense pas non plus qu'il soit raisonnable d'attendre que la législation locale apporte quelque changement dans le texte de la loi qui a rapport à cette question. Dans ce cas, il serait bon d'adresser une recommandation au conseil, afin qu'il voulût bien assurer aux travailleurs, pour la culture de leurs propres terres, l'après-midi de chaque vendredi. Si cette salutaire proposition était rejetée, la responsabilité poserait tout entière sur le conseil. Cependant je m'oppose fortement à ce qu'on procède de cette manière, à moins que ce ne soit dans des occasions urgentes. Assez de fois, trop souvent même, les nègres ont eu à établir des distinctions, au sujet des dispositions prises a leur égard, entre le Gouvernement métropolitain et la législature locale. Quoiqu'un pareil contraste n'ait été provoqué, par les ministres de la Couronne ou les gouverneurs de l'île, que sous la force des circonstances, il n'en cause pas moins de graves inconvénients. L'intérêt général exige que l'on encourage et que l'on augmente, autant que possible, la confiance existant entre le petit nombre qui possède la richesse et l'autorité légale, et la population qui s'en trouve séparée par des distinctions sociales. Je pense donc que, lorsque certains maîtres refusent d'accorder aux apprentis l'après-midi de chaque vendredi, il vaut mieux ne pas faire attention aux inconvénients qui peuvent en résulter, que d'entrer en discussion dans le but de remédier aux choses. En agissant de la sorte, si les chances de succès se trouvent annulées j'ai du moins la conviction que Ion éloigne, entre les deux partis, le moment d une rupture qu'il est de mon devoir d'empêcher autant que possible Signe GLENELG.

52.

RAPPORT

du juge spécial Pryce. Trelawney,

27

octobre 1835.

Pour obéir aux instructions de Votre Excellence, j'ai l'honneur de vous faire savoir que tout mon district, qui se compose de 46 propriétés et de plus de 8,000 apprentis, continue à jouir d une tranquillité complète, et que la conduite des apprentis , en général, est on ne peut plus satisfaisante. Ici les apprentis travaillent d'après le mode dit système de neuf heures. Par là ils ont pour eux, chaque semaine, la moitié du vendredi ainsi que la journé du samedi. Avec l'approbation de Votre Excellence, j'ai introduit dans plusieurs plantations le mode du travail à la tâche. Les apprentis se sont conformés avec plaisir à cet usage. Souvent il arrive qu'ils parviennent, avec de l'activité, à gagner la moitié d'un jour. L émulation excitée par ce moyen fait espérer grandement qu a la fin de l' apprentissage les travailleurs, pour la plupart, ne demanderont pas mieux que de louer leur temps et leurs bras, moyennant une rétribution modérée. L'empressement qu ils mettent encore a se rendre utiles à eux-mêmes en consacrant aux plantations le temps qu'ils ont de libre, lorsque leurs

Le macaroni vaut 1 sch. 8 den. (monnaie locale). Voir appendice à la première partie des pièces justificatives, page 275, n° 81. '


636

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

terres à provisions se trouvent en bon état, est une preuve nouvelle d'amélioration. La semaine dernière, un des hommes chargés de la direction des autres noirs, qui, pendant un grand nombre d'années, s'est trouvé à la tête des travailleurs aux champs et qui est en même temps constable, a creusé, avec l'assistance de sa femme, pendant son temps libre, 634 trous de cannes. Il a gagné et reçu pour ce travail 41 fr. 10 cent. Un pareil exemple montre que les apprends sont désireux de gagner de l'argent pendant le temps qui leur appartient. Le creusement des trous à cannes se paye 200 francs l'acre. Les apprentis en creusent aisément 2,722 pour 125 francs, ou pour 141 fr. 75 cent. Il n'est pas rare que les apprentis gagnent 12 fr. 5o cent, ou 18 fr. 75 cent, dans leur temps libre; encore leur tâche, en mainte occasion, est-elle achevée à midi ou à une heure. Quoique les apprentis, d'après le dire des géreurs eux-mêmes, se soient conformés avec satisfaction à la nouvelle loi,je dois dire à Votre Excellence que nous aurons peine à obtenir pour eux des avantages égaux à ceux dont ils jouissaient en dernier lieu. Dans quelques plantations, les apprentis n'ont pu avoir de travail pendant leur temps libre; et, comme jusqu'à présent la pêche du hareng a été publique dans tout le district, et qu'ils ont joui des mêmes faveurs qu'autrefois, il n'y a pas d'autre différence dans leur manière d'être que celle qui résulte de la restriction mise aux droits qu'avaient les maîtres de punir, et de la diminution apportée par la loi dans les heures de travail. Au surplus, d'après cette disposition de la loi, ils se trouvent avoir plus de temps qu'il ne leur en faut pour la culture de leurs terres, ce qui leur permet de travailler avec plus de facilité à l'augmentation de leurs bénéfices présents et futurs. Mon opinion est que, clans l'intérêt mutuel des propriétaires et des apprentis, il faut dans toute la colonie encourager, autant que possible, ces derniers à travailler moyennant salaire, pendant le temps qui leur appartient en propre. De ce qu'un certain nombre de chefs travailleurs, auxquels leur position donne quelque influence, ont acheté leur liberté, on peut conclure que les apprentis, en général, sont satisfaits de leur état présent et qu'ils ne s'attendent pas à ce qu'il change; car, s'il en était autrement, ils se garderaient bien d'acheter à prix d'argent leur liberté, pour laquelle on a exigé quelquefois 2,000 à 2,5oo francs. Les apprentis, pour la plupart, paraissent désirer ardemment que l'on donne une impulsion favorable à leur éducation et à leur instruction morale et religieuse. Le moyens de satisfaire ces louables dispositions me manquent complètement. Outre 8,000 adultes, et dans ce nombre plusieurs sont dans les dispositions que je viens de citer, il y a, dans ce district, 1,000 à 1,500 enfants libres. Parmi ces enfants, au nombre desquels nous comprenons ceux qui sont nés depuis le mois d'août 1834, beaucoup sont âgés de 7 à 8 ans et grandissent au milieu de la paresse et de l'ignorance. Depuis plusieurs mois aucune punition corporelle n'a été infligée, et les plaintes sont bien moins nombreuses. Plusieurs des géreurs se sont conformés au système actuel et savent, par de bons exemples et des manières bienveillantes, se faire estimer des apprentis. Il en est quelques-uns aussi dont les habitudes de violence et les mauvaises dispositions ne sont propres qu a faire naître des sentiments contraires. Avec de pareils hommes pour géreurs, la bonne volonté que montrent les apprentis a quelque chose de surprenant et de vraiment digne d'éloges. Il a été fait cette annee une plus grande quantité de travail que l' année dernière, et la récolte prochaine se présente sous les auspices les plus flatteurs. Tous les champs de cannes ont été préparés, ainsi que les prairies et les autres terres. En un mot, on peut, en toute confiance, s'attendre à une récolle aussi abon-

dante que celle de l' an dernier. Une des causes qui nous donnent cet espoir, c'est l'abondance des pluies que nous venons d'avoir, et le retour delà saison régulière, dont nous jouissons depuis le 25 du courant. M. John Saint-James, chargé d'affaires de M. Simon Clarke et. de plus, directeur de toutes les plantations des paroisses de Cornwall et Sainte-Marie, m'a assuré qu'en général les choses marchent on ne peut mieux d'après le nouveau système, et cette manière de parler ne lui a pas seulement été dictée par les rapports qu'il a reçus des différents géreurs, mais encore par ses observations personnelles. M. James, administrateur des plantations de la paroisse deTharps, pense, comme moi, que ces plantations, sous l'empire de la loi actuelle, obtiendront les mêmes bénéfices qu'autrefois , si même elles ne les voient pas augmenter. Les préparations pour la récolte de 1837 sont en général poussées partout avec vigueur. Une grande étendue de terre a été labourée, et l'on a répandu de l'engrais en quantité suffisante dans les plantations à cannes. On présume généralement, et moi je partage cette manière de voir, que la récolte de 1837 sera meilleure que celle de 1836. Des craintes que l'on a ressenties au commencement du système ont fait négliger la culture pendant les six mois qui ont précède le mois d'août 1834 et pendant quelques-uns de ceux qui ont suivi cette époque mémorable. Signé S. PRYCE , juge spécial.

53.

RAPPORT

cl a juge spécial Walsh.

Prospect-Pen (Pear-Trec-Grove),

27

octobre 1835.

Il paraît que les nègres de ces propriétés désirent vivement travailler dans leur temps libre, moyennant salaire. Ils ont demande a M. Stewart d établir une école où leurs enfants libres pourraient recevoir l'instruction, en offrant 15francs par enfant. M. Stewart m a informé lui-même de cet empressement que les negres témoignent pour l'éducation de leurs enfants libres. M. C. S. vient de m apprendre qu'il a écrit à ce sujet des choses Ires-judicieuses, et j ai tout lieu d'espérer que M. Stewart ne suivra pas l' exemple des autres administrateurs, et continuera à s occuper d une cause a laquelle se trouve directement intéressée la prospérité future de l'île Henri WALSH, juge spécial.

54.

AUTRE

rapport du juge spécial Walsh. 28

octobre 1835.

Je ne doute pas que la colonie ne prospère et ne devienne une des plus productives pour l'Angleterre, quoiqu'il puisse y avoir diminution dans les récolles de sucre après l'apprentissage. Si les nègres sont traités avec douceur par les maîtres, ils savent en être reconnaissants. Dans plusieurs plantations, ils travaillent les samedis moyennant salaire. A Lambkin-Hill, plantation à sucre, samedi 3 du courant, les nègres ont creusé chacun 100 à 160 trous à canne. Cable Tongue, constable, en a creusé, pour sa part, 140, et a reçu 7 fr. 25 cent. Partout où il y a un géreur de bonne conduite, les choses marchent bien, et il n'y a plainte ni d'un côté ni de l'autre, Lorsque le géreur est un ivrogne, j'ai reconnu que c'est positivement le contraire qui arrive. Los maîtres ont changé leur manière d'agir en mainte occasion. J'attribue ce changement à la fermeté avec laquelle Votre


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.—1835. —JAMAÏQUE. 637 Excellence a réprime l' opposition et la mauvaise volonté que les géreurs montraient envers le Gouvernement de la métropole. Dans mon opinion, les récolles de l'année se présentent sous un aspect favorable. Je n'hésite pas à dire que, dans ma paroisse, les plants nouveaux sont en abondance, que les choses vont mieux qu' on ne pouvait l' espérer, et qu'enfin le système d'apprentissage est une amélioration réelle. Les écrivains de la colonie, ainsi qu' une partie obstinée de la petite noblesse, bien loin de se conformer aux vues du Gouvernement, font tout ce qu'ils peuvent pour se mettre en opposition avec elles Signé Henri WALSH, juge spécial.

tirer le respect et les égards de leurs inférieurs. Le nombre de ceux qui agissent ainsi est très-minime. Ceci est d'autant plus grave à mes yeux, que le mauvais choix des économes est, selon moi, la source des difficultés que rencontre l'application de la loi, et de la plus grande partie des fautes que peuvent commettre les apprentis. Signé E. B. LYON, juge spécial.

56.

RAPPORT

du juge spécial Langrishe. Clarendon,

55.

RAPPORT

du juge spécial Lyon.

Saint-Tbomas-dans-l'Est,

28 octobre 1835.

Je vous envoie l'état de la situation présente de mon district. En général, la conduite des apprentis continue à être aussi bonne qu'il m'est souvent arrivé de vous le faire connaître dans mes précédents rapports. La quantité de travail exécutée sur les plantations est égale à celle qui se faisait pendant l'esclavage, sauf, par instant, une légère différence que justifie la réduction apportée par le nouveau système dans le temps des occupations. La saison a été très - favorable ; en effet, il a plu presque tous les jours, pendant cinq mois; mais, malheureusement, ce qui a été une cause de fertilité prodigieuse pour les cannes, a produit le même effet sur les herbes sauvages. Le travail des plantations s'est trouvé par là augmenté de beaucoup ; car, non-seulement les champs de cannes sont devenus boueux, mais il a fallu encore s'occuper continuellement à sarcler. Malgré ces obstacles, la perspective de la récolte prochaine n'en est pas moins très-belle. De plus, comme à cette époque de l'année les travaux habituels seront achevés sur le plus grand nombre des plantations, qu'une quantité suffisante de cannes aura été plantée, et, ce qui est encore plus satisfaisant, que l'on aura continué à cultiver et à préparer les (erres pour les récoltes de l'année prochaine, on peut être assuré que les plantations seront convenablement entretenues jusqu'à la fin de l'apprentissage. Il y a peu de désordres sérieux dans ce district. Les fautes sont ordinairement d'une nature légère et se réduisent à un petit nombre dans chaque propriété. Je suis certain que, dans toutes les plantations que j'ai visitées, la plus grande partie des apprentis ne sait pas ce que c'est que de mal se conduire, et que l'on n'a point à s'en plaindre. Dans les propriétés où les plaintes sont le plus fréquentes', et où la mauvaise conduite occasionne le plus grand nombre de réprimandes, j'ai toujours rencontré et les mêmes offenseurs et les mêmes offensés. Mais, tandis que je vous parle de la conduite régulière des apprentis et des espérances que fait naître la récolte prochaine, il faut vous apprendre aussi que la conduite des géreurs est tellement changée que les magistrats spéciaux sont obligés à une surveillance pénible et de chaque instant, afin d'empêcher l'injustice et l'oppression. Malgré cela mon expérience m'a démontré, et c'est là un malheur réel, que plus les travailleurs, par leur docilité et leur conduite sont capables d'inspirer de la confiance et de la sécurité, plus les géreurs s'attachent à les tourmenter et à violer leurs droits légaux. Même cette petite tyrannie, que la vigilance des magitsrats ne peut arrêter, est poussée à un tel point, que, suivant le témoignage d'un économe , plusieurs apprentis, ont renoncé à se plaindre, dans la crainte que des moyens plus violents encore ne soient employés à leur égard. Il est une chose vraiment triste, c'est que les administrateurs n' aient pas soin de choisir des géreurs capables de diriger sans brutalité, sans bassesse, et qui puissent, par leur conduite, s'at-

28 octobre 1835.

Dans mon district, les apprentis refusent de moyennant travailler salaire; mais ce refus ne vient point d'une mauvaise disposition de leur part. J'ai souvent entendu des nègres dire que le travail qu'ils font dans leur propre terre leur rapporte plus que ce que pourraient leur proposer en argent leur économe ou leur géreur. Clarendon se trouve évidemment dans ce cas. Tous les samedis le marché des Quatre Sentiers est garni des plus belles provisions. Les apprentis ne demandent pas mieux, à l'occasion, que de travailler dans leur temps libre; mais ils préfèrent être payés en temps, plutôt qu'en argent. Leurs terres, ainsi que leurs habitations, sont dans le meilleur état. En général, sous ce rapport, ils ont beaucoup plus d'ordre que sous l' ancien système. Partout les apprentis semblent très-heureux de leur condition présente, partout aussi les géreurs obtiennent d'eux la quantité de travail nécessaire, malgré le peu de temps que la loi leur accorde pour eux-mêmes. Signé R. J. LANGRISHE, juge spécial

57.

RAPPORT

du juge spécial Bourne. Saint-André, 3o octobre 1835.

Ce district consiste entièrement en plantations à café. Il est vrai que, pour le moment et par circonstance, j'ai la direction de quatre plantations à sucre. Ces quatre plantations sont, je présume, dans une bonne voie. Je n'ai aucune preuve conslaîant un déficit dans leurs produits. Je puis en dire autant des plantations à café. Les apprentis sont aussi actifs qu'on peut l'espérer au milieu des circonstances où ils se trouvent. Ils sont venus esclaves dans la colonie; ils ont été longtemps traités comme tels : ils ont nécessairement les vices des esclave^. Ils emploient au service de leurs maîtres la plus grande partie de chaque jour, excepté le samedi, le dimanche, et quelquefois la moitié du vendredi. A mon avis, ce qui leur reste de temps libre, après qu'ils ont pris du repos, préparé leurs farines, et qu ils sont allés au marché et en sont revenus, n'est que juste celui qui leur est nécessaire pour s'occuper d'eux-mêmes et de leur famille. Comme, parmi eux, il y en a très-peu qui sachent lire, ils ne peuvent, comme dans les contrées où l'instruction a été répandue, employer leur temps libre à des lectures utiles. Ils ont été, dans différents cas, privés de certaines douceurs qu'on leur procurait lorsqu ils étaient esclaves. Les personnes que l'on place à leur tête sont rarement des hommes d intelligence, possédant quelque influence morale. Il résulte de toutes ces diverses considérations que la bonne conduite des apprentis me surprend plus que leurs défauts ; s il y a une chose qui m'étonne, c'est que le nombre de ceux dont la paresse et l'insubordination méritent des reproches soit si peu considérable. A quelques exceptions pies , les apprentis sont pleins de respect pour les magistrats et pour la loi. Il n' en est pas ainsi des économes et des teneurs de livres, qui semblent regarder les magistrats comme des importuns, et traitent l'acte d'abolition de loi injuste, funeste, à laquelle ou peut légitimement résister. Celte remarque


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e

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

nés applique pas cependant à tous les économes, car il s'en trouve, dans le nombre, qui sont vraiment dignes d'égards, et qui, au milieu des difficultés de leur position , montrent une patience et une humanité qu'on est loin de rencontrer dans les autres. Partout ou les plantations ont une bonne direction, où l'administrateur est un homme généreux et éclairé, où le contre maître est humain , habile, et le teneur de livres bon comptable et fidèle a ses devoirs, où enfin le constable est une personne prudente et d'un bon caractère, les choses marchent convenablement, les plaintes sont rares des deux côtés, et les plantations se trouvent en voie d amélioration, sous le rapport de l'esprit, des habitudes et de la bonne volonté des apprentis. Quant à la récolte présente, d'après les observations que j'ai faites moi-même dans le district, j'ai tout lieu de croire qu'elle sera abondante. Je viens d'apprendre qu'à Clifton-Mount, où l'on prétend à tort, je pense, que la population, depuis 1834, est radicalement viciée et mal disposée, la récolte de 1834 s'est élevée à 5o,ooo livres de café; celle de 1835, à 80,000, et que, cette année, l'économe espère la voir monter jusqu'à 120,000. En un mot, je pense que l'état des choses s'améliore graduellement, et que la condition des travailleurs, vu leurs bonnes dispositions , tend à devenir, en peu de temps, bien plus supportable. J'ajouterai que je viens d'établir, près de ma demeure, une école où j'ai l'intention de réunir les enfants des noirs et des personnes de couleur, en attendant qu'on puisse les élever dans des habitudes d'industrie et de travail. Plusieurs des propriétaires voisins se sont engagés à subvenir à une partie des dépenses, et quelques nègres ont fait dans ce but l'abandon d'une partie de leurs salaires. Signé BOURNE, juge spécial.

58.

H A p POU T du juge spécial Moresby. Spanish-Town, 31 octobre 1835.

Les apprentis de ce district travaillent de manière à donner pleine satisfaction à leurs maîtres. Cette assertion de ma part est fondée sur ce fait que, à part deux ou trois exceptions, les maîtres ne m'ont transmis aucune plainte à ce sujet. Quant à la conduite, en général, j'ai reçu des plaintes nombreuses sur ce qu'on appelle l'insolence des apprentis; mais j'ai trouvé que, lorsqu'il y a vraiment insolence de leur part, la provocation précède habituellement l'offense. J'ai eu bien souvent l'occasion d'observer le fait qui va suivre. Dans les plantations où l'on traite les apprentis avec douceur et bienveillance, il se présente très-peu de cas où l'intervention du juge spécial soit nécessaire; encore, lorsque cela arrive, le motif n'est jamais capable d'affecter l'ordre général. Dans les plantations, au contraire, où on les conduit avec des paroles dures et de mauvais traitements, il s'ensuit de toutes parts une confusion des plus graves, et rien , si ce n'est la crainte de châtiments sévères, ne peut décider les apprentis a faire leur travail. Leur colère sourde se manifeste, de temps à autre, par la destruction des chevaux et des autres montures appartenant au maître. Si l'on n adopte pas une autre ligne de conduite, on peut croire qu'à la fin de l' apprentissage les plantations où un pareil système est suivi seront totalement abandonnées. Quand on réfléchit a la position où se trouvaient les apprentis pendant l' esclavage, position dans laquelle ils ne recevaient pas la moindre éducation, on ne peut pas nier, à mon avis, que leur conduite présente ne soit meilleure que l'on ne pouvait l' esperer. Les negres, pour la plupart, ont des habitations qui feraient honneur à un paysan anglais. J'ai sou' Guinea corn, c'est ce qu'on appelle dans nos colonies blé de Turquie.

PARTIE.

vent observé qu'ils ont le plus grand respect pour les obligations du serment. Que ce respect vienne de la superstition ou de toute autre cause, il n'en est pas moins vrai qu'il est poussé, chez eux , à un degré assez puissant pour leur faire oublier, dans l' occasion , leurs propres intérêts, ainsi que ceux de leur maître. Si ce dernier sait bien ménager un pareil sentiment, son influence ne peut qu'acquérir de la force. Dans la ville, il y a de nombreux sujets de plaintes légères, par exemple au sujet des salaires non payés, etc., ainsi que des vols qui sont malheureusement fréquents. Sur dix des plaintes au sujet des salaires non payés, il y en a neuf qui sont faites par les femmes apprenties. Quant aux vols, ceux qui s'en rendent coupables sont ordinairement ces jeunes garçons que l'on voit courir dans les rues et sur les bords de la rivière. Pour ce qui regarde la culture des plantations, je n'ai reçu aucune plainte sur la manière dont les apprentis travaillent. Comme cette année les pluies périodiques nous ont manqué, les récoltes ne donnent pas de grandes espérances. Par cette même raison, les parcs se trouvent brûlés par le hâle, ce qui est un sujet de mécontentement général parmi les personnes qui en sont propriétaires. Pour moi, je ne pense pas que, dans certains cas surtout, ce soit là un grand malheur ; car je suis persuadé que la quantité de terres que l'on a employées à la culture du blé de Guinée 1 est suffisante pour donner du travail au nombre limité d'apprentis qui se trouvent dans les plantations des propriétaires de parcs, plantations dont plusieurs produisent, soit du bois dur, soit du bois de fer, cultivés sur quelques milliers d'acres. Un fait certain, c'est que les propriétaires ont plus do bénéfice à cultiver le blé de Guinée qu'à faire de leurs terrains une espèce de parc anglais. Je n'ai reçu que des plaintes légères des plantations situées dans les montagnes ou le café et le pimento sont cultivés. Aucune d'elles n'a rapport à la conduite. Il paraît que les produits de ces plantations varient considérablement chaque année. On ne sait d'où cela vient. Comme les saisons sont régulières dans les montagnes, il n'y a que la négligence dans le travail de la part des apprentis qui puisse empêcher les propriétaires de récolter dans les mêmes proportions que d'habitude. Je no sais, du reste, qu un seul cas où il en a été ainsi, encore, selon moi, faut-il attribuer ce fâcheux résultat à la mauvaise direction de la propriété. Lorsque Ion considéré la position locale de mon district, cl que l' on fait cette réflexion qu'il renferme la capitale de la colonie, et qu il se trouve en même temps tout près de Kingston, bien loin de se désoler des délits légers et peu nombreux commis cette semaine par les apprentis, on ne peut qu'en tirer l'encourageante conclusion que, par la suite, les choses iront parfaitement. En faisant ce rapport, je dois avouer que mes opinions différent essentiellement de celles de plusieurs personnes qui se sont trouvées avant moi à la tête de ce district, mais qui, je pense, n ont pas eu la même facilité de se procurer des renseignements. Il est possible qu'avec le temps mes opinions se modifient; mais, jusqu'à présent, les observations que j'ai faites personnellement sont assez nombreuses pour que je puisse m'exprimer ainsi que je viens de le faire. Signé MORESBY, juge spécial.

59.

RAPPORT

du juge spécial Cocking. Sainte-Anne,

1" novembre 1835.

La conduite des apprentis de mon district, à part quelques exceptions , a été vraiment exemplaire sous le rapport de fin-


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1835. — JAMAÏQUE. 639 dustrie et du respect dû aux supérieurs, ils se sont montrés tels que, s'ils continuent, on peut espérer, avec raison, des résultats également favorables à leurs maîtres et à eux-mêmes. Une des choses les plus nécessaires, désormais, c'est d'avoir soin de ne pas les perdre de vue, afin qu'ils ne retombent pas dans leur ancien état de paresse, et dans leurs vicieuses habitudes. Les fautes sont bien moins nombreuses, et les géreurs et les maîtres traitent les apprentis avec douceur. Tous les encouragements ont pour but de les stimuler au travail extra ; leurs salaires leur sont payés très-libéralement. Ils jouissent de toutes les faveurs qu'ils avaient autrefois. Des deux côtés, enfin, on désire vivement faciliter le système de l'apprentissage, et l'on agit en conséquence Signé COCKING, juge spécial.

60.

RAPPORT

du juge spécial Hawkins. Trelawney,

1" novembre 1835.

Les apprentis ne demandent pas mieux que de travailler dans leur temps libre, moyennant salaire. Dans le plus grand nombre des plantations, c'est à eux que l'on s'adresse pour un travail de ce genre, plutôt qu'aux travailleurs extra. Us expriment même leur mécontentement, lorsqu'on en agit autrement. Il n'y a que la plantation de Braco qui fasse exception à ce que nous venons de dire. Dans plusieurs propriétés, les apprentis, outre leur tâche habituelle, creusent trois à quatre cents trous à cannes , et reçoivent 5 fr. 20 c. par cent. Grâce aux pluies abondantes que nous avons eues, les champs à cannes présentent un aspect des plus prospères ; les planteurs disent eux-mêmes que la récolte sera superbe et plus brillante que celle de l'an passé. Il y a très-peu d'exceptions sous ce rapport. Deux ou trois plantations sont un peu en arrière ; j'attribue ce désavantage à leur mauvaise direction Signé C. HAWKINS, juge spécial.

61.

RAPPORT

du juge spécial J. Harris.

Legan-Castle (Saint-Thomas) , 1er novembre 1835.

Quelques propriétés mal gérées n'ont pas en culture la quantité de terre ordinaire : cela vient, je crois, de ce que l'on n'a pu se procurer dans ces localités le nombre de travailleurs nécessaires. D'après les différentes remarques qui m'ont été faites parles planteurs, je suis porté à croire que , à quelques exceptions près , les résultats de la récolte dépasseront ceux de la dernière. A Tullock, on s'a! tend à une augmentation de cinquante tonneaux ; à Enfield , il v a une amélioration sensible ; à River-Head , à Thetford , à Worthey-Park, à Swansea, et dans plusieurs autres plantations, les récoltes donnent les plus belles espérances. Il y a une ou deux propriétés dans lesquelles la mauvaise qualité du sol ou l'époque peu favorable à laquelle les jeunes plants ont été mis en terre, conjointement avec le manque de travailleurs, et, sans doute, avec d autres causes que je ne connais pas, font supposer qu il y aura relard dans les récoltes. J'espère, du reste, que celte supposition ne se réalisera pas. Dans presque toutes les plantations on s est pourvu d une certaine quantité de jeunes plants, et Ion prépare, pour celte raison, plus de terrain que d'habitude. On fera en sorte de les planter dans la saison la plus convenable Signé J. MARRIS, juge spécial

62.

RAPPORT

du juge spécial Watkins-Jones.

Rodney-Hall (Saint-Thomas), 1er novembre 1835.

Les opinions relatives à l'état des récoltes, à l'industrie des apprentis, etc., sont tellement différentes, qu'il est impossible d avoir une idée exacte de la situation des choses, en ne consultant que les planteurs, dont l'esprit est généralement mal disposé contre le système actuel, et qui montreront une mauvaise volonté plus grande encore, s'ils connaissent le motif des informations qui leur sont demandées. Dans de telles circonstances, le juge spécial qui ne connaît rien à la culture de la canne ni à celle du café n'a d'autre moyen de se former une opinion que de s en rapporter au nombre et a la nature des témoignages qu'il entend, ou encore aux observations qu'il a pu faire personnellement en parcourant son district. Malgré le désavantage d'une semblable position, je n'en vais pas moins exprimer mon sentiment sur le sujet qui nous occupe. Je ne pense pas que les apprentis , en général, fassent en quarante heures et demie par semaine la quantité de travail qu'ils pourraient faire. Ils sont, pour la plupart, sournois , entêtés, et ont l' esprit tellement porté à la ruse, que j'ai été tout surpris de la défense présentée par plusieurs de ceux qui ont été amenés devant moi. L énergie et les mesures coercitives sont ici nécessaires de la part du juge spécial ; dans plusieurs circonstances elles ont produit un salutaire effet. J'attribue les dispositions malveillantes des apprentis au changement qui a eu lieu dans le mode de travail. Lorsque j'arrivai dans cette paroisse , les apprentis travaillaient neuf heures par jour, de sorte qu'ils avaient pour eux, la moitié du vendredi de chaque semaine , ou un vendredi entier tous les quinze jours, et ils semblaient contents de cet état de choses. Il est résulté un grave inconvénient de leur avoir accordé, par chaque quinzaine, les journées des vendredi, samedi et dimanche ; ils s'éloignèrent considérablement de la propriété à laquelle ils étaient attachés, pour aller voir leurs connaissances , se livrer à la danse, etc. Des excès commis en firent mettre plusieurs en prison. Les administrateurs et les économes crurent alors devoir obliger les apprentis à ne travailler que huit heures, afin qu'ils ne pussent avoir pour eux le vendredi. Ils en furent tellement irrités que, quoique je leur misse la loi sous les yeux, ils n'en continuèrent pas moins à prendre un vendredi sur deux; ils n'obéirent que lorsque j'eus envoyé la police sur plusieurs plantations, et fait quelques exemples sévères. Aujourd hui ils sont rentrés dans l'obéissance, et je ne doute pas que la récolle ne se fasse comme d'habitude, soit moyennant des rations, soit au moyen du payement eu argent des heures extra. Les champs à cannes, ainsi que les cafés, présentent pour le moment un aspect des plus heureux et qui fait espérer une abondante récolte. Quant a la conduite des maîtres, je dois dire, pour leur rendre justice, quelle est douce, encourageante et pleine de réserve. J en connais plusieurs qui, pour exciter lés apprentis au travail, accordent aux plus diligents une certaine quantité de poisson salé; ce qui ne peut que causer parmi les travailleurs une émulation désirable. Sur les propriétés où, depuis le commencement de l'apprentissage, on a conservé un mode de travail uniforme, les apprentis se montrent plus satisfaits et ont une conduite meilleure que sur celles où un changement a eu lieu à cet égard. Les nègres, en effet, n'ont pas assez de raisonnement dans l'esprit pour se soumettre volontiers à la privation de certaines choses auxquelles ils ont été accoutumés jusqu'à présent : ce que l'habitude a sanctionné est regardé comme droit. Je ne puis terminer sans vous exprimer le plaisir que me cause le succès qu a obtenu, dans cette paroisse, l' emploi d une charrue pour faire les trous à cannes. A Harker-Hall, le champ de cannes le plus beau et qui promet le plus a été planté au moyen de cette charrue, sous la direction du propriétaire, M. Horatio Stevens.


640 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

Elle n' a pas moins bien réussi sur les plantations de Wallens, de New-Works, de Dove-Hall et de Knolles. Cet instrument à lui seul vaut un nombre de bras incroyable. Le planteur découragé peut avoir désormais l'assurance que, même après l'apprentissage, la culture des cannes pourra être continuée, et ne demandera que la moitié des travailleurs et peut-être même la moitié des dépenses qui sont aujourd'hui nécessaires. Signé T. WATKINS-JONES, juge spécial.

63.

RAPPORT

du juge spécial Pennel. Trelawney, 1er novembre 1835.

Le juge spécial a tout lieu d'être satisfait de la conduite des apprentis en général. Ils se montrent non-seulement pleins de bonne volonté, mais empressés à travailler pour un salaire pendant leurs heures libres ; ils en ont même poussé le désir si loin, qu'ils ont manifesté de la jalousie lorsque des étrangers ont été admis pour travailler le vendredi et le samedi. Le juge spécial était présent lorsqu'ils sont venus demander à l'administrateur de ne pas se servir de pareils ouvriers, disant qu'ils étaient bien capables de faire à eux seuls tout le travail que la plantation pouvait exiger. Ce système de travail salarié, que l'on ne fait qu'essayer dans les plantations voisines, peut être regardé comme définitivement établi ici; c'est un excitant pour les noirs qui seraient disposés à la paresse , parce qu'ils ne voudraient pas que d'autres qu'eux profitassent d'un argent que leur industrie pourrait leur assurer en totalité. Creuser la terre pour la plantation des cannes , tel est le genre de travail que les apprentis préfèrent. Le juge spécial a connu un homme qui gagnait à cette occupation 31 fr. 5o cent, par semaine, à raison de 5 centimes par trou. Il n'y a qu'une seule propriété où les apprentis aient refusé de travailler pour de l'argent; encore était-ce la faute de l'administrateur, géreur en même temps, qui ne s'occupait que très-peu de la direction des travaux, parce qu'il pouvait, disait-il, avoir des gens à la journée et se souciait peu de son atelier. Cet administrateur, qui est à la tête delà propriété depuis 1806, a donné des renseignements très-favorables aux apprentis et à la manière consciencieuse dont ils travaillent pendant le temps appartenant au maître. Pour le moment, il n'y a dans ce district qu'une plantation où l'on se plaigne, d'une manière constante, du peu d'activité des travailleurs. La conduite des apprentis, en général, s'améliore tous les jours. Pendant les trois mois qui viennent de s'écouler il n'y a eu que très-peu de punitions, et c'est à peine s'il s'est présenté un cas de fouet. Le peuple semble être heureux et satisfait, et cela avec raison ; car il est bien traité par les personnes chargées de le conduire, et personne au monde n'obtient justice plus complètement que lui, quand il est dans son droit. Ajoutons à ces avantages qu'il connaît ses privilèges tout aussi bien que les j uges spéciaux eux-mêmes. Les apprentis des grandes plantations jouissent de certains avantages que n'ont pas les apprentis des petites plantations; ils sont généralement supérieurs à ces derniers. Le juge spécial ne peut être compétent lorsqu'il s'agit de l'état de la culture du sucre : il y a cependant lieu de croire, d'après les rapports, qu on a très-peu de sujets de se plaindre, la saison ayant été remarquablement favorable dans cette partie de l'île. Quelques plantations , en petit nombre, se trouveront en retard pour la récolte prochaine, parce que l'année passée elles ont été les dernieres a rentrer la récolte. Du reste, il ne pourra en etre autrement partout ou l' on ne voudra pas s'arranger avec les travailleurs pour des heures extra, ou lorsque les apprentis eux-mêmes refuseront les propositions qui leur seront faites à ce sujet. La prochaine recolle de sucre, dans ce district, s'annonce comme devant être plus belle que la dernière. Signé PENNEL, juge spécial.

64.

RAPPORT

du juge spécial Danghtrey. Sainte-Elisabeth, 2 5 octobre 1835.

Depuis mon dernier rapport général, il n'est rien survenu qui puisse changer l'opinion que j'ai exprimée alors sur l'état de ce district. A cette époque tout marchait d'une manière favorable : il en est aujourd'hui de même. Lorsque, dans aucun cas, les plaintes ne sont éludées afin d'en diminuer le nombre ; lorsque la justice est rendue avec sagesse . lorsque, pour ainsi dire, le tribunal du magistrat se transporte auprès de chaque maison, s'il n'y a que peu de plaintes graves, on peut en conclure qu'il n'y a pas de causes de plaintes. La situation du district que j'ai l'honneur de diriger est conforme à ce que je viens de dire. Chacun a compris la position que lui a faite le système d'apprentissage, bien que plusieurs aient été longtemps à s'en rendre compte. Le maître sent que ce n'est qu'en accomplissant ses obligations qu'il pourra conserver son autorité , et le serviteur sait fort bien que, tant qu'il satisfera aux exigences de la loi, il pourra compter sur sa protection. Il résulte de ceci une amélioration sensible dans les efforts des deux parties intéressées. La culture de ce district comprend le sucre, le café, le pimento, le gingembre et les pâturages. Je vais brièvement passer en revue chacune de ces espèces de productions, persuadé que c'est le meilleur moyen de donner une idée juste de l'état actuel du travail, et de tirer ensuite des conjectures pour l'avenir. Les plus importantes des plantations sont celles à sucre. Il n'y en a que trois de ce genre dans mon district, savoir : une plantalion hollandaise, appelée Gladstones, la plantation de Y. S., et celle d'Ipswich, appartenant à M. Green. L'économe de la plantation hollandaise, M. Donald , m'a assuré, ainsi que l'administrateur, que cette année les champs de cannes ne sont pas moins étendus que d'habitude ; que jamais il n'a vu la plantation dans un étal plus prospère, pour l'époque, et les récoltes s'annoncer d'une manière plus heureuse. M. Donald, en me donnant ces renseignements, m'a assuré aussi delà bonne conduite des noirs de la propriété. Quant aux deux autres plantations, celle Y. S. et celle d'Ipswich, l' économe et l' administrateur, M. Salmon, m'ont donné des assurances tout aussi favorables, a Ces plantations, m'ont-ils dit, se sont rarement trouvées dans une position plus avantageuse et avec autant cl espérances de résultats heureux. Si les champs ont subi, quant a leur étendue , une légère réduction , ce n'a été que par un principe de culture, et non par le manque de travailleurs. Du reste, là, comme dans la propriété hollandaise, il y aura plutôt augmentation que diminution dans les produits. Il n est peut-être pas hors de propos d'observer que l'administrateur de ces deux dernières plantations a fait partie de ceux qui, dans le principe, envisageaient sous l'aspect le plus sombre le changement à opérer dans le travail. Aujourd'hui il reconnaît son erreur. Il serait à désirer que tous ceux qui, à la même époque, partageaient ses opinions fussent doués de la même impartialité. Le témoignage des intéressés sur l'état présent des plantations, en supposant même qu'il soit exact, n'est pas une garantie suffisante. Je dois donc dire que , parmi les personnes du voisinage de ces plantations, ou celles qui passent par là à quelque heure que ce soit de la journée, et pour lesquelles, par un motif quelconque, la condition de ces propriétés est un objet d'intérêt, je n'en ai pas entendu une seule exprimer une opinion contraire à ce que je viens de vous rapporter. Le café est au moment de sa maturité. Les belles espérances que l'on avait conçues d'abord, et que les circonstances avaient justifiées, ne se sont pas pleinement réalisées Quant aux travailleurs chargés d'en faire la récolte, je n'ai pas entendu une seule plainte sur leur compte ,


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANG.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1835. — JAMAÏQUE, ce qui me fait supposer, avec raison, que leur conduite est satisfaisante. Pour Je pimento, l'opération la plus difficile est la cueille ; le reste dépend presque entièrement de la saison, et très-peu du travail que peuvent faire les apprentis dans les allées et les berceaux qu'il orne de ses pousses nombreuses et de son agréable feuillage. Sauf une exception, les propriétaires de mon district sont satisfaits de la manière dont la récolle s'est opérée. Il n'y a eu qu' une seule occasion ou elle ait manqué, par suite d'une mésintelligence de famille, qui a empêché que l'on s'entendît sur la répartition du travail. Une remarque importante à faire, c'est que, jusqu'ici, il n'y avait pas de genre de produit plus exposé à être volé que le pimento. Soit grâce à la plus grande vigilance que le nouveau système permet d'exercer, soit par des causes d'un ordre plus élevé, ces déprédations ont beaucoup diminué. Je dois noter, comme un fait curieux, qu'à Whitehall, propriété où j'ai demeuré et qui ne cultive pourtant pas beaucoup de pimento, la récolle de cette année a été quadruple de celle de l'an dernier. Il faut en attribuer la cause aux travailleurs et au magistrat, à l'amélioration qui s'est opérée dans le caractère des uns et à la présence fréquente du dernier. Le gingembre est un article des plus avantageux. Bien loin que , sous le nouveau système , la culture en ail été restreinte , elle s'est considérablement étendue. Plusieurs personnes en ont planté cette année pour la première fois, et celles qui s'en occupaient déjà ont augmenté leurs cultures. Le travail que cette plante exige est plutôt ennuyeux que fatigant ; il repose sur les apprentis. Il y a dans ce district plusieurs pâturages d'une grande étendue et d'une beauté remarquable; ceux pour lesquels on a employé le nombre de bras nécessaires se trouvent dans un état d'ordre et de propreté satisfaisant; mais dans certains endroits les pâturages et leurs clôtures ont été négligés pour la culture plus productive du gingembre. Dans leur ignorance des causes réelles, les témoins de celte négligence l'attribuent sans doute au système nouveau, et en parlent dans ce sens. Nous avons des preuves du contraire : c'est ainsi que le parc de Longwood , propriété très-étendue que son premier possesseur avait négligée , se trouve aujourd'hui dans une condition très-favorable , grâce à la vigilance du docteur Longmore, nouveau propriétaire, qui, du reste, a obtenu en partie ces résultats heureux, en y faisant travailler les apprentis, moyennant salaire, pendant le temps qui leur appartenait en propre. Maintenant que j'ai passé en revue l'état de chacune des espèces de productions de ce district, j'ajouterai que, chaque mois, les efforts des apprentis me confirment dans celte opinion, que j'ai souvent exprimée, que leurs dispositions s'améliorent d'une manière sensible. La civilisation , et avec elle, j'espère , le sens des devoirs moraux, font des progrès parmi eux. Celte dernière remarque est surtout évidente parmi ceux qui suivent régulièrement la pratique du culte divin. Il est très-rare que les apprentis qui reçoivent les instructions morales de l'Eglise commettent des fautes sérieuses. Lorsque cela arrive, au lieu de nier effrontément, ils en paraissent trèshonteux, et, quelquefois, avouent franchement leur faute. Signé DAUGHTREY , juge spécial.

65.

RAPPORT

du juge spécial Pryce. Trelawney,

27

décembre 1835.

Il est des circonstances qui, à mon avis, devront nécessairement influer d'une manière assez fâcheuse sur la récolte prochaine. C'est d'abord la perte du travail, et l'espèce d'abandon dans lequel on a dû laisser les champs de cannes en 1834; c'est ensuite le manque de confiance maniII.

641

festé par la plupart des planteurs qui ont négligé de préparer pour la culture le môme nombre d acres de terres, et qui ont montré une telle insouciance, pendant la dernière récolte de cannes, qu'on n'a pas nettoyé un seul plant jusqu'à ce qu'elle ail été complètement terminée. La première coupe de cannes 11e peut donc être aussi productive que celle des années précédentes. Ce qu'il n'est pas moins important encore de noter, c'est l'absence totale des pluies qui sont ordinairement si favorables à la végétation pendant les deux meilleurs mois de l'année, août et septembre. Pendant ces deux mois, il n'y a guère eu que deux ou trois plantations, dans tout le district, qui aient reçu quelques gouttes de pluie. On a, celte année, labouré et creusé beaucoup de terres pour les cannes, et j'ai l'espoir d'une augmentation considérable dans le produit de la récolte de 1837. C'est, du reste, ce que tout le monde semble prédire. Une réaction importante s'est faite assez généralement parmi les planteurs. Des faits bien constatés sont venus triompher de l'esprit de parti et du mensonge, et ceux qui semblaient désespérer le plus, semblent maintenant avoir repris confiance dans le nouveau système, à en juger du moins par l'activité qu'a reprise tout, le district qui contient près de cinquante plantations, et 10,000 âmes, y compris les enfants libres. Signé S. PRYCE, juge spécial.

66.

RAPPORT

du juge spécial Fyfe.

Norwich-Portland,

29 décembre 1835.

Je m empresse de répondre aux diverses questions que vous m'adressez, relativement à l'état de mon district. 1° Comme le système d'apprentissage n'est tout simplement qu'une modification de l'esclavage (je ne me sers pas de ce terme pour offenser, mais bien pour désigner un système de contrainte) , la disposition et l'industrie des nègres doivent dépendre entièrement de l'emploi qu'ils font du temps disponible que leur accorde la loi. Il serait tout aussi faux de supposer qu'ils sont industrieux, parce qu'ils travaillent pendant les heures obligatoires, qu'il le serait de conclure que ce sont des fainéants parce qu'ils refusent de travailler moyennant salaire pendant leur temps disponible. Le travail libre, que ce soit pendant ou après l'apprentissage, sera réglé par les mêmes considérations dans ce pays-ci que dans les autres; car où est l'homme, quelle que soit sa couleur qui consentira à travailler pour un autre s'il peut gagner davantage en travaillant pour son propre compte. Le nègre cultive assez généralement beaucoup plus de terre qu il ne lui en faut pour pourvoir à tous ses besoins. S'il peut obtenir la vente du surplus, il emploiera aussi avantageusement que possible son temps, en travaillant pour son propre compte. Si, au contraire, il ne peut trouver à disposer de ce surplus, et qu on lui offre un salaire raisonnable, il pensera qu'il est de son intérêt de travailler pour le compte de son maître. On manifeste dans ce district assez de répugnance pour le travail salarié; cela provient tout uniment de ce que les nègres ont des débouchés faciles pour leurs provisions. La population nègre de Portland ne dépasse pas 7,000 âmes. Port-Antonio, avec ses habitants libres, sa garnison, sa police, sa marine, et ses apprentis non ruraux qui n'ont pas de terres a eux, a besoin, comparativement à la population de la paroisse, de beaucoup plus de vivres, toutes les semaines, que peutcire tout autre village de la colonie. Il serait donc bien injuste d'accuser les nègres de paresse parce qu'ils trouvent plus d'avantage à travailler pour leur propre compte que pour celui de leur maître. 41


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RAPPORT SUR

LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

Pour ce qui est du travail des nègres pendant les heures qu ils doivent a leurs maîtres, il arrive précisément ce que l'on peut attendre d'individus placés dans une position semblable. 11 ne peut y avoir de bien grands charmes à planter les cannes et les provisions. Les travailleurs ayant à peu près la même condition que pendant l'esclavage, il en résulte qu'ils n'agissent sous d'autre influence que la crainte du châtiment. La loi actuelle suffit pour assurer la réussite du système d'apprentissage. Dans la supputation des résultats il faudra tenir compte, toutefois, de la diminution du travail, telle qu'elle est établie par les dispositions de cette même loi. C'est du tact et de la discrétion des maîtres ou de leurs subordonnés, dans l'exercice de leur autorité, que devront dépendre les efforts spontanés de la part des apprentis, en raison de l'attachement qu'ils pourront avoir pour leur supérieurs. 2° Je n ai vu dans la conduite des maîtres envers les nègres, et vice versâ, qu'une détermination fixe de se restreindre réciproquement aux dispositions de la loi ; je n'ai rien vu non plus qui ressemble à des concessions réciproques provenant d'une confiance mutuelle. On traite les domestiques avec assez de bienveillance; mais comme les nègres pensent assez généralement que c'est à leurs efforts que les maîtres doivent tout ce qu'ils ont, la reconnaissance chez eux ne paraît pas être de longue durée. 3° Il y a eu beaucoup moins de plaintes de part et d'autre, depuis que je suis entré en fonction. C'est principalement de l'insuffisance du travail et de quelques signes d'irritation que se plaignent les maîtres. Voici à quoi j'attribue le premier chef. Autrefois, sur les grandes plantations, le teneur de livres restait aux champs avec les nègres pendant toute la durée du travail; il était chargé de surveiller et de noter exactement ceux qui se ralentissaient; il punissait les coupables sur-le-champ, ou en faisait un rapport à l'économe; tandis que maintenant il ne se rend auprès des travailleurs que deux fois par jour pour faire l'appel, et l'économe, qui sait fort bien que, s'il peut prouver qu'il y a insuffisance de travail, les nègres seront forcés d'en tenir compte, laisse la bande à la surveillance des constables. Ces derniers reçoivent les mêmes rations qu'ils recevaient quand ils étaient esclaves. Ils n'acceptent ces fonctions qu'avec beaucoup de répugnance, ne retirant aucun profit de leur position peu enviée; et assez ordinairement ils aiment mieux imputer l'insuffisance du travail et ses conséquences à tout l'atelier, que de se faire des ennemis en signalant ceux qui sont réellement paresseux; il en résulte que ceux qui sont industrieux ralentissent naturellement leurs efforts, lorsqu'ils voient que, tout en travaillant avec assiduité, ils encourent la même punition que ceux qui travaillent moins laborieusement. 4° La récolte prochaine se présente sous un aspect bien plus avantageux que celle de cette année. Par suite de l'élévation des prix, et par suite aussi de la plus grande confiance que l'on a maintenant dans la stabilité des propriétés, beaucoup d'individus ont augmenté les plantations de cannes ainsi que le nombre de leurs troupeaux. Les recettes s'en ressentiront si la saison devient favorable. Sur les plantations bien gérées et où le bétail est assez nombreux, les champs sont généralement en bon état. Sur celles, au contraire, qui manquent d'accessoires et où l'on a voulu conserver la même moyenne de produit en donnant de l'extension a la culture, au lieu de se contenter d'une petite culture avec de bons engrais, les champs doivent nécessairement être négligés en partie. Ainsi, par exemple, s'il faut deux arpents de cannes pour faire, sur une plantation, la même quantité de sucre qu en produit un seul arpent sur une autre, il est de toute impossibilité que le même nombre de nègres puisse entretenir les deux plantations dans le même état de culture. 5° Les fêtes de Noël se sont passées, m'assure-t-on, beaucoup plus gaiement que depuis bien des années. Le jour de Noël a

e

PARTIE.

été observé convenablement ; on a consacré les autres jours aux chants et aux danses. Je puis déclarer en toute confiance que rien n'indique, chez la population nègre, le désir ou l'intention de résister aux Ibis. 6° Aucun système général d'éducation n'a encore été adopte dans ce district. Les propriétaires et les géreurs offrent cependant toutes les facilités possibles au clergé pour la fondation d'écoles sur les diverses plantations. Les magistrats et la fabrique de la paroisse, jusqu'à ce qu'on puisse préparer un local convenable, ont accordé celui de la municipalité pour y établir une école pour les enfants de toutes les classes indistinctement. Comme on a l'intention d'y adjoindre un système d'industrie, l'importance évidente de ce but aura pour effet, je l'espère, d'assurer à l'entreprise l'appui qu'elle mérite. L'école du dimanche, dirigée par le révérend marquis Griffiths, est fréquentée par plus de 3oo apprentis, et les classes établies sur les plantations comptent de 20 à 3o élèves chacune. Une somme de 7,500 francs a été allouée par l'assemblée, par la paroisse et par l'évêque, pour la construction d'une nouvelle église à l'extrémité orientale du district. Une nouvelle école va aussi être construite dans ce quartier. La population nègre semble vivement désirer d'apprendre à lire et à écrire. Signé A. G. FVFE.

67.

RAPPORT

du juge spécial Howitt. Saint-George, 29

décembre 1835.

En réponse à votre lettre du 3 courant, j'ai l'honneur de vous annoncer que le district que j'administre est toujours dans un état de tranquillité fort satisfaisant. Les apprentis travaillent volontiers pendant leur temps libre, moyennant un salaire de 1 fr. 25 cent., pour neuf heures de travail. Ils sont pour la plupart fort honnêtes et respectueux envers leurs maîtres et leurs supérieurs, et les plaintes ont diminué dans la proportion de 80 pour 0/0 au moins, depuis que je suis entré en fonctions. Les apprentis travaillent assez laborieusement pendant les heures que prescrit la loi. Un des planteurs, qui fait faire son travail par des ouvriers a la tâche, m'a envoyé un état constatant la quantité de travail qu ils ont exécutée , cette année, pour la plantation des cannes; ils ont fait les trous à raison de quarante bras par jour pour chaque arpent, ce qui constitue à peu près la moyenne du travail fait depuis plusieurs années. Les gereurs et les économes donnent tout l'encouragement possible aux apprentis. Sur la plupart des plantations on leur accorde du sel, et sur toutes on lait cuire leurs vivres et garder leurs enfants pendant le travail; on les soigne en outre à l'hôpital , quand la maladie l'exige. On a donné cette année, à Noël, les mêmes rations de poisson salé qu'avant l'apprentissage. Il va réciprocité de bons sentiments chez les uns et les autres, et les plaintes de la part des apprentis contre leurs géreurs sont fort rares. La culture a été bien entretenue celte année. La récolte prochaine promet d'être très-abondante. Les économes prédisent tous qu'elle sera d'un bon rapport. Il est à craindre que les derniers mauvais temps ne diminuent la quantité du produit de peut-être 5o barriques pour tout le district; mais il est de toute probabilité, néanmoins, qu'elle atteindra la moyenne or- ' dinaire. Les fêtes de Noël se sont fort bien passées. Les apprentis se sont divertis comme à l'ordinaire. Ils sont accourus en foule chez moi pour me faire les compliments d'usage. Je me suis entretenu avec eux, et j'ai été enchanté de la franchise avec laquelle ils ont exprimé les bons sentiments dont ils sont animés pour les contre-maîtres et pour moi.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANG.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1835. — TABAGO. \ oici ce que j ai a vous mander relativement à l'instruction religieuse des apprentis. 1° L'ecclésiastique desservant la paroisse a obtenu la permission de visiter les plantations pendant les heures du repos, pour faire quelques instructions orales. 2° Cet ecclésiastique cathéchise sur les plantations et après l'office du dimanche. 3° Il y a une école du dimanche. 4° Les missionnaires méthodistes célèbrent l'office une fois tous les quinze jours à Hope-Bay, et y ont une école du dimanche. 5° On a ouvert une souscription pour l'agrandissement de la chapelle de la religion anglicane. 6° La société des missionnaires de l'Eglise a pris un local vaste et commode pour fonder une école destinée à l'instruction de tous ceux qui désirent apprendre; mais elle est spécialement destinée aux enfants libres des apprentis. On attend journellement d'Angleterre les maîtres qui doivent être chargés de la direction de cet établissement. Cette même société se propose, m'assure-t-on , de former une école d'industrie dans mon district; mais ce n'est encore qu'un projet. Signé W. HOWITT, juge spécial.

68.

RAPPORT

643

bien disposés que les autres, sentant que le moment des réjouissances approchait, se sont rendus coupables de vols de peu de valeur , pour pouvoir s'équiper convenablement. Dans mon district, les maîtres comblent leurs apprentis de bons traitements; ils leur donnent de fortes rations de vivres; ils ont soin des enfants libres quand ils sont malades, sans y être forcés par la loi. Les plantations sont bien cultivées. Lorsque les saisons seront régulières, il y aura augmentation dans le produit du sucre, comparativement à celui des deux récoltes précédentes. Mais il y aura une diminution sensible pour les plantations qui se trouvent situées dans la plaine de Legunea, où il n'y a pas eu de pluie. La récolte de café ne sera pas brillante cette année dans le district de Saint-André. Dans mes rapports précédents, je ne me suis occupé que de ce qui se rattache aux produits d'exportation. Il y a cependant un accessoire fort important, ce sont les pâturages, qui sont indispensables, surtout pour l'engrais des plantations. L'entretien de ces pâturages se rossent de la diminution des heures du travail, comparativement à celles de l'esclavage. On est obligé d'avoir recours à des ouvriers étrangers, qu'on paye à la tâche à un taux très-élevé. Cependant l'augmentation de prix que viennent de subir les produits d'exportation indemnisera amplement les propriétaires du surcroît de dépense pour travaux extraordinaires. Noël s'est bien passé. Les nègres se sont bien divertis, et je dois dire à Votre Excellence que je n'ai jamais vu des paysans en apparence aussi heureux. Il y a trois églises protestantes dans la paroisse, sans compter plusieurs chapelles où l'on professe dans les unes la foi des méthodistes, dans d'autres celle des baptistes. Les nègres s'y rendent-régulièrement. Il y a aussi des écoles pour l'enfance sous la direction du ministre protestant et de son vicaire. Les enfants font des progrès vraiment extraordinaires dans toutes les branches de l'instruction religieuse et morale.

du juge spécial Lloyd sur le même sujet. Saint-André, 3o décembre 1835.

Je n'ai aucune raison de rien changer à ce que je vous ai dit dans mes rapports précédents, relativement aux bonnes dispositions et à la conduite exemplaire de la population nègre. Le mouvement d'amélioration se fait de jour en jour plus sentir. Les plaintes étaient devenues fort rares jusqu'à il y a quinze jours : celles que j'ai reçues depuis lors sont très-ordinaires. Elles proviennent surtout de ce que quelques apprentis, moins

Signé Sam. LLOYD, juge spécial.

150.

§ II. LA TRINITE.

EXTRAIT

d'une dépêche du lieutenant-gouverneur sir G. F. Hill à M. le comte d'Aberdeen.

leur sont payés pour travaux supplémentaires, quoique cependant, sur beaucoup de plantations, les apprentis refusent obstinément, et à quelque prix que ce soit, tout travail autre que celui qui est stipulé par l'acte du Parlement. Je ne doute pas, cependant, qu'ils ne finissent par entendre raison , et qu'un changement notoire ne soit sur le point de s'opérer. J'attribue la disposition des apprentis à ce que l'esprit de parti n existe plus entre les différentes classes. Ce résultat est dû aussi à la découverte des manœuvres coupables de certains instigateurs, et à la promptitude avec laquelle j'ai fait rendre justice , quand il y avait lieu , sur toutes les laintes portées.

La Trinité, 3 mars 1835.

Je me suis procuré des renseignements positifs sur l'étal et la disposition des apprentis relativement au travail. Dans tous les districts, à peu d'exceptions près, ils s'y livrent de bon cœur et avec gaieté, depuis le commencement de la récolte, et les maîtres sont très-contents d'eux. On doit surtout attribuer celle disposition aux salaires qui

N° § III.

1.

QUESTIONS

TABAGO.

relatives à la culture et aux travailleurs. Tabago, 25 juillet 1835.

1. La dernière récolte a-t-elle été plus forte ou moindre que celle de l'an passé, et dans quelle proportion ? 2. A quelle cause attribuer cette différence ? 3. Pense-t-on que les apprentis laboureurs aient fourni une quantité convenable de travail dans le courant de l'année, à compter du 1er août 1834 jusqu'en 1835? IL

151.

4. En général, ont-ils travaillé avec bonne volonté, ou s'est-il manifesté quelque sujet de mécontentement ? 5. A quelles conditions se sont-ils accordés généralement, avec les géreurs , pour le travail extra, à l'époque de la récolte? 6. Les mères ont-elles témoigné le désir d'engager leurs enfants comme apprentis ? Combien de fois ce cas s est-il présenté dans votre district ? 7. En général, la conduite des apprentis , pendant les douze mois, à compter du 1" août, tant à l'égard de leur travail aux

41.


644

e

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

champs que sous tout autre rapport, a-t-elle été de nature à provoquer une opinion positive chez les propriétaires ou géreurs , quant aux conséquences qui pourront résulter de la fin de l'apprentissage, pour la culture et la fabrication du sucre ? 8. Si les géreurs se sont déjà occupés du calcul des salaires qu'ils pourront probablement accorder pour le travail libre, veuillez indiquer le taux moyen pour les diverses classes d'ouvriers et de laboureurs, dans votre district. 9. Quelle est l'opinion de la majorité des propriétaires et géreurs de votre district sur l'introduction de travailleurs européens, pour aider à la fabrication du sucre, tant en ce qui concerne le travail des champs, que pour les autres opérations qui appartiennent à cette industrie ? Cette mesure est-elle désirée ou non ? C. H. DARLING, lieutenant-gouverneur.

2.

RÉPONSES

faites par M. Child, magistrat spécial, aux questions précédentes. Spey-Side, 1er octobre 1835.

Par sa dépêche du 25 juillet, Votre Excellence témoigne le désir que je lui transmette mes réponses à diverses questions, et copie de mon journal pour le mois de septembre. J'ai l'honneur de vous remettre le rapport suivant, établi d'après les renseignements fournis par plusieurs géreurs. 1er QUESTION.

«La dernière récolte a-t-elle été plus forte ou « moindre que celle de l'an passé, et dans quelle proportion ?»

PARTIE.

Les géreurs ont consenti à payer une certaine somme, pour la totalité de la récolte, aux individus qui ont fait le travail extra. Le taux ordinaire pour la saison est comme suit: Chef travailleur Ouvriers au fourneau de 2 5 à Chauffeurs de 20 à Ouvriers au moulin de 20 à Charretiers de 15 à Garçons muletiers de 15 à Ouvriers travaillant au moulin pendant les heures du déjeuner et de midi

50 fr. 4o 40 4o 4o 25 10

Ces conditions furent faites au commencement de la récolte, lorsqu il était impossible de savoir si la somme fixée serait proportionnée au travail extra qui pourrait être nécessaire. Par conséquent, sur quelques plantations, le géreur prétend maintenant avoir payé trop; et sur d'autres l'apprenti se plaint qu d n a pas été assez paye. Il me semble qu'il serait plus simple, et par conséquent plus satisfaisant pour les deux parties, qu'elles s'entendissent pour le prix de chaque heure extra que la récolle exigerait. 6 QUESTION. «Les mères ont-elles témoigné le désir d'engager «les enfants comme apprentis, et combien de fois ce cas s'est-il « présenté ? » e

Il ne s est pas présenté un seul cas, à ma connaissance, où un enfant libre ait été engagé comme apprenti. Loin de montrer ce désir, il paraît que, dans presque toutes les plantations, les mères renvoient les enfants de cinq à six ans, dans la crainte que le géreur ne cherche à en faire des apprentis. 7 QUESTION. «La conduite des apprentis, en général, pen«dant les douze mois, à compter du 1" août, tant à l'égard du « travail aux champs que sous tout autre rapport, a-t-elle été de « nature à provoquer une opinion positive chez les propriétaires «ou géreurs, quant aux conséquences qui pourront résulter «de la fin de l'apprentissage pour la culture et fabrication du « sucre ? » e

Le produit de la dernière récolte paraît avoir été à peu près égal à celui de l'année précédente ; mais je n'ai aucun moyen d'en connaître la quantité exacte. 2 QUESTION. «A quelle cause attribuer cette différence?» e

Quand il y a eu une différence en plus ou en moins, les planteurs! ont attribuée aux influences de la saison et à des causes locales étrangères au travail. Ces causes sont absolument les mêmes que celles des années antérieures. Il est bon de faire observer que les cannes qui composent la récolte étaient plantées et cultivées avant le 1er août 1834, et que la saison a été favorable à leur crue sur la plupart des plantations. 3 QUESTION.

« Pense-t-on que les apprentis laboureurs aient « fourni une quantité convenable de travail dans le courant de «l'année, à compter du 1er août 1834 jusqu'en 1835?» e

A quelques exceptions près, les planteurs sont d'accord qu'une juste proportion de travail a été faite. J'ai appris, en outre, qu'on a planté de cannes, pour la prochaine récolte, la quantité accoutumée de terre. A part les exceptions, qui ne peuvent être attribuées au changement de condition , les apprentis travailleurs ont bien certainement apporté leur contingent de travail. 4 QUESTION. «En général, ont-ils travaillé avec bonne vo« lonté, ou s est-il manifesté quelque sujet de mécontentement? »

C est l' opinion de tous les planteurs, à l'exception de ceux de Lure et de Richmond, que les apprentis ont fait leur devoir de bon cœur, et sans qu'aucun sujet de mécontentement se soit manifesté. e

quelles conditions se sont-ils accordés géné« ralement, avec les géreurs, pour le travail extra, à l'époque de « la récolte ?» 5 QUESTION. «A

En général, la conduite des apprentis a déterminé, chez les planteurs, une opinion beaucoup plus unanime qu'on ne l'aurait pensé. Les planteurs supposent ; 1° Qu il existe chez tous les apprentis le désir de s'établir dans le voisinage de Scarborough, lorsqu'ils deviendront libres de leurs personnes ; 2° Qu'après 1840, si la population émancipée peut se procurer une existence, ou même si la plus grande partie peut seulement gagner tout juste de quoi vivre, par quelque autre moyen , elle refusera de travailler à la culture de la canne à sucre, même pour un salaire raisonnable ; 3° Qu en supposant que les noirs soient forcés, par la nécessité ou par toute autre cause, de travailler pour vivre, le plus grand nombre s'engagera volontiers à travailler pour les planteurs; 4° Que, néanmoins, la culture de la canne diminuera considérablement. Los plantations sises près de Scarborough, et les (erres d'une nature fertile et d'un travail facile, ainsi que celles où l'on peut faire usage de la charrue, n'éprouveront que peu ou point de diminution dans leur produit ; mais les terres pauvres, surtout celles qui sont éloignées de la ville , et celles qui réclament un surcroît de travail, souffriront beaucoup, selon toute apparence, soit à cause de l'impossibilité de les cultiver avec profit, soit parce que les laboureurs préféreront travailler à des terres moins difficiles. Il a été dit que, lorsque le travail viendra à être loué et payé, il est probable que des arrangements économiques, et un usage plus habile de la charrue, permettront au planteur d'employer un moins grand nombre de bras qu'aujourd'hui. De plus, que les


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1835.— TABACO. 645 propriétaires de terres fertiles trouveront presque toujours un travail suffisant de la part de leurs anciens esclaves ; et, comme ces derniers auront naturellement la préférence, les travailleurs nés sur les plantations moins favorisées de la nature devront se contenter de gagner leur vie chez eux. Il faut faire attention que le nègre éprouve une vive affection pour le lieu de sa naissance, surtout lorsque les tombeaux de ses parents s'y trouvent. Disposé à quitter sa demeure pour mener une vie oisive, s'il est obligé de travailler, il aimera mieux s'occuper sur sa terre natale, que sur toute autre. En conséquence , plusieurs planteurs influents pensent que, par des règlements sages, établis un peu avant l'expiration du système d'apprentissage, on pourra obvier à une réduction générale dans la culture du sucre, malgré la diminution de travail qui aura lieu parmi les travailleurs; 5° L'opinion unanime des planteurs paraît être que, pour déterminer les personnes de la population émancipée à devenir dos membres utiles et laborieux de la société, et pour assurer les résultats indiqués dans le paragraphe précédent, le Gouvernement devrait prêter son aide, en refusant, excepté dans certains cas , de faire des dons gratuits des terres de la Couronne, et en interdisant rigoureusement aux affranchis de s'établir, sans autorisation, dans les bois. Qu'ensuite une loi devrait obliger tout individu valide, non-seulement à gagner lui-même sa vie, mais à justifier de ses moyens d'existence. On s'accorde à dire qu'il faudrait que celte mesure fut accompagnée d'une autre concernant les indigents, pour obliger les propriétaires des diverses paroisses à subvenir aux besoins de leurs pauvres. Ces dispositions, cependant, n'auront d'autre résultat que de prolonger, pour quelques années seulement la culture du sucre, à moins qu'on ne prenne des mesures pour élever les enfants libres dans les principes de morale et d'industrie. Ces enfants croissent dans un état complet d'ignorance et de paresse, et bientôt ils contracteront une telle aversion pour le travail, qu'aucune puissance n'en pourra faire des membres utiles ou seulement inoffensifs de la société. Avant d'en finir sur ce point, je citerai la recommandation que fait M. Donald, gérant de Bell-Garden, et qui me paraît fort judicieuse, « Je suis d'avis qu'il conviendrait que les planteurs «engageassent leurs ouvriers, dans le courant de la dernière an«née de leur apprentissage, aux mômes conditions que celles «qu'ils pourront consentir pour l'année suivante, et en leur «payant leur salaire annuel quelques semaines ou quelques ■ jours avant l'époque de l'émancipation; cet arrangement, selon ■ moi, aurait pour effet de s'assurer leur service pour l'avenir ■ aux mêmes conditions. » 8' QUESTION.

« Si les géreurs se sont déjà occupés du calcul ■ des salaires qu'ils pourront probablement accorder pour le tra«vail libre, veuillez indiquer le taux moyen pour les diverses « classes d'ouvriers et de laboureurs. » Le calcul fait généralement est qu'au prix actuel du sucre, soit 70 francs le quintal, et avec les impôts existants, le planteur serait à même.de payer la journée de chaque bon travailleur à la terre à 1 franc 25 centimes, sans rations, ou 80 centimes par jour, avec jouissance d'une cabane, de terres et peut-être une petite ration de poisson salé; les enfants et les vieillards en proportion. Les gages des chefs peuvent être estimés au double de ceux des travailleurs ordinaires, ou même davantage, suivant leur utilité. Les ouvriers supérieurs seront probablement payés à façon. Ceux qui sont employés à l'année, tels que les tonneliers, forgerons, etc., seraient payés a raison de 1 fr. go cent, à 2 fr. 5o cent par journée, avec maison, terrains, etc. 9' QUESTION. « Quelle est l'opinion dé la majorité des propriéet géreurs sur l' introduction de travailleurs européens , taires «

II.

« pour aider à la fabrication du sucre, tant en ce qui concerne le « travail aux champs, que pour les autres opérations qui appar« tiennent à cette industrie. Cette mesure est-elle désirée ou non ? » Les propriétaires et géreurs sont presque unanimement d'avis que les Européens ne pourraient pas résister à la fatigue des champs dans ce climat, à moins qu'ils ne soient employés comme charretiers ou à conduire la charrue. Par conséquent, les planteurs ne comptent point sur l'assistance de l'émigration européenne pour la culture de la canne à sucre. Toutefois les Européens pourraient être employés sans danger à la fabrication du sucre, où à tout autre emploi dans l'intérieur. . Les planteurs croient que l'introduction de travailleurs européens serait très-avantageuse, pourvu qu'ils ne fussent pas chargés de travaux qui, en ruinant leur sauté, les rendraient à charge au pays. Indépendamment d'autres considérations, ces émigrants amélioreraient la population noire , par l'influence progressive de l'exemple, et par l'usage dl'un mode plus perfectionné de travail. Mais les planteurs craignent beaucoup que les émigrants d'Europe ne se montrent pas très-empressés de se rendre aux Indes occidentales, aussi long-temps qu'ils pourront se procurer au moins un aussi bon salaire et des terres aussi fertiles dans des pays où le climat est plus favorable. Après avoir fait connaître les idées des planteurs, je soumettrai à Votre Excellence, si elle le désire, leurs communications écrites. Signé W. A. CHILD , magistrat spécial.

3.

RÉPONSES

faites par

M.

Mac-Intosh, juge spécial. Signal-Hill, 3 octobre 1835.

En réponse à ces deux questions : « La der« nière récolte a-t-elle été plus forte ou moindre que celle de l'an «passé, et dans quelle proportion? A quelle cause attribuer cette « différence ? » j'ai à dire que, dans presque toutes les plantations placées sous ma surveillance, la dernière récolte a été plus faible que celle de l'an passé, mais je ne puis en établir la différence. Le déficit est généralement attribué à la sécheresse, circonstance qui, depuis trois ou quatre ans, a causé plus ou moins de préjudice aux planteurs dans la division de l'île appelée Sandy-Point.

Je n'ai aucun motif de croire que la diminution du temps de travail produite par l'acte d'abolition ait eu la moindre influence dans ce déficit. Sur une ou deux plantations, situées dans une localité moins exposée à la sécheresse, attendu que le sol en est marécageux, la dernière récolte a été plus abondante que l'an passé, il m'est démontré par là que j'ai raison d attribuer le déficit à la sécheresse. 3'QUESTION. «Pense-t-on que les apprentis laboureurs aient «fourni une quantité convenable de travail dans le courant de «l'année, à compter du 1er août 1834 jusqu'en 1835 ?» On est généralement d'accord que, eu égard aux heures de travail, il s est fait autant de travail par les apprentis cultivateurs, depuis le mois d août 1834, que dans aucune période antérieure. Sur une plantation de mon district, il se fait autant de travail actuellement qu'on en faisait alors. 4 QUESTION. « En général, ont-ils travaillé avec bonne volonté, «ou s'est-il manifesté quelque sujet de mécontentement ? » e

Sur une population d'environ 4,000 individus, on ne peut pas supposer qu'il n'y en ait pas un grand nombre d'oisifs et de mécontents ; mais la grande majorité est laborieuse et se conduit bien, sans aucun signe de mécontentement.


646

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES QUESTION.

« A quelles conditions se sont ils accordés gé5° avec les géreurs, pour le travail extra, à l'époque « néralement, « de la récolte ? » Sur la plupart des plantations ils donnent leur travail, pendant la récolte, moyennant certaines allocations qu'ils étaient accoutumés de recevoir autrefois, telles que le vesou provenant de la cuisson du sucre et du rhum; dans beaucoup de cas, ils reçoivent une portion de riz et de biscuit; quelquefois ils stipulent une légère rétribution pécuniaire qui ne dépasse jamais, à ce qu'on me dit, 15 centimes par heure. 6 QUESTION. «Les mères ont-elles témoigné le désir d'enga« ger leurs enfants comme apprentis, et combien de fois ce cas « s'est il présenté?» e

Elles ont témoigné la plus vive répugnance à engager leurs enfants; je ne crois pas qu'il se soit présenté un seul cas semblable. Si cette répugnance prenait sa source dans l'affection maternelle, ce serait une cause de satisfaction ; mais, si mes renseignements sont exacts, et leur conduite d'ailleurs le prouverait, elles s'inquiètent peu du bien-être de leurs enfants, ou bien elles ignorent ce qui peut être utile à leurs véritables intérêts. Sur plusieurs plantations de mon ressort, les géreurs, mus uniquement par le désir, de voir les enfants s'habituer de bonne heure au travail, ont inutilement cherché à déterminer les parents à laisser faire à leurs enfants un travail facile. Ce genre d'occupation m'a été expliqué, et il n'a rien qui puisse être en aucune manière préjudiciable aux jeunes enfants. La condition de ces enfants est digne d'attention, et la condition ultérieure de cette colonie dépendra beaucoup des mesures qui pourront être prises à leur égard pendant les cinq années à venir. 7° QUESTION. «La conduite des apprentis, pendant les douze « mois, à compter du 1 août, tant à l'égard de leur travail aux «champs que sous tout autre rapport, a-t-elle été de nature à « provoquer une opinion positive chez les propriétaires ou géreurs, «quant aux conséquences qui pourront résulter de la fin de « l'apprentissage, pour la culture et la fabrication du sucre? » er

Tous les administrateurs et géreurs que j'ai consultés sont d'accord quant à l'impossibilité de continuer la culture du sucre, lorsque l'émancipation sera accomplie définitivement; celte opinion , suivant eux , n'est pas fondée sur la conduite que les apprentis travailleurs ont tenue depuis le 1er août 1834, mais sur la connaissance intime qu'ils ont du caractère et des habitudes du nègre, qui ne voudra pas travailler dès qu'il sera affranchi de la contrainte à laquelle il est à présent assujetti. Telle paraît être l'opinion universellement répandue parmi les planteurs : jusqu'à quel point pourront-ils la faire concorder avec

e

— PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

PARTIE.

ce fait déjà cité, qu'un grand nombre d'apprentis ont consenti .< augmenter, durant la récolte, le nombre d'heures de leur travail moyennant une très-faible rémunération ; c'est ce que je ne sais pas. Mais il me semble que ce dernier fait est de nature à faire penser qu'il existe ici les mêmes principes qu'ailleurs, et que. partout où l'industrie est récompensée, son développement est certain. 8 QUESTION. « Les géreurs se sont-ils déjà occupés du calcul «des salaires qu'ils pourront accorder pour le travail libre ? » e

Aucun calcul qui mérite attention n'a été fait à cet égard. On est généralement d'avis que le travail libre, quelque modéré que soit le taux des salaires, coûtera plus cher qu'à présent. Je ne puis dire sur quelle raison cette opinion est fondée. J'ignore le chiffre de ce que coûte actuellement à la propriété l'entretien des apprentis, et je ne sais pas jusqu'à quel point les capitaux et l'intelligence du planteur pourront ultérieurement opérer une économie sur le travail. Il n'existe point d'éléments pour servir à établir une comparaison des deux systèmes; par conséquent, on ne peut pas faire de calcul sur le plus ou le moins que le planteur pourra payer aux affranchis, comparativement à ce qu'il accorde aujourdhui pour l' entretien des apprentis. Je ne doute pas, cependant, qu au moyen de machines perfectionnées, par un usage plus général de la charrue, en établissant des enclos, afin d éviter l' emploi de beaucoup d'individus, pour garder le bétail, et enfin par l' adoption d'autres moyens,le planteur, dans celte partie de l' île, ne parvienne à opérer une telle rédaction de travail dans la culture de sa plantation qu'il puisse donner un salaire élevé pour le travail qui serait encore nécessaire. 9 QUESTION. «Quelle est l'opinion de la majorité des proprie«taires et gereurs sur l' introduction de travailleurs européens, « pour aider a la fabrication du sucre, tant en ce qui concerne «le travail aux champs, que pour les autres opérations qui appar« tiennent à cette industrie ? » L'opinion du plus grand nombre est favorable à l'introduction de travailleurs européens, mais on n'est pas d'accord sur la question de savoir jusqu' à quel point on pourra les employer sous ce climat. On pense généralement qu'on ne pourrait pas les occuper (excepte un très-petit nombre de cas), à la culture du sol, mais qu il serait avantageux d avoir des Européens en qualité de domestiques ou d ouvriers pour aider à la fabrication. Le grand avantage qu on espère tirer de l'établissement de travailleurs européens dans la colonie, c'est l' exemple que leur assiduité produirait sur le caractère elles sentiments du nègre, dans l' esprit duquel on prétend que l'idée du travail se trouve associée à celle de la dégradation. Signé U. D. MAC-INTOSH , magistrat spécial. N° 152.

S IV. LA BARBADE.

EXTRAIT

d'une dépêche de lord Glenelg. Downing-Street, 10 juin

1835.

t

ruraux de travailler sur les routes publiques, ou de fabriquer le sucre dans les ateliers d'une autre plantation , lorsque celle à laquelle ils sont attachés n'a pas de moulin. Je ne pense pas que ce soit là le sens de l'acte du Parlement

On allègue que l' acte du Parlement défendrait aux apprentis

Signé GLENELG. N° 153.

§ V. ANTIGOA.

1.

EXTRAIT

d'une lettre du directeur de la police. Antigoa, 31 janvier 1835.

Dans mon dernier rapport de décembre, je faisais connaître à Votre Excellence qu'à la prochaine récolte du sucre les maîtres

et les serviteurs allaient se trouver de nouveau en rapport, et que ce serait une nouvelle occasion de faire des arrangements et de fixer le taux du salaire pour les récolles suivantes. Le manque d'accord parmi les propriétaires a pu entretenir, chez la population ouvrière, cet esprit de mécontentement qui semble s'en être emparé ; ce mal existe toujours. Je suis loin


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1835. — ANTIGOA.

647

de prôner la nécessité d'une loi pour établir un tarif des salaires. Je pense cependant qu il devrait exister un règlement particulier, avantageux à tout le monde. On pourrait objecter que les plan-

les planteurs ne continuassent à embaucher les nègres les uns des autres, en leur offrant des conditions plus avantageuses ou des gratifications.

tations sont plus ou moins étendues les unes que les autres; que les unes sont grevés d'hypothèques, que les autres en sont plus ou moins libres. Mais tout cela ne change rien à la question. Il importe à toutes, plus ou moins, de terminer la récolte actuelle, et de préparer la récolle prochaine aussi expéditivement que

L'importation d'agriculteurs anglais dans cette colonie est une question sur laquelle certains colons ont pris plaisir à s'entretenir, mais il est dérisoire de supposer qu'un individu, de quelque

possible.

soleil pendant douze heures consécutives. Les planteurs les plus expérimentés ne doivent pas ignorer qu'on est obligé d'habituer graduellement même les nègres au travail des plantations. On

Quelques planteurs sont sur le point de commencer la récolte, et ceux qui l'ont commencée éprouvent la plus grande incertitude quant au système à suivre. Quelques-uns se proposent de donner go centimes par jour aux adultes, et 60 centimes aux plus jeunes pour chaque barrique de sucre fabriquée. D'autres pensent devoir rétribuer ceux qui travaillent au moulin à raison ce 1 fr. 80 cent, par jour, et les coupeurs de cannes à raison de 1 fr. do cent, en sus de ce qu'ils accordent par barrique de sucre. D'autres sont d'avis d'allouer 1 fr. 5o cent, par jour aux ateliers peu nombreux, et 3o centimes en sus s'ils fabriquent plus de deux barriques et demie par jour. D'autres encore auraient envie de donner l'ancien salaire de 1 fr. 25 cent, par jour à la grande bande, et go centimes aux sarcleurs, avec une gratification de deux litres de farine, deux harengs et la boisson. Et d'autres enfin proposent le même salaire que ces derniers, en y ajoutant 15 centimes s'ils sacrifient l'heure du déjeuner, et 3o centimes s'ils sacrifient l'heure du dîner pendant la récolte. Du reste il me faudrait trop de temps pour énumérer les différents systèmes dont on parle. Tout cela inquiète les nègres; ils s'informent, et, comme le plus souvent ils y regardent de très-près, ils sont tentés tout naturellement de donner la préférence à ceux qui leur proposent d'avantage. A cause de ce peu d'uniformité dans le mode de rétribution, les récoltes se font donc avec plus de lenteur qu'à l'ordinaire, et, sur plusieurs plantations, il y a même beaucoup d'hésitation, surtout sur celles où les opinions se contredisent le plus. J'ai l'espoir que les choses vont bientôt, prendre une meilleure tournure; si cependant cela n'arrivait pas, il faudrait, à mon avis, trois ou quatre semaines de plus qu'à l'ordinaire pour rentrer les récolles. Sur les plantations où, avec un temps favorable, on fabriquait autrefois de trois à quatre barriques par jour, aujourd'hui on n'en peut pas fabriquer plus de deux, et je crains même que la moyenne soit rarement de plus de deux et demie. Là où les nègres ont accepté l'offre de go"centimes par barrique, le travail s'est augmente par l'espoir d'une forte gratification. Mais l'esprit du nègre est tellement changé depuis l'émancipation, que cet "effort, il est très-probable, ne se renouvellera pas à la fin de la saison. Après un mois de travail et de peine, on soupirera pour le repos ; le désir d'un peu de dissipation, de temps à autre, triomphera de l'appât du gain, et le travail se ralentira. II en a été ainsi depuis le 1" août, lorsque le travail a été moindre qu'aujourd'hui, et rien, j'en suis convaincu, ne saurait empêcher que cela ne se renouvelle jusqu'à un certain point. On prétextera une maladie-, qu'elle soit réelle ou feinte, il faudra l'admettre, et ces interruptions, quoique passagères, finiront par faire beaucoup de mal. Les plantations éloignées des villes pourront souffrir, parce que la population en est moins vicieuse et plus stable. En somme je dois remarquer que le travail fait par des émancipés diffère essentiellement de celui qui est fait par des esclaves, en cela que les émancipés émigrent volontiers, où et quand il leur plaît, et selon que leur intérêt ou le désir de se divertir les y invite. C'est afin de prévenir celte perte de temps pour la récolle actuelle que l'acte pour établir des contrats de louage entre maîtres et serviteurs a dû être passé le 2g du mois dernier Cet acte était aussi nécessaire qu il était opportun, parce qu'il n'y avait plus à douter, d après ce qu on venait d'éprouver depuis quelques mois, que II.

partie du royaume qu'il soit, puisse longtemps supporter d'être mis en contact avec nos travailleurs et exposé à l'ardeur du

les met d'abord au fauchage; au sortir de l'enfance, ils commencent à sarcler et ils ne travaillent avec le grand atelier que quand ils ont atteint l'âge mûr. Si l'on négligeait ces précautions, leur constitution 11e résisterait pas au climat. Il y a quelques années, un propriétaire irlandais voulut faire un essai.Il fit venir des gens de la ville, et les occupa à creuser les trous pour les cannes; et, bien qu'ils fussent nègres et nés dans le pays, la maladie finit par les décimer. J'en ai vu qui, de forts et robustes, sont devenus décrépits; la mort fil le reste; et le 1er août dernier il n'en restait que bien peu. Je ne présume pas non plus qu'on veuille tenter l'importation de blancs pour travailler à la charrue, plusieurs planteurs en ayant fait l'essai, et n'ayant pas eu d'imitateurs. Il faut en conclure qu'on peut très-bien se dispenser du travail des Européens, puisque nos esclaves ont acquis assez d'industrie pour éviter ce surcroît de dépense à leurs maîtres. Dans le cours des événements, je n'ai eu à constater aucun cas d'infraction aux lois de la part des classes ouvrières. Les cas de vols sur les plantations à cannes et sur les champs de pommes de terre se renouvellent assez fréquemment; mais on peut attribuer ce fait à une règle que s'étaient faite les noirs pendant leur servitude, «c'est que dérober la récolte de leurs maîtres n'était point voler, pourvu que cette récolle eût été plantée par eux. » Des punitions sommaires ne manqueront pas de les éclairer sur le peu de similitude qu'il y a entre leur condition d'autrefois et celle dont ils jouissent aujourd'hui. L'île jouit de sa tranquillité ordinaire. Le mécontentement qui s'est manifesté sur quelques plantations seulement, relativement à la fixation du salaire, peut être considéré comme étant purement domestique : dans une semaine ou deux l'horizon s'éclaircira. La police, bien que le nombre en soit restreint, est suffisante pour maintenir l'ordre, et, grâce à la fermeté qu'elle a su déployer, les désordres sur la voie publique ont complètement cessé. Signe Henry LOVING, directeur de la police.

2.

EXTRAIT

d'une autre lettre du directeur de la police. Antigoa,

28

février 1835.

J'ai l'honneur de transmettre à Votre Excellence le rapport des événements de celle colonie pendant le mois dernier. La récolte du sucre est commencée partout ; mais la moyenne du travail des nègres a été peu rassurante pour les propriétaires, eu égard à l'état delà colonie et à la nouvelle condition des travailleurs. Aucune convention générale des propriétaires n'est venue régler le prix du travail. On a cependant fait des conditions aux travailleurs selon les moyens pécuniaires des maîtres. A mon avis, les nègres, pour la plupart, auraient bien fait d'y accéder. Mais, dans certains cas, on n' a pu leur en vouloir de les refuser, parce que le tarif qu on a voulu établir est si confus, qu'il est impossible d y rien comprendre. On y a fait de temps à autre, m'a-t-on assuré, quelques changements, afin de présenter aux nègres des conditions acceptables et plus à leur portée. Je suis convaincu que la récolte de cette année aura l'avantage d'inspirer aux intéresses des dispositions plus conciliantes. Il est AI...


648 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. impossible que les planteurs dépensent moins dans la fabrication du sucre qu'à présent, s'ils conservent l'espoir qu'elle leur sera profitable. D'un autre côté, les travailleurs seront satisfaits s'ils n'ont pas de causes légitimes de se plaindre. L'esclavage avait imprimé à ses victimes un certain esprit de ruse et de méfiance, provenant de ce qu'ils voyaient qu'on cherchait à abuser de leur faiblesse et de leur ignorance. Il faudra des années pour vaincre cette impression , et même on ne pourra jamais l'effacer chez les adultes, qui ont été élevés sous l'ancien système colonial. De là cette méfiance qui domine chez eux, et. les infractions aux contrats de louage qu'on a eu à constater dans le cours du mois passé et du mois présent. Sur quelques plantations, ils n'ont pas eu plus tôt fait un contrat de travail, qu'ils ont cherché à l' éluder, tandis que, sur d'autres, ils ont traîné en lenteur jusqu'à rupture définitive. J'en ai vu (et l'on m'assure que cela arrive assez fréquemment) venir nier l'existence d'aucun contrat. Mais on a toujours remarqué que, certaines propositions leur étant

qui doivent être jugées par la cour d'assises sembleraient condérablement augmentées au premier coup d'oeil, et comparativement à leur nombre avant l'abolition de l'esclavage dans cette colonie. Mais il suffira d'un moment de réflexion pour voir que des délits, autrefois punis par la justice suzeraine du maître, tombent tous maintenant clans la juridiction du tribunal chargé de juger les hommes libres. Les accusations de vol sur les plantations, que sous l'ancien système on punissait d'un châtiment domestique, sont maintenant aussi du ressort de ce nouveau tribunal. C'est avec du temps, de la patience, des lois sages., des magistrats capables et désintéressés que le pays peut espérer le bonheur. Le corps de police que je commande a un devoir bien pénible à remplir. Je m'applique à suppléer à l'insuffisance du nombre, tant par mes efforts personnels, que par un redoublement d'activité delà part de chacun des individus qui sont sous mes ordres. Signe Henry LOVING, directeur de la police.

faites, ils se retirent sans dire mot; alors ils exécutent, peut-être à contre-cœur, le travail qu'on leur désigne, et acceptent le salaire qu'on leur offre.. Les faits étant constatés par le témoignage de deux personnes, la marche à suivre par le magistrat est toute simple. Ceux de Saint-John ont cherché surtout à concilier les parties, et, en certains cas, leurs efforts n'ont pas été sans succès. A mon avis, les opérations de la récolte actuelle ne seraient pas aussi avancées sans la loi sur les contrats de location. Quoique toutes les plantations n'aient pas réussi à faire des contrats , l'occupation des habitations par les travailleurs récalcitrants a eu l'effet salutaire d'empêcher, conformément à la loi, que leurs services ne fussent acceptés ailleurs. Ils se sont donc vus forcés de rester chez leurs anciens maîtres aux mêmes conditions que ceux qui ont fait des contrats. Les dispositions de cette nouvelle loi avaient troublé l'esprit de la classe ouvrière; mais les nègres, soit d'après des décisions judiciaires, soit par les explications qu'ils se sont fait donner, la comprennent pour la plupart, et il y a tout lieu d'espérer que les contestations cesseront à mesure qu'ils se familiariseront avec les règlements actuels. Le produit de la récolte de sucre a été beaucoup au-dessous de ce qu'on pouvait espérer il y a trois mois, et cette récolte est bien inférieure à celle de l'an passé. Je pense néanmoins qu'il ne faudra pas moins de temps pour la faire qu'il n'en a fallu pour la dernière; et c'est à la différence entre le travail des émancipés elle travail quotidien des esclaves qu'il faut l'attribuer. Pourra-t-on arriver à planter autant de cannes cette année que l'an dernier? D'après ce que j'ai pu voir, une diminution générale n'est pas à craindre, à cause du travail à la tâche et de l'augmentation de salaire accordée aux travailleurs par les planteurs, ceux-ci ayant vu qu'il n'y avait rien à en espérer à moins de gratifications additionnelles. Il y a pl us d'affaires crimininelles au rôle, pour la session qui doit s'ouvrir le mois prochain, qu'il n'y en a eu pour les deux sessions précédentes depuis le 1er août. Les affaires capitales

3.

EXTRAIT

d'une autre lettre du directeur de la police. Antigoa, 1er juin 1835:

L'amélioration progressive des affaires de la colonie me laisse peu a vous mander pour le mois de mai. Quelques personnes d'un rang élevé, qui possèdent des plantations dans notre île, et qui avaient prédit la ruine des propriétaires fonciers, sont maintenant d une tout autre opinion. On ne devrait émettre qu'avec défiance des opinions qui ne sont pas générales quand elles se rattachent à des questions qui intéressent une communauté entière. Si elles n ont jamais été générales à aucune époque depuis le 1er août, elles sont aujourd'hui bien restreintes, je puis l'affirmer, d'après les conversations que j'ai eues avec des planteurs de toutes les conditions. Il aurait mieux valu s'abstenir de désespérer, au moins jusqu'à ce que le temps eût fixé la valeur du travail des émancipés. La publication imprudente d'un mal minime tend à nuire au crédit de la colonie au dehors, et compromet cette confiance qu'il est nécessaire d'entretenir entre le peuple anglais et les planteurs des Indes occidentales. Les accusations capitales sont considérablement diminuées depuis les dernières assises trimestrielles, et il n'y en a même que trois à juger ce mois-ci. Les petits vols ont été plus fréquents depuis la même époque. Pour ce qui regarde la population Filiale, je les attribue a la présence dans le district de quelques mécontents, qui, depuis l'émancipation, ont peu et souvent point travaillé; et, pour ce qui regarde les gens de la ville, à leur malheureuse passion pour le luxe. Le corps que je commande remplit avec zèle et activité tous les devoirs qui lui sont imposés dans l'intérêt du bien-être public, et j'ai à me louer du concours empressé des magistrats et des autres fonctionnaires. Signé Henry

, directeur de la police.

LOVING

N° § VI.

RAPPORT

154.

ILES BAHAMAS.

adressé au gouverneur sur l'état de la colonie dans sa partie septentrionale. Nassau, 26 décembre 1835.

LONG-ISLAND Nous avons fait quatre stations dans le nord, pour classer les apprentis contre lesquels il n'y a pas eu de plaintes. Le meilleur accord paraît exister entre les propriétaires -elles apprentis, ces derniers travaillant d'après des engagements

qui sont très-équitables; ils désirent ardemment avoir une école pour leurs enfants, et ont promis de faire tout ce qu'ils pourraient pour rétribuer un professeur. Nous proposons donc qu'il soit de suite établi une école dans cette localité. M. Adderly et d'autres se sont engagés à faire construction à cet effet. On nous a fait voir un bâtiment sis à Point-Fergus, appartenant à M. B. Sims, qu'il a promis de donner pour servir de prison. Nous pensons que ce bâtiment et la position sont convenables. Dans notre opinion, le Bite est l'endroit le plus convenable


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1835. — BAHAMAS. 649 pour fonder un établissement dans le nord de l'île ayant déjà servi en grand à cet usage. Il existe encore, dans le voisinage, une excellente église, qui pourrait être restaurée avec peu de

port, où Ion chargeait un brick et une barque en même temps. Maigre les nombreuses difficultés qu il y a à vaincre, en ce que les navires sont obliges de rester éloignés du rivage, et les cha-

dépenses. Il y a aussi, tout près de ce bâtiment, une grande étendue de terres de la Couronne propre à la culture. Dans le district du Nord, qui comprend la moitié de cette grande île, nous avons trouvé les maîtres et les apprentis mutuellement satisfaits et heureux. Ayant traversé le pays jusqu'à Great-Harbour et examiné sa position avec détail, nous pouvons

loupes obligées d'attendre la marée haute pour sortir, notre attention a été frappée par l'aspect des quais et autres améliorations qui surpassent tout c.e que nous avons vu dans aucune des îles. Tous les apprentis étaient au travail, en vertu de contrats qui paraissaient leur être fort avantageux, en ce qu'ils reçoivent

recommander cet endroit comme le plus favorable pour y établir un bourg des plus considérables en étendue, et qui, vu les ressources qu'offre le voisinage, pourrait devenir populeux et florissant. Le port est grand et bien abrité; il a une profondeur

un salaire annuel en compensation des samedis qu'ils consacrent aux salines et à charger du sel à bord des navires. Nous avons tracé, dans un endroit contigu aux salines, le plan d'un bourg. Dans le voisinage, il se trouve des terres propres à l'agriculture. Un grand nombre d'habitants ont déjà fait des améliorations dans

d'eau suffisante pour admettre avec sûreté des navires de toutes dimensions, qui, en sortant, auraient l'avantage de se trouver de suite dans les grandes eaux. Il existe quatre grandes salines tout près du port; elles ne sont exploitées qu'en partie, faute d'un canal, qui leur donnerait une grande valeur. Nous regret-

les parcelles de terrains qu'ils ont grande envie d'acheter; et nous prions Votre Excellence de vouloir bien aviser à une pro-

tons qu'il n'y ait pas assez de propriétaires pour entreprendre les travaux, qui fourniraient de l'emploi à des milliers de bras. Nous avons appris que les habitants sont dans l'intention de faire un second appel à l'assemblée législative pour un emprunt de dix mille francs, destiné à l'exécution de ce projet. Ils offrent, de les rembourser avec intérêts, au moyen d'un impôt sur le sel. On

professeur a refusé ; mais nous espérons que, sous peu, on trouvera une autre personne pour remplir celle tâche. La prison est presque achevée, quoiqu'il y ait eu du temps de perdu; mais M. le juge Wildgoos s'est engagé à tout terminer d'ici à trois mois. Nous avons visité et examiné quelques nouvelles salines dans cette île, ainsi qu'à Racoon-Key, qui exigeront de la réflexion , de

trouve un terrain propre à l'établissement d'un bourg sur un point élevé, tout près du port, dans le voisinage duquel se trouvent de très-belles terres de la Couronne, ainsi qu'une assez grande étendue couverte de la fameuse racine appelée zamia ou ro-

l' énergie et de la dépense pour être mises en état de rapporter, mais qui néanmoins mérite nt toute l'attention duGouvernement.

seau brun. C'est encore une propriété de la Couronne. L'école à Great-Harbour est achevée, et il revient beaucoup d'honneur à M. Th. Rahming pour le zèle qu'il a mis à l'exécuter. Le professeur, M. Morris, a commencé ses fonctions le 1 4 courant; nous l'avons visité le lendemain , et avons trouvé un bon nombre d'enfants présents. A juger par l'empressement des parents et le zèle des maîtres, nous comptons sur d'excellents résultats. La construction de la prison est commencée; mais elle a éprouvé un grand retard. Nous avons autorisé la cotisation, et désigne' plusieurs personnes pour surveiller et achever les travaux. G REAT et LITTLE-EXUMA , et HOG-KEY. — Nous avons trouvé, à très-peu d'exceptions près, les maîtres et les apprentis contents : les premiers nous ont dit qu une amélioration sensible s'était opérée parmi les apprentis, depuis les dernières visites des magistrats spéciaux. A Little-Exuma, les maîtres, comme les

apprentis, ont, les uns et les autres, mis beaucoup d'empressement à contribuer à l'établissement d'une école, et n'ont besoin maintenant que d'un bon professeur. On fait les préparatifs de construction d'une prison. Nous avons visité l'école à Stephens-Town. Les grands progrès que les enfants ont faits dans le court intervalle de deux mois nous ont causé une grande satisfaction, et la manière dont l'établissement a été dirigé fait beaucoup d'honneur à M. Almgreen , professeur. Les parents n'apprécient pas les grands avantages qui peuvent en résulter pour les enfants, et ne contribuent en rien à l'entretien du professeur. Un grand nombre ont retiré leurs enfants, lorsqu on leur en a fait la demande, et nous ont témoigné à nous-mêmes beaucoup d'insouciance à ce sujet. Le besoin d une prison et d'un officier de paix se fait sentir dans ce bourg. Il y a un bâtiment, tout près de l'école, qui conviendrait fort ; mais il appartient à lord Rolle. Sur les propriétés de M"" Fergusson, on désire beaucoup avoir une école; elle a généreusement offert l'usage d'un bâtiment pour cet objet. R AGGED-ISLAND. A notre arrivée ici, nous avons été enchantés de voir l' activité et l' industrie qui régnaient dans le

chaine décision à cet égard; car l'industrie dont ils font preuve mérite d'être encouragée. Les habitants désirent beaucoup avoir,, une école, et ont offert à un professeur un traitement élevé, Le

RUM-KEY. — Nous avons vu tous les apprentis de cette île, et n avons reçu qu'un petit nombre de réclamations d'eux ou de leurs maîtres. En général, ils travaillent d'après des contrats, que nous avons revisés, afin de les rendre également justes pour les deux parties. Nous pensons que le port de Rum-Key est bien convenable pour un établissement fermé, en ce qu'il se trouve dans le voisinage immédiat d'une vaste saline où l'on a toujours

besoin de travailleurs. Il existe tout près une grande quantité de terres de la Couronne. On a déjà bâti sur quelques lois. Les occupants désirent beaucoup devenir acquéreurs de leurs portions respectives. Si cet établissement est convenablement bâti, il aura un très-bel aspect en approchant de l'île. On peut se procurer de très-bonne eau dans le voisinage, et en grande abondance. Le besoin d'une école se fait vivement sentir dans cette île; les habitants nous en ont témoigné le plus grand désir, et ont promis de réparer un bâtiment, bien convenable pour cet objet, dont M. N. Bull er a fait don. Nous espérons que ce projet se réalisera bientôt. Il y a un très-grand nombre d'enfants sur la plantation de M. Butler, que nous avons visitée, et les apprentis désirent aussi avoir une école, à la charge de contribuer à l'entretien d un professeur. La prison a besoin d'être réparée et peinte à l' extérieur ; il faut aussi une muraille à la prison, puisqu'il n'y a point de cellules solitaires, et que les habitants peuvent, du dehors, communiquer avec les prisonniers. SAINT-SALVADOR Nous avons visité toutes les plantations dans cette île, sans y recevoir aucune réclamation, soit des maîtres ou des apprentis , excepté pour deux circonstances, dont Votre Excellence trouvera les détails dans le rapport criminel. Cette grande île ne possède pas d'école, dont on a pourtant grand besoin. Nous conseillerons d'en établir une près de PortHowe, parce qu il y a environ cinquante à soixante enfants dont les parents contribueraient volontiers à payer un professeur; et

une autre sur la propriété de M"' Portier Augusta, où il y a aussi un grand nombre d'enfants. On a aussi besoin d une prison dans cette île; mais , comme le magistrat résidant était malheureusement absent, nous n'avons pu savoir de lui quel serait l'endroit le plus convenable pour la construire. Bennet's-Harbour nous semble un endroit


650 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. —PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. bien convenable pour foncier un bourg, parce qu'il y a une grande etendue de terres de la Couronne dans le voisinage , ainsi qu'une saline.

ministre de la religion établie visitât les diverses îles, pour la célébration du mariage et pour le baptême de plusieurs centaines d'individus qui n'ont pas encore reçu ce sacrement.

ELEUTHERA. — La plantation de M. Miller est située à l'extrémité est de cette île, A la visite que nous y avons faite, nous n avons reçu aucune plainte. Comme les fêles de Noël commençaient, et que les apprentis considèrent ce temps comme leur

Nous ne pouvons terminer sans exprimer notre entière satisfaction en ce qui touche la bonne.conduite des apprentis, et le traitement, généralement plein de douceur, des maîtres. Les uns et les autres sont maintenant convaincus qu'ils ont intérêt aux bons procédés réciproques ; et nous sommes d'avis que le seul obstacle qui arrête le développement de l'industrie chez les apprentis, c'est la difficulté qu'ils éprouvent à se défaire de leurs

appartenant, nous pensâmes ne devoir pas gêner leurs amusements, et retournâmes directement à Nassau. Les apprentis commencent à manifester le désir d'une amélioration morale. Pendant notre séjour, nous avons reçu cent cin-

produits. Nous souhaitons vivement qu'on puisse y apporter quelque remède.

quante demandes pour des permissions de mariage à l'église, et nous avons l' honneur de vous transmettre les noms des parties; at, si cela n offrait aucun inconvénient, nous désirerions qu'un

Signé Th. R. WINDER , Ed. Eustace HILL.

N° 155. § VIL.

I.

EXTRAIT

d'une dépêche adressée

À

GUYANE

M. le secrétaire d'État

des colonies sur la situation de la Guyane anglaise. Camp-House, 22 janvier 1835.

L'avis ci-joint du Gouvernement témoigne de la parfaite tranquillité qui règne dans la province et de la bonne conduite de la population ouvrière, en général II est impossible que, dans aucune autre partie des possessions anglaises, où se trouve agglomérée une aussi nombreuse population, elle se conduise plus convenablement que les travailleurs de cette colonie. Treize plantations seulement ont eu recours à cette parcimonie mal conçue qui a refusé des vivres et des médicaments aux enfants des apprentis qui n'ont pas atteint l'âge de six ans et qui, par conséquent, sont libres sur ces plantations. Quatre enfants étaient morts de besoin et faute de soins médicaux. Ayant dû soumettre ces cas à l'avocat général, j'attendrai le rapport de ce fonctionnaire, avant de faire aucun commentaire à ce sujet. Un point sur lequel porte l'avis du Gouvernement est relatif à l'obligation, imposée aux apprentis, d'exécuter leur travail de sept heures et demie en deux fois; je crains qu'il n'y ait aucune loi en vigueur dans la colonie qui puisse être appliquée aux planteurs à cet égard. AVIS

DO

GOUVERNEMENT.

1° Le major général sir James Carmichael Smith, ayant reçu et examiné attentivement les rapports des douze districts judiciaires, pour le mois de décembre, a arrêté qu'on ferait connaître au public que le contenu de ces rapports est satisfaisant sur tous les points. Us démontrent que non-seulement la plus parfaite tranquillité n'a cessé -de régner dans toute l'étendue de la province, mais que la bonne conduite, la subordination et le bienêtre de la population ouvrière se manifestent partout. Son Excellence croit devoir appeler particulièrement l'attention de toutes les personnes intéressées à la prospérité de la colonie sur ce fait : c est que pas une seule station de police n'a encore été établie, et que pas un seul brigadier ou agent de police n'a été engage pour les districts judiciaires. L ordonnance relative aux travailleurs en apprentissage comporte la formation de douze stations de police; a chacune d elles il doit être attaché un brigadier et dix hommes. Des laboureurs apprentis eux-mêmes ont été substitues a ceux-ci. Des constables choisis parmi eux, sans au lie arme qu'un petit bâton peint, ni d'autre marque pour les distinguer de leurs camarades qu'une écharpe rouge portée sur l' épaule, donnent gratuitement leurs services pour le maintien de l'ordre et pour l'exécution, à toute heure, des or-

ANGLAISE.

dres des juges spéciaux. Sans l'aide d'une police, et sans l'intervention d un seul soldat de troupe régulière ou de milice, les lois ont été exécutées et maintenues pendant les quatre derniers mois, comme elles le sont encore aujourd'hui, par les nègres eux-mêmes. Il serait difficile de signaler, dans les annales même des pays les plus éclairés et les plus civilisés d'Europe, une preuve plus constante de respect et d'obéissance aux lois, que celle que donnent journellement ici les nègres, sans instruction et sans éducation, affranchis depuis si peu de temps seulement du joug de l'esclavage. 2° Sur trois plantations du district C, sur cinq autres du district E, sur quatre du district F, et sur une seule du district B, on n'accorde aux enfants au-dessous de l'âge de six ans, ni les vivres, ni les vêtements, ni les soins médicaux auxquels ils avaient droit antérieurement au 1 août. Les administrateurs er

auxquels ces plantations sont confiées se sont fait une idée erronée d une mesure qu ils ont sans doute envisagée comme devant être profitable aux planteurs dont ils représentent les intérêts. La misérable économie de quelques régimes de bananes, de quelques rations de poisson salé, qu'auraient consommés des enfants si jeunes, n'auraient jamais dû être mise en parallèle avec la colere et le mécontentement que celte mesure inhumaine ne manquera pas de faire naître chez les parents de ces pauvres enfants, dans le cas surtout où quelques-uns viendraient a mourir faute de nourriture convenablement préparée, ou faute de quelques médicaments sans valeur. C'est une idee bien fausse d espérer que de semblables barbaries engageront les nègres à mettre leurs enfants en apprentissage sur les plantations. Ils aimeront mieux les voir périr que de faire une démarche qui tendrait à ramener un état de choses qu'ils regardent comme approchant de l'esclavage. On a beaucoup dit et beaucoup écrit relativement à l'utilité d'importer des travailleurs libres. Ces jeunes enfants fixés sur une plantation pourraient être assimilés à une race de travailleurs libres, d'autant plus qu'on aurait peine à en trouver une meilleure. Traités avec bonté et élevés avec soin, ils deviendraient, en grandissant, un corps d'utiles et de dévoués travailleurs libres, et contribueraient très-essentiellement, par la suite, à la prospérité de la plantation sur laquelle ils auraient été élevés, et même à celle de la colonie tout entière. 3° Sur deux plantations du district G, sur deux autres du district D, et sur la plupart des plantations du district A, les apprentis laboureurs exécutent leur lâche journalière de sept heures et demie, en travaillant quatre heures le matin et trois heures et demie le soir, après un repos de deux à trois heures, auquel on les contraint. Ce moyen de faire exécuter le travail


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1835. — GUYANE. légal 'est le plus incommode, et tend à exciter la colère des nègres, car il les prive de leurs après-midi, que, sur toutes les plantations, ils peuvent facilement avoir pour eux, quand ils veulent bien travailler avec activité et. assiduité. Le lieutenantgouverneur désirerait qu'on n'employât ce systèmede division des heures de travail que lorsqu'il y aurait des raisons très plausibles qui forçassent les planteurs à y avoir recours, et encore ne devraient-ils le laisser subsister que le moins longtemps possible. Ce système irrite les travailleurs, sans profit pour la plantation. 4° Le lieutenant-gouverneur espère que les propriétaires ou les administrateurs des treize plantations sur lesquelles des vivres et des médicamen's ont été refusés aux enfants au-dessous de six ans, ainsi que ceux des plantations sur lesquelles les tâches journalières sont exécutées de manière à ne laisser aux travailleurs que si peu de temps à eux, verront, en y réfléchissant, l'utilité d'adopter la ligne de conduite suivie par la majeure partie des autres colons leurs confrères. La masse des intéressés dans les possessions des Indes occidentales, résidant en Angleterre, a bien voulu s'engager à seconder, par tout ce qui dépendrait d'elle, la réussite d'une mesure qui non-seulement a été désirée par le Gouvernement et par la nation entière, mais qui est maintenant devenue loi du pays. Il est pénible au lieutenant-gouverneur d'avoir à signaler les propriétaires des plantations de celte colonie sur lesquelles ont été adoptées des mesures qui, tout en ayant un cachet de légalité, sont opposées aux principes mêmes de l'acte d'abolition ; mais Son Excellence doit avoir à cœur le bien-être de tous et non l'intérêt de quelques-uns. Elle doit donc faire connaître les -noms de ceux qui persistent avec acharnement dans une ligne de conduite si nuisible à la prospérité future et au progrès de cette magnifique colonie. Par ordre : Signé

2.

EXTRAIT

, secrétaire du Gouvernement.

H. GLOSTER

d'une dépêche du gouverneur à M. le comte d'Aberdeen. Camp-House, 4 mars 1835.

651

venaient de rendre. Sur une autre plantation, appelée la BonneIntention (Gcod-Intent), le feu ayant pris accidentellement aux bâtiments, l'incendie fut maîtrisé par les efforts empressés des nègres. Le géreur se vit obligé de faire descendre les travailleurs du toit des bâtiments, et de leur ordonner de ne pas s'exposer au danger imminent qu'ils couraient volontairement pour sauver la propriété. Avec de la patience, de la fermeté et surtout de la bienveillance de la part des juges et des planteurs, il n'y a pas a douter que les travailleurs ne continuent à exécuter leurs tâches , et que le produit de leur industrie n'excède le montant du produit obtenu par les esclaves sous l'ancien régime. Signe J. Carmichael

3.

EXTRAIT

SMITH.

dune autre dépêche du gouverneur à

M.

le

comte d'Aberdeen. Camp-House, 13 avril 1835.

J ai l' honneur de soumettre à Votre Excellence mes observations sur la quantité de sucre exportée de cette rivière pendant les six derniers mois .Les faits sur lesquels je m'appuie ont été soigneusement vérifiés sur les registres de la douane, et donnent lieu, selon moi, à concevoir les plus heureuses espérances quant à l'industrie future des apprentis. Sur la plantation qui avoisine cette ville, et qui s'appelle la Pénitence, tous les travailleurs, hommes et femmes, accomplissent tous les jours leur tâche entière de travail à la satisfaction du géreur ainsi que du juge spécial auquel est confiée la subdivision dont cette plantation fait partie. (je triomphe de la douceur et de la fermeté devrait convaincre les plus obstinés de l'utilité de ne jamais avoir recours à des mesures extrêmes, sans auparavant avoir épuisé tous les moyens de persuasion. L'a meilleure preuve à donner de la tranquillité de cette colonie, c'est que, au lieu d'un brigadier et dix hommes de police pour les douze districts judiciaires de celle province, nous n'en avons pas encore un seul. Dans le relevé de nos dépenses de cette année, l'assemblée locale a porté celle d'un homme de police par district au salaire de 3oo guilders pour le semestre commençant le 1 juillet dernier. Ces douze fonctionnaires (dont les services ne doivent commencer que onze mois après l'expiration de l'esclavage) ne coûteront à la colonie, pour les six mois de la présente année, que la somme totale de 6,425 fr., environ 537 fr. 58 cent, chacun. Le fait est que, dans aucune autre des er

La plus parfaite tranquillité continue de régner dans toute cette province. L'intelligence et la bonne volonté avec lesquelles les apprentis exécutent leurs tâches sont assez généralement reconnues, même par la masse des planteurs. Toutes les fois que des plaintes ont été faites sur le compte d'un nègre, il a été prouvé, par les enquêtes, que, dans neuf cas sur dix, c'est à la quantité de travail exigée d'eux, et non au travail même, que les nègres ont

possessions de Sa Majesté, la loi n'a été plus promptement obéie, ni la tranquillité établie sur des bases aussi solides. Signé J. Carmichael

SMITH.

trouvé à redire. Dans la plupart des cas, ce sont les travailleurs, plutôt que les maîtres, qui ont été lésés. Je ne crois pas qu'en ce moment il y ait une seule plantation, dans la Guyane anglaise, sur laquelle une quantité raisonnable de travail, équivalant à. sept heures et demie, ne soit pas exécutée par des travailleurs en apprentissage. Depuis le 1er août, je n'ai pas eu connaissance d'un seul exemple de voies de fait commises par un nègre sur la personne d'un blanc, ni qu'un seul bâtiment ou champ de cannes ait été volontairement incendié. Ces faits parlent d'eux-mêmes en faveur des travailleurs. Sur une plantation, appelée la Haye, l'écluse de mer se brisa un dimanche matin. Les nègres, sans attendre qu on les avertît, accoururent en masse, munis de leurs outils, et reparerent immédiatement le dommage, en prévenant ainsi la ruine de la plantation pour plusieurs années. Le géreur, homme éclairé et intelligent, et qui a su mériter à la fois la confiance et le respect de tous, m a assuré que les travailleurs n'ont jamais demande ni attendu une recompense pour le service qu'ils

4.

EXTRAIT

d'une autre

dépêche du gouverneur à lord Glenelg sur le même sujet. Camp-House, 20 juin 1835-

Pour faire connaître sous son véritable jour ma conduite dans l'administration de ce gouvernement, et pour montrer les heureux effets des mesures que j'ai employées, je prends seulement à témoin l'état satisfaisant, tranquille et florissant de cette province. Les machines à vapeur, dans toutes les propriétés de la colonie, sont en activité du matin au soir, et beaucoup plus tard encore, lorsque les ouvriers sont traités avec bonté, et payés raisonnablement. La rivière est remplie de navires. Jamais il n'y a eu tant d'activité sur le quai. On voit journellement le long de la côte des centaines de schooners, sloops,


652 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

etc , transportant le sucre, le café et autres produits destinés à être embarqués pour l'Europe. Il est impossible d'avoir un coup d'œil plus agréable et plus animé que celui dont on jouit du sommet du phare ou de tout autre point élevé du voisinage de George-Town. Remarquez que tout le commerce colonial dont je parle est exclusivement dû aux apprentis. Remarquez encore que, sur les propriétés, et pour la direction des machines à vapeur que j'ai dépeintes comme étant dans une activité continuelle, on ne trouve pas plus de un, deux ou trois blancs. Un étranger pourrait très-bien demander : Comment tout cela se fait-il ? Quelle est la force de la police armée qui maintient cet ordre et celte régularité. Nous avons vingt-quatre hommes de police à George-Town, et six à New-Amsterdam. Ce sont les seuls hommes de police de la province qui soient payés, et leurs services sont bornés à la ville, attendu qu'ils sont en même temps gardes de nuit et hommes de police dans le jour. Pourrait-on citer aucune autre partie des domaines de Sa Majesté qui fût plus tranquille ou plus industrieuse? Les apprentis cultivateurs eux-mêmes, quand ils en sont requis, fournissent des constables, dans les districts de

la campagne, qui remplissent leurs devoirs sans émoluments d'ancune nature. Les constables sont sans armes et seulement porteurs d'un bâton, signe de leurs fonctions. Les hommes de police ont des épées, mais mon intention est de changer bientôt ces armes en une autre marque distinctive, de manière à ôter toute apparence de contrainte. Je désire que la loi triomphe, et que ce qu'elle ordonne soit exécuté par la conviction intime que l'on aura de sa justice, et en restreignant autant qne possible l'emploi de la force matérielle. Le nègre ne se plaint jamais, s'il est convaincu qu'on le traite suivant la loi. Je pourrais ici parler des chapelles et des diverses écoles qui ont été construites par mes encouragements, et auxquelles j'ai largement contribué. C'est à la propagation de l'instruction morale et religieuse, et non à la terreur que l'on inspire , qu'il faut s'attacher pour avoir une paix durable et pour conserver le bonheur et la prospérité à celle magnifique province de l'empire britannique. Signé J. Carmichael

SMITH.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT 5.

RÉSUMÉ

DU

TRAVAIL, ETC.— 1835. — GUYANE. 653

des rapports des quinze juges spéciaux salariés, pour le mois de juin

DISTRICT A.

1835.

DISTRICT R.

QUESTIONS. DIVISION E.—CAPITAINE B. BOND.

DIVISION

O. — K.

HEYLAND.

A. M. LYONS.

1re. Les cultivateurs de votre disPas généralement. J'ai visité les Oui, en général. J'ai visité quatre Oui. J'ai visité onze propriétés (les trict sont-ils polis, contents et gais? hôpitaux des propriétés suivantes, propriétés (les noms en sont portés noms en sont portés au rapport) savoir : Spring-Hall, Goodhope, He- au rapport) durant les mois J'ai durant les mois J'ai causé avec lena, Verdringen, la Bonne-Mère, aussi visité les hôpitaux, et me suis les apprentis: ils paraissent heureux Strathanan, Melville, Canegrove; convaincu que les malades y sont et contents. dans tous on accorde ce que le doc- convenablement traités. teur commande.

2 . Pendant le dernier mois, ontL'ouvrage se fait, mais en général L'ouvrage a été fait en entier ; ils rempli leur devoir de bonne vo- sans bonne volonté. mais, d'après plusieurs prétextes frilonté? voles d'éviter le travail, qui ont été e

Oui.

portés à ma connaissance, j'estime qu'il n'a pas été fait de bonne volonté.

3". Le travail a-t-il été fait de L'ouvrage s'est bien fait dans La mauvaise volonté pour le tramauvaise volonté et avec noncha- toutes les propriétés du district. vail s'est manifestée ouvertement lance sur quelque propriété?Dans le sur les plantations suivantes : la cas affirmatif, veuillez m'indiquer la Bonne Mère : G. C. Bell et J. Jackpropriété, le propriétaire, son géreur, son, géreurs; R. M. Sutherland, dile directeur, afin que l'on puisse faire recteur;— Spring-Hall: J. Jones, une enquête pour connaître les causes de cette conduite.

Sur aucune.

géreur; R. Trotman, directeur; — Cloabrook : MM. Rogers, propriétaires; William Thaud, directeur. La Bonne-Mère et Spring-Hall sont à présent sous la direction du capitaine Bond.

V. Travaille-t-on généralement à Quelquefois on préfère la tâche, On a fait un contrat pour la tâche Dans ce district on préfère généla tâche dans votre district? Les cul- mais généralement on aime mieux dans la plantation de Grove; on y ralement la tâche. tivateurs préfèrent-ils les sept heu- les sept heures et demie par jour. a aussi recours dans d'autres prores et demie par jour fixées par la priétés: cependant les apprentis culloi?

tivateurs préfèrent quelquefois travailler les sept heures et demie.

5e. Quelles sont les heures de traLes heures du travail commenLes heures de travail, le plus orvail dans votre district? Y a-t-il des cent à sept heures du matin, et les dinairement (quand on n'adopte pas propriétés où les cultivateurs soient sept heures et demie s'accomplissent la méthode des tâches), durent deobligés de suspendre pendant deux de suite, ou bien elles commencent puis sept jusqu'à onze heures du ou trois heures dans le milieu du à onze heures du matin, au gré des matin, et d'une heure à quatre et jour, et de compléter leurs sept heu- travailleurs. demie : c'est ce qui se fait dans res et demie dans l'après-midi (divitoutes les propriétés, excepté sur sion de travail qui leur laisse peu ou celles de Hope et de Grove. Sur cette point de temps pour eux-mêmes) ? dernière on travaille à la tâche. S'il en existe ainsi, dénommez les

On commence à sept heures du matin et l'on continue sans interruption. Dans aucune propriété on n'oblige à suspendre pendant deux ou trois heures au milieu du jour.

propriétés leurs possesseurs, géreurs ou directeurs.

6 . Est-il quelque propriété de voOui, plusieurs. A Spring-Hall, Les apprentis cultivateurs emtre district où les cultivateurs travail- pour le travail extraordinaire aux ployés dans les fabriques de sucre lent moyennant salaire? Dans ce cas, chaudières, 1 fr. 10 cent, par cha- travaillent toujours extraordinaireindiquez-les, ainsi que le taux des que homme, et pour le contre-maî- ment moyennant un salaire, qui est salaires pour le travail extraordinaire, tre, 5 fr. par 15 boucauts de sucre. de 2 fr. 70 cent, à 3 fr. 75 cent, par et comment et quand se font les payesemaine, payé sur leur demande. e

ments. Si des salaires raisonnables et un prompt payement ont été offerts et rejetés, à quelle cause faut-il attribuer ce refus de la part des cultivateurs?

Dans toutes les propriétés, les apprentis font un travail extraordinaire moyennant salaire; dans les sucreries, pour un peu moins de 20 centimes par heure ; sur les plan-

tations^ raison de 45 centimes par Les cultivateurs des terres ne chaque 10 livres de coton recueiltravaillent pas au delà du temps fixé lies. par la loi : il ne leur a pas été fait Payements mensuels. d'offre de les employer ainsi.


654 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES.— PIÈCES JUSTIFICATIVES.— IIe PARTIE.

DISTRICT A.

DISTRICT B.

QUESTIONS. DIVISION

7°. Y a-t-ii eu des exemples d'insubordination dans votre district, ou

E.—CAPITAINE

B. BOND.

A.

DIVISION O. — K. HEYLAND.

Un seul exemple, sur la planta-

Non.

AL LYONS.

Non.

tion Woodlands, mais sans tentative de résistance à l'autorité.

quelque tentative de résistance ouverte à l'autorité? Dans ce cas,, indiquez les propriétés où de pareils faits se sont passés.

8°. Dans le cas où les cultivateurs auraient manifesté l'intention de négliger leur travail, ou se seraient con-

Ce n est que contre un petit La disposition à négliger le travail a été telle, sur les plantations nombre d'apprentis paresseux qu'il la Bonne-Mère, Spring-Hallet Cloa- a été porté plainte: on trouve, sur brook, que je l'ai attribuée à line chaque propriété deux ou trois maucoalition. vais sujets sur lesquels se fixent tou-

Aucun.

duits grossièrement vis-à-vis ceux qui les dirigent, une semblable conduite a-t-elle été assez générale pour

tes les causes de mécontentement.

vous porter à croire à une coalition ou à une conspiration, ou bien est-ce seulement de quelques apprentis paresseux ou turbulents qu on aurait eu à se plaindre?

L'assiduité des apprentis à l'église Oui, généralement à la chapelle L'assiduité des apprentis à l'é9 . D'assiduité des apprentis cultivateurs à l'église, et celle de leurs méthodiste de Ferry, et à l'église n'a pas égalé les facilités qu'on leur glise a été très-convenable, de même procure de s'y réunir. Celle de leurs que celle de leurs enfants à l'école. enfants à l'école, a-t-elle été régulière, presbytérienne de Mahaïca. enfants à l'école a été aussi loin que que présentent les facilités d'après les e

le permettent les moyens limités d'instruction qu'on leur offre.

localités de votre district?

10 . La cour que vous présidez a-t-elle été dans la nécessité de punir parle fouet, durant le mois précédent? Si la réponse est affirmative, e

Individuellement Par la cour

8 2

Individuellement et par la cour

16

Individuellement Par la cour

10

5

dites le nombre des délinquants ainsi punis, et l'étendue des punitions infligées. Comme magistrat, vous êtesvous trouvé individuellement dans le même cas?

11e. Pendant le mois dernier, quelque directeur, inspecteur, ou tout autre ayant autorité sur les

Non.

Le directeur de la plantation Grove a été puni de 125 francs pour avoir maltraité un apprenti.

Non.

apprentis a-t-il été puni par la cour que vous présidez, soit de l'amende, soit autrement, pour mauvais traitements envers un ou plusieurs cultivateurs? Y a-t-il eu quelque exemple de cultivateurs retenus à l'ouvrage au delà des heures fixées? et, dans ce cas, a-t-on retenu 1 franc 2 5 centimes par heure pour chaque apprenti ?

12°. Vous a-t-il été porté plainte, Deux pour mauvais traitements. Une contre H. Chapman, de la pendant le mois dernier, par quelque plantation Grove, pour avoir donné L'une étant prouvée, le maître a apprenti, au sujet du vêtement, de la un coup de pied à un jeune garçon. été puni. L'autre n'a pas été prounourriture, du traitement, ou pour Renvoyé devant la cour du district, vée. toute autre cause ? Si cela est arrivé, il a été condamné à une amende de avez-vous soigneusement examiné les 125 francs. circonstances, et fait rendre justice aux parties autant qu'il vous était possible ? Dites, en termes généraux, le nombre et la nature des plaintes qui ont pu vous être faites?

J 4

Aucune.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1835. — GUYANE.

DISTRICT A.

655

DISTRICT. B.

QUESTIONS. Division E. — CAPITAINE

13'. Quelques-uns des enfants libres des propriétés de votre district ont-ils été engagés comme apprentis

B. BOND.

Aucun.

DIVISION

O. —

K. HEYLAND.

Aucun.

A. M. LYONS.

Aucun.

pendant le mois dernier? Dans l'affirmative, nommez les propriétés, et déterminez si les arrangements se sont faits du libre consentement et avec l'approbation des parents des enfants. Sur la plupart des propriétés, on Les enfants de la plantation 14 . Comment sont nourris les enfauts, et quels soins en prend-on leur accorde le médecin et les allo- Grove ne sont pas nourris gratuitedans votre district ? Sont-ils nourris cations comme aux autres. A la ment. La propriété ne leur accorde gratis sur les magasins de la pro- Bonne-Mère, ils sont nourris par pas les soins du médecin; sur les priété, et leur distribue-t-on une leurs parents, qui ne veulent pas autres plantations, les enfants sont e

Les enfants sont généralement nourris gratuitement des provisions de la plantation. Quand les mères sont occupées dans les champs, deux

femmes sont désignées pour en quantité additionnelle de poisson que les propriétaires pourvoient à traités comme dans l'état d'escla- prendre soin, et sont exemptées de salé et de bananes ? ou bien sont-ils leurs besoins. tout autre devoir. Quand les enfants vage. nourris sur les rations de leurs pasont malades, on leur accorde les rents ? Lorsqu'une mère travaille aux soins du médecin. champs, une autre femme est-elle désignée pour prendre soin de ses enfants, et exemptée d'autres soins ? Quand les enfants sont malades, leur procure-t-on les secours du médecin et lé traitement de l'hôpital de la propriété, comme s'ils étaient dans l'esclavage ?

Aucun : il y a une école méthoLes seules écoles du district sont Dans combien de propriétés Le nombre des écoles n'est pas de votre district a-t-on établi des diste à Mahaïca-Ferry, à laquelle se les suivantes: une à Mahaïca, sous augmenté depuis mon dernier rapécoles? nommez-les, ainsi que les rendent les enfants des propriétés la direction des missionnaires wes- port. voisines. propriétaires et les directeurs. leyens, et une école du dimanche 15

e

à la plantation Nabuclès.

Il existe une disposition générale 16 . Avez-vous quelque remarque ou observation à communiquer au à se dispenser du travail, sous prélieutenant-gouverneur, qui ait rap- texte de maladie, lorsque cela peut port à la paix, à la tranquillité et au se faire avec impunité. Les femmes e

Aucune.

Le district est tranquille, la paix et le bonheur y régnent.

bonheur du district dont vous avez sont très-insolentes et redoutent la direction? Dans ce cas, signalez- peu la punition d'un travail extra. les. Signé

J. B. BOND

, président.

Signé K.

HEYLAND,

président.

Signé A. M.

LYONS,

président.


656 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES — II PARTIE. e

DISTRICT C.

VILLE.— W. J. BLUTAIS.

RIVIÈRE.— CAPITAINE DELAFOUR.

DISTRICT D.

RIVIÈRE SUPER™. — GEORGE ROSS.

CAPITAINE J. A. ALLEN.

REPONSES A LA 1re QUESTION. Oui, à l'exception de quelques Oui, généralement et avec peu Oui, pour la plupart. Douze promauvais sujets qui nous sont ren- d'exceptions. Pendant ce mois, j'ai priétés ont été visitées pendant le voyés pour être corrigés, et qui ne visité les hôpitaux des domaines de mois; on en donne les noms. Sur forment pas la vingtième partie des Houston, Ruimveld et la Pénitence, ces propriétés, à deux exceptions apprentis de cette ville. et causé avec quelques cultivateurs près, les réponses des cultivateurs

Dix propriétés ont été visitées par moi, le mois dernier; les noms en sont au rapport. Je n'ai recueilli de plainte que de la part d'un seul cultivateur.

de leur condition. J'espère le mois ont été favorables. prochain pouvoir donner plus de détails.

RÉPONSES A LA 2e QUESTION. Oui, avec les exceptions ci-dessus.

Oui, généralement, sauf quelques Oui, à peu d'exceptions près. Je exceptions parmi les paresseux. n'ai remarqué aucun symptôme

Oui, à peu d'exceptions près.

grave d'une disposition contraire parmi les apprentis de ce district.

REPONSES A LA 3e QUESTION. Dans aucune propriété de la diviGénéralement, non. Quelques Sur la plantation Little-Diamond, sion de ce district. A la fin de mai, femmes seulement des propriétés de les symptômes d'une mauvaise voM. A. A. Frank, directeur de la plan- Ruimveld et de la Pénitence ont lonté pour le travail ont continué à tation Vlisengen, rompit l'arrange- montré de la négligence. se manifester. ment par suite duquel les cultivateurs

La besogne n'a été ni promptement ni volontairement faite, pendantia première moitié dumoisder-

avaient si bien travaillé depuis le 1er août. Il retint le payement de la journée du samedi, et réduisit à sept et demie les heures du travail, de-

M. John Green directeur, et pendant quelques jours seulement sur

nier, sur la plantation Malgrétout, dont M. C. Milne est propriétaire et

la plantation Vive-la-Force, possédée par Th. Blake et dirigée par H. Van-Rram.

mandant en outre que toute l'herbe dont il aurait besoin fût coupée pendant ces heures , et les privant ainsi de l'occasion de gagner quelque chose par un travail extra : depuis, il a été renvoyé.

RÉPONSES A LA 4e QUESTION Les apprentis cultivateurs de cette Us travaillent sept heures et deOn travaille ordinairement à la C'est généralement la tâche qui ville se composant presque tous de mie par jour, suivant la loi. tâche, mais les cultivateurs n'ai- prévaut. Les apprentis préféreraient domestiques ou d'artisans, les prement pas les contrats écrits. le travail de sept heures et demie miers accomplissent leurs services sans intervalle de repos, si on le aux heures où ils en sont requis, et leur permettait. les derniers travaillent neuf heures par jour, mais non comme apprentis.

RÉPONSES A LA 5° QUESTION. Cette question, en ce qui concerne Les heures de travail sont généDepuis sept heures du matin jusLes heures de travail le plus géla division de la ville, est répondue qu'à deux heures et demie après ralement de sept heures à deux néralement suivies sont de sept par ce qui a été dit sur la question midi. Personne ne se repose au mi- heures et demie dans les plantations heures à onze, et d'une heure et précédente. lieu du jour. Garden of Eden et Profit, Des inter- demie à quatre, ou de sept à onze valles sont observés au milieu du et de midi à trois heures et demie jour, c'est-à-dire que l'on sonne une lorsqu'on n'adopte pas la tâche. cloche pour faire rentrer les apprentis; mais pour plusieurs cas je crois qu'ils préfèrent rester tout le jour dans les champs.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL , ETC.— 1835. — GUYANE. 657

DISTRICT C.

VILLE. — W. J. BRITTAIN.

RIVIÈRE. — CAPITAINE DELAFOUR.

DISTRICT D.

RIVIÈRE SCFÉRre. — GEORGE ROSS.

CAPITAINE J.

A. ALLEN.

RÉPONSES A LA 6e QUESTION. Celte question n'est pas applicable à celte division du district.

Le travail extra continue à se Les apprentis qui sont employés Non, excepté ce que l'on a coutume de payer à l'époque de la cuis- faire à l'occasion, sur les propriétés dans les bâtiments font sur seize sucitées dans mes précédents rapports, creries un travail extra qui leur est son des sucres. au taux d'environ 90 centimes par payé. Quelques propriétaires payent pour faire couper les cannes, et un jour. Payement prompt. très-petit nombre font faire parfois du travail extra dans la plaine. Les mécaniciens et les premiers ouvriers

/

des bâtiments reçoivent de 3 fr. 75 c A 7 fr. 50 c. par semaine; d'autres, de 45 centimes il 90 centimes par jour. Les payements se font par semaine, en bons, qui sont ensuite échangés contre du papier-monnaie quand la somme est assez forte.

REPONSES A LA 7* QUESTION. Je n'ai eu connaissance d'aucune insubordination combinée ni de rien

Aucune.

Aucune.

Il n'y a pas eu d'exemple d'insubordination, mais une disposition à négliger le travail (voir 3e ques-

qui ressemble à une tentative de résistance violente à l'autorité.

tion). Quelques apprentis ont refusé d'obéir aux ordres donnés, dans l'établissement, pour la coupe des bois à la crique de Cassaquia. Quelques femmes enceintes n'ont pas travaillé autant qu'on le désirait. Il n'y a eu aucune tentative de résistance violente à l'autorité.

REPONSES A LA 8 QUESTION. e

Il n'y a eu, à ma connaissance, Les exemples sont rares, et peudans la conduite des apprentis, au- vent être attribués à la paresse et à cune apparence de coalition pour la turbulence. résister ou éviter le travail. Tous les actes répréhensiblcs signalés pen-

Sur la plantation Little-Diamond La mauvaise conduite des aptous les apprentis, A peu d'excep- prentis, mentionnée dans le ri" 3, a tions près, ont adopté la même été très-générale pendant une courte ligne de conduite et semblent agir période. Dans mon opinion elle a eu de concert.

dant le mois sont des faits isolés.

pour cause leur désir d'être payé suivant le travail exigé par l'état des champs, et le désaccord sur l'exécution du travail de sept heures et demie. Ce dernier point est la source d'un grand nombre de plaintes dans toute la colonie. Dans ces circonstances il y avait apparence de coalition. Les autres cas qui se sont présentés ne concernaient que des sujets paresseux.

RÉPONSES A LA 9e QUESTION.

ce

Il n'y a pas possibilité de préciser qui concerne la fréquentation

régulière des églises. Les lieux de prières sont loin d'être négligés, surtout ceux des dissidents. 85 enfants suivent l'école gratuite; ce sont en grande partie ceux des apprentis cul tivateurs ; à une école gratuite que

Oui

Beaucoup d'assiduité à l'église et Depuis le dernier rapport, l'assià l'école ; la nouvelle chapelle n'est duité des apprentis à l'église, et de pas encore finie. leurs enfants à l'école, a très-peu varié. L'église a été à peu près aussi fréquentée que son étendue le permet; il n'en est pas ainsi de l'école.

dirige M. Brandon, il vient 100 enfants d'apprentis. Le nombre des élèves qui fréquentent l'école de M. Ketley, ministre de l'église des missionnaires,s'est augmenté dernièrement; il est maintenant très-considérable. II.

kl


658 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

DISTRICT C.

VILLE.—W. J. BRITTAIN.

DISTRICT

RIVIÈRE. — CAPITAINE DELAFOUR.

RIVIÈRE SUPER". — GEORGE ROSS.

CAPITAINE J.

D.

A. ALLEN.

RÉPONSES A LA 10e QUESTION. Individuellement, et par la cour, 25.

Individuellement Par la cour

27 4

Individuellement

7

Individuellement

Par la cour

6

Par la cour

31

9 24

13

33

RÉPONSES A LA 11e QUESTION. Aucune.

Aucune.

Aucune.

Personne n'a été mis à l'amende ou puni pendant le mois de juin.

RÉPONSES A LA 12' QUESTION. Aucune.

Aucune.

Il a été porté une plainte pour Huit plaintes ont été portées penexpulsion d'un mari d'auprès de sa dant le mois; elles ont été examifemme en couches; une autre pour nées et accueillies autant qu'il a été le refus des allocations que la loi possible. accorde: l'auteur de ce refus a été blâmé. Une autre plainte a été faite par une femme enceinte et d'ailleurs en lionne santé, qui demandait à être exemptée du travail des champs. REPONSES A LA 13 QUESTION, e

Aucun enfant libre d'apprenti cul-

Aucun.

Aucun.

Aucun.

tivateur n'a été engagé apprenti pendant ce mois.

RÉPONSES A LA 14 QUESTION. e

Ils sont nourris gratuitement par On ne peut répondre à cette quesSur la plantation Prospérity, et, tion. En ce qui touche les enfants les magasins des plantations. Des depuis trois semaines, à Little-Dialibres des apprentis de cette ville, et femmes sont spécialement désignées mond, on n'accorde aucun surcroît aussi loin que peuvent s'élendre les pour prendre soin dos jeunes en- de nourriture pour les enfants : ce informations, les propriétaires opu- fants; lorsqu'ils sont malades, ils sont des exceptions. Partout on conlents soutiennent, en général, les en- sont admis librement à l'hôpital. tinue à leur fournir les soins du mé-

Les enfants sont nourris par une distribution additionnelle de poisson salé et de plantain accordé aux mères. Une femme est ordinairement chargée d'en avoir soin lorsque

les mères sont occupées aux champs. decin , et des femmes sont chargées On leur accorde les soins du médede les soigner. cin quand ils sont malades.

fants, tandis que les plus pauvres en laissent le fardeau aux mères.

e

RÉPONSES A LA 15 QUESTION. N'est pas applicable à cette division

Houstoun et Rome.

Il y a des écoles à la plantation Persévérance et à Peter's-Hall, comme il a été dit précédemment.

du district.

Sept écoles sont établies.

RÉPONSES A LA 16 QUESTION. e

Recommande l'établissement de Les femmes, sur les propriétés Recommande une plus grande quelque agence peu dispendieuse de Ruimveld et de la Pénitence, circulation d'air dans les endroits pour faire recouvrer les petites dettes. peuvent être considérées comme fermés, et une ventilation pins conplus rangées. Toutefois on peut venable dans les hôpitaux. Signe W. J. BRITTAIN, faisant supposer que la proximité de la fonctions de président. Signé Georges Ross. ville a beaucoup d'influence sur leur paresse. Signé J.

DELAFOUR.

Le traitement des malades et la direction des hôpitaux demandent à être surveillés. Il serait à désirer qu'un médecin non attaché à la propriété et accompagné du président du district les visitât de temps en temps. Signé

J. A. ALLEN,

sident.

pré-


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. —CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1835. — GUYANE. 659

DISTRICT E.

DISTRICT F.

SPRY-BARTLET.

GEORGE

DISTRICT G.

GEORGE

KELLOCK.

RÉPONSES A LA

re

I

DISTRICT

H.

Thomas coleman.

KALL.

QUESTION.

La conduite des apprentis a été Oui. J'ai visité quarante-quatre Oui, en général, quoique, sans Oui, généralement, mais il faut très - satisfaisante pendant le mois propriétés et j'en ai inspecté les hô- doute, il y ait des mécontents parmi en excepter quelques apprentis papitaux. C'est le nombre total des eux. J'ai visité quinze propriétés et dernier. resseux. J'ai visité douze domaines propriétés du district. inspecté les hôpitaux de treize. Les et inspecté les hôpitaux pendant le malades ne sont pas nombreux et mois. paraissent bien soignés. Les hôpitaux sont en général commodes; mais je ne crois pas que l'on veille assez à la propreté ; cependant il y a des exceptions. J'ai aussi causé avec quelques apprentis du district. RÉPONSES

Généralement, sur les propriétés,

A

e

LA 2

Oui.

QUESTION.

Oui, généralement; mais il y a

Oui, en général ; mais il y a eu eu plus de plaintes de négligence plusieurs plaintes de paresse.

je n'ai reçu que peu de plaintes.

qu'à l'ordinaire, ce qui, je pense, peut en quelque sorte être attribué au temps, qui a motivé presque partout des concessions de la part des directeurs. e

RÉPONSES A LA 3

Pendant le mois dernier, les plain-

Non.

QUESTION.

Le travail a été fait voontiers et Oui, en partie, sur presque promptement, sur les propriétés de toutes les propriétés, particulièrece district. ment la Belle-Alliance : géreur l'ho-

tes ont été, pour la plus grande partie, dirigées contre les apprentis de la plantation Anna - Catharina:

norable Charles Bean ; directeur

M. Mauget administrateur, M. Grif-

F. G.

Baylay.

fiths, directeur. RÉPONSES A LA 4

e

QUESTION.

A la tâche; et j'ai remarqué que

A la tâche, en général; ce sysOn travaille généralement à la Dans ce district on préfère orditous les apprentis de la plantation tème est préféré par les apprentis. tâche ; les apprentis le préfèrent. nairement la tâche. Hague, sur laquelle je réside, ont fini leur tâche de trente perches, en creusant une largeur de deux pieds et une profondeur convenable, suivant le règlement, et qu'ils sont rentrés chez eux, quelques-uns avant midi et tous avant une heure et demie. RÉPONSES

A LA

e

5

QUESTION.

La cloche senne à sept heures; les De sept heures environ à une, Les apprentis vont généralement Généralement de sept heures du apprentis restent ordinairement jus- deux, trois, quatre, cinq et six heu- au travail à six heures et demie ou malin à deux heures après midi. Il qu'à la lin de leur tâche. res, suivant les conventions. Sur au- sept heures le matin, et finissent à n'y a pas de domaine auquel puisse cune propriété les apprentis ne sont leur choix , ordinairement de midi s'appliquer la dernière partie de la obligés de suspendre à midi. Ils tra- à deux heures, suivant le temps. Il question. vaillent comme ils le veulent. n'y a aucune propriété sur laquelle ils soient forcés de suspendre au milieu du jour. RÉPONSES A LA

Seulement les constructeurs, mé-

e

6

QUESTION.

Sur toutes les plantations de ce

Le travail extra par louage se Oui, sur presque toutes les procaniciens, bouilleurs et chauffeurs, district on paye les hommes des bâ- fait encore,quoique pas autant que priétés, au taux de 1 fr. 85 c. à qui sont payés chaque semaine en timents; sur quelques-unes on paye précédemment. On peut en attri- 3 fr. 75 c. par jour. On paye généargent. Le taux ordinaire est d'un tout le monde, et sur d'autres seu- buer la cause au temps. Le taux des ralement par semaine. peu plus de 40 centimes par heure. lement les coupeurs de cannes. Les salaires est de 1 fr. 80 c. à 2 fr. 60 c. salaires sont de 45 centimes à en- par jour, suivant la nature de l'emviron 4 francs, suivant l'âge. ploi. On paye par mois. RÉPONSES A LA 7' QUESTION.

Aucun.

II.

Non.

Il n'y a pas eu d'exemple d'inIl y a eu des exemples d'insuborsubordination, excepté dans des cas dination , mais aucun de résistance particuliers de peu d'importance. ouverte à l'autorité. Il n'y a eu non plus aucune tentative de résistance à l'autorité.

kl.


660 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

DISTRICT E.

DISTRICT F.

DISTRICT G.

SPRY-BARTLET.

GEORGE KELLOCK.

G EORGE KALL.

DISTRICT H. T HOMAS

COLEMAN.

RÉPONSES A LA 8 QUESTION. e

On se plaint ordinairement des Ce n'est qu'au sujet de quelques mêmes apprentis paresseux et turbu- apprentis paresseux et indisciplinés lents. Plusieurs d'entre eux ont été que des plaintes ont été faites. amenés cinq ou six fois devant la cour.

Non, excepté en ce qui touche la Non ; excepté à l'égard d'un cerdernière partie de la question, et tain nombre d'apprentis paresseux sur la plantation Aurora ; mais sur et turbulents, sur lesquels il m'a été ce domaine les femmes semblaient adressé des plaintes. vouloir s'obtiner à négliger le travail. A présent elles paraissent rentrées dans le devoir.

RÉPONSES A LA 9e QUESTION. Oui.

L'assiduité à l'église et à l'école

Comme à l'ordinaire, autant que

Oui, quand le temps le permet

devient chaque jour plus régulière. possible. Les églises ne sont pas assez grandes pour recevoir tous ceux qui s'y rendent. RÉPONSES A LA 10e QUESTION. Individuellement. Par la cour

4 17

Individuellement

3

Par la cour

13

Individuellement

9

Par la cour

10

16

21

Individuellement et par la cour, 25.

19

REPONSES A LA IIe QUESTION. Aucun.

Non.

Il n'y en a pas eu d'exemple le

Aucun.

mois dernier. REPONSES A LA 12e QUESTION. Une plainte a été faite par un apprenti de la plantation Best. Il prétendait qu'étant malade le directeur

Aucun.

Aucune plainte de cette nature

Aucune.

n'a été faite.

avait refusé de l'admettre à l'hôpital. Je vérifiai les choses sur les lieux en présence du médecin : il paraît que la plainte n'était pas juste. RÉPONSES A LA 13 QUESTION. e

Aucun.

Non.

On n'en a engagé aucun de cette

Non,aucun.

façon. RÉPONSES A LA 14e QUESTION. Sur les plantations Hague, GreenLes enfants sont nourris et soiLes enfants sont habillés, nourris De même qu'auparavant; il n'y a veld et Met-en-Meerzog, ni nourri- et traités, comme autrefois, sous tous gnés de toutes manières, comme pas de plaintes. ture ni médecin ; sur Anna-Catharina, les rapports et dans toutes les pro- ils l'étaient pendant l'esclavage. Vreed-en-Hoop, William et Best, pas priétés du district, à l'exception de de nourriture, mais un médecin ; sur Vertrawen et Bellfield, apparteles autres propriétés, aucun change- nant à M. Boive!!, et Success, à ment. Sur toutes, on charge des M. Jones. Ces trois propriétés sont femmes du soin des enfants quand dans l'île de Leguan. les mères travaillent aux champs. REPONSES A LA 15e QUESTION. Six écoles dans le district.

Waterloo, dont M. Rae est le géreur, et Marquillo, propriété de M. Noblet, ont des écoles. Il yen

Dans trois propriétés.

Aucune.

a deux autres dans le district. RÉPONSES A LA 16e QUESTION. Un remet une lettre d un médecin Les classes les plus pauvres ne de la côte, relative aux soins médi- peuvent obtenir justice en cas de caux qui sont nécessaires. Rapport décès sur les propriétés , ni pour se sur la mort d'un enfant. Résultat faire payer ce qui leur est dû. Comd 'une enquête portée devant le haut ment leur serait-il possible d'intenshérif. ter une action devant la cour de Signé SPRY-BARTLET, président. George-Town? Signé George président.

KELLOCK ,

Bien que les plaintes aient été plus fréquentes que pendant le mois dernier, cependant, en général , les apprentis laboureurs de ce district peuvent être considérés comme se conduisant bien et travaillant avec assiduité. Le district continue à être très-tranquille. Signé George président.

KALL, ,

Aucune. Signe Th. COEEMAN.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1835. — GUYANE. 661

DISTRICT J.

DISTRICT K.

GEORGE, ROSS.

JOHN MAC-LEOD.

DISTRICT

L.

M. A. STEWART.

DISTRICT M.

J. O.

LOCKHART-MURE.

RÉPONSES A LA 1re QUESTION. Généralement, oui.

Sur la plupart des propriétés ils Je les considère généralement Oui. J'ai visite quatre propriétés comme tels. J'ai visité neuf domaines sont polis; mais je ne puis dire qu'ils pendant le mois; l'état presque impendant le mois, et aucune plainte soient contents et gais. praticable des routes m'a empêché n'a été faite. d'en faire davantage. Dans toutes les occasions, lorsque je l'ai pu, j'ai expliqué aux nègres que j'étais toujours prêt à recevoir leurs plaintes. Comme aucun n'est venu à moi, je suppose qu'ils sont satisfaits.

REPONSES A LA 2° QUESTION. Oui, généralement.

Pour la plus grande partie.

Non.

Oui, à peu d'exceptions près.

RÉPONSES A LA 3' QUESTION. Non, excepté par un petit nombre de paresseux.

Sur la plantation Friends, dont Généralement, dans tout le disM. James Forsyth est propriétaire et trict, le travail n'a pas été si volonJ. Forsyth directeur. tiers ni si promptement fait.

Non.

RÉPONSES A LA 4e QUESTION. La tâche est adoptée en générai par les apprentis.

Le système de la tâche est adopté. La tâche, en général ; les apprentis La tâche, comme il a été dit, est Dans aucune circonstance les ap- ia préfèrent. généralement adoptée. prentis ne donnent la préférence au travail de sept heures et demie par jour, fixé par la loi. Dans plusieurs domaines de ce district, on donne le dimanche.

RÉPONSES A LA 5" QUESTION. Depuis sept heures du matin jusDepuis six heures et demie le La tâche étant généralement De même que dans mes précéqu'à la fin de leur tâche. On laisse à matin, jusqu'à ce que le travail de adoptée sur les propriétés de ce dis- dents rapports. leur discrétion de se reposer ou non la journée soit terminé. trict, les cultivateurs peuvent se reau milieu du jour. poser quand il leur plaît, ou finir leur tâche sans s'arrêter.

RÉPONSES A LA 6' QUESTION. Sur toutes les sucreries, les perOui, les cultivateurs se louent le De même que dans mon dernier gages des bouilleurs et des chauffeurs sonnes employées dans les bâtidimanche aux propriétésauxquelles rapport. varient. Les payements se font ordi- ments; sur la plupart des plan- ils appartiennent, ou à quelques nairement en argent quand on le de- tations à café. Pendant le mois autres du voisinage, pour un prix mande. Les offres de louage ne sont dernier, 50 hommes ont été em- raisonnable avec prompt payement. pas générales. ployés, le dimanche, à faire des Seulement sur les sucreries, les

tranchées sur la plantation Philadelphie, et ont reçu 3 fr. 75 c., en finissant le travail ou la lâche du jour.

e

RÉPONSES A LA 7 QUESTION. Oui. Les apprentis de la plaine de la plantation Cotton-Tree se sont

Aucun.

Non.

Aucun, durant le dernier mois.

conduits avec insubordination, et ont résisté à l'autorité légale en n'allant pas au travail samedi 13 courant, et ensuite le 20.

RÉPONSES A LA 8e QUESTION. Seulement en ce qui concerne la Sur la plantation Friends, on Il y a (et il existait déjà depuis C'est seulement au sujet d'apdernière partie de la question, et en a supposé qu'il y avait coalition, quelque temps), une coalition entre prentis paresseux et turbulents qu'il exceptant la coalition des apprentis parce que tous les apprentis fai- les apprentis cultivateurs, pour ré- m'a été fait des plaintes. de Cotton-Tree. saient la même quantité d'ouvrage. duire autant que possible la quantité de travail. II.

42..


662 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

GEORGE

DISTRICT L.

DISTRICT K.

DISTRICT J.

M.

JOHN MAC-LEOD.

ROSS.

A.

DISTRICT

STEWART.

M.

J. O. LOCKHART-MURE.

RÉPONSES A LA 9 QUESTION. e

Oui.

Dans le sens le plu» étendu.

Pas de réponse.

Les propriétaires et résidents du district ont souscrit pour environ 19,000 francs, afin d'acheter un terrain pour y construire une église et une habitation pour le ministre.

RÉPONSES A LA 10 QUESTION. e

Individuellement Par la cour

3 9

Individuellement et par la cour, 12.

Individuellement Par la cour

1 13

Individuellement par la cour

14

12

2 1 3

REPONSES A LA 11 QUESTION. e

Aucune.

Non,

Non.

Non.

REPONSES A LA 12" QUESTION. Aucune.

Aucune.

Quatre plaintes m'ont été portées le mois dernier par les apprentis laboureurs; mais, après une enquête faite avec soin,je les ai trouvées frivoles et sans fondement.

'À'

Non.

REPONSES A LA 13 QUESTION. e

Aucun.

Nom

Non.

Non.

REPONSES A LA 14 QUESTION e

On nourrit et on traite les enfants Généralement, de même qu'avant Sur la plupart des propriétés du De même que dans mes rapports de même que lorsqu'ils étaient es- district, il est accordé gratuitement précédents. le l août. claves. aux enfants au-dessous de six ans une ration de vivres; ils reçoivent les soins du médecin et sont admis à l'hôpital. er

REPONSES A LA 15e QUESTION. Sur deux, et une école du diLes écoles, sur les propriétés, sont Sur six propriétés que j'ai déjà De même que dans mes rapports très-communes, même celles établies manche sur une. nommées dans mon rapport d'avril. précédents. par les laboureurs eux-mêmes; sur quelques-unes, il y a des maîtres payés. Outre cela, il y a encore, les écoles auprès des temples du culte.

RÉPONSES A LA 16 QUESTION. e

Remarques sur les apprentis de Cotton-Tree, qui négligeaient le travail du dimanche. On leur a promis le pardon, à la condition qu'ils tiendraient compte aux propriétaires du temps perdu. Signé George Ross, président.

Le 26 de ce mois, il a été tenu une session dans le district Cauje; il n'y avait que trois causes à juger. Le 30, il en a été tenu une autre, où sept personnes ont été condamnées; trois étaient des fugitifs. Signé John sident.

Rien.

Les apprentis ont montré dernièrement une disposition à quitter Signé M. A. STEWART, pré le genre de vie qui, autrefois, unissident. sait les hommes aux femmes, et à contracter des mariages réguliers.

d'entre elles

MAC-LEOD

Signé J. A. LOCKHART-MURE, président. , pré-

Extrait des Rapports originaux, par H. W. RIDLEY, capitaine au 86e régiment, secrétaire particulier.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1835. — GUYANE.

6.

RÉSUMÉ

663

des rapports des quinze juges spéciaux de la Guyane anglaise, pour le mois de juillet 1835.

DISTRICT A.

DISTRICT B.

QUESTIONS. DIVISION E.—CAPITAINE B. BOND.

DIVISION

O. — K.

HEYLAND.

A.

M. LYONS.

Ire. Les cultivateurs de votre disPas généralement. J'ai visité les Oui, en général. J'ai visité neuf J'ai visité dix-sept propriétés (les trict sont-ils polis, gais et contents? hôpitaux de onze propriétés; dans propriétés (les noms sont indiqués), r noms sont indiqués). Les cultivaous on donne aux malades ce qui ai aussi visité les hôpitaux; les t teurs sont en général polis, gais et estordonné par le médecin; ils pa- malades sont convenablement soi- contents. raissent contents et ne manquent de gnés. rien.

2 . Ont-ils pendant le mois derIls ont fait leur travail; mais, en Il a été fait, en général, une Sur quelques propriétés le travail nier fait leur travail avec activité et général, ils y ont mis peu d'activité somme raisonnable de travail ; mais n'a pas été fait dans ces condibonne volonté? et de bonne volonté. la disposition à éviter de le faire se tions. montre trop fréquemment pour que je puisse dire qu'on s'y livre avec activité et bonne volonté. e

3". Le travail a-t-il été fait de Dans toutes les propriétés de ce La disposition citée dans ma rémauvaise volonté et avec nonchalance district le travail a été fait. ponse à la question n° 2 s'est tout sur quelque propriété ? Dans ce cas à fait montrée sur la plantation nommer le propriétaire, le géreur, Anna-Grove : MM. Hugh, Rogers le directeur, afin qu'on puisse faire et B. Hopkinson, géreurs, et E. H. une enquête pour connaître les causes Watson directeur. Il y a eu sur de cette conduite. cette propriété quarante-cinq pu-

Sur la plantation Enterprize: géreur M. Grant, directeur M. Lynch ; sur Annandale : géreur M. Spencer, directeur M. Healy; sur Triumph; M. Hopkinson géreur, M. Clarke

directeur; sur Kitty : M. MaDget géreur, M. Durdie directeur; sur nitions pour indolence, pendant le Thomas: M. Batts géreur, M.Mindernier mois. rock directeur. Sur ces propriétés le travail n'a pas été fait activement, mais pendant les dix derniers jours il n'y a pas eu de plainte, excepté de la propriété Thomas; les autres allaient très-bien.

4*. Travaille-t-on, en général, Quelquefois à la tâche ; mais, en à la tâche dans votre district, ou général, le travail de sept heures bien les cultivateurs préfèrent-ils tra- et demie par jour est préféré. vailler les sept heures et demie fixées par la loi ?

Il a été fait sur la plantation Grove Dans ce district on a généraleun arrangement pour le travail à ment adopté le travail à la tâche. la tâche. On a aussi adopté ce mode de travail sur les autres propriétés; quelquefois cependant les apprentis préfèrent travailler sept heures et demie.

il.

42...


664

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

DISTRICT C.

VILLE. — W. J. BRITTAIN.

RIVIÈRE.—CAPITAINE DELAFOUR.

DISTRICT D. RIVIÈRE SUPÉRre.—GEORGE ROSS.

CAPITAINE J. A. ALLEN.

RÉPONSES A LA 1re QUESTION.

Les apprentis de celte ville sont Oui, en général ; pourtant il y a généralement polis, contents et gais. des exceptions. J'ai visité tous les Je n'ai rien appris qui puisse con- hôpitaux des diverses plantations tredire cette assertion. dont j'ai la surveillance, et, autant que j'ai pu en juger, la population est heureuse.

Oui, pour la plupart. J'ai visité neuf propriétés et leurs hôpitaux (noms cités). J'ai causé avec les cultivateurs ; ils semblent vivre de hon accord avec ceux qui les emploient.

Oui, en général. J'ai visité le mois dernier dix-sept propriétés et leurs hôpitaux ; je n'ai entendu aucune plainte de la part des propriétaires, des directeurs ou des apprentis.

e

RÉPONSES A LA 2 QUESTION.

A l'exception de quelques-uns à H en est très-peu contre qui des Ils ont fait leur travail avec auOui, à très-peu d'exceptions plaintes aient été portées pendant ce Houston et de quelques-uns en- tant d'activité et de bonne volonté près. mois. Il faut présumer que les autres core à Ruimveld. qu'on peut raisonnablement l'attenont bien travaillé. dre de gens dans leur condition.

REPONSES A LA 3e QUESTION.

Généralement, non. Les plaintes Il n'y a aucune propriété comcontre les femmes de la plantation prise dans la division de la ville. Ruimveld sont en très-petit nombre ce mois-ci, comparativement avec celles qui avaient été portées pendant le mois de juin. *

Il y a encore quelque rancune entre les gens de Little-Diamond et les propriétaires ; mais, sur la la plantation Garden-of-Eden, ils ont mieux travaillé pendant la dernière quinzaine. Il y a toujours un esprit de mécontentement. Sur la

La besogne n'a pas été faite activement sur la plantation Chantilly, dont M. A. Stevens est propriétaire et M. C. H. Jones directeur.

plantation Golden-Grove, les cultivateurs se sont obstinés, pendant la dernière semaine au sujet des heures de travail ; mais il n'y a aucun motif sérieux de plainte.

RÉPONSES A LA 4 QUESTION. e

A ma connaissance les industriels Us travaillent sept heures et deLe travail à la tâche est celui que On travaille le plus ordinairede la ville ne font aucun travail. La mie par jour, suivant la loi. l'on fait de préférence, mais sans ment à la tâche. plupart des apprentis cultivateurs contrat écrit. sont domestiques et tenus de donner leurs services quand on les leur demande.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1835. — GUYANE.

DISTRICT E.

SPRY-BARTLET.

DITRICT F.

DISTRICT G.

GEORGE KELLOCK.

GEORGE KALL.

DISTRICT

665

H.

THOMAS COLEMAN.

REPONSES A LA 1re QUESTION. J'ai visité les hôpitaux de huit Oui. J'ai visité les hôpitaux de propriétés (les noms sont cités) ; vingt-deux propriétés sur Leguan , quelques-uns ne sont pas tenus de dix-huit sur Walkenaam, de trois aussi proprement que je l'aurais dé- sur Hog-Island, toutes propriétés siré. J'aiappelé l'attention des direc- du district, excepté Marionville) teurs sur ce point. Sous d'autres rap- Walkenaam, où l'on a refusé de ports les hôpitaux sont bien et les m'admetlre. apprentis sont polis et contents.

J ai cause avec les apprentis de Ils le paraissent généralement. J'ai visité les hôpitaux et causé avec presque toutes les propriétés; ils les apprentis de seize propriétés. Les paraissent tous polis, contents et malades, qui ne sont pas nombreux, gais. (On cite les noms de huit proexcepté sur les propriétés où régne priétés dont les hôpitaux ont été la rougeole, paraissent bien soignés. visités ). Mais les hôpitaux, quoiqu'en général très-commodes, ne sont pas, à mon avis, suffisamment propres : pourtant il y a des exceptions.

RÉPONSES A LA 2° QUESTION. Le travail a été aussi bien fait A l'exeption de laplantation AnnaCatharina, les apprentis mâles ont que précédemment. fait leur travail à la satisfaction des directeurs, sur la plupart des propriétés.

Oui, à peu d'exceptions prés.

Oui, en général ; mais il y a toujours des apprentis paresseux, surtout parmi les femmes.

e

RÉPONSES A LA 3 QUESTION. Sur la plantation Anna-Catharina, M. N. Mauget, géreur; M. James Griffiths, directeur; mais j'ai lieu de croire que les apprentis rentreront dans le devoir.

Non.

Je n'ai entendu parler d'aucune propriété sur laquelle l'ouvrage ait été fait négligemment ou avec répugnance, excepté sur la plantation Aurora (M. Halket, géreur; M. R. Johnson, directeur), mais seulement en ce qui concerne les femmes; et cependant le mécontentement qui a régné parmi elles n'avait aucun motif apparent; je crois qu'il a cessé.

Pas en général ; mais sur presque toutes les propriétés il y a des paresseux qui causent beaucoup de trouble; toutefois bien peu sont incorrigibles.

e

RÉPONSES A LA 4 QUESTION. La tâche dans tout le district en La tâche, en général, est prégénéral. férée par les laboureurs.

DISTRICT J. GEORGE

Ross.

DISTRICT K.

JOHN

MAC-LEOD.

On préféré en général la lâche.

La tâche est le mode de travail suivi dans ce district.

DISTRICT L.

M. A. STEWART.

DISTRICT AI.

J. O.

LOCKHART-MURE.

RÉPONSES A LA 1re QUESTION. Oui, en général. Durant le mois Oui, généralement. J'ai visité six Pendant le mois j'ai visité dix j'ai visité onze propriétés ( citées) et propriétés (noms cités), et n'ai pas propriétés (noms cités) et inspecté inspecté les hôpitaux de chacune. reçu de plaintes. les hôpitaux. J'ai trouvé les apprentis polis et passablement gais et contents.

J'ai visité pendant le mois toutes les propriétés, excepté les deux au-dessus de la crique 68. Les apprentis sont en général polis, contents et gais.

REPONSES A LA 2' QUESTION. Oui, en général.

Excepté sur une propriété.

Sur plusieurs propriétés cela n'a pas eu lieu.

Oui, à peu d'exceptions près.

RÉPONSES A LA 3' QUESTION. Non.

Pendant la première partie du Dans la section supérieure de ce mois le travail n'a pas été prompte- district le travail n'a été fait ni ment fait sur la plantation Glad- promptement, ni de bonne vostone-Hall. lonté.

Non.

RÉPONSES A LA 4' QUESTION. Oui ; généralement, les laboureurs le préfèrent.

Sur quelques propriétés les culGénéralement, la tâche; les laOn fixe à chaque apprenti une tivateurs ont le samedi. Ou préfère boureurs la préfèrent. portion particulière de travail qu'il généralement la tâche. puisse faire en sept heures et demie, ou en neuf heures lorsqu'il ne travaille que cinq jours par semaine.


RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES.—PIÈCES JUSTIFICATIVES.— IIe PARTIE.

666

DISTRICT B.

DISTRICT A. QUESTIONS. DIVISION

E. — Capit.

5°. Quelles sont les heures de tra- Le travail commence à sept heures vail le plus généralement adoptées du matin, et se continue pendant dans votre district ? Y a-t-il des pro- les sept heures et demie; ou bien priétés sur lesquelles les apprentis l'on suspend à onze heures, suivant soient forcés de suspendre au milieu la volonté des travailleurs. du jour, et de compléter leurs sept heures et demie dans l'après-midi (division de travail qui leur laisse peu ou point de temps pour euxmêmes) ? Dans l'affirmative, nommez les propriétés, les propriétaires ou géreurs, et les directeurs.

6 . Sur quelques propriétés, les cultivateurs font-ils du travail extraordinaire moyennant salaire ? Dans ce cas, dites les noms des propriétés, le taux du salaire, et comment et quand se font les payements ? Si des salaires raisonnables avec prompt payement ont été offerts et refusés, à quoi attribuer ce refus de la part des laboureurs ? e

7°. Y a-t-il eu des exemples d'insubordination ou quelque tentative de résistance ouverte à l'autorité ? Si cela est arrivé dans votre district,

On commence à sept heures du Les heures de travail le plus en matin et Ton continue sans interl'on où ne usage (dans les endroits travaille pas à la tâche) sont de sept ruption. Dans aucune propriété on heures du malin à onze heures, et n'est forcé de s'arrêter pendant trois de une heure à quatre heures et heures au milieu du jour. demie du soir. C'est ce qui se pratique sur toutes les propriétés, excepté sur celles de Hope et de Grove : sur cette dernière on travaille à la tâche.

Oui; sur la plantation SpringHall, on donne à chaque apprenti occupé aux chaudières environ 2 fr. 50 c., et au chef cuiseur 5 fr. par chaque 15 boucauts de sucre. Sur la plantation Helena, 4 guilders par semaine; à la Bonne-Mère, 2 guilders, etc.

Aucun.

Les apprentis employés dans les Les apprentis font un travail exmanufactures de sucre travaillent traordinaire payé dans les manufacextraordinairement toute Tannée, tures de sucre; ils recueillent aussi moyennant salaire, et gagnent, par le coton. Dans les sucreries, le prix semaine, de 6 hitts à 2 guilders, est de 2 slivers par heure, et de 5 qui leur sont payés quand ils le stivers pour chaque dix livres de codésirent. Il n'a pas été fait d'offre lon recueilli. On paye ordinairement d'employer les apprentis de la plaine par mois, mais aussi par semaine, pendant le temps qui leur appar- quand on peut avoir de la monnaie. tient.

Une plainte d'insubordination a été portée de Anna-Grove contre trois apprentis, dont l'un avait résisté à un constable pendant que les

nommez les propriétés.

Aucun.

autres s'étaient conduits avec violence et avaient maltraité le constable.

DISTRICT C. VILLE. — W. J. BRITTAIN.

A. M. LYONS.

DIVISION O. — K. HEYLAND.

B. BOND.

RIVIÈRE. — CAPITAINE DELAFOUR.

DISTRICT D. RIVIÈRE SUPÉRre. — GEORGE ROSS.

REPONSES A LA 5° QUESTION. Je n'ai reçu de plainte d'aucun Les heures de travail sont de sept De sept à deux heures et demie. apprenti au sujet de ses heures de heures du matin à 2 heures et de- Nulle part on ne force les travailtravail qu'on aurait divisées arbitrai- mie; sur aucune propriété on ne se leurs des champs à suspendre dans rement. repose au milieu du jour. le milieu du jour; mais dans la plupart des sucreries les jeunes créoles de l'intérieur et les mécaniciens se reposent pendant deux heures. REPONSES A LA 6" QUESTION. Elle n est pas applicable à celte diSur aucune, excepté dans les suRarement, excepté dans Tintévision du district. creries. rieur des bâtiments, sur les sucreries, et par occasion dans les propriétés où il y a des tranchées à ouvrir. Le payement est en général prompt : 1 1/2 bitt à 2 hitts pour l'après-midi. REPONSES A LA 7 QUESTION. Rien qui ressemble à une résisAucune. Il n'y a pas eu de tentative pour tance combinée ni à une tentative résister violemment à l'autorité. pour résister violemment à l'autorité delà part des apprentis de cette ville.

CAPITAINE J. A. ALLEN.

L'ouvrage commence à sept heures du matin et continue sans interruption jusqu'à la fin. Il n'y a pas à présent de propriété où les travailleurs soient forcés de se reposer deux ou trois heures dans le milieu du iour. Le travail extra et payé se fait dans l'intérieur de seize propriétés (elles sont nommées). Le taux des salaires et le mode de payement n'ont pas varié depuis le rapport du mois dernier.

e

Il n'y a pas eu de tentative de la part des apprentis laboureurs pour résister violemment à l'autorité. Quelques rares exemples d'insubordination qui ne méritent pas d'être particulièrement cités, excepté la conduite d'un homme qui a été jugé et puni dans la session du district.


ETUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL. ETC. — 1835. — GUYANE. 667

DISTRICT E.

DISTRICT F.

SPRY-BARTLET.

GEORGE KELLOCK.

DISTRICT G.

GEORGE

KALL.

DISTRICT H.

THOMAS

COLEMAN.

RÉPONSES A LA 5 QUESTION. e

La cloche sonne sur la plupart des Sur aucune propriété on n'oblige propriétés à sept heures, et les tra- les travailleurs à suspendre au mivailleurs ne quittent pas ordinaire- lieu du jour. Les heures de travail ment avant que la besogne ne soit sont d'environ sept à une, deux, terminée. trois, quatre et cinq, suivant les circonstances et les conventions.

De six heures et demie à sept heures jusqu'à midi ; ou deux heures de l'après-midi, alors la tâche est ordinairement achevée. Sur aucune propriété les ouvriers ne sont forcés à se reposer au milieu du jour.

Généralement de sept heures à deux de l'après-midi. Il n'y a pas dans le district de propriété à laquelle s'applique la dernière partie de la question.

REPONSES A LA 6e QUESTION. Seulement les ouvriers de l'intérieur, tels que les bouilleurs, les chauffeurs. Chaque semaine on les paye en argent, quand on peut s'en procurer. Le taux du travail extra est de 2 stivers par jour.

Sur toutes les propriétés, le travail extra se fait moyennant salaire; sur quelques-unes, ou paye tous les ouvriers ; sur d'autres, seulement ceux de l'intérieur. Les salaires sont de 1 bitt à 2 et 2 1/2

Le travail extra par salaire se fait plus généralement, depuis le mois dernier, que pendant les deux précédents. Le taux des salaires est de 1 guilder à 1 1/2 guilder par jour, suivant le travail. On guilders par semaine. Par la diffi- paye ordinairement par jour. culté de se procurer de la monnaie, on paye rarement par semaine, mais à la fin d'un ou deux mois. Sur quelques propriétés, dont le capitaine Warton est géreur, il y a maintenant six mois que les travailleurs n'ont été payés.

Oui, sur presque toutes les propriétés, au taux de 6 bitts à 6 guilders par semaine, que l'on paye régulièrement, à moins d'arrangements contraires.

REPONSES A LA 7e QUESTION. Aucun, de quelque importance.

Aucun.

DISTRICT J.

GEORGE

Ross.

Aucun exemple, si ce n'est de Il y a eu quelques rares exemples peu d'importance et dans des cas d'insubordination dans ce district; individuels. mais ces exemples se sont bornés à des individus ; aucune tentative de résistance violente à l'autorité n'a été faite.

DISTRICT K.

DISTRICT M. A.

JOHN MAC-LEOD.

DISTRICT M.

L.

STEWART.

J. O.

LOCKHART-MURE.

RÉPONSES A LA 5 QUESTION. e

De sept heures jusqu'à la fin de la De six heures et demie jusqu'à Les travailleurs font généraleLe travail commence généraletâche, qui se termine de une heure ce que le travail du jour soit fini. ment leur besogne à la tâche ; ils ment vers sept heures, et les traà deux heures et demie. Personne la terminent sans se reposer. vailleurs rentrent quand ils ont tern'est forcé de suspendre, mais quelminé la besogne fixée. ques-uns le font. RÉPONSES A LA 6 QUESTION. e

Pas généralement. Cela arrive Sur toutes les sucreries les emquelquefois sur les sucreries. Les ployés de l'intérieur travaillent salaires varient; on les paye par se- moyennant salaire. maine on quand les travailleurs le réclament.

Oui. Les cultivateurs sont loués le samedi, soit sur les propriétés auxquelles ils appartiennent, soit sur d'autres du voisinage, moyennant des salaires raisonnables et un prompt payement.

A Skeldon les ouvriers travaillent neuf heures par jour, et sont payés 1/2 bitt par jour pour le travail extra. Sur toutes les sucreries, les hommes employés daus l' intérieur sont payés pour le travail extra ; ils reçoivent 1 1 /2 bitt. Les payements se font par semaine.

RÉPONSES A LA 7e QUESTION. Non.

Aucun.

Non.

Non.


668 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

DISTRICT A.

DISTRICT B.

QUESTIONS. DIVISION E.—CAPITAINE B. BOND.

Trente-un des coupeurs de cannes 8° Dans le cas où les apprentis auraient manifesté une disposition à delà plantationSpring-Hall se sont négliger le travail, ou à se conduire entendus pour ne pas faire le tragrossièrement envers ceux qui ont vail; ils en coupaient seulement de l'autorité, cette conduite a-t-elle huit ou dix charges par jour, au lieu été assez générale pour vous porter de quinze fixées par le tarif. Une à l'attribuer à un complot ou à une cour a été tenue sur cette propriété coalition ; ou bien est-ce seulement en présence de'MM. Bouyeu, Bood'un petit nombre de paresseux ou ker et moi : ils ont été punis de de turbulents qu'on aurait eu à se quatorze jours de travail extra. A présent ils travaillent bien. plaindre?

DIVISION

O. —

K. HEYLAND,

A

M.

LYON

s.

Excepté sur les propriétés menLa négligence pour le travail, sur Anna-Grove, a été attribuée à une tionnées précédemment, les plaintes coalition. Comme les plaintes n'ont ne concernent que quelques apété portées que pour paresse, j'ai prentis paresseux. puni les accusés sous ce rapport, ce qui, je l'espère, empêchera de traduire devant une cour de district ceux qui seraient accusés.

Il n'y a ni église ni école dans la Oui, généralement à la chapelle 9'. L'assiduité des apprentis lasection du district. L'assiduité des méthodiste de Ferry et à l'église boureurs à l'église, et de leurs encultivateurs aux églises et aux chapresbytérienne de Mahaïca. fants à l'école, a-t-elle été régulière pelles du voisinage n'a pas été égale et proportionnée aux commodités aux commodités qu'elles offrent. que présentent les dispositions du Celle de leurs enfants, auprès des local ?

Le révérend M. Clinkett étant très-indisposé, et ne pouvant sortir, il n'y a pas eu de service pendant deux dimanches. L'assiduité des apprentis à l'église, et des enfants à l'école, est toujours satisfai-

missionnaires wesleyens à Mahaïca, sante. a été aussi grande que le local le permettait.

10'. La cour que vous présidez a-t-elle été dans la nécessité d'infliger le châtiment du fouet pendant

Individuellement Par la cour

14 6

Individuellement Par la cour

20

le mois précédent? En cas d'affirmative, dites le nombre de délinquants punis et l'étendue de la punition appliquée. Comme magistrat, vous êtesvous trouvé individuellement dans le

0 8 8

Individellement Par la cour

2 12 14

même cas ?

II'. Quelque directeur, inspecteur ou tout autre ayant de l'autorité sur les apprentis laboureurs, a-t-il été condamné, par la cour que vous présidez , à l' amende ou à autre peine, pour mauvais traitements envers quelque cultivateur? Y a-t-il eu des exemples de cultivateurs retenus au travail au delà des heures légales? Dans ce cas, a-t-on retenu les 1 fr. 25 c. par heure et par chaque individu?

Personne.

Personne.

J'ai puni un directeur d'une amende de 25 francs, et un inspecteur, de 125 francs, pour avoir battu des apprentis. Il n'y a pas d'exemples de cultivateurs retenus au delà du temps légal.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1835.— GUYANE. 669

DISTRICT C.

VILLE. — W. J. BRITTAIN.

DISTRICT D.

RIVIÈRE. — CAPITAINE DELAFODR.

RIVIÈRE SEP™ — GEORGE ROSS.

RÉPONSES A LA 8

Répondu à la question précédente.

e

CAPITAINE J. A. ALLEN.

QUESTION.

Sur les plantations Little-DiaLorsque cela est arrivé, on peut La plupart des rapports faits l'attribuer aux paresseux et aux tur- mond et Garden-of-Eden, j'attribue pendant ce mois concernent des bulents. cette disposition, de la part des la- apprentis turbulents. boureurs, à négliger leur travail, au manque général de cordialité entre les laboureurs et ceux qui les emploient.

REPONSES A LA 9e QUESTION.

Il n'est pas possible de répondre à cette question avec la même précision pour ce qui regarde la ville

Oui.

L assiduité à l'église et aux écoles La fréquentation de l'école de est régulière, mais on manque d'é- Saint-Marc par les enfants a dimicoles. nué ce mois-ci. Le service divin n'a été célébré qu'une fois au même endroit. Il y avait à peu près autant

que pour la campagne, où tout est réuni sur les propriétés. Là, les églises sont toujours suivies par les apprentis laboureurs, excepté celles qui appartiennent aux dissidents.

d'affluence que le permettait le local.

e

RÉPONSES A LA 10 QUESTION.

Le nombre des punitions par le fouet, infligées pendant le mois dernier, soit par ordre du président, soit par décision de la cour, a été de vingt-huit.

Individuellement Par la cour

13 18

Individuellement Par la cour

31

8 8 8

Individuellement Par la cour

5 7 12

e

RÉPONSES AL A 11 QUESTION.

Personne de cette ville, pendant le mois dernier, n'a été accusé de mauvais traitement envers les apprentis laboureurs.

Personne.

Personne.

Aucun directeur n'a été mis à l'amende pendant le mois. Une plainte a été portée par des laboureurs pour avoir été retenus au delà des heures légales, mais elle a été jugée trop peu fondée pour être suivie.


670 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

DISTRICT E.

DISTRICT F.

DISTRICT G.

DISTRICT II.

SPRY-BARTLET.

GEORGE KELLOCK.

GEORGE KALL.

THOMAS COLEMAN.

RÉPONSES A LA 8 QUESTION. e

Ce sont ordinairement les mêmes Il n'a été fait de plaintes qu'au A la plantation Aurora, où, Non. Excepté à l'égard de queltravailleurs qui sont amenés indivi- sujet d'un petit nombre d'apprentis comme il a été dit auparavant, un ques apprentis paresseux et turbuduellement devant la cour du district paresseux et turbulents. esprit de coalition s'est manifesté lents au sujet desquels il m'a été et les juges de paix spéciaux. vers le milieu du mois, mais seule- fait des plaintes. ment parmi les femmes, car les hommes sont au contraire de trèsbonne conduite sur cette propriété. Des mesures sévères ont été adoptées envers les chefs, et je considère la coalition comme entièrement détruite.

RÉPONSES A LA 9" QUESTION. Les églises de ce district ne sont Aussi régulièrement que d'ordipas suffisantes pour la population. naire. Chaque dimanche il y a des laboureurs qui ne peuvent trouver de place. Il manque d'écoles, mais celles qui sont établies sont bien suivies.

Oui.

RÉPONSES

Individuellement Par la cour

8 4

Individuellement Par la cour

Oui, quand le temps le permet.

A LA 10° QUESTION. 0

Le nombre des apprentis fouettés Le nombre des apprentis fouettés 0 dans ce district a été de 21 dans ce district a été de 16

12 RÉPONSES A LA 11 QUESTION. e

John Hevant, copropriétaire de Lecberg, résidant à présent à Hydromie, a été accusé de mauvais traitements par un apprenti laboureur. Comme il ne s'est pas présenté devant la cour sa caution de 250 francs a été confisquée.

Aucun.

Il n'y a eu aucune instance.

DISTRICT K.

DISTRICT J.

JOHN

GEORGE ROSS.

Aucun.

DISTRICT L.

MAC-LEOD.

M.

A.

DISTRICT

STEWART.

J. O.

M.

LOCKHART-MURE.

RÉPONSES A LA 8° QUESTION. Seulement par rapport à quelques Sur la plantation Gladstone-Hall Il y a eu coalition (principaleparesseux et turbulents sur lesquels il y a eu une apparence de coalition. ment parmi les femmes de la partie on m'a porté plainte. supérieure du district) pour essayer de réduire la tâche et de travailler

Non.

le moins possible. RÉPONSES A LA 9° QUESTION. Oui.

Oui.

Pas de réponse.

Il n'y a ni église ni école publique.

e

RÉPONSES A LA 10 QUESTION. Individuellement Par la cour

1 0

Individuellement Par la cour

1

8 0

Individuellement Par la conr

8

2 10

Individuellement Par la cour

12

7

RÉPONSES A LA 11 QUESTION. e

mon.

Non.

Non.

0 7

Non.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. —ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. —1835. DISTRICT A.

GUYANE. 671

DISTRICT B.

QUESTIONS. DIVISION

E. —

12. Quelques plaintes vous ontelles été portées durant le dernier mois, par des apprentis, au sujet de leur vêtement, de leur nourriture ou pour toute autre cause? Dans ce cas, avez-vous examiné les circonstances avec soin, et rendu justice autant que vous le pouviez? Dites en termes généraux le nombre et la nature des plaintes qui vous ont été faites.

Aucune.

13. Quelques-uns des enfants libres sur les propriétés de votre district ont-ils été engagés comme apprentis pendant le mois dernier? Nommez alors les propriétés, et dites si ces arrangements ont été faits avec le libre consentement et l'approbation des parents des enfants ?

Aucun.

CAPITAINE B. BOND.

DIVISION O. — K. HEYLAND.

Les cultivateurs de la plantation Il n'a été porté que trois plaintes Grove se sont plaints que leurs lo- pour mauvais traitements. Ces gements ne sont pas bons. Le di- plaintes n'étaient pas fondées. recteur attendait la saison favorable pour les réparer. Je les ai visités après un temps pluvieux, et je les ai trouvés en fort mauvais état.

Aucun.

Aucun.

14. Comment sont nourris les enSur la plupart des propriétés de fants, et quels soins en prend-on sur mon district, ils sont nourris sur les les propriétés de votre district? Sont- magasins comme précédemment. ils nourris gratuitement sur les ma- On leur accorde le médecin et toutes gasins des propriétaires, et leur dis- les allocations usitées. A la Bonnetribue-t-ou une quantité supplémen- Mère, les enfants sont nourris par taire de poisson salé et de bananes ? les mères, qui ont refusé de les laisou bien les parents les nourrissent- ser nourrir par les propriétaires. ils sur leurs propres rations? Quand les mères sont au travail dans les champs, une femme est-elle chargée spécialement de prendre soin des jeunes enfants et exemptée de tous autres soins? Les enfants malades ont-ils le secours du médecin, et leur accorde-t-on l'hôpital comme dans l'état d'esclavage?

On accorde aux enfants des baLes enfants libres sont nourris nanes et du poisson salé, ainsi que les sur les propriétés, de même que soins gratuits du médecin et le trai- dans l'état d'esclavage. Des femmes tement de l'hôpital, dans toutes les sont désignées pour avoir soin des propriétés de mon district, excepté enfants, à qui on accorde le secours sur la plantation Dochfour et Lorv- du médecin et le traitement de l'hôlands, où la plus grande partie des pital. cultivateurs ont des terrains de culture et le samedi pour les cultiver. Une femme est toujours chargée des enfants, quand les mères sont aux champs.

DISTRICT C. VILLE. — W. J. BRITTAIN.

A. M. LYONS.

RIVIÈRE.—CAPITAINE DELAFOUR.

DISTRICT D. RIVIÈRE SOPÉR

re

,—GEORGE

Ross.

CAPITAINE J. A. ALLEN.

e

Aucune plainte n a été portée.

RÉPONSES A LA 12 QUESTION. Aucune n'a été faite. Il y a eu deux plaintes relatives Dix-neuf plaintes de toutes sortes a un manque de logement. Je me ont été faites pendant le mois, lessuis occupé de toutes deux. quelles, à l'exception de deux dont on s'occupera, ont été examinées et accueillies autant qu'il était possible. RÉPONSES A LA 13 QUESTION. Aucun. e

A ma connaissance, aucun enfant libre d'apprenti n'a été engagé comme apprenti dans cette ville, pendant le mois dernier.

Le magistrat de cette ville n a aucun moyen de répondre à cette question. Autant qu'il a pu le savoir, la plupart des propriétaires aiséssoutiennent les enfants libres des apprentis cultivateurs, tandis que les plus pauvres rejettent sur les parents le fardeau des enfants.

Aucun.

RÉPONSES A LA Les enfants sont gratuitement nourris sur les magasins des propriétés; des femmes sont spécialement chargées de prendre soin des

14e QUESTION. A l'exception des plantations Prosperity et Little-Diamond, les enfants reçoivent tous une ration de vivres. Sur la plantation de Garplus jeunes. Lorsqu'ils sont ma- den-of-Eden, la ration est accordée lades, on les admet gratuitement par l'administrateur, et retenue, au dans les hôpitaux. gré du directeur. Quant aux soins médicaux et aux femmes chargées des enfants, il n'y a pas d'exception.

Aucun enfant libre n'a jusqu'à présent été engagé comme apprenti,

Les enfants sont ordinairement nourris sur la distribution de poisson salé et de bananes accordée aux inères. Une personne est désignée pour prendre soin d'eux quand les mères sont dans les champs, et ils reçoivent les soins du médecin, comme dans l' état d'esclavage.


672

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

DISTRICT E.

DISTRICT F.

DISTRICT G.

DISTRICT H.

SPRY-BARTLET.

GEORGE KELLOCK.

GEORGE KALL.

THOMAS COLEMAN.

E

RÉPONSES A LA 12

Aucune, à l'exception de celle cidessus.

Aucun.

QUESTION.

Deux plaintes ont été portées : une contre un propriétaire pour avoir retenu le plaignant au travail au delà des heures légales; une autre contre un directeur, pour détention arbitraire. Toutes deux ont été soigneusement examinées, et

Oui, une par un apprenti laboureur contre un surveillant pour des coups. Après l'avoir examinée, j'en ai référé à la prochaine cour du district.

reconnues mal fondées. e

RÉPONSES A LA 13

Aucun.

J

Aucun. RÉPONSES A LA

QUESTION.

Aucun n'a été engagé.

Aucun.

14° QUESTION.

Sur les plantations Hague, Gréenveld, Vreed-en-Hoop et Met-en-Meerzog, ni nourriture ni médecin ne sont accordés aux enfants au-dessous de six ans. Sur les autres propriétés, aucun changement n'a eu lieu depuis le commencement de l'apprentissage.

Les enfants sont nourris, et on en prend soin sur toutes les propriélés de ce district, excepté sur Vertrawen et Bellfield, possédées par M. Bowel, et. Lucus possédée par

DISTRICT J.

DISTRICT K.

DISTRICT L.

DISTRICT M.

GEORGE ROSS.

JOHN MAC-LEOD.

M. A. STEWART.

J. O. LOCKHART-MURE.

Les enfants sont nourris, et on De même qu'auparavant, et pas en prend soin, sous tous les rap- de plaintes. ports, de la même manière que quand ils étaient dans l'état d'esclavage.

M. Jones, toutes sur Leguan.

RÉPONSES A LA 12

Non.

Seulement une. On a prouvé qu'il a été donné 44 guilders au plaignant au lieu de ce qui lui revenait en

e

QUESTION.

Non.

Une plainte m'a été faite par quelques cultivateurs de Kilcoy, pour n'avoir pas reçu leur distribution de vivres. Il paraît que M. Fraser, n'ayant pas reçu les bananes qu'il attendait , les plaignants ont refusé de prendre en échange du blé ou de la farine. J'ai répondu qu'ils n'avaient pas sujet do se plaindre. J'ai appris depuis que ces hommes avaient des terrains de culture avec des graines et cinquante-deux jours au lieu de quarante pour les cultiver.

vêtements.

RÉPONSES A LA 13

Non.

Non.

e

QUESTION.

Non.

J

Non.

E RÉPONSES A LA 14 QUESTION.

En général, de même qu'avant le On prend soin des enfants, comSur la plupart des propriétés, les Sur quatre propriétés, les enfants Ier août. me lorsqu'ils étaient esclaves. enfants au-dessous de 6 ans sont sont nourris sur ce qui revient aux traités comme ils l'étaient dans l'é- parents. Sur les autres-, ils sont tat d'esclavage. nourris gratuitement sur les magasins; et sur toutes, des femmes sont spécialement chargées de garder les enfants, qui ont les soins du médecin et le traitement de l'hôpital.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. —ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. —1835. — GUYANE. 673

DISTRICT A.

DIVISION E. — CAPITAINE B. BOND.

15'Sur combien de propriétés de Sur aucune. Il y a une église votre district y a-t-il des écoles éta- méthodiste à Mahaïca où vont les blies? Dites les noms des propriétés enfants du voisinage, où il y a des écoles et ceux de leurs

DISTRICT B.

DIVISION O. — K. HEYLAND.

Sur aucune.

A. M. LYONS.

H n'y a pas eu d'augmentation dans le nombre des écoles depuis mon dernier rapport.

propriétaires et directeurs.

16 Avez-vous des remarques ou des observations à communiquer qui aient rapport au bon ordre, à la tranquillité et au bonheur du district placé sous vos ordres? Dans ce cas indiquez-les. e

II y a une disposition générale à se dispenser du travail. Les moindres égratignures sont données pour excuse. Les femmes, en général, sont très - insolentes et paraissent peu s'inquiéter d'une punition de travail extraordinaire. Signe

J. B. BOND.

Dans mon dernier rapport j'ai Pendant la première partie du oublié, par inadvertance, de dire mois, les cultivateurs, sur les proque les enfants de la plantation priétés que j'ai nommées, étaient Dochfour et de Lowlands ne sont fort mal disposés pour le travail; à pas nourris par les propriétaires présent ils vont bien. parce que des terrains à cultiver Signe A. M. LYONS. ont été donnés aux apprentis et qu'on leur accorde, suivant l'ordonnance, le temps nécessaire pour les les mettre en rapport. Signé

K. HEYLAND.

DISTRICT C.

VILLE. — W. J. BRITTAIN.

RIVIÈRE. — CAPITAINE DELAFOUR.

DISTRICT D.

RIVIÈRE SUPÉRre — GEORGE ROSS,

CAPITAINE J. A. ALLEN.

e

RÉPONSES A LA 15 QUESTION.

Comme il n'y a pas de plantations dans la division de ce district, cette question ne lui est pas applicable. Les écoles de la ville auxquelles se rendent les enfants des apprentis laboureurs ont été désignées dans le dernier rapport.

Houston et Rome.

A Peter's-Hall et Persévérance il Des écoles sont établies sur sept y a des écoles. propriétés.

RÉPONSES A LA 16e QUESTION.

On recommande fortement la consEn ce qui concerne l'amélioratruction de plusieurs maisons de ré- tion de la conduite des femmes sur clusion solitaire pour remplacer la la plantation Ruimveld, je désire punition du fouet. attirer l'attention sur un fait; en 11 a été porté soixante-deux juin W. J. Signé BRITTAIN.

A cause du mauvais état des poids et des balances sur plusieurs propriétés, il peut se commettre des erreurs, et des soupçons s'élèvent dans l'esprit des apprentis sur l'exacplaintes contre ces femmes; elles titude de leurs allocations. m'ont donné beaucoup de tracas. Signé George Ross. En juillet huit plaintes seulement m'ont été faites , dont cinq m'étaient adresées pour la seconde fois et une pour la troisième. Signé

II.

Aucune. Signé J.

A. ALLEN.

J. DELAFOUR.

43


674 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES.—PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

DISTRICT E.

DISTRICT F.

SPRY-BARTLET.

GEORGE

DISTRICT

KELLOCK.

G.

DISTRICT H.

GEORGE KALL.

E

RÉPONSES A LA 15

THOMAS COLEMAN.

QUESTION.

Sur une propriété il y a école deux Enterprize et Endeavour, dont Sur quatre, dont les noms ont Aucune à présent, niais il est arfois par jour : sur cinq, deux fois la M. A. M. Kae est propriétaire et gé- été donnés. rivé une personne pour diriger une reur, ont une école commune, ainsi semaine. école sur la plantation Anna-Regina : que Waterloo et Marguillo, dont Stewart géreur, et M. R. Marley M. Noble est propriétaire et géreur, directeur. toutes de l'île de Leguan. Il n'y a pas d'école sur les propriétés dans Walkenaam ou Hog-Island. Il y a une école du dimanche à Walkenaam et à Leguan. RÉPONSES A LA

Rien. Signé

SPRY-BARTLET.

E

16

QUESTION.

On recommande le payement des En général les travailleurs contiLes apprentis laboureurs se persalaires par semaine. nuent à se bien conduire et à mon- fectionnent d'une manière incontestrer de l'application. Le district est table et, depuis l'établissement dans Signé G. KELLOCK. tout à fait tranquille. ce district de magasins où ils peuvent se procurer à bon prix les Signé G. KALL. choses dont ils manquent, ils sont mieux vêtus et paraissent à la fois plus heureux et plus industrieux. Signé Th.

DISTRICT

GEORGE

DISTRICT K.

J.

Ross.

DISTRICT

JOHN MAC-LEOD.

RÉPONSES A LA

15

e

DISTRICT

L.

M. A. STEWART.

COLEMAN.

J.

O.

M.

LOCKH ART-MORE.

QUESTION.

Sur presque toutes les propriétés Sur deux propriétés; et sur une Sur six propriétés dont les noms il y a des écoles entretenues par les autre, une école, du dimanche (on sont donnés. travailleurs eux-mêmes; sur plu- donne les noms). sieurs il y a des maîtres payés et en outre on trouve des écoles aux lieux où sont les temples.

Sur deux propriétés citées.

RÉPONSES A LA 16° QUESTION.

Non. Signé G. Ross.

Les travailleurs de Goldstone font à présent la besogne qu'ils doivent; jene doute pas qu'ils ne continuent. Signé J.

Rien.

Aucune. Signé

M.

A.

STEWART.

Signé

J. O. LOCKHART-MURE.

MAC-LEOD.

7 . Extrait d'une dépêche de sir J. Carmichael Smith à lord Glenelg. Camp-House, 5.6 septembre 1835. La plus grande tranquillité règne dans cette c lonie ; l'industrie y fait des progrès. Je n'entends pas dire qu'il n'existe pas encore quelques planteurs et directeurs d'un esprit toujours hostile au changement de condition des travailleurs et qui, se trouvant privés de tout moyen personnel de coercition sur les nègres, saisissent les occasions de les vexer en les privant de quelques-uns des avantages que la loi leur accorde. Cependant le nègre est à présent plus instruit et plus éclairé, et ne se laisse pas entraîner a des actes d'insubordination. Il sait que s il se plaint on examinera soigneusement ses griefs, et qu'on lui donnera raison dans les termes de la loi. Il est encore à re-

marquer que le nombre des planteurs et des directeurs dont je blâme la conduite diminue tous les jours ; on peut à présent les compter et citer leurs noms. L'intérêt personnel, fondé sur l'impossibilité de faire cultiver, a moins de traiter les travailleurs avec douceur et bonté, aura pour effet, avec le temps, d'amener les plus obstinés a changer de conduite et à adopter les mesures calculées pour obtenir la confiance et le bon vouloir des apprentis, jusqu a ce qu il soit permis à ceux-ci d'aller chercher un meilleur traitement sur d'autres propriétés. Environ 700 laboureurs portugais, dont une partie étaient accompagnés de leurs familles, ont été amenés dernièrement de Madère. A l'exception d'un seul, je n'ai reçu que de bons renseignemenls sur l'activité et la bonne conduite de ces hommes; on me dit qu'on peut en attendre un grand nombre. J'espère que ces colons deviendront pour l'île une bonne acquision, sous tous les rapports. J. CARMICHAEL SMITH.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1835. — GUYANE. 675

8.

RÉSUMÉ

des rapports des juges spéciaux salaries de la Guyane anglaise, pendant le mois de novembre

.

DISTRICT

A.

1835.

DISTRICT B.

QUESTIONS. DIVISION E. — K. HEYLAND.

DIVISION

O. —

C.

1re. Les apprentis de votre district Généralement. J'ai visité dix-huit sont-ils polis, contents et gais. propriétés durant le mois (noms indiqués).

Ils le sont.

2e. Ont-ils travaillé pendant le mois dernier avec bonne volonté?

Oui, en général.

3°. Le travail a-t-il été fait de mauvaise volonté et avec nonchalance sur quelque propriété? Dans ce cas nommez la propriété, le propriétaire, le géreur et le directeur, afin qu'on puisse faire une enquête sur les causes de cette conduite.

En général.

Le travail s'est fait promptement sur les plantations Good-Hope: J. Douglas géreur, et Patrick Eunes directeur ; Broom - Hall ; William Booker géreur et directeur; et Spring-Hall : M. Joues géreur, et Robert Trotman directeur.

4 . Fait-on ordinairement travailler On fait ordinairement travailler à la tâche dans votre district? ou bien a la tâche. Cependant quelquefois les apprentis préfèrent-ils travailler les apprentis préfèrent le travail de les sept heures et demie fixées par la sept heures et demie. loi. e

5 Quelles sont les heures de travail le plus généralement en usage dans votre district? Y a-t-il des propriétés où les travailleurs soient obligés de suspendre au milieu du jour pendant deux ou trois heures, et de compléter leurs sept heures et demie dans l'après-midi (division qui ne leur laisse que peu ou point de temps pour eux). Dans ce cas nommez les e

propriétaires, géreurs et directeurs.

a.

H.

STRUTT.

Dans la première partie du mois, le travail n'était fait ni promptement ni de bonne volonté, par une partie des apprentis sur la plantation Cove et John ; quelques punitions et de bons avis ont eu l'effet désiré : à présent ils travaillent bien.

A. M. LIONS.

Oui, en général, ils ont travaillé avec gaieté et bonne volonté.

Sur les plantations Kitty et Enterprize l'ouvrage a été fait lentement: propriétaire de Kitty, N. M. Manget; directeur, G. Durdie, Il en est de même sur Enterprize: M. Grant géreur, M. Lynch directeur. Je suis heureux d'ajouter que pendant la dernière quinzaine tout allait bien sur la plantation Kitty.

Sur la plupart des propriétés du On fait ordinairement travailler à district, les cultivateurs préfèrent la tâche dans ce district. la tâche. Cove et John, Anna-Grove et Cloabroock sont les seules exceptions.

Les heures de travail le plus géLes heures du travail usitées dans néralement adoptées (quand les ap- le district durent de sept à deux et prentis ne préfèrent pas la tâche) demie, à l'exception de trois prosont de sept à onze et de une à quatre priétés ci-dessus nommées, sur leset demie ou de sept à deux et demie. quelles les apprentis travaillent de Sur les plantations Carlton-Hall, sept heures à onze et d'une heure Fellowship-Farm et Parkfront le à quatre et demie. Quant à la pretravail de quarante-cinq heures par mière remarque j'ai à ajouter qu'il semaine se fait en cinq jours. est permis aux travailleurs de quit-

Les travailleurs commencent vers sept heures et vont jusqu'à la fin. Sur aucune propriété on ne les oblige à suspendre au milieu du jour.

ter les champs avant deux heures et demie, pourvu qu'ils aient terminé le travail requis.

43.


676 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

DISTRICT C.

VILLE.—W. J. BRITTAIN.

RIVIÈRE. — CAPITAINE DELAFOUR.

DISTRICT D.

RIVIÈRE SUPÉRre. — GEORGE ROSS.

CAPITAINE J. A. ALLEN.

REPONSES A LA 1re QUESTION. Oui.

Oui, généralement.

En général ils le sont. J'ai visité Oui, le plus ordinairement. J'ai dix propriétés pendant le mois. A visité pendant le mois vingt-trois l'exception de la plantation Little- propriétés (noms cités): sur toutes, Diamond, Garden-of-Eden et Pro- les apprentis sont, en général, confit les apprentis paraissent contents. tents et heureux, ceux de la plantation Maria's-Lodge exceptés.

RÉPONSES A LA 2 QUESTION. e

La proportion des condamnations de ce mois et du précédent, savoir vingt et vingt-quatre sur une population de sept mille environ, garantit une réponse affirmative.

Oui, généralement.

Avec autant d'activité et de bonne La majorité en a généralement volonté qu'on peut raisonnablement agi ainsi, un seul cas excepté. l'espérer de gens placés dans leur position.

REPONSES A LA 3 QUESTION. e

Cette question n'est pas applicable à ce district de ville.

Généralement non.

Sur les plantations Little-Diamond et Garden-of-Eden le travail est encore fait de mauvaise grâce. Sur les plantations Friendship et Profit, où dominait le mécontentement et où le travail se faisait à regret lors de mon dernier rapport, les travailleurs sont satisfaits depuis qu'ils ont desdirecteurs mieux intentionnés.

Le travail a été fait de mauvaise grâce par tous les apprentis de Maria's-Lodge : M administrateur, G. Johnson directeur; et par une partie seulement des apprentis de Malgrétout, C. F. Milsne, propriétaire. Il n'y a pas de directeur.

REPONSES A LA 4° QUESTION. Le plus grand nombre des apprenOn travaille les sept heures et Dans la plus grande partie du disOn travaille généralement à la tis de cette ville sont domestiques et demie par jour suivant la loi. trict on travaille ainsi. tâche. ne peuvent travailler à la tâche. Un petit nombre de marchands travaille ainsi, mais ordinairement neuf heures, et ceci dans plusieurs cas où ces marchands et domestiques sont enregistrés comme apprentis laboureurs et seront obligés de travailler comme tels jusqu'au 1er août 1840, à moins que quelque mesure légale ne vienne dans l'intervalle à leur aide.

REPONSES A LA 5 QUESTION. e

Je n'ai reçu aucune plainte de Les heures générales de travail cettte nature de la part d'apprentis. sont de sept à deux heures et demie On ne force pas à suspendre au milieu du jour. Plusieurs femmes ne vont pas au travail avec les autres; elles s'y rendent plus tard, et restent plus tard pour compléter leurs sept heures et demie; mais c'est de leur propre volonté et sans qu'elles y soient forcées.

Les heures de travail le plus géSur les plantations où les travailnéralement en usage durent de sept leurs ne veulent pas accepter une à deux et demie. Le système de sus- certaine somme d'ouvrage à la tâche, pendre au milieu du jour est, quant les heures sont de sept â onze et de à présent, abandonné. midi â trois heures et demie. Il n'existe pas de propriété dans le district sur laquelle un repos de deux heures au milieu du jour soit d'obligation.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.—1835.—GUYANE.

DISTRICT E.

DISTRICT F.

DISTRICT G.

DISTRICT H.

SPRY-BARTLET.

GEORGE KELLOCK.

GEORGE KALL.

THOMAS COLEMAN.

677

RÉPONSES A LA 1re QUESTION. J'ai visité les hôpitaux de cinq proOui; j'ai visité les hôpitaux de Oui, et chaque jour ils le deOui, généralement. priétés (noms cités); en général, les vingt-deux propriétés sur Leguan, viennent davantage. J'ai visité quinze propriétés ( noms apprentis sont contents. de trois plantations sur Hog-Island cités) pendant le mois. et de dix-neuf plantations sur Walkenaam, qui forment toutes les plantations de ce district.

RÉPONSES A LA 2 QUESTION. e

Mon attention, pendant la dernière semaine, a été appelée sur la conduite

Oui.

Oui, sur toutes les propriétés.

Oui, généralement.

de quelques femmes, apprenties de la plantation Best : on m'a dit hier que leur conduite était meilleure.

RÉPONSES A LA 3 QUESTION. e

Seulement sur celle ci-dessus: M. Beete propriétaire et directeur.

Non.

Le travail n'a été fait de mauvaise Oui, sur la plantation Alliance volonté sur aucune propriété. John Setherston géreur et directeur.

RÉPONSES A LA 4 QUESTION. e

Généralement, dans tout le disLa tâche, en général, est préférée On travaille généralement à la On travaille d'ordinaire A la tâche trict, les hommes travaillent ainsi. par les apprentis. tâche et on préfère ce mode. dans ce district. Les femmes de la plantation Best paraissent disposées à obéir aux appels.

RÉPONSES A LA 5 QUESTION. e

Sur la plus grande partie des proDe sept à une, deux, trois, quatre Les travailleurs vont ordinaireGénéralement de sept à deux priétés, la cloche sonne à sept heures. et cinq heures, suivant les circons- ment à l'ouvrage à six heures et heures. Les travailleurs restent ordinaire- tances et les arrangements faits. Sur demie ou sept heures, et finissent à Il n y a, dans ce district aucune ment jusqu'à ce qu'ils aient fini. aucune propriété les travailleurs ne leur volonté. Il n'y a aucune pro- propriété à laquelle la dernière parsont obligés de suspendre au mi- priété de ce district où ils soient for- tie de la question puisse s'appliquer. lieu du jour; aussitôt qu'ils ont fini cés de suspendre au milieu du jour. leur tâche, ils peuvent quitter les champs.

H.

A3..


678

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES.—PIÈCES JUSTIFICATIVES.—IIe PARTIE.

DISTRICT J.

GEORGE

ROSS.

DISTRICT K.

DISTRICT L.

DISTRICT M.

JOHN MAC-LEOD.

A. VAN RYCK DE GROOT.

J. O. LOCKHART-MURE.

re QUESTION. RÉPONSES A LA 1

Généralement ils le sont. Pendant le mois dernier j'ai parcouru toutes les propriétés du district deux ou trois fois, et la plupart des hôpitaux.

Oui, généralement.

J'ai visité toutes les propriétés, Pendant ce mois j'ai visité treize propriétés (noms cités) et leurs hô- excepté Eliza et Mary, et Skeldon : pitaux. J'ai trouvé les apprentis en général, les travailleurs y sont gais et contents. assez satisfaits.

e

RÉPONSES A LA 2

Oui, en général.

Presque toujours.

En général.

RÉPONSES A LA 3

Non, excepté par un petit nombre.

e

Oui.

e

A peu d'exceptions près.

QUESTION.

Oui, en général. Sur la plantation Highbury, à Dans les meilleures réunions de MM. Davidson, Barclay et compagnie; John Alver géreur. travailleurs, il y a des paresseux et des êtres d'un caractère difficile. On doit faire les exceptions que l'on peut voir dans le rapport du mois dernier.

RÉPONSES A LA 4

Oui, les apprentis le préfèrent généralement.

QUESTION.

Non.

QUESTION.

Les apprentis, eu général, le préUne somme de travail est ordifèrent; ils le font activement pour nairement fixée à chaque apprenti être plus tôt de retour chez eux. Il en est qui finissent à une heure, d'autres à deux, suivant leur activité.

e RÉPONSES A LA 5 QUESTION.

De sept à deux heures et demie, et Comme les apprentis préfèrent Depuis sept heures, jusqu'à ce On commence ordinairement vers souvent jusqu'à midi et demi seule- que le travail du jour soit fini. généralement la tâche, ils finissent sept heures, et les travailleurs renment. Il dépend des travailleurs de comme il leur convient, et ne sont trent quand ils ont fini la part de se reposer ou non au milieu du jour. nullement gênés à ce sujet. On sonne travail qui leur a été assignée. la cloche seulement pour indiquer l'heure.


ÉTUDE DE L'EXPER. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1835. — GUYANE.

DISTRICT A.

679

DISTRICT B.

QUESTIONS. DIVISION E. — K. HEYLAND.

6. Est-il des propriétés dans votre Les travailleurs des sucreries font district où les apprentis fassent un toujours un travail extraordinaire travail exlra moyennant salaire? S'il payé; ils gagnent de 6 bitts à 2 guils'en trouve, nommez-les, dites le pris ders, ou 1 piastre, par semaine ; on du travail, et quant et comment on les paye généralement lorsqu'ils le paye ; si ce genre de travail ne se fait demandent. pas, dites si un prix raisonnable a été On a offert 1 guilder par semaine offert avec le payement par semaine; aux apprentis de la plaine sur la si l'offre a été faite et non acceptée, plantation Spring-Hall, pour traà quoi attribuez-vous ce refus de la vailler neuf heures par jour; ils ont part des apprentis ? refusé parce qu'ils pouvaient s'occu-

DIVISION

O. — C.

H. STRUTT.

A. M. Lyons.

Sur toutes les propriétés, les traDans les sucreries, et pour la révailleurs occupés à la sucrerie re- colte du café et du coton, on traçoivent une paye pour travail extra ; vaille moyennant salaire : dans les elle varie de 2 à 3 guilders par se- sucreries, on alloue 2 stivers par maine pour chacun. heure, et pour le coton 5 stivers Sur les plantations Dockfour, pour 10 livres au-dessus des 40 lir Lowlands et Bee-Hive, tout ce qui vres qui doivent être recueillies est occupé à la coupe des cannes pour les maîtres ; sur les propriétés reçoit aussi pour travail exlra une à café, 15 stivers pour un panier en paye de 2 à 3 guilders par semaine. sus des deux qui doivent être reOn paye généralement par mois. cueillis.

per plus avantageusement.

7. Y a-t-il eu des exemples d'insubordination ou quelque tentative de résistance ouverte à l'autorité?S'il y en a eu, nommez les propriétés sur

Aucun.

Aucun.

Sur les plantations Kitty et GoodHope, une tentative de résistance par la force a été faite.

lesquelles cela aurait eu lieu.

8. Dans le cas de disposition qui J ai attribué la négligence du traaurait été manifestée par quelques vail à une coalition sur les plantatravailleurs de négliger l'ouvrage ou tions Spring-Hall, Good-Hope et de se mal conduire envers les supé- Broom-Hall. rieurs, cette disposition est-elle assez générale pour vous faire croire à une coalition ou à une conspiration, ou n'est-ce qu'au sujet de quelques individus paresseux et turbulents qu'il qu'il vous a été fait des plaintes?

J ai seulement reçu des plaintes Sur la plantation Kitty, les tracontre un petit nombre de paresseux vailleurs se sont entendus pour ne et de turbulents. La coalition de pas faire leur besogne. Cove et John, dont j'ai parlé précédemment, n'existe plus.

9. L'assiduité des apprentis cultiL'assiduité des apprentis à l'église Il n'y a ni temples ni écoles dans L'assiduité des apprentis à l'église vateurs à l'église, et cellede leurs en- n'a pas été égale à ce que l'on pou- ce district ; plusieurs apprentis néan- a été satisfaisante, et celle de leurs fants à l'école, a-t-elle été soutenue vait espérer de la localité; celle de moins fréquentent les églises de enfants à l'école régulière. et proportionnée à la facilité que leurs enfants à l'école a été aussi Mabaïca et d'Enmore. donnent les localités dans votre dis- grande qu'il se pouvait. trict ?

II.

A3...


e 680 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE.

DISTRICT D.

DISTRICT C.

VILLE. — W. J. BRITTAIN.

RIVIÈRE. — CAPITAINE DELAFOUR.

RIVIÈRE SUPER". — GEORGE ROSS.

CAPITAINE

J.

A. ALLEN.

RÉPONSES A LA 6 QUESTION. e

N'est pas applicable à celte divi-

Aucune.

sion du district.

Le travail extra se fait généralement dans les sucreries au taux d'un et demi à 2 bitts par jour, payés comptant. Dans les champs, le travail extra se fait rarement. Sur la planta-

Aucun changement quelconque n'a eu lieu sur ce point depuis le rapport du 1 octobre, époque à laquelle j'ai détaillé toutes les particularités. er

tion Garden-of-Eden, M. Munguet a offert un prix raisonnable pour couper des cannes; il a été refusé par un manque de confiance dans lé directeur.

RÉPONSES A LA 7e QUESTION.

Aucune apparence de résistance violente n'est venue à ma connais-

Aucune.

sance.

Il n'y a eu aucune tentative de Il n'y a eu aucune insubordination ni tentative de résistance à l'au- résistance violente à l'autorité. Sur la plantation Maria's-Lodge, torité; au contraire, je n'ai jamais vu ce district plus tranquille qu'à pendant quelque temps, tous les travailleurs refusaient de se soumettre présent. au signal qui régie les heures; mais cela a bientôt cessé.

RÉPONSES A LA 8 QUESTION. e

H n'y a ni coalition ni conspiraLorsque cela a eu lieu, ce n'a été Dans, la circonstance ci-dessus Aucune plainte de coalition ou de de paresseux sujet quelques lion. qu'au mentionnée, la mauvaise conduite portée. conspiration n'a été ou récalcitrants. a été presque générale, et excitée, à ce qu'il paraît, par quelques apprentis turbulents. Dans d'autres cas, on s'est plaint seulement de quelques paresseux.

RÉPONSES A LA 9 QUESTION. e

Dans plusieurs circonstances, j'ai remarqué de la part des apprentis un désir louable de suivre et l'église et l'école, et de faire, autant que possible, que leurs enfants suivissent leur exemple.

Oui.

L'assiduité à l'église et à l'école a été régulière.

Le service divin n'a pas été célébré à l'église Saint-Marc pendant le mois dernier, qui comprenait cinq dimanches. L'assiduité des enfants à l'école a été aussi grande qu'à l'ordinaire, mais non égale aux facilités que présente le local.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1835.— GUYANE. 681 DISTRICT

E.

SPRY-BARTLET.

DISTRICT F. GEORGE

KELLOCK.

DISTRICT G.

DISTRICT H.

GEORGE KALL.

THOMAS COLEMAN.

RÉPONSES A LA 6 QUESTION. e

Seulement ceux employés dans Sur toutes les propriétés, les apOn travaille généralement extra Oui, sur presque toutes les prol'intérieur, tels que les machinistes, prentis font un travail extra payé. au prix de 1 guilder dans la plaine, priétés, au prix de 3 à 6 guilders bouilleurs, chauffeurs, etc. Le taux Sur quelques-unes ils sont tous commun des salaires est de 2 stivers payés; sur d'autres, seulement ceux par jour, payés chaque semaine. employés à couper les cannes ou dans les bâtiments. Les salaires sont de 1 bitt à 2 et 3 guilders par semaine. A cause de la grande difficulté à se procurer de la monnaie, on ne paye ordinairement qu'une fois le mois ; il arrive aussi qu'on ne paye qu'après deux ou trois mois et même plus tard.

et de 1 guilder 1/2 pour les travaux par semaine-, à moins qu'on ne de la chaudière. Les payements puisse avoir de monnaie. sont ordinairement mensuels, mais sur quelques propriétés les travailleurs eux-mêmes préfèrent le payement par trimestre.

RÉPONSES A LA 7* QUESTION. .Seulement par un petit nombre de femmes delà plantation Best.

Aucun.

Il ne s'est rien passé de semblable.

Il y a eu quelques exemples d'insubordination, mais aucun d'une tentative de résistance violente à l'autorité.

RÉPONSES A LA 8 QUESTION. e

Ce sont pour la plupart les mêmes Ce n'est qu'au sujet de quelques Il n'a été porté plainte qu'au suIl y a eu plusieurs plaintes contre apprentis qui ont excité des plaintes. apprentis paresseux et turbulents jet des derniers individus. des paresseux et des turbulents, noqu'il a été porté plainte. tamment parmi les femmes. Sur la plantation Alliance, leur conduite a ressemblé à une conspiration ayant pour but de ne point faire une somme raisonnable de travail. RÉPONSES A LA 9' QUESTION. Oui, chez M. Scott; chez le révérend W. Harmatt, à la plantation Hague; chez le révérend H. Fothergill, aux plantations Greenwich-Park et Good-Hope.

Les églises sont toujours remplies Même régularité que d'ordinaire, et les écoles bien suivies. Il n'y a pas et aussi grande que le permet la loassez de place dans les églises pour calité. les apprentis du district, et il y a une pénurie déplorable d'écoles.

Oui.

DISTRICT J.

DISTRICT K.

DISTRICT L.

DISTRICT M.

GEORGE ROSS.

JOHN MAC-LEOD.

A. VAN RYCK DE GROOT.

J. O. LOCKHART-MURE.

RÉPONSES A LA 6 QUESTION. Le travail extra n est pas très en Sur toutes les sucreries, les perOui, moyennant des salaires raiusage, excepté sur les sucreries, où sonnes employées à l'intérieur. sonnables et un prompt payement. quelquefois les bouilleurs et les chauffeurs travaillent ainsi. Les salaires varient; en général ils sont payés par semaine, ou par mois quand on le demande. e

On fait très-peu de travail extra, excepté dans les sucreries. Dans tous ces établissements les personnes employées aux chaudières sont payées.

RÉPONSES A LA 7° QUESTION. Non.

Non.

Non.

Non.

RÉPONSES A LA 8 QUESTION. e

Seulement quelques plaintes au Les femmes de la plantation HigNon. Je ne le crois pas. Cela se sujet d'individus paresseux et turbu- bury ne terminent jamais le travail rencontre parmi les paresseux et lents, en petit nombre. les turbulents. Après examen imun jour de fête. partial , s'ils sont trouvés coupables, on les punit dans les limites de l'ordonnance.

Non.

RÉPONSES A LA 9 QUESTION. e

Oui.

Oui.

Je n'ai rien appris de contraire depuis le départ du révérend Ross pour l'Europe. Le service divin est ordinairement célébré par les ministres des autres paroisses.

Oui.


682 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

DISTRICT A.

DISTRICT B.

QUESTIONS. DIVISION E. —

10 . La cour que vous présidez at-elle été dans la nécessité d'infliger la punition du fouet pendant le mois dernier? Dans ce cas fixez le nombre de délinquants punis, et l'étendue

1 3 2 1 1

des punitions infligées. Comme magistrat, vous êtes-vous trouvé individuellement dans le même cas ?

9

e

I

K.

DIVISION O. — C. H. STRUTT.

HEYLAND.

1 2

30 coups. 25 20 15 12 10

7 coups. 12

M.

LYONS.

Aucune.

3

11 Quelque directeur, inspecteur, ou tout autre ayant de l'autorité sur les apprentis, a-t-il été mis à l'amende ou puni autrement par la cour que vous présidez, pour sa conduite envers un ou plusieurs travailleurs? Avez-vous des exemples de travailleurs retenus au travail au delà des heures légales, et dans ce cas a-t-on fait payer les 1 fr. 25 cent, par heure pour chaque apprenti ?

Pendant ce mois, je n'ai eu à Le directeur de la plantation Woodlands a été puni de 18 fr. 75 c., punir aucun inspecteur, directeur, pour avoir porté une plainte frivole. ni personne pour avoir abusé de II n'y a pas d'exemple d'appren- leur autorité.

12°. Avez-vous reçu pendant le mois dernier quelque plainte d'apprenti au sujet de l'habillement, de la nourriture, du traitement, ou pour tout autre motif? Si cela a eu

Deux plaintes ont été faites par des apprentis contre leurs directeurs, qui les avaient envoyés travailler dans les champs, genre de travail auquel ils établissent n'avoir

e

A.

Aucun.

tis retenus au travail au delà des heures légales.

lieu, avez-vous examiné les cas avec pas été habitués. soin et fait rendre justice autant qu'il

Les plaintes des apprentis en géUn apprenti de la plantation Grove s'est plaint à moi de ce qu'un néral ont eu pour objet des rixes et homme de Lowlands lui retenait quelques cas de jalousie entre eux. un chien qui lui appartenait. Je me suistransporté de suite sur les lieux, et j'ai fait rendre l'animal à son maître. Cette affaire s'est arrangée

était en votre pouvoir ? Dites en termes généraux le nombre et la nature des plaintes qui ont pu vous être faites.

à l'amiable. Je n'ai reçu aucune plainte relative à la nourriture, à l'habillement, etc.

DISTRICT C.

VILLE. — W. J. BRITTAIN.

DISTRICT D.

RIVIÈRE.— CAPITAINE DELAFOUR.

re

RIVIÈRE SUPÉR .— GEORGE ROSS.

CAPITAINE J. À. ALLEN.

RÉPONSES A LA 10'QUESTION.

1 2

20 coups. 10

3

2 1

Non.

15 coups. 24

3 RÉPONSES A LA 11

Aucune personne ayant autorité sur les apprentis de cette division du district n'a été condamnée à l'amende le mois passé. Le reste de la question ne s'applique pas ici.

Un. 15 coups.

e

QUESTION.

Aucune.

Aucune.

Aucun directeur ni autre n'a été condamné par moi à l'amende le mois dernier. Il n'y a pas de preuves authentiques que des apprentis aient été retenus au delà du nombre légal d'heures.

RÉPONSES A LA 12'QUESTION.

Une seule plainte en voies de fait a été portée le mois dernier devant le magistrat de cette division. Cette plainte, examinée avec soin', a été repoussée parce que d'après les preuves elle ne paraissait pas fondée.

Aucune.

*

Une plainte a été portée contre Vingt plaintes ont été portées par un directeur pour avoir frappé un des apprentis durant le mois, et apprenti; mais elle a été retirée par justice a été rendue dans tous les le plaignant. cas, autant qu'il a été possible et désirable pour les intérêts des plaignants.


ÉTUDE DE L'EXP. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1835. — GUYANE.

DISTRICT

E.

SPRY-BARTLET.

DISTRICT F.

DISTRICT G.

DISTRICT H.

GEORGE KELLOCK.

GEORGE KARL.

THOMAS COLEMAN.

683

RÉPONSES A LA 10' QUESTION.

1 3 1 3 1

30 coups. 25 25 20 15

3 3

39 coups. 25

30 coups. 20 15

1 1 3

25 coups. 15

2 2 4

6 5

9

RÉPONSES A LA

Aucun.

Aucune.

11

e

QUESTION.

Il y a eu un travailleur retenu il Un maître a été mis à l'amende pour avoir frappé un apprenti à la besogne au delà des heures légales, et les 1 fr. 25 c. par heure son service. Il n'y a aucun exemple du der- ont été, en conséquence, exigés. nier cas.

e

RÉPONSES A LA

Aucune.

Aucune.

12

QUESTION.

Une plainte m'a été portée par un apprenti contre un directeur pour avoir retenu une partie de ses provisions. On a trouvé, après une enquête, que cette plainte était tout à fait mal fondée.

Quelques plaintes m'ont été portées par des apprentis pour des rixes peu importantes. J'ai soigneusement examiné les cas et fait rendre justice autant qu'il m'a été possible. Deux cas de coups portés par des inspecteurs, sur des apprentis ont été arbitrés, et deux autres de même nature ont été renvoyés à la prochaine cour de justice criminelle.

DISTRICT

GEORGE

DISTRICT

J.

Ross.

DISTRICT

K.

JOHN MAC-LEOD.

A. VAN RYCK DE GROOT.

RÉPONSES A LA

1 2

30 coups. 25

DISTRICT M.

L.

1 à 25 coups.

e

10

QUESTION.

à 30 coups. à 25 à 15

1 1 4

3

J. O. LOCKHART-MURE.

1 1

à 30 coups. à 20

2 6

RÉPONSES

Non.

A

LA

QUESTION.

Non.

Non.

RÉPONSES A LA

Non, excepté les cas dont il a été référé à Votre Excellence.

e

11

12

E

QUESSTION

Non, aucune.

Non.

*

Non.

Non.


684 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

DISTRICT

A.

DISTRICT B.

QUESTIONS. DIVISION O.— C. H. STRUTT.

DIVISION E. — K. HEYLAND.

13. A-t-on, pendant le mois dernier, engagé, sur quelque propriété de votre district, quelques enfants comme apprentis? Si cela a eu lieu, nommez les propriétés, et dites si

Aucun.

Aucun.

A. M.

LYONS.

Aucun.

l'arrangement s'est fait du litre consentement et avec l'approbation des parents de l'enfant. 14. Comment soigne-t-on les enfants dans votre district? Sont-ils nourris gratuitement sur les magasins des propriétés, et distribue-t-on pour eux une provision supplémentaire de bananes et de poisson salé? ou bien sont-ils nourris sur les rations de leurs parents ? Quand les mères travaillent aux champs, désigne-t-on une femme pour avoir soin des jeunes enfants, et la dispense-t-on de tout autre devoir? Quand les enfants sont malades, leur accorde-t-on les soins du médecin et le traitement à l'hôpital , comme lorsqu'ils étaient esclaves ?

On nourrit les enfants et on en Us sont nourris gratuitement. Il y a des femmes désignées pour prend soin comme autrefois; des femmes en sont chargées avec cepté sur celle de Woodlands où on soigner les jeunes enfants. Ils reçoivent des secours quand exemption de tout autre devoir, ne leur accorde pas de poisson salé. quand les mères sont dans les Des femmes sont spécialement ils sont malades. champs. chargées du soin des enfants quand les mères travaillent. Ils ont aussi les soins du médecin Ils reçoivent les secours du méet le traitement de l'hôpital. decin et le traitement de l'hôpital comme précédemment. Les enfants sont nourris gratuitement sur toutes les propriétés, ex-

15. Sur combien de propriétés de votre district y a-t-il des écoles établies? Nommez les propriétés, les propriétaires et les directeurs.

Sur aucune.

16. Avez-vous quelque remarque ou observation à transmettre, concernant la paix, la tranquillité et le bonheur du district placé sous votre direction ? Dans ce cas, expliquez en quoi elles consistent.

Aucune.

Je n'ai malheureusement pas d'éIl n'y a eu aucun changement cole dans mon district, à l'exception dans le nombre des écoles, depuis d'une école du dimanche à Chap- mon dernier rapport. man-Grove, dont le docteur Chapman est propriétaire. Je n'en ai pas ce mois-ci.

Signé K.

Signé

HEYLAND.

Le district est tranquille, et tout y va bien, surtout depuis la dernière quinzaine.

Signé A. M.

C. H. STRUTT.

DISTRICT C. VLL —W. J. BRITTAIN.

DISTRICT D.

RIVIÈRE.—CAPITAINE DELAFOUR.

re RIVIÈRE SUPÉR . — GEORGE ROSS.

e

REPONSES A LA 13

Aucun.

Aucun. LA

La plupart des maîtres opulents Les enfants sont nourris gratuitenourrissent les enfants libres des. ap- ment sur les magasins des proprentis laboureurs. priétés. Des femmes sont spécialement chargées du soin des jeunes enfants, que l'on admet dans les hôpitaux quand ils ne sont pas en bonne santé.

IN est pas applicable à cette division du district.

e

14

CAPITAINE J. A. ALLEN.

QUESTION.

Aucun. RÉPONSES A

LYONS.

Aucun.

QUESTION.

A l'exception des plantations Little-Diamond, Garden-of-Eden et Prosperity, les enfants ont une ration extra de provisions sur toutes les propriétés de cette division. On

Les enfants libres sont ordinairement nourris d'une distribution de bananes et de poisson salé accordée aux mères ; et, lorsque celles ci tra-

vaillent aux champs, une femme est leur accorde sans exception des désignée pour soigner les enfants. femmes pour les surveiller et les Les enfants reçoivent les mêmes soins du médecin. secours médicaux et le même traitement à l'hospice que dans l'état d'esclavage.

REPONSES A LA 15e QUESTION.

Houston et Rome.

Il y a des écoles à Peter's-Hall, Rien de ce qui concerne les écoles Perseverance et la Craig, sous la n'a varié pendant les six derniers surveillance du révérend L. Strong. mois.

e RÉPONSES A LA 16 QUESTION.

Aucun sujet de remarque ne se Ce mois indique un perfectionprésente maintenant. nement continu chez les hommes commes chez les femmes. Signé J. W.

BRITTAIN.

S igné J.

DELAFOUR.

Rien.

Rien.

Signé G. Ross.

Signé J.

A. ALLEN.


ÉTUDE DE L'EXP. ANGL. — CHAP. XIV. — ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1835. — GUYANE. 685

DISTRICT E.

DISTRICT F.

DISTRICT G.

SFRY-BARTLET.

GEORGE KELLOCK.

GEORGE KALL.

RÉPONSES A

LA

Aucun.

Aucun.

e

13

THOMAS

H.

COLEMAN.

QUESTION.

Aucun n'a été engagé ainsi.

RÉPONSES A LA

DISTRICT

e

14

Aucun.

QUESTION.

Sur les plantations Hague, Greenveld et Met-en-Meerzog, ni nourriture ni médecin. Sur les plantations Anna-Catharina, Vreed-en-Hoop, William et

Sur toutes les propriétés les enDe même que précédemment. Il On prend soin des enfants et on fants sont traités comme autrefois, les nourrit comme lorsqu'il étaient n'y a aucune plainte. excepté sur Vertrawen et Bellfied, dans l'état d'esclavage. possédées par M. Bowell, et sur Success, possédée par M. Jones, où Best, pas de nourriture, mais le mé- l'on accorde seulement le secours du médecin. decin. Dans les autres propriétés, il n'y a eu aucun changement.

e

RÉPONSES A LA 15

Sur six propriétés dont les noms sont donnés.

Sur cinq propriétés que l'on Sur une seulement, la plantation nomme. Anna-Regina : James Stewart géreur, et Robert Mackay directeur.

Quatre écoles.

RÉPONSES A LA

Aucune.

Signé

SPRY-BARTLET.

QUESTION.

Le nègre n'a pas une idée juste de la valeur du temps ou de l'argent. Rien n'est plus capable de lui en enseigner la véritable valeur ou d'exciter son industrie, que le payement par semaine pour travail

e

16

QUESTION.

La conduite générale des apprentis de ce district a été des plus exemplaires. Ils ont travaillé avec beaucoup d'assiduité pendant le mois dernier.

extra. Signé Signé

G. KELLOCK.

G. KALL.

Non.

Signé Thomas

COLEMAN.


686 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

DISTRICT K.

DISTRICT J.

GEORGE ROSS.

JOHN

DISTRICT

DISTRICT L.

MAC-LEOD.

A.

M.

J. O. LOCKHART-MURE.

VAN RYCK DE GROOT.

RÉPONSES A LA 13° QUESTION.

Non.

Deux enfants libres ont été engagés apprentis pendant le mois dernier : une fille orpheline, à M"" Mac-Donald, veuve du dernier propriétaire de la mère, comme esclave ; cette fille est maintenant enregistrée comme attachée. L'autre est attaché h la plantation Post avec le consentement, il est vrai, du seul parent existant, le père.

Non.

Non.

REPONSES A LA

14e QUESTION.

Généralement, de même qu'avant On en prend soin comme on Dans la plupart des propriétés le faisait dans l'état d'esclavage. le 1er août 1834. du district, les enfants au-dessous de six ans ont une distribution d'aliments gratuite et les soins du médecin.

Sur trois propriétés les enfants sont nourris sur la ration des parents. Sur d'autres, ils sont nourris gratuitement sur les magasins des propriétés. Sur toutes, des femmes sont désignées pour prendre soin des enfants qui ont les soins du médecin et le traitement de l'hôpital.

RÉPONSES A LA 15 QUESTION. e

Sur trois propriétés dont les Sur six propriétés dont on cite Sur la plupart des propriétés il y a des écoles entretenues par les ap- noms sont indiqués. les noms. prentis eux-mêmes. Sur plusieurs il y a des instituteurs payés, outre les y établissements aux lieux du culte.

Sur aucune.

RÉPONSES A LA 16° QUESTION.

Aucune.

Signé George Ross.

Aucune.

Signé

J. MAC-LEOD.

On recommande, pour l'usage de la commission nommée à l'occasion du rapt des enfants, l'acte du Parlement anglais qui déclare nul le con-

Aucune.

Signé

J. O. LOCKHART-MURE.

sentement d'un enfant au-dessous de dix ans ; acte encore en force dans cette colonie.

Signé A.

VAN RYCK DE GROOT.

Signé

H.

Pour extraits véritables : W. RIDLEY, secrétaire particulier.


ÉTUDE DE L'EXPER. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.—1836.—JAMAÏQUE. 687

ANNÉE 1836. N° 156. § I . LA JAMAÏQUE. er

1.

DÉPÊCHE

du gouverneur à lord Glenelg, sur les bonnes

4.

de M. Cocking. Dispositions des travailleurs à se louer moyennant salaire.

RAPPORT

dispositions des noirs.

Saint-Jacques, 1er mars 1836.

Saint-Yago de la Vega, 6 février 1836. M. Daughtrey me mande, à la date du 23 janvier, que les géreurs de trois des principales plantations à sucre de ce district lui ont assuré que le travail est aujourd'hui pour le

A l'exception de ceux des plantations de Spot-Valley et de Palmyra, les apprentis se louent volontiers pendant le temps qui leur est accordé, sans négliger pour cela la culture de leurs (erres a provisions, qui sont confiées aux soins des femmes.

moins ce qu il était sous l'ancien système. Sur la plantalion de M. Hodgson, à Sainte-Marie, les nègres ont consenti à travailler pendant la récolte, depuis le lever jusqu'au coucher du soleil pourvu qu'on leur tienne compte du surplus d'heures quand la

Signé COCKING, juge spécial.

récolte sera terminée. Celte offre est d'autant plus louable de leur part que la récolte dure presque toute l'année. Aux plantations de Yorhen, Tetchy-Nell, Eagle et Russell-Hall, les nègres sont convenus de faire la récolte en travaillant depuis le lever jusqu'au coucher du soleil, à raison de 4 francs pour la première classe de travailleurs, et de 3 francs pour les autres. Ce sont là, je dois le dire, des conditions dont on ne saurait se plaindre Signé Su GO.

2.

RAPPORT

du juge spécial Welch concernant l'état des terres à provision.

5.

RAPPORT

de M. Daughtrey sur les terres à provisions. Sainte-Elisabeth, 7 mars 1836.

Il résulte des renseignements que j'ai fait prendre sur l'état des terres à provisions, que généralement la culture n'en est pas négligée. Les nègres ont souvent des occasions d'utiliser avantageusement leur temps disponible, mais ils sont trop prévoyants pour ne pas préférer le consacrer au travail que nécessitent leurs terres. Les provisions sont fort abondantes sur la plupart des plan iations. On en vend même en grande quantité. Je peux maintenant constater que, sur trois des quatre plantations à sucre de ce district, le produit de cette année dépassera celui de l'an passé. Signé

J.

DAUGHTREY,

juge spécial.

Warwick, 24 février 1836.

Tous les nègres de ce district sont amplement pourvus de terres à provisions. Les planteurs, loin de se plaindre comme le font les abolitionistes, que ces terres soient insuffisantes, regrettent, au contraire, que les nègres aient tant de facilités pour cultiver la quantité de provisions qu'on leur voit vendre, et qu'ils aient tant de terres à leur disposition. Enfin la qualité des terres à provisions est telle ici qu'elles produisent bien plus aux nègres qu'a ne leur est nécessaire pour vivre. Ils vont en vendre les produits sur le port, dans les basses terres et dans les autres quartiers de la paroisse. Ils en vendent aussi beaucoup à la police.

6.

RAPPORT

de M. Watkins-Jones. Mars 1836.

L'état des terres à provisions du district de Montpellier, en mars 1836, est très satisfaisant. Les provisions y sont même si abondantes, que les nègres offrent de fort beaux ignames à 5 francs les 112 livres. Signé

T.

WATKINS-JONES,

juge spécial.

Signé Arthur WELCH , juge spécial.

7.

RAPPORT

de M. Dillon sur la conduite à tenir par les géreurs.

3.

EXTRAIT

du rapport de M. Baynes sur les mauvaises dispositions de quelques nègres. Saint-Jean, 1 mars 1836. er

Il est à remarquer que, sur presque toutes les plantations, il y a plusieurs mauvais sujets qui n'ont jamais eu pour habitude de cultiver leurs terres, et qui préfèrent encore, au risque d'être découverts et punis , se fournir sur celles des nègres honnêtes et laborieux. Signé

E. D. BAYNES,

juge spécial.

Sainte-Anne,

28

mars 1836.

Il importe aux propriétaires absents de songer à l'avenir après 1840 , et d'insister pour que leurs géreurs adoptent telles mesures qui tendent à se concilier les émancipés, afin de pouvoir compter sur leur concours à l'expiration de l'apprentissage. Aujourd hui l'économe ne songe qu'au présent, je pourrais même dire que c'est là son devoir. On en change souvent puisqu on ne l'estime que d'après la récolte plus ou moins abondante qui! obtient, tandis que c'est des moyens arbitraires ou conciliants qu il emploie pour atteindre ce but que dépend la prospérité future des propriétés. Il y a des propriétés qui pourront etre dépeuplées par des souvenirs amers, et d'autres qui devront leur prospérité à la bienveillance réciproque. Il est


688

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

évident que les spéculations des propriétaires résidents ne se bornent pas au présent; aussi font-ils des récoltes abondantes, tandis que d'autres meurent de faim. La cruauté, je le répète, a disparu dans ce district, et, à bien peu d'exceptions près, je le crois, clans toute la colonie ; mais il y a des nuances légères, provenant du caractère ou du tempérament de l'économe, qui peuvent rendre les nègres heureux et soumis, ou maussades et mécontents. Lorsque le géreur montre de la fermeté et de la bienveillance, on n'a jamais besoin de recourir au magistrat. Signé T. A. DILLON, juge spécial.

8.

RAPPORT de M. Baynes. Saint-Jean,

28

mars 1836.

Les apprentis deviennent do jour en jour plus inatlenlifs et plus insolents envers les géreurs: mais je crois que ceux-ci méritent autant de blâme que les nègres; s'ils persistent, bon gré, malgré, à se servir du même langage, en parlant aux nègres émancipés, que celui qu'ils employaient avec les esclaves d'autrefois, il n'est pas étonnant que parfois les nègres répondent comme des hommes libres. Cela n'existe, du reste, que sur certaines plantations, qui sont devenues les plus agitées de tout le district. Voici à quoi j'attribue principalement ce fait : 1° Au manque d'uniformité dans les heures de travail, au tarif des salaires, et à la distribution des allocations qu'on qualifie d'indulgences pour les distinguer des rations que prescrit la loi. Les irrégularités qu'on signale dans les différents systèmes de gestion sont autant de sources de mécontentement de la part des apprentis de beaucoup de plantations, qui regardent d'un œil d'envie le sort, plus heureux peut-être, de leurs confrères de la plantation voisine. Il ne serait guère raisonnable de vouloir qu'ils donnassent leur travail avec autant de bonne volonté que ceux qui sont plus largement salariés. 2° A la suppression delà demi-journée du vendredi, qui produit aussi beaucoup de mécontentement. Jusqu'à ce qu'il y ait une loi pour déterminer pendant quelle partie de l'année les apprentis seront tenus de travailler d'après le système de huit heures, et à quelle époque le système de neuf heures devra être mis en vigueur; et jusqu'à ce que celte môme loi ne laisse plus à la discrétion des maîtres l'application de l'un ou de l'autre de ces systèmes, on ne peut guère espérer de voir les choses s'améliorer ni les propriétés prospérer; car aujourd'hui les maîtres abusent souvent de cette discrétion et l'exercent imprudemment, quelquefois même contre leurs propres intérêts. L'atelier de Belmont est venu me trouver hier en masse pour me prier de lui faire rendre sa demi-journée du vendredi, comme avant la récolte. Or j'ai continuellement expliqué à ces mêmes gens les dispositions de la loi à cet égard; ils la connaissent, donc aussi bien que moi, j'en suis convaincu. Ils me donnèrent pour raison de cette prière que les apprentis de la plantation de Fuller's-Rest sont rétribués à raison de 3 francs par semaine, en dehors des allocations ordinaires pour le travail supplémentaire, ne comprenant pas ou prétextant de ne pas comprendre que pour eux le cas était complètement différent. Non-seulement les apprentis de Fuller's-Rest sacrifient leur demi-journée du vendredi, mais encore ils travaillent dix heures par jour ; tandis que ceux de Belmont persistent, la plupart du temps, a ne pas vouloir travailler régulièrement, même pour le salaire qu on leur offre. Je ne doute pas néanmoins que la fréquence des plaintes qui m arrivent de Belmont ne provienne de la comparaison que font les nègres de leur position à celle de leurs confrères de Fuller's-Rest. Une loi qui détermine ces divers points est donc très-nécessaire. 3° Au bruit généralement répandu, et auquel on semble ajou-

ter foi, que l'on va abolir la punition corporelle. Ceux qui ont ru la perversité d'insinuer de telles idées aux nègres sont très-réprehensibles. Ce n'est pas que je pense que la flagellation soit une punition convenable sous aucun rapport. C'est même le plus souvent la peine la plus inefficace qu'on puisse appliquer. Cette peine est le comble de l'absurdité lorsqu'il s'agit de réprimer le délit qu'on reproche si souvent aux nègres, celui de ne pas accomplir la tâche de travail que leur impose la loi pour le compte de leurs maîtres, car elle occasionne nécessairement d'elle-même un surcroît de perte de temps. Mais, avant d'abolir cette peine, il est indispensable d'y substituer un mode efficace de correction, qui combine la punition avec la continuité du travail, et qui, tout en forçant l'apprenti d'accomplir les devoirs que lui impose l'acte d'abolition , nuise le moins possible aux intérêts du maître par la perte de temps de son serviteur. L'établissement d'ateliers de correction sur les plantations accomplirait ce but. La punition la plus naturelle et la plus efficace pour réprimer la fainéantise, le refus de travailler, c'est un travail de contrainte et continu. L'usage de l'ignoble collier devra être aboli de suite, ainsi que celui des fers pour les femmes. La loi devrait régler la qualité et la quantité des aliments, comme elle fixe la peine en raison do la gravité du délit. Je me suis aperçu, il y a longtemps, de l'inutilité de punir, en masse ou individuellement, les individus trial disposés ou les réfractaires parla retenue du temps qui leur appartient. A" Aux mesures très-imparfaites qu'on a prises jusqu'ici pour l'instruction morale et religieuse, et à l'apathie avec laquelle une question d'une importance si majeure est envisagée par presque tout le monde. Les nègres n'ont réellement fait encore aucun progrès dans la connaissance des obligations sociales et morales connaissance qui leur serait si éminemment utile. Il existe toujours chez eux la même indifférence pour le bien d'autrui. Ils sont toujours adonnés à la polygamie, et ils recherchent toujours ce mélange confus des deux sexes qui facilite leur passion pour le libertinage. Il est .rai que les mariages sont plus fréquents, mais ni les hommes ni les femmes n'envisagent le mariage comme un obstacle au concubinage qui, du reste, est une passion chez eux. Us apportent presque partout les enfants aux fonts baptismaux : mais, parmi le grand nombre de nègres avec lesquels j'ai eu occasion de m'en entretenir, j'en ai à peine trouve cinq qui eussent d'autre idée do cette cérémonie religieuse, sinon que c'est de celle manière que les blancs donnent un nom. Comment peut-il en être autrement? L'église de notre paroisse, dont la population d'hommes libres et d'apprentis se monte a environ 7,000 âmes, ne peut contenir que 116 personnes ; ce qui ne fait que le tiers d'une seule plantation, celle de Lloyd, a laquelle elle louche. A Luidas il y a une succursale ; il y a aussi deux établissements de méthodistes, mais c'est là tout ce qui a été fait pour le progrès moral de la parosise Saint-Jean. Il est excessivement pénible de penser que presqu'un tiers du temps d'apprentissage s'est écoulé sans que l'on ait pris une seule mesure en faveur de l'instruction. C'est un reproche public. La culture du sol est satisfaisante à peu d'exceptions près ; mais, à cause du temps, la récolte de celle année sera au-dessous de celle de l'an passé. Les terres à provisions sont en très-bon état; cependant les nègres ne semblent pas en avoir augmenté la culture en raison du temps qui est maintenant à leur disposition. Signé E. D. BAYNES, juge spécial.

9.

RAPPORT

de

M.

Reynolds.

Farrington-Castle,

29

mars 1836.

le sais que les apprentis de mon district sont fort désireux de gagner de l'argent et d'utiliser leur temps libre. Les observalions que j'ai à faire sur les apprentis de la plan-


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. —1836. —JAMAÏQUE. 689 tation de Corbey-Castle n ont pas pour but de porter atteinte à leur réputation, que je sais bonne; mais j'ai appris dernièrement qu ils refusent de travailler à moins de 3 francs par jour, bien que, l'an passé, le même atelier ait travaillé de bon cœur moyennant 1 fr. 6o cent, à 2 fr. 5o cent, par jour. A mon avis donc, on devrait fixer un tarif de salaires qui assurât à la fois l'intérêt du maître et celui de l'apprenti. Je pense que le prix de 1 fr. 6o cent, à a fr. 5o cent, serait très-raisonnable, puisque la plupart des apprentis sont amplement pourvus d'excellentes provisions. Signé J.

1 0.

RAPPORT

REYNOLDS,

juge spécial.

de M. Davies sur les dispositions et la condi-

tion présumées des noirs après l'affranchissement. Highate,

29

mars 1836.

Il y a des gens qui croient que les nègres seront bien aises de travailler moyennant salaire à l'expiration de l'apprentissage. Je ne suis pas de leur avis. Ce n'est pas que je considère les nègres comme plus ou moins disposés à travailler que les autres manœuvres des contrées des tropiques ; mais je fonde mon assertion sur ce fait, qu'il n'y a pas une seule famille de nègres qui n'ait au moins 5oo francs à sa disposition. Avec cette somme, ils peuvent acheter de 6 à 8 arpents d'excellent terrain, et avoir encore ce qu'il faut pour acheter des provisions jusqu'à leur récolte. Ce terrain sera excessivement productif, et les enfants pourront le cultiver sans le secours des parents. Dans peu de temps , ils auront des porcs qui se nourriront de fruits ; ils auront de la volaille en grande quantité, et ils cultiveront l'huile, l'arrow-root, le poivre, le piment, le tabac, et probablement un peu de gingembre et du café. Tous ces produits ne nécessitent qu'un travail peu pénible. Ils leur constitueront une existence aisée et leur procureront tout ce dont ils ont besoin.

sur celles du voisinage , quand surtout ils ont la certitude que le salaire leur sera régulièrement payé. La bonne volonté que manifestent maintenant les nègres de consacrer une portion de leur temps au travail salarié, nonobstant la dureté de celui qu'on leur impose sur les plantations et celui que nécessite la culture de leurs terres à provisions, est si évidente, qu'il faudrait être aveugle et impudemment obstiné pour soutenir que les nègres ne voudront plus travailler quand ils seront libres. J'ai parlé autre part des empiétements qu'on fait dans certaines plantations sur le temps qui appartient aux nègres. C'est un système qui ne laisse pas que de produire beaucoup de mécontents. Le défaut de montres ou d'horloges publiques les empêche de préciser leurs plaintes à ce sujet ; mais je ne doute pas néanmoins qu'elles ne soient quelquefois très-fondées. S'il y avait moyen d'empêcher ces abus, je suis convaincu qu'il en résulterait beaucoup de bien. Une disposition qui prescrirait aux géreurs de faire annoncer les heures au son de la trompe pourrait être regardée comme trop assujettissante par plusd'un planteur; l'expérience me prouve cependant qu'elle tendrait à rendre les nègres plus gais et plus laborieux, tandis que maintenant la mauvaise volonté et la négligence qu'ils manifestent pendant le travail démontrent combien ils sont mécontents, et combien ils haïssent les géreurs. Un autre sujet de plainte pour les malheureux nègres, c'était l'usage démesuré que faisaient certains géreurs du prétendu droit d'enfermer les individus où bon leur semblait ; mais, grâce à mes efforts, j'y ai porté remède. Signé R. L.

12. RAPPORT

COOPER,

juge spécial.

de M. Odell sur le même sujet. District de Montpellier,

29

mars 1836.

Ils posséderont même une petite ferme. Ce serait donc leur faire une sorte d'injure que de supposer qu'ils seront assez insensés pour négliger ce petit avoir et continuer de travailler pour autrui. Des nègres m'ont même demandé si cela leur se-

Quant au résultat à espérer des récoltes de cette année, comparativement à celles de fan passé, d'après les renseignements très-positifs que j'ai pu recueillir, il y a lieu de craindre une diminution sensible, soit de 10 p. 0/0, ou, pour

rait permis après l'apprentissage. Vous voyez que je ne parle pas ici contre les nègres ; j'admets qu'ils sont aussi laborieux que les paysans anglais : mais cela ne tend qu'à donner plus de force à mon raisonnement. La nature de l'homme est toujours la même ; et où est celui qui, doué de son bon sens, voudra faire une seule journée de travail pour un autre, lorsque lui-même peut devenir propriétaire d'une ferme, qui, fût-elle même peu étendue , lui procurera toujours une certaine aisance ?

mieux dire, de 10 barriques sur 100, au minimum, suivant l' opinion des personnes les plus expérimentées. On peut attribuer ce résultat surtout à ce que, l'an passé, beaucoup de géreurs ont

Signé Thomas

11. RAPPORT

DAVIES,

juge spécial.

de M. Cooper.

Leeward (New-Green-Island),

29

mars 1836.

Le travail d'agriculture, me mande-t-on de toutes parts, est beaucoup plus avancé que l'an passé à pareille époque. Le travail volontaire des apprentis n'y a pas peu contribué. Un entrepreneur respectable de ce district m'a assuré que, là où autrefois il faisait faire 100 trous, il n'a pu arriver cette année qu'à 2 5. Il attribue ce déficit de 75 p. 0/0 à l'usage de faire travailler les apprentis sur les plantations pendant leur temps disponible. Ce ne sont pas seulement ceux qui travaillent avec la houe qui disposent ainsi de leur temps, mais encore les porteurs de lettres , les charretiers, les pêcheurs des plantations, les attrapeurs de rats; les domestiques euxmêmes recherchent avidement le travail sur leurs plantations, on II.

employé tous les travailleurs de leurs plantations aux opérations de la récolte , et ont retardé beaucoup plus qu'à l'ordinaire les préparatifs de celle de cette année. C'est au point qu'il semblerait presque qu'à cette époque les géreurs auraient eu si peu de confiance dans la réussite du nouveau système, qu'ils auraient tout sacrifié pour la récolte alors sur pied, laissant tout le reste au hasard. Maintenant que la réussite du système est constatée, la plupart semblent désireux de se conformer à la position différente, dans laquelle ils se trouvent placés vis-à-vis des apprentis, et de s'occuper activement de la culture des diverses plantations confiées à leurs soins. Sur quelque-unes des principales plantations les administrateurs et les géreurs paraissent disposés à donner un salaire aux apprentis , et ceux-ci ne le sont pas moins à le recevoir Signé John

13.

RAPPORT

ODELL,

juge spécial.

de M. Pryce.

Paroisse de Trelawney,

29

mars 1836.

Il y a évidemment un manque d'uniformité dans les heures de travail, telles qu'elles sont fixées par la loi. L'in-

44


e

690 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE troduction de râlions de harengs, etc., produit un très-mauvais effet. On devrait immédiatement abolir ce système, et apprendre au maître et à l'apprenti à ne plus dépendre en cela l'un de l'autre. Je n'ai pas besoin de vous dire combien de contestations et de mécontentements ces allocations, que la loi ne prescrit pas, ont occasionnés entre les géreurs et les apprentis , parce que la distribution en est à la seule discrétion du planteur. Conformément aux instructions de Votre Excellence, j'ai pris des renseignements très-positifs sur l'état actuel des terres à provisions. J ai tout lieu de croire que les plantations sont toutes amplement pourvues de terres dans les montagnes, et que les nègres les cultivent comme à l'ordinaire. Les plaintes fréquentes qu'ils font les uns contre les autres au sujet de leurs terres, de de leurs jardins et de leurs habitations, prouvent qu'ils s'en inquiètent beaucoup plus qu'autrefois, A défaut de l'impulsion qu'il serait si important de donner à l'éducation morale et religieuse, rien ne peut avoir plus d'influence pour leur faire prendre à cœur leurs intérêts et leur bien-être futur que d'exciter en eux l'amour de leurs habitations, de leurs jardins, de leurs terres, et enfin des tombeaux de leurs pères. J'ai déjà eu l'honneur de vous dire que les apprentis adultes croupissaient dans un état déplorable d'ignorance, que les enfants libres étaient élevés dans l'oisiveté et dans le vice, et qu'il n'y avait pas une seule chapelle ni une seule école dans ce district si populeux. Depuis lors, M. Tharp a fondé un établissement à Good-Hope, pour l'éducation gratuite des enfants libres et des apprentis adultes de ses plantations et de celles de ce district. Il en a confié la direction au révérend Percival Burtor membre distingué de l'Église orthodoxe, et desservant de Hanovre. L'ouverture en a eu lieu le 1er janvier dernier; les enfants et les adultes y accourent en grand nombre, et font déjà de grands progrès dans les divers degrés de l'instruction morale élémentaire. Un grand nombre de blancs, de marrons et de noirs fréquentent cette école; leur conduite est exemplaire, et, chose curieuse, ce local était destiné dans l'origine à un atelier de punition ou à une maison de correction : toutes ces circonstances établissent un contraste tranché entre le temps d'autrefois et l'état de progrès et d'amélioration éclairée de la société actuelle. L'école de Good-Hope est le seul établissement de ce genre que possède notre district, qui a une population de 10,000 âmes, dont 2,000 enfants libres. Votre Excellence sentira combien il serait essentiel de combler les vœux de la population, en assurant à ce district les moyens d'augmenter le nombre de ces établissements, qui tendent si évidemment au bien-être de tous. Dans le voisinage des plantations de Westonfavel, GallesValley et York , on ressent bien vivement le besoin d'une école; il se trouve, sur cette dernière propriété, un bâtiment construit en pierres de tailles, qui pourrait recevoir cette destination. Il ne serait pas moins urgent d'en établir une sur la ligne orientale, dans le voisinage des plantations de la Forêt, de Linton-Park et de Chester. En général, les apprentis cherchent avidement à utiliser leur temps. Sur certaines plantations, on leur accorde de 1 fr. 80 cent, a 3 francs par journée de dix heures. Ils sont contents, et l'on est content d'eux. Les plaintes diminuent, et les punitions sont devenues trèsrares , comme Votre Excellence pourra le voir par mes rapports. Il manque cependant un peu d'activité. Les opérations de la récolle elles travaux de culture sont en général beaucoup plus avancés qu'ils ne l'étaient l'an passé à pareille époque. Les planteurs en augurent bien pour l'avenir, et semblent ne faire aucun doute que la récolte de cette année sera la moins productive de toutes celles qui se feront désormais sous l' empire du système d'apprentissage ; système dans lequel j'ai pleine confiance. Signé S. PRYCE.

14.

de

RAPPORT

M.

Mac-Leod.

Sainte-Dorothée, 30 mars 1836.

A l'égard de la conduite des maîtres envers les apprentis, il est satisfaisant de remarquer que le nombre des plaintes de la part des derniers a subi une diminution sensible. II y a plus de sept mois que je ne me suis vu forcé d'infliger la plus petite amende pour mauvais traitements exercés sur les nègres par les maîtres ou les géreurs. Les maîtres se montrent, au contraire, fort indulgents, et traitent leurs apprentis avec beaucoup de bonté. En cela, ils sont d'autant plus dignes de louanges que la plupart d'entre eux, sinon tous, sont frappés de l'idée que la fin de l'apprentissage amènera tôt ou tard la ruine totale des neuf dixièmes des plantations à sucre de la Jamaïque, à moins qu'on ne s'y prenne à temps pour la prévenir par des mesures sages et efficaces. Il y a dans notre colonie une vaste étendue de terres incultes. Ces terres se vendent à un très-faible prix. Les nègres ont dès lors la facilité de les acquérir et d'y cultiver très-avantageusement divers produits coloniaux, tels que le café, le gingembre, le tabac. Les propriétaires craignent donc que les nègres, sans qu'il y ait en eux, pour cela, la moindre tendance à une mauvaise conduite, n'évaluent leurs services beaucoup au delà de ce que pourront donner les planteurs. A part quelques-uns dont les plantations sont plus favorisées que les autres, ils restent frappes de cette idée. A mon avis, leurs craintes ne sont que trop fondées. Voyez les salaires élevés que se font déjà donner les émancipés pour les ouvrages à la tâche. Quelle que soit l'exactitude de ces prévisions, il ix'en est pas moins vrai que les planteurs sont consternés; ils sont convaincus qu'à moins de mesures et de précautions, dont jusqu'à présent il n'est pas question, l'année 1840 amènera des désastres incalculables pour la plupart d'entre eux. Ainsi, je le répète, dans cet état de choses, je considère que leur conduite envers les apprentis mérite les plus grands éloges. Signé J.

15.

RAPPORT

L. MAC-LEOD.

de M. Gregg. Trelawney, 3o mars 1836.

J' ai calculé que la diminution du produit serait de 15 à 16,000 barriques de sucre. A mon avis, il faut attribuer ce fait a la perle de travail qui résulte 1° des dispositions prescrites par la loi pour abolir les marchés du dimanche ; 2° de la détention ou de l' emprisonnement que l'on fait subir aux nègres dans les maisons de correction, au lieu de leur infliger une peine sommaire, comme la punition corporelle ; 3° des décès qui n'ont pas été compensés par le nombre des naissances ; h" du système assez généralement suivi quant à la coupe des cannes. Mais l'augmentation du prix de vente est plus qu'une compensation de ces pertes. Signé

16.

RAPPORT

G.

D.

GREGG,

juge spécial.

de M. Noland. Olive-Park, 3o mars 1836.

Sur toutes les plantations de cette paroisse, les apprentis, dont le nombre total s'élève à 7,000, acceptent volontiers le salaire qu'on leur offre, et travaillent de bon cœur. Ils gagnent 3 francs par semaine en sus des rations ordinaires. Il y en a


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. — ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1836. même a qui on donne jusqu a 5 francs. Ils travaillent, comme autrefois, nuit et jour, pendant cinq jours de la semaine, et ils restent même aux chaudières, le samedi, jusqu'à une heure. Je me suis efforcé, dans toutes mes visites officielles, d'inspirer une réciprocité de bons sentiments entre le maître et l'apprenti, Non-seulement j ai réussi, mais encore , dans ce riche district, la bonne volonté et la conduite exemplaire des apprentis, pendant la récolte, ont été au delà de ce que pourrait en attendre la confiance la plus hardie Ils sont tellement désireux de gagner de l'argent pendant leurs heures libres , que ceux qui habitent sur des plantations où l' on n a pas de travail à leur donner s'engagent, chez les propriétaires voisins, pour porter des cannes et charger des charrettes, depuis le coucher du soleil jusqu'à minuit, moyennant 1 franc. Les charpentiers et les artisans, qui forment la classe la plus éclairée, travaillent toujours le samedi, quand ils trouvent de l'occupation, à raison de 4francs par jour. La méfiance des nègres relativement au payement des salaires n'existe plus. On les paye maintenant avec la plus grande exactitude à la fin de chaque semaine On emploie la charrue avec assez de succès dans mon district, et j'ai tout lieu d'espérer de la voir employer sur toutes les plantations avant l'expiration de l'apprentissage. On ne doute plus maintenant de la réussite du système, et on ne s'inquiète plus que du résultat pour 1840. La bonne volonté avec laquelle les

JAMAÏQUE. 691

tis, pendant leur temps libre, creusent les trous , à raison de 144 pour 4 fr. ; ce qui est deux fois autant qu'ils n'en pourraient faire, si le sol n'avait pas été déjà allégé par la charrue. Les terres à provisions sont bien mieux cultivées qu'autrefois , et ce n'est qu'en les inspectant de près qu'on peut se former une idée de la belle culture et de la fertilité du sol. Dans aucune partie de l' île le sol des montagnes n est plus propice à la culture des légumes et de l'igname que celui de notre district. Je n'ai à vous signaler aucune tentative, de la part des propriétaires ou des géreurs, ayant pour objet de restreindre l'étendue des terres à provisions. Signé Ed. B.

17.

EXTRAIT

LYON

, juge spécial.

dune dépêche du gouverneur à lord Glenelg. Saint-Yago de la Vega, 17 avril 1836.

C est la paroisse de Saint-Yago de la Vega1, qui est la plus mal gérée de toutes , bien qu'il y ait amélioration sensible, comme vous pourrez le voir d'après le n° 9. J'espère que celle paroisse ne lardera pas. à se mettre au niveau des autres. Signé

SLIGO.

apprentis semblent accepter le salaire qu'on leur offre ne laisse plus rien à craindre. Quant à moi, j'ai la plus entière confiance que les craintes des alarmistes, relativement au résultat pour 1840, ne se réaliseront pas. Je suis, chaque jour, plus convaincu que l'apprenti, quand il sera définitivement libéré, ne demandera pas mieux que de travailler moyennant salaire, et qu'il sera facile de s'en procurer un nombre suffisant pour entretenir la culture des plantations. D'un autre côté, si on ne prend pas de mesures pour les vieillards et les infirmes, à l'expiration de l'apprentissage, l'émancipation , au lieu d'être pour eux un bienfait, les plongera dans la plus profonde misère; car ils seront alors privés des soins et des secours que leur donnent leurs maîtres, qui maintenant ne les laissent manquer de rien. J'ai, plusieurs fois, eu occasion de voir des gens de couleur, émancipés il y a longtemps, tombés dans l'état le plus déplorable, et ne comptant que sur leurs parents pour vivre. Signé James

16 bis.

RAPPORT

de

NOLAND,

M.

juge spécial.

Lyon.

Palmetto-River (Saint-Thomas-dans-l'Est), 6 avril 1836.

J'aurais pu rédiger mon rapport spécial sur l'état de ce district pendant le dernier trimestre, en relevant de mes rapports hebdomadaires tout ce que je vous y ai mandé relativement à la bonne conduite des apprentis pendant les quinze derniers mois. Ils sont très-laborieux et font la même quantité de travail ordinaire que pendant l'esclavage; même sur certaines plantations ils en ont fait davantage. Sur les plantations de Blue-Mountain, Halle-Had et Mount-Pleasant, on a fait usage de la charrue par des nègres, pendant toute la saison et avec assez de succès. Les trous de cannes ont été achevés, sur les plantations de Blue-Mountain, sans qu'on se fût servi de la boue. Ou doit faire au printemps l'essai de la charrue, à Buckingham ; et, d'après les succès qu'on a obtenus partout ou on en a tenté l' expérience, je ne doute pas qu'on ne finisse par s en servir sur toutes les plantations de ce district, où la nature des terres le permettra. A Hall-Head, où la terre n'est que retournée sans que les trous soient formés par la charrue, les appren1

18. EXTRAIT

dune lettre de AI. Edwards, juge spécial. 29

juin 1836.

Sans pouvoir développer d'une manière pratique la méthode qu on devrait suivre pour arriver à une estimation exacte du travail des apprentis, je dois avouer cependant que , si l' on emploie pour évaluer ce travail, comme on le fait, je crois, en général, un point de comparaison tiré du travail des esclaves, on ne peut obtenir aucun résultat pratique. L histoire la dit, et la statistique des nations l'a confirmé, que le reflet ou l'éclat d'opulence qui a marqué le progrès des sociétés à esclaves ne devait son origine qu'au travail de l' homme arraché par une violence presque intolérable. Les faits répandus dans tous les documents que nous possédons relativement à l'esclavage clans les colonies de Sa Majesté, aux Indes occidentales, autorisent suffisamment à conclure que la Jamaïque n'était pas moins prodigue que les autres des moyens coercitifs regardés comme utiles pour obtenir du travail, avant que les lois qui règlent ce travail dans les sociétés libres n'eussent été mises en vigueur ici. Un peuple travaillant sous le fouet de l' esclavage pourrait, pendant quelque temps, être forcé d'exécuter une quantité d'ouvrage extraordinaire ; mais le travail des esclaves n'a point la faculté de reproduction ; il porte en lui le germe de sa propre destruction, et, à mesure que l'esclave devient la proie des maladies ou de la mort, le luxe et l'opulence dont il était l'agent involontaire , le suit au tombeau. On ne peut donc pas supposer que le travail de l'apprenti, obtenu seulement par la crainte de punitions légales et nécessaires , puisse être comparé au travail de l eslave, forcé et arraché par un pouvoir arbitraire. La supériorité du travail, dans le premier cas, se reconnaîtra à son application uniforme et régulière, à son influence sur l' accroissement de la population et au perpétuel renouvellement de motifs redoublés de travail. Signé D.

EDWABDS,

juge spécial.

Saint-Yago de la Vega est pourtant la résidence du gouverneur de la colonie. *

II.

44.


692

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIECES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. 19.

EXTRAIT

d' une lettre de M. Fishbourne.

Dower-House (Saint-George), 3o juin 1836. Certainement la diminution que l'on craint dans les produits ne peut, sans injustice, être atribuée aux apprentis ; car il est reconnu, par tous les directeurs de mon district, qu'ils ont rempli leurs devoirs, et que les champs sont dans un très-bon état de culture. Quelques personnes attribuent cette diminution à un mauvais rendement, d'autres à ce que les cannes ont été coupées avant qu'elles ne fussent mûres. La saison, quoique très-favorable pour l'avancement de la récolte de l'année prochaine, n'a été ni assez chaude ni assez sèche pour mûrir les cannes de celle-ci; la continuation de la pluie et l'absence du soleil n'ont permis aux cannes que de croître en hauteur; c'est pour cela, sans doute, que partout où les cannes sont fortes la quantité de sucre quelles rendent n'est point du tout, maton dit, en proportion avec leur grosseur.

tant souffert, pendant plusieurs semaines, que, selon mon opinion, il s'ensuivra, pour la récolte prochaine, un mal irréparable L'autre cause parait dépendre d.es planteurs. On se rappelle que Tannée dernière, soit inertie de leur part, ou manque de confiance dans l'action du nouveau système, et je crois que cette dernière raison est la plus probable, il n'y eut qu'une fort petite quantité de cannes plantées. Comme conséquence naturelle, la récolte qui vient d'être terminée présenta un déficit d'au moins 12 barriques p. o/o. Revenus de leur fatale erreur, les planteurs ont essayé d'en réparer les effets; mais je crains que la récolte prochaine ne prouve combien la méthode qu'ils ont employée a été peu judicieuse. Tous les efforts ont tendu à établir une vaste quantité de plants de cannes, tandis qu'on a négligé le sarclage de champs entiers de rejetons; tellement que je suis informé, par une personne de la plus grande expérience , que la quantité des cannes de celte espèce, restées improductives, contre balancera tous les résultats que Ton aurait pu espérer de l'augmentation de la culture des premiers plants.

L apparence des récoltes, au commencement de Tannée, avait permis d'espérer et de promettre qu'avant le 1er août prochain un notable accroissement pourrait avoir lieu dans la production. Ces promesses ne peuvent maintenant se réaliser qu'en coupant les cannes qui ne sont pas encore mûres, et qui rendraient bien davantage si on les laissait plus longtemps sur pied. Plusieurs planteurs de grande expérience atlribnent à cette coupe prématurée la diminution de produit à laquelle on doit s'attendre. Les cannes ont été fort endommagées, au commencement de l'année, par le bétail; et les vols de cannes à sucre dans les champs sont, depuis peu, devenus très-fréquents.

Signé John

21.

EXTRAIT

ODELL,

d'une lettre de

M.

juge spécial.

Harris.

30 juin 1836.

le n'ai aucune raison de rien changer à mes anciens rapports sur le bon traitement des apprentis par les maîtres et les directeurs ; il en est plusieurs dont la philanthro-

Les provisions sont, en général, abondantes; il n'y a que les marrons et les paresseux, qui, ne cultivant pas régulièrement

pie mérite les plus grands éloges ; mais il en est d'autres dont la générosité est loin d'être aussi grande. Si les préjugés des anciens temps, si profondément enracinés, pouvaient être entière-

leurs provisions, puissent se plaindre de manquer de nourriture. Et encore , en travaillant le samedi, ils pourraient, au prix actuel

ment extirpés , et que Ton pût faire considérer les laboureurs comme des frères, il en résulterait le plus grand bien.

des provisions, se procurer abondamment de quoi vivre pendant une semaine; ainsi, s'ils veulent seulement travailler, ils ne peu-

Quant à la culture des terrains à provisions des nègres, dans ces derniers temps elle a été évidemment négligée. On s'en plaint souvent, mais les maîtres n'ont point prêté leur aide pour arrêter ce mal, qui va en augmentant. La 38° section de la loi

vent manquer de rien. Je suis convaincu qu'à plusieurs égards les nègres ont rapidement avancé, et qu'ils font encore des progrès. Il n'y a pas de gens plus respectueux ou moins enclins à la turbulence ou à l'insubordination. Dans mon opinion, leur conduite dépend beaucoup des économes. J'ai observé que c'est toujours sur des propriétés où les nègres sont traités avec libéralité et avec douceur, où on leur accorde leurs anciennes allocations, et où Ton sait leur pardonner de petites fautes, qu'ils se conduisent le mieux,

d abolition n'est faite que dans l'intérêt seul du maître, s'il veut s en autoriser. Quelques individus, qui ont des apprentis à diriger, semblent avoir tout dit quand ils ont affirmé que les apprentis ont des terrains à cultiver, qu'ils ont beaucoup de temps à eux et que c est leur faute s'ils manquent de provisions ; mais on peut douter que le temps qui leur est alloué leur suffise. Le système

qu'ils paraissent en meilleure santé et que Ton a le moins besoin du juge. Dans les propriétés où Ton suit un système différent,

de huit heures est pernicieux et directement opposé à l'esprit, à la véritable intention et au sens de l'acte d'abolition. Les quatre heures et demie accordées par semaine aux apprentis pour la cul-

où Ton retient encore les allocations et où Ton use de rigueur. les esclaves se conduisent le plus mal, vont le plus fréquemment à l'hôpital et paraissent le moins vigoureux.

ture de leurs terrains sont entièrement perdues pour eux, parce qu on les leur donne au milieu des jours de travail de la semaine, alors qu' ils ne peuvent aller jusqu'à leurs terrains. En leur

Signé

20.

EXTRAIT

FISHBOURNE,

d'une lettre de

M.

juge spécial.

Odell.

3o juin 1836.

donnant, au contraire, la moitié de chaque vendredi, ou chaque quinzaine un vendredi tout en entier, ils n'auraient pas d'exuses pour ne pas travailler à leurs jardins. Le samedi devrait être libre, afin qu'ils pussent porter le fruit de leur travail au marché, ou cultiver la terre, à leur choix. Il faudrait aussi que le dimanche fut consacré à l'instruction religieuse. A une ou deux exceptions près, les propriétés de mon district sont soumises au système de huit heures, les maîtres semblent déterminés à l'adopter.

Je voudrais pouvoir faire, sur les préparatifs et les espérances de la récolte de Tannée prochaine, un rapport plus favorable que mes renseignements ne me le permettent. Deux causes, dont lune est au-dessus du pouvoir humain, ont concouru à détruire, sur la plupart des plantations, l'espoir d'une récolte plus abondante, peut-être même aussi abondante qu'à l'ordinaire. Il y a environ quatre mois que ce district fut ravagé par la rougeole, qui sévit cl une manière jusqu'à présent inconnue. Les hôpitaux des plantations étaient remplis de personnes des deux sexes et de tous les âges. Les travaux d'agriculture en ont

Signé

22.

EXTRAIT

J. HARRIS,

d'une lettre de -M.

juge spécial.

Watkins-Jones.

Rio-Magno, 13 juillet 1836.

Les apprentis ont reçu leurs vêtements et les soins du médecin, et, sur la plupart des propriétés, ils ont reçu


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. — ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.—1836.— JAMAÏQUE. 693 même plus que la loi ne leur donne. Ils ont des terrains à eux et des provisions en abondance; il y en a qui ont deux ou trois chevaux pour porter leurs provisions au marché; il en est bien peu qui n aient pas un âne, et tous ces animaux sont nourris dans les pâturages des maîtres. Ils ont aussi des chiens, des chèvres et de la volaille tant qu'ils en veulent. Le nègre, à moins que ce ne soit par sa faute, peut être le plus heureux de

avec elle l' extinction presque totale des plantations de sucre a la Jamaïque; maintenant cette idée est encore plus générale quelle ne l'était il y a six mois, et, dans mon opinion, sans des efforts extraordinaires et sans quelques sacrifices de la part de la métropole, il est probable que les craintes des planteurs seront réalisées. La population de la Jamaïque est si minime

tous les paysans, car il vit dans un climat où les vêlements sont presque superflus. Il0 ne travaille que quarante heures et demie

en comparaison de la vaste étendue de terres incultes de la colonie et de son incroyable fertilité, qu'en raisonnant d'après les premiers principes d'économie politique nous ne pouvons douter

par semaine ; son maître est obligé par la loi de lui fournir tout ce qui est nécessaire à la vie, et la quantité de fruits rafraîchissants en même temps que nourrissants et de légumes, qui abon-

que, au moment où la liberté complète sera proclamée, les salaires des laboureurs s'élèveront au point qu'il sera impossible de

dent dans ce pays, lui donne la faculté de vivre pendant six mois sans le moindre effort pour cultiver. Il ne trouve pas à sa porte le collecteur de taxes ; il n'y a point de shériff qui puisse l'arrêter pour dettes, et point de garde forestier qui l'empêche de ramasser autant de combustible qu'il lui plaît; tout ce qu'on lui demande c'est de travailler diligemment pour son maître, et de ne point voler : cependant je suis peiné de dire que le nombre des crimes va toujours en augmentant; et comme, depuis mon dernier rapport, il n'y a pas eu moins de cinq délits de commis dans ce district (principalement pour effraction de magasins appartenant à des propriétés), je désirerais que l'on examinât s'il ne faut pas user de toute la vigilance et de tous les efforts possibles, pour mettre fin à des actes si funestes aux intérêts et à la paix de la colonie. Signe J.

23.

EXTRAIT

WATKINS-JONES,

d'une lettre de

juge spécial.

continuer la culture du sucre. Dans les circonstances actuelles, la probabilité ou plutôt la certitude de l'augmentation de salaires à laquelle on s'attend estdoublement confirmée, et par le taux de louage pour les travailleurs extra, et par le fait que d'un bout de la Jamaïque à l'autre on ne voit pas une seule personne libre travailler dans les champs moyennant salaire. Ces considérations, et bien d'autres encore, me portent à penser comme les planteurs sur leur situation présente, et, sans des efforts considérables et de grands sacrifices de la part de la métropole, tels qu'une immense immigration avec une réduction importante des impôts sur les principaux articles des produits coloniaux, je crois, fermement que les propriétaires et les planteurs de la Jamaïque sont menacés d'une ruine générale à la lin de l'apprentissage. Du reste, que ces idées et ces suppositions soient justes ou non, il est certain quelles sont vivement entretenues parmi les planteurs de la Jamaïque; dans de telles circonstances, la bonté, la douceur et l'indulgence qu'ils témoigneront envers les apprentis leur donnent droit aux plus grands éloges. A l' égard des progrès futurs de l'apprentissage, et de la manière dont il pourra continuer, j'ai déjà dit que, vu l'immense

M.

Mac-Leod. 1er juillet 1836.

diminution de travail résultant de l'acte d'abolition, ce serait une erreur de s'attendre à ce que même, avec la meilleure conduite de la part des apprentis, le produit du terrain soit égal à celui qu'on en obtenait dans le temps de l'esclavage. Depuis ce

Les plaintes contre les nègres sont moins nombreuses, et elles sont d'une nature moins sérieuse que vers le commencement

rapport, j'ai eu des raisons de croire que, même durant l'ap-

de l'apprentissage. Je dois cependant reconnaître que, dans mon district, durant le semestre qui vient de s'écouler, elles ont été

prentissage, la production de l'île diminuera annuellement; mais cette diminution sera l'effet de la différence dans les rejetons de

plus nombreuses que durant le semestre précédent. Les apprentis exécutent, dans un temps donné, une somme d'ouvrage beaucoup plus considérable qu'ils ne le faisaient avant

cannes plantés par le travail des esclaves, et, en conséquence, ne pourra nullement être attribuée à l'action du système d'ap-

l'apprentissage.

qu'entre je moment présent et l'année 1840 on obtiendra une récolte beaucoup plus considérable qu'on n'en a jamais fait, dans un espace de temps égal, à aucune époque précédente de

Leurs terrains particuliers sont aussi, généralement parlant, dans un état de culture beaucoup plus satisfaisant qu'ils ne l'ont jamais été.

prentissage. A cet égard, je répéterai ma ferme conviction,

l' histoire de la Jamaïque.

Les nègres absents des propriétés comme fugitifs forment à peine la sixième partie de ceux qui étaient ordinairement en fuite

Signé

MAC-LEOD ,

juge spécial.

avant le 1" août; et l'habitude de se faire admettre dans les hôpitaux des propriétés , sous prétexte de maladie, devient infiniment moins fréquente que durant l'esclavage. Les nègres des deux sexes montrent un grand désir de se marier, et plusieurs centaines de couples, qui avaient longtemps vécu en état de concubinage, viennent tout récemment d'être unis. Ils montrent aussi, en général, le plus grand désir de recevoir les bienfaits de l'éducation et de l'instruction morale. A l' égard de la conduite des planteurs dans mon district, le nombre des plaintes faites par les apprentis contre leurs maîtres a graduellement diminué depuis mon dernier rapport, bien qu'alors il y en eut déjà beaucoup moins qu'au commencement de l' apprentissage. Il y a maintenant plus d'un an que je n'ai eu besoin d imposer une seule amende pour mauvais traitement d un maître envers son apprenti; la conduite des directeurs, en général, envers ceux qui sont placés sous leurs ordres, est remarquable par la douceur et la modération, et dans bien des cas par la bonté et l'indulgence dont ils font preuve. J'ai dit, dans mon dernier rapport, que le plus grand nombre des planteurs considéraient l' année 1840 comme devant amener II.

24.

EXTRAIT d'une lettre de M. Walsh sur les moyens de s assurer des tr availleurs pour la fin de l'apprentissage.

Windsor, 29 juin 1836.

Je désire faire connaître à Votre Excellence les difficultés que rencontreront les propriétaires absents à la fin de l'apprentissage, et je pense qu'il est de mon devoir de le faire tout de suite, afin qu ils

puissent se mettre sur leurs gardes pour l'avenir. Je suis porté a croire, vu l' état malheureux d'un grand nombre d'apprentis sur les propriétés des colons absents, qu'à la fin de

l' apprentissage, les cultivateurs iront se placer chez les propriétaires qui auront fait preuve des meilleurs sentiments. Le seul moyen qu'il y ait à prendre pour parer à cet inconvénient, serait que les propriétaires non résidents revinssent pour se concilier les paysans, ou qu ils renvoyassent tous les agents tyran niques qui n accueillent point l' émancipation avec faveur. Leur devoir, dans leur propre intérêt, est de nommer des hommes de

H-


694

e

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE.

bien a des charges aussi importantes; nous devrions maintenant nous civiliser, et apprendre que l'art de gouverner une population libre, c'est de lui donner l'exemple de la loyauté envers le

toujours. Si donc nous devons nous réjouir de l'abolition de l' esclavage parce qu'elle agira pour tirer de leur dégradation ces êtres avilis, nous devons bien plus nous réjouir de ce qu'elle

Roi et ses ministres.

pourra préserver ceux qui ne sont pas encore corrompus, et qu elle permettra de les initier à la connaissance des devoirs de la vie sociale. Il y en a beaucoup heureusement qui comprennent

Signé H. Walsh, juge spécial.

25.

EXTRAIT

d'une lettre de M. Hawkins sur la conduite

des noirs pendant un incendie à Stewart-Castle. Aberdeen (Rio-Bueno), 28 juin 1836.

Mercredi dernier, à Stewart-Castle, un champ de cannes prit feu par une étincelle provenant de la cheminée de la machine à vapeur. Grâce aux efforts des apprentis, le feu fut éteint sans causer de grands dommages; il n'y eut que deux arpents de consumés. Non-seulement les apprentis appartenant à Stewart-Castle, mais ceux qui appartiennent à d'autres propriétés se sont conduits à ma plus grande satisfaction ; leurs efforts ont préservé la propriété d'une dévastation plus étendue. Commencé à une heure après midi, le feu fut éteint vers quatre heures. Le juge spécial Gregg arriva sur la propriété pendant l'incendie, et employa tous ses efforts à m'aider. Je recommandai à l' agent George Murrett la conduite très-louable des apprentis, et en particulier du principal surveillant et du constable. Signe G. HAWKINS.

26.

EXTRAIT

d'une lettre de M. Hill sur la condition des noirs employés en ville. Spanish-Town, 4 juillet, 1836.

Comme mon emploi au secrétariat du déparlement de la justice spéciale restreint dans les limites de la ville l'exercice de mes fonctions de magistrat, mon rapport trimestriel ne traitera nécessairement que de l'influence exercée par la loi sur le caractère et la conduite des esclaves émancipés qui sont en état de domesticité. Les maux de l'esclavage impriment leur caractère sur le moral des habitants des grandes villes. L'existence privée, d'espoir, le mérite sans distinction, les qualités devenues un obstacle à la liberté, par cela même qu'elles augmentaient la valeur

parfaitement bien qu'une bonne réputation, acquise dans l'état d'esclavage, doit avoir une grande valeur dans la concurrence pour le travail : et déjà dans la société il se trouve un grand nombre de nègres exerçant, pour vivre, l'état de domestiques et don lia réputation de fidélité et d'exactitude est bien établie. Parmi les classes riches, il y a peu de plaintes contre les domestiques; on pourrait même dire qu'il n'y en a pas du tout, on n'entend pas beaucoup plus parler de plaintes des domestiques contre les maîtres. Parmi les classes inférieures de la société, il y en a qui comptent sur la location du travail de leurs domestiques pour réaliser, par le payement périodique qui sera fait à ceux-ci, leurs moyens de subsistance. La perspective d'un état tout différent, à la fin de l' apprentissage, augmente l'avidité du maître, pendant que l'espèce de confiance qu'il est forcé de placer dans son serviteur, obligé lui-même de gagner le plus possible, et pour lui et pour son ancien maître, devient une source fertile de discussions devant les magistrats. Ici, comme partout ou il y a confiance illimitée, on en abuse; et comme les soins du maître pour le bien-être de son domestique ne prennent leur source dans aucun de ces sentiments d'obligation mutuelle, de bonté et de dépendance, que font naître souvent des rapports plus intimes de service, le lien du devoir n'est maintenu que par la vigilance et la force de la loi. Il résulte de là, d'un côté, des accusations de négligence durant l'état de maladie et d'infirmité, et, de l'autre, l'invocation des clauses du e

57 article de l'acte de l'île. Les punitions pour infractions aux devoirs sont rachetées par un arrangement pécuniaire pour le temps perdu plutôt par l'infidélité que par l'indolence du domestique. La où la corruption morale de l'esclavage a laissé les traces de dégradation les plus profondes, j'ai vu toujours qu'il existait une telle indifférence pour toute instruction et toute amélioration, que, dans une ville abondamment pourvue des moyens d instruction religieuse, les individus ne se sont pas même donné la peine de demander le nom de chrétiens. Une profonde indifférence de caractère est la marque distinctive de toutes leurs actions. Comme ils ne font d'ailleurs aucun effort pour ca-

de l'esclave, toutes ces circonstances tendaient nécessairement à réduire au dernier degré d'abjection le caractère de ceux qui

cher sous aucun acte extérieur de religion leur indifférence pour tout ce qui regarde les obligations morales, ils sont

étaient sous le joug de l'esclavage, pendant que d'un autre côté les attraits du vice, dans les grandes réunions d'hommes, et le loisir insouciant des esclaves, dans les villes, servaient à exciter

presque toujours entre les mains de la police. Leur nombre, cependant, a beaucoup diminué depuis que le dimanche a été, par une loi, protégé contre toute profanation : ce résultat est la

les passions.

preuve de l' action bienfaisante produite sur la société par la sanctification d'un jour dédié au repos et à l'instruction religieuse. Parmi ceux chez lesquels il existait encore une étincelle

Si la liberté, proclamée par une loi qui remplace l'esclavage indéfini par un apprentissage, n'a pas donné au caractère du nègre une élévation égale à ce qu'on en attendait, la faute en est tout entière à l'ineffaçable tache morale que l'esclavage a imprimée sur lui. Celle tache devra nécessairement se laisser voir encore dans un état de liberté plus parfait, et même donner, pendant un certain temps, à la liberté elle-même une apparence de licence, Tout en m efforçant do montrer quelles tristes prévisions peut inspirer ce changement imporlant dans les institutions de la société coloniale, je me plais à dire que j observe dans les sentiments des noirs plusieurs circonstances qui permettent de prévoir une amélioration certaine dans l' avenir. On commence a voir enfin que la loi est une sauvegarde; les faibles s appuient sur elle; le pouvoir de ceux qui sont devenus irrévocablement méchants, à l'école de l'esclavage, en sera diminué; avec un système pénitentiaire meilleur que celui qui existe, toute l'inflence de l'état d'esclavage sera arrêtée pour

de sentiment moral, et en qui toutes perceptions de ce sentiment n étaient pas complètement éteintes, l'occasion d'apprendre leurs devoirs sociaux par les préceptes de la religion a au moins diminué le nombre d'athées avoués, et nous devons espérer qu'elle a aussi augmenté celui des vrais croyants. Il est consolant de détourner les yeux de ce tableau des maux causés par l'esclavage à la génération élevée dans cet étal de corruption, et de considérer celle qui grandit maintenant autour de nous, et pour laquelle le mol esclavage ne sera qu'une tradition. Les écoles qui ont été' organisées partout, particulièrement les écoles d enfants en bas âge, triompheront à la fin de la grossièreté de l'ignorance africaine, et seront pour la société des stimulants qui auront un bon effet, en développant l'énergie du peuple et les ressources du pays. Une promenade a été faite aux vacances du 1er du mois par les 600 enfants qui composent l'é- '-


ÉTUDE DE L'EXPER. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. —1836. —JAMAÏQUE. 695 cole métropolitaine de cette ville. On dit que A5o de ces enfants appartiennent aux apprentis non attachés : leur apparence de propreté, leur mise décente, leurs bonnes manières, excitées

que des remontrances pour rappeler les négligents ou les réfractaires à leur devoir. Cette douceur a réussi ; car, dans chaque occasion de ce genre, le directeur m'a dit plus tard : « Votre

par l'enthousiasme d'un premier développement de progrès intellectuel , sont d'un bon augure pour l'avenir de la société coloniale , et produiront des résultats dont l'histoire de ces îles n'a

sermon a fait beaucoup de bien. » J'appuie sur cette circonstance avec d autant plus de force qu'elle prouve que les partisans de l' esclavage ont tort d'affirmer que la crainte est le seul stimulant qui puisse persuader au nègre de travailler.

point encore donné d'exemple. Nous voyons donc que la liberté ne nous mène point à de faux calculs d'intérêt, et que, politiquement, l'abolition de l'esclavage n'est même pas un sacrifice du bien présent à des avantages à venir.

Hill, juge spécial.

Signé Richard

27.

EXTRAIT

d'une lettre de M. Carnaby. Montego-Bay, 5 juillet 1836.

La récolle est maintenant terminée, et, comme l'on s'y attendait, il y a un déficit ; mais, d'après les apparences , on peut s'attendre à une augmentation très-considérable pour l'année prochaine, si la saison est un peu favorable. Les cannes ont été enlevées beaucoup plus tôt que l'année dernière, et sans aucune entrave de la part des apprentis. D'après des renseignements récents, je crois pouvoir assurer que, dans les différentes plantations, le nombre des plants de cannes, pour cette année, est près du double de celui de l'année dernière. Les champs de cannes sont en bon état, et le travail du nettoyage , se fait presque partout sans interruption. Les apprentis travaillent bien, en général, et le district est paisible et bien gouverné. Je regrette de ne pouvoir dire ici qu'il y ait une diminution de plaintes, quoique celles qui concernent les propriétés n'aient point augmenté. Les petits larcins sont assez fréquents parmi les

Le nombre des plaintes est maintenant très-peu considérable, en proportion du grand nombre des apprentis. Les plus sérieuses sont portées contre des ateliers entiers pour insuffisance de travail , et presque toutes arrivent quand on quitte le système d'ouvrage la tâche pratiqué pendant la récolte, pour un autre système de travail plus continu et, peut-être, plus difficile, celui du sarclage et du binage des cannes. Les provisions sont fort rares et très-chères ; ce qui peut être, en grande partie, attribué à ce que les apprentis donnent la plus grande partie de leur temps au travail salarié, au préjudice de leurs terres. La récolte des ignames, vers laquelle les nègres tournent leurs regards avec inquiétude, ne donnera, je pense , qu'un soulagement passager. Les grosses pluies ont cessé, et les préparatifs pour la récolte prochaine avancent favorablement. Le désir d'augmenter les plants est si grand, que l'on offre A fr. 15 c. et même A fr. 65 c. par jour aux ouvriers étrangers. La crue étonnante de l'herbe, pendant le temps de pluie, est aussi pour beaucoup dans ce besoin de travail. Pour en revenir aux apprentis , il y a une grande amélioration dans leurs mœurs : les mariages sont fréquents, et des personnes de tous les âges affluent vers l'école qui vient d'être ouverte à Rock-Spring, sous les auspices de la société des missionnaires de l' Eglise. Le vol est moins commun qu'il ne l'était il y a quelque temps, et, en général, les apprentis commencent à se faire une idée assez claire de la nature et de l'action des lois qui ont un rapport immédiat avec leur condition. Signé R. L.

apprentis, particulièrement les déprédations sur les terrains des nègres ; et il est digne de remarque que presque toutes les punitions corporelles que j'ai eu à infliger ont été motivées par des délits de celte nature.

29.

EXTRAIT

Sur plusieurs plantations, les maîtres et les apprentis sont bien ensemble, et leurs sentiments mutuels sont excellents. Partout les différentes classes connaissent aujourd'hui leurs droits, et n'hésitent point à les réclamer. Les terrains des nègres sont maintenant en aussi bon étal qu'en 1832, et quoique certains d'entre eux, moins actifs, négligent cette partie de leur devoir, mon opinion est, cependant, que la plus grande partie des apprentis cultivent leurs terrains

deux écoles pour toutes les classes. J'espère que l'on donnera suite à ce projet; mais pour le présent on ne peut nier que, généralement parlant , les enfants libres ne soient négligés quant à l'éducation et aux habitudes de travail. Signé Willam

CARNABY,

juge spécial.

juge spécial.

d'une lettre de M. Facey. 5 juillet 1836.

A l'égard des terres à provisions, malgré les dégâts causés par les incursions du bétail, et, aux environs de Scaford-Town, par les vols des émigrants allemands, les apprentis continuent, avec une persévérance qui leur fait beaucoup d'honneur, à les entretenir fort bien et dans un très-bon état de culture.

avec tout le soin possible. Ils ont tous des allocations suffisantes à cet effet. Je dois encore me plaindre de l'absence de tout système d'éducation pour les enfants de mon district, quoiqu'on ait dernièrement fait quelques tentatives dans le but d'ouvrir une ou

COOPER,

Signé R. B. FACEY, juge spécial.

30.

EXTRAIT

d'une lettre de M. Daughtrey. Sainte-Elisabeth, juillet.

Si l'on considère l'ensemble du district, on a obtenu une assez grande quantité de travail des apprentis loués pendant le temps qui leur appartient. Ceci doit être attribué, sans doute , au système de neuf heures, qui a prévalu dans cette partie de l'île. Les apprentis ne veulent pas, cependant, tra-

28.

EXTRAIT

d une lettre de

M.

Cooper.

New-Green-Island, 5 juillet 1836.

Aujourd hui on demande rarement à un juge spécial de « faire des exemples ; » depuis quelque temps, les directeurs de propriétés fort étendues ont plusieurs fois blâmé les punitions de toute espèce, et m'ont prié de n'emplover II.

vailler pour un salaire trop modéré ; ils refusent un macaroni, et demandent, le plus généralement, 2 sch. 1 d. et 2 sch. 6 d. Sur les plantations de sucre où l'on ne se sert point de la charrue, on peut ordinairement obtenir leurs services au prix de 2 fr. 5o c. pour cent trous ; ce qui doit être considéré comme une excellente journée. Quelquefois même ils ont terminé cette tâche à deux heures. Mais il en résulte souvent qu'ils passent le dimanche chez eux accablés de fatigue, et le lundi à l'hôpital de la plan-

44...


696

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

tation. Quand tout leur temps leur appartiendra, il sera de leur intérêt d être plus prudents. L'esclavage les a tenus, sous plusieurs rapports, dans un étal d'enfance, quant à la véritable sagesse, mais non quant à la finesse et à la sagacité. Presque toujours ils aiment mieux travailler moyennant salaire sur d autres plantations que sur celle à laquelle ils sont attachés. L esclavage dans lequel ils ont été élevés semble avoir créé en eux une disposition au secret et à la réserve à l'égard de leurs gains et de ce qu'ils possèdent. Peut-être, d'ailleurs, se croientils plus libres en allant porter leur travail loin des endroits où ils ont été forcés de le donner.

d'excitation, c est-à-dire ceux qui résultent des besoins, soit naturels, soit artificiels, et de la force de l'attachement pour les lieux et le voisinage. Le cœur des nègres est très-susceptible de ce dernier sentiment. Et, pour ne pas énoncer une idée fausse, j'ajouterai que cette disposition à s'établir sur les plantations auxquelles ils appartiennent est jusqu'à présent restreinte, en grande partie, aux propriétés ou ils sont le mieux traités, et à celles où il paraît le moins probable que l' on change de directeur. Sur ces points, la sagacité et la pénétration des noirs sont vraiment extraordinaires ; ils se trompent rarement.

De tels faits, cependant, prouvent clairement que le nègre est capable d'être stimulé au travail par les motifs ordinaires qui

A l'égard de plaintes, soit de la part du maître, soit de celle de l'apprenti, j'ai la satisfaction de dire qu'elles sont devenues

animent notre nature commune.

comparativement très-peu fréquentes, et qu'elles sont rarement sérieuses. Les mères de très-jeunes enfants, ou les négresses

Il est Lors de doute qu'à la fin de l'apprentissage ils travailleront presque tous, soit pour eux-mêmes, soit pour d'autres. Il y en a déjà qui achètent de petites portions de terrain, pour les mettre à profit à leurs heures libres, ou pour avoir une ressource à la lin de leur temps, si les circonstances le rendent nécessaire. Ils payent ordinairement de 100 à 125 fr. par arpent ; mais ils ne veulent acheter que ce qu'il y a de meilleur, et il n'y a point de meilleurs juges du sol et de ce qu'il est capable de rapporter. Les Noirs ont aussi des localités auxquelles ils accordent la préférence. Les terrains montagneux , un voisinage agréable et des endroits qui conviennent à la culture du gingembre semblent particulièrement leur plaire ; la proximité d'une église est un attrait de plus pour eux. La classe la plus intelligente des nègres commence évidemment à considérer le changement qui va s'opérer dans leur état civil comme une réalité imposante et maintenant peu éloignée. On a déjà lieu de reconnaître qu'un grand nombre d'entre eux n'ont aucune intention d'abandonner les plantations auxquelles ils sont attachés. Plusieurs se donnent une peine qu'ils n'avaient jamais prise jusqu'ici, pour réparer et améliorer leurs maisons, ou pour en construire d'autres sur des plans plus commodes, plus confortables, et dans de meilleures situations. Des toits en ardoises, des jalousies et des galeries autour des maisons se voient plus fréquemment. Voilà un progrès en civilisation qui est bien supérieur à celte passion pour les objets de toilette qui existait auparavant chez eux. Le nègre qui aspire à avoir une bonne maison désire la voir garnie de meubles , et tout ce qui cause de la dépense devient un stimulant au travail. La rivalité qui a toujours existé entre eux à l'égard de la toilette prendra maintenant une direction plus élevée.Quand ils comprendront généralement que leurs maisons leur appartiennent en propre, elles auront pour eux un intérêt bien plus grand , et le lien social, qui était avant cela si relâché, se resserrera. De ce point seul dépend chez eux l'existence de presque toutes les autres vertus. Nous devons attribuer cette tendance générale au changement qui s'est opéré dans leurs relations civiles, mais encore plus directement à l'influence de l'instruction chrétienne. La conclusion que je lire du fait dont je viens de parler n'est pas, je crois , déraisonnable. En général, on n'aime point à travailler gratuitement pour le profit d'autrui; et il est bien sûr que le nègre, entouré de toutes les habitudes de l'esclavage, sera un des derniers a le faire. Quand on voit que sa maison devient l objet particulier de ses soins, c'est une assez bonne

qui sont enceintes, sont encore celles qui donnent le plus d'embarras. Ces embarras se multiplient de tous côtés; on n'obtient maintenant que peu de travail des femmes qui sont dans cet état, et elles profitent souvent de ce que l'humanité défend d'employer à leur égard aucune espèce de punition effective. La rougeole, qui a, je crois, été assez générale dans l'île, a été presque universelle ici. Il y avait plusieurs années que celte épidémie n'avait sévi. Des personnes de tous les âges en ont été attaquées. Il n'y a eu que fort peu de morts, cependant l'interruption du travail a été un peu sérieuse ; je ne pense pas dépasser les bornes de la vérité en estimant la perte de temps à une moyenne d'une semaine pour tous les habitants du district. J'ajoute avec plaisir que, pendant cette maladie qui a été si générale, les enfants libres , à peu d'exceptions près , ont reçu les mêmes soins que les autres. Leurs parents, qui ont vu que ce n'était que par bonté, en ont paru reconnaissants. Les négresses, qui ont toujours été employés dans les champs, et qui dépendaient des autres pour tout, savent, en général, aussi peu se traiter ellesmêmes que leurs familles, en temps de maladie. La partie la plus éclairée et la plus libérale de la population blanche parle avec étonnement de l'amélioration qui s'opère dans l' état de la société depuis l'abolition. Quoique je n'aie pas le moyen de faire la comparaison , je ne doute point du fait. Mais le nègre apprenti conçoit encore très-imparfaitement le changement survenu dans sa condition civile, et particulièrement tous les droits sociaux que ce changement lui a donnés. Plusieurs circonstances récentes , qui ont été le sujet de mes recherches officielles, ont rendu ceci très-évident. Je voudrais pouvoir dire à Votre Excellence que les préjugés de l'état d'esclavage disparaissent et s effacent; mais j'ai des raisons pour croire le contraire. Le préjugé qui existe contre le pouvoir exécutif de la colonie, et contre la charge que j ai l'honneur d'exercer, semble augmenter. Les devoirs du juge spécial sont, de leur nature, souvent odieux; et, quoiqu il doive s'attacher à ne pas compromettre son indépendance et les justes droits de sa charge, cependant il fera bien , par une conduite douce et modérée, et en mettant de côté ses propres préjugés, de désarmer, s'il est possible, les préjugés des autres; quand il ne pourra gagner leur affection, il devra commander au moins leur respect. Signé J.

preuve qu il n a point l' intention de la quitter. Je considère ceci comme un excellent symptôme à l' égard de la culture des plantations actuelles, après l' apprentissage , et je dois ajouter que ces faits se présentent parmi les nègres des plantations à sucre, aussi bien que parmi ceux des autres plantations. Quoi qu'on en dise, le sucre pourra donc etre cultivé a la Jamaïque sans travail forcé. Il parait évident qu on a peu compris la nature humaine dans cette occasion. Elle n a peut-être jamais été comprise dans une colonie a esclaves. On oublie tout à fait que l'on peut obtenir du travail sans violence, en employant des moyens raisonnables

31. EXTRAIT

dune lettre de

M.

DAUGHTREY.

Sidney-Lambert.

Sainte-Marie, 3o septembre 1836. L étal du travail, dans ce district qui est principalement adonné a la culture du sucre, comparé à celui de l'année dernière, n n'offre pas de différence apparente, quoique les récoltes se pré-


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1836. —JAMAÏQUE. 697 sentent de beaucoup inférieures en quantité à celles de la dernière saison. Le

travail dure ordinairement depuis six heures du matin

jusqu'à quatre heures du soir; quelquefois il se continue jusqu'à six heures du soir, avec un repos de trois heures au milieu du jour; mais le système que préfèrent les apprentis est de finir leur journée à quatre heures. Ils reçoivent les mêmes allocations que dans le temps de l'esclavage, à l'exception d'une gratification en argent, que l'on donne souvent aux femmes au moment de leur accouchement.

culture, désir que le prix élevé des produits doit naturellement faire naître, ne les a point conduits à négliger les avantages permanents et substantiels qu'ils peuvent s'assurer par l'amélioration et l'agrandissement de leurs usines et de leurs machines, la réparation des routes, le nettoyage des pâturages et d'autres travaux que l'on croyait, il y a deux ans, impossible d'effectuer. Depuis Noël, la propriété de Blue-Moutain a établi une machine à vapeur, et maintenant elle agrandit ses fourneaux. Hall-Head et Suze-Island ont reparé leurs machines et leurs roues hydrauliques; Coley a élevé une roue en fonte, et on y est généralement

Ne serait-il pas convenable d'établir, sur toutes les hauteurs

occupé à réparer les machines. Buckinghan et Boston agran-

de l'île , une ligne de signaux avec des canons, pour annoncer le

dissent leurs cases à bagasse et leurs fourneaux, et, outre qu'on y a fait une plantation plus vaste qu'à l'ordinaire, on y a sarclé et biné 113 arpents de cannes et 200 arpents de pâturages qui n'avaient pas été touchés depuis quatre ou cinq ans. Ce résultat

lever et le coucher du soleil. Cela contribuerait beaucoup à désabuser les nègres de l'idée qu'ils paraissent trop souvent conserver, que les directeurs les trompent dans l'annonce du commencement et de la fin des heures légales de travail. Signé

SIDNEY-LAMBERT

a été obtenu par le travail d'un grand atelier de 37 ouvriers et d'un petit atelier de 17.

juge spécial.

Un exemple des plus extraordinaires de la puissance du travail humain fut donné par les apprentis de Blue-Monutain il y a deux semaines. En quatre jours, 40 individus ont sarclé et fumé

32.

EXTRAIT

d'une lettre de

M.

42 arpents de cannes. Les mêmes nègres, l'année dernière et

Sowley.

dans le courant de la présente année, ont nettoyé et fumé tous leurs champs de cannes, à une seule exception près ( celle ci-

Sainte-Anne, 3o septembre 1836.

Quand les moulins sont en activité sur les plantations de sucre, les apprentis louent volontiers pour de l'argent leur temps de liberté, et on les paye ordinairement

2 1/2

pence par heure.

Quand ils creusent des trous pour les cannes, on les pave de 3 seh. 4 d. à 4 sch. 2 d. le cent; quand ils travaillent à cet ouvrage pendant le temps dû aux maîtres, ils reçoivent du rhum et du sucre tous les jours, et quelquefois du poisson en supplément. S'ils le méritent, on leur donne quelquefois des harengs dans le courant de l'année; il leur est accordé à Noël la même quantité de poisson, de rhum et de sucre qu'anciennement. Signé

W. H. SOWLEY.

dessus), et à un taux qui n'excédait pas 6 ouvriers par arpent. On considéra qu'ils avaient fait un ouvrage extraordinaire. La semaine dernière, à Hall-Head, les apprentis, après que la terre eut été labourée et hersée, la creusèrent en trous de cannes, à raison de 20 nègres pour un acre, ce qui aurait paru impraticable même à l'époque où la contrainte au travail était le plus sévère. Tels sont ces gens, qui, depuis le commencement du système jusqu'à présent, n'ont jamais eu besoin d'être excités de ma part autrement que par la louange ou des observations modérées. Les ateliers n'ont pas été délaissés un seul jour, et il n'y a pas eu 12 individus jugés pour délits sur l'une ou l'autre de ces plantations (Blue-Mountain et Hall-Head) pendant les deux dernières années. Le mérite n'en est pas à moi, mais à eux; c'est principalement le résultat du bon sens, des grandes connaissances pratiques, et d'une qualité encore plus rare dans une colonie, c'est à-dire du sentiment d'équité qui dirige la conduite des di-

33.

EXTRAIT

d'une lettre de M. Lyon.

recteurs de ces propriétés. Les mêmes résultats, les mêmes sentiments, et le même esprit d'industrie et de gaieté parmi les

Palmetto-River, 31 septembre 1836.

apprentis se développeraient dans toutes les plantations autour de

Il s'est déjà passé plus de deux années depuis l'établissement de l'apprentissage, et, en examinant la condition actuelle des propriétés dans ce district, j'éprouve du plaisir à considérer la

moi, s il arrivait toujours que les directeurs possédassent le

conduite et le travail des apprentis pendant cette époque. Au commencement de mes travaux, à la fin d'août 1834, il régnait

laboureurs.

parmi les apprentis un esprit de mécontentement qui se montrait, sur quelques plantations, par une résistance ouverte à l'autorité du magistrat et du maître; les nègres capables de travailler étaient souvent absents pendant deux ou trois jours de suite. Alors mon district comprenaitla moitié de cette paroisse populeuse et toute celle de Saint-David, dans laquelle on compte

18,000

ap-

prentis. J'eus le bonheur d'être reçu par eux avec confiance ; la tranquillité s'établit et avec elle la gaieté et le travail. Depuis ce temps j'ai remarqué à chaque trimestre un nouveau progrès dans la situation et l'industrie des paysans; et en même temps, comme conséquence nécessaire, dans l'état des propriétés, dont la plus grande partie a augmenté en culture, et n'a jamais souffert d'autre diminution de produit que celle provenant de la diminution dans les heures de travail. La vallée des Blue-Mountains, la principale pour la culture du sucre, a l' apparence d'un vaste jardin très-bien cultivé. Après la récolte, les propriétaires ont tous fait nettoyer leurs champs de cannes en moins de temps qu'autrefois. On a pu établir une plus grande quantité de plants qu'à l'ordinaire, et, en plusieurs cas, sans le secours d'ouvriers étrangers. Le désir d'augmenter Dur

même jugement, qu'ils fussent mus par le même zèle, et capables d'apprécier au même point la coopération volontaire de leurs Dans mon dernier rapport trimestriel, j'ai donné pleinement toutes les raisons qui me faisaient croire à la continuation jusqu'à la fin de l'apprentissage des sentiments qui existaient alors et qui existent à présent encore entre les maîtres et les apprentis. Il serait superflu de m'étendre de nouveau sur ce sujet. Mais il y a une partie des noirs, qui, par son influence probable sur la société, à la fin de l'apprentissage, demande la plus grande attention. Je crois que le devoir le plus important d'un magistrat est de prendre note de l'occupation et de veiller à la condition sociale de ceux qui se sont affranchis du reste du temps de l'apprentissage. Le préambule de l'acte britannique considère le nouvel étal et les nouvelles relations sociales, qui seront la conséquence de l'affranchissement général, comme les bases sur lesquelles on devra se fonder en adoptant les lois nécessaires à l'époque du passage définitif de la servitude à la liberté, c'est-à-dire à l'époque où les paysans, recevant des gages pour leur travail, payeront une rente annuelle pour la terre et la cabane qu ils occuperont. Alors ils distribueront eux-mêmes les travaux de leurs familles, suivant leurs idées d'utilité, d'aisance et de bonheur, et arrangeront leurs affaires comme bon leur semblera. L homme a idées étroites, qui lutte contre le progrès des


e

698 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

PARTIE.

événements, sait que tel sera l'état des choses quand l'apprentissage (ce dernier lien de l'esclavage) sera terminé. Cependant il cherche a en relarder la réalisation en arrêtant, par la

bitation, a l' expiration de trois mois, ou d'y rester, à condition de payer un loyer exorbitant, quoiqu'ils eussent occupé les mêmes maisons que leurs enfants apprentis, et, par conséquent,

persécution, chaque pas vers cet état, aussi longtemps que durera l' apprentissage, ou qu'il possédera de l'autorité. Il refuse

soulage la plantation de l' obligation de soigner leur famille malade. Le même système a été suivi dans d'autres plantations de ce district, et j ai lieu de croire qu'il est aussi odieusement em-

d adopter les lois qui se rapportent aux nouvelles relations qui doivent être la suite d'un état général et complet de liberté. Une de ces tyrannies que l' on exerce consiste à exclure le mari libre,

ployé dans toutes les parties de la colonie. Signé Ed. B.

et non apprenti, de la compagnie de sa femme encore apprentie, ou bien a exclure la femme, rachetée de son apprentissage, de la société de son mari non encore libre. Et ceci s'effectue non par une simple exclusion verbale, ni même par une menace d'exercer , contre ceux qui voudraient enfreindre cette défense, la ri-

(trespass act ) ; mais cette persécution devient en quelque sorte systématique, et se présente sous la forme de congés et cl avertissements : clans ces actes on déchire que les parties sont des locataires, dont on prétend recevoir un loyer exorbitant,

34.

EXTRAIT

gueur de la loi

ou bien on leur signifie de sortir des cases qu'ils occupent, sous peine d'être punis selon la loi. Quand le juge spécial essaie de protéger l'apprenti dans sa famille et dans ses droits privés, il entre en collision avec les magistrats locaux, qui exercent une juridiction sur la personne libérée des obligations de l'apprentissage. Cet état de lutte exerce une influence pernicieuse sur l'opinion publique, et les habitudes et les sentiments de la population ouvrière s'en ressentent. En voici un ou deux exemples. Deux apprenties femmes, appartenant à un magistrat local, furent libérées de leur apprentissage par leurs maris, qui désiraient que le reste de leur vie

excité une irritation violente contre moi, non-seulement dans le cœur de leur ancien maître, mais, en général, parmi les magistrats et les géreurs du district. Une tentative récente, et je

d'une lettre de M. Odell.

Il est assez général parmi les apprentis de travailler moyennant salaire dans leur temps de liberté, surtout pour un genre particulier de travail, c'est-à-dire à faire des trous pour y planter des cannes à sucre; mais ils ne montrent pas la même disposition à l'égard d'autres ouvrages. L'amour du gain est sans doute la cause de cette préférence ; car un nègre, au prix de 5 francs, que l' o.n paye pour 100 trous, peut gagner 7 fr. 5o c. par jour, tandis que, pour de l'ouvrage ordinaire, il ne recevrait dans le même espace de temps que 1 fr. 80 cent. Je suis disposé à croire que la plupart des allocations que les propriétaires faisaient auparavant à leurs nègres leur sont continuées maintenant, excepté quand, pour une cause quelconque, on les punit en les privant de leur poisson. Signé J.

34.

EXTRAIT

d'une lettre de

M.

ODELL

, juge spécial.

Richard Saint-Jones sur

la nécessité d'établir un corps de police.

et on leur défendit d'entrer dans les demeures de leurs maris, à moins qu'elles ne voulussent payer une somme hebdomadaire pour le privilège d'entrer chez eux. Elles sont déjà venues deux ou trois fois me demander mon avis et ma protection ; et les efforts que j'ai faits pour les protéger dans leurs droits civils ont

juge spécial

Naughton -Grove, 1er octobre 1836.

fût consacré à la surveillance de leurs familles, et aux soins que réclamaient leurs années et leurs infirmités. C'était deux vieilles Africaines qui appartenaient depuis trente ans à leur ancien maître. Du moment où leur certificat leur fut accordé, on donna ordre au directeur de les faire partir de la plantation,

LION,

Mount-Holstein, 4 octobre 1836. Il y a dans mon district plusieurs petits colons qui ont quelques apprentis dans les gorges des montagnes. Il serait impossible qu un juge spécial allât les visiter, et qu'il étendît en même temps sa surveillance sur les propriétés qui lui sont re-

crains que ce ne soit pas la dernière, pour les renvoyer, fut la lancerait un mandat, suivant l'acte menace que M

commandées dans l' acte d'abolition. Ce serait aussi une trop grande perte de peines et de temps si l'on employait des conslables spéciaux pour amener devant moi les délinquants; c'est

d'envahissement, pour les faire arrêter. A la plantation de Robert Graham, racheta le reste de son terme, et, quoiqu'il fût marié, on lui ordonna de quitter

pourquoi plusieurs pauvres gens endurent des pertes plutôt que d exposer un constable à perdre son temps. Pour remédier à cet inconvénient, je serais d'avis que l'on établît dans mon district

immédiatement la plantation, et on lui défendit d'entrer chez sa femme. Il y a quelques semaines que, dans le silence et la

nn petit détachement de police, sous les ordres d'un sergent. Ce détachement pourrait être employé pour amener les délinquants. Outre cela, mon district est situé le long des deux côtés

tranquillité de la nuit, il vint doucement chez sa femme encore apprentie, à laquelle il avait, à l'autel de son Dieu, juré de rester attaché jusqu'à ce que la mort les séparât. Il est baptiste; ils se mirent ensemble à prier, et chantèrent un hymne d'actions de grâce. On en informa sur-le-champ l'économe, qui, toujours poursuivi par le souvenir de ces jours maudits, où la voix de

de la roule qui mène de Saint-George à Kingston, et, si un corps de police était placé sur quelque point central, on saisirait beaucoup de produits volés, et l'on empêcherait bien des délits de ce genre. Signé Richard

l'esclave, si elle était élevée autrement que sur le ton de la prière ou de la flatterie envers son maître, était considérée comme rebelle, commanda tout de suite aux constables de le jeter à la porte. Mais Robert Graham trouva moyen de s'échapper, et vint me trouver. J' allai visiter le propriétaire, et je pense avoir assuré, au moins pour le moment, au nègre affranchi l'exercice de ses droits, et le privilège de visiter, comme homme libre , tout autre membre d'une société libre. Jacques Harris, vieillard, a six enfants sur la plan A tation, dont deux sont atteints de maladies incurables et demandent la surveillance constante d'une personne; Anne Rarnswell avait deux enfants et une mère âgée et impotente. Du moment que leur libération fut effectuée, on leur signifia de quitter l'ha-

35.

EXTRAIT

SAINT-JONES

, juge spécial.

d'une autre lettre du même. Saint-George, 11 octobre 1636.

Certains apprentis sont si paresseux, que, quand on les abandonne à eux-mêmes, ils préfèrent perdre leur temps, et ne rien faire, plutôt que de travailler à leurs terres. Il en résulte que, s'ils ne travaillent pas moyennant salaire le samedi, ils n'ont pas de provisions, et sont en quelque sorte obligés de voler les nègres laborieux; ceci est un mal très-grave, car la difficulté de les


ÉTUDE DE L'EXPÉ. ANGL.—CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1836. — JAMAÏQUE. 699 découvrir et de prouver leurs délits les rend encore plus indifférents pour leurs terres, et décourage aussi ceux qui désirent

Il y a absence de toute plainte contre les directeurs, et le nombre de plaintes de part et d'autre diminue rapidement.

vivre honnêtement du fruit de leur propre travail. Les direc-

Signé

S. PRYCE,

juge spécial.

teurs ne s'en plaignent pas, parce que, si le juge spécial ordonne que les terres de ces paresseux (qui sont ordinairement des vauriens) seront cultivées par la plantation, et qu'ils rendront ce temps en travaillant dans leurs heures de liberté , les planta-

37.

EXTRAIT

tations en souffrent. 11 me semble désirable, pour le bien de mon district en général, que les apprentis soient employés, à des

riodiquement inspectées, soit par le directeur, soit par un de ses teneurs de livres, et qu'un certificat qui le constate soit produit devant le conseil de la paroisse. Signé Richard

SAINT-JONES

, juge spécial.

M,

Baynes.

Aylmer's, 12 octobre 1836.

heures fixes, à travailler à leurs terres à provisions, sous la direction d'un conducteur; il faut aussi que ces terres soient pé-

d'une lettre de

J'attribue certainement cette situation défavorable des choses à un manque complet de sentiments de bonté et d'amitié entre les maîtres et les apprentis dans ce district. Je parle en général, car il y a sans doute quelques exceptions; mais trop souvent, je suis fâché de le dire, toute réciprocité d'intérêts est complètement négligée parles deux partis; l'un veut trop exiger, et l' autre donner lemoins possible, sur les fournitures, malheureu-

36.'

EXTRAIT

d'une lettre de Trelawney,

M.

10

Pryce.

octobre 1836.

sement trop parcimonieuses, que la loi ordonne de faire aux apprentis : c'est-à-dire quelques mètres d'osnabruck, un peu de drap grossier et un chapeau, le tout n'excédant pas la valeur de 12 fr. 5o cent. Les étoffes rayées et d'autres encore, qu'on leur accordait pen-

Il y a eu plus de ruraux que de non-ruraux libérés par rachat, quelques-uns (dans ce district, il y en a sept) restent sur les et plantations avec des places de confiance, comme teneurs de livres et comme marchands; leur conduite est satisfaisante-, leur salaire est à peu près la moitié de celui que l'on donne aux blancs.

dant l'esclavage, telles que linge de corps, bonnets, mouchoirs et couteaux, même les ciseaux, les dés et les aiguilles, que l'on donnait anciennement aux femmes, tout cela leur est retenu ; ce dont elles se plaignent encore plus amèrement, c'est qu'on ne leur accorde plus leur ration hebdomadaire de poisson salé. Ceci, quoique n'arrivant pas toujours, n'est que trop général. Les

Les jeunes femmes de couleur vont ordinairement chez leurs parents ou leurs connaissances; mais, au 1er août 1838, je pense

maîtres qui ont la sagesse de dédaigner cette misérable économie en sont amplement dédommagés par l'activité, le travail et la

que plusieurs seront heureuses de pouvoir rester sur les plantations pour suivre leurs travaux accoutumés, et cela à un prix-

bonne volonté des nègres. Je ne puis m'imaginer ce qu'attendent ceux qui persévèrent dans une conduite différente, et qui ne sont connus de leurs ouvriers que par l'exigence rigide du tra-

modéré. J'ai l'honneur d'appeler l'attention de Son Excellence sur les points suivants : 1° Le besoin d'égalité et d'uniformité dans l'application du système de travail à la tâche, afin de créer l'émulation et d'exciter

vail journalier. En fait, ils n'y gagnent que de la paresse, de l opposition, de la mauvaise volonté et du manque de respect. Le produit de la propriété diminue d'année en année, et, si les . plantations sont toujours dirigées dans cet esprit, la diminution

les apprentis à déployer leur industrie, effet que j'ai toujours vu produire par ce système. Quand ils veulent s'y mettre, les nègres

continuera jusqu'à la fin de l'apprentissage: alors il restera au

peuvent faire près du double de l'ouvrage qu'ils font à présent. 2° Une loi qui forcerait les apprentis à travailler pour leurs

duite est aussi imprévoyante pour l'avenir qu'elle est peu avan-

propriétaires, toutes les deux semaines, pendant leur temps libre, c'est-à-dire la moitié du vendredi : pour cela, je crois que les apprentis devraient recevoir 2 fr. 5o cent.

propriétaire une plantation sans bras pour la cultiver. Celte contageuse pour le présent. Voilà d'où proviennent les soupçons et les mauvais sentiments de la part de l'apprenti, qui, en échange , ne recueille, du directeur, que de l'exaspération et des

3° Quoique la culture de leurs terrains puisse maintenant être avantageuse aux apprentis, il est possible qu'il n'en soit plus

représailles. Aurai-je été trop loin en hasardant les observations qui précèdent, après les rapports qu'il a été de mon devoir de faire au pouvoir exécutif de celte colonie, et après une expé-

ainsi après le 1er août 1840 : la culture des cannes à sucre ne devrait donc pas être négligée. On pourrait leur apprendre et

rience, de plus de deux années, des pensées et des sentiments des deux partis, qui sont si opposés les uns aux autres par le

même les forcer à cultiver leurs propres terrains en cannes pendant leur temps libre, afin qu'ils soient préparés au précieux

préjugé, les principes et la couleur. J'ai lieu de le craindre. Moi, qui n ai eu d'autre but que d'assurer l'accomplissement réciproque des devoirs et des obligations entre eux, je suis, en

don de la liberté entière. Les cannes et les pâturages sont les seuls produits cultivés dans ce district, où il y a 35 plantalions de cannes, 7 parcs à bestiaux et des ateliers de travail-

quelque sorte, devenu la victime ou au moins l'objet des attaques de ce parti qui devrait montrer plus de modération. J'ai

leurs extra, et, en comptant les petits établissements, à peu près 8,000 apprentis.

été violemment persécuté et poursuivi, et cela simplement parce que j'ai veillé soigneusement à l'exécution de mes jugements,

4° Je crois qu'il serait bien que les apprentis fussent payés année de l apprentissage, afin de leur créer des besoins et de

et que j'ai fait ôter le dégoûtant collier et la chaîne aux femmes qui n'étaient point encore condamnées, et qui n'étaient envoyées à la maison de correction que pour peu de temps. Plusieurs

leur apprendre l'usage qu'ils peuvent faire de l'argent donné pour prix de leur travail ; mais à un prix de 2 5 ou 3o p. 0/0 au-dessous

femmes, dans ce cas, avaient été enchâinées par le cou, quoique bien malades et à l' hôpital, si Ion peut appeler hôpital un en-

de ce qui leur sera offert quand ils deviendront libres. Je parle de ce que l'on offrira aux hommes robustes dont les services se-

droit où pour toute aisance on ne trouve qu'un lit de planches nues sans un matelas et sans même une botte de paille pour le

ront nécessaires après 1840. 5° La moitié seulement des personnes actuellement sur les propriétés devront travailler moyennant salaire après 1840. On a calculé que 100 apprentis adultes et enfants produiront au

repos du malheureux malade. Quand viendra le jugement, je prouverai en pleine cour que quelques-uns des malheureux prisonniers n'ont reçu autre chose pour se nourrir, pendant trois jours entiers, que quatre onces de blé, avec à peu près six onces

moins

de poisson salé.

en argent comme des laboureurs libres, pendant la dernière

100

tonneaux de sucre.


700 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

La durée du travail est, comme dans toute l'île, de neuf heures par jour; on accorde au plus environ quatre heures de relâche au solstice d'été, et trois heures à celui d'hiver. On ne travaille que fort peu à la lâche dans ce district. Il n arrive pas souvent que les apprentis travaillent dans leur temps libre pour de l'argent; dans quelques plantations, cependant, ils reçoivent des salaires. La moyenne est de 1 fr. 80 cent, par jour, pour le travail ordinaire; mais, pour certaines sortes d'ouvrages, le prix est beaucoup plus élevé. Par exemple, M. Lord, de Bowerwoad, a refusé de louer son monde a M. Duncan-Hamilton, de Retreat, pour moins de 2 fr. 10 c. par jour; M. Burrell, de Vère , ne veut point accepter moins de

duits; mais le même intérêt n'existera jamais pour les géreur* ou administrateurs qui se sont déjà enrichis parla commission, qui ont déjà fait leur affaire, et qui, n'ayant plus rien à gagner, ne voudront pas risquer de perdre ce qu'ils possèdent. Quant aux affranchissements d apprentis avant le terme de leur apprentissage, il ne s en est point fait dans ce district depuis mon dernier rapport. Comme je lai dit plus haut, la valeur moyenne d'un bon laboureur est de fr. 80 c. par jour, ce qui donne 417 fr. 60 c. pour les 232 jours qu il travaille pendant l'année. Si l'on déduit un tiers de cette somme pour les causes imprévues d'empêchement de travail, il restera la somme nette de 264 francs, et, pour les 3 années et g mois d'apprentissage qui sont encore à courir, un total de 990 francs. Outre qu'il se prive de cette

fr. 5o cent, par jour pour le travail ordinaire, et M. Thorpe, de Phœnix et de Haughton-Hall, demande 2 fr. 80 cent. Dans ces circonstances, et avec le prix toujours croissant du sucre,

forte somme, celui qui achète sa liberté perd aussi sa maison, son jardin, son terrain à provisions, les soins médicaux et la petite

qui aura sans doute un effet correspondant sur les salaires , il est ridicule de s'attendre qu'à la fin de l'apprentissage, on puisse produire une quantité considérable de sucre. Il résulte aussi

quantité d habillements que son maître lui fournit. Une fois qu'il devient libre, les charmes nouveaux du repos le retiennent dans la paresse pendant longtemps, ou bien il se place sur

de là que l'apprenti, ne désire pas beaucoup se racheter. Etant libre, il pourrait cultiver une portion de terre pour lui-même; mais il considère qu'il serait au-dessous de lui de se louer, même moyennant de tels salaires; en un mot, il ne rachète

un terrain dont il essaie de tirer tout juste ce qu'il lui faut pour sa subsistance. Je ne connais pas d'exemple d'un apprenti émancipé qui se soit loué pour la culture ou la fabrication du

2

sa liberté que pour éviter l'humiliation qui, dans son opinion, se rattache aux travaux des champs dans les plantations à sucre. La valeur d'un apprenti dans ce district s'estime à raison d'envi-

sucre. L'apprenti considère ce travail, et particulièrement celui des champs, comme au-dessous de sa nouvelle condition. Regardons maintenant l'autre côté de la question, et supposons

cent, par jour. Si ce prix élevé est un mal, c'est un mal qui augmentera, à moins que le Gouvernement ne fixe un

qu il conserve son argent, et que, quand la loi l'aura libéré en 1840, il en achète un terrain. On peut s'en procurer, en beau sol vierge, dans presque loutcs les paroisses, à 28 fr. 80 cent,

maximum; or, je ne vois pas comment ou pourra le faire avec équité pour les droits de toutes les parties. L'année pro-

par arpent; il en achète de 25 à 3o arpents; en 3o jours il bâtit une maison assez confortable; son terrain lui en fournit tous les

chaine, la valeur relative sera encore plus grande que celte année. La valeur des services de l'apprenti continuera à être estimée suivant le prix courant du travail, et, comme je viens de le dire,

matériaux; il plante du pimento, du café, de l'arrow-root, du gingembre ou du cacao. Dans une année ou deux, avec l'aide de sa femme et de ses enfants, s'il est industrieux, ses terres lui rapporteront chaque année 72 francs par arpent, outre une

ron 1 fr

80

ce prix va toujours en augmentant. Le besoin d'ouvriers est si grand, que le propriétaire de nègres qui les loue demandera et obtiendra un prix aussi élevé que celui du sucre permettra au cultivateur de le payer. Le sucre continue à augmenter; il en sera de même pour les salaires et les estimations que l'on fera des apprentis. Si cela continue, le prix d'une journée d'ouvrage sera bientôt de 3 fr. 75 cent., même avant la fin de l'apprentissage; fr. 5o cent, est à présent un prix très-modéré. Il y a des travaux qui sont beaucoup plus chers ; le prix ordinaire pour 2

creuser les trous à cannes est de 158 fr. ko cent, par arpent. Je joins ici un calcul qui donne k fr. 10 cent, par jour. Trous

Pieds carrés

Nombre de trous

Tâche

pour les cannes :

dans

journalière

4 pieds carrés.

un arpent.

d'un homme.

dans un arpent.

Journées d'ouvrage.

43,560

-y-

16

=

1 58f 40e

/

39

=4' 10° pour une journée d'ouvrage.

2,722

70

presque 30.

Ce haut prix des salaires tend aussi à empêcher l'établissement de bons rapports entre Ils maîtres et leurs serviteurs; les premiers prévoyant, et avec trop raison, que la culture du sucre pour l' exportation ne pourra avoir lieu après l'apprentissage, tournent toute leur attention vers le présent, et exploitent autant qu ds peuvent la terre et le nègre, afin de profiter de l'état actuel du marche du sucre. C est aussi pour celte raison que les propriétaires font toutes les économies, quelque misérables quelles soient, et négligent de se concilier l'affection de ceux dont ils pensent ne pouvoir obtenir les services dans la suite. S'il en est ainsi à l'égard des propriétaires du sol, ce motif agit encore plus fortement sur le représentant du propriétaire absent. Encore quatre ans, et l'arbre qui lui rapporte des fruits d'or sera abattu. A cellle epoque, il pourra encore convenir au propriétaire réel d'utiliser le sol d'une autre manière, et d'en reconstituer laborieusement la valeur par la culture d'autres pro-

subsistance abondante pour sa famille. J'ai parlé plus haut des maisons, du terrain que l'on donne aux apprentis; il serait bien d'en considérer la valeur réelle, car c'est une des menaces dont le maître use maintenant à l'égard de ses apprentis, et il compte souvent là-dessus pour s'assurer de leur travail plus tard. J'ai montré que l'on peut acheter de la terre vierge pour 28 fr. 80 cent, par arpent; j'ai acheté quelques arpents de pimenlo en fruit à 43 fr. 20 cent, l'arpent. Sur cet emplacement, je bâtis maintenant à forfait une maison pour un garde; elle sera plus grande et plus commode que la plupart des cases à nègres, et coûtera, quand elle sera terminée, 129 fr. 60 cent. Les terres cultivées sur les plantations par les apprentis ne contiennent pas en général plus de 3/4 d'un arpent; mais supposons un arpent tout entier, et nous verrons sur quel roseau fragile le planteur espère s appuyer pour forcer le nègre à travailler pour lui après 1840. Un arpent de terre, 20 fr. 80 c. à 10 p. 0/0 par an Maison et jardin, 144 fr. à 10 p. 0/0 par an

e

2' 88

Médecin (prix ordinaire)

14 40 3 60

Valeur des fournitures ordonnées par la loi

12 00

32 88

Nous avons donc ici 32 fr. 88 cent., la valeur de 18 jours de travail, comme compensation entière de ce que l'apprenti reçoit pour ses services. Il est trop fin et trop calculateur pour attribuer aux allocations spécifiées ci-dessus plus que leur valeur réelle. Si donc on le tracasse, il changera de demeure. La condition des enfants libres réclame l'attention immédiate du Parlement. Nous en sommes à la troisième année de l' émancipation, et la législature locale n'a encore rien fait pour leur éducation. Ils courent tout nus dans les villages sans recevoir une nourriture suffisante de leurs parents, n'apprennent rien


ÉTUDE DE L'EXPÉ. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1836. — ANTIGOA. 701 pour eux-mêmes ni pour les autres, et contractent toute espèce de mauvaises habitudes. A moins que l'on ne remédie prompte-

celle classe doivent cire attribués aux missionnaires, qui sont fort zélés pour la cause du christianisme.

ment au mal, ces enfants, à la fin de l' apprentissage et pendant bien des années après, deviendront un fardeau et un fléau pour la société. Dans mon rapport du mois de décembre, j'ai fait

Signé H.

quelques observations à ce sujet, et j'ai proposé un plan dont l'exécution a paru difficile à cause de la dépense. Dans le même rapport, j'ai parlé des moyens d'éducation et d'instruction religieuse qui existent dans cette paroisse, et qui sont fort insuffisants, puisqu'ils peuvent à peine s'étendre à un dixième delà population. Il serait étrange, dans ces circonstances, que les différentes églises ne fussent point fréquentées comparativement par des congrégations extrêmement nombreuses. La récolte prochaine n'a point une apparence aussi favorable que celle de l'année dernière; l'état de la culture me semble aussi être inférieur, quoique les saisons aient été propices. Il faut s'attendre à une diminution considérable dans les articles d'exportation. Signé Edward

BAYNES,

juge spécial.

39.

EXTRAIT

WALSH,

d'une lettre de

M.

juge spécial.

Matthews.

Success-Estate, 31 décembre 1836.

La conduite des apprentis, dans mon district, n'a pas été aussi bonne qu'elle devait l'être. Je ne pense pas cependant qu'il y ait manque de bons sentiments entre les apprentis et leurs maîtres. Ceux qui sont paresseux et qui ne veulent pas travailler en ont pris l'habitude, par suite de la non-résidence d'un juge spécial depuis la mort du D Thompson. Leur temps de travail est de six heures et demie du matin jusqu à quatre heures de r

l' après-midi. On leur donne une heure pour déjeuner, et deux pour dîner. Souvent ils travaillent à la tâche, et presque toujours pendant le temps dont ils peuvent disposer pour déjeuner et dîner. On ne leur retient aucune des allocations qui leur étaient précédemment faites par la plantation. La condition des enfants libres est excellente dans tout mon district; ils sont soutenus

38.

EXTRAIT

d'une lettre de M. Walsh.

par leurs parents. On leur donne de grandes facilités pour l'édu-

Le 1er novembre 1836. A l'égard des anciennes allocations accordées aux esclaves, telles n'a point été fort humain, et, depuis un

que le sel, M

cation et pour l'instruction religieuse. Les apprentis ont le plus grand désir de racheter leur liberté chaque fois qu'ils le peuvent. Trois se sont libérés depuis mon dernier rapport. Ceux qui achètent leur liberté, quand ils sont artisans, suivent ordinairement leur état; les autres se font domestiques. L'apparence des

an, je suis obligé d'être rigide avec lui clans l'exécution des devoirs qui me sont imposés par le Gouvernement. La législature de celte île n'a point encore pris de mesures pour l'instruction des

récoltes et l'état général de la culture sont satisfaisants. La saison n'a point été favorable à cause du manque de pluie.

apprentis ou de leurs enfants libres ; tous les progrès que fait

Thomas

MATTHEWS,

juge spécial.

N° 157. § II. ANTIGOA. EXTRAIT

d'une lettre du surintendant de police.

nier par les éléments, le temps peu favorable qui a succédé, puis

Antigoa, 20 mai 1836.

le manque d'activité et d'énergie chez les cultivateurs. La seule plainte générale, ou cause rationnelle d'alarme, vient de ce que l'on enlève les jeunes enfants aux travaux d'agriculture

La liberté sans limites a produit et continue à produire de bons effets partout où l'on a vu de la modération jointe à de la prudence et à de la fermeté, lorsqu'il le fallait, de

pour les livrer à l'éducation ou aux arts mécaniques. L'impres-

la part des maîtres occupant des ouvriers. Les travailleurs, ainsi que je l'ai établi dans mon rapport de septembre dernier, ne travaillent pas aussi fort que pendant

de dispositions à s'occuper plus tard de la culture du sol.

l'esclavage; mais pourtant, la plupart du temps, leur travail laisserait du bénéfice au propriétaire, si on pouvait vendre les produits à des prix convenables. Quelquefois les travailleurs se comportent d'une manière capricieuse, soit dans le but d'obtenir une augmentation de salaire, soit sous l'impression d'un mécontentement passager. Dans les vallées et sur les points fertiles, où la nourriture est moins chère et où l'on s'inquiète peu du vêlement, la paresse et la négligence des ouvriers à remplir leurs devoirs est encore plus remarquable. En outre, sur la plupart des propriétés, les laboureurs travaillent le samedi ; quelques-uns ne travaillent pas une seule fois ce jour-là dans toute l'année. Ce fait diminue sensiblement et la somme de travail et les salaires, et souvent conduit lesnoirs à des habitudes de paresse et d'immoralité, qui causent une perte commune au propriétaire et au tenancier. L'opinion du moment est que la récolte du sucre et des autres produits de l'agriculture est moindre celte année qu'elle ne l'a jamais été. On assigne diverses causes à celte circonstance pénible et ruineuse ; d'abord les dommages causés dans le mois d'août der-

sion générale est que le développement de l'instruction intellectuelle a été exagéré, et que la génération nouvelle n'aura plus L'examen de ce sujet est certainement de la plus grande importance. Néanmoins, s'il est vrai que la population rurale ou autre ne puisse exister à Antigoa à moins que l'on s'occupe sans relâche de la culture de la terre, et si ce principe continue à dominer, on peut espérer que les jeunes gens, en avançant en âge, se montreront disposés à suivre les occupations de leurs pères. En somme, sur les propriétés le travail se fait bien, et les travailleurs, réfléchissant à la dépendance où ils sont vis-à-vis les uns des autres, renoncent à leurs dispositions capricieuses; mais il est certain, d'après mes précédentes observations, que les intérêts des propriétaires ont été lésés en même temps que ceux des cultivateurs ont été améliorés. J'ai eu occasion de le remarquer: dans les parties de l' île ou les terres incultes dominent, les cultivateurs tendent à se dispenser de la culture du sucre. Le très-petit nombre des jeunes gens qui, en 1834, s'occupaient des travaux préparatoires sur les propriétés, se sont livrés à des occupations agricoles. Je conclus que les seuls intérêts des propriétaires de l'île souffrent de la liberté. Le cultivateur aura toujours du travail, s'il est assidu et laborieux, et, s'il ne l'est pas, la loi sur le vagabondage lui assurera la nourriture. un toit, de l'emploi et les secours de la médecine. Signé Richard

S. WICKHAM,

surintendant de police.


702

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. N° 158. § III. GUYANE ANGLAISE.

1.

DISCOURS

du gouverneur sur l'état prospère de

la

colonie.

population ainsi animée, si désireuse d'acquérir de l'instruction et de s'élever dans la civilisation, ne semble pas disposée à s'a-

Messieurs de la cour de police et les délégués des finances ,

donner à la vie errante. Elle n'abandonnera pas ses ministres, ses chapelles, ses écoles, pour les bois et les solitudes de l'île, si on lui rend le foyer agréable. Sur les propriétés où les apprentis sont convenablement logés, où ils ont la jouissance paisible

En me trouvant au milieu de vous, j'éprouve un grand plaisir à pouvoir vous adresser mes félicitations sur l'état prospère de

gner la culture, le travail régulier demandé par les maîtres serait fait gaîment, je le crois , après le 1er août 1840, moyennant

cette colonie ; sur la position heureuse , tranquille et active de nos travailleurs ; sur l'accroissement clans l'exportation des produits

un salaire raisonnable.

26 janvier 1836.

de petites portions de terre, et où ils sont encouragés à en soi-

manufacturés, comparée à ce qu'elle était au temps de l'esclavage ; sur les améliorations et les constructions nouvelles qui se multiplient autour de nous; enfin sur l'absence du crime et la rareté des punitions. Je ne crois pas qu'il existe, dans les domaines britanniques, un pays que l'on puisse citer avec vérité comme étant dans un étal plus florissant que la Guyane. Tous les intérêts de cette colonie sont dans une même voie de prospérité. Cependant, messieurs, le devoir du législateur est de ne pas se laisser éblouir par une prospérité actuelle, ni influencer par une apparente adversité. Il doit envisager froidement les mesures qui peuvent tendre à maintenir l'une et à éloigner l'autre. Vous avez fait avec succès le premier pas vers l'émancipation de notre population travailleuse ; j'ai moi-même apprécié l'effet du système de travail des apprentis ; nous avons l'expérience et la science pratique pour nous aider dans nos arrangements pour l'avenir. Nous serions seuls à blâmer si nous ne réussissions pas aussi bien dans le second pas, et si les résultats définitifs du changement complet qui, en si peu d'années, aura lieu dans la condition delà classe laborieuse, ne conservaient pas l'avantage mutuel qu'ont déjà éprouvé et les travailleurs et ceux qui les occupent. Il n'est, je le crois, personne, connaissant celle colonie, qui ne soit convaincu de l'avantage général que l'on trouve à répandre l'instruction morale et religieuse dans les classes laborieuses , lors même qu'on ne serait pas mû par des considérations plus élevées. Je rends hommage aux constants efforts des ministres delà religion et des différents catéchistes , de quelque secte qu'ils soient. Les doux préceptes du christianisme, la pure morale de l'Évangile, ont déjà tracé de profondes racines. Ceci, messieurs, n'est point une vaine déclamation. Voyez, chaque semaine, les annonces de mariage ; voyez la honte et le sentiment de dégradation qui accompagnent le concubinage. Voyez les travaux des cours suprêmes , criminelles et inférieures; examinez les rapports périodiques de police faits par les shérifs ; informez-vous de la nature des crimes et du nombre des prisonniers; lisez les rapports des juges spéciaux; pénétrez jusque dans les prisons, et je vous demanderai si l'on pourrait citer, dans toute l'étendue de nos possessions, une antre contrée où il se commît moins de crimes , ou l' on jouisse d' une plus grande tranquillité , où les classes laborieuses elles-mêmes soient plus actives. Ces preuves si réelles de l' amélioration morale dans ces classes, et du bien immédiat que Ion peut attendre dune plus large distribution d instruction morale et religieuse nous ordonnent de faire, par intérêt pour nous-mêmes, si nous ne voulons envisager de motif plus élevé, tout ce qui sera en notre pouvoir pour satisfaire au besoin d'instruction qui se fait si généralement sentir. Il n'y a pas moins de neuf chapelles en construction dans ce moment, et les fonds nécessaires ont été réunis par souscription entre les propriétaires et les apprentis eux-mêmes. Dans toutes les occasions ceux-ci ont souscrit de bon cœur et largement (suivant leurs humbles moyens) pour élever des temples à Dieu. Une

En considérant l'état de celle province et la bonne conduite des apprentis laboureurs, rappelons-nous que l'ordonnance 43, relative au gouvernement des apprentis de cette colonie, avait proposé la création de douze établissements de police, où seraient répartis douze sergents de police, ayant sous leurs ordres cent vingt hommes armés. Nous n'avons pas bâti un seul établissement de police; il n'y a pas un seul agent armé dans les districts de la colonie. Chaque justice de district a seulement un messager armé employé à remettre les citations aux témoins lorsque des plaintes sont portées. Les gages de ces messagers forment la seule dépense supportée par la colonie, au lieu de 275,000 fr., somme à laquelle on avait estimé au plus bas l'établissement du système de police proposé. Ces faits, messieurs , je les cite avec plaisir. Jugeant de l'avenir par le passé, j'ai la confiance que le résultat du changement déjà si heureusement accompli en partie ne sera pas moins heureux. Le décret d'abolition a posé, je le crois , la pierre fondamentale du bonheur de la Guyane anglaise. J'ai pensé devoir, avant l'ouverture des travaux de la session, vous présenter les observations précédentes. J'ajouterai seulement que Je bonheur que j'éprouve de l'état de prospérité actuelle de la province, et du succès complet de la ligne de conduite que j'ai cru devoir adopter, me dédommage amplement de l'opposition que j'ai quelquefois rencontrée et du mécontentement qui s'est, dans quelques occasions, manifesté contre mon administration. Fort de la pureté de mes motifs, ces nuages ne m'ont jamais causé un moment de peine sérieuse. Vous me trouverez aussi empressé que jamais à remplir mon devoir et aussi appliqué à faire réussir les mesures qui auront pour objet le bonheur de cette importante et magnifique colonie. Les discussions louchant notre liste civile seront bientôt terminées. De deux propositions adressées d'ici dans le mois de juin dernier, le Roi m'ordonne d'accepter en son nom celle qui, après mûre considération , me semble le mieux conçue pour le bien du service et le bonheur de la province. J'accepte donc, au nom de Sa Majesté, le plan qui met les revenus de la colonie à votre disposition , comme voies et moyens, et garantit aux agents de la Couronne le payement régulier de leur salaire. Ce plan est parfaitement en rapport avec mes vues et mes désirs, que je vous ai expliqués précédemment. Une ordonnance a été disposée d'après mes instructions, par M. l'avo,cat-général, pour mettre cette mesure à exécution , et sera plus lard soumise à la cour de police. Aussitôt que celle ordonnance sera rendue , un ordre de Sa Majesté en conseil placera la cour réunie en possession d'une autorité entière en ce qui touche les estimations annuelles. J'ai la confiance, messieurs, que toutes les causes de dissentiment, non-seulement actuel mais futur, au sujet de nos arrangements financiers annuels, étant sur le point de disparaître, le bonheur, la tranquillité et la prospérité de cette colonie reposeront désormais sur une base trop solide pour être aisément ébranlée.

Les droits d' importation ayant été si profitables, je pense que vous trouverez convenable de proposer le maintien de cette


ÉTUDE DE L'EXPER. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1837. — JAMAÏQUE. 703 source de revenus, qui semble permettre de supprimer les taxes sur les propriétés et celles sur les voitures et chevaux. Je vous

des produits exportés pendant 1835, comparée avec la moyenne des années d'esclavage, ne s'élève à guère moins de 12, 5oo,ooo fr

recommande vivement celte suppression, parce qu'elle diminuera la fréquence des serments ; un législateur moral et prudent doit éviter tout ce qui tend a placer en opposition la conscience du contribuable et son intérêt personnel. Sous ce point

Il a fallu vingt-sept vaisseaux marchands et 540 matelots de plus pour le transporter en Europe. Ces faits incontestables n'ont pas

de vue, et dans le but encore d établir un mode de revenus moins varié et plus simple dans sa forme que celui qui existe, vous

manière positive, parce que la douane n'a ici aucune donnée à ce sujet; il faudrait demander ces renseignements aux douanes de la Grande-Bretagne et de l'Irlande ; mais, d'après l'opinion du

devrez considérer jusqu'à quel point un droit d'exportation peut etre combine avec le droit sur les importations, pour rendre inutile toute autre espèce de taxe. Je désirerais que le droit de tonnage payable à Berbice-River fût supprime, afin que les deux ports de la colonie fussent assimilés en tous points sous le rapport de la dépense. Vous pèserez et considérerez ces choses, dont je ne parle à présent que poulies indiquer à votre attention. Signé J. Carmichael

2.

DÉPÊCHE

DU

besoin de commentaires. La valeur des importations faites à la Guyane, pendant le même temps, ne peut pas être fixée d'une

collecteur, elle a plus que doublé, pendant l'année dernière. Il règne une apparence générale de bonheur et de contentement, il y a dans l'habillement et le bien-être des travailleurs et de leurs familles un progrès qui plaît à voir, et qui est trop évident pour échapper à l'observateur le moins attentif. Autant que je puis en juger, l'état actuel de la colonie ne peut-être meilleur, et promet de se continuer. Signé

SMITH.

gouverneur à lord Glenelg fur le même sujet.

3.

EXTRAIT

J.

Carmichael

SMITH.

des rapports mensuels des magistrats salariés sur l'insubordination des femmes.

28 janvier 1836.

Juin 1836.

J'ai l'honneur de remettre à Votre Excellence le résumé des rapports mensuels des juges spéciaux, pour le mois de décembre dernier. Les punitions jugées nécessaires ne se sont élevées qu'à vingt et une. J'espère que le temps n'est pas éloigné où il n'en sera plus infligé du tout. Je vous soumets, en outre, les rapports hebdomadaires des geôliers de George-Town et de New-Amsterdam. Votre Excellence se convaincra que dans aucune des possesions de Sa Majesté il ne se commet aussi peu de délits ou de crimes. La plus grande tranquillité règne partout, tous se soumettent immédiatement aux lois, sans qu'il soit besoin d'employer aucune mesure coercitive. Votre seigneurie pourra juger de la bonne volonté et de l'industrie des apprentis laboureurs, en examinant les documents officiels ci-joints de George-Town et de New-Amsterdam. La valeur

ANNÉE

Il s'est manifesté dernièrement dans l'atelier de femmes de la plantation Schooword une disposition à l'insubordination ; elles se refusaient à faire une quantité raisonnable d'ouvrage et à rester dans les champs pendant les sept heures et demie prescrites par la loi. Celte disposition doit être attribuée à une haine profondément enracinée contre les directeurs et inspecteurs. On leur demandait trop d'ouvrage, elles en ont fait trop peu. Sur la plantation Potosi, leur mauvaise conduite a eu pour cause une haine semblable, aussi contre le directeur, ajoutée à des mécontentements au sujet du traitement des malades, ou de ceux qui se plaignaient de l'être. Dans tous les autres cas, les plaintes n'ont été portées que contre quelques apprentis, dont la conduite était peu réglée.

183 7. N° 159.

LA JAMAÏQUE. 1.

EXTRAIT

d'une lettre de

M.

Dillon.

Retirement-Great-House, 1er janvier 1837.

Les plantations de cannes sont bien cultivées, et l'on a fait de grands préparatifs pour 1838 et 1839. Les propriétés changent de maître; les unes sont louées, les autres achetées à des prix qui montrent la confiance des spéculateurs. On demande et l'on donne de 5o sch. à 5 liv. sterl. par arpent pour des terres de montagnes en friche, suivant la facilité ou la difficulté d'y arriver. En un mot , à mesure que la confiance se rétablit, la prospérité s'accroît dans la même proportion. Je me suis servi du goût national pour les courses de chevaux , comme moyen de tenter une nouvelle expérience : des récompenses publiques sont promises à l'obéissance, à l'activité et à la bonne conduite ; et, samedi prochain, j'aurai le plaisir d'offrir, devant une grande assemblée des habitants et des paysans , .deux pistolets et une belle canne à trois des constables les plus

méritants, choisis parmi les trois classes de constables des plantations. Une récompense semblable, mais de moindre valeur, sera accordée au meilleur apprenti de mon district. Si je le puis, je me servirai de ce stimulant au moins une fois par au, ce qui pourra, avec d'autres faveurs, amener la confiance, l'émulation et les bons sentiments. Dans le district, et principalement dans la paroisse, on a fait une souscription pour m aider dans mon projet. On attend de bons résultats de cette souscription dont je vous envoie le programme. a Le fondateur de ces jeux ruraux n'a pas seulement en vue l'avancement moral des apprentis, en leur donnant des primes périodiques pour leur bonne conduite, mais en même temps il désire les exciter au travail et provoquer une bienveillance réciproque ; il désire aussi leur inspirer, pour l'avenir, le goût de réunions agréables, qui leur offriront le bonheur chez eux, les empêcheront d'aller le chercher autre part, et les amèneront, par la force d'un instinct propre a notre nature, à cultiver dans l'âge viril les liens auxquels se rattacheront les souvenirs de leur jeu-


704 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. liesse, où leurs services étaient encouragés , leurs idées morales agrandies, et où leurs plaisirs n'étaient point négligés. Ces vues méritent non-seulement qu'on en fasse l'essai, mais encore d'être encouragées par les propriétaires, les géreurs et les directeurs. Les amateurs des courses et les éleveurs travailleront à leurs propres intérêts en devenant souscripteurs annuels. » J'appelle encore une fois l'attention du Gouvernement sur l' état des malades, soit adultes ou enfants, atteints de l'affection appelée Yavv (pian); et si cet appel, qui est le troisième, n'est pas écoulé, je proposerai à la législature de l'île quelque plan, afin de soulager ces malheureux soumis à la direction sa-

e

II PARTIE.

être sûr que , quoiqu'ils se louent moyennant salaire, ils donnent cependant l'attention nécessaire à leurs jardins. Il y a un grand nombre d'enfants libres dans ce district, et leur condition mérite une attention toute particulière. Les parents les négligent beaucoup et leur donnent à peine ce qui leur est nécessaire : ils son t élevés dans la paresse, la saleté et l'ignorance ; leurs parents ne veulent leur permettre, sous aucun prétexte, de faire le moindre ouvrage, ni sur la plantation à laquelle ils appartiennent ni sur aucune autre. Quand les directeurs leur en parlent, ils répondent laconiquement: «Ne sont-ils pas libres ?» Leur idée de liberté semble consister en une absence totale

nitaire des plantations. Je proposerai aussi de faire établir des

de tout travail et de tout souci. Il est inutile d'ajouter aucun

asiles de district pour les enfants libres. Il ne serait pas moins

commentaire sur l'influence pernicieuse qui sera plus tard produite sur la société par tant de milliers d'enfants élevés dans des habitudes de vice, d'ignorance et de paresse.

humain que politique d'arrêter le mal toujours croissant, ou bien la génération présente en sera la victime. Signé

2.

EXTRAIT

J.

A.

DILLON,

juge spécial.

d'une lettre de M. Harris. Sainte-Elisabeth, 1"janvier 1837.

Il paraît exister dans ce district un désir général de travailler à la tâche. Pour seconder les vues de Son Excellence le gougerneur, à ce sujet, des commissions se sont assemblées, afin de préparer un système ou une échelle de travail, qui, établie sur des bases modérées et libérales, pourra devenir de la plus grande utilité. On éviterait ainsi les continuelles disputes qui ont lieu sur la quantité d'ouvrage à faire. Il y a toujours eu des différences très-grandes d'opinion sur cette question ; mais je suis d'avis que, pour les travaux ordinaires, il serait possible d'établir une échelle convenable. Il y a, il est vrai, dans la direction des propriétés, des détails qui paraissent ne pouvoir être assujettis à des règles; mais le bon sens et la libéralité des directeurs pourraient aisément obvier à cet inconvénient. Jusqu'à présent le travail des commissions n'a point encore subi l'épreuve de la pratique et de l'expérience. Souvent les planteurs et les nègres s'arrangent pour une quantité stipulée d'ouvrage, soit pour cueillir le café, soit pour nettoyer des pâturages, etc. ; si la quantité fixée est finie en moins de neuf heures, le reste de la journée appartient aux nègres. Ils sont si alertes, et travaillent de si bon cœur, d'après ce système, qu'il leur est souvent arrivé d'avoir fini leur tâche dans la moitié ou, tout au plus, dans les deux tiers de la journée. Il est arrivé quelquefois aussi qu'ils n'ont pu finir dans une journée; mais cela doit être attribué au manque d'une échelle connue pour la distribution d'une quantité d'ouvrage proportionnée à la journée. On a un grand besoin d'ouvriers dans ce district, et les apprentis travaillent ordinairement, à leurs heures libres, moyennant salaire. Le prix ordinaire est de 1 fr. 20 cent. à 1 fr. 80 cent. par jour, pour les laboureurs. Les artisans peuvent, sans doute, gagner davantage. On les paye en argent. On fournit aux apprentis assez de terre pour y cultiver tout ce qui leur est nécessaire. Dans quelques endroits, la qualité des terrains n est pas favorable à la culture de certaines espèces de provisions, telles que les ignames et les cacaotiers ; mais les autres plantes , telles que la cassave et les patates douces, y viennent bien. Le district est souvent exposé à de grandes sécheresses : alors les terrains et les nègres en souffrent beaucoup. Vers le commencement de l'année dernière, la sécheresse était si grande, que les récoltes en souffrirent considérablement. Une fois je fus obligé de mettre en exécution les règlements de la 48 section de la loi d'abolition ; j'ai entendu affirmer qu'en général les nègres négligent la culture de leurs terres, afin de se

Les apprentis paraissent nourrir le plus grand désir d'acheter leur liberté; j'ai assisté à cinq évaluations, depuis ma nominations à ce district. Parmi ceux qui se sont rachetés, trois ont déjà payé, les deux autres le feront bientôt. On a dit, et je le crois vrai, que certaines personnes du voisinage ont engagé plusieurs apprentis à se libérer, en leur avançant l'argent , et que, aussitôt que ceux-ci ont été libres, ils les ont pris en apprentissage chez eux, pour un temps double de celui qui leur restail à faire. C'est en réalité priver le nègre du temps qu'il a déjà servi. Les nègres aiment la nouveauté et le changement, et ne connaissent pas la nature et l'étendue du mal qu'ils se font ; ils consentent simplement, pour l'amour du changement de demeure et de maîtres, à des arrangements que je considère comme usuraires et contraires aux lois. J'ai déjà énoncé mon intention de m'opposer, de tout mon pouvoir, à des actes aussi injustes. J'encouragerais volontiers le désir louable de l'apprenti qui veut se retirer des liens de la servitude, et je voudrais qu'il rendît, jusqu'au dernier sou, la somme qui lui est avancée, et même , si on le désire, avec intérêts. Mais il faudrait le laisser libre d'agir de son gré, ou, du moins, il ne faudrait pas le forcer à rester esclave, au delà de l'époque fixée par le loi. L'abus que l'on aura fait ainsi de l'ignorance du noir et de son amour pour le changement aura les conséquences les plus funestes pour tous ceux qui ont agi ainsi. Leur conduite est d'ailleurs une infraction à la loi d'abolition. Les apprentis qui obtiennent leur liberté sans souscrire le contrat usuraire dont je viens de parler s'engagent comme domestiques à un prix fort raisonnable, par exemple à 12 liv. sterl. par an. Quand ils sont artisans, ils s'occupent de leur état. Ceux qui en ont les moyens achètent de petites portions de terres, se bâtissent des cabanes et cultivent des jardins : ces derniers se laissent aller, je le crains, trop facilement à la paresse et au désœuvrement : c'est à peine s'ils végètent. Ils ont, près d'eux, un mauvais exemple dans les habitudes et les mœurs des Parafées ou mulâtres des savanes, qui sont, sous bien des rapports, inférieurs aux apprentis , aussi longtemps, du moins , que ces derniers sont utilement occupés. L apparence des récolles de cette année n'est point fort encourageante. Elle avait d'abord promis des produits abondants, mais cet espoir a été déçu par la grande sécheresse du commencement de l' année dernière. On s'attend cependant à faire à peu près autant de sucre que l'année passée. La culture des champs est tout aussi avancée qu'à l'ordinaire, pour la saison, et promet une bonne récolte l'année prochaine. Il est vrai que l'année dernière on avait les mêmes espérances, et que les saisons défavorables les ont détruites. Par conséquent, comme l'expérience l'a démontré, l' abondance des récoltes dépond entièrement des saisons.

e

louer à leurs heures libres. H n'y a pas de doute que cela ne soit vrai jusqu'à un certain point, mais j'ai de bonnes raisons pour

Le Gouvernement devrait s'occuper immédiatement de lois pour l' établissement d un système d'instruction combinée avec le travail pour les enfants des apprentis. Il est absolument nécessaire d employer des moyens coercitifs,

puisque les parents


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1837.— JAMAÏQUE opposent tant d'obstacles a l'instruction de leurs enfants. Je suis persuadé que le propriétaire de chaque plantation contribuerait bien volontiers au soutien des enfants des apprentis , si on pouvait, en retour, lui assurer une certaine quantité de travail. En effet, avec celte assurance, un propriétaire pourrait non-seulement employer et soutenir les enfants de ses propres apprentis, mais ceux des apprentis appartenant à d'autres propriétaires, qui, pour différentes raisons, ne seraient pas en état de supporter une telle charge. De cette manière, chaque plantation un peu considérable occuperait facilement de 5o à 100 enfants. Les écoles devraient être placées dans des positions centrales, afin que les enfants de cinq ou six plantations pussent facilement les fréquenter. Certains jours consécutifs ou alternatifs seraient consacrés à l'éducation, à l'agriculture, ou à l'enseignement de quelque métier. Je pense qu'il vaudrait mieux employer d'une manière consécutive le temps auquel on donnerait cette destination, car les élèves, étant obligés de parcourir à pied une distance assez longue pour aller à l'école et pour s'en retourner, ne pourraient autrement donner l'attention convenable ni à l'étude ni au travail. Signé

J. HARKIS,

juge spécial.

705

que leurs enfants sont traités par le médecin de la plantation et que les mères reçoivent des allocations pour ces enfants. Les enfants libres sont facilement nourris par les parents, et les missionnaires les instruisent, aussi bien que tous les autres qui veulent être instruits pendant leurs heures libres. Les apprentis ont presque tous le désir de racheter leur liberté, mais le tribunal qui les estime ne fixe pas toujours une somme qui convienne à leurs vues. Je crains qu'il n'y ait pas de changement dans ce système d'estimation, qui jette un très-grand poids du côté des propriétaires. On a fait à peu près dix estimations depuis mon dernier rapport. Une fois libérés les apprentis vont ordinairement demeurer avec les personnes qui les ont aidés dans leur affranchissement. La saison a été extraordinairement sèche ; on s'attend à un déficit, et la récolte sera tardive; mais les laboureurs ne manquent pas de bonne volonté. Ils ont beaucoup travaillé dans leurs heures libres pour être à même d'acheter des provisions à cause de la non-réussite de leurs terrains. J'ai puni, durant le mois dernier, huit hommes et une femme pour délits contre les propriétés. J'ai fait fouetter tous les hommes. Par des causes locales particulières à cette paroisse, nous sommes très-sujets à ce genre de délit.

3.

EXTRAIT

d'une lettre de M. Marlton. Sainte-Marie, 1er avril 1837.

Les apprentis travaillent volontiers, et, à une ou deux exceptions près, ils sont en bonne intelligence avec leurs maîtres. Les heures de travail ne sont point réglées par la loi d'abolition , mais il est généralement compris que l'on doit donner aux apprentis les anciennes allocations de poisson, etc., et qu'ils doivent travailler durant la journée entière : c'est ce qu'on appelle le système de neuf heures. Je considère le système de huit heures comme une pure illusion ; dans les plantations à sucre ce système est absurde, et les planteurs le savent bien. Toute plantation de sucre exploitée avantageusement d'après le système de huit heures, sans faire les concessions ordinaires aux nègres, n'est qu'un vol journalier du temps des apprentis. J'ai vu, par une expérience de plus de deux ans, que, si l'on essayait de mettre strictement en pratique la loi d'abolition, le résultat en serait mauvais et pour les maîtres et pour les apprentis. Tout ce que je puis faire, c est d obtenir des concessions libérales pour ces derniers, et de les décider à donner le plus possible en retour. Le pouvoir du juge spécial serait fort dangereux, s'il lui plaisait d'en user au profit du maître ou de l'apprenti. La loi d'abolition contient des clauses si contraires les unes aux autres, qu'il arrive souvent que même les juges spéciaux ne peuvent s'accorder sur leur véritable sens. Je n'hésite point à avouer que j'ai plus en vue le bonheur et le bien-être des apprentis que l'exécution stricte de la loi de la colonie. Le travail à la tâche n'est point usité dans mon district, et je ne voudrais pas le voir ordonner par une loi. Quand la direction est bonne, l'on obtient assez de travail des apprentis. On peut considérer, indirectement, le travail des cannes comme réparti par tâches, mais les laboureurs s'arrangent, à cet égard, avec leurs maîtres. On estime que 70 trous par jour font une somme raisonnable de travail pour une personne. Quand les apprentis sont employés à leurs heures libres, on 2 fr. 5o cent, pour 70 trous. Pour le travail au moulin on donne, outre les anciennes allo-

leur paye ordinairement cations, 5 francs, 3 fr.

60 cent, et 2 fr. 5o cent. par semaine, suivant l'étendue de la plantation, et, pour l'entretenir, 18, 16 ou 14 heures. La moitié du vendredi ou un vendredi entier

sur deux est aussi accordé aux apprentis, hors de la saison de la récolte, excepté dans deux ou trois plantations, où ils travaillent cinq jours entiers de la semaine, en considération de ce II.

Comme il m'a été recommandé de faire connaître toute mesure pratique qui pourrait être utile, j'ai l'honneur de soumettre à Votre Excellence les observations suivantes : Dans mon rapport du 3o septembre 1836, j'ai parlé de ce qu il y a de défectueux dans la loi d'abolition concernant cette colonie. Je crois que l'intention de la nation était que les magistrats eussent une juridiction exclusive dans toutes les discussions entre le maître et l'apprenti, ou chaque fois que la conduite de l' apprenti pourrait faire du tort à la propriété de son maître. Lord Glenelg, dans une dépêche au marquis de Sligo, a prié Son Excellence de remettre à chaque magistrat spécial de l'île une copie des instructions rédigées pour leur servir de guide dans l'exécution de leur devoir. Mon intention, en rappelant cette dépêche, est d'en examiner l'application d'après la manière dont j' envisage certaines parties de l'acte d'abolition. J'étais, il y a peu de temps, à Port-Maria, quand le directeur de la plantation à sucre de Hopewell, amena un laboureur apprenti de cette plantation devant les deux magistrats siégeant en petite session. Le directeur se plaignait de ce que l'apprenti avait emporté des cannes a sucre du moulin, (je pense qu'il y en avait cinq). Les deux parties avaient été devant le juge spécial du district , qui avait refusé de rien entendre, parce qu'une loi passée depuis peu dans l'assemblée renvoyait ce délit au jugement de deux magistrats. Les deux juges locaux ont entendu l'affaire, et envoyé l'apprenti pour quinze jours au treadmill dans la maison de correction, parce qu il ne pouvait pas payer l'amende que lui imposait la loi. Cette loi de la colonie me paraît avoir annulé les intentions de l'acte britannique. Si le directeur de Hopewell avait mené l'apprenti de. vant le juge spécial pour avoir coupé une seule canne sur la plantation, le juge spécial était autorisé par les lois de l'île à prononcer une sentence de cinquante coups de fouet, ou de trois mois d'emprisonnement et de travaux forcés dans une maison de correction, parce qu un juge spécial, en pareil cas, peut informer et punir; mais l' apprenti de Hopewell (qui avait travaillé au moulin à sucre depuis le point du jour jusqu a dix heures du soir, et qui avait emporté avec lui quelques cannes) devait être mené devant deux juges locaux parce que le fait n'était point du ressort du juge spécial. Avoir volé des cannes c'était faire aussi grand tort à la plantation que d'en avoir coupé, et je crois que l'acte du Parlement anglais avait voulu donner la juridiction au juge spécial dans les deux cas. Je dois croire, par les lois passées récemment, que l'acte britannique a été comme abrogé par l'acte de la législature locale, et j'ai tant de fois vu eufreindre cette dernière loi, que je considère comme un devoir pour moi d'en faire part au Gouvernement. J'ai connu des apprentis que les

/|5


706

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE.

magistrats locaux ont fait fouetter pour des délits jugés aux sessions trimestrielles, et pour lesquels nul homme libre n'aurait pu être fouetté. J'en ai déjà parlé au marquis de Sligo. La dixhuitième clause de la loi britannique est annulée aussi par plusieurs lois de la colonie. lime semble que c'est une injustice évidente d'empêcher un apprenti de se plaindre à un juge spécial, du tort ou des injures qu'il aura subies de la part de personnes pour lesquelles il ne travaille pas, lorsque la quarante-quatrième clause de l'acte delà colonie autorise le juge spécial à infliger une punition de cinquante coups de fouet ou trois mois de travaux forcés, pour un crime ou une malversation commise par un apprenti envers une personne pour laquelle il ne travaille pas. Si l'on trouvait un apprenti de la plantation Esher coupant des cannes

e

sur la plantation de Hopewell, le juge spécial pourrait condamner ; mais, si le directeur de Hopewell bat ou enferme dans un cachot l'apprenti de Esher, le juge spécial ne doit pas s'en mêler. Je ne renverrai jamais une plainte portée, soit par une de ces deux parties soit par l'autre, s'il m'est possible de la considérer comme rentrant dans l'esprit de l'acte britannique, bien persuadé que la promptitude dans le jugement et dans l'exécution est ce qu'il y a de plus salutaire, et que les droits légitimes de l'apprenti sont mieux garantis par la décision du magistrat spécial, dans tous les cas de discussion qui peuvent s'élever sur une plantation entre le maître et son serviteur. Signé W. MARLTON , juge spécial.


DEUXIÈME PARTIE. PÉRIODE

DE

L'AFFRANCHISSEMENT

DÉFINITIF

II.

45.



DEUXIÈME PARTIE DU CHAPITRE XIV PÉRIODE DE L'AFFRANCHISSEMENT DÉFINITIF.

SOMMAIRE.

NUMÉROS

ORIGINE DES DOCUMENTS.

TITRES.

DATES.

PAGES.

d'ordre.

ANNÉE 1838. N° 160.

§

Ier.

LA

JAMAÏQUE.

1 à 7. Dépêches du gouverneur sir Lionel Smith à lord Glenelg, sur les premiers effets de l'émancipation définitive et sur l'état du travail. 8 à 12. Rapports et lettres des magistrats spéciaux Wolfrys, Bourne, Grant, Chamberlin, Mac-Intosh, sur le même sujet et sur la question des salaires.

De juin à décembre.

713

De sept, à octobre.

715

Octobre à décembre.

716

Août à octobre.

718

§ II. SAINT-VINCENT.

N° 161.

1 à 3. Rapports des magistrats Nanton et Crosby sur l'état de la culture et la disposition des travailleurs. N° 162.

§ III. GUYANE ANGLAISE.

1 à 3. Dépêches du gouverneur à lord Glenelg, sur les dispositions des travailleurs. 4. Rapport sur l'état des plantations, quatre mois après l'émancipation définitive. — Contrôle et témoignage de quelques-uns des administrateurs et géreurs. 5 et 6. Dépêches du gouverneur à lord Gienelg sur l'état du travail.

1er

719

décembre.

12 et 29 décembre.

721

8 janvier.

722

Janvier et février.

Ibid.

13. Extrait d'une lettre de l'inspecteur des écoles à l'évêque de la Jamaïque, sur l'état de l'éducation. 14. Extrait d'une dépêche du marquis de Normanby au gouvernenr.— Approbation de ses actes.

27 février.

724

28 février.

Ibid.

15 à 23. Rapports des magistrats spéciaux Gordon, Harris, Fishbourne, Daly, Pryce, Lambert, Ramsay, Grant. 24. Dépêche du marquis do Normanby au gouverneur. 25. Dépêche du gouverneur au marquis de Normanby.

Mars et avril.

725

ANNÉE 1839. §

N° 163.

I

er

.

LA

JAMAÏQUE.

1. Dépèche de sir Lionel Smith à lord Glenelg, sur la situation du travail. 2 à 12. Rapports des magistrats spéciaux Ricketts, Brown, Chambrelin, etc., etc.

26 à 39. Extraits des rapports des magistrats spéciaux Carnaby, Lyon, etc., etc. §

N° 164.

II.

§ III.

§

N° 166.

IV.

727

Ibid. Ibid.

10 mai.

731

15 et 30 janvier.

732

LA TRINITÉ.

Extrait d'une lettre du colonel Mein au marquis de Normanby, sur l'état du travail et des travailleurs. N° 165.

2 avril. 13 mai. Avril à octobre.

SAINT-VINCENT.

LA

BARBADE.

Nombre de places disposées dans les églises et dans les écoles où Ton reçoit une instruction régulière sous la direction de l'Église anglicane, pendant les années 1825, 1834 et 1839. 2. Tableau comparatif de la quantité de plaintes portées contre les apprentis, du 1 mars au 1er août 1839, et contre les cultivateurs libres pendant la même période de 1839. 3. Nombre des châtiments infligés pendant la dernière année de l'apprentissage comparée à la première année de liberté. 4. Résultat des tableaux comparatifs de châtiments dressés par les juges spéciaux pour la période du 1er août 1837 au 1 août 1838, et par les juges de paix ordinaires pour celle du 1er août 1838 au 1er août 1839. 5. Rapport du comité des prisons, approuvé par la commission.

732

1.

733

er

Ibid.

734

er

II.

Ibid.

5 octobre.

45.


710

SOMMAIRE DE LA IIe PARTIE DU CHAPITRE XIV.

NUMÉROS

ORIGINE DES DOCUMENTS.

TITRES.

DATES.

PAGES.

d'ordre.

6. Compte rendu de la séance du tribunal de conciliation , tenue dans la paroisse de Saint-Thomas. 7. Opinion du procureur général R. Bowcher-Clarke sur les tribunaux de conciliation. 8. Dépêche du gouverneur il lord John Russe), relative aux tribunaux de conciliation. 9. Résumé des rapports des divers magistrats de police sur l'action du régime de liberté, 10. Lettre des juges de la cour d'appel sur la situation des plantations de la paroisse de Christ-Church. 11. Questions relatives à l'état du système de travail libre à la Barbade. 12. Réponses des magistrats de police J. T. Corbin, Francis Tornilh, etc., etc., aux questions précédentes. 13. Questions posées aux magistrats de police pour les guider dans leurs rapports trimestriels. 14. Réponses des magistrats de police Francis Thornhill, T. Cummings, etc., etc., aux mêmes questions. N° 167.

§

LA

V.

737

20 décembre.

Ibid.

1er novembre.

738

21 novembre.

739 740

Août et septembre.

741 753 754

767

1. Dépêche du gouverneur à lord Glenelg, sur l'état de la colonie. 2. Réponses faites par M. Jones aux diverses questions concernant le travail libre.

26 mars.

768

15 avril.

Ibid.

3. Motifs qui ont déterminé les noirs à élever moins de volaille. 4. Considérations sur les causes de la mésintelligence entre les maîtres et les travailleurs. 5. Opinion de quelques planteurs sur les dispositions manifestées par les noirs depuis la liberté.

19 avril.

769

20 avril.

Ibid.

23 avril.

Ibid.

16 mars.

771

Janvier, juin et oct.

771

Avril et mai.

772

S

S

N° 169.

VI.

VII.

ANTIGOA.

TORTOLA.

Dépêche de sir W. M.G. Colebrooke à lord Glenelg, sur l'état du travail. S

GUYANE

VIII.

ANGLAISE.

1 à 3. Dépêches du gouverneur à lord Glenelg, au marquis de Normanby et à lord John Russell, sur l'état du travail. ANNÉE 1840.

N° 171. §

I

.

er

LA

JAMAÏQUE.

1. Dépêches du ministre des colonies et des gouverneurs. 2. Rapports des magistrats spéciaux, depuis le mois d'août 1840 jusqu'en janvier 1841. N° 172.

§

II.

S

III.

Juillet à décembre.

802

809

811

LA DOMINIQUE.

Coup d'oeil rapide sur l'état de l'agriculture dans la colonie, publié dans le journal le Dominicain, du 9 mars 1840. § IV.

773

LA BARBADE.

1. Réponses des magistrats de police aux questions qui leur ont été adressées pour les guider dans leurs rapports trimestriels. 2. Rapports généraux des magistrats de police sur la marche du régime de liberté et sur l'état de l'agriculture dans les diverses paroisses de l'île. 3. Lettres et rapports divers sur le régime du travail libre à la Barbade.

N° 174.

29 octobre. •

12 février.

N° 168.

N° 173.

735

DOMINIQUE.

Extrait d'une dépèche du gouverneur à lord Glenelg, sur la situation de la colonie.

N° 170,

14 septembre.

GUYANE

9 mars.

812

Janvier.

812

Janvier.

813

15 février.

814

Juin.

816

ANGLAISE.

1. Copie du journal du magistrat salarié Wolseley, sur la culture et la condition des travailleurs. 2. Copie d'un autre journal du magistrat Wolseley pendant sa tournée officielle dans le comté de Berbice. 3. Copie d'une dépêche de lord J. Russell au gouverneur Light. 4. Extrait du journal du magistrat salarié Wolseley, en tournée dans les contrées de Demerara et d'Essequibo.


711

SOMMAIRE DE LA IIe PARTIE DU CHAPITRE XIV.

NUMEROS

DATES.

PAGES.

..

1er août.

817

..

15 septembre.

818

..

14 décembre.

Ibid.

..

26 janvier.

820

31 décembre. 16 décembre.

Ibid.

ORIGINE DES DOCUMENTS.

TITRES. d'ordre.

5. Extrait du discours adressé par Son Excellence le gouverneur aux laboureurs de la Guyane anglaise. 6. Copie d'une dépèche du gouverneur Light à lord John Russell. 7. Réponses du magistrat Whinfield à diverses questioDs sur l'état du travail. 8. Dépêche du gouverneur à lord John Russell sur le même sujet. 10. Extrait du journal de M. Wolseley

821 823

ANNÉE 1841. N° 175.

§

I

.

er

LA JAMAÏQUE.

1. Rapport de M. Hall Pringle, magistrat spécial, à sir C. T. Metcalfe. 2. Dépèche de C. T. Metcalfe à lord Stanley 3. Dépèche de lord John Russell à sir C. T. Metcalfe.. 4. Extrait d'une dépêche de. sir C. T. Metcalfe à lord John Russell. 5. Extrait du discours prononcé par sir C. T. Metcalfe, à l'ouverture de la session de l'assemblée générale de l'île. 6. Extrait d'une dépêche de lord Stanley à sir Metcalfe. 7 à 29. Rapports et lettres des magistrats salariés Abbot, Grant, Gurley, etc., etc. N° 176.

§

II.

LA

.

1er janvier.

824

.

1er novembre. 23 août.

826 827

.

10 septembre.

Ibid.

.

12. Rapport de MM. T. F. Elliot et E. E. Villiers, sur l'enquête faite par le sous-comité. 13. Devis des dépenses pour le transport des immigrants par un navire de l'Amérique du Nord, du port de 500 tonneaux. 14. Dépêche du lieutenant-gouverneur sir Henry MacLeod à lord Stanley. III. LA

§

IV.

LA

20 mai.

841

18 novembre.

842

Janvier et juillet.

Ibid.

8 mars.

843

18 mars.

844

Mars à juillet.

Ibid.

863 864 5 novembre.

868

31 décembre.

Ibid.

Sept, et décembre.

869

BARRADE.

1. Lettre de M. Félix Bedingfeld, secrétaire privé, à M. Joseph Thorn, commandant du port, adjoint. 2. Réponse de M. J.Thorn aux questions précédentes.. 3. Lettre de M. F. Bedingfeld, secrétaire privé, à M. le lieutenant-colonel Connor, inspecteur de police. 4. Réponse de M. Alexandre Connor aux questions contenues dans la lettre précédente. 5. Extrait de l'adresse du gouverneur E. J. M. MacGrégor au conseil et à l'assemblée de l'île. 6. Adresse de l'assemblée de la Barbade à sir E. J. M. Mac-Gregor, gouverneur. 7. Questions posées par lord John Russel, dans sa dépêche au gouverneur sir E. J. M. Mac-Grégor. 8. Réponses des magistrats de police Morris, Scantlebury, Bascom, etc., etc. 9. Lettre des juges de la cour auxiliaire d'appel à M. F. Bedingfeld, secrétaire privé. H.

Ibid.

GRENADE.

1 à 6. Rapports des magistrats salariés Jephson, Walsh, Fraser, Staunson , Darling et Roach. N° 178.

Juin à décembre.

TRINITÉ.

10. Renseignements recueillis par le sous-comité de la société d'agriculture et d'immigration.— Dépositions diverses. 11. Rapport du sous-comité de la société d'agriculture et d'immigration.

§

828

.

1 à 4. Dépêches du lieutenant-gouverneur sir Henry Mac-Leod à lord John Russell. 5. Dépêche de lord Stanley au lieutenant-gouverneur sir • Henry Mac-Leod. 6 et 7. Dépêches du lieutenant-gouverneur sir Henry • Mac-Leod à lord Stanley et à lord John Russell. 8. Lettre de M. W. H. Brunley, président de la société d'agriculture et d'immigration, sir Henry Mac-Leod. 9. Lettre de M. Arthur White, secrétaire colonial, à M. W. H. Burnley, président de la société d'agriculture et d'immigration.

N° 177.

Ibid.

.

873 8 janvier. 11 décembre 1840.

874 875

Ibid. 12 janvier.

Ibid.

26 janvier.

876

Ibid. Juillet et août.

Ibid.

23 septembre.

883

45...


SOMMAIRE DE LA IIe PARTIE DU CHAPITRE XIV.

712

NUMÉROS

TITRES.

ORIGINE DES DOCUMENTS.

DATES.

PAGES.

d'ordre.

N° 179.

§ V.

SAINTE-LUCIE.

1 à 5. Rapports des magistrats spéciaux Laffitte, Drysdale, Rennett, Colquhoun et Johnston. N° 180.

§

VI.

ANTIGOA.

1 à 4. Rapports des magistrats salariés Walker et Grœme.

Septembre et octob.

883

Janvier et mai.

891

897

6. Société d'agricul ure de l'ouest et du sud d'Antigoa. 7. Extrait d'une dépêche du lieutenant-gouverneur Macphail à lord Stanley. N° 181.

S

VII.

GUYANE

Ibid. 25 novembre.

898

Juin.

898

ANGLAISE.

1. Pétition des propriétaires, géreurs et autres intéressés dans l'agriculture delà colonie. 2. Copie d'une dépêche du gouverneur Light à lord John Russel. 3. Rapport de l'agent général de l'immigration sur l'arrivée du navire le Supérieur, portant 199 cultivateurs libres de Sierra-Leone. 4. Lettre de l'agent général de l'immigration au gouverneur. 5. Relevé du nombre d'immigrants introduits dans la Guyane anglaise, du 18 février au 13 juin 1841. 7. Rapport de M. Beresford, chirurgien de l'asile général et de l'hôpital de Berbice. 8. Journal de la tournée faite par le magistrat salarié W. B. Wolseley, les 28, 29,30 et 31 juillet. 9 à 24. Rapports des magistrats salariés Coleman, Lyons, Sandiford, etc., etc. 25. Instructions données à M. H. G. Ouseley, agent du gouvernement de la Guyane anglaise, chargé d'y transporter les Africains capturés. 26. Dépêche du gouverneur Light à lord John Russell 27. Copie d'une dépêche du même au même. — Avis du Gouvernement. 28. Lettre de M. Carbery à M. H. E. F. Young, secrétaire du Gouvernement. 29. Rapport de M. AV. Howard-Ware, magistrat salarié. 30. Lettre de M. Richard Taylor, agent de l'émigration pour la Guyane anglaise, à M. James Hackett. 31. Lettre de M. James Hackett, agent général de l'immigration. 32 à 34. Dépêches du gouverneur Light à lord Stanley. 35. Procès-verbal d'une assemblée de propriétaires ou représentants de plantations. 36. Lettre de M. Young, secrétaire du Gouvernement, à M. Michel Mac-Turk. 37. Rapport de M. James Hackett, sur la perspective de l'émigration des Antilles pour la Guyane anglaise. 38. Dépêche du gouverneur Light à lord Stanley

1er

juin.

Ibid.

29 mai.

899

5 juillet.

900

Ibid. 14 juillet.

Ibid.

3 août.

901 907

26 juillet.

916

30 septembre. 25 sept, et 1er oct.

918

30 septembre.

919

6 octobre. 12 août.

920

5 novembre.

921

5, 23 et 30 novemb. 1 décembre.

Ibid.

2 décembre.

924

19 novembre.

925

7 décembre.

926

9 mars.

926

Idem.

927

18 janvier. 24 janvier.

Ibid.

er

917

Ibid.

922

ANNÉE 1842.

N° 182.

§ Ier. SAINTE-LUCIE.

1. Avantage de l'emploi de la charrue pour la culture.. 2. Culture de la canne, de compte à demi entre le maître et le cultivateur. §

N° 183.

II.

GUYANE ANGLAISE.

Rapport de M. D. Maclennan, magistrat salarié. ... Dépêche du gouverneur Light à lord Stanley État de la colonie au mois de février 1842 Mouvement parmi les cultivateurs de la Guyane anglaise à l'occasion des loyers et des salaires. 5. Dépêche de lord Stanley au gouverneur Light

1. 2. 3. 4.

N° 184.

§ III.

ÉTAT GÉNÉRAL

DU

Février.

927 928

Ibid. 7 février.

929

TRAVAIL DANS LES COLONIES

ÉMANCIPÉES, JUSQU'AUX PREMIERS MOIS DE 1842.

1. Extrait cl analyse du discours de lord Stanley à la Chambre des communes. 2. Rapport fait à la Chambre des communes par le comité chargé de l'enquête sur les colonies anglaises. 3. Analyse du rapport de la commission d'Afrique, nommée par la Chambre des communes.

22 mars.

929 932 933


DEUXIÈME PARTIE. PÉRIODE DE L'AFFRANCHISSEMENT DÉFINITIF1.

ANNÉE

1838. N° 160.

§ Ier. LA JAMAÏQUE.

1.

DÉPÊCHE

du gouverneur à lord Glenelg, sur l'effet

produit par la connaissance de la loi d'émancipation.

2.

DÉPÊCHE

du gouverneur à lord Glenelg, sur le résul-

tat de ses observations pendant une tournée dans plusieurs paroisses.

25 juin 1838.

Depuis la promulgation de l'acte d'émancipation tout ce que l'on a pu savoir de ses effets sur les travailleurs, c'est qu'ils sont généralement heureux et tranquilles. La récolte des cannes à sucre, près de sa fin, suit son cours ordinaire. De tous côtés les propriétaires passent des marchés de travail. Les projets de contrat diffèrent: les uns proposent des terres et des maisons pour deux jours de travail par semaine ; d'autres proposent de payer cinq journées de travail par semaine en fixant une rente pour les terres et les maisons. La quotité des salaires est aussi l'ohjet de différentes propositions ; mais les cultivateurs sont très-méfiants et il n'est pas facile de les tromper. J'ai su que dans diverses circonstances ils avaient demandé le salaire que les propriétaires avaient proposé pour les services des apprentis. Le pays retire un immense avantage de l'influence qu'exercent les missionnaires, non-seulement parce qu'ils donnent aux nègres la conscience de leurs devoirs, mais parce qu'ils leur donnent aussi des conseils salutaires, et leur assurent la juste rémunéra-

Je me suis embarqué le 13 courant, afin de visiter toutes le paroisses de la côte. J'avais eu la précaution d'annoncer mon arrivée, afin que tous les principaux des plantations et les negres les plus intelligents eussent le temps de se réunir pour me recevoir. Avant de quitter le siège du Gouvernement, j'ai publié une proclamation dont la copie est ci-incluse. Le 24 courant j'étais de retour à Kingston, après avoir visité le district de Saint-Thomas-dans-l'Est, les paroisses de Portland, Saint-George, Sainte-Marie, Sainte-Anne, Trelawney, SaintJames , Hanovre, Westmorelandet Sainte-Elisabeth ; le 2 5 je visitais, dans l'intérieur des terres, les paroisses de Saint-André ou les montages de Port-Royal et Port-Royal-des-Monts. Dans toutes ces paroisses, j'ai trouvé la population nègre toute préparée à recevoir les bienfaits de la liberté. Rien ne peut exprimer l'enthousiasme avec lequel je fus reçu partout, et la reconnaissance ainsi que l'attachement qu'ils manifestèrent pour le

tion de leurs travaux. On doit s'attendre à ce qu'aussitôt le 1er août les cultivateurs prendront quelques jours de repos, et peut-être même qu'ils commettront quelques excès pendant ces moments de joie et d'oisiveté; mais je suis persuadé qu'ils reprendront bientôt leur vie

contenu de la proclamation. L'effet de ces discours fut d'éloigner de leur esprit les doutes qu'ils pouvaient encore conserver sur la nature de leurs droits et de leurs intérêts.

accoutumée; et, bien que, dans sa pétition à la Reine,la Chambre des représentants ait demandé que le Gouvernement prît des mesures pour garantir la paix de l'île et les droits de la propriété, je

Tous témoignèrent la résolution où ils étaient de travailler, et parurent bien comprendre les fâcheuses conséquences de la paresse.

ne sache pas une époque de l'histoire de la Jamaïque où il y ait eu moins de chances de pertubation qu'à l'époque actuelle. On doit s'attendre, en outre, à ce que certaines propriétés

Quelques noirs seulement ont témoigné beaucoup de mécontentement pour avoir payé trop cher le rachat de leur dernier terme d'apprentissage, au moment où ils allaient se trouver libérés gratuitement par la suppression de l'apprentissage. Quant à l'importante question des salaires, je trouvai les nègres unanimement disposés à n'accepter aucun mode d'arrangement avant le 1er août. Les planteurs et les hommes de loi avaient proposé différents prix. Je pense qu'ils s'arrêteront au prix de 75 centimes par jour, avec un jardin, une maison et des terres libres ; ou de 1 fr. 25 cent, par jour, a la charge par les cultivateurs de payer une faible rétribution pour leur habitation et les terrains dépendants, etc.

seront totalement abandonnées, faute d'argent pour payer les cultivateurs. On exagérera ce mal et on le présentera comme une des fâcheuses conséquences de là liberté, mais il ne faut guère s'arrêter à ces divers bruits. Les cultivateurs iront tout naturellement vers ceux qui pourront les payer, et l'ensemble de la culture n'en souffrira nullement. La disette de petite monnaie donne des craintes sérieuses, car partout les nègres demandent à être exactement payés. Signé Lionel

SMITH.

Gouvernement de la Reine. Dans toutes les paroisses j'ai adressé aux habitants, sous forme de conseil, des paroles conformes au

Les nègres connaissent bien la valeur de leur travail ; je suis certain que, sous ce rapport, ils ne seront pas dupes de ceux qui 1

La proclamation de l'affranchissement définitif a été précédée d'un acte important de la part du Gouvernement de la métropole, c'est l'enquête sur l'apprentissage. Cette enquête a été publiée à Londres, en 1837, sous ce titre : Report from the Select committee of the House of

commons on negro apprenticeship m the colonies, together with the minutes of évidence, ordered by the House of commons to be printed, august 1837. Le déparlement de la

marine et des colonies en France a publié, en 1841 , une analyse très-détaillée et très-bien faite de ce document. Il eût été superflu de reproduire ici les résultats de l'enquête de 1836-37, mais il importe d'en tenir compte comme d'un élément indispensable de toute étude raisonnée de l'expérience anglaise. Je prends la liberté de renvoyer le lecteur au document publié par le déparlement de la marine et des colonies. Voir Abolition de l'esclavage dans les colonies anglaises, 3' publication, page 1 A 197. *


714 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES.— PIÈCES JUSTIFICATIVES. les emploieront, et qu'ils n auront pas de prétentions déraisonnables. Votre seigneurie connaît trop bien le caractère des nombreux petits planteurs de cette colonie pour conclure, de ce qui précède , que nous arriverons à un tel changement de condition parmi les cultivateurs sans qu'il ait été commis aucun acte d'oppression. Les petits propriétaires et les économes, quand ils ne sont pas contrôlés, signifient aux cultivateurs d'avoir à quitter leurs propriétés ; ils causent ainsi beaucoup de mécontentement et de malaise, caries nègres sont très-attachés à leurs habitations. On a généralement agi de celle manière dans l'espérance de réduire le prix du travail; mais je ne pense pas que cet exemple soit imité,

4.

EXTRAIT

dérangement ou quelque trouble dans la conduite des cultivateurs libres. Partout où ils trouveront encouragement et bon salaire, ils seront tranquilles et industrieux. Signé Lionel

SMITH.

3. LETTRE de l'évêgue de la Jamaïque à lord Glenelg, sur les heureux effets de la liberté. 6 août 1838. J'éprouve une satisfaction réelle à témoigner ici de la conduite paisible et convenable de toutes les classes de la population, et particulièrement de celle des nègres, si rassurante pour l'avenir. Je n'ai jamais été témoin d'une scène plus attendrissante que celle que me présenta Spanish-Town, lorsque j'y assistai au service. Tous les rapports envoyés par les membres du clergé s accordent à faire l'éloge de la conduite régulière des nègres dans l'île entière. Depuis longtemps je savais que cette partie de la population, à laquelle s'applique la mesure bienveillante prise par le Gouvernement, se composait de tout ce qu'il y a sur la terre de plus patient, de plus endurant, de plus profondément doué de résignation et de longanimité, et, par conséquent, de moins accessible à la provocation ; mais ce n'est que depuis la promulgation du grand et glorieux acte de justice et de miséricorde qui vient d'être accompli que j'ai pu apprécier convenablement combien ces hommes étaient imbus des principes du christianisme, et combien était salutaire l'influence de la religion suides serviteurs qui, jusqu'à présent, n'ont pas ou n'ont qu'imparfaitement connu la volonté de leur Seigneur et Dieu. Ils ont prouvé , par leur conduite, qu'ils étaient dignes de l'immense bienfait qu'on venait de leur accorder, et qu'ils étaient mieux préparés à le recevoir que je ne l'aurais moi-même imaginé. La tranquillité avec laquelle tout cela s'est passé, a beaucoup contribué au bon effet que celte mesure a généralement produit, et a fait une impression profonde sur les esprits. Elle a relevé le courage et l'espérance des gens bien disposés, elle a confondu et désappointé les malveillants. Je suis convaincu qu'il ne fallait rien moins que ce grand et heureux changement pour nous donner l'espoir d'améliorer réellement la population noire. Il ne me reste plus qu'à vous répéter que la conduite de toutes les classes du peuple, dans cette heureuse circonstance, a été au-dessus de tout éloge, et que je n'ai remarqué, dans aucune des grandes villes de ces environs, qu'il se fut commis aucun exces de boisson ou de joie capable de porter atteinte au caractère religieux de la dernière fête.

d'une dépêche de sir Lionel Smith à lord Glenelg , sur le taux des salaires. 13 août 1838.

J ai soigneusement évité d'intervenir dans la question des salaires. Dans la paroisse de Sainte-Dorothée, que j'ai visitée la semaine dernière, les affranchis ont paru très-désappointés de ce que je ne voulais pas fixer moi-même la somme qu'ils devaient recevoir. A Bush-Pond , propriété de 700 nègres, ils se sont enfin décidés à recevoir 1 fr. 20 cent., par jour. Tous, je pense, ont repris leurs travaux. Je n'ai aucune appréhension sur la tranquillité de l'île.

ou que l'on persévère longtemps dans l'emploi de tels moyens. J'espère pouvoir encore visiter toutes les autres paroisses avant le 1er août. Quelques-unes sont tellement inaccessibles, à cause du mauvais étal des routes, qu'il pourrait arriver que je ne pusse accomplir entièrement ce projet. D'après tout ce que j'ai déjà vu, on ne doit pas craindre, le moins du monde, quelque

e

II PARTIE.

Signé Lionel

5.

DÉPÊCHE

SMITH.

du gouverneur à lord Glenelg, sur la situation des travailleurs. 10 septembre 1838.

Les rapports ci-inclus prouveront à votre seigneurie que , bien qu à partir du 1" août il y ait eu une longue interruption de travail, Je travail n'a pas manqué, même dans cet intervalle, toutes les fois qu il a été provoqué par des offres convenables de salaire. Pendant ce temps-là aussi la conduite de la population , rendue à la liberté, et sa soumission aux lois, ont été extraordinaires , surtout si l' on considère les effets qu'avait produits dans celte île la loi de l' apprentissage et les nombreuses provocations qui avaient pu exciter les ressentiments des cultivateurs. Je le dis avec plaisir, je n'ai pas appris que les nègres aient commis un seul acte de violence envers leurs anciens oppresseurs, ni aucune offense capitale, depuis qu'ils ont été rendus à la liberté. De leur côté, les planteurs s'efforcent, par tous les moyens qui sont en leur pouvoir, de se procurer du travail à bon marché. Le troisième article delà loi qui abolit l'apprentissage assure, pendant trois mois, aux cultivateurs affranchis la jouissance libre des maisons et des terres qu'ils occupaient, c'est-à-dire qu'aux termes de cette loi ils ne peuvent en être évincés que trois mois après notification de congé. En conséquence, on leur a généralement intimé l'ordre de quitter les lieux, et, en même temps, on leur imposait des conditions de location très-dures, afin de les forcer à accepter des gages modiques. Ces malheureuses tentatives ont beaucoup retardé la reprise de la culture. Dans toutes les paroisses, les affranchis ont généralement manifesté la bonne volonté de travailler, moyennant des conditions convenables. Si, dans quelques localités, on a eu à signaler quelques demandes de salaires dépassant les justes bornes, on 11e peut attribuer, en grande partie, cet état de choses qu'à l'importance naturellement exagérée que donnaient à leur travail ceux qui voulaient se dédommager de l'apprentissage qu'ils avaient subi. J ai déjà entretenu votre seigneurie de la seule circonstance qui m'ait causé quelque inquiétude, relativement à la conduite des nègres : c est-à-dire leur entrée tumultueuse dans la ville de Falmouth. Ils étaient armés , les uns de fusils, les autres de cou-

teaux cl de bâtons. Ils s étaient imaginés que les blancs voulaient pendre leur ministre favori, Knibb. Dans une autre circonstance, ils crurent qu'on l'avait égorgé sur la route. J ai pris toutes les précautions convenables pour empêcher, à l'avenir, ces rassemblements contraires à la loi. S'il devenait nécessaire de recourir a la force , j aurai soin de n'employer que la troupe régulière. Les planteurs sont mécontents de voir que je n'envoie pas de troupes dans le pays et que je ne fais aucune proclamation pour contraindre au travail. Dans celte circonstance, on n'a pas mis en mouvement un


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL,ETC.— 1838. — JAMAÏQUE. 715 seul soldat. En effet, si l'on avait eu recours à la force militaire, ce n eût été que comme moyen d'intimidation pour forcer au travail à bon marché. Il en est de même des proclamations, dont on n aurait pu faire usage que dans un but semblable. Au lieu de cela, je me suis transporté dans toutes les paroisses, et là j'ai agi de mon mieux pour faire comprendre aux employés et aux cultivateurs ce qu'il convenait de faire dans l'intérêt commun. Signé Lionel SMITH.

6.

cultivateurs. La nécessite, ce grand censeur des actes et des intérêts de l'humanité, peut encore conduire au but que l'on désire atteindre ; mais jusqu à présent le mécontentement et la mauvaise direction donnée à cette affaire ont causé une grande interruption dans l' industrie, et mis la confusion dans les travaux ordinaires d'agriculture. Signé Lionel

8. Autre

RAPPORT

SMITH.

da magistrat spécial

dépêche dU gouverneur à lord Glenelg, sur le

Wolfrys sur la question des salaires.

même sujet. Sainte-Anne, 17 octobre 1838.

24 septembre 1838. J ai l' honneur d adresser a votre seigneurie, avec la présente, différents rapports faits par les magistrats salariés sur la situation de la classe des travailleurs. L opinion émise par le procureur général, à savoir que les propriétaires avaient le droit d exiger un loyer pour les trois mois garantis aux affranchis par la loi sur l'abolition de l'apprentissage a eu pour conséquence déplorable, dans toute l'île , la plus grande irritation , des relards et même des interruptions d'arrangements entre les travailleurs libres et les maîtres. Malgré cela, les cultivateurs manifestent généralement le désir de travailler moyennant un salaire raisonnable; et là où on les a bien traités les nègres travaillent encore, en ce moment, avec zèle. A ce sujet, je vous prie de vous en tenir au rapport de M. Lyon, si satisfaisant sur tous ces points. Presque tous les autres rapports relatent les vexations que les propriétaires ont fait éprouver aux travailleurs libres, en leur demandant des prix exorbitants pour les cases situées sur leurs terres et pour le pacage des troupeaux ou de tout autre bétail. Tous ces cas sont parfaitement bien exposés dans le rapport du capitaine Baynes. Un grand nombre de plaintes me sont parvenues des localités où le cultivateur, ne recevant que 3 fr. Go cent, par semaine, est obligé de payer 5 fr. 75 cent, de loyer pour sa case et ses autres charges, de sorte qu'il s'endette, chaque semaine, de 2 fr. 15 cent., sans qu'il lui reste rien pour vivre, lui et sa famille. Je n'ai en mon pouvoir aucun moyen d'empêcher ces abus. J'ai conseillé aux plaignants de ne rien payer à moins de conventions expresses. J'espère que la cour de justice de Middlesex , qui se réunit le 1" du mois prochain, fera droit à ces diverses demandes. Je suis fâché de n'avoir pas à vous faire un rapport plus satisfaisant sur l'état de cette île ; mais cependant deux faits importants demeurent actuellement établis par l'expérience : le premier, c'est que le nègre, devenu libre, s'est montré partout disposé à travailler, moyennant une rémunération suffisante; le second, c'est qu'au lieu de regagner les forêts , pour y croupir dans la paresse, comme le prédisaient ses ennemis en énumérant les dangers de l'émancipation, il aime mieux supporter les plus humiliantes vexations que de se laisser chasser de sa demeure. Malgré les tentatives coupables faites pour amener les nègres à travailler à bon compte, malgré les vexations multipliées qu'ils ont éprouvées, leur conduite n'a pas cessé d'être patiente et docile, au delà de tout éloge. Je ne conçois aucune inquiétude pour la tranquillité de l'île. Signé Lionel

7.

EXTRAIT

SMITH.

dune dépêché de sir Lionel Smith à lord Glenelg, sur le succès du travail libre. 3 décembre 1838.

Bien ne manque au succès du travail libre, à la Jamaïque, si ce n est une conduite plus juste et plus généreuse envers les

Beaucoup de propriétaires, particulièrement ceux des domaines à pâturages, et où l'on cultive le piment, s'abstiennent de faire des offres convenables aux cultivateurs. Ils donnent pour raison que leurs champs étant en parfaite condition, et la récolte du piment sur le point d'être finie, ils n'ont besoin que de peu de cultivateurs, et peuvent même s'en passer. Cela est de toute exactitude. Je crois cependant que leur pensée est qu'après les trois mois accordés par la loi les cultivateurs seront forcés d'accepter tout salaire plutôt que de quitter leurs maisons et leur terrain , particulièrement ceux qui possèdent des habitations commodes et des terrains productifs. Signé

9.

RAPPORT

J. WOLFRYS.

du magistrat spécial Bourne sur le travail. Saint-André, 16 octobre 1838.

Cette époque de l'année est la plus défavorable au travail généra; de la population. Dans les saisons pluvieuses, les maîtres sont peu désireux d'employer les cultiva'eurs. Ceux de ces derniers dont la santé peut être mauvaise ne se soucient guère d'affronter les pluies, à moins d'y être poussés par la nécessité. Je ne doute point que lorsque la belle saison sera revenue et que les cafés seront mûrs, le nombre des cultivateurs ne soit au moins doublé. Je crois que le nombre des cultivateurs occupés est en rapport avec celui que les propriétaires ont l'intention de payer. Je ne connais qu'une petite propriété (Hall's-Prospect) sur laquelle le salaire soit trop élevé. Certainement, pour une même quantité de travail, les paysans anglais, écossais ou irlandais, demanderaient un salaire beaucoup moins considérable. La récolte du café promet d'être fort abondante. Les géreurs de bonne foi disent qu'en général elle sera plus considérable que les dernières, et qu'elle dédommagera amplement les propriétaires de l'augmentation des dépenses. Signé BOURNE.

10.

RAPPORT

du magistrat spécial Grant sur l'amélioration des mœurs chez les noirs. Manchester, 20 novembre 1838.

La conduite de la population de cette partie du pays a été audessus de tout éloge. Partout elle s'est montrée patiente à soufrir le mal, industrieuse et animée de bons sentiments. Je ne suis pas le seul à reconnaître ces heureuses dispositions, et je puis en référer à l' opinion du respectable président des dernières sessions trimestrielles. Ce magistral, qui ne pouvait avoir d'intérêt à déguiser la situation de la paroisse, a dit, en s'adressant au grand jury : « Qu il n existait au tableau aucune cause assez sé«rieuse pour appeler l'attention particulière de la cour ; que la «majorité de ces causes consistait'en rixes, dont la plus grande « partie n était pas imputable à de nouveaux émancipés ; que


716 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. « celte circonstance l'encourageait, ainsi que les magistrats, ses « collègues, à entretenir les espérances les plus flatteuses sur la « prospérité future de cette partie du pays. » Un grand nombre d'individus, connus par le plus mauvais caractère, sont devenus industrieux et de bonne conduite Beaucoup de ceux qui autrefois se prétendaient invalides, beaucoup d'autres réellement malades qui, sous l'ancien système, restaient dans l'oisiveté et dans une situation misérable , et dont, par humanité, on n'exigeait aucun travail, s'utilisent maintenant, et gagnent des salaires qui suffisent à leurs besoins, d'ailleurs assez bornés. La plupart des propriétés, dont les gérants se conduisent avec douceur envers les cultivateurs, sont dans un état plus prospère qu'à pareille époque de l'année passée S'il y avait nécessité, je pourrais citer de nombreux exemples de la quantité extraordinaire de travail faite par les cultivateurs depuis le 1er du mois d'août. Je dis extraordinaire, par comparaison avec ce qui eût été exécuté sous l'ancien système. Comme j'aime à croire que celte observation a été généralement faîte, je ferai seulement remarquer que l'argent s'est montré et se montrera toujours un stimulant mille-fois plus actif que tous les moyens employés durant l'esclavage et l'apprentissage. » Signé

J'ai recommandé avec instance le travail à la tâche, toutes les fois qu'il peut être praticable. Le prix général du travail de louage sera probablement de 1 sch. 8 den., par jour , avec maisons et jardins. Le travail n'a pas été repris dans les propriétés en proportion du nombre de cultivateurs. L'exemple et le succès de ceux qui ont entrepris le travail à la tâche auront probablement de promptes et avantageuses conséquences. La tâche a été essayée dans plusieurs endroits, et y est devenue le système préféré. — Les maîtres ont été satisfaits du travail de leurs cultivateurs : ceux-ci ont été largement payés de leur peine; ils gagnent, par jour, 1 sch. 8 den., 2 sch. 1 den., 2 sch. 6 den., et quelquefois 2 sch. 11 den. et 3 sch. 4 den. , et n'ont pas de rente à payer pour logement, jardins et secours médicaux. Au prix du travail à la lâche, beaucoup d'habitations pourront maintenir la culture en employant un moins grand nombre d'ouvriers que par le passé. Signé

12.

LETTRE

J. W. GRANT.

CHAMBERLIN.

du magistrat Mac-Intosh, relative aux conventions pour le travail. Aucbenskoch, le 11 décembre 1838.

11. EXTRAIT

du rapport du magistrat salarié Chamberlin,

sur les progrès du travail et la condition générale des cultivateurs dans la paroisse de Saint-Thomas-dans-l'Est. 4 septembre 1838. Je viens du district de la rivière de Planlain-Garden. J'y suis resté une semaine, et j'y ai vu plusieurs cultivateurs, propriétaires, géreurs et hommes d'affaires de plantations. Dans presque toutes les propriétés de ce riche district, le travail des plantations suit son cours avec plu3 ou moins de succès.

La semaine dernière, j'ai été appelé, en ma qualité de magistral spécial, par cinq directeurs de plantations placées jadis sous ma surveillance, afin de ratifier des marchés passés entre eux et des cultivateurs, pour le travail ordinaire et extraordinaire à exécuter jusqu'au 1er août prochain. Je pense que les conditions offertes et acceptées sont bonnes et raisonnables. La première classe des cultivateurs doit recevoir 8 deniers par jour, la deuxième, 5 deniers, pour neuf heures de travail. Le travail extraordinaire sera payé au même taux que celui de la récolle de 1836.

Signé

MAC-INTOSH.

N° 161.

§ II. SAINT-VINCENT. 1.

EXTRAIT

du rapport du magistrat salarié Nanton sur

l'état de la culture et la condition des travailleurs. 29 octobre 1838. Conformément au désir manifesté par Votre Excellence, j'ai visité les plantations de ce district. Dans mes excursions, je me suis efforcé de me concilier les cultivateurs en leur rappelant l'avertissement que vous leur aviez donné en personne, avant le 1" du mois d'août. Je leur dis que ma visite était provoquée par l'intérêt que vous portez à leur bien-être. Je donnai ainsi de l'importance à mes représentations et je commandai le respect. Je leur fis une complète démonstration de la loi dans son application à leurs nouveaux droits et devoirs. Je les engageai a élever leurs enfants dans des habitudes de travail, a les envoyer aux écoles trois jours par semaine, et à les laisser travailler trois jours, moyennant salaire. Je leur fis comprendre que la culture coloniale exigeait des engagements annuels, d'après lesquels la personne qui confiait une récolte à la terre devait s'obliger à l'en retirer, et, dès lors, a rester sur une plantation le temps nécessaire à recueillir ce qui avait été semé. Enfin je les engageai à faire des arrangements pour s'assurer du travail jusqu'au 1er août prochain. L arrangement que je proposai fut qu'ils travaillassent les

lundi, mardi, mercredi et jeudi de chaque semaine, et un vendredi sur deux, à raison de neuf heures par jour. Les cultivateurs de 1re classe recevaient 1 fr. 85 cent. ; ceux de la 2°, 1 fr. 2 5 cent.; les enfants et les infirmes , 90 centimes par jour. Cet arrangement a été accepté dans toutes les plantations que j ai visitées, à l'exception de Evisham-Vale, Upper-Diamond, Prospect et Sionhill. Les propriétaires de ces plantations ne se présentèrent point, et, en conséquence, aucun engagement n'eut lieu. Quelques individus refusèrent do le conclure. C'étaient des maris qui voulaient rejoindre leurs femmes sur d'autres plantalions, ou des femmes qui voulaient rejoindre leurs maris. Tous ces gens s'appliquèrent à bien me prouver que leurs refus n'avaient aucun autre motif. Quelques légères objections furent faites sur le taux des gages, elles cessèrent dès que les cultivateurs eurent compris qu'une paye extraordinaire accompagnerait tout travail extraordinaire; et lorsqu' à leur demande empressée je leur eus promis qu'un tarif imprimé du travail, signé par moi, serait envoyé à chaque plantation. Le temps de durée du travail ne fut contesté que par les femmes ayant de jeunes enfants ; elles refusèrent de travailler plus de sept heures par jour. On se plaignit de ce que des personnes incapables de se suffire a elles-mêmes ne recevaient pas les secours auxquels elles avaient droit par le vœu de la loi. Je manifestai le désir que les amis des


ETUDE DE L'EXPER. ANGL.— CHAP. XIV. ETAT DU TRAVAIL, ETC. — 1838.—St-VINCENT. 717 personnes qui se trouvaient dans celle situation s'adressassent à moi,lors de la tenue de mon tribunal, à Kingstown. Dans beaucoup de cas, les cultivateurs âgés et infirmes demandèrent à être exempts du travail ou à n'y contribuer que dans la mesure indiquée par le médecin attaché à chaque plantation. Le mauvais état des maisons nègres fut un sujet général de mécontentement. Les planteurs s'efforcent de le faire disparaître. Je finis ce rapport succinct sur l'état de ce district, qui comprend un tiers de la population agricole de ces îles , en informant Votre Excellence que 72 cultivateurs seulement ont refusé de contracter des engagements de travail. Depuis le dernier jour du mois d'août il n'a été commis d'autre délit qu'une querelle et une batterie ordinaires. Personne n'a été violemment renvoyé de sa demeure. Les cultivateurs sont généralement satisfaits de l'application juste et équitable de la loi. Ils s'acquittent avec ordre et tranquillité de leurs humbles et uniformes devoirs. Signé

NANTON.

de plusieurs, de faire adopter, sur les plantations qui v consentiraient, un tarif de salaire indiquant la somme de travail relative au salaire de 1 fr. 85 cent, et à l'excédant. Quelques-uns se sont plaints du mauvais étal de leurs maisons, inconvénient auquel les propriétaires s'efforcent de remédier. Quelques femmes, nourrices ou mères, ont refusé de travailler au delà de 7 heures par jour, condition à laquelle on accéda avec plaisir. Dans presque toutes les parties de ce district, les cultivateurs s'acquittent de leurs occupations avec autant de régularité qu'on aurait pu l'espérer. Dans quelques domaines, il a semblé difficile à quelques ouvriers d'allier l'idée de la liberté à celle d'un travail quotidien non interrompu. L'expérience les convaincra, sans doute, de l'avantage qui résulte pour eux-mêmes de cet état de choses, et surmontera progressivement leur antipathie. Les ouvriers incapables de travail n'ont point réclamé l'indemnité à laquelle ils ont droit. Quelques infirmes et quelques vieillards seulement ont réclamé l'exemption de travail. Il leur a été accordé de ne travailler que suivant l'avis du médecin. Toute la population de ce district est complètement soumise et tranquille, et paraît apprécier le bonheur croissant qui résulte du changement récemment apporté à sa condition sociale.

2.

EXTRAIT

Signé Crosby.

du rapport du magistrat Crosby sur la condition et la disposition des travailleurs. 17 novembre 1838.

3.

EXTRAIT

du rapport du magistrat Nanton sur le même

J'ai proposé pour le travail l'arrangement suivant: 9 heures par jour, depuis six heures du matin jusqu'à six heures du soir : 1 heure pour le déjeuner, 2 heures pour le dîner. Le travail serait alterna-

sujet.

tif : 5 jours pour une semaine, 4 pour l'autre, au prix de 1 f. 85 c. par jour pour la 1re classe de cultivateurs, de 1 fr. 2 5 cent, pour la seconde classe, et 90 ou 60 centimes par jour pour les vieillards et les jeunes gens. J'ai détaillé aussi les obligations mutuelles des maîtres et des ouvriers, la manière dont ces derniers

La 'diminution de la population agricole s'élève à huit cent cinquante-cinq. J'ai appris que le projet de ces individus, avant le 1" août, était de quitter, aussitôt qu'ils le pourraient, les propriétés sur lesquelles ils avaient travaillé jusqu'alors. En prenant des informations j'ai su que beaucoup d'entre eux sont des

pourraient disposer de leur temps et de leur travail, moyennant salaire, et j'ai fait sentir la nécessité d'un engagement annuel, dans le but d'assurer la culture du sol. Les cultivateurs, ne sachant pas lire pour la plupart, et 11e

individus jeunes, employés par leurs parents ou envoyés àl'école ; que d'autres avaient loué des terrains dans les environs de Kingston , où ils cultivent des provisions. D'autres se sont loués et

pouvant signer un engagement dont ils sont incapables de se rendre compte par eux-mêmes, je ne requis personne de signer l'arrangement dont il s'agit. J' insistai avec force sur l'avantage d'envoyer les enfants à l'école trois jours par semaine, et de les faire travailler dans les plantations les trois autres jours. Presque tous les cultivateurs des différentes plantations que j'ai visitées ont accepté cet arrangement, excepté ceux de GoldenGrove, de Bossock-Park, et de Quunsbay. Les cultivateurs de la première de ces plantations et les géreurs des deux autres ne s'étant point présentés, aucun engagement n'a pu être conclu. Ceux qui ont refusé de contracter cet engagement sur les plantations où ils avaient résidé comme apprentis, et qui étaient au nombre de 56, l'ont fait, la plupart par le motif qu'ils voulaient rejoindre leurs maris, leurs femmes ou autres parents, dans d'autres domaines. Beaucoup d'entre eux, ainsi que je l'ai appris, ont accepté l'engagement aux conditions ci-dessus indiquées. Je n'ai point visité les cultivateurs de Mont-Hosse, le propriétaire m'ayant averti qu'il avait précédemment contracté un engagement, et qne dès lors il ne voulait pas me faire perdre mon temps. J ai déclaré aux cultivateurs que le salaire de 1 fr. 85 cent, par jour était la rétribution de la somme de travail qu'ils avaient coutume d' exécuter comme cultivateurs apprentis, et que ceux qui étaient laborieux pourraient augmenter ce salaire, en exécutant volontairement, dans le temps alloué pour le repos, une plus grande quantité de travail. J'ai promis aussi, à la requête

1 2 décembre 1838.

sont engagés dans diverses occupations. Quelques-uns se sont mis en apprentissage dans la commune ; quelques autres travaillent dans d'autres districts ou ont quitté la colonie. Le contentement que montrent, dans l'exécution de leur lâche, les cultivateurs restés sur les plantations du district provient, en grande partie, de l'engagement volontaire contracté par eux jusqu'au 1" août, sans l'intervention d'aucun magistral ou de toute autre autorité, mais par une simple et unique explication de l'article du règlement résultant de l' acte d'abrogation : «Vous devez vous engager à continuer à travailler, moyennant salaire, sur la plantation , ou vous devez quitterla plantation. » Ils se sont, en toute circonstance, soumis respectueusement à l'action de la loi, et, quoique, avant l'expiration de l'esclavage, quelques-uns pensassent qu'ils avaient droit à jouir, sans condition, de leurs maisons et de leurs terrains, néanmoins, le 6 du mois d'août, époque à laquelle le droit fut pour la première fois réclamé, ils se satisfirent des explications qui leur furent données, et convinrent qu'ils s'étaient trompés. Je ne veux pas laisser penser à Votre Excellence que les cultivateurs travaillent maintenant avec autant d'exactitude que lorsqu ils étaient esclaves et apprentis : quelques-uns, sans doute, s'absentent pour un jour; quelques autres négligent leurs travaux pendant plusieurs jours ; beaucoup d'ateliers retournent assez lentement aux travaux pour réduire le temps du travail à huit heures et demie, huit et quelquefois sept heures. Signé

NANTON.


718

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

N° 162. § III. GUYANE ANGLAISE. 1.

EXTRAIT

d'une dépêche du gouverneur à lord Glenelg, sur l'état du travail. 13 août 1838.

J'ai fait savoir aux propriétaires que les cultivateurs libres d'Antigoa n'avaient pas tous repris les travaux pendant les trois semaines qui suivirent l'émancipation. La difficulté de l'établissement d'un taux régulier de salaire est presque surmontée. Les cultivateurs apprentis gagnaient si facilement de l'argent par le travail extra, qu'ils ne peuvent pas immédiatement comprendre pourquoi un salaire, comparativement réduit, leur a été offert dans leur nouvelle- position de liberté. Toutes ces difficultés disparaîtront peu à peu. Signé Henry LIGHT.

2.

AUTRE

dépêche du gouverneur à lord Glenelg , sur les dispositions des travailleurs. G septembre 1838.

D'après tout ce que je sais , on doit maintenant concevoir peu de craintes sur une cessation prolongée de travail. Dans quelques domaines situés sur la côte occidentale d'Essequibo, des causes locales ont excité du mécontentement, et le travail s'y est peu montré. A Demerara, les mêmes erreurs ont produit les mêmes effets. Les dernières nouvelles de Berbice apprennent que les planteurs sont satisfaits, et que, sur plusieurs plantations, le travail a été plus fort que sous l'apprentissage. Dans toutes les localités où les maîtres et les gérants ont agi avec tact et modération les cultivateurs ont exécuté une bonne somme de travail L'établissement du salaire, qui a eu lieu le 1er septembre, a ouvert les yeux aux paresseux, et les a convaincus que l'oisiveté ne pourrail recevoir une rétribution égale à celle du travail. En général, les magistrats salariés parlent favorablement des progrès de l'industrie. Les cultivateurs manifestent assez généralament l'intention de rester sur les plantations où ils résidaient précédemment 11 n'y a eu de changement que de la part de ceux qui, lors de l'esclavage ou de l'apprentissage, avaient été enlevés à leur résidence originaire. On se fera une idée de la disposition paisible des hommes nouvellement passés à l'état de liberté, en apprenant que, pendant tout le moi? d'août, il y a eu à peine une poursuite dirigée par un juge de paix.

Les propriétaires intelligents et sans préjugés ne conçoivent aucune crainte pour l' avenir. L'expérience du dernier mois fournit toute raison d espérer que la prospérité de la colonie ne s'arrêtera pas. Signé Henry

3.

AUTRE

dépêche du gouverneur

À

LIGHT.

lord Glenelg, sur

le même sujet. 15 octobre 1838.

Quoiqu' on obtienne encore une assez forte quantité de travail sur beaucoup des plantations de la Guyane anglaise, on ne peut pas nier cependant qu il existe une grande irrégularité dans le tra-

vail. Jusqu'ici le planteur ne peut pas compter pour deux jours de suite sur le même nombre de travailleurs, et, une fois aux champs, beaucoup de noirs abandonnent, après quelques heures , le travail des cultures régulières, et s'occupent à leur guise. Ils semblent ne pas comprendre la nécessité de payer à la plantation sur laquelle ils vivent un juste retour des avantages qu'ils en reçoivent. Ceci se fait remarquer principalement dans les îles de l'Essequibo, et sur la côte, dans le district qui avoisine le Pomaroun. Un assez grand nombre de travailleurs étant retournés sur les plantations dont ils avaient été renvoyés du temps de l'esclavage, plusieurs des plantations sur Walkenaam et Leguan ont eu à subir une grande perte de bras : leurs riches récoltés vont donc rester sur pied, à moins que l'on ne trouve à remplacer les bras perdus. Les noirs, qui poussent la crédulité à l'extrême, ajoutent foi au moindre récit qu'on leur fait des avantages qu'ils auraient à demeurer dans le voisinage de la ville. Or l'accès de la ville est très-difficile à ceux qui habitent les îles de l'Essequibo, et c'est pour cela qu'ils désirent se rapprocher de son rayon. Un Américain industrieux, nommé Benjamin, vient d'établir un bateau à vapeur entre la côte de l'Essequibo et Demerara. Ce service, en créant des communications plus régulières entre la ville et les districts ruraux, arrêtera, je l'espère, la dépopulation des habitations de ce district de la colonie. Il m'a semblé convenable de publier une adresse aux noirs pour les inviter à être assidus au travail, sans faire allusion cependant à ce qui se passe dans les îles de l'Essequibo. La dépopulation de ces îles est d'ailleurs un mal qui se guérira de luimême , car l'expérience apprendra aux travailleurs qu'ils ne gagnent rien au changement. Ci-joint copie de ma proclamation : ADRESSE AUX ÉMANCIPÉS DU 1er

AOUT, HOMMES ET FEMMES.

« J'ai suivi attentivement votre conduite depuis deux mois. J'ai reçu des rapports des magistrats (stipendiary magistrates ) de tous les districts. Quelques-uns vous sont favorables comme travailleurs ; tous témoignent de votre bonne conduite; mais, je suis fâché de le dire, vous ne vous montrez pas tous dignes du nom de personnes libres, et la conduite de quelques-uns de vous n a pas été telle que j'avais droit de l'espérer. J'avais pensé qu après un court repos, chose très-naturelle et très-explicable sans doute dans votre nouvelle position , vous sentiriez la nécessité d'acquérir, pour vous et pour vos familles, un fonds de réserve, et que vous travailleriez de toutes vos forces, afin d'améliorer votre position et de vous élever dans l'échelle sociale par le fruit de vos épargnes. « J apprends que quelques-uns d'entre vous, contrairement à leur devoir, se contentent d'un travail irrégulier; que vos maîtres ne peuvent plus compter sur votre engagement par contrat mensuel ; que vous allez, travailler un jour, et vous en abstenez le lendemain ; que , quand vous avez gagné de quoi vous emplir le ventre, vous vous couchez comme des brutes qui ont assouvi leur appétit, ou bien vous dissipez votre temps ; que plusieurs d entre vous, quand ils sont aux champs , ne remplissent qu'un quart de la tâche convenue, et s'étonnent encore de ce qu'on leur retienne une partie de leur salaire. Savez-vous où cela conduit ? Ce sera tôt ou tard la cause de l'abandon des plantations, et votre perte a tous s ensuivra. Pensez-vous que les propriétaires des plantations voudront bien vous fournir des cases et vous assurer d'autres avantages, et ensuite se contenter du travail qu'il vous plaira de leur donner en retour ? Pensez-vous aussi qu'ils se conformeront à vos caprices pour ce qui regarde l'ouvrage ; qu'ils laisseront les heures de travail à votre choix? Pensez-vous qu'à moins d'être assurés d'une partie de votre travail, ils puissent pourvoir au payement de l'intérêt du capital de leurs plantations,


ETUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. aux frais de construction des bâtiments d'exploitation, aux dépenses qu il est nécessaire de faire pour l'entretien de ces bâtiments et pour maintenir les terres qui en dépendent en état de

1838. — GUYANE. 719

n est pas sans étonnement que j'ai lu quelques-uns des rapports en question, qui, comme je m efforcerai de le prouver, accusent

vailler. N ajoutez pas foi aux discours de ces gens-là : ce sont vos ennemis.

à tort la population ouvrière. Je n'ai pas l'intention de mettre en cause la bonne foi des personnes qui ont écrit ces rapports ; mais, pour rendre justice aux laboureurs, il me sera sans doute permis de soumettre à Votre Excellence un simple exposé des faits. Je bornerai mes observations aux plantations que j'ai eu occasion d'examiner en personne. Je parlerai donc plus particulièrement des plantations de Resolute,

« Si vous ne contribuez pas à la prospérité des plantations par votre assiduité au travail, vous en serez bientôt renvoyés et d autres seront appelés pour vous y remplacer. Tant que vous aurez de l'argent, vous pourrez vivre dans l'oisiveté, mais votre bon sens doit vous dire qu'un pécule auquel on n'ajoute plus par ses gains journaliers est bientôt épuisé, et qu'alors votre oisiveté vous aura plongés dans la misère. Je vous adjure de ne

S Gravenhagen , Bestintigheid, Dunkbarkeid, Rossfield et NiewHope2. Je n'ai lu ni approuvé le rapport du géreur de la plantation Dunkbarkeid. Il accuse les laboureurs de refus de travail le samedi , puis en général de fainéantise et d'impertinence. Quant au premier chef, je dirai que c'est de mon propre consentement qu'ils se sont abstenus de travailler le samedi. Lorsque j'ai visité la

pas tromper les espérances de ceux qui ont été si désireux de bâter le moment de votre émancipation, parce qu'ils vous ont crus dignes de la liberté.

plantation, au mois d'août, les nègres m'ont exposé, en présence du géreur que, comme ils assistaient tous régulièrement à l'office le dimanche, ils désiraient avoir le loisir de cultiver leurs jardins et terres à provisions le samedi. Je n'hésitai pas à leur ac-

recevoir votre travail. « J ai entendu parler de gens malintentionnés, qui font circuler des bruits mensongers parmi vous, qui vous font croire que vous n êtes pas assez rétribués, que l'on vous fait trop tra-

«Je crois qu il y a bien peu d'exemples de sévérité à votre égard, et vous devez reconnaître la grande patience qu'ont su montrer la plupart de vos maîtres. Je fais tous mes efforts pour que vous soyez traités avec bonté, et que justice vous soit rendue; mais je dois vous prévenir, dans votre intérêt, que, si vous n'apportez pas le concours de votre travail aux plantations sur lesquelles vous résidez, les chefs de ces plantations vous en chasseront, car il leur faut des travailleurs industrieux; ils se verront ruinés, et leur ruine sera la vôtre. « Bien que de nouveaux travailleurs doivent arriver incessamment des autres colonies, vos maîtres ont du travail pour ceux-ci et pour vous; mais ils ne vous emploieront pas si vous ne vous montrez pas dignes de rester sur leurs plantations. Ils donneront la préférence aux anciens serviteurs; mais, si ceux-ci ne veulent pas travailler, les nouveaux venus pendront leur place. « Je ne m'adresse ici qu'aux paresseux. J'ai appris avec plaisir que beaucoup d'entre vous n'ont pas trompé les espérances que j'avais conçues; aussi n'est-ce pas à ceux-là que s'appliquent mes paroles. » Signé Henry

LIGHT

, gouverneur.

corder ce qu'ils me demandaient. Sur cette habitation la culture comprend 200,000 pieds d'arbres, ou environ 450 arpents de café, entremêlés de bananiers dans presque toute leur étendue. Les salaires payés se sont élevés, pour les mois de septembre et d'octobre, à fl. 2,803, soit fl. 1,401 10 par mois. J'ai lieu d'être satisfait de cette somme do travail ; c'est autant que je puis en exiger, eu égard au nombre effectif des travailleurs. Avec une dépense additionnelle, qui variera en proportion de la quantité de café qu il y aura à récolter, je pourrai faire marcher avantageusement la culture et faire rentrer les récolles. Les gens de cette plantation, aussi bien que toute la population ouvrière du pays, n'ont fait, à vrai dire , que peu de besogne jusqu à ce qu ils aient vu Votre Excellence. La visite de Votre Excellence à cette section du district date, je crois, du 22 ou du 23 août. Depuis cette époque, les laboureurs employés ici ont préparé en entier la première récolte, qui se composait de 60,000 livres ; ils ont presque terminé la rentrée de la récolte actuelle, et ont en outre sarclé plus des deux tiers des cultures. Il ne leur eût peutêtre pas été impossible d'en faire davantage, mais j'ose croire néanmoins que j'en ai assez dit à Votre Excellence pour les justifier de l'accusation d'être très-paresseux.

4.

sur l'état de plusieurs plantations, quatre mois après l'émancipation définitive. Contrôle du témoignage RAPPORT

de quelques-uns des administrateurs et géreurs. 1er décembre 18381.

Le numéro de la Gazette royale (Royal Gazette) du 20 novembre , qui contient le rapport du magistrat du district L et le compte rendu de la conduite des travailleurs, dans ce district, pendant les mois de septembre et d'octobre, ne m'est parvenu qu'hier soir. Je prie Votre Excellence de vouloir bien me permettre de faire quelques observations sur ce compte rendu, et j'ose espérer qu'à cause de l'importance de la matière elle voudra bien excuser la liberté que je prends d'abuser si longtemps de son attention. Etant copropriétaire de Dunkbarkeid, plantation à café située dans la section du milieu du district L, j'ai eu mainte occasion de connaître le mouvement progressif de plusieurs des plantations du voisinage. Je peux donc l'attester à Votre Excellence, ce

Pour ce qui concerne l'insolence dont on se plaint, je dois dire que je n'en ai jamais été témoin; au contraire, les travailleurs m ont toujours paru polis et respectueux. J'hésite à me permettre des observations qui pourraient paraître avoir un caractère de personnalité ; mais je dois à la vérité d'ajouter que, si les laboureurs ont été impertinents en mon absence, je ne puis croire que l'impertinence ait été gratuite de leur part, et qu'elle n'ait pas été provoquée ; car, sur une plainte de plusieurs des principaux laboureurs , je me suis vu obligé de laisser des instructions par écrit, prescrivant qu'à l'avenir on s'abstint de leur parler avec dureté ou de les injurier. La plantation Bestentigheid est confiée aux soins d'un homme qui a cumulé les fonctions d'administrateur (attorney) et de géreur (manager) depuis douze à quatorze ans, et qui, par la sagesse de sa gestion, a su acquérir dans la colonie une des premières réputations comme cultivateur de café. Cette culture est pour le moment dans l'état le plus florissant. Elle consiste en 22,000 plants ou 500 acres de cafiers et bananiers. Depuis le premier août, les travailleurs s'y sont fait remarquer par une conduite exempte de tout reproche. La première récolte, qui a produit environ 56,ooo livres, a été préparée et embarquée, et la récolte actuelle est coupee. La plantation est

1 J ai fait choix de ce rapport parce qu'il est rédigé par une personne intéressée dans la question, et qu'il donne des renseignements exacts sur la valeur de certains témoignages dont les adversaires de l'émancipation se sont prévalus. * 2 Les noms de ces plantations leur assignent une origine hollandaise : ce sont en effet les Hollandais qui ont fondé la culture dans les colonies de Berbice et de Demerara. *


720

e

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE.

sarclée et nettoyee cl un bout à l'autre. On a creusé les fossés des bas côtes, et on a répandu la terre provenant de ces excavations sur le sol de quelques-unes des allées de bananiers. L'effectif des

pour donner du travail à ses gens ; il ajoute que les nègres se sont montrés polis et respectueux. Ils ne travaillent pas le samedi, mais il leur fait volontiers cette concession. Il a déboursé environ

travailleurs se montait, je crois, au 1er août, à 160. Il pourra paraître étrange a ceux qui ont eu communication du rapport en question que l' on ait trouvé les travailleurs encore bien disposes, lorsque, au mois d'octobre, il s'est agi de déplacer deux

1,800 florins pour le travail des mois de septembre et octobre, et il pense qu'une pareille somme, dépensée mensuellement, suffira pour entretenir la culture de la plantation et la rentrée des récoltes. Il prétend que les laboureurs ont plus d'assiduité au travail depuis leur émancipation. Ce géreur, j'en suis persuadé, ne me saura pas mauvais gré de faire connaître à Votre Excellence

corps de tuyaux, de les poser l'un après l'autre dans deux endroits différents, et en outre de faire quelques changements dans les fossés de dessèchement d'un terrain limitrophe, appelé NomenNescio. Tous ces travaux étaient d'urgence. Eh bien ! les laboureurs se sont prêtés de bon cœur à la circonstance, et ont commencé celte tâche pénible. Il leur a fallu plusieurs semaines pour l' accomplir. Le géreur a surveillé les travaux, pendant toute leur durée, avec une activité et une persévérance extraordinaires. Je ne saurais préciser le nombre de bras qui ont été employés journellement; mais, vers la fin d'octobre, je me suis rendu sur les lieux, et j'ai trouvé un effectif de plus de 35 ouvriers , travaillant tous gaiement et de bonne volonté. Ce qui n'a pas peu contribué, du reste, à les encourager, c'est la sage libéralité du géreur, qui, pendant toute la durée des travaux, leur a fourni gratuitement des vivres cuits. Il a fallu au moins 5oo journées de travail. Quel, ques-unes ont été employées à creuser un canal conduisant de l'écluse de Back-Dam à la crique Abury, et ce dernier travail n'a été suspendu qu'à l'approche des dernières pluies. Les salaires de la plantation Bestentigheid se sont élevés, pour le mois de septembre, à la somme de IL 1,500, et pour octobre à la somme de fl. 1,400, en sus des travaux exécutés sur les terres de Nomen-Nescio. Pour le mois dernier, le montant a été de 1,800 fl., dépense suffisante pour subvenir aux frais de continuation de la culture. J'avoue que je ne comprends pas comment on a pu accuser ces gens-là de travailler sans assiduité et avec nonchalance. La plantation de Rossfield a été longtemps confiée à la direction de M. Falcon. M. Edward Hicks a accepté, le 29 septembre, les fonctions d'administrateur. Il m'annonce qu'à cette époque il a trouvé les champs sarclés et en bon état. La plus grande partie de la première récolle était préparée. Depuis, on a coupé cette récolte; et ce matin, à son retour d'une tournée qu'il a faite dans toute l'étendue de la plantation, il m'a dit qu'excepté quelques travailleurs qui, de toute nécessité, doivent être occupés dans les granges ( logia )1 ou à préparer le produit de la récolte, il ne voyait même pas à quel travail on pourrait trouver à employer utilement les autres, tant il reste peu de chose à faire. 11 déclare être très-satisfait de leur conduite, depuis qu'il dirige la plantation. Les salaires de septembre et d'octobre s'élevaient ensemble à il. 2,900, dépense, selon lui, tout à fait suffisante pour subvenir aux frais de la culture. Je me crois pleinement autorisé à faire valoir ce témoignage de M. Hicks, pour justifier les ouvriers attachés à la plantation de Rossfield ; mais Votre Excellence ne sera pas peu étonnée d'apprendre que fauteur du rapport avoue franchement que son travail a été rédigé à la hâte, et dans l'unique but de se conformer à la teneur générale des rapports qui l'avaient précédé. Sur la plantation de Niew-Hope, voisine de celle de Rossfield, le nombre des travailleurs en apprentissage, antérieurement au 1 août, était de 60, et l' effectif des bras de 3o environ. La culture de cette plantation consiste en 112,000 arbres ou 220 arpents de café, dans lesquels se trouvent compris environ 35 arpents de bananes. La première récolte a été embarquée er

depuis le 1 avril, la seconde a été faite, et la plantation a été sarclée et nettoyée d un bout a l' autre. Le géreur m'apprend que la plantation est en très-bon état, et qu'il a commencé la semaine dernière a établir une nouvelle allée de bananiers uniquement 1

l' aveu qu il m'a fait, avec une louable franchise, que, très-peu versé dans la connaissance de la langue anglaise, il craignait qu'il ne lui fût difficile de rédiger convenablement son rapport, et qu'en conséquence il n'a pas cru mal faire en suivant l'exemple de son confrère de Rossfield. Votre Excellence verra qu'il a copié textuellement le rapport de ce dernier. La propriété de Resolute, appartenant au général Murray, est dirigée par M. Tlicks. Ce régisseur me mande qu'il est parfaitement satisfait du bon ordre qui règne dans la plantation, et de la bonne conduite de ses laboureurs, depuis le 1" août. Avec 96 nègres, environ 150,000 plants ou 3oo arpents de café ont été entretenus, sans compter environ do arpents de bananes dans un terrain adjacent. Il pense que sur cette plantation les travaux de culture sont trop considérables pour le nombre de bras qui y sont employés, et il affirme du reste que, selon lui, il n'v a certainement pas à se plaindre de la quantité de travail qui a été exécutée depuis le 1er août. Les salaires de septembre et d'octobre se sont élevés ensemble, à 2,023 florins, somme qui suffit complètement pour la culture de la plantation. Le géreur se loue de la conduite polie et respectueuse de ses travailleurs. Us ne travaillent pas le samedi. Sur la plantation S'Gravenhagen, la culture consiste en 170,000 pieds de café, dont un tiers est entremêlé de bananiers. Il y a en outre environ 3o arpents de bananes; sur ces derniers on n'a pas exécuté de travaux depuis quelque temps. Antérieurement au 1" août, le nombre des laboureurs était de 109 en apprentissage; l'effectif était donc de 55 environ. Depuis cette époque 15 ont quitté. Le montant des salaires de septembre et d'octobre était de 2,3oo florins. Les champs de cafiers sont sarclés, à l'exception d'une seule pièce de terre, qui n'exigera qu une seule journée de travail, occupant l'atelier tout entier. Le géreur me mande que la plantation est en bon ordre. On a toujours considéré la culture comme trop considérable pour le nombre des bras employés. Je suis certain d avance que Votre Excellence appréciera la franchise avec laquelle le géreur de cette plantation m'a déclaré que, malgré quelques exemples de négligence et de paresse qu'il a dû signaler, son rapport a été fait à la bâte et sans beaucoup d'attention. Aussi ce rapport est-il rédigé dans un sens moins favorable qu'il ne l'aurait été, si l'auteur avait pris plus de temps, afin d'entrer dans des détails plus minutieux et plus précis. Il ajoute aussi qu'il s'est laissé influencer par l'uniformité des rapports qui ont précédé le sien , la plantation de S'Gravenhagen, étant l'une des dernières à qui la circulaire du Gouvernement soit parvenue. Je n'ai pas grand'chose à dire au sujet de la plantation de Liefde, mais je crois pouvoir affirmer que le propriétaire actif et entreprenant qui la dirige n'a aucun sujet de mécontentement, soit pour ce qui regarde le produit actuel de ses terres, soit pour l'avenir de sa plantation. Il a établi un magasin qui est bien garni de marchandises européennes, et la valeur de son domaine paraît s'accroître parla vente, à de nouveaux cultivateurs, des terres incultes qui l'avoisinent. Comme on pense avec raison que les améliorations morales et sociales sont incompatibles avec la paresse, Votre Excellence pour-

On appelle ainsi le bâtiment où le café est rentré et mis en tas après avoir été séché sur une plate-forme ou sur des claies. Ce bâtiment tient à la fois de la grange et du grenier. *


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. —1838. — GUYANE. rail être portée à croire, d'après la nature des rapports qui lui ont été transmis , que les laboureurs de celle section du district montrent la même indifférence dans l'accomplissement de leurs devoirs religieux que dans celui de leurs devoirs sociaux. Je ne crains pas d'être contredit en affirmant que les noirs se montrent aussi bien disposés que possible à donner de l'éducation à leurs enfants, et à faire profit pour eux-mêmes de l' instruction religieuse qui est a leur portée. M. Henry, catéchiste, membre de la société des missions de Londres, et dont la conduite est au-dessus de tout éloge, a établi une chapelle et une école sur la plantation de Rossfield. Son école est fréquentéejournellement par environ 160 petits enfants qui s y présentent en bonne tenue. Il tient une classe du soir quatre fois par semaine pour les adultes, et il ne manque pas d élèves. La population, dans un petit rayon à l'entour de la chapelle, n'excède pas 1,100 individus; cependant sa chapelle est fréquentée tous les dimanches par plus de 700 personnes. Nulle part, dans la colonie, je n'ai vu d'auditoire plus respectable et mieux composé. Le missionnaire lit des prières tous les mercredis soirs. Il y a en outre une chapelle catholique, où le révérend Ai. Walsh officie aussi souvent que le lui permettent ses autres devoirs. Il ne manque pas de voir accourir chaque fois tous les nègres des alentours qui professent cette religion. L'église paroissiale n'est pas encore érigée. Je ne me permettrai aucune observation sur la condamnation en masse prononcée par le magistrat contre l'atelier de la plantation de Herstelling; mais, tout en rendant justice à l'esprit d'activité et d'impartialité dont M. de Groot a toujours fait preuve dans l'exercice des devoirs de sa charge, je regrette beaucoup qu il n ait pas examiné l' état de la section du district, avant de confirmer officiellement les rapports. Signé Edward

5.

EXTRAIT

1

CARBERY .

d'une dépêche du gouverneur à lord Glenelg, sur l'état du travail. 1 2 décembre 1838.

Partout où je me rends, je vois fumer les cheminées des sucreries. Si quelques plantations sont au-dessous de la moyenne du travail, cela doit être attribué à des causes locales. Les marchands ne pourraient prospérer dans un district où l'industrie manquerait. Us ne courraient point le risque d'établir des bâtiments dispendieux et des magasins semblables à ceux de GeorgeTown (chose presque inconnue lors de l'esclavage et de l'appren-

721

tissage), s'ils n'auguraient pas bien de la colonie. De tels faits parlent d'eux-mêmes. Il est certain qu'une grande quantité de gens a afflué dans les capitales, à Berbice et à Demerara. Mais beaucoup les ont quittées ; il n'y est resté que ceux qui ont pu y obtenir de l'emploi. A George-Town des maisons nouvelles s'élèvent de toutes parts Quoique l'on y parle souvent de vols, la prison ne contient en ce moment que la moitié du nombre de prisonniers qui y étaient renfermés il y a six semaines; les prisons des districts n'ont aussi que peu de prisonniers. Signé Henry

6.

EXTRAIT

LIGHT.

d'une

autre dépêche du gouverneur à lord Glenelg, sur le même sujet. 29 décembre 1838.

Il y a eu diminution dans la production du sucre, pendant les six derniers mois. Il y a eu suspension de travail pendant le mois qui a précédé l'émancipation, irrégularité pendant celui qui l'a suivie. Celle diminution peut aussi être attribuée au grand nombre de travailleurs qui, bien qu'artisans, se trouvaient quelquefois à la disposition des maîtres, appelés aux travaux des champs, et qui, aujourd'hui libres de leur choix, sont perdus pour le travail agricole. Cette réduction dans le nombre des travailleurs ne peut affecter la prospérité générale de la colonie. Si les exportations diminuent, les importations des marchandises anglaises augmentent. La perle que le trésor subit d'un côté, est compensée de l'autre. A l'époque de Noël, les marchands, qui étaient dans l'habitude de fournir à un domaine pour 70, ou 80,000 florins de certains articles, n'en ont vendu que pour la dixième partie de celte somme; mais ils ont trouvé une compensation dans la vente d autres articles aux cultivateurs, vente dont la somme a égalé ou même dépassé celle des achats que faisait autrefois le propriétaire. Là où l'on vendait en gros le poisson salé, le jambon s est vendu en détail; là où l'on demandait des vêtements grossiers, on demande des vêtements superfins. Avec de tels goûts, la cessation du travail n'est pas à redouter. En considérant donc les immenses ressources qu'offre celle colonie pour la culture des produits d'exportation, Votre Excellence ne s'étonnera pas si je crois aux avantages qui devront résulter d'une augmentation de population. Signé Henry

LIGHT.

1 M. Edward Carbery est également propriétaire d'une habitation à sucre sur laquelle il réside. C'est sous ses auspices que j'ai visité le district do Demerara. Il a franchement accepté l'émancipation, s'est bien pénétré de l'esprit qu'il faut apporter dans les transactions avec les noirs placés dans des circonstances nouvelles, et il ne se plaint nullement des résultats de la mesure. *

II.

46


722 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

ANNÉE 1839. N° 163. § I . LA JAMAÏQUE. er

1.

DÉPÊCHE

de sir Lionel Smith à lord Glenelg, sur la situation du travail. 8 janvier 1839.

Différents motifs ont empêché l'accroissement du travail. On n est raisonnable ni d'un côté, ni de l'autre, et cela principa-

part des cultivateurs, dont ils se vengent en retenant leurs salaires sous le plus léger prétexte, en tuant leurs cochons à coups de fusil, en se servant d'expressions inconvenantes et grossières. Les géreurs qui se conduisent d'une manière différente ne trouvent aucune difficulté à faire exécuter des travaux confiés à leur surveillance. Sous ce dernier rapport, nous citerons les plantantions de Spring-Garden et de l'Ermitage.

lement à cause de l'absence de toute loi qui assure à l'un son salaire, à l'autre le travail auquel il a droit. Des salaires ou des loyers exorbitants sont la conséquence de cet état de choses. Le gouverneur en est la première victime. C'est en vain que j'ai, dans les deux dernières sessions, demandé une loi qui réglât

Signé

4.

RAPPORT

BROWN.

du magistrat Chamberlin sur le même sujet.

ces intérêts. Je ne puis, sans cela, intervenir utilement dans

31 janvier 1839.

ce conflit. er

Signé Lionel

2.

RAPPORT

SMITH.

du magistrat Ricketts sur le même sujet. 31 janvier 1839.

Le 1 août survint et se passa entièrement à la louange de la population agricole. Les planteurs offrirent les conditions qu'ils avaient arrêtées à l'avance; mais ces conditions furent, en grande partie, refusées. Des notifications d'expulsion furent intimées, de toutes parts, aux cultivateurs, et, dans beaucoup de cas, à tous les habitants d'une propriété ; sur quelques plantations même, on ne leur laissa pas l'alternative d'accepter ou de rejeter des propositions ; on ne leur en fit pas.

Les préparatifs dont j'ai déjà parlé, pour le plant des cannes , ont été abandonnés. Il faudra déployer une grande activité pour réparer l'omission faite au printemps, et obtenir les récoltes habituelles. Le domaine Hollard n'a planté, depuis le 11 août, que onze acres de cannes, en se servant de la charrue.

L'époque choisie pour ces notifications, et la manière absolue et peu convenable dont elles ont été faites, ont naturellement produit une grande consternation et une grande irritation parmi les cultivateurs. Se voyant sur le point d'être chassés des de-

Beaucoup de moulins ont été en activité. Sur quelques do-

meures où ils avaient été élevés , des lieux de sépulture de leurs parents, ils se mirent à porter leurs produits aux marchés. Les

maines on s'est arrêté après avoir fait trois boucauts. —Les travailleurs, employés moyennant 3 sch., 2 sch. 4 d., et 1 sch. 8 d. par jour, et exempts de loyers, ont demandé une semaine de gages

fruits de leurs terres, mûrs ou non, furent enlevés, et les routes conduisant aux marchés, furent littéralement couvertes d'individus.

pour cette quantité de sucre, lorsque, dans une semaine, ils auraient dû en fabriquer dix boucauls. Le sucre a ainsi été con-

Quelques semaines se passèrent dans cet état d'anxiété. Les planteurs offrirent des conditions plus avantageuses, qui furent graduellement acceptées, suivant le ton et l'esprit qui présidaient

fectionné au prix de 7 1. 6 sch. 8 d. par muid, pour couper, mettre en bottes , moudre et bouillir. Le domaine Holland qui, au temps de l'apprentissage , faisait quinze muids par semaine , n'en a fait que dix. Une petite propriété, appelée Hancaster, a seule fait exception à cet état de choses. Signé

3.

RAPPORT

RICKETTS.

du magistrat Brown sur la position réciproque des maîtres et des travailleurs. 31 janvier 1839.

En général, les géreurs refusent de donner des renseignements sur la culture des domaines ; mais les cultivateurs recherchent les occasions de s expliquer sur ce sujet. Les premiers se plaignent de ce que les cultivateurs n'exécutent point une somme de travail en rapport avec les salaires donnés. Les seconds se plaignent du taux peu élevé des salaires et du taux élevé des rentes, des notifications, generalement données, de quitter les lieux, et maintenant exécutées par l'expulsion des nègres de leurs maisons et de leurs jardins, quoique, dans beaucoup de cas, les lravailleurs fussent employés sur la plantation même. Par leurs recours a tous les moyens de vexation envers les cultivateurs , lorsque ceux-ci s'opposent au moindre de leurs désirs, les maîtres ont provoqué beaucoup de mauvais vouloir de la

aux offres faites. Peu à peu, l'industrie reprit son apparence joyeuse et productive. La supériorité du travail libre sur le travail esclave devint bientôt évidente pour les esprits qui ne sont pas dominés par les préjugés de l' éducation et de l'habitude. Il fut bientôt démontré qu un homme libre pouvait exécuter plus de travail qu'un esclave. Il fut promptement reconnu aussi que les plantations , se débarrassant des charges de l'esclavage et de la nécessité de pourvoir aux besoins d'un superflu d'individus composé des vieillards, des jeunes et des infirmes, pourraient être cultivées avec un moindre nombre d'hommes que par le passé. On s'aperçut bien vite encore que la vivacité et l'entrain, avec lesquels le travail était opéré, offraient les plus grandes garanties à la tranquillité future de l'île, et la niellaient désormais à l'abri des insinuations périodiques inhérentes à l'institution de l'esclavage. A l' approche des fêtes de Noël, il devint nécessaire, pour les cultivateurs, de se munir des provisions de poisson salé, de porc, de sucre, de vêtements et autres fournitures qu'ils recevaient, les années précédentes, des magasins des habitations. L'éloignement des marchés de la métropole les força, l'un après l'autre , à cesser les travaux plus tôt qu'ils n'avaient coutume de le faire (généralement le 24 décembre). Je ne sache pas cependant que le travail agricole d'aucun domaine ait été entièrement suspendu, excepté par ordre positif du régisseur, au delà de six ou huit jours avant l'époque habituelle. Les fêtes de Noël se passèrent sans être accompagnées des


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL. ETC. — 1839. — JAMAÏQUE. 723 réveillons bruyants et des assemblées tumultueuses si communs sous l' ancien système. L amélioration des goûts populaires était évidente ; les nègres profilèrent des fêtes raisonnablement, et

7.

comme il convient à des hommes libres. C est une chose digne de louange, qu'au milieu de toutes les excitations et de toutes les provocations au mal, la population laborieuse se soit conduite avec calme et avec tempérance. Sa vénération pour la reine et son dévouement .à l'Angleterre sont remarquables L'influence, si décriée par les planteurs, a été employée, avec succès, pour calmer l'esprit des cultivateurs, et les amener à accepter un salaire convenable et modéré. Signé

5.

RAPPORT

CHAMBERLIN.

du magistrat Grant sur l'état de cette culture. g février 1839.

du magistrat Marlton sur la position des cultivateurs vis-à-vis de leurs maîtres.

RAPPORT

11 février 1839. C'est à peine si l'on a planté de la canne pour la récolte de 1839. La récolte de 1838 n'est achevée qu'en partie. Du temps de l'apprentissage, les moulins des sucreries étaient en activité 14, 16 et 18 heures, selon les demandes faites. Peu de propriétés maintenant peuvent exiger un travail dépassant la durée du jour (du lever au coucher du soleil) ; il en résulte que l'enlèvement des cannes nuit à leur culture. Les effets de cet état de choses sont visibles. Quelques propriétés sont en bon ordre, mais d'autres sont en mauvais état. Je, suis convaincu que les propriétaires exacts et justes dans le payement de leurs cultivateurs sont ceux qui ont le mieux réussi à obtenir du travail. Les cultivateurs de ce quartier sont dans une telle situation, qu'au moyen de quelques journées de travail par semaine

une époque très-peu avancée du mois, les propriétés étaient déjà en bon état. Ceci et le meilleur aspect, relativement aux années antérieures, des champs à café , dans toute la paroisse ,

ils peuvent se procurer un bien-être suffisant

sont des preuves convaincantes, j'ose le dire, de la supériorité du nouveau système sur l'ancien.

poser le travail, mais que ce travail ne sera pas assez continu pour forcer les cultivateurs à faire la récolte comme autrefois.

Dans une propriété, cinq cents acres de pâturage ont été mis en état, une certaine longueur de murs construits, toutes les terres à café sarclées, et les ouvriers ont fait un arrangement pour

La nécessité ou l'énorme élévation des salaires pourront seules

A

Je pense que, par des arrangements justes et stables au sujet du loyer, les domaines à sucre du district central pourront im-

défricher et planter cinquante acres de bois, à raison de 150 fr. l'acre : ils s'en occupent en ce moment.

exciter la population à travailler la nuit. Nous n'avons pas, dans cette paroisse, d'époque régulière pour la récolte. Les fêtes de Noël ont fait suspendre tout travail pendant trois semaines, et, en quelques endroits, pendant quatre. Depuis la dernière

Les cultivateurs sont souvent à la recherche de travail. Sur une plantation où il n'y avait pas autrefois cent apprentis , sur lesquels peut-être cinquante individus.seulement étaient capables

quinzaine , on s'aperçoit d'une amélioration marquée. Je suis persuadé que les cultivateurs se conduiront mieux lorsque, par par suite d'une bonne application de la loi, ils se rendront

de travailler, le gérant a trouvé, un jour, cent travailleurs dispos, et, le jour suivant, cent quarante, occupés à sarcler son café

compte de leur situation véritable. Signé

MARLTON.

Il est vrai de dire que le travail n'est pas continu, mais je nie qu'un travail continu soit nécessaire à la culture d'un domaine à café. Le système ancien impliquait la continuité du travail ; il n'en est pas de même du système nouveau ; l'expérience a prouvé

8.

RAPPORT

en faveur de l'opinion que j'émets ici.

du magistrat

Willis sur

travail continu.

Parmi les propriétaires qui proclament la nécessité du travail continu, beaucoup ont leurs propriétés tenues dans le meilleur état, et quelques-unes bien plus prospères qu'à la même époque de l'année antérieure. Suivant moi, on augmenterait considérablement la dépense, si l' on voulait, dans une propriété quelconque, donner continuellement du travail à la population. S'il existait une obligation légale d'en agir ainsi, je suis persuadé que le régisseur la réprouverait, et avec juste raison. Signe

GRANT.

12 février 1839. Il paraît qu'il n'y a pas au travail un tiers des apprentis. Mon rapport indique, au 31 du mois dernier, un peu plus du sixième du produit, comparé avec celui de l'année dernière. Les planteurs déclarent positivement que la récolte ne peut être faite sans un travail continu de cinq jours par semaine. Il n'y a que trois domaines dans cette paroisse où les cultivateurs travaillent cinq jours. Signé

6.

RAPPORT

la nécessité du

du magistrat Gordon sur les concessions de terres à provisions. Vestmoreland, 11 février 1839.

9.

RAPPORT

WILLIS.

du magistrat de Saint-Thomas-dans-l'Est sur l'état de la culture. 13 février 1839.

Je pense qu aussi longtemps que l'on fera des concessions de terrains de rapport, on ne devra pas compter sur un travail continu dans les plantations. Les expulsions dernièrement opérées

Il existe beaucoup de propriétés ayant une nombreuse popula tion et rapportant de petits revenus, qui, sous le système actuel, ne peuvent employer autant de cultivateurs que sous le régime

ont augmenté ma conviction à ce sujet.

de l' esclavage et de l' apprentissage : il est vrai qu'elles n'ont pas besoin d'en avoir un si grand nombre. On voit fréquemment,

Signé

GORDON.

dans cette paroisse, des bandes de cultivateurs allant de plantation en plantation pour trouver de l'emploi. Les trous à cannes sont maintenant creusés à un prix bien moins élevé que du temps de l'esclavage et de l'apprentissage. II.

46.


724 10.

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES.—PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. RAPPORT

du magistrat Kent sur les causes de la diminution du travail.

13.

d'une lettre de l'inspecteur des écoles à l'évêque de la Jamaïque, sur l'état de l'éducation.

EXTRAIT

28 février 1839.

La diminution du travail doit être attribuée à plusieurs causes. Quelques domaines ont plus de travailleurs qu'ils n'en peuvent payer, au taux actuel des salaires ; les cultivateurs refusés errent en cherchant de l'emploi, qu'il est toujours facile d'obtenir à l'époque de la récolte. Dans d'autres propriétés, il y a beaucoup de difficultés à se procurer des travailleurs, les nègres aimant mieux cultiver leurs propres terrains que ceux de la plantation , et trouvant cette culture plus avantageuse qu'aucun salaire. Signé

KENT.

Kingston, 27 février 1839.

J' ai constamment averti les maîtres de se tenir en garde contre cette habitude, qui date des jours de l'esclavage, d'employer envers les travailleurs un langage et des manières tout a fait durs et révoltants. Une telle habitude pourrait, sans contredit. avoir, sous ce nouveau régime de liberté, des conséquences fâcheuses, quelle que soit du reste l'intention de ceux qui l'ont contractée. Des plaintes, conçues en termes fort peu mesurés, sont journellement portées devant les magistrats salariés , contre des serviteurs et des cultivateurs, même lorsque leurs maîtres reconnaissent qu'ils travaillent bien, que la propriété est bien tenue et qu'elle donne de bons revenus.

11.

RAPPORT

du magistrat Mahon sur le travail sous le nouveau régime. 20 février 1839.

Je ne finirai point sans attirer votre attention sur un rapport fait le 1er de ce mois sur le travail du nouveau régime, et qui a été publié dans les journaux de la semaine dernière. Il y est dit : « Malgré l'élévation des gages, les noirs s'absentent fréquemment des travaux des plantations pour cultiver les jardins , principalement durant la saison pluvieuse. Dans quelques circonstances, par ces mêmes causes, les trous à cannes, creusés en octobre, restèrent sans être plantés.» J'ai pris des renseignements exacts sur la véracité de cette assertion , et j'ai appris que ce cas ne s'était présenté que dans un seul domaine, appelé Paradis. Les cultivateurs avaient demandé les mêmes salaires qui étaient donnés sur les autres propriétés, et le géreur les leur avait refusés en raison de la médiocrité de ce domaine. Signé

MAHON.

M. Mac-Pherson, qui est venu à la Jamaïque il y a cinquantetrois ans, et qui a administré, dans les premiers temps, de vastes propriétés, remarquait que les cultivateurs avaient beaucoup plus travaillé pendant la dernière quinzaine qu'ils ne l'avaient jamais fait sous le système de l'esclavage. Mon frère a entendu dire, par l' inspecteur de Mont-Vernon, que maintenant 35 hommes font l'ouvrage de go apprentis, Il s'ensuit que l'on peut très-bien , dans les propriétés où le café est cultivé, épargner les enfants et leur laisser le temps d'aller à l'école. Nous sommes allés, le même jour, à Old-Moncklands, où, après quelques explications sur le payement alternatif par quart des appointements, des arrangements furent pris pour que M. Hutler dirigeât de nouveau l'école. Une salle d'étude et un lion logement sont assurés au professeur. Beaucoup d'enfants d'immigrants et de nègres suivent son école. M. Patterson a sacrifié 5,ooo livres à des améliorations. Ses biens, son magasin pour la vente de toutes sortes de marchandises, ses établissements de tailleur, de sellier, de cordonnier, dirigés par d'habiles ouvriers venus d'Ecosse, lui rapportent de bons revenus. Le gardemagasin me disait que les recettes montaient à 20 livres par jour ou 100 livres par semaine, sans compter les crédits. On devait, le mardi suivant, établir un marché.

12.

EXTRAIT

du rapport du magistrat Abbott sur l'état de l'agriculture et du travail. 28 février 1839.

Dans chaque domaine, je regrette d'avoir à le déclarer, on se

M. Patterson disait que les immigrants étaient souvent turbulents et on contravention avec les règlements, mais qu'à beaucoup d égards ils étaient d'un bon exemple pour les nègres. On leur a bâti de bonnes habitations; les nègres rivalisent avec eux de soins et de propreté dans le jardinage, clans leur ameublement et dans leur mise.

plaint également qu'il se fait moins de travail que lors de l'apprentissage, et que la tâche, pour laquelle on promet 3 schell. 4 den. par jour, est rarement exécutée en entier, les cultivateurs venant tous les matins plus tard et se retirant plus tôt qu'ils n'étaient dans l'habitude de le faire. Les nègres se sont mis une singulière idée en tête, c'est (pour me servir de leurs propres expressions) qu'ils ne doivent pas vendre leur libre. Ils pensent que la liberté doit, à tout événement," produire une diminution de travail manuel, qu'autrement ils seraient indignes du présent qu'on leur a fait. J éprouve cependant de la satisfaction à affirmer ici que, depuis mon dernier rapport, il existe une amélioration visible dans l'état de l' agriculture de la paroisse. Peut-être dois-je émettre avec réserve une telle opinion, en raison du peu de temps écoulé et du caractère si inconstant du nègre; on peut une semaine, recevoir un rapport favorable sur le travail d'un domaine, et la suivante entendre des plaintes sur la petite quantité de travail exécutée, ou sur la cessation complète du travail. Signé

ABBOTT.

14.

d'une dépêche du marquis de Normanby ail gouverneur. — Approbation de ses actes.

EXTRAIT

28 février 1839.

Je vous témoigne toute mon approbation pour la conduite pleine de fermeté et de vigueur que vous avez tenue dans les circonstances difficiles qui ont, plus d'une fois, entravé la marche de votre gouvernement. L'expérience que j'ai de pareilles difficultés vous donne naturellement l'assurance que je sais très-bien les apprécier, en même temps qu'elle m'engage à vous exprimer, dans cette circonstance , toute la satisfaction avec laquelle j'ai contemplé les progrès de la révolution sociale qui vient de s'opérer dans la condition de la population agricole, révolution dont j'ai, pour ma part, aidé à jeter les fondements. Il n'y a qu'une voix, à ce qu'il parait, sur les habitudes d'ordre, la douceur de caractère, la conduite morale et inoffensive des nègres : cela fait doublement l'éloge des ministres de l'Evangile, qui leur ont inculqué les principes de


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1839. — JAMAÏQUE. 725 moralité et de religion dont-nous voyons les fruits. Je remarque cependant avec peine, dans vos derniers rapports, que vous ne me parlez que d une manière bien peu favorable de leur disposition à faire le travail convenu. Vous dites, dans votre lettre à lord

crains, d'un autre côté, que beaucoup de propriétaires n'aient retardé l'enlèvement de la récolle. Si les cultivateurs n'ont pas l'esprit

Glenelg, que, d un côté comme de l'autre, il y a absence de raison. J approuve la proclamation par laquelle vous vous efforcez de les encourager au travail; mais vous vous rappellerez aussi,

tranquille sur l'occupation certaine de leurs maisons et de leurs terrains, et s'ils n'ont pas l'assurance d'être exactement payés, on doit craindre qu'un ordre de choses convenable ne puisse se

je l'espère, qu au milieu dune crise si importante, on ne doit négliger aucun moyen de leur faire bien sentir quelle recon-

rétablir.

bien les travaux de la récolte, malgré quelques moments d'in terruption et les irrégularités provenant des causes susdites. Je

Signé

HARRIS.

naissance ils doivent à la divine Providence, qui a bien voulu permettre un changement si grand et si soudain dans la position de ce pays, changement qui n'a pas d'exemple dans l'histoire de l'humanité. Signé

17. EXTRAIT

NORMANBY.

du rapport du magistrat de Manchester sur l'état de la culture. 18 mars 1839.

1 5.

du rapport du magistrat Gordon sur l'état de la culture. — Conduite des travailleurs.

EXTRAIT

5 mars 1839.

La meilleure preuve à fournir de l'activité des cultivateurs, de la bonne organisation du nouveau système, c'est le fait important et satisfaisant que , dans toute l'étendue de la paroisse, la culture habituelle des propriétés est non-seulement

Comparativement à mon dernier compte rendu, quelques plantations ont éprouvé de l'amélioration. Il n'en est pas de même sur beaucoup d'autres domaines, et il est, je crois, impossible, dans chacun de ces domaines, de se rendre un compte satisfaisant de la répugnance montrée par les cultivateurs pour

exécutée, mais que les préparatifs se font pour les plantations futures ; que des propriétés négligées sont cultivées de nouveau ; que des améliorations sont faites ou sur le point de l'être, toutes choses qui n'auraient jamais eu lieu sous l'ancien système.

travailler moyennant le salaire qui est généralement offert dans toute la paroisse, et qui s'élève : pour les coupeurs de cannes sur pied et les charretiers , à 2 sch. 6 den. ; pour les ouvriers des moulins et des sucreries, à 3 sch. 4 den. Cette répugnance peut être attribuée à la facilité que trouvent les affranchis à obtenir des moyens de subsistance par la culture de leurs terrains à provisions. Les deux faits suivants, qui sont à ma connaissance, peuvent servir à confirmer celte opinion. Il me fut répondu par quelques cultivateurs, à qui je demandais pourquoi ils refusaient de travailler, «qu'ils n'avaient aucunement l'intention de se contraindre, maintenant qu'ils étaient libres.» Ceci prouve qu'ils n'ont pas l'idée de travailler au delà de ce qu'il faut pour gagner le strict nécessaire, et qu'ils ne prévoient pas l'avenir, la vieil-

du rapport du magistral Fishbourne sur les causes de la diminution des travailleurs.

18. EXTRAIT

20 mars 1839. L explication suivante démontrera pourquoi le nombre des travailleurs aux champs, depuis le 1er août dernier, n'a été qu'un peu plus de la moitié de celui qu'on avait jusqu'à présent considéré comme effectif. Vingt-trois bandes d'ouvriers à la tâche demeuraient dans cette paroisse ; elles résidaient, pour la plu-

lesse et l'infirmité. Voilà pour le premier fait. Le second paraîtra bien plus étrange encore. Ils quittent souvent les domaines de leur résidence pour aller au loin chercher du travail sur d'autres propriétés, au même taux de salaire, et quelquefois pour un sa-

part, sur de petits établissements où la culture était nulle ou en état de souffrance. Une grande partie des trous à cannes ont été

laire moins élevé. Dans quelques domaines, que je pourrais citer, j'ai remarqué que l'on continuait de fournir des provisions, telles

loués, pour le travail à la tâche, sur des domaines situés à une grande distance de leurs demeures. Leur absence durait généralement une semaine entière. Depuis le commencement du système de liberté ces détachements (qui, dans nombre de cas,

que.poisson, riz, et des secours médicaux. Ces allocations n'ont cependant pas obtenu la reconnaissance des cultivateurs, qui les regardent comme une chose à laquelle ils ont droit, et non comme une générosité du propriétaire. Signé

16.

EXTRAIT

GORDON.

du rapport du magistrat Harris sur le même sujet. 11 mars 1839.

Généralement parlant, les cultivateurs ont manifesté une disposition et un grand désir d'obtenir un travail agricole tranquille, régulier et continu. Généralement aussi ils sont attachés à cette partie de la propriété où ils ont jusqu'à ce moment demeuré. Ils n ont pas le plus petit désir d'errer de place en place et de manger le pain de l' oisiveté. Si les propriétaires et les géreurs avaient fait aux cultivateurs des concessions convenables, on aurait pu éviter tous les désagréments qui ont existé et qui existent encore, sous bien des rapports. D'après des informations reçues, je crois que beaucoup de plantations ont exécuté ou exécutent II.

creuses par ces bandes, qui ont fait aussi le nettoyage des champs a café et des pâturages. Ces travailleurs étaient ordinairement

étaient réunis en un seul corps, tiré de plusieurs petits établissements) ont été dissous ou se sont occupés à faire à leurs maisons , a leurs clôtures, etc., etc., qui avaient été très-négligées, des réparations urgentes. Nous croyons que ces détachements ne sont pas dans l' intention de reprendre les travaux fatigants qu'ils faisaient pendant l' apprentissage ; et il s'agit ici de quatorze cent dixneuf individus de la population laborieuse de la paroisse. Les femmes aussi, qui, lors de la récolte des cannes à sucre sur les plantations, récolte qui a lieu dans celte paroisse tout le long de l' année, formaient les deux tiers des bandes agricoles, se sont en grande partie retirées des travaux des champs, avec l'intention de se livrer aux occupations auxquelles se vouent généralement les femmes des autres pays. A ce nombre il faut ajouter celles qui sont nourrices ou qui ont de jeunes enfants, les enfants audessous de douze ans, les gens affectés d'ulcères aux jambes et aux pieds, ceux qui sont revenus au district du Midi ou aux autres paroisses d où ils avaient été renvoyés avant l'apprentissage , les malades, et ceux ayant la charge de parents incapables de se suffire à eux-mêmes. Le nombre de tous ces individus, y compris les bandes de travailleurs a corvée, s'élève à quatre

46..


726

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

mille soixante-neuf, et ne fait plus partie de la population laborieuse. Nous concluons en disant que les apprentis dernièrement émancipés ont montré un grand éloignement pour le travail continu. Nous regrettons d'avoir à ajouter que, dans plusieurs propriétés où l'on avait soigneusement évité toute collision, où l'on n'avait exigé aucune rente, où l'on n'avait fait aucune notification de quitter les lieux, des salaires convenables ont été offerts à plusieurs reprises et ont toujours été refusés. Ce refus est sans motifs, à moins que les noirs n'aient l'intention d'exiger un salaire si élevé, qu'il soit impossible de continuer la culture du sucre et du café. Signé

21.

EXTRAIT

du rapport du magistrat Lambert sur l'état de la culture. 2 avril 1839.

La culture de la canne à sucre continue à se faire par travail de corvée, et elle marche avec une régularité croissante. Les travaux pour creuser les trous et planter sont exécutés dans l'ordre où ils sont offerts au cultivateur, l'un après l'autre, sans retard ni hésitation, à moins que les plants ne manquent : la provision n'était pas, dans quelques cas, égale à la demande.

FISHBOURNE.

Signé

19.

EXTRAIT

du rapport du magistrat Daly sur l'état de la culture.

22.

LAMBERT.

du rapport du magistrat Ramsay sur l'état de la culture et la condition des travailleurs.

EXTRAIT

21 mars 1839. 6 avril 1839. Tous les domaines de la paroisse Saint-André sont très-occupés de la confection de leurs produits. Les comptes rendus de la semaine surpassent ceux de l'année dernière. Le domaine de Water-House, par exemple, fait neuf tonneaux de sucre par semaine, au prix de 4 liv. par tonneau. Le domaine de ConstantSpring, qui avait commencé sous l'empire de circonstances défavorables, marche mainenant admirablement bien, et, malgré le mauvais état de son moulin, rend huit tonneaux par semaine. Les préparations se font pour la récolte prochaine.... Il n'y a pas une exploitation qui n'ait déjà fait plus de vingt tonneaux de sucre, quoique la récolte ait commencé, celte année, plus tard qu'à l'ordinaire. D'après les informations que j'ai reçues de plusieurs propriétaires, la récolle du café, dans cette paroisse, promet d'être supérieure cette année. Les champs sont bien tenus, les arbres portent un feuillage sain ; tout annonce une riche récolte. Ce que je redoute, c'est l'arrangement futur pour les jardins, vu l'opposition des maîtres, et le loyer hebdomadaire, qui laisse les les intérêts des nègres tout à fait à la disposition du propriétaire. La saison est tout à fait favorable celte année. Nous avons eu dernièrement quelques pluies rafraîchissantes. Les cultivateurs continuent à être tranquilles et calmes. Je dois ajouter, plutôt dans l'intérêt de la vérité que par vanité personnelle, que, lorsqu'ils se croient maltraités par leurs supérieurs , ils en appellent avec confiance aux magistrats salariés pour obtenir la protection accordée par la loi. Signé

20.

EXTRAIT

DALY.

du rapport du magistrat Pryce sur la condition des travailleurs.

Autant que je puis en juger , les choses marchent aussi bien qu'il était possible de l'espérer après un si grand changement. Elles vont môme au delà des espérances conçues par les agriculteurs les plus expérimentés, qui prédisaient, au commencement de l'aprentissage, que, lors de l'émancipation, les cultivateurs s'abandonneraient au dévergondage, à la paresse licencieuse et à la débauche. Au lieu de cela le pays est tranquille, et le cultivateur s'adonne paisiblement au travail. Je pense qu'il ne serait pas juste d'espérer davantage, quant à présent, et de forcer, par des vexations et des disputes continuelles , les cultivateurs à chercher de l'emploi ailleurs que sur les domaines où ils étaient auparavant, lorsque l'expérience a démontré que l'on a obtenu beaucoup là où l'on ne devait rien espérer. Quant à ce qui concerne la récolte de cette année, comparativement avec celle des années précédentes, je citerai le fait suivant, extrait du livre journal de la seule propriété où j'aie eu accès, le Au 26 février 1835 on avait confectionné six bou domaine K cauts de sucre; la récolte consistait en 109 boucauts de sucre et 5o poinçons de rhum. En 1836 , au 5 mars, on avait fait 6 boucauts de sucre, la récolle totale était de go 1/2 boucauts et de 12 tierçons de sucre et 26 poinçons de rhum. En 1837, le moulin ne fut en activité que le 15 de mars, la récolte était de 53 boucauts de sucre et 23 poinçons de rhum. Cette année, 1839, sous le régime de la liberté du travail, au 26 février, on a fait 23 boucauts de sucre et à Cuting-House la récolte devra être d une moyenne de 74 tonneaux. La diminution de la récolle de celte année est attribuée à la négligence que le domaine a éprouvée. Signé RAMSAY.

23.

EXTRAIT

du rapport du magistrat Grant sur la conduite des travailleurs.

31 mars 1839. 10

On dit que les récoltes se feront plus tard qu'à l'ordinaire, et que la totalité du produit ne sera pas recueillie celte année. Ce retard est dû à l' absence d arrangements préalables pour les salaires et les loyers, qui est résultée, dans beaucoup de cas, du manque de bonne intelligence et de confiance mutuelles. On estime que le nombre des travailleurs s'élève environ à un tiers du nombre total. Cependant, en comparant la somme de travail libre ou à la tâche, qui a été exécutée, avec le travail de l'esclavage, on croit que ce nombre sera suffisant. Signé

PRYCE.

avril 1839.

En parlant des habitudes industrieuses et de la bonne conduite des cultivateurs, il n'est pas hors de propos de mentionner ici l'opinion du président des dernières sessions, dans son discours au grandjury de la paroisse, et de faire remarquer que sur trois cas de rixes deux avaient été commis par des blancs. Voici ce que le président disait : « Je suis heureux de vous déclarer que vos devoirs seront d'une exécution facile. Le tableau ne contient aucun cas de vol, seulement trois cas de rixes. « La population de la paroisse se compose à peu près de 20,000 individus. Signé

GRANT.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1339. — JAMAÏQUE. 727 24.

DÉPÊCHE

du gouverneur au marquis de Normanby sur l'état du travail. avril 1839.

2

Sans doute, sur certaines propriétés, la continuité et la régularité du travail sont encore loin d'être solidement établies; mais cela provient de causes qui sont en dehors du contrôle du Gouvernement. Je désire que votre seigneurie sache bien qu'il n'est pas venu à ma connaissance un seul fait de nature à faire croire que ce malheur doive être attribué à l'intervention maladroite ou aux conseils de la magistrature salariée ou des missionnaires baptistes, bien que ce soit là les deux corporations contre lesquelles les planteurs de cette colonie se prononcent maintenant avec le plus de force. Signé Lionel

SMITH.

et ce qui, selon moi, est une des causes principales de la petite quantité de sucre extraite ; elle provient ensuite du temps inutilement perdu, durant les mois d'août et septembre, en disputes pour les salaires. Pendant ce temps les champs de cannes ont été en grande partie, si ce n'est même totalement, négligés, et la végétation a été retardée par les mauvaises herbes. Une autre conséquence de tout ceci, c'est que, si la production du sucre a diminué, la dépense de fabrication est considérablement augmentée. Je ne vois généralement pas qu'on éprouve de difficultés à enlever les cannes là où de bons salaires sont offerts et exactement payés. Il est digne de remarque que dans le district de l'intérieur, ainsi qu'il est dit dans le tableau n° 2, les dépenses de la confection du sucre s'élèvent de 3 l. 10 s. à 0000051. par tonneau, tandis que dans les districts de la paroisse cette dépense est beaucoup plus élevée. On ne peut remédier à ce mal que par une gestion prudente. La sécheresse continuant à sévir, les opérations agricoles sont

25.

EXTRAIT

d'une dépêche du gouverneur au marquis de Normanby.

retardées, et la récolte prochaine en souffrira. Signé

CARNABY.

13 mai 1839. Avant Noël les cultivateurs avaient généralement bien travaillé, mais personne n'aurait pensé qu'ils auraient pris d'aussi

27.

EXTRAIT

du rapport des magistrats Lyon et Kelly sur l'état de la culture.

longues vacances, car ils les ont prolongées jusqu'à la mi-janvier. Jusqu à Noël j ai pu me convaincre, par mes propres observations, que le travail n'avait jamais fait défaut. Dans les premiers jours de janvier, quand j'ai vu que l'on commençait à se plaindre davantage de l'oisiveté des nègres, j'ai fait une proclamation datée du premier jour de la nouvelle année, pour les exhorter au travail. En même temps je faisais allusion à la conduite passée des cultivateurs, et prenais ainsi tous les moyens qui étaient en mon pouvoir pour faire cesser l'abus des vacances trop prolongées. Je l'avoue, quand j'écrivais confidentiellement à lord Glenelg , le 8 janvier, « que les dispositions au travail n'étaient pas meilleures, » je craignais même beaucoup que les cultivateurs ne voulussent plus du tout reprendre leurs travaux. Beaucoup de rapports des magistrats prouvent que la partie n'était pas égale pour les cultivateurs. En effet, ils avaient plus de loyer à payer que de salaires à recevoir. Une fois qu'ils étaient endettés, on cherchait à en extorquer, pour moins que rien, une

21 mai 1839. Les manufactures et le travail en général font des progrès satisfaisants. Les bâtiments dans le port sont promptement chargés de sucre et de rhum; le Saint-Vincent est parti ce malin avec un chargement de 810 tonneaux de sucre. Indépendamment de l'arrivée régulière, à Falmouth, de la totalité des demandes faites pour le chargement de sept vaisseaux qui stationnent en ce moment dans le port, des quantités considérables de produits ont été embarquées dans cette paroisse pour Montego-Bay et destinées à être, là, transbordées sur d autres bâtiments M. Sherly, propriétaire des plantations à sucre de Hyde-Hall et d'Edington et d'autres domaines de cette paroisse, tous très-florissants et d'un excellent rapport, a ordonné à ses géreurs de construire plus de 100 cabanes et d'en encourager la location par de bonnes propositions faites aux cultivateurs. Signé

promesse de travail. On continue à imposer à chaque individu d'une même famille des loyers exorbitants pour maison et terrain. J'ai causé avec des nègres depuis les vacances, et je leur ai demandé pourquoi ils étaient restés si longtemps oisifs : « C'était, me répondirent-ils, la première fête de Noël de notre liberté, et nous étions tous fous. » Cette réponse les excuse suffisamment pour cette première célébration de Noël et elle est d'un heureux présage pour la prochaine. Signé Lionel

26.

EXTRAIT

SMITH.

du rapport du magistrat Carnaby sur l'état de la culture. 22

avril 1839.

La récolte est plus d'à moitié faite. Elle sera moins bonne que celles des années précédentes. J'ai fait part de mes appréhensions à ce sujet dans mes premiers rapports et j'en ai signalé les causes. Celte diminution, je le répète, provient d'abord d'une durée inaccoutumée de sécheresse pendant les trois mois qui ont suivi l'apprentissage, ce qui altéra matériellement la croissance de la canne, II.

LYON. KELLY.

28.

EXTRAIT

du rapport du magistrat Bourne sur le même sujet. 24 niai 1839.

Des informations générales me mettent à même d'affirmer avec confiance que, cette année, la récolte du café (je n'ai point de domaines à sucre dans mon district) excédera considérablement en quantité celle de l'année dernière. Je crois aussi que l'augmentation du prix fera plus que compenser l'élévation de salaire du travail libre. Je crois que jamais on n'a semé une aussi grande quantité de blé, de pois et autres provisions. La saison a été très-favorable. Propriétaires et cultivateurs ont de nombreux sujets de reconnaissance et d'espoir. L'étal des champs et des jardins offre les meilleurs témoignages de l'industrie des travailleurs en même temps que l'état de la maison de correction, l'accroissement de la fréquentation des églises, des chapelles et des écoles, donnent la meilleure preuve de l'amélioration extraordinaire que la population a subie depuis la proclamation de sa liberté. Plusieurs gérants de plantations m'apprennent qu'ils ont toute raison d'espérer encore une meilleure récolte pour l'année pro-

46...


728

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

chaîne. Dans un domaine voisin de celui-ci, le gérant a déclaré, samedi dernier, aux cultivateurs, que l'état prospère des champs lui permettrait de se passer de leurs services les trois semaines suivantes. Je ne sache pas qu'une seule plantation souffre par manque de bras. Le frère du gérant de Clifton-Mount, exploitation que j'avais soi-disant ruinée, me disait la semaine dernière que cette année

cuser de ne point travailler sur la plantation du propriétaire, quand, au contraire, elle désirait ardemment de continuer les travaux. Nous répondîmes que nous n'avions aucun droit de contrôle sur les propriétaires et les gérants. Nous recommandâmes aux ouvriers de ne point rester oisifs un seul jour, s'ils pouvaient obtenir du travail sur les habitations voisines. Nous leur dîmes en

produirait trois fois autant que la précédente. A Chatworth ( domaine que lord Sligo me pria de surveiller, au lieu de CliftonMount) on m'a dit que la récolte serait quatres fois plus considé-

même temps qu'ils ne devaient pas se refuser à entrer en arrangements pour le payement des loyers de leurs maisons et de leurs terrains, si on leur permettait de les occuper.

rable que celle de l'année dernière. On en espère une plus considérable encore pour l'année prochaine. Leurs champs se trouvent

mal administré et très-improductif.

Nous croyons que ce domaine a été, depuis des années, très-

dans un état de prospérité inconnu depuis plusieurs années. J affirme, sans crainte de contradiction, que l'avenir de ce district n a jamais été plus encourageant, et que le caractère de la population s'est amélioré et s'améliore à un degré qui surpasse les espérances des personnes les plus ardentes.

Signé

FINLAYSON.

301.

Signé

BOURNE.

CARNABY.

EXTRAIT

du rapport du magistrat Grant sur l'état de son district. 10 juin 1839.

29.

du rapport du magistrat Pryce sur l'état de la culture et la condition des travailleurs.

EXTRAIT

3o mai 1839.

Le retard apporté aux récoltes peut être attribué à des causes indépendantes des cultivateurs. Le système actuel est chargé des fautes provenant des vieux préjugés qui n'ont pas encore eu le temps de disparaître, et des sentiments de défiance qui dominent naturellement les nègres. De cet état de choses sont résultés, 1° le défaut d'arrangements préalables et judicieux, après le 1" août, né d'un manque de confiance mutuelle; 2° l'alarme causée parles notifications de quitter les lieux, les menaces d'expulsion, les exigences prématurées de renies, faites sur quelques habitaer

tions, à dater du 1 août; 3° les réparations des machines, dans quelques habitations , durant l'époque habituelle de la récolle, ce qui eut lieu à à

et dans plusieurs autres domaines; 4° la récolte fut retardée (ainsi que le gérant l'a déclaré)

par l'attente d'une machine à vapeur. Les cannes mûres produisirent une quantité de sucre et de rhum moitié moins grande que celle qu'elles eussent rendue si elles avaient été exploitées à l'époque ordinaire: cette observation pourrait probablement être applicable à beaucoup d'autres plantations du district; 5° le mode irrégulierde payement qui, dans quelques habitations, a eu un effet très - nuisible au système de travail libre; le succès de ce mode de travail dépend principalement de procédés et d'actes loyaux envers les cultivateurs, dont la conduite régulière, industrieuse et soumise mérite toute bienveillance. La tranquillité continue à régner dans le district; l'agriculture est évidemment en meilleure voie de progrès et conduite avec

La pluie a été si continuelle, qu'il a quelquefois été impossible aux nègres de travailler dehors. Par ce temps humide on doit évité de remuer les mauvaises herbes, et l'on ne demande que fort peu de laboureurs , comme on le verra par les extraits suivants. Le directeur de Lyndhurst m'écrit que «les laboureurs n ont point encore commencé à sarcler le café. Ils sarclent maintenant quelques pâturages, jusqu'à ce que le mauvais temps cesse. » Le directeur de Havitre dit que «le mauvais temps lui a fait arrêter les ouvriers qui n'avaient pas terminé leurs sarclages, jusqu'à ce que le temps se remette au beau.» Cependant, sur quelques propriétés, les directeurs ont permis que l'on continuât le travail, et les nègres ont été mis aux travaux que l'on pouvait poursuivre, tels que le nettoyage des pâturages et la bâtisse des murs en pierre. Un des plus grands pâturages a été nettoyé pour moins de 60 centimes par arpent, et, dans toute la paroisse , des pâturages et des terrains qui étaient anciennement pâturages , mais auquels on n'avait point touché pendant des années entières, ont pu cire remués et nettoyés, par suite du grand nombre d'ouvriers qui se sont présentés. Cet ouvrage peut être fait même par des laboureurs faibles. Plusieurs directeurs mont informé de farts pareils, afin de me faire savoir qu'il y a, même a présent, des circonstances où il se trouve tant d'ouvriers sans occupation qu'ils sont obligés de chercher un emploi quelconque. Sur la propriété d'un des vingt-sept signataires du manifeste de M. Burge, dans lequel il nie l'assertion que l'on avait émise que les nègres n'étaient point opposés au travail, les negres ont plusieurs fois demandé de l'ouvrage, mais n'ont pas été employés, parce que les travaux de la plantation étaient terminés.

plus cl intelligence qu'elle ne l'avait été jusqu'à présent Les planteurs reconnaissent généralement l'activité des travailleurs agricoles, quoique leur nombre ne s'élève pas à plus d'un tiers du nombre total des époques antérieures. Ce fait seul prouve

Pour prouver que le nègre connaît la valeur de son temps et qu il désire l'employer le plus avantageusement possible, je renvoie aux preuves fréquentes que j'ai données de la quantité ex-

les grands avantages du travail libre sur le travail forcé.

exemples sont encore très-fréquents.

Signé

30.

PRYCE.

du rapport des magistrats Carnaby et Finlayson sur la conduite des travailleurs.

EXTRAIT

4 juin 1839. La population avait le plus grand désir de nous voir, pour nous faire connaître que, en conséquence de la déclaration qui avait été faite qu'il n'y avait pas d'ouvrage, on ne pouvait l'ac-

traordinaire d ouvrage fait dans un seul jour, et j'ajoute que ces J'entends souvent des personnes se plaindre de ce qu'elles ne peuvent faire travailler pendant plusieurs jours de la même semaine, et déclarer en même temps que cela ne fait aucun mal à leurs propriétés, parce que les travailleurs complètent rapidement leurs travaux une fois qu'ils se mettent à l'ouvrage. Quand un planteur ne peut se plaindre des nègres de sa plantation , il faut qu'il se plaigne de ceux de ses voisins. En réponse à une question sur l'état de ses terres il vous répond : «Quant à moi, je suis fort content, je ne puis me plaindre ; mais M. un tel est fort mécontent, et je crains que, s'il n'y a point de réaction, et cela bientôt, nous ne soyons tous ruinés.» Allez voir M. tel, il est fort probable qu'il vous dira qu'il va très-bien.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1839. — JAMAÏQUE. 729 mais que son voisin va mal : c'est ainsi que chacun s'occupe davantage des affaires des autres que des .siennes. Tant que les choses resteront dans cet état, la situation du pays sera toujours mal présentée. Parmi les fausses assertions dont je parle, il y en a beaucoup qui se réfutent d'elles-mêmes. Dans leur zèle pour alarmer le Gouvernement et le peuple anglais , certaines personnes sont entraînées au delà des limites de la prudence. Telle est une des dernières dépêches de M. Burge au secrétaire colonial. Dans cette dépêche, M. Burge affirme qu'il y avait une entière cessation de travail, quoique l'on eût offert des salaires convenables, tandis que, dans le même paragraphe, il affirme que les propriétaires avaient été pénétrés de la vérité de cette assertion par l' immense quantité de mandats tirés depuis le 1er août; comme si ces mandats pouvaient avoir été fournis pour autre chose que pour des travaux déjà faits et payés. J'ai remarqué que les gens qui crient le plus fort sur l'état déplorable du pays sont ceux qui tiennent le plus à ce qu'ils y possèdent, et qui, s'ils en ont le moyen, sont les premiers à acheter d autres propriétés. Il se peut qu'ils le fassent sans aucun motif de mauvais aloi. Je connais quelqu'un qui a refusé d'une propriété, acquise il y a environ trois ans, environ trois fois ce qu'elle lui a coûté. Mais il est probable que, au même instant où il refusait ce prix, il aurait affirmé que le pays était ruiné. A Clarendon les choses se passent assez bien ; mais, sur quelques-unes des propriétés dans les montagnes de cette paroisse, la fabrication du sucre ne peut être continuée avec un profit égal à la dépense et à la peine qu'entraînent la culture et les frais d'embarquement. Il est notoire que, pendant l'esclavage et l'apprentissage, les dettes de plusieurs propriétés, garanties par hypothèques à des négociants anglais s'accumulaient annuellement. Ce qui était onéreux pour le propriétaire ne l'était pas pour le négociant, qui s'assurait, moyennant une perte annuelle pour le propriétaire, un chargement annuel pour ses vaisseaux, un intérêt pour son argent, des commissions pour ses peines, et le monopole du produit de la propriété. Il était donc clans l'intérêt du négociant de faire continuer la culture des propriétés pauvres et mal situées, quoiqu'elles fussent sans valeur pour le propriétaire absent. Maintenant je m'imagine que les choses se passeront différemment : les dettes des propriétaires, au lieu d'avoir diminué, ayant surpassé la valeur des propriétés, celles-ci seront

sinon du profit, au moins une garantie contre toute perte. Dans les communications faites à l'agent de l'île, le progrès de l' agriculture et la condition présente du pays, ainsi que son avenir, ont été juges par les personnes occupées de travaux d'aer griculture depuis le 1 août. Il est possible que ces personnes aient agi avec l' intention consciencieuse de montrer l'état actuel des affaires. Mais on me permettra de demander s'il est juste, s il est vraiment loyal de ne considérer que la moyenne des laboureurs qui ont travaillé depuis le premier août jusqu'à la date du rapport? si l'on aurait dû n'insérer dans celle liste que les personnes qui étaient anciennement attachées à la plantation , en omettant les étrangers, pour la comparer avec la moyenne hebdomadaire des travailleurs occupés pendant toute la durée de l' apprentissage, en y comptant les ateliers de louage des autres plantations, les laboureurs faibles et inutiles, tels que des femmes enceintes, des malades et des enfants? Je connais une plantation où l'on avait demandé ce rapport, et je vais montrer ce qu'il pouvait être. De 70 ou 80 apprentis il n en était resté que 10 ou 12 effectifs sous le nouveau système. Pendant l' apprentissage, on avait toujours employé des ateliers de louage en même temps que les laboureurs de la plantalion. Nous pouvons estimer que la moyenne des laboureurs pendant ce temps était au moins de 200 par semaine. Sous le régime de travail libre, on prenait la moyenne depuis le premier jour de liberté ; et, reduisant le nombre en le divisant par celui des semaines dans l'intervalle des travaux, et encore en n'y comprenant que les anciens esclaves ou apprentis de la plantation, la moyenne ne donnait ainsi que 20 ou 25, qui auraient travaillé pendant chaque semaine. M. Burge demande des faits; en voici: Pendant l'apprentissage, j avais à peu près 200 laboureurs à l'ouvrage par semaine. Depuis le commencement du système de travail libre, je n'ai eu (une semaine dans l'autre) que 20 ou 25 de mes laboureurs à l'ouvrage. Et cependant on peut dire que la plantation est en meilleur état que jamais elle n a été pendant l'apprentissage. Cela resuite du travail des laboureurs des autres plantations qui avaient terminé leur ouvrage. On demandait des faits, mais on trouvait a propos de ne pas parler de celui-ci. A Green-Vale on aurait pu faire le même rapport, si la personne qui conduit celle propriété avait voulu faire ressortir un fait et en dissimuler un autre, le seul véritablement important,

vendues, et l'on y cultivera probablement un autre article d'exportation , dont le produit sera mieux proportionné aux dépenses. Supposons donc qu'il y ait un quart de moins , dans la po-

c'est-à-dire le fait que la plantation était en bon ou en mauvais état. On pourra voir dans la lettre ci-jointe de l'inspecteur (n° 2 )

pulation employée à produire et à fabriquer les articles d'exportation, que sous les systèmes d'esclavage et d'apprentissage.

depuis la fin du système d apprentissage ; » mais à l'égard de la conduite générale des laboureurs qui demeurent sur la plantation, il ajoute : «Ils ont fort peu travaillé; l'ouvrage est principalement fait par des étrangers. » Voilà une erreur à laquelle j'ai déjà fait allusion.

II est bien avéré que cette diminution a été alléguée comme preuve de l'impossibilité de continuer l'agriculture avec succès. Le temps écoulé depuis la fin de l'apprentissage a démontré la fausseté de cette allégation. D'abord il est impossible de faire aucune comparaison entre le travail d'un homme libre et celui d'un esclave, entre le travail obtenu par la force et un travail volontaire, et il a déjà été démontré que l'intérêt personnel est le grand mobile de l'industrie, que l'argent stimule davantage au travail que tout autre moyen dont on puisse se servir. Il est donc prouvé que le résultat obtenu par les salaires est celui de faire faire une plus grande quantité d'ouvrage : d'où il suit qu'il faut moins d'ouvriers pour cultiver la même quantité de terrains sous le système du travail volontaire, qu'il n'en fallait sous le système du travail forcé. J ai dit que ce fait a été prouvé. Je m'en rapporte à l'état de cette paroisse, et aux nouvelles plantations de café que l'on a formées. Ce dernier fait prouvera en môme temps que les planteurs ne considèrent point les salaires comme trop élevés : car on ne peut supposer que Ion ajouterait de nouvelles cultures aux anciennes, si les intéressés n étaient point certains d'y trouver,

ce qu il dit à l' égard de la culture de la plantation : « La plantation est à présent en très-bon état, et a constamment été ainsi

Je n ai aucun doute qu'en fournissant des faits à l'agent de l' ile, les habitants de Manchester qui ont pris sur eux la responsabilité de celte tâche n'aient communiqué la nouvelle importante et agréable que, durant la première année de liberté, on avait embarque 1,200 tierçons de café au-dessus du nombre embarqué pendant la dernière année d'esclavage ; c'est-à-dire que 2,100 ont été embarquées en 1833, et 3,3oo en 1839. A l'égard de la question de loyer, les nègres ne se font pas l'idée qu ils doivent avoir, sans payer, leurs cases et leurs terrains. Il peut y avoir quelques exemples de laboureurs mal disposés à payer, mais ce n est pas qu ils s'imaginent que les maisons et les terrains leur appartiennent. Signé

GRANT.


730 32.

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

du rapport du magistrat Daly sur l'état de la culture et la condition des travailleurs.

EXTRAIT

Depuis notre dernier rapport, il n'y a eu aucun cas d'expulsion , de vagabondage, d'oisiveté ou de désordre, ni de rupture d'engagement. Pas un invalide n'a été contraint de quitter le domaine.

16 juin 1839.

Signé

Le district est tranquille. La culture s'annonce bien, quoique plusieurs planteurs soient mécontents de ce que les cultivateurs ne travaillent point cinq jours par semaine. Ces derniers disent qu'ayant ainsi travaillé durant l'époque de la récolte, ils demandent maintenant à avoir pour eux le mercredi et le samedi, afin

35.

EXTRAIT

du rapport du magistrat Baynes sur l'état du travail et de la culture.

de pouvoir semer des provisions, cette époque de l'année étant la plus favorable à cette opération. Je suis heureux de pouvoir

18 juillet 1839.

dire que je n'ai entendu parler d'aucun exemple de destruction de provisions par les propriétaires. Signé

R. DALY.

WILLYS. BAYNES.

Les tableaux de la dernière cour de haute justice et de celle des sessions de trimestre de ce district étaient chargés, relativement à la population générale, mais l'étaient peu relativement au nombre des hommes qui sont devenus libres depuis le 1er août

33.

EXTRAIT

du rapport des magistrats Finlayson et Carnaby sur l'état de la culture. 3o juin 1839.

Par suite de la sécheresse de la dernière saison, de la négligence de la culture par les exploitants, après le 1er août, et du relard inexcusable apporté à la récolte dans beaucoup de propriétés , il y aura une grande diminution de sucre dans la plupart des domaines de la paroisse. Cette diminution ne peut, en toute justice, être attribuée aux cultivateurs, qui, malgré beaucoup de contrariétés, ont agi avec une grande convenance. La récolte des plantations de Bluehole, Flowerhill, Potosi, Belvidere et Childermus, a été plus considérable que celle de l'année dernière. Après l'accomplissement de la récolte à les géreurs ont renvoyé les cultivateurs. Cette démarche a excité quelque étonnement. Quoique la propriété ail été mal gérée pendant plusieurs années , la récolte passe cependant pour avoir donné un excédant considérable, tous frais payés. Pendant tout le trimestre le temps a été favorable pour la ré-

dernier. Ces tableaux présentaient une moyenne bien moins élevée que celle des prévenus blancs et des gens de couleur. Les cultivateurs, dont le nombre, par rapport aux autres classes, est dans la proportion de 8 à 1, n'ont fourni de prisonniers que dans la proportion de 1 sur 3. Le crime, dans ce district, est donc 24 fois moins fréquent parmi les anciens apprentis que parmi les hommes primitivement libres. S'il s'est manifesté une augmentation de crime, la honte et la dégradation attachées à ce changement doivent être limitées aux populations blanche et de couleur. Les progrès de l'agriculture continuent à être arrêtés dans beaucoup de cas par le manque d'exactitude dans le payement des salaires. Cet inconvénient peut être en grande partie attribué à la rareté de la petite monnaie pour les opérations de change Je ne puis encore dire qu'en général il règne de bons sentiments entre les géreurs et les cultivateurs. La rareté des plaintes dans cette paroisse doit être attribuée à la nécessité où sont placés les géreurs de faire les travaux de la récolte. Ce but qu'il fallait atteindre les a forcés, bien malgré eux, à payer un taux élevé de salaires, ce qui a eu pour résultat de maintenir au travail une grande partie de la population laborieuse. Signé

colte.

BAYNES.

Les bâtiments dont les noms suivent sont partis de la baie de Montego pendant ces trois mois, amplement chargés de sucre et de rhum, savoir : la barque Water-Lily, le brick Africa, le vaisseau Mersey, les bricks Appleton et Copre, les vaisseaux David-

36.

EXTRAIT

du rapport du magistrat Daughtrey sur la conduite des noirs.

Lyon, Gerland-Grove, Christian et Murray. Quelques autres, au nombre desquels des bâtiments de passage, chargent dans le

14 août 1839.

port. Signé

FINLAYSON. CARNABY.

Malgré la nouveauté et l'excitation des circonstances actuelles, les nègres de ce district et des environs continuent à montrer la plus grande tranquillité, le plus grand ordre , et font preuve de fermeté et de prudence. Ils désirent généralement reprendre,

34.

EXTRAIT

du rapport des magistrats Jaillis et Baynes sur le même sujet. 16 juillet 1839.

dans le plus bref délai, leurs premières occupations. Je ne connais pas un exemple de refus de leur part, lorsqu'on leur a fait des offres convenables, inspirées par un esprit de conciliation et accompagnées des explications nécessaires. Signé

Les plantations à sucre ont considérablement baissé. On attribue generalement cette baisse à la cessation des cinq jours de travail continu. Sur beaucoup de plantations les cultivateurs travaillent maintenant avec une grande assiduité. Dans d'autres, il n'y a pas un champ de cannes sarclé ou planté. Dans d'autres aussi, quelques acres seulement sont en état. Tout cela résulte d'un manque d'énergie dans les commencements. Nous avons, d un autre coté, des rapports plus favorables à faire sur les plantations à café. Les récoltes sont terminées ; l'absence du travail est peu de chose. Nous avons visité un grand nombre de plantations à café. La population y est très-contente et se conduit très-bien.

37.

EXTRAIT

DAUGHTREY.

du rapport du magistrat Lyon sur l'état du travail. 15 septembre 1839.

Dans les domaines de cette paroisse, le travail a pris un accroissement tellement rapide , pendant les quatre dernières semaines, que , tout incroyable que cela puisse paraître, plusieurs géreurs sont déjà embarrassés pour savoir comment ils emploie-


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. —1839. — LA TRINITÉ. 731 ront utilement le nombre ordinaire de leurs cultivateurs. A Hyde-Hall, Edington , Géorgie, des murs ont été réparés ou rebâtis dans une plus grande étendue que jamais. Il a été fait plus d ouvrage dansces quatre dernières semaines que dans aucun des trimestres de l' apprentissage , et je crois pouvoir ajouter, de l'esclavage. Les champs de cannes qui, d'après le tarif de travail de cette paroisse, exigeraient de douze à quatorze travailleurs, ont été achevés moyennant 13 sch. 4 den. par acre, et de 25 à 3o sch. 4 den. par jour, gagnes par les cultivateurs. D'autres champs, pour lesquels le tarif exigeait huit à douze personnes, ont été travaillés à G sch. 8 den. et 10 sch. par acre; le même taux de salaire a été

fixé. Les murs ont été et sont construits moyennant 13 sch. 4 den. par chaîne. Du temps de l' apprentissage, cet ouvrage revenait à 20 sch., et, du temps de l'esclavage, à 60 sch. Des pâturages qui n avaient pas été entretenus depuis deux et quatre ans, et pour

38.

EXTRAIT

du rapport du magistrat Daughtrey sur le même sujet. 18 septembre 1839.

Chaque semaine ajoute au travail du district. La prévention et le mauvais vouloir de certains propriétaires ne peuvent point parvenir a empecher la reprise des travaux par notre population paisible et bien disposée. Signé

39.

DAUGHTREY.

extrait du rapport du magistrat Daughtrey sur l' état du travail et les dispositions des travailleurs.

AUTRE

lesquels on supposait qu'il faudrait de huit à dix travailleurs ,

ont été mis en état, moyennant 6 sch. 8 den. à 10 sch. par acre. A ce taux modéré, et en travaillant douze heures par jour, beau-

24 octobre 1839.

coup de cultivateurs ont gagné 5 sch. par jour, ce qui prouve littéralement à Votre Excellence qu'un homme libre vaut trois

Chaque semaine voit se développer une plus grande énergie au travail, principalement dans les endroits où il se fait à la corvée. Les pâturages sont entretenus par un nombre d'individus

esclaves pour le travail. En fait, et dans un grand nombre de circonstances, le stimulant du salaire a prouvé qu'il pouvait pro-

s élevant à un peu moins du tiers de celui qui s'en occupait autrefois. Le travail se fait bien et gaiement. Au lieu de rétrograder,

duire, sans abus des forces employées, une quantité de travail dix fois plus grande que ne l'eût jamais pu produire la contrainle la plus énergique. Quels que soient les motifs de satisfaction et les espérances de prospérité future que donne l'application industrieuse des cultivateurs, je crains qu'en raison du peu de croissance des cannes, par suite de la grande sécheresse qu'il fait depuis une dizaine de semaines, il n'y ait une diminution de produit, et qu'une clameur et une accusation générales ne s'élèvent contre le système de liberté en regard duquel on ne manquera pas de mettre les résultats matériels de l'ancien système. Je fais allusion à ces accusations possibles, afin de prévenir à l'avance Votre Excellence contre les murmures et le mécontentement de ceux qui, dans cette paroisse, comme il est tant d'autres ailleurs, préférèrent prédire le mal que de coopérer cordialement à produire le bien.

Signé

la culture augmente dans beaucoup de propriétés. On peut mieux juger par soi-même du véritable état des choses que par les rapports d'autrui. La diminution du nombre de bras employés aux travaux ne prouve pas absolument que les ouvriers refusent le salaire, ou qu'une propriété manque de travailleurs. Dans beaucoup de circonstances, par suite d'une meilleure distribution du travail et d'une plus grande énergie de la part des cultivateurs, il ne faut qu'un peu plus de la moitié du nombre de cultivateurs qui étaient jadis employés aux travaux. J'ai aussi appris avec plaisir qu'un grand nombre de travailleurs libres , nés dans ce domaine, qui, en raison de l'apparence pénale que le travail avait sous l'ancien système, le considéraient comme plus dégradant que la pauvreté, ont fait d'eux-mêmes des propositions pour obtenir du travail à la tâche dans les plantalions, et travaillent autant que les meilleurs ouvriers.

LYON.

Signé

DAUGHTREY.

N° 164.

§ II. LA TRINITÉ. d'une lettre du colonel Mein au marquis de Normanby sur l'état du travail et des travailleurs.

EXTRAIT

10 niai 1839.

Je vais soumettre à Votre Excellence des observations générales qui puissent jeter quelque lumière sur l'état de cette colonie, où s'est opéré un si grand changement dans la situation morale de la population noire par la destruction de toutes les entraves à sa liberté et à l'exercice des droits qui en découlent. Je crois devoir faire connaître à votre seigneurie que la nécessité de travailler, à laquelle les cultivateurs étaient soumis, ayant disparu, une réaction s'est opérée: les cultivateurs, maintenant et dans beaucoup de cas, se contentent, sans prévoir audelà, de gagner ce qui est strictement nécessaire à leur subsistance. Je pense qu'une situation morale très-différente serait produite par la conversion du cultivateur à un esprit de prévoyance et de préoccupation de l'avenir. Les maux dont nous nous plaignons dans ces îles sont ceux qui naissent principalement de la condition antérieure créée par l'esclavage. Pour cesser, ils veulent du temps et une administration judicieuse.

Ces maux existent actuellement, et tous nos efforts pour le bien de la colonie doivent tendre à les faire disparaître. En réunissant les diverses opinions des propriétaires de plantations de cette île, je trouve que, sur beaucoup deces plantations, les nègres s'abtiennent de travailler pendant au moins deux jours de la semaine ; et, quoique, en raison de la nature de leur caractère, ils ne manifestent point une insubordination bien active envers leurs maîtres, Cependant ils comprennent très-bien que leur maître est à leur merci, que le travail doit être acheté, qu'il est difficile de se le procurer, et qu'en quittant un maître, ils n'ont pour ainsi dire qu'à se retourner pour eu trouver un autre qui les retiendra immédiatement. La concurrence n'existe pas, et les salaires sont excessivement élevés ; la moyenne; pour les travaux agricoles, est de 2 fr. 5o cent, par jour. L année dernière il était habituel de donner, à titre de gratification, 3 livres de poisson salé et 7 livres de bananes par semaine, et 2 verres de rhum par jour; logement et secours médicaux gratis.— Aujourd'hui, le même salaire existant, les allocations en nature ont été réduites sur plusieurs plantations. Signé

MEIN.


732 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

N° 165. § III. SAINT-VINCENT. du rapport du magistrat Crosby sur la condition et la disposition des travailleurs.

EXTRAIT

1.

moyen des cultivateurs se livrant actuellement au travail sur chaque plantation est de 58. L'accroissement du bien-être de la population laborieuse est chose évidente pour tout esprit non prévenu. Ceux des planteurs les plus intelligents et les mieux informés sont très-satisfaits

15 janvier 1839. Votre Excellence s'apercevra,

par les détails du présent rapport, qu il semble actuellement exister, dans la population de ce district, une diminution de 372 cultivateurs. Il est très-probable que quelques-uns d'entre eux sont incapables de travail. La plupart, probablement un tiers, sont des enfants ou des jeunes gens au-dessous de dix-huit ans; quelques-uns vont à l'école, d'autres font le commerce, d'autres sont allés voir des parents éloignés, quelques autres se livrent à des occupations différentes, telles que celles de domestique, de couturière, etc. etc. Il en est parmi les plus âgés, qui sont allés résider dans les villes pour se livrer à d'autres occupations ; quelques-uns même de ceux-là se sont mis dans le commerce ; un petit nombre a obtenu quelques parcelles de terre pour la culture des provisions. Quelques femmes se contentent des bénéfices réalisés par leurs maris. Dans un grand nombre de cas, le départ des enfants fait vivement sentir aux parents la nécessité

du résultat de la grande tentative dernièrement opérée. Ils s'efforcent de surmonter toutes les difficultés qui sont la suite d'une diminution de moyens. Je ne doute pas qu'ils ne réussissent. Quelques-uns sont mécontents et désappointés. Ceux-ci, pour la plupart, sont des hommes qui, par leur manque d'expérience ou par d'autres causes, se sentent et sont réellement incapables d'influence sur l'esprit d'hommes libres. Je ne pense pas que ces exemples, peu nombreux, puissent en aucune manière prouver que le changement opéré n'ait été, en masse, tel que je l'ai démontré. Je suis persuadé que, chez tous, ces mécontentements sont produits par diverses causes locales, et aucunement par le changement en question. Les sentiments de la classe laborieuse ont éprouvé la plus grande transformation ; les cultivateurs doivent et veulent être traités comme des hommes libres. Les sentiments des hommes placés au-dessus de celte classe doivent

de leur retour pour les aider dans leurs travaux. Ils ont aussi fréquemment exprimé le vœu que, après avoir appris l'écriture

aussi éprouver une transformation. Il faut qu'ils oublient le passé et le pouvoir qu'heureusement ils ont perdu. L'amélioration de la condition de la population laborieuse a produit le meilleur

et la lecture, les enfants pussent reprendre leur travail sur les plantations auxquelles ils avaient d'abord été attachés. J'ai trouvé

effet, et il est satisfaisant de voir l'importance que les cultivateurs attachent à l'acquisition de leur liberté-, leur caractère

généralement aussi le même désir chez les enfants. Il est plus difficile de se rendre compte delà manière dont on a disposé des enfants devenus libres à dater du 1" août 1834. Peu d'entre eux demeurent sur les domaines, mais l'on peut v trouver tous ceux qui sont nés depuis. Bien plus, la plupart de ceux qui vivent sur les plantations se rendent aux écoles lorsqu'ils en trouvent l'occasion. Je ne connais pas un seul enfant employé comme cultivateur sur une plantation de ce district.

devient plus ouvert et moins réservé. Ils doivent être traités avec soin, douceur et considération, et dirigés par la supériorité de l' intelligence Ainsi conduits, ils deviendront promptement une classe de paysans heureuse et industrieuse.

Sic/né

2.

EXTRAIT

du rapport du magistrat Ross sur le même sujet.

Votre Excellence remarquera que, sur les 372 cultivateurs, 61 seulement ont refusé tout engagement, cinq ayant été libérés par le magistrat et 56 par moi-même. Les 311 restant avaient quitté leurs plantations respectives avant ma visite. Votre Excellence remarquera aussi que la population agricole actuelle est dans la proportion de 10, 5 à 1 relativement à ceux qui seront bientôt incapables de pourvoir à leurs besoins et réduits à l'état de paupérisme. La proportion de cette même population aux enfants au-dessous de onze ans est à peu près de 5 à 1.

CROSBY.

30 janvier 1839. D après le rapport général sur ce district, que j'ai eu l'honneur d envoyer a Votre Excellence, il paraît que 829 cultivateurs ont quitté les plantations le 1™ août dernier ; 117 ont été renvoyés pour refus de travail salarié; 44o sont des infirmes incapables de travail; 82 sont des enfants devenus libres le 1" août 1834, et qui ne se sont encore livrés à aucun travail ; 190 cultivateurs sont partis pour différentes plantations.

Je ferai encore observer à Votre Excellence que le nombre

Signé

Ross.

N° 166. § IV. LA 'BARBADE. 1.

NOMBRE des places disposées dans les églises, et dans les écoles où l'on reçoit une instruction régulière de charpie jour sous la direction de l'Église anglicane, pendant les années 1825, 1834 et 1839.

Membres du clergé, 27, compris les absents. 1834. Membres de la congrégation dans quatre églises paroissiales (sept ayant été détruites en 1831) et dans

dans les chapelles reconstruites

9,250.

Membres du clergé, 27, compris les absents. 1839. Membres de la congrégation dans les onze paroisses, 10,550 ; dans les chapelles delà ville, 2,396 ;

PLACES. DANS LES ÉGLISES.

1825. Nombre de sièges dans les onze églises paroissiales et les deux chapelles, y compris celles de la société

les bâtiments provisoires destinés au culte et disposés pour 1,500 sièges, ainsi que dans Sainte-Marie et

dans les dix chapelles rurales terminées, y compris celle de la société pour la propagation de l'Évangile, 5,o3o.

5,544; dans les huit chapelles des écoles achevées, 2,35O; et dans les deux écoles autorisées, 35o 21,190. Membres du clergé, 32, compris les absents. Nombre de sièges disposés dans les chapelles publiques et les chapelles d'écoles en conslruc-


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1839 — LA BARBADE. 733 lion, 1,800; à disposer plus tard, 2,200. En tout

4,000

NOMBRE D'INDIVIDUS REÇUS DANS LES ÉCOLES SOUS LA DIRECTION DE

L'ÉGLISE.

1834. Dans les écoles nationales d'enfants, du soir et du dimanche

4,372

1839. Dans les mêmes écoles

6,740

....

2,315

A la place des écoles des plantations, il s'en est élevé plusieurs sur divers points, en relation avec l'église, mais qui ne sont pas sous la direction immédiate du clergé. SOCIETES

Et en outre :

DE

SECOURS.

A la fin de 1838, il y en avait 22 dans toute l'île, composées de 2,074 membres; plusieurs sociétés nouvelles se sont formées pendant 1839; en même temps les personnes faisant partie des

1834. Dans les écoles des plantations

2.

1839. Dans celles des catéchistes préparant au baptême

3,075

anciennes se sont beaucoup multipliées.

er

r

de la quantité de plaintes portées contre les apprentis , du 1 mars au 1e août 1838, d'après les relevés mensuels des juges de paix spéciaux, et des plaintes portées contre les cultivateurs libres pendant la même période de 1839, d'après les rapports adressés, par les magistrats locaux, à la cour d'appel. TABLEAU COMPARATIF

APPRENTISSAGE.

TOTAL

REGIME DE LIBERTE. TOTAL

TOTAL

des plaintes des portées. châtiments.

PÉRIODE.

TOTAL

des acquittements.

PÉRIODE.

ANNÉE 1838. Du Du Du Du Du

TOTAL

des plaintes des portées. châtiments.

TOTAL

des acquittements.

ANNÉE 1839.

1er au 31 mars 1er au 30 avril 1er au 31 mai 1er au 30 juin 1er au 31 juillet TOTAUX

1,021 865 701 289 106

787 647 654 248 76

234 218 47 41 30

2,982

2,412

570

En moins sur les plaintes portées

426

//

//

En moins sur les causes renvoyées

//

u

1,413

3,408

2,412

1,983

TOTAUX

Du Du Du Du Du

1er au 31 mars 1er au 30 avril 1er au 31 mai 1 au 30 juin 1erau 31 juillet er

TOTAUX

En moins sur les châtiments.

TOTAUX

662 622 702 682 740

289 278 311 265 282

373 344 391 417 458

3,408

1,425

1,983

,

«

3,408

987

2,412

//

1,983

NOTA. H est à remarquer que les relevés des cinq mois de 1838 ne comprennent pas les plaintes portées devant les magistrats locaux pendant ces mois pour tapage, querelles et petits vois, et dont les juges spéciaux n'avaient pas à connaître. En estimant ces délits, dont on ne sait pas le nombre, à ceux portés dans les rapports de 1839, la différence entre les deux périodes mentionnées plus liant se rectifierait ainsi :

Excédant des châtiments en 1838 . Condamnations prononcés par les Vols légers magistrats locaux du 1 " mars Rixes au 1er août 1838 Tapage

987 150 285 195

1,017 formant l'excédant des châtiments pendant les cinq mois de 1838.

TOTAL .

3.

NOMBRE

630

des châtiments infligés pendant la dernière année de l'apprentissage comparée à la première année de liberté.

APPRENTISSAGE.

Du 1er août

1837

au 1er août

1838

Du 1er août

1838

au 1er août

1839

10,868

TEMPS DE LIBERTÉ.

DIFFÉRENCE

ou

2/3 503/738.

en faveur de la liberté

2,952 7,916


734

4.

RAPPORT

SUR

LES

e

QUESTIONS

COLONIALES. — PIÈCES

JUSTIFICATIVES. — II

PARTIE.

er

des tableaux comparatifs de châtiments dressés par les juges spéciaux pour la période du 1 août 183? au 1 août 1838, et par les juges de paix ordinaires pour celle du 1 août 1838 au 1 août 1839.

RÉSULTAT

er

er

er

NOMBRE

MOIS.

de

DÉTAIL.

POSITIONS.

2

1/2

Excédant du

1er

août au

1

m

Excédant du

16

octobre au

30

décembre

1837

3

Excédant du

5

Excédant du

12

er

1 1

er

mars au

octobre

15

1

er

1837,

comparaison faite avec la même période de

novembre, comparaison faite avec la même période de

août

au

28

février

1838,

Total

1838,

1838 1838 . ..

comparaison faite avec la même période de 1838 et

comparaison faite avec la même période de

de l'excédant des châtiments en

12

mois

3,168

1839

1,063

1839.

2,068 1,617

7,916 *

Ce nombre de 7,916.indique les punitions infligées sous la juridiction spéciale, pendant la dernière année de l'apprentissage, en plus de celles infligées depuis que l'administration sommaire de Injustice a été rendue aux magistats locaux sous l'influence de la cour d'appel.

5.

RAPPORT

du comité des prisons, approuvé par commission.

la

5 octobre 1839. Avant de répondre aux observations contenues dans le mémoire des inspecteurs voyers, votre comité croit devoir s'occuper d'abord du dernier paragraphe de la lettre que ces inspecteurs ont adressée à M. Phillips. Ils disent «qu'ils ont examiné, de concert avec le capitaine Jebb, les plans pour l'amélioration de la prison de Bridge-Town , mais que les réparations se trouvaient trop avancées, dès avant la réception de ces plans, pour pouvoir être exécutées autrement. » Ils ajoutent « qu'ils regrettent d'autant plus cette circonstance qu'ils auraient été à même de proposer diverses modifications importantes. » Votre comité fait observer à ce sujet que , d'après un acte du Parlement, le gouverneur seul a le droit d'approuver les plans relatifs aux prisons de son Gouvernement; que ceux en question ont été soumis à son approbation par la commission qui ne pensait nullement qu'ils pussent être désapprouvés par d'autres juges. Sans vouloir mettre en question l'autorité citée par les inspecteurs , nous ne voyons aucune raison déterminante pour admettre l'opinion du capitaine Jebb, de préférence à celle du lieutenant Smith, du corps royal des ingénieurs. La dernière assertion des inspecteurs, prétendant qu'ils auraient pu proposer des modifications importantes, ne repose sur aucune preuve qui puisse mettre le comité à même de juger de son exactitude. Malgré notre respect pour les opinions des inspecteurs, nous ne pouvons reconnaître l'inconvénient qu'il y aurait à employer des prisonniers, condamnés pour crimes, dans les bandes pé-

facilite pour la visiter toutes les fois qu'il espère produire quelque bien. Les inspecteurs prétendent que, «dans la classification prescrite par lacté, il n est rien prévu pour la séparation des prévenus d avec les condamnés. » Votre comité doit croire que MM. Crawford et Russell n' ont pas fait attention à ce passage du l'apport des inspecteurs de la Barbade ainsi conçu : «Depuis son agrandissement, la prison peut contenir 3oo personnes. Elle est partagée en deux corps de bâtiments, l'un pour les hommes, l' autre pour les femmes. La classification a été beaucoup augmentée ; de sorte que les débiteurs, les perturbateurs, les prévenus de crimes, les individus déjà condamnés pour de pareils faits, prévenus en outre de crimes entraînant la mort et subdivisés en plusieurs catégories, enfin les voleurs et les jeunes détenus, sont tous gardés séparément. » Quant aux stations rurales, nous dirons que l'extrême rareté des emprisonnements rendrait inutile un règlement tel que celui qui est propose, d autant plus qu'il en existe déjà un qui limite l' emprisonnement dans ces prisons à cinq jours. Nous ajouterons que les rapports mensuels, adressés à la surintendance des prisons par les concierges des prisons rurales, ne mentionnent souvent qu un ou deux prisonniers ; quelquefois ils sont en blanc. Votre comité, dont l' opinion sur l'importance d'une classification convenable s accorde parfaitement avec celle des inspecteurs, est bien aise de pouvoir vous démontrer que, d'après l'usage établi, il existe en effet à ce sujet une règle dont l'exécution est recommandée chaque jour. Bien que la séparation minutieuse des prisonniers , dont parle le rapport des inspecteurs de la Barbade, n ait pas été prescrite, sous le titre général de classification, dans

nales, bien que nous ne doutions pas qu'une semblable mesure pût être impraticable en Angleterre.

les règlements pour la direction des détenus, nous ne doutons pas qu à la première occasion il ne soit fait les additions nécessaires , avec l'approbation du gouverneur en conseil.

A l' observation contenue dans le Mémoire sur l'étendue des devoirs du chapelain, nous nous bornerons à dire que les appointements actuels qui lui sont assignés par l'acte sur les prisons

Les inspecteurs voyers citent, comme opinion des inspecteurs des prisons, «que la'punition par l'emprisonnement solitaire ayant été essayée inutilement, il est à désirer que l'on autorise

nous empêchent de proposer un règlement conforme au désir des inspecteurs. Nous verrions cependant avec plaisir étendre les

les punitions corporelles.» Votre comité, en consultant le rapport, y a lu ce qui suit :

fonctions du chapelain , lorsque le législateur voudra lui accorder une augmentation de traitement proportionnée. Celui de la prison de George-Town n' a aucun autre emploi, et, quoiqu'on n'ait pas le droit d exiger sa présence continuelle, il ne se renferme

«Au sujet de la discipline des prisons, nous avons joint aux autres règlements celui du 4 février dernier, qui permet l'emploi des fers dans les cas où ils deviennent nécessaires pour s'assurer

cependant pas clans la stricte exécution de l' acte, en ce qui le concerne. Dans plusieurs circonstances ses paroles ont adouci le sort

des condamnés d'un caractère violent et d'une conduite insoumise , lorsqu'on les occupe aux travaux publics, en dehors de la prison. Nous avons joint en outre copie d'un acte du 23 janvier

des prisonniers, et lorsqu'il a été appelé on l'a toujours trouvé prêt. La prison lui étant ouverte à toute heure, il profite de cette

dernier, qui donne pouvoir aux magistrats de police de punir de la peine du fouet les infractions à la discipline, sauf l'approbation


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.—1839.— LA BARBADE. 735 du gouverneur avant l' exécution. Cette disposition a été jugée nécessaire après le refus obstiné de quelques individus des ateliers pénitentiaires, de remplir la tâche qui leur était imposée par la sentence qui les avait condamnés aux travaux forcés. Jusque-là les prisonniers n'ignoraient pas que, pour une telle faute, on ne pouvait les punir que de l' emprisonnement solitaire, essayé sans succès vis-à-vis d eux; et cette conviction les encourageait à

lorsqu'elles travaillaient sur les routes ; mais qu'on a cessé de leur en distribuer sur la demande faite par les condamnés euxmêmes qu'on voulût bien remplacer le rhum par un supplément de mélasse.

Signé Robert

REECE

junior, E.

H. MOORE

, J. J.

TINLING.

persister dans leur obstination.. »

Il résulte d'un examen attentif de tous les documents qui se rattachent à cet important sujet, que les inspecteurs voyers se trompent en s'imaginant que certaines autorités de l'île ont recommandé, sans motifs suffisants, la substitution des peines corporelles à l'emprisonnement solitaire. Après des efforts répétés de

6.

la part des magistrats de police de Bridge-Town pour maintenir

Un grand nombre de personnes s'étaient réunies de bonne heure, parmi lesquels plusieurs honorables planteurs des propriétés voisines et beaucoup de cultivateurs.

la discipline et l' obéissance dans la prison , le gouverneur a recommandé aux assemblées législatives un acte autorisant à recourir aux punitions corporelles dans les cas extrêmes. Il a été passé, en effet, et a reçu l'approbation de Sa Majesté. Toutefois jusqu' a présent on n a pas eu occasion de s'en prévaloir, et votre comité est convaincu que cela n'aura lieu que lorsqu'un prison-

de la séance du tribunal de conciliation, tenue dans la paroisse de Saint-Thomas.

COMPTE RENDU

14 septembre 1839.

La cause présentait une circonstance assez rare. D après les instructions du gouverneur, un jury de douze cultivateurs, choisis par la plaignante et l'accusé, fut formé et in-

nier préférera recevoir celte punition à reprendre son travail. A l'appui de celle remarque , nous appelons votre attention sur

vité a prêter le serment qui suit ; John Best, chef du jury; James Tony Ford, James Bryant, Edward Hewett, John Thomas, Thomas Alleyne, pour la plai-

les documents officiels ci-inclus , relatifs à l'acte précité. Ils prouvent que le meilleur effet a déjà été produit par la connaissance ré-

gnante ;PhilipTaylor,Thomas-Renn Barker, John Michael, Gregg Collymore, Edward Dowrich, Francis Clarke, pour l'accusé : vous

pandue que les infractions à la discipline sont punissables corporellement. Elle a eu pour conséquence d'éloigner la nécessité

jurez chacun de vous, sur les saints Évangiles du Dieu toutpuissant, que vous essayerez loyalement de concilier Félix Ap-

d'avoir recours à ce moyen violent.

plewhaite et sa femme, et que votre déclaration sera basée sur les témoignages , et rendue selon votre conscience.

Votre comité vous soumet l'extrait suivant d'un ouvrage intitulé : Etats-Unis et Canada, par le docteur M. C. D. Arswedon. • L'habile inspecteur M. Eynds affirme que le fouet est le plus humain en même temps que le plus efficace des châtiments; c'est pourquoi on y a souvent recours à la prison de Sing-Sing: le plus léger délit y est aussitôt puni de cette manière. Le prisonnier se soumet à l'instant ; ses travaux ne sont pas interrompus, et sa santé ne souffre pas. »

L honorable M. John Carew prit ensuite la parole. Messieurs le chef et les membres du jury, C'est, je crois, la première fois qu'un magistrat s'est trouvé chargé d'appeler des cultivateurs à former un jury et d'examiner une plainte portée sur un sujet de litige entre deux personnes de

Nous ne pouvons deviner sur quoi se fondent les inspecteurs voyers pour déclarer que les cellules disposées pour recevoir les

votre condition. C'est à Son Excellence le gouverneur que vous êtes redevable des faibles efforts que j'ai faits pour réunir aujourd'hui un tribunal de conciliation.

prisonniers condamnés à l'emprisonnement solitaire ne sont pas exactement solitaires. Nous convenons avec eux de ce que l'expé-

whaile et Violet, sa femme.

rience a prouvé dans toutes les prisons d'Angleterre et des ÉtatsUnis, c'est que la solitude complète, sans occupation, est le plus dur des châtiments, et celui qui a le plus d'effet ; mais l'expérience nous a appris que dans ce pays il n'en est pas ainsi, et cela sera facilement conçu par les personnes qui savent que les habitudes des nègres diffèrent autant de celles des Européens, que les climats d'Europe et d'Amérique diffèrent entre eux. La solitude et le silence sont insupportables aux uns, tandis que pour le caractère insouciant des autres c'est presque un bonheur, parce qu'ils ne contrarient pas leur naturel indolent et leur penchant au sommeil. Pour le condamné paresseux de ce pays énervant, le calme que procure l'emprisonnement solitaire est aussi agréable qu'il peut être insupportable aux paysans plus actifs des autres régions,

La cause que vous avez à examiner concerne Félix AppleCes deux personnes furent mariées, le 1" janvier 1832, par le révérend John Taylor, ministre morave de celle paroisse. Ils vécurent ensemble pendant plus de trois ans, et dans cet intervalle Violet devint mère de trois enfants , dont deux existent encore. Depuis peu, des querelles se sont élevées entre eux, et, je regrette d'avoir à le dire, des paroles on en est venu aux coups. Maintenant Félix voudrait se débarrasser de Violet; de son côté, Violet voudrait également être débarrassée de Félix. Voilà la position actuelle des parties. Félix allègue que, le ministre ne lui ayant pas fait mettre un anneau au doigt de Violet, le mariage est nul, et que son intention est d'épouser Mary Indy. Vous tous mes amis , qui composez le jury, vous savez que Félix

qui sentent vivement la privation de l'exercice auquel ils sont habitués.

ne peut agir ainsi d'après les clauses suivantes du nouvel acte sur le mariage. (M. J. Carew donne lecture des 1re et 13 clauses.) Je désire que vous n'hésitiez pas à me faire toutes les questions qu'il

11 est inutile de dire que ces observations ne concernent que les prisonniers mâles , puisque l'on ne peut infliger de punition corporelle aux femmes, sur lesquelles d'ailleurs la solitude agit

vous conviendra ; je m'empresserai d'y satisfaire. Les témoins vont être appelés pour prêter serment, ensuite il n'en sera admis qu'un à la fois en présence du tribunal.

avec plus d'effet, à cause du silence absolu qu'elle impose. Votre comité ne pense pas, comme les inspecteurs voyers, qu'il faille prohiber les journaux à toutes les classes de prisonniers ; il serait injuste et inhumain de confondre, à cet égard, le pauvre débiteur avec le prévenu de crime ou le condamné aux travaux forcés. Enfin, quant a la dernière remarque des inspecteurs voyers au sujet du rhum distribué aux ateliers de correction, votre comité se borne à répondre que, précédemment, elles n'en recevaient

qu' une petite quantité mélangée avec de la mélasse et de l'eau ,

e

William Marshall est introduit. Le témoignage que vous allez rendre dans la cause entre Félix Applewhaite et sa femme sera conforme à la vérité, à toute la vérité, à rien que la vérité. Que Dieu vous soit en aide. Le témoin déclare être constable sur la plantation Exchange. Le dimanche 8 courant il était à déjeuner lorsqu'un enfant vint le prévenir que Félix le demandait. Il se rendit auprès de lui, et celui-ci lui dit que sa femme (Indy) lui avait apporté quelque chose à déjeuner, mais que, comme M. Gittens , le géreur, ne voulait pas qu'elle pénétrât sur la plantation, il désirait aller jus-


736 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. que sur la route. Le témoin lui répondit qu'il le pouvait; il l'accompagna même, et le vit recevoir le déjeuner des mains de Indy. Violet, étant survenue dans le moment, s'en empara, et déclara que Félix ne le mangerait pas. Le témoin s'interposa, reprit le vase, le plaça sur un banc, et conduisit Violet jusqu'à la limite. Celle-ci revint, découvrit le vase , en jeta le contenu, puis le replaça et s'éloigna; mais, presque aussitôt, elle revint encore, et le vase fut brisé. Félix alors envoya le jeune Sam. Edward lui

Le magistrat. Non, non. La validité du mariage ne fait pas de doute. Le tribunal tâchera d'effectuer une réconciliation, s'il le juge convenable, pour empêcher que la plainte aille plus loin. et leur donnera des conseils sur leur conduite future. M. Klose remet à la cour un certificat de mariage dans la forme prescrite par la loi. Le docteur Bascom. Je vois clairement ce qu'il en est. Félix a eu le premier tort en quittant sa femme pour en prendre une autre ; et elle, de son côté, quoique ce soit bien mal agir, a suivi i

chercher un bâton, qui lui fut apporté. Il se saisit de Violet et la frappa en disant qu'il allait la tuer. Le témoin arracha le bâton à Félix et le jeta au loin. Tout aussitôt Violet se précipita sur Félix et lui déchira presque toute sa chemise. Celui-ci lui porta un coup

la même conduite par esprit de vengeance. M. Klose. Il est très-fâcheux de les voir dans une telle position. Le docteur Bascom. Félix a fait une observation toute simple.

et l'entraîna vers la roule ; là ils tombèrent tous deux. Violet se releva la première, mais Félix la saisit de nouveau, et ils lut-

Lorsqu'il vivait bien avec sa femme, il la reconnaissait pour telle ; à présent qu'il veut en épouser une autre, il prétend que son

tèrent encore. Après qu'ils se furent séparés, Félix rejoignit Violet et la prit par le cou. Le témoin ayant voulu les séparer, Violet

premier mariage n'est pas légal, parce que l'anneau n'a pas été remis. L'acte sur les mariages est parfaitement clair à ce sujet, et je déclare à Félix que, s'il pouvait persuader à un minisire

lui dit qu'elle s'inquiétait peu de ce qui lui arriverait, parce que Félix irait en prison avec elle. Après cela il les quitta, et, peu après, il aperçut Félix dans la cour, et vit Violet se diriger vers la roule. Il ignore ce qui s'est passé depuis.

de le marier une seconde fois, il se rendrait coupable de bigamie et s'exposerait à être condamne pour la vie.

Le chef du jury. Avez-vous entendu dire par Félix que M. Gittens avait fait construire une case pour y loger Mary Indi, avec qui il

M. Klose. Félix ! M. Taylor ne vous a-t-il pas fait cette question : Acceptez-vous celte sœur pour épouse et pour vivre avec elle, suivant la loi de Dieu, dans le saint état de mariage ? A quoi vous

avait des relations illicites?

avez répondu : Je l'accepte ?

Le témoin. Jamais. Le magistrat. Avez-vous su si jamais une case a été construite pour y recevoir Félix et Violet ? Le témoin. J'ai su que M. Gittens était disposé à le faire, et que Félix avait refusé. Le magistrat. Savez vous pour quelle raison Félix a refusé ? Le témoin. Non. Le chef du jury à Félix. Ne vous ai-je pas engagé, il y a peu de temps, à vous procurer une bonne maison pour vous et Violet, parce qu'étant nouveaux mariés vous pourriez vous assurer ainsi la jouissance d'un arpent de terre ? Félix. Cela est vrai. Le chef du jury. Et qu'avez-vous répondu ? Félix. Que, si nous ne pouvions pas vivre en paix dans un endroit, nous ne le ferions pas mieux dans un autre. Le chef du jury. Avez-vous des enfants de votre femme Violet ? Félix Oui.' Le chef du jury. Si vous viviez heureux ensemble du temps de l'esclavage et de l'apprentissage, pourquoi n'est-ce pas de même aujourd'hui que vous êtes tous deux libres ? Félix. Les temps étant devenus meilleurs, je crois que nous aurions dû vivre plus en harmonie; mais il en est autrement, et c'est ce qui me fait désirer une séparation. Un juré. Pourquoi ne vivez-vous plus aussi heureux qu'auparavant ? Félix. Je refuse de répondre.

Félix. En effet, cela s'est passé ainsi. M. Klose. Et à vous, Violet, M. Taylor ne vous a-t-il pas fait la même question : Acceptez-vous ce frère, etc. ? Violet. Oui, monsieur. M. Klose. Félix, n'avez-vous pas ensuite, prenant Violet par la main droite, répélé, après M. Taylor: Moi, Félix Applewhaite, je t'accepte, loi Voilet, pour ma femme légitime, pour vivre ensemble, suivant la parole et la loi de Dieu, dans le saint état de mariage, t'aimer, te chérir en maladie et en santé, jusqu'à ce que la mort nous sépare? Félix. Oui, monsieur. M. Klose. Et vous, Violet, n'avez-vous pas pris sa main droite dans les vôlres en disant : Moi, Violet, je te prends, toi Félix Applewhaite, pour époux légitime , pour vivre ensemble, suivant la parole et la loi de Dieu , dans le saint état de mariage , t'aimer, te chérir et t'obéir en maladie et en santé, jusqu'à ce que la mort nous sépare ? Violet. Oui, monsieur. M. Klose. Eh bien ! si vous alliez quelque part contracter un autre mariage, je ferais exécuter la loi contre vous et contre le ministre qui vous aurait mariés. Le docteur Bascom. Rien ne peut justifier ce qui se passe. Moi, je suis toujours enclin à protéger les femmes. Le tort est du côté de Félix, car Violet est disposée à une réconciliation et promet de se corriger.

Félix demande au même juré s'il n'est pas vrai qu'il soit venu une fois ou deux chez lui chercher sa femme. Je ne l'ai revue,

M. Klose. Violet est d'un caractère très-dissipé. Je crois que, si elle se fût conduite différemment, Félix eût été meilleur pour elle.

ajoute-t-il, que le lendemain matin, et j'ai dû moi-même prendre soin des enfants.

Le docteur Bascom. Oh! ceci ressemble à un éloge de Félix. M. Klose. C'est mon opinion ; et cependant ils ont tous deux

Le juré convient que c'est vrai. Le magistrat à Violet. Félix a dit et prouvé que vous vous absentiez de chez vous sans le prévenir. Pouvez-vous en donner

cessé de faire partie de la congrégation. Félix en a d'abord été exclu à cause des charges portées contre lui par sa femme, et

quelques bonnes raisons? Violet. Je me suis absentée parce qu'il me menaçait de me battre.

a ensuite été expulsée pour sa mauvaise conduite. Le docteur Bascom. Si Félix pouvait accomplir son projet,

Un juré a Félix. Quels sont vos sentiments actuels envers votre femme Violet? Félix. Ils ne sont pas affectueux pour elle, parce qu'elle ne le mérite pas.

parce qu'il ne s'est pas présenté à temps pour y répondre. Violet

ignore-t-il donc ce que disent les Ecritures, que les fautes des parents retomberont sur les enfants jusqu'à la troisième et à la quatrième génération ? qu'en agissant ainsi il rendra ses enfants bâtards ? Eh ! qui de vous ne désire pas laisser en héritage à ses

Le magistrat au ministre morave. Monsieur Klose, auriez-vous quelque question à poser au témoin ?

enfants ce qu'il possède, quelque peu que ce soit. M. Klose. Venez tous deux me trouver demain matin , je vous donnerai quelques bons conseils.

M. Klose. Dois-je comprendre que le tribunal s'occupera de la validité du mariage, ou seulement de la querelle ?

Le magistrat, s'adressant alors à la plaignante et à l'accusé en même temps qu'au jury, leur expose la mauvaise ligne de con-


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. —1839. — LA BARBADE. 737 duite suivie par le mari et la femme, unis par les liens les plus sacrés, par les lois de Dieu et des hommes. Il regrette d'être obligé de rendre compte au gouverneur du procès qui les concerne , parce que, sous d'autres rapports , leurs sentiments ne sont pas mauvais. Il espère que ce qui vient de se passer sera une leçon non-seulement profitable à eux-mêmes, mais à toute l'audience. Il a entendu avec satisfaction Violet déclarer qu'elle regrettait sa conduite, et qu'elle la réparerait. Il espère qu'elle et Félix sortiront du tribunal avec de meilleurs sentiments ; que le souvenir de leur ancien bonheur remplacera, dans leurs cœurs, le ressentiment; qu'ils s'efforceront de devenir un exemple pour les autres, et qu'ensuite leurs enfants, en les imitant, deviendront l'ornement de leur classe. Si eux-mêmes ou quelques-uns de leurs amis avaient besoin de conseils sur quelque sujet que ce fût, il ne négligerait rien pour les satisfaire ; ou bien encore ils pourraient s'adresser aux ministres de la religion, non moins disposés que lui à les guider dans la bonne voie. Le ministre explique ensuite au jury que la seule question sur laquelle il ait à statuer est la querelle si bien exposée par le témoin Marshall, mais qu'il espère que, quelle que soit sa décision , elle sera profitable à tous. ( Vives acclamations. ) Le jury, après s'être consulté quelques instants avec la plaignante et l'accusé, décida qu'ils seraient renvoyés pour vivre comme mari et femme, et qu'il leur donnerait ses conseils. Le magistrat fit ensuite ses félicitations au jury sur son attention et la promptitude de sa décision , en lui disant qu'il la considérait comme devant faire le plus grand honneur à tous ses membres. Les parties quittèrent l'audience très-satisfaites en apparence. Il n'y a aucuns dépens pour les affaires jugées à ce tribunal ; mais, après avoir consenti a être jugé par le jury, on ne peut en appeler.

7.

OPINION

do procureur général

R.

Bowcher- Clarke

sur les tribunaux de conciliation. 29 octobre 1839. J'ai lu avec beaucoup d'attention et pesé mûrement les nombreux documents joints au mémoire sur les tribunaux de conciliation; il en résulte que l'expérience tentée dans les districts ruraux a eu le plus grand succès; que la population elle-même approuve la mesure proposée et prend beaucoup d'intérêt à la manière de procéder; que les cultivateurs ont suffisamment d'intelligence pour les fonctions qu'ils auraient à remplir ; qu'enfin , par la connaissance qu'ils ont des habitudes des gens de leur classe, et par la communauté de leurs sentiments, ils trouveraient plus de facilité que personne à concilier les légères difficultés qu'autrefois le maître seul pouvait faire disparaître, et qui ont engendré, pendant l'apprentissage, d'autres contestations plus sérieuses que l'on voit aujourd'hui se renouveler plus fréquentes que jamais. On peut encore espérer de cette mesure que, en se voyant chargés de fonctions publiques et revêtus d'une certaine autorité, les cultivateurs s élèveront dans leur propre estime, et se prépareront à remplir plus tard d'autres fonctions plus éminentes, lorsque, par leur industrie, ils se seront mis en état d'y être appelés. Je pense aussi que l' établissement de ces tribunaux aura pour effet moral de corriger, chez les cultivateurs, des irrégularités de caractère et de conduite qui sont plutôt la conséquence de leur ancienne condition que de leurs dispositions naturelles. Ils serviront à la répression de délits dont la loi ne peut s'inquiéter et contre lesquels la réprimande publique des plus notables d'entre eux agira plus efficacement que tout autre moyen. II.

Par ces motifs et par d'autres encore , je pense que Son Excellence accordera un grand bienfait a la population, et par suite au corps des propriétaires, en recommandant ce projet à la prompte considération de la législature. Quant aux meilleurs moyens de le mettre à exécution, on pourrait s'en rapporter à la sagesse de la législature elle-même. Voici, toutefois, quelques considérations qui se présentent à mon esprit. Le principal objet en vue est de prévenir les procès et d'empêcher, autant que possible, les classes inférieures d'avoir recours aux tribunaux de la colonie, en leur procurant le moyen simple et prompt de s'arranger à l'amiable. Mais, si la mesure se bornait là , son efficacité serait, il me semble , incomplète ; elle devrait, non-seulement, comprendre les cas susceptibles de s'arranger par conciliation, mais encore autoriser la décision arbitrale des contestations de certaine importance dans des limites fixées par la législature. Les tribunaux seraient présidés par un magistrat de police; on établirait des règlements pour la convocation des jurés , l'assignation des témoins, etc.; le jury aurait droit de fixer des dommages et intérêts jusqu'à 25 francs; les dépens, très-minimes, et laissés à la discrétion du tribunal, serviraient à indemniser le constable rural chargé de distribuer les assignations. Je crois que quatre jurés et un chef du jury seraient suffisants. On pourra objecter contre ce projet la perte de salaire qu'il fera éprouver aux cultivateurs nommés jurés, et la perte du travail de ceux-ci pour les planteurs. Il serait facile d'obvier à la première en fixant une somme légère pour l'audition des plaintes ; on en formerait un fonds destiné à indemniser les cultivateurs de leur salaire; quant à la seconde, on réduirait, autant que possible, le nombre des jurés. En supposant que les tribuaux siégeassent dans toutes les paroisses pendant tous les jours de travail, ce qui, au surplus, n'arrivera pas, ils n'enlèveraient que 55 cultivateurs par jour à la population agricole de l'île entière. Le jury serait à la nomination du magistrat de police, et, pour empêcher toute influence , chacune des parties aurait droit de récusation. Après la décision de la cour, les parties seraient invitées à déclarer si leur intention est de s'en tenir là. Dans le cas contraire, l'affaire serait portée devant qui de droit, comme si aucun jugement n'était intervenu; mais, la décision une fois acceptée, une nouvelle action ne pourrait plus être intentée pour le même fait, et, pour y mettre obstacle , un certificat délivré par le magistrat de police, et revêtu de son cachet, constaterait l' acquiescement. Le relevé des causes portées devant le tribunal serait transmis régulièrement au pouvoir exécutif. Relativement à la seconde communication qui m'a été faite par le gouverneur, je suis d'avis que, pour le moment, les tribunaux en question ne devraient être établis que dans la campagne, et qu'il serait convenable de nommer un magistrat de police pour la partie rurale du district A. Plusieurs autres détails de moindre importance pourront être plus convenablement envisagés lorsque la législature s'occupera du projet. Signé R. BOWCHER-CLARKE.

8.

DÉPÊCHE

du gouverneur à lord John Russell, relative aux tribunaux de conciliation. 20 décembre 1839.

Ayant vu, en parcourant un volume d'un voyage en Norwége, tout le succès qu'ont obtenu les tribunaux de conciliation créés parmi les paysans de ce pays, il m'est venu à l'esprit que peutêtre des tribunaux semblables pourraient être institués à l'avantage des paysans de cette île, dans la position nouvelle où ils sont 47


738 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

aujourd'hui placés. Je me suis empressé, en août dernier, de demander aux magistrats de police leur avis sur la création, dans les diverses paroisses, de tribunaux de ce genre placés sous leur surveillance. Le 5 septembre on leur écrivait « que, si des tribunaux semblables étaient définitivement sanctionnés par la législature, il deviendrait nécessaire, entre autres arrangements, d'assurer des appointements à leurs présidents ; mais que, pour déterminer si les circonstances actuelles militaient en faveur do la présentation du projet à la législature, le gouverneur désirait que l'on fit dans chaque paroisse l'essai de l'utilité de cette institution par deux ou trois épreuves. » Le 20 du même mois on leur écrivait encore « que le gouverneur apprenait avec plaisir que, dans l'opinion de la majorité des magistrats de police et dans celle d'autres personnes notables, les tribunaux de conciliation seraient avantageux à la population laborieuse, et que, si le résultat général donné par les tribunaux déjà établis venait confirmer celle opinion, les magistrats de police seraient invités à se rendre au Gouvernement pour délibérer sur le meilleur mode à employer pour leur établissement définitif, avec la sanction de la législature. » Ces magistrats se sont en effet réunis au gouvernement, le octobre, dans le but de juger de l'utilité de la création des tribunaux de conciliation; sur la communication qui leur a été faite qu'en temps utile leurs travaux seraient soumis à M. le procureur général Clarke, l'assemblée a voté à l'unanimité l'adoption du projet, en laissant: à l'examen de l'avocat de la Couronne les questions de détail sur lesquelles les opinions peuvent différer, ainsi que les difficultés légales. Le 18 octobre M. le procureur général fut invité à donner son avis sur la possibilité et la convenance de la mesure, et au besoin sur le moyen de la mettre à exécution avec le concours de la législature. Le 29 il fut informe que le gouverneur n'avait pas jugé à propos de continuer la correspondance sur ce sujet avec les magistrats de Bridge-Town, parce qu'il doutait que l'on pût, en ce moment, rendre le projet applicable aux habitants de la ville, mais que cependant il pouvait être désirable de former une juridiction pour un autre magistrat de police dans la partie rurale de Saint-Michel et dont le siège serait dans le district A. Le procureur général, dans son rapport, conclut « que l'expérience des cours de conciliation a eu le plus grand succès dans les districts ruraux, que la population elle-même approuve la mesure proposée et prend beaucoup d'intérêt à la manière de procéder; que les paysans ont suffisamment d'intelligence pour les fonctions qu'ils auraient à remplir; qu'en raison de la connaissance qu'ils ont des habitudes des gens de leur classe, et en raison aussi de la communauté de leurs sentiments, ils trouveraient beaucoup de facilité à concilier les légers différends qui autrefois n'étaient tranchés que par l'autorité du maître, et qui ont engendré, pendant l'apprentissage, les contestations plus sérieuses, que l'on voit aujourd'hui se renouveler plus fréquentes que jamais. Il ajoute qu'on peut espérer, en outre, de la mesure en question, que le sentiment qu'éprouveront les cultivateurs à se voir ainsi employés publiquement et revêtus d'autorité, les élèvera dans leur propre estime et les préparera à remplir plus tard des fonctions plus élevées, lorsque leur industrie les aura mis en position d'y être appelés. Je crois aussi, dit le procureur général, que l' établissement de ces tribunaux sera d'un bon effet moral, en corrigeant, chez les cultivateurs, les irrégularités de caractère et de conduite, qui sont plutôt le résultat de leur ancienne condition que celui de leurs dispositions naturelles, et en réprimant les délits dont la loi ne peut s inquiéter et contre lesquels la réprimande publique des plus notables d'entre eux agira plus efficacement que tout autre moyen. Par ces motifs et par d'autres encore, je pense que Son Excellence accordera un grand bienfait à la population, et conséquemment au corps des propriétaires, en recommandant ce projet à la prompte considération de la législa-

ture. Je pense aussi que ces tribunaux, quant à présent, doivent être bornes a la campagne, et qu'il serait bien de [nommer un magistrat de police pour la partie rurale du district A. Le projet a été soumis an conseil et à l'assemblée le 26 novembre, et le 3 courant le conseil a adopté le rapport de son comité, statuant : Qu'il ne peut qu'approuver une mesure si bien conçue a l' avantage de la population laborieuse, et qu'il s'empressera de l' accueillir quand elle sera soumise à sa décision comme pouvoir législatif; que la classe des cultivateurs parait désireuse de s élever dans l' échelle sociale, et manifeste l'ambition de se trouver en état de participer aux fonctions dévolues aux citoyens recommandables ; qu'enfin les tribunaux provisoires. dans lesquels ils ont siégé à la satisfaction générale, ne laissent plus de doutes sur leur capacité à remplir les devoirs de jurés, ce qui prouve, suivant l'expression d'un magistrat, qu'un fait équivaut à vingt opinions. Le grand jury, clans son adresse au premier magistrat, en date du 13 de ce mois, s'exprime en ces termes « Nous sommes déjà redevables au gouverneur de l'institution récente de la cour d'appel, dont l' influence est si avantageuse à tous, surtout aux classes laborieuses; nous allons devoir encore à son zèle pour le bien public l' établissement des tribunaux de conciliation, qui ne seront pas d un avantage moins grand et contribueront à l'avancement moral des travailleurs. Apres la réunion de l'assemblée, remise au 31 de ce mois, j aurai probablement à communiquer à Votre Excellence son opinion sur ce sujet, auquel je ne puis prendre un meilleur moyen de vous intéresser qu'en citant ici l'extrait suivant d'une lettre si honorable pour le caractère des noirs; elle est de M. Applewhaite, magistrat de police et porte la date du 24 septembre. « Dans la plainte portée par Jabbah Rose, contre son mari légitime, George Adam, pour l'avoir abandonnée elle et ses deux enfants depuis un an, elle prouva la vérité de ses griefs devant le jury. L'accusé ne put rien alléguer pour sa défense et, tout couvert de confusion , il prit un des enfants des bras de sa mère et fondit en larmes. Les paroles prononcées par le jury dans cette circonstance auraient ému les cœurs les plus endurcis. Le mari saisissant sa femme par la main jura qu'il en prendrait soin à l'avenir ainsi que de ses enfants. Ils quittèrent le tribunal parfaitement réconciliés et en lui témoignant leur reconnaissance de son intervention. » Signé E. J. M. MAC-GREGOR.

9.

RÉSUMÉ

des rapports des divers magistrats de police sur l'action du régime de liberté. 1er novembre 1839.

Saint-Jacques. De bons sentiments se sont développés pendant les quatre derniers mois ; les relations mutuelles sont mieux comprises. Une longue sécheresse a influé sur l'abondance de la récolte en sucre et en provisions. L'aspect de la culture des cannes pour l'année prochaine est favorable. Saint-Thomas. Le régime de liberté se développe aussi bien qu'il était possible de le désirer. Les provisions sont abondantes , et l'aspect de la culture, bien qu'elle ait été retardée par la sécheresse, est encore très-satisfaisant. Saint-Michel. Un accord parfait règne entre les deux classes. Le cultivateur se montre actif et satisfait, et le maître est content. Malgré la dernière sécheresse, la culture promet, elle est bien supérieure à ce qu'elle était à pareille époque de l'année dernière. Il y a suffisamment de vivres. La paroisse est dans un état prospère.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.—1839.—LA BARBADE. 739 Sainte-Lucie. Les bons sentiments qui animent les cultivateurs depuis quelques mois peuvent être imputés à ce qu ils ont reconnu ce qu il y avait de faux dans les publications émanées de certains organes de la presse de l'île. La sécheresse , qui a été grande, a influé sur la perspective de la culture dans celte paroisse. Saint-George. Les meilleures relations existent entre les maîtres et les travailleurs. Les premiers sont très-bien disposés, et les autres travaillent de bon cœur. Une longue sécheresse a diminué l' espoir des planteurs, mais les provisions sont abondantes. Saint-Pierre. Rien n'est plus satisfaisant que la marche du régime de liberté. Les plantations sont aussi bien cultivées que possible, et témoignent du zèle des cultivateurs. Malgré la dernière sécheresse , on s'attend à une bonne récolte ordinaire. L'état prospère de cette paroisse est dû à l'absence de toute influence extérieure. Saint-André. Le nouveau système prend du développement. Il règne une meilleure intelligence entre les maîtres et les apprentis. La perspective, relativement à l'agriculture, devient de plus en plus favorable.

géreur : celui-ci attribue le peu d'abondance de la récolte à la sécheresse seulement. Adams-Castle. D'après le géreur, cette plantation est mieux cultivée qu'elle ne l'a été l'année dernière. Les travailleurs sont assidus à l'ouvrage et contents, les provisions abondantes. Comme le précédent, il attribue la réduction de la récolte à la grande sécheresse. Banatyne. M. Robert Ruce, qui en est propriétaire, nous a rapporté que des provisions abondantes sont en culture, et que tout est plus avancé que l'année précédente. L'harmonie existe entre le maître et les cultivateurs. La chaleur a seule causé la diminution éprouvée dans la dernière récolte. Newtons. Les cultivateurs s'y comportent assez bien. Pendant la quinzaine qui vient de s'écouler, quelques-uns avaient manifesté une tendance à s'employer sur d'autres propriétés ; mais, le géreur les ayant assignés devant le magistrat pour avoir à payer le loyer de leurs cases pendant les journées d'absence, ils se sont abstenus. Ils ne payent pas de loyer tant qu'ils travaillent sur la plantation. La faiblesse de la récolte est imputée à la sécheresse ; les provisions sont abondantes.

Saint-Philippe. Il y a eu, pendant les trois derniers mois, une amélioration sensible dans les relations mutuelles des deux classes. Le travail est plus suivi, et la culture des plantations très-avancée. On désire vivement que l'influence d'une loi sur les contrats vienne assurer les bonnes relations qui existent. La sécheresse et la manière irrégulière dont le travail s'est fait pen-

King s-Land. Le travail se fait avec assiduité. Le géreur n'attribue qu'à la sécheresse la faiblesse de la récolte. La plantation est dans un état de culture plus avancé qu'à pareille époque de l' année dernière. La concorde existe entre le maître et ses gens.

dant la première partie de l'année, ont contribué à restreindre la récolte.

Hope. La plantation est plus avancée que l'année dernière. La sécheresse continuelle a seule exercé une influence sur la récolte. Les cultivateurs sont assidus et en bonne intelligence avec le gé-

Christ-Church. Les rapports des maîtres et des travailleurs ne sont pas satisfaisants. Ces derniers sont irréguliers dans leur conduite. L'attente delà récolle, particulièrement de celle du sucre, dont on va s'occuper, est très-défavorable. La cause en est imputable à une longue sécheresse et au peu de suite dans le travail.

reur.

Saint-Joseph. Il y a de l'amélioration dans les relations mutuelles entre les maîtres et les apprentis. La perspective de la récolle n'est pas des plus belles. On désire beancoup un acte sur

viennent. Sur la plantation, ils ne reçoivent que 2 bitts. Il y a 266 cultivateurs réunis sur cette propriété. On parvient quelquefois à en réunir jusqu'à 41 ou 42, dont 21 à 24, et rarement au delà de 36 de la 1re classe. On retient à ceux qui s'ab-

les contrats. Saint-Jean. Quoique le système de travail libre ne soit pas encore bien établi, à cause de l'arrivée, dans la paroisse, de bandes de travailleurs indépendants, la perspective que présente la culture est bonne. La sécheresse prolongée a retardé la récolle. Les provisions sont abondantes, mais leur culture diminue chaque jour et pourra causer une disette vers l'époque de la récolle. Les dispositions faites pour planter les cannes sont avancées et dans un état favorable.

10.

II y a abondance de provisions.

Max- Wells. Les cultivateurs ne sont pas assidus au travail, et vont en chercher sur les autres plantations. Le géreur pense que c'est le salaire plus élevé ( 1 fr. 25 c. par jour) qu'ils reçoivent ailleurs qui les entraîne; les travailleurs eux-mêmes en con-

sentent un demi-bitt par jour pour loyer. Us ont la jouissance d'un demi-arpent, pour lequel ils payent un bitt par semaine. La bonne harmonie n'existe pas. Keartons. Le procureur et le géreur s'accordent à dire que c est la sécheresse qui a réduit la récolte. Les travailleurs sont assidus. La plantation est dans un meilleur état que l'année dernière. Les gens sont heureux, et M. Nurse, le propriétaire, pense que les choses ne peuvent aller mieux.

diverses plantations de la paroisse de Christ-Church.

Staple-Grove. Les cultivateurs sont inconstants et irréguliers dans leur travail ; ils cherchent de l'occupation sur les autres plantations. Cette conduite provient, suivant le géreur, de ce qu'on a imposé une redevance sur le quart d'arpent de terre

21 novembre 1839.

dont ils jouissaient précédemment sans rien payer. Par chaque jour d'absence on leur retient un bitt pour loyer. 150 individus

LETTRE

des juges delà cour d'appel sur la situation des

Pour satisfaire aux ordres du gouverneur, nous avons l'honneur de vous adresser les observations que nous avons été à même de faire sur les plantations de cette paroisse qui ont été visitées par nous. Grœme-Hall. Les cultivateurs n'ont pas l'habitude d'offrir leurs services au dehors. Il règne un bon accord entre eux et le II.

sont logés sur la plantation, mais il n'y en a pas, chaque jour, plus de 3o au travail. Les cultivateurs prétendent qu'on leur relient un bitt par jour pour loyer, quand ils sont malades; mais le planteur n'en convient pas. Ridge. Le bon accord existe entre le propriétaire et les cultivateurs; ceux-ci travaillent assidûment; ceux qui s'absentent sont en petit nombre. La récolte est très-avancée.


740 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. Frere-Pilgrim. Accord parfait entre le géreur et les travailleurs ; ceux-ci sont assidus. La plantation est bien entretenue et tout marche bien. Rycroft. Dans le même état que la plantation Frère-Pilgrim , et dirigée par les mêmes procureur et géreur. Pearless. Les cultivateurs ne travaillent pas régulièrement et vont sur les plantations où ils reçoivent un demi-bitt de plus par jour. On leur en retient un pour loyer, quand ils s'absentent. Le géreur a été obligé dernièrement d'assigner quelques-uns d'entre eux devantMM. Thomas et Ashby, juges de paix, pour le payement de cette retenue, et, en leur présence, il a déclaré qu'il ferait abattre les cases de ceux qui, à l'avenir, travailleraient hors de la plantation. Cette menace paraît avoir produit un bon effet, car, depuis trois jours, il y a eu 70 travailleurs de 1re classe à la besogne, et c'est plus qu'on n'en avait encore vu depuis l'affranchissement définitif. Leur nombre total est de 3oo. Les provisions sont abondantes. Dayrells. C'est le géreur de Searless qui dirige en même temps cette plantation. Tout y va bien. Coverly. A notre arrivée, nous avons trouvé M. R. B. Clarke, administrateur, occupé à concilier le géreur et les cultivateurs. On travaillait précédemment à la lâche; mais, comme elle se faisait assez souvent à la hâte et avec peu de soin ,1e géreur a voulu la remplacer par le règlement de neuf heures. Plusieurs cultivateurs se sont alors offerts sur d'autres plantations. Tous conviennent n'avoir aucun autre motif de plainte contre le géreur que le sujet en discussion. Toutefois la propriété souffre, dans sa culture, delà désunion qui subsiste.

e

PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE.

Bentleys. Les meilleures dispositions et la plus grande harmonie régnent ici : la plantation n'a jamais été dans un aussi bel état de culture. Les cultivateurs travaillent bien et régulièrement. Lorsqu'ils s'absentent, ce n'est qu'avec la permission du géreur. Edgecombe. Le géreur était absent, nous avons su pourtant que la culture est bien suivie, et que de bonnes dispositions existent.

Nous ferons remarquer que, dans les visites que nous avons faites , nous avons eu soin de comprendre les plantations sur lesquelles, d'après le magistrat de police Velyn , il y a de la mésintelligence, et dont les cultivateurs ne sont pas réguliers au travail, Sur 24 des principales plantations que nous avons inspectées dans diverses parties de la paroisse, nous n'en avons trouvé que A où le bon accord n'existe pas entre le géreur et les travailleurs, et où ceux-ci soient disposés à chercher de l'occupation au dehors : ce sont les plantations Maxwells, Searless, Coverlv, et Staple Growe. Nous croyons que le moyen de faire disparaître toute cause de désaccord serait une loi sur les contrats dont l'action, selon nous, serait avantageuse à tous. Sans nous croire compétents pour apprécier l'état de culture de la paroisse, nous ferons observer que, d'après ce qui nous a été dit, le peu d'abondance de la récolte doit être attribué à la sécheresse. Nous nous croyons autorisés à déclarer que, faisant la part de cette sécheresse, l'état actuel de la culture, dans la paroisse de Christ-Church, est aussi favorable qu'on pouvait raisonnablement l'espérer, et que, d'après le contentement des laboureurs de la plupart des plantations et d'après leur assiduité au travail, son agriculture ne sera pas à l'avenir moins prospère que celle des autres paroisses florissantes de la colonie. Signé A. CUPPAGE. J. J. TINLING.

Fairy-Valley. Les cultivateurs s'étaient accoutumés à s'absenter pour aller chercher ailleurs un plus fort salaire. Depuis peu, ils sont stables. Le bon accord est visible. La plantation a souffert des absences qui se faisaient. 11. QUESTIONS

Lowthers. Le géreur était absent, cependant nous avons su que tout allait bien. Spencers. Le propriétaire, M. R. B. Clarke nous a lui-même déclaré que tout, sur la plantation, marche régulièrement. Il y a bon accord entre le géreur et les travailleurs. Hopefield. En l'absence du géreur, nous n'avons trouvé personne près de qui prendre des renseignements ; nous avons seulement remarqué de nombreux travailleurs.

relatives à l'état du système de travail libre à la Barbade.

1re. Quelle a été, en général, la conduite des cultivateurs, dans votre district, depuis votre nomination ail poste de magistrat de police ?

2 . Quelle est la nature particulière des délits commis le plus ordinairement ? 3 . Y a-t-il absence de bons sentiments entre les maîtres et les cultivateurs? et quelle cause pouvez-vous en donner? e

Loomfield. Tout est en bon ordre. Les cultivateurs ne s'absentent jamais et travaillent régulièrement.

4 . Pensez-vous que l'intérêt mutuel des uns et des autres produira avec le temps, dans le nouvel état des choses, un bon accord, sans aucune intervention étrangère ? e

Seawells. Le géreur n'était pas sur la plantation, et personne, en son absence, n'a pu nous répondre. Charnocks. Le même motif nous a empêché de recueillir aucun renseignement. Yorkshire. Les meilleurs sentiments subsistent entre le géreur et les cultivateurs. La plantation est en bon état, tout y marche bien. Hannahs. Le gereur n y étant pas, nous avons su du teneur de livres qu il ne se manifeste que de bons sentiments entre le géreur et les travailleurs, et que ceux-ci sont appliqués à leur besogne.

5°. Les travailleurs font-ils l'ouvrage de bonne volonté ? Dans le cas contraire, quel motif assignez-vous à leur répugnance? 6°. Quelles sont les heures de travail les plus générales dans votre district ? 7 . Travaille-t-on ordinairement à la tâche? Sinon, le refus vientil des maîtres ou des cultivateurs ? e

8°. Quel est le taux ordinaire des salaires? et comment les laboureurs sont-ils payés pendant la récolte, ainsi que dans les autres mois ?


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. —CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.—1839. — LA BARBADE. 741 9e. Les cultivateurs sont-ils généralement logés sur les propriétés où ils travaillent ? Leur donne-t-on un lot de terre à cultiver ? Quelles sont, dans ce cas, les conditions ?

l'abolition de l'apprentissage, ou de retenir, par le fait, les cultivateurs dans un état d'esclavage prolongé ? 27 . Les cultivateurs connaissent-ils bien l'existence de la cour d'appel ? e

10 . L occupation d un logement et le privilège de cultiver un terrain sont-ils compris comme faisant partie du salaire ? Ou bien sont-ce des choses distinctes du travail de la propriété? e

11 . Quelle est la coutume que l'on sait dans votre district, lorsqu'on prend en location le travail des cultivateurs? Les engage-t on e

simplement pour faire le travail de la journée? ou fait-on des conventions écrites ou verbales pour un délai spécifié ? Si ces conventions se font, en gardez-vous note ? 12 . Les cultivateurs préfèrent-ils les arrangements écrits aux arrangements verbaux?

28*. Considérez-vous le système judiciaire résultant de la création de ce tribunal comme plus avantageux à la population travailleuse, dans son état de liberté, que celui qui existait du temps des magistrats spéciaux ? 29 . Quelle est la quantité de sucre fabriquée cette saison, dans votre district, pour le compte des cultivateurs ? et quelle somme at-elle produite? e

e

13 . Dans leurs rapports entre eux, sont-ils sur un pied de bonne harmonie ou disposés à élever des contestations ?

30 . Quelle est la quantité d'animaux que possèdent les laboureurs de votre district ? e

e

14 . Le rejet des dernières lois de l'île, qui réglaient les conventions entre les maîtres et les travailleurs et qui réprimaient le vagabondage, a-t-il eu un bon effet sur la population laborieuse ? e

15 . Avez-vous été appelé à examiner des plaintes pour occupation illicite de maisons et de terres par des cultivateurs, ou pour expulsion de ceux-ci des plantations où ils travaillaient? De quel côté avez-vous trouvé le tort ? ou bien était-il commun aux deux e

parties ? 16 . Pensez-vous qu'une diminution sensible de cultivateurs ait eu lieu dans votre paroisse depuis le 1er août dernier? e

17 . En est-il beaucoup qui soient retournés travailler sur les propriétés qu'ils avaient quittées le 1er août ou postérieurement ? Les considérez-vous généralement comme attachés aux plantations sur e

lesquelles ils sont nés et ont été élevés ?

31*. L'étendue des terres à blé, à provisions, etc., à présent en culture, doit-elle suffire, selon vous, pour empêcher le retour de la disette dont on était menacé au commencement de cette année ? 32 . Sous quel aspect se présente la prochaine récolte ? Quel est l'état général de la culture? La saison a-t-elle été favorable ou non ? e

33 . Avez-vous connaissance que, depuis la fin de l'apprentissage, la population laborieuse ait consommé une plus grande quantité de choses de luxe, telles que vin, objets d'habillement, etc.? e

34°. Etes-vous d'avis que des caisses d'épargne et des sociétés de secours seraient avantageuses aux travailleurs, et qu'ils s'y intéresseraient? Quels seraient, selon vous, les meilleurs moyens d'organiser ces institutions ? 35 . En les comparant aux travailleurs des autres possessions anglaises, considérez-vous ceux de la Barbade comme heureux dans e

leur position actuelle ? 18 . Beaucoup de ceux qui ont quitté les plantations depuis le août, sont-ils retournés au travail ? e

1er

19e. A quel genre d'occupations se livrent les nègres qui ont abandonné l'agriculture ?

36°. Avez-vous quelques idées à communiquer ou quelques mesures à proposer, dans l'intérêt particulier de la classe laborieuse, ou dans celui de la colonie en général.

e

20 . Les cultivateurs témoignent-ils quelque désir d'émigrer? En est-il de votre paroisse qui aient déjà émigré? 12.

21 . Croyez-vous qu'il y ait une surabondance de population dans l'île, et que l'on puisse, sans nuire aux intérêts de la colonie, se passer d'un certain nombre de cultivateurs ?

RÉPONSES

des magistrats de police aux questions précédentes.

e

A.

RÉPONSE de M. J. T. Corbin, magistrat de police de la paroisse Saint-Pierre.

22 . Quelle est la condition des enfants des cultivateurs ? Comment sont-ils entretenus ? e

23*. Quelles facilités votre paroisse offre-t-elle pour l'éducation et l'instruction religieuse? L'église et les écoles sont-elles aussi suivies qu'elles peuvent l'être ?

3 août 1839. 1re. Depuis ma nomination, la conduite de la population a été calme et régulière. Il n'y a eu que très-peu d'exemples d'inconduite. 2 . La plus grande partie des plaintes portées devant moi ont rapporta des disputes entre les cultivateurs, et à des excès e

24*. Les enfants sont-ils volontiers employés, moyennant salaire, sur les plantations où demeurent leurs parents ? S'il n'en est pas ainsi, doit-on l'attribuer au peu de disposition des propriétaires pour leur donner du travail, ou bien à la répugnance qu'auraient les parents à les élever pour l'agriculture? 25 . Les cultivateurs semblent-ils attacher de l'importance à la distinction de couleur entre les blancs , les mulâtres et les noirs ?

26 . Avez-vous remarqué quelque désir, de la part des autorités ou de la classe riche, de protéger les droits à la liberté résultant de II.

commis à Speight-Town. 3 . Les maîtres témoignent les meilleures dispositions à se concilier les cultivateurs. Aussitôt après ma nomination , j'avais e

remarqué, de la part de ceux-ci, un manque de confiance que j'attribuais au peu d'accord existant entre les propriétaires. L'inquiétude que l'on ressentait alors, relativement à la marche du nouveau système, causait la plus grande irrégularité dans le chiffre du salaire offert pour le travail. Les cultivateurs au service de maîtres qui refusaient d'en élever le taux étaient mécon47..


742

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

lents ; c'est ce motif, à mon avis, qui a donné lieu à la plupart des plaintes que j'ai reçues à cette époque.

vif sentiment d'attachement pour le lieu de leur naissance et par la force de l'habitude.

4 . Six mois d'observations pratiques m'ont pleinement confirmé dans l'opinion qu'une tentative pour améliorer l'ordre de choses actuel, par une intervention étrangère, aurait les suites

18 . Un assez grand nombre d'entre les laboureurs, partis depuis le 1 août, sont revenus et ont repris leurs travaux.

e

les plus funestes. 5 . Les cultivateurs de mon district travaillent volontiers et avec régularité. Ce fait est prouvé par l'état satisfaisant delà culture dans toute la paroisse. e

6 . De six à neuf, et de dix à quatre, lorsque l'ouvrage ne se fait pas à la lâche. Quand il travaille à la tâche le cultivateur consulte sa propre convenance. e

7 . On préfère le travail à la tâche quand il est praticable; les cultivateurs y sont plus disposés, et les planteurs ne s'y opposent pas, excepté pour le sarclage des jeunes plants. e

8'. Le taux des salaires paraît fixé à 2 bitts par jour. Pendant la récolte, il y a eu une augmentation qui les a portés à 2 bitts 1/2, à 3 bitts ou même plus, en argent, outre une gratification en nature, composée d'ignames., etc. 9 . La coutume dans celte paroisse est de fournir au cultivateur une case, à laquelle est jointe une portion de terrain d'une étendue d'un huitième à un quart d'arpent. Sur quelques plantations on fait payer 1 sch. 3 den. par semaine, pour la jouissance de la case et du jardin; sur d'autres on relient seulement 1 bitt ou davantage par chaque journée d'absence. e

10". On explique clairement aux cultivateurs que leur case et leur terrain n'entrent point dans leur salaire ; ils les occupent aussi longtemps qu'il leur plaît, ; s'ils sont expulsés avant d'avoir récolté leurs provisisions, on leur en paye la valeur. 11 . Il n'existe que des engagements à la journée, les cultivateurs se refusent à tous contrats écrits ou verbaux. e

12 . Comme ils ignorent les moyens de faire exécuter une obligation mutuelle, il serait difficile de leur faire comprendre l'avantage d'un contrat quelconque. e

e

er

19 . La plus grande partie de ceux qui ont abandonné les travaux agricoles, cherchent de l'occupation dans la ville comme porteurs, etc. e

e

20 . Les cultivateurs ne sont pas disposés à l'émigration. Deux seulement, à ma connaissance, ont quitté la paroisse : c'étaient des domestiques. 21". Je ne pense pas qu'il y ait trop de cultivateurs. La plupart des planteurs, en raison du bon état de culture de leurs propriétés, ont, depuis quelques semaines, permis à leurs gens de chercher du travail ' ailleurs ; ceux-ci ont trouvé à s'occuper dans les paroisses voisines moyennant un salaire plus élevé. 22 . Les enfants ont un aspect de santé et de bien-être ; ils sont entretenus par leurs parents. e

23 . Il existe quatre écoles appartenant à l'église anglicane. Ces quatre écoles sont soutenues sur les fonds de la paroisse, et par un don de l' evêque. Deux vastes bâtiments qui s'élèvent sont e

aussi destines à des écoles. Il y en a plusieurs sous la direction de particuliers , et une très-grande qui a été fondée par la société wesleyenne. L'église paroissiale et la chapelle des wesleyens sont a Speight-Town; mais, d'après mes remarques, l'Église établie n est pas aussi suivie qu'elle pourrait l'être. 24 . Les planteurs sont toujours prêts à occuper les enfants à des travaux agricoles, proportionnés à leur âge et à leur force ; ils en ressentent même très-vivement la privation. e

25 . Je ne me suis pas aperçu que l'ancienne population esclave attachât quelque intérêt à la différence de couleur. e

26 . Je crois les autorités et la classe riche disposées à protéger le juste exercice des droits accordés par l'acte d'émancipation définitive. Je ne pense pas que personne conserve le désir de voir renaître l'ancien ordre de choses. e

27 . Tout le monde me parait connaître l'existence de la cour d'appel et y avoir recours. On s'adresse souvent à elle pour arrêter la procédure sommaire des magistrats. e

13". A mon arrivée, ils m'ont semblé disposés à se chercher les uns aux autres. Pour des différents de peu d'importance, ils requéraient l'intervention du magistrat. Ils paraissent maintenant en meilleur accord, et le recours au magistrat est beaucoup moins fréquent. 14e. Je crois que le rejet de l'acte relatif aux contrats a été défavorable au cultivateur, au commencement du régime de liberté, alors que les parties éprouvaient des sentiments d'irritation réciproques. Il règne maintenant de meilleures dispositions, et dans mon opinion un acte sur les contrats ne serait pas bien accueilli. 15 . Des propriétaires se sont adressés à moi pour expulser des cultivateurs de leurs plantations. Ils se plaignaient principae

lement de leur insolence et de leurs absences continuelles. A présent de pareilles requêtes sont beaucoup moins fréquentes. Les propriétaires paraissent disposés à se montrer accommodants; et toutes les fois que les cultivateurs ont paru désirer demeurer sur les propriétés , j ai réussi à concilier les différends. Dans cette paroisse, on ne peut pas effectuer une expulsion sans s adresser au magistrat. Les cultivateurs le savent, et les tentatives pour enfreindre cette obligation sont immédiatement punies.

28 . Je n hésite pas à déclarer que le système judiciaire actuel est de beaucoup préférable à ceux qui l'ont précédé. Toutes les classes témoignent la plus grande confiance envers la cour qui vient d'être instituée. e

29 et 30

D après les renseignements que j'ai pu nie procurer, 74,706 livres de sucre ont été récoltées pour le compte des cultivateurs, et ont produit net 145 liv. st. 6 sch. Les cultie

vateurs possèdent dans cette paroisse 11 chevaux, 7g bêtes à cornes, 2,600 moutons et chèvres , et environ 2,800 porcs. 31 . J'ai pris des informations à ce sujet auprès des planteurs, et je ne pense pas que l'on ait à redouter une nouvelle disette, si le temps continue à être favorable. e

32 . La perspective de la récolte prochaine est belle. Au commencement de l'année, les jeunes plants de cannes ont souffert du manque de pluie; mais, en supposant que le temps se maine

tienne tel qu'il est à présent, les produits seront satisfaisants. 33e. Les cultivateurs sont fortement enclins au luxe.

er

16 . Aussitôt après le 1 août, beaucoup de cultivateurs ont quitté leurs cases pour chercher à se placer comme domestiques , etc ; un certain nombre sont revenus à leurs domiciles et à leurs occupations ordinaires. 17". Je viens de dire que des cultivateurs étaient revenus après avoir quitté; je crois qu'ils y ont été déterminés par un

34 . En l'absence d'une loi des pauvres., des caisses d'épargne et des sociétés mutuelles me paraissent absolument nécessaires ; toutefois je ne puis dire encore si les cultivateurs se montreraient disposés à les soutenir. Je recommande d'employer l'intermédiaire du clergé, lorsqu'on s'occupera de ces institutions. e

35 . La population laborieuse de ce pays me semble aussi heue


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANG. — CHAP. XIV. — ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1839. — LA BARBADE. 743 reuse que dans aucune autre partie du monde, et je suis convaincu qu elle-même pense ainsi. En les abandonnant à leur propre jugement, hors de l'influence de gens qui n 'ont aucun intérêt au résultat heureux du régime de liberté, je ne doute pas que bientôt toutes les classes n apprécient à leur juste valeur les bienfaits du nouveau régime.

maîtres et les cultivateurs s'est beaucoup accrue; elle augmente encore chaque jour.

36 . Je désirerais que l' on prit des mesures pour l'entretien des pauvres tout a fait dénues de ressources, dont le nombre me paraît

5°. Les cultivateurs semblent à présent travailler de bon coeur ; lorsque le contraire arrive, on peut généralement l'attribuer au manque d'une bonne direction de la part du planteur.

s accroître. Dans une circonstance, j ai été obligé de convertir notre petite prison en hôpital. Une autre fois il s'agissait d'une apprentie d une plantation voisine : convaincu qu'au moment de la liberté elle se trouverait hors d'état de travailler, j'en ai conféré avec le planteur qui avait été son maître, et il a consenti à la garder chez lui. Plusieurs habitants ont appelé mon attention sur un aliène, pour lequel je n'ai pu rien faire. Je crains que de pareils exemples ne se renouvellent, et je suis fort embarrassé lorsque l' on me requiert. A l'occasion du malade dont je parle en ce moment, j'ai en vain cherché quelqu'un qui voulût en prendre soin, même moyennant une bonne récompense. A présent les individus âgés ou infirmes n ont d'espoir qu'en eux-mêmes, ou dans leurs plus proches parents. Je demanderais encore qu'un règlement fût fait par la législature, concernant les porteurs, bateliers, etc., de cette ville. On trouve souvent, dans cette classe, des cultivateurs qui ont quitté la campagne ; il sont ce qu'il y a de pire, et commettent souvent des fraudes et autres délits. Les relations qu'ils conservent avec la campagne, et l'incognito dont ils jouissent en ville, rendent très-difficile de les découvrir et de s'en saisir. L ordonnance concernant les constructions aurait besoin d'une modification, qui permît d'élever des bâtiments en bois dans des rues autres que les principales. Sous l'empire de cette ordonnance, on construit à présent des villages en dehors des limites fixées, au détriment manifeste de ceux qui possèdent des terrains dans ces limites. Je demanderais encore que l'on décidât la question relative au droit du cultivateur sur sa maison ; c'est la seule contestation que je n'aie jamais pu concilier, lorsqu'elle s'est élevée entre un maître et le travailleur occupant une case. Je me trouve souvent ballotté entre mes idées de justice et les lois qui régissent la matière. Dans plusieurs circonstances, j'ai appris avec regret que les cultivateurs ont eux-mêmes tranché cette question. Je sollicite instamment une augmentation de police .à Speight-Town ; l'expérience a démontré que la police actuelle est insuffisante pour maintenir le bon ordre. Cela est surtout évident d'après les tentatives faites dernièrement pour attirer le mépris sur ce corps ; certains individus , au risque de troubler la paix, et d'autres en employant la violence et les menaces, ont cherché à nuire aux agents dans l'opinion publique. Leur position ne sera tenable qu'autant qu'ils présenteront une force numérique imposante. Signé J. T. CORBIN.

B. RÉPONSES

de M. F. Thornhill, magistrat de police de la paroisse Saint-Jacques. 6 août 1839.

1re. Depuis ma nomination, la conduite des cultivateurs a été bonne, en tenant compte des difficultés d'une transition soudaine de l'esclavage à la liberté. 2e. La plus grande partie des délits se compose de querelles, de rixes et d'un petit nombre de vols. Il y a des plaintes et des réclamations pour cause de dettes. 3 . Depuis quelques mois, la bonne intelligence entre les II.

4 . Je crois que les intérêts des planteurs et des travailleurs, devenus inséparables, produiront mieux et plus tôt la bonne intelligence qu'aucune intervention étrangère. e

Les heures sont presque partout de

6°.

6

à 9 et de

10

à 4.

7 . On perd l'habitude du travail à la tâche. Le refus vient surtout de la part des maîtres, qui trouvent que la besogne est mal faite, à cause de la trop grande précipitation qu'on y ape

porte. 8 . Le taux des salaires varie aujourd'hui de 1 sch. 3 d. à 1 sch. 6 d. 3/4 par jour; et, pendant la récolte, de 1 sch. 6 d. 3/4 à r sch. ro d. 1/2. e

9°. Presque toujours les cultivateurs sont pourvus d'une case et d'une portion de terre cultivable. 10 En considérant que le cultivateur gagne aisément au dehors 1 sch. 6 d. 3/4 par jour, tandis qu'il ne reçoit que 1 sch. 3 d. sur la propriété où sa case et son terrain sont situés , je présume e

que la jouissance de la case et la faculté de cultiver la terre compensent celle différence, qui, au bout de l'année, ne produit encore qu'un loyer faible, en comparaison des avantages que retire le locataire. 11 . Dans cette paroisse, les cultivateurs ne sont engagés que pour un travail journalier ; je considère cet engagement comme e

n étant obligatoire que pour un seul jour. Ils savent bien que, s ils ne travaillaient pas avec régularité, on ne leur accorderait pas de case ; celte raison les porte à se fixer sur les propriétés. 12 . Les cultivateurs se refusent formellement à contracter des engagements, quels qu'ils soient. e

e

13 . Us sont très-disposés à la chicane, et toujours prêts à recourir à la justice sur le plus léger prétexte. 14°. Je ne crois pas que le rejet des lois sur les rapports entre les maîtres et les ouvriers, et sur le vagabondage, ait été d'aucun bénéfice à la population laborieuse. 15 . Je n'ai reçu aucune plainte pour occupation illicite de cases ou terrains, ou pour expulsion hors des plantations. e

16 . Immédiatement après l'émancipation, il y a eu une diminution sensible dans le nombre des cultivateurs. e

17 et 18 . Presque tous sont revenus sur les propriétés qu'ils avaient quittées le 1 août, ou depuis cette époque. Je les crois en général attachés aux lieux où ils sont nés et où ils ont été élevés. e

e

er

19° Les individus qui abandonnent les travaux d'agriculture se font très-souvent domestiques; d'autres deviennent charpentiers, cordonniers ou tailleurs. 20°. Autant que je puis en juger, il n'existe dans la classe laborieuse aucune disposition à l'émigration. 21 . Loin de penser qu'il y ait un excédant de travailleurs, je crois qu'on ne pourrait en diminuer le nombre sans qu'il en résultât un préjudice sensible. e

22°. La condition des enfants est maintenant heureuse; mais l'état de paresse dans lequel ils ont été élevés leur sera plus tard préjudiciable. Ils sont soutenus par leurs parents. 23°. Cette paroisse possède une vaste école. L'église et la chapelle sont suffisamment grandes ; il s'y rend autant de monde qu'elles peuvent en contenir, mais pas au delà. 47...


744 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIECES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. 24 . Les enfants seraient volontiers employés sur les propriétés ; mais les parents témoignent la plus grande répugnance à les élever pour les travaux agricoles. e

25°. Les cultivateurs me paraissent prendre peu d'intérêt à la différence de couleur. 26 . Loin de chercher à contester les droits à la liberté de la population laborieuse, et de vouloir, par le fait, la tenir en esclavage, les autorités et la classe élevée saisissent toutes les occasions de lui faire apprécier sa nouvelle et heureuse condition. e

27°. Les cultivateurs connaissent très-bien l'existence et les avantages de la cour d'appel. Lorsque je rends une décision, j'explique toujours clairement que les parties ont le droit d'en appeler. 28°. Je crois que les avantages de la cour d'appel rendent le système judiciaire actuel plus propre à contribuer au bien-être de la population laborieuse, que celui qui existait du temps des magistrats spéciaux. 29°. La quantité de sucre fabriquée sur les propriétés de cette paroisse, pour le compte des cultivateurs qui y sont attachés, s'élève, dit-on, à 100 barils, qui, au prix moyen de 75 francs le baril, représentent 7,500 francs. Je suis porté à penser qu'il en a été fabriqué davantage. 30°. Les cultivateurs n'élèvent à présent que peu d'animaux, sans doute à cause de la rareté des provisions. 31°. La quantité de blé et de provisions que l'on a plantée empêchera, le temps aidant, le retour de la disette dont on était menacé au commencement de l'année; mais jusqu'ici le temps n'a pas été favorable.

étrangère , et si l'on ne publiait pas de journal incendiaire dans la colonie. 5°. Ils ne font pas leur travail de bonne volonté. Cela provient je pense, en partie, de ce que les salaires sont trop élevés, et qu'ils gagnent assez en un jour pour vivre pendant deux ou trois clans l'oisiveté ; et, en partie, de ce que, sur différentes propriétés, on leur alloue trop de terrain. 6°. Neuf heures par jour, excepté pendant la récolte : alors on leur paye les heures qu'ils font en travail extra. 7°. Les planteurs ont adopté la tâche, comme moyen d'obtenir un jour de travail; mais les cultivateurs n'aiment pas cette méthode. La besogne est généralement mal faite, bien que je n'aie jamais vu en donner, pour un jour, plus qu'il n'en peut être exécuté facilement en six heures. 8 . On paye deux bitts pour tous les jours de la semaine, excepté le dimanche, pendant le temps de la récolte; et deux bitts et demi quand on peut se procurer des travailleurs d'une plantation étrangère. Outre cela, les travailleurs occupés au moulin et à la sucrerie reçoivent un demi-bitt par chaque boucaut de sucre e

fabriqué, pour compenser le temps de travail qu'il font au delà de neuf heures. 9°. On fournit en général le logement aux cultivateurs, et la majorité jouit gratis d'une maison commode. Sur la plupart des propriétés, ils ont aussi un quart d'arpent de terrain pour lequel ils ne payent pas de loyer. 10°. Quand les cultivateurs se louent sur d'autres plantations que celles où ils demeurent, on leur retient, presque partout, d'un demi-bitt à un bitt pour chaque jour d'absence.

32°. La perspective de la récolte prochaine est très-mauvaise dans cette paroisse. La culture a été bonne ; mais la saison a été des plus défavorables.

11 . Je n'ai pas connaissance qu'aucune convention ait été faite pour un temps déterminé. Les laboureurs mettent ordinairement deux ou trois jours à faire la tâche d'une journée, telle qu'elle est fixée par le tarif établi au commencement de l'apprentissage.

33°. Depuis l'abolition de l'apprentissage, les demandes de la population laborieuse en objets de luxe, tels que vin, articles de toilette, etc., se sont beaucoup augmentées.

12°. Ils n'aiment .pas à se lier par des engagements écrits ou verbaux.

e

34°. Il y aurait sans doute beaucoup d'avantage à établir des caisses d'épargne et des sociétés mutuelles. Une de ces dernières a été établie par le recteur, et celui-ci m'a certifié qu'il avait réussi dans son œuvre. Cette société promet d'être pour l'avenir d'un grand secours à la paroisse. 35°. Ayant été élevé en Angleterre, je n'hésite pas à dire que la condition des paysans de la Barbade est aussi heureuse que celle de la même classe en Angleterre, indépendamment de l'avantage dont les premiers jouissent sous le rapport du climat. 36°. Nous avons besoin d'un acte pour réprimer le vagabondage et d'un établissement pour les fous. Signé Francis THORNHILL , magistrat de police.

c. RAPPORT de M. A. H. Morris, magistrat de police de la paroisse de Sainte-Lucie.

13°. Ils sont disposés à la chicane. Le détail suivant des plaintes que j'ai reçues, du 7 janvier 1839 au 27 juillet, en donnera une idée exacte: Vols, 47 cas; querelles et rixes, 106; dommage cause méchamment aux propriétés, 36; menaces, 54; dettes, 79 ; conduite turbulente, 20. Total 342 , non compris les affaires qui ont été arrangées a l' amiable par mon intervention. Dans ce nombre d affaires, la plupart des plaignants ou des accusés étaient cultivateurs. e

14 . Le rejet des lois de la colonie, concernant les rapports entre les maîtres et les ouvriers et la répression du vagabondage, a été préjudiciable à tous. 15 . Je n'ai reçu aucune plainte de cette nature. e

16°. La population agricole a éprouvé une grande diminution, depuis le 1er août 1838. 17°. Les travailleurs ont l'habitude de revenir le soir à leurs cases. Ils en partent le matin pour travailler sur les plantations voisines, ou pour passer la journée dans l'oisiveté. 18 . La plupart sont revenus; mais ils mènent une vie assez vagabonde. e

9 août 1839. 1re. Elle a été indolente et peu régulière. 2° Querelles et rixes, vols, réclamations de dettes, et dommages aux propriétés. 3°. La bonne harmonie n'est pas aussi grande que je l'aurais désiré ; j'en attribue la cause, dans la plupart des cas , à la paresse et à l'obstination des noirs. 4°. Je crois que le bon accord et l'harmonie s'établiraient entre les maîtres et les travailleurs, s'il n'y avait aucune intervention

19°. Ils se livrent au colportage, ou bien ils infestent les villes. 20 . Us ne témoignent aucun désir d'émigrer, à ce que je sache. e

21°. Malgré la grande abondance de population, je ne crois pas qu'il soit possible de diminuer le nombre des cultivateurs , à cause de la quantité de ceux qui ont abandonné l'agriculture, et de la paresse de ceux qui restent.


ÉTUDE DE L'EXPER. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1839. — LA BARBADE 22 . Leur condition est bonne ; ils sont entretenus par leurs parents , mais en grande partie sur ce que fournissent à ceuxci les propriétés où ils travaillent. 23 . La paroisse entretient une grande école pour les enfants noirs et de couleur. L'évêque fournit aux frais de trois autres ecoles, et il y en a beaucoup de particulières où l'on ne paye que 50 centimes par semaine. L'église et les écoles sont aussi

D.

RAPPORT

745

de il/. Frédéric Watts, magistrat de police de la paroisse Saint-George.

e

suivies qu'elles peuvent l'être.

4 septembre 1839. 1re Ils se sont montrés paresseux et sans régularité; cependant, depuis deux mois, il y a eu une amélioration sensible dans leurs dispositions. 2 . Querelles, batailles et vols légers. e

24e . Il est peu d enfants, en état de faire quelque chose , que leurs parents veuillent consentir à laisser sur les propriétés ; ils cherchent à les enlever à l' agriculture. Ils sont ordinairement apprentis dans diverses professions. Ils vont à l'école, ou passent le temps dans l'oisiveté. 25*. Ils n'y attachent aucune importance. 26 . Je n'ai pas remarqué pareille chose. e

27*. Es la connaissent parfaitement. 28*. Elle est plus heureuse, depuis l'établissement de ce tribunal , que durant l'apprentissage. 29*. Il n'est pas possible de répondre d'une manière précise à cette question, faute de personnes que l'on puisse envoyer recueillir des renseignements, attendu que les constables de la paroisse n'ont pas de chevaux. D'après mes propres observations, sur la plupart des plantations les cultivateurs ont récolté, pour leur propre compte, plusieurs boucauts de sucre, en quantité proportionnée à l'étendue des propriétés, et d'une valeur de 32 fr. 5o le quintal. 30*. Sur toutes les plantations ils élèvent de la volaille, des porcs, des moutons et des chèvres en abondance ; sur quelquesunes même ils ont des bêtes à cornes. 31*. Il y a maintenant peu de terres plantées en provisions, et peu d'apparence d'augmentation de cette culture ; aussi sommesnous menacés de la disette la plus grande que l'on ait jamais vue. Malgré la sécheresse prolongée, qui dernièrement a été très-favorable pour la destruction des mauvaises herbes, les jeunes cannes, sur plusieurs des belles plantations du district, sont étouffées par ces plantes parasites. Il n'est donc pas possible de s'occuper d'autre chose que du sarclage des cannes ; car les cannes sont la seule ressource du planteur pour payer ses dépenses , et, sans le sarclage, elles seraient en danger de périr. 32 . La perspective de la récolle n'est pas la moitié aussi belle que l'année dernière à pareille époque. La saison n'a pas été très-favorable.

3 . Sur beaucoup de propriétés de mon district, le meilleur accord règne entre les maîtres et les cultivateurs. Sur d'autres propriétés, c est tout le contraire. Diverses causes peuvent être alléguées pour expliquer cette différence : 1° les efforts que l'on fait sur certaines plantations pour attirer les cultivateurs, en leur offrant un salaire plus élevé; 2° l'usage du travail à la tâche, qui souvent n'est qu'à moitié terminé et mal fait, ce qui entraine la e

retenue du prix convenu ; 3° enfin la détermination manifestée dernièrement par les cultivateurs de ne pas travailler neuf heures, sous prétexte qu en se soumettant à cette règle ce serait rentrer en esclavage. Il n'y a, selon moi, qu'une manière de rétablir l' harmonie : c'est d'exiger des cultivateurs un loyer pour leurs cases et leurs jardins, et de leur laisser la libre disposition de leur travail. 4°. Il n y a pas de doute que le temps remédiera à toutes les difficultés que l' on éprouve, et que le bon accord finira par s'établir entre le laboureur et son maître. 5°. Sur certaines propriétés ils travaillent de bon cœur; sur d autres il n'en est pas ainsi, ce que j'attribue à ce que le cultivateur aime à choisir le travail qui lui plaît. Si on le lui refuse, il se retire. Souvent, quand le travail est pressé, on le trouve occupé à cultiver son terrain. 6 . Quand ils ne sont pas à la tâche, ils travaillent depuis six heures du malin jusqu'à six heures du soir, moins une heure pour déjeuner et deux pour dîner. e

7°. Dans mon district on préfère la lâche, et cette manière de travailler deviendrait plus générale, si les cultivateurs ne s'y refusaient pas, sous le prétexte qu'on la leur donne trop forte. Lorsqu'ils l'acceptent, elle est souvent mal faite ; il s'ensuit des difficultés au moment de la paye. 8°. Le taux ordinaire est de deux bitts par jour; mais , durant la récolte, ils reçoivent un demi et même un bitt en plus, selon les occupations.

e

33*. Je sais qu'il y a eu une augmentation de demandes en objets d'habillement, mais pas, que j'aie appris, en liquides ou comestibles. 34 . Je ne pense pas que les cultivateurs contribueraient à l' établissement de caisses d'épargne ou de sociétés de secours e

mutuels, parce qu'ils dépensent leur argent, dès qu'ils l'ont gagné, en objets de toilette et à la danse. 35 . En comparant leur condition à celle des paysans d'Angleterre, et particulièrement d'Irlande, je les trouve fort heureux dans leur état actuel. e

36 . Des actes concernant les contrats, les violations de propriétés et le vagabondage seraient en ce moment très-utiles au pays. e

Signé A. H. MORRIS, magistrat de police.

9 . On leur fournit ordinairement une case (cottage) convenable et un jardin, sans aucun loyer, à la condition qu'ils travailleront cinq jours par semaine. S'ils y manquent, sans excuses valables, on leur retient un demi-bitt par jour pour valeur du loyer. e

10 . On n'exige pas de loyer, afin de s'assurer le travail de l'individu résidant sur la plantation. e

e

11 . Ils ne s'engagent qu'à la journée, excepté les gardiens de bestiaux, les domestiques, etc., qui sont payés au mois. Je n'ai enregistré encore aucun autre engagement. 12 . Ils n'aiment pas les engagements, soit écrits, soit verbaux. e

13 . Ils se montrent très-enclins à la chicane. e

14*. Le rejet des dernières lois qui devaient régler les relations entre les maîtres et les travailleurs a été agréable aux uns et aux autres. Je serais fâché de les voir mettre en vigueur dans l'île , convaincu que les mesures coercitives ne peuvent concorder avec le système actuel. Des lois sur le vagabondage et sur la violation des propriétés, si elles étaient conçues de manière à pouvoir être exécutées sans trop de rigueur, seraient d'un avantage général pour le pays.


746 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. 15 . Je n'ai pas eu à examiner de plaintes de cette nature; mais je me suis rendu sur des plantations où des expulsions avaient eu lieu, et j'ai toujours constaté que les cultivateurs avaient été indemnisés de leur récolte sur pied, et que les torts e

étaient de leur côté. 16°. Quelques-uns ont quitté les plantations ; mais la diminution n'a pas été sensible. 17 . Beaucoup sont revenus. Us sont très-attachés aux lieux où ils sont nés et où ils ont été élevés. e

18°. Ceux qui n'ont pas quitté l'île sont rentrés sur les plantations et ont repris leurs occupations. 19°. Us s'occupent comme revendeurs, porteurs, etc. 20°. Les dispositions à l'émigration étaient grandes il y a quelque temps; mais elles ont changé tout à fait depuis peu. Je n'ai pas appris que, dans mon district, un seul cultivateur ait émigré. 21 . Je ne crois pas qu'il y ait trop de population dans l'île pour les besoins de l'agriculture. La population serait plus considérable que nous en trouverions encore l'emploi. e

22°. Leur condition est très-mauvaise. On les élève dans la paresse ; leurs parents répugnent à les appliquer aux travaux des champs ; ils aiment mieux pourvoi? à leur entretien. 23°. Il y a deux écoles, soutenues en partie par la paroisse, et en partie par l'évêque et par quelques particuliers. L'église et les écoles sont fréquentées par autant d'individus qu'elles en peuvent contenir.

de la culture dans le district est passable ; mais la saison a été très-défavorable. 33°. Il a été fait une grande quantité de demandes en objets de luxe, comme vins, etc. ; mais, pour les deux sexes, les beaux vêtements sont la chose importante. 34°. On ne peut pas mettre en doute l'utilité des sociétés de secours mutuels ; nous avons à cet égard des preuves convaincantes. Bien ne servirait mieux à l'amélioration sociale et morale des cultivateurs, qui, j'en suis sûr, se prêteraient à leur établissement, si les ministres de la religion mettaient l'affaire en train. Il serait convenable que les propriétaires, géreurs et autres personnes influentes, consentissent à devenir membres de ces sociétés. Quant à une caisse d'épargne, si la législature en autorisait une , ce serait d'un grand avantage pour toutes les classes de la société ; car, lorsque des individus auraient un peu d'argent de reste, ils le placeraient là, et, se sentant un petit capital dans la communauté, ils se conduiraient plus convenablement. 35°. En Europe j'ai vu beaucoup de paysans; mais dans aucun pays ils ne sont aussi heureux que ceux de la Barbade sont en position de le devenir. Le temps n'est pas éloigné, je pense, où toutes les difficultés et les animosités créées par le système d'esclavage, et qui durent encore, disparaîtront à jamais, pour faire place à une situation meilleure. 36°. Plusieurs lois seraient nécessaires pour améliorer le système actuel. Entre autres, j'indiquerai particulièrement les lois sur le vagabondage, sur les enfants naturels et sur la violation des propriétés. Je n'ai pas d autre mesure à recommander. Signé Frédéric WATTS.

24°. Les propriétaires loueraient volontiers les enfants pour travailler sur leurs plantations; mais les parents sont bien résolus à faire de leurs filles des couturières, et de leurs garçons des artisans. E. RAPPORT

25°. Us ne paraissent pas attacher un grand .intérêt à la différence de couleur ; cependant ils aiment mieux travailler pour un blanc que pour un noir ou un homme de couleur. 26°. Je n'ai eu occasion de constater aucune manifestation semblable. Au contraire, les personnes respectables qui s'occupent d'agriculture paraissent désirer de faire disparaître toute trace d'esclavage, persuadées qu'elles sont que le régime actuel doit être fondé sur une liberté sans entraves.

de

M■

W. S. Ans lin, magistrat de police de la paroisse Saint-Joseph. 4 septembre 1839.

1re a 17°. Il a déjà été répondu précédemment à ces questions. 18°. Un certain nombre de cultivateurs sont revenus sur les propriétés ou ils sont nés et où ils ont leur famille. Sur d'autre? plantations, dont les nègres avaient été autrefois achetés et amenés d une partie éloignée de l'île, et se trouvaient ainsi sépares

27°. Je m'efforce de faire connaître aux cultivateurs l'existence de la cour d'appel. Il en est peu qui ne sachent qu'ils ont le droit d'y recourir.

de leurs parents, ils ne sont pas rentrés; ils sont retournés se fixer dans les endroits d'où ils avaient été arrachés. Il en est résulté que certaines plantations, malgré quelques changements,

28°. Il est certain que le système judiciaire actuel est plus propre que l'ancien à contribuer au bien-être de la population laborieuse.

se trouvent dans la même situation qu'auparavant ; que quelques autres ont un peu augmenté en population, tandis que beaucoup

29°. Il est difficile de répondre à celte question. Le seul moyen de connaître la quantité de sucre fabriquée pour le compte des cultivateurs était de demander, par une circulaire, des renseignements à ce sujet; c'est ce que j'ai fait. Il résulte des rapports qui me sont parvenus qu'il a été fabriqué au moins 6o boucauts de sucre, représentant 2,5oo livres. Mais ce n'est pas là toute la production ; plusieurs propriétaires ne m'ont pas répondu. 30. Suivant mes renseignements, les cultivateurs possèdent 3o chevaux, 1,000 moutons, 250o chcvres, 250 bêles à cornes, 1,500 porcs et 5,ooo tetes de volailles. Je crois ces quantités fort au-dessous de la réalité. 31e. Il y a maintenant une moins grande abondance de blé; de provisions, etc., qu'au commencement de l'année. On n'en a pas planté le quart de ce qui a été planté les années précédentes. Si nous ne recevions pas d'approvisionnements du continent d'Amérique, les conséquences de cet état de choses seraient effrayantes. 32°. La perspective de la récolte prochaine est mauvaise. L'état

d autres ont souffert de la désertion, soit par le motif précité, soit par tout autre motif. 19° à 28°. Il a déjà été répondu à ces questions. 29°. Le calcul le plus exact que j'aie pu faire me porte à croire que la quantité de sucre fabriquée pour le compte des laboureurs s'élève à 450 boucauts , équivalant à 1,675 liv. sterl. 30°. Je ne puis pas garantir l'exactitude des détails suivants: au surplus ils ne sont pas au-dessus mais plutôt au-dessous du chiffre réel : 6 chevaux, 260 moulons, 3oo chèvres, 5oo porcs. La quantité de la volaille a diminué parce que les cultivateurs ont mieux aimé planter des cannes que du blé et des patates. Ils ont vendu une partie de leurs volailles pour satisfaire à leur penchant pour le luxe. 31e. Si le temps devient favorable, il n'y a pas à douter que les provisions ne soient plus abondantes qu'au commencement de l'année. La dernière récolte, qui a été au-dessous des récoltes ordinaires, a fini presque partout avant l'époque commune; il a été planté assez de provisions pour éloigner toute crainte de


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1839. — LA BARBADE disette, et elles ne reviendront jamais à aussi bon marché qu'elles ont été vendues, jusqu'ici, dans les circonstances ordinaires. Quand le cultivateur a du terrain , il préfère y planter des cannes. De leur côté, les planteurs ne cultivent des provisions que pour leur usage, et pour en fournir à leurs travailleurs, au lieu d'argent. Les cannes sont la principale culture Les provisions cultivées en grand ne payent pas les frais, surtout depuis qu'au moyen du salaire qu il gagne le cultivateur peut se procurer d'autres approvisionnements plus délicats, pour lesquels son goût s'accroît chaque jour. Ce penchant est l'espoir de salut du planteur contre l' indolence naturelle dans nos climats, et encore plus inhérente an caractère du nègre, qui, pour la première fois, peut aujourd'hui se permettre avec impunité le luxe du repos. 32e à 36e. Il a déjà été répondu à ces questions. Signé W. S. AUSTIN,

747

14 . Le rejet des dernières lois de l'île a beaucoup augmenté la liberté d'action des cultivateurs, mais en même temps elle les a laissés exposés à l'expulsion sommaire. 15e . Je n ai pas été appelé à examiner des plaintes concernant l'" occupation illégale de maisons; quand ce cas s'est présenté, les propriétaires se sont eux-mêmes débarrassés des locataires; mais souvent je reçois des cultivateurs des plaintes pour expulsion, et généralement le tort est de leur côté. 16e. Je crains que, malgré la diminution considérable du nombre des cultivateurs occupés à la culture de la canne, il n'y ait eu, depuis la récolle, une augmentation de celte classe qui est plus ou moins employée. 17e. Beaucoup de travailleurs sont rentrés sur les plantations qu ils avaient quittées le 1er août 1838. Je les crois très-attachés aux lieux où ils ont été élevés. 18 . Beaucoup aussi de ceux qui avaient quitté depuis le 1er août sont revenus.

r.

RAPPORT

de

M.

Henry Pilgrim magistrat de police de la paroisse Saint-Jean. 5 septembre 1839.

1re. Les cultivateurs, considérés en masse, ont été tranquilles, mais insolents envers leurs supérieurs. Depuis la récolle du sucre il? sont devenus plus réguliers au travail. 2e. Vols légers, querelles et rixes. 3e. Il y a absence de bonne harmonie entre les maîtres et les cultivateurs. Je l'attribue à l'effet naturel du nouveau régime, qui n'a pas encore acquis toute sa maturité, et, dans beaucoup de cas, au mauvais s stème de location. 4e. Je pense que l'intérêt commun des uns et des autres tendra , dans le nouvel étal de la société, à l'établissement de l'accord entre eux, sans le secours de l intervention étrangère qui semble exciter la jalousie. 5e. Les cultivateurs, depuis la récolle et l'augmentation du prix des vivres, ont plus travaillé que précédemment, et montrent généralement de la bonne volonté. Les exceptions peuvent être imputées à l'imperfection du système de location. 6e. Partout ou l'on ne travaille pas à la tâche, les heures de travail sont ainsi réparties : du soleil levant à dix heures, et de onze heures à quatre. 7*. La tâche n'est pas adoptée dans tout le district; on y a renoncé sur divers points, à cause de la négligence que les noirs mettaient à la remplir. 8". Le taux ordinaire des salaires est de deux bitts par jour. Pendant la récolte, et lorsqu'un travail extra est nécessaire, les journées sont calculées sur ce pied. On paye ordinairement en argent, chaque semaine. 9e. On fournit ordinairement au cultivateur le logement et une petite portion de terrain, à la condition qu'il travaillera cinq jours par semaine; les journées sont payées comme il a été dit plus haut, sans aucune réduction pour loyer ; mais, si le cultivateur ne donne pas les cinq jours convenus, on lui retient une certaine somme pour chaque jour d'absence. Sur quelques plantations on accorde, moyennant un loyer, une plus grande quantité de terrain à cultiver. 10e. La réponse précédente s'applique à cette question. 11e. Depuis le rejet de la loi sur la location des travailleurs, on s est arrêté, de part et d'autre, à envisager les conventions comme n étant qu'à la journée. 12e. Les cultivateurs témoignent de l'aversion pour les contrats , principalement pour les contrats écrits. 13*. La population laborieuse se montre avide et chicanière.

19e. Ceux qui ont renoncé à l'agriculture se sùnt pour la plupart réfugiés dans la ville et ses environs; ils s'y occupent à toute espèce d'ouvrage; un certain nombre s'est adonné à la marine. 20e et 21e. Je ne crois pas qu'il y ait excès de population dans île, l' et l' émigration , scion moi, serait préjudiciable, parce que la colonie est constituée de manière à ne pas admettre l'usage des machines. Je ne connais que quatre exemples d'émigration dans ce district; les cultivateurs ne témoignent pas le désir de les imiter. 22*. Les enfants des laboureurs vivent dans un état presque complet de paresse; ils ne passent que quelques heures à l'école, et le reste dans l' oisiveté. Ceux qui sont sortis de la première enfance sont généralement bien vêtus et nourris parleurs parents; ils ne reçoivent pas les soins réguliers du médecin; j'ai su que, dans diverses circonstances, des enfants avaient été inhumainement négligés par leurs mères. 23e. Il y a une école paroissiale bien établie, ainsi qu'une église et deux chapelles ouvertes à l'instruction de toutes les classes. L'église n'est pas aussi fréquentée qu'elle pourrait l'être. 24e. Les enfants sont rarement employés sur les propriétés ou ils sont logés avec leurs parents; on ne peut attribuer cela qu au peu de disposition des parents à élever leurs enfants pour l'agriculture. 25e. Sous certains rapports je crois qu'ils prennent un vif intérêt à la différence de couleur. 26e. Parmi les plus petits planteurs une intervention de ce genre a pu avoir lieu par suite de mal entendu ou d'ignorance. 27e. La population laborieuse est parfaitement instruite de l'existence de la cour d'appel. 28e. Je considère le système judiciaire qui existe depuis l'établissement de la cour d'appel, comme plus propre à améliorer la condition de la population laborieuse. 29e. Suivant les renseignements qui m'ont été donnés par les planteurs de ce district, il a été fait, pour le compte des cultivateurs, 169,348 livres de sucre, qui ont produit 4,509 liv. 7, 1. 30°. D après d autres renseignements, les cultivateurs possèdent 18 chevaux, 290 bêles à cornes, 915 moutons, 443 chèvres, 1,748 porcs, et 6,338 tètes de volailles. 31°. Je crains qu'il n'y ait pas assez de provisions plantées pour empêcher la possibilité d'une grande disette; mais je crois que, sous le régime actuel, l'approvisionnement de l'île dépendra plus ou moins de l'importation étrangère. 32e. La perspective de la récolte prochaine se présente bien. La culture s'est améliorée, mais la saison a été très-défavorable.


748

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

33e. J ai tout lieu de croire qu'il y a eu et qu'il y a encore augmentation dans les demandes d'objets de luxe.

Il ne m'a été présenté aucun arrangement contracté à terme fixe.

34e. Les caisses d épargne et les sociétés de secours mutuels seraient, à mon avis, du plus grand avantage pour la classe laborieuse; mais en même temps je pense qu'elle n'y contribuerait

12°. Ils paraissent avoir une grande aversion pour les engagements écrits ou verbaux.

pas beaucoup, à cause des habitudes d'imprévoyance qu'elle a contractées pendant l'esclavage et l'apprentissage. Il y a, dans cette paroisse, deux sociétés de secours établies par les soins du

14e. Le rejet de ces deux actes me semble avoir été très-préjudiciable aux cultivateurs.

clergé, à qui il convient mieux, selon moi, de s'en remettre pour ce qui concerne ces établissements. 35°. En comparant la condition des paysans de la Barbade avec celle de la même classe dans les autres parties de l'Angleterre .je la considère comme très-heureuse. 36e. J'ai vu dernièrement que la plupart des gens illettrés des classes inférieures ont eu à se repentir de n'avoir pas donné, en temps utile, le détail de leurs propriétés sujettes à la taxe. On peut attribuer cela aux renseignements erronés ou imparfaits que leur donnent les journaux. Les magistrats éprouvent de graves inconvénients dans l'exécution de leurs fonctions, et la société, en général, ne se ressent pas moins de l'absence d'un recueil nouveau des lois de l'île. Je désirerais que quelqu'un fût chargé de faire celte compilation moyennant un traitement, seul moyen d'accélérer le travail. Une loi qui faciliterait le redressement des torts réciproques des maîtres et des cultivateurs, dans leurs rapports de propriétaires et de tenanciers, améliorerait beaucoup, à mon avis, l'exécution du nouveau régime de liberté. Signé Henry PILGRIM.

13°. Ils sont très-portés aux contestations judiciaires.

15°. Je n'ai pas eu à examiner de plaintes pour occupation illégale de maisons; mais, lorsqu'il s'est agi d'expulsions faites par les géreurs, j'ai toujours eu soin que la valeur entière de h récolte sur pied fût payée. 16e. Il n'y a pas eu de diminution sensible dans le nombre des cultivateurs de cette paroisse, ceux qui avaient quitté après le 1er août 1838 étant presque tous revenus. 17e. Je considère les cultivateurs comme généralement trèsattachés aux plantations sur lesquelles ils ont été élevés. 18°. Le plus grand nombre est revenu et a repris ses Iravaux. 19e. Au commerce de revendeurs et à divers étals. 20°. Les cultivateurs ne témoignent aucun désir d'émigrer ; si quelques-uns se sont éloignés , le nombre en est fort restreint. 21e. Je ne crois pas qu'il y ait, dans l'île, un trop grand nombre de cultivateurs : on ne pourrait en perdre une partie sans un grand inconvénient. 22°. Les enfants sont entretenus par leurs parents. Leur condition n est rien moins que rassurante, attendu qu'on les élève dans la paresse. 23°. Nous avons trois écoles paroissiales, et quatre ou cinq autres. L'église n'est pas aussi fréquentée qu'elle pourrait l'être.

G.

RAPPORT

de

M.

Applewhaite, magistrat de police de la paroisse Saint-Philippe. 7 septembre 1839.

24e. Les enfanls seraient volontiers employés sur les plantations, mais les parents ne veulent pas les élever aux travaux d'agriculture.

1re. Ils sont soumis aux lois, mais très-irréguliers dans leurs travaux de chaque jour.

25°. Ils ne paraissent prendre aucun intérêt à la différence de couleur.

2° Ce sont principalement de petits vols, des querelles et des rixes.

26°. Je n'ai pas vu la moindre disposition, de la part deautorités ou de la classe supérieure, à s'opposer à l'exercice des droits de liberté.

3e. Les bons sentiments entre les maîtres et les cultivateurs font chaque jour des progrès. 4°. Les intérêts des uns et des autres sont à présent tellement liés, qu'il faut nécessairement que l'harmonie existe entre eux, afin d'assurer la réussite du nouveau système. J'ai la confiance

27 . Je leur ai constamment donné connaissance de l' existence de ce tribunal, et suis certain qu'ils en sont parfaitement instruits.

gère.

28°. Je considère le système judiciaire actuel comme plus capable de contribuer au bonheur de la population laborieuse, que celui qui existait à l'époque des magistrats spéciaux.

5". Partout où existe une bonne discipline, et où les salaires sont payés exactement, les cultivateurs travaillent volontiers.

29°. Les géreurs de mon district m'ont fait savoir qu'il a été fabrique, pour le compte des cultivateurs, 36 boucauts d'une valeur de 1,260 liv. st. Mais ce chiffre n'indique guère que la

qu'elle s'accroîtra rapidement sans aucune intervention étran-

6e. De 6 heures du matin à 6 heures du soir, à l'exception de deux heures pour dîner et d'une heure pour déjeuner. 7°. On ne travaille pas généralement à la tâche, parce que les inspecteurs se plaignent de ce que le travail est mal fait. 8°. Le taux des salaires est ordinairement de 1 sch. 3 den. par jour; mais pendant la récolte on alloue 3 3/4 den. par jour, en plus.

9". Dans mon district on donne presque partout une case et 1/8 d'acre gratis; quand on accorde plus de terrain, le loyer en est payé. 10°. Sur quelques plantations on exige des absents un bitt de loyer par semaine; ceux qui ne s'absentent pas n'ont rien à payer pour la case et le jardin. 11°. Quand les cultivateurs sont logés, on exige d'eux cinq jours de travail par semaine, et on les paye aussi par semaine.

moitié de ce qui a été l'ait, car je n'ai pas reçu de réponse à toutes les circulaires que j'ai adressées. 30°. 17 chevaux, 33o bêtes à cornes, 945 moutons et chèvres, et une grande quantité de volailles. 31°. Je ne redoute pas le manque de provisions pour cette année. 32e. La perspective de la récolte prochaine est très-mauvaise dans ce district, parce que la saison a été très-défavorable. 33°. Les demandes d'articles de luxe ont beaucoup augmenté de la part de la population laborieuse, tant en objets d'habillement qu'en comestibles de qualité supérieure. 34°. Les sociétés de secours mutuels seraient avantageuses aux classes laborieuses, mais je ne crois pas qu'elles contribueraient aux caisses d'épargne. Je m'occupe de créer une société de secours mutuels dans cette paroisse.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.—CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1839. — LA BARBADE. 749 35*. Je crois que nos nègres sont beaucoup plus heureux, à tout prendre, que les cultivateurs des possessions britanniques que j' ai eu occasion de visiter. 36e. Je ne puis que repéter combien il est nécessaire de rendre trois lois dont le besoin se fait surtout sentir, savoir, sur les contrats, sur le vagabondage et sur la violation des propriétés. Signé L. APPLEWHAITE.

H.

RAPPORT de M. Carew, magistrat de police de la paroisse de Saint-Thomas. Septembre 1839.

1re. Au commencement de l'exercice de mes fonctions, j'ai trouvé les cultivateurs mal disposés à se livrer au travail continu ; cependant depuis peu il y a eu, sous ce rapport, un changement favorable. 2e. Ils ne sont plus aussi portés qu'autrefois à se battre et à se quereller ; en général, il y a eu une grande amélioration parmi

eux. 3e. La seule cause de désaccord entre les maîtres et les noirs, c'est que ceux-ci veulent pouvoir, à leur gré, s'absenter pour aller travailler sur d'autres plantations où ils reçoivent un salaire un peu plus fort. Les maîtres souffrent de ces absences, qui les empêchent de suivre un système régulier de culture. 4e. Il est très-probable que les intérêts communs des uns et des autres, quand ils seront compris, détermineront rétablissement de la bonne harmonie entre eux. Il y a amélioration manifeste, depuis l'émancipation définitive, dans la conduite des travailleurs envers les maîtres ; ils ne se permettent plus de réponses impertinentes quand on les gronde pour négligence ou mauvaise conduite, et ceux qui les gouvernent ne sont plus exposés à éprouver une irritation qui, pendant l'apprentissage, produisait souvent la mésintelligence. Comme la prospérité du maître est inséparablement liée au travail assidu du cultivateur, et que, d'un autre côté, le salaire de celui-ci dépend de la création des moyens de payement, cette conviction une fois bien établie , j'espère qu'il s'ensuivra des relations réciproquement agréables. 5e. On ne peut pas dire que les cullivateurs fassent toujours leur besogne de bon cœur. Les causes de cette disposition sont tellement nombreuses, qu'il est difficile de les préciser à présent. 6*. Le travail se fait de 6 à 10 heures du matin et de 11 à 4 heures du soir; en tout à peu près 9 heures. 7e. On ne travaille pas généralement à la tâche, à cause de la négligence que le laboureur met à faire sa besogne pour l'avoir plus tôt finie. Cependant c'est la méthode suivie sur la plupart des propriétés pour la coupe des cannes. 8'. Le taux des salaires varie ; durant la récolte, les coupeurs de cannes reçoivent souvent 2 bitts et demi par jour; les hommes employés au moulin et à la sucrerie, les charretiers, etc., 3 bitts. Quelquefois on les paye moins, mais on leur donne un équivalent en provisions. 9e. Les laboureur sont toujours de bonnes cases, et environ un demi-arpent de terre qu'ils entretiennent dans un état parfait de culture.

lieu par jour ou par semaine. Il serait peut-être mieux que ces arrangements fussent faits par écrit pour une durée d'un mois et enregistrés au bureau du magistrat, à qui les parties pourraient s'adresser en cas de contestation. 12e. Je ne puis dire quel engagement leur plaît le mieux; cependant, comme le plus grand nombre ne sait ni lire ni écrire, je suis porté à croire qu'ils préfèrent des arrangements verbaux. 13e. Les cultivateurs, à l'époque de mon entrée en fonctions, étaient fort enclins aux contestations ; mais leur caractère s'est sensiblement amélioré sous ce rapport. 14e. J'ai déjà exprimé l'opinion que le rejet de certaines lois de l' île a été sage et judicieux-, je pense encore de même. Pourtant il me semble qu'il serait très-urgent d'en faire une sur le vagabondage, et une autre surtout sur l'inviolabilité des propriétés .-celleci arrêterait efficacement la mésintelligence entre les maîtres et les cultivateurs, et les premiers n'auraient pas à craindre de les voir revenir, sans permission et à des heures indues, sur les propriétés qu ils ont quittées, sous prétexte de visiter leurs connaissances. 15°. Dans le commencement j'ai eu à examiner des plaintes de cette nature, cependant j'ai réussi à établir la paix et la bonne intelligence, et à présent j'en reçois très-rarement. Lorsqu'il m'en parvient quelqu'une, je remarque que le tort est mutuel et doit être attribué plutôt à l'emportement qu'au mauvais vouloir. 16e. Il y a eu sans doute une grande diminution dans le nombre des laboureurs, comparé a ce qu'il était lors de l'apprentissage ; il y a peu d espoir d'en recruter de nouveaux dans la génération qui s élève et qui, en grande partie, a été éloignée des plantations, sans qu on puisse dire ce qu'on en a fait et comment elle subsiste. 17e. Quelques-uns des cullivateurs qui avaient quitté les plantations au 1er août y sont revenus, mais ils n'y sont pas toujours restés. Je les crois néanmoins attachés aux lieux qui les ont vus naître et où ils ont été élevés. 18°. Plusieurs sont revenus et ont repris leurs travaux, mais, comme je viens de le dire, tous ne se montrent pas sédentaires; souvent, pour la plus petite difficulté, ils partent de nouveau. 19e. La plupart du temps ils se mettent revendeurs ou marchands ambulants, soit pour leur propre compte, soit pour autrui. Beaucoup louent de petites portions de terrains qu'ils cultivent, mais il n est pas aisé d'expliquer comment ils pourvoient aux besoins des nombreuses familles qui habitent avec eux sur des espaces aussi restreints. 20°. Je ne les crois pas en général enclins à émigrer; toutefois il y a eu quelques exemples d'individus qui ont quitté la paroisse. 21°. Nous n'avons pas, en cultivateurs, d'excédant de population, mais il y en a un en paresseux,surtout aux environs des villes. 22°. On permet aux enfants de demeurer sur les plantations avec leurs parents ; ceux-ci en ont la charge. 23°. Il y a, près de l'église, une vaste école ouverte à la population laborieuse blanche, noire ou de couleur. Il existe ainsi deux écoles sous la direction des moraves, et plusieurs autres sur divers points de la paroisse. 24°. On emploie volontiers les enfants sur les plantations, mais il arrive souvent que les parents s'y opposent et les louent à d'autres plutôt qu'à leurs anciens maîtres. En général ils ne paraissent pas disposés à les occuper aux travaux des champs.

10e. Je considère le droit d'occupation de la case et du terrain comme inséparable de l'obligation, pour le locataire, de travailler sur la plantation. Cette obligation se modifie pourtant quant aux gens âgés et infirmes et à ceux qui n'ont pas été accoutumés

jourd hui que ceux qui leur donnent les meilleurs gages.

aux travaux d'agriculture. Elle dépend aussi des parties, et des intérêts divers qui les animent.

26e. Je ne crois pas que personne désire les voir revenir à l'état d esclavage, ou soit disposé à les traiter en esclaves. Les proprié-

11e . Il n a été enregistré dans mon bureau aucun engagement quelconque. On fait tres-frequemment des arrangements à la journée ou la semaine,et, selon qu'ils sont conçus, le payement a

taires, au contraire, paraissent désirer de vivre avec eux sur un pied amical.

25 . Je crois qu ils aimeraient mieux travailler avec des gens de leur couleur qu avec les blancs; cependant ils ne considèrent au-

27°. Les cultivateurs connaissent parfaitement l'existence de


750

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES.—PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

la cour cl appel ; pour ma part, je leur donne tous les renseignements possibles à ce sujet.

taires y sont opposes, à cause de la négligence que l'on apporte dans le travail, et les laboureurs ne l' aiment pas, parce qu ils ne

28°. Pour nous, qui remplaçons aujourd'hui les anciens magistrats spéciaux, cette question1 est fort délicate et difficile. La publicité de tous les actes de la cour d'appel est une grande garantie donnée pour l'impartiale répartition de la justice : je crois qu' en établissant la cour d'appel on a accordé un immense bienfait au pays.

peuvent alors se livrer à leurs habitudes paresseuses, comme ils le font quand ils sont engagés par jour.

29e. Autant que j'ai pu m'en assurer, il y a eu 67 boucauts de sucre fabriqué pour le compte des cultivateurs. Cette quantité, à 351iv. st. le boucaut, produirait 2,345 liv. sterl; mais je la crois au-dessous de la véritable, d'autant plus que, dans les deux derniers renseignements que j'ai reçus, je n'ai pas trouvé ceux que j avais demandés à plusieurs grandes propriétés. 30°. Par la raison que je viens de déduire je ne puis préciser le nombre des animaux existant sur les plantations. D'après mes informations j'estime qu'il y a 42 chevaux, 148 bêtes à cornes , 340 moutons, 735 chèvres et plus de 2,5oo parcs appartenant aux cultivateurs de cette paroisse. 31 . Les rapports que j'ai reçus des différentes plantations sont très-favorables, malgré la longue sécheresse qui a régné. On ne craint pas pour l'année prochaine la rareté de provisions qu'on a éprouvée cette année. Je ne pense pas qu'elle se reproduise, à moins de quelque calamité imprévue. e

32°. Les saisons ont été très-défavorables à l'agriculture. La récolte du sucre en a éprouvé une diminution. Toutefois les plantations sont dans un bon état de culture.

8°. Le taux des salaires est en général de deux bitts pour les laboureurs de première classe et a proportion pour les autres. Pendant la récolte les coupeurs de cannes gagnent 2 bitts et demi, et ceux qui fabriquent le sucre, 3 bitts. 9°. Les cultivateurs qui s'attachent aux plantations ont un logement convenable et ordinairement un jardin cl un quart d'arpent, franc de loyer. 10°. L'occupation du logement et la faculté de cultiver la pièce de terre sont accordées à la condition de travailler pour la plantalion , quand cela est nécessaire, moyennant le salaire convenu. Si le cultivateur viole cet arrangement et s'occupe ailleurs lorsque le maître a besoin de ses bras, il paye un bitt par chaque jour d'absence, pour loyer de la maison et du terrain. 11e. On peut dire qu'il n'existe pas d'engagement qui lie même pour un jour le maître ou le cultivateur, puisque celui-ci peut quitter le travail avant la fin de sa journée, et que le maître est également libre de le faire quitter à toute heure du jour. Il n existe dans mon bureau aucune inscription pour engagement 12°. Les cultivateurs repoussent les conventions écrites. 13°. Considérés en masse, ils sont favorablement disposés les uns envers les autres. 14e. Le rejet des lois concernant les rapports entre les maîtres et les cultivateurs et réprimant le vagabondage a, selon moi, été préjudiciable à la classe laborieuse, parce que la jouissance de la maison et de son terrain ne lui est pas assurée, et qu'elle n'a pas de garantie d'une possession paisible tant que son champ est

33°. La population laborieuse recherche les choses les meilleures. Elle n'épargne aucune dépense pour l'habillement; il est agréable de la voir splendidement vêtue , surtout à l'église, aux mariages, aux enterrements, à la danse, etc.

exposé aux déprédations des fainéants et des mauvais sujets.

34°. Nous possédons plusieurs sociétés de secours mutuels qui sont sous la surveillance du clergé. A mon avis les caisses d'épargne seraient utiles à la population laborieuse pour placer sûrement ses économies.

15e. Une seule fois j'ai eu à examiner des plaintes pour occupation illégale de maisons et de terrains. Il s'agissait de cultivateurs qui pendant quinze jours avaient travaillé hors de la plan talion sur laquelle ils demeuraient, et refusaient de lui consacrer

35°. Les paysans de l'île sont aussi heureux que possible ; leur sort peut faire envie à ceux des autres possessions de Sa Majesté.

aucune partie de leur temps, quoique cependant ils rentrassent tous les soirs pour y passer la nuit. J'allai les trouver, et, sur mes observations, huit d'entre eux convinrent de reprendre les travaux; les autres s'étant montrés obstinés, je dus les expulser.

Signé J. CAREW.

J.

RAPPORT

de

M.

Waith, magistrat de police de la paroisse de Chris t-Church. 12 septembre 1839.

1re. Leur conduite, en général, est bonne et satisfaisante ; leurs manières sont polies. Us deviennent plus sédentaires et plus appliqués à l'ouvrage. 2e. Petits vols, rixes et, depuis peu, quelques crimes graves. 3°. A peu d exceptions près, il existe de bons sentiments entre les maîtres et les cultivateurs. 4°. L'expérience que les uns et les autres ont faite du nouveau système a déjà si bien contribué à l'établissement du bon accord entre eux, qu une intervention étrangère est devenue tout à fait inutile. A mon avis elle ne pourrait que nuire à ce qui existe et produire bien des maux. 5 . Les cultivateurs se louent volontiers; mais, quand ils sont a la journée, ils ne travaillent pas comme ils le pourraient et de manière à faire penser à leurs maîtres qu'ils prennent leurs intérêts à cœur. 6°. Les heures de travail, quand les ouvriers ne sont pas à la tâche, sont de 6 à 10 et de 11 à 4. 7e. On s'habitue avec peine au travail à la tâche. Les proprié1

La question a rapport à l'institution des magistrats de police.

16e . Je ne crois pas qu'il y ait une diminution sensible de cultivateurs, depuis le 1er août dernier. 17e . Presque partout ceux qui avaient abandonné, le 1er août, les propriétés sur lesquelles ils résidaient, y sont revenus et y travaillent. Us conservent le plus ordinairement un fort attachement pour les plantations où ils sont nés et où ils ont été élevés. 18°. Il en est de même dans ce cas. 19°. Ils se livrent au colportage , à diverses professions manuelles , ou bien servent comme domestiques. 20 . Le désir d'émigrer ne paraît pas exister. Je n'ai pas en à délivrer un seul passe-port d'émigration. e

21e. Je ne pense pas qu'il y ait dans l'île un excédant de population. 22°. On doit déplorer que les enfants soient presque toujours élevés dans l'oisiveté, ce qui rend leur entretien très-précaire. 23°. Il existe dans cette paroisse une église, quatre chapelles, et l'on en construit encore une; il y a sept écoles: toutefois les écoles et les églises ne sont pas aussi fréquentées qu'elles pourraient l'être. 24°. Les propriétaires loueraient volontiers les enfants de leurs travailleurs, mais ceux-ci sont tellement peu disposés à les consacrer à l'agriculture qu'ils ne veulent pas y consentir.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL. ETC. — 1839.— LA BARBADE. 751 25e. Les cultivateurs ont beaucoup plus de confiance dans les blancs que dans les noirs ou les gens de couleur; lorsqu'ils ont à se plaindre de quelqu' un appartenant à ces deux classes, ils recourent a l'appui et à la protection des blancs. 26*. Je n ai jamais appris que ce désir ait été manifesté et je ne pense pas que personne ose tenter un essai pareil. 27e. Ils en ont parfaite connaissance.

4*. Nous blâmerions vivement toute intervention étrangère, parce que nous avons la conviction qu'abandonnés à leur propre action les intérêts communs finiront par produire la bonne harmonie entre les culvitateurs et les maîtres. 5 . Ils ne témoignent pas une bonne volonté constante, par suite de leurs habitudes de paresse et de la situation nouvelle où les a placés la liberté. Le cultivateur est un être d'instinct, dont

28e. A mon avis la création de ce tribunal a tellement amélioré le système judiciaire, par la facilité qu'il donne d'appeler des décisions des magistrats locaux, qu'il a produit un grand avantage en faveur de la classe laborieuse.

les besoins sont peu nombreux et qui dépense volontiers dans l'oisiveté, pendant une semaine, l'argent qu'il a reçu pour le travail de la semaine précédente.

29e. Pour être à même de répondre à cette question, j'avais •dressé une circulaire à tous les propriétaires ou géreurs de planta'ions de cette paroisse , au nombre de 6o. 3o seulement m'ont fourni des renseignements, d après lesquels on aurait fabriqué 68, 1 10 livres de sucre pour les cultivateurs; la somme de 1,315 liv. 10 sch., représentant la valeur de cette quantité, leur a été dis-

7E. Dans cette paroisse on travaille beaucoup à la tâche. S'il s élève quelquefois des objections, c'est presque toujours de la part des cultivateurs; ils n'aiment pas, en général, à faire une besogne déterminée.

tribuée. 30 . J'avais aussi adressé une circulaire à ce sujet, et n'ai reçu qu'un petit nombre de réponses, au lieu de 99 que j'attendais. 31e . Malgré tous les efforts des planteurs pour augmenter la culture du blé, des provisions, etc., et prévenir le retour d'une disette de vivres, je crains, par suite de la longue et désastreuse sécheresse qui a eu lieu, que ces efforts ne soient impuissants et que nous ne soyons obligés de compter sur les approvisionnements étrangers pour nourrir noire nombreuse population. 32e. La perspective de la prochaine recolle et l'état général de la culture sont très-décourageants. L'influence de la mauvaise saison se fait sentir celle année. 33e. Depuis l'abolition de l'apprentissage, il y a eu une grande augmentation dans les demandes d'objets de luxe de la part des travailleurs. 34e. Je pense que des caisses d'épargne et des sociétés de secours mutuels (plusieurs sociétés semblables existent, déjà dans l'île ) ne peuvent manquer d'être d'un grand avantage pour la classe laborieuse. J'ai appris qu'ils font volontiers partie des sociétés, et je crois qu'ils se montreront aussi bien disposés pour les caisses d'épargne, quand elles auront été organisées sur un plan bien calculé. 35e. Je considère les paysans de la Barbade comme fort heureux et ne manquant de rien. 36*. L'expérience de chaque jour fait sentir le besoin de quelques nouveaux règlements pour le bien de tous, surtout concernant le vagabondage et la réparation des torts légers causés aux propriétés. Signé Samuel W. WAITH.

K. RAPPORT

des magistrats de police de Bridge-Town, paroisse de Saint-Michel. 18 septembre 1839.

1re. A peu d'exceptions près, ils sont rangés et paisibles , mais très-enclins à la paresse. 2*. Les principales plaintes sont relatives à de légers vols, à des querelles et des rixes. 3*. Les cultivateurs se méfient, en général, des maîtres. On peut attribuer cette disposition aux observations irritantes et déplacées contenues dans des journaux de l'île, auxquels ils ont confiance. Nous croyons pourtant que, depuis notre dernière réponse à cette question, cette confiance va en s'affaiblissant. Les cultivateurs ont commencé à mieux comprendre leurs intérêts, et l'un de ces journaux est tombé dans un oubli bien mérité.

6e. De sept à dix et de onze à quatre.

8e. Le salaire est de deux bitts par jour, avec augmentation d environ un tiers pendant la fabrication du sucre, époque où l' on travaille au delà du temps indiqué plus haut. En pareilles circonstances on rétribue largement en argent et en provisions. 9 . On leur fournit le logement et un jardin gratis aussi longtemps qu ils travaillent pour la plantation où ils demeurent. Quelquefois on leur loue du terrain en dehors de leur jardin, à raison de g à 1 o liv. st. par arpent. e

10 . L occupation de la case et la faculté de planter leur jardin et d en recueillir les produits sont des avantages accordés en considération d'un travail de cinq journées sur la plantation. Il est rare qu'on les compte pour quelque chose dans le payement du salaire. e

11e. Le cultivateur est tout à fait opposé aux arrangements écrits et n'en conclut jamais ou fort rarement. Il s'engage d'habitude verbalement, mais sans fixer d'époque; il peut quitter quand il veut. Le bureau, en conséquence, n'a rien eu à enregistrer à ce sujet. 12°. La réponse précédente satisfait à cette question. 13 . Ils ont peu de confiance les uns dans les autres et sont tres-processifs. Pour des causes imaginaires, aussi bien que pour des motifs sérieux, ils s'empressent de recourir à la justice. e

14 . Nous pensons que le rejet de ces lois a été surtout préjudiciable à la population laborieuse. Par caprice, ou sous le plus frivole prétexte, les cultivateurs quittent un logement commode pour aller en ville chercher un plus grand bien-être , qu'ils n'y e

trouvent pas. Souvent ils y tombent dans la misère, surtout les plus jeunes, cl deviennent la proie de spéculateurs avides qui les engagent à émigrer, en les leurrant de la promesse de salaires plus élevés et de maisons plus agréables. 15°. Nous avons reçu très-peu de plaintes de ce genre, et souvent elles ont été arrangées à l'amiable. Dans certains cas, les cultivateurs se montraient convaincus qu'ils avaient droit au domicile, quoique ne travaillant pas pour la plantation ; cette idée existe encore chez quelques-uns. A tout prendre, les torts étaient des deux côtés. 16°. L'année dernière nous avons répondu négativement à cette question; mais aujourd'hui des spéculateurs ou des agents intéressés font briller aux yeux des laboureurs de tels avantages pour l'amélioration de leur condition, qu'il est à craindre que nous n'éprouvions bientôt une grande diminution. 17 . Beaucoup sont revenus sur les propriétés qu'ils avaient quittées; ce sont des vieillards ou des infirmes, ou encore des individus chargés dune nombreuse famille,et qui paraissent tenir au sol sur lequel ils sont nés et ont été élevés. e

18°. Il est impossible de donner un chiffre précis, toutefois le nombre en est considérable. 19 . Ils font le colportage ou de petits états, et s'emploient e


752

e

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE.

comme porteurs et à bord des navires pour arrimer les sucres, ce qui leur vaut de bonnes journées. 20°. Le cultivateur aime assez le changement e.t prête aisément l' oreille aux promesses trompeuses de gens intéressés à l'entraîner. Jusqu'à présent cependant le petit nombre de ceux qui ont quitté la colonie ne se composait que de gens les plus dissolus, et, en général, il n'existe pas un grand penchant à l'émigration, bien qu on s en occupe plus que l'année dernière. 21°. Nous ne croyons pas qu'il soit possible de réduire le nombre des cultivateurs. S'il y a excédant de population, c'est sans nul doute à Bridge-Town ; il'serait même intéressant de pouvoir la réduire. 22°. La condition des enfants est mauvaise. Cç sont ordinairement les parents qui fournissent à leurs besoins. Ils les élèvent dans l'oisiveté; aussi,.depuis un an, le nombre des jeunes gens coupables de délits s'est-il beaucoup augmenté. 23e. Il y a dans cette paroisse, outre l'église principale de Saint-Michel, six chapelles autorisées; le tout peut contenir environ 6,000 personnes, et n'est jamais complètement rempli. Il existe onze écoles publiques bien suivies, et plusieurs autres écoles particulières. Celles-ci s'augmentent chaque jour, grâce au zèle infatigable que déploient l'évêque et sou clergé, ainsi que les fonctionnaires publics , pour propager l'éducation et l'instruction morale et religieuse. 24°. Les planteurs les occuperaient volontiers en les payant; ce sont les parents qui se refusent à les élever aux travaux des champs. Ils ne leur donnent même aucun étal et les gardent chez eux pour leur utilité. 25°. Ils paraissent, à quelques exceptions près, mettre plus de confiance dans les blancs et préfèrent que toutes leurs contestations soient jugées par eux. 26°. Non, tout au contraire, les autorités et la classe supérieure ne négligent ni préceptes ni exemples pour faire prendre aux nouveaux émancipés un rang dans la société. Il n'est personne d'un caractère respectable qui puisse désirer la prolongation de l'esclavage. 27°. Le plus grand nombre connaît l'existence de la cour d'appel; nous leur donnons à ce sujet les plus grands détails et toute facilité pour appeler de nos décisions. 28°. Le système judiciaire actuel a incontestablement l'avantage sur l'ancien, depuis l'établissement de ce tribunal, qui siège sous les yeux du pouvoir exécutif et remplit sa mission avec le plus grand zèle, dans l'intérêt de tous et dans celui du bonheur des laboureurs. 29 . Nous n'avons pu obtenir de renseignements précis. Nous savons seulement qu'il a été fabriqué une grande quantité de e

sucre pour le compte des cultivateurs, dont les terrains sont presque tous plantés en cannes, et donnent un bon produit. 30°. On ne peut rien préciser à ce sujet, parce que les planteurs font très-peu de cas des questions qu'on leur adresse. Nous savons pourtant, par expérience, que ce sont les laboureurs qui

peu disposés à songer au lendemain, nous craignons qu'ils n'en profitent pas, et qu'il soit même difficile de leur en faire comprendre les avantages. 35°. Il est incontestable que nos paysans sont plus heureux que ceux d'Irlande, et, si l'on considère le climat, plus heureux que la même classe "en Angleterre. A mesure que l'instruction religieuse se répandra et qu'ils comprendront mieux leurs obligations morales, leur sort deviendra aussi agréable que possible. 36°. Nous n'avons aucune proposition à émettre. Si le cultivateur est laissé à lui-même, et que des gens intéressés et mal instruits des localités ne viennent pas lui inculquer de fausses idées sur sa position, les choses s'arrangeront d elles-mêmes et Je bon accord,en résultera. Nous désirerions que les lois faites par la législature pour le bien général, et dans un véritable esprit de justice et d'équité pour tous, pussent être mises en vigueur, particulièrement celle sûr le vagabondage et celle qui règle les rapports entre les maîtres et les travailleurs. Signe E.

IL MOORE, R. HENDY, C. GILL.

, magistrats

de police.

t.

RAPPORT

de M. Roach, magistrat de police de la paroisse Saint-André. 19 septembre 1839.

1re. A mon arrivée, j'ai remarqué parmi les cultivateurs un penchant à se quereller, et souvent pour des bagatelles; mais ce penchant diminue beaucoup., 2 . Les plaintes les plus fréquentes sont pour querelles et bate

teries. 3°. Le bon accord n'est pas parfait entre eux, toutefois il v a amélioration. 4°. Je pense que les intérêts communs des maîtres et des travailleurs amèneront le résultat que l'on espère. 5°. Quand on les paye avec exactitude, ils se montrent disposes au travail et témoignent de bons sentiments pour les maîtres. H y a cependant des cas où la paresse l'emporte. 6°. De sept heures du matin à midi, et d'une heure à cinq du soir. 7 . On ne travaille pas à la tâche ; les planteurs y sont opposes. 8 . Les salaires sont de 2 bitts à 1 fr. 25 par jour, pour la 1 classe de cultivateurs, et d'un bitt et demi pour la 2° classe. On les paye chaque semaine. 9°. On leur donne une case et un terrain, pour lesquels ils n ont rien a payer s'ils travaillent cinq jours dans une semaine. Chaque jour d'absence, sans avoir prévenu le maître, donne heu à une retenue d'un bitt, considéré alors comme loyer. 10°. La jouissance de la case et du jardin est une réduction sur la pleine valeur du travail journalier.

approvisionnent le marché de volailles et de porcs.

11 . Us travaillent à la journée sans faire d'arrangements'.

31". Nous avons lieu de croire que les planteurs et les cultivateurs ont également reconnu l'inconvénient de se borner à la culture des produits d exportation. Malgré la grande sécheresse on a beaucoup planté en provisions.

12 . Us sont opposés à toute espèce d'engagement.

32 . La perspective n est pas aussi belle que l'année dernière; dans quelques parties elle est même mauvaise, à cause du manque de pluie; mais, dansles localités plus favorisées parleur situation, la culture est bonne. 33 . Le nombre de ces demandes a augmenté en effet, surtout en objets d'habillement. 34°. Nous estimons que ces institutions seraient fort utiles. D un autre coté, sachant combien les noirs sont insouciants et

e

e

13 . Us sont assez enclins à la chicane, mais sous ce rapport ils s'améliorent. e

14 . Le rejet a été avantageux à la population laborieuse. e

15 . J'ai eu occasion d'examiner des plaintes de l'une et de l'autre nature. Les torts étaient réciproques. e

16 . Il n'y a eu aucune diminution sensible. e

17°. Il est revenu beaucoup des cultivateurs qui avaient abandonné les plantations au 1er août. Us sont attachés aux propriétés où ils sont nés et ont été élevés. 18°. Un bon nombre est revenu et a repris les travaux. 19°. Très-peu d'individus ont renoncé à l'agriculture.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1839. — LA BARBADE. 753 20 . Aucun désir d'émigration ne se manifeste. e

21 . Je ne le pense pas. e

22'. On les envoie à l'école ; ce sont les parents qui en prennent soin. 23'. Il existe trois écoles : deux de l'Eglise établie d'Angleterre, et une wesleyenne. Les églises et les écoles sont bien suivies. 24'. Quelquefois, mais pas souvent ; en général les parents s'y

engage-t-on seulement par journée, ou font-ils des arrangements, soit verbaux, soit écrits, pour un terme quelconque; dans ce cas les actes se font-ils devant vous? 12e. Les cultivateurs préfèrent-ils les engagements écrits aux engagement verbaux? 13e. Dans leurs rapports entre eux, sont-ils de bonne composition ou disposés à la chicane?

opposent. 25e. Ils paraissent prendre intérêt à la différence de couleur. 26*. Je ne me suis aperçu d'aucune manifestation de ce genre.

14e. La révision des lois de l'île qui fixent les rapports entre les maîtres et les travailleurs, et qui répriment le vagabondage, a-t-elle été avantageuse aux cultivateur?

27e. Ils en sont parfaitement instruits. 28*. Je crois le nouveau système préférable. La cour d'appel est considérée par tous comme devant produire beaucoup de bien. 29e et 30e. Malgré tous mes efforts et l'emploi de la police, qui a été mise à ma disposition à cet effet par l'inspecteur général, je n'ai pu me procurer de renseignements. 31e. Cela n a pas eu lieu dans celte paroisse. 32'. La perspéçtive n'est pas belle, non plus que l'étal de la culture. La saison est très-favorable. 33*. Il y a eu augmentation de demandes. 34e. Je le crois comme tout le monde. 35e. Ils jouissent de plusieurs avantages très-importants, qui peuvent leur procurer un état de bonheur supérieur à celui dans lequel vivent les paysans d'Angleterre et de tous les autres pays que j'ai visités. Si de bons sentiments s'établissent entre les maîtres et les travailleurs, ces derniers seront fort heureux. Signé Nathaniel

ROACH.

15°. Avez-vous eu à examiner îles plaintes pour occupation illicite, par des cultivateurs, de maisons ou de terrains appartenant à des plantations sur lesquelles ils avaient travaillé? De quel côté avezvous reconnu que fussent les torts?

16 . Pensez-vous qu'il se soit opéré une diminution sensible dans le nombre des laboureurs, depuis le 1er août 1838? e

17°. Beaucoup de noirs sont-ils retournés pour travailler sur les plantations-qu'ils avaient quittées le 1er août 1838 ou postérieurement? montrent-ils ordinairement de l'attachement pour les lieux où ils sont nés et où ils ont été élevés ? 18 . A quelles occupations se livrent le plus volontiers les individus qui ont renoncé à l'agriculture? e

19 . L'émigration a-t-elle été considérable parmi les cultivateurs de votre paroisse ? Savez-vous à quel nombre elle s'est élevée, et à quoi on peut l'attribuer? e

20°. Croyez-vous que les émigrations qui ont eu lieu aient été spontanées? 13. QUESTIONS

posées aux magistrats de police pour les gui-

der dans leurs rapports trimestriels. 1re. Quelle a été, en général, la conduite des cultivateurs depuis votre dernier rapport ?

21 . Quel est, en général, l'âge des individus qui ont émigré ? le plus grand nombre se composait-il d'hommes, de femmes ou d'enfants ? e

2*. De quelle nature sont les délits dont vous avez eu le plus souvent à connaître ?

22°. Pensez ■vous que l'île renferme un excédant de population, et qu'une certaine partie des cultivateurs pourrait, sans inconvénient pour le pays, s'expatrier et aller porter son travail dans les colonies où les bras sont plus rares?

3e. Existe-t-il de la mésintelligence entre les maîtres et les travailleurs, et a quoi l'attribuez-vous?

23°. Quelle est la condition des enfants des cultivateurs? Comment sont-ils entretenus ?

A*. Pensez-vous que le sentiment des intérêts communs des uns et des autres établira peu à peu le bon accord entre eux, sans le secours d'une intervention étrangère? 5e. Les cultivateurs font-ils leur travail de bonne volonté? Dans le cas contraire quel motif en ponvez-vous donner?

24°. Quelles ressources votre paroisse offre-t-elle pour l'éducation religieuse? Les écoles et les églises sont-elles aussi suivies qu'elles peuvent l'être?

roisse ?

25 . Les enfants sont-ils souvent occupés, moyennant salaire, sur les plantations où résident leurs parents? Dans le cas contraire, cela provient-il de ce que les maîtres ne s'en soucient pas ou de ce que les parents ne veulent pas les élever aux travaux de l'agriculture?

7e. Travaille-t-on de préférence à la tâche? Le refus vient-il de la part des cultivateurs?

26°. Les cultivateurs semblent-ils attacher quelque importance à la différence de couleur entre les blancs, les mulâtres et les noirs ?

8*. Quel est le taux ordinaire des salaires, et combien gagnent les travailleurs pendant la récolte et durant les autres mois?

27°. Vous êtes-vous aperçu que les autorités ou les personnes de la classe élevée du pays cherchassent à contester les droits à la liberté acquis par l'abolition de l'apprentissage, ou que les cultivateurs fussent retenus par elles dans une sorte de prolongation d'esclavage?

6e. Quelles sont les heures ordinaires de travail dans votre pa-

9e. Les cultivateurs ont-ils généralement le logement et un terrain à provisions sur les propriétés où ils travaillent, et à quelles conditions ? 10e. L'occupation d'une maison et la jouissance d'un terrain à provisions donnent-elles lieu à une réduction sur le prix de la journée, ou bien le loyer est-il un objet distinct et sans aucun rapport avec le travail que les personnes Occupant la maison et le jardin exécutent sur la plantation? 11 . Quel est le mode suivi pour la location des cultivateurs? Les e

II.

e

28°. Les cultivateurs sont-ils bien instruits de l'existence de la cour auxiliaire d'appel ? 29°. Lequel, du système de justice suivi depuis l'établissement de ce tribunal, ou du système qui avait été établi auparavant sous Vinfluence des magistrats spéciaux, considérez-vous comme le plus propre à assurer Je bien-être de la classe laborieuse, dans son nouvel étal de liberté ?

48


754 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. 30e. Les cultivateurs connaissent-ils les cours de réconciliation ? Y assistent-ils volontiers, lorsqu'ils sont désignés pour faire partie du jury, et semblent-ils prendre intérêt à ce qui s'y passe ?

8°. Le taux des salaires variede 1 seh. 3 den. à 1 sch. 6 den. 3/4. et pendant la récolle de 1 sch. 6 den. 3/4 à 1 sch. 10 den. 1/2 par jour. 9 . Les cultivateurs ont presque toujours une maison et une portion de terre cultivable. e

31e. Avez-voas de fréquentes occasions de recourir à ces tribunaux, pour arranger des différends entre les travailleurs? Croyezvous qu'ils leur seront utiles? 32°. Quelle quantité de sucre les propriétaires ont-ils fabriquée cette année pour le compte des cultivateurs, et quelle somme en a-t-on retirée ?

10°. Le cultivateur gagnant aisément 1 sch. 6 den. 1/2 quand il s occupe au dehors, et ne recevant que 1 sch. 3 den. lorsqu'il est employé sur la plantation où il a sa maison et son terrain, ces avantages peuvent être considérés comme accordés en déduction d'une partie du prix de ta journée; toutefois la portion de salaire retenue pendant l'année, comme compensation du

33°. Quel est le nombre des bestiaux que possèdent les cultivateurs sur les plantations ?

loyer, est, selon moi, une somme modique en raison du bien-être que la maison et le champ procurent au locataire.

34*. Pensez-vous que les provisions, le blé, etc., maintenant en culture, suffiraient à prévenir le retour de la disette dont on a été

11e. Les cultivateurs ne sont engagés qu'à la journée; mais, comme ils savent que, s ils ne travaillaient pas assidûment, on les expulserait, ils sont portés à ne pas quitter les propriétés.

menacé au commencement de 1839? 35°. Quels sont la perspective de la prochaine récolle, et l'état général de la culture. La saison a-t-elle été favorable? 36°. Savez-vons si, depuis la liberté, la population laborieuse a fait une plus grande consommation d'articles de luxe, tels que vin, objets d'habillement, etc. ? 37°. Les caisses d'épargne et les sociétés de secours mutuels vous semblent-elles devoir être avantageuses à cette population ? pensez-vous qu'elle contribuera à les soutenir, et alors quels seraient les meilleurs moyens à employer pour les faire réussir? 38e. Considérez-vous la condition actuelle des cultivateurs de la Barbade comme heureuse, comparativement à celle des cultivateurs des autres possessions britanniques? 39e. Avez-vous quelques observations à faire, ou quelques moyens pratiques à proposer, dans l'intérêt des travailleurs ou de la société en général ?

14.

RÉPONSES

des magistrats de police aux questions précédentes.

A.

RÉPONSES

de M. Francis Thornhill, magistrat salarié. Paroisse Saint-Jacques.

12°. Ils sont, en général, peu disposés à contracter un engagement quelconque. 13°. Ils sont très-portés à la chicane. Sous le prétexte le plus frivole ils ont recours aux tribunaux. 14°. Je ne pense pas que la révocation des lois concernant les rapports entre les maîtres et les cultivateurs, et la répression du vagabondage, ait été en rien avantageuse à la classe laborieuse. 15e . Je n ai eu a examiner aucun cas d'occupation illicite de maisons ou de terrains, ni d'expulsion de cultivateurs des plantations sur lesquelles ils travaillaient. 16°. Immédiatement après l'émancipation, le nombre des cultivateurs a diminué d'une manière très-sensible. 17°. La plupart des cultivateurs, si ce n'est tous, sont revenus sur les propriétés qu'ils avaient quittées au 1er août ou peu de temps après. Ils sont en général attachés au lieu où ils sont nés et où ils ont passé leur enfance. 18°. Les individus qui abandonnent l'agriculture se font assez souvent domestiques, ou apprennent les états de charpentier, de cordonnier et de tailleur. 19 . Autant qu on peut en juger, la population ne parait pas disposée à émigrer 22 . Loin qu il y ail dans l'île un excédant de population, je crois qu on ne pourrait enlever un certain nombre de bras à la culture sans qu'elle en souffrît. 23 . La condition des enfants des cultivateurs est à présent heureuse ; mais l' état d oisiveté dans lequel on les élève les ren-

1re. La conduite des cultivateurs, eu égard aux circonstances, a été bonne depuis ma nomination aux fonctions que j'occupe.

dra, je le crains, bien misérables plus tard. Ils sont à la charge de leurs parents.

2°. Des rixes, des contestations pour dettes et des vols légers sont les délits les plus fréquents. 3°. Les maîtres et les cultivateurs vivent maintenant en bonne harmonie.

24°. La paroisse possède une grande école. Toutes les places en sont occupées, ainsi que toutes celles de l'église ; mais il ne se présente ni à l'école ni à l'église plus de monde qu'elles n'en peuvent contenir.

4 . Les intérêts des uns et dos autres se trouvant inséparables, je ne crois pas qu il puisse être besoin d'une intervention étrangère pour assurer le bon accord entre eux.

25°. Les enfants trouveraient facilement de l'occupation sur les propriétés où résident leurs parents ; mais les parents se montrent très-peu disposés à les former aux travaux de l'agri-

5 . Les noirs paraissent travailler de bon cœur. Lorsqu'il n'en est pas ainsi, on peut en inférer que la plantation est mal dirigée.

de

6 . Les heures du travail sont de 6 à g heures du matin, et 10 à 4 heures du soir.

7 . On ne travaille pas beaucoup à la tâche ; ce sont les maîtres qui ne s y prêtent pas, parce qu'ils trouvent que la besogne se fait trop vite et mal.

culture. 26°. Les cultivateurs ne semblent pas attacher une grande importance à la couleur; cependant, pour maîtres, ils préfèrent les blancs. 27°. Au lieu de gêner en rien la population laborieuse dans l'exercice de sa liberté, ou de chercher à la retenir dans une espèce d'esclavage prolongé, les autorités et les classes élevées saisissent toutes les occasions de lui faire sentir le bonheur de son nouvel état.


ETUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ETAT DU TRAVAIL, ETC.—1839.—LA BARBADE. 755 28". Les cultivateurs connaissent très-bien l'existence des cours d'appel. Dès qu'une sentence est prononcée.par moi, j'informe immédiatement la partie' condamnée du droit qu'elle a de recourir à l'appel. 29 . Les avantages offerts par la cour d'appel rendent le système judiciaire actuel plus favorable aux nouveaux libres que ne l'était le système suivi sous les magistrats spéciaux e

32". La quantité de sucre fabriquée parles propriétaires, pour

le compte des cultivateurs de leurs plantations, s'est montée, ni a-t-on dit, à 100 barils valant 72 francs le baril, je crois pourtant qu'il en a été fait .davantage. 33e. Les cultivateurs élèvent peu de bestiaux et d'animaux ; la cause en est, je crois, dans la rareté des provisions. 34e. Je crains bien que les grandes chaleurs de cette saison ne fassent manquer la récolle de toutes les provisions que l'on cultive celle année. 35e. La perspective de la récolte prochaine est très-mauvaise. La culture a reçu tous les soins nécessaires; mais le temps a été jusqu'ici et continue à être aussi défavorable que possible. 36e. Depuis l'abolition de l'apprentissage, il y a eu une grande augmentation d'acquisitions, faites par les travailleurs, en vin, objets d'habillements, etc. 37e. Les caisses d'épargne et les sociétés de secours mutuels seraient sans doute avantageuses. Un de ces derniers établissements a été fondé ici par le recteur de la paroisse, et a déjà pris de l' accroissement. 38e. Je n'hésite pas. à dire que les paysans de la Barbade sont actuellement aussi heureux que ceux d'Angleterre, sans parler des avantages que leur offre en outre le climat. 39*. On sent vivement le besoin d'un moyen de répression contre le vagabondage, et de l'établissement d'un asile pour les aliénés.

B.

RÉPONSES

de

M.

Thomas Cummings, magistrat de police. Paroisse Saint-George.

1re . Les cultivateurs s étaient d abord montrés paresseux et irréguliers dans leur conduite; mais, depuis six mois, il s'est opéré un changement sensible dans leurs habitudes. 2e. Les délits les plus nombreux sont les querelles, les rixes, et des vols peu importants. Toutefois ces vols se multiplient. 3e. La bonne harmonie règne, en général, entre les maîtres et les travailleurs ; elle ne pourra qu'augmenter, parce que chacun aura à y gagner. Quand il y a désaccord, c'est ordinairement ou parce que les noirs abandonnent les plantations où ils résident pour aller travailler ailleurs, ou parce qu ils refusent de donner le temps ou la somme de travail fixée pour chaque jour. 4 . Le temps et l' administration impartiale de la justice produiront a la fin un bon accord durable. La facilité offerte pour en appeler des jugements rendus, et la vigilance du pouvoir exécutif , ne peuvent manquer d'aider efficacement à cet heureux résultat. 5e. Les noirs ne travaillent pas aussi volontiers qu'ils le devraient ; cependant il y a amélioration : la nécessité a en partie remédié au mal, le temps fera le reste. 6e. Les heures ordinaires de travail sont de sept heures du matin a quatre heures du soir, moins une heure pour le déjeuner. 7

Les maîtres évitent, autant qu'ils le peuvent, de faire traII.

vailler a la tache, excepté dans quelques cas particuliers; mais les cultivateurs le préfèrent. Cependant, comme, neuf fois sur dix, il s élève des contestations sur la négligence avec laquelle la besogne est faite, il serait prudent, dans l'intérêt commun, de ne suivre cette méthode que lorsqu'il n'en peut résulter aucun sujet de discussion. 8e. Les travailleurs de première classe reçoivent 2 bitts par jour; ceux de seconde classe et les non valides, t bitt 1/2. Pendant la récolte on ajoute un 1/2 bitt ou 1 bitt par jour, suivant le genre d'occupation.

9*. Sur presque toutes les plantations les travailleurs ont une case et un jardin. Ils donnent cinq jours de travail par semaine , et sont payés sans réduction. Mais, lorsqu'ils quittent leur besogne sans excuse valable, on leur retient un 1/2 bilt par jour pour.loyer. Sur plusieurs plantations on leur concède, en outre de leurs jardins, un quart d'acre ou une demi-acre de terrain, pour lequel ils payent depuis 1 bitt 1/2 jusqu'à 4 bitts par semaine. 10e. On ne leur fait supporter aucune retenue pour loyer de la maison et du jardin , afin de s'assurer leurs services pendant cinq jours de la semaine. 1 1e. Les cultivateurs ne s'engagent qu'à la journée. Il n'existe clans mon bureau aucune trace d'arrangement différent. 12e. Ils ont une répugnance marquée pour les engagements écrits, et en contractent rarement de verbaux. 13e. Ils sont très-portés à la chicane ; cependant ils se mettent aisément d'accord ; une querelle est apaisée un moment après avoir commencé , et ils redeviennent aussi bons amis que si aucun différend n'était survenu. 14e. Je considère la révocation de ces lois comme une mesure sage, parce que les maîtres et les travailleurs s'en sont mieux trouvés : cependant la non-existence de toute loi de ce genre ne serait pas sans inconvénient. 15e. J ai eu à examiner une plainte d'expulsion sur la plantation Windsor; après une minutieuse enquête, je suis parvenu à amener un arrangement amiable ; le cultivateur était tout a fait dans l'erreur. J'ai eu encore d'autres discussions à entendre et à juger, principalement sur l'évaluation de provisions en compensation de terrains. La plupart du temps, j'ai réussi à satisfaire l'une et l'autre partie: les torts étaient réciproques. 16*. Quelques cultivateurs ont quitté les plantations; le nombre n'en a pas été grand. 17e. Beaucoup sont revenus. Ils tiennent en général aux plantations où ils sont nés et où ils ont été élevés. Tous ceux qui sont revenus ont, je pense, repris leurs travaux. 18e. Us se livrent au colportage, ou deviennent bouchers, boulangers , porteurs, domestiques, etc. 19e Il y a quelque temps plusieurs laboureurs ont émigré, mais je n'ai pas appris qu'il y en ail eu d'autres depuis. Je crois qu'ils seront désormais peu disposés à s'expatrier, grâce aux mesures prises pour les mettre à l'abri de déceptions qui eussent été aussi funestes au pays qu'à eux-mêmes 22e. Je crois que la population suffirait largement à la culture du sol, si elle s'y employait activement; mais,dans l'état actuel, nous ne pourrions nous priver du plus petit nombre de nos travailleurs sans causer un préjudice sérieux à la colonie. 23e. La condition des enfants n'est certainement pas bonne. Presque tous se livrent à la paresse, et leurs parents les approuvent. 24e. Nous avons deux écoles publiques entretenues, en partie par la paroisse, et en partie au moyen des fonds à la disposition

48.


756 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES.

e

II

PARTIE.

de l'évêque. H y a aussi des écoles particulières. Le nombre des individus qui fréquentent les écoles et l'église est aussi grand que l'emplacement le permet.

tainement plus avantageuse que celle des paysans de tout autre pays; elles jouissent d un bonheur qu'il dépend d'elles d'augmenter chaque jour.

25e. Les propriétaires emploieraient volontiers les enfants en leur payant de bons salaires en argent ou en vivres ; mais les parents ne veulent absolument pas les élever pour les travaux des

39*. Il serait utile de faire deux lois : l'une pour la répression et le châtiment des fraudes que les petits marchands se permettent; l' autre pour fixer les relations entre les maîtres et les

champs.

travailleurs, et mettre ceux-ci à l'abri d'une expulsion soudaine de leurs cases et de leurs terres.

26*. J'ai remarqué que les noirs attachent une très-grande importance à la différence de couleur. Ils se réjouissent de la suppression des entraves qui enchaînaient leur énergie et s'opposaient aux entreprises des gens de leur classe. Ils manifestent tous la même disposition à travailler pour ceux qui les traitent le mieux Ils consacrent de préférence leurs services à ceux qui peuvent leur assurer un travail durable, et ne songent en cela qu'à leurs intérêts immédiats. 27e. Je n ai vu se manifester, ni parmi les autorités ni dans la classe élevée, aucun sentiment qui puisse faire penser ainsi. 28e. Les cultivateurs connaissent très-bien l'existence de la cour d'appel et le droit qu'ils ont d'y recourir. Je ne manque jamais de leur faire sentir tous les avantages qui résultent pour eux de l'établissement de ce tribunal. 29e. Le système judiciaire actuel est, selon moi, beaucoup plus susceptible de contribuer au bien-être et au bonheur de la population laborieuse, dans son état actuel de liberté, que celui que l'on suivait du temps de l'apprentissage 32*. Aucune fabrication de sucre n'a encore été faite depuis ma dernière réponse à celle question ; mais je puis porter sans crainte mon évaluation à la même quantité de 6o boucauts, valant environ 36,ooo francs. 33*. D'après quelques relevés, les cultivateurs posséderaient 3o chevaux, 1,000 moulons, 250 chèvres, 250 bêtes à corne, 1,500 porcs et 5,ooo pièces de volaille; mais il est presque impossible de rien préciser avec certitude. Je crois cependant que ces chiffres sont au-dessous de la vérité. 34e. Il y a moins de blé et de provisions en magasin qu'à pareille époque de l'année dernière. On en a mis, il est vrai , davantage en culture, mais moins encore qu'autrefois. 35*. La perspective de la prochaine récolte n'est pas belle. Les cultures sont partout bien entretenues, mais le temps a été des plus défavorables. 36e. Il y a augmentation dans les achats pour les choses de nécessité et même de luxe, particulièrement pour les objets d'habillement, que les noirs recherchent beaucoup. 37*. Les caisses d'épargne pourraient, par la suite, être avantageuses aux travailleurs. Comme rien de ce genre n'a été essayé jusqu à présent, et que de telles institutions ne sont entourées d aucun éclat, je ne crois pas que les noirs se montrent disposés d abord a y déposer leurs petites économies ; mais il faut essayer, et je ne doute pas que plus tard on n'obtienne un plein succès. J ai la plus haute idée des sociétés de secours mutuels. Plusieurs sont déjà établies sur divers points, et elles réussissent. Les cultivateurs comprennent bien le principe sur lequel elles sont basées, et y souscrivent volontiers. Parce moyen, non-seulement ils s amassent un pécule et se garantissent contre les besoins et les infirmités de la vieillesse ; mais, comme les membres de ces utiles sociétés sont surveillés sous le rapport des habitudes sociales aussi bien que de la conduite morale et religieuse, les noirs finiront par acquérir une importance relative; ils composeront une population agricole heureuse autant qu'utile, et augmenteront le nombre des sujets loyaux de Sa Majesté. Les ministres de la religion sont plus en état que personne d'organiser ces sociétés dans les districts. 38e. La condition des classes laborieuses de cette île est cer-

c.

RÉPONSES

de

M.

Henry Pilgrim, magistrat de police. Paroisse Saint-Jean.

1re. Les cultivateurs de ce district, considérés en masse, se conduisent bien; mais individuellement ils sont insolents envers leurs supérieurs. Depuis peu, ils semblent s'être améliorés et travailler avec plus de régularité. 2e De petits vols et des querelles sont les délits les plus fréquents. 3e. Il y a, en général, plus de bonne intelligence entre les maîtres et les cultivateurs. Partout où l'on remarque encore des tendances a la discorde, cela vient surtout de ce que le mode irrégulier de location tient les travailleurs en défiance contre les propriétaires. 4 . Je pense que, dans l' état actuel de la société, l' intérêt commun tendra a rapprocher peu à peu les travailleurs et les maîtres, et établira entre eux un bon accord durable, sans aucune intervention étrangère. 5e. Pendant l' année dernière, le prix des vivres étant resté au-dessus de ce qu il avait été durant et même depuis l'apprentissage, les cultivateurs ont travaillé plus assidûment qu'ils ne l'avaient encore fait; ils montrent, en général, de la bonne volonté, excepté quand ils sont contrariés pour leurs loyers. 6e. On travaille ordinairement depuis le soleil levant jusqu'à 10 heures et de 11 heures à 4. 7 . On ne travaille plus guère à la tâche; ce mode a été abandonne a cause de la négligence avec laquelle la besogne se faisait. 8e . Le taux ordinaire des salaires est de 2 bitts par jour. A l'époque de la récolte et lorsqu un travail extra devient nécessaire, ce qui se fait en plus est calculé sur ce pied. Le payement se fait ordinairement chaque semaine en monnaie d'argent. 9 et 10 . On fournil presque toujours aux cultivateurs le logement et un petit terrain de culture. On exige d'eux cinq journées de travail par semaine; elles leur sont payées sans aucune réduction ; mais s ils manquent a leur besogne on leur fait une retenue proportionnelle. Sur quelques plantations on alloue aux noirs une plus grande portion de terrain, pour laquelle ils payent une redevance en main-d'œuvre. 11e. Depuis la révocation de l'acte concernant la location des travailleurs, il semble que, par convention tacite, les obligations qu'ils contractent n'ont jamais une durée de plus de 24 heures. 12e. Les noirs ont de l'aversion pour tous les contrats, surtout pour les contrais écrits. 13e. Ils sont très-portés aux contestations litigieuses, et sont, entre eux, fort peu unis d'intérêts. 14e. La révocation des lois concernant le vagabondage et les relations entre les maîtres et les travailleurs, a beaucoup augmenté la liberté d'action de ces derniers, mais les a exposés, en même temps, à une expulsion instantanée. 15e. Je n'ai jamais reçu de plainte pour occupation illicite de maisons par des cultivateurs. Les planteurs, en pareil cas, exé-


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.—1839.—LA BARBADE. 757 cutent eux-mêmes l'expulsion. Du reste, les noirs comprennent l ien à présent l'illégalité de leurs prétentions.—On a généralement renoncé à faire des expulsions sommaires.

bord, à cause des habitudes d'imprévoyance qu'ils avaient contractées pendant l'esclavage, et qui sont encore leur principal défaut.

16e. Malgré le petit nombre des travailleurs occupés à la cul-

38e. Si je les compare aux classes laborieuses des autres possessions anglaises, les paysans delà Barbarde, dans leur état actuel, me semblent beaucoup plus heureux; mais les notions vagues qu'ils ont de leurs véritables intérêts, les préjugés qui entravent l'action du nouveau système, et l'immoralité de leur conduite, en font une population turbulente et peu satisfaite.

ture de la canne, je crois que, depuis un an, il y a eu dans cette classe une augmentation dont l'agriculture n'a peut-être pas profité exclusivement. 17*. Beaucoup de cultivateurs sont revenus sur les plantations qu'ils avaient abandonnées au 1er août 1838. Ils sont pour la plupart très-attachés aux lieux où ils ont été élevés. 18e. Ceux qui ont renoncé à l'agriculture, se sont réfugiés dans la ville ou dans ses environs, et s'y livrent à divers genres de travaux.

39e. Il serait nécessaire de modifier la loi relative aux honoraires des constables, surtout pour ce qui concerne l'écrou des prisonniers. On ne leur paye rien pour l'exécution de ce devoir, qui entre dans leurs attributions, et qui est le plus difficile à accomplir.

19e. Les cultivateurs ne manifestent, quant à présent, aucun désir d'émigrer. Aucun d'eux n'a encore quitté le district 22'. Je ne crois pas que l'île ait un excédant de population. A mon avis, l'émigration lui serait préjudiciable, parce que l'usage des machines ne peut jamais y prendre une bien grande exten-

D.

RÉPONSES

de

M, J P.

Evelyn magistrat de police. Paroisse de Christ-Church.

sion. 23e. Les enfants des noirs vivent dans la paresse. Leurs parents, dont l'intelligence est encore généralement trop peu développée , leur ont laissé contracter les habitudes les plus pernicieuses. Concevant mal les idées d'amélioration, ils tiennent à dispenser entièrement leurs enfants des travaux des champs, et les envoient aux écoles particulières où, faute d'une bonne discipline, ils restent presque tout le jour sans occupation et abandonnés à euxmêmes. Ils sont ainsi élevés âne rien faire, dans la fausse idée que l'agriculture est un genre de travail indigne de leur condition actuelle. Ceux qui sont sortis du premier âge sont ordinaire-

1 Les cultivateurs de ce district sont en général bien disposés. Il y a eu, depuis quelque temps, amélioration dans la conre

duite de ceux qui, naguère, s'abandonnaient à une oisiveté aussi préjudiciable à eux-mêmes qu'à leurs maîtres. 2e. Les principaux délits sont de petits vols ou des scènes de tapage. 3e. Il n'existe aucune mésintelligence entre les propriétaires et les noirs.

ment bien vêtus et entretenus par leurs parents, mais ils ne reçoivent pas souvent les soins du médecin. J'ai eu plusieurs exemples d'enfants entièrement négligés par leurs mères.

4e. La bonne harmonie qui règne aujourd'hui entre eux me semble devoir continuer, parce que, des deux côtés, on sent que l intérêt commun l' exige. Toute intervention étrangère ne pourrait produire qu'un fort mauvais effet.

24'. Il existe deux bonnes écoles paroissiales, indépendamment de celle qui est située sur les propriétés de Codrington-Trust. Les enfants des cultivateurs y sont admis indistinctement, moyennant une faible rétribution. Ces écoles sont très-bien dirigées. Une église et deux chapelles sont ouvertes à toutes les classes, qui y re-

5e. Les cultivateurs travaillent volontiers, mais pas autant qu ils le pourraient; et ce qui le prouve, c'est qu'il y a aujourd hui moins de terre en culture que du temps de l'esclavage ou de l'apprentissage.

çoivent l'instruction religieuse; mais il n'y vient pas autant de monde qu'elles en pourraient contenir. 25e. Les enfants ne sont que rarement occupés sur les plantalions ou ils demeurent avec leurs parents ; la faute en est surtout a ceux-ci, qui ne sont nullement disposés aies vouer à l'agriculture. 26'. Sous certains rapports, les cultivateurs attachent beaucoup d'importance aux différences de couleur entre les hommes. 27*. Quelques planteurs de la dernière classe, faute d'intelligence et de conception, ont fait plusieurs démonstrations en ce sens, à l'époque de l'affranchissement définitif. 28'. Les cultivateurs connaissent parfaitement l'existence de la cour d'appel. 29e. Le système judiciaire actuel est de beaucoup préférable à celui qui existait sous l' institution des magistrats spéciaux, et sera bien plus favorable au bien-être de la population laborieuse 35e. La récolte prochaine s'annonce mal, bien que l'état de la culture soit en général excellent. Le temps a été tout à fait défavorable; la grande quantité de pluie a ruiné en partie les espérances des plantations de cannes.

6e. Les heures ordinaires de travail sont de six à dix heures, et de onze à quatre. 7°. On ne travaille guère à la tâche. Les planteurs ne le veulent pas parce que la besogne se fait avec négligence. 8e. Le taux des salaires est de a bitts par jour pour la 1re classe, et pour les autres en proportion. Durant la récolte, on donne 1 fr. 2 5 cent, aux coupeurs de cannes, et 3 bitts aux ouvriers de l'usine occupés à la fabrication. 9e. Les cultivateurs résidant sur les plantations ont une habitation commode et ordinairement une portion d'un quart d'acre de terre, le tout sans aucun loyer. 10'. L'arrangement qui assure aux travailleurs la jouissance de leurs maisons et de leurs jardins les oblige à consacrer leur temps à la propriété de leurs maîtres, lorsque ceux-ci l'exigent. S'ils vont travailler au dehors, on leur fait payer pour loyer 1 bitt par chaque journée d'absence. 11e. Je n ai reçu aucun acte d engagement, et je ne crois pas qu'il en ait jamais été fait. Chacun est libre d'agir comme il l'entend. 12e.

Les noirs n aiment pas à

contracter d'engagement

écrit.

36e. Les travailleurs font une consommation beaucoup plus considérable d'articles de luxe, tels que vin, objets d'habillement, etc.

13e. Considérés en masse, les travailleurs sont bien disposés les uns à l'égard des autres.

37e. Les caisses d'épargne pourraient devenir, je pense, trèsavantageuses aux noirs; mais elles leur seraient peu utiles d'a-

14e. Je ne crois pas que la classe laborieuse ait tiré aucun profil de la révocation des lois sur les contrats et sur le vagabon-

II.

48..


758 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES.—PIÈCES JUSTIFICATIVES.—IIe PARTIE. dage, car la première lui assurait pour un certain temps la jouissance de ses maisons et de ses terres, et l'autre la protégeait contre les entreprises des fainéants et des gens de mauvaise vie.

session, après l'expiration du bail, des propriétés louées 15 20 l. st. par an.

15°. Je n'ai reçu aucune plainte de cette nature. E.

RÉPONSES

de

M.

A

John Corbin, magistrat de police.

16e. Il n y a eu aucune diminution récente dans le nombre des cultivateurs.

Paroisse Saint-Pierre.

17e. Les noirs sont, en général, revenus sur les plantations qu ils avaient quittées le 1er août. Ils sont fort attachés aux lieux

1re. La classe laborieuse se conduit avec ordre et tranquillité.

oû ils sont nés. En rentrant sur les propriétés, les noirs se sont remis de bon cœur au travail.

2°. La plus grande partie des délits consiste en tapages commis en ville, petits vols et querelles entre les travailleurs.

18 . Ceux qui ont renoncé à l'agriculture se sont placés en qualité de domestiques, ou bien se livrent au commerce et au colportage.

3°. Les maîtres ne négligent rien pour se concilier les cultivateurs, qui paraissent d'ailleurs animés de bons sentiments.

e

19°. Je serais porté à croire qu'ils n'ont aucun penchant à émigrer, car je n'ai eu qu'un seul certificat à délivrer pour cause de départ 22°. On ne pourrait, sans en souffrir, fournir des émigrants à d'autres colonies. 23°. Les cultivateurs commencent à sentir la nécessité de donner des habitudes d'industrie à leurs enfants; ils n'ont plus autant d'aversion qu'il y a quelque temps pour les former aux travaux d'agriculture. 24e. La paroisse renferme une église, quatre chapelles et une cinquième en construction ; elle a en outre sept écoles. Ni les unes ni les autres ne sont aussi fréquentées qu'elles pourraient l'être. 25°. Lorsque les parents y consentent, on occupe volontiers les enfants, moyennant salaire. 26°. Les cultivateurs prennent un grand intérêt aux différences de couleur. Ils accordent de préférence leur confiance aux blancs. 27°. On apprécie tellement bien la valeur de la liberté et les droits qu'elle confère, que personne n'aurait la folie de tenter de ramener une espèce d'esclavage. 28°. Les noirs connaissent très-bien l'existence de la cour d'appel. 29°. Les avantages que l'établissement de ce tribunal offre aux cultivateurs rendent le mode actuel d'administration de la justice bien supérieur au système suivi sous les magistrats spéciaux 34°. Je ne vois aucun motif de redouter une disette, quoique les chaleurs du mois dernier aient diminué de beaucoup la récolte en blé et en provisions. 35°. La récolte de sucre ne sera pas abondante. Les mauvais temps de l'année dernière ont exercé une fâcheuse influence sur la culture en général. 36e. Les demandes d'articles de luxe ont pris un grand accroissement, depuis la fin de l'apprentissage. 37°. Les caisses d épargne et les sociétés de secours mutuels ne peuvent manquer de provoquer, dans la population laborieuse , une amélioration morale et industrielle. Il y a déjà plusieurs sociétés de secours dont les avantages sont appréciés. Les noirs ont mis tant d empressement à en devenir membres, que l'on peut présumer qu ils seconderaient volontiers l'établissement des caisses d'épargne. 38°. Il dépend des paysans de la Barbade d'être les plus heureux du monde entier. 39°. On sent le besoin de lois pour assurer un prompt secours aux classes laborieuses et pour faciliter la rentrée en pos-

4 . J'ai la conviction que toute intervention étrangère, tendant à changer l'état de choses actuel, produirait le plus mauvais effet. e

5°. Les cultivateurs travaillent régulièrement et de bon cœur. 6°. Les heures de travail sont de 6 à g et de 10 à 4. 7°. Lorsqu'il y a possibilité, on travaille à la tâche ; les cultivateurs préfèrent cette manière et les maîtres ne s'y refusent pas. excepté pour le sarclage des jeunes plants. 8". Le taux des salaires est ordinairement de a bitts par jour. 9°. On fournit partout aux cultivateurs une maison et un terrain d un quart a un huitième d'acre. On n'exige d'eux aucun loyer, mais ils sont astreints à payer une indemnité au maître lorsqu'ils s'absentent du travail. 10°. L occupation du logement et du terrain ne change rien au salaire. Le cultivateur est considéré comme locataire, libre de quitter quand il lui plaît. 11e. Les engagements ne se font jamais que pour un jour; les noirs ont de l'éloignement pour toute obligation qui dépasserait ce terme. 12°. Il n existe dans la paroisse aucun contrat, soit écrit, soit verbal. 13 . Je n ai que bien rarement occasion de juger des contestations entre les cultivateurs. 14e . Je crois qu un acte sur les contrats serait utile à la population laborieuse; mais je ne sais si elle se montrerait bien disposée à s'en prévaloir. 15 . Il n y a plus que fort peu d'expulsions. Les maîtres connaissent tout le prix d un bon cultivateur, et ce n'est que dans un cas extrême, et lorsqu il y aurait préjudice à en agir différemment, que l'on se décide à forcer un noir à se retirer. 16e. Aussitôt après le 1er août, beaucoup de cultivateurs ont quitté les plantations pour se faire domestiques, etc. 17e. Mais ils sont pour la plupart revenus sur les propriétés, excités par l'amour qu'ils portent aux lieux où ils sont nés. 18°. Le plus grand nombre de ceux qui ont renoncé à l'agriculture cherchent de l'occupation dans la ville, et se font porteurs, etc. 19°. Les cultivateurs se montrent peu portés à émigrer 22°. Je ne crois pas qu'il y ait surabondance dans la population laborieuse. 23°. La condition des enfants me semble bonne : les parents les soutiennent par leur, travail. 24°. Nous avons quatre écoles sous la direction de l'Église établie; elles sont entretenues sur les fonds de la paroisse et au moyen d une allocation de l'évêque. Il y a encore des écoles particulières et une autre très-vaste appartenant aux wesleyens; toutes sont


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.—1839.— LA BARBADE. 759 bien suivies. L'église paroissiale et la chapelle sont à Speight. Il ne s y rend pas autant de monde qu'elles pourraient en recevoir. 25*. Le planteur est toujours disposé à occuper les enfants à des Ira' aux d agriculture en rapport avec leurs forces; mais les parents sont peu portés à leur donner ce genre d'occupation. 26e. Je n' ai aucun motif de croire que l'ancienne population esclave prenne intérêt à la différence de la couleur parmi les hommes. 27e. Les autorités et les classes élevées encourageraient volontiers les nègres à user des droits qui leur ont été assurés par la liberté. Je ne pense pas qu'il y ait dans la colonie une seule personne qui désire le retour à l'ancien état d'esclavage. 28e. Toute la population connaît l'existence des cours d'appel et y a recours quand son intérêt le demande. 29*. Je suis d'avis que le système judiciaire actuel est bien préférable à celui qui l'a précédé. On a la plus grande confiance dans la cour nouvellement instituée 32e et 33*. J ai fait connaître dans mon dernier rapport la quantité de sucre fabriquée pour le compte des cultivateurs, et le nombre d'animaux qu'ils possèdent; j'ai tout lieu de croire qu'il n'y a pas eu diminution. 34e. La sécheresse continue a fait manquer totalement la récolte des ignames et a empêché de planter autant de patates que de coutume, c'est pourquoi les vivres seront rares pendant la première partie de l'année. 35e. Il y a trois mois on comptait sur une récolte ordinaire, mais la sécheresse a détruit toutes les espérances qu'on avait conçues. 36e. Les cultivateurs ont beaucoup de penchant pour les objets de luxe. 37e. En l'absence d'une loi des pauvres, les caisses d'épargne et les sociétés de secours mutuels me semblent d'une nécessité indispensable. Je ne dis pas pour cela que les cultivateurs soient disposés à seconder leur établissement. Lorsqu'on s'en occupera, le mieux sera d'avoir recours à l'intermédiaire du clergé. 38e. Les paysans sont aussi heureux que partout ailleurs ; ils ont le sentiment de leur position; et, si on les abandonne à leur propre jugement, sans chercher à exercer aucune influence en opposition avec le système de liberté, ils seront bientôt parfaitement convaincus des avantages que ce système leur a procurés. 39e. J'ai parlé précédemment de la nécessité de venir au secours des pauvres, de rendre une loi concernant les porteurs, les bateliers de la ville, etc., et de modifier l'ordonnance concernant les constructions.

F

RÉPONSES

de MM. Ed. Moore, R. Hendy et C. Gill, magistrats de police. Paroisse de Saint-Michel (Bridge-Town).

1re. En général, la population laborieuse est tranquille et régulière dans sa conduite; mais il y a en elle un fort penchant à la paresse. 2*. Les principaux délits sont des vols peu importants, des querelles et des rixes. 3*. Les noirs témoignent peu de confiance envers leurs maîtres, par suite des réflexions irritantes publiées dans deux journaux quils croient favorables à leurs intérêts; cependant, depuis l' année dernière, cette disposition a changé; les cultivateurs comprennent mieux leurs intérêts. II.

II'. Nous blâmerions toute intervention* étrangère, parce que la seule influence de leurs intérêts communs suffira à établir l'harmonie entre les noirs et leurs maîtres. 5 . Les nègres ne montrent pas beaucoup d'ardeur pour le travail, tant par suite de leur penchant naturel à la paresse, que du sentiment nouveau produit en eux par la liberté. Le noir est un être d'instinct; il a peu de besoins, et dépense volontiers dans l'oisiveté, pendant une semaine, l'argent qu'il a gagné la semaine précédente. e

6 .

Les heures de travail sont de 7 à

10

et de 11 à à.

7*. On travaille beaucoup à la tâche. S'il s'élève des objections, elles viennent ordinairement des cultivateurs, qui n'aiment pas à remplir une besogne déterminée. 8e. Le taux des salaires est de 2 bitts par jour. On accorde une augmentation d un tiers pendant la fabrication du sucre, parce qu on travaille plus longtemps; en pareil cas, les heures extra sont libéralement payées en argent et en provisions.

9e. On accorde aux noirs le logement et un jardin sans aucune rétribution tant qu'ils travaillent pour une plantation ; quelquefois on leur cède une portion plus grande de terre cultivable, pour laquelle ils payent une rente dey à 1 0 l. par acre. 10e. Le droit d'ocuper la maison et de recueillir les fruits de la terre est une sorte d'indemnité pour un travail continu de cinq jours par semaine ; il n'entre pour rien dans le taux des salaires. 11e et 12e. Les noirs repoussent les arrangements par écrit; ils s engagent verbalement sans spécifier de temps, pour pouvoir s en aller quand il leur plaît. 13e. Ils ont peu de confiance les uns dans les autres, et sont très-enclins aux procès. Ils ont recours aux tribunaux pour obtenir justice du moindre tort réel ou imaginaire. 14e. La révocation des lois sur les contrats et le vagabondage a eu un fâcheux effet, surtout relativement aux cultivateurs qui, pour le plus frivole prétexte, abandonnent des habitations où ils vivent commodément, pour venir en ville chercher un mieux qu ils n'y trouvent pas. Ils tombent souvent dans la misère, surtout les jeunes gens, et deviennent la proie de spéculateurs avides qui les engagent à émigrer, sous la fausse promesse d'un plus fort salaire et de logements plus convenables. 15*. Nous avons rarement reçu des plaintes pour occupation arbitraire, encore ont-elles été arrangées à l'amiable. Quelquefois le cultivateur s'imaginait avoir droit au domicile, bien qu'il ne travaillât pas pour la plantation. Cette idée subsiste encore chez quelques-uns. En général, les torts étaient des deux côtés. 16e. Nous craignons que les espérances trompeuses données aux noirs par des agents et des spéculateurs pour les engager à émigrer ne produisent bientôt une grande réduction parmi les travailleurs. 17*. Dans beaucoup de cas les noirs sont revenus sur les plantations qu ils avaient quittées. Ce ne sont guère que les vieillards, les infirmes et les pères et mères de familles nombreuses qui témoignent de l'attachement pour les lieux où ils ont vécu. 18e. Lorsqu ils abandonnent l' agriculture, les noirs s'occupent du colportage ou d un petit commerce, ou bien ils se font porteurs et travaillent, à bord des navires, à l'embarquement des sucres, travail pour lequel ils sont largement payés. 19e. Il est impossible de constater le nombre des émigrants déjà partis, mais il est considérable. 20e. Les cultivateurs aiment beaucoup le changement, et ajoutent foi aux promesses que leur font les agents d'émigration. Jusqu a présent ceux qui ont quitté le pays formaient la partie la moins recommandable de la société; bien que l'émigration

48...


760

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES.— IIe PARTIE.

soit plus en vogue cette année que l'année dernière, le désir n'en est pas général

particulièrement la loi sur le vagabondage et la loi qui doit régler les relations entre les maîtres et les travailleurs.

22 . Nous ne pensons pas que l'île puisse se passer de ses travailleurs; toutefois, à Bridge-Town, le chiffre delà population e

dépasse les besoins de la culture. 23e. La condition des enfants n'est pas bonne : les parents subviennent, en général, à leurs besoins, et les élèvent dans la paresse. Il y a eu augmentation, depuis l'année dernière, dans le nombre des délits commis par les jeunes gens. 24e. La paroisse contient six chapelles, outre l'église de SaintMichel. Elles peuvent contenir ensemble 6,000 personnes et ne sont jamais pleines. Il y a 1 1 écoles publiques bien suivies, indépendamment de plusieurs écoles particulières. Ces ressources s'augmentent encore chaque jour par le zèle que déploient l'évêque, le clergé et les autorités, pour faciliter l'instruction morale et religieuse. 25°. Les planteurs occuperaient volontiers les enfants en les payant; ce sont les parents qui montrent de la répugnance à les voir travailler aux champs. Le plus ordinairement ils ne leur donnent aucune occupation, et les gardent chez eux pour aider aux soins de l'intérieur. 26°. Les noirs témoignent plus de confiance aux blancs qu'aux autres, et préfèrent être jugés par des blancs dans tous les cas de contestation. 27°. Les autorités et les classes élevées joignent l'exemple au précepte pour élever dans l'échelle sociale la population nouvellement émancipée. Personne ne voudrait être soupçonné de former un voeu tendant à la prolongation de l'esclavage.

G.

RÉPONSES

pour la paroisse (le Saint-Philippe. Du 1er janvier au 31 mars.

1re Considérés en masse, les noirs ont une conduite paisible ; mais individuellement il n'ont pas d'assiduité au travail. 2°. Les délits les plus fréquents sont des rixes et des vols peu importants, 3°. Sur plusieurs propriétés il règne une bonne harmonie entre les maîtres et les travailleurs; mais généralement il n'en est pas ainsi, et l'on peut en donner plusieurs causes. C'est d'abord parce que certaines propriétés payent de plus forts salaires que d'autres, d'où il suit que les noirs quittent les plantations où ils résident pour aller travailler sur celles qui leur donnent un plus haut prix. C'est ensuite la coutume de retenir un bitt, et quelquefois plus , pour chaque jour d'absence du travail. Le seul remède à cet état de choses serait, selon moi, que les maisons et le terrain y attenant fussent loués aux cultivateurs pour un certain prix, en les laissant libres de disposer de leurs services. 4. Le temps finira par établir la bonne harmonie entre toutes les classes de la société, sans aucune intervention étrangère. 5°. Lorsque les salaires sont régulièrement payés, et qu'il n'est exercé aucune retenue, sinon pour de graves motifs, le travail se fait de bon cœur. 6 . Les heures de travail sont de six à six, moins deux heures pour dîner et une pour déjeuner ; mais sur quelques propriétés e

28e. La cour d'appel est généralement connue. Nous donnons aux noirs tous les renseignements et toutes les facilités possibles pour faire reviser nos décisions. 29e. Le nouveau système judiciaire avec la cour d'appel qui siège publiquement à Bridge-Town, sous les yeux du pouvoir exécutif, est incontestablement préférable à l'ancien 32'. Nous ne savons rien de précis sur la quantité de sucre fabriquée pour le compte des cultivateurs et provenant de leurs terres, mais elle a été considérable. 33°. Sans pouvoir dire combien les cultivateurs possèdent d'animaux, attendu le peu d'empressement des planteurs à fournir les renseignements qu'on leur demande, nous savons pourtant que ce sont principalement les cultivateurs qui approvisionnent le marché de porc et de volaille. 34°. La disette de provisions n'est pas à craindre. Le planteur et le cultivateur ont reconnu l'abus de ne se livrer qu'à la culture des produits d'exportation, et, malgré l'extrême sécheresse, on a planté une grande étendue de terre en provisions. 35°. La perspective de la récolte n'est pas belle, à cause de l' excessive sécheresse qu'il a fait. Les préparatifs pour la récolte prochaine ont été faits avec le plus grand soin. 36. Il y a eu augmentation de demandes, surtout en objets d'habillement. 37 . Nous croyons que des caisses d'épargne et des sociétés de secours mutuels seraient avantageuses; mais le noir est si peu réfléchi, il s occupe si peu du lendemain, que, dans notre opinion, très-peu d individus comprendraient l'utilité de ces établissements et voudraient concourir à les fonder. 38°. Nos paysans sont plus heureux que ceux de l'Irlande et même que ceux d Angleterre, si l' on prend en considération les avantages que leur offre le climat. 39. Nous désirerions que les lois proposées par la législature, dans un esprit de justice et d'équité, fussent mises en vigueur,

on travaille toujours à la tâche. 7°. La tâche n est pas le mode de travail le plus suivi dans ce district, parce que les planteurs se plaignent de la négligence avec laquelle on fait la besogne. 8e. Le taux des salaires, quand les cultivateurs résident sur les plantations, est de deux bitts par jour, avec un demi-bitt en sus pendant le temps de la récolle. 9. Dans ce district, on alloue le plus ordinairement aux noirs un logement et un huitième d acre de terre; quand ils en ont davantage ils en payent le loyer. 10e Sur quelques plantations on leur retient un bitt de loyer par chaque jour d absence, autrement le loyer n'entre pour rien dans la fixation de la somme de travail qu'ils sont tenus de faire. 11e. Les cultivateurs qui résident sur les plantations sont tenus a cinq jours de travail par semaine; c'est aussi par semaine que se paye le salaire ; je n'ai reçu aucun engagement pour des termes convenus. 12e. Ils témoignent une grande aversion pour les engagements écrits. 13°. Ils sont très-portés aux procès. 14°. La révision des deux lois sur les contrats et sur le vagabondage a été d'un grand soulagement pour la population laborieuse, particulièrement la révision de la loi sur les contrats, parce que le cultivateur n'est plus exposé à une expulsion sommaire. 15e. Je n'ai reçu aucune plainte pour occupation arbitraire de maison, et lorsque les économes ont expulsé des noirs, j'ai toujours fait indemniser ces derniers de la valeur de leurs récoltes sur pied. 16e. Environ cent quatre-vingt-dix cultivateurs ont dernièrement quitté la paroisse; il y en a encore beaucoup qui suivent leur exemple.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.—CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1839. — LA BARBADE. 761 17e. La plupart des noirs sont revenus sur les plantations qn ils avaient quittées au 1er août; je les crois attachés aux lieux ou ils résidaient.

39 . Un recueil de lois serait aujourd hui d'une grande nécessite pour guider les magistrats dans l' exercice de leurs devoirs.

18e. Ceux qui ont renoncé à l'agriculture se livrent au commerce et au colportage. H.

19e. Les émigrants qui ont quitté la paroisse ont été poussés a le faire par des agents chargés de les entraîner.

RÉPONSES

de

M.

Francis Thornhill, magistral de police de la paroisse Saint-Jacques. «

20*. Aucune émigration n'a eu lieu spontanément, toutes ont été excitées.

1re La conduite des travailleurs n'a pas cessé d'être bonne depuis mon dernier rapport.

21e. La proportion des émigrants au-dessous de l'âge de cinquante ans a été à peu près la même en hommes, femmes et enfants

2 . La plus grande partie des délits consiste en querelles et rixes, avec quelques contestations pour dettes et de légers vols.

22e. Je suis persuadé qu'il n'y a pas surabondance de cultivateurs dans celte île, et que l'agriculture souffrirait d'une réduction dans leur nombre. 23e. Les enfants sont tout à fait à la charge des parents; leurs condition n'est pas heureuse, parce qu'on les élève dans la paresse. 24*. Nous avons trois écoles paroissiales et quatre ou cinq autres. L'église est fréquentée par autant de inonde qu'elle en peut contenir. 25e. On emploierait volontiers les enfants sur les plantations, mais les parents ne veulent pas les livrer à l'agriculture. 26*. Les noirs ne me semblent pas attacher la moindre importance à la différence de couleur entre les hommes. 27e. Les autorités et les classes élevées n'ont jamais témoigné le moindre désir de contrarier l'exercice des droits que la liberté a donnés aux noirs. 28e. J'ai toujours eu soin de faire connaître aux noirs l'existence de la cour d'appel, et je suis persuadé qu'aucun d'eux ne l'ignore. 29e. Le système actuel suivi pour l'administration de la justice est, selon moi, bien plus efficace que le précédent, pour assurer le bien-être de la population laborieuse. 30e. Les noirs connaissent les tribunaux de conciliation. Ils s y présentent sans hésitation lorsqu'on les y invile, et prennent intérêt à ce qui s'y passe. 31*. J'ai eu plusieurs occasions d'user de la voie de ces tribunaux pour arranger des différends, et je crois que leur établissement définitif est un grand bien pour les travailleurs. 32*. Les récoltes n'étant pas finies, je ne saurais répondre à la question sur la quantité de sucre fabriquée pour le compte des cultivateurs. 33e. Les cultivateurs sont peu disposés à faire connaître le nombre de leurs animaux, mais en général ils en possèdent beaucoup. 34e. Je ne vois aucun motif de craindre une disette de provisions pour cette année. 35e. La récolle actuelle est très-mauvaise; la perspective de la prochaine est belle , et le produit en sera abondant si le temps est favorable. 36e. Les achats d articles de luxe ont beaucoup augmenté, surtout en objets d'habillement et en vivres. 37e. Les caisses d épargne et les sociétés de secours mutuels seraient, je crois, très-avantageuses à la classe laborieuse ; mais, quanta présent, son imprévoyance me fait craindre qu'elle no veuille pas s'en occuper. 38 . Je crois nos paysans plus heureux que ceux des autres possessions anglaises que j'ai visitées.

3 . La bonne harmonie regne a présent entre les maîtres et les travailleurs. 4 . Les intérêts des uns et des autres étant inséparables, il n est besoin d aucune intervention étrangère pour assurer le bon accord entre eux. e

5e . Les noirs paraissent maintenant travailler avec plaisir. Lorsqu'il y a quelque manifestation contraire, on peut l'attribuer à la mauvaise gestion de la propriété où elle a lieu. 6e. Les heures de travail sont de six à neuf, et de dix à quatre. 7e . On ne travaille pas beaucoup à la tâche, parce que les maîtres trouvent que la besogne se fait précipitamment et mal. 8e. Le taux des salaires varie de 1 schell. 3 d. à 1 schell. 6 d. 3/4, et, pendant la récolte, de 1 schell. 6 d. 3/4 à 1 schell. 10 d. 1/2 par jour. 9 . Presque toujours on fournit au cultivateur un logement et un terrain à provisions. 10 . Je croirais, d après la différence, entre le prix de 1 sch. 6 d. 3/4 par jour, que gagne un noir au dehors, et celui de 1 sch. 3 d., qu on lui paye sur la plantation où il réside, que le foyer de la maison est compté en déduction du salaire. Au surplus, la retenue totale qui se trouverait ainsi faite au bout d'une année, ne serait pas trop forte comme compensation du bien-être dont jouit le locataire. 11e . Les cultivateurs ne s obligent au travail que pour une journée; mais, comme ils savent que l'occupation de leur logement et de leur terrain dépend de leur assiduité, ils sont en quelque sorte contraints de s'attacher à la propriété. 12 . Ils se refusent à tout engagement d'aucune espèce. e

13*. Ils sont enclins a la chicane; et, pour la moindre chose, ils recourent aux tribunaux. 14e. La nouvelle loi sur les relations entre les maîtres et les travailleurs n a pas encore été appliquée ; les planteurs trouvent qu il y aurait imprudence à risquer de troubler la tranquillité qui règne, en introduisant des changements dans leurs arrangements actuels. On n a pas non plus mis en usage l'acte sur le vagabondage, qui d'ailleurs ne peut manquer de protéger les cultivateurs laborieux. 15e. Je n ai reçu aucune plainte pour occupation illégale de maisons et de terrains , ou pour expulsions sommaires. 16e. Dès après l' apprentissage, il y a eu une diminution sensible dans le nombre des cultivateurs. 17e. Presque tous sont revenus sur les plantations qu'ils avaient quittées, et auxquelles ils semblent fort attachés. 18e. Les noirs qui abandonnent l'agriculture se font ordinairement domestiques, ou deviennent charpentiers, cordonniers, tailleurs, etc. 19e. Je n'ai eu à donner que trois certificats à des émigrants, dont deux allaient rejoindre des parents à Demerara ; l'autre ,


762 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

e

PARTIE.

jeune garçon d'assez mauvaise conduite, avait sans doute été déterminé à partir par les promesses qu'on lui avait faites.

ralement tranquilles; mais ils sont moins assidus au travail que par le passé, et semblent en avoir agi ainsi par calcul.

20°. Ce que je sais du caractère des paysans de la Barbade me fait croire que, lorsqu'ils émigrent, c'est par suite des menées des agents d'émigration, qui leur font des promesses et

2°. Les délits sont le plus ordinairement des querelles et des vols de peu d'importance.

contractent envers eux des engagements fallacieux. 21e. Les trois émigrants qui ont quitté la paroisse avaient de 16 à ai ans ; ils étaient du sexe masculin. 22°. Loin qu'il y ait excédant de population laborieuse , je crois qu'une réduction serait très-préjudiciable. 23°. Les enfants sont tous à la charge des parents, qui, pour la plupart, les élèvent dans la paresse. 24e. Nous possédons une vaste école, une église et une chapelle. Il s'y rend autant de monde qu'elles en peuvent contenir; mais il ne s'en présente pas plus. 25°. Les enfants seraient employés par les planteurs, si les parents ne se refusaient pas à les consacrer à l'agriculture. 26°. Les noirs ne paraissent pas attacher grande importance à la différence de couleur ; mais ils préfèrent travailler pour les blancs. 27°. Au lieu de chercher à restreindre l'exercice des droits des nouveaux libres, les autorités et les classes élevées nenégligent aucune occasion de leur faire comprendre le bonheur de leur nouvelle condition. 28°. Les cultivateurs connaissent l'existence de la cour d'appel, et les avantages qu'elle leur offre. 29°. La création de ce tribunal rend le nouveau système judiciaire plus propre que le précédent à contribuer au bien-être des noirs. 30°. Ils apprennent peu à peu à connaître l'existence des tribunaux de conciliation, et ils mettent beaucoup de bonne volonté à y assister comme jurés, quand ils en sont requis. 31e. J'ai souvent recouru à ces tribunaux pour arranger des différents. Je pense que leur établissement contribuera beaucoup au bonheur de la classe laborieuse..... 33°. Les noirs apportent plus de soin que par le passé à l'élève des bestiaux; je ne puis dire , quant à présent, quel nombre ils en possèdent. 34°. Il n'y a aucune raison de redouter la disette de provisions dont on était menacé au commencement de 1839. 35°. La perspective de la récolte prochaine promet beaucoup ; la culture a été bien entretenue, et le temps a été favorable. 36°. Depuis la tin de l'apprentissage, il y a eu augmentation dans les achats d articles de luxe, comme vins, objets d'habillement, etc. 37° Les caisses cl épargne et les sociétés de secours mutuels produiraient, sans aucun doute, beaucoup de bien. Un de ces derniers établissements a été fondé par le recteur de la paroisse ; il réussit fort bien. 38 . Je n hésite pas a dire que les paysans de la Barbade sont aussi heureux que ceux d Angleterre, indépendamment des avantages que leur offre le climat. 39°. On sent vivement le besoin d'une maison de fous.

J.

RÉPONSES

de

M.

Henry Pilgrim, magistrat de police. Paroisse Saint-Jean.

1re. Depuis mon dernier rapport les cultivateurs ont été géné-

3e L'accord entre les maîtres et les travailleurs n'est pas aussi parfait qu'on pourrait le désirer ; on pense que cela provient de ce qu'il n'y a pas encore assez longtemps que la régime de liberté est établi. 4°. L'intérêt mutuel des uns et des autres finira par établir la bonne harmonie, sans le secours d'aucune intervention étrangère. L'effet de cette intervention serait probablement de faire naître la défiance. 5°. Le travail se fait avec assez de bonne volonté, excepté sur quelques plantations dont les cultivateurs ont donné une fausse interprétation au dernier acte relatif aux loyers. 6°. Les heures de travail sont ordinairement depuis le soleil levant jusqu'à 10 heures et de 11 heures à 4. 7°. Le système de la tâche est peu usité; on l'a abandonné à cause de la négligence que les cultivateurs apportaient à faire leur besogne. 8°. Le taux ordinaire des salaires est de 2 bitts par jour; pondant la récolte, les heures extra sont payées dans la même proportion. La paye se fait chaque semaine en argent. 9° et 10°. On donne le plus souvent aux cultivateurs le logement et un terrain à provisions, sans aucune retenue pour le loyer; mais, lorsqu ils ne travaillent pas exactement cinq jours do la semaine, on leur fait, sur le salaire, une réduction proportionnelle. Sur quelques plantations, la portion de terrain que l'on accorde est plus étendue, mais alors on l'impose d'un lover convenu. 11e. Il semble mutuellement convenu que lorsqu'on loue un travailleur l'engagement no l'oblige que pour un jour. 12°. Les noirs manifestent de l'éloignement pour toute espèce de contrats, notamment pour les contrats écrits. 13°. Ils sont portés à plaider le» uns contre les antres et désunis d'intérêts. 14e . La nouvelle loi sur les contrats et sur le vagabondage a été d un grand secours a la population laborieuse, principalement en lui garantissant la récolte des terres dont on peut l'expulser, et en lui assurant le payement de son salaire. 15 . Il y a peu de temps, j'ai eu à examiner plusieurs plaintes pour occupation illicite, par des cultivateurs, des logements qui leur avaient été donnés sur des plantations d'où ils avaient été renvoyés. Le tort était en général de leur côté. Ils étaient persuadés que la loi ne pouvait les contraindre à quitter leur logement, mais il a suffi de l' ordre du magistrat pour les en faire sortir tranquillement. 16°. Le nombre des cultivateurs a sensiblement diminué depuis le 1 août 1838. er

17e. Beaucoup de noirs sont revenus sur les plantations qu'il? avaient quittées. Ils sont généralement attachés aux lieux où ils ont été élevés, mais ce sentiment perd chaque jour en eux beaucoup de sa force. 18e. Ceux qui ont renoncé à l'agriculture se sont, pour la plupart, réfugiés dans la ville et dans ses environs , où ils n'ont pas pu se procurer un travail régulier. 19°. L'émigration des cultivateurs n'a pas été considérable durant le dernier trimestre; 15 seulement ont sollicité des autorités de la paroisse des certificats pour pouvoir partir, mais plusieurs d'entre eux ont ensuite renoncé à ce projet. 20° et 21°. Sur ces 15 individus, le plus grand nombre étaient des jeunes artisans, que la promesse d'un salaire extraordinaire


ETUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1839.—LA BARBADE. 763 avait décidés à se rendre à la Guyane, pour s'y mettre au service de certains individus.

mais ils ne sont pas encore assez avancés pour en bien comprendre l'utilité.

22'. Je ne crois pas qu'il y ait excédant de population dans Pile ; a mon avis, l'émigration serait préjudiciable à la colonie, ou l'emploi des machines ne peut prendre un grand développe-

38e. En comparant leur situation avec celle des paysans des autres possessions anglaises, les paysans de la Barbade sont incontestablement les plus heureux.

ment

39 . il me semble qu il serait dans l' intérêt général d'assurer légalement aux cultivateurs la jouissance de tout ce qu'ils peuvent cultiver sur les terres qu'ils occupent; il en résulterait une plus

23e. Les enfants des noirs vivent dans un état presque complet de paresse; leurs parents, trop peu intelligents, les laissent exposés à contracter les habitudes les plus vicieuses ; et la fausse idée qu'ils se font de leur condition nouvelle les porte à ne vouloir pas les occuper aux travaux des champs. Ils les envoient aux écoles particulières créées depuis l'apprentissage; et, comme ces enfants ne trouvent là ni occupation suffisante, ni bonne discipline, ils restent presque tout le jour abandonnés à eux-mêmes. Ils grandissent donc dans le vagabondage, avec la conviction que l' agriculture est une occupation au-dessous d'eux. Ceux qui ont atteint l'adolescence sont bien vêtus et nourris par les parents, mais ils sont presque toujours privés des soins du médecin. J'ai vu plusieurs fois des enfants dans le plus déplorable état d'abandon. 24e. Il y a deux bonnes écoles dans la paroisse, et une autre bien dirigée sur la propriété de Codrington-Trust. Les enfants des cultivateurs sont admis dans celle-ci moyennant une faible rétribution. Nous avons aussi une église paroissiale et trois cha; elles, où l'instruction religieuse est donnée à toutes les classes.

grande confiance entre les noirs et les propriétaires.

K.

RÉPONSES

de

Evelyn, magistrat de police de la paroisse de Christ-Church.

M. J. P.

Ire La mésintelligence qui, à l'époque de mon dernier rapport, régnait entre les maîtres et les travailleurs et avait porté le gouverneur à ordonner une enquête . a heureusement cessé. Les travailleurs montrent à présent d'assez bonnes dispositions. 2°. Les délits les plus ordinaires sont de petits vols et des querelles. 3°. Les maîtres ne sont pas mal disposés à l'égard des noirs qu ils emploient; ce sont les sentiments de ceux-ci à l'égard des planteurs qui se sont envenimés. La cause peut en être attribuée,

Les écoles elles églises suffisent aux besoins delà population.

partie au journal le Libéral, qui s'efforce de leur faire envisager leurs maîtres comme des oppresseurs, et partie aux menées des

25*. Les enfants ne sont que rarement employés sur les plantations où résident leurs parents ; la cause en est dans la répugnance de ceux-ci à les habituer aux travaux de l'agriculture.

agents d émigration, qui ont troublé leurs esprits par la perpective qu ils leur ont offerte d'une condition plus heureuse hors du pays.

26e. Les noirs connaissent très-bien les distinctions naturelles qui existent entre les hommes de différentes couleurs. 27e. Les autorités ni les classes élevées ne contrarient en rien l'exercice des droits acquis par la liberté. 28e. La population n'ignore pas l'existence de la cour d'appel. 29e. Le nouveau système judiciaire suivi depuis rétablissement de ce tribunal convient mieux, sans aucun doute, à la nouvelle condition de la classe laborieuse. 30* et 31e. Les cultivateurs connaissent les tribunaux de conciliation dont l'institution est pour eux d'un grand avantage. J'ai souvent eu occasion de porter leurs contestations devant ces tribunaux , et j'ai toujours remarqué qu'ils en suivaient la marche avec intérêt. Il ne faudrait que l'action du dernier acte pour les faire adopter partout. 32*. La saison n est pas assez avancée pour pouvoir évaluer la quantité de sucre qui pourra être fabriquée pour le compte des cultivateurs. 33e. Le nombre des animaux possédés par les cultivateurs a plutôt augmenté que diminué, depuis mon dernier rapport. 34e. Il y a eu diminution dans la récolte de blé, de provisions, etc.; mais la quantité de vivres importée dans l'île empêchera, je pense, le retour d'une disette pareille à celle de 1839. 35e. La récolte du sucre mûrit ; elle sera de beaucoup au-dessous de la moyenne. La prochaine, quoique commençant à peine à paraître, est dans un état prospère. En général la culture est bonne. 36'. Je pense qu'il y a eu partout augmentation d'achats en vins, objets d'habillement, etc., de la part des travailleurs. 37 . Il existe ici, depuis plusieurs années, des sociétés de secours mutuels qui ont été d'un grand avantage aux cultivateurs. Des eusses d'épargne ne leur seraient pas moins avantageuses,

4 . A moins que l' on ne réprime la conduite des agents d'émigration qui ne sont dirigés que par l'amour du gain, sans se préoccuper en rien du mal qu'ils peuvent causer à la colonie, ni de la misère à laquelle ils livrent les victimes de leur cupidité; à moins encore que la presse ne cesse de persuader aux cultivateurs qu ils sont soumis à l'oppression, il est douteux que ceux-ci se contentent de leur condition. Cependant toute intervention étrangère serait inutile pour rétablir la bonne harmonie; le temps, la reflexion, et les obligations réciproques finiront par produire un heureux résultat. 5e, 6e. Voi r mon dernier rapport. 7°. Le système du travail à la tâche n'a pas répondu à ce qu'en attendaient les planteurs ; il a été abandonné. 8°, 9°, 10°, 11e, 12e et 13'. Voir mon dernier rapport. 14°. Les nouvelles lois déterminant les relations entre les maîtres et les cultivateurs, protègent ceux-ci contre les expulsions sommaires; mais, attendu la répugnance que les noirs témoignent pour les engagements, ces lois ne donnent aux maîtres aucune garantie qui leur assure au besoin le travail des individus logés sur leurs propriétés. 15e. J'ai été appelé pour expulser et j'ai en effet expulsé des noirs qui occupaient indûment des cases sur les propriétés; le tort était toujours de leur côté. 16e. Il n'y a pas eu de diminution sérieuse dans le nombre des cultivateurs; plusieurs ont abandonné les plantations pour se mettre à cultiver de petites portions de terres qu'ils ont louées. Je n approuve pas ce système de petites fermes, surtout dans les paroisses exposées aux sécheresses fréquentes. Je crois qu'il serait plus dans l' intérêt des cultivateurs de s'attacher à des plantations, où la culture pourrait être dirigée de manière à prévenir en partie l'effet des chaleurs, et, par suite, la rareté des vivres. 17°. Quelques cultivateurs sont revenus sur les propriétés qu'ils avaient abandonnées, et y ont repris leur domicile.


764 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. 18°. Ceux qui ne sont pas revenus se sont faits domestiques, ou s'occupent de commerce et de coloriage. 19 . Depuis mon dernier rapport, il ne m'a été demandé aucun certificat d'émigration ; mais je sais que d'autres magistrats de la paroisse en ont délivré. Suivant ce que je connais du cae

39 . On éprouve le besoin de quelques lois sur les sujets dont j ai parlé dans mon dernier rapport, et auxquels j'ajouterai la calomnie. Il faudrait les rédiger surtout dans l'intérêt des classes inférieures, qui n ont pas les moyens de porter leurs plaintes devant les cours ordinaires. e

ractère des noirs et de leur attachement pour les lieux où ils sont nés, je crois qu'il faudrait de puissantes séductions pour les entraîner à quitter la colonie. L.

RÉPONSES

20e. Il est positif, d'après ce que je viens de dire, que les émigrations n'ont pas été spontanées. 21e. La plus grande partie des émigrants étaient adultes. 22 . Il n'y a pas, suivant moi, excédant de population. e

23e. Les parents paraissent plus soucieux de donner des habitudes de travail à leurs enfants. Leur répugnance pour l'agriculture diminue. 24 . Nous avons une église, quatre chapelles et sept écoles publiques. On construit en outre une vaste chapelle dans le district le plus populeux de la paroisse. Les chapelles et les écoles pourraient contenir plus de monde qu'elles n'en reçoivent. e

de M. A. H. Morris, magistrat de police de la paroisse de Sainte-Lucie.

1re. La conduite des noirs est moins bonne que précédemment; ils sont indolents , turbulents et très-portés aux vices. 2°. Les délits sont principalement des rixes , des querelles, des vols et des pertes causées aux propriétés. 3°. Les relations entre les maîtres et les travailleurs sont satisfaisantes, quand aucune publication séditieuse ne les trouble 4e. Les intérêts mutuels parviendraient à établir la bonne harmonie, si, précisément, il n'y avait pas d'intervention étrangère.

25 . On occupe volontiers les enfants, moyennant salaire, quand les parents ne s'y opposent pas; ils commencent, comme je l'ai dit plus haut, à mieux apprécier l'agriculture.

5e. Les noirs ne travaillent plus avec autant de bonne volonté que précédemment, parce qu'ils ont trop facilement écouté des conseillers malintentionnés.

26 . Les noirs attachent de l'importance à la couleur. Ils ont plus de confiance dans les blancs que dans les autres.

6 . Hors du temps de la récolte, le travail dure neuf heures par jour; le cultivateur le fait comme il lui convient le mieux pendant la récolle les heures extra sont payées en sus.

e

e

27e. Je n'ai remarqué de la part des autorités ou des classes élevées rien qui dénotât l'intention d'entraver chez les noirs l'exercice des droits de la liberté. 28e. Les cultivateurs connaisent l'existence de la cour d'appel. 29 . Le système judiciaire actuel, soumis à la révision de ce tribunal, est plus favorable que le précédent à la population laborieuse. e

30 . Les noirs connaissent également bien les tribunaux de conciliation; ils s'y rendent volontiers quand ils sont appelés à remplir les fonctions de jurés, et semblent prendre intérêt à ce qui s'y passe. e

31e. Ces tribunaux m'ont toujours aidé à concilier les différents. Leur consolidation ne pourra que produire un grand bien. 32 . La récolte n'étant pas encore mûre, je ne puis préciser exactement quelle quantité de sucre sera fabriquée pour le compte des cultivateurs. e

33°. Il n'est pas facile d'établir quel est le nombre des animaux possédés par les noirs. Ceux qui en élèvent ne sont pas disposés à répondre aux questions qu'on leur fait à ce sujet, parce qu'ils craignent que ce ne soit dans le but de les soumettre à un impôt.

e

7 . Les maîtres et les travailleurs aiment également peu le travail à la tâche. e

8 . Le salaire est de deux bitts par jour durant la récolte ; on donne en sus demi-bitt par boucaut de sucre aux ouvriers du moulin et des chaudières. e

9e. On fournit ordinairement le logement aux cultivateurs ; beaucoup ont des maisons très-convenables. Sur certaines propriétés , on ajoute un quart d'acre de terre cultivable, sans exiger aucun loyer. 10°. Lorsque les cultivateurs travaillent pour d'autres propriétés que celles où ils logent, on leur retient de demi-bitt à un bitt par chaque jour d'absence. 11e. Il n a jamais été fait de contrats pour le travail. Si la besogne se fait a la tâche, on l'évalue d'un commun accord, d'après l' echelle de travail adoptée au commencement de l'apprentissage. 12e. Les noirs n'aiment pas à être liés par des conventions, soit écrites, soit verbales. 13 . Ils sont très-enclins à la chicane. e

34 . Les provisions sont abondantes ; il n'y a aucun motif de redouter une disette.

14 . Les nouvelles lois n'ont pas encore produit l'effet désiré. Aucun contrat n a été conclu, et une certaine propension au vagabondage semble encore exercer son influence sur la classe laborieuse.

35e. La perspective de la prochaine récolte est très-belle, grâce au temps favorable.

15e. Je n ai reçu aucune plainte pour occupation arbitraire.

e

36 . Depuis la liberté, les laboureurs ont beaucoup multiplié leurs acquisitions en articles de luxe. 37 . Les caisses d épargne et les sociétés de secours mutuels seront avantageuses aux travailleurs. Les sociétés mutuelles déjà établies ont servi à améliorer leurs mœurs et leur conduite. Ils se

e

16°. Il y a, surtout depuis peu, une diminution dans le nombre des cultivateurs; des agents cherchent à les entraîner dans la Guyane. A en juger par les certificats d'émigration qui me sont demandés, je crois que la diminution continue à faire des progrès.

montrent tiers d'en faire partie. Je ne doute pas qu'ils n'aident a l' établissement des caisses d épargne pour y verser leurs économies.

17 . Beaucoup de noirs sont revenus sur les propriétés, mais ils ne sont pas sédentaires. Depuis qu'ils prêtent l'oreille aux promesses décevantes que leur font d'adroits spéculateurs, ils ne montrent plus le même attachement pour les lieux où ils sont nés.

38 . Nos laboureurs sont, selon moi, les paysans les plus heureux du monde.

18°. Ceux qui ont abandonné l'agriculture sont devenus colporteurs, infestent les villes, ou se font domestiques.

e


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. —CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. —1839. — LA BARBADE. 765 19e. Il a été délivré dans cette paroisse douze certificats d'émigration.

ils ne travaillent pas très-régulièrement, et il faut les surveiller pour en obtenir la somme d ouvrage qu'ils doivent faire.

20'. L émigration n'a pas été spontanée. Elle est due aux publications perfides du Libéral et aux machinations de M. Thomas Day. de la Guyane anglaise.

2 . Les principaux délits sont des vols, des dévastations de propriétés, des querelles et des rixes.

21e. Les émigrants se composaient de sept hommes et cinq femmes, bien constitués et adultes. 22*. Nos cultivateurs ne sont pas trop nombreux. 23e. La condition des enfants est bonne, ils sont soutenus par leurs parents, mais souvent en dehors des moyens que leur fournissent les plantations. 24e. La paroisse n'a qu'une vaste école; il y en a beaucoup de particulières où l'on paye très-peu de chose. L'église et les écoles sont aussi fréquentées que possible. 25e. Il en est très-peu de ceux qui seraient en état de travailler, auxquels les parents permettent de se louer sur les propriétés, parce qu'ils ne veulent pas les consacrer à l'agriculture. Us en font des apprentis artisans, ou les envoient à l'école, ou Lien encore les abandonnent à la paresse. 26e et 27e. Réponses négatives. 28e. Les noirs connaissent l'existence de la cour d'appel. 29e. La population est plus heureuse, sous le nouveau système de justice, qu'elle ne l'était sous le précédent. 30'. Les tribunaux de conciliation sont également bien connus des noirs; ils y assistent volontiers, et y prennent intérêt. 31e. J' ai eu souvent recours à ces tribunaux pour arranger des différends. Je crois que cette institution aura les meilleurs résultats pour les classes laborieuses. 32e. Il est encore trop tôt pour que l'on puisse connaître la quantité de sucre qui reviendra aux cultivateurs. 33e. Sur toutes les plantations, les noirs possèdent des moutons, des porcs, des chèvres cl de la volaille en grande quantité, quelques-uns ont des bêtes à cornes. 34e. On avait cultivé les provisions, le blé, etc., sur une grande échelle, mais les mauvaises saisons ont nui à la récolte. Si les approvisionnements de l'extérieur venaient à manquer, on pourrait craindre une disette. 35e. La récolte de sucre à laquelle on travaille en ce moment sera, par suite du mauvais temps, une des plus mauvaises qu'on ait jamais faites. La prochaine se présente très-bien. 36*. Il y a eu augmentation dans les acquisitions faites parles noirs, surtout en objets d'habillement.

3 . Je ne pense pas qu il y ait mésintelligence entre les maîtres et les ouvriers, cependant la moindre cause trouble souvent leurs relations. 4e. Les intérêts réciproques finiront par consolider le bon accord , lorsque les noirs sentiront mieux la dépendance mutuelle qui résulte des rapports sociaux. 5e. Je ne puis dire qu'ils travaillent avec activité, ils sont portés à la négligence et à la paresse; il y a pourtant de louables exceptions. 6". Pendant la récolte, les neuf heures de travail qui composent la journée sont divisées en trois parties de trois heures. Celte année les cultivateurs ont manifesté de la répugnance à travailler neuf heures. 7e. On fait moins qu'autrefois travailler à la tâche, à cause delà lenteur et de la négligence que les cultivateurs mettent à faire leur besogne. 8 . Les cultivateurs sont payés par semaine, à raison de deux bitts par jour pour la première classe, et de un bitt et demi pour la seconde. Les surveillants, les veilleurs, les gardiens de troupeaux , etc., sont payés par mois. 9e . On fournit ordinairement aux cultivateurs un logement et un terrain. La plupart de leurs maisons sont très-commodes, et ont coûté de grands frais aux propriétaires. Pour les retenir au travail, on exige d'eux un bitt par jour de loyer quand ils s'absentent sans en prévenir. 10. Je crois que, dans l'origine, les planteurs ont alloué une maison et un jardin à leurs travailleurs pour les rendre assidus; c était un moyen plus efficace que les contrats, pour lesquels les noirs ont une aversion insurmontable. C'est encore dans le même but que la plupart des propriétaires ont ensuite fixé un loyer. Mais ceci est devenu une cause de mésintelligence; car bien que le laboureur soit porté à éluder ses obligations, il ne se soumet pas aisément a payer un loyer à titre de compensation. 11e. Les travailleurs de première classe, tels que surveillants, gardiens de troupeaux, veilleurs et domestiques, étant employés moyennant une certaine somme par mois , il semblerait qu'il y a engagement obligé pour le même temps. L'engagement du cultivateur est seulement pour un jour; on ne peut pas l'amener à en contracter d'autre. 12 Les noirs ont une profonde aversion pour toute espèce d'engagement. e

37e. Je ne pense pas qu'ils consentent à contribuer aux caisses d'épargné, ou aux sociétés de secours mutuels, parce qu'ils dépensent l'argent aussitôt qu'ils l'ont gagné. 38e. Comparés aux paysans de l'Angleterre et surtout de l'Irlande, ceux de la Barbade sont à présent très-heureux. 39e. Une loi sur les envahissements de propriétés serait d'un avantage général.

13e Il sont querelleurs et enclins à la chicane; mais ils ne gardent pas de rancune. 14 . Les nouvelles lois sont à leur avantage. Malgré leur refus de contracter des engagements, ils sont protégés contre l'expulsion. Je n'ai jamais reçu de plainte pour vagabondage. e

15e. Je n,'ai jamais non plus reçu de plainte pour occupation illicite. M.

Réponses de M. J. S. Bascom, magistral de police. Paroisse Saint-André.

1re. Les cultivateurs ne se livrent pas, envers leurs maîtres, à des actes d insubordination ; mais entre eux ils sont très-portés aux contestations : d où il résulte des procès. Il sont en général polis, excepté sur quelques plantations. Leur industrie est plus développée que pendant la première année de liberté; toutefois

16 . Je crois qu il y a diminution sensible dans le nombre des cultivateurs. Si l'on ne réprime pas l'influence pernicieuse des agents d'émigration, l'agitation qu ils ont déjà commencé à e

causer finira par jeter le trouble au milieu d'une population qui jusqu'à présent a été paisible et contente. 17 . Quelques cultivateurs qui avaient quitté les plantations y sont rentrés, mais d'autres se sont éloignés depuis. Cet état d incertitude est inquiétant pour les propriétaires, et leur porte e


766

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES.— IIe PARTIE.

préjudice. Je crois les noirs en général attachés aux lieux où ils ont été élevés. 18 . Ceux qui ont renoncé à l'agriculture ont adopté successivement tant d'espèces d'occupations, qu'il serait difficile d'en

propriées à leurs goûts et à leurs besoins. Il en existe une dans la paroisse; elle a pu être avantageuse à la classe laborieuse, et le deviendra encore davantage avec l'aide du clergé. Les obligations morales qu'elle impose ont déterminé plusieurs individus qui en

préciser aucune.

faisaient partie à.se retirer.

19 et 20 . Pendant le trimestre dernier, il n'a été délivré dans mon bureau que quatre certificats d'émigration. Un de ceux qui les ont reçus m'a fait savoir depuis qu'il ne voulait plus émigrer ; je ne suis pas sûr que les trois autres soient partis. Sur ces quatre individus, trois étaient sans occupation presque depuis leur émancipation. La masse n'est pas portée pour l'émigration. La curiosité peut en déterminer quelques-uns quand on garantit la facilité de revenir, si le changement ne leur convient pas.

38 . Sans pouvoir prononcer comparativement sur la situation des laboureurs, je crois qu'avec les avantages dont ils jouissent, s'ils ne sont pas heureux, la faute en est à eux seuls.

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21 . Les certificats e

d'émigration ont été délivrés à deux hommes et à deux jeunes garçons. Il ne s'est encore présenté aucune femme.

22 . A mon avis, il n'y pas un trop grand nombre de travaile

leurs, car il y a toujours parmi eux assez de fainéants. 23e. Les enfants sont entretenus par les parents. Quelques-uns vont à l'école, d'autres apprennent des états ou servent de valets à des cultivateurs, mais le plus grand nombre est élevé clans la paresse. 24 . H existe une école de l'Eglise établie et une école wesleyenne ; nous avons l'église paroissiale et une petite chapelle pour la communion anglicane, plus une chapelle des wesleyens. Tous ces établissements sont bien suivis e

25 . Je n'ai pas appris qu'on ait jamais refusé d'occuper les enfants; au contraire, les planteurs ont tenté tous les moyens de déterminer les parents à les faire travailler; mais ceux-ci ont toujours résisté. On voit des adultes à la garde des bestiaux, e

tandis que cette occupation pourrait être aussi bien remplie par des enfants. 26 . Je ne pense pas que les noirs attachent aucune importance à la différence de couleur. e

27e. Ni les autorités ni les classes élevées n'ont manifesté le désir d'apporter aucune entrave à l'exercice des droits que la liberté a conférés aux noirs.

e

N.

de MM. R. Hendy et C. Gill, magistrats de police de la paroisse Saint-Michel (Bridge-Town).

RÉPONSES

1re. A peu d'exceptions près, les travailleurs se sont conduits avec ordre et tranquillité, mais ils sont très-portés à la paresse. 2e. Les délits les plus fréquents sont des vols peu importants, des querelles et des rixes. 3 . Les noirs entretiennent à l'égard de leurs maîtres une grande défiance. On peut l'attribuer aux déclamations d'un journal qui leur donne de funestes conseils, et cherche à leur persuader qu'ils pourraient se faire, en émigrant, un sort beaucoup plus heureux. e

4e. Nous sommes opposés à toute intervention étrangère; en laissant agir l' intérêt commun , il finira par amener la bonne intelligence. 5 . Ils travaillent de meilleure volonté qu'à l'époque de notre dernier rapport. On peut espérer qu'ils continueront, s'ils ne se laissent pas prendre aux promesses des agents d'émigration. e

6 . Les heures de travail sont de 7 à 10 et de 11 à 4 e

7". On travaille beaucoup à la tâche; et lorsque ce mode rencontre quelque opposition, c'est de la part des cultivateurs, qui aiment peu à faire une quantité déterminée de besogne. Le salaires est de 2 bitts par jour; on l'augmente de 1/2 bitt pendant la fabrication du sucre , parce qu'alors on travaille souvent au delà du temps ordinaire. Dans ce cas, les heures extra sont largement payées en argent ou en distributions e

8.

9 . On accorde gratuitement aux noirs le logement et un jardin tant qu ils travaillent sur la plantation. Quelquefois on leur loue, en outre, une portion de terrain, à raison de 7 à 10 liv. sterl. par acre. e

28e. Les noirs connaissent l'existence de la cour d'appel. 29e. L'utilité de ce tribunal est apprécié par tout homme doué d'intelligence ; c'est surtout pour les noirs qu'il en résulte un grand avantage. 30 . Ils connaissent aussi les tribunaux de conciliation ; ils y remplissent volontiers les fonctions de jurés, et montrent la plus grande attention à la procédure. e

10 . L occupation d' une maison et le privilège de cultiver pour eux-mêmes leur sont ordinairement accordés comme gratification d un travail continu pendant cinq jours de chaque semaine, et n'entrent pour rien dans le salaire.

31 . J' ai souvent eu recours à ces tribunaux pour concilier des différends, et j'ai obtenu des résultats auxquels je ne serais jamais arrivé par l'application de la loi.

11 et 12e. Le cultivateur déteste les arrangements écrits, et en fait bien rarement. Il s'engage verbalement, sans fixation de terme, de manière à pouvoir quitter quand il veut.

32 et 33 . Je n ai pu me procurer des renseignements sur ces deux questions.

13 . Les noirs ont peu de confiance les uns dans les autres, et sont enclins à la chicane; ils ont recours aux tribunaux pour le moindre motif, réel ou imaginaire.

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e

e

34 . J espère que les dispositions prises pour assurer les provisions empêcheront qu on ait à craindre une nouvelle disette.

e

e

35 . Le temps n a pas été très-favorable. L'état général de la culture s est amélioré, et la récolte des jeunes cannes promet beaucoup.

14e. Nous sommes convaincus que la loi sur les relations entre le maître et l'ouvrier sera également avantageuse à tous deux. Nous n'avons pas eu occasion d'appliquer la loi sur le vagabondage.

36 . Il y a une augmentation considérable dans les acquisitions faites par les noirs ; il paraissent aussi avoir amplement de

15 . Il ne nous est pas parvenu de plainte pour occupation illicite.

quoi satisfaire leurs goûts.

16e. Nous craignons que le nombre des cultivateurs n'ait sensiblement diminué, par suite des menées des agents d'émigration.

37 . Je ne crois pas que les cultivateurs soient disposés à seconder l' établissement des caisses d'épargne en y versant leurs économies. Les sociétés de secours mutuels me semblent plutôt ap-

e

17e. Un certain nombre de travailleurs sont revenus sur les


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.—CH. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL. ETC. — 1839.— LA DOMINIQUE. 767 plantations qu'ils avaient quittées. Les noirs âgés ou infirmes, et les pères et mères de nombreuses familles, sont les seuls qui témoignent de l'attachement pour les lieux où ils ont vécu.

leurs efforts le développement progressif des nouveaux émancipés. Aucun homme bien placé ne désire voir renaître l'esclavage.

1 8*. Ceux qui ont abandonné l'agriculture se sont livrés au colportage ou à de petits commerces; d'autres sont porteurs, ou travaillent au chargement des sucres à bord des navires, occupation qui leur est largement payée.

28e. Les cultivateurs connaissent la cour d'appel ; nous leur facilitons les moyens d'y avoir recours, pour la révision de nos jugements.

19e. Ce n'est pas parmi les cultivateurs, mais bien parmi les autres travailleurs, que l'émigration a été considérable. Nous ne pouvons en dire le chiffre. Cette disposition à émigrer, qui est toute récente, a été excitée par les promesses d'individus se disant agents d'émigration, promesses qui, nous le craignons Lien, ne se réaliseront jamais. 20 . L'émigration est quelquefois spontanée; mais elle est beaucoup plus souvent déterminée par les viles manœuvres de quelques aventuriers. e

21*. Peu d enfants ont émigré, excepté quand les parents s'en allaient dans des climats plus sains que la Guyane pour se faire domestiques. Les émigrants sont généralement d'un âge moyen; les hommes sont en majorité. 22*. Nous ne croyons pas qu'il y ait possibilité de réduire la population agricole; mais à Bridge-Town il y a un excédant d'habitants dont on se passerait aisément. 23e. La condition des enfants est loin d'être convenable ; les parents fournissent à leurs besoins, et les élèvent dans la paresse. Le nombre des délits commis par des enfants s'est accru de beaucoup depuis l'année dernière. 24e. Cette paroisse renferme six chapelles, outre l'église principale de Saint-Michel : elles peuvent contenir ensemble 6,000 personnes et ne sont jamais remplies. Il existe 11 écoles publiques bien suivies, indépendamment de plusieurs écoles particulières dont le nombre s'accroît encore, grâce an zèle que déploient l' évèque, le clergé et les autorités, pour répandre l'instruction religieuse et les bienfaits de l'éducation. 25e. Les planteurs emploieraient volontiers les enfants, si leurs parents ne se montraient pas si peu disposés à les former pour l'agriculture et même pour tout autre état. Ils les gardent chez eux pour leurs besoins intérieurs. 26e. Les noirs témoignent généralement une plus grande confiance aux blancs qu'aux mulâtres ou aux gens de leur couleur. Dans leurs contestations, ils préfèrent être jugés par les blancs.

29e. Le système judiciaire actuel est incontestablement préférable à celui qui l'a précédé. 30e et 31e. Les magistrats de police des districts ruraux sont plus à même que nous de répondre à la question sur les tribunaux de conciliation. Dans les cas de querelles, nous réussissons assez ordinairement à réconcilier les parties. 32*. Nous savons qu'il a été récollé une grande quantité de cannes sur les terres qui appartiennent aux cultivateurs; mais nous ne pouvons dire combien de sucre a été fabriqué par eux. 33e. Nous ne pouvons, non plus, dire le nombre d'animaux qu'ils possèdent, les planteurs se souciant assez peu de donner les renseignements qu'on leur demande; toutefois nous savons par nous-mêmes que le marché est presque exclusivement approvisionné , en volailles et en porcs, par les cultivateurs. 34e. Nous pensons que la disette de vivres n'est pas à redouter. Les planteurs et les laboureurs ont reconnu l'abus de s adonner exclusivement à la culture des produits d'exportation, et, malgré la grande sécheresse qui a régné, une vaste étendue de terres a été consacrée aux provisions. 35e. Les planteurs espèrent que la récolte prochaine sera trèsbonne. Le temps a été favorable depuis quelques mois. 36e. Il y a eu augmentation dans les acquisitions faites par les noirs, surtout en objet de toilette. 37e. Des caisses d'épargne et des sociétés de secours mutuels seraient avantageuses ; mais les travailleurs sont si peu réfléchis et songent si peu au lendemain, qu'il en est bien peu qui aideraient au succès de semblables établissements, et il serait difficile de leur en faire sentir l'utilité. 38e. Les paysans de la Barbade sont incontestablement plus heureux que les gens de la même classe en Irlande et même en Angleterre, surtout si l'on prend en considération les avantages que leur offre le climat. 39e. Nous désirons, dans l'intérêt général, que l'on mette en vigueur la loi sur le vagabondage et la loi qui règle les relations entre les maîtres et les travailleurs.

27e. Les autorités et les classes élevées secondent de tous

N° 167. § V. LA DOMINIQUE. EXTRAIT

d'une dépêche du gouverneur à lord Glenelg, sur la situation de la colonie. 12 février 1839.

La situation de la Dominique a, dans tous les temps, offert des difficultés inconnues aux autres îles; mais la tranquillité a été assurée par la bonne conduite de la classe affranchie, alors même que son établissement sur les plantations se trouvait entravé par les difficultés d'arrangement avec les propriétaires.

Dans les plantations à café des engagements de travail ont été contractés à la condition du partage des récoltes. Cet arrangement amènera probablement la création des fermages, et surtout effectuera un changement avantageux dans l'économie rurale des colonies. Jusqu' à ce qu un tel changement soit accompli et que des établissements durables se forment, je ne crois pas qu'une grande attention puisse être apportée à la culture des produits variés qui seraient convenables à la nature du sol et au climat de ces îles. Signe

W.

M.

G. COLEBROOKE.


768

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. —PIÈCES JUSTIFICATIVES.—IIe PARTIE. N° 168. § VI. ANTIGOA.

I.

DÉPÈCHE

du gouverneur à lord Glenelg sur, l'état de la colonie. 26 mars 1839.

C est une chose satisfaisante pour moi que d'être en état de pouvoir informer votre seigneurie des bonnes dispositions générales des cultivateurs de celte île. L'emploi des enfants aux travaux des champs est la circonstance la plus avantageuse que j'aie a mentionner. La répugnance pour des travaux naguère exigés par la force prévalut quelque temps. Il était naturel que les cultivateurs cherchassent à pousser leurs enfants vers un genre d'occupation qui n'eût pas été ainsi dégradé. L'effet de l'émancipation totale a été de modifier ce sentiment, qui existe encore avec force dans les îles soumises au système d'apprentissage. Le délit de bris des cannes à sucre n'a pas augmenté. Les constables ruraux ont déployé la plus grande activité pour découvrir les coupables. Je crains que les petits délits commis au préjudice de la propriété ne soient en partie le résultat des retenues opérées sur les salaires à titre d'amendes pour infractions aux engagements. Je suis convaincu que les planteurs trouveraient de l'économie à mieux payer le travail réel. Le salaire de 60 centimes par jour n'est pas suffisant. De là vient qu'il y a un grand nombre de femmes employées aux travaux des champs. Il y a de la satisfaction à observer la conduite des habitants des villages libres qui ont acheté et travaillé des terres depuis le mois d'août 1834. Ils sont généralement occupés dans les domaines voisins, et se font également remarquer par leur industrie et par l'amélioration progressive de leurs habitudes. Les planteurs ne semblent pas avoir autant apprécié qu'ils devraient le faire les effets de l'éducation sur les classes laborieuses; et, bien que cette éducation soit due en grande partie aux efforts du clergé et des sociétés religieuses, la législature n'a pas contribué au soutien des établissements de ce genre, à l'influence desquels je suis cependant disposé à attribuer, à un haut degré, la condition prospère de la colonie.

Signé W.

2.

RÉPONSES

M. G. COLEBROOKE.

faites par M. Jones aux diverses questions concernant le travail libre. 15 avril 1839.

Il ne s'est pas encore écoulé assez de temps, depuis l'abolition définitive de l'esclavage , pour faire disparaître complètement l' irritation qui résulte de l'ancien état social, et pour établir entre les hautes et basses classes ce sentiment mutuel de confiance qui se rencontre dans les contrées où le paysan est né libre, et où il n a jamais été envisagé comme un meuble par le propriétaire du sol. Je dois dire cependant que le soupçon et la défiance du cultivateur diminuent, et que de bons et mutuels sentiments les remplacent, ce qui ne peut manquer d'amener des résultats avantageux et durables, si toutefois ces résultats ne sont encore retardés par des mesures injustes ou par l'action de personnes cupides et malintentionnées. On ne peut pas nier que le nègre travaille et travaille bien. Je ne pense cependant pas qu'il travaille avec cette satisfaction, cette exactitude et cette activité que quelques personnes pourraient lui supposer d'après l'étal de la culture, comparé à celui des

autres colonies. On ne sera point surpris de cette situation îles choses, dès que l' on aura réfléchi à la nature diverse des mobiles qui agissent sur l' esclave et sur le paysan né libre. Un peu de temps et des amis dévoués à l'éducation du nègre l'auront bientôt placé à un point de vue aussi favorable que son semblable le cultivateur européen. Je crois que le mauvais vouloir manifeste régulièrement sur les plantations, par les cultivateurs, doit être attribué au système, mis jusqu'à présent en pratique, d'allouer un demi-acre de'terre à chaque ouvrier demeurant sur un domaine. Suivant l'importance de leur famille, quelques-uns de ces individus ont cl eux ou trois de ces allocations. Le cultivateur aime mieux naturellement cultiver pour lui-même que pour un autre, et, dès qu'il devient petit fermier, il cesse de louer son travail quotidien au grand propriétaire. Ainsi s'élèvent des différends entre les parties, différends qui finissent quelquefois par le renvoi du cultivateur. Je pense que ce système (dont le planteur n'ignore plus maintenant les inconvénients) est préjudiciable à tout le monde ; plus lot il cessera, mieux cela vaudra. Le travail à la lâche est maintenant plus généralement adopte et plus encouragé que dans le commencement. Ce système est plus commode pour le planteur et plus avantageux au cultivateur. Ce dernier peut, s il lui plaît, s'acquitter de deux tâches en un jour (souvent il en fait trois, c est-à-dire l'ouvrage de trois jours en deux jours), sans pour cela sacrifier les heures réservées pour le repos; ceci prouve que ce que l' on considère comme le travail moyen cl une journée n est pas une tâche trop forte à remplir par un cultivateur a la journée. Le principal obstacle, qui s oppose à l'adoption générale de ce système de travail, vient de ce que la tâche est fréquemment exécutée par le cultivateur avec rapidité et négligence, clans une vue de bénéfice pécuniaire immédiat. Les premières classes d ouvriers employés dans les sucreries reçoivent 1 fr. 25 centimes par jour pour neuf heures de travail. Les chauffeurs, les charretiers, etc., dont le travail continue toute la journée, reçoivent 3 fr. 75 centimes; les autres classes reçoivent en proportion. Tous les ouvriers ont la libre consommation du vesou ou jus de cannes avant ou après cuisson; les ouvriers sont payés à la semaine, généralement le dimanche malin A chaque payement, une retenue est faite sur le salaire de l'ouvrier pour son fermage. Les propriétaires de domaines ne loueraient point de maison ou de terre a un ouvrier qui ne travaillerait pas sur le domaine même. Celte mesure a pour but d'assurer le travail. Les planteurs sont très-jaloux du travail de leurs propres ouvriers. Quoique les ouvriers demeurent a location sur les domaines, ils ne peuvent cependant être engagés qu'à la journée. Un ouvrier est libre de cesser son service quand il lui plaît, et un maître de le renvoyer en tout temps. Par suite de leur ignorance, les nègres ont une profonde antipathie pour les engagements écrits. Je m'attendais à ce qu'un grand nombre d'individus auraient été entraînés à émigrer aux colonies qui ont besoin de bras; il n'en a rien été. Je crois que cette paroisse (Saint-Michel) en a perdu plus que toute autre. L émigration a principalement eu lieu dans la classe agricole, classe dont les individus pouvaient le plus s'éloigner sans inconvénients , car ce sont pour la plupart de véritables vagabonds. Je considère leur absence comme un avantage pour la communauté; leur présence dans les lieux où ils se sont rendus n'en améliorera certes ni l'étal moral ni l'étal agricole.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL. ETC. 1839. — ANTIGOA. 769 La culture de cette île est particulière, et peut s'appeler une culture de jardin : il faut l'avoir vue pour s'en faire une idée. L'amélioration des terres épuisées, la culture annuelle et le mouvement continu de; récoltes ne peuvent être maintenus à l'avenir, comme ils l'ont été par le passé, que par l'action-d'une population agricole considérable. Je ne. pense pas que l'on puisse , sans désavantagé, se priver d'une grande partie des cultivateurs. Les propriétaires désirent, plus que les parents, l'emploi des enfants aux travaux des domaines. La plupart des parents préféreraient que leurs enfants eussent d'autres occupations que le travail des champs. Je ne pense pas que les propriétaires, quand même ils en auraient la faculté, retourneraient à l'ancien système. Les espérances de la récolte de sucre sont belles. Les opinions varient, relativement à celle des autres produits. La mienne est que la récolle du sucre ne reçoit pas toute l'attention qu'elle exige-, l'approvisionnement ne sera pas suffisant si la guerre a lieu avec les Etals-Unis d'Amérique. La saison a été régulière. Je suis grand partisan de l'établissement d'une caisse d'épargne. Je pense que beaucoup de petites sommes dépensées maintenant avec imprévoyance, parce qu'on manque d'un lieu sûr de placement, seraient déposées à une caisse de ce genre et procureraient de grands secours en cas de maladie, etc., etc. Les nègres ne s'inquiètent pas beaucoup de cette nécessité, n'ayant jamais été habitués à prévoir pour eux-mêmes. Nos cultivateurs forment une classe heureuse ; et, à moins qu'on ne les trompe et qu'on n'excite leur mécontentement, je crois que la Providence leur a mis entre les mains les moyens de devenir les plus heureux paysans de l'univers. Signé JOUES.

3.

MOTIFS

qui ont déterminé les noirs à élever moins de volaille. 16 avril 1839.

Je réponds à votre communication du 11 courant, qui soumettait à mon opinion deux questions proposées à la société d'agriculture et les réponses faites à ces questions. Pour ce qui concerne la première question, je conviens avec la so iété «que les negres élèvent moins de volaille et de porcs qu'auparavant,» et que cet état de choses doit être principalement attribué à la diminution de la provision de maïs, diminution occasionnée par l'augmentation du salaire en espèces. Sur la seconde question, je dirai que la diminution de la volaille et des porcs dans les marchés que les nègres alimentaient principalement peut être attribuée 1° à la grande élévation du prix du blé et des racines servant à engraisser ce bétail; 2° à la plus grande quantité d'argent qui passe entre les mains des nègres, ce qui a occasionné quelque relâche dans celte industrie particulière; 3° à ce que les cultivateurs ont eux-mêmes consommé plus de volaille que par le passé, leur salaire leur procurant les moyens d'acheter les divers articles de bien-être et de luxe pour la possession desquels ils portaient auparavant au marché leurs poules, leurs œufs, etc., etc. La diminution du bœuf et du mouton doit être en grande partie attribuée à la diminution des denrées ci-dessus mentionnées.

4.

sur les causes de la mésintelligence entre les maîtres et les travailleurs.

CONSIDERATIONS

20 avril 1839.

Les points principaux sur lesquels une mésintelligence moII.

mentanée semble s être élevée entre les maîtres et les ouvriers sont ceux-ci, savoir : 1°. Irrégularité et instabilité du travail de la part des ouvriers en général. 2° Absence totale d'engagements écrits pour le travail. 3 Résolution, jusqu' a présent manifestée par les cultivateurs, de refuser l' assistance de leurs enfants a l' éxecution des travaux agricoles, mêmes les moins fatigants. Ce rapport fera mention d' autres cas intéressants et importants ; mais les sujets que nous allons particulièrement examiner peuvent être considérés comme la source d'où sont nés les différents secondaires. Pour ce qui est du premier des points énoncés plus haut, le témoignage contradictoire contenu dans ce rapport corrobore entièrement ce fait, que le travail agricole, depuis l'émancipation, a été exécuté d une manière irrégulicre. Cette irrégularité doit être attribuée a diverses causes. La majorité des magistrats attribue l' éloignement pour le travail au taux élevé du salaire, variant de 1 fr. 35 c. à 1 fr. 60 c. par journée de neuf heures. Ce salaire, dit-on, est plus que suffisant pour le cultivateur, le gain de deux journées pouvant amplement fournir aux besoins de sept. D'autre.» attribuent le mal dont il s'agit aux allocations de terre faites au cultivateur sur les plantations où ils sont nominalement locataires; quelques-uns, au caprice et à l'indolence naturelle du cultivateur, et quelques autres au mode défectueux de payement adopté par les maîtres. Ces divers arguments contribuent certainement, chacun pour leur valeur, à expliquer la décroissance reconnue du travail agricole. Quoique un éloignement marqué pour des habitudes régulières et la difficulté qui en résulte , pour un propriétaire, de compter sur une moyenne journalière de travailleurs, se soient manifestées jusqu'à ce jour, nous sommes portés à attribuer la fluctuation de l'industrie régulière, non pas à une indolence conslatée, ou au désir du laboureur adulte de cesser la culture du sol, mais au manque d'appréciation de l'exacte valeur du temps, comme aussi à la nouveauté de la situation sociale. Des faits isolés prouvent complètement combien le nègre ignore la valeur du temps. On admet, par exemple, que le bénéfice de trois journées de travail suffit à l'achat des nécessités de la vie pour six jours. Nous pensons que ce fait est l'excitation la plus puissante, pour le cultivateur de cette île, à l'usage irrégulier de l' emploi de ses forces physiques , comme aussi au caprice qu'il montre dans l'exécution du travail qu'on lui donne. Si le nègre connaissait la valeur du temps, et s'il savait apprécier les avantages pécuniaires qui résulteraient pour lui d'un travail continu, les plaintes formées contre son irrégularité et son instabilité cesseraient naturellement, et, avec l'aide des caisses d'épargne, donnant a l' ouvrier le moyen de déposer l'excédant de ses bénéfices de la semaine, nous sommes persuadés que les cultivateurs de cette colonie offriraient un aspect de bonheur et de bien-être général , qui réaliserait les espérances les plus vives de leurs partisans. Il a été constaté que Je besoin, ce grand stimulant d'industrie, est heureusement inconnu ici, tandis que l'on remarque l'accroissement rapide du goût pour les objets de luxe. L'acquisition de ces superfluités fera naître le désir d'un bénéfice plus considérable, et agira nécessairement comme un puissant excitant à un meilleur emploi du temps dans l'exécution des travaux, seul moyen pour le cultivateur de parvenir à satisfaire ses nouveaux besoins artificiels. Lorsque les progrès de l'éducation auront été suffisamment développés (et les efforts incessants du clergé tendent à ce but), nous pourrons alors attribuer à des sentiments plus élevés les causes qui provoqueront le cultivateur à préférer l' industrie régulière aux habitudes vagabondes et instables. Pour le moment, cependant, et en attendant l'époque où le cultivateur aura été complètement converti par la religion et l'éducation, nous croyons pouvoir constater la prompte disparition de l'irrégularité du travail, par suite de la demande croissante des objets de luxe et de bien-être personnel.

49


770 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

Sur le second point, nous sommes disposés à penser que l'absence d'une loi régulatrice des rapports des maîtres et des serviteurs a principalement contribué à créer les éléments de la mésintelligence. Le système de travail éventuel qui prévaut, en conséquence, est tout à la fois désavantageux au propriétaire et à l'ouvrier, accompagné de retard et d'incertitude pour le premier, et de dommage pour le dernier, en l'excitant à l'irrégularité dans le travail et clans sa conduite personnelle. Il était naturel que le cultivateur, dégagé des liens de l'apprentissage en août 1838, envisageât avec défiance toute demande d'engagement de travail qui pouvait lui être faite. Cette répugnance provenait, bien à tort, de l'assimilation que le cultivateur faisait de sa position, après un engagement, avec celle à laquelle il venait d'échapper récemment. Des mois se passèrent, pendant lesquels des amis maladroits ne manquèrent pas au nègre pour lui donner de fausses opinions, en rappelant continuellement le passé. Malgré l' action de ces fausses doctrines, le nègre a acquis des informalions suffisantes pour l'éclairer. D'après notre propre expérience, durant l'application du dernier règlement local sur les rapports des maîtres et des serviteurs, nous pouvons affirmer que le règlement dont il s'agit était en cours d'exécution pour les deux classes de l'agriculture. Le cultivateur était à l'abri d'un renvoi immédiat ; des secours médicaux, une maison et un morceau de terre lui étaient légalement assurés tout le temps de son service dans une propriété; et, de plus, l'obligation imposée au propriétaire d'avertir le cultivateur un mois à l'avance en cas de renvoi, et vice versâ laissait au deux parties le temps d'une réflexion calme et sage, dont l'effet naturel et salutaire devait être d'adoucir l'irritation des esprits, d'amener une réconciliation et le retour de la confiance et de la bonne volonté. L'introduction d'une bonne loi sur celte matière serait chose essentielle à l'intérêt actuel et futur du cultivateur, comme à la prospérité du sol qu'il est appelé à cultiver. Les magistrats constatent généralement l'antipathie des parents pour élever leurs enfants aux travaux agricoles. Cependant on observe avec plaisir que leur motif résulte surtout du désir qu'ils ont de leur procurer les bienfaits de l'éducation, en les envoyant aux écoles, dont chaque paroisse de cette île abonde. Quoique nous comprenions parfaitement la perte qui résulte pour une plantation de l'absence de la classe des enfants, que la classe adulte ne remplace qu'avec désavantage dans les petits travaux de détail dont elle aurait été chargée, nous voyons néanmoins avec satisfaction, en cette circonstance, la conduite du cultivateur. L'enfant apprendra bientôt ainsi, dans les écoles préparatoires, qu'une honnête industrie n'est point incompatible avec la jouissance de la liberté. Une fois que cette vérité importante sera entrée dans l'esprit du jeune cultivateur, on n'aura plus besoin de le stimuler à s'acquitter avec joie et contentement des devoirs de la carrière sociale dans laquelle il sera placé. Nous concluons en exprimant l'espoir qu'une application modérée et impartiale des lois, parles magistrats chargés de la police et placés sous la surveillance vigilante de Votre Excellence, produira bientôt l' établissement durable, entre le propriétaire et le cultivateur, de cette harmonie momentanément interrompue par les causes que nous nous sommes efforcés de signaler. Tant que la cour d appel, dont l' existence, ainsi qu'il résulte des rapports des magistrats, est bien connue et bien appréciée par le cultivateur, exercera une surveillance constante et active sur tous les actes de la magistrature, et sera, en tout temps, prête à offrir sa protection à l' opprimé, ce tribunal, ayant gagné l'entière confiance des deux classes agricoles, deviendra l'instrument du rétablissement de la bonne intelligence entre les propriétaires et les cultivateurs du sol.

5.

OPIN ON

de quelques planteurs sur les dispositions ma-

nifestées par les noirs depuis la liberté. 23 avril 1839.

Après le départ du gouverneur, le secrétaire particulier entra en conversation avec les membres de la députation, et recueillit du nommé Jean E. Pear les détails intéressants qui suivent. Le secrétaire l'ayant prié de lui faire connaître les causes auxquelles il attribuait l' irrégularité apportée par les cultivateurs, depuis l'époque de leur liberté, dans l'exécution des travaux agricoles, il répondit : «que la liberté était une chose nouvelle; que les maîtres et les ouvriers avaient été trop prompts; que les derniers avaient quelquefois quitté, par égarement, les domaines sur lesquels ils avaient vécu jusqu'alors, et que les premiers, quelquefois aussi, ne voulaient pas se rappeler que leurso uvriers étaient libres. Cet étal de choses se réformait. Les ouvriers étaient, en'grande partie, revenus sur leurs anciens domaines, et les maîtres les traitaient avec considération, ce qui était le meilleur moyen de se les attacher. Il était vrai de dire que les ouvriers ne connaissaient pas la valeur du temps. Leur gain, lorsqu' ils travaillaient trois ou quatre jours dans la semaine, leur suffisait pour vivre une semaine entière; mais, ne travaillant ainsi que pendant une demi-semaine, ils se punissaient euxmêmes et ne pouvaient espérer de faire aucune économie pour l' éducation de leurs enfants ou l'acquisition d'objets de bien-être nécessaires à leurs femmes .à leurs familles. » E. Pear affirma, avec l'approbation de tous ses camarades présents , que cet état passager du travail, de la part de la classe agricole de sa paroisse, disparaîtrait bientôt pour faire place à une industrie régulière et à une location permanente sur les domaines auxquels les ouvriers étaient précédemment attachés par leur naissance ou par une longue résidence antérieure. Questionné sur la répugnance manifestée par les ouvriers à contracter des engagements de service, il répondit que «cet éloignement, témoigné, immédiatement après la liberté, pour des engagements écrits, provenait, dans beaucoup de cas, de l'antipathie de l'ouvrier pour un maître qui l'aurait durement traité lors de l' apprentissage. L'opinion générale des ouvriers était que, par la signature d'un papier, ils devaient recommencer les mêmes travaux et se trouver dans la même condition qu'étant apprentis. Celte opinion cessait cependant d'avoir cours, et il pensait qu un bon engagement de travail serait la meilleure chose pour le cultivateur et pour le propriétaire. » Interrogé sur la question des enfants, il fit observ er qu'il était vrai que les parents ne faisaient pas travailler en ce moment leurs enfants sur les domaines , mais qu'ils avaient le plus grand désir de leur procurer un de ces avantages qu'il leur était si difficile, a eux parents, de se procurer dans leur jeunesse; qu'ils se considéreraient comme dignes de blâme s'ils laissaient leurs enfants grandir sans être capables de lire la Bible. C'était ce sentiment, et non le désir d'éloigner leurs enfants du travail, qui les portait a les envoyer a l' école. A mesure que les enfants prendraient de l'âge, les parents leur recommanderaient de les aider aux travaux des plantations. Ce serait à la fois l'avantage des enfants et des parents. Pearajouta que lui-même avait des enfants qui se trouvaient dans ces conditions, et qu'il ne croirait pas leur rendre service s'il les élevait dans l'idée que la liberté les exemptait du travail. Les sentiments exprimés par ce cultivateur furent partagés par tous ses camarades. Leurs remarques particulières et générales sur l'opinion actuelle des cultivateurs de la paroisse de StGeorge, opinion qu'ils affirment s'étendre à tout le district, firent conclure que tous les malentendus provenant des nouveaux rapports dans lesquels les maîtres et les ouvriers se trouvaient placés depuis le 1er août 1838, faisaient rapidement place à une appréciation plus juste de leurs intérêts réciproques. Signé J.

GARRAWAY.


ETUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1839. — GUYANE.

771

N° 169. § VII. TORTOLA. Dépêche de sir W. M. G. Colebrooke à lord Glenelg sur l'état du travail. 16 mars 1839.

En adressant à Votre Excellence une nouvelle série de rapports des magistrats salariés de la Dominique, Saint-Christophe, Montserrat, Nevis et les îles de la Vierge, je suis en mesure d'affirmer que les cultivateurs nègres de toutes ces îles continuent à montrer, pour les lois, la même disposition pacifique et le même respect qui avaient déjà signalé leur conduite depuis l'accomplissement de leur apprentissage. Aucun cas de poursuite n'a eu lieu a Tortola, depuis les dernières sessions ; dans les autres îles, ils ont été en petit nombre et de peu d'importance. Les rapports que je vous envoie ne présentent pas, dans toutes les circonstances, sous un aspect aussi avantageux les relations qui existent entre les cultivateurs et les propriétaires de plantations. Cet état de choses peut, en partie, être attribué au retard apporté à la rédaction des actes réglementaires des engagements, et à l'absence de secours suffisants poul-

ies pauvres. D'autres causes ont aussi été signalées par les magistrats. La répugnance des cultivateurs à contracter des engagements écrits et dépassant le délai d'un mois, répugnance remarquée à Antigoa, règne dans toutes les îles, et n'a pas été affaiblie par l'exemple de ceux qui en ont contracté. Si les nègres possédaient leurs habitations à une condition plus ■ sûre que celle de locataires à volonté, s'ils étaient établis dans des villages indépendants des planteurs, je crois qu'il ne serait pas avantageux aux deux parties de contracter de longs engagements. La demande du travail varie suivant les saisons et les localités. La distribution serait mieux faite par des engagements hebdomadaires ou mensuels, excepté dans le cas d'engagements poulie partage de la récolte. Des engagements de ce genre, qui se font à la Dominique, dans les plantations à café, conduiront éventuellement à la formation d'un capital de fermage et au payement de rentes : changement qui pourra seul détourner des propriétaires les conséquences de l'organisation actuelle de la distribution du travail, si imparfaite et si imprévoyante. Signé

W. M. G. COLEBROOKE.

N° 170. § VIII. GUYANE ANGLAISE. 1.

EXTRAIT

d'une dépêche du gouverneur A lord Glenelg, sur l'état du travail. 3o janvier 1839.

On s'était efforcé de persuader aux cultivateurs d'adopter un tarif de g heures de travail par jour, pour un salaire représentant, sur d'autres plantations, g heures et 1/2. Le nègre est généralement défiant. Il connaît ses droits, et il a la conscience de son importance dans l'exécution des travaux agricoles. J'ai toute raison d'affirmer qu'après cette proposition, si les cultivateurs ne quittèrent point les plantations, en masse ou partiellement, ils en eurent au moins l'intention, et témoignèrent de leurs sentiments à cet égard par leur indifférence envers leurs patrons. Le résultat naturel de cette situation a été la diminution des récoltes. Je ne nierai cependant pas que beaucoup de plantations ont souffert de l'absence de travailleurs qui, dans les cas de nécessité, étaient sujets à être envoyés aux champs pour la récolte, tel; que les marchands, les domestiques, les ouvriers attachés à la construction. Tous ces gens-là, maintenant libres, ont abandonné les travaux des champs. Jusqu'à leur remplacement par des immigrants, il est probable qu'il y aura diminution dans les produits. D'un autre côté, lorsque l'habileté, le jugement et la conciliation ont été employés à exciter les laboureurs, on a obtenu un travail constant. Je pourrais citer plusieurs plantations qui ont produit plus de sucre, cette année, que dans les années les plus favorables de l'apprentissage. Signe Henry LIGHT.

2.

EXTRAIT

d'une autre dépêche du gouverneur au marquis de Normanby, sur le même sujet. 3 juin 1839.

Le sarclage, dans les terrains légers, est payé 1 fr. 65 cent, par 100 perches. Dans les terres fortes on pave le môme prix par II.

"5 perches. Les domaines situés sur la rive droite de la rivière Demerara se composent principalement de terres fortes. M. Scoble reconnaît qu'en accordant une heure pour l'allée et le retour, un cultivateur, bien constitué, peut accomplir sa tâche en cinq heures. Ainsi, en partant à six heures du matin, il est prêt, à onze, à gagner un seconde fois 1 fr. 65 cent, (les cultivateurs industrieux le font facilement), et il est de retour chez lui à quatre ou cinq heures du soir. Le planteur serait très-satisfait de l' assurance d'un travail continu à ces conditions. J ai parlé des tentations que le voisinage des villes excite au détriment du travail des champs. On ne doit pas supposer qu'en face de ce danger les propriétaires des plantations se dépouilleront volontiers des moyens d'exciter la cupidité naturelle des noirs, en louant près de leurs propres travaux des cabanes aux ouvriers, qui, devenant des tenanciers réguliers, pourraient rendre ces travaux fructueux. M. Scoble considère le refus de ces conditions, autant que j'ai pu le penser, comme le plus grand dommage qui puisse affliger l'homme libre. Il existe dans d'autres parties de la province, pour les individus paresseux, des motifs différents de négliger les travaux des plantations, et d'adopter un mode irrégulier d'existence, en grande partie réprimé par le maintien des droits de tenancier. Les anciennes habitudes du planteur devront disparaître plus tôt dans cette colonie que dans beaucoup d'autres ; les propriétaires et les surveillants perdront l'usage d'un langage brutal, de commandements impérieux, de demandes injustes ; autrement les travaux des domaines se relâcheraient. Des besoins nouveaux, surgissant chaque jour dans la classe des cultivateurs, amèneront la continuité du travail; la régularité de l'industrie étant assurée, il n existera plus d'opposition contre l'affermage; mais ce but sera difficilement atteint, tant que les ouvriers industrieux seront exposés au caprice du propriétaire; et les paresseux considéreront bientôt cet affermage comme un inconvénient aussi grand que l'occupation conditionnelle. L'attachement des nègres pour le lieu de leur naissance est si grand, que j'ai toutes raisons de croire que l'on n'en trouverait que très-peu qui, après quelque temps d'absence, ne soient pas retournes aux domaines où ils avaient vécu comme esclaves. 49.


772 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES.—II PARTIE. e

Les exceptions à cette règle existent dans la classe des individus transférés, comme esclaves, d'un domaine à un autre; mais, la liberté une fois accordée, ils sont presque tous invariablement retournés aux domaines primitifs. Signé Henry LIGHT.

3.

EXTRAIT

d'une autre dépêche du gouverneur au marquis

de Normanhy, sur l'état de la culture. 15 octobre 1839.

J'ai l'honneur de transmettre à Votre Excellence le relevé des produits coloniaux exportés de cette province pendant l'année courante. La quantité de sucre est de beaucoup inférieure à celle des trimestres correspondants de 1831, 1832 et 1833 ; il y a 2,765 barriques de moins que dans l'un de ces trimestres, mais le prix a augmenté en proportion de la diminution de la récolte. Il faut noter toutefois que, par suite du mauvais temps, les cannes ont rendu un tiers de moins qu'à l'ordinaire. A en juger par la température du mois dernier, la production du trimestre courant atteindra probablement un chiffre beaucoup plus élevé. Quoi qu'il en soit, et en se reportant au prix des dix ou quinze dernières années, quand bien même les exportations de sucre ne s'élèveraient pas, en 1839, à plus de 35,000 barriques, le résultat en argent serait toujours plus considérable qu'antérieurement. Signé Henry

4.

EXTRAIT

d'une autre dépêche du gouverneur

CI

lord

John Russell, sur le même sujet. 18

novembre 1839.

Les propriétaires ou géreurs des plantations de Berbice ont fait des réclamations sur ce qu'on appelle secondes profondeurs. J ai l'honneur de vous transmettre leur mémoire. Ils ont droit à la préférence ; mais j'en ai fixé le prix à 20 francs. Cela produira la somme de 562,5oo francs ; c'est beaucoup plus qu'il ne faut pour liquider la totalité du papier-monnaie de Berbice. Ces achats prouvent évidemment que les acheteurs n'ont aucune crainte sur la prospérité de la colonie. Il n'est pas hors de propos de parler ici de l'esprit entreprenant de la classe récemment émancipée. Six nègres affranchis ont acheté, au prix de 3o,ooo guilders, c'est-à-dire plus de 5o,ooo francs, une propriété sucrière appelée Northbrooksituée sur la côte orientale de Demerara. Les deux tiers ont été payés on piastres , et le reste en un billet à 2 1 jours de date. Ils vont la planter en cannes. Ce fait prouve assez que les nègres ont pleine confiance dans le concours laborieux de leurs frères, et proteste contre les dispositions à la paresse dont on les accuse. Il prouve aussi qu'ils aiment mieux habiter les parties de l'île où la culture est déjà établie que de se retirer sur les points éloignés, où pour la même somme ils auraient eu trois fois autant de terrain du domaine de la Couronne. Signé

LIGUT.

LIGHT.

ANNÉE 18 40. N° 171.

§ Ier. LA JAMAÏQUE. 1.

DÉPÊCHES

A.

du ministre des colonies et des gouverneurs.

DÉPÊCHE de sir C. T. Metcalfe à lord John Russell.

exempts d irrégularités résultant d'inimitiés ou de prédilectionpersonnelles. Signé C. T. METCALFE.

King's-House, 14 avril 1840. B. DÉPÊCHE

Votre seigneurie m'invite à lui faire connaître si quelque ordre a été donné pour la suppression des rapports périodiques des magistrats salariés, concernant l'état de l'agriculture dans la colonie, et quel motif a pu le dicter. J'ai en effet donné un ordre semblable, dont j'ai puisé les motifs dans les considérations suivantes : 1° Ces rapports me paraissaient inutiles ; 2°, par leur nature, ils étaient vexatoires ; 3° ils nuisaient quelquefois au caractère des personnes ; 4° ils étaient une preuve de défiance, et tout à fait en contradiction avec un système de confiance et de conciliation; 5° je les envisageais comme rentrant tout à fait dans les conditions de l'apprentissage , alors que les magistrats remplissaient des fonctions officielles sur les propriétés, et avaient des moyens faciles de s'éclairer dans leurs recherches : à présent ces conditions ont cessé. 6° Enfin, j ai songé, en soulageant les magistrats salariés d'une de leurs plus désagréables fonctions, à préparer une fusion entre cette classe de magistrats et celle des magistrats locaux, dans le but d amener plus tard une cordiale union entre les uns et les autres, pour le bien de la société. Telles ont été mes raisons pour faire cesser des rapports qui ne pouvaient plus renfermer d'informations exactes, à cause de la difficulté de les obtenir, et qui ne pouvaient non plus être

de lord John Russel à sir C. T. Metcalfe. Downing-Street, 3o mai 1840.

J'ai reçu votre dépêche du 14 avril dernier, contenant vos motifs à l'appui de la suppression des rapports mensuels des magistrats salariés sur l'état de l'agriculture. JE crois qu'on aurait pu se dispenser d'exiger que ces rapports fusssent aussi fréquents ; cependant, le gouvernement de Sa Majesté considérant comme très-utiles les informations qu'ils reuferment, je désire que ces rapports soient continués, mais qu'ils ne soient fournis à l'avenir que tous les six mois. Comme vous, je suis entièrement d'avis qu'il faut éviter avec soin tout ce qui serait vexatoire ou inutilement désagréable aux personnes. Signé J. RUSSELL.

c.

EXTRAIT

d'une autre dépêche de lord John Russell à sir C. T. Metcalfe. Downing-Street, 3o mai 1840.

J'ai reçu votre dépêche du 3o mars, et je considère comme très-satisfaisant le compte que vous me rendez.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1840. — JAMAÏQUE. 773 Il pourrait être fort utile de faire bien comprendre aux nègres que les cultivateurs anglais ne reçoivent pas des salaires aussi élevés que ceux de la Jamaïque, et que pourtant ils payent 100 et 1 a 5 francs de loyer par an pour leurs maisons, sans qu'il y soit attaché de terres. Je pense comme vous que le payement du loyer parles nègres devrait être tout à fait en dehors du salaire qu'ils reçoivent; mais je crois aussi qu'il est difficile de changer tout d'un coup les anciennes habitudes, et que, s'il convient au cultivateur de travailler pour son propriétaire, il est de l'intérêt de celui-ci de ne pas exiger de loyer. Il ne me paraît pas juste que l'on exige le loyer par chaque personne d'une même famille : il vaut mieux donner une maison d'habitation franche de loyer, et faire payer la location du terrain en raison de son étendue. La meilleure manière de diriger l'émigration pour la Jamaïque serait que chaque propriétaire indiquât quels travailleurs il peut employer, et moyennant quels salaires. Il faut expliquer en même temps s'il leur sera donné des cases, et à quel loyer. Ces renseignements, une fois connus, pourraient déterminer les cultivateurs à émigrer soit d'Irlande, soit de Malte, soit d'Allemagne, pour chercher de l'emploi dans la colonie. Les dépenses de voyage pourraient être défrayées au moyen d'une somme votée à cet effet par l'assemblée. Mais, si les émigrants se trouvent sans ressources à leur arrivée, il est indubitable qu'ils rencontreront bientôt la misère, la maladie et la mort. Je désire que vous vous procuriez les renseignements que j'indique, auprès des magistrats et des propriétaires. Je suis charmé de voir que vous ne désespérez pas de l'état de la société à la Jamaïque ; votre opinion sera toujours d'un grand poids auprès de moi. Je ne compte cependant pas absolument sur l'action des principes généraux de justice chez ceux qui, dès leur jeunesse, ont été exposés à l'influence corruptrice de l'esclavage , en leur qualité de maîtres ou de propriétaires ; mais il est à désirer que cette expérience soit tentée par un gouverneur disposé à interpréter favorablement la conduite de toutes les classes, et qui est sur de dominer tous les mécontentements accidentels, par l'impartialité et la bienveillance qui le distinguent. Signé

2.

A.

J. RUSSELL.

des magistrats spéciaux, depuis le mois de mai 1840 jusqu'en janvier 1841.

RAPPORTS

EXTRAIT

du rapport du magistrat Motion sur l'état du travail 20 mai 1840.

Malgré la dureté de sentiments manifestée par les planteurs en mettant à exécution l'article de la loi qui permet l'expulsion de la population nouvellement émancipée, il est vraiment satisfaisant d'observer l'activité constante des cultivateurs sous l'empire de circonstances si nouvelles et de procédés si irritants. La fabrication du sucre s'opère d'une manière satisfaisante. Chaque domaine de la paroisse, sans exception , est au travail. Le salaire de 1 fr. 80 cent, est uniforme pour toute la paroisse. Je n'hésite pas à établir que, partout où le travail ne s'exécute pas gaiement et volontairement, la faute doit en être attribuée au traitement vexatoire employé par les planteurs. Signé

MAHON.

B.

EXTRAIT

d'un autre rapport du magistrat Mahon sur le même sujet. 10 juillet 1840.

J'éprouve la plus grande satisfaction à déclarer que, tout le mois dernier, les cultivateurs de chaque domaine ont été constamment occupés, et qu'ils font tous leurs efforts pour achever la récolte en temps utile. A ma connaissance, plusieurs domaines pourraient obtenir plus de bras qu'ils n'en demandent. Les cultivateurs préfèrent le travail à la lâche : ce genre de travail est presque exclusivement adopté sur chaque plantation, et avec avantage pour les deux parties. Dans quelques domaines, les cultivateurs ont contracté avec leurs médecins un engagement de 6 sch. 8 d. par an et par tète, quoique ces secours leur fussent délivrés gratis par les habitations. Les plaintes sont maintenant peu nombreuses; celles qui nous sont déférées sont généralement causées par des rixes. Lors de ma visite à la prison et à la maison de correction, je trouvai ces deux établissements sans un seul prisonnier. J'en lire la conclusion qu'un sentiment réciproque de bonne harmonie, entre le maître et l'ouvrier, prend chaque jour de la force et de l'extension. Signé MAHON.

c.

EXTRAIT

du rapport du magistrat Kelly sur l'état de la culture et des travailleurs. 6 août 1840.

Les récoltes sont généralement terminées. Si les rapports sont exacts, il y aura diminution dans les produits; cette diminution doit être, en grande partie, attribuée à une température contraire à la croissance des produits, la sécheresse prolongée de février, mars, avril et mai, empêchant non-seulement la croissance, mais altérant la qualité et la quantité. Les bourgeons sont généralement de bonne apparence. Quelques géreurs m'ont dit que l' année prochaine ils espéraient de bonnes récoltes. C est avec grande satisfaction que je parle delà tranquillité et de la bonne conduite de la population dans cette paroisse. Le 1er août et les jours suivants se sont passés sans le moindre trouble. La population s'est rendue aux églises en grande aflluence; rien ne peut égaler leur conduite respectueuse. Il est impossible a toute autre classe de paysans d'être mieux habillée et d'avoir un extérieur plus convenable. Les vaisseaux arrivés d'Angleterre en ce port, dans le but de charger des produits, sont partis avant le 1er août avec des chargements complets. Signé KELLY.

D.

EXTRAIT

du rapport du magistrat de Saint-George sur le même sujet. 7 août 1840.

De fréquentes communications et des questions faites auprès des gereurs des plantations et des principaux nègres, ainsi que mes observations personnelles, relativement aux propriétés à café de cette paroisse, et plus particulièrement à celles du district dé la rivière Buff-Bay, sur lesquelles on a si imprudemment débité tant de choses depuis les premiers mois de la liberté, m ont démontré que le succès du nouveau système est incontestable, et sa supériorité sur l'ancien évidente au plus haut degré. Des détachements de travailleurs plus nombreux et plus capables sont aux champs; une plus grande somme de travail

II.

49..


774 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. est exécutée, et les terres sont dans un état de culture bien plus avantageux qu'à la même époque de l'année dernière. Selon mon opinion, la conduite de la population des domaines à café pendant les douze derniers mois a complètement démontré son apti tude au travail. L'esprit progressif d'industrie , qui perce chaque jour davantage, et qui paraît enraciné dans le peuple, m encourage à concevoir les espérances les plus flatteuses poulie prospérité agricole, pour l'accroissement de la civilisation et la satisfaction générale. L anniversaire de l'ère de la liberté s'est fait remarquer par la réunion d'une grande quantité de peuple aux diverses églises et chapelles. On s'apercevait d'une grande amélioration dans le costume. Je n'ai pas vu un seul individu ivre ou bruyant. Je regrette de dire qu'à l'exception de moi et du révérend W. Lindsay, qui officiait, aucun blanc ne s'était rendu à l'église de la paroisse. On n'y voyait, quelle que fût la couleur et le sexe, aucun des anciens maîtres des apprentis et des esclaves.

E.

RAPPORT

de M■ J. W. Grant, juge salarié, à sir Lionel Smith. Manchester, août 1840.

Une année s'est écoulée depuis la proclamation de la liberté. La conduite de la population a été tout à sa louange; elle a plus que réalisé l'espoir que l'on avait conçu à cet égard. Ses progrès en connaissances morales et générales sont attestés par les pasteurs , par les registres des baptêmes et mariages, par la solitude de la prison, et par les rapports sur les vagabonds, sur les infractions d'engagements et sur les expulsions. Son industrie est prouvée par l'état de culture des plantations, comparé à ce qu'il était; à pareille époque de l'année dernière. Le bonheur et le sentiment des bienfaits inestimables de la liberté se peignent sur les visages joyeux des nouveaux affranchis, et se reconnaissent à la politesse de leurs manières. On pourrait croire qu'il faudrait des années , sinon des générations , pour établir la civilisation et des habitudes d'ordre , au milieu de gens sortis tout à coup de l'état dans lequel ils avaient été élevés. A en juger par ce qui s'est passé depuis une seule année, cela se fera dans un délai bien court. C'est à quoi ont tendu jusqu'ici les efforts du clergé. Quelques propriétaires et géreurs ont prêté le secours de leur exemple et de leur pratique , et heureusement les habitudes régulières et tranquilles des nègres et leur facilité à recevoir les impressions qu'on veut leur donner les ont disposés à retenir les préceptes de morale qu'on leur enseigne. Jamais les avantages d'une résolution calme et froide n ont été manifestés d'une manière plus éclatante que par la conduite des noirs durant cette année. Les calomnies les plus amères, les rapports les plus irritants, ne leur ont pas fait négliger un seul instant de se tenir sur leurs gardes. Leur but était d'acquérir un beau renom : confiants dans la protection de la loi, ils ont eu recours à elle à l'occasion. Au milieu des épreuves les plus susceptibles d'exciter la colère, ils se sont prudemment abstenus de venger de leur propre main les injures qui leur étaient adressées. Pour faire connaître la situation de la paroisse au moment de la liberté, je me réfère à mon rapport du 10 septembre 1838. Beaucoup de personnes entretenaient l'idée que, sans l'esclavage ou quelque chose de semblable, on ne pouvait cultiver avec succès. Il en est encore qui espèrent que des mesures seront prises pour contraindre les noirs au travail; mais la nation, qui leur a si généreusement accordé le bienfait de la liberté, ne les privera jamais d'aucune partie de leurs nouveaux droits. Qu'ils continuent a s en montrer dignes ou qu'ils tombent dans l'avilissement ; qu ils soient paresseux ou actifs, tranquilles ou turbulents, ils resteront libres à jamais. Si tous les planteurs avaient eu cette

conviction, bien des projets préparés pour s'assurer des travailleurs, et qui n'ont abouti qu'à agiter l'esprit de la population n'auraient jamais vu le jour; l'énergie qui aurait dû être employée dès l'origine à organiser un système de travail libre n'aurait pas été perdue pour la communauté, n'aurait pas été appliquée à sa désorganisation. Si les conditions de quelques-uns des projets avaient été acceptées par les laboureurs, ils n'auraient rien eu à recevoir à la fin de l'année; et, en cas de maladie, eux et leurs familles se seraient trouvés grandement endettés. De même que, du temps de l'esclavage et de l'apprentissage, plus grandes étaient les qualités d'un noir, plus était forte la rançon qu'on voulait lui imposer , de même, à l'époque de la liberté, on voulait imposer à un artisan un loyer plus élevé, pour une possession égale à celle qui naguère était allouée gratuitement à un simple cultivateur. Les planteurs paraissaient croire encore que leur capital était représenté par les personnes des travailleurs, au lieu déconsidérer qu'il repose à présent, avec bien plus de sécurité pour eux, sur le sol et sur le travail. Je ne détaillerai pas toutes les propositions qui ont été faites, parce que les noirs ont sagement refusé de les accepter. Ils connaissaient le danger de se mettre dans le cas de se faire appliquer la loi de l'île (acte 5, Guillaume IV, chap. n). On leur offrit des terres et des maisons pour rien , à la condition qu'ils fourniraient un certain nombre de journées de travail par semaine à un prix fixe. Us refusèrent, comprenant bien que, puisqu'on leur fixait un prix, les maisons et les terrains ne leur étaient pas donnés pour rien. Ils reconnurent aussi qu'on supprimait pour eux le droit de débattre la valeur de leurs services , et qu'on voulait faire revivre les principes constitutifs de l'esclavage. Ces refus, au lieu de porter les géreurs à s'instruire des coutumes des autres pays et à adopter une ligne de conduite plus libérale, les indisposèrent contre les noirs. Les journaux de la colonie se remplirent de déclamations sur leur paresse et leur mauvaise conduite, de pronostics fâcheux pour l'avenir des produits d'exportation, et d'injures grossières contre les magistrats salariés, contre le cierge et contre les propriétaires, géreurs ou administrateurs qui avaient adopté une marche en harmonie avec la liberté, et qui, satisfaits de voir l' esclavage aboli, témoignaient de la confiance dans l'avenir du pays. La population ne cessa pas de se montrer calme. Il ne faut pas croire cependant que les noirs fussent indifférents a ces attaques ; ils en comprenaient parfaitement la portée ; mais leur bon sens et leur courage moral contribuèrent à les contenir. Us se renseignèrent sur les droits et les devoirs de leur nouvelle position, et en demeurèrent parfaitement pénétrés. Il ne faut pas croire que la culture ait cessé pendant ces discussions. Un petit nombre de planteurs avaient bien conçu que l' établissement d une liberté franche et sans restriction était nécessaire au succès de la culture et au bien-être de la population. Un système do travail conforme à cette opinion a peu à peu gagné du terrain. Le tenancier qui paye régulièrement, tous les trois mois, un loyer en rapport avec la valeur re'elle de la concession qui lui a été faite, peut disposer librement de son travail au mieux de ses intérêts. Un pareil système, tout décrié qu'il fût d'abord, devait finir par s'étendre. Il a eu pour effet de déterminer ceux qui le rejetaient dans le principe à le mettre en pratique sur un point, en employant les cultivateurs des autres plantations. En même temps que des plaintes violentes s'exhalaient contre les propriétaires qui osaient se servir des noirs étrangers, l'intérêt et la nécessité contraignirent ceux qui proféraient ces plaintes à adopter exactement le même principe. En novembre, décembre et janvier, cette classe de la société, qui aurait dû faire preuve d'une intelligence supérieure, se trouvait dans un état de désorganisation. Je m'étonne encore que l'esprit de parti n'ait pas produit un mouvement insurrectionnel dans la population Rien n'était sacré, pas même les intérêts privés les plus intimes. On fournissait aux journaux des rapports


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.—1840.—JAMAÏQUE. 775 faux, ou dénaturés à dessein. On attribuait aux planteurs, consciencieusement occupés de l'établissement du nouveau système, des motifs calculés pour exciter les plus mauvaises passions ; on les signalait comme les ennemis .du pays, et tramant un complot pour la ruine de la colonie ou pour nuire à leurs voisins. Chaque jour on publiait les prix offerts aux travailleurs, et les propriétaires qui avaient fait les offres les plus fortes étaient en butte à des attaques incessantes. Les raisonnements adoptés à cette époque paraîtront bientôt, je l' espere, aussi ridicules que le sentiment qui portait alors certaines personnes a faire publiquement l'éloge de la presse, et à voter des souscriptions pour la soutenir dans cette voie. V ers la fin de janvier, on commença à s'apercevoir que les choses n'allaient pas aussi mal qu'on l'avait publié. Mais, à celte époque, prenant avantage de ce que les administrateurs avaient été dans la nécessité d occuper les travailleurs à faire leurs récoltes , et de ce que la culture proprement dite était plus ou moins négligée, un comité se forma clandestinement dans une maison particulière, et adressa aux commissaires de la correspondance (commissioners of correspondence) un rapport où il déclarait qu'à moins d'une réforme dans l'administration des lois, la prospérité de la paroisse était compromise pour jamais. Je ne m'arrêterai sur ce document que pour parier d'un de ses paragraphes. Les parents qui profitaient des moyens d'instruction mis à leur disposition pour leurs enfants ne méritaient-ils pas des louanges pour avoir agi ainsi, au lieu du reproche qu'on leur fait d'avoir éloigné ces mêmes enfants des champs à café ? Les hommes qui se sont donné mission de faire ce rapport n'auraient-ils pas dû savoir que, dans l'éducation de la partie la plus jeune de la population , repose leur plus grande sécurité d'avenir ; des vues plus élevées et plus saintes n'auraient-elles pas dû diriger leurs esprits ? Malgré l' opposition persévérante de plusieurs géreurs pendant le mois de février, le système de travail libre progressait d'une manière irrésistible. On travailla beaucoup , et une apparence d amélioration se fit remarquer partout. Depuis ce moment jusqu à présent, l' irritation s'est peu à peu calmée, elles choses vont aussi bien qu'on pouvait le désirer. l'eu de jours après le 1er août j'ai fait une tournée dans la paroisse. Tout imparfaites que soient les informations que j'ai recueillies, n'ayant pas le droit de pénétrer sur les plantations, j'ai pu cependant me former une opinion d'après ce que j'ai observé sur les routes. D'après les renseignements qui m'ont été obligeamment donnés par un grand nombre de géreurs, et d'après l'inspection minutieuse que j'ai faite de quelques plantations ou j'ai été admis, je puis affirmer que l'état de la paroisse est bien supérieur à ce qu'il était l'année dernière, et qu'il a été fait beaucoup plus, pendant cette première année de liberté, qu'il n'aurait été fait si l'apprentissage n'eût pas cessé. Les cultivateurs ont généralement continué leurs travaux jusqu au 31 juillet, et, malgré les prédictions sinistres annonçant les dispositions à la paresse qu' ils devaient manifester après le 1er août, et les rapports perfides répandus sur leur intention de se révolter et de n'épargner ni la vie ni les biens, ils ont repris leurs occupations, dès le lundi qui a suivi le premier anniversaire de leur affranchissement définitif. La cueillette du café se fait en ce moment et, a ce qu'il m'a été dit, les salaires demandés sont convenables. J'ai entendu faire de grandes plaintes sur les frais énormes de culture. La où ces frais ont été réellement payés, ils sont la preuve que la culture n'est pas négligée. Tout en faisant consciencieusement mon devoir, et disposé que je suis à soutenir les droits et les libertés de la population laborieuse, je comprends les difficultés que le changement opéré a pu susciter aux planteurs. Pendant la première année , ils ont eu à couvrir les dépenses arriérées de l'apprentissage et à payer comptant, chaque semaine , les journées de leurs travailleurs. Au lieu de remettre leurs payements, comme autrefois, jusqu'après l'embarquement II.

de leurs produits, il leur a fallu payer régulièrement en argent, et attendre, comme dans les autres pays, que la vente les fit rentrer dans leurs déboursés. Un grand obstacle pour ceux mêmes qui ont des capitaux, c est de se procurer de la monnaie pour les besoins de chaque semaine. Certains planteurs peu riches ont éprouvé les plus grands embarras pour obtenir les moyens de se soutenir. La position de ces derniers est pénible, leur part dans le fonds d indemnité a été dévorée par leurs créanciers , cl l'on ne peut plus cultiver sans argent. Jusqu'à présent peu de personnes avaient l'habitude des payements en espèces. Les transactions d'argent se faisaient par l'intermédiaire d'agents et de négociants habitant la ville; les planteurs se contentaient de jeter un coup d'oeil sur la balance du compte courant, et n'avaient pas à effectuer directement le pavement, à des époques multipliées et rapprochées. A présent ils sont plus alarmés du poids des pièces qui leur passent par les mains, qu'ils ne l'étaient autrefois de la balance annuelle du compte courant. Les recherches que j'ai faites relativement aux dépenses des plantations, m'ont amené à conclure que le travail libre est beaucoup meilleur marche qu'un observateur superficiel ne pourrait le croire, meilleur marché même que ne l'était le travail des esclaves et des apprentis. C'est un fait depuis longtemps connu des économistes. Voici ce que dit Adam Smith sur le dépérissement de l'agriculture, après la chute de l'empire romain ; « Si l'on doit rarement espérer de perfectionnements de la part des grands propriétaires, c est surtout lorsqu'ils emploient des esclaves à leurs travaux. L'expérience de tous les siècles et de toutes les nations démontre, il me semble, que le travail fait par des esclaves, et qui ne paraît coûter que leur entretien, revient à la fin plus cher qu'aucun autre. Un individu à qui il n'est pas permis d'acquérir n'a d autre intérêt que de manger le plus possible et de travailler le moins qu'il peut. C'est seulement par la violence, et non par aucun motif d intérêt qui lui soit personnel, qu'on peut en obtenir plus que la compensation de son entretien. Pline et Columelle ont remarqué combien, dans l'ancienne Italie, la culture du blé a dégénéré, combien elle est devenue peu profitable aux propriétaires , lorsqu'elle est passée cuire les mains des esclaves. • Il est donc établi, d'après l'expérience de tous les âges et de toutes les nations, que le travail d'un homme libre revient, en définitive, à meilleur prix que celui d'un esclave. On en a fait l' expérience même à Boston, à New-York et à Philadelphie, où les salaires des travailleurs les plus ordinaires sont si élevés. Ce fait ayant déjà reçu un développement chez nous, ne pouvons-nous pas espérer le secours de ressources encore cachées, pour arriver a la prospérité que l'on a obtenue partout où l'esclavage a été aboli ? Je le demande à présent à ceux dont les craintes ont été excitées par les menées des opposants à la liberté ; je le demande à ceux qui ont redouté l'établissement de l'apprentissage; je le demande encore à ceux que la liberté définitive paraissait avoir tout à fait découragés : la première année de la liberté a-t-elle justifié toutes leurs prévisions ? Pour moi, je déclare avoir toujours eu confiance dans la population noire; mais , en même temps, je déclare que mes espérances ont été dépassées par la modération de sa conduite, par la retenue qu'elle a montrée alors qu'on ne devait guère y compter, par sa soumission aux lois de la civilisation, et par le développement constant de son industrie. Signé J. W. GRANT.

r.

RAPPORT

de M. Th. Mac-Cornock, custos. Golden-Grove, 15 août 1840.

1-2. Sur le plus grand nombre des plantations de ce district, il y a eu amélioration quant au travail. Cependant les progrès de la culture ne sont pas encore ce qu'ils auraient pu être, at49...


776 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIECES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. tendu le manque de bras, car les noirs ne travaillent qu'autant qu il est nécessaire pour satisfaire à leurs besoins présents. Dans la saison même où il y a nécessité absolue pour les plantations , on ne peut obtenir d assiduité de leur part; l'indépendance que leur procurent les terres à provisions les dispense de l'obligation de s occuper. Plus leurs terrains sont riches, plus grande est la difficulté de les engager à travailler. C'est une preuve de l'inconvénient qu il y a à donner des terres gratuitement, au lieu de payer le salaire en espèces. 3. Souvent les cultivateurs se refusent au travail à la tâche, qui est pourtant le plus avantageux pour les divers intérêts. Ils exigent un prix fort élevé pour le travail à la journée; les propriétaire;. , n'ayant pas l'alternative, sont forcés de céder. Ils ne travaillent pas plus de sept à huit heures, et ce qu'ils font dans cet espace de temps pourrait aisément se faire en quatre ou cinq heures. Ils gagnent pourtant de 2 fr. 60 cent à 3 fr. 70 cent. A la tâche leur journée s'élève de 3 fr. 10 cent, à 4 fr. 65 et au-dessus. Mais, quand ils ont travaillé quelques semaines ils se retirent sans prévenir le maître, et restent oisifs jusqu'à ce qu'ils aient besoin d'argent. 4. Pour amener un changement, je ne vois pas d'autre moyen que l'introduction d'une grande quantité d'immigrants. C'est à peine si la moitié des enfants devenus libres en 1834 suivent les écoles. Les enfants qui ont été affranchis seulement en 1838, et même des adultes, se livrent à la paresse, de sorte qu'il ne se trouve personne pour remplacer les cultivateurs qui meurent, ou bien que l'âge ou toute autre cause empêche de travailler. Les produits abondants des terres allouées par les propriétaires servent à l'entretien des noirs, jeunes ou vieux, dans la ligne de conduite dont j'ai parlé. Ils sont dans un état d'anomalie inconnu en Europe, et peuvent vivre fort à leur aise sur les plantations, tandis que la ruine du propriétaire se consomme. Sans doute il y a des exceptions à faire valoir, mais elles sont peu nombreuses. 5. La presque totalité des plantations ont terminé leurs récoltes. Le produit n'excédera pas, je crois, la moitié de la récolte de 1838. C'est le manque de bras qui a eu cette influence , car la saison a été favorable. J'estime que la récolte prochaine sera encore inférieure à celle-ci, d'abord par cette même raison de l'absence des travailleurs, et ensuite par l'excessive sécheresse qui a régné plusieurs mois ; elle a empêché de faire des plants, malgré tout l'argent dépensé pour faire replanter; sur les sols pauvres, les boutures ont été presque entièrement détruites. 6. Beaucoup de cultivateurs ont acheté des lots de terrain, la plupart de un à deux arpents d'étendue, quelques-uns au-delà. 7. On remarque que ce sont les noirs dont lu conduite est lu plus régulière qui font des acquisitions dans le voisinage des plantations, de sorte que celles-ci ne souffrent pas de ce qu'ils s'établissent pour leur compte personnel. Tout agréable qu'il soit pour eux de devenir propriétaires, ils savent bien que leurs terres ne pourraient suffire a leurs besoins, et encore moins leur procurer les jouissances de luxe qu ils se donnent en travaillant sur les plantations. S ils se reliraient dans l' intérieur de l'île, ils rétrograderaient en civilisation , en se privant des instructions morales et religieuses, dont le goût s'accroît parmi les noirs. 8. La plantation à sucre de Dalvey a été abandonnée il y a quelques années ; plusieurs cultivateurs ont acheté une partie des terres, et à présent il y a 140 maisons, dont plusieurs sont trèsconvenables. C'est le seul endroit qu'on puisse appeler un village. A l'appui de ce que j'ai dit plus haut, je citerai un noir, né esclave de la plantation sur laquelle il est constamment resté jusqu'à l'abolition, qui a acheté, en 1837, la maison de l'ancien économe, avec quelques arpents de terres, pour le prix de 200 liv.

sterl., fruit de ses économies. Il n'a jamais songé à racheter le temps de son apprentissage, et continue à travailler comme antérieurement. 9. Il y a eu une très-grande augmentation dans le commerce de détail de la colonie depuis l'abolition de l'esclavage ; elle ré- suite de la grande quantité d'argent reçu par les cultivateurs , et qu'heureusement ils sont portés à dépenser en objets de commodité et de luxe. Les marchands qui tiennent les boutiques de détail, aussi bien que les négociants en gros, savent très-bien que leur prospérité dépend de celle des planteurs , car les uns et les autres doivent se soutenir mutuellement ou tomher ensemble. 10. Un grand nombre d'enfants suivent les écoles, qui sont au nombre de vingt. Elles pourraient cependant être plus fréquentées , parce que, si des parents cherchent à procurer à leurs enfants les bienfaits de l'éducation, il en est d'autres qui les retiennent chez eux dans l'oisiveté, ce qui les amène à contracter de mauvaises habitudes et à devenir des membres au moins inutiles à la société. 11. Je ne pense pas que les crimes aient augmenté, chose étonnante si l'on considère le grand nombre d'individus qui vivent a ne rien faire. Aux dernières sessions trimestrielles de ma circonscription, qui renferme environ 40,000 âmes, il n'y a eu qu un procès. Il s'agissait d'un matelot accusé d'avoir volé des marchandises a bord d'un bâtiment côtier sur lequel il servait. Malgré son indolence, la population se conduit admirablement bien. Je suis convaincu que, sur tout le globe, on ne rencontrerait pas une population plus soumise aux lois. Leur obéissance est surtout très-régulière, lorsqu'ils voient appliquer les lois avec promptitude et sévérité. Cette remarque, on le comprend bien, ne concerne que la population rurale, et non la population des villes. En résumé, la conduite de la population, en général, s'est beaucoup améliorée. Elle comprend, mieux qu'il y a un an, l'état de liberté; clic est plus polie à l'égard de tous, et plus respectueuse envers ses supérieurs que pendant la première année qui a suivi l'affranchissement définitif. Le repos du dimanche est observé rigoureusement, et le service divin est suivi avec une régularité digne des plus grands éloges. Il y a dix-neuf églises ou chapelles dans la paroisse, outre plusieurs endroits intermédiaires où le service se fait quelquefois. A une ou deux exceptions près , il y a foule partout le dimanche. Signe Th.

G.

RAPPORT

MAC-CORNOCK.

de M. W. Marlton, magistrat salarié. Port-Maria, 18 août 1840.

Ce district ne referme pas de plantations à café. Les plantations à sucre se livrent à la fabrication de leurs produits pendant toute l'année. Plusieurs ne la terminent quelquefois qu'au mois de mars de l'année suivante. Je suis tout à fait hors d état de pouvoir vous renseigner sur l'état des produits de la récolte au 1" de ce mois. Sur toutes les plantations, le travail se fait de telle manière que le taux du salaire se combine avec celui du loyer. Ce système a été établi, en novembre 1838, par M. R. Lewis de Ballard'sValley. Il fixa le salaire de la journée à 1 fr. 80 cent., à condition d'une rente de 3 fr. 60 cent, par semaine et par famille, pour la case et le terrain à provisions. On a adopté partout le même principe , à la seule différence près que, dans les lieux où le travail est le plus urgent, on ajoute une distribution de rhum, de sucre et de harengs. Le travail à la tâche est partout suivi, et je ne sache pas qu'il y ait eu cette année de difficulté à se procurer des bras, lorsqu'on a pu les payer. La question du loyer et du salaire


ÉTUDE DE L'EXPER. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1840. —JAMAÏQUE. 777 a été réglée; ce sont deux choses à présent parfaitement distinctes : le cultivateur paye sa redevance, et a toute liberté de vendre ses services à qui bon lui semble. Depuis plusieurs mois, je n'ai pas su que des planteurs eussent essayé de doubler le loyer pour se procurer un travail continu de la part des noirs qui habitent sur leurs propriétés. Quelques cas d'expulsion sont, il est vrai, venus à ma connaissance; mais, comme il ne s'est rien passé d'illégal ni d'oppressif, je n'ai rien de pénible à rapporter. Relativement au salaire, à la nature du travail, à la facilité de se procurer des travailleurs, j'ai seulement à faire observer que, partout ou le système de M. Lewis a été suivi avec persévérance, ses résultats ont été des plus satisfaisants. Il n'y a pas eu augmentation dans le taux des salaires, bien que le prix des produits soit aujourd'hui énorme. Je crois bien que les cultivateurs comprennent que, s'ils exigeaient une augmentation, les planteurs, de leur coté, élèveraient le loyer. Il est heureux pour ceux-ci que les noirs tiennent autant à leurs anciennes demeures. En profitant avec sagesse de cet attachement, et en exigeant une location modérée, un économe habile peut exploiter avantageusement une plantation, et rendre en même temps l'existence du cultivateur très-agréable. Toute proportion gardée, il n'y a guère qu'un petit nombre de noirs qui aient abandonné les bonnes plantations pour s'établir sur des terres devenues leur propriété. Ce n'est pas qu'ils n'en aient le désir; mais, de ce côté, il n'y a pas de terres à vendre. Trois propriétaires ont disposé de quelques terrains qui ont été achetés par lots de deux, trois et cinq arpents, à raison de la liv. sterl. l'arpent. Ils ont dû penser qu'ils auraient avantage a établir près d'eux de petites propriétés, au risque de les voir acheter par les nègres qui résidaient avec eux et qui leur payaient 3 fr. 6o cent, de loyer par semaine. Ceux qui ont fait ces acquisitions ont dû se livrer aux travaux nécessaires pour s'y établir, et l'on n'a pu juger encore si elles suffiront à leurs besoins sans qu ils soient obligés de chercher à s'occuper sur les plantations à sucre. Il n'y a, dans ce district, aucune réunion d'habitations qu'on puisse nommer village ; mais le commerce de détail a subi un grand changement depuis la liberté. On a l'habitude, sur les plantations, de tenir un magasin pour la vente des provisions, marchandises sèches, etc. Le commerce de Port-Maria en a beaucoup souffert. Les laboureurs qui ont des acquisitions à faire raisonnent très-bien ; ils aiment mieux acheter un article sur la plantation qui les loge ou qui les occupe, que d'aller le chercher au loin, où souvent ils le payent plus cher. L'économe , de son côté, en relire un bénéfice, profile du travail et reçoit de l'argent pour payer ses travailleurs, au lieu d'acheter les provisions aux marchands de Port-Maria, qui prétendent que les planteurs de sucre ne devraient pas faire commerce de poisson salé. En cela, c'est le consommateur qui est le plus à même de décider. La population émancipée témoigne un grand désir de procurer de l'éducation aux enfants. A Port-Maria et a Bracabella, il y a des écoles fondées par les missionnaires baptistes et par les missionnaires écossais : ces écoles sont très-suivies. Je ne puis dire quelle influence l'éducation exerce sur la conduite des enfants, parce qu'ils vivent avec leurs parents; mais , à Port-Maria, il ne s'élève jamais de plainte contre eux. Les prisons de la paroisse sont très-mal disposées pour l'amélioration des détenus ; heureusement que l'on en reçoit peu en comparaison de l'importance de la population. Pendant l'apprentissage , calculé par la sagesse du Parlement comme temps d'épreuve pour mettre le nègre en état de comprendre et de remplir les devoirs d un homme libre, j'atténuais les fautes commises autant que le permettaient mes devoirs et la protection due aux propriétés. A présent que les six années sont écoulées , on doit supposer le noir suffisamment instruit, et le rendre responsable de ses actes. Si je considère comme de mon devoir de magistrat d'agir rigoureusement contre les coupables, ainsi que je le ferais en An-

gleterre , lorsqu il s agit d atteintes à la propriété, je crois devoir user de mon influence pour obtenir en leur faveur les mêmes moyens d'amélioration qui existent dans la mère patrie. A PortMaria, aucune séparation ne peut être faite dans la prison. L'emprisonnement n'amène donc aucune réforme, et, dans plusieurs cas , j aurais mieux aimé qu il n y eût pas de condamnation , que de voir les détenus se dépraver dans la prison. L'année dernière la maison de correction n'a pas une seule fois servi à son usage. Une loi contre le vagabondage avait été considérée comme essentielle pour l'époque du passage de l'esclavage à la liberté. Deux plaintes seulement me sont parvenues à ce sujet, en ma qualité de magistrat président. Sur ces deux plaintes, un acquittement a été prononcé ; l'une d'elles m'a paru être une atteinte portée à la liberté individuelle sous le manteau de la loi. L'exécution de l'acte sur les petites dettes, tendant à faciliter la rentrée des loyers dus par la population laborieuse, m'a donné lieu de remarquer les lacunes que cet acte présente. Il ne pourvoit pas aux besoins des personnes arrêtées, et qui se trouvent sans aucune ressource. N'ayant pas le pouvoir de leur accorder des vivres, j'ai pris sur moi, en qualité d'inspecteur des prisons, de leur allouer 1 fr 8o cent, par jour, au compte de la paroisse. La coutume des cours inférieures de justice de PortMaria, en matière de loyer, a toujours été de rendre jugement pour usage et occupation des lieux, lorsque le propriétaire et le tenancier étaient convenus d'une somme fixe. Les planteurs voulaient considérer les cultivateurs occupant des maisons et des terres , comme locataires à la semaine, parce qu'ils payaient 3 fr. 6o cent, de loyer. Selon moi, rien n'est plus contraire aux intérêts du planteur lui-même, que de rendre le cultivateur aussi incertain de son domicile. Il est tout à fait notoire que les géreurs et les teneurs de livres considèrent eux-mêmes comme un dommage l'expulsion sommaire qui quelquefois est infligée au locataire Combien il est dur pour un laboureur d'abandonner le champ à provisions qui lui a peut-être coûté six mois de soins, et après avoir payé un loyer de six mois, sur un simple avis donné une semaine à l'avance. Il me semble évident que, si le payement de 3 fr. 60 cent, par semaine établit une location hebdomadaire , l'engagement fait avec un géreur ou un teneur de livres, a raison de 200 liv. sterl. ou 80 liv. sterl. par an, est un engagement pour l'année, lorsqu'aucune convention n'a été faite quant à l'avis à donner à l'avance. Je pense, comme l'année dernière, qu'une loi qui préciserait ces questions de manière à satisfaire les deux parties aurait un très-bon effet. Quant à la manière dont se suivent les procès dans les cours inférieures de justice, nous avons besoin d'une grande réforme à ce sujet. Si j'ai parlé, c'est que je crois de mon devoir de fournir tous les renseignements qui peuvent aider aux progrès du grand acte de liberté. Il m a été impossible de prendre sur moi de faire faire aucune recherche vexatoire pour les géreurs, afin d'arriver à obtenir d eux les renseignements qu'ils pouvaient me donner sur le résultat de l' émancipation définitive. L'influence du système de M. Lewis a été un bienfait pour le district. C'est une complète réfutation de ce que l'on avance dans le Blue-Book, que le district de Sainte-Mary est dans un état déplorable dû aux ministres baptistes, aux magistrats salariés et a un gouverneur obstiné (sir Lionel Smith). Signé M. W. MARLTON.

H.

LETTRE

de M. George Blith, ministre presbytérien, à M. H. Il . Plammer. Hampden-House, 19 août 1840.

Pour satisfaire au contenu de votre lettre du 17 courant, je vous remets ci-apres les détails relatifs aux villages libres qui ont été fondés par des membres de ma congrégation.


778 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. IIe PARTIE. Aussitôt après la fin de l' apprentissage, beaucoup de cultivateurs ayant manifesté un yif désir de se procurer des terres, pour y bâtir des maisons et cultiver des provisions , des congrégations achetèrent de vastes terrains dans les montagnes. Je n'avais pas approuve ce plan, parce que j'avais remarqué que les noirs, indépendamment de ce qu'ils devaient pour leurs portions de terres, avaient beaucoup de peine à soutenir leurs familles. Pendant la première année de liberté, beaucoup d'anciens apprentis resterent sur les propriétés de leurs maîtres. Je les avais prévenus qu ils ne pourraient continuer à occuper leurs demeures sans payer un loyer en travail ou en argent. Ils consentirent à travailler moyennant 1 fr. a5 cent, par jour, à condition d'avoir leurs terres et leurs maisons libres de redevance. Deux ans après l' affranchissement, on exigea généralement le payement des loyers. Cette résolution des planteurs causa d'abord beaucoup de mécontentement parmi les laboureurs; mais, en définitive, il en est résulté pour eux un avantage, parce que les salaires ont reçu une augmentation proportionnée. Dans cette partie du pays, le loyer d'une maison est au compte d'un seul individu , quoique la maison reçoive habituellement plusieurs habitants , qui tous profitent de l'augmentation des salaires. Quelquefois le loyer s'élevait très-haut, en même temps qu'on y joignait, en général, la condition que les ouvriers ne cesseraient pas de travailler sur les propriétés où étaient les cases qu'ils occupaient. Dans d autres circonstances, ces cases étaient en si mauvais état, qu'il semblait déraisonnable que l'on en exigeât aucun prix. Un certain nombre de personnes bien disposées, particulièrement des commerçants . désirèrent procurer aux travailleurs des maisons qui leur appartinssent. Vous apprîmes , sur ces entrefaites , que Goodwill était mis eu vente.La proposition de l'acheter ayant été faite dans une réunion, la somme de 22,5oo francs fut souscrite avant qu'on se séparât, et réalisée avant l'époque de la vente. Cette propriété consistait en 15 arpents 1/2 de terres avec une maison convenable, une citerne et autres dépendances. On convint, dans une nouvelle réunion, que la maison, ses dépendances , et deux arpents de terre seraient réservés pour la résidence du ministre; qu'on consacrerait un demi-arpent à l'emplacement d'une église et d'une école , et que la valeur du tout serait répartie sur les terres. On divisa ensuite ces terres en lots d'un quart d'arpent, et on les vendit au prix de 375 fr. le lot. On peut considérer ce prix comme élevé ; mais on aurait vendu ainsi le double de la quantité de terres , et depuis on a offert d'un lot 400 francs, qui ont été refusés par le possesseur. Quelques personnes ont acheté deux lots; mais la plupart n'en possèdent qu'un, et plusieurs même n'en ont qu'une moitié. Les acquéreurs sont au nombre de 65, dont 12 artisans elle reste laboureurs ordinaires. Un an ne s'est pas écoulé depuis la formation de cette société, et déjà 13 maisons ont été bâties. Un plus grand nombre sont en construction, et l'on prépare les matériaux pour plusieurs autres encore. Ce ne sont, en général, que des chaumières contenant une salle et une ou deux chambres à coucher. Mais, parmi celles qu'on construit, cinq ou six sont des bâtiments solides à deux étages, avec bonnes fondations maçonnées. Elles sont disposées pour avoir quatre pièces en haut, et plusieurs appartements au-dessous. Les meilleures maisons sont celles des artisans ; elles sont toutes couvertes en aissantes. Les habitants s occupent activement, soit de l'élévation des maisons nouvelles, soit de travaux sur les propriétés voisines. Ceux qui n'ont pas encore de logis pour les recevoir demeurent sur les habitations auxquelles ils appartenaient autrefois. Dans toute l'étendue de ma congrégation, je n ai pas à citer l' exemple d'un seul individu, en bonne santé , qui passe son temps dans l'oisiveté. Je les blâme au contraire souvent d'être trop avides de gain, et je crois que, dans les circonstances actuelles, c est surtout contre le péché d avarice et de cupidité que les ministres doivent tenir leur troupeau en garde. Depuis longtemps les enfants appartenant à la congrégation reçoivent une éducation convenable. Une de nos

écoles a, dernièrement, été transportée à Goodwill, et compte déjà plus de 150 enfants. Provisoirement on fait la classe dans la maison destinée au ministre ; mais sa distribution ne se prête pas a cet usage. On s occupe de transporter également au village le bâtiment d'une école construite, il y a deux ans environ , sur une propriété voisine , par la société des missionnaires écossais, aidée du Gouvernement. On élèvera l'église le plus tôt qu il sera possible , et l' on a le projet de creuser un puits pour l' approvisionnement d eau. Mais il faudra encore du temps pour réunir les fonds nécessaires à ces dépenses. Outre Goodwill, on a commencé l'établissement d'un autre village dans cette partie de l'île. Vingt-trois arpents de terre, v compris le don de deux arpents destinés à l'habitation de l'instituteur, ont été achetés de M. W. Stothert, propriétaire à Dundee , et divisés en cinquante lots. Le prix est de 250 francs l'arpent. Comme il est coupé de collines, on ne pouvait le diviser en parties égales, ainsi qu il a été fait pour Goodwill ; on s'est arrange de manière à ce que chacun ail une portion élevée pour y construire sa maison , et le reste en terrain uni pour le jardin. Neuf maisons sont déjà prêtes ; d'autres s'élèvent ; elles sont couvertes en aissantes, comme en général les plus belles maisons du pavs. et il y en a d aussi bien disposées qu'à Goodwill. Mes remarques sur l'activité de la congrégation s'appliquent surtout aux habitants de ce village. Deux ateliers de cultivateurs s'y sont réunis : l'un a constamment été occupé de la réparation des chemins du voisinage , et l' antre a eu très-souvent à travailler au sarclage des cannes. Les femmes travaillent aux champs comme les hommes, lorsqu elles n ont pas de jeunes enfants à soigner. Je suis en pourparler avec le propriétaire du Plænix, relativement a l' achat de cinquante arpents de terre qui avoisinent l' eglise et l' école de Hampden, et le village dont je viens de parler . Si je conclus, la plus grande partie de ces terres sera divisée en lots d un quart d'arpent, elle surplus en lots de deux ou trois arpents pour diverses personnes qui m'ont témoigné le désir de récolter du foin. L'une de ces personnes est un jeune homme qui a quelque fortune, et dont l'intention est d'ouvrir un magasin. Un espace sera réservé pour tenir un marché toutes les semaines. Un des futurs habitants s'est engage à l'approvisionner de viande de boucherie. Un autre est prêt à s'établir boulanger. Enfin des industriels de tous états sollicitent des terres. La seule dépense sérieuse sera celle qu'il faudra faire pour se procurer de l' eau. La congrégation de Hampden a promis de nous aider en cela. En même temps que ces villages sont d'un grand avantage pour les habitants, il me semble qu'ils deviendront aussi fort utiles aux propriétés voisines ; car l'étendue et la qualité des lots de terrains ne permettra pas de cultiver assez de provisions pour chaque famille ; les habitants du village seront donc obligés de louer leur travail afin de gagner les moyens de se soutenir, et ils 11e témoignent aucune répugnance à cet égard. Quand ils devront compter sur eux-mêmes, ils perdront bientôt les folles idées d'indépendance qui sont nées chez quelques-uns , et ils deviendront d'autant plus polis et plus sociables qu'ils sentiront davantage combien ils ont besoin du secours des autres. L'établissement de plusieurs industries dans le village permettra aux propriétaires des plantations environnantes de se procurer toute espèce de travail mécanique; et ils ne seront plus obligés d'entretenir des ateliers fort coûteux, ce qui était une nécessité d'après l'ancien mode de travail et d'habitation. Je considère, en réalité, la fondation de villages libres comme un des meilleurs moyens de remédier au dérangement causé par le changement radical qui vient d'être opéré dans la condition des noirs. Les règlements suivants ont volontairement été consentis par les acquéreurs de terres. Ceux de Goodwill se sont empressés de les signer ou d'y apposer leurs croix, avant même d'avoir reçu les titres de propriété. La clause relative à la tempérance ne peut pas être regardée comme sévère, puisque plus de 1,3oo des indivi-


ÉTUDE DE L'EXPÈR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1840. — JAMAÏQUE. 779 cl us faisant partie de l'association sont membres de la société de tempérance, c est-a-dire ne font aucun usage de liqueurs spiritueuses, et que 36o s abstiennent totalement des boissons susceptibles d enivrer. La formation et la mise en activité de la société de tempérance a produit un bien incalculable, ainsi que la population le reconnaît elle-même. Voici ces règlements, tels qu'ils ont été acceptés et signés par les habitants de Goodwill : Aucune maison de jeu, ni débit de liqueurs, ni maison suspecte, ne seront tolérés dans le village. Personne ne pourra y posséder une propriété sans faire partie de la société de tempérance. L' habitant qui se rendrait insupportable aux autres, par un caractère querelleur ou par toute autre cause, et qui serait déclaré tel par les trois quarts des propriétaires, pourra être contraint de quitter le village, après remboursement de la valeur de ce qu'il possédé , sur estimation faite par deux experts, l'un au choix de l'habitant expulsé, l'autre au choix du comité. Si le premier refuse de nommer un expert, le comité les nommera tous deux. Il pourra leur en être adjoint un troisième. Un comité de sept personnes sera élu par les propriétaires, vers le 1er janvier de chaque année, pour maintenir les règlements en vigueur, et conserver la paix au sein du village. Tous le; habitants se soumettront à son autorité comme si les membres avaient été régulièrement constitués constables. Nul ne sera admis à devenir propriétaire s'il n'adhère à ces règlements et ne souscrit la déclaration suivante : « Je, soussigné, me soumets à une amende de 1,250 francs s'il m'arrive de porter obstacle, sciemment et avec intention, à l'exécution des présents règlements. » Cette somme sera à la disposition du comité, pour être appliquée à tel usage religieux ou de bienfaisance que le comité jugera convenable. Le système des villages libres a beaucoup occupé l'attention des ministres presbytériens. Il en est plusieurs qui s'occupent en ce moment de la formation de nouveaux villages : ce sont MM. W alson, à Lucea; H. M. Waddel, à Little-River-Saint James; J. Conway, à Peartree-Grove-Sainte-Mary ; P. Anderson Bellevue, à Falmouth; W. Niven, à Grange-Hill-Westmoreland. Signé George

J.

RAPPORT

BLITH.

de M. Rowl Israell, principal magistrat. Clarendon, 20 août 1840.

Les progrès de l'agriculture ont été et sont encore très en arrière, par suite de la sécheresse que l'on a ressentie depuis le commencement de l'année. Jusqu'à présent la sécheresse a été cause du peu d'abondance de la récolte en sucre et en café. 41 plantations rendront seulement l'une dans l'autre Ai boucauts, et 27 plantations à café, 6 tierçons. Parmi les membres de la population rurale, un très-petit nombre seulement ont formé des établissements comme francs tenanciers. Quand aux petits propriétaires de terrains qui n'ont pas droit à cette qualité, je ne puis pas dire qu'ils aient refusé de travailler sur les propriétés lorsqu'on a eu besoin d'eux. Leur salaire, de même que celui des cultivateurs logés sur les plantations, varie de 1 fr. 25 cent, à 1 fr. 80 cent, pour toute nature de travail, excepté pour le creusement des trous, qui se paye de 3 fr. à A fr. 20 c. le cent. La légèreté ou la dureté du sol détermine le prix. Le travail se fait souvent par convention et par acre ; ce mode contribue a augmenter l'assiduité au travail. Depuis l'abolition de l'esclavage il ne s'est pas élevé de village portant un nom particulier. Il existe bien de petits groupes de maisons dans différents endroits , ceux qui les habitent ne sem-

blent pas porter préjudice à la société ; mais il est une autre classe de nouveaux émancipés dont les membres sont fort paresseux; ils exercent illégalement le métier de marchands colporteurs. La paroisse, dans l' intérêt des marchands établis qui contribuent par les taxes aux besoins de l'île, a donné l'ordre qu'ils fussent arrêtés par les constables. J espère que celte mesure réprimera, jusqu'à un certain point, leur paresse, et les convaincra qu'ils ne sont pas nés pour être nourris gratuitement. L'éducation des enfants s'est beaucoup améliorée; le nombre de ceux qui suivent l'école, dans cette paroisse, est d'environ 400. Les parents qui peuvent en faire les frais envoient leurs enfants aux écoles supérieures des villes ; quelques-uns même les* font passer en Europe. Signé M. Rowl ISRAELL...

k.

RAPPORT

de M. Stéphen Bourne, magistral salarié. Strawberry-Hill (St-Andrew's), 20 août 1840.

Je ne pense pas qu'il y ait eu diminution dans la quantité de café exportée de ce district, depuis l'affranchissement définitif. A moins que la sécheresse ne vienne nuire à la récolte sur pied, il n y a pas lieu de croire, non plus, qu'une telle diminution ait lieu plus lard. Mon opinion est, au contraire, qu'il y aura chaque année augmentation. Il ne manque pas de cultivateurs ; et ceuxci sont assez disposés à travailler moyennant un salaire convenable. Il y a peu d'exemples de mésintelligence entre les maîtres et les travailleurs. Les planteurs expérimentés préparent de nouveaux champs de café; et les affranchis qui se sont rendus acquéreurs de terres épuisées en arrachent les vieux plants pour y substituer des rejetons. C'est ce qui me fait dire que, sans aucune augmentation du nombre des cultivateurs par l'émigration, la culture du café, la seule que l'on pratique dans ce district, non-seulement se maintiendra au point où elle est, mais deviendra plus importante. Trois des plus grandes plantations ont fait des récoltes plus considérables depuis la liberté qu'auparavant ; ce sont celles de Newton, Clifton-Mount et Pleasant-Hill. Les salaires sont loin d'être excessifs: ils varient de 1 fr. 25 c. à 1 f. 55 c. et 1 fr. 85 c. par jour selon les circonstances. Le prix pour mettre un champ en état est de 10 fr. à 12 fr. 5o c. par arpent. Les travailleurs se plaignent de n'avoir pas assez d'ouvrage; partout où il y a une route à réparer ou un bâtiment à construire, les bras ne manquent pas. Le petit nombre des plantations mises en fermage ont été louées à des prix élevés. La concurrence était si grande pour les obtenir, qu'il ne peut rester aucun doute sur les avantages du nouveau système. Il est à regretter toutefois que les propriétaires ne sentent pas que le meilleur moyen d'activer la culture, et de fixer les cultivateurs sur les terres auxquelles ils appartenaient, serait de louer à bail de petites fermes et des champs à provisions et d établir, sur chaque plantation, une école pour les enfants et individus disposés à s'instruire. Beaucoup de cultivateurs ont acheté des terres et construit des cases, mais cela ne les empêche pas de se louer pour travailler. Une grande partie d'entre eux sont charpentiers et maçons; ils s'emploient à la construction des maisons, des écoles et des chapelles, et laissent à leurs femmes et à leurs enfants la culture de leurs terres, chose facile à faire lorsque ces terres ont été défrichées et plantées. Je ne sache pas qu'il se soit formé de villages dans ce district. Depuis mon entrée en fonctions, en 1834. plusieurs écoles et chapelles ont été élevées; à celte époque, il n'y avait qu'une chapelle très-petite et peu suivie, qui a été agrandie et que l'on s'occupe encore d'agrandir. On en a, en outre, construit deux autres avec deux grandes écoles atenantes : Aoo enfants y reçoivent l'instruction chrétienne; on m'a dit que l'on en disposait, de plus, deux nouvelles. Les paysans montrent un grand


780 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. —PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

désir d instruction, sont exacts à se rendre au service divin, se présentent toujours bien vêtus, et se conduisent convenablement à l'école et au temple. Les sessions trimestrielles de la paroisse se sont tenues le mois dernier ; trois individus seulement y ont été jugés : un soldat blanc pour des coups portés, un nègre pour s'être évadé de prison, et le troisième pour vol ; ni l'un ni l'autre n'appartenait à ce district. Durant l'apprentissage j'avais plus de jugements à rendre en un jour qu'à présent en 6 mois. La proportion pour les crimes est la même. Signé Stephen BOURNE.

L.

RAPPORT

de M.

R.

Smith, premier magistrat. Saint-André, 23 août 1840.

Les cultivateurs adoptent à présent un système de travail plus régulier, le travail à la tâche, c'est-à-dire l'entreprise, pour un certain prix, d'une étendue plus ou moins grande de terrain à cultiver ; ceux qui s'en chargent se font aider. Les fonctions de l'économe se bornent à s'assurer si la besogne est convenablement faite et à payer la somme convenue. On craint néanmoins que, la sécheresse passée, les cultivateurs aux besoins desquels suffisent les terres à provisions que chacun d'eux possède, ne reprennent leurs habitudes de paresse. La récolte de sucre n'a pas été abondante : elle est presque partout terminée, excepté sur quelques points réservés pour y mettre de nouveaux plants lorsque la pluie aura rendu le moment favorable; car on craint que la sécheresse n'ait entièrement détruit les jeunes pousses. La récolte de café a aussi trompé l'attente des propriétaires; elle est également terminée, sauf sur quelques plantations, les plus élevées du côté de l'est. La maturité était complète vers Noël, époque à laquelle les cultivateurs ont pris quinze jours de congé; la pluie ayant ensuite tombé pendant deux à trois semaines, ils se sont refusés à travailler : de sorte qu'une grande partie des produits a été perdue. Un très-grand nombre de noirs s'établissent sur des terrains qu'ils achètent; ils sont ensuite peu disposés à reprendre le travail continu. Lors même qu'ils eu auraient l'intention, l'éloignement où ils se trouvent souvent des plantations sur lesquelles ils seraient occupés les empêche de s'y rendre. Il n'y a encore aucun village établi sur la paroisse. Les parents témoignent, en général, le désir de donner de l'éducation à leurs enfants. Les administrateurs de la paroisse, de concert avec l'évêque, entretiennent six écoles au moyen des fonds dont ils peuvent disposer. Je n'ai pas encore reçu de renseignements sur le nombre des élèves qui suivent ces écoles. Il y a, en outre, deux écoles de la société des missionnaires de notre Eglise, et une de la société des missionnaires de Londres. Elles sont fréquentées par cent élèves, qui payent chacun 5o francs par semaine. On vante beaucoup leur aptitude à l'étude, mais aucun des individus ainsi élevés n'a l'idée de s'appliquer aux travaux d'agriculture. Signé

M.

RÉPONSES

de

R. SMITH.

G. Willis aux questions contenues dans la circulaire du gouverneur.

M.

Bransbury (Saint-David), 24 août 1840.

L'agriculture de ce district offre un aspect satisfaisant, tant pour le sucre que pour le café; mais la chaleur a duré si longtemps, qu il y a peu d'espoir d'une bonne récolte pour l'an-

née 1841 • Le prix du travail est de 1 fr. 20 c. à la journée ; plus ordinairement, et lorsque cela est possible, le travail se fait à la tâche, ce mode étant plus avantageux à tous. Il n'y a pas assez d'assiduité pendant le temps de la récolte, et les propriétaires ne peuvent pas, à cette époque, se procurer assez de travailleurs pour rentrer dans leurs frais de culture du reste de l'année. Sur les plantations à café, il est beaucoup moins difficile de se procurer des bras. La récolte en sucre n'a produit, dans bien des endroits, que la moitié de ce qu'on attendait. La récolte de café a été plus favorable ; elle a rendu presque partout ce qu'on avait estimé ; mais on craint qu'elle ne soit inférieure en 1841, parce que la sécheresse se prolonge. La population rurale est très-disposée à acheter de petites portions de terres ; mais, à mon avis, cette disposition n'a pu qu'augmenter la somme de travail sur les plantations. Aucun village ne s'est formé dans cette paroisse. Quant au commerce de détail de la colonie, il a pris de l'extension, à en juger par le grand nombre de boutiques qui ont été ouvertes depuis le 1er août 1838. L'éducation fait des progrès. Il y a deux écoles ; l'une, dans le district d'Easington, a 134 élèves :1a moyenne des élèves présents est de 96 par jour; l'autre, dans le district de Wellington, en a 137: moyenne, go à 100 par jour. Il y a encore deux écoles du dimanche, où se rendent de 60 à 80 adultes, et une école sous la direction des baptistes à Yattach's-Bay. Les crimes ont beaucoup diminué. Aux dernières sessions trimestrielles, il n'a été prononcé qu'une condamnation, pour vol à bord d'un navire. Signé

N.

RAPPORT

G. WILLIS.

de M. Thomas Abbott, magistrat salarié de la paroisse de Westmoreland. 24 août 1840.

Les renseignements que je puis fournir en réponse à votre circulaire du 1er courant ne sont pas très-étendus, parce que. depuis l'abolition de l'apprentissage, je me suis abstenu, autant que possible, de toute intervention entre les planteurs et les laboureurs. Les salaires se payent presque partout aux taux suivants : Aux conducteurs de travaux, artisans et gardiens des parcs, de 288 à 432 francs par an, avec case et terrain ; Aux cultivateurs à la journée, 1 fr. 80 cent. A la lâche, qui est le mode de travail le plus suivi, on paye de fr. 5o cent à 72 francs par arpent, pour creusement de trous : de 14 fr. 4o cent, à 21 fr. 70 cent, par arpent, pour l'entretien des champs de cannes; de 4 h'. 80 à 9 fr. 60 cent, par arpent, pour l'entretien des pâturages; et de 2 fr. 4o à 3 fr. 60 cent, par baril, pour la cueillette du café. On fait payer un loyer à la semaine pour la case et le terrain qui en dépend; je reviendrai plus lard sur ce sujet. La récolte de sucre de l'année dernière a été faible ; elle ne s'est élevée, d'après les registres de la douane, qu'à 1,500 boucauts c'est-à-dire 1,156 boucauts de moins que la moyenne des trois années précédentes. Les causes de ce déficit sont nombreuses : comme je crois qu'elles ne se reproduiront plus, je me dispenserai de les énumérer. La plupart des plantations de la paroisse sont dans un état favorable; l'observateur ne peut pas manquer d'être frappé de l'amélioration de la culture. Les champs de cannes sont en pleine végétation ; on s'occupe des soins à donner aux pâturages et de la réparation des clôtures. Enfin un heureux changement s'opère de toutes parts. Le travail à la tâche a remplacé à peu près le travail à la journée ; il se compose d'une certaine quantité de travail que


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. —1840.—JAMAÏQUE l' on paye à raison de 1 fr. 80. cent. Une tâche peut être achevée en six heures. Les nègres, en général, n'aiment pas à travailler au delà de ce qu'il faut pour gagner le salaire; ils sont tellement jaloux de leur liberté, qu'ils ne consacreraient pas volontiers tout leur temps à leurs maîtres, quelque prix qu'on leur offrît. Il n'est pas difficile de se procurer des travailleurs; ce dont on se plaint seulement, c est de ne pouvoir compter sur leur régularité. La dernière disette de provisions a été un stimulant au travail; <1 autres motifs ont aussi agi dans ce sens. Une chose surtout a encouragé le nègre à se montrer assidu, c'est l'usage de payer le salaire en especes a la fin de chaque semaine. Cet usage prévaut généralement. Le plus grand nombre des plantations, même les plus importantes, n'ont eu aucune plainte à former depuis l' apprentissage. On y a recueilli les bons effets d'une administration douce et conciliante, quoique ferme en même temps. Lorsque, par manque d argent monnayé ou pour toute autre c ause, les salaires ne sont pas payés chaque semaine, on remarque aussitôt de la répugnance pour le travail ; les cultivateurs se portent de préférence sur les plantations où la paye ne se fait pas attendre. On a beaucoup parlé du refus, de la part des nègres, de contracter d'autres engagements que les engagements à la journée. II est s rai que, excepté les artisans et les conducteurs de travaux, il est rare qu'un laboureur soit engagé pour plus d'une journée; mais je n'ai jamais entendu dire qu'on ait beaucoup insisté sur des arrangements à plus long terme, ni qu'on en ait fait une condition absolue. Mes raisons pour croire qu'on en obtiendrait, c'est que les chefs de travaux sont loués à l'année, et que, depuis la liberté, les plaintes dirigées contre ceux-ci pour infractions à leurs engagements ont été fort rares. Il est de l'intérêt du cultivateur, possédant une case et des terres, de s'assurer une occupation constante. Durant la récolte, principalement, les engagements sont indispensables; autrement les planteurs se trouveraient obligés de recourir au funeste moyen de retenir les salaires, moyen que j'ai vu avec peine mettre en usage depuis l' affranchissement définitif. Le nègre ne travaille aux champs que par nécessité, et cherche à gagner le plus possible : au moulin et aux chaudières il exige souvent, quand les cannes sont dans la cour, une augmentation que l'on est forcé de lui accorder. On ne peut guère remédier à l'état d'incertitude des récoltes de produits, dans les Indes occidentales, que par des contrats de travail a terme ; je crois fermement que beaucoup de cultivateurs les accepteraient, et que si, d'après un acte de la législature, ces contrats étaient soumis à la sanction d'un magistrat ou de tout autre officier public, il en résulterait un grand avantage. J'ai appris, par expérience, depuis que j'exerce, qu'il se formule rarement une plainte, pour salaire ou pour négligence, lorsque les termes des engagements sont clairement définis et bien compris. Malgré deux années de liberté, et la susceptibilité en ce qui touche son salaire, le nègre n'apprécie pas encore la nature et les obligations d'un contrat , et de là vient probablement sa répugnance à s'y soumettre. Il me semble qu'on pourrait aisément dissiper la crainte qu'il éprouve de retomber dans l'esclavage, en contractant un engagement qu'il ne pourrait plus rompre; on pourrait d'ailleurs déterminer qu'il suffirait d'un avertissement donné un mois à l'avance pour rompre un engagement, ainsi que cela se pratique en Angleterre. Après beaucoup de malentendus, la nécessité de payer un loyer, qui a été l'objet de si longues discussions, commence enfin à être mieux comprise; les nègres consentent à payer par semaine celui qu on leur impose, ou à ce qu'il soit retenu sur leur salaire. Les plaintes, autrefois si nombreuses à ce sujet, sont à présent bien réduites. Cependant il existe encore des sujets de mécontentement. Par exemple, les noirs objectent que les cases sont mauvaises, que les bestiaux détruisent les provisions, et que, lorsqu ils sont malades, ils ne peuvent pas gagner de quoi payer le loyer; ces excuses sont certainement fondées en raison.

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Une autre objection résulte encore de ce que, sur une plantation voisine, le loyer est quelquefois moins fort; car il n'y a rien d uniforme dans la maniéré de l' établir. Certains planteurs exigent 2 fr. 40 cent, par semaine, d'autres 3 fr., d'autres enfin 4 fr. 80 cent. Il en est aussi qui ne font rien payer, pourvu que les cultivateurs travaillent pour eux. On exige encore le loyer par tête, ou plus fort, si l'homme, au lieu d'être marié, vit en concubinage. Dans certains cas, peu fréquents, on fait payer un double loyer au cultivateur qui néglige le travail. On a eu recours à l'établissement des loyers pour rendre le travail obligatoire, et pour réduire en même temps le taux des salaires. Il serait peut-être sans objet d'examiner jusqu'à quel point ce s.stème a été avantageux, parce que, depuis si longtems qu'on le suit, il serait difficile de lui en substituer un autre. Je dirai seulement qu'il a son mauvais côté, en ce qu il rend le travailleur trop indépendant du maître. Les droits qu il a sur la récolte des provisions qu'il a plantées lui donnent les moyens de quitter le service de ce dernier avec impunité, quand cela lui plaît. J aurais voulu qu'on lui accordât seulement par condescendance la jouissance d'une case et d'un champ aussi longtemps que le travail se serait fait régulièrement. Lorsqu'il aurait consenti a s'engager pour un certain temps, le droit à l'occupation aurait été reconnu pour le même temps ; par ce moyen on aurait presque éteint les contestations produites par le passage des bestiaux, par le mauvais état des cases et des clôtures, etc., et on se serait rapproché de ce qui se pratique dans la plupart des parties agricoles de l'Angleterre. Il est évident que les planteurs conservent une grande prépondérance sur leurs ouvriers. Le nègre devenu libre ne se contente pas de la possession d'une case et d'un bon champ de culture, fournissant plus que le nécessaire à lui et à sa famille ; il aspire tout naturellement aux jouissances du luxe, et le travail seul peut les lui procurer honnêtement. Souvent on pourrait lui faire de meilleures conditions et obtenir de lui plus de travail, si le maître n avait pas toujours présente la crainte de lui voir quitter la plantalion. Si l'on réfléchit à l'attachement qu'il montre pour les lieux ou il a vécu, cette crainte peut paraître sans fondement ; et je compte que le commencement de l'émigration rendra la confiance aux maîtres, et portera les travailleurs à montrer plus de soin et de régularité. Auprès des villes, et dans les parties montagneuses, les noirs ont acheté des terrains. Dans le voisinage de Savanna-la-Mar, particulièrement, on a défriché bon nombre de petits lots, sur lesquels s'élèvent des maisonnettes qui bordent les routes. Les cultivateurs ont, en général, le désir d'avoir un lieu de résidence qui leur appartienne en propre. Ce désir est excité en eux parle loyer qu'on leur impose. Mais dans les paroisses de l'intérieur ils ne peuvent se procurer de terres, et se contentent de leur ancienne position. Selon moi, les acquisitions faites par les noirs n'ont pas favorisé le travail; elles ont eu une tendance contraire. La raison en est bien simple; c'est que l'acheteur a dû s'occuper de disposer son champ et de construire sa case. Sans doute, avant peu, il cherchera du travail, parce que son arpent ou son demiarpent ne lui suffira pas pour vivre; mais il exigera un plus fort salaire que si l'on tolérait qu'il résidât sur une propriété. Je ne crois pas qu il ait été établi de nouveaux villages, mais les petites boutiques de détail se multiplient sur la paroisse ; la plupart sont approvisionnées par de grands magasins, et sont susceptibles de nuire aux boutiques de la ville ; toutefois elles augmentent la consommation et offrent de grandes facilités pour les classes les plus pauvres. Les progrès de l'éducation sont très-satisfaisants ; toutes les classes la recherchent. Il existe, sous diverses dénominations .plusieurs écoles bien dirigées, où les élèves sont nombreux et trèsassidus. D'après la manière dont on élève les enfants, je crains qu'ils ne montrent toujours une grande répugnance pour les Ira vaux des champs. Il serait à désirer qu'on leur enseignât quelque


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RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

genre de travail en même temps qu'on leur donne l'instruction et l'éducation morale. La statistique des crimes et délits n'a rien d'alarmant pour les dernières sessions de ce trimestre ; le total des causes à juger, relatives en partie à de légers délits, n'a pas excédé huit; quatre seulement ont donné lieu à des condamnations. Ce résultat fait plaisir à envisager, eu égard à l'étendue de la paroisse et à sa nombreuse population. Chaque semaine, il est vrai, beaucoup de délits sont examinés devant les tribunaux inférieurs, mais ils sont peu graves ; s'ils ont été découverts il faut l'attribuer à la vigilance de la police ; et ce fait ne prouve pas une augmentation de crimes. Signé Thomas ABBOTT.

o. Rapport de M. J.0 J. Davy, eus tes de Manchester. 24 août 1840. Je me serais excusé de ne pouvoir vous adresser le rapport réclamé par votre circulaire du premier de ce mois, si pour l'é-tablir j'avais dû me livrer à des recherches inquisitoriales concernant la direction des propriétés, et fournir sur certaines personnes des détails qui auraient pu être publiés. Ce que vous allez lire n'est que le résultat de mon expérience et des observations que mes relations avec quelques planteurs m'ont permis de recueillir avec exactitude. Suivant mes renseignements, l'agriculture en général est en voie de perfectionnement. L'opération indispensable de sarcler et d'émonder s'est faite sans difficulté; les champs sont bien cultivés; de nouveaux plants ont remplacé, dans beaucoup de localités, ceux qui avaient manqué; on a même repris la culture de plusieurs terrains abandonnés. L'aspect de la récolte au mois de mai, époque à laquelle on peut ordinairement en juger, se montrait fort satisfaisant, et l'on aurait eu une grande augmentation sur les deux dernières années , si une longue sécheresse n'avait détruit les espérances sur plusieurs points de la paroisse, principalement dans les montagnes dites Carpenter-Mountains. Je pense, néanmoins, qu'en somme la récolte sera aussi forte que la dernière. A un des principaux points d'embarquement (Alligator-Point) , celle-ci a surpassé la précédente d'une quantité de 600 tierçons. Le prix du travail et la facilité de se procurer des bras dépendent exclusivement de la régularité du payement en argent. L influence de l'exactitude à ce sujet est si grande, qu'elle dispense de la nécessité du travail continu, excepté pour l'extension de la culture. La population rurale multiplie beaucoup ses petits établissements libres. Quelques-uns sont avantageusement placés; mais, par suite de la répugnance des planteurs à vendre des terres aux cultivateurs, beaucoup ont été obligés d'en chercher dans des districts improductifs, sans titres réguliers de concession, et loin des propriétés auxquelles ils auraient pu consacrer l'excédant de leur travail avec un avantage réciproque. Je ne pense pas que le changement de position d'un cultivateur devenant petit propriétaire de tenancier qu il était, s'il trouve à louer son temps libre, soit susceptible d exercer une influence matérielle sur le travail des plantations. Loin de là, il a été prouvé que la formation d'un grand village a eu pour effet de réduire le prix des salaires sur les plantations environnantes. Il y a nécessairement diverses opinions, quant aux petits établissements indépendants, dont le sort dépend tout à fait de la localité, du plus ou moins d eloignement des plantations, etc. Le commerce de détail a augmenté d'une manière sensible ainsi que le prouve le chiffre des importations. L éducation est en progrès; et les rapports des cours locales et des prisons établissent qu'il y a une diminution notable dans les

crimes depuis la proclamation de la liberté, malgré l'assertion contraire avancée par quelques personnes. L'industrie agricole de celte paroisse se borne au café cl aux pâturages. Signé J. J. DAVY.

P.

RAPPORT

de M. H. Kent, magistrat salarié de la paroisse de Port-Royal. 25 août 1840.

Cette paroisse ne renferme que des plantations à café, excepte trois : Gordon-Castle, Lowerlucky-Walley et Halbertstadt, que l'on cultive en partie en sucre. La grande variété de climat que nous éprouvons, comme dans tous les districts montagneux, influe sur l'époque de la récolte. Dans les vallées, elle commence en octobre et finit en mars : dans les parties élevées, elle ne commence qu'à cette dernière époque, et se termine vers juillet. La plus grande hauteur à laquelle on cultive le café est de 4,000 pieds au-dessus du niveau de la mer. Cette année la récolte a été très-belle, et s'est faite sans difficulté partout où les cultivateurs n'ont eu aucune défiance relativement à leur payement. On a payé 90 centimes par boisseau au commencement; mais, lorsque la récolte s'avance, on ne peut guere recueillir qu un boisseau par jour ; à ce moment on a élevé le prix a 1 fr. 20 cent. Sur une certaine plantation , on donne 60 centimes pendant toute la récolte; mais, dit-on, les cultivateurs n y payent aucun loyer, bien qu'en réalité il leur soit retenu par la différence entre 60 centimes et 90 centimes. C'est une injustice commise a leur égard , parce qu'on leur retient plus qu'on ne devrait, sans leur assurer aucune garantie contre toute réclamation de loyer. Pour sarcler les champs à la houe, on paye 1 fr. 20 cent, par 6,5oo pieds, c'est-à-dire à peu près 5o centimes par arpent. Cette tache est ordinairement achevée de sept heures du matin à une heure après midi. Si les salaires étaient payés exactement, on n'entendrait aucune plainte; mais il est difficile pour les noirs de se rendre compte de ce qu ils gagnent, à cause de la confusion que l'on fait du salaire et du loyer; de plus, on impose arbitairement ce loyer; on le double quelquefois dans un moment de colère. Ce sont la des causes de mésintelligence entre les maîtres et les cultivateurs; ces complications nuisent beaucoup à la prospérité agricole de la colonie. Il n y a pas, dans la paroisse, de petits établissements indépendants, parce qu on n a pas encore mis en vente de petits lots do terrains. Un certain nombre de travailleurs de toutes les plantations les ont quittées pour se rendre dans la plaine ; quelques-uns ont acheté des terrains à August-Town et à Stoney-Hill, paroisse Saint-André ; mais, en général, le climat des parties inférieures ne convient pas aux personnes accoutumées au climat des montagnes. Aucun village libre ne s'est formé dans ma paroisse. Il n'y a qu'une seule école dans le district montagneux; elle a été établie par la société des missionnaires de Londres, sur la plantation Orchard. Il en existait une autre, il y a environ un an , à Mont-Hybla, établie par les missionnaires wesleyens ; elle a été abandonnée depuis le 1™ août dernier, faute d'un assez grand nombre d'écoliers pour la soutenir. Le crime est presque étranger à cette partie de la colonie; il n'y a pas de population plus facile à conduire et qui ait moins de vices. On voit très-rarement des exemples d'ivresse parmi les noirs. Les jours de fêle, ils se comportent de la manière la plus décente. Rien ne peut être plus agréable à un ami de leur liberté, que de les voir alors, proprement vêtus, suivre, en chantant


ÉTUDE DE L'EXPER. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1840. — JAMAÏQUE des hymnes, les sinuosités des montagnes pour se rendre au temple. Signe H. KENT.

Q.

RAPPORT

de M. Wolfrys, magistrat salarié. Rio-Ho, 31 août 1840.

Les progrès de l'agriculture, pendant les six derniers mois, ont été aussi favorables qu'on pouvait l'espérer après une sécheresse presque sans exemple. Il ne paraît pas que les bras aient manqué sur aucune des plantations à sucre qui possédaient assez de moyens pécuniaires pour payer la culture, à l'exception d'une ou deux, et encore momentanément; quelques géreurs se plaignent de ce que le travail fait dans la journée n'est pas suffisant; d'autres parlent de leurs travailleurs de la manière la plus favorable. Une grande partie des laboureurs qui étaient attachés aux pâturages, aux parcs d'éducation d'animaux et aux plantations de pimento, sont maintenant logés sur les plantations des maîtres , qui se montrent bons et généreux envers eux, soit dans celte paroisse, soit dans la paroisse voisine de Sainte-Marie, particulièrement dans les endroits où la culture des provisions leur rend un beau produit. Il existe trois plantations à sucre que l'on peut considérer comme abandonnées en partie, par suite d'une mauvaise gestion, mais surtout à cause du manque de fonds. La récolle de cette année est presque terminée. Sur différents points elle dépassera la dernière. Deux plantations seulement seront en déficit; l'une, qui avait récolté toi boucauts, n'en a obtenu que 6o, et l'autre, au lieu de 70, n'en a fait que 5o. La réduction de la récolte est imputable, en partie, à la longue sécheresse qui aura nécessairement encore une fâcheuse influence sur les récoltes prochaines, surtout dans la plaine et sur les terres voisines de la mer. Le prix du travail varie de 1 fr. 20 cent, à 1 fr. 50 cent, cl 1 fr. 80 cent, par jour. A la tâche, un cultivateur peut gagner de 1 fr. 80 cent, à 2 fr. 40 cent, par jour, et quelquefois davantage. On travaille quatre jours par semaine sur quelques propriétés , et cinq jours sur d'autres. Pendant la récolle on travaille partout cinq jours, et même six. Le loyer exigé par famille pour une case et un terrain est de 2 fr. ko cent, à 3 francs par semaine; plus 1 fr. 20 cent, par chaque individu qui cultive en outre un terrain à provisions. Il n'y a qu'une propriété où l'on fasse payer 3 fr. 60 cent, par semaine. Le district ne renferme pas de plantations à café; il en contient onze à sucre; il y a, en outre, cent parcs à bestiaux (pens) et cultures de pimento. La population rurale s'établit volontiers sur des terres qu'elle achète. Pour un temps au moins, celte tendance diminuera la somme de travail, parce que la saison la plus favorable pour le travail des plantations est aussi l'époque qui convient le mieux pour les soins à donner aux champs à provisions. Une autre cause qui diminuera encore le nombre des travailleurs, c'est le nombre des enfants que l'on envoie à l'école, et qui autrefois formaient ce qu'on appelait le petit atelier (smail Un grand obstacle arrêtera les progrès du travail sur les plantalions et autres propriétés, ce sont les plaintes presque continuelles des cultivateurs, relativement à la destruction de leurs cultures parles bestiaux des plantations. On exige un loyer pour des terres qui restent sans protection, et rarement on indemnise le locataire de la perle qu'il a soufferte. Le seul moyen d'obtenir réparation est un procès long et dispendieux. Très-peu de cultivateurs savent écrire ; ils ne peuvent conséquemment envoyer eux-mêmes les animaux errants en fourrière. D'un autre 'été, on ne peut s'attendre à ce que l'ordre écrit soit donné par

783

l' intéresse, soit pour ses propres animaux, soit pour ceux de son voisin. Outre cela, l' amende est si insignifiante, que le cultivateur a autant de bénéfice a travailler chez lui qu'à se déranger pour l'obtenir. Un excédant de mortalité se déclarera probablement chez les laboureurs, surtout parmi les enfants et les vieillards, à cause de l' impuissance ou ils sont de payer les honoraires excessifs que certains médecins exigent pour leurs visites. On m'a rapporté que Ion demandait depuis 23 fr. 40 cent, jusqu'à 76 fr. 80 cent. Plutôt que de contracter des dettes au-dessus de leurs moyens, les noirs aiment mieux se fier à leur propre adresse ou au hasard pour le rétablissement de leur santé. L état des nouveaux villages de l'intérieur, créés depuis l'abolition de l'esclavage, est tout à fait satisfaisant, et donne la preuve la plus frappante d'un esprit d'activité louable parmi les noirs. Ils ont eu aussi leur part de pertes, par suite de l'influence de la mauvaise saison sur la maturité de leurs petites récoltes. Le taux excessif des loyers et d'autres mesures impolitiques ont déterminé un grand nombre de cultivateurs à se rendre propriétaires; d autres y ont été portés par l'amour de l'indépendance. Beaucoup de cultivateurs sont aussi déraisonnables dans leurs exigences que les maîtres eux-mêmes. Des plaintes universelles s' élèvent contre la paresse et la négligence des domestiques. Les progrès de l'éducation sont très-satisfaisants : L'école du dimanche de Saint-Ann's-Bay se compose : De

56 garçons. 108 filles. - TOTAL

164

D'ici à deux semaines, il sera établi une succursale de l'école nationale. L'école paroissiale de Saint-Ann's-Bay compte

TOTAL

18 garçons. 7 filles. 25

Le maître a, en outre, des élèves particuliers qui sont trèsavancés.

a

A l'école des méthodistes wesleyens de Ocho - Vios, il y 88 garçons. 53 filles. TOTAL

A l'école wesleyenne du dimanche de SaintAnn's-Bay

TOTAL

Les mardis soir pour le catéchisme seulement.

TOTAL

141

78 garçons 112 filles. 190

17 garçons. 45 filles. 62

A l'école du géreur pour le dimanche, à Watson's-ward-Cha124 garçons.

pel

59 filles. TOTAL

183


e

784 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

A l'école particulière des baptistes, pour le dimanche, à SaintAnn's-Bay: garçons et filles 45o A Ocho-Rios, : garçons et filles Ecole de jour, idem ,

250 30 280

TOTAL

A l'école du dimanche de Coltart's-Grove : Garçons et filles Ecole de jour : garçons et filles TOTAL

90 65 155

Chapelle baptiste, près Marnagan : Ecole du dimanche : garçons et filles

105

Ecole de jour: garçons et filles

65 170

TOTAL...

Ecole Mico à Saint-Ann's-Bay : garçons Filles

73 45 118

TOTAL

Association wesleyenne. Ecole du dimanche à Fuiger-Post: garçons et filles 4o Ecole particulière de M. Spicer, à Saint-Ann's-Bay, pour les petits enfants : Garçons 1 Filles 8 9

TOTAL

Total des écoliers de ce district : 1,999, dont un grand nombre écrivent et calculent, sans parler de l'école libre (Walton), qui ne reçoit pas d'élèves particuliers, mais seulement ceux qui sont désignés parle statut 43 , George III. Les crimes et les délits ont beaucoup diminué; la plupart des condamnations ont rapport à des rixes et à des vols de cannes et de sucre; pendant l'esclavage, les noirs considéraient comme un droit de s.'approprier ces objets , et quelques-uns pensent encore pouvoir le faire sans qu'il y ait mal, surtout pendant la récolle. Un inconvénient dont se plaignent les gens illettrés, c'est la disposition de la 3 clause de l'acte sur les petits délits , qui porte que « aucune défense ne sera entendue devant les juges de paix, à moins qu'un avis écrit n'en ait été donné au plaignant deux jours au moins avant l'audience.» Celte condition est pour eux tout à fait inexécutable. Il y a eu dernièrement quelques fortes pluies dans l'intérieur; cependant il n en est pas tombé assez pour remplir les citernes, dont la plupart étaient complètement à sec. Le manque d'eau se fait donc vivement sentir sur le plus grand nombre de plantations. e

e

Signé J.

WOLFRYS.

n.

RAPPORT

de

AI. L. W.

PARTIE.

Plummer, premier magistrat de SaintJacques. Montego-Bay, 31 août 1840.

D'après une correspondance tenue avec plusieurs personnes, et d'après les conversations que M. Lawson et moi avons eues avec d'autres, il ne semble pas qu'en général il soit facile d'obtenir du travail de la part des cultivateurs, tant sous le rapport de l'assiduité que sous le rapport du chiffre du salaire. Les bons ouvriers se payent jusqu'à 1 fr. 80 cent., mais la plus grande partie des travaux s exécute a la lâche et moyennant un salaire proportionné. Pendant la récolte, les noirs occupés au moulin et aux chaudières reçoivent par jour de 2 fr. 4o cent, à 2 fr. 70 cent., selon la quantité de besogne faite ou selon le nombre d'heures formant la durée du travail, c'est-à-dire de 12 à 14. A ce prix, on exige 2 fr. 40 cent, de chaque famille pour loyer d'une case et d'un terrain, sauf réduction pour cause d'âge ou de maladie. Comme exception à ce que je viens de dire, .M. Gordon (de Moor-Park) n'a pas manqué de travailleurs assidus, si ce n'est pourtant lorsqu'il s'est agi d'enlever les débris de cannes vertes, travail trop fatigant pour convenir aux femmes. La récolte de la plantation, de M. Gordon et de cinq ou six autres, pour 1840, a été satisfaisante. Elle a dépassé toutes les espérances, et sera seulement d'un sixième au-dessous -de la récolte que l'on faisait ordinairement pendant l'apprentissage. Les noirs de la population rurale ne se montrent pas trèsempressés de chercher à s établir dans des cases qui leur appartiennent en propre. M. Gordon pense d'ailleurs que les petits établissements formés par les cultivateurs ne peuvent qu'être favorables à la régularité du travail, au lieu d'y porter obstacle. M. H. W. Knott's considère le taux élevé des salaires comme pouvant devenir funeste aux travailleurs eux-mêmes, et dépassant beaucoup ce qu'un planteur peut payer lorsque le sucre se vend au cours ordinaire. Il est plus aisé de se procurer des bras qu'il ne l'était il y a six mois. Lorsque les terres à provisions sont fertiles, le travail devient rare , parce que les noirs gagnent plus à cultiver qu'à travailler sur les plantations. Mais, quand ces mêmes terres s'épuisent, alors ils sentent le besoin de s occuper plus activement. Il résulte de cela que le meilleur moyen d avoir des travailleurs serait de réduire la quantité de terrain qu ils occupent à l' étendue d'un jardin, autour de la case. Depuis le 1 août 1839, le prix des salaires a beaucoup augmenté. La première classe se paye de 1 fr. 80 cent, à 3 francs par jour; la deuxième, de 1 fr. 20 cent, à 1 fr. 80 cent.; en général, celle-ci se contente de 90 cent, à 1 fr. 20 cent., et la première de 1 fr. 80 cent., pour six heures environ de travail. Un gagne beaucoup plus, dans le même espace de temps, à creuser des trous de cannes. La recolle de 1840, sur les plantations placées sous le contrôle de M. Knott's, est restée au-dessous de ce qu on espérait d abord; elle a été très-inférieure à la récolte de l' année derniere. Les apparences sont favorables pour l'année suivante, dans les endroits où la sécheresse n'a pas été trop forte. Peu de cultivateurs de ces mêmes plantations les ont désertées; toutefois M. Knott s croit qu un certain nombre d'entre eux se sont rendus acquéreurs de terres, et que probablement ils y établiront leur résidence au premier jour. Selon lui rien ne serait plus nuisible à la culture du sucre el du café, que de voir les noirs aller établir leur domicile privé hors des plantations; car, une fois chez eux, ils se louent rarement pour aller travailler moyennant salaire. Je pense, avec le colonel Lawson , que le seul moyen qui reste aux planteurs, pour prévenir la ruine prochaine des sucreries . c'est d'avoir recours à l'immigration. M. Heath rapporte que dans quelques districts on paye 6o centimes par 100 pieds de cannes, pour les entretenir et les couper.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.—CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.—1840. —JAMAÏQUE. 785 Ses propres travailleurs l'ont abandonné depuis le 1er août. Sur la plantation de M. Murray, et sur plusieurs autres, ils ont demandé une augmentation de salaire et une réduction de loyer. Le missionnaire presbytérien, M. Blith, m'a envoyé un volumineux rapport sur le village appelé Goodwill.Ce village contient quinze arpents et demi de terrain, d'une valeur de goo livres, sur lesquels on a déjà élevé une bonne maison avec dépendances pour le ministre; deux arpents de terre lui sont en outre destinés, et l'on en a réservé un demi-arpent pour l'église et l'école. Le reste a été divisé en lots d'un quart d'arpent, du prix de 1 5 livres. On a déjà offert et refusé 20 livres de quelques-uns de ces lots1. Les habitants sont au nombre de soixante-cinq, dont une douzaine ont des métiers; le reste se compose de cultivateurs. Il se forme trois ou quatre autres villages semblables; M. Blith en projette un de vingt-trois arpents, au prix de 10 livres l'arpent, et qui serait divisé en cinquante lots. M. Health rapporte que, sur une partie de terrain appartenant autrefois à plusieurs personnes, il s'est formé un établissement de 60 maisons et 200 à 3oo habitants. Plus près de MacoonTown, 60 à 70 nègres se sont réunis : ils travaillaient précédemment sur les pâturages de Shawcastle. Il y a en outre 10 familles dans le voisinage de Baudonpen, 46 familles à Ruseabush ou Springfield, et 15 familles à Saint-Patrick's-Hill, près Charlemont-Hill, sur une partie de terre que Mlle Gordon a léguée en mourant à ses noirs. L'établissement de Durn-Hill se compose de 35 individus n'ayant aucun droit au terrain; ils ne payent aucune redevance, seulement ils travaillent de temps en temps pour la plantation Friendship. D'autres villages existent encore près Great-River-Pens. M. Heath ne les a pas visités. Le commerce intérieur profite de ces villages, en ce qu'ils abrègent la distance à parcourir pour s'approvisionner, au moyen <le boutiques établies dans le voisinage des acheteurs. Lorsqu'ils ne sont qu'à une distance raisonnable de Montego-Bay, les noirs préfèrent s'y rendre le dimanche, parce qu'ils y trouvent des objets plus récemment importés, et qu'en même temps ils voient leurs amis, et peuvent assister au service dans la principale chapelle. L'éducation a fait quelques progrès. Le seul résultat probable qu'elle puisse avoir sera d'enlever aux plantations une certaine somme du travail des champs. Pas un seul individu de la génération nouvelle ne fera usage de la serpe ou de la houe pour gagner un salaire. Nous avons remarqué depuis long-temps que les arbres fruitiers, excepté ceux qui sont en la possession des cultivateurs, ne rapportent jamais rien. Les vols de volaille, l'effraction des magasins, et autres crimes, n'ont certainement pas diminué depuis la fin de l'apprentissage. Signé

s.

RAPPORT

de

M.

L.

W.

PLUMMER.

James Harris, juge de paix salarié.

sur la question des loyers, de laquelle naissent, en général, tant de contestations. Je reviendrai plus tard sur cet objet. Le salaire du travail a la journée varie de 1 fr. 20 cent, à 2 fr. 4o cent.; mais ce système ne plaît à personne. Le planteur estime qu'il ne lui procure pas plus d'une demi-journée de travail, et le cultivateur trouve qu'il le retient trop longtemps aux champs. On préfère donc la tâche, pour laquelle on convient d'un prix, suivant la nature du travail. Ce prix peut être évalué en moyenne de 1 fr. 5o cent, à 1 f. go c. par jour. Le travail n est pas continu et ne s'obtient pas facilement, excepté pendant les sécheresses, parce qu'alors il est moins demandé, ou bien aux époques que le cultivateur ne juge pas convenables a la culture de ses provisions. Le cultivateur n'aime pas a consacrer plus de quatre jours par semaine au travail des plantations. Cependant, au moment de la récolle, il accorde volontiers cinq jours de suite. Je crois que toute tentative pour en obtenir davantage produirait un résultat contraire. Je reviendrai aussi sur un point intimement lié à celui-ci, c'est-à-dire sur la prétention de forcer le cultivateur à travailler pour la plantation où il demeure. « 2° Résultat général de la récolte, et ce qu'on présume avoir « été réalisé de sucre et de café. » Les récoltés de sucre, dernièrement rentrées et fabriquées, sont évaluées, à une ou deux exceptions près , bien au-dessous de la moyenne des années précédentes. Un planteur a calculé que, depuis le travail libre, la récolte avait diminué d'un tiers en comparaison du régime de l'apprentissage, et de moitié par rapport au régime de l' esclavage. Un autre estime qu'elles ont produit 2,000 boucauts de moins que l'année dernière. Quelques plantations, m a-t-on dit, n'ont fait que couvrir leurs dépenses; quelques autres même ne les ont pas couvertes. Des renseignements plus satisfaisants me sont en même temps parvenus; ils établissent que, après les dépenses prélevées, on a encore un bénéfice. En comparant seulement la dernière récolte avec la précédente , sauf peu d'exceptions, il y aurait eu, sur la dernière, un déficit plus grand qu il n'a été évalué ci-dessus. On peut l'imputer en partie au manque de travail continu; mais il est aussi à craindre qu il ne provienne de la manière dont les loyers sont établis : cette source féconde de contestations a répandu la méfiance et le mécontentement. Jusqu'à ce qu'on ait pu les faire disparaître, il ne faut pas s'attendre à une harmonie parfaite entre les intéressés. Plusieurs plantations ont la perspective d'une récolte bien meilleure pour l'année prochaine, pourvu que le temps soit favorable; cette augmentation est garantie par l'extension qu'on a donnée à la culture, et par son amélioration; mais on entrevoit qu il n en sera pas de même pour le plus grand nombre des plantations, a cause de la sécheresse continue que l'on vient d éprouver, et de l' état d'incertitude quant à la question des loyers. Cette paroisse ne renferme pas de plantations à café.

Lucea-Hanover, 1er septembre 1840.

« 1° Progrès de l' agriculture. Prix du travail. Est-il continu? « se procure-t-on facilement des bras ? » D'après ce que j'ai pu apprendre, il y a une amélioration sensible dans l'agriculture; elle est plus avancée qu'à pareille époque de l'année dernière. Dans quelques localités, les récoltes n'ont pas été considérables ; on a pu se passer, pour la fabrication des produits, de travailleurs qui ont été employés aux champs de cannes; c'est à cette cause, plutôt qu'à une augmentation de travail, qu on attribue l'amélioration qui se manifeste dans d'autres localités; on pense qu'elle est due au bon accord qui règne 1

« 3° Dispositions des cultivateurs a devenir petits proprié« taires. » Sous ce rapport, les renseignements prouvent qu'il y a eu un progrès rapide ; le nombre des noirs possédant des terres s'est beaucoup augmenté. L'incertitude relative aux loyers, le malaise que cette incertitude produit parmi les cultivateurs , ont excité en eux le désir d'acquérir de petits lots de terrains, pour avoir un abri où ils pourront au besoin se réfugier. Au dire d'un planteur, beaucoup de noirs ont, en effet, acheté des terrains; mais, dans ce nombre, très-peu ont quitté les plantations pour s'y établir. Depuis le D'août 1838, il s'est formé dans le district

Le texte anglais n indique pas s'il s'agit de livres sterling ou de livres coloniales. * II.

5o


786 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

occidental de cette paroisse, sur la plantation Phœnix, un village libre, qui se compose de 96 lots de terres occupés par autant de familles. Ces terres ont été concédées, pour la durée de la vie des tenanciers et de deux autres personnes désignées par eux. Cet établissement ne paraît pas avoir eu d'influence sur le travail des plantations, qui se continue à peu près comme par le passé. Un propriétaire voisin de ce village a vu sa fondation avec plaisir ; plusieurs cultivateurs de diverses plantations sont venus y demeurer, et il profite de leur travail, qui, selon lui, est plus suivi que celui des noirs qu'il loge. Le village en question prend de la vie, plusieurs cases ont déjà été construites, d'autres sont presque achevées, et tous les lots sont plus ou moins cultivés. « k° Influence des petites propriétés sur le travail des plan« tations. » Les opinions à ce sujet sont partagées. D'un côté l'on prétend que les petites propriétés nuisent au travail continu; qu'aucun petit propriétaire ne voudra travailler pour un salaire sur les plantations, s'il peut tirer un plus grand profit de la culture de ses provisions ; qu'il ne le fera que dans les temps de sécheresse, ou dans les saisons qui ne seront pas favorables à ses propres travaux. Ceux qui pensent ainsi sont également d'avis que, plus tard, ces petits propriétaires rechercheront le travail sur les plantations, parce que presque tous ne possèdent que de petites portions de terrains qui seront bientôt épuisées par la culture des provisions; ne pouvant s'en procurer davantage, ils s'adresseront aux planteurs pour en obtenir, en même temps que du travail. D'un autre côté, ceux qui sont d'un avis opposé, assurent que le voisinage des petits propriétaires est un avantage pour les plantations, et que le travail qu'on obtient d'eux est plus régulier que celui de tous les autres travailleurs. Je partage ce sentiment, et je crois que, indépendamment d'un travail plus régulier, les planteurs l'obtiendront à meilleur prix, parce que les cultivateurs, n'ayant plus aucune inquiétude quant à leur domicile et à leurs terres à provisions, se loueront, non plus où ils trouveront le plus haut prix, mais où ils seront sûrs d'être payés sans aucune réduction. « 5° Etat des nouveaux villages établis depuis l'abolition de «l'esclavage; leur influence sur le commerce de détail à l'in« térieur. » Depuis l'apprentissage, je ne sache pas qu'il y ait eu d'autre village fondé que le Phœnix, dont j'ai parlé. On ne peut pas dire que la fondation de ce village ait eu une influence directe sur le commerce de détail du district ; toutefois , depuis le mois d'août 1838, ce commerce a sensiblement augmenté. Le passage de l'esclavage à la liberté a produit ce résultat, que plusieurs nouvelles boutiques ont été ouvertes sur des propriétés et dans diverses parties de la paroisse. La prospérité des marchands n'a fait que s'accroître. « 6° Etat de l' éducation des enfants dans les villes et dans les « districts ruraux. » L éducation des enfants, depuis l' âge le plus tendre jusqu'à l'âge adulte, et même jusqu'à un âge plus avancé, a pris de l'extension et en prend encore. Les écoles sont sous la surveillance des diverses sectes chrétiennes : telles que l'Église établie, celle des missionnaires, l'institution Mico, les baptistes, les wesleyens et les presbytériens. Les écoles de l' Église établie et les écoles des missionnaires sont au nombre de six, ou 513 enfants des deux sexes apprennent, pendant le jour, la lecture, l'écriture et l'arithmé-

tique. Il y a, en outre, quatre écoles du dimanche sous la mémo influence. La société Mico instruit 70 enfants, filles ou garçons. Les baptistes ont quatre écoles de jour, où assistent 236 enfants. Il y en a 450 aux écoles du dimanche, y compris probablement une partie des élèves de jour. 180 adultes assistent aussi aux leçons du dimanche. Les cinq écoles de jour des presbytériens comptent 420 enfants; celles du dimanche 35o , outre les adultes. Les wesleyens ont également des écoles de jour et des écoles du dimanche; mais je ne sais pas le nombre des élèves. « 7° Statistique des crimes. » La nombre des crimes commis, depuis janvier jusqu'au mois d'août dernier inclusivement, n'est pas considérable. Les registres de la prison mentionnent : 17 hommes accusés de crimes emportant la mort; trois ont été condamnés, 3 acquittés, 6 renvoyés de la prévention et 5 ne sont pas encore jugés. 18 hommes pour autres crimes, dont 8 condamnés, 1 acquitté, 6 renvoyés et 3 non jugés. Pendant le môme temps, la maison de correction a reçu : 13 hommes condamnés pour querelles et rixes, pour insubordination et tapage, et pour violation de contrats, négligence au travail, dommage causé à des propriétés. 2 hommes pour vol d'ignames. Tous ces délits ont peu de gravité. Il y a eu, en outre, plusieurs condamnations sommaires pour querelles, et quelquesunes pour des dommages aux propriétés, comme d'avoir coupé une canne ou deux, d'avoir arraché des racines dans un champ à provision. Les coupables ont acquitté les amendes qu'ils avaient encourues. Je reviens maintenant à la question des loyers. L'incertitude qui règne à cet égard a produit les sentiments de désaccord que l'on remarque souvent entre les planteurs et leurs ouvriers. En premier lieu, il n'y a aucune période fixée pour l'occupation des lieux; on n'en fait aucune mention au moment de la location ; il n est parlé ni de semaine, ni de mois, ni de trois mois, ni de six, ni d un an. On convient seulement du payement par semaine , sans spécifier aucune condition de travail sur la plantation : cela s appelle loyer à la semaine; et, sur un avis donné huit jours a l' avance, le locataire peut être expulsé sans aucun droit reconnu a la récolte. Pour obtenir le travail de force, on embrouille les questions de loyer et de salaire ; tout à coup, sur un avis donne huit jours à l'avance, quelquefois même sans avis, on double et triple le loyer; et, quand les cultivateurs s'absentent, on retient leurs gages pour payement d'un loyer aussi arbitraire. Ce système est mauvais en lui-même, puisqu'il laisse le planteur juge, dans sa propre cause, et de la quotité du lover, et de son mode du payement. Dans quelques localités , le loyer se paye encore par tête. Un homme , une femme , un enfant, occupant ensemble un même local, payent séparément un lover, sous prétexte que celui qui travaille et reçoit des salaires, en doit une partie pour son loyer, convenu ou non, attendu que la maison donne asile à chacun d'eux, et que chacun d'eux se nourrit des provisions produites par la plantation. D'autres, en vue de retenir le cultivateur, ne réclament pas de loyer tant qu'il travaille; mais, s'il vient à s'absenter, on lui en impose un plus élevé, qui lui est retenu sur son salaire. On ne fixe pas non plus l'étendue du terrain à provisions; un cultivateur en peut occuper un arpent ou plus, un autre quelques pieds seulement; cependant tous deux payent le même loyer. Dans une cause portée devant la cour, le terrain occupé n'était que de ko pieds carrés, tandis que le loyer était au taux ordinaire de 62 fr. ko cent, par an, ou de 1 fr. 20 cent, par semaine. Souvent


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1840. — JAMAIOUE les cases ont besoin de réparations à ce point qu'elles n'abritent pas contre l'inclémence du temps. Ce sont des causes semblables qui produisent le mécontentement et la méfiance, et portent les noirs à se procurer de petits lots de terre, pour échapper à la misère et aux tracasseries que ce système engendre. Tant que ces causes subsisteront, la conséquence sera invariablement la même, c'est-à-dire l'irrégularité de travail. Les cultivateurs sont tous disposés à payer un loyer convenable, mais à condition qu'il soit fixe; ils demandent qu'on leur assure, pour un temps déterminé, la jouissance de leur case et de leur champ à provisions, et que leur salaire leur soit régulièrement payé sans retenue. Ils sont attachés aux propriétés sur les ^quelles ils ont résidé longtemps; et, à moins d'y être forcés par un des motifs que j'ai exposés,ils ne s'en éloigneraient pas pour aller s'établir ou chercher du travail ailleurs. Quand ils travaillent hors des plantations, leur salaire est payé sans réduction arbitraire. J'indiquerais, comme solution, que toutes les cases à nègres ne dussent soumises à un loyer qu'après avoir été rendues habitables, et qu'une certaine étendue de terrain fut louée au chef de la famille pour au moins une année. De celle manière, la location serait continuée par an, moyennant une somme fixe, sans condition de travail sur la plantation, et le loyer ne se trouverait plus confondu avec le salaire. Que l'on essaye de ce système et l'on verra le cultivateur, une fois rassuré sur le point le plus essentiel, s'occuper tout entier de son travail. Donnezlui un bon salaire exactement payé, et il consacrera ses bras à ;a plantation sur laquelle il réside, de préférence à'tout autre. Il fera volontairement ce que la contrainte ne pourra obtenir de lui. Il y a dans cette paroisse une plantation sur laquelle il n'avait jamais été parlé de loyer double ou de location par semaine. En mai 1839, le planteur réunit les noirs et leur dit qu'à partir du 1er du mois suivant, il exigeait de chaque chef de famille, occupant une case, un loyer de 1 fr. 20 cent, par semaine, la même somme pour un arpent de terre, et ainsi de suite pour chaque arpent en plus. Il ajouta qu'en lui payant ce loyer, ils ne lui devrai ent plus rien; qu'ils étaient des hommes librescomme lui et maîtres de travailler où bon leur semblait; mais que, tomme il pouvait payer un aussi fort salaire que personne, il serait bien aise de les occuper s'ils consentaient à recevoir son argent. Depuis celte époque jusqu'à ce jour, la plantation a toujours eu les travailleurs dont elle avait besoin; la récolte qui vient d'être rentrée payera largement l'intérêt du capital. Lu recolle prochaine promet aa moins an excédant de 40 boucauts sur la dernière. Depuis sept ans, la plantation n'a pas présenté un aspect aussi satisfaisant. Le loyer et les salaires ont toujours été sépares, et, bien que le planteur se soit montré disposé à employer des femmes pour les services domestiques, on en voit un grand nombre constamment occupées aux "travaux des champs. On reconnaît que les véritables principes de liberté ont été mieux observés sur cette plantation, que sur toute autre de la paroisse. Aussi est-ce presque la seule où il n'y ait pas des plaintes sur le manque d'assiduité au travail. Il serait impossible, toutefois, d'amener tous les planteurs à employer ce moyen, quelque simple qu'il soit, pour rétablir la tranquillité et assurer la prospérité de l'agriculture. Il serait plus prudent et plus sur de faire une loi qui réglât les conditions du loyer de la case et des terres, et en assurât la jouissance aux cultivateurs pour une année au moins. Signé J. HARKIS.

II.

T.

RAPPORT

de

M.

787

Walter Finlayson, juge de paix salarié de la paroisse Saint-Jacques. Moutego-Bay, 1er septembre 1840.

On peut établir que le taux général des salaires s'élève à 1 fr. 8o par jour, bien que le travail des champs se fasse plus souvent à la lâche, moyennant un prix qui varie suivant les circonstances. On paye 3 fr. pour creuser 100 trous à cannes. Pendant la récolle, on donne davantage aux individus employés au moulin et à la sucrerie, et qui travaillent de 1 à à 16 heures. Lorque le salaire est de 1 fr. 80, on exige des chefs de famille un loyer de 2 fr. 40 à 3 fr. 60 par semaine, pour une case et un terrain. Sur quelques propriétés, on ne paye que 1 fr. 20 par jour, mais on n'exige pas de loyer. Les cultivateurs se comportent bien et recherchent tous le travail, même le plus rude, par exemple, celui qui consiste à creuser des trous à cannes. Quand ils ne peuvent s'en procurer sur leurs anciennes plantations, ils vont eu demander sur des plantations voisines. Partout ou les salaires sont convenables, il il est facile de se procurer des bras. La récolle de sucre de 1840 sera très-peu inférieure à celle de 1839. J'avais prévu une assez grande diminution , par suite de la négligence qui avait été apportée à la culture; mais il y aura, au contraire, sur plusieurs propriétés une augmentation notable. Sur quelques plantations la culture a été laite en grande échelle; mais une sécheresse extraordinaire et de très-fortes chaleurs ont beaucoup nui aux rejetons et aux jeunes plants , cl diminueront les produits de 1841 ; cependant, des pluies récentes ont déjà donné aux cannes une meilleure apparence. La population laborieuse ne quitte qu'avec peine les lieux où elle a été élevée; c'est peut-être à celte cause qu'il faut attribuer le petit nombre de cultivateurs qui se sont rendus propriétaires dans les villages. Je n'hésite pas à poser en principe que, partout ou les noirs sont bien traités, ils restent chez leurs anciens maîtres, sans songer à acheter des terrains ou à se réfugier dans les villages. Le seul village qui se soit formé est celui de Goodwill. Il est sous la protection du révérend M. George Blith. Son étendue n excède pas quinze arpents. On calcule qu'il peut contenir soixante familles ; toutefois , on n'y a encore élevé que dix à douze cases sur des lots d'un quart d'arpent. En général, les noirs nouvellement établis continuent leur travail sur les plantations auxquelles ils étaient attachés. La situation de ce village, voisin de grandes propriétés à sucre, est très-favorable à ses habitants , qui peuvent toujours trouver de la besogne, soit comme artisans, soit comme cultivateurs. Des cultivateurs ont acheté ou loué des terres à provisions, dans la vaste chaîne de montagnes qui s'étend de Maroon-Town à Montpellier; mais, jusqu'à présent, ils n'en ont encore mis que peu en culture. Les acheteurs n'ont pas cessé de louer leurs services sur les plantations, et il est à présumer que ces petits établissements ne nuiront pas à la continuation des travaux. Le commerce de détail n a pas encore beaucoup ressenti l'effet des établissements créés par les cultivateurs; cependant, si l' on considéré le nombre de boutiques qui se sont ouvertes dans l' intérieur, depuis l' abolition de l'esclavage, ce commerce doit être dans un étal fort prospère. Les géreurs ont aussi établi des magasins de détail sur les plantations, sous la surveillance des inspecteurs ou des teneurs de livres. Le clergé de toutes les communions apporte le plus grand intérêt à l' éducation de la génération qui s'élève. D'un autre côté , la population laborieuse témoigne un vif désir de procurer de l'instruction aux enfants. Des écoles nationales, sous l'influence de l'Eglise établie, se sont ouvertes à Montego-Bay, Marly et Montpellier. L institution Mico a aussi des écoles à Montego-Bay

5o.


788 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. et à Somerton. T es missionnaires écossais en ont plusieurs, ainsi que les missionnaires baptistes. Celles de ces derniers, répandues dans presque tous les districts de la paroisse, sont bien suivies par les enfants des plantations qui les avoisinent. Les avantages de l'instruction religieuse, et d'une éducation commencée de bonne heure, se font remarquer par la conduite rangée de toutes les classes laborieuses et la diminution des crimes. Signé

U. RAPPORT

FINLAYSON.

du magistrat spécial W. A. Bell, paroisse de SainteDorothée. 1er septembre 1840.

1. Les planteurs avec lesquels j'ai les relations les plus fréquentes, ne se plaignent aucunement de la difficulté de se procurer des travailleurs ; tous s'accordent à dire que leurs champs sont aussi bien entretenus qu'ils peuvent le désirer. Au commencement de la récolte, il s'est élevé quelques difficultés sur les conditions auxquelles les travailleurs feraient la coupe des cannes, le transport au moulin, etc., etc. Ces difficultés se sont terminées heureusement, par une convention de 2 fr. 5o, par jour, pour la 1re classe de cultivateurs, et de 1 fr. 25 pour la 3 classe. A ce taux le prix du sucre s'élève environ de 75 à 100 fr. par boucaut, pour la seule fabrication. Presque tous les travaux se font à la lâche; seulement, sur une ou deux plantations ils s'exécutent à la journée, et ce ne sont pas les plus avantageux. Heureusement pour les paysans et malheureusement pour les propriétaires, il arrive que, par suite de l'imprévoyance de ceux-ci, beaucoup de haies ont aujourd'hui besoin de réparations, afin d'empêcher les bestiaux de pénétrer dans les champs; de sorte que les travailleurs auront de l'ouvrage pendant quelque temps; autrement ils auraient été obligés de consentir à une grande diminution de salaire. La sécheresse excessive, qui a régné depuis le milieu du mois de février jusqu'à présent, a les espérances de la prochaine récolte ; mais peut-être la réduction que l'on prévoit produira-telle un bon effet moral sur les cultivateurs, en leur faisant sentir de qui ils dépendent pour leur bien-être futur. Je parle de ceux qui emploient leurs économies à acheter des terres et à bâtir des maisons. e

2 Autant que j'ai pu m'en assurer, la récolte, qui ne sera pas finie avant les pluies, sera à peu près de : 700 tonneaux de sucre, 3oo poinçons de rhum , 80 tierçons de café. En 1839, elle a été de : 1,000 tonneaux de sucre, 450 poinçons de rhum, 140 tierçons de café. 3. Pendant une tournée que j'ai faite dernièrement dans les montagnes, j ai à peine vu une colline qui ne fût pas couronnée d une maison habitée par son propriétaire. Les terres sont toutes en culture, et le pays offre l' aspect le plus pittoresque. Les lieux de résidence choisis par les noirs ne sont plus, comme du temps de l' esclavage, situes dans des endroits retirés et solitaires. Beaucoup de planteurs commencent a désirer que les travailleurs logent hors des propriétés, soit dans des villages, soit sur leurs propres terres, parce que, bien qu'ils retirent souvent une assez forte somme du loyer, il reste encore un souvenir du passé, et, de chaque coté, un sentiment pénible de dépendance qui ne produit aucun bien. Les planteurs pensent d'ailleurs qu'en occupant des travailleurs à la tâche, et en les payant bien, ils n'auraient à attendre deux que le respect dû par le serviteur à son maître;

les choses en iraient beaucoup mieux. Il y aurait toutefois à faire une exception pour un petit nombre d'individus engagés a l'année. 4. Presque chaque jour il se conclut des achats de terre, depuis un arpent jusqu'à dix, et à la distance de deux milles dans les montagnes. J'ai vu deux maisons, destinées à des réunions religieuses, entièrement remplies d'individus des classes inférieures, quoiqu'elles ne fussent encore terminées qu'en partie; elles sont a la distance de seize ou dix-huit milles de Old-Harbour-Bay. à foxtrémité de cette paroisse. Les nouveaux propriétaires de cette partie éloignée éprouveront de nouveaux besoins chaque année; le manque d'argent pour le payement du travail se fera sentir sur les grandes plantations de leur voisinage. Bien qu'il n'y ait pas à douter que les cultivateurs ne consomment à présent une grande quantité de provisions importées , et de marchandises sèches, cependant la pauvreté et le manque d'intelligence des individus qui dirigent aujourd'hui les petites boutiques des montagnes, et le bénéfice exorbitant qu'ils réclament pour le transport, etc., forceront les noirs à parcourir souvent une distance de seize à dix-huit milles, pour se défaire de l'excédant de leurs provisions, et pour acheter des marchandises. De là naîtront les inconvénients de la perte du temps , du danger des mauvaises compagnies, du risque de la santé, etc. 5. Les petits enfants, et même ceux d'un âge plus avance , lisent presque tous assez bien. Il est généralement reconnu que les enfants qui suivent les écoles sont plus polis et plus francs dans leurs manières que ceux qui négligent les bienfaits de l'éducation. Il y a dans la paroisse cinq ou six écoles, fréquentées par environ quatre cents élèves, qui possèdent déjà les rudiments d une éducation ordinaire. La population est de 6,000 âmes. Il y a sept édifices consacres aux cultes ; deux de ces chapelles appartiennent à l'Église établie. 6. La facilité avec laquelle un criminel peut se transporter d'une partie à l' autre du pays, et se procurer des moyens d'existence sons un nom et une qualité supposée, fait qu'il y a plus de crimes qu il ne s en commettrait si la police et les autorités connaissaient assez les habitants de leurs -districts pour découvrir un étranger suspect, et si les paysans avaient assez de courage pour communiquer aux magistrats leurs soupçons sur les crimes imputés aux personnes de leur classe. On s'accorde à reconnaître que les crimes ont diminué. Autrefois on ne pouvait dormir sous le toit d un étranger, sans être sûr d être dévalisé de son argent pendant la nuit ; il n en est plus de même à présent. Il y a bien encore des vols d'argent, mais ils ne sont plus aussi fréquents; et ceux qui se commettent sont imputables aux imprudents eux-mêmes qui en sont victimes. Ils s'imaginent que les classes inférieures sont devenues parfaitement civilisées et morales, qu'un autre âge d or est revenu pour elles. C'est une erreur. La condition nouvelle des noirs ne peut pas être ce qu'elle doit devenir, avant que quelques années de plus se soient écoulées. On ne peut espérer non plus que les domestiques soient aussi fidèles qu'il- le deviendront à la prochaine génération ; c'est pourquoi l'on devrait agir avec plus de prudence, dans l'intérêt commun, en éloignant les occasions de tentation. La coutume de confier de tories sommes d'argent à un cultivateur ou à un domestique , pour les porter, n'est pas ordinaire dans le pays ; mais ici cela se fait presque toutes les semaines ; il n'est pas étonnant que cet argent se perde quelquefois ; encore les cas de ce genre sont-ils extrêmement rares. Il y a, dans la paroisse, deux sociétés dont le but est de donner des prix aux domestiques qui se conduisent bien , soit sous le rapport moral, soit autrement. Avec le temps, ces institutions rendront les individus plus attentifs. Signé

W. A. BELL.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1840. — JAMAÏQUE. 789 v.

RAPPORT

de

M.

Charles Sconce , premier magistral. Vere, 2 septembre 1840.

Pendant les six derniers mois, c'est-à-dire pendant la dernière saison de la récolte, le prix du travail à la tâche, pour la journée , a été de 2 francs 4o cent, pour la première classe de laboureurs, de 1 fr. 5o cent, pour la seconde, et les autres en proportion. La rentrée de la récolte a été retardée par le manque de travail continu, et par les demandes réitérées d'augmentation de salaire. Le produit total de la récolle a été de 3,000 boucauts de sucre; c est la quantité la plus faible que j'aie vu rentrer depuis 1829, année défavorable et marquée par une grande sécheresse. Les établissements de cultivateurs comme francs-tenanciers ont été assez nombreux ; mais il a été fait peu d'acquisitions assez importantes pour donner droit à un vote. L effet de ces établissements, quant au maintien de la continuité du travail sur les plantations, ne peut pas être précisé d'une manière satisfaisante, parce que la température les a laissés sans valeur; mais il me semblerait naturel que, par un temps favorable, les noirs s'occupassent d'abord de leur propre culture, de préférence à la culture des plantations. Il n'y a, dans celle paroisse , qu'un seul village nouvellement établi ; il s'appelle Lionel. Cependant partout où des terres sont mises en vente, elles sont achetées en assez grande quantité, pour qu'on puisse donner à ces établissements le nom de villages. Le commerce intérieur s'est considérablement accru. On peut en trouver la cause dans le manque de toute espèce de provisions causé par la sécheresse, et dans l'obligation, pour la population , d'acheter, dans les boutiques, la farine et le riz nécessaires à sa subsistance. L'éducation des enfants fait des progrès. Il y a cinq à six écoles différentes, toutes bien suivies. On ne peut pas dire si les crimes, qui n'ont jamais été nombreux ici, ont diminué ou augmenté. Signé Ch. SCONCE.

x.

RAPPORT

de M. Ph. O'Reilly, magistrat salarié de la paroisse Saint-Jean. 6 septembre 1840.

En vous adressant les renseignements réclamés par la circulaire du gouverneur, du 1er août dernier, je ne puis en garantir l' exactitude, surtout en ce qui a rapport au résultat de la dernière récolte. En général, la récolle du sucre n'a pas été complété. Le déficit peut être attribué à plusieurs causes, mais principalement à l'incertitude de la question de loyer, qui a déterminé beaucoup des anciens apprentis à profiter de la facilité qu'ils ont de s'établir sur des terres à eux. Pour le prix de 200 francs, que l' on fait payer d'ordinaire pour une case et un champ à provisions, un cultivateur peut acquérir deux arpents de bonne terre. Après qu'il a bâti une maison sur ce terrain, il se trouve avoir, à peu de frais, pour lui et sa famille, une existence et un abri tranquilles ; il est propriétaire, et presque indépendant du travail des plantations. Quand il ne s'occupe pas de sa propre culture, il exécute par marché des travaux publics sur les rouies, ou travaille à débiter le bois de campêche, et gagne ainsi un fort salaire. Depuis la lin de l'apprentissage, il s'est formé des centaines d'établissements de cette espèce, qui ont naturellement enlevé une grande partie des forces appliquées à la culture des cannes; pas cependant au point d'inspirer des craintes pour le travail des plantations. II.

La longue sécheresse qui a causé, dans la plaine, des ravages jusqu ici sans exemple, n a pas été fortement ressentie dans les vallées de nos montagnes, ou sont situées les grandes plantations a sucre. Dans la belle vallée de Luidas, tout a un aspect de prospérité, qui est dû à de bienfaisantes ondées et à un travail suivi. On peut y compter avec confiance sur une grande augmentation dans la récolle prochaine. Les facilités d'éducation morale et religieuse, pour les enfants des districts ruraux, sont très-restreintes; d'un autre côté, la population est répandue sur un si grande surface que, malgré le désir des parents de leur procurer les leçons des ministres chrétiens de toutes les communions, on ne peut pas constater ici des progrès aussi notables que ceux qui ont été obtenus, depuis ces deux années de liberté, dans les parties où les habitations sont le plus concentrées. Le désir que manifestent les noirs de faire instruire leurs enfants coïncide avec une circonstance qui est aussi à leur louange, c est que, depuis neuf mois , il n'a pas été commis un seul crime grave dans cette paroisse. Les causes, peu nombreuses, portées devant les tribunaux inférieurs étaient de celles qui se présentent ordinairement dans les grandes réunions d'hommes. Il n'y a pas eu d'exemple d'une coalition pour résister aux lois, et il n est pas à présumer que pareil fait se produise. Signé Ph.

Y.

RAPPORT

de

M. R.

O'REILLY.

Mahon, magistrat salarié. Alley-Vere, 7 septembre 18400.

1. Le travail à la tâche est généralement adopté dans cette paroisse. Les cultivateurs et les planteurs le préfèrent. Les premiers peuvent gagner, de celle manière, de 5 fr. à 6 fr. 25 cent, patjour, tandis qu à la journée le salaire est seulement de 1 fr. 85 c. à 2 fr. 5o c. Les plantations qui ne se procurent que difficilement des travailleurs, sont forcées de payer davantage. Presque partout, sur la paroisse, la rentrée des récoltes a été tardive, parce que les cannes n'ont été bonnes à couper que fort tard, et, d un autre côté, parce qu'il y a eu de fréquentes discussions entre les cultivateurs et les planteurs au sujet des loyers et du salaire. Comme ces discussions se terminaient ordinairement par l' abandon des travaux, il en est résulté que la fabrication du sucre est aujourd'hui très en arrière. 2. La récolte a produit celte année de 3,000 à 4,000 boucauts de sucre et près de 2,000 poinçons de rhum ; c'est fort peu pour la paroisse. La sécheresse a exercé beaucoup d'influence sur ce résultat, ainsi que les dévastations commises par les bestiaux, dans les champs de cannes qui ne sont que fort légèrement défendus. Dernièrement on a pourvu à cet inconvénient, en entourant de fortes haies presque tous les champs de la paroisse. 3. Les petits établissements se sont beaucoup multipliés. Les cultivateurs sont très-désireux d'avoir des propriétés à eux. Ils ne tirent cependant que très-peu ou même pas de profit de leurs terres, sur lesquelles ils n ont, la plupart du temps, qu'une case et un jardin. Il est rare qu ils en achètent une assez grande étendue pour entreprendre une culture. Je pense donc que ces établissements ne nuisent en rien au travail assidu, en ce que ceux qui les possèdent sont obligés, comme par le passé, de se louer sur les plantations pour gagner leur existence. Lionel-T own, le seul village de celte paroisse , a été établi sur à peu près 5o arpents de terre riche. Il est environné de grandes plantations à sucre, et suffisamment pourvu de bois et d'eau. Son éloignement de Spanish-Town est de 3o milles; mais il n'est qu'à 17 milles de Old-Harbourg, et seulement à 2 milles d 'Alley-Market. Il 11 est pas encore tout à fait établi : cependant

5o..


790

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES.— PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

chaque jour des constructions s'élèvent ; ia population est de 100 habitants environ, qui tous résidaient précédemment dans la paroisse. On n y a encore ouvert ni boutiques ni magasins; mais , sur d antres points , il en existe dont le débit est très-considérable. Certaines plantations ont leur magasin particulier. La consommation ordinaire se compose de poisson, de riz et de farine, attendu que, même dans les meilleures saisons, il ne se recueille sur cette paroisse que peu de provisions. La population étant trèsforte , le bénéfice du commerce intérieur doit être considérable. Les enfants des travailleurs ont les plus grandes facilités pour recevoir l'éducation. Il n'y a pas moins de sept écoles de différentes communions, et l'empressement des parents à faire instruire leurs enfants n'est pas moins louable que la conception vive de quelques élèves n'est extraordinaire. Les crimes sont très-rares : c'est au point que j'ai siégé à plusieurs sessions trimestrielles, où il se trouvait à peine quelques cas à soumettre aux magistrats. Signé B. MAHON.

RAPPORT

de

E. Ewart, magistrat salarié de la paroisse de Saint-Thomas-dans-l'Est.

M-

10 septembre 1840.

1. Les progrès de la culture ont été fort retardés par la dernière sécheresse, dont la durée a été de six mois. Cette sécheresse a nui non-seulement à la fabrication du sucre, mais encore au résultat de la récolte actuelle. Plusieurs propriétés n'ont pas produit, à beaucoup près, ce que l'on-espérait ; il y aura partout une grande diminution de sucre et de rhum. Cependant il se trouve quelques exceptions. Certaines plantations récolteront autant que l'année dernière, et d'autres feront plus. L'assiduité au travail qui s'est manifestée cette année se fera, sans nul doute, sentir en 1841. Une propriété, située dans ce district, a produit net 20,000 livres, la première année de liberté. 2. Ce n'est ni à la sécheresse, ni au manque d'assiduité des travailleurs, qu'il faut imputer la médiocrité des récoltes, mais bien à la panique qui a eu lieu, après le 1 août 1838. Pendant plusieurs mois, en négligeant de faire des arrangements convenables , on a sacrilié les intérêts de la culture sur presque toutes les propriétés de ce district, qui renferme cinquante plantations à sucre. er

3. Lorsque le travail à la tâche ne jouissait pas de la faveur qu'on lui accorde aujourd'hui, la journée de 9 heures se payait de 1 fr. 5o à 1 fr. 80 cent. Dans les manufactures, les maîtres ont besoin d'heures extra, et les travailleurs s'empressent de les leur fournir. Ils gagnent souvent, de cette manière, 3 fr. 10 cent., ce qui équivaut à une journée d'artisan. Les artisans ont le soin exclusif des machines et ustensiles, ainsi que des charrettes ; ils entreliennent aussi les bâtiments. Toujours ils se montrent capables et dignes de remplir les fonctions qu'on leur confie. 4. et 5. Surles salaires, les propriétaires se font ordinairement rembourser environ 137 fr. 5o cent, pour loyer de chaque case et du terrain qui en dépend. Les cultivateurs reçoivent leur paye chaque semaine ; mais le peu de confiance qu'ils ont d'être maintenus dans leurs locations, porte beaucoup d'entre eux à acheter de petits lots de terre, sur lesquels ils puissent se retirer, dans le cas ou ils viendraient à être expulsés. En prenant ce parti de suite, ils se rendraient parfaitement indépendants. Cependant je n ai pu trouver un seul exemple de retraite volontaire de leur part. Ils travaillent au contraire avec empressement

cinq jours de la semaine, moyennant un salaire en espèces . et ne consacrent que le samedi à la culture de leurs terres et à l édification de leurs maisons, en s'aidant mutuellement dans cette construction. 6. On n'éprouve pas dans ce district les funestes effets du défaut d assiduité dans le travail, pour la culture des produits d'exportation. Des géreurs m'ont déclaré que souvent ils ont plus de bras à leur disposition qu'il ne leur en faut, ou qu'ils n'en peuvent payer à un prix convenable. Les cultivateurs eux-mêmes se plaignent souvent de n'avoir pas de travail continu, ainsi que de l'irrégularité du payement de leurs salaires, qui restent fréquemment arriérés pendant plusieurs semaines. 7. Je me suis convaincu par les rapports que j'ai eus avec les plus intelligents des cultivateurs de ce district, dont la population est d environ 15,000 âmes, que, partout où il leur est permis de cultiver des terres, moyennant un loyer proportionné, et avec la confiance de n être pas troublés dans leur possession, ils sont très-disposés a travailler toute l'année, pendant cinq jours de la semaine, sur les plantations qu'ils habitent. Ils disent : Lorsque nous avons une bonne case et un terrain pour fournir à nos besoins, nous pouvons nous louer à nos anciens maîtres, moyennant 1 fr. 5o a 1 fr. 80 cent, par jour; mais lorsqu on nous relire la (erre, alors il faut que nous réclamions un plus fort salaire, et que nous cherchions ailleurs d'autres terres à cultiver; ou bien que nous dépensions dans les magasins de la plantation tout ce que nous gagnons, pour acheter du riz, du blé, etc., nourriture qui ne nous convient pas autant que les ignames, les cocos et les bananes que nous récoltons. 8. Je suis tellement persuadé que les cases et les terrains à provisions, loués à un prix raisonnable, sont les plus sûrs auxiliaires du système de travail libre, que j'ai engagé les géreurs à conclure avec les cultivateurs, des engagements annuels de cette nature, en me portant caution de l'exactitude scrupuleuse de ceux-ci à les remplir ; mais je n'ai aucun espoir de réussir. Les géreurs prétendent que cette mesure serait impolitique, que la population doit être forcée au travail, en maintenant le mode actuel de location, qui laisse la liberté d'expulser le cultivateur, s il refuse les conditions qu on lui offre pour des travaux tellement diversifiés, qu ils prêtent à une foule de vexations, de la part de celui qui gouverne, envers ceux qu'il lient dans sa dépendance. 9. Plusieurs villages s élèvent dans ce district, savoir à Delvey. Airemout, Navarino, Greenwood, Islingtonet Beldona, indépendamment du grand accroissement de population de Port-Morant, Rocky-Point, Bath et Manchioneal, où des centaines de lots de terrains, considérés jusque-là comme sans valeur, ont été achetés au taux de ko livres l'arpent. Les cultivateurs se construisent des habitations plus vastes et plus commodes que celles qu'ils avaient autrefois. En un mot, l'amélioration de la condition des noirs, tant au physique qu'au moral, leur indépendance personnelle, leurs vêtements et leur conduite, forment le contraste le plus agréable avec ce qu'ils étaient autrefois sous ces divers rapports ; ils sont assidus dans leurs devoirs religieux et cherchent à s'instruire. 10. Le nombre des enfants inscrits sur les registres del'école nationale de Mancliioneal s'est augmenté de 225. L'école Mico et les écoles paroissiales de Bath sont également bien suivies, sans parler des établissements de même nature placés sous la direction des ministres wesleyens et baptistes. 11. L'effet de la liberté sur le commerce de détail est surprenant ; la plupart des propriétés ont un magasin bien approvisionné. La consommation des importations d'Angleterre, telles


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. —CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1840. — JAMAÏQUE. 791 que vêtements, comestibles, liqueurs et même objets de luxe, s'est prodigieusement accrue dans toute l'île. Elle donne aux propriétaires un bénéfice de 12,500 à 25,000 francs par an: si on y ajoute la somme des loyers, le total s'élève aussi haut que le produit net de bien des propriétés à sucre d'autrefois. 12. D après ce que m'ont appris mes conversations avec les habitants des villages, je crois que l'indépendance des cultivateurs sera du plus grand avantage pour les intérêts agricoles du pays, et peut seule procurer le travail assidu et régulier. Les propriétaires doivent donc s'appliquer à loger commodément les noirs qu'ils occupent, soit comme locataires, soit comme fermiers; les encourager au travail et non chercher à les y contraindre; ne pas s abuser sur les résultats des projets d'immigration, et apprécier à leur juste valeur les services de leurs anciens esclaves, disposés aujourd'hui à les seconder comme hommes libres, à condition qu'Os seront traités avec humanité et rétribués d'une manière équitable. 13. Aux dernières petites sessions de Manchioneal et de Bath, on n'a jugé qu'une cause, c'était une rixe violente entre personnes vivant ensemble; et aux sessions de trimestre, tenues à Morant-Bay, pour la circonscription de Saint-Thomas-dans-l'Est et de Saint-David, la cour n'a eu à s'occuper que d'un vol. Il suffit d'ajouter que ces faits se passent au milieu d'une population de 3o à 35,000 habitants. 14. En ma qualité d'inspecteur de la maison de correction de Manchioneal, destinée aux femmes condamnées du comté de Surrey, j'ai seulement eu à constater quatre causes, une pour rixe violente et trois pour vol. Signé E. EWART.

AA.

RAPPORT

de M. T. V. Jackson, magistrat salarié.

Heatfield (Saint-Thomas-dans-la-Vallée), 15 septembre 1840. Suivant ce qui m'a été dit,les récoltes dernièrement faites sont restées de vingt à quarante pour cent au-dessous de la moyenne des années dernières. On s'attendait, quant au sucre, à ce déficit, en raison de la petite quantité de plants disposés à la fin de 1838 et au printemps de 1839, en raison aussi de la suspension totale de la culture, et des dégâts commis par les bestiaux. il ne m'appartient ni de rechercher à quelle cause attribuer cet état de choses, ni de dire à quelles personnes on peut l'imputer. Il y a, toutefois , une circonstance étrange à signaler : c est que, malgré la période de l'apprentissage, le passage de l'esclavage à la liberté s'est opéré, pour les intéressés, comme un événement imprévu et tout à fait inattendu. Les représentants des propriétaires absents ont paru effrayés de leur nouvelle position , et souvent se sont tenus tout à fait à l'écart, laissant aux économes le soin de s'arranger pour le mieux. On offrait trois schellings par semaine (cinq jours) avec les anciennes rations, aux meilleurs d'entre les cultivateurs; dans d'autres circonstances , on ne voulait payer que comme tout le monde. Soit insuffisance du salaire proposé, soit incertitude de la somme de travail à remplir, soit doute conçu par les noirs sur la compétence des économes pour contracter des engagements valables, soit, comme le pensent quelques personnes, la paresse, et une trop grande estime d'eux-mêmes conçue par les cultivateurs dans leur nouvelle qualité d'hommes libres, soit enfin une combinaison d autres causes, les propositions furent rejetées et des mois s'écoulèrent sans laisser presque aucune trace de travail sur les plantations. Ce résultat fâcheux se fait sentir aujourd'hui et influera sur la prochaine récolte. II.

On peut porter le taux actuel des salaires à 1 fr. 85 cent, par jour, pour les bons ouvriers, et de 1 fr. 25 cent, à 12 fr. 55 cent, pour les femmes. Les cultivateurs et les maîtres commencent à mieux apprécier le travail a la tache, qui est, je crois, dans leur intérêt mutuel. Les premiers ne s'engagent que rarement sur les propriétés, pour la journée du samedi, parce qu'ils la consacrent à la culture de leur terrain à provisions ; de sorte qu'un homme seul gagne par semaine g fr. 35 cent., sur lesquels on lui retient 2 fr. 5o cent, pour loyer de sa maison et de son jardin, ordinairement évalué à 125 francs, somme inférieure à celle qu'il paye chaque année. Les cultivateurs cherchent avec empressement à se rendre acquéreurs de terres ; un très-grand nombre a déjà fait des acquisitions. On leur vend l'arpent à raison de 5o francs à 200 francs ; mais, si jamais la validité des titres venait à être examinée, je crains bien que beaucoup d'entre eux n'aient à se repentir d'avoir agi trop précipitamment. Plusieurs villages se sont élevés, depuis peu, dans cette paroisse. Cependant je ne pense pas que le travail en ait aucunement souffert, attendu que chaque lot de terre ne dépasse pas deux ou trois arpents, et que ceux qui les possèdent n'y consacrent guère plus de temps qu'ils n'en met taient à cultiver leurs terrains à provisions, sur les plantations. Seulement il est à craindre que plus tard, lorsque les cultivateurs seront plus à même de visiter souvent leurs villages, les plantations n aient a souffrir du temps perdu à ces excursions, à moins que les propriétaires n'obvient à ce mal en leur cédant de petits terrains dans leur voisinage. On ne peut mettre en doute que les nègres n'aient contracté le goût des choses de luxe, qui leur étaient étrangères dans 1 état d esclavage, en proportion des moyens qu'ils ont acquis d'y satisfaire. Ils ne se contentent plus de racines ; il leur faut du pain blanc et du bœuf frais ou du porc, au lieu de leur modique ration de hareng salé. La consommation du sucre, dans l'île, a au moins quadruplé depuis quelques années ; suivant l'opinion d'un planteur, qui est en même temps négociant, elle aurait décuplé, ainsi que la consommation du rhum. Je pense que le commerce intérieur du pays a dû augmenter en proportion de la diminution dans l' exportation des produits. Le nègre, habitué à compter sur son maître, dans la vieillesse et la maladie, ne connaît pas la prévoyance; il dépense tout ce qu'il gagne, et ne songe à faire d économies que pour exécuter un projet immédiat, tel que l'achat d'un terrain, etc., etc. Il y a plusieurs écoles bien suivies. Les noirs montrent beaucoup d'empressement à apprendre à lire, et à faire instruire leurs enfants. Je crains même que leur goût pour l'instruction intellectuelle, ne les conduise à négliger les autres parties de l'éducation nécessaire pour disposer les enfants à remplir les pénibles devoirs de leur condition. En considérant l'instruction comme un privilège attaché à la liberté, il est à craindre qu'ils ne finissent par se persuader que la plume et l'encre suffiront pour les faire vivre. La statistique des crimes est rassurante : aux trois cours de sessions trimestrielles, tenues celte année dans la paroisse, il ne se trouvait inscrit que dix-sept causes, dont deux ont été remises : 11 concernaient 14 individus prévenus de vol. 6 » 4 » coups et blessures. 2 » 2 » évasion de prison. Sur ces vingt-deux individus, il en reste un à juger, et trois seulement ont été condamnés. A la session de mai, pas une seule accusation n a été portée devant le grand jury ; et la session des causes ordinaires a été ajournée, faute d'occupation. La paroisse a une étendue de 84,000 arpents, et renferme 16,000 âmes. La cour de session trimestrielle est la seule qui connaisse des délits commis dans cette circonscription, excepté la grande cour et les petits tribunaux où les magistrats décident sur les cas de moindre

5o...


792

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE.

importance. Les causes qui y sont portées, à l'exception des causes civiles, ne s'élèvent pas à plus de trois par semaine, et certainement la grande cour n'a pas à prononcer sur plus de cinq procès par an. Dernièrement la culture d'une des plus belles, sinon delà plus belle des plantations de cette paroisse, a été abandonnée. La cause doit en être attribuée, dit-on, à l'un de ces ruineux débats entre les propriétaires et leurs créanciers hypothécaires, qui, depuis plus d'un siècle, ont ruiné tant de familles et produit une si forte diminution dans les produits d'exportation. D'un autre côté, il est agréable d'avoir à citer l'exemple d'une autre plantation , qui, depuis plusieurs années, était devenue onéreuse à son propriétaire et qui,'louée à un homme industrieux, est parvenue (après les difficultés de la première année) non-seulement à rendre le prix du loyer, mais encore un bénéfice très-satisfaisant. Les contestations au sujet des loyers sont bien moins fréquentes qu'autrefois. Quand la redevance est clairement définie elle se paye sans difficulté; mais, dans bien des endroits, elle est trop souvent confondue avecle loyer, et des querelles sont suscitées par des planteurs,.qui renoncent volontiers d'une manière tacite à leurs prétentions, pourvu qu'on ne les prive pas légalement du droit d'exiger les arrérages quand ils le jugent à propos. Les cultivateurs sont ainsi encouragés à croire qu'ils sont affranchis de tout payement de loyer, jusqu'au moment où on leur réclame une forte somme. J'en ai vu cités devant les magistrats pour soixante semaines arriérées. Il semble au moins très-peu raisonnable de permettre l'accumulation d'une aussi forte somme. On n'a pas tout-à-fait renoncé à compter le prix du loyer des cases, à raison de tant par tête. On le pratique moins ouvertement , mais il subsiste encore. Saint-Thomas-dans-la-Vallée a moins souffert, peut-être, que toute autre paroisse, de l'extrême chaleur dont l'île a été affligée cette année; aussi la récolte prochaine a-t-elle un aspect favorable. La végétation est luxuriante, les paysans sont tranquilles et rangés, l'espoir et l'énergie des planteurs se raniment; en somme, les espérances sont aussi belles qu'on pouvait raisonnablement le désirer. Toutes les sommes en argent citées dans le présent rapport doivent être eu tendues en livres sterling. Signe

BB.

RAPPORT

de

M.

T.

W.

JACKSON.

A. Dillon, magistrat salarié.

Allan-Hall, paroisse de Sainte-Anne, 20 septembre )8io. Le café et le sucre ont manqué dans ce district, par un enchaînement et une combinaison de causes diverses, telles que le loyer, le salaire, le temps, et l'ignorance de la part du géreur et du laboureur de leurs devoirs réciproques. Chacun désirait établir un état de choses qui lui fut particulièrement avantageux ; et, partout où ce sentiment d'égoïsme a existé, ses conséquences ont été funestes : on ressentait le mal, sans s'occuper de ce qui l' avait produit. Cependant l'expérience a corrigé bien des erreurs; et chaque jour les sentimens naturels qui doivent unir le maître et le travailleur prennent du développement. Il est extraordinaire, et cependant il est très-vrai, qu'un petit nombre d'exceptions suffit pour engendrer de grandes,calamités, qui frappent également les hommes sages et les brouillons. La location hebdomadaire des cases et des terrains est un fréquent sujet d irritation. Un géreur a plusieurs moyens de gêner le locataire, et de dépeupler la plantation. Lorsque cela arrive, il faut cependant qu'il entretienne la culture; et, à cet effet, il attire les cultivateurs des plantations voisines, jusque-là bien tranquilles, en leur offrant un salaire beaucoup plus élevé que la nature et la quantité de travail à faire ne le justifient.

Le géreur conciliant, blesse d un abandon qu'il n'avait pa> mérité, au heu de l' attribuer au prix élevé offert par son imprudent voisin, s irrite a son tour, signifie des congés aux noirs, enferme leurs chevaux, détruit leurs terres à provisions, et tue leurs porcs. Ainsi se propage la guerre dans les campagnes, ainsi il arrive que le travail continu passe d'une propriété à une autre. Ces circonstances ont, sinon fait naître, du moins puissamment secondé le système des villages libres. Des milliers d'individus ont acquis les droits électoraux. Et pourtant il eût été bien préférable d'accorder à la population nouvellement émancipée des garanties pour ses loyers sur les plantations, que de la voir s'élever tout à coup au rang de propriétaires indépendants. Plus de 3,00 arpents ont ainsi été achetés pour leur usage; et revendus par portions, au prix de 80 et même 100 livres l'arpent, suivant-la situation, la qualité ou le caprice. Chaque jour on y élève des cases ou des maisons, selon les moyens des noirs nouvellement établis. On m'a donné l'assurance que les plantations voisines de ces villages en ont obtenu un travail assidu, qui leur a permis de terminer la récolte beaucoup plus tôt qu'on ne l'espérait. Le cultivateur reçoit de 1 fr. 5o cent, à 2 fr. 15 cent,, 2 fr. 90 cent, et même 3 fr. 60 cent, par jour, et très-souvent ne donne en échange qu'une très-petite journée de travail. Il vient lard, s en va de bonne heure, ne montre pas d'activité, en un mot semble s'appliquer à obtenir le prix le plus fort possible , et à ne rendre que l'équivalent le plus faible. Le travail à la tâche serait le moyen de remédier à cet inconvénient. Quand il travaille de celte manière, le laboureur déploie toute sa vigueur; le contraste entre lui et le noir occupé à la journée est curieux à observer. Je désirerais qu'il en fût autrement, et que la conscience, et non le profit, servît de stimulant. Le court espace do temps qui est aujourd'hui consacré au travail des grandes cultures est une réaction contre le système de huit heures, suivi pendant l'apprentissage. Le planteur est force de reconnaître que lui-même a semé la paresse sur un sol d'où l'on ne pourra l'extirper qu'avec le secours du temps. Le nègre a la conception très-vive, et sait appliquer à son avantage actuel les circonstances qui autrefois lui étaient nuisibles. Il se rappelle ce qu'il lui en coûtait pour acheter sa liberté, et n oublie pas non plus que les experts affirmaient sous serment la valeur d un apprenti à 2 fr. 15 cent., 2 fr. go cent, et 3 fr. 60 c. par jour. On ne peut s attendre à ce qu'il se déprécie lui-même aujourd hui, et vienne proposer son travail à un prix inférieur. Ici nous distinguons parfaitement encore la cause et l'effet, chose dont on ne s occupait jamais précédemment, ou que l'on dédaignait. Ce sont les maîtres qui ont introduit les courtes journées et les forts salaires, et les noirs sont trop sages pour contester ce qui a été fait. Les loyers sur les propriétés, plantations ou pâturages, de ce district, varient de 2 fr. 15 cent., 2 fr. go cent, à 3 fr. 60 cent, par semaine, pour une case et un terrain. Le loyer se paye par famille, et sans aucune difficulté lorsqu'on le distingue du salaire. Une sécheresse, non interrompue pendant six mois, a eu son influence ordinaire sur la végétation. Les cannes qui, à cette époque, sont ordinairement bonnes à couper, ont à peine un second nœud: une culture de laquelle on attendait quarante boucauts n'en a produit que quatre. Celle sécheresse aura en outre une fâcheuse influence sur l'année prochaine. La culture de la canne diminuant, le cultivateur voit diminuer le travail; et, les champs n'ayant pas non plus fourni une bonne récolle, le noir commence à sentir enfin les atteintes du besoin. Depuis l'émancipation définitive, le commerce intérieur est devenu cent fois plus actif; la vente des marchandises anglaises et américaines s'est faite promptement et à bon prise. Les demandes en toiles, étoffes de coton, impressions, chapeaux de castor, souliers, has.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1840. — JAMAÏQUE. bonnets et sellerie, se sont multipliées au delà de ce qu'on peut croire. Les boutiques se sont ouvertes comme par enchantement; ce sont les noirs presque seuls qui les soutiennent. Je n'ai jamais rencontré de paysans plus préoccupés du luxe extérieur et de la toilette. Il n'est pas rare de voir à des cultivateurs des montres, des chaînes d'or et des bijoux de prix. Ils ont presque tous un cheval à eux. L'usage du jambon , de la farine et du porter est devenu général. Les registres de justice, constatant le petit nombre de.crimes qui se commettent, doivent convaincre les plus incrédules que les moyens de se procurer ces objets de luxe et de bien-être sont légitimés. Je n ai encore eu occasion de voir ni un fainéant, ni un vagabond. Ce sont la des êtres de raison qui ne semblent exister que dans l' imagination du planteur découragé. Le désir de l' éducation surpasse les moyens d'y satisfaire. La maison d école, qui estconvenablement située pour une partie du district, est nécessairement éloignée de l'autre. Les parents se montrent disposes a vaincre tous les obstacles, et à faire tous les sacrifices. Ils renoncent au profit du travail de leurs enfants, estimé à 60 cent, et 1 fr. 20 cent, par jour, pour leur procurer de l' instruction ; et souvent ils les envoient à l'école d'une dislance de G ou 8 milles. La majorité des paysans sont baptistes. Les rapports les plus authentiques établissent que plus de 3,000 individus suivent les classes de la semaine et du dimanche. La paroisse de Sainte-Anne a environ 26 milles de longueur, sur 17 à 18 milles de largeur, en droite ligne. Sa surface-est de 468 milles carrés , ou de près de 243,836 arpents. La population totale dépasse 3o,ooo âmes. La population qui fait l'objet de ce rapport est celle du district de Dry-Harbour, qui est le plus populeux et compte plus de 17,000 aines. Depuis le 1 août 1838, il n'y a eu aucun exemple de résistance aux constables, ni de négligence à répondre à une sommation, ni de manque d'exécution d'engagement contracté. Si les procès n'ont pas diminué dans les petits tribunaux de sessions , au moins il y a absence totale de ces crimes qui sont la honte des habitants des autres contrées. Notre maison de correction ne sert plus à rien, le moulin de travail est inoccupé, à peine si la prison a reçu quelques hôtes. Les habitants montrent un grand respect pour les lois, qui ont été administrées, on doit le dire, avec douceur et bonté. Ils sont sincèrement attachés à la Reine; aucune influence au monde ne pour rait les faire renoncer à la suzeraineté de la Grande-Bretagne. La bonne situation de la paroisse de Sainte-Anne est le fruit de la conduite conciliante et juste de notre excellent custos 'maire), .M. W. Park. La turbulence ne trouvait qu'une juste sévérité; l'arrogance était réprimée, et toute procédure illégale dénoncée. Nous lui sommes redevables de n'avoir vu enlever le toit d aucune maison, ni dévaster aucun champ à provisions. Personne n'a été expulsé que dans les formes prescrites par la loi. L'influence des magistrats salariés a été l'objet d'imputations diverses. Je crois que cette influence, acquise par un exercice consciencieux et non interrompu de six années, a produit d'heureux effets. Ils n'avaient pour appointements qu'une somme souvent insuffisante, sans encouragement, et sans autre consolation que celle d'avoir servi le pays dans un des emplois les plus pénibles et les plus onéreux, et au milieu d'une crise sans exemple dans l'histoire des nations. J'espère que les humbles fonctionnaires qui, sous le soleil des tropiques, loin de leur pays et de leurs parents, malgré la maladie et la pénurie d'argent, ont su mener à bien la grande mesure qui leur était confiée, ne seront pas tout à fait oubliés dans l'avenir. er

Signé A.

DILLON.

cc.

RAPPORT

de

M.

D.

793

Robertson, custos ( maire ) de SainteÉlisabeth.

Sainte-Elisabeth, 21 septembre 1840. Le salaire généralement demandé, pour un travail de 5 heures 1/2 environ, est de 1 fr. 20 cent.; partout on préfère le travail à la tâche pour sarcler les cannes, les champs de café, les pâturages , pour creuser les trous et planter les cannes, pour remuer la terre et planter le café. Le salaire exigé varie suivant la nature du sol. Pendant la récolle, les ateliers ruraux, y compris les coupeurs dé cannes et ceux qui les rassemblent en paquets et les chargent, demandent 1 fr. 80 cent. ; les hommes du moulin , ceux de la sucrerie, et les autres occupés dans les bâtiments de fabrication, demandent 2 fr. 4o cent, par jour. Ils travaillent rarement le vendredi, et jamais le samedi. La récolte de i84o, sur presque toutes les propriétés, n'a pas donné plus d'un tiers des récoltes antérieures" à 1839, à cause du relâchement des travailleurs vers la fin de 1838, et pendant tout 1839. Aucun plant n'a été remplacé en 1838; on n'en a fait que très-peu de jeunes en 1839; la culture s'est trouvée diminuée. Les boutures mal soignées, les dégâls causés par les bestiaux et les rats, et les vols de cannes par les paysans, ont contribué à ce résultat. Cette paroisse est ce qu'on appelle une terre à plants, c'est-àdire où la canne a besoin d'être plus souvent plantée ; sa nature aride exige beaucoup d'engrais pour qu'elle produise des rejetons. L excessive sécheresse fait craindre que la récolte de 1841 n excède pas la dernière. Pendant cette sécheresse, il y a eu abondance de travailleurs, par suite de la rareté des provisions. Beaucoup de noirs, qui avaient acquis des lots d'un terrain pauvre et improductif, avaient négligé leurs anciens champs à culture, sur lesquels ils ne comptaient que pour se nourrir quelque temps; les racines arrachées à mesure de leur maturité n'étaient point remplacées. Mais, lorsque la sécheresse vint détruire la végétation sur leurs nouvelles acquisitions, ils furent contraints de chercher du travail, afin de se procurer les moyens d'acheter des provisions d'Amérique, pour l'entretien de leur famille. Sur les plantations à café, pendant la récolle, le salaire est en raison de la quantité recueillie; c'est presque toujours 1 fr. 20 c. par boisseau. Au commencement et à la fin de la récolte, on considère cette, tâche comme suffisante pour le travail d'une journée; mais, au moment le plus fort, un travailleur actif peut facilement recueillir trois boisseaux dans un jour. On éprouve souvent des pertes quand les récoltes sont en retard et lorsqu arrive le moment le plus pressé, c'est-à-dire en décembre ou au commencement de janvier. Les deux années dernières, les cultivateurs n'ayant pas travaillé, pendant deux semaines avant et deux semaines après Noël, le grain mûr est tombé à terre, et a été perdu. Sur les plantations de la paroisse, les cultivateurs refusent de travailler en troupe, ou de permettre qu'un homme de leur couleur surveille leurs travaux et fasse attention à ce qu'ils soient convenablement exécutés. De là vient que, l'année dernière, la culture a été si négligée. Une famille employée au travail mettait une telle lenteur à sarcler, que souvent le champ recommençait à se couvrir d'herbes avant d'avoir été achevé. La recolle du café de l' année dernière a été très-faible, en comparaison des années précédentes; les longues sécheresses éprouvées depuis le 17 avril jusqu'au 16 juillet ont détruit tout le fruit déjà avancé; et le seul espoir de récolte pour 1841 repose sur la floraison de la première quinzaine d'août. Cette floraison n a pas été complète, en ce que les arbustes avaient trop souffert. Il est probable que la récolte de cette année restera encore au-dessous de la dernière. La même cause a produit la perle entière de la récolle de pimento.


794 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. —PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. Une parlie de la population laborieuse, autrefois attachée aux propriétés, les a quittées pour aller s'établir sur de très-pauvres terrains de savanes, et réside maintenant trop loin des plantations pour qu il lui soit possible d'y aller travailler. Bientôt il faudra qu elle y revienne , ou qu'elle se procure des terrains plus productifs et plus rapprochés des lieux de travail. Il serait d'un grand avantage pour la population laborieuse que le Gouvernement, sur des terres achetées par lui dans des positions saines et fertiles, fit construire des villages sur un plan régulier * chaque case ayant un champ suffisant pour la nourriture dune famille. Les tenanciers payeraient au Gouvernement une redevance stipulée. Les villages seraient assez éloignés les uns des autres pour empêcher les cultivateurs de se disputer le travail sur les plantations voisines. Il y aurait dans chaque village une école et une chapelle, où le service divin serait célébré tous les huit ou quinze jours, suivant que le rapprochement permettrait ou non à un même ministre d'en desservir deux le dimanche. Ce plan donnerait plus de facilité pour l'éducation des enfants, et tendrait à leur amélioration morale aussi bien qu'à celle des adultes. Si on l'adoptait, il mettrait un terme aux exactions qui ont été pratiquées par certains spéculateurs. On en a vu acheter à très-bas prix de vastes étendues de terres, et revendre aux cultivateurs, à un bénéfice énorme, de petits lots de ces terres improductives, et situées de manière à les empêcher de pouvoir se procurer assez de travail pour leur entretien et leurs familles. Les acquéreurs ont fini par tomber dans la misère. Le plan que je propose leur assurerait l'aisance et le bonheur. Les crimes ne sont point partout en progression croissante. Cependant, dans quelques circonstances, ils ont été plus fréquents que précédemment, surtout à cause de la facilité qu'il y a de pouvoir voler le bois de teinture sans être découvert, attendu qu'il n'existe pas de police sur la rivière. Il est essentiel que la législature avise à la répression de ces vols, en instituant une force suffisante qui obligera les individus qui s'y livrent à chercher de plus convenables moyens de subsistance. Signé

DD.

RAPPORT

D.

ROBERTSON.

de M. W. Carnaby, magistrat salarié.

Lime-Savannah (Lower-Clarendon) , 28 septembre 1840.

L'almanach de la Jamaïque de 1838 indique la paroisse de Clarendon comme renfermant 191,657 arpents de terre , 40 plantations à sucre, 38 à café, plusieurs parcs à bestiaux, et divers autres petits établissements. La population peut être estimée aujourd'hui à 25,000 âmes. La récolte de 1840 , en sucre et café, est maintenant achevée. Je ne puis établir en détail les produits de Clarendon, mais ils sont restés considérablement au-dessous de ceux de l'année dernière. Je ne crois pas inutile de placer ici quelques observations sur le déficit dans la récolte de celte année. Dans mes rapports de 1838 et 1839 , je prévoyais ce déficit, par des motifs qui étaient alors et sont encore visibles aujourd 'hui, mais particulièrement à cause de la petite quantité de plants mis en terres, durant l'automne de 1838, par suite des contestations qui existaient à celte époque sur le taux des salaires. Les paroisses dont la récolte dépend des plants ont souffert de cette circonstance ; et, comme celle de Clarendon ( surtout dans sa partie la plus élevée ) est de ce nombre, elle a dû d'autant plus souffrir cette année, que les plants que l'on aurait disposés en 1838 auraient produit pour 1840. Laissant de côté la question du déficit de cette année, et supposant les saisons aussi favorables que possible, il est évident que plusieurs des plantations situées dans les montagnes, à une distance de 20 ou 3o milles des lieux d'embarquement, ne pourront,

a cause de cet éloignement même , payer leurs dépenses de culture, etc. Les seuls frais de transport, y compris la détérioration des voitures et des animaux, doivent être énormes à présent et Ion peut avancer avec certitude que ces plantations n'ont pu s établir qu'au moyen des ressources qu'offraient l'esclavage et le travail des esclaves, et qu'elles n'auraient jamais pu l'être autrement. Je doute même que, dans ce temps, aucune d'elles ait jamais rien rapporté au propriétaire de bonne foi. Si je ne me trompe, Clarendon, sans parler de la mauvaise saison et du manque de travail continu, doit éprouver, pendant les années qui vont suivre, une grande diminution de produits, parce que le plus grand nombre des plantations de ce district se trouve dans les montagnes. Il est probable que la culture du sucre devra être abandonnée sur ces plantations. Relativement au travail continu et à son prix pendant les six derniers mois, il est impossible de rien préciser. La chaleur, qui a duré huit mois consécutifs, ayant empêché les travailleurs et les planteurs de proposer des conditions fixes, dans une ou deux circonstances à ma connaissance , des discussions élevées sur le taux des salaires ont entravé momentanément la fabrication du sucre ; mais je n'ai pas su que le manque de bras ait nui à la récolté ; on s'est plaint seulement de son peu d'importance. Au moment de la récolle, les salaires ont été payés à raison de 1 fr. 80 à 2 fr. 50 par jour. Quant aux travaux des champs, la sécheresse les a beaucoup réduits. Il n y a pas eu de plaintes. Les salaires ont varié île 1 fr. 25 à 3 fr. 10. La perspective de la récolte actuelle et de la prochaine n'est pas belle. Cet état de choses est dû à la sécheresse qui a duré depuis Noël de l'année dernière. En général, les économes avaient fait de grandes dispositions pour 1841, et préparé une quantité de nouveaux plants. Dans l'automne de 1839, la sécheresse a détruit les espérances que des années ne pourront pas faire revivre. II est presque impossible, en conséquence, de rien calculer sur la production des plantations à sucre, pour 1841 et 1842. La calamité qui a créé cette triste perspective a mis plusieurs planteurs à même de remédier à un mal criant, c'est-à-dire à entourer les champs de cannes, de haies et de clôtures. Jusqu'à présent on y avait mis beaucoup de négligence, par la grande facilité que l' on avait, aux époques de l'esclavage et de l'apprentissage, de les faire surveiller par des gardiens. Ce service est devenu bien plus difficile a établir depuis la liberté, et beaucoup de beaux champs de cannes ont souffert des incursions répétées des bestiaux des plantations, et d autres animaux. Celte amélioration, très-importante pour les récoltes prochaines, deviendra un pesant fardeau pour les propriétaires , lorsque, pour les raisons que nous avons dites, les propriétés ne pourront plus supporter de frais; cependant ce sera autant de moins à dépenser plus tard. Il y a peu de paroisses de l'île où il se soit formé plus de petits établissements et de villages que dans celle-ci, particulièrement dans la plaine. Comme preuve, je citerai le village voisin de ma demeure, et cinquante établissements de cultivateurs, qui, dans les huit derniers mois ont été fondés sur une étendue de quatre milles. Cette plaine a été défrichée, et aujourd'hui elle se couvre d'habitations. En suivant la grande route sous le vent de Kingston, et qui traverse Clarendon pendant environ vingt milles, on aperçoit, à chaque distance de deux ou trois milles, de nouvelles fermes qui se forment. On peut en dire autant de toute la paroisse, quoique le mouvement y soit moins rapide. Ces petits lots de terrains renfermant une case ne constituent pas, en général, ce qu'on appelle propriété de francs tenanciers. Les acheteurs paraissent n'avoir pas eu autre chose en vue que de se procurer une résidence indépendante, qui les mette à même de consacrer leur temps et leur travail, le plus avantageusement possible, aux localités les plus favorables. Je pense que si des établissements partiels ou des villages se formaient, sur des terres appartenant à des propriétés et y attenant, au moyen de longs bails faits aux


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ETAT DU TRAVAIL, ETC.— 1840. — JAMAÏQUE. 795 cultivateurs à des conditions raisonnables , ou s'il leur était permis d acheter des lots de ces terres et d'y construire eux-mêmes , on obtiendrait plus aisément des travailleurs et un travail régulier. Un tel arrangement mettrait lin à cette cause interminable de désaccord : la question du loyer mêlée au salaire. Je pourrais citer une ou deux propriétés de la plaine , qui ont profite du voisinage des villages, mais surtout la propriété VVhitney, appartenant à lord Dudley-Ward , située près du village de Dorus, dans Manchester. Suivant ce qui m'a été dit, un certain nombre des cultivateurs de Withney ont quitté la plantation pour s'établir; mais ceux-là même, et d'autres encore du village, fournissent assez de travail à Whitney pour les besoins de la culture. Il ny a pas de doute que les établissements nouveaux n'aient servi à augmenter le commerce de détail, surtout dans les paroisses de l'intérieur, telles que Clarendon. Des magasins de marchandises de toute nature s'ouvrent journellement, dans les parties les plus éloignées. On peut s'y procurer aisément des choses nécessaires à la vie, et même de luxe, tandis qu'il y a deux ans il aurait fallu faire exprès le voyage de Kingston. Au sujet de la formation des établissements et des constructions, il n'est pas inutile d'ajouter qu'aujourd'hui les travaux d'établissement et d'aménagement étant terminés pour la plus grande partie, les nouveaux propriétaires pourront se remettre a travailler sur les plantations qu'ils avaient quittées ; elles n'auront donc plus désormais autant à souffrir de la cause qui leur avait enlevé leurs travailleurs. En réponse à la demande que j'avais adressée aux différents ministres de la paroisse, sur l'état de l'éducation, j'ai reçu les renseignements qui suivent : 3 écoles de la société des missionnaires de Londres, comptant journellement, l'une 140 élèves, l'autre 6o ; x de la même société, fréquentées, l'une par 100 enfants, l'autre par go; 1 de la même société, au village de Dorus; elle compte chaque jour 135 élèves; 1 à Lime-Savannah, sous la direction d'un missionnaire wesleyen, suivie par 65 élèves ; 1 école du dimanche, composée de 65 élèves, environ. Je ne mets pas en doute que les ministres de toutes les sectes ne s'occupent avec zèle à fonder des écoles , et à les propager dans les parties populeuses de la paroisse. Les crimes ne me paraissent pas avoir augmenté; ils auraient plutôt, au contraire, diminué depuis peu. Aux dernières sessions trimestrielles, onze causes seulement ont été jugées, dont six pour coups et blessures, ou évasion de la maison pénitentiaire et de l'atelier de correction, et les cinq autres pour vols. Dans ce dernier nombre il y a eu un acquittement. Depuis le mois d'août 1838, et jusqu'à Noël dernier, il y a eu plusieurs condamnations prononcées , par la cour suprême de Spanish-Town, contre des individus de cette paroisse, pour vols de chevaux et de bestiaux ; mais, depuis six mois, ce genre de crime est presque resté inconnu. Il n'y a qu'une cause à venir devant la prochaine cour de session trimestrielle, et une devant la grande cour qui suivra. Les nombreuses querelles et les différents qui s'élèvent au sein d'une population si variée et si nouvelle , sont jugés aux tribunaux inférieurs qui se tiennent chaque semaine. Les magistrats salariés y assistent presque toujours. Si la loi n'ordonnait pas positivement le renvoi des cas de vol, même les plus légers , devant le jury, il resterait très-peu de chose à faire aux sessions trimestrielles. Signé W.

CARNABY.

EE.

RAPPORT

de

M.

E. Emery, magistrat salarié.

District sous le vent, D'octobre 1840.

Depuis le mois d'avril dernier, cette paroisse a éprouvé une continuelle et forte sécheresse. Les brises brûlantes de la mer, qui dominent pendant cette période, ont fait un tort considérable aux champs de cannes de l'intérieur, aussi bien qu'à ceux des bords de la mer, moins cependant pour la récolte qui est en partie rentrée que pour celle de l'année prochaine, qui est encore sur pied. Les propriétés à café et à pimento, et les fermes à pâturages ont aussi ressenti l'effet de cette sécheresse, sans exemple depuis plusieurs années. 11 faudrait quelques mois de bon temps pour rétablir la perspective de la prochaine récolle. Elle s'annonçait comme devant être très-abondante avant la chaleur; aujourd'hui elle ne laisse presque plus d'espoir. Le prix du travail varie naturellement suivant sa nature. Sur plusieurs propriétés, le système de travail à la tâche est suivi à la satisfaction des deux parties. La besogne se fait plus vite et plus avantageusement. La méfiance que le travail à la journée avait fait naître disparaît rapidement. On abandonne presque partout cette dernière méthode. J'ai toujours vu les cultivateurs qui traitaient pour un travail déterminé faire de bons marchés. Souvent ils ont gagné 10 francs par jour et plus. Les relevés judiciaires de six mois, au 3o juin dernier, ne contiennent pas une seule plainte, pour manque d exécution de contrat, de la part du cultivateur ou du maître. Le salaire à la journée n'a jamais été au-dessous de 1 fr. 2 5 c.; le plus ordinaire est de 1 fr. 85 c. à 2 fr. 5o. En général le travail n'est pas assidu , et souvent il est difficile de se procurer du monde. On peut assigner plusieurs causes à cet état de choses. D'abord certains planteurs offrent un prix plus élevé que leurs voisins, et d'autres ajoutent au salaire des distributions de rhum et de sucre; mais la cause principale c'est que, les pluies ayant commencé, les cultivateurs se livrent à la culture de leurs terrains à provisions, qui ont souffert de la sécheresse comme tous les autres produits. En ce moment on se procurerait difficilement des provisions, à quelque prix que ce fût ; les marchés sont presque entièrement dépourvus. En considération d'une double circonstance, d'une part, le manque de provisions éprouvé par les cultivateurs, de l'autre, le manque de travailleurs éprouvé par les planteurs, il n'y a pas eu un seul exemple d'augmentation de loyer, bien que l'état florissant des marchés pour les sucres ait donné lieu à une augmentation de salaires. Les laboureurs profitent de l'augmentation du prix des sucres pour améliorer leur condition. 11 ne me semble pas que, si les salaires venaient à baisser à cause de diminution dans le prix des sucres, ils eussent à en souffrir aucunement; à mon avis, le planteur seul serait lésé, car la facilité qu'ont les noirs de faire de grandes cultures de provisions les met à même de subvenir à leurs propres besoins, et de vendre leur excédant pour la consommation des villes , ce qui leur est plus profitable qu un faible salaire. Ils se mettent au-dessus du besoin, et deviennent tout à fait indépendants de leurs maîtres. On reconnaît généralement que la culture souffre de la rareté de la population, et, par suite , de la réduction du travail. Il est évident que le manque de bras se fera sentir aussi longtemps qu on affermera des terres. En admettant que, par les travaux de la population laborieuse, les provisions devinssent abondantes au delà des besoins et causassent une diminution dans les prix, les planteurs de sucre et de café n'en retireraient aucun avantage; car les demandes de la paroisse voisine de Trelawney égaleraient toujours ce que l'on peut récolter ici, et les provisions transportées a Falmouth s y vendraient bien. Cette remarque est applicable à plusieurs autres paroisses. La question des achats de


796 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. ferres est d'un immense intérêt pour les propriétaires, et devrait occuper leur attention immédiate; si l'immigration ne vient pas les aider, toute l'énergie des planteurs sera plus ou moins paralysée par cette cause. J'entrevois la plus triste perspective dans l'avenir, pour les propriétés qui ne changeront pas de système. Le production en sucre, rhum et café, a surpassé en 1840 celle de 1839, à en juger par le relevé des exportations qui ont eu lieu à St-Ann's-Bay. Il n'est venu, à ma connaissance, que fort peu d'exemples d'établissements de cultivateurs comme propriétaires. L'étendue de leurs acquisitions dépasse rarement un arpent ; beaucoup ne sont que d'un quart d'arpent ; une ou deux ont été de dix arpents." Le prix de ces terres a varié de 72 fr. à 768 fr. l'arpent. Un fait incontestable et diamétralement opposé à l'opinion reçue « que le noir est bon juge du sol, » c'est que celles de leurs terres que j ai vues sont de nature à ne pas produire plus de deux années, et encore à force de labourage, ce qui les rendra ensuite tout à fait stériles, à cause du peu de profondeur de la terre végétale. On peut conclure de là que les individus qui se sont empressés, dès après l'émancipation, d'acquérir des portions de terrains, retournent aujourd'hui chez leurs anciens maîtres et y vivent comme locataires. Us ne souffrent d'aucun besoin; ils ont assez de terrain à cultiver pour eux, et de plus l'argent qu'on les prie de prendre en échange de leur travail. Le travail fourni par les noirs propriétaires est si restreint, qu'il mérite à peine l'attention des planteurs. L'état de l'éducation de ce district, dont la population est de 8 à 10,000 individus, n'est nullement satisfaisant. L'école nationale a commencé ses opérations il y a environ cinq semaines, et compte 106 élèves des deux sexes, dont 4 moniteurs. Jusqu'à ce jour elle n'avait été qu'une école de paroisse, n'ayant jamais plus de 2 5 élèves. Le dimanche elle en reçoit 164, savoir: 25 3o 20 40 Le

garçons lisant les écritures, filles idem, garçons lisant des leçons aisées, filles idem, reste à l'alphabet.

Les fonds de cet établissement sont fournis, en égales portions, par l'évêque et par la paroisse. L'école de Mico n'a que peu d'élèves ; et encore diminuentils chaque jour. Je ne sache pas qu'il y ait d'autres écoles que celles ci-dessus. Il me reste des observations pénibles à faire sur la conduite générale des domestiques de maison. Jusqu'ici on les avait considérés et traités comme supérieurs en civilisation à leurs frères cultivateurs du sol. Il en était ainsi pendant l'esclavage, et la distinction est devenue plus frappante lors de l'apprentissage, par les dispositions de l'acte d'abolition, où ils sont désignés comme non laboureurs. Je voudrais pouvoir dire que, depuis le jour de la liberté, leur conduite a égalé celle des cultivateurs, pour le perfectionnement; mais c est tout le contraire. Avant cette époque , ils étaient, sous tous les rapports, supérieurs aux autres noirs ; mais ensuite, au lieu de s améliorer, ils ont si rapidement déchu en honnêteté, en politesse et en activité, que leur condition actuelle est déplorable. Les plaintes contre eux sont générales ; et je ne vois d'autre remède à apporter à ce mal qu'une disposition speciale de l' acte dernièrement passé pour l'émigration, et dont la mise à exécution est bien à désirer. Signé

E. EMERY.

FF.

RAPPORT

de M. D. W. Kelly, magistrat de Trelawney.

salarié

de la paroisse

6 octobre 1840.

Les progrès de l'agriculture dans cette paroisse sont remarquables. La plupart des plantations ont obtenu une récolte plus importante que la dernière, malgré les fortes chaleurs qui ont nui à la culture. Le taux des salaires varie de 1 fr. 20 cent, à 1 fr. 5o c. et 2 fr. 20 c. par jour, pour une somme de travail fixée. On paye aussi à la tâche ; pour l'entretien des cannes, de 7 fr. 20 cent, à 9 fr. 60 c. par arpent ; et pour les pâturages, de 4 fr. 80 c. à - 7 fr. 20 c. Le travail est quelquefois facile à obtenir ; d'autres fois la difficulté est plus grande, par suite de la mésintelligence que, dans l'intérêt des uns et des autres, il faut espérer voir bientôt disparaître. Quant au résultat général de la moisson , et aux quantités de produits réalisés en sucre et en café, il est presque impossible de les connaître exactement ; il faudrait, pour y parvenir, que je visitasse chaque plantation séparément, afin d'interroger le propriétaire ou le géreur. Ce moyen ne s'accordant pas avec les instructions du gouverneur, je puis dire seulement que, d'après l' opinion la plus répandue, les produits de cette année ont depassé les espérances que l'on avait conçues. Depuis le mois d'août 1838, beaucoup de familles de cultivateurs ont acheté de petits lots de terrain. Ils paraissent fort désireux de pouvoir s'établir à leur propre compte, soit dans dos villages, soit ailleurs. Je ne sais pourtant pas si ce désir a pu être rempli d'une manière bien étendue ; car les terres sont extrêmement chères, et les possesseurs ne s'en dessaisissent qu'à très-haut prix. Je ne crois pas que les acquisitions partielles ainsi faites aient été assez nombreuses pour influer sur le travail des plantations. Plusieurs personnes notables partagent mon sentiment. On sait parfaitement qu'ici le cultivateur doit travailler, pour le même motif qui dirige le cultivateur du continent, c'està-dire pour se procurer les nécessités et le bien-être de la vie. Cinq villages se forment dans la paroisse , et renferment, en tout, 627 lots, qui ont été acquis par des cultivateurs travaillant sur les plantations voisines. Relativement au nombre des crimes, on peut avancer que la conduite de la population laborieuse de cette paroisse supporterait avantageusement la comparaison avec toute autre. Les relevés des quatre dernières cours de sessions, tenues au milieu dune population de 37,000 habitants, fournissent une preuve frappante de l'heureuse influence de l'émancipation sur le moral des paysans. D'après le détail qui suit, douze hommes seulement et une femme ont été jugés pendant l'année Hommes. Femmes.

Falmouth. Session trimestrielle de novembre Idem de fév rier Idem de mai Idem d'août

1839. 1840. idem. idem.

Total.

4 2 6 //

* » 1

12

1

Je dirai cependant que les tribunaux inférieurs de Falmouth sont souvent encombrés de petites causes, telles que violations de propriétés, rixes et coups , paroles obscènes , et autres délits de notre ressort. La fermentation qui s'est manifestée à Falmouth, dans une occasion ou deux, n'a eu lieu que parmi les classes inférieures de la ville; la population rurale n'y a été pour rien. Les noirs de la campagne et de la ville témoignent un grand


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1840. — JAMAÏQUE désir de procurer de l'éducation à leurs enfants. Les écoles établies sont souvent encombrées. 2,610 enfants reçoivent l'instruction dans les écoles suivantes : Écoles nationales sous la surveillance de M. Stone. 120 Écoles wesleyennes 3oo Ecoles des missionnaires baptistes 2,190 Total

2,610

Bien que la récolte de cette année ait été favorable , on n'a pas le même espoir pour celle de l'année prochaine. La grande chaleur a beaucoup nui à l'attente des planteurs. Les champs de cannes, surtout ceux de l'intérieur, sont brûlés ; les jeunes plants

ont été détruits dans beaucoup d'endroits, et les pâturages n'ont pas suffi à la nourriture des animaux. On compte que, dans les mois qui vont suivre, des pluies modérées répareront en partie le mal.

797

de demandes pour l' entretien des chapelles, les taxes, etc. Aujourd' hui un grand nombre d'enfants restent sans instruction. Le nombre surprenant de boutiques ouvertes depuis l'abolition de l' apprentissage, et la qualité supérieure des articles importes, compares a ceux qui se vendaient il y a quelques années, sont la preuve incontestable d une augmentation dans la consommation. Je n affirme pas qu on doive l'attribuer à la création de petits établissements indépendants ; je crois plutôt qu'elle est due à une plus grande civilisation et à une circulation d'argent plus active, surtout parmi les paysans, dont les besoins et les désirs se sont accrus en raison des moyens d'y satisfaire. Les délits les plus ordinaires sont les petits vols, les rixes, les coups et blessures, et la mauvaise conduite. En comparant leur nombre et leur nature avec ce qui se passe presque partout-, je je crois que l' avantage serait en faveur de la population noire et de couleur de cette colonie. Signé J. GURLEY.

Signé D. W. KELLY. MU

GG.

RAPPORT

de

. John Gurley, magistrat salarié.

M.

Sainte-Elisabeth, 10 octobre 1840.

Ce district ne renferme que des plantations à café et des parcs à bestiaux. La récolle de 1839 été embarquée pour l'Angleterre, en août dernier. Maintenant je.vais répondre à vos diverses questions sur les progrès de l'agriculture et le taux des salaires La récolte a été, dans beaucoup d'endroits, double des récoltes des six années précédentes. Le prix des salaires, qui a si puissamment contribué à ce résultat, n'a pas varié; on peut l'évaluer à 1 fr. 26 cent, par jour, soit à la journée, soit à la tâche; toutefois on préfère ce dernier système. Pendant la récolte, un cultivateur d'une habileté ordinaire, homme ou femme, peut gagner le double. Il faut remarquer que le vendredi et le samedi sont réservés.aux travailleurs, pour la culture de leurs champs à provisions, et que quatre jours par semaine, pendant toute l'année, sont plus que suffisants pour l'entretien d'une plantation à café; cela deviendra plus sensible si l'on envisage que, terme moyen, un homme peut sarcler un arpent de terre en huit jours, et que l'on ne répète pas celte opération plus de quatre fois à des époques déterminées. Ainsi douze hommes et demi, employés chaque fois pendant huit jours, suffisent pour entretenir en culture 100 arpents de café. Les artisans de tous états et les gens chargés du soin des parcs se louent à l'année, à raison de 250 francs, avec une maison et un champ, francs de loyer. Je n'ai entendu aucune plainte sur le manque de bras , partout où le salaire ci-dessus a été accordé et régulièrement payé, et ou l'on n'a exigé qu'un loyer convenable. Le loyer excessif exigé sur plusieurs plantations a porté un grand nombre des cultivateurs à s'établir sur des terrains dont l'étendue varie depuis 1 jusqu'à 20 arpents, où ils cultivent du café, «les provisions, et élèvent des volailles et des porcs. Si le système suivi pour le loyer et les salaires n'est pas abandonné, il est probable que toutes ces plantations deviendront bientôt désertes. Deux établissements étendus, auxquelson ne peut pourtant pas donner le nom de villages, se sont formés sur cette paroisse pendant l'année dernière. Le seul fait de leur formation est une garantie des habitudes laborieuses de ceux qui les habitent, et je ne doute pas que les plantations ne puissent profiter de leur travail en leur payant un salaire convenable. L'éducation est recherchée partout; la population contribuerait volontiers à entretenir des écoles, si on ne l'accablait pas

RAPPORT

de M. /.II. Grant, magistrat salarié. Manchester,

20

octobre 1840.

Le prix du travail varie beaucoup dans différents districts, suivant les nombreux modes de compensation adoptés par les propriétaires, sans parler d'autres causes encore. Une grande partie des travaux se fait à la lâche : un bon cultivateur peut gagner de 1 fr 25 cent, à i fr. 85 cent, par jour. Le despotisme qui pesait sur les noirs habitant les plantations , et les moyens auxquels on avait recours pour les contraindre a consacrer tout leur temps aux cultures de ces plantations, ont été heureusement adoucis par le parti que beaucoup d'entre eux ont pris de se loger sur des terres qu'ils ont acquises. Les capitaux sont nécessaires au succès de la culture; mais, soit manque de confiance, soit impossibilité d'en disposer par suite de l' absence des propriétaires, on a souvent négligé de les appliquer en temps utile. La portion du capital d'indemnité distribuée dans l' île a été remise aux classes les plus pauvres qui, par inexpérience, l'ont dépensée sans bénéfice pour la colonie. Sur cette somme , une masse d'environ 6 millions de livres a été retirée en un moment de la circulation, et, selon moi, a été s enfouir dans les coffres des marchands. On a dit avec raison qu un marchand n'est, en réalité, citoyen d'aucun pays ; il lui est assez indifférent de commercer dans un endroit ou dans un autre. Pour le désagrément le plus léger, il n'hésite pas à transporter ailleurs son capital, et l'industrie dont il est l'âme. Cette entrave à la culture a eu pour conséquence naturelle la diminution des produits d'exportation. J'ai la conviction que si, au jour de l' émancipation, la majorité des marchands et des propriétaires, entre les mains de qui se trouvait la presque totalité des fonds de l'indemnité, en avaient fait un emploi convenable pour avancer la culture des produits coloniaux, ils en auraient déjà été largement récompensés. La distribution d'un capital aussi considérable aurait porté un grand nombre d'individus a se livrer à la culture, moyennant un salaire, au lieu que l' hésitation, les plaintes des capitalistes, leur conduite arbitraire envers les noirs, ont forcé ceux-ci a chercher leurs moyens d existence dans d autres occupations. On aurait prévenu en grande partie la diminution des produits, et depuis longtemps les conséquences du travail, souvent mal fait, durant l'apprentissage, ne se feraient plus sentir. A présent même, bien que la confiance des capitalistes semble se ranimer peu à peu, les géreurs manquent d'argent pour s'assurer des travailleurs. Je serais bien trompé s il n existait pas actuellement un nombre de cultivateurs disposés au travail, suffisant pour épuiser, au taux actuel des salaires, les fonds dont les géreurs peuvent disposer. Je suis oblige de mentionner les perles occasionnées, tantôt


798 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. —PIÈCES JUSTIFICATIVES. —II PARTIE. e

par l' exagération du taux des loyers, tantôt par la remise qu'il a fallu en faire comme moyen d'obtenir le travail. La population a choisi le moyen le plus énergique de remédier au mal, en se rendant propriétaire, et en se réservant de travailler lorsqu'elle y trouve son avantage ; aujourd'hui la réflexion porte les géreurs a renoncer à leur système. La sécheresse prolongée qui a eu lieu celte année a aussi occasionné de grandes pertes. Tout ce qui tend à diminuer le prix de la nourriture devrait nécessairement faire que le cultivateur trouvât plus lucratif de recevoir un salaire que de cultiver des ignames, des bananes, de la cassave, du blé, etc. Mais diverses circonstances ont contribué à faire hausser et à maintenir le prix des provisions indigènes. Le fait qui a exercé le plus d'influence a été l'incertitude relative aux loyers. La réduction de la culture des provisions, ainsi que d autres causes, ont rendu celte culture assez profitable pour mériter que le noir y consacrât la moitié du temps, qu'autrement il eût employé tout entier sur les plantations. Il est clair que la même cause doit avoir agi pour la fixation des salaires; car, si une journée occupée à la culture des provisions est plus profitable que le salaire d'une journée occupée sur les plantations, on ne peut obtenir de travail qu'en payant le prix équivalent à l'emploi du temps passé à la culture. La preuve des bénéfices que donne la culture des provisions est le haut prix des terrains mis en vente, et qui malgré cela sont fort recherchés. Il en est résulté une augmentation de valeur pour les plantations; et, en outre, toute la masse de travail dont on pouvait disposer du temps de l'esclavage s'est répandue sur les terres susceptibles d'être cultivées. L'importance de ce déplacement du travail est trop grande pour ne pas mériter qu'on s'y arrête. La libéralité dans la fixation des salaires est un encouragement pour les travailleurs: ceux-ci se présentant en plus grand nombre qu'il n'en faut, il en doit résulter une réduction dans le prix des journées par l'effet de la concurrence. La bonne rémunération du travail et sa conséquence naturelle, c'est-à-dire la facilité qu'elle donne aux cultivateurs de former de petits établissements, ne peut que produire une augmentation importante dans la population. « Dans leurs jeunes années, dit Adam Smith, les enfants sont convenablement nourris et soignés ; devenus plus grands, le prix de leur travail excède le montant de leur dépense, et, quand ils arrivent à la maturité, le prix élevé des salaires, et le peu de cherté des terres, les mettent à même de s'établir comme leurs pères l'ont fait avant eux. » Cet auteur explique ensuite comment on peut toujours commander au travail : c'est de ne pas disputer sur le taux du salaire. Les progrès et l'amélioration de la population doivent être considérés comme la richesse et la grandeur de la colonie. En citant ce passage d'Adam Smith, et en faisant voir son application pratique pour encourager les petits établissements, et détourner les cultivateurs de s'engager par contrat pour le travail des plantations, j'ai admis, d'après son observation, qu'un tel état de choses doit tendre à élever le taux des salaires. Toutefois, dans cette paroisse, ce taux n'est pas excessif, puisque, comme je lai dit, il n'est guère que de 1 fr. 25 c. à 1 fr. 85 c. par jour. Comparée à ce prix, l'évaluation d'une journée de travail pendant l' apprentissage, d'après les déclarations faites devant les magistrats al occasion de demandes d'affranchissement, était de 1 fr. 85 cent, au moins et souvent de 2 fr. 5o cent., indépendamment des dépenses d'entretien et d'habillement. En tenant compte de la somme d'ouvrage qui se fait dans une journée, je crois le travail aussi productif qu'il l'était alors; et la différence entre l' évaluation ci-dessus et le prix que l'on paye donne une économie de dépense de 5o p. 0/0. Ainsi, relativement, le taux actuel des salaires est modéré. Lorsque les planteurs se plaignent de leur position, ils ne songent pas que celle des cultivateurs s'améliore rapidement.

Dans un mémoire adressé en mars dernier à sir Charles Metcalfe, on citait, comme preuve du manque de travail, que trèspeu de plantations ont pu faire préparer de nouvelles terres pour y cultiver le café. En admettant que cette remarque soit juste pour plusieurs cas, elle ne le serait pas si on voulait l'appliquer à toute la communauté. Partout où les noirs se sont établis sur des propriétés à eux, de grandes étendues de terrains ont été défrichées et plantées, la plupart du temps, en cafe : de sorte qu'il y a eu une augmentation considérable dans cette culture, qui relativement n'a reçu que peu d'extension sur les anciennes plantations. A mesure de l'agrandissement des villages fondés, la main-d'œuvre, dans leur voisinage, se paye meilleur marché. J'ai l'expérience de ce fait. J'ai établi une petite plantation à café tout auprès d'un des plus grands villages de ma paroisse, et j'ai toujours eu à nia disposition autant de bras qu'il m'en a fallu, à bien meilleur compte que les prix exigés sur les propriétés éloignées de ces établissements. On peut encore citer l'habitation Whitney (Whitney-Estate ), dans le voisinage de Dorus, comme un exemple frappant de l'emploi judicieux du travail libre. Il n'est pas nécessaire, pour le succès de la culture, qu'une plantation conserve les anciens noirs. Plusieurs ont été abandonnées par les cultivateurs qu'elles logeaient précédemment; et cela à l'avantage réciproque des parties. Sur les nombreux établissements formés par les noirs, les constructions sont achevées, les terres défrichées et en rapport. malgré la dernière sécheresse; de sorte que, pendant la troisième année de liberté, les planteurs auront à leur disposition plus de travailleurs qu'ils n'en ont eu pendant les deux premières. Il est a regretter que la législature n'ait pas pourvu aux moyens d'effectuer un recensement exact. Si l'on en eût fait un à la fin de l'apprentissage, on aurait aujourd'hui la preuve de l'utilité des petits établissements, par le grand accroissement que la population a déjà éprouvé. S il peut sembler inutile de rechercher minutieusement les causes qui ont produit le manque partiel de travailleurs, sur les anciennes plantations, il n est pas sans intérêt de s'enquérir comment ils s'occupaient ailleurs, et de voir si l'application de leur industrie a contribué a la prospérité présente ou future de l'île, ou à leur propre avantage et à l'amélioration de leur sort. Nous voyons qu une grande partie du travail a été consacrée aux nombreux établissements libres dont la paroisse est couverte. J ai déjà dit qu 'on y a fait de grandes dispositions pour la culture du café, et que l'on apporte les plus grands soins à la cul ture des provisions C est là presque exclusivement, ou sur les terrains cédés par les plantations, que se cultive le blé. Maigre sa rareté causée par la sécheresse, ce produit n'est pas par trop cher. Le village de Dorus est le plus populeux de la paroisse. Les habitants, à force de culture, ont déjà beaucoup fait pour ramener la fertilité dans des terres qui étaient bien épuisées, et que l'influence funeste de l'esclavage avait privées de presque toute leur valeur. Cependant ou n'a fait usage que des instruments anciens, tandis que d'autres plus perfectionnés auraient procuré une économie de travail. Il est à la fois de l'intérêt du marchand, du propriétaire et du cultivateur, que l'on introduise les meilleurs instruments soit pour la forme, soit pour la qualité. Je dois faire mention ici d'une des difficultés éprouvées par les noirs nouvellement établis. Ignorant la forme des titres qui assurent la propriété, et impatients d'acquérir, ils ont-souvent été victimes d'hommes sans principes qui ont reçu leur argent en échange d'actes qu'ils savaient irréguliers. De fréquentes réclamations ont été adressées aux autorités à ce sujet ; mais il paraît qu'il n'y a aucun moyen légal pour remédier à celle fraude. Il serait peut-être à désirer que l'on pût infliger une amende d'un recouvrement facile, aux individus qui auront agi.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1860. — JAMAÏQUE. 799 tant pour recevoir que pour vendre, avec la conviction qu'ils n en avaient par le pouvoir. Malgré cet obstacle et divers autres, il est étonnant de voir ce qu'a déjà produit la persévérance des noirs appliquée à leurs propriétés. Beaucoup de maisons, qui d'abord avaient été construites à la hâte, ont été remplacées par d autres plus solides, mieux disposées et convenablement meublées. Je n'ai jamais pénétré dans aucune case, sans y remarquer la Bible et souvent d'autres livres. L ouverture toute récente de nombreuses boutiques de détail a donné lieu à un grand développement du commerce intérieur, ainsi que pourraient le prouver les registres de la douane. Les lettres ci-jointes des membres du clergé de toutes les communions, feront mieux connaître que je ne le pourrais faire, l'état de l'éducation. Depuis ma dernière lettre, la conduite de la population a été aussi rangée et aussi méritoire que possible; autant que j'en puis juger, elle recherche l'éducation et l'instruction religieuse. Elle profite, pour ses enfants, de ressources que l'on a déjà bien étendues, mais qui sont encore insuffisantes pour l'éducation. Quant aux idées politiques des noirs, je n'ai qu'une remarque a faire. J'ai une telle confiance dans la manière dont ils entendent leurs intérêts, qu'il m'est démontré qu'un conseil venant d'un ministre, d'un magistrat ou de toute autre source, ne serait pas adopté par eux, s'il n'était dans le sens de leur propre conviction. Je vois dans celte disposition la plus forte garantie pour la continuation de la tranquillité de l'île. Les fâcheux effets de la sécheresse rendront médiocre la troisième récolte de café, depuis la liberté. Il est agréable de citer les perfectionnements que cet état de liberté a produits. On a remarqué avec raison que les esclaves sont rarement inventifs, et que tout ce qui a été fait pour améliorer les instruments et faciliter le travail, est dû aux découvertes des blancs. Si un esclave avait proposé quelque chose de ce genre, son maître aurait considéré celte proposition comme suggérée parla paresse, pour épargner du travail au détriment de ses intérêts. M. Humble, de Sainte-Anne, a inventé une machine pour dégager le café de son enveloppe. Cette machine activera l'opération, et épargnera les frais des constructions qu'il faut faire pour loger les énormes machines maintenant en usagé. Il esta désirer que l'inventeur, après avoir eu lant à lutter contre les préjugés, le ridicule et l'apathie, pour obtenir que sa machine fût essayée, recueille enfin l'honneur et le profit de son talent et de sa persévérance. La législature agirait convenablement en le récompensant pécuniairement, afin d'exciter une émulation profitable au pays. Autrement l'esprit de recherche s'éteindra, ou ne s'appliquera qu'à des objets sans valeur. Revenant sur ce qui s est passé pendant la seconde année de liberté, et y ajoutant les particularités de la première, je crois pouvoir établir : 1° que le prix du travail n'est pas exorbitant; a" que la récolte prochaine, par des causes indépendantes de la volonté de l'homme, sera peu importante; 3° que l'amélioration des petites propriétés est satisfaisante; 4° que ce sont ces petites propriétés qui fournissent la plus grande partie du travail régulier; 5° qu elles ont eu une influence favorable sur le commerce intérieur de la colonie; 6° que l'état de l'éducation est ce qu'on peut désirer de plus favorable; 7° enfin que la statistique des crimes n'a rien d'alarmant. Je conclurai en disant que rien n'a détruit la confiance que j ai eue jusqu ici dans la bonne conduite de la population. L'expérience n a fait que confirmer mon espoir dans la prospérité future de la colonie; elle en sera redevable à l'état de liberté. Il s est présente divers obstacles qui ont été surmontés ; il s'élèvera encore des difficultés que l' energie et la confiance parviendront à vaincre. Signé J. W. GRANT.

JJ.

RAPPORT

de M.

J.

II.

Grosett, custos de la paroisse Saint-George. 24 octobre 1840.

Le prix du travail se maintient à un taux élevé, et ne paraît pas avoir diminué depuis le commencement de l'année; mais les cultivateurs montrent plus d'empressement à louer leurs services. La cause de cette amélioration peut être attribuée, soit à la diminution des travaux, résultant de ce que beaucoup de champs de cannes ont été abandonnés, soit à la rareté des provisions, dont les cultivateurs eux-mêmes ont réduit la culture l'année dernière, soit enfin à la grande séchéresse qui a eu lieu. L'expérience prouvera bientôt si cette opinion est fondée,car les moulins sont partout prêts à marcher, et le temps de planter activement est arrivé. Une cause accessoire, qui a eu aussi de l'influence, c'est l'état de calme qui existe et que l'on doit aux mesures de police adoptées par le gouverneur, en même temps que l'affaiblissement de l'irritation excitée par les juges de paix salariés. Le cultivateur n'a pas un caractère sur la régularité duquel on puisse compter. Souvent, quand il a assez gagné pour satisfaire à ses besoins actuels, il quitte le travail pour le reprendre quand la fantaisie lui en vient. La récolte du sucre a bien diminué depuis deux ans. Je ne crois pas qu'une seule des plantations ait fait autant ou plus que pendant l'apprentissage, ainsi que le prétend M. Tichborne, dans son rapport du 7 août 1839. Pendant les six dernières années, la récolte moyenne a été de 4,000 tonneaux. Au commencement de l' année on a supposé que la récolte sur pied serait de trois quarts moindre ; d'après la chaleur que l'on a éprouvée, elle pourra encore être inférieure. C'est aussi la sécheresse qui a été cause du manque de têtes de cannes pour planter. La récolle du sucre dans celte paroisse n'a pas, comme dans la plupart des autres, une époque limitée; elle dure presque toute l'année ; le mois de septembre est souvent un des mois les plus favorables. Si le travail du moulin a été retardé jusqu'à présent, c'est par suite de la sécheresse; le produit par arpent est presque nul. La culture du café a souffert des mêmes causes, mais à un moindre degré. Le désir de s'établir sur un coin de terre qui leur appartienne en propre semble se propager parmi les cultivateurs ; mais, la loi qui règle l'inscription des électeurs étant défectueuse, il est difficile déjuger, d'après le livre des francs tenanciers, du nombre de ceux qui ont droit de voter. Je ne vois pas que l'accroissement des petits propriétaires, qui diminue nécessairement la quantité de travailleurs résidant sur les plantations, puisse être favorable à l'entretien de la culture. Je considère au contraire l'arrivée d'émigrants européens, ou toute autre augmentation de population, comme la chose la plus désirable qui puisse arriver. Depuis la fin de l'esclavage, il ne s'est formé aucun village, pas même de petits établissements. Les parents paraissent désireux de donner de l'éducation à leurs jeunes enfants; toutefois, à mesure que ceux-ci grandissent, ils les occupent à leur propre culture, ou à des travaux qui n'ont rien de fixe. Il est rare, par exemple, de voir dans les champs une troupe d'enfants occupés du sarclage des cannes, bien que ce travail convienne plus particulièrement à leur âge. Les relevés des sessions trimestrielles feraient croire à une grande diminution de crimes ; mais, je le dis avec regret, plusieurs effractions de maisons et de magasins ont eu lieu dernièrement, avec une audace sans exemple. Sur une plantation, une caisse en fer, renfermantl'argent destiné à la paye des travailleurs, a été enlevée pendant la nuit. Malgré les promesses qui ont été faites, il est difficile de découvrir les coupables. Signé J. R. GROSETT.


800 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. KK.

RAPPORT

de M. E. Fishbourne, juge de paix salarié. Raff-Rax (Saint-George), 31 octobre 1840.

Cette paroisse se partage en deux espèces de culture. Dans la partie voisine de la mer, c'est la canne qui est cultivée; dans la partie montagneuse de l'intérieur, on plante le caféier. Afin de se faire une idée précise des progrès de l'agriculture, il faut retourner en arrière, et jeter un coup d'œil rapide sur ce qui concerne les denrées d'exportation. Bien que l'on s'accordât à reconnaître de grands progrès dans le travail de la population, pendant les six mois expirés au 31 juillet 1839, comparés à la même période de l'année précédente, cependant on se plaignait de l'insuffisance des travailleurs et de leur peu d assiduité. On attribuait cet état de choses à l'indépendance que les terres à provisions procurent au cultivateur, aux prix différents des salaires sur des propriétés voisines les les unes des autres, aux arrangements complexes concernant les loyers et les salaires, arrangements faits dans le but de forcer au travail, au refus des maîtres de faire des bails annuels à leurs gens pour leurs terres et leurs cases, enfin aux embarras et à la mésintelligence résultant du malentendu qui existait sur ces divers points entre les cultivateurs et les maîtres. Le temps calma peu à peu ces sujets de discorde. Les cultivateurs revinrent au travail en plus grand nombre ; et tout se serait arrangé sans laisser de traces, si les saisons eussent été favorables. Mais malheureusement, dès le commencement de mars 1839, il se déclara une sécheresse excessive, qui continua jusqu'au milieu d'août suivant. Les cours d'eau et les sources qui alimentent les moulins se desséchèrent. Les carmes, depuis longtemps bonnes à couper, et mêmes trop mûres, ne purent être travaillées à temps, et perdirent de leur qualité ou se détruisirent sur place. Les jeunes plants eurent beaucoup à souffrir et durent être remplacés en grande quantité. D'un autre côté, comme on ne pouvait couper les cannes, il fallut, pour fabriquer, attendre les pluies d'août. Les ravages produits par les bestiaux, les porcs et les rats, le travail négligé des noirs et le peu de vesou obtenu des cannes qui avaient souffert, ont rendu la récolte, terminée le 28 mars 184 , inférieure en quantité et qualité; celle que l'on rentrera en mars 1841 ne donnera non plus qu'un résultat médiocre, parce qu'il y a eu un grand retard dans les travaux préparatoires. Pendant la deuxième quinzaine d'août et tout le mois de septembre, le temps avait été favorable, les cannes se trouvaient avancées. Mais, au commencement d'octobre, des pluies, d'une abondance jusqu'alors inconnue dans cette paroisse, vinrent arrêter les progrès de la culture. Les rivières débordèrent une fois ou deux par semaine; les champs de cannes restèrent des mois entiers sous l'eau. Les racines furent détruites par le froid humide qui se prolongea ; les cannes coupées pour être travaillées ne rendirent que médiocrement; les nègres ne voulaient pas rester dehors sous des torrents de pluie; des myriades de rats, chassés des bois par le mauvais temps, se réfugièrent au milieu des cannes sur pied, et firent beaucoup de dégâts; les bestiaux, mal gardés dans les parcs, ajoutèrent encore par leur sincursions au mal déjà produit. Voilà, en partie, pourquoi la récolte au 28 mars 1840 n'a pas donne au delà de 1,400 tonneaux de sucre et 700 poinçons de rhum, c'est-à-dire plus d'un quart en déficit des années précédentes. Dès que le temps fut propice, en avril dernier, les planteurs s'empressèrent de faire les dispositions les plus actives pour l' année: ils en attendaient les plus heureux résultats. Malheureusement la pluie, qui tombe ordinairement quelques heures par jour pendant le mois de mai et juin, n'a pas paru. En un

mot, pendant les cinq dernières années, cette paroisse a été affligée de sécheresses qui ont duré d'avril jusqu'en août, et ont plus ou moins affecté les récoltes. Celle qui s'est fait sentir depuis le mois d'avril jusqu'à la seconde semaine de septembre a été d'une force jusqu'ici sans exemple. Les premiers plants ont totalement péri; ceux qui ont été mis en terre plus tard n'ont été préservés d'une destruction totale que par quelques ondées de juillet. Les plus avancés, et les rejetons destinés à être coupés à la fin de l'année, brûlés par la sécheressse elles brises de mer, n'ont pas poussé d'un nœud pendant plusieurs mois. Les cannes mûres n'ont pu être travaillées, parce que les courants desséchés alimentaient à peine deux ou trois moulins. Malgré le bien causé par les pluies d'automne, l'influence des chaleurs a été si fatale , que les espérances conçues pour la récolté de mars 1841 seront considérablement réduites. Celle qui viendra ensuite s'en ressentira également beaucoup. On paye, pour creuser à la boue les trous à canne, de 73 à 100 francs par arpent. Lorsqu'on emploie la charrue conduite par un noir, la dépense ne s'élève pas à plus de moitié de celle ci-dessus. Je n'ai pas été à même de m'assurer de la- dépense comparative lorsque la charrue est conduite par un blanc paye à l'année, et recevant des rations ; toutefois elle est certainement plus forte. En préparant les terres convenablement, au moyen de la charrue et de la herse, l'opération du plant ne coûte que le quart de ce que l'on paye ordinairement par l'emploi de la houe. Les travaux subséquents de sarclage, etc., ne reviennent qu à moitié, et, de plus, la quantité des produits en éprouve une augmentation. Il est fâcheux que l'évidence des heureux résultais produits par l'usage de la charrue ne réussisse pas à faire adopter plus généralement cet instrument, et d'autres non moins utiles. Non-seulement on en retire une économie, mais le travail se fait mieux et plus vite. Son adoption ferait refluer beaucoup de cultivateurs dans les autres branches d'industrie, puisqu'une seule charrue remplace, par jour, quarante hommes. Sur les plantations même où on en fait usage, ce n'est pas exclusivement, et je n'en ai jamais vu plus de deux agir à la fois. Les pâturages sont sarclés à raison de 3 fr. 60 cent, à 7 fr. 20 cent. l' arpent. La confection et l'entretien des barrières qui les entourent, se payent plus ou moins, suivant les circonstances. Le salaire pour la fabrication du sucre est en proportion de la quantité fabriquée ou du nombre d'heures employées; il peut s élever de 1 fr. 85 cent, à 3 fr. 70 cent, par jour. Tous les travaux des champs se font, autant qu'il est possible, à la tâche, c est-a-dire par quantité mesurée que l'on calcule équivaloir à une journée de travail; cette tâche est payée 1 fr. 85 cent. Dans quelques endroits, les loyers ont encore beaucoup d'influence sur le taux des salaires. Là où il ne semble pas qu'on l'exige, on le prélève cependant en réalité en faisant une diminution sur les prix que l'on paye ailleurs ; dans ce cas, ceux que j'ai indiqués plus haut ne sont pas applicables. Ce sont les cultivateurs qui souffrent de cette coutume, car généralement on ne leur donne que 1 fr. 25 cent, au lieu de 1 fr. 85 cent, par jour; de sorte qu'on leur relient 60 centimes, ou 3 francs par semaine, pour un loyer qui d'ordinaire n'est porté qu'à 1 fr. 2 5 cent, par semaine pour une case, et autant pour un champ à provisions. Il faut remarquer que cette retenue ne frappe que sur les cultivateurs qui travaillent, puisque ceux qui ne travaillent pas ne payent que 1 fr. 80 cent ou 2 fr. 40 cent, par semaine. Sur le plus grand nombre des plantations, on se procure des travailleurs plus aisément qu'à la même époque de l'année dernière. Depuis un an, le prix des salaires a plutôt augmenté que diminué. Les plantations à café ont encore plus souffert que les plantations à sucre. On n'avait jamais vu, dans cette paroisse, une récolte aussi abondante que celle de mars 1838. Elle fit craindre que les jeunes arbres ne pussent produire l'année suivante, et l'on


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1840. — JAMAÏQUE. 801 n'attendit presque rien des arbres plus anciennement plantés. L'événement a prouvé la justesse de cette prévision, pour la récolte de mars 1839. En avril 1839 commença une sécheresse qui dura jusqu'en août. La saison de mai ayant manqué, la floraison depuis mai jusqu'en juillet fut totalement perdue. En juillet quelques ondées partielles fécondèrent les fleurs qui existaient alors sur les arbres, et plusieurs planteurs espérèrent que la récolte pourrait encore couvrir leurs dépenses; mais ce dernier espoir fut détruit par les pluies abondantes et continuelles, qui ne cessèrent de tomber depuis le commencement d'octobre jusqu'à la fin d'avril 1840, accompagnées d'un vent violent du nord-ouest. L'effet de ce vent est désastreux; beaucoup d'arbres, glacés par cette température pluvieuse et froide, ne produiront rien pendant un an ou même davantage. Ceux dont les planteurs avaient espéré quelque chose, dépouillés, non-seulement de leurs fruits, mais aussi de leurs feuilles, par la violence de la pluie et du vent, ne pourront non plus rien produire avant un an. Un changement favorable du temps eut lieu en avril dernier ; et les planteurs espérèrent, quelques-uns qu'ils feraient une récolle ordinaire, d'autres que leurs champs se remettraient de la violente chaleur de l'été et des torrents de pluie de l'hivernage. Ils furent de nouveau déçus par une sécheresse qui dura depuis la fin de mai jusqu'à la troisième semaine de septembre. On m'a dit que les fruits que produiront les arbres les plus jeunes et les mieux portants payeront à peine les frais de la récolte. Les arbres les plus vieux ou les moins forts ne pourront plus désormais produire. Il est inutile d'ajouter que la récolte de mars 1841 sera bien au-dessous de celles des années précédentes. Les saisons des deux dernières années ont été, généralement, les plus désastreuses que l'on ait vues depuis long-temps, tant pour le sucre que pour le café. Partout où l'on cultive le café, les champs sont dans le meilleur état de culture ; il y a maintenant peu d'occupation pour les travailleurs. On peut s'en procurer aisément lorsqu'on en a besoin, soit sur les plantations à sucre, soit chez eux. Il y a empressement de leur part à obtenir du travail à la tâche, de quelque nature qu'il soit. Les salaires, dansles districts à café, sont de 1 fr. 20 c. par jour. Les prix du travail à la lâche sont plus bas que l'année dernière. Presque chaque semaine, j'ai des exemples de cultivateurs des plus estimables et des plus tranquilles , qui se retirent avec leurs familles, des plantations sur lesquelles ils habitaient, pour s'établir sur des terres qu'ils ont achetées ou louées depuis dix-huit mois. En 1808 il y avait quatre cents plantations de toute nature portées sur les rôles; et si, comme on peut le supposer, il est sorti de chacune d'elles de 3 à 5 individus, ce sont 1,200 à 2,000 travailleurs qui ont changé de résidence, et dont la moitié peut-être a formé, depuis deux ans, de petits établissements. Quand je leur demande pourquoi ils renoncent aux avantages et au bien-être qu'ils trouvaient sur les plantations, ils me répondent qu'ils sont plus indépendants ; que leurs femmes et leurs enfants peuvent s'occuper des soins de l'intérieur, sans en être distraits par le travail du maître ; en général ils donnent pour motif principal la nécessité de payer des loyers. On exige ordinairement d un homme et de sa femme 2 f. 40 c. par semaine ou 124 f. 80 c. par an, pour une case et un terrain ; mais, grâce à l'usage de réduire le salaire d'un tiers, sous prétexte que l'on ne fait pas payer de loyer, une famille industrieuse le paye en réalité beaucoup plus cher que le taux ordinaire. On peut acheter un arpent de terre pour 43 fr. 20 cent, jusqu'à 86 fr. 40 cent. ; une case coûte à construire 144 francs : ainsi une famille, pour une dépense immédiate de 216 francs à 288 francs, tous frais compris, peut se procurer à jamais une case et un arpent de terrain. Ce qui se passe à présent, relativement aux cultivateurs, n'est que le commencement de ce qui se fera bientôt, à moins que l'on ne modifie le système des loyers. II.

En m informant jusqu à quel point l'acquisition de petites propriétés par les noirs influe sur la régularité du travail, j'ai su que, sur plusieurs plantations, le travail est devenu très-précaire par suite du grand nombre de familles qui les ont quittées. Sur d'autres, au contraire, la même circonstance a produit une augmentation.J'ai appris en outre que beaucoup d'individus, qui s'étaient établis, aussitôt après le 1er août 1838, sur de petites propriétés à eux appartenant, sont devenus les travailleurs les plus assidus des plantations auxquelles ils appartenaient, ou d'autres plantations plus voisines. Il y en a qui n'ont pas repris leurs travaux sur les plantations, et qui vivent des salaires qu'ils reçoivent en qualité de domestiques , de matelots, etc., ou des produits de leur propre culture. Il est généralement reconnu que, depuis six mois, les travailleurs ont été beaucoup plus nombreux. Les planteurs attribuent cette augmentation aux sécheresses qui ont occasionné une grande hausse sur le prix des provisions, en empêchant les semences de lever aussi rapidement que de coutume. Dans le cas où cette opinion serait fondée, il reste encore à savoir si, les saisons étant favorables et les provisions à aussi bas prix que précédemment, les noirs, qui jusqu'à la fin de l'apprentissage vivaient exclusivement de racines, ne seront pas encore contraints de travailler régulièrement pour satisfaire aux besoins de luxe qu'ils se sont créés depuis deux ans. Depuis l'émancipation il ne s'est formé aucun village nouveau; toutefois ceux qui existaient précédemment ont éprouvé un grand accroissement, entre autres Hope-Bay. De petites boutiques ont été ouvertes sur les plantations par de nouveaux affranchis ; on y vend du rhum , du pain , de la chandelle, du poisson salé , et autres articles semblables, d'un débit facile et avantageux. Le commerce des marchands, établis depuis longtemps dans les villes, s est beaucoup accru, et un grand nombre de petites boutiques, ouvertes depuis deux ans, ont parfaitement réussi. Quelques géreurs et propriétaires ont aussi établi des magasins sur les plantations; il s'y débite, en détail, une grande quantité de sucre et surtout de rhum, tant aux paysans qu'aux petits boutiquiers. Je ne suis pas à même d'établir, sur des renseignements positifs, l'accroissement qui a eu lieu depuis deux ans dans le commerce intérieur de cette paroisse, en comparaison de ce qu' il était avant l'abolition de l'esclavage; cependant je puis assurer qu'il a dépassé toutes les espérances. La paroisse renferme six écoles, dont deux sont soutenues par l' évêque et par les autorités; une par MM. Mitchell de Londres; une par des souscriptions faites parmi les pauvres habitants d'un district montagneux, aidés de l'évêque; une par la société des missionnaires de l'Eglise anglicane, et la sixième par le minisire baptiste. Les deux écoles entretenues par l'évêque et les autorités paroissiales sont situées, l'une à Annotto-Bay, l'autre à Buff-Bay. Je n ai rien à dire de favorable au sujet de la première. Pendant plusieurs années , lorsqu'elle n'était soumise qu'au contrôle des autorités, elle fut négligée et mal dirigée; les maîtres étaient peu dignes de rester chargés des soins et de l'instruction des enfants; d'un autre côté, le système d'éducation suivi à cette époque ne produisait aucun bon résultat. Depuis que l'évêque en a obtenu la surveillance en payant la moitié du traitement du maître, il y a eu amélioration. Cependant la grande difficulté de se procurer et de conserver des instituteurs capables, actifs et patients, a beaucoup nui jusqu ici à l'utilité de cet établissement. En visitant cette école il y a peu de temps, j'ai été fort surpris qu il n y eût ni livres, ni tableaux, ni ardoises, et qu'on fût obligé de tracer les lettres et les chiffres sur le sol même, pour instruire le peu d'écoliers présents. La fabrique avait refusé de pourvoir à ces dépenses. Une petite somme d'argent remise à l'instituteur par une personne de la localité, l' a mis a même d acheter des livres, etc., et, depuis, les enfants sont venus en plus grand nombre et plus régulièrement. Sur les instantes représentations faites a la fabrique, relativement à l' état d'abandon de cette école 51


802 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

et de celle de Buff-Bay, une somme a été accordée pour acheter les objets nécessaires. Dans une inspection que j'ai faite de cette école, il y a quelques semaines, je ne trouvai que vingt et un enfants présents sur soixante inscrits. Le maître attribuait le peu d'empressement de ses élèves au manque de bancs, de tables, de livres, d'ardoises, etc., et autres objets indispensables pour enseigner, en même temps qu'à l'existence de l'école tenue dans la même ville parle ministre baptiste. Depuis lors, l'école a été transportée dans une autre maison louée par la fabrique. Je l'ai vue la semaine dernière, mais il n'y avait encore que vingt-huit enfants à l'étude. On a acheté les objets nécessaires, et l'on se propose de changer le maître actuel. L intérêt que toutes les personnes influentes prennent à cet établissement, et la surveillance exercée par le recteur et le clergé, donnent l' espoir qu'il produira le bien qu'on en espère, parmi la jeune génération de celte partie populeuse de la paroisse. A Birnam-Wood, district montagneux où l'on cultive le café, la société missionnaire de l'Eglise anglicane a une école, sons la direction du révérend J. F. Sessing. Il a eu pendant l'apprentissage à lutter contre bien des obstacles, tels qu'un emplacement peu convenable, l'impossibilité pour les enfants, excepté ceux qui ont été affranchis le 1er août 1834, de suivre les leçons pendant les jours de travail, le peu d'empressement des parents à les y envoyer pendant les autres jours, les pluies constantes, le mauvais état des chemins, et la distance, quelquefois de plusieurs milles, que les enfants avaient à parcourir. Une nouvelle maison d'école a été bâtie, depuis le 1er août 1838, aux frais de la société; mais, bien que plusieurs difficultés aient disparu, le nombre des élèves n'est pas aussi élevé qu'on pourrait le désirer. Il y a assez d'espace pour établir une ou deux écoles qui seraient d'une grande nécessité dans ce district, autrefois fort négligé, et qui cependant renferme plus de 3,ooo habitants. Jusqu'à ces derniers temps, la même société avait à CharlesTown une école toujours bien suivie, lorsque l'instituteur était bon. Les parents, ayant prétendu que les enfants ne faisaient

aucun progrès, cessèrent de les y envoyer, et elle fut abandonnée. L'instituteur dont on se plaignait est, m'a-t-on dit, aujourd'hui à Buf-Bay. Il y a environ cinq ans, la société envoya un maître sur la propriété Paradise, a un mille environ de Hope-Bay, pour essayer d y établir une école qui ne réussit pas. Une seconde tentative, également infructueuse, fut faite par M. Steamers, et aujourd'hui il n'y a pas d'école de Buff-Bay à Port-Antonio, sur un espace de 20 milles. Au commencement de cette année, le ministre baptiste avait une école à Annotto-Bay. Par suite de quelques discussions avec des membres de son Eglise, leur souscription lui ayant manque, il a été contraint de la fermer. Sur l'invitation qui lui en a été faite, il est allé demeurer à Buff-Bay, où , n'ayant trouvé aucune école paroissiale établie, il s'est empressé d'en fonder une, à la grande satisfaction de beaucoup d'habitants respectables, dont les enfants ont déjà fait de remarquables progrès. J'ai vu cette école la semaine dernière. Sur les 86 enfants inscrits, il y m a ordinairement 70 présents; mais, à cause de l'ophthalmie qui règne en ce moment, il n'y en avait que 61. L'école est soutenue par une contribution volontaire des membres de l'Eglise, et par la somme de 2 fr. 40 cent, payée chaque trimestre par les parents. Les fonds n'étant pas suffisants, on n'a pas encore pu se procurer des instituteurs convenables; ni les moyens d'instruction , ni la méthode, ne sont ce qu'ils pourraient être. Il m a été impossible de me procurer d'autres renseignements sur les crimes, que ceux concernant Buff-Bay. Ils mentionnent le nombre et le résultat des affaires jugées aux petites sessions. Comme c'est là que se juge le plus grand nombre dos délits, on peut apprécier, en conséquence, quel est, sous ce rapport, l'état de la paroisse. Pendant deux périodes , l'une du 1er août 1838 au 31 juillet 1839, l'autre du 1er août 1839 au 31 juillet 1840, les condamnations et les acquittements ont été pour ainsi dire en nombre égal ; le total de la première période a été de 48, et celui de la deuxième de 47. Signé E. FISBOURNE.

N° 172. §

1.

II.

LA BARBADE.

des magistrats de police aux questions qui leur avaient été adressées pour les guider dans leurs rapports

ment adopté. Les cultivateurs terminent ordinairement leur tâche en sept heures.

trimestriels 1

8 . Les salaires varient de deux bitts à un quart de dollar. Ils sont payés chaque semaine.

RÉPONSES

A.

RÉPONSE

de M. L. Applewhaite, magistrat de police de la paroisse Saint-Philippe. Du 1er juillet au 3o septembre 1840.

1re. La population se montre soumise aux lois, et plus assidue au travail. 2e. La plus grande partie des délits sont des vols peu importants , des querelles et des rixes. 3 . La bonne intelligence entre les maîtres et les travailleurs a fait de grands progrès depuis mon dernier rapport. e

4e. L'intérêt mutuel affermira naturellement le bon accord, si aucune intervention étrangère ne vient le troubler.

9 . On donne presque partout le logement et un terrain aux cultivateurs. Us doivent, en retour, un travail régulier de cinq jours par semaine. Lorsqu'ils s'absentent, on leur retient un bitt par jour, pour le loyer. e

10°. Sur quelques plantations, le logement et le terrain entrent en compensation d'une portion du salaire ; sur d'autres, ils forment un objet tout à fait à part, et qui n'a de rapport qu'avec l'accomplissement des devoirs du cultivateur. 11e. Les engagements se font pour un jour, et n'obligent pas au delà de ce temps. Il ne s'en fait jamais que verbalement. 12 . Les noirs préfèrent les conventions verbales aux contrats écrits. e

13 . Us sont très-portés aux contestations. e

5e. Les noirs travaillent, en général, de bon cœur; lorsqu'il n'en est pas ainsi sur quelque propriété, j'en conclus qu'elle est mal dirigée.

14°. La révision des lois sur les contrats et sur le vagabondage leur a été avantageuse.

6 et / . On peut dire que le travail à la tâche est universelle-

15e. J'ai eu à examiner des plaintes pour occupation illi-

1

Voir ces questions ci-dessus, page 753.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.—1840. — LA BARBADE. 803 cite ; mais les choses se sont toujours arrangées à l'amiable : les torts étaient réciproques. B.

16e. Un grand nombre de cultivateurs ont émigré depuis quelque mois; mais beaucoup d'entre eux sont revenus.

RÉPONSES

de

M.

Francis Thornhill, magistrat de police de la paroisse Saint-Jacques.

17'. Il en est peu qui ne soient rentrés sur les propriétés qu'ils avaient quittées, et auxquelles je les crois fort attachés.

1re. La conduite des travailleurs a été généralement bonne, depuis mon dernier rapport.

18e. Ceux qui ont abandonné l'agriculture s'occupent de colportage, etc.

2e. Les délits les plus ordinaires sont des querelles, des rixes, quelques vols légers et des contestations pour dettes.

19°. Plusieurs centaines d'individus se sont laissés séduire par des agents d'émigration, et sont partis.

3e. La bonne harmonie existe maintenant entre les noirs et leurs maîtres.

20e. La conséquence de la réponse précédente est qu'ils n'ont pas agi spontanément.

4e. L'intérêt commun, qui unit les uns et les autres, rend inutile toute intervention étrangère.

21e. Les émigrants étaient de tout âge, et se composaient des meilleurs travailleurs, sans distinction de classe.

5e. Les cultivateurs travaillent volontiers ; les exceptions, lorsqu'il en existe, proviennent de la mauvaise administration des plantations.

22'. Dans mon opinion, il n'y a pas surabondance de travailleurs ; leur réduction me paraîtrait un grand mal. 23e. La condition des enfants est loin d'être bonne. Us sont entretenus par leurs parents. 24e. Les ressources pour l'éducation morale et religieuse sont nombreuses dans cette paroisse, et cependant elles n'excèdent pas les besoins. 25*. Les planteurs occuperaient volontiers les enfants, si les parents ne répugnaient pas à les voir employés aux travaux des champs. 26e. Les noirs n'attachent aucune importance à la différence de couleur.

6e. Les heures de travail sont ordinairement de six à neuf, et de dix à quatre. 7°. Le système de travail à la tâche est peu usité. Ce sont les planteurs qui le rejettent, parce qu'ils trouvent que la besogne se fait avec précipitation, et par conséquent mal. 8e. Les salaires varient de 1 schell. 3 d. à 1 schell. 6 d. 3/4 ; et, dans la saison de la récolte, de 1 schell. 6 d. 3/4 à 1 schell. 10 d. 1/2 par jour. 9e. Presque toujours on fournit aux travailleurs le logement et une portion de terrain cultivable.

28e. Les noirs connaissent l'existence de la cour d'appel.

10e. D'après le prix de 1 schell. 6 d. 3/4 que le cultivateur obtient aisément hors de la plantation où il réside, et celui de 1 schell. 3 d. qu'il reçoit sur cette plantation, je serais porté à croire que l'occupation de sa maison et de son terrain forme la compensation de cette différence. Cependant, cela étant, je crois que la retenue annuelle, considérée comme loyer, ne payerait que faiblement les avantages dont jouit le locataire.

29*. Le système judiciaire actuel me paraît plus susceptible que l'ancien de produire le bien-être de la population, dans son état actuel.

11e. Les cultivateurs ne sont obligés de travailler que par jour ; mais, comme ils savent que le manque d'exactitude les priverait de leurs maisons et de leurs jardins, ils restent sédentaires»

30e. Les tribunaux de conciliation sont également bien connus des noirs; ils y assistent volontiers comme jurés, et prennent un vif intérêt à ce qui s'y passe.

12e. Ils ont un éloignement marqué pour tous les engagements , quels qu'ils soient.

27*. Je ne sache pas que les autorités, ni personne des classes élevées, aient cherché à entraver l'exercice des droits accordés aux travailleurs.

31*. J'ai eu recours à ces tribunaux toutes les fois que cela m'a été possible. Il est à désirer qu'ils soient maintenus, pour le bien de la classe laborieuse. 32*. La saison actuelle n'est pas celle de la fabrication du sucre. 33'. Les cultivateurs possèdent un très-grand nombre d'animaux ; mais il m'a été impossible d'en savoir le chiffre. 34e. Les provisions sont abondantes. Je ne redoute nullement une disette. 35e. La récolte prochaine promet d'être meilleure que celle de l'année dernière : le temps a été favorable. 36e. H y a eu une grande augmentation d'acquisitions en objets de luxe. 37*. Les caisses d'épargne et les sociétés de secours mutuels seraient également avantageuses aux travailleurs. 11 serait à désirer que le clergé s'occupât de l'établissement des sociétés de secours dans toutes les paroisses. 38'. Les paysans de la Barbade sont plus heureux que ceux des autres possessions anglaises. 39e. Je n'ai aucune proposition à faire. II.

13e. Ils sont très-enclins à la chicane, et ont recours aux tribunaux pour le motif le plus frivole. 14e. On n'a pas encore eu occasion de recourir à la loi qui règle les rapports entre les maîtres et les travailleurs. Les planteurs trouvent que le plan adopté par eux, après le rejet de la loi proposée d'abord, a réussi assez bien pour ne pas risquer, en le modifiant, de troubler la tranquillité. La loi sur le vagabondage est également restée sans application. 15e. Je n'ai reçu aucune plainte pour occupation illicite ou expulsion. 16. Aussitôt après l'apprentissage, il y a eu une diminution sensible dans le nombre des cultivateurs. 17e. Presque tous sont revenus sur les plantations qu'il savaient quittées, et auxquelles je les crois fort attachés. 18e. Ceux qui ont renoncé à 1' agriculture se sont faits domestiques, ou ont entrepris les métiers de charpentiers , cordonniers, tailleurs, etc. 19e. Pendant ce trimestre, je n'ai pas eu à délivrer de passeports pour l'émigration. 20° et21°. La connaissance que j'ai du caractère des noirs de la Barbade me fait penser que l'émigration a été le résultat des grossières tromperies des agents d'émigration. Les cultivateurs. 51.


804

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

dans leur état peu avancé d'éducation, étaient peu capables de. se prémunir contre ces manœuvres.

c.

RÉPONSES

22 . Loin qu'il y ait un excédant de population laborieuse, je crois que toute réduction serait d'un effet très-préjudiciable. e

23. Maintenant la condition des enfants des cultivateurs est assez bonne. Ils sont entretenus par leurs parents ; mais beaucoup d'entre eux sont élevés dans la paresse. 24e. Nous avons une grande école. Il s'y présente, ainsi qu'à l'église et à la chapelle, autant de monde qu'on en peut recevoir. 25 . Les enfants seraient occupés sur les plantations où leurs parents résident, si ceux-ci ne témoignaient pas tant de répugnance à leur laisser suivre les travaux de l'agriculture. e

26e. Les noirs attachent peu d'importance à la différence de couleur ; cependant ils préfèrent servir des blancs. 27e. Non-seulement les autorités et les classes élevées ne cherchent pas à entraver la'liberté, mais encore elles saisissent toutes les occasions de faire sentir aux noirs le bonheur de leur nouvelle condition.

de M. IL. Griffith, magistrat de police de la paroisse Saint-George.

1re. La conduite des cultivateurs est en général paisible. 2 . Des querelles et des rixes sont les principaux délits. e

3 . Je n'ai pas remarqué qu'il y eût manque de bonne intelligence entre les maîtres et les travailleurs. e

4 L'intérêt commun des uns et des autres affermira cet état de choses, sans qu'il soit besoin d'intervention étrangère. e

5 . Les cultivateurs travaillent ordinairement de bon cœur, à moins qu'ils ne soient détournés par des causes extérieures. e

6 . Les heures de travail se comptent depuis le soleil levé jusqu'à quatre heures du soir, moins une heure accordée pour le déjeuner. e

7 . Les cultivateurs préfèrent travailler à la tâche. Les maîtres les emploient ou à la tâche ou à la journée, suivant qu'il leur est plus convenable. e

8 . Le salaire est de 1 franc à 1 fr. 2 5 cent, par jour, pavé en argent, chaque semaine, pendant toute l'année. e

28e. L'existence et les avantages de la cour d'appel sont parfaitement connus des travailleurs. D'ailleurs, dès que j'ai prononcé sur une affaire, je m'empresse de leur expliquer qu'ils ont la faculté d'en appeler. 29 . Le nouveau système d'administration de la justice est plus en rapport avec la nouvelle condition de la population laborieuse que celui qui était en vigueur sous les magistrats spéciaux. e

30 . Peu à peu les noirs apprennent à connaître les tribunaux de conciliation. Il est rare qu'ils fassent difficulté d'y siéger comme jurés. Ils sont très-attentifs à tout ce qui s'y passe.

9 . Indépendamment du salaire ordinaire, il est d'habitude de donner aux cultivateurs le logement et un terrain à cultiver, sur les plantations ou ils s'engagent à travailler cinq jours par semaine (les cas de maladie et d'accidents exceptés ). e

10 . Sur plusieurs propriétés, le loyer du terrain attaché au logement ou concédé en dehors, est tout à fait indépendant du travail que le cultivateur doit faire par jour. e

e

31 . J'ai souvent eu recours à ces tribunaux pour arranger des différends. Je crois que leur consolidation serait un bien pour les classes laborieuses. e

11 . Lorsque les noirs habitent sur une plantation, ils s'engagent d'ordinaire verbalement à travailler cinq jours par semaine ; mais, lorsqu'ils ne sont pas logés, ils ne s'engagent qu'à la journée. e

12 . Ils préfèrent les engagements verbaux aux contrats écrits. e

13 . Je les crois de bon accord entre eux, surtout les bons travailleurs. e

32e. Malgré mes efforts, je n'ai pu savoir combien de sucre a été fabriqué sur les plantations pour le compte des cultivateurs ; mais, d'après mes observations, je pense que la quantité n'en a pas été forte, parce que leurs récoltes, de même que celles de la plupart des propriétés, ont eu trop à souffrir de l'excessive chaleur. 33 . Depuis mon dernier rapport, les cultivateurs se sont plus occupés de la multiplication des animaux. Toutefois, je n'ai pu m'assurer de la quantité qu'ils possèdent. e

34 . Il n'y a pas lieu de redouter la disette de provisions dont on a été menacé au commencement de 1839. e

35. La récolte se présente mieux que celle de l'année dernière ; la culture a été bonne, et les saisons plus favorables. 36 . Depuis la fin de l'apprentissage, il y a eu augmentation dans les achats faits par les noirs, surtout en articles de luxe, tels que vins, objets de toilette, etc.

14 . Il est incontestable que la révision des lois sur les contrats et sur le vagabondage leur a été avantageuse. e

15 . J ai été appelé à examiner des plaintes pour occupation illicite : les torts m ont toujours paru réciproques. e

16e. Je pense qu'il y a eu diminution dans le nombre des laboureurs, depuis le 1er août 1838. 17 . A ma connaissance, très-peu de noirs sont revenus sur les plantations qu'ils avaient quittées. 18 . Ceux qui ont renoncé à l'agriculture s'occupent à ce qui leur plaît le plus , ou aux travaux qu'ils peuvent obtenir. e

19 . Dans cette paroisse , neuf individus seulement ont émigré. e

e

37e. Des caisses d épargne et des sociétés de secours mutuels seraient, sans nul doute, avantageuses. Une société de secours a été fondée par le recteur de la paroisse, et a bien réussi. 38 . La population laborieuse de la Barbade est, selon mon opinion, aussi heureuse, dans son état actuel, que celle d'Angleterre , sans parler des avantages que lui offre ici le climat. e

39 . On sent le besoin d'un hospice pour les fous.

20 . Je pense que ces émigrations ont été spontanées. e

21 . Les émigrants étaient de l'âge de dix-neuf à vingt-huit ans, et la plupart du sexe masculin. e

22e. Je crois bien qu'il y a surabondance de population ; mais je ne pense pas qu'on puisse réduire le nombre des cultivateurs de l'île sans nuire à la culture des produits d'exportation. 23 . La condition des enfants est, en général, mauvaise. Ils sont ordinairement entretenus par leurs parents. e

e

24 . Je ne connais pas les ressources de la paroisse, sous le rapport de l'instruction et de l'éducation morale et religieuse. e

25 . Les enfants sont souvent occupés sur les plantations. e


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.—CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1840.—LA BARBADE. 805 26e. Les noirs ne semblent faire aucune attention à la différence de couleur. 27*. L'administration actuelle de l'île me paraît cire la plus grande garantie du libre exercice des droits dont l'émancipation a investi les noirs., 28'. Je pense que l' existence de la cour d'appel est généralement connue. 29e. Tout en reconnaissant le bien produit par le système judiciaire précédent, je suis d'avis que le nouveau contribuera plus efficacement nu bonheur de la population laborieuse devenue libre. 30e. Tous les noirs, dans cette paroisse, connaissent l'existence des tribunaux de conciliation. 31e. J' ai eu occasion de recourir à ces tribunaux pour arranger des différends. Ils seront, je le crois, utiles aux travailleurs.

5e. Lorsqu'ils travaillent ailleurs que sur les plantations où ils sont logés, les noirs font leur besogne avec beaucoup plus d0'activité, ce qu'on peut attribuer aux distributions extra qui leur sont faites. 6°. Les heures ordinaires de travail sont de six à dix et de onze à quatre. 7e. Le travail à la tâche, n'ayant pas répondu à l'attente des planteurs, a été presque totalement abandonné. 8e. Le taux ordinaire des salaires est de 2 bitts par jour, poulies cultivateurs de première classe, et pour les autres en proportion. Les coupeurs de cannes reçoivent pendant la récolle un quart de dollar, et les hommes qui fabriquent le sucre, 3 bitts. 9e. Les travailleurs jouissent ordinairement d'un logement convenable et d'un jardin d'un quart d'acre environ , sans être tenus à aucun loyer. 10 . La condition généralement imposée pour la jouissance d'un logement et d'un jardin, c'est que, moyennant un salaire convenu, leTocalaire travaillera pour la propriété quand il en sera requis. S'il loue ses services à des étrangers sans le consentement du maître, on lui fait payer un bitt par chaque jour d'absence. e

32*. Je ne sais pas quelle quantité de sucre a pu être fabriquée pour les cultivateurs. 33e. Sans pouvoir préciser la quantité d'animaux qu'ils possèdent , je sais qu'en outre des porcs , des chèvres et de la volaille qu'ils élevaient, beaucoup d'entre eux ont à présent des bêtes à cornes et des chevaux. 34'. Je ne partage pas les craintes, dernièrement manifestées par les planteurs, relativement à une disette de provisions. 35e. La perspective de la prochaine récolte n'est pas favorable. 36e. Il y a eu augmentation dans les acquisitions d'objets de luxe faites par les noirs. 37*. Je suis d'avis que des caisses d'épargne et des sociétés de secours mutuels seraient utiles à la classe laborieuse, mais j ignore les moyens de les faise prospérer. 38e. Je suis convaincu que nos paysans sont aussi heureux que ceux de toutes les autres possessions anglaises. 39e. Je n'ai aucune observation à présenter.

D.

RÉPONSES

de M. J. P. Evelyn, magistrat de police de la paroisse de Christ-Church.

1re. En général, la conduite des travailleurs a été bonne.

.

11e. Je ne sache pas qu'il ait jamais été fait d'actes d'engagement entre les propriétaires et leurs travailleurs. D'après la coutume existante, les uns et les autres agissent à leur gré. 12e. Les noirs répugnent aux engagements écrits. 13e. Considérés en masse, ils montrent de bonnes dispositions les uns pour les autres. 14e. La révision de la loi sur les contrats ne peut manquer d'être favorable aux cultivateurs, en ce qu'elle les protège contre l'expulsion sommaire. Mais, dan3 l'impossibilité de les décider à souscrire des engagements par contrat, les planteurs n'ont, de leur côté, aucune assurance d'obtenir, quand ils en auront besoin , les services des noirs logés chez eux. 15*. J'ai été appelé, pendant ce trimestre, à examiner une plainte portée contre une femme qui refusait de travailler pour la propriété où elle demeurait, tout en persistant à garder sa case. 16e. Il n'y a pas eu diminution sensible dans le nombre des cultivateurs.

2*. Il se commet des vols peu importants, mais le tapage est le délit qu'on a le plus fréquemment à punir.

17e. Dans bien des cas, ceux qui avaient abandonné les plantations y sont revenus, et y ont repris leur domicile.

3*. Aies propres observations me porteraient à croire que les relations entre les maîtres et les travailleurs sont bonnes. Sur le petit nombre de plantations où il n'en est pas ainsi, il faut en chercher la cause dans l'idée singulière que les noirs se font de leurs propres obligations. Ils exigent que les planteurs remplissent strictement les leurs, et, de leur côté, se soucient peu de montrer la même exactitude. Par exemple on les loge gratuitement, à la condition qu'ils travailleront assidûment sur la plantation, au prix convenu, et que, s'ils s'absentent sans permission, ils devront un certain loyer par chaque jour d'absence; mais, bien qu'ils contractent volontiers de tels arrangements, ils refusent de payer le loyer qu'ils se trouvent devoir pour absence volontaire.

18e. Ceux qui ont renoncé à l'agriculture se sont faits domestiques, ou s'occupent de commerce et de colportage.

Le retour de plusieurs cultivateurs qui avaient émigré à la Guyane anglaise, séduits par de trompeuses promesses, a sensiblement refroidi le désir de s'expatrier, car, pendant la dernière partie du trimestre actuel, il ne s'est présenté que quatre individus pour demander des certificats. J'espère, en conséquence , que les cultivateurs se montreront désormais plus sédentaires, et qu une harmonie durable s'établira entre eux et leurs maîtres, sans intervention étrangère. II.

19e. Dans le courant du trimestre j'ai délivré cinquantequatre certificats d'émigration, dont un à un blanc ; c'est sept de moins qu'il n'en avait été demandé pendant le trimestre précédent; et, si l'on considère que pendant le dernier mois il n'en a été délivré que quatre, on peut présumer que les cultivateurs commencent a réfléchir, et ne veulent plus être victimes de gens qui s'enrichissent à leurs dépens. 20e. J ai la conviction que l'émigration n'a rien eu de spontané. 21e. L âge des émigrants est de vingt à trente-cinq; ce sont presque tous des hommes. 22e. Il serait faux de dire que nous avons un excédant de population, dont il faut se débarrasser par l'émigration. 23e. Les parents paraissent plus occupés du bonheur de leurs enfants, et les élèvent au travail. Leur aversion pour l'agriculture a bien diminué. 24e. Nous avons une église, quatre chapelles et sept écoles 51..


806 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

publiques. Une autre vaste chapelle s'élève en ce moment. Ces établissements pourraient contenir plus de monde qu'ils n'en reçoivent.

e PARTIE.

5 . Les cultivateurs travaillent volontiers, quand les salaireleur sont régulièrement payés. e

6° et 7 . Sur quelques propriétés, on travaille neuf heures par jour; sur d'autres, on travaille à la tâche. e

25e. Les enfants sont volontiers employés sur les plantations, moyennant un salaire, lorsque les parents y consentent, ce qu'ils commencent à faire plus facilement. 26e. Les noirs attachent de l'importance à la différence de couleur ; ils placent de préférence leur confiance dans les blancs. 27 . Les autorités et les classes supérieures ne manifestent aucun sentiment hostile à la liberté des noirs. e

28e. Les cultivateurs connaissent l'existence de la cour d'appel. 29e. Le système judiciaire actuel, sous l'influence de ce tribunal , offre bien plus de garantie aux intérêts de la classe laborieuse , que celui qui était en vigueur à l'époque des magistrats spéciaux. 30 . L institution des tribunaux de conciliation est également bien connue des cultivateurs; ils y assistent volontiers comme jurés, lorsqu'ils en sont requis, et prennent intérêt à ce qui s'y passe. e

31°. Ces tribunaux ayant toujours réussi à arranger les différends, je crois que leur maintien sera profitable aux classes laborieuses. 32° et 33°. Je ne suis pas à même de répondre à ces deux questions. 34°. Les provisions sont abondantes ; il n'y a aucun motif de redouter une disette. 35°. La saison n'a pas été favorable à la culture du sucre, parce que les pluies ont été partielles. Plusieurs des plantations de la paroisse ne feront qu'une très-faible récolte. 36°. Il y a eu une grande augmentation dans les acquisitions d'articles de luxe faites par les noirs. 37°. Les caisses d'épargne et les sociétés de secours mutuels seront d'un grand avantage pour les travailleurs. Les sociétés de secours déjà établies ici ont produit un bon effet sur leur conduite et leur caractère. Ils sont fiers d'en être membres, et c'est ce qui me fait penser qu'ils aideraient aux caisses d'épargne, comme moyen de conserver leurs économies. Des règlements établis par la législature , pour la direction et la bonne administration de ces établissements, auraient une grande influence sur leur réussite. 38°. Les paysans de la Barbade peuvent être considérés comme les plus heureux du monde. 39°. Je n'ai aujourd'hui aucune proposition ni observation à soumettre.

E. REPONSES

de M. L. Applewhaite, magistrat île police de de la paroisse Saint-Philippe. Du 1er octobre au 31 décembre 1840.

1re . Les cultivateurs sont soumis aux lois, et se montrent désormais assidus au travail. 2°. Des vols légers, des querelles et des rixes sont les délits les plus fréquents. 3 . Depuis mon dernier rapport, il s'est établi, entre les maîtres et les cultivateurs, une bonne intelligence que j'attribue à la cessation de l'émigration. 4 .L'intérêt commun des uns et des autres sera toujours plus efficace qu aucune intervention, pour assurer la bonne harmonie entre eux.

8°. Les salaires sont de 2 bitts à un quart de dollar; ils se payent par semaine. Pendant la récolte, on les augmente d'un demi-bitt par jour.

9 . Sur presque toutes les plantations, on fournit aux travailleurs une maison et un terrain; mais, en échange, ils doivent travailler cinq jours par semaine. Lorsqu'ils s'absentent, il leur est retenu un bitt pour chaque jour qu'ils ont passé hors de la plantation. e

10°. Sur quelques plantations, le loyer est un objet tout à fait distinct du salaire; sur d'autres, il eu compense une partie. 11e. Les engagements ne sont ordinairement obligatoires que pour une journée; ils se font verbalement. 12°. Les noirs préfèrent les engagements verbaux aux contrats écrits. 13e. Ils sont portés à la chicane. 14e. On n a que rarement recours à la loi qui fixe les relations entre les maîtres et les travailleurs; il en est de même de la loi sur le vagabondage. 15 . J ai reçu des plaintes pour occupation illicite de maisons et de terres, mais elles se sont arrangées à l'amiable. e

16°. Beaucoup de cultivateurs, qui avaient émigré il y a quelques mois, sont revenus. 17 . Les noirs témoignent de l'attachement pour les proprietés sur lesquelles ils ont été élevés. e

18°. Ceux qui ne sont pas revenus sur les plantations, font le colportage, le petit commerce, etc. 19°. Il y a quelques mois, l'émigration a été assez forte. Je l'attribue aux menées des agents d'émigration ; mais cette fièvre est maintenant bien calmée. 20°. Il est positif que l'émigration n'a pas été spontanée. 21e. Les émigrants étaient de tout âge, et se composaient surtout d'hommes en état de travailler. 22°. Je ne crois qu'il y ail surabondance de population parmi les cultivateurs, et qu'une réduction puisse avoir lieu sans inconvénients sérieux. 23°. La condition des enfants n'est pas bonne; ils vivent à la charge de leurs parents. 24°. Les ressources pour l'éducation et l'instruction religieuse sont grandes, dans cette province. Les écoles et les églises sont également bien suivies. 25°. On emploierait volontiers les enfants sur les plantations , mais les parents ne se soucient pas de les voir occupés d'agriculture. 26°. Les noirs ne font aucune attention à la différence de couleur. 27°. Aucune tentative n'a été faite pour entraver l'exercice des droits dont la liberté a investi les noirs; ceux-ci en sont tellement jaloux, que, si une pareille tentative avait lieu, ils ne manqueraient pas de se mettre sous la protection des lois. 28°. Ils connaissent l'existence de la cour d'appel. 29°. Je crois que le système judiciaire actuel est beaucoup plus propre que le précédent à assurer le bonheur de la population laborieuse. 30e. Les noirs connaissent aussi les tribunaux de conciliation


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. CHAP. XIV.—ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.—1840.—LA BARBADE

Ils y siègent volontiers, quand on les requiert et prennent grand intérêt aux procédures. Toutes les fois que j'en ai eu l'occasion, j'ai eu recours à 31 ces tribunaux pour concilier des différends ; je crois que leur établissement définitif sera un bien pour la population laborieuse. 32e . La fabrication du sucre vient seulement de commencer. La récolte a été très-peu abondante. 33e. Les cultivateurs possèdent une grande quantité d'animaux: il ma été impossible d'en connaître exactement le chiffre. 34e. Les sécheresses que nous avons éprouvées dernièrement ont rendu les provisions très-rares; cependant il n'y a pas à redouter une disette, dont nous préserveraient, en tout cas, les envois des marchés étrangers. 35e. La perspective de la prochaine récolte n'est pas belle ; pourtant l' état de la culture est supérieur à ce que j'ai vu depuis longtemps, ce qui prouve que la population est assidue au travail. La saison a été très-défavorable. 36e. Il y a eu une grande augmentation d'achats en objets de luxe. 37e. Les caisses d'épargne et les sociétés de secours mutuels seraient d'un grand avantage à la population laborieuse. Il serait à désirer que le clergé s'occupât de l'établissement des dernières. 38e. En la comparant à celle des paysans des autres possessions anglaises, je trouve la condition des paysans de la Barbade très-heureuse. 39e. Je n ai aucune observation ni proposition à présenter.

807

11e et 12". Les laboureurs ne sont engagés qu'à la journée ; ils ne veulent contracter aucun autre engagement. 13e. Us sont portés à la chicane, et, pour la plus petite cause, ils ont recours aux lois. Je pense que l'établissement des tribunaux de conciliation réformera en eux celte disposition. 14e. On n'a pas encore eu recours à la loi sur les relations entre les travailleurs et les maîtres. Ceux-ci se trouvent bien du plan de conduite qu ils ont adopté depuis le rejet de la première loi, et ne voudraient pas, en le changeant, s'exposer à troubler la tranquillité. La loi sur le vagabondage n'a pas, non plus, été mise en usage; elle sera néanmoins une égide pour le cultivateur industrieux. 15e. J ai été plusieurs fois appelé pour des cas d'occupation illicite de maisons et de terres; mais je n'ai eu à faire valoir mon autorité que dans une seule circonstance : il y avait mauvaise conduite delà part du cultivateur. 16e. Aussitôt après la fin de l'apprentissage, il y a eu diminution sensible parmi les cultivateurs. 17e. Presque tous sont revenus sur les plantations qu'ils avaient abandonnées. Je les crois attachés aux lieux où ils ont toujours vécu. 18e. Ceux qui renoncent à l'agriculture se font domestiques, ou apprennent les états de charpentier, cordonnier, tailleur, etc. 19° et 21e. Depuis mon dernier rapport, il n'y a point eu d'émigration. 20e. Lorsque des noirs ont émigré, ce n'était pas par un mouvement spontané, mais par suite des manœuvres des agents d'émigration. Cette paroisse en fournit la preuve : on n'y a jamais vu d'agents, et l'émigration y a été insignifiante.

de AI. Francis Thornhill, magistrat de police de la paroisse Saint-Jacques.

22°. J ai toujours pensé que la population laborieuse n'était pas trop nombreuse, et qu'on ne pourrait la réduire sans danger.

1er. La conduite des cultivateurs a été très-bonne depuis mon dernier rapport.

23°. Les enfants sont tout à fait à la charge des parents, qui, pour la plupart, les élèvent dans la plus complète oisiveté.

RÉPONSES

F.

»

2". Des querelles et des rixes , avec quelques contestations pour dettes et quelques vols légers, sont les délits les plus fréquents.

24°. Nous avons une vaste école , et, en outre , une église et une chapelle assez grandes. Elles suffisent à recevoir tous ceux qui veulent les fréquenter.

3e. Le bon accord que j'ai signalé continue à subsister entre les maîtres et les travailleurs.

25e. Les planteurs emploieraient volontiers les enfants, si les parents ne témoignaient pas une si grande aversion pour les travaux d'agriculture.

II'. Les intérêts qui les unissent les uns aux autres rendent toute intervention inutile pour maintenir ce bon accord. 5e. Les noirs travaillent volontiers; si quelquefois le contraire arrive sur une propriété, cela tient à la manière dont elle est gérée. 6e. Les heures de travail sont de six à neuf et de dix à quatre.

26°. Les noirs semblent faire peu d'attention à la différence de couleur. 27°. Ni les autorités, ni les classes élevées, ne manifestent l'intention d'intervenir dans l'exercice des droits acquis par les nègres. Ceux-ci connaissent trop bien leurs privilèges de sujets anglais pour qu'une semblable tentative réussisse jamais.

7e. On ne travaille pas ordinairement à la tâche, parce que les planteurs trouvent que la besogne se fait mal, à cause de la précipitation que les noirs mettent à la terminer.

28°. Les cultivateurs n'ignorent pas l'existence de la cour d'appel.

8e. Les salaires varient de 2 à 3 bitts par jour; durant la récolte, on paye à part les heures de travail, au-delà des neuf qui composent une journée.

29°. L'établissement de ce tribunal rend le système judiciaire actuel plus avantageux que le précédent aux intérêts de la population laborieuse.

9". Presque toujours on fournit aux cultivateurs le logement et un terrain cultivable.

30. Les noirs comprennent les avantages des tribunaux de conciliation. Une des clauses de l'acte en vertu duquel ces tribunaux ont été établis, en leur assurant une légère indemnité lorsqu'ils sont appelés à siéger comme jurés, a détruit la seule objection qu'ils pouvaient y faire.

10e. En travaillant sur les propriétés où ils résident, les cultivateurs ne reçoivent que 2 bitts par jour, tandis qu'ils peuvent en gagner 3 au dehors. Je regarde donc celte différence comme le prix du loyer. Sur quelques plantations on n'en exige aucun, et je crois que cette manière d'agir conviendrait mieux à tous les intérêts. II.

31°. J'ai souvent eu recours à ces tribunaux pour concilier des différends ; ils produiront par la suite les plus heureux résultats. 51...


808 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. - II

e PARTIE.

32°. La saison n est pas assez avancée pour que je puisse dire quelle quantité de sucre sera fabriquée par les cultivateurs.

12e. Les cultivateurs ne veulent pas faire de conventions écrites.

33°. Ils élèvent beaucoup d'animaux, mais ils ne donnent pas volontiers les renseignements qu'on leur demande à ce sujet.

13e. Les noirs entretiennent entre eux des relations assez amicales.

34e. La récolte des provisions a totalement manqué, par suite de l'excessive sécheresse.

14°. La révision des lois sur les contrats et sur le vagabondage a été avantageuse à la population laborieuse, qui se trouve protégée contre les expulsions sommaires. Quant aux maîtres, la répugnance des noirs pour les engagements leur ôte toute certitude d'obtenir d'eux un travail assidu.

35°. La perspective de la prochaine récolte est mauvaise. La culture a été très-suivie, mais la saison l'a constamment contrariée. 36°. Les achats d'objets de luxe par les noirs, ont beaucoup augmenté, depuis la fin de l'apprentissage. 37°. Sans réponse. 38°. Si l' 'on compare leur position à celle des paysans des autres possessions britanniques, les cultivateurs de la Barbade sont très-heureux. 39 . Je n'ai, quant à présent, aucune proposition à faire.

15e. Je n'ai été requis pour aucune expulsion pendant ce trimestre. 16°. Il n'y a pas eu de diminution sensible, depuis le 1838, dans le nombre des cultivateurs.

1"

août

17e. La plupart de ceux qui avaient quitté les plantations y sont revenus et y ont repris leur domicile. Les noirs sont en général attachés aux propriétés auxquelles ils ont appartenu.

e

G.

RÉPONSES

de

M.

J. P. Evelyn, magistrat de police de la paroisse de Christ-Church.

1re. La conduite des cultivateurs continue à être fort satisfaisante. 2°. La plupart des plaintes que j'ai reçues avaient rapport à des vols légers et surtout à des scènes de tapage. 3°. La bonne intelligence entre les maîtres et les travailleurs est assez générale; si elle a été troublée quelquefois, c'était parce que quelques-uns de ces derniers avaient manqué à l'engagement de travailler pour les plantations où ils résidaient, engagement moyennant lequel il leur avait été accordé une case, franche de loyer. 4°. L'intérêt commun des maîtres et des travailleurs ayant produit la bonne intelligence entre eux, il faut en conclure qu'une intervention étrangère ne pourrait être que nuisible. 5 . Les cultivateurs travaillent volontiers; mais on ne peut dire que ce soit avec le sentiment de l'obligation où ils sont de fournir la valeur du salaire qu'ils reçoivent. Les maîtres se plaignent, avec raison, delà paresse de ceux qu'ils louent à la journée. e

6e. Les heures ordinaires de travail sont de 6 à 1 o et de 11 à 4. 7 . On ne travaille pas beaucoup à la tâche, parce que les planteurs trouvent qu'elle est trop négligemment remplie.

18e. Ceux qui ont renoncé à l'agriculture ont entrepris le colportage, exercent quelque métier, ou se sont faits domestiques. 19e. L'émigration continue à diminuer. Je n'ai délivré que dix certificats depuis mon dernier rapport, ce qui me fait espérer que les cultivateurs sont revenus des illusions que leur avaient fait concevoir les fausses promesses des agents d'émigration. 20°. Je ne crois pas que l'émigration ait été spontanée, Il fallait toutes les intrigues qui ont été mises en œuvre pour semer le mécontentement dans l'esprit des cultivateurs, et les rendre dupes de leur cupidité. Cet état de choses a eu une influence fâcheuse sur les intérêts de la paroisse. Il causera la misère des malheureux égarés, qui ont été entraînés hors de leur pays. 21°. Les cultivateurs qui ont émigré étaient de l'âge de 30 ans, et le plus grand nombre du sexe masculin.

20

22 . Je ne crois pas qu'il y ail une surabondance de population. e

23°. Les parents semblent s'occuper davantage du bien-être de leurs enfants, en les accoutumant au travail. 24°. Nous avons une église, quatre chapelles et sept écoles, outre une vaste chapelle qui s'élève dans le district le plus populeux. foutes peuvent contenir plus de monde qu'il ne s'en présente. 25. Les enfants sont volontiers occupés par les planteurs, moyennant un salaire, quand les parents ne s'y opposent pas. Ceux-ci témoignent moins d'éloignement à les consacrer à l'agriculture.

e

Le taux commun des salaires est de 20 centimes par jour pour la 1re classe, et pour les autres en proportion. Pendant la récolte, les hommes occupés à la coupe des cannes reçoivent 25 centimes, et ceux qui fabriquent le sucre 3o centimes.

26°. Les noirs ne sont pas indifférents à la couleur. Ils ont surtout confiance dans les blancs.

8e.

9 . On donne aux cultivateurs résidant sur les plantations un logement convenable et environ un quart d'acre de terrain , sans aucun loyer. e

10e . La convention en vertu de laquelle se fait cette concession c'est que le cultivateur donnera, moyennant un salaire fixé, ses services à la plantation quand il en sera requis En travaillant sur une autre propriété, il encourt l'obligation de payer 10 centimes de loyer par chaque jour d'absence. 11e. Je ne crois pas qu'aucun engagement écrit ait jamais été passé entre les maîtres et les travailleurs. Les uns et les autres agissent à leur gré. Il faut excepter cependant certains individus , tels que les économes, qui sont employés, au mois et parfois à l'année.

à

27°. Je ne crois pas que personne ait la pensée de retenir les noirs dans un état prolongé d'esclavage. Aucune idée pareille ne s'est manifestée parmi les autorités , ni dans les classes élevées de la société. 28°. Les cultivateurs n'ignorent pas l'existence de la cour d'appel. 29°. Par rétablissement de cette cour, le système judiciaire actuel me paraît avoir été rendu plus efficace que le précédent pour assurer le bien-être de la population laborieuse. 30°. Les noirs connaissent également bien les tribunaux de conciliation. Même avant la promulgation de l'acte qui a réglé la marche des procédures, ils s'empressaient de remplir les fonction» de jurés, et témoignaient le plus grand intérêt à ce qui se passait. 31°. Le succès avec lequel je suis parvenu à concilier les différents portés devant ces tribunaux, avant l'acte précité, me donne la conviction que, par leur constitution actuelle, ils seront


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. - 1840.— LA BARBADE. 809

•l une grande utilité à toutes les classes. Le retard apporté par les propriétaires à me fournir la liste des noirs de leurs plantations qui réunissent les conditions d'éligibilité pour les fonctions •le juré, ne m'a pas encore permis de fixer la réouverture de la cour. Elle est attendue impatiemment par un grand nombre d'individus qui désirent lui soumettre leurs différends. 32e. La mauvaise volonté que mettent les planteurs à faire connaître la quantité de sucre fabriquée pour les cultivateurs, ne m'a pas permis de la préciser; mais, si j'en juge par le peu d'importance de la récolte, cette quantité a du être minime. 33e. Les cultivateurs n'aiment pas non plus à dire le nombre des animaux qu'ils possèdent; ils craignent que cette question ne leur soit adressée dans le but de les soumettre à un impôt; je sais toutefois que ce nombre est très-grand. 34e Le manque de pluie a empêché de planter une quantité suffisante de provisions ; je crains le retour de la disette que l'on a éprouvée au commencement de 1839. 35e. La prochaine récolte s'annonce mal. La sécheresse qui n a cessé de régner durant ce trimestre lui a été nuisible. 36e. Depuis la fin de l'apprentissage, les acquisitions d'objets «le luxe par les noirs ont beaucoup augmenté. 37*. Il y a, depuis quelque temps, des sociétés de secours mutuels dans cette paroisse. A en juger par le bien qu'elles ont déjà produit, elles ne peuvent manquer d'améliorer les mœurs et les habitudes des classes laborieuses. Je crois qu'il leur faudrait l'appui de la législature pour assurer leur réussite; je crois aussi que des caisses d'épargne concourraient efficacement au même but. 38*. Les paysans de la Barbade ont à leur disposition les moyens de se rendre autant et même plus heureux que les paysans de toute autre partie du monde ; mais il ne faudrait pas qu'ils fussent excités, par des hommes cupides, à chercher le bonheur hors du pays. 39e. Il serait à désirer que des dispositions législatives fussent prises, afin de venir au secours des individus qui ne peuvent faire les frais nécessaires pour porter leurs griefs devant les tribunaux ordinaires.

2.

RAPPORTS généraux des magistrats de police sur la marche du régime de liberté et sur l'état de l'agriculture dans les diverses paroisses de l'île, en 1840, trimestre

d'octobre à décembre. A.

RAPPORT

du magistrat de police de lu paroisse Saint-Philippe.

Les relations entre les maîtres et les travailleurs se sont beaucoup améliorées; les uns et les autres manifestent réciproquement les meilleures dispositions. La culture des plantations est plus satisfaisante que l' année dernière, ce qui prouve que les travailleurs sont plus contents de leur condition, et plus sédentaires. On doit cet état de choses à la cessation de l'émigration. On n a plus réussi a y entraîner les cultivateurs, depuis qu'ils se sont aperçus qu ils étaient grossièrement trompés, et qu'ils n'amélioreraient en rien leur sort en quittant le pays. La récolte encore sur pied sera très-mauvaise, à cause des longues sécheresses qui ont régné. Signé L. APPLEWHAITE.

B.

RAPPORT

du magistrat de police de lu paroisse Saint-Jacques.

Les heureux effets du régime de liberté continuent à se faire sentir; les relations entre les maîtres et les travailleurs deviennent de jour en jour plus satisfaisantes. La conviction une fois acquise que les intérêts des uns et des autres sont étroitement liés, et que leur séparation aurait un résultat funeste, il n'y a plus à douter que la colonie devra au nouveau régime une prospérité toujours croissante. Les dernières sécheresses, presque sans exemple jusqu'ici, se sont fait sentir sur la récolle, qui n'excédera pas la dernière. Mais la culture a été très-bonne, et c'est au manque de pluie qu'il faut attribuer tout le mal. Signé F. THORNHILL.

c.

RAPPORT

du magistrat de police de la paroisse Saint-George.

Les relations entre les maîtres et les travailleurs sont paisibles, actives et amicales. Depuis le 31 septembre dernier, je n ai eu à délivrer que treize certificats d'émigration. La sécheresse qui a régné pendant les deux derniers mois a beaucoup nui à la végétation. Les récoltes de sucre et de provisions seront faibles dans toute la paroisse. Signé W. GRIFFITH.

D.

RAPPORT du magistrat de police de la paroisse de Saint-Jean.

L agriculture a beaucoup souffert de la chaleur continue des deux derniers mois. La sécheresse a sensiblement affecté la récolte du sucre, et entièrement détruit celle des provisions. Comme ce n est que dans trois mois qu'on pourra récolter de nouvelles provisions, la classe laborieuse, presque toute entière, est forcée de s en fournir aux marchés de la ville. On ne peut, en aucune façon, attribuer le mauvais résultat de la récolté au système de travail; car, dans toute la paroisse, la culture des terres pour l'année prochaine est dans le meilleur étal possible. Les travailleurs sont incontestablement plus assidus qu'autrefois; il y a beaucoup moins d'exemples de ce mécontentement qui s était manifesté si souvent, depuis la lin de l'apprentissage. Toutefois les relations entre eux et les planteurs ne sont pas encore ce qu elles devraient être; c'est la conséquence du mauvais système qui fait dépendre le loyer du travail. L'avantage injuste que le planteur retire de ce système est bien balancé, il est vrai, par la concurrence qui existe entre tous les propriétaires pour se procurer des travailleurs ; mais il n'en résultera pas moins, en définitive, que la population laborieuse deviendra moins attachée a ses cases, et qu elle se dégoûtera de rien dépenser pour les améliorer. Cet état de choses a déjà produit le travail à l'entreprise; des bandes indépendantes font une partie des travaux les plus essentiels de l'agriculture. L'émigration, qui avait, il y a quelques mois, excité tant de trouble dans l'esprit des cultivateurs, est maintenant comprise et appréciée par eux a sa juste valeur. L expérience chèrement acquise par quelques-uns, empêchera, je l'espère, que d'autres ne se laissent tromper à l'avenir. Signé H. PILGRIM.

E.

RAPPORT

du magistrat de police de la paroisse île Christ-Church.

La bonne intelligence qui existait entre les maîtres et les travailleurs, et que j'avais signalée en octobre 1839 , a été troublée


e

810 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

sur plusieurs plantations. J'en attribue la cause aux efforts de quelques misérables pour semer le mécontentement au sein de la population laborieuse, afin de pouvoir la déterminer plus aisément à abandonner l'île, et à émigrer en Guyane ou ailleurs. La perspective de l'agriculture est peu rassurante, depuis les sécheresses des trois derniers mois. Il y a rareté de provisions, et surtout de blé, dont la récolte a presque totalement manqué. On fera très-peu de sucre. Signé J. P. EVELYN.

F.

RAPPORT

du magistral de police de la paroisse Saint-Pierre.

"Le régime de liberté a produit, depuis mon entrée en fonctions, des résultats aussi favorables qu'on pouvait l'espérer, sous le rapport des relations entre le maître elle travailleur. La bonne intelligence aurait été plus parfaite encore, si l'on n'avait pas permis a de prétendus agents d'émigration de semer le mécontentement au milieu de la population. Cependant le mal s'est, en grande partie, guéri de lui-même ; la vérité a été dévoilée par le retour de ceux qui avaient pu échapper au climat délétère de Demerara et de Berbice. Il serait, sans cloute, inutile de dire quelles causes aidaient à l'influence que les agents cherchaient à exercer sur l'esprit des cultivateurs; je ferai seulement observer que les dispositions de l'acte sur les rapports entre les maîtres et les travailleurs, avaient été interprétées faussement et à dessein , dans un sens propre à faire naître la défiance dans l'esprit de ces derniers. Les propriétaires, avertis par la résistance des noirs à se soumetrre à l'acte, se résolurent prudemment à ne pas les contraindre. C'est pour celte raison que cet acte n'a pas encore reçu d'application. Sur toutes les plantations, on s'est contenté d'engagements verbaux, qui sont parfaitement compris des parties intéressées; je n'ai pas entendu dire qu'ils aient donné lieu à une seule difficulté. Si les ordres des maîtres rencontrent assez souvent quelque résistance, ce qui n'a rien de surprenant, ces petites difficultés s'arrangent d'elles-mêmes. La perspective de la récolte n'est pas favorable ; mais, s'il survieil t une pluie bienfaisante, les cultivateurs reprendront leur activité pour en profiler. Il est du devoir de tous ceux qui ont quelque influence dans la colonie, de l'employer à calmer l'irritation. Si personne ne s'interpose entre les planteurs et leurs gens, je ne doute pas qu'il ne résulte du régime de liberté une augmentation rapide de bien-être pour chacun et pour tous.

H.

RAPPORT

du magistrat de police de la paroisse de Saint-Joseph.

Tous les membres de notre société manifestent les meilleures dispositions pour former entre eux une union étroite et solide. Celte tendance a résisté aux perfides tentatives qui ont été faites pour tromper notre population, sous de faux semblants de désintéressement et de philanthropie. Malgré son éloignement, cette paroisse n'a pas échappé à la visite des infâmes agents dont la cupidité dirige toutes les manœuvres. Des mensonges de toute nature ont été répandus par la presse, aussi bien que par ces agents eux-mêmes, et ont pénétré partout. De magnifiques promesses ont été mises en œuvre pour entraîner les cultivateurs hors de leur pays, en leur inspirant le dégoût de tout ce qu'ils avaient jusqu'alors apprécié; mais la fourberie a été démasquée, l'irritation se calme, et la tranquillité ne tardera pas à être rétablie. Il est cependant d'autres causes qui pourraient ranimer le mécontentement; je dois les signaler. Le planteur alloue au travailleur une case, dont celui-ci a la jouissance pendant tout le temps qu'il travaille pour la propriété ; mais, s'il porte ailleurs ses services, on lui impose un loyer pour chaque jour d'absence. Or ce loyer est exigé, non-seulement du chef de famille qui s'absente, mais encore de chaque membre de la famille qui se met dans le même cas. Ceci est très-injuste, et je n'y vois qu'un seul remède : c'est, de fixer, pour chaque maison, un loyer proportionnel a sa valeur. Celte mesure ferait hausser un peu le prix des salaires ; mais, comme on recevrait d'un côté ce que l'on aurait à payer de l'autre, personne ne se trouverait lésé. Cette mesure atteindrait, en même temps, un autre inconvénient : elle détruirait la jalousie que fait naître la différence entre le salaire de deux bitts que reçoit un travailleur sur la plantation ou il réside, et le salaire de trois bitts que reçoit celui qui offre ses services au hasard. Le planteur pourrait ainsi compter que ses propres tenanciers lui donneraient tout le temps dont il aurait besoin, et le cultivateur jouirait sans restriction du droit qu il a de disposer de lui-même. J espère qu'on parviendra bientôt à établir les choses sur un pied plus régulier, et alors le régime de liberté sera complet. Tandis que d autres parties de l'île se ressentent cruellement de la sécheresse, cette paroisse a en perspective une récolte qui, bien que médiocre, suffira cependant pour rendre à l'agriculture quelque activité. Signé J. D. MAYCOCK.

Signé J. C. B. SCANTLEBURY.

J. G.

RAPPORT

PARTIE-

RAPPORT

du magistrat de police de la paroisse Sainte-Lucie.

du magistrat de police de la paroisse Saint-Thomas.

Les incertitudes relatives au loyer sont le seul obstacle qui s oppose à ce qu'une harmonie parfaite règne entre les maîtres et les travailleurs. Je me rends toujours immédiatement sur les plantations où se manifeste le moindre signe de mécontentement, et je réussis ordinairement à concilier les parties. La perspective de la récolte de sucre est très-peu satisfaisante, elle n équivaudra pas a celle de l'année dernière. La cause n'en doit etre attribuée qu al excessive sécheresse ; car, sur aucun point du globe, on ne saurait trouver des gens plus industrieux et plus laborieux que les planteurs et les paysans de la Barbade. Les provisions sont très-rares, et deviendront, je le crains, trèschères avant peu. Nous serons forcés, comme l'année dernière, d avoir recours aux marchés américains. Signé J. CAREW.

La bonne intelligence règne entre les maîtres et les travailleurs, mais ces derniers se montrent très-disposés à chicaner entre eux. Depuis mon rapport du à novembre 1839, aucun changement n a eu lieu dans la condition de la population laborieuse. L agriculture a souffert dans toute l'île de la continuité de la chaleur. Je ne crois pas que les cultivateurs déploient plus d énergie qu'autrefois dans l'accomplissement de leurs devoirs. Signé A. H. MORRIS.

K.

RAPPORT

du magistrat de police de la paroisse Saint-André.

Durant ce trimestre, il ne m'a été demandé aucun certificat d'émigration; les noirs paraissent même contrariés quand on leur en parle. Depuis quelques mois, le nombre des cultivateurs a augmenté; la culture est dans un état plus avancé qu'à pareille époque de plusieurs des dernières années; les travailleurs sont


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.—CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1840. — LA BARBADE. 811

plus réguliers et plus assidus à leur besogne. On a presque partout renoncé à imposer un loyer, et l'on remarque plus de gaieté sur toutes les physionomies. Deux fois, pendant l'année, la récolle a eu à souffrir de la sécheresse; cependant elle sera encore double de celle de l'année dernière. Signé J. S. BASCOM.

L.

RAPPORT

du magistrat de police de la paroisse Saint-Michel.

Il règne, en général, une bonne intelligence entre les maîtres et les travailleurs ; si quel ques petites difficultés se sont élevées, elles ont été presque immédiatement aplanies. Heureusement pour les cultivateurs de cette paroisse, très-peu d'entre eux ont voulu essayer de l'émigration; ils ont ainsi échappé aux souffrances et aux privations qu'un trop grand nombre de malheureux ont été chercher au loin. Ici l' émigration s'est presque exclusivement bornée aux artisans et aux domestiques. La perspective de l'agriculture est tout à fait décourageante. L'extrême sécheresse des derniers mois a sérieusement nui à la récolte des cannes, et. a presque totalement détruit les ignames et le blé. La quantité de patates que l'on avait plantée se trouvant à peu près consommée, nous souffrons aujourd'hui d'une disette de provisions qui continuera pendant longtemps encore. Signé J. W. SPENCER.

3

A.

LETTRES

EXTRAIT

et rapports divers sur le régime du travail libre à la Barbade.

d'une lettre des juges de la cour auxiliaire d'appel à M. le président Bru thwaise

Nous référant à nos rapports des 3o septembre et 15 novembre 1839, qui contiennent l'expression de notre pensée, à celte époque, sur le résultat du système de liberté, nous ferons observer que les rapports annuels des magistrats, pour l'année 1840, ne présentent de différence importante avec les précédents, que sur deux points seulement : 1° en ce qui concerne les effets fâcheux, mais heureusement passagers, d'une émigration inconsidérée; a" en ce qui concerne la diminution des produits causée par les longues sécheresses qui ont détruit les espérances de l'agriculture, dans plusieurs parties de l'île. Nous avons remarqué qu'il ne subsiste plus que très-peu des motifs, qui avaient produit la mésintelligence entre les deux classes agricoles. On peut comprendre au nombre de ces motifs la répugnance de la classe laborieuse à élever ses enfants pour les travaux des champs. Toutefois il n'y a pas à douter que cette répugnance, aussi bien que d'autres préjugés produits probablement par l'état de servitude, ne cède à l'action lente du temps et à l' influence de l' éducation morale et religieuse. Dans notre lettre du 5 février dernier, nous avons signalé les machinations mises en œuvre par les agents d'émigration, et fait connaître les résultats de leurs efforts. Il n'est pas étonnant que l'irrégularité du travail des champs ait été la conséquence de l' état d'agitation continuelle dans lequel on entretient les cultivateurs. C est à celte cause que les magistrats de police ont attribué le dégoût que, pendant les huit ou neuf premiers mois de 1840, les noirs ont témoigné pour leur travail ordinaire. Dès que cette agitation s est calmée, on s'est sensiblement aperçu qu'ils revenaient à de meilleures dispositions. Peut-être aussi ce dernier changement est-il du au retour d'émigrants qui avaient « prouvé les vicissitudes d un séjour dans un pays nouveau pour eux, et qui pouvaient fournir à leurs frères des renseignements circonstanciés.

Quelle que soit la cause qui ait agi, il n en est pas moins vrai que, vers la lin de l'année, au moment de la récolte, on remarqua une notable différence dans la conduite des noirs , surtout quant au travail régulier des champs. Le même bon esprit n'a pas cesse, depuis, d animer la plus grande partie des cultivateurs, et ils ont fait preuve de la meilleure volonté pour la rentrée des cannes. Le magistrat de police de Saint-Jean écrit que le peu d'importance de la récolte ne peut être imputé à l'insuffisance des bras, et que, pour la récolte prochaine, les terres sont partout dans le meilleur état de culture. Le nombre des délits, comparé à la population de l'île, est pour ainsi dire nul ; ce fait prouve que le cultivateur de la Barbade a fait de notables progrès dans la connaissance et l'exercice pratique des devoirs qui lui sont imposés, comme sujet libre et citoyen paisible. Le 3o septembre, nous avons eu occasion d'exprimer notre opinion sur la résolution prise par les propriétaires de louer aux cultivateurs les cases qu ils habitent et de petites portions de terrains. Elle a eu le résultat que nous avions espéré, en établissant et en consolidant la solidarité des intérêts entre les maîtres et les travailleurs. Une expérience récente a prouvé que ces intérêts ne peuvent être séparés, sans qu'il en résulte des conséquences funestes pour tout le monde. Signé A. CUPPAGE. J. J. TUILING. Jos. GARRAWAY.

B.

RAPPORT

de M. Joseph Gordon, custos.

Prix du travail. — Il varie suivant les circonstances. On pave toujours, a la journée, de 1 fr. 25 cent, à 1 fr. 85 cent. ; mais le travail des champs de cannes se fait plus fréquemment à la tâche ; celui des champs de café, par pieds d'arbustes, et par mesure, suivant leur éloignement et l'état du terrain. Tache. — Le travail qui se fait de cette manière se paye comme suit : Creusement de go, 80 et 100 trous à cannes, de 4 fr. 35 cent, à 6 fr. 2 5 cent. Le sarclage des cannes se paye 10 francs, 11 fr. 25 cent., 12 fr. 5o cent., 15 francs, et quelquefois jusqu'à 20 francs, selon l' abondance des travailleurs et la nature des champs. Résultat général des récoltes. — Celle du sucre vient de finir, et n'a pas rendu, à beaucoup de planteurs, le montant de leurs frais. Plusieurs, propriétés ont eu des champs de cannes détruits en entier par la sécheresse ou par d'autres causes. La perspective de la récolte prochaine se montre plus favorable, depuis le beau temps que nous avons eu; et, comme le travail n'est pas aussi abondant, si l'on peut vendre à bon prix, et si le taux des salaires diminue, quelques plantations pourront continuer la culture de la canne; mais il y en auratoujours pour lesquelles cela est devenu impossible. Récolté du café. — Celte culture a été mieux conduite et n'a pas autant souffert des saisons. La récolte a été généralement bonne. Quelques planteurs s'attendent à une quantité égale à celle de l' année dernière, tandis que d'autres resteront au dessous. Les frais qu'entraîne la culture du café sont considérables; mais moindres que ceux du sucre. Population rurale. Elle forme de petits établissements et des villages, tout en conservant les champs à provisions qu'elle cultivait. Beaucoup des noirs ainsi établis consacrent leur travail à leurs anciens maîtres; d'autres préfèrent des étrangers : mais, dans l' un et l'autre cas, ils exigent un salaire élevé. Effets de l'indépendance des cultivateurs. — Elle produit l'incertitude de pouvoir se procurer des bras au moment opportun,


812 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

occasionne souvent la perte des produits, et fait que des saisons se passent sans qu on les mette a profit. Bien que le travail ait diminué depuis mon dernier rapport, il y a encore des instants où l'on manque de monde. Villages et petits établissements. — Les villages et les établissements séparés continuent a augmenter; cependant les noirs paraissent moins empressés d acheter des terres. Ils commencent a s apercevoir qu ils étaient mieux naguère qu'ils ne sont actuellement, et que leurs maisons, les taxes, etc., leur donnent à supporter des frais assez onéreux. Commerce de détail. — Plusieurs boulangeries et boutiques de différents objets s'établissent, et sont d'un grand secours à la population. Villages de l'intérieur. — Il n'en existe que quelques petits qui viennent seulement d'être fondés.

envie de les faire travailler, dans la conviction où ils sont que, plus tard, ils pourront s'en dispenser. Ressources pour l'éducation. — L'évèque du diocèse,au moyen des fonds qui sont à sa disposition, et secondé par la fabrique, a établi six écoles qui prospèrent. Missionnaires. — Ceux de l'Eglise anglicane, de la société de Londres et les baplistes, ont plusieurs écoles dans le voisinage des chapelles où le service divin se célèbre le dimanche. C'est un grand bienfait pour la population. Améliorations dans l'agriculture. — Les cultivateurs ont fait de grands progrès, et j'espère que bientôt toutes les propriétés emploieront la charrue. Plusieurs concours de charrues ont eu lieu; les prix distribués ont produit une grande émulation, et excité les cultivateurs à se montrer habiles à conduire cet instrument. Signé Joseph

Ecoles diverses. — Les noirs se montrent très-désireux de donner de l' éducation à leurs enfants ; mais ils ne témoignent aucune

GORDON.

N° 173. S III. LA DOMINIQUE. COUP

D'OEIL

rapide sur l'état de

l'agriculture dans la

colonie, publié dans le journal le Dominicain, du 9 mars 1840. En examinant les champs de culture, nous avons acquis la certitude que pas un seul n'a été abandonné. Si dans quelques endroits il y a eu réduction en étendue, dans d'autres il y a eu augmentation, de sorte que la quantité des principaux produits n'a éprouvé aucune variation sensible par suite de la révolution de 1838, qui a transformé le travail obligé en travail volontaire. L'habitude que contractent les cultivateurs de résider hors des plantations sur lesquelles ils étaient esclaves, et où cependant ils viennent chaque jour travailler moyennant salaire, prend, à ce qu'on nous assure, beaucoup d'extension, sans que les planteurs en éprouvent de mécontentement. Dans une paroisse une ancienne plantation à café a été achetée presque en totalité, par lots de dix arpents, au prix moyen de 6o francs environ l'arpent, par des cultivateurs qui les entretiennent avec soin et y ont planté des cannes et des provisions, ce qui ne les empêche pas de louer

leurs services sur les grandes propriétés voisines. Il est notoire que, l'année dernière, les nègres de la pointe Mulâtre ont acheté 170 arpents de terres de la Couronne, divisés en lots de deux arpents, au prix de 7,600 francs, indépendamment de 2,5oo francs payes pour les actes de propriété1. Plusieurs planteurs, qui ont des terrains vacants dans leur voisinage, les louent à leurs travailleurs, moyennant un certain nombre de journées de travail par arpent. Les noirs, il est vrai, auraient préféré payer le loyer en espèces, ce qui eût été pour eux moins assujettissant ; mais, comme nous le leur répétons souvent, un propriétaire est libre de disposer à son gré de ce qui lui appartient. Le nombre des cases, le long de la côte, est vraiment surprenant, les habitants en sortent régulièrement tous les matins pour se rendre à leurs travaux sur les hauteurs voisines. La bonne harmonie règne entre les maîtres et les cultivateurs ; la principale difficulté réside dans le prix élevé des salaires, qui ne laisse presque aucun bénéfice au planleur, déduction faite de ses frais; il en est une autre qu'on pourrait joindre à celle-là, c'est l'habitude de thésauriser, qui est presque générale parmi nos paysans.

N° 174. § IV. GUYANE ANGLAISE. I.

COPIE

du journal du magistrat salarié Wolseley, sur

la culture et la condition des. travailleurs. Mercredi 1er janvier 1840. Le navire Posthumus est arrivé avec quinze émigrants portugais. Ce sont des jeunes gens de 18 à 25 ans, engagés à Madère par MM. Oliveira et compagnie , et envoyés ici aux frais de M. Jones, de la plantation Success. M. Jones ne s était assuré d autres garanties de leurs services que l'intention ou il était de leur donner des salaires tels qu'on ne pût leur en offrir de plus élevés. Je les ai trouvés en excellente santé et pleins d ardeur. Apres leur avoir fait connaître le taux ordinaire des salaires, les heures de travail et la nature des travaux des laboureurs sur les plantations, j ajoutai qu ils étaient parfaitement libres de choisir leurs maîtres ; que, lors même qu ils auraient souscrit un contrat de service, ils n'étaient pas tenus d'en remplir les conditions; que, si plus tard ils se sentaient disposés à contracter un engagement, il ne pourrait être valable que pour le terme 1

d une année. Je Lur parlai ensuite de la situation de la propriété de M. Jones, et des habitations qui étaient prêtes à les recevoir : or il n'y en a pas de meilleures dans la colonie. M. Jones leur lit ses propositions ; il leur offrit les mêmes salaires qu'il donne à ses autres laboureurs. Il ajouta qu'il leur demanderait beaucoup moins d'ouvrage qu'à ceux-ci, jusqu'à ce qu'ils fussent accoutumés au climat; qu'il n'exigeait pas de contrat, mais qu'ayant fait la dépense de les amener clans la colonie , il s'attendait à ce qu'ils lui donneraient la préférence. Les immigrants y ont consenti avec plaisir, et se sont immédiatement embarqués avec M. Jones, clans son schooner, pour aller à la plantation Success. Jeudi 2 janvier. Il y a à Maria's-Lodge, plantation de M. Goodfellow, située à 15 milles en remontant le bord occidental de la rivière de Demerara, vingt-cinq laboureurs des Bahamas, dont l'engagement, qui était de trois ans, expirera le 18 juin 1841

Ce chiffre met chaque arpent de terre non défriché au prix de 59 francs, frais d'acte compris.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CH. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1840. — GUYANE. 813 Les hommes reçoivent 3o francs et les femmes 25 francs par mois. On leur donne en outre par semaine des rations égales à celles qui étaient autrefois accordées aux laboureurs apprentis. Leurs contrats furent passés en présence du magistrat salarié du district , qui déclara que les conditions en avaient été complètement expliquées et comprises. Une partie de ces laboureurs occupe deux maisons isolées et nouvellement bâties. Elles sont composées de trois pièces planchéiées, couvertes en ardoises, et peuvent contenir chacune douze personnes. Les autres sont logés dans le quartier des laboureurs de la plantation. Il n' y en a point de malades, à l'exception de quatre qui ont des ulcères aux pieds ; mais ces ulcères sont graves, et ils n'en pourront être guéris que lorsqu'il sera possible de les obliger à rester à l' hôpital. On ne peut rien dire de bon de leur travail, car ils ne sont jamais à l'ouvrage plus de la moitié à la fois. Ils n'avaient point de plaintes à faire ; leur riz, leur poisson salé et les bananes étaient de bonne qualité ; le livre de paye n'indiquait aucune inexactitude dans le payement de leurs salaires. Dans aucune des parties de la colonie que j'ai visitées jusqu'à présent, il n'y a un aussi grand nombre d'établissements libres récemment bâtis, que dans la contrée qui s'étend à 5 milles de chaque côté de cette propriété. Sur la plantation abandonnée de Reynensteim, 5o chaumières de laboureurs ont été construites dans les huit ou neuf derniers mois ; plus de 150 laboureurs y sont maintenant établis. Dans un endroit, appelé Free-and-Easy, 40 lots de terrain ont été mesures, et l' on a facilement trouve des acheteurs parmi les laboureurs voisins. On assure que 1,000 personnes, hommes, femmes et enfants, anciennement attachées à des plantations, sont maintenant établies sur des terres qui leur appartiennent, et qui sont situées dans un espace d'environ 12 milles entre Potosi et Strick-en-Henuel. Le bord opposé de la rivière offre anssi une preuve assez remarquable du désir qui existe chez les laboureurs de posséder en propre une chaumière et une pièce de terre. Il leur est du reste facile de satisfaire ce désir. Un grand nombre de plantations ont été abandonnées, parce qu'elles étaient trop éloignées de la ville ; ces plantations sont ainsi restées presque sans valeur pour leurs propriétaires , et les laboureurs peuvent en acheter de petits lots pour fort peu de chose. Lorsque je visitai les laboureurs engagés de Maria's-Lodge, on me dit que, dans un rayon considérable, il n'y a pas de juge de paix résidant; que quatre fois, pendant les deux derniers mois, 011 avait eu à faire une enquête par suite de mort, et qu'on n'avait pas pu trouver un juge de paix pour y présider.

eût dans le voisinage un enclos pour mettre les bestiaux en fourrière. A Cane-Grove, plantation de MM. Booker, située à 6 milles en remontant la crique de Mahaïca, il y a 52 laboureurs engagés, venus des Bahamas. Leur temps de service finira, pour les uns en octobre, pour d'autres en novembre. Il y a aussi sur cette propriété quatre Allemands engagés, dont trois auront fini leur service d'une année le 15 du mois prochain, et un le 3 novembre suivant. Les laboureurs des Bahamas sont arrivés dans cette colonie en octobre 1837. Après avoir fait volontairement des arrangements pour trois années, il furent établis, en février 1838, sur la plantation Litlle-Diamond. Plus tard, de leur propre consentement, et avec l'approbation du magistrat du district, leurs services furent transférés aux propriétaires de Cane-Gove. Us ont dernièrement été mis aux mêmes salaires que les autres laboureurs de la plantation, et ils gagnent maintenant de 40 à 5o francs par mois. Dans ce terrain léger, ils finissent facilement leur tâche à midi ou une heure. Pendant le mois dernier, le minimum du salaire a été de 25 francs ; le maximum s'est élevé jusqu'à 70 francs. On a bâti sur cette propriété, pendant les six derniers mois, 25 maisons isolées, pouvant contenir chacune quatre ou six individus. Elles ont coûté près de 25,000 francs. En ce moment 5o ouvriers sont occupés à en élever d'autres. Ceux qui les habitent jouissent de la meilleure santé possible, et parlent de la bonté de leurs directeurs dans les termes les plus flatteurs. Sur la plantation Greenfield, appartenant à MM. Glen, il y a 47 laboureurs engagés venus des Bahamas, et deux qui sont natifs d Anguille. Les trois années de service des premiers seront terminés le 26 mai prochain, le temps des deux autres expirera pour l'un en novembre, et pour l'autre en décembre de cette année. Les soins qu'ont apportés les propriétaires de cette plantation a assurer le bien-être de leurs laboureurs sont an-dessus de tout éloge. Il en résulte que dans toute la Guyane anglaise on ne saurait en trouver de plus contents, de plus industrieux et de plus réglés dans leur conduite. Signé W. B.

2.

COPIE

WOLSELEY,

magistrat salarié.

d'un autre journal du magistrat Wolseley pendant

sa tournée officielle dans le comté de Berbice, du 7 au 15 janvier inclusivement. Mardi 7 janvier. Parti de George-Town parle bateau à vapeur, je débarquai à New-Amsterdam à 7 heures du soir.

Voici les cas qui avaient donné lieu à ces enquêtes : 1° Le corps d'un nègre trouvé, il y a deux mois environ, dans le voisinage de la plantation Vreedenstein ; 2° Celui d un blanc-trouvé, il y a deux mois , près de l'Ermitage ; 3° Celui d un nègre, trouvé, il y a environ deux mois, à Maria's-Lodge ; Ln accident survenu, il y a six semaines ou deux mois, dans les machines de la plantation Vreesland , et qui avait coûté la vie à un nègre. 3 et h janvier. J ai visité les laboureurs engagés des plantations de Cane-Grove et Greenfield, les seules du district de Mahaïca, sur lesquelles il s en trouve dans celle condition. En passant à Mahaïca, j ai fait l' inspection de la prison, que j'ai trouvée propre et bien tenue. Il n y avait que deux prisonniers pour voies de fait. Le gardien n' habile pas la chambre à laquelle il a droit, parce que le sergent de police prétend la conserver par droit de premier occupant. Le gardien est donc obligé de demeurer hors de la prison , contrairement aux règlements. Il serait très-nécessaire qu'on

8 janvier. Je me suis rendu chez le géreur de la plantation Providence, afin de recevoir les ordres de Son Excellence avant son départ pour Demerara. De là je me suis transporté à Highbury, pour y inspecter les Coulis, leurs maisons, leurs provisions et leur hôpital, ainsi que le livre de paye et le registre de l'hôpital. J'ai couché sur la plantation Buse's-Lust. 9 janvier. A 7 heures du malin je quittai Buse's-Lust, et j'allai à la plantation Maria. Les laboureurs engagés sur cette plan tation sont au nombre de 23 , hommes et femmes. 9 sont natifs de Saint Eustache, 8 de l'île de Saba, 2 de Saint-Thomas et 4 des Bahamas. 13 de ces laboureurs ont fait un contrat pour trois ans, suivant l'ordre en conseil de Sa Majesté, du 1" mars 1837 , et leur- service sera terminé en 184 1. Les engagements des dix autres ont été conclus le 8 juin 1839, et seront par conséquent à terme, suivant l'ordonnance de Sa Majesté, du 7 septembre 1838 , le 7 juin de l'année courante. Tous les laboureurs de cette propriété sont sur le même pied quant aux salaires , quoique les émigrants engagés ne soient pas obligés à faire par jour plus des trois quarts de la tâche ordinaire. On a dernièrement bâti


814 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. -— PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

11 maisons de laboureurs, qui sont fort commodes. On doit en construire encore beaucoup d'autres, dans le but d'engager les émigrants a venir s'établir ici ; mais on craint qu'ils ne s'y mon trent pas fort disposés, à cause de la distance de la ville ( environ 27 milles), et parce que la route, se terminant à 12 milles de la plantation, le voyage est fort désagréable. De Maria je revins à Buse's-Lust. Vendredi 10. J'ai traversé la rivière pour gagner la plantation Zuidwyk. On y compte 3o laboureurs engagés, de Curaçao. Après avoir été rachetés de l'esclavage ils s'étaient engagés pour sept ans. Mais, suivant l'ordonnance de Sa Majesté, du 1er mars 1837, leur temps de service a été réduit à trois ans, et arrivera à son terme dans le mois de mars de l'année courante. On leur paye 3 bitts ( 1 fr. 2 5c.) pour motter et nettoyer une rangée de cannes de 17 arpents de longueur. S'ils en font le double, ce qui leur arrive souvent, ils reçoivent un salaire qui se monte à 17 fr. 5o c. par semaine. Us sont bien logés, et paraissent s'entendre avec leur directeur. La seule demande qu'ils avaient à faire était qu'on leur envoyât un magistrat pour leur faire connaître quand leur temps serait fini. On a promis de les satisfaire. De Zuidwyk, en passant par New-Amsterdam et par la plantation Philadelphie, je remontai le Canjé jusqu'à la hauteur de la plantation New-Forest. Sur cette plantation il y a 37 laboureurs engagés, natifs de Curaçao, rachetés d'esclavage et amenés à Berbice dans l'année 1837. Leurs engagements seront terminés en mars et décembre del'année courante. On les a mis pour les salaires sur le même pied que les autres laboureurs, 1 fr. 65 c. pour sept heures et demie de travail. Les maisons de cette plantation sont bien disposées; mais pour le moment elles ne sont habitées qu'en partie. De NewForest je retournai à New-Amsterdam.

Mercredi 15 janvier. De New-Amsterdam je suis revenu à George-Town. Remarques générales. Dans le cours de cette tournée, j'ai visité toutes les plantations du comté de Berbice sur lesquelles il y a des laboureurs engagés , savoir : Plantation Highbury , Maria, Zuidwyk, New-Forest. Prospect, Smithson's-Place, Everton, Waterloo. Le désir d'attirer les émigrants est aussi grand dans ce comte que dans celui de Demerara et d'Essequibo. On semble même faire encore, s'il est possible, plus d'efforts dans ce but à Berbice que dans les autres parties de la colonie ; les habitants de Berbice rivalisent avec les autres colons pour bâtir des maisons commodes et agréables, et les salaires qu'ils offrent ne sont pas inférieurs à ceux qu'on donne à Demerara. Les petits colons sont moins nombreux à Berbice qu'a Demerara et à Essequibo. Signé

3.

COPIE

W.

B.

WOLSELEY,

magistrat salarié.

d'une dépêche de lord J. Russel au gouverneur Light.

Samedi 11 janvier. Je me suis rendu sur les plantations Prospect et Smithson's-Place, sur les bords de la crique Canjé. La première a 14 laboureurs engagés de Curaçao. Leurs trois années de service expireront en février, en mars et en avril de l'année courante. Ils ont de bonnes maisons, et reçoivent la paye ordinaire d'un guilder par jour. Ils paraissent satisfaits de leur position. A Smithson's-Place il y a 42 laboureurs engagés de Saint-Thomas, de Saint-Eustache et de Saba. Ils auront terminé leur service de trois ans dans le courant du mois prochain. Ils sont payés, suivant leurs contrats, les uns à 25 fr., et les autres à 3o fr. par mois, outre les rations et les vêtements que l'on donnait autrefois aux laboureurs apprentis. Ils ont de très-bonnes maisons, et il ne semble pas qu'aucun changement puisse améliorer leur position. La fabrique de sucre de cette plantation a été brûlée, il y a trois semaines, par la négligence d'un garde. La perte est estimée à 150,000 francs. Lundi 13 janvier. J'ai visité la plantation Adelphi. Elle avait neuf laboureurs engagés, qui ont été libérés de leurs engagements, parce que la plantation a changé de propriétaire , et que leurs services n'avaient point été légalement transférés. On bâtit ici plusieurs maisons commodes, dans l'espoir, comme ailleurs, d'attirer des émigrants. Sur la plantation Everton il y a six laboureurs des Bahamas, et trois de Curaçao. Ils ont été engagés pour trois ans en 1838 ; mais le directeur a fait connaître ses dispositions à annuler leurs engagements, et le magistrat du district en a reçu avis. Il y a un grand nombre de bonnes maisons sur cette propriété, et sa proximité de la ville sera sans doute un attrait pour les laboureurs. Mardi là janvier. Sur la plantation Waterloo , j'ai rassemblé les Coulis, et j'ai fait l'inspection de leurs maisons, de leurs provisions, du registre de paye et de celui de l'hôpital. A New-Amsterdam j'ai visité la prison. Les salles et les cellules sont dans le meilleur état possible. L'hôpital n'avait aucun malade, et il ne se trouvait que quatre prisonniers dans la prison.

15 février 1 Sio.

Je ne suis pas surpris des inquiétudes que vous inspire l'ordonnance en faveur de l'émigration. Les négociants de Londres et de Liverpool, intéressés dans les affaires des Indes occidentales , ont témoigné, comme vous, le désir que l'on prît quelques mesures à ce sujet, et l'ont exprimé dans plusieurs mémoires. Je vous envoie copie des deux plus importants. Je ne veux point, en ce moment, aborder la question sur laquelle vous etes en discussion avec les planteurs propriétaires de la Guyane anglaise, à savoir si, pour l'instant, la colonie est dans un état de prospérité ou non. La diminution des produits n'est pas douteuse. Le rapport joint à votre dépèche du 15 octobre 1839 constate, sur le trimestre du 6 juillet au 10 octobre, compare au temps correspondant des années 1831, 1832 et 1833, une diminution en sucre de 7,259 barriques; en rhum, de 2,114 poinçons; en mélasse, de 7,309 barriques. En café, la diminution est encore plus considérable : au lieu de 1,618,228 liv., la production n'a été que de 346,350 ; c'est moins que le quart. Voici ce que disent les négociants des Indes occidentales dans leur mémoire du 17 du mois dernier : «Il a été prouvé que le déficit des récoltes de l'année dernière, à Demerara seulement, sans compter Berbice, ne s'élève pas à moins de 23,250,000 fr. Il est vrai, comme vous le dites, qu'on peut en attribuer une partie au retard de la saison ; mais on ne saurait nier qu'il n'y ait une diminution remarquable dans la quantité des produits, durant la première année d'affranchissement. Je ne suis point disposé à en reporter la cause, en général, sur la modicité des salaires relativement au travail. Il s'est sans doute élevé bien des contestations vexatoires. On aurait dû chercher à établir le montant des salaires d'après un taux raisonnable. Les habitudes du régime de l'esclavage avaient laissé de profondes empreintes dans les esprits des maîtres et des nègres. Les premiers avaient eu le tort de compter que le nègre serait, en tout étal de cause, contraint de travailler à la culture du sucre;


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CH. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1840. — GUYANE. 815 ! es autres , avec aussi peu de raison, croyaient qu'ils devaient en tout cas, rester en possession de leurs terrains à provisions. Mais une cause plus étendue et plus générale a occasionné cette diminution dans la culture du sucre et du café.

On ne doit pas s'attendre à ce que des hommes qui peuvent vivre avec très-peu de travail soient disposés à en faire beaucoup. Dans les colonies des Indes occidentales, entre les planteurs et les esclaves, il n'y avait pas de classe moyenne. Les nègres affranchis, les plus économes et les plus intelligents, se sont faits petits marchands. Quelques arpents de terre produisent assez de provisions pour une famille; il est facile d'en obtenir nn excédant qu'on va vendre au marché, et avec le prix duquel on se procure des articles de fabrique. Les nègres qui gagnent des salaires élevés achètent ou louent des pièces de terre, et se refusent ensuite à aliéner leur travail. En cela, il n'y a rien d'extraordinaire ni de coupable. Il n'y a personne, en Angleterre, qui, possesseur d'un capital suffisant pour monter un magasin ou louer une ferme, consentît à rester ouvrier à la journée, et à travailler du matin au soir à un métier de tisserand. Le Gouvernement n'aurait donc aucune raison de s'interposer tant que les choses s'arrêteront là. En mettant à exécution les projets religieux et bienfaisants de la nation en général, son but c'ait de convertir des esclaves en hommes libres, de délivrer des frères du fouet qui les forçait à un travail au-dessus de leurs foi ces, et de les établir comme chrétiens sur le sol où on les avait transportés comme biens mobiliers ou comme bêles de somme. Aucun des ennemis les plus acharnés de l'émancipation ne soutiendra que les nègres soient devenus voleurs, brigands, rebelles ni sanguinaires. Ce que l'on peut constater, c'est qu'ils sont devenus marchands, colporteurs et francs tenanciers : heureux changement que la Providence a bien voulu nous permettre d'accomplir. Une question importante, mais secondaire, c'est de rechercher comment nous pourrons maintenir la prospérité de nos colonies des Indes occidentales, favoriser la culture des produits auxquels le climat est convenable, et, sinon accroître, du moins conserver ce débouché aux produits des manufactures anglaises. J'avouerai franchement que, quant à la production du sucre, je vois plusieurs raisons de craindre que nous ne réussissions pas à empêcher qu'elle ne subisse une diminution, ainsi que l'espérent ceux qui ont proposé les mesures que le Gouvernement a prises en considération. La manière la plus directe et la plus certaine de s'éclairer à ce sujet, c'est de s'arrêter à l'examen at-

tentif de ces mesures. Toutes les propositions qui ont été faites sont basées sur des encouragements à donner à l'immigration des laboureurs à la Guyane, à la Trinité, et dans d'autres colonies, dans le but d'y établir une population semblable à celle qui existe maintenant dans l'île de la Barbade. Il était question d'abord d'y amener un grand nombre de Coulis qui seraient engagés pour cinq ans par contrat de service. Bien que lord Glenelg ait adouci de beaucoup la rigueur de cette mesure, le Parlement prit l'alarme. L'ignorance des individus qu il s'agissait de dépayser, les dangers de leur transport sur des bâtiments trop chargés où ils seraient mal nourris, la longueur du voyage, le changement de climat, la crainte devoir renaître l' esclavage sous une autre forme, toutes ces considérations furent mises en avant, et firent impresion. Quelques membres de la Chambre des lords pensèrent que l'on pourrait parer à ces inconvénients par des règlements. Cette chambre présenta, en conséquence, a la Chambre des communes un projet de loi pour assurer protection aux habitants des Indes orientales qui contracteraient des engagements de service hors de leur pays. Tout ce qui concernait leur transport y était l'objet de règlements très-minutieux. La troisième clause stipulait formellement qu ils auraient la liberté de célébrer toutes leurs cérémonies païennes.

Mais,quand on en vint a la discussion de ces mesures, ceux-là mêmes qui devaient en profiter convinrent avec le Gouvernement qu il serait mieux d'arrêter entièrement l'émigration des Indes orientales jusqu' a ce que l' on fût parvenu à l'organiser d'une manière plus simple et plus efficace. Le gouverneur général des Indes, considérant toutes les difficultés de la question, conclut dans le même sens. Jusqu'aujourd'hui, la commission, nommée au Bengale pour examiner ce sujet, n'a point encore proposé de projet satisfaisant. Pour moi, après l'insuccès de la première expérience, je ne me sens nullement disposé à favoriser le transport des laboureurs des Indes à la Guyane. En admettant même que la mortalité parmi les premiers Coulis que l'on y a envoyés ait été accidentelle, je ne saurais accepter la responsabilité d'une mesure qui peut aboutir, soit à la mort d'un grand nombre d'hommes, soit a l' établissement d un nouveau système d'esclavage. Les punitions corporelles ne sont point inconnues à ces pauvres gens ; et rien ne m'a prouvé que les nombreuses populations des Indes pourront profiter des salaires élevés de la Guvane, sans avoir à redouter les dangers que je signale. Un autre moyen a été indiqué : c'est l'emploi dos nègres pris sur les négriers par nos vaisseaux en croisière. Mais je ne puis espérer de grands résultats de cette ressource. Le nombre des nègres saisis ainsi depuis quelque temps n'a pas été considérable ; et d'ailleurs il y aurait peu d'avantage à les envoyer, au risque d'être repris en route, à la Trinité ou à Demerara, plutôt que de les diriger sur les Bahamas. Depuis janvier 1838, trois navires seulement ont été pris avec des esclaves à bord, et, d'après le lieu où ils ont été capturés, ils devaient être conduits par-devant la cour mixte de la commission des Indes occidentales, pour y être adjugés. Mais, lors même qu'on en prendrait un plus grand nombre, et que ce pourrait être une ressource pour nos colonies, nous nous exposerions, en usant de ce moyen , à voir élever des soupçons sur les motifs politiques qui nous ont fait abolir l'esclavage. Il serait a craindre qu'on nous accusât de rétablir, dans nos possessions , le travail forcé, par les mêmes moyens que nous employons pour le faire cesser chez les autres. Ce n'est pas, toutefois, que je veuille rejeter entièrement cette ressource : je désire seulement faire sentir qu'elle sera fort bornée, ou de nature à éveiller des soupçons, et que ceux qui la considèrent comme devant obvier au manque d'ouvriers seront probablement désappointés. On a suggéré d'autres moyens plus légitimes d'augmenter le nombre des laboureurs. Un personnage dont l'expérience et le talent ne sauraient être mis en doute pense que la classe moyenne de la Trinité se formera entièrement des émigranls des EtalsUnis, et qu'il ne restera ainsi aux nègres de l'île d'autre ressource pour subsister que de cultiver les champs. Celte prévision pourra se réaliser en grande partie. Nous avons lieu d'espérer que la population nègre, autrefois avilie par une oppression légale et des mœurs licencieuses, maintenant attirée vers le mariage, et mise en jouissance du droit de posséder, va désormais se multiplier rapidement. Toute augmentation numérique, si elle est accompagnée de l'éducation et des habitudes de civilisation , amènera une augmentation d'industrie, et sera une source de richesse. Mais, a supposer que Ion ait obtenu tout ce qui sera possible en encourageant l'émigration par des primes , en donnant des moyens d établissement aux nègres capturés, aussi bien que par l' accroissement naturel de la population, on n'aura pas encore la certitude de maintenir dans son importance passée la culture de la canne : car c'est là ce que l'on entend par la prospérité de nos colonies; de même que, par leur raine, on n'entend pas parler de la pauvreté du peuple , de son manque de nourriture ou de vêtements, ni même de l'absence de richesses ou de luxe, mais tout simplement de la diminution de la culture du sucre. Examinons donc la question dans toute son étendue. Je prends pour exemple la Guyane. Les salades des laboureurs y sont de


816 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. 1 sch. 6 den. par jour, tandis que, dans l'Hindoustan , ils ne sont que de 2 den. Quand vous aurez amené un grand nombre de laboureurs à la Guyane, ils devront y rester libres. Or le sol est fertile, le climat engendre l'indolence; la race africaine aime l' aisance et le plaisir au moins autant que toute autre ; rien n'assurera donc encore que vous maintiendrez la production du sucre. D un autre côté, le plus simple calcul mettra le capitaliste à même d estimer ce qu'il lui en coûterait pour cultiver la canne dans l' Hindoustan , et de reconnaître si, en ajoutant à cette dépense le prix du transport en Angleterre et des droits de douane, il sera en situation de faire concurrence au planteur de Demerara. S'il en reconnaît la possibilité, la fabrication du sucre augmentera dans le Bengale, et le Couli restera dans son pays : ce ne sera point le laboureur qui ira chercher une plantation, mais la plantation qui viendra trouver le laboureur. Des changements analogues se sont opérés quand la fabrication des tissus de laine fut transportée de la Toscane en Angleterre, et le tissage de la soie de l'Orient en France. Après ces observations , je dois ajouter que je ne désapprouve pas que l' on essaye de recruter, par des moyens convenables, la population de la Guyane anglaise. Je vous ferai connaître une autre fois les modifications qu'il me semble nécesaire de faire subir à l'ordonnance que lord Normanby a fait rejeter par Sa Majesté. La liberté du travail est le principe général, et les restrictions à cette liberté ne doivent être que l'exception. Mais, quelles que soient mes dispositions à faire droit aux représentations des négociants établis , soit en Angleterre , soit aux colonies, je vous rappelle que le bonheur des habitants de la colonie que vous êtes appelé à gouverner doit être l'objet principal de vos soins. Encouragez l'instruction religieuse, faites participer les nègres aux bienfaits du christianisme, conservez l'ordre et la paix intérieure; persuadez-leur que partout où ils verront flotter le pavillon anglais ils trouveront un ami et un prolecteur; arrêtez toute oppression , et veillez à l'application impartiale des lois. Par ces moyens, nos colonies dans les Indes occidentales resteront florissantes, bien que leur nouvelle prospérité ne ressemble pas à ce qu'on a entendu jusqu'ici par ce mot. La Reine, dont je vous transmets les ordres en ce moment, attend de l'amour d'un million de sujets la récompense des soins qu'elle a apportés à les rendre dignes du bienfait que leur avait accordé son prédécesseur. Signé J. RUSSEL.

4.

EXTRAIT

du journal du magistrat salarié Wolseley, en

tournée dans les comtés de Demerara et d'Essequibo. George-Town, 13 juin 1840.

Il m'a été raconté, par un témoin oculaire, que l'économe de la plantation Windsor-Forest1 avait dernièrement refusé de céder pour 1 ,000 francs des dindons et autres volailles qu'il avait élevées, parce que cette somme ne lui paraissait pas assez forte. Jeudi 4 juin, en quittant Walkenaam pour la côte d Essequibo, et en doublant la pointe méridionale de l'île , je remarquai un grand nombre de colons libres établis en un lieu appelé Concordia. Je pris des informations sur eux, et j'appris que c'étaient des gens de la classe ouvrière, principalement des travailleurs des plantations, qui avaient acheté de petits lots de terrains et qui s'y étaient installés. Les maisons sont en général bien bâties et entourées de bananiers. Ces nouveaux propriétaires paraissent donc avoir abandonné entièrement, au moins pour un certain temps, le service des plantations; leurs terres sont dans un état de culture très-satisfaisant. A en juger par le 1

Cet économe est un noir. *

nombre des maisons, on ne peut estimer à moins de trois cents personnes, hommes, femmes et enfants, les individus réunis en ce lieu. Leur établissement, entouré d'un fourré impénétrable, est presque inaccessible par terre. Le soir j'allai à Dragton, demeure du shérif. Mardi 9 juin, je quittai Anna-Regina, et je descendis la côte jusqu à la plantation Perth, distante d'environ 12 milles. Je vis de nombreuses maisons de laboureurs en construction et plusieurs champs de cannes abandonnés. Je vis aussi plus d'une plantation qui, anciennement, faisait entre sept et huit cents barriques, réduite maintenant à n'en fabriquer que moitié. Remarques générales. La plupart des plantations situées dans les îles et sur la côte d Essequibo, aussi bien que celles de la côte occidentale de Demerara, près de la mer, ont beaucoup souffert des grandes pluies qui sont tombées dans le courant des deux ou trois derniers mois. Le mal a été aggravé encore par l'impossibilité d'obtenir un travail régulier et continu. Le dommage qui en résulte est grand dans un pays où, comme dans la Guyane anglaise, la sécheresse arrive si rapidement, et où la croissance de l'herbe est si active. La destruction y fait des progrès effrayants , et le manque de bras, pendant quelques semaines, entraîne la perte d'une récolle entière. Les plantations même où le nombre des laboureurs résidants a peu diminué n'ont pu cultiver l'étendue de terrain accoutumée, parce que la somme du travail qu'ils ont obtenue était moindre que celle qu ils obtenaient, sous le régime précédent. Les hommes disposés à travailler avec assiduité parviennent facilement à faire beaucoup plus d'ouvrage qu'on n'en exigeait d'eux autrefois; mais on ne peut qu'à grand'peine faire exécuter une partie de ces travaux légers auxquels on employait les jeunes garçons et les jeunes filles, parce que ces enfants passent maintenant presque tout leur temps à l'ccole. D'un autre côté, les femmes, qui comptaient autrefois parmi les laboureurs, font aussi aujourd'hui beaucoup moins de travail, bien qu'elles aient continué à occuper leurs maisons et leurs terrains à provisions. On peut considérer ceci comme un mal présent, duquel doit résulter un bien immense dans l'avenir. La population de la GrandeBretagne s est, dit-on, doublée depuis vingt-cinq ans, et, dans les Etals méridionaux de l' Amérique du Nord, le même fait se reproduit en quinze années parmi les nègres, même dans i'esclavage. Si Ion permettait aux laboureurs de l'Inde, de la côte d'Afrique, ou de tout autre pays, d'émigrer en Guyane, il est très-supposable qu après un certain temps celle colonie pourrait compter et entretenir une population en rapport avec ses vastes et inépuisables ressources. Quelques personnes ont craint que l' émigration en grand n'amenât une diminution dans le prix des salaires, et ne nuisît ainsi à la population ouvrière actuelle. Mais, les travailleurs de la Guyane se trouvant dans un état de bienêtre dont le paysan ne jouit dans aucun lieu du monde, l'émigration n y sera pas moins favorable aux progrès que feront les travailleurs, qu'elle sera profitable aux intérêts des propriétaires. Quant à la fréquentation des écoles libres par les laboureurs adultes, il peut être bon pour le moment de ne pas leur refuser l'entrée de ces écoles aux heures durant lesquelles on trouverait raisonnable qu'ils s'occupassent à gagner leur vie. Mais, quand les paroisses seront obligées de pourvoir au soutien de leurs pauvres, il deviendra nécessaire de s'informer un peu plus minutieusement des ressources et des moyens d'existence de ceux qui voudraient passer à l'école les heures consacrées ordinairement au travail. On peut considérer le calcul suivant comme moyenne de la valeur en argent des avantages dont jouit un laboureur sur les plantations de cette colonie :


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1840. — GUYANE. 817 D après tous les renseignements qu'on a pu obtenir, il paraît suffisamment établi que, sans compter les jours d'absence pour cause de maladie ou d indisposition, le total des salaires pour une année ne peut être estimé à moins de 575f A quoi l'on doit ajouter la jouissance d'une maison, estimée 250 fr Un terrain à provisions Médicaments et visites du médecin

Signe

\\

B. W OLSELEY,

magistrat salarié.

250 375 75

1,275

Ajoutons encore à cela la jouissance, sans aucune rétribution, des églises et des écoles. Quant aux conditions auxquelles les laboureurs, en général , occupent leurs maisons, il est arrivé très-rarement qu'on leur ait fait payer un loyer; seulement si, manquant à ses conventions, un laboureur s'absente sans motif de maladie, motif qui est toujours admis, ou sans aucune autre cause raisonnable, et qu'il continue à occuper sa maison et son terrain, on lui fait payer 90 centimes par jour d'absence pour son loyer. Tous ceux qui désirent la prospérité de la colonie se féliciteront d'apprendre que les mariages et les naissances augmentent considérablement, et que la mortalité diminue dans les campagnes. Cependant, pour ce qui concerne la mortalité, il ne faut pas oublier qu'ici surtout la salubrité du climat est subordonnée à la possibilité d'entretenir les ouvrages de dessèchement et la culture des terrains. On ne peut nier qu en général les laboureurs n ont pas encore pris des habitudes régulières de travail. Quelquefois ils se conduisent remarquablement bien, et d'autres fois ils ne veulent écouter aucune observation. Un planteur peut rarement avoir la certitude qu'il fera exécuter un travail donné dans un certain nombre de jours. Il est reconnu que le nombre de cas de voies de fait et de petits vols a augmenté. Mais il est également vrai qu'en général il serait difficile de trouver une race plus paisible, plus respectueuse dans sa conduite, et en voie plus évidente de progrès que celle des laboureurs de la Guyane anglaise.

Supplément au journal. 1° Les jeunes gens sur les plantations sont-ils moins occupés a des travaux convenables à leur âge que pendant l'apprentissage ? La plupart des garçons et des filles de dix et quinze ans vont a l'école. Les premiers, en général, sont ensuite placés en apprentissage, pour devenir artisans, ou élevés comme domestiques. On demande tant de charpentiers, de maçons, de forgerons, de tonneliers, de constructeurs de bateaux, de tailleurs, de cordonniers, etc., que les garçons obtiennent facilement de l'emploi dans une de ces industries. Les filles, après avoir été quelque temps à l'école, deviennent domestiques, couturières ou modistes, etc. Ainsi, il est évident que l'on ne forme point les jeunes gens sur les plantations aux mêmes occupations qu'anciennement. 2" Les terres des laboureurs sont-elles mieux cultivées à mesure qu'ils travaillent moins pour les propriétés ?

La culture des légumes de table et des végétaux alimentaires de différentes sortes est plus soignée qu'autrefois. L'amélioration dans la fourniture du marché de George-Town prouve ce que j avance. Outre les bananes, les laboureurs de plusieurs plantalions ont jusqu'à trente ou quarante arpents plantés en arrowroot, gingembre, cassave, ignames, pommes de terre, maïs, II.

et choux caraïbes, dont ils font une, deux et même trois récoltes par an.

5.

du discours adressé par Son Excellence le gouverneur aux laboureurs de la Guyane anglaise.

EXTRAIT

1er août 1840.

Je suis persuadé, et tout le monde devrait l'être comme moi, que vous avez prouvé que la liberté n'engendre pas la paresse, mais qu'au contraire elle fait avancer l'industrie. Permettez-moi cependant de vous conseiller de ne point trop vous presser d'abandonner les plantations , pour travailler entièrement à votre compte ; je crains que, dans les circonstances actuelles, ce changement ne soit désavantageux pour vous. Vous avez le choix de vos maîtres ; vous avez de bons salaires, et la tâche ordinaire n'est pas trop lourde ; vos maisons sont généralement bonnes ; et vous ne manquez pas de terre pour vos provisions. Ne soyez donc pas trop pressés d'employer l'argent que vous avez gagné, ou que vous pouvez facilement gagner, pour acheter des terres et quitter les plantations. Dans le voisinage des plantations vous avez vos églises, vos chapelles, vos écoles; vous avez aussi un clergé et une magistrature nommée par la Reine : ne vous éloignez pas de ces centres de civilisation. Des milliers de nos frères africains restent encore dans l'esclavage dont vous avez été délivrés. Leur émancipation sera avancée, si vous ôtez à leurs maîtres tout prétexte de pouvoir dire que le nègre ne travaille jamais sans y être forcé, et que la prospérité d une colonie des Indes occidentales est perdue dès que les nègres y sont affranchis. Vous devez à vos frères souffrants de faire tous vos efforts pour prouver que l'abolition de l'esclavage ne profite pas moins au maître qu'au serviteur.

Outre vos autres devoirs, vous devez à vous-mêmes, et à vos familles, de vous servir de votre liberté pour le progrès de la civilisation ; et ce progrès n'arrive que par l'éducation. Les facilités d'obtenir les avantages de l'éducation n'ont jamais été aussi grandes dans celte colonie qu'elles le sont en ce moment ; votre position sociale vous permet désormais d'en profiter. En moins de vingt ans, aux 3 ministres de l' "Eglise établie, et aux à ministres des autres sectes chrétiennes, qui formaient alors la totalité des ministres de la religion dans la colonie, on a ajouté 32 ministres de l'Eglise établie, et 22 des autres sectes. Le nombre des églises, des chapelles, des écoles et des catéchismes a été augmenté dans la même proportion, et il augmente tous les jours. Mettez donc à profil tous ces avantages. L'éducation convenablement reçue doit augmenter et non diminuer votre industrie. Par l'éducation vous apprendrez à apprécier et, par l'industrie, à acquérir le bien-être et les commodités de la vie civilisée. Comme la loi a délivré vos personnes de l'esclavage, de même l' éducation effacera de votre esprit les traces de cette ignorance que l'esclavage avait ou engendrée, ou encouragée. Vous améliorerez votre caractère sous le rapport moral et religieux, et vous vous rendrez par là dignes de cette autre existence plus élevée et plus durable, à laquelle tous les hommes sont appelés. Voilà le but qu'un usage convenable de votre liberté vous permettra d'atteindre. Je vous recommande, et je suis sûr que mon avis sera suivi, de profiler du jour de demain pour célébrer, avec une joie décente, en présence du Tout-Puissant, le second 52


818 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. anniversaire de l'affranchissement que vous avez si bien mérité, et dont, je l' espère, vous continuerez à user comme vous l'avez fait jusqu'ici. Signé Henry

LIGHT.

D. Quels sont les salaires que l'on donne aux jeunes laboureurs. et à qui les paye-t-on? R. On leur donne 1 fr. a 5 cent, par jour, et l'on paye indifféremment aux jeunes ouvriers ou à leurs parents. D. Quelle espèce de travaux les jeunes laboureurs font-ils ordinairement?

6.

COPIE

d'une dépêche du gouverneur Lihgt à lord John Russell. 15 septembre 1840.

Vous aurez sans doute pour agréable tout ce qui tendra à prouver les avantages du travail libre sur le travail forcé. C'est donc avec joie que je vous transmets un extrait d'une lettre que j'ai reçue , il y a quelques jours, de Berbice, et qui a été adressée à M. Wolseley par le magistrat salarié Allen. « Je n'ai jamais vu les affaires de ce district en voie plus satisfaisante qu'aujourd'hui. Les maîtres ne font entendre aucune plainte. La fabrication du sucre continue partout, excepté sur la plantation n° 49, qui la reprendra le mois prochain. «La plantation Albion va l'entreprendre pour la première fois. Cette plantation sera, je le prédis, la plus belle et la plus riche de la colonie. Un tel résultat sera un témoignage aussi heureux que concluant en faveur du travail libre. Car si, pendant l'apprentissage , on eût essayé de substituer la culture de la canne à celle du coton, il n'en serait résulté que désordre et nécessité de punir. » Les difficultés qu'aurait rencontrées, suivant le capitaine Allen, une telle substitution, pendant l'apprentissage, ne sont pas imaginaires. Nous en avons eu plusieurs fois la preuve, et je suis convaincu que maintenant, partout où l'on pourra disposer d'un capital suffisant, nous verrons convertir en plantations de cannes les plantations improductives de coton. Dans ces pays favorisés de la nature, on ne manque que de bras; la plupart des plantations possèdent encore de grandes étendues de terrains incultes qui seraient bientôt cultivés s'il y arrivait un nombre suffisant de laboureurs. Les propriétaires connaissent la facilité avec laquelle la terre est convertie en or par la culture de la canne ; ils déplorent le manque de bras; et, quoiqu'ils reconnaissent eux-mêmes les bienfaits de l'émancipation, ils n'en font pas moins des représentations dansl'espoir d'obtenir l introduction d'émigrants. Je rendrai compte de la situation des laboureurs qui ont acheté des propriétés, quand il se sera écoulé un laps de temps convenable. J'aurai l'honneur c!e fournir à votre seigneurie les détails les plus étendus que je pourrai me procurer. Signé Henry

7.

RÉPONSES

du magistrat Whinfield à

LIGHT.

diverses ques-

tions sur l'état du travail 1. 14 déc. 1840. D. Les jeunes laboureurs des plantations , qui sont en âge de travailler, travaillent-ils tous? R. Non ; quelques-uns sont employés comme domestiques , d autres travaillent dans la fabrique; les autres sont à l'école ou apprennent un état.

R. On les emploie dans la fabrique, ou, sur les plantations de café, à sécher les récoltes. D. L' instruction est-elle généralement répandue parmi eux ? et de quelle nature est-elle ? R. Oui ; elle est religieuse et morale. D. Le nombre des femmes qui travaillent dans les champs est-il aussi considérable que pendant l'apprentissage? R. Il s'en faut d'un tiers. D. Leurs travaux sont-ils aussi pénibles, elle temps qu'elles y consacrent est-il aussi long que pendant l'apprentissage? R. Leurs travaux sont les mêmes, et, par conséquent, il leur faut le même temps pour l'accomplir. D. Leurs maisons sont-elles plus propres et mieux meublées ? R. Une grande amélioration a eu lieu. D. Les jardins sont-ils plus rapprochés de leurs maisons et mieux soignés ? R. Ils continuent à cultiver leurs anciens terrains, mais ils ne les entretiennent pas aussi bien qu'autrefois. D. Ont-ils plus ou moins de volaille ou d'autres animaux ? R. Ils en ont certainement moins. D. Y a-t-il beaucoup de différence dans la nature de l'ouvrage exécuté parles hommes et parles femmes? Pi. Non, à l' exception du bêchage. Les femmes coupent mieux les cannes que les hommes. D. Y a-t-il une différence dans les salaires? R. Les deux sexes travaillent à la tâche et sont payés au même taux. D. Les femmes et les enfants sont-ils mieux habillés? R. Beaucoup mieux, il n y a pas de comparaison D. En vertu de quel arrangement les laboureurs occupentils leurs cases et leurs jardins? R. L occupation d une case par le laboureur est une condition de son service; et, quand son service cesse, son droit de l'habiter cesse en même temps. Peu d'expulsions ont eu lieu ; je n'ai pas expulsé un seul laboureur. D. Combien de francs tenanciers de cases ou de terrains v at-il parmi les laboureurs de votre district? R. Il n y en a que peu : pas plus de 22. Les maisons qu'ils se sont bâties sont très-grossièrement construites. D. Quel effet cela a-t-il eu sur la culture des plantations? R. Bien peu dans ce district. D. Les villages augmentent-ils? R. Non. D. Connaissez-vous des exemples de dénument complet parmi les personnes âgées ou les infirmes ?

D. Pensent-ils, eux ou leurs parents, que le travail des champs entraîne une restriction a leur liberté, ou une dégradation de leur nouvelle condition civile.

R. Toutes celles qui se sont adressées à moi ont été reçues dans l'hospice. Je n'ai eu que quatre demandes.

R. Leurs parents désirent qu'ils puissent gagner leur vie sans aller dans les champs. La nécessité seule peut contraindre les parents à leur permettre de se livrer à l'agriculture.

blement améliorées par le changement qui a eu lieu dans la quantité et dans la nature de leur travail ?

1

D. Les habitudes de ménage chez les femmes sont-elles sensi-

R. Leurs habitudes de ménage sont certainement améliorées.

Certaines questions et réponses sont répétées deux fois dans ce rapport; les réponses n'étant pas identiques, on a suivi fidèlement le texte anglais. *


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1840. — GUYANE. 819 D. Les personnes qui ont la direction de plantations, mais qui ne sont pas juges ordinaires, exercent elles souvent l'autorité de cons'.ables des plantations ? R. Je ne l'ai jamais vu faire. D. Y a-t-il quelque différence dans le nombre des conslables qui existent sur les plantations dans le voisinage d'une station de police, compare a celui des constables qui se trouvent sur les plantations éloignées des stations de police ? R. Dans ce moment il n'y en a aucune; car presque tous les constables qui étaient en fonctions du temps de l'apprentissage ont été réinstallés quand on a nommé les juges salariés. D. Les jeunes laboureurs qui sont en âge de travailler, travaillent-ils tous ? R. Non , ils ne travaillent pas tous. D. Combien ? R. Un très-petit nombre, et ceux ci même travaillent irrégulièrement. D. Pensent-ils, eux ou leurs parents, que le travail des champs entraîne une restriction à leur liberté, ou une dégradation de leur nouvelle condition civile ? R. Dans mon opinion, ils ne regardent pas le travail des champs comme une contrainte ou comme une dégradation. Cependant, les parents et les enfants semblent donner la préférence à un métier , tel que celui de charpentier, de tonnelier ou de maçon. D. Quels sont les salaires que l'on donne aux jeunes laboureurs ? R. En proportion de ceux que l'on paye aux adultes , suivant la quantité d'ouvrage qu'ils font. D. A qui paye-t-on les salaires ? 71. Aux enfants eux-mêmes; autrement il serait difficile d'obtenir leur travail. Ils donnent après cela leurs économies à leurs parents ou à ceux qui les soignent. D. Quelle espèce de travaux les jeunes laboureurs font-ils ordinairement? R. On les emploie ordinairement aux cases à bagasse, et on leur fait transporter les cannes en bateau depuis les terres jusqu'aux bâtiments de la fabrique. D. L' instruction est-elle généralement répandue parmi eux? 71. Oui, généralement. D. De quelle nature est-elle ? 71. Religieuse et morale, sous les ministres de l'Église établie et de la société des missionnaires de Londres. D. Le nombre des femmes qui travaillent dans les champs estil aussi considérable que pendant l'apprentissage ?

R. Point du tout. Ils sont négligés, et quelquefois même on n'eu prend aucun soin.

D. Ont-ils plus ou moins de volaille ou d'autres animaux ? 71. Moins de l'un et de l'autre. D. Y a-t-il beaucoup de différence dans la nature de l'ouvrage exécuté par les hommes et par les femmes ? 71. La seule différence est que les hommes exécutent les travaux des fossés. A part cela, l'ouvrage est le môme.

D. Y a-t-il une différence dans les salaires ? 71. Oui, les salaires dépendent entièrement de leurs efforts individuels.

D. Les femmes et les enfants sont-ils mieux habillés ? R. Beaucoup mieux; dans bien des cas ils portent la recherche dans les vêtements jusqu'à l'extravagance-, beaucoup d'entre eux sont mieux habillés que les classes moyennes en Angleterre. D. En vertu de quels arrangements les laboureurs occupentils leurs cases et leurs jardins ? R. Aussi long-temps qu'ils travaillent à la plantation, ils ont droit aux cases et aux jardins.

D. Par quelle autorité, par quel moyen, et en combien de temps peut-on expulser un laboureur de sa case? R.

Par l' autorité du magistrat salarié ou par le propriétaire.

D. Combien a-t-il été fait d'évictions judiciairement ? R. Il n' y en a pas eu dans ce district. D. Combien ont eu lieu autrement? R. Quatre par le directeur de Blom-Hoff. Pour cette illégalité, il fut obligé, par le magistrat salarié, à payer une indemnité. D. Précisez les avantages qu'un travailleur reçoit de son maître en retour de son ouvrage, et évaluez ces avantages en argent ? 71. Outre les salaires ordinaires, qui sont le plus souvent de neuf gourdes (45 fr. ) par mois pour une tâche régulière par jour, ces avantages peuvent être estimés de cinq à six gourdes, sans compter les produits que le travailleur tire de son jardin. Les avantages varient tellement sur les différentes plantations qu' il n est point possible de les spécifier. Il suffit d'ajouter que, sur quelques plantations, le laboureur a du poisson, des bananes, du porc salé, du rhum, du sucre, outre sa case et son terrain.

D. Combien y a-t-il de francs tenanciers de cases, ou de terrains ? R.

Voici les renseignements que j'ai obtenus; District K :

R. Certainement non. Je pense qu'il n'y en a qu'à peu près un tiers de l'ancien nombre surles plantations de sucre, et probablement deux tiers sur les plantations de café.

New-Amsterdam Cumberland Three-Sisters

D. Leurs travaux sont-ils aussi pénibles, et le temps qu'elles y consacrent est-il aussi long que pendant l'apprentissage?

District L :

71. Le travail est de même nature, mais la durée est à leur discrétion, et elles restent rarement plus de quatre heures dans les champs. D. Leurs habitudes de ménage sont-elles sensiblement améliorées ? 71. Très-sensiblement. D. Leurs maisons sont-elles plus propres et mieux meublées? R. Elles sont mieux meublées, mais elles ne sont pas remarquables par la propreté. D. Leurs jardins sont-ils plus rapprochés de leurs maisons et mieux soignés? II.

58 16 1

Plegt-Anker Zuid-Holland Zorg et Vlyt L'Enterprize

1 30 14

_

14

District S : Saint-John Golden-Grove Litchfield

1 14 12

Persévérance

106

Total.

267 52.


820

RAPPORT

SUR

LES QUESTIONS

e

COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

D. Les achats de terre se font-ils sur les plantations ou clans le voisinage ? R. A l'égard des précédents, les terres achetées sont situées dans le voisinage des plantations. Les acquéreurs de la plantation l'Enterprize vivent sur la plantation même. D. Les laboureurs font-ils eux mêmes la dépense de bâtir des cases ? R. Oui, sur leurs plantations. D. Quel effet cela a-t-il eu sur la culture des plantations ? R. Dans mon opinion, l'effet a été, jusqu'à présent, d'en retirer une portion des laboureurs. Mais avec le temps il y aura amélioration pour les plantations en ce que cela leur assurera une classe régulière de laboureurs, qui auront eux-mêmes un intérêt clans la propriété du sol. D. Y a-t-il des villages clans les districts? R. Plusieurs : dans le district F, Persévérance, Golden-Grove et Litchfield sont assez étendus; dans le district L, il y a ZuidHolland, Plegt-Anker, Zorg et Vlyt ; clans le district R, il y a les Three-Sisters et Cumberland; clans le district M, Fyrish. D. Augmentent ils ? R. Oui, il y a deux ans qu'il n'y en avait pas un clans Berbice. D. Les nouveaux libres vont-ils à l'église ou aux écoles ? R. Ils fréquentent les églises et les écoles. Signé Charles WHINFIELD, shérif de Berbice.

8.

DÉPÊCHE

da gouverneur à lord John Russell, sur le même sujet. 26 janvier 1840.

J'ai l'honneur de vous envoyer le rapport et le journal de M. Strutt, juge salarié, avec une liste de questions et les réponses qu'y ont faites les magistrats salariés. Ce sont de précieux documents en faveur des résultats heureux de l'émancipation , et ils corroborent tout ce que j'ai dit sur l'état général de cette colonie. Le rapport est fait en détail. Il paraîtrait que, clans le district de Berbice, il a été acheté par les laboureurs un plus grand nombre de plantations que clans les autres. Le dernier juge salarié, M. Rose, ne m'avait point parlé de ces achats, et ce n'a été que par les annonces judiciaires publiées dans la gazette que j'ai eu des renseignements à ce sujet. Je donnerai des ordres pour qu'à l'avenir les magistrats salariés fassent mention des ventes dans leurs rapports mensuels. Il sera satisfaisant pour votre seigneurie de savoir que la paresse n'a que rarement été la conséquence de l'acquisition de terrains; qu il y a lieu d'espérer que celte province en arrivera plus promptement à compter une population de cultivateurs enrichis par la culture de leurs propres terres, et disposés, plus peut-être que dans aucune autre colonie, à consacrer le temps dont ils pourront disposer à la culture des denrées d'exportation. Je reviens encore à mon opinion sur ce sujet. Si l'on avait donné des terres aux nouveaux émancipés, théorie émise par M. Scoble et par son parti, nous n'aurions jamais vu l'indépendance s'établir sur les bases qui la soutiennent maintenant clans la Guyane anglaise. Henry

LIGHT.

9.

RAPPORT

de

M. C. H.

PARTIE.

Strutt, magistrat salarié, sur le

même sujet. 31 décembre 1840. J'ai l'honneur de vous informer de mon retour à GeorgeTown, après avoir terminé ma tournée judiciaire dans le comte de Berbice, suivant les ordres de Son Excellence, contenus dans la proclamation du 24 novembre. Comme je désire que Son Excellence connaisse toutes mes demarches pendant le temps que j'ai passé dans cette partie de la province, je prends la liberté de vous faire parvenir une copie de mon journal, dans lequel j'ai marqué chaque circonstance intéressante ou importante. Il n'y a pas eu une seule affaire portée par-devant les cours des sessions; et, quant aux observations personnelles que j'ai faites, je puis ajouter que l'intelligence la plus parfaite règne entre les laboureurs et leurs maîtres. Les grandes pluies et les mauvaises roules m'ayant rendu le voyage très-difficile, mes observations n'ont pas été aussi étendues, ni mes visites aux plantations aussi nombreuses que j'aurais pu le désirer ; cependant je n'ai manqué aucune occasion de voir les émigrants et de converser avec eux. Tous ceux qui venaient d'arriver se plaignaient plus ou moins du climat, mais pas d'autre chose. Ils m'ont tous dit qu'ils étaient bien traités et exactement payés. J'ai fait l'inspection des Coulis établis sur les plantations Waterloo et Highbury, et j'ai eu lieu d'en être extrêmement satisfait. Ce sont des hommes grands, sains et vigoureux, et ils paraissent heureux et contents. Plusieurs de ceux de la plantation Highbury ont économisé des sommes assez considérables, qu'ils ont déposées entre les mains de leur directeur. Ils ont l'intention de retourner aux Indes orientales quand leurs contrats seront terminés; mais quelques-uns m'ont dit qu'ils reviendraient et ramèneraient leurs familles avec eux. Leur serdar m'a assuré que, s'il allait à Calcutta, il pourrait en ramener des vaisseaux entièrement chargés de ses compatriotes. Je lui demandais comment il ferait pour les engager à venir; il me répondit : " Je leur montrerais de l'argent dans ma main (voulant dire ses économies), et ils viendraient. » On trou vera dans mon journal des particularités intéressantes concernant ces émigrants. J ai vu et inspecté autant de maisons de laboureurs qu il m'a été possible de le faire. Plusieurs étaient fort bien meublées, surtout celles des économes. J'ai souvent vu dans la salle d'un laboureur un petit buffet bien arrangé, garni de verres, etc., une table, des chaises, des escabeaux, etc. Sa chambre à coucher contenait un bon bois de lit à colonnes tournées, en bois dur, garni de toute la literie nécessaire. J'ai été surpris de voir si peu de jardins près des cases; on m'en donna les motifs suivants : les laboureurs préfèrent que leurs provisions soient dans l'arrière-partie de la plantation, et loin de leurs maisons, afin que leurs porcs et leurs autres animaux ne puissent les ravager. On sait que presque tous les laboureurs ont un porc, et qu'il est presque impossible de le tenir toujours renfermé dans son étable. Ce serait donc du temps perdu que de cultiver des jardins , près des maisons. Il y a des personnes qui disent que les laboureurs n'élèvent pas autant d'animaux qu'autrefois. Il se peut que cela soit vrai dans quelques cas ; mais je crois qu'en général cette assertion n'est pas exacte. Depuis la fin de l'apprentissage, les bestiaux, les volailles, etc., ont certainement augmenté de prix : cela provient surtout de ce que les laboureurs en consomment une grande partie, ce qui ne leur arrivait presque jamais quand ils étaient esclaves. J'ai vu dernièrement un laboureur, qui recevait à midi la visite de deux de ses connaissances , placer sur la table une volaille rôtie et deux bouteilles de porter de Londres. Je suis certain que l'on voit souvent aujourd'hui des mets de cette espèce


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1840. — GUYANE. 821 sur la table des laboureurs, tandis qu'on ne les voyait que raredurant l' apprentissage; mais ils nous apprennent en même temps ment aux jours de l'esclavage, car la vente de la volaille formait que le nombre de femmes et d enfants employés à l'agriculture alors leur principal moyen de se procurer un peu d'argent. Il est est diminue dans une proportion que je puis appeler alarmante. aussi des personnes qui croient que les habitudes des laboureurs Nous y voyons encore que plusieurs laboureurs ont acheté des ne se sont pas beaucoup améliorées depuis l'émancipation ; je suis terres, bâti des maisons, planté des terrains à provisions, et sont d'une opinion toute contraire. Il en est, il est vrai, qui sont devenus parvenus, par ce moyen, à se rendre indépendants. Ces faits peucriminels, et qui ont perdu en moralité depuis qu'ils ont été délivent réjouir le philanthrope ; mais ils effrayent le planteur, et lui vrés de la réserve forcée que leur imposait l'esclavage. Mais nous font redouter l'impossibilité d'obtenir un travail continu. L'inne devons pas en conclure que la population en masse se soit dédépendance engendre souvent le caprice, et l'on ne peut compter moralisée ou même qu'elle soit restée stationnaire. La fréquensur le travail de gens qui sont devenus propriétaires de terres tation plus générale des églises, la multiplication des mariages, et de maisons, avec autant de certitude que s'ils ne possédaient le nombre des enfants envoyés à l'école, les grandes dépenses rien. Les achats de terrains, par des laboureurs, se multiplient de qu'ils font pour leurs vêtements des dimanches, leurs efforts jour en jour; et, comme une conséquence naturelle, le travail pour paraître respectables, l' éloignement et le mépris que la plusur les plantations diminue proportionnellement. Il serait facile d'y part d'entre eux témoignent pour tout homme reconnu coupable, remédier, en encourageant l'arrivée d'émigrants des Indes et et leurs efforts pour découvrir l'auteur d'un crime qui aura été de l'Afrique. J'ai toujours été partisan de l'introduction d'émicommis, tout cela prouve un progrès sensible dans l'état du grants dans ce pays, et ma tournée à Berbice m'a rendu plus peuple. que jamais désireux de voir exécuter cette mesure. Je suis mainEn venant d'Abary à Fort-Wellington, j'ai vu cinq propriétés achetées et occupées par des laboureurs. Deux leur appartiennent depuis un an; les trois autres n'ont été achetées que récemment. Ces terres, quand ils les ont acquises, étaient des plantations de coton, abandonnées, ayant de mauvaises routes et leurs ouvrages de dessèchement dans le plus mauvais état. J'ai trouvé les nouveaux propriétaires occupés à réparer les routes, à nettoyer leurs fossés et à compléter les moyens de dessèchement. Cette partie de la côte sera donc, au point de vue de l'utilité publique , considérablement améliorée par leur occupation. Les maisons qu'ils ont bâties sont isolées et commodes. A Golden-Grove et Persévérance on a bâti deux beaux villages, entourés de terrains à provisions fort bien tenus. Les villages des autres terres sont pour le moment inachevés, mais ils seront terminés dans deux ou trois mois. Plusieurs de ces nouveaux propriétaires m'ont assuré qu'ils iront travailler à Foulis et au n° 17, deux plantations à sucre, aussitôt que leurs maisons seront terminées. J'ai approuvé leur intention, et leur ai fortement recommandé de prendre des habitudes de travail. Ils ont été fort polis et fort respectueux envers moi, et ils m'ont témoigné leur reconnaissance de l'honneur que le gouverneur leur avait fait en m'envoyant les visiter. Le nombre des jeunes laboureurs employés aux travaux d'agriculture est fort restreint sur toutes les plantations que j'ai visitées. Ils vont tous les jours à l'école ou apprennent un état; cependant je ne pense pas que les parens croient qu'ils seraient dégradés en travaillant aux champs. Ce qu'ils pensent à ce sujet ou le pense en Angleterre ; là l'artisan se regarde aussi comme occupant dans la société un rang plus élevé que le laboureur; ici, un charpentier croit son travail plus noble que s'il se servait d'une bêche ou d'un sarcloir. Les jeunes laboureurs gagnent depuis deux bitts jusqu'à un guilder par jour ; ils reçoivent souvent leur argent en main propre et le donnent ensuite à leurs parents. J'ai fait l'inspection de la prison de New-Amsterdam, et j'ai trouvé tout dans l'ordre le plus parfait, sous la surveillance du shérif Whinfield ; les cours, l'hôpital, etc., étaient très-propres et très-bien aérés. Il y avait 21 prisonniers. Je les ai tous vus, mais ils n'avaient aucune plainte à faire. Ne pouvant me procurer, d'une manière complète et satisfaisante, tous les renseignements que Son Excellence a demandés en réponse à certaines questions datées du 24 mai, j'ai cru nécessaire de me mettre en rapport avec les shérifs et les magistrats salariés du comté. Les renseignements que j'ai obtenus sont, sur quelques points, extrêmement favorables ; sur d'autres, ils sont moins rassurants. Il en résulte, par exemple, que les femmes et les enfants sont mieux habillés, leurs maisons mieux meublées, et l'instruction morale et religieuse plus généralement répandue parmi eux que II.

tenant convaincu que les Coulis peuvent très-bien supporter le climat de la Guyane, et y exécuter les travaux des champs dans le môme espace de temps que les nègres créoles. Les Coulis de la plantation Highbury font, m'a-t-on dit, leur ouvrage mieux et quelquefois plus vite que les nègres laboureurs. Je désire cependant qu'il soit entendu que je ne conseille point l' introduction des Coulis et des Africains dans le seul but d en faire profiter la colonie; mes vues et mes désirs sont plus élevés. Je suis prêt à prouver que, en transportant ici ces travailleurs, on améliorerait leur condition. Le Couli, aux Indes orientales, est mal payé, mal nourri et vit dans la plus complète ignorance des principes du christianisme. L'Africain, en Afrique, mène la vie sauvage, et devient souvent la proie de son voisin; il s'y accoutume au spectacle du meurtre et de l'effusion du sang, comme il s'accoutume à voir les arbres de la forêt qu'il habite. Ici, le laboureur est protégé par des lois humaines et sages ; il est largement payé de son travail, logé commodément, et bien soigné s'il est malade; nulle part il ne saurait avoir plus de moyens d'acquérir une instruction morale et religieuse. Je puis ajouter que, parmi nous, les mots famine et faim sont inconnus. Toutefois, si l'on se décide à importer ici des Coulis et des Africains, il sera de la plus haute importance, d'abord, d'avoir soin qu ils arrivent en famille, et, ensuite, quand ils contracteront des engagements avec des propriétaires, de leur assurer de bons salaires. Les salaires qui leur sont accordés sur les plantations Waterloo et Highbury sont insuffisants. La récolle de Highbury sera, celte année, de 400 barriques de sucre, et les propriétaires seront redevables de la moitié de celte belle récolle aux seuls efforts des Coulis. Signé C. H.

10.

EXTRAIT

STRUTT,

du journal de

magistrat salarié.

M.

Wolseley.

16 décembre 1840.

Lundi 7 décembre. De la plantation n° Ai, je suis allé au fort Wellington, et en route j'ai vu plusieurs plantations achetées par des laboureurs. La plantation Trafalgar a été acquise par 20 laboureurs pour A,ooo guilders. En causant avec quelquesuns de ces laboureurs j ai appris qu'ils avaient fait cette acquisition depuis un an et demi J ai compté 18 cases isolées, avec des terrains à provisions en bon état. La plantation voisine, portant le 11° 28, appartient aussi à une société de laboureurs qui en ont donné 11,000 guilders, il y a environ trois mois. On y bâtissait deux maisons : il n'y a point encore de culture. Sur la plantation de Golden-Growe, qui est devenue la propriété de 14 laboureurs , j'ai compté plus de 5o cases isolées

52..


e 822 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE.

formant un joli village ; j'y ai vu des pièces de terre qui paraissaient être bien cultivées. A environ un mille plus loin , et près du fort Wellington, se trouve la plantation n° ai, qui a été achetée par 49 individus au prix de 10,000 francs Elle réunit un grand nombre de jolies habitations formant un village. Ils ont commencé la culture des provisions à l'extrémité de la plantation. Un des propriétaires, nommé Jacob Wilson, m'apprit que la plupart d'entre eux travaillent sur la plantation de sucre n° 17 et qu'ils n'en reviennent que le soir. Sur la plantation Waterloo, je trouvai 39 Coulis (tous hommes). Ils paraissaient fort contents, et me dirent : « Berbice est un fort bon endroit. » Ils nourrissent beaucoup d'animaux, tels que chèvres, porcs et volaille; et ils vendent ceux que leurs préjugés religieux les empêchent de manger. Le directeur m'apprit que deux ou trois de ces Coulis vont souvent à l'église le dimanche. Cela me lit plaisir, et je le priai de les y encourager. Je leur demandai si on les traitait avec bonté. Us me répondirent que oui, et ajoutèrent que leur seule cause de chagrin était d'être loin de leurs parents et de leurs sœurs. Quand j'arrivai sur la plantation ils revenaient des champs, après avoir fini leur journée de travail : c'était à une heure. De Waterloo, j'allai à la plantation Woodley-Parle, qui compte 30 émigrants de la Barbade. Je visitai leurs maisons et les entretins séparément. Je les ai trouvés un peu tristes; quelques-uns semblaient souffrir légèrement de la fièvre ; je leur demandai comment ils se trouvaient, à Berbice, et ils me répondirent que le climat ne convenait pas à leur" santé. D'autres ajoutèrent qu'ils retourneraient à la Barbade aussitôt qu'ils en auraient les moyens. Je leur demandai s'ils avaient d'autres plaintes à faire. Ils me dirent que non. Ils étaient établis dans des cases commodes,isolées les unes des autres et bâties sur un banc de sable sec. Le directeur me dit que c'étaient les plus grands paresseux, les plus grands vauriens qu'il eut jamais vus, ce que l'économe de la propriété me confirma. De WoodleyPark je me rendis à la plantation n° 6, où demeure M. de Groot, juge spécial, et de là à la plantation Cotton-Tree, où je couchai. J'y ai trouvé deux habitants de la Barbade tous deux malades : l'un se plaignait de gêne dans la respiration et de douleurs dans l'estomac; l'autre, qui était charpentier, se plaignait de faiblesse. Le 9, avec M. Mac-Leod, je fis l'inspection des Barbadiens sur la plantation Blairmont. Ils sont au nombre de 35, établis dans des cases fort commodes, isolées, bâties sur des piliers en briques, planchéiées et recouvertes en ardoises. Quelques-uns étaient souffrants et se plaignaient du climat; deux ou trois me parurent fort gais et fort contents. Aucun d'eux n'avait de plaintes à faire contre le directeur; le registre du travail de la propriété pour le mois de novembre constate que 22 seulement des émigrants de la Barbade ont travaillé pendant ce mois. La totalité de leur gain s'élevait à 386 guilders, ce qui donnait une moyenne de 17 guilders 10 stivers 1 pour chacun. J'examinai aussi le total des salaires des laboureurs de la plantation, et je trouvai qu'il donnait une moyenne de 3o guilders pour chaque individu, sans compter les autres avantages et allocations. Ainsi : Moyenne des salaires, par mois 3o guilders. 1 bouteille de rhum, par semaine, à 1 guilder.. 4 1 case, dont j estime la location à 4 piastres par mois 12 Profit provenant du terrain à provisions, en déduisant la valeur du travail que le laboureur y consacre 12 Profit provenant de la vente de la volaille, déduction faite de la nourriture 12 70

En somme, et tout compris, 70 guilders par tête. 1

On peut ajouter aux avantages précédents ceux de pécher, de couper du bois à brûler et de l'herbe, que j'estime avec bien de la modération à un guilder de plus par jour. L'herbe, le poisson, et le bois à brûler sont constamment recherchés à New-Amsterdam, et se vendent facilement. En s'occupant pendant une heure ou deux, toutes les après-midi, à aller chercher ces provisions, il me semble que le laboureur devrait facilement gagner plus d'un guilder par jour. Il ne faut pas oublier cependant qu un laboureur de Blairmont qui veut se livrer à celte occupation doit d'abord se procurer un bateau, ce qui lui occasionne toujours une certaine dépense. La récolte de Blairmont sera de 4oo barriques de sucre. Vendredi 11 décembre. Sur la plantation Providence, il v a 18 émigrants de la Barbade ; plusieurs d'entre eux m'ont paru très-gais et fort satisfaits; ils me dirent qu'ils étaient fort bien traités, bien payés, et que le directeur était très-bon pour eux. Il n'y en avait que 10 inscrits sur le registre de la paye pour le mois de novembre, et la totalité de leur gain, pendant tout ce mois, était de 176 guilders, ce qui donnait une moyenne de 17 guilders 10 stivers pour chacun. La plus grande somme gagnée par un laboureur était de 45 guilders, et la moindre de 4. Mais le directeur me fit remarquer qu'ils subissaient en ce moment les effets du climat, et que, dans peu de temps, ils feraient une augmentation précieuse dans son atelier de travail. La recolle de cette plantation sera de 450 barriques de sucre. Le nombre de femmes occupées n'est point aussi grand que pendant l' apprentissage; celles qui se livrent régulièrement aux travaux de l' agriculture y gagnent, quand elles sont occupées a la coupe des cannes , 5 francs par jour. Il y a dix ou quatorze jeunes créoles qui travaillent aux cases à bagasse : leur salaire varie de 2 bitts à 1 guilder par jour ; ils travaillent irrégulièrement et s absentent souvent pendant des semaines entières. Mardi 15 décembre. J'ai visité les Coulis sur la plantation Highbury. Il y en a 110 : 94 hommes, 7 femmes et 9 enfants, dont 3 sont nés sur' la plantation. Plusieurs parlent assez bien anglais pour se faire comprendre. Je les trouvai gais, contents, et en apparence satisfaits de leur condition , ils n'avaient aucune plainte a me faire, quoique le directeur leur eût expressément dit que je n étais venu que pourvoir s'ils en avaient. Ce sont des hommes grands, robustes et qui paraissent pleins de santé. On m a dit qu ils travaillaient bien ; j'en ai vu environ 12 qui apportaient des cannes au moulin ; ils allaient avec empressement à l'ouvrage, et semblaient s y mettre de bon cœur. Les laboureurs ordinaires de la plantation avaient refusé de porter des cannes au moulin, quoiqu on leur eût offert un prix élevé. Il y avait deux mois que les machines à porter les cannes avaient été cassées et l' on 11 avait pu les réparer. Si les Coulis avaient refusé de faire ce travail, la fabrication du sucre aurait été complètement suspendue pendant un temps considérable. Ces gens sont maintenant acclimatés, et le pays convient très-bien à leur tempérament. On tient un registre des morts sur la plantation. Suivant ce registre, en 1838, année dans laquelle ils sont arrivés à la colonie, il en est mort 15; en 1839, 2, et, celle année, 4. Ces Coulis sont industrieux et économes. Le directeur a entre les mains plus de 5,000 francs qui appartiennent à 20 d'entre eux. Il m en a montré une liste où je vis que l'un avait déposé 500 fr. un autre 400 francs. Us élèvent une grande quantité de volaille, de cochons et de chèvres, qu'ils vendent à grand profit; je suppose que leurs économies proviennent principalement de celle source. Il me semble que les salaires qu'on leur paye sont beaucoup trop faibles, car on ne leur donne que 5 roupies, ou 7 guilders et 10 stivers, par mois, à chacun. Us reçoivent aussi la nourriture et l'habillement, suivant un arrangement qu'ils paraissent avoir accepté à Calcutta, et dont j'ai vu copie. Plusieurs font, lorsqu'ils

Le guilder vaut un peu plus de 2 francs, et le stiver un peu plus de dix centimes.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1840. — GUYANE. 823 ont terminé la journée, un travail extraordinaire qui leur est payé D. Leurs jardins sont-ils mieux soignés ? en sus. La somme qui leur a été comptée, au mois de novembre R. Oui. dernier, pour ce travail s'est élevée à 245 francs. Ils s'amusent à D. Leurs jardins sont-ils plus rapprochés de leurs maisons ? chasser après leur ouvrage, et le directeur m'a dit qu'ils possédaient entre eux plus de vingt fusils. J'ai fait l'inspection de leurs R. Peu de jardins sont cultivés près des maisons, à cause des maisons, et les ai trouvées grandes et commodes. La récolle de dégâts que pourraient y faire les cochons et les bestiaux, et du celle propriété sera, cette année, de 400barriques de sucre ; l'antravail qu exigerait l'établissement de palissades pour les pronée dernière elle n'en a produit que 260. téger. Signé

11.

QUESTIONS

W. B. WOLSELEY.

sur l'état du travail.

D. Les jeunes laboureurs des plantations qui sont en âge de travailler sont-ils tous à l'ouvrage ? R. Pas tous. D. Quelle est la proportion du nombre qui travaille? R. D'un tiers à trois quarts. D. Pensent-ils, eux ou leurs parents, que le travail des champs entraîne une restriction à leur liberté, ou une dégradalion de leur nouvelle condition civile? R. Ils n'ont nullement l'idée que le travail puisse porter atteinte à leur liberté. Les parents de quelques enfants aiment mieux leur donner un étal, que de les voir occupés de l'agriculture. La plupart préfèrent les envoyer à l'école. D. Quels sont les salaires que l' on donne aux jeunes laboureurs, et à qui les paye-t-on ? R. Deux ou trois bitts par jour, selon les circonstances; les salaires leur sont remis personnellement, et quelquefois à leurs parents. D. Quelle espèce de travaux les jeunes laboureurs font-ils ordinairement ? R. Ils portent les combustibles quand on presse des cannes; ils conduisent les animaux qui portent les cannes ; ils soignent les bestiaux; nettoienfet balayent la fabrique ; se font domestitiques ; portent des plants de cannes, et nettoient quelquefois les terrains cultivés. D. L'instruction est-elle généralement répandue parmi eux, et de quelle nature est-elle ? R. L'instruction peut cire considérée comme générale : on leur enseigne la lecture, l'écriture et l'instruction religieuse, en ajoutant (pour la paroisse de Saint-Patrick) l'arithmétique et la grammaire. D. Le nombre de femmes qui travaillent dans les champs est-il aussi considérable que pendant l'apprentissage ? R. La moyenne de celles qui vont régulièrement à l'ouvrage est des deux tiers. D. Leurs travaux sont-ils aussi pénibles, et le temps qu'elles y consacrent est-il aussi long que pendant l'apprentissage ? R. Le tarif de sept heures et demie pour un guilder est le même que celui que l'on avait fixé alors ; mais elles ne restent pas aussi longtemps dans les champs, parce que les maîtres ne regardent pas d'aussi près à la manière dont elles font leur ouvrage. D. Leurs habitudes de ménage se sont-elles sensiblement améliorées par le changement qui a eu lieu dans leur travail ? R. Les habitudes de ménage de la plupart des femmes sont très-sensiblement améliorées. D. Leurs maisons sont-elles plus propres et mieux meublées? R. Oui. II.

D. Ont-ils plus ou moins de volaille, ou d'autres animaux ? R. En général il y a moins de volaille , mais le nombre des autres animaux a augmenté. D. Y-a-t-il beaucoup de différence dans la nature de l'ouvrage exécuté par les hommes et par les femmes ? R. Le travail des champs, à l'exception des fossés, est le même pour les deux sexes ; dans les fabriques, on ne fait de différence que pour le soin des cuves et les charges d'ingénieurs, qui sont réservés aux hommes. D. Y a-t-il une différence dans les salaires ? R. Tous, soit hommes, soit femmes, sont payés en proportion de la quantité d'ouvrage qu'ils font. D. Les femmes et les enfants sont-ils mieux habillés R. Oui. D. En vertu de quel arrangement ces laboureurs occupent-ils les cases et les jardins ? R. Les cases, si elles appartiennent à la plantation, leur sont retirées à volonté; les jardins ne peuvent l'être avant que la récolte n'ait été enlevée. D. Par quelle autorité ou par quel moyen, et en combien de temps, peut-on expulser un laboureur de sa case ? R. Il n existe point de loi précise à cet égard. D. En avez-vous renvoyé ? R. Non. D. Savez-vous s il y a eu des expulsions par la force ? R• Quelques expulsions par la force ont été essayées, quelquefois sans avoir payé les salaires des laboureurs, ou quand les cases avaient été entièrement ou en partie bâties par les laboureurs eux-mêmes ; mais dans ces derniers cas ils ont été réintégrés et les coupables dûment réprimandés parle juge salarié. D. Combien de francs tenanciers de cases ou de terrains y at-il parmi les laboureurs de votre district ? R. A Fyrish, on a bâti 33 chaumières A Cumberland A Woorburg

33 8 4

Nombre de francs tenanciers occupant des terrains: Fyrish

29

Cumberland Voorburg

16 10

A Fyrish, 25 laboureurs sont établis sans être francs-tenanciers mais seulement locataires à vie, moyennant un certain nombre de jours de travail pour le propriétaire. D. Lâchât de terrains devient-il plus commun, et la construction des cases, aux frais des laboureurs, plus générale? R. Les achats de terrains seraient beaucoup plus fréquents, si l'on pouvait les obtenir libres de toute redevance, sur les plantations cultivées ou dans leur voisinage. D. Quel effet cela a-t-il eu sur la culture des plantations ? R. Fort peu, en partie parce qu'il ne se fait qu'un très-petit nombre d'acquisitions , et en partie parce que les terrains achetés 52..


824 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. sont cultives aux heures libres ou par un autre membre de la une ou deux fois, aux laboureurs, et quelquefois du sucre, du riz famille, tandis qu' une certaine portion de travail est donnée à et du porc frais. la plantation la plus voisine. Il est peu de laboureurs qui ne possèdent pas de terres à proD. Les villages augmentent-ils P R. Oui. D. Connaissez-vous des cas de dénûment complet parmi les personnes âgées et les infirmes ? R. Aucun à présent: quelques plaintes ont été faites ; mais elles ont été réfutées par les planteurs. D. Les directeurs de plantations exercent-ils souvent l'autorité par le moyen des constables des plantations ? R. Les économes des plantations sont presque toujours constables ; et il y a souvent une certaine confusion dans leur esprit, ainsi que dans celui de leur directeur, quant à la limite de leurs attributions respectives. Il est arrivé, mais rarement, que quelques-uns de ces constables ont été employés, pour des expulsions illégales ou arbitraires, par des directeurs qui n'étaient point juges locaux. D. Précisez les avantages qu'un travailleur reçoit de son maître, en retour de son ouvrage, et évaluez ces avantages en argent. R. Il y a 14 plantations à sucre dans ce district, sur 8 desquelles on donne au laboureur les soins du médecin, qui valent 20 piastres par an. Il en est une sur laquelle on donne, aux laboureurs qui font six tàcbes par semaine , deux bottes de bananes ; sur une autre, c'est une petite quantité de riz et de poisson salé. Sur toutes, en général, on donne tous les jours du rhum,

visions, mais plusieurs négligent de les cultiver. Quand ils les cultivent, ils en retirent une valeur en argent d'environ 20 francs par mois. On ne peut facilement évaluer en argent les autres avantages. Le poisson abonde dans ce district, et sur la cote Corantyne il y a beaucoup de gibier. Les laboureurs peuvent en jouir quand cela leur plaît. Remarque complémentaire. Quant à la moyenne du nombre des femmes occupées aujourd'hui , elle a été rarement plus élevéee pendant l'apprentissage, à cause des maladies, ou pour d'autres raisons accidentelles. Il paraît, par le livre de paye, que le nombre d'hommes et de femmes qui se présentent journellement égale et surpasse souvent le nombre de ceux que l'on forçait à l'ouvrage pendant l'esclavage ou l'apprentissage. Mon opinion à ce sujet est pleinement confirmée par la note suivante d'un propriétaire intéressé dans trois plantations ." Pendantl'esclavage, le nombre de noirs occupés à l'agriculture, sur chaque plantation, était ordinairement d'un tiers du nombre d'esclaves; pendant l'apprentissage, la proportion était la même. En examinant les différents livres de paye que j'ai eu l'occasion de comparer avec les anciens registres des plantations . je vois que la moyenne employée pendant Je mois, divisée par le nombre de jours, égale le tiers clu nombre des individus de la plantation. » Signé J.

ALLEN,

magistrat salarié.

ANNÉE 1841. N° 175.

S Ier. LA JAMAÏQUE. 1.

RAPPORT

de:

M.

Hal Pringle, magistrat spécial, à sir C. T. Metcalfe.

Lime-Savannah ( Lower-Clarendon ), 1er janvier 1841.

Je déplore la ruine des espérances relatives à l'agriculture dans cette partie de la colonie, non-seulement à cause du capital absorbé, mais sous le rapport du mal qui peut advenir, si l'on attribue cet état de choses à d'autres motifs que les motifs réels, clans le but de rendre odieuse la politique du Gouvernement.

Les craintes des capitalistes, si elles les portaient à retirer leurs fonds ou à refuser de les prêter, pourraient encore avoir pour effet de comprendre toute la colonie dans une ruine à laquelle elle a échappé avec tant de peine il y a deux ans, lorsque les planteurs s'accordaient à prétendre que les bras manquaient par suite du refus de travail de la part des nègres. La première année de liberté a été entièrement perdue pour les propriétaires livrés aux opérations agricoles. L'île était dans un état d'excitation qui agit alors sur les plus riches planteurs aussi bien que sur le dernier de leurs employés, et qui était tout à fait incompatible avec les soins assidus que réclame l'agriculture. On donnait à tous les faits une signification politique ; chaque point de contact entre le maître et le serviteur, entre le propriétaire et le tenancier, devenait une occasion de contestation. Les lois auxquelles on aurait pu recourir étaient presque ignorées du planteur et du nègre : d'ailleurs, elles étaient défec-

tueuses. Le nègre se guidait par les conseils des missionnaires , et le planteur publiait dans les journaux les opinions de son légiste favori, ce qui ne tendait pas à calmer le mécontentement. Les idées du planteur lui faisaient concevoir la possibilité du travail obligatoire. Parce que des causes physiques produisent quelque chose de semblable dans certaines contrées fort peuplées, ou le travail est une nécessité, il s'imaginait que les lois pouvaient imposer l'obligation du travail. Mais la cause de mésintelligence la plus féconde fut le taux du salaire. Toutefois, il est satisfaisant de pouvoir dire que toutes les dissensions ont cessé depuis quelque temps ; et il est remarquable qu'en toute chose l'avantage soit demeuré aux anciens esclaves et apprentis. On a renoncé au loyer par tête, et on ne prétend plus à un double loyer, ou à l'expulsion pour les cas où les travaileurs se louent sur d'autres propriétés que celles de leurs anciens maîtres. Le loyer d'une case et d'un champ à culture, en général, au-dessous d'un arpent, est presque partout réduit à 5 liv. o sch. 4 d. par an. Il se paye sans difficulté, et sans qu'il soit nécessaire de recourir au magistrat. Sur plusieurs plantations, on n'exige pas de loyer : mais les salaires y sont moins élevés. Les nègres n'ont pas eu moins de succès dans la contestation au sujet des salaires. Sur celte paroisse, on leur offrait 1 schell., tantôt avec une case et un champ francs de loyer, tantôt en exigeant le loyer. A présent le taux du salaire est de 1 fr. 85 cent, par jour; et, lorsqu'il travaille à la tâche, il n'est pas rare qu'un nègre gagne 3 fr. 75 c. Les causes que j'ai indiquées, ainsi que les fréquents jours de repos pris par les nègres de 1838 à 1839, et la jouissance de leur case et de leur champ, que la loi leur assurait pendant trois mois.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841. — JAMAIOUE. 825 tout cela a contribué à retarder la culture sur les plantations. La rentrée de la récolte s'est trouvée en arrière d'un mois. Il n a pas été fait de nouveaux plants de cannes, parce que les propriétaires manquaient de confiance pour en risquer la dépense, ce dont ils se repentent aujourd'hui. Pendant cette même année, ils n'ont pu s'occuper de faire enclore les champs de cannes, comme ils l'ont fait depuis ; il en est résulté que ces champs, déjà en mauvais état, sont devenus pires encore par le passage des bestiaux. Il ne faut pas non plus omettre que, pendant les six derniers mois de l'apprentissage, il avait été impossible d'obtenir un travail suffisant. L'époque de liberté arriva donc au mo-

ment où la culture des plantations était en décadence, et où les planteurs se trouvaient le moins disposés à lutter contre les

difficultés qu'ils avaient à vaincre. Les troubles qui accompagnèrent la réduction du temps de l'apprentissage influèrent sur le peu d'abondance de la récolte de 1839; et ceux qui ont éclaté

à la première année de la liberté ont encore eu plus d'influence sur le peu de produits recueillis en 1840. Ce ne fut que vers la fin de 1839 que les planteurs s'empressèrent de réparer les désastres de la culture sur leurs propriétés, avec un grand espoir de succès. On comptait que la récolte qui va être rentrée et fabriquée indemniserait les propriétaires de leurs efforts ; la déception que l'on éprouve à cet égard est d'autant plus grande, qu'elle était moins prévue. En mai 1840, sur les propriétés que j'ai visitées dans Clarendon et Vere, j'ai vu que , bien que les champs de cannes fussent moins étendus qu'ils ne l'avaient été jusqu'alors, la culture en était beaucoup plus avancée que jamais à pareille époque, et qu'au lieu d'être gardées par un nègre décrépit les cannes étaient protégées par de bonnes haies. J'ai vu encore des prairies bien entourées et bien entretenues, travail que l'on négligeait depuis longtemps. Aux approches de mai on s'attendait aux pluies. Dans ces paroisses, et jusqu'au mois d'octobre suivant, la végétation dépend de ces pluies ; mais, au lieu des pluies abondantes et générales de la saison, qui ordinairement tombent, pendant des semaines entières, la surface desséchée do la terre était à peine humectée par de légères gouttes d'eau. Ce temps continuait, et les planteurs comptaient toujours sur les bonnes pluies d'octobre; ce mois se passa comme les autres, saris eau pour raviver les champs de cannes brûlés. Pendant la première partie de novembre, la pluie fut suffisante pour leur rendre une belle apparence de verdure, et nous donner des provisions de foin. Des ondées accidentelles ont encore eu lieu en décembre dernier. Cependant, tout en offrant un bel aspect à la première vue , les cannes sont loin d'être en bon état : les plantes sont rabougries et presque entièrement composées de nœuds ; elles ne produiront que très-peu de sucre. La paroisse de Vere a généralement plus souffert que celle de Clarendon; mais, dans les parties basses de celte dernière, la sécheresse a été aussi fortement ressentie qu'en aucun autre lieu. Dans les terres basses, et même dans les cantons montagneux de cette paroisse, il est à remarquer que trois ou quatre propriétés, protégées par des circonstances favorables, auront des récoltes beaucoup plus fortes en quantité que celles des années précédentes. Suivant les planteurs , le prix du travail est beaucoup moins élevé que l'année dernière. Le taux ordinaire des journées est de 1 fr. 85 cent, dans les terres basses, et 1 fr. 25 cent, dans les montagnes. Les planteurs conviennent que ce qui se fait en un jour équivaut à ce que l'on faisait du temps de l'apprentissage. Lorsque le cultivateur travaille à la tâche, il double ordinairement ce qu'il faisait, même durant l'époque de l'apprentissage, dans la même . somme de temps. C est dans ce mode de travail, le plus ordinairement adopté, que le prix a baissé. Pendant toute l'année dernière, je n'ai pas entendu un seul individu se plaindre, dans les paroisses de Vere et de Clarendon, de la difficulté de se procurer des bras pour les besoins de l'agriculture. Il est vrai qu'en janvier dernier, vers le commencement de la saison où l'on récolle, il y a eu, sur deux ou trois propriétés, quelques discussions concer-

nant le taux des salaires; mais elles ont été promptement terminées ; et l'on peut dire, sans redouter de contradiction, que, dans celte paroisse, en 1840, les travaux agricoles ont été conduits aussi régulièrementque dans toute autre partie du monde. On ne peut nier une vérité reconnue, c'est que la colonie n'est pas suffisamment peuplée; mais il est certain que ce n'est pas un mal récent : du temps de l'esclavage et pendant l'apprentissage , le manque de population se faisait sentir. Aujourd'hui les capitalistes et les propriétaires se procurent des bras plus aisément qu'ils ne pouvaient le faire alors ; et il serait très-aisé de démontrer que ce n était pas le travail qui était difficile à obtenir, à l'époque critique de la première année qui suivit l'émancipation totale , mais que c'était le manque de confiance et de capitaux qui empêchait qu'on ne l'utilisât. On peut estimer à 40,000 le nombre d individus libres, noirs et de couleur, qui, durant l'apprentissage, se trouvaient dans la condition de laboureurs et artisans. Pendant cette période et celle de l'esclavage, ils formaient une caste séparée qui dédaignait de s'occuper d'agriculture. Beaucoup ne vivaient que d'aumônes, d'autres de vols, ou par des moyens répréhensibles. Cette classe s'est maintenant confondue avec la population travailleuse, d'où il est résulté une grande augmentation de bras dans la colonie. Dans le même temps, il y avait sur toutes les plantations une surabondance de domestiques. Je les porte à 30,000, dont la moitié travaille aujourd'hui aux champs ou sur ses propres terres. En 1834 , les jeunes nègres esclaves, de six ans et au-dessous, furent déclarés libres; et, pendant l'apprentissage, on n'en obtint que peu de travail, soit en raison de leur jeunesse, soit par d'autres motifs. Les plus âgés ont aujourd'hui douze ans, et s'occupent de culture. On peut encore évaluer cette augmentation du nombre des travailleurs à plusieurs milliers. Enfin, toujours pendant le même temps, on calculait que près du quart des apprentis manquait ordinairement au travail, soit qu'ils fussent réellement malades ou incapables, soit qu'ils feignissent des maux qu'ils n'avaient pas. Ce dernier cas ne se présente plus. La plus grande partie des plantations était en outre surchargée d'ouvriers, tels que charpentiers , maçons, tonneliers et autres. En leur qualité d'apprentis, ils étaient exemptés du travail des champs ; et, comme souvent il n'y avait pas de quoi les employer, on les occupait sans utilité réelle. Le changement qui s'est opéré a encore augmenté les travailleurs de la quantité de ces individus. Ajoutez à cela les progrès du christianisme et de la morale parmi la population noire, surtout l'influence des missionnaires, qui a rendu le mariage plus fréquent. La société se perfectionnant rapidement sous ce rapport, une grande augmentation de population résultera de cette cause, qui agit déjà depuis quelque temps. La faute la plus sérieuse, en ce qui concerne le maintien du travail, a été commise par les planteurs, ou plutôt par une partie d entre eux. En 1838 et 1839 ils firent tous leurs efforts pour empêcher les cultivateurs logés sur leurs plantations de chercher du travail ailleurs ; celte conduite était tout à fait contraire aux principes les plus simples d'économie politique. Je puis dire que maintenant, dans les deux paroisses placées sous ma direction, ce funeste usage a été presque partout abandonné, et que les planteurs n'ont aucun motif de regretter d'avoir agi autrement. Si la circulation du travail était plus libre, si, dans chaque paroisse de l' île, on ne cherchait pas a se concentrer, on entendrait moins souvent se plaindre de l'insuffisance des bras. S il y a eu quelque diminution dans la somme du travail disponible pour la culture des produits pendant la première année de liberté, elle provient de ce qu'une partie des cultivateurs ont acheté de petites propriétés, en général de la contenance d un arpent, et de ce qu'ils se sont occupés à la construction de leurs habitations et à la clôture de leurs champs. Mais celle diminution n'a été que temporaire ; les mêmes individus travaillent aujourd'hui sur de grandes propriétés. La fureur d'acheter des terres pour y bâtir des maisons s'est d'ailleurs beaucoup ralentie.


826 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe Les planteurs se sont aperçus que, pour les vastes plantations, il est presque indispensable que les cultivateurs y résident ; c'est pourquoi ils évitent d' attirer chez eux ceux qui sont logés déjà sur d'autres plantations. Plusieurs planteurs attribuent la facilité avec laquelle ils obtenaient le travail l' année dernière, à l'excessive sécheresse. Cette cause a pu exercer quelque influence, mais il en existait d'autres plus importantes. Les contestations au sujet des loyers et des salaires amenaient les maîtres à s'emparer des champs des nègres, après une procédure sommaire. Ceux-ci, naturellement, renonçaient à cultiver pour leur compte des terres qui ne leur appartenaient plus, et par suite le prix des provisions a augmenté, mais sans aucune proportion avec l'état du marché. Les racines, qui faisaient , dans ces derniers temps, la principale nourriture des cultivateurs, sont à présent peu cultivées sur les propriétés ; la classe travailleuse se les procure sur les différents marchés, qui sont devenus beaucoup plus animés qu'ils ne l'étaient il y a quelques années. Ces marchés sont principalement alimentés par d'anciens petits propriétaires, et par les noirs qui, depuis le bienfait de la liberté, ont acquis de petits lots de terrains. Toutefois , sur quelques grandes plantations, où le loyer des terres est plus élevé, et où l'on n'a pas un travail constant à leur donner, les cultivateurs s'occupent encore de -cette industrie, dont ils tirent profit. Ces plantations se trouvent situées dans la partie montagneuse de Clarendon. Le prix des provisions n'a pas augmenté en raison de la diminution delà culture, autrement le prix des salaires aurait sans doute augmenté. Ce qui suit pourra servir d'explication. Je n'ai aucun moyen de vérifier l'augmentation qui a eu lieu, depuis trois ans, dans l'importation de la farine et du biscuit, mais je la crois surprenante. Dans les terres basses de Clarendon et de Vere, la consommation de farine est aujourd'hui de moitié plus considérable que ne l'était autrefois celle des ignames, des cocos, etc. C'est pourquoi la diminution de la récolte n'a pas produit une augmentation proportionnelle dans le prix de ces denrées. Ceci pourra paraître un paradoxe ; mais il est vrai, selon moi, que le mal produit par la dernière sécheresse se changera, pour la colonie, en un bien que l'on aurait vainement attendu d'autres circonstances. Si le planteur a perdu sa récolte, il a eu le temps de s'occuper de sa propriété; ses champs de cannes et ses pâturages sont enclos, et toutes ses terres sont en aussi bon ordre qu'au temps de la plus grande prospérité

Durant l'esclavage, l'île étant à peine peuplée et la terre abondante, les planteurs trouvaient plus économique d'entretenir et de payer leurs esclaves, en leur abandonnant une portion du terrain, qui était, d'autre part, sans valeur. La loi d'apprentissage, fondée sur le même principe, engendra , par suite de ce système d'économie, la plupart des maux qui ont donné lieu aux dissensions de ces derniers temps. L'effet de la rareté des terres à provisions et la difficulté d'obtenir du travail sur les plantations à sucre, par suite de la sécheresse, sont des choses très-importantes, dont le résultat est facile à observer. On comprend mieux la colonisation et l'immigration que beaucoup d'autres parties de l'économie politique, surtout en Angleterre, où les expériences ont été faites si largement, qu'il est facile de s'y procurer des renseignements pratiques. Il ne me semble pas, cependant, que de telles connaissances se soient trouvées chez les auteurs des actes en faveur de l'immigration, passés par la législature. Dans tous les cas, ils n'en auraient pas fait preuve dans la conception d'un projet dont les principales dispositions sont en opposition avec les premiers principes d'économie politique et de justice. Quelques-unes des remarques précédentes tendent à prouver qu il n existe pas une nécessité impérieuse d'immigration pour

PARTIE.

maintenir, dans cette colonie, la même culture que du temps de l' esclavage. Il ne serait pas difficile d'établir que l'introduction d'Européens pour la culture des champs donnera toujours lieu à des mécomptes. L'immigration des Européens n'est utile qu'au pays dans lequel ils trouvent une amélioration à leur sort. J'ai fait voir qu'il y aurait, cette année, un grand déficit dans les produits de la colonie, et je désire prouver que ce mal ne sera que passager. Je puis avancer, d'après tous les planteurs avec lesquels je suis en rapport, que, dans les paroisses de Vere et de Clarendon, la perspective d'une augmentation de production en sucre et café pour les années prochaines est aussi certaine qu'une telle chose peut l'être. Toutefois, l'avenir de la colonie dépend entièrement, pour les trois ou quatre premières années, du maintien du droit actuel sur les sucres. Ce temps expiré, je ne doute pas que la Jamaïque ne puisse, lutter, à conditions égales, avec toutes les autres parties du monde, quant à la culture du sucre et du café. L'assurance qu'une égalité de droits existera dans peu cl années est tout ce qu'on peut accorder, sans compromettre les résultats de l'abolition de l'esclavage, en ce qui concerne les intérêts des propriétaires. La Jamaïque a besoin que le droit prolecteur qui existe soit continué, pendant deux ou trois ans au moins. Signé Hall

2.

EXTRAIT

TRINGLE.

cl une dépêche de C. T. Metcalfe à lord Stanley. King's-House (Jamaïque), V novembre 1841.

Lorsque le gouvernement de celle île et de ses dépendances me fut offert, je l' acceptai dans l'espoir que je pourrais rendre service a mon pays, en aidant à la réconciliation de la colonie avec la mère pairie. Bientôt après mon arrivée, ce but se trouva rempli. Le bon sens des colons leur fit accepter avec confiance les mesures conciliatrices que je leur proposai. Le peu d'accord qui existait entre les travailleurs et leurs maîtres attira ensuite mon attention. Ces relations sont maintenant plus convenables, et ne laissent pins lien de fâcheux à craindre. D autres sujets de mécontentement ont entièrement, ou en partie, disparu, et ont fait place à l'ordre et à l'harmonie, sauf les exceptions qui se reproduisent dans toutes les sociétés. La réforme de la justice, considérée par le Gouvernement comme d une extrême importance, et non moins désirée par la législature, s opère avec tout espoir de succès, et avec de grandes dépenses pour la colonie. L amélioration du régime des prisons était aussi l'objet de la sollicitude de Sa Majesté. La législature y a contribué de tous ses efforts. Cette œuvre entraînait de trop grands frais pour qu'on ait pu l' accomplir tout d'un coup, mais elle s'opère progressivement. Plusieurs lois ont été faites, en harmonie avec les changement qui ont eu lieu dans les relations sociales des habitants de la colonie, et, autant que possible, conformément à l'esprit de celles qui régissent l'Angleterre. Bien qu'en législation il y ait toujours à perfectionner, je ne sache pas qu'aucun objet pressant ait été négligé. Je ne puis rien dire de positif sur la prospérité agricole, parce qu'elle dépend du prix des marchés et de circonstances qui ne tiennent pas à la localité; toutefois la perspective de la récolle sur pied et des produits d'exportation est plus belle qu'elle ne l'a été depuis plusieurs années. La soie, le coton et l'exploitation des mines de cuivre, font espérer un accroissement de richesses, qui néanmoins n'a encore rien de certain. Les articles qui offrent le plus de profit sont ceux que l'on cultive de préférence; cette raison, jointe au chiffre peu élevé de la population, explique pourquoi les exportations de la Jamaïque n'ont pas plus d'im-


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841. — JAMAÏQUE.

portance. Les intérêts commerciaux ont eu doublement à souffrir, d abord parce que les spéculations avaient pour base des crédits excessifs qui tout à coup ont été retirés, ensuite par l'agitation qui a été la conséquence des affaires de la Nouvelle - Grenade; mais la crise est passée et la prospérité semble devoir renaître. Dans de telles circonstances, le Gouvernement exécutif n'a, pour ainsi dire, aucune action à exercer. La population laborieuse, autrefois esclave et aujourd'hui parfaitement libre, est plus indépendante ici désormais que dans tout autre pays. Je suis persuadé que nulle part elle n'est à même de se procurer plus aisément les douceurs de la vie, et n'a plus de garantie contre l' oppression qu'à la Jamaïque. J'ajouterai que l' éducation religieuse et les écoles prennent de l'accroissement, malgré le ralentissement temporaire que la réduction des écoles Mico a produit dans l'instruction. Signe' C.

3.

DÉPÊCHE

T. METCALFE.

de lord John Russell à sir C. T. Metcalfe. Downing-Street, 23 août 1841.

En réponse à vos lettres des 10 et 28 mars dernier, par lesquelles vous m'annonciez l'envoi d'échantillons de chanvre fabriqué avec le plantain, le bananier et autres plantes de la Jamaïque, je vous transmets le rapport du chef de la corderie de Deptford sur la qualité de ces échantillons. Signé J. RUSSELL.

Corderie de Deptford, 13 août 1841. J'ai examiné les échantillons de plantain, de bananier et de pinguin ; les fibres m'ont paru trop faibles pour fabriquer des cordages de navires. Par les essais que j'ai faits, je leur ai trouvé moins de résistance que n'en présente le chanvre de Russie. Les cordes fabriquées avec ces produits 11'absorbent que peu de goudron , et deviennent encore plus faibles lorsqu'elles sont goudronnées ou mouillées. Signé R. CAPMAN.

4.

EXTRAIT

d'une dépêche de sir C. T. Metcalfe à lord John Russell. King's-House, 10 septembre 1841.

Montant des dépenses des écoles wesleyennes de jour, pendant l'année finissant au 31 décembre 1840, 94,360 francs. Montant des sommes payées hebdomadairement par les élèves 17,510f Montant des souscriptions volontaires 3,345 Sommes fournies par la société des missionnaires wesleyens 73,505 Somme égale

94,360 f.

De ces derniers 73,505 francs, il faut déduire la part, difficile a préciser, qui est attribuée à la Jamaïque dans les 20,000 francs accordés par Sa Majesté, pour l'entretien des écoles de missions des Indes occidentales, pendant 1840. Nombre d'écoles bâties au moyen de secours Idem sans aucun secours Nombre des élèves qui suivent les écoles, 2,009. Signé

C. T. METCALFE.

g 16

827

du discours prononcé par sir C. T. Metcalfe, a l' ouverture de la session de l'assemblée générale de l'île.

5.

EXTRAIT

Notre île a eu a souffrir, celte année, d'un grand malaise commercial, d'une sécheresse extraordinaire, et d'une mortalité qui a fait d'énormes ravages dans toutes les classes de la société. La perspective commence aujourd'hui à s'améliorer. Les dernières pluies ont fait rentrer d'abondantes récoltes, et tout fait espérer que nos produits d'exportation seront de beaucoup plus considérables que les années précédentes. Les sociétés d'agriculture se propagent sur tous les points. La compagnie pour l'exploitation de la soie et la compagnie des mines de cuivre travaillent avec esperance de succès. On a récolté assez de coton pour donner la preuve que, si on ne lui préférait pas d autres articles plus précieux , et si l' on y consacrait les soins nécessaires , il deviendrait une nouvelle source de prospérité. On est au moment d'entreprendre la culture du tabac sur une grande échelle, et la découverte de ce moyen nouveau d'accroître nos produits d'exportation promet un résultat important pour notre richesse agricole. Si le succès justifie les espérances qu'on a conçues, l'inventeur aura droit a la reconnaissance publique. Les relations entre les maîtres et les cultivateurs semblent s'être réglées d'elles-mêmes sur les bases d un intérêt mutuel. On se plaint encore, dans quelques districts, du manque de travail continu, moins cependant qu'autrefois. Cela n a rien qui doive surprendre, dans "un pays où la population est limitée, et où la classe laborieuse subvient en grande partie à ses propres besoins par la culture de ses provisions. L établissement de petites fermes par les cultivateurs, et la mise en exploitation de terres jusqu'alors incultes deviennent de plus en plus fréquents. Sans retrancher ces nouveaux propriétaires de la masse des travailleurs, ces circonstances tendent a amener leur bien-être. L'aisance, l'indépendance et les autres avantages dont jouit la population laborieuse, ne sont, je crois, dépassés dans aucun pays du monde; et, bien que l'on puisse attribuer a ces causes le manque de travail continu, nous ne pouvons que nous réjouir de tant de biens, et nous soumettre de bonne grâce aux conséquences qu'ils peuvent produire. La bonne conduite, les habitudes rangées des noirs, les meilleurs sentiments qu ils manifestent envers leurs maîtres, sont de justes motifs de se féliciter. Les regards de toutes les personnes qui prennent intérêt à la prospérité de l'île sont encore tournés vers l'immigration, seul moyen apparent d'obtenir l'augmentation de population laborieuse que réclame la culture de la colonie, et qui est indispensable au développement de ses ressources non encore exploitées. Il est agréable de penser que l'immigration peut avoir lieu, n'importe dans quelle proportion, sans nuire aux avantages que possèdent les habitants actuels. Vous avez pris les mesures les plus libérales pour atteindre ce but important, et, si elles n ont pas entièrement réussi jusqu'ici, elles n'ont cependant pas été sans résultats. Le concours des employés du Gouvernement ne vous a pas manqué ; l'agent général de l'ile a lui-même déployé le plus grand zèle. Le commissaire envoyé dans l'Amérique du Nord et en Angleterre, après avoir fait dans ces pays tous les arrangements propres à atteindre son but, s'est rendu <à la côte d'Afrique, où il a posé les bases d'une émigration d'Africains libres de Sierra-Leone. Cette émigration promet d'être d'un grand secours a la colonie, car les Africains sont les hommes qui conviennent le mieux à la culture de nos champs. Il a été fait plusieurs importations d'immigrants de la GrandeBretagne et de l' Irlande; elles ont diversement réussi. Sur quelques points, tout s'est bien passé; ailleurs, les émigrants ont, dès leur arrivée, manifesté du mécontentement; et malheureusement la maladie, la mort même ont répandu quelque chose de funèbre sur les commencements de cette sérieuse expérience. H | existe ici une vaste étendue de terres fertiles et sans culture, qui


828 RAPPORT SUR LES

e

QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES — II

pourraient recevoir une population nombreuse d'Européens. Ils n'auraient rien à craindre pour leur santé et leur bien-être, et deviendraient d'une grande utilité au pays ; mais cela ne peut avoir lieu qu'avec le temps. Comme addition immédiate à la population laborieuse, l'introduction de travailleurs européens n'offrirait qu'un bénéfice restreint ; d'ailleurs les essais de cette année n'ont pas été partout encourageants. J'ai donc cru convenable de restreindre l'importation des immigrants d'Europe, en telle proportion, qu'il soit possible de les placer immédiatediatement après leur arrivée, soit sur des propriétés particulières, soit dans les villages qu'on se propose d'établir. Il est fâcheux que les immigrants recherchent de préférence le voisinage des villes, qui sont la plupart situées dans des plaines où le climat leur est moins favorable, et où ils sont plus exposés à souffrir. Il faudrait qu'on pût leur faire apprécier l'importance des localités plus saines, et les former à la vie de l'intérieur de l'île, vie si différente sous le rapport de la nourriture, et sous d'autres encore, de celle à laquelle ils ont été accoutumés. On paraît croire aussi que les salaires ne sont pas proportionnés aux besoins des Européens, et ne leur permettent pas d'acheter les objets qui leur sont nécessaires. Quoique j'aie confiance dans le succès définitif de l'immigration des Européens, je crois que, dans les circonstances actuelles, et sauf quelques exceptions, elle donnerait lieu à de grands mécomptes de part et d'autre. Par cette raison, je maintiens qu'il y aurait danger à ne pas se renfermer dans de certaines limites.

6.

EXTRAIT

dune dépêche de lord Stanley à sir Metcalfe.

C.

T.

Je vous adresse un extrait de l'opinion émise par les courtiers de Liverpool, sur l'échantillon que vous m'avez adressé du coton qui se recueille à la Jamaïque. L'échantillon de coton, soumis à une commissionde courtiers, a motivé l'opinion suivante : Il est propre et bien venu, mais il s'y trouve des taches brunes. Il n'est pas parfaitement égal; cependant, en général, il est long et fort, et vaut de 80 à 85 centimes la livre. Les quantités que l'on pourrait se procurer, en qualité aussi bonne et aussi belle que l'échantillon, se vendraient aisément ce prix. Signé J.

7. RAPPORT

STANLEY.

de M. T. Abbott, magistrat salarié. Savanna-la-Mar, 8 juin 1841.

Le taux des salaires a subi une augmentation, surtout pour les travaux du moulin et de la cuite On paye partout 2 fr. 5o par jour. Les salaires des premiers ouvriers sont de 3oo fr. à 450 fr. par an, ce qui donne une moyenne de 375 fr., souvent avec le privilège de se servir d'un cheval ou d'une vache. On paye aux coupeurs de cannes 1 fr. 85 pour une étendue de quinze à vingt-cinq chaînes, et de 15 à 18 fr. y5 pour sarcler une acre de cannes. Le prix d'une journée est encore de 1 fr. 85 cent. ; mais les cultivateurs aiment mieux le travail à la tâche, par lequel ils peuvent gagner autant en six heures. Le loyer des maisons et des terrains a été réduit sur la plupart des propriétés ; on fait ordinairement payer 2 fr. 5o au lieu de 3 fr. 75 par semaine. C'est en quelque sorte une augmentation de salaire. Le planteur se plaint encore de la non continuité du travail, c est dire, en d autres termes, qu on ne se procure pas aisément des bras. Il en sera ainsi tant que l'on suivra le système de travail à la tâche par journée. Je ne sache pas que l'on ait encore essayé de faire avec les

PARTIE.

cultivateurs des engagements plus longs. Tant qu'ils ne leur auront pas été proposés, on aura tort de les accuser de ne pas v être, disposés. Il est étonnant que, sans aucun engagement, le travail ait pu se faire aussi régulièrement sur les plantations. Les contestations au sujet des salaires et des loyers ont à peu près cessé; ce fait est également à l'avantage des maîtres et des travailleurs, et prouve qu'un meilleur accord règne entre eux. Le résultat de la récolte témoigne en faveur des progrès de l' agriculture. La quanLité totale de sucre obtenu se monte à 4,205 boucauts, sauf peut-être une légère différence, attendu que le relevé a été fait avant que toutes les propriétés n'eussent terminé leur fabrication. Ce chiffre dépasse celui de l'année dernière de 2,533 boucauts, il est de 549 au-dessus de la moyenne des précédentes années. Nous avons heureusement été favorises par la pluie, tandis que d'autres paroisses souffraient de n'en pas avoir ; mais il faut convenir en même temps que le travail plus continu a contribué pour beaucoup à ce résultat. Les plantations sont, en général, mieux entretenues, les cannes ont une belle apparence ; de sorte qu'on a tout lieu d'espérer que la récolle prochaine ne sera pas moins bonne. Depuis août dernier, cinq individus seulement ont comparu devant les tribunaux de sessions ordinaires, tous pour négligence dans la garde des bestiaux. En deux ans, de septembre 1839 à l'époque où nous sommes, je n'ai eu connaissance que d'un seul cas où un cultivateur ait été expulsé de la maison et du champ qu'il occupait. Ordinairement, le locataire qui ne travaille pas ou qui ne paye pas son loyer est poursuivi en vertu de la loi sur les débiteurs. La population n'a aucune habitude d'économie ; il est fâcheux qu on ne l'y dispose pas par l'établissement de caisses d'épargne. Les forts salaires que les noirs gagnent sans beaucoup de peine sont dépensés inconsidérément en objets de toilette et de luxeJ'ai déjà dit que les loyers avaient été réduits ; ils se payent à présent sans difficulté, ou sont retenus sur les salaires. Toutefois, ils ne sont pas encore partout les mêmes. Sur quelques propriétés, on n'exige aucune somme, à moins que le cultivateur ne s'absente du travail ; sur une autre , on lui remet 60 centimes sur les 3 fr. 75 de la semaine, pourvu qu'il ait travaillé cinq jours ; sur une autre encore, il paye 60 centimes par chaque journée d'absence. Les assignations pour loyer devant les cours de sessions ordinaires sont devenues fort rares. Je dirai quelques mots de l'immigration. Bien que la plus grande partie des trois cents Irlandais et Écossais, arrivés dans celle paroisse en janvier dernier, se soient placés en qualité de domestiques et d ouvriers, quelques-uns cependant ont loué leurs services aux propriétés des paroisses voisines ; il s'en trouve soixante sur une plantation des montagnes. Us travaillent aux champs, et l'on est fort content d'eux. Malheureusement, on n en saurait dire autant des domestiques; beaucoup ont déjà quitté leurs places. Il paraît qu'ils s'étaient fait de ce pays une idée qui a été bien déçue. Je crois cependant que, lorsqu'ils seront plus habitués au grand changement qu'ils ont dû éprouver, ils ne regretteront plus d'être venus. La plupart sont de forts ouvriers, accoutumés chez eux à la fatigue, et qui supporteront facilement notre climat. Depuis un an , plusieurs plantations ont reçu des Africains affranchis. Ils sont payés comme les nègres créoles, et travaillent à la satisfaction de leurs maîtres. Le nombre des établissements particuliers que se sont créés les nègres ne s'est pas beaucoup augmenté. Sur la plus grande partie des propriétés de la plaine, il y a peu de terres à vendre ; je crois d'ailleurs que, généralement, les cultivateurs n'ont guère les moyens d'en acheter. Mon avis est toujours que les petites fermes n'ont encore eu aucune influence pour rendre le travail plus régulier. Le prix des provisions est si élevé, les demandes excèdent tellement ce que l'on peut fournir, que le nègre a plus de profit à les cultiver. D'un autre côté, comme les cultivateurs seuls s'occupent de fournir le marché, ils en ont le monopole.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841. — JAMAÏQUE.

L'éducation fait des progrès. Les paroisses possèdent plus Je vingt écoles publiques, suivies chaque jour par environ 1,500 enfants. Il y a en outre plusieurs ecoles particulières. La principale est l' école libre de Savanna-la-Mar, qui porte le nom de sou fondateur, M. Mannirig. Elle a 173 élèves. Sept des écoles publiques sont soutenues par la paroisse et par la société pour la propagation de l' Évangile ; les autres, dont plusieurs sont sous la direction de ministres dissidents, ne sont pas moins bien dirigées. Les nègres témoignent, en général, le noble désir de donner de l'éducation à leurs enfants. Le crime a pris de l' extension dans plusieurs districts. Il y a six mois , j avais calculé que la moyenne, pour chaque jour, des prisonniers renfermés dans notre prison était double de celle de l'année dernière. Après avoir pris les renseignements les plus minutieux, j'ai trouvé que cette moyenne, pendant l'année ex; irée au 1er juin 1840, avait été de dix, et que pendant l'année expirée au 1er juin dernier, elle a été de seize. Celle-ci comprend les individus envoyés d'ici dans la prison de Kingston. Cet accroissement, tout grand qu'il soit, ne peut servir à déterminer le degré du crime, parce que la prison paroissiale reçoit tous les individus sans exception , et sert aussi de dépôt. Pour plus de certitude, j'ai dressé l'état suivant des causes portées devant les sessions trimestrielles depuis ma résidence ici.

NOMBRE D'INDIVIDUS JUGÉS

DATES.

CONDAMNES ACQUITTÉS

pour vol.

pour autres délits.

pour vol.

pour autres délits.

pour vol.

1838. Octobre...

12

4

11

4

1

/Janvier...

12 4 5 1

3 2 1 1

7 2 4 0

3 2 J 1

5 2 1 1

■ Janvier... | Avril 1840. Juillet. .. (Octobre..

9 7

5 7 3 6

0 2

4 0

G 6

0 2 1 2

1 2

3 0

[Janvier..,

7

6

6

6

1

Avril....

G

1

6

1

0

| 1839.

1841.

Avril.... Juillet. . . (Octobre..

Il serait peut-être nécessaire d'examiner si ces chiffres prouvent, ou non, un accroissement. Il est évident que les chiffres des quatre dernières sessions, bien qu'offrant une légère augmentation sur les quatre précédentes, sont beaucoup moins forts que ceux de l'année ante'rieure. Il est consolant d'envisager ce résultat. Sur une population évaluée en 1840 à plus de 20,000 âmes, le plus grand nombre des condamnations pourvoi n'a été, à aucune des sessions des deux dernières années, au-dessus de sept, et celui des individus jugés au-dessus de neuf. C'est un éloge pour notre population ; il serait injuste de le lui refuser. On pourrait croire que beaucoup d'autres causes étaient du ressort des assises ; je me suis assuré que, pendant la même période, neuf prisonniers seulement ont été renvoyés aux assises, dont deux ne sont pas encore jugés ; de sorte que la moyenne n'a pas été de un par trimestre. Signé T. ABBOTT.

8.

RAPPORT

de M.

TV. Grant, magistrat salarié. Manchester, 30 juin 1841.

Je désire surtout appeler votre attention sur la formation des villages habités par la population laborieuse ; il en existe sept qui méritent ce nom, indépendamment des établissements isolés. Je

829

ne puis en préciser la population parce que, jusqu'à présent, à mon grand regret, la législature n'a encore rendu aucune loi pour arriver à un recensement ; mais je crois bien que la moitié au moins des familles qui habitaient autrefois sur les plantations les ont quittées pour s'établir ainsi. Les demandes de lots de terrain continuent; le prix en est payé comptant, et chaque jour il augmente. On aurait pu croire que non-seulement le travail de ces nouveaux colons aurait manqué aux grandes propriétés, mais qu'ils auraient loué, pour les aider dans la construction de leurs maisons et la mise en état de leurs champs, d'autres noirs dont l'absence se serait également fait sentir. Je ne pense pas que cela ait eu lieu; c'est au contraire dans les districts où l'on s'est opposé aux achats de terres que les travailleurs ont diminué. En général, lorsque les salaires sont régulièrement payés et que les arrangements sont convenables, les bras ne manquent nulle part. Les planteurs expérimentés connaissent la peine, les privations et les dépenses qu'il en coûte pour créer des plantations dans les bois. Ils savent les difficultés que présentent les chemins pour faire venir ce dont on a besoin, le mal qu'on a pouf entretenir les animaux utiles, et les frais qu'entraînerait l'établissement de bonnes routes; eh bien ! ces difficultés, et d'autres encore que je pourrais énumérer, la plus grande partie des noirs de la paroisse ont su les vaincre. Quand on n'a été à même de juger de la puissance de ces hommes que par les travaux ingrats qu'ils exécutaient durant l'esclavage et l'apprentissage, on doit s'émerveiller du parti qu'ils tirent aujourd'hui des petits lots de terrain sur lesquels ils construisent, qu'ils cultivent et entourent de haies ou de murs, sans pour cela cesser de consacrer du temps aux travaux des plantations. Si ces travaux n'ont pas discontinué, c'est que l'émancipation obtenue par les nègres a développé leurs espérances et leurs désirs, c'est que leur ambition, en un mot, a excité en eux une énergie dont on ne les croyait pas capables. Le pouvoir de l' argent a multiplié leurs forces au-delà de ce qu'on pouvait penser. Tout en travaillant aujourd'hui sur leurs propres terres, ils trouvent encore le temps de travailler sur les propriétés. Pour preuve de ce que j'avance, j'en appelle au témoignage des personnes qui ont connu l'état des anciennes plantations de Manchester. J'ai précédemment émis cette assertion que, près des villages formés par les noirs, la main d'oeuvre est à meilleur marché que partout ailleurs. Une plus grande expérience m'a prouvé que je ne m'étais pas trompé; j'irai encore plus loin en disant qu'il en est ainsi même dans le voisinage des établissements qui ne sont que commencés. La raison en est facile à expliquer. Le désir de l' indépendance est si général, que beaucoup de noirs dont les économies sont suffisantes pour leur permettre d'acheter des lots de terres, les y emploient tout entières. D'autres , plus riches, s'aperçoivent que les dépenses à faire pour les constructions, la mise en culture, etc., dépassent leurs prévisions; les uns elles autres sont donc forcés de chercher les moyens de subsister ou d'achever leurs travaux, en offrant leurs services à ceux qui peuvent leur donner de l'argent en échange. S'il était bien prouvé qu'il en est ainsi dès le commencement des établissements, ce serait un grand encouragement pour le capitaliste timide qui n'aurait plus a redouter le manque de travailleurs, puisqu'au contraire la culture semblerait devoir prendre une grande extension dans tout le pays. Ajoutez à cela que, dans un tel état de choses, la population s accroîtra rapidement. On sait déjà que la force corporelle des anciens esclaves est bien plus grande qu'on ne l'avait cru; il ne doit donc plus rester de craintes relativement à l'insuffisance des travailleurs, si l'on peut disposer d'assez de capitaux pour les maintenir dans leur conduite tranquille, et les proléger contre les maux et la corruption qui ne manqueraient pas de se répandre parmi eux en l'absence de moyens honnêtes d'encouragement J'avoue que la gêne actuelle, provenant de la trop petite quan-


830

e

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

tité d' espèces en circulation, pourrait avoir un fâcheux effet sur la culture. Tout dépend du prompt payement en espèces. Si le cultivateur ne peut compter sur le prix de son labeur, il aimera mieux s imposer des privations et seulement compter sur le produit de ses terres, que de faire crédit à des particuliers. Laissant de cote les maux que je redoute, voyons ce qu'ont fait les noirs devenus propriétaires. Ils ont payé argent comptant. Les propriétaires absents s'étant, en général, opposés aux ventes de terres, les fonds versés n'ont donc pas été exportés au préjudice du pays , comme à l'époque de l'indemnité. Cet argent est nécessairement tombé entre les mains de personnes résidantes, qui le rendront à la circulation. L'acre de terre s'est vendue de 100 à 150 francs, non compris les frais; en calculant le nombre total des établissements nouveaux, ou pourra se faire une idée des sommes mises dehors par les noirs. Et ce n'est pas seulement pour ces acquisitions qu'ils ont eu besoin d'argent; il a fallu défrayer les dépenses des nouveaux établissements. Les noirs, qui se souciaient peu de travailler pour les plantations, ont dû porter leur argent dans les magasins , pour se procurer des vêtements , des vivres, etc. Enfin je joins ici un relevé d'après lequel on peut voir l'accroissement des individus imposés depuis 1836 jusqu'en mars 1841 : tel imparfait qu'il puisse être, quant au nombre effectif de possesseurs de terres, il justifie du nombre de ceux qui se sont montrés prêts à supporter leur part des charges publiques, en se faisant eux-mêmes inscrire. La pluie est heureusement venue au secours des plantations de la paroisse. La récolte de café ne sera pas très-forte , cependant elle surpassera celle des trois dernières années. On a fait plus de nouveaux plants que je ne m'y serais attendu. Il m'est agréable de voir une population , sortie à peine de l'esclavage, s'établir sur des terres à elle, au milieu d'une société indépendante, disposée à donner l'excédant de son temps en échange d'une juste rétribution, et à former, sous des lois équitables et sous une administration intelligente, un corps d'agriculteurs heureux et paisibles. De ce corps pourront sortir des hommes capables de veiller aux intérêts du pays. Les ministres de la religion sont à même de certifier du désir manifesté par les nègres de recevoir les bienfaits de la religion et de l'éducation, pour eux et pour leurs enfants. Les étals des prisons font foi de leur conduite sage et régulière. Nombre d'individus payant les taxes dans la paroisse de Manchester. 1836 1837 1838 1839 1840

387

393 438 " 1,321 1,866

1841 Signé J.

9.

RAPPORT

de

M.

W. GISANT.

John Gurley.

Sainte-Élisabeth, 1er juillet 1841. La récolté du café a été généralement faible; sur beaucoup de propriétés elle n'a pas dépassé la moitié des récoltes ordinaires, parce que les saisons n'ont pas été favorables. La meme cause a beaucoup influé sur les provisions. La sécheresse a été si grande pendant quelques mois , que l'eau, si nécessaire à la vie, était devenue un objet de luxe. Cependant, depuis le 1er juin, nous avons eu quelques ondées qui nous ont sauvés d un grand mal. La culture a pu être reprise, et tout fait espérer que la récolté prochaine sera abondanle. Tous les habitants ont eu à souffrir des privations , mais surtout les propriétaires des petits établissements. La détresse pro-

PARTIE

duite par la disette des provisions a été affreuse, et se fait encore sentir. On a eu recours a de grandes importations de farine dont les habitants ont vécu pendant plusieurs mois, n'ayant d'autres ressources pour s'en procurer que leurs salaires, et obligés de payer cette denrée à des prix excessifs. Les moins industrieux, ceux qui se trouvaient absolument sans ressources, se sont livrés au vol pour soutenir leur existence. On ne peut nier que, dans ces circonstances, il n'y ..il eu augmentation de crimes, mais il faut en imputer la plus grande partie à la détresse. J'ai l'espoir que, les moyens de subsistance devenus moins rares, une diminution rapide ne tardera pas à s'opérer. Je n'ai pas entendu dire que les planteurs aient de la peine à se procurer des travailleurs, quand ils offrent un prix raisonnable. Le taux des salaires a subi l'augmentation qui était la conséquence nécessaire de la pénurie des provisions et de leur prix élevé. La population manifeste, en général, le désir de fonder de petits établissements, et de faire donner de l'éducation aux enfants; mais les maux qu'elle a eu dernièrement à souffrir ont beaucoup nui à la réalisation de ces bonnes dispositions. Signe J. GURLEY.

10.

RAPPORT

de M. H. Kent, magistrat salarié. Paroisse de Port-Royal, août 1841.

Dans mon dernier rapport, j'ai dit combien nous avons eu a souffrir des longues sécheresses qui ont retardé de deux mois la récolle du café. Le tort qui en résultera pour la prochaine récolte dépendra du temps. La fleur, qui devait paraître en mai, ne fait que se montrer, et l'on peut présumer qu'il y aura encore retard celte année. La saison pluvieuse a commencé, à la fin de mai, par des ondées bienfaisantes ; mais bientôt elles sont devenues un déluge qui a duré dix jours sans interruption. Heureusement qu' il a cessé, car il aurait causé degrands dommages, le sol fertile de cette paroisse ayant très-peu de consistance, et formant partout des plans inclines. Les salaires sont toujours les mêmes; ils varient de 1 schel. à 1 schel 6 den. par jour, pour les travaux ordinaires. La saison de la cueille est la moisson du laboureur; il peut, pendant quelques temps, faire monter jusqu'à 2 et 3 schel. son salaire qui retombe au taux ordinaire. Les loyers n ont pas varié non plus. Chaque membre d'une famille en état cle travailler donne par semaine un jour de son temps. La coutume des loyers doubles a été abolie par l' amendement apporté à la dernière session dans la loi sur les petites dettes, et en vertu duquel le poursuivant est obligé de justifier que la convention a été librement consentie entre le locataire et son propriétaire. De petits établissements se sont formés depuis la vente de Mavis-Banck, plantation à café abandonnée ; elle a été divisée en lots, que les cultivateurs se sont empressés d'acheter, à raison de 125 à 150 francs l'acre. Les wesleyens ont bâti en cet endroit une chapelle temporaire, qui est toujours remplie à l'excès. Les baptistes vont aussi en construire une. Nous n'avons pas encore d'école. La société des missionnaires wesleyens se dispose à en ouvrir une clans le voisinage de sa chapelle. Les nègres commencent à émigrer. Les deux plantations de Strawberryhell et cle Westphalia ont perdu la plus grande partie cle leurs travailleurs, qui sont allés à Sainte-Marie, au nord de l'île. Ils paraissent y avoir été attirés par la grande fertilité du sol pour la culture des provisions, qui sont ici fort rares, car, même dans les saisons les plus favorables, ils en récoltaient à peine assez pour nourrir leurs familles.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 8141. — JAMAÏQUE.

L'anniversaire de l'affranchissement définitif a été suivi de quinze jours de fête ; mais les planteurs avaient fait leurs dispositions en conséquence, de sorte qu'ils s'en sont à peine ressentis. La conduite des paysans à cette occasion a été des plus

paisibles. Signé

1 1.

RAPPORT

H. KENT.

de M. Thomas Mac-Cornock, custos.

Golden-Grove (Saint-Thomas-dans-l'Est), 1er septembre 1841.

Je me borne aux indications qui présentent quelques différences avec celles que j'ai données dans mes rapports des 1 5 août 1840 et 1er mars dernier. Les cultivateurs travaillent à la tâche plus qu'ils ne le faisaient autrefois; cependant, lorsqu'ils ne gagnent pas ainsi ce que leur produit une journée de cinq heures, ils refusent parfois de s'employer autrement qu'à la journée. On sent de plus en plus le besoin d'une augmentation de travailleurs noirs. La jeune génération rendue fibre en 1834, ou depuis, est élevée dans un état complet d'oisiveté. Un tiers tout au plus se rend aux écoles. La récolte est presque finie; elle a produit généralement plus que l'année dernière. J'ai dit précédemment que les acquisitions de terres faites par les noirs n'avaient pas produit, pour les propriétés, une diminution de travailleurs; cet état de choses a changé parce que les noirs restent plus qu'autrefois chez eux , même lorsqu'ils ne s'y occupent pas. Les rôles des cours de justice prouvent que le nombre des crimes a augmenté. Excepté les plaintes que provoquent celte augmentation des crimes et le manque de travailleurs, on s'accorde à reconnaître que la conduite de la population est telle qu'on peut le désirer. On s'aperçoit déjà des avantages produits par la nomination des présidents légaux des sessions trimestrielles; car, indépendamment de ce que les talents qui les distinguent les mettent à même de conduire leurs travaux convenablement, ils peuvent agir avec l'indépendance nécessaire à un juge, et sont au-dessus des soupçons qui se seraient toujours attachés aux actes des magistrats locaux, malgré toute la pureté de leurs intentions. On a lieu d'espérer que, par leurs efforts et par une administration impartiale de la justice, sans acception de couleurs, les présidents, aidés des juges leurs confrères, parviendront à obtenir la diminution des crimes, ou tout au moins à empêcher que le nombre ne s'en accroisse. Les Africains amenés de Sierra-Leone par M. Barclay réussissent très-bien; ils sont à peu près soixante sur deux propriétés de ce district. Ils se montrent très-intelligents, et travaillent autant qu'on peut l'espérer sous l'influence des exemples d'indolence que leur donnent les Créoles. J'attribue, en grande partie, leur civilisation, leur intelligence et leur bonne conduite, aux soins des missionnaires de Sierra-Leone. J'ai toujours été opposé à l'émigration des travailleurs blancs, surtout pour les plaines, et l'expérience me confirme chaque jour davantage dans mon opinion. Signé Th. MAC-CORNOCK.

12.

RAPPORT

de MM. Walter Finlayson et Henry Laidlaw. Montego-Bay, 6 septembre 1841.

Nous allons récapituler ici les renseignements contenus dans nos précédents rapports, en mentionnant les changements qui ont pu survenir.

831

Le taux des salaires se maintient à 1 fr. 85 cent, par jour; mais le travail des champs se fait ordinairement a la lâche, à prix convenus; on paye 3 fr. 10 cent, pour le creusement de 100 trous à cannes. Le loyer d'une maison et d'un terrain varie de 2 f. 5o c. à 3 fr. y5 cent, par semaine, lorsque le salaire est de 1 f. 85 c. par jour. Sur quelques propriétés on n'exige aucun loyer, mais les travailleurs ne reçoivent que 1 fr. 25 cent. La sécheresse continuelle de l'an dernier a causé un grand tort à la récolle qui vient d'être rentrée ; toutefois on pense qu'elle ne sera pas inférieure à la dernière. Depuis quelques mois, les saisons ont été très-favorables, excepté dans le district voisin de la mer; il y a donc tout lieu d'espérer que la récolle prochaine sera de beaucoup au-dessus de celle-ci. Il n'est pas nécessaire que nous revenions sur ce que nous avons dit, dans nos rapports, de la création des villages et de la fondai ion des établissements particuliers. La conduite de la population est régulière et convenable; le août, qui est toujours célébré comme anniversaire de la liberté, s'est passé sans démonstrations trop bruyantes. Les cultivateurs recherchent le travail; lorsqu'ils ne peuvent en obtenir sur les propriétés auxquelles ils appartenaient, ils vont sur les plantalions voisines. On se procure facilement des travailleurs assidus en payant le salaire ordinaire. Les noirs ont toujours montré du regret de quitterleurs anciens maîtres. Sileurs cases avaient été bien entretenues; si on leur avait concédé à un prix convenable un terrain suffisant pour y cultiver des provisions, il n'y aurait eu aucun risque de les voir passer sur d'autres propriétés. Il est évident que l'établissement de villages habités par des cultivateurs, soit comme tenanciers, soit comme propriétaires, est un avantage pour les plantalions, parce que ces nouveaux paysans aimeront mieux s'occuper près de chez eux que de parcourir plusieurs milles pour se rendre à l'ouvrage. Le commerce intérieur de la colonie a pris beaucoup d'extension depuis peu d'années, par suite de l'amélioration que la population laborieuse a éprouvée dans sa position. De vastes magasins et boutiques ont été ouverts sur celle paroisse ; ils sont tenus ou par des marchands de la ville, ou par les géreurs des plantations. On s'est occupé ici de l'éducation des noirs, autant que partout ailleurs dans l'île; cependant, malgré les efforts du clergé de toutes les confessions, les ressources ne sont pas suffisantes. Signé

13.

RAPPORT

W. FINLAYSON.

de M. J. Wolfiys, magistrat salarié. Paroisse Sainte-Anne, 15 septembre 1841.

L'espoir que l'on avait conçu d'une bonne récolte en sucre ne sera pas trompé : la quantité totale dépassera les calculs. La culture de ce produit a reçu un grand accroissement. On Ta sagement concentrée dans le voisinage des usines, de sorte que les dépenses sont moindres. Le taux des salaires est resté ce qu'il était à l'époque de mon rapport du 31 août 1840. Les provisions qui servent principalement à la nourriture de la population laborieuse , et dont les noirs font commerce, ont été fort abondantes par suite des pluies et du temps favorable. Cette circonstance a eu pour effet de diminuer les travailleurs de quelques plantations, parce que ceux-ci se sont occupés de leurs champs. La récolle du piment, que l'on achève en ce moment, promet également une grande abondance. La cueille de ce produit a retranché des bras à la fabrication du sucre, qui a été retardée pendant quelques semaines ; les noirs donnent naturellement la


832

RAPPORT SUR LES

QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIE PARTIE.

préférence à un travail qui peut leur rapporter de 2 fr. 5o cent, à 5 francs par jour, quand les arbres sont bien chargés. En réunissant les causes portées devant les cours de session trimestrielle et les tribunaux ordinaires, on trouve qu'il y a diminution dans les crimes. Si l'on considère que la paroisse a une étendue de 243,761 acres, avec une population qui, en 1833, s élevait à 24,821 individus; si l'on se rappelle qu'autrefois on punissait sur la plantation même la plupart des délits qui sont aujourd'hui du ressort de la justice, on peut apprécier quelle amélioration s'est opérée presque subitement dans l'état moral d'une population, qui, tout récemment encore, était plongée dans l'abjection et l'esclavage. Si le temps continue à être favorable, la prochaine récolte de sucre sera plus abondante que celle de cette année. Les noirs continuent à former de petits établissements; ils n'hésitent pas cependant à travailler moyennant salaire, quand ils ne sont pas occupés à la culture de leurs terres. La culture du mûrier s'améliore. Malgré les obstacles que l'on a éprouvés dans le commencement, il y a maintenant 130 acres entièrement plantées; les arbres sont beaux et promettent d'indemniser les propriétaires de leurs soins. On se propose d'étendre les plantations sur 35o acres. Dans peu de jours, on s'occupera du dévidage de la soie brute, dont j'ai vu de beaux échantillons blancs et jaunes. Le sol est extrêmement favorable aux mûriers. On se plaint toujours de la mauvaise conduite des domestiques. Les progrès de l'éducation ne se ralentissent pas. Toutes les écoles ont reçu une augmentation d'élèves, excepté l'école nationale dernièrement établie à la baie Sainte-Anne; ici les élèves ont diminué, parce qu'un certain nombre d'entre eux ont embrassé des états. H existe plusieurs parcs pour l'élève des animaux. Les plantalions de pimento ne sont pas mieux soignées que par le passé. Signé J.

14.

RAPPORT

de M.

J.

d'autres raisons encore ont ébranlé la confiance des capitalisteanglais. Le retrait des fonds, à moins que l'on n'adopte promptement des mesures mieux raisonnées, aura, je le crains, une sérieuse influence sur les récoltes futures. Les pluies continues ont causé beaucoup de maladies dans toutes les classes; toutefois la mortalité parmi les noirs n'a pas été aussi grande qu'on l'avait rapporté. Je trouve que le nombre des noirs s'accroît dans une rapide proportion. Us ne négligent pas les conseils des médecins, et ne regardent pas à ce qui leur en coûte pour les consulter. La population des villages se multiplie rapidement. Le travail qu'on peut en obtenir devient de plus en plus abondant. Le goût pour l'éducation est toujours le même; les écoles sont généralement bien suivies. Je regrette cependant d'avoir à dire que quelques-unes des écoles nationales ont cessé d'être en activité; j'en ignore la raison. Mon dernier rapport sur la statistique des crimes présente une augmentation sur les chiffres du précédent. Je ne pense pourtant pas que vingt-trois condamnations prononcées aux sessions trimestrielles , pendant un an, et pour toute nature de délits, puissent justifier de sérieuses alarmes. Les dernières exportations de café ont été bien réduites par suite de la sécheresse que nous avons eue à supporter. Les routes sont dans un déplorable état de dégradation. Les sommes affectées à leur entretien pourraient y suffire; mais les lois ne donnent aucun moyen de les faire rentrer, il faudrait que la législature s'occupât de leur réforme. Signé J. W. GRANT.

15.

Manchester, octobre 1841.

Les progrès de l'agriculture ont été plus satisfaisants que je ne l'aurais pensé, à cause de la pénurie d'argent monnayé. Les pluies ont été favorables, elles planteurs comptent sur une assez bonne récolte de café; la cueille a déjà commencé dans plusieurs endroits. Il n'est encore arrivé que peu d'émigrants, mais je crains qu'ils ne soient d'un mauvais exemple pour la population noire. Si l' on continuait à importer ici des travailleurs blancs, je suis sûr que, malgré la douceur de notre climat, les travaux des champs en détruiraient le plus grand nombre. De telles importations, par les frais qu'elles occasionnent, auraient bientôt épuisé les fonds distribués aux propriétaires pour les indemniser de la perte de leurs esclaves. J'avoue que je ne comprends pas comment l'introduction des blancs, avec les besoins et les habitudes qu ils ont, pourrait amener une réduction dans le prix du travail. Je ne veux pas dire cependant qu'une augmentation de population, au moyen d une immigration convenable, ne serait pas avantageuse. Je désire sincèrement que par son gouvernement sage et juste, et parle succès de ses opérations agricoles, le pays offre aux petits capitalistes un double attrait qui les détermine a venir y acheter des terres et nous prêter leur aide. Un surcroît de population, composé de gens semblables, offrirait une tout autre garantie que les individus qu'on nous amène à si grands frais. Les chaleurs inouïes que nous avons éprouvées ont eu les conséquences les plus désastreuses. La faiblesse des récoltes et

de M. Daniel W. Kelly, magistrat salarié. Trelawney, 16 septembre 1841.

WOLFRYS.

W. Grant, magistrat salarié.

RAPPORT

Dans mon rapport d'octobre 1840, j'ai dit que les longues chaleurs faisaient redouter cette année une grande diminution dans les produits de la culture; c'est malheureusement ce qui a eu lieu sur la plupart des plantations à sucre; il n'y a eu d'exception que pourquelques propriétés de l'intérieur, dont la situation était plus favorable. La sécheresse avait détruit les plants . sur quelques points on a dû les remplacer jusqu'à deux ou trois fois. Ainsi la diminution de la récolte ne peut être en rien imputée aux gereurs ou aux cultivateurs. Le taux des salaires reste le même; il varie de 1 fr. 20 cent, à 2 fr. 4o cent, par jour. On préfère le travail à la lâche, comme satisfaisant mieux aux intérêts réciproques des parties. Je n'ai pas su qu on se plaignit du manque de bras. L'économe d'une propriété du voisinage me disait dernièrement que ses champs de cannes étaient en si bon état, qu'il n'avait plus d'occupation à donner à ses travailleurs. La population continue à se conduire avec ordre et tranquillité. Aux dernières sessions trimestrielles, il s'est présenté plus de causes à juger que d'ordinaire, mais la plupart des délinquants n'étaient pas des habitants de la paroisse. D'après la diminution du nombre des individus envoyés à la maison de correction , je dois croire que les crimes ont diminué. Le relevé suivant indique combien d'individus ont été renfermés pendant les quatre dernières années. Du 30 décembre 1837 au 30 décembre 1838 De décembre 1838 à décembre 1839 Total pour deux ans Du 1er septembre 1839 au 1er septembre 1840 Du 1 septembre 1840 au 1er septembre 1841 er

Total pour les deux dernières années

327 109 436 52 60 112


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL, — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841.

Bien que les dates ne correspondent pas exactement, on voit pourtant qu'il y a eu une diminution progressive. Les causes portées devant les magistrats des sessions ordinaires sont le plus souvent des vétilles. Depuis septembre 1840, mes confrères et moi avons eu à examiner plus de 880 cas. Les individus condamnes ont toujours payé l'amende sans la moindre difficulté.

JAMAÏQUE,

833

sions ordinaires ont a s occuper d'un grand nombre de causes pour rixes, injures, etc. Signé

17.

Signé D. W. KELLY.

W. A. BELL.

RAPPORT de M. H. Kent, magistrat salarié. Paroisse de Saint-David, 1er octobre 1841.

16.

RAPPORT

de M. W. A. Bell, magistrat salarié.

Woodhall-Pen (Sainte-Dorothée), 1er octobre 1841. Le taux des salaires est de 1 fr. 85 cent, et descend jusqu'à 90 centimes. Dans celte paroisse, on préfère au travail à la tâche le travail à la journée, qui cependant semble se faire assez mollement. La charrue est généralement en usage; par ce moyen on peut à présent cultiver 60 acres en cannes, dans des conditions où l'on n'en pouvait auparavant cultiver que 20; les terres profitent nécessairement de l'augmentation des bêtes à cornes, et l'on épargne les bras que l'on occupait au creusement des trous. C'est surtout une amélioration pour le pays dont la population est fort limitée. Je n'ai pas appris que l'on se plaignît cette année du manque de travailleurs, mais seulement de la rareté de l'argent nécessaire pour les payer. Si l'émigration ne vient pas bientôt accroître la population, je crains que l'on n'ait à redouter une grande réduction dans les produits du sol. La magnanerie que l'on a établie ici promet de réussir, si l'on y apporte des soins et de la patience. Si cela arrive , les champs de cannes abandonnés pourront servir à planter des mûriers ; les bâtiments serviraient en même temps à élever les vers et à filer la soie. Ce que j'avais prévu dans mon dernier rapport est malheureusement arrivé : les récoltes ont été d'une médiocrité ruineuse. Je ne crois pas qu'elles se soient élevées au-dessus du tiers de l'année dernière; elles n'ont donné que 200 tonneaux de sucre, 100 poinçoins de rhum et A0 tierçons de café. Pour la récolte prochaine, la beauté du temps et la grande quantité de terres préparées font espérer des résultats prodigieux. On prédit qu'il n'y aura pas assez de travailleurs pour rentrer tous les produits; quant à moi, je n ai pas cette crainte. Les noirs continuent, quoique avec moins d empressement qu a l' epoque de l' affranchissement, à acheter de petits lots de terrains; ces acquisitions, faites parles cultivateurs qu on croirait les plus pauvres, sont encore assez nombreuses pour surprendre un habitant de l'Angleterre, où les paysans savent rarement faire des économies. La plupart des noirs de bonne conduite possèdent des terres qu'ils cultivent les samedis, lorsqu'ils ne sont pas occupés sur les plantations. Il est a présumer que, a mesure que leurs familles s'accroîtront, les petites fermes, en se multipliant, augmenteront le nombre des cultivateurs recommandables, surtout si elles sont situées sur les limites, ou tout près des grandes plantations. Les villages prennent de l'accroissement, elle commerce intérieur serait florissant, si l'on s'occupait davantage des routes et des moyens de transport. La cherté des prix fait que les montagnards préfèrent descendre dans la plaine pour s'approvisionner. Nous avons dans cette paroisse (l'une des plus petites de l' île) deux ecoles nationales , où l'on instruit chaque jour 120 enfants, outre celles des missionnaires de l'Eglise anglaise, des baptistes et autres dissidents, qui en reçoivent peut-être autant. On donne à tous les élèves les éléments d'une éducation ordinaire. On a encore beaucoup de peine à se rendre maître des gens qui commettent des crimes, parce que la population manque de courage moral; cependant, dans chacune des deux dernières années, il n y a pas eu plus de cinq ou six crimes sérieux ; les sesIl

On s occupe principalement dans cette paroisse de la culture du café, bien qu il y ait de très-vastes plantations de cannes dans les parties basses. Les récoltes se sont faites sans troubles. Le café rendra plus qu à l'ordinaire, et le sucre, sans produire autant que pendant l' apprentissage , donnera pourtant une augmentation. Je ne vois aucune raison de désespérer de l'avenir des planteurs; qu ils adoptent seulement un système de conciliation, et tout ira bien. Les nègres ont les meilleures dispositions pour le travail si on les traite bien; mais l'habitude de confondre le salaire et le loyer est funeste à la culture. Les salaires varient de 1 sch. à 1 sch. et demi par jour; mais on travaille de préférence à l'entreprise ou à la lâche. Il s'élève souvent des querelles provenant de ce que la contenance des champs n'est pas clairement établie, et de ce que les nègres ne comprennent pas bien la valeur d'une acre. On paye les charpentiers et les maçons 2 sch. et 2 sch. et demi par jour, les scieurs au taux de 9 liv. 12 sch. par 1,000 pieds de bois dur et de 7 liv. A sch. pour le cèdre. Le loyer continue à être imposé par tête. Si quelque membre d une famille s'éloigne pour aller travailler sur une propriété voisine, on lui envoie, par un employé de la police, une assignation à comparaître devant le tribunal, où il est accablé de frais. Aussi, dès qu'un noir acquiert In conscience de sa véritable position, il émigré. Il se fait de petits établissements sur plusieurs points; mais ce ne sera qu'après un certain temps que l'on pourra juger s'ils produiront une diminution ou une augmentation de travail sur les propriétés. Les paysans commencent à apprécier la valeur du café : ils en plantent sur les terres qu'ils achètent. La société des missionnaires baptistes s'occupe de former un établissement à Jallah's-Bay On a construit une église et une maison d'école, et tracé le plan d'un village. Cette école est la seule que je connaisse. Les crimes graves ne sont pas fréquents. Il se commet de petits vols et des délits de peu d'importance, dont le nombre diminuera à mesure que l'éducation se répandra. Signé H. KENT.

18.

LETTRE

de

M. J. M.

Higginson à

M. H.

Kent.

King's-House, 18 octobre 1841.

Le paragraphe de votre rapport du 1er courant, commençant par ces mots ; « Le loyer continue , » et finissant par ceux-ci : « il émigré, » a paru à M. le gouverneur être susceptible d'une double interprétation. Il désire que vous expliquiez le sens que vous avez entendu lui donner. On peut l'interpréter d'une manière très-désavantageuse aux planteurs, qui sembleraient employer des moyens violents pour contraindre les cultivateurs à travailler, ou bien encore on peut croire qu'ils ne font qu'user d'un droit légal pour rentrer dans un loyer qui leur est dû par un locataire récalcitrant. Signé J. M. HIGGINSON.

53


834

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIE

19.

LETTRE

de M. Kent à M.

J.

M. Higginson.

Robertsfield, paroisse de Port-Royal, 25 octobre 1841.

Je réponds à votre lettre du 18 courant, par laquelle vous me demandez une explication sur un passage de mon dernier rapport. D après mes observations, un très-petit nombre de nègres travaillent pour les propriétés sur lesquelles ils résident : cela lient à deux causes. Sur quelques propriétés, les géreurs refusent le salaire que leur demandent leurs gens, quoique, en définitive, ils soient obligés d'en payer un semblable à des étrangers; sur d'autres propriétés, les noirs aiment mieux travailler au dehors, à la tâche, que de se voir exposés aux contestations qui s'élèvent souvent sur le règlement de leurs comptes, et qui naissent de la confusion que l'on fait du loyer et du salaire. Cette coutume mal entendue produit, en grande partie, le manque de travail continu dont on se plaint. L'agriculture peut-elle prospérer quand, dans un pays où la population est à peine suffisante, on voit les cultivateurs se croiser sur les routes , en quête de travail ? Lorsqu'un cultivateur, après une discussion avec l'économe, s'est engagé sur une plantation voisine, il arrive souvent qu'on le somme de comparaître devant un tribunal pour un misérable arriéré de loyer. De cette manière, on lui cause un triple dommage : d'abord en lui faisant perdre son temps pour se rendre au tribunal, puis en lui occasionnant des frais inutiles , et enfin en donnant occasion à son nouveau maître de prétendre qu'il a violé son engagement. Je dois dire cependant que, surquelques plantations, les nègres, d'après leur propre témoignage, sont bien traités ; mais, sur beaucoup d'autres, il en est autrement, et ceci ne peut manquer d'avoir des suites funestes : d'une part par l'émigration des cultivateurs, de l'autre parla dépopulation de la paroisse. Signé

20.

RAPPORT

H. KENT.

de M. Bernard Mahon, magistrat salarié. Alley-Vere, 7 octobre 1841.

Les plus anciens planteurs pensent, d'après l'apparence des cannes, et en supposant favorable la température de ce mois, qu'on fera une récolte de 3 à 4,000 boucauts de sucre, tandis que, l'année dernière, par suite de la trop longue durée de la chaleur, on n'en a pas obtenu 4oo. Quelques propriétés, qui n'ont pas rapporté un boucaut, en feront, cette année, de 100 à 120. Les noirs continuent à faire des achats de terres, quand il y en a à vendre. Je n'ai pas entendu dire que cette disposition de leur part ait retardé la culture des cannes, la seule dont on s'occupe dans cette paroisse. Je croirais plutôt le contraire, parce que les nouveaux propriétaires s'établissent généralement dans le voisinage des plantations, et se montrent toujours contents d'y trouver de l'occupation. Les villages augmentent en étendue et en population. Le commerce intérieur est a peu près dons le même état qu'à l'époque de mon dernier rapport. L'éducation des enfants est toujours l'objet de la sollicitude des cultivateurs. Il se commet à peine quelques délits, et je puis dire que la conduite des noirs, leurs habitudes d'ordre et leurs manières, sont aussi bonnes qu'on peut le désirer. La question des loyers, qui a causé tant de troubles, est à présent oubliée; la meilleure intelligence règne entre les maîtres et les travailleurs. Signé

B. MAHON.

21.

RAPPORT

PARTIE.

de M. T. W. Jackson, magistrat salarié.

Heatfield (Saint-Thomas-dans-la-Vallée), 12 octobre 1841

J ai dit, dans mon dernier rapport, que les récolles de cette paroisse avaient manqué par des causes que je prévoyais devoir influer également sur celles de celte année. C'est ce qui est arrivé. Cependant elles égaleront encore, en sucre et en rhum, la moyenne des produits du temps de l'apprentissage. Si le temps se montre aussi favorable qu'à l'ordinaire, et sauf tout événement imprévu qui viendrait détruire nos espérances, on peut prévoir qu'en 1842 ou en 1843, au plus lard, on arrivera à obtenir des récoltes égales aux meilleures qu'on ait recueillies sous le régime de l'esclavage. On a disposé celte année beaucoup plus de plants qu'on ne l'avait fait depuis cinq à six ans. On espère que la cueillette du café, qui vient de commencer, sera abondante. Dans mon opinion, s'il y avait un assez grand nombre de personnes disposées à entreprendre et des capitaux suffisants, la culture des produits d'exportation se développerait ici à un degré qu'elle n'a jamais atteint. On pourrait alors avoir besoin de plus de bras; mais, dans l'état actuel des choses, il y en a bien assez. Le taux des salaires a été fixé, comme d'un commun accord, a 1 fr. 85 cent, pour les meilleurs travailleurs; les autres reçoivent en proportion de ce qu'ils peuvent faire. On se plaint quelquefois que le travail est insuffisant et négligemment fait; mais la tâche est un moyen de remédier à cet inconvénient, et déjà on la préfère généralement. Le loyer, sur les plantations où on le fait payer, est de 1 fr. 2 5 cent, par semaine pour une case, et de même somme pour les terres à provisions. On reconnaît aujourd'hui qu'une plantation à sucre peut être cultivée, au moyen du travail libre, aussi avantageusement et sans plus dépenses que du temps de l'esclavage. En faisant ce calcul, on lient rarement compte des intérêts du capital d'indemnité, qui peuvent cependant, dans beaucoup de cas, faire pencher la balance; on n'y fait pas toujours entrer non plus les loyers payés par les noirs. Ce résultat obtenu en si peu de temps ne peut que devenir toujours meilleur. Suivant les rôles delà paroisse, le nombre des petits établissements au-dessous de 10 acres, formés jusqu'au 28 mars 1840, s élevait à 4o5; dans les douze mois suivants, il a été porté à 887; a ce nombre on peut en ajouter 200 qui n'ont pas été relevés séparément, et que Ion a compris dans les propriétés dont ils dépendaient ordinairement. En supposant qu'il y en eût 800 au 28 mars dernier, et que, depuis lors, on en ait fondé 200 autres, j estime que les nouveaux affranchis qui les occupent sont au moins au nombre de 7,000. Un rapport présenté à l' assemblée, le 19 décembre 1834, calculait le nombre des apprentis à 10,352; en ajoutant 3,648 pour augmentation réelle, on obtient le chiffre de 14,000, dont la moitié, si mes calculs sont justes, réside aujourd'hui sur ses propres terres ou sur celles de ses parents. 11 serait possible que je me fusse trompé en plus; cependant je ferai observer que, sur chaque petite fraction de terrain, on voit ordinairement trois ou quatre cases bien suffisantes pour loger une famille de noirs, qui ne se borne pas à la femme et aux enfants, mais qui comprend les père et mère des époux, les sœurs, frères, neveux, nièces, et quelquefois même des parents plus éloignés encore. On n'est pas d'accord sur l'influence que ces établissements, créés le plus souvent par les meilleurs travailleurs, ont pu avoir sur le travail régulier des plantations. Il arrive que le temps consacré par les noirs à leurs propres travaux porte préjudice aux propriétés auxquelles ils appartenaient, moins parce que ces propriétés sont privées de leurs bras, que parce qu'elles sont privées de leur expérience et de leur influence sur les autres Mais, en somme, je crois encore, ainsi que je l'ai exprimé précédemment, que les nouveaux établissements des noirs ne leur


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.—- 1841. - JAMAÏQUE.

prennent pas plus de temps qu'ils n'en consacraient autrefois à

leurs champs à provisions. Un propriétaire me disait dernièrement que presque tous les apprentis qu'il avait eus avant l'émancipation s'étaient logés'sur des terres qu'il leur avait lui-même vendues, et que, lorsqu'il avait besoin de travailleurs, il en avait toujours à sa disposition un nombre suffisant. Sur une autre propriété, dont 60 acres ont été divisées et vendues par petits lots, il se présente plus de monde qu'il n'en faut pour les travaux des champs. Signé T. W. JACKSON.

22.

RAPPORT

de M. P. Brown, magistrat salarié. Paroisse de Portland, 14 octobre 1841.

Les progrès de l'agriculture sont tout à fait satisfaisants, tant pour ce qui concerne la récolte en sucre de cette année, que pour les préparatifs de la récolte prochaine. Il y a eu augmentation sur l'année dernière, et on s'attend à une augmentation plus forte encore pour l'année qui vient. Les exportations ont été doubles des précédentes. Je dois faire observer ici que les relevés de la douane de Kingston établissent bien le fait de l'accroissement des produits, mais que les produits de cette paroisse, y étant envoyés directement, sont confondus avec les autres dans ces relevés, qui ne peuvent, dès lors, servir à établir le chiffre de notre production particulière. Le travail des champs se paye, à un bon ouvrier, de 1 fr. 2 5 c. à 1 fr. 55 cent, par jour. Les enfants, les vieillards et les gens faibles gagnent proportionnellement; mais presque tout le travail se fait à la lâche, à peu près aux prix suivants : Nettoyage des champs à cannes et alignement Par acre. Creusement des trous :... .idem. Dispersion du fumier idem. Pose des plants idem. ; Sarclage et disposition de terreau sur les plants, opé' ration qui se renouvelle trois fois idem. Arrachage des feuilles mortes en trois fois idem. Abatage et transport de combustible à la sucrerie.. . .idem. Coupage, transport et fabrication des cannes par boucaut de 20 quintaux de 112 livres idem.

10f 00° 85 00 15 00 15 00 45 00 37 50 12 50 80 00

Prix de revient pour planter, cultiver et convertir en sucre une acre de cannes supposée devoir rendre un boucaut. 300 00

Une acre de terre ordinaire rapporte, ternie moyeu, 1 boucault 1/4 ou 25 quintaux de sucre provenant de plants ou de première récolle ; mais les deux tiers au moins des champs de cannes sont en rejetons, ou de seconde pousse ; on cultive ceux-ci aux prix suivants : Pour enfouir les feuilles mortes Pour sarcler et étendre le terreau Pour nettoyer le champ.

Par acre. idem. idem.

idem. Pour enlever deux fois les feuilles Combustible suffisant pour un boucaut de sucre idem. Pour couper, transporter les cannes et les convertir en sucre, par boucaut idem.

c

0' 25 17 50 11 25 22 50 12 50 80 00

Dépense de culture et de fabrication d'une acre de cannes en rejetons, supposée devoir produire un boucaut de sucre de 20 quintaux de 112 livres 150 00

Les frais d'une acre de plants équivalent donc à ceux de deux acres de rejelons ; ainsi, terme moyen, le prix de revient de 20 quintaux de 11 2 livres de sucre, pour le planteur, est de 200 francs. Outre ce produit par acre, le planteur réalise ordinairement II.

835

un poinçon de rhum par deux boucauls de sucre. Le travail de distillation est payé a la journée; on y emploie deux hommes pendant la récolte. J ai calculé cette dépense sur plusieurs plantalions , et j ai trouvé qu elle n'excédait pas 25 francs par poinçon de 90 à 120 gallons. On se procure facilement des travailleurs aux prix ci-dessus, excepté clans certaines saisons, parce qu'alors ils soignent la culture des provisions, dont on s'occupe beaucoup ici, et dont de grandes quantités sont embarquées à Falmouth et ailleurs; excepté encore les jours de fêtes, qui se prolongent souvent fort longtemps , malgré le tort qui en résulte. Quelques géreurs, il est vrai, se plaignent de la difficulté d'avoir du monde, et prétendent que la cause en est dans l'indolence et dans l'indépendance actuelle des cultivateurs. Cependant, sur d'autres propriétés voisines, où la même indépendance existe, on ne fait pas de semblables plaintes. Les noirs qui y donnent sujet sont presque toujours allés exercer leur industrie ailleurs, sous le prétexte de torts réels ou supposés dont ils ont été victimes. Selon moi, tout ceci dépend beaucoup des géreurs. Un homme remplissant cet emploi, s'il est actif, s'il surveille en personne la plantation confiée à ses soins (ce qui n'a pas toujours lieu), si on lui fournil les moyens de payer exactement ses travailleurs, n'éprouve aucune difficulté à les conserver. Les salaires que j'ai indiqués s'appliquent au mode de culture suivi sur la plupart des plantations. Sur les propriétés où l'on emploie la charrue pour disposer la terre et planter les cannes, les dépenses ne sont que de 2 5 francs par acre au lieu de 80 fr. Quand on se sert, en outre, de la charrue pour nettoyer les champs de cannes et étendre le terreau, les dépenses de cette opération se réduisent à 5 fr. 60 cent, par acre au lieu de 12 fr. 5o cent, à 15 francs. Ce dernier mode de culture a encore l'avantage d'arracher parfaitement les racines; le sol en devient plus meuble, et les cannes y croissent avec plus de vigueur. Malgré tous ces bénéfices, on ne fait cependant encore que peu d'usage de la charrue. Sur une plantation ainsi exploitée, la récolte de celte année a dépassé la moyenne des quatorze dernières. Le géreur est assuré de donner par ce moyen une grande extension à sa culture, chose que l'ancienne coulume ne lui aurait jamais permis d'effectuer. La population rurale se montre de plus en plus empressée à creer de petits établissements , ce qui, au reste, ne paraît pas nuire au travail assidu; il en résulte au contraire un grand bien, en ce qu'il ne peut plus y avoir lieu à des contestations pour les loyers. J'en ai une preuve par la propriété où je réside, et dont les cultivateurs travaillaient à la tâch e avant l'affranchissement définitif. Quelques-uns ont acheté les terrains sur lesquels ils demeurent, d'autres les ont pris en fermage; lorsque la plantation n'a pas de travail à leur donner, ils quittent leurs maisons le lundi matin, et s'occupent sur des propriétés voisines jusqu'au vendredi soir, puis reviennent chez eux. Plusieurs planteurs, bien convaincus qu'ils n'auront pas à en souffrir, ont offert à leurs gens de leur céder des maisons et des terrains. On doit regretter que tous n'agissent pas de même, ce qui oblige parfois les cultivateurs à s établir sur des points trop éloignés des plantations, pour qu'ils puissent ensuite leur être d'aucune utilité. Ces petits établissements sont répandus très-irrégulièrement dans l' intérieur. Ceux qui les ont fondés semblent avoir été guidés, dans le choix des localités, par le désir de se tenir rapprochés le plus possible des plantations sur lesquelles ils ont été esclaves , et pour lesquelles ils conservent un grand attachement. On ne voit aucun village régulier dans l'intérieur, à l'exception de Moortown, habité par des nègres marrons, et Allamount, ou on a essayé, sans succès, de fixer des émigrants écossais ; sauf deux hommes, tous ces émigrants sont morts , laissant un grand nombre de veuves et d'enfants dans un tel état de misère que plusieurs v ont succombé. 53.


836 RAPPORT SUR LES QUESTIONS

COLONIALES. - PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIE PARTIE.

Les mœurs et la condition des marrons en général, bien qu'ils se soient établis depuis fort longtems, n'indiquent chez eux que très-peu de progrès. Us se bornent à cultiver l'arrow-root, le tabac et les provisions. Ils entreprennent quelquefois le nettoyage des champs de pâture ; mais leur aversion pour travailler aux propriétés, ou pour se mêler à la population rurale, semble invincible. Il serait digne de l'attention de la législature d'aviser à un moyen de dissoudre leurs établissements. Quant à l'éducation , le nombre des instituteurs et les résultats de l'instruction, jusqu'ici, sont également faibles. Grâce à l'arrivée récente de M. Ward, ministre baptiste, qui a ouvert quatre écoles clans celte paroisse, déjà l'instruction commence à se répandre davantage. Les écoles du dimanche sont sous la direction des ministres des divers cultes, et situées près de leurs temples. Elles sont fréquentées par un grand nombre d'adultes; on les y instruit de leurs devoirs civils et de leurs obligations morales, en même temps qu'on leur apprend à lire. Il serait bien à désirer que l'on affectât une portion des revenus publics à des établissements où l'éducation fût basée sur les principes d'une morale éclairée. Mon rapport du mois dernier, sur la statistique des crimes ou délits, démontre la diminution suivante, depuis la fin de l'apprentissage : Année au 31 août 1839, 17 condamnations. 1840, 2 1 1841, 15 Tous les samedis, et quelquefois aussi le vendredi, il se tient ici une cour de petite session ; les affaires qui y sont portées sont, en général, des rixes, des violations de propriétés, des ruptures de contrats, et autres délits de peu d'importance. La plupart du temps, les délinquants sont punis d'une amende qui n'excède pas 125 fr. Ces cours connaissent aussi cles dettes , attendu que la juridiction cles juges de paix ne s'étend pas aux dettes qui dépassent 200 fr. La négligence de plusieurs des juges de la localité a souvent de grands inconvénients. Quelques-uns répugnent à consacrer leur temps au service public sans recevoir d'émoluments. Je terminerai par un mot sur la société fondée , dans cette paroisse, pour l'encouragement de l'agriculture, et présidée par le custos (maire). Il y a eu dernièrement un concours de charrues et une exposition publique d'animaux. Des perfectionnements dans l'agriculture et dans l'industrie naîtront nécessairement de l'émulation que la société a excitée. Ce sont de tels moyens qui mettront les producteurs de sucre de la Jamaïque à même de lutter avec ceux des autres pays. Signé P. BROWN.

23. RAPPORT

de

M. J. R.

Grosett, custos.

Saint-George, 19 octobre 1841.

1. Le taux des salaires a augmenté. Dans mon rapport d'octobre dernier, je disais que, depuis quelques mois, les cultivateurs manifestaient de meilleures dispositions pour le travail. J'en attribuais la cause a ce qu on avait besoin de moins de monde depuis l' abandon de beaucoup de champs de cannes, et au peu d'extension donnée à la culture des provisions, plutôt qu'à un développement d'activité de la part des noirs. Je vois aujourd'hui que je ne m'étais pas trompé; car, depuis que la culture du café et des cannes a repris sur les propriétés où elle avait cessé, on a senti de nouveau la difficulté de se procurer des bras. Pour engager les travailleurs, quelques géreurs ont augmenté le salaire en y joignant du rhum ou du sucre , et leur ont fait faire des offres directes sur les propriétés où ils travaillaient. Il en est résulté que partout on a dû augmenter les salaires.

2. On avait calculé que la récolte de sucre de cette année serait double de celle de l' année dernière , mais il n' en sera pas ainsi; et, lors même que cela arriverait, il y aurait encore un déficit de près de moitié sur la récolte moyenne des années antérieures. 3. Je crois que les cultivateurs de cette paroisse se sont entendus cette annee pour ne pas faire plus de cinq ou six boucauts de sucre par semaine, même sur les plantations où les cannes étaient assez mûres pour doubler celle quantité, ainsi que cela se serait fait du temps de l'apprentissage. Sur certaines propriétés, il y a maintenant des cannes qui souffrent de trop de maturité, parce que, malgré tout ce qu'ont pu faire les géreurs. il n'ont pas réussi à obtenir une fabrication plus rapide. 4. Les plantations à café n'ont pas autant souffert. 5. Les noirs continuent à acheter de petits lots de terrains; quoique le nombre n'en soit pas encore grand, quelques propriétés commencent à souffrir, et, si cela continue, toutes s'en ressentiront. 6. Les parents persistent dans leur désir de procurer de l'éducation à leurs enfants; ils ne s'occupent nullement, au reste, d'inspirer aux plus grands le goût du travail. Il est rare de voir une bande d'enfants employée à sarcler, occupation qui pourtant leur est particulièrement convenable. 7 II n a pas été commis de grands crimes. 8. Le luxe a pris de l'extension parmi les travailleurs noirs ; ils aiment surtout à avoir des chevaux de main. Us ne se refusent pas à payer les taxes, qu'ils considèrent même comme une preuve de leur indépendance. Je crois impossible de rendre à la paroisse son ancien état de culture, et je ne pense pas que les planteurs puissent réaliser des bénéfices, à moins d'une grande augmentation de travailleurs. Il faut espérer que le Gouvernement de Sa Majesté aidera la législature, dans ses mesures pour favoriser l'immigration de travailleurs de toutes les parties du monde. Les Africains me semblent plus que jamais les hommes à préférer. Les esclaves que l'on a capturés il y a deux ou trois ans, et qui ont été amenés à Port-Antonio, où on les a affranchis, sont à présent aussi intelligents et aussi civilisés que les nègres créoles. Signé J.

24,

RAPPORT

de M.

R.

R. GROSETT.

Daly, magistrat salarié. Saint-André, 22 octobre 1841.

Le prix du travail est généralement de 1 fr. 2 5 cent, à 1 fr. 85 cent, par jour; si le cultivateur n'est pas habile, il ne reçoit pas plus de 1 fr. 2 5 cent. Toutefois, la plus grande partie des travaux se font à la tâche, et pour ceux-ci les conditions varient suivant les localités. On prétend qu'en travaillant à la tâche un cultivateur peut gagner de 3 fr. 75 cent, à 5 fr. par jour ; il est vrai que, pour cela, il faut qu'il déploie une activité qu'il ne pourrait pas soutenir constamment. Je n'ai pas appris qu'on ait manqué de bras dans le courant de l'année. Jusqu'à ces derniers temps, l'extrême sécheresse a presque arrêté la culture des champs de cannes ; on n'avait alors besoin que de peu de monde; mais j'ai lieu de croire qu'en ce moment la charrue et le travail manuel sont en grande activité, pour préparer la récolte prochaine. Le moment est des plus favorables, par suite des pluies rafraîchissantes qui sont venues ranimer la végétation. La production en sucre est peu considérable cette année. La sécheresse extraordinaire qui a régné, et qui a fait périr les cannes sur pied, a causé de grandes pertes à beaucoup de propriétaires. Les plantations à café ont heureusement échappé à ce désastre. et ont donné une récolle ordinaire. Les montagnes où elles sont


ÉTUDE DE L'EXPER. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1841 —JAMAÏQUE.

situées sont plus favorisées que les plaines sous le rapport de la pluie. Il y a une grande augmentation dans le nombre des établissements particuliers. Cette, circonstance diminuera nécessairement le travail régulier sur les plus grandes propriétés ; je n'ai cependant entendu aucune plainte à ce sujet, ce qui me fait croire que le plus grand obstacle provient du manque de capitaux. Les nouveaux villages, formés depuis l'abolition de l'esclavage, n'ont aucune disposition régulière : on doit plutôt les considérer comme une agglomération de fermes que chaque individu établit à sa convenance, là où il lui est le plus facile de se procurer du terrain. Les terres ainsi occupées sont souvent d'une qualité inférieure, mais les noirs n'en sont pas moins empressés de les acheter ou de les affermer. Dans le premier cas, ils les payent environ 125 francs l'acre; quand ils ne font que les louer, c'est à raison de 25 francs par an et par acre. La culiure y est entretenue avec soin, et avec un degré d'intelligence plus qu'ordinaire. On y voit souvent des cannes à sucre et des arbres à café dans un état prospère, ainsi que des légumes de toutes sortes, de l'arrow-root et une grande abondance de fruits. Terme moyen, ces nouveaux colons n'occupent pas chacun plus de 2 à 3 acres de terres, dont la culture, en raison de leur mauvaise qualité, ne peut pas recevoir une grande extension. Ils font du sucre pour l'usage de leurs familles; ils expriment le jus des cannes au moyen d'une simple presse en bois, et se servent pour le faire bouillir de leurs ustensiles de cuisine. Le commerce en détail des objets que la population consomme se fait tout entier à Kiogsion, comme par le passé; c'est pourquoi je né pense pas que le changement de condition des noirs, ouïes établissements particuliers qu'ils ont formés, aient produit quelque augmentation de ce côté. Il serait difficile de se procurer des renseignements positifs à cet égard, dans une ville aussi marchande que Kingston. L éducation des enfants, dans les districts ruraux, semble avoir pris du développement, depuis la création de treize écoles placées sur les points où il leur est le plus facile de les suivre. Six de ces écoles sont, je crois, sous la direction de l'évêque et des autorités de la paroisse; les autres sont dirigées par les différents ministres dissidents, et par la société des missionnaires do Londres. Toutes sont bien fréquentées. Les délits vont en diminuant et ont fort peu de gravité. Comme nous sommes dans le voisinage de Kingston, il arrive que, pendant la nuit, des maraudeurs essaient d'enlever de la volaille ou de commettre d'autres petits vols. Ce sont les délits qui se présentent le plus souvent aux sessions ordinaires; les autres consistent principalement en rixes entre les nègres, et en violalion de propriétés. On a aussi, quoique rarement, à s'y occuper de dettes réclamées par les maîtres à des noirs nouvellement émancipés. La conduite de la population est aussi régulière que possible. Signé

25.

RAPPORT

R. DALY.

de M. A. G. Fyfe, magistrat salarié.

Sainte-Marie, district de Highgate, 25 octobre 1841.

Les chaleurs du printemps et de l'été de l'année dernière ont causé un grand retard dans les travaux des plants de cannes. Il en résultera que la récolte de celte année, supérieure toutefois à la précédente, ne sera rentrée que fort tard. La même cause aura un semblable effet sur la récolte prochaine; mais l'extension donnée à la culture fait espérer une augmentation relative en sucre. Les terres à provisions des cultivateurs ayant également souffert, les travailleurs n' ont pas été aussi rares qu'à l'ordinaire. Le prix des salaires a varié de 1 fr. 85 cent, à 3 fr. 10 cent, pour une tâche, qui peut souvent être terminée à 11 heures ou midi. II.

837

Ce prix est indépendant des rations de rhum et de sucre que l'on distribue sur presque toutes les plantations. Il existe, parmi les cultivateurs, un désir manifeste d'acheter des terres , surtout dans les parties basses du district, quand le sol y est bon. Lorsque ces acquisitions ont lieu dans le voisinage des plantations, elles ne leur enlèvent pas tout à coup le travail des nouveaux colons; on pourrait même se l'assurer en fournissant aux noirs les moyens de remplir les conditions de leurs marchés, et de s'établir dans leurs nouvelles maisons. Mais je crois que, dès que tous leurs arrangements seront faits et que la récolle sera mûre, ils se borneront à cultiver leurs propres champs, qui leur rendront suffisamment pour se soutenir, tout en leur procurant plus d'indépendance. Il ne s'est pas établi de villages depuis l'abolition de l'esclavage ; cependant le commerce de détail s'est considérablement accru, parce que l'argent est maintenant employé à se procurer des objets de luxe, cl à acheter sur place les vivres que les planteurs faisaient autrefois venir d'Angleterre, et que la loi les forçait à fournir à leurs noirs. Les travailleurs ayant reconnu la nécessité de payer un loyer, et la loi s'exécutant d'autant mieux qu'elle est mieux comprise, toutes les discussions ont cessé; le travail, lorsque les salaires sont payés régulièrement, est plus réglé, quoique encore insuffisant. Deux causes ont empêché plusieurs planteurs bien disposés de profiter de cet heureux changement : la nécessité dans laquelle se sont trouvés les propriétaires de verser entre les mains des marchands, à la fin de l'apprentissage, le montant de l'indemnité qu'ils avaient reçue, et l'incertitude où l'on était sur la durée des droits protecteurs. La première a pu être la conséquence de la seconde; car, comme 99 plantations sur 100 étaient hypothéquées à celle époque, le créancier ou le marchand, incertain du résultat du régime de liberté et de la durée des droits prolecteurs, réclama ses fonds, bien que la moindre réflexion eût dû lui faire comprendre qu'en agissant ainsi il annulait le moyen qu'avait fourni le Gouvernement pour remplacer le travail forcé par le travail volontaire. Les récoltes ont donc diminué sur les plantations dont les propriétaires ne pouvaient pas payer le travail, tandis que sur les autres elles ont augmenté. Les dépenses que nécessite la fabrication du sucre ne sont certainement pas moindres qu'autrefois; mais je ne crois pas que, lorsque le sol est bon et que les saisons no sont pas contraires, elles ne laissent aucun bénéfice. La réussite du planteur dépend donc en partie de la confiance du marchand, car il faut au moins 15 mois avant qu'on puisse rentrer dans les frais de culture, et, si l'on n'a pas le moyen de faire ces avances, il est impossible que l'on récolte. Le planteur, j'entends celui qui n'a que sa propriété el point de capitaux, n'a retiré que peu de bénéfice de l'institution des banques. Elles ont commencé par émettre un papier, non rachetable en espèces, sur lequel elles ont accordé un crédit illimité à des spéculateurs étrangers au pays. Elles ont préféré des gens ayant un crédit flottant en argent et faisant d énormes affaires en papier, à ceux dont les transactions sûres se bornaient à leurs dépenses de culture. Une de ces banques, comptant sur des ressources supérieures, émit plus tard des bons rachetables. Celle mesure amena la réalisation des crédits; chacun s empressa pour participer aux premiers payements; on fit des dispositions sommaires contre le plus petit retard apporté dans les transactions, ce qui est la conséquence inévitable du papier de crédit. Ces dispositions exposèrent les biens des débiteurs à des poursuites; la panique générale porta tout le monde à clore les comptes; chaque retard augmenta la défiance, l' argent devint rare, les gages furent vendus, et la ruine de plusieurs centaines d individus s'ensuivit. J'ai dit qu'un bon terrain était indispensable pour tirer parti de la culture ; j ajouterai qu' au prix ou il faut livrer le sucre sur le marche pour maintenir les droits prolecteurs, et au taux 53..


838

E

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

PARTIE.

ou sont actuellement les salaires , je ne crois pas qu'il soit possible double au moins la valeur des terres de l'intérieur, et qu'il faudra de continuer avec bénéfice la culture du sucre sur les plus continuer à prélever la somme actuelle, sinon une plus forte, pauvres plantations. pour subvenir aux frais du mauvais système suivi jusqu'ici, on Dans beaucoup de paroisses, où le salaire n'est pas au-dessus s'étonnera qu'un projet aussi avantageux n'ait pas encore de de la moitié de ce que l' on paye ici, on peut cultiver avec avanexécuté. tage des plantations qui ne sont en rien supérieures à celles qu'il On objectera sans doute que, si les planteurs se ressentaient faudra abandonner ici. de l'absence de leurs travailleurs alors qu'ils les envoyaient aux Lors de la proclamation de la liberté, ces paroisses étaient roules, une entreprise aussi vaste entravera tout à fait l'agriculdans une situation différente de celle de Sainte-Marie, en ce que ture. Je ne le crois pas , car le Gouvernement ou une compagnie plusieurs propriétaires y étaient résidants, et qu'ils aimèrent mieux se chargerait de l'exécution, et il ne serait pas difficile d'amener s'assurer un avantage durable au moyen d'un sacrifice immédiat pour un temps les ouvriers nécessaires. que de jouir d'un avantage passager au prix d'un mal permanent. Les navires qui viennent ordinairement ici sur lest pourraient Ils payèrent donc les salaires aussi cher qu'ils pouvaient conse charger de cailloux brisés propres à macadamiser; les ouvriers tinuer à le faire ; et, bien que ce fût alors un grand sacrifice, ils les répandraient le matin et le soir, et, pendant la chaleur en recueillent aujourd'hui le fruit. du jour, ils en concasseraient sous l'abri des auvents. A la fin Indépendamment des obstacles que l'on aurait pu éviter, et des travaux, il ne serait pas impossible que ces ouvriers n'emdes améliorations qu'on peut encore introduire, je ferai remarployassent leurs économies à s'établir dans la colonie. quer que le système de liberté n'a pas encore subi une épreuve Le climat, ou l'impossibilité de travailler dans de certaines complète. localités et à de certains ouvrages, n'ont pas été les principales Sans parler du temps qu'il a fallu pour calmer la fermentacauses de la non-réussite de l'émigration des Européens ; le tion produite par une semblable révolution , pour laisser se formanque des choses nécessaires à leur réception et à leur étamer les liens naturels de la société après la rupture des liens blissement lorsqu'ils arrivent, le temps qui s'écoule avant qu'on artificiels qui existaient, et pour l'enserrer dans la chaîne d'une les tire du dépôt où ils sont entassés, les besoins et les mécomptes dépendance mutuelle, l'essai du travail libre a eu contre lui le auxquels ils sont dès l'abord exposés sous un climat où l'esprit temps le plus défavorable. Ajoutez encore à cela que la destruca tant d'influence sur le corps, enfin l'opposition que la métrotion des cannes, qui ne furent plus gardées après la cessation pole a longtemps manifestée, tout cela a bien plus contribué à du travail, força plusieurs planteurs à les faire couper tous les en empêcher le succès. quatre ou cinq mois, non pour en fabriquer du sucre , mais afin Cette opposition de la métropole produit un déplorable effet, de se réserver des plants pour recommencer la culture. non-seulement en ce qu'elle empêche l'émigration, mais parce L'état des routes a eu une grande influence sur les profits de qu'elle fait naître des préventions défavorables aux individus qui la culture des cannes. Durant l'esclavage chaque propriété était quitteraient l'Angleterre. Après tous les anathèmes lancés contre soumise à une taxe de route, qu'elle acquittait ordinairement l'émigration, on supposera naturellement que celui qui s'y décide en travaux exécutés par les esclaves. Depuis la fin de l'apprendoit y être poussé par une impérieuse nécessité. tissage et la diminution des travailleurs, les géreurs, qui sont D'un autre côté, dans neuf cas sur dix, ces émigrants ne ordinairement les inspecteurs des roules , ont mieux aimé payer réussiront point; car, excités ici par toutes les tentations qui la taxe en argent que d'ôter des nègres à leurs travaux. Cette poussent aux excès, il faudrait qu'ils y résistassent avec une méthode a conduit à l'entier abandon des chemins de cette pagrande fermeté de caractère pour prospérer ou seulement pour roisse, et probablement de beaucoup d'autres. Et ce mal encore vivre. La mesure, selon moi, ne réussira pas non plus tant que n'est guère pire que l'entière ignorance des premiers principes le travail des Européens ne présentera pas les mêmes avantages dont on fait preuve, chaque fois que l'on fait une route ou qu'on que celui des nègres. Et en ceci on a encore à déplorer l'aliénala met en réparation. Il n'est pas rare de voir un fossé, destiné à tion du capital de l'indemnité, parce qu'elle a mis le propriétaire recevoir les eaux d'une route, s'élever à 2 pieds au-dessus de dans l' impossibilité de seconder ce résultat. Le nègre a ses poules, son niveau, une route passer sur le sommet d'une hauteur au ses cochons, souvent sa vache, et la plupart du temps son cheval, lieu de longer sa base, ou inondée pendant plus d'un demi-mille son âne ou sa mule. Sa famille est établie avec lui; et, dans les par un courant d'eau , lorsque souvent il suffirait de quelques bonnes saisons, ses provisions lui suffisent pour l'entretenir et heures du travail d'un homme pour le détourner. payer sa redevance, sans toucher à son salaire, excepté pour saLes dons annuels faits par les assemblées, et le montant actisfaire une fantaisie. tuel des taxes des ponts et chaussées, plus que suffisants pour L immigrant d'Afrique se présente chez un de ses frères; et. l'entretien des bonnes roules, ne suffisent pas pour permettre moyennant quelques légers services domestiques, il devient d'en créer de nouvelles ou pour réparer les mauvaises. Il en membre de la famille jusqu'à ce qu'il soit convenablement établi. résulte que, pendant cinq ou six mois de l'année, il n'y a en Il n'en est pas de même de l'Européen. Il arrive, étranger, au effet aucune route. Les voies que l'on appelle des routes publimilieu d'un pays où il ne possède aucune des ressources dont ques sont tout-a-fait impraticables pendant la saison des pluies; j'ai parlé, et où ses services ont à redouter la concurrence, tandis ce sont les seuls endroits du pays que l'on ait soin d'éviter en qu'il est en proie à ces besoins qui rendent le travail continu voyageant. Les barrières se trouvant détruites, on traverse, par néune nécessité, lorsqu'on n'a pas d'autre moyen de subsistance. cessite et sans distinction, les chemins particuliers et les champs. Quand même, dans celte position, il recevrait un salaire double .Te ne crois pas être au-dessus de la vérité en portant les fonds de celui du nègre, inaccoutumé au climat et. à la nourriture du de toute nature affectés aux routes à 1,750,000 fr (70,000 l. st.) pays, il ne jouirait ni d'autant d'aisance, ni de la même indéCette somme, engagée pour dix ans , permettrait d'établir simulpendance. tanément de bonnes routes dans toute l'île, de les entretenir M. Forster, je crois, avait présenté à l'assemblée un bill pour en bon état, de payer les intérêts de la somme empruntée, et autoriser un emprunt garanti dont le montant aurait servi à l'étade la rembourser intégralement, tout cela en dix années , et sans blissement des immigrants. Cette sage mesure, qui aurait épargné aucune augmentation de taxe. a l'île la dépense d'un dépôt et servi à une belle expérience, est L'étendue de l'entreprise semble effrayante à la première vue. restée oubliée. Mais si Ion envisage de quelle nécessité sont les bonnes routes Le succès des villages dépendra surtout du choix de sites secs pour tout pays, particulièrement pour celui où les travailleur? et gais. Les positions choisies jusqu'à présent étaient trop ensont rares; si Ion considère que la facilité des communications foncées dans l'intérieur, et trop exposées aux brouillards et à la


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL. ETC. — 1841. — JAMAÏQUE. 839 pluie, elles ne pouvaient qu'exciter les regrets et le découragement au moindre motif de désappointement. En outre, les villages ne peuvent produire des résultats avantageux que pour l'avenir, en multipliant la population, à moins qu on ne les établisse dans les districts où les travailleurs sont r ares; mais un climat sec et pur est toujours de première importance. Les immigrants devraient y être transportés directement au débarqué. Si les villages sontisolés, il faut que l' immigrant borne son travail à son propre terrain , sans pouvoir gagner quelques salaires en aliénant une partie de son temps. Le but immédiat de l'immigration est en même temps manqué, car l'Européen aurait aussi bien réussi en Angleterre que dans un lieu où il ne peut céder à d'autres son industrie. C est l' importance que j'attache à l'immigration comme moyen futur de prospérité pour l' île, qui m'a suggéré les observations qui précèdent. Peut-être, du choc des opinions diverses sur la matière, naîtra-t-il un système propre à assurer le succès de l' émigration européenne. Si rien ne s'opposait à ce que le Gouvernement permît la libre immigration de toutes les parties du monde, je suis convaincu que c'est à l'Inde et à l'Afrique que la Jamaïque devrait ses meilleurs travailleurs. Le relevé des crimes n'est pas aussi satisfaisant que l'espéraient ceux qui en attribuent les causes à la misère et aux souffrances physiques. Bien que les noirs ne manquent pas d'ocasions de gagner de quoi vivre, et même de se procurer des superfluités, les cas d'effractions, de vols de chevaux et de mutilation de bestiaux, sont plus fréquents que jamais. Deux individus ont été condamnes pour incendie accompagné de vol et de préméditation de meurtre : toutefois ce n'est qu'une preuve isolée de la perversité du cœur humain, et non le résultat d'une conspiration. On peut attribuer la fréquence des vols de chevaux et des effractions déniaisons, à l'impossibilité où l'on est d'empêcher que les condamnés ne s'évadent des maisons de correction où ils sont retenus; mais la mutilation des bestiaux a, je crois, une autre cause. Si l' on n'exécute pas de poursuites contre les délits de cette nature, il n'en est pas moins vrai qu'ils se multiplient. Le fait qu'un animal a été trouvé mort auprès d'un champ à provisions est le seul témoignage à invoquer pour rechercher le coupable , et il fournit si pou d'indications que le magistrat ne peut rien faire. Ce délit ne se commet pas seulement à l'égard des plus grands propriétaires, toutes les classes y sont exposées, et on doit en grande partie l'attribuer à la loi actuelle sur les animaux errants. Tout le monde se plaint de celle loi; aussi bien les propriétaires de bestiaux que ceux sur les terres desquelles ils se trouvent. Les premiers, parce qu'ils sont obligés de payer une amende à la paroisse, peine hors de proportion avec un accident fortuit; les autres, parce qu'ils souffrent un dommage sans aucune compensation, et qu'on ne leur rembourse même pas ce qu'il leur en coûte pour envoyer un animal à la fourrière. La conséquence est que souvent on trouve un bon cheval mort, ou errant sur la route avec des blessures qui le mettent pour jamais hors de service. On a prétendu que l'ancienne loi, qui accordait une indemnité proportionnelle à l'espace à parcourir, et, pour dommage, une somme bien au-dessus de ce que reçoit aujourd'hui la paroisse, avait encouragé l'envoi en fourrière d'animaux qui n'avaient même pas pénétré sur les propriétés. On aurait pu parer à cet inconvénient par une peineparticulière; mais, en supposant que cela n eût pas été praticable, le mal éventuel d'avoir un animal envoyé sans motif en fourrière est-il à comparer au mal certain de le retrouver tué ou mutilé. Autant vaudrait dire qu'il ne devrait pas exister de compagnies d'assurances, parce qu'elles ne remboursent que la valeur des maisons brûlées. On aurait connu , II.

d'ailleurs, celui qui, mal à propos, aurait conduit un animal en fourrière, tandis que, clans l'autre cas, la difficulté est de découvrir le coupable. En parlant de loi, j ai à en signaler une qui nécessite des explications et des modifications, je veux parler de la loi relative aux contrats entre les maîtres et les travailleurs. D'après cette loi, s'il n'est pas dû de-gages au travailleur, le juge n'a pas d'autre moyen de le punir que de l'envoyer à la maison de correction pour un délit punissable d'amende seulement. Il me semble que l'emprisonnement ne devrait être prononcé qu'à défaut de payement de l'amende, et à la discrétion du juge. Ces mots, qui contracteront, sont susceptibles d'étendre les dispositions pénales de l'acte au delà de ce qu'a voulu le législateur, et, dans quelques cas,-de les restreindre. S'ils sont applicables aux contrats faits par des artisans, celui qui s'engage à bâtir une maison dans un temps convenu se trouverait soumis à l'action de cette loi; mais, si le contrat n'est qu'une obligation de servir pendant un certain temps, il me semble que cette obligation cesse d'être applicable à tout individu qui s'est engagé à faire un travail particulier. La paroisse a pris les mesures les plus libérales pour pourvoir à l' éducation des enfants des classes laborieuses, qui, en gé . néral, montrent de l' ardeur à l'étude. Ce qui manque au système suivi, c est que les enfants ne sont astreints dans les écoles à aucune occupation susceptible de leur donner le goût du travail. Dans quelques parties de la Suisse, les riches et les pauvres suivent les mêmes écoles, ils travaillent ensemble à l'agriculture, mais dans une proportion en rapport avec la position de fortune et la carrière future des enfants. Les riches étudient pendant huit heures et travaillent deux heures aux champs , les autres travaillent huit heures et n'étudient que pendant deux. Pour les riches, l'élude est une occupation dont le travail est la récréation ; pour les pauvres, c'est l'étude qui est la récréation du travail. L'occupation la plus importante donnée à ces enfants est donc eu rapport avec leur vocation future. . A la Jamaïque cet objet n'a pas assez occupé l'attention, surtout d après les dispositions des nègres à s'imaginer que l'éducation, même la plus superficielle, les élève au-dessus des travaux des champs. Les membres de la fabrique de Sainte-Marie se proposent d'acheter de petites portions de terres attenantes aux écoles, afin de combiner l'industrie avec l'éducation; mais ce plan n'a pas encore été suffisamment mûri. Signé

A. G. FÏFE.

26. RAPPORT de M. R. Chamberlin, magistrat salarié. Hanovre, novembre 1841.

Celte paroisse n'a pas autant souffert des chaleurs de l'année dernière que plusieurs autres parties de l'île. La dernière récolte de sucre a surpasse celle de l'année précédente; la prochaine, que l'on commencera bientôt, promet les plus heureux résultats. Les saisons plus favorables, et la meilleure intelligence entre les maîtres et les cultivateurs, ont contribué à faire espérer que toutes les propriétés à sucre donneraient une augmentation considérable de produit : les uns s'attendent au double, d'autres à un tiers en sus, et il en est peu qui ne comptent que sur un quart. En résumé, la perspective actuelle des planteurs est satisfaisante, les cultivateurs sont heureux ; et ces résultats, si importants tout à la fois et pour le succès de l'affranchissement et poulies intérêts de la société et de l'humanité, si intimement liés à cette mesure, promettent à la législation un triomphe complet, et à la nation anglaise une gloire éternelle. Si l'on racontait fidèlement les améliorations qui ont eu lieu

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840 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

et le changement merveilleux qui s'est opéré au sein de la population depuis la liberté, les personnes éloignées du théâtre des evenemenls pourraient aisément croire ces récifs exagérés. Je ne contesterai pas que ce changement n'ait nui à quelques intérêts particuliers, mais j'affirmerai avec confiance que la prospérité et le bonheur de tous sont maintenant assis sur des bases justes et durables. Nous éprouvons une difficulté que nous espérons pouvoir surmonter, avec le secours de l'immigration africaine, et au moyen de la bonne intelligence rétablie entre les maîtres et les cultivateurs. Cette difficulté est la conséquence de l'augmentation des récoltes. La charrue et les autres perfectionnements introduits dans la culture ont, en quelque sorte, remplacé les travaux manuels; mais une amélioration semblable n'a pas eu lieu dans les machines; cependant je ne désespère pas, puisque ailleurs le môme inconvénient a été, sinon entièrement surmonté, du moins considérablement atténué. Après une absence d'un an, j'ai été frappé des changements survenus dans la paroisse de Saint-Thomas-dans-l'Est, où je résidais en août 1840. J.'ai été agréablement surpris, en parcourant le pays, de voir la quantité des établissements formés, et celle des maisons élevées de tous côtés. L'amélioration des constructions, l'agrandissement des villages, le nombre des boutiques ouvertes et le bien être de la population, tout, en général, m'a fourni la preuve des heureux effets de la liberté. Dans la paroisse de Hanovre il s'est élevé un village appelé Phœnix-Town, et deux autres encore ont été. tracés. Les petits établissements de secours se multiplient; ils ont pour effet d'inspirer la prudence, la réflexion et l'industrie à la population laborieuse, et d'assurer la paix et le bonheur de la société en général. Dans le voisinage des établissements et des villages, on n'éprouve aucune difficulté à se procurer des cultivateurs, en leur payant exactement leurs salaires et en les»traitant-bien. Je citerai pour preuve un fait ; le locataire de la plantation le Phœnix a toujours plus de monde qu'il n'en peut occuper ; sa récolte s'en est ressentie ; celle qui est sur pied promet d'être bien supérieure à celles des dix dernières années. Le rapport que j'ai dernièrement transmis, sur les condamnalions comparées des trois dernières années, donne la preuve que, dans aucun pays peut-être, et chez aucun peuple, il ne se commet moins de crimes qu'ici. Les parents continuent à rechercher l'éducation pour leurs enfants et profilent des facilités qui leur sont offertes. Signé R. CHAMBERLIN.

27.

RAPPORT

de M. Hall Pringle, magistrat salarié. Clarendon,

novembre 1841.

La pluie, qui a commencé à tomber en mai dernier, a continué depuis à de courts intervalles, de sorte que la terre s'est trouvée plus imbibée qu elle ne l'est d'ordinaire. La récolte du sucre vient de commencer et donnera une bonne année commune. La situation du pays, sous le rapport de sa prospérité, a éprouvé un changement merveilleux depuis l'année passée. Pendant toute la durée des sécheresses extraordinaires dont nous avons eu a souffrir, les relations de la population, composée en apparence d'éléments si discordants, n'ont pas cessé d'être paisibles. La différence la plus frappante que l'on observe entre la Jamaïque et d'autres pays, c'est le peu de valeur des gens de service, les gages exorbitants qu'on leur paye, et leur insouciance, a remplir leurs engagements. Cela lient d'un côté au grand nombre de domestiques, et de l'autre aux facilités qu'ils ont de gagner de l'argent en s'occupant aux travaux des champs, qu'ils préfèrent à la contrainte de la domesticité. Si l'on juge du nègre

en comparant ce qu'il fait avec ce que font les paysans de l'Angleterre et des autres contrées du Nord, l'avantage ne sera pas de son. coté; mais, sous les tropiques, il n'a à redouter aucune comparaison comme laboureur : il est aussi actif qu'aucun des habitants des climats chauds. Il est rare qu'un Européen l'emporte sur lui, ou bien, trop souvent, la mort devient la conséquence de ses efforts. La Jamaïque est dans une situation particulière sous le rapport du prix du travail et de la nourriture. Le nègre est très-sobre et consomme si peu des choses les plus communes, qu'à moins de circonstances extraordinaires, comme celles dans lesquelles s est trouvée la paroisse de Vere pendant les deux dernières années, où l'on n'a pu cultiver de provisions faute de pluie, le taux des salaires n'est presque jamais influencé parle prix des vivres. Le travailleur dépense la plus grande partie de ce qu'il gagne en objets qui flattent sa vanité. Sur une plantation de mon voisinage (Seven plantation), et il en est à peu près de même partout, les nègres,hommes et femmes, ont chacun, à très-peu d'exceptions près, un cheval, des habits d'un grand prix et diverses superfluités non moins coûteuses. Cependant ce sont les gens les plu» actifs et les plus rangés de la paroisse de Ciarendon. Dans d'autres pays, la possession de pareilles richesses pourrait entraîner un cultivateur à négliger ses travaux; il n'en est pas de même ici. On se tromperait toutefois en supposant que cet état de choses, sous le point de vue de l'argent, serait également favorable aux Européens. Il faut aux blancs une partie de nourriture animale pour réparer leurs forces ; les nègres n'en font que rarement usage. Les blancs ne peuvent vivre d'une patate douce, d'un coco, d'un peu de sel et des restes d'un baril de harengs, ou, pendant des semaines, des fruits du pays, ce qui arrive souvent à nos cultivateurs. Le nègre peut avec impunité aller nu en toutes saisons, à midi ou par la rosée de minuit, défiant la pluie et absorbant les exhalaisons humides, sans en être incommodé. On sait tout ce que les. Européens auraient à souffrir d'une telle existence, et pourtant j'en ai vu s'exposer par. ignorance à tous ces dangers. Les besoins du cultivateur blanc sont ici les mêmes qu'en Europe, mais ils coûtent le double à satisfaire, tandis que le salaire de 1 fr. 85 cent, n'est pas au-dessus de ce qu'il peut gagner en Angleterre, et qu'il est même au dessous de ce qu'on paye, quand le travail est urgent, dans des colonies dont le climat n'est pas aussi dangereux que celui de la Jamaïque. Ici les maladies sont fréquentes, les soins du médecin et les médicaments coûtent quatre fois plus cher qu en Europe, et, quant aux vivres, le porc salé, sans être de la première qualité, vaut de 1 fr. 25 cent, à 1 fr. 85 cent. ; les ignames, qui remplacent les patates, se sont payées, depuis quatre ans, de 10 fr. à 12 fr. 50 le quintal de cent douze livres. Le prix de ces seuls articles prouve assez la cherté excessive des choses nécessaires à la vie. Je ne voudrais pas que l'on me supposât, d'après ces observalions, le désir de relarder l'accroissement delà population par l' immigration. Le pays n'est pas suffisamment peuplé; cependant la population laborieuse a plutôt augmenté que diminué depuis la liberté, il est facile de démontrer que la colonie ne peut recueillir aucun avantage d'un système d'immigration qui épuise son capital, ni compter sur une augmentation durable en y introduisant des blancs condamnés à la servitude, découragés par le désillusionnement, objets tour à tour des moqueries ou de la pitié des nègres. Il est possible que ce système procure des avantages partiels et même du bénéfice à quelques planteurs de cannes et de café, possesseurs de capitaux considérables; mais il serait difficile de démontrer ce que produirait de bien, à la société en général, l'introduction d'une population qui, dans la proportion de mortalité qu'on a calculée, disparaîtrait en moins de dix ans. Signé Hall PRINGLE,


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1841. — LA TRINITE.

28.

RAPPORT

de

M. W.

Howit.

Buff-Bay (Saint-George), 1er décembre 1841.

Cette paroisse, ordinairement exposée à l'humidité, n'a pas eu cette année à souffrir des pluies. Le printemps et l'été ont été constamment beaux, et la saison pluvieuse n'a commencé qu'au milieu d'octobre. La perspective des plantations à sucre est très-favorable, et toutes les apparences de la récolle prochaine et de la suivante donnent les plus belles espérances. Malheureusement, des pluies abondantes, accompagnées de violentes rafales, ont beaucoup nui aux plantations à café. La récolte était mure et la cueillette avait commencé, lorsque l'intempérie de la saison est venue détruire la moitié des baies en les faisant tomber. Il n a pas manqué de bras pour les travaux des champs à café, mais on souffre vivement sur les plantations à sucre du défaut de travail continu. Le prix peu élevé des terres (environ 75 fr. l'acre) a encouragé une grande partie des cultivateurs à faire des acquisitions, et la culture des provisions qui se vendent fort cher en ce moment leur rapporte beaucoup. Il ne s'est encore formé aucun village dans Saint-George, bien que le climat des montagnes et la fertilité du sol rendent celte paroisse très-favorable à l'établissement des immigrants d'Europe. Le voisinage du marché de Kingston, qui n'est qu'à 15 milles des hautes terres, est surtout d un avantage particulier. Les essais d immigration qu'on y a faits récemment ont trèsbien réussi. L état de l' éducation n offre aucun changement. Je crains que l'école, entretenue par MM. Mitchell, de Londres^ sur leur propriété Stewart, ne soit abandonnée faute de fonds. Les crimes ne se sont pas multipliés. La nomination des présidents de cours de. sessions trimestrielles parait avoir eu une heureuse influence, qui amènera, je l'espère, une diminution graduelle dans les délits. Signé W. HOWIT.

29.

RAPPORT

de

M.

Moresby.

Kingston, G décembre 1841.

Cette paroisse n'a que peu d'étendue; et, à l'exception des champs que l'on cultive pour l'approvisionnement du marché, il y a peu d'agriculture. Dans les environs de la ville, les terres sont généralement très-négligées , et paraissent n'avoir reçu aucun soin depuis plusieurs années. On aurait pu croire que leur proximité de Kingston leur aurait donné une valeur ; il n'en a pas été ainsi; cependant il y a des améliorations. Les terres commencent à se vendre à des individus capables et bien disposés à en tirer un bon parti. Voici, autant que j'ai pu m'en assurer, le taux des salaires par jour;

Maçons Ebénistes Charpentiers Forgerons Charpentiers de navires Travailleurs ordinaires

841

5f 7 50c 7 50 7 5o 7 50 , 80 à 3f 10

c

Les domestiques sont ordinairement loués par semaine. La nourriture, l'habillement et le logement n'entrent pas dans les salaires. Un sommelier gagne par semaine de 12 fr. 5o c. à 18 fr. 75 c. Un garçon a rarement plus de 12 fr. 5o c. Un cuisinier reçoit suivant, ses talents, de 10 à 20 fr. Un domestique gagne rarement plus de 10 fr. Quant au travail que Ion obtient, je ne puis dire qu'une chose, c est que plusieurs personnes de ma connaissance qui emploient beaucoup d'ouvriers s'en trouvent fort satisfaits, tandis que d autres ne cessent de se plaindre. D'après ce que j'ai observé moi-même-, on se procure aisément des travailleurs; la difficulté est de les maintenir assidûment à l'ouvrage. La classe des domestiques est la plus mauvaise de toutes. Les devoirs et les obligations qu'on leur impose sont fatigants, et peu propres à faire naître en eux de l'attachement pour leurs matres. La population laborieuse se montre de plus en plus empressée à se créer des établissements ; en ce moment les petits propriétaires forment la partie la plus considérable de la paroisse. Je ne sais s'il doit en résulter plus d'assiduité aux travaux des champs. Quant aux petites portions de terrains que les noirs ont acquises dans la ville, elles ne peuvent servir qu'à élever une maison et non à soutenir la famille; il faut donc nécessairement qu'ils continuent à s'occuper comme par le passé. Je n'ai pu me procurer de renseignements détaillés ni sur l'éducation ni sur l'instruction religieuse des classes*inférieures, mais j'ai tout lieu de croire qu'il y a,eu des progrès dans les écoles. Le préjugé de couleur existe encore à ce point qu'il empêche qu'une jeune personne noire , appartenant à des parents respectables, soit admise dans une pension de demoiselles. Je ne puis dire qu'il y ait eu diminution dans le nombre des délits ou crimes. Mon report du 27 octobre dernier établit que, pendant les trois années finissant au 1er août 1841, 5,9 1 9 individus ont été détenus à Kingston et amenés devant les magistrats. Sur ce nombre, il y a eu 476 condamnations ; mais, comme il ne comprend pas les prévenus laissés libres jusqu'au jugement, on peut porter à 10,000 la totalité des causes que les magistrats ont eues à examiner. Avant de quitter le district où pendant six années je me suis trouvé, comme magistrat salarié, en rapport avec la population émancipée, je ne puis qu'exprimer mon admiration pour la conduite de ces hommes qui, n'ayant que de faibles notions d'éducation, et à peine sortis de l'état de servitude, ont montré tant de convenance et une soumission si exemplaire aux lois. Signé

H. MORESBY.

N° 176. § II.

1.

COPIE

LA TRINITÉ.

d'une dépêche du lieutenant-gouverneur sir Henry Mac-Leod à lord John Russell. La Trinité, 20 mai 1841.

Je m'empresse de vous annoncer l'arrivée de 181 émigrants de Sierra-Leone. Comme les opinions sont très-divisées sur la question de

l'émigration africaine, je vous adresse quelques renseignements qui pourront vous en donner une idée exacte. Les émigranls sont débarqués en bonne santé, après une traversée de 28 jours; je les ai trouvés, sous tous les rapports, beaucoup plus avancés que je ne l'espérais ; ils parlent bon anglais et savent, pour la plupart, lire et écrire ; c'est le fruit des efforts des missionnaires et des sociétés méthodistes; un tel résultai leur fait le plus grand honneur.


e

842 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. Je n ai jamais rencontré d'individus qui apportassent plus d attention que ces nouveaux venus à ce qui concerne leurs intérêts ; je leur ai recommandé de se louer par détachements de 8 ou 10. Par ce moyen, tout en évitant l'isolement, dont on souffre toujours plus ou moins dans un pays étranger, ils auront l' avantage de se.proléger mutuellement. Je les ai installés de préférence, autant toutefois qu'ils y ont consenti, sur les propriétés les plus voisines du siège du Gouvernement. 16 de ces immigrants sont des Kroomen, race bien supérieure aux autres pour l'extérieur et pour la conduite. Ils préfèrent généralement s'occuper des travaux du port; cependant le salaire élevé et d'autres considérations de bien-être ont tenté ceux même qui avaient d'abord entrepris ce métier. Il est vrai que je ne compte pas sur leur persévérance; mais, en tous cas, lorsqu'ils reviendront à leur travail de prédilection , ils seront d'une grande utilité dans les ports où s'embarquent les produits. Nous ne devons pas compter qu'ils forment d'établissements dans l' île ; seulement ils m'ont dit que, s'ils s'y trouvent bien, un grand nombre de leurs compatriotes viendront les rejoindre. Ils comprennent très-bien qu'ils peuvent retourner chez eux par l'Angleterre, en gagnant leur passage sur les navires, et sont tous, je crois, d'habiles matelots. Nous aurons, par ce moyen, des communications continuelles avec l'Afrique. D'après leurs arrangements, ils se sont réservé la faculté de quitter à volonté les personnes qui les emploient. Comme j'ai toujours été d'avis qu'il fallait faire des essais d'immigration, je suivrai avec le plus grand soin les résultats de celui-ci, et tiendrai Votre Excellence au courant de tout ce qui s'y rapportera. Signé

H.

4.

CONDITIONS

d'une dépêche du lieutenant-gouverneur sir Henry Mac-Leod à lord John Russell. La Trinité, 28 août 1841.

Après de mûres considérations, et malgré le bien que la colonie éprouverait de l'introduction d'un grand nombre d'immigrants, je ne voudrais pas qu'on leur promît des avantages qu'il serait impossible de leur accorder. Les immigrants arrivés de Sierra-Leone étaient porteurs d'un imprimé revêtu de la signature de M. Hamilton, agent de l'émigration, et contenant les conditions qui leur étaient offertes. Ceconditions ont été changées; on ne donne plus les rations; ces! naturellement un sujet de plainte pour ceux à qui on les avait promises. Il est incontestable que le taux des salaires doit suivre la fluctuation du cours des produits. Quoique cette île soit à mime de payer toujours un salaire supérieur, il est cependant impossible de prévoir, dans l'incertitude qui règne aujourd'hui relativement aux droits sur le sucre, si d'autres réductions n'auront pas encore lieu. Je désire donc revenir sur ce que j'ai dit dans ma dépêche du 17 courant, et bien expliquer que le taux de salaire qui y est indiqué est le taux actuel, mais que les immigrants devront se soumettre aux réductions qui pourraient résulter des variations du prix des produits coloniaux sur les marchés. Signé H.

MAC-LEOD.

MAC-LEOD.

5.

2.

COPIE

faites aux immigrants à la Trinité.

COPIE

d'une dépêche de lord Stanley au lieutenant-gouverneur sir Henry Mac-Leod. Downing-Street, 18 novembre 1841.

18 mars 1841.

Indépendamment d'une case et d'un terrain à provisions, ils reçoivent, pour la tâche d'une journée, un demi-dollar, une demi-livre de poisson et une petite quantité de rhum, ou la valeur en argent de ces deux objets. On fait fréquemment deux lâches par jour. Signé W. HAMILTON.

3.

COPIE

d'une dépêche du lieutenant-gouverneur sir Henry Mac-Leod à lord John Russell. La Trinité, 17 août 1841.

Le 28 mai dernier, je vous donnais avis que j'avais nommé M. Hamilton agent de l'émigration à Sierra-Leone, et que j'avais approuvé les conditions proposées par lui aux individus émigrant pour la Trinité. Les circonstances ont beaucoup modifié ces conditions. A présent, on offre aux immigrants une maison, un terrain à provisions, avec un prix de 2 fr. 5o cent, à 2 fr. Go cent, par tâche. On ne Tait plus de distributions de poisson salé, de farine, de spiritueux, etc. Je désirerais que ces changements fussent promplement signalés aux autorites de Sierra-Leone, afin de ne pas exposer ceux qui s'embarqueraient pour la Trinité à voir leurs espérances déçues. Signé

H.

MAC-LEOD.

Par votre dépêche du 17 août dernier, vous m'informez que les circonstances vous ont obligé de modifier les conditions offertes, dans le principe, aux immigrants de Sierra-Leone; par la suivante, du 28 du même mois, vous dites que les variations du prix des produits ne permettent pas de garantir aux immigrants un taux invariable de salaire. Je regrette que l' on ait cru nécessaire de changer si vite les premières conditions, et que l'on n'ait pas prévu, dès l'origine de l' émigration de Sierra-Leone pour la Trinité, que l'on ne pourrait assurer un salaire fixe aux arrivants. Cette imprévoyance peut suffire pour décourager les immigrants. Vous n indiquez pas quelle situation on fera à ceux qui sont partis de Sierra-Leone, avant que la modification des conditions ait pu y être connue; une diminution serait un véritable manque de foi. Je vous engage donc à leur maintenir les avantages qui leur avaient été garantis, ou à leur en assurer d'équivalents. Je désire que vous fassiez parvenir périodiquement le cours des salaires à l'agent de la Trinité à Sierra-Leone, afin que luimême le rende public de temps en temps. Signé

STANLEY.

6. EXTRAIT d'une dépêche du lieutenant-gouverneur sir Henry Mac-Leod à lord Stanley. La Trinité, 27 janvier 1842.

J'ai reçu la dépèche de Votre Excellence, en date du 18 novembre, répondant à celles que j'ai eu l'honneur de lui adresser, les 17 et 28 août précédent, au sujet de la réduction des sa-


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC;— 1841.— LA TRINITÉ. 843 laires dans cette colonie-, cette même dépêche renfermait copie tics instructions adressées a l' officier chargé de l'administration à Sierra-Leone. Je ne me suis pas fait illusion sur l'influence fâcheuse qu'une' réduction soudaine des salaires peut avoir sur l'émigration de Sierra-Leone; mais je ne crois pas que, dans quelque pays que ce soit, on puisse établir un taux invariable de salaires ; et cela serait plus impossible encore aux Indes occidentales qu'ailleurs, parce que la récolte des produits s'y rattache à la fois à l'agriculture et à la fabrication. Je n'ai pas parlé du sort des immigrants qui sont venus de Sierra-Leone, sur la foi des conditions qui leur avaient été offertes et que vous me recommandez de faire exécuter. Votre Excellence n'ignore pas qu'un contrat fait avec eux avant leur débar quement ne peut être obligatoire. Du reste, il en est très-peu qui consentiraient à contracter des engagements ; ils préfèrent travailler à la journée, pour profiter des augmentations. Avant qu'il fût question de rien changer au salaire et aux allocations, ils avaient généralement adopté cette façon d'agir, et aujourd'hui il eu reste à peine quelques-uns sur les plantations où ils s'étaient loués en arrivant. Il me semble juste qu'il y ait liberté égale de part et d'autre ; je ne vois pas pourquoi les planteurs seraient tenus de remplir certaines obligations, plutôt que les travailleurs, qui ont droit de les quitter pour chercher ailleurs de plus grands avantages. Un navire vient d'arriver de Sierra-Leone; il n'avait à bord aucun immigrant. Tout ce que j'ai pu savoir c'est que l'agent de la Trinité a quitté le pays quelques jours après son arrivée, et que la population se plaignait de ne pas voir revenir les délégués des premiers immigrants, que cet agent avait promis de lui envoyer. Je me propose de visiter sans retard les districts qu'habitent les Africains, pour apprendre d'eux quelles sont les promesses qui leur ont été faites, et pour m'assurer de leur situation actuelle. Signé

H. MAC-LEOD.

des immigrants et le temps favorable nous donnent lieu d'espérer que la prochaine sera beaucoup plus considérable. 5. Il n y a rien eu de nouveau en fait de découvertes ou d'améliorations. 6. Le commerce intérieur a pris une grande extension; il se fait par les colporteurs et par de petits marchands en détail. On ne peut mieux apprécier sa situation qu'en comparant le revenu des importations de l'année dernière avec celui de cette année. En 1839, ce revenu a été de 8,521 en 1840 de 11,443 On ne se plaint des travailleurs que sous deux rapports, d'abord parce qu'ils s'enivrent, et ensuite à cause de leur goût pour le déplacement. Leur penchant à l'ivrognerie peut être attribué à la déplorable coutume de donner une forte ration de rhum. D'un autre côté, s ils recherchent les occasions de changer de résidence, c est parce qu'ils sont certains de trouver partout du travail. Il est possible de lutter avec succès contre ces dispositions. Que l'on substitue l'argent aux distributions, et que l'on attache le travailleur au sol, en poursuivant la création des villages qui ont commencé à s'élever, et en adoptant le système du loyer. Il est impossible de supposer qu'un individu puisse éprouver le plus léger attachement pour une localité où il ne peut avoir une propriété à lui. Ces deux moyens une fois adoptés, leur succès sera rapide. Malgré les différentes espèces de monnaies dont les magistrats se servent pour indiquer le taux des salaires dans leurs districts, le prix payé dans toute l'île est de 2 fr. 60 cent, par tâche , indépendamment d'une maison, d'un terrain et des rations de sel, de provisions et de rhum. Signé H. MAC-LEOD.

8.

de M. W.-H. Burnley, président de la société d'agriculture et d'immigration, à sir Henry Mac-Leod. LETTRE

La Trinité, 8 mars 1841.

7.

COPIE

d'une dépêche du lieutenant-gouverneur sir Henry Mac-Leod à lord John Russell. La Trinité, 6 juillet 1841.

Je vous transmets les rapports semestriels des magistrats salariés, rédigés conformément aux nouvelles instructions; ils me semblent faits avec impartialité et intelligence. 1. Ils s'accordent tous relativement à l'amélioration du caractère et de la condition des noirs ; mais ils considèrent les rations de spiritueux, comprises dans le salaire, comme un obstacle sérieux à un perfectionnement plus rapide. 2. Les petits établissements se multiplient. L'un des magistrats signale une diminution dans le nombre des travailleurs occupés à la culture du sucre ; mais il me semble que ces travailleurs sont utilement employés, puisqu'ils approvisionnent la ville de San-Fernando de ce qui lui est nécessaire. On remarque avec plaisir qu'en renonçant à une occupation, au lieu de rester dans la paresse, ils en adoptent une autre, qu'ils trouvent sans doute plus lucrative. 3. Les magistrats se sont quelquefois bornés à donner le nombre des écoles et des églises, sans parler de celles que l'on construit. Cependant il s'en élève plusieurs dans les différentes parties de l' île ; le Gouvernement colonial participe pour moitié dans les dépenses. 4. La récolte de cette année est une bonne ordinaire.

'arrivée

L

Dans la nombreuse réunion de la société, du 11 février dernier, après avoir discuté la nécessité et l'avantage de tenir le public de la Grande-Bretagne au courant de l'état de l'agriculture dans la colonie, et surtout du taux réel des salaires payés aux travailleurs, il a été résolu : Qu un sous-comité serait nommé pour rechercher et faire connaître la position des intérêts agricoles depuis le mois d'août 1838, et ce que l'avenir peut faire espérer ; que ce comité serait en outre chargé do proposer les mesures jugées les plus convenables pour assurer la prospérité générale. A l'effet d'assurer aux rapports de ce comité la confiance nécessaire, ce qui ne peut arriver qu'autant que les témoignages recueillis par lui seront revêtus de toute l'autorité désirable, j'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien inviter le clergé, la magistrature et, en général, tous les fonctionnaires publics à lui fournir verbalement ou par écrit les informations qu'il aurait à leur demander. Les remarques que j ai faites , et les renseignements que j'ai recueillis avec soin depuis un mois, m' ont donné la conviction que le système qui consiste à accorder gratuitement aux travailleurs un logement, des provisions et des spiritueux, ne peut que leur devenir funeste, et qu'il est urgent d'y mettre fin. Ne payant pas de loyer, le noir sent très-bien qu'il n'a aucun droit positif de résidence; il considère son toit comme un abri temporaire ; pouvant s'éloigner quand il lui plaît, et obtenir partout les mêmes conditions, il contracte le goût du changement; il se soucie peu de satisfaire son maître ; il néglige de cultiver ses provisions ou d'élever des animaux, malgré le prix exorbitant qu'il


844 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. pourrait en tirer, et bien que le temps ne lui manque pas pour s'en occuper. En lui imposant un loyer modéré, et proportionné à l'estimation de la maison et du terrain qu'on lui cédera, le cultivateur attachera bientôt une valeur à la résidence qu'il sera obligé de payer, et finira par sentir l'avantage de la stabilité et du bien-être intérieur. Les distributions de provisions salées, de farine, de riz, etc., tendent à engendrer l'imprévoyance. Le laboureur ne les reçoit pas en proportion de ses besoins ou de l'étendue de sa famille, mais en proportion de la besogne qu'il fait ; souvent il lui reste un excédant, et, s'il ne peut aisément s'en défaire en le vendant, il le perd sans aucun profit. La suppression des distributions et l'établissement du loyer permettraient aux planteurs d'augmenter le salaire ; les travailleurs seraient ainsi payés selon leur degré d'activité, et n'achèteraient que ce dont ils auraient strictement besoin. De toutes les distributions, celle du rhum est celle qu'il est le plus urgent de supprimer, car ses conséquences peuvent un jour devenir funestes à la colonie. Le changement que je propose, devant faire substituer une compensation en argent aux concessions actuelles, présentera des difficultés que les seuls efforts des propriétaires ne sauraient vaincre. Depuis longtemps, des personnes, qui se disent les vrais amis des noirs, leur ont à dessein inspiré de la défiance pour tout ce qui peut être proposé par les planteurs ; il en est résulté un obstacle permanent à la réalisation de tout ce qu'ils voudraient tenter pour aider au succès du travail libre. 11 est donc nécessaire qu'un intermédiaire s'interpose aujourd'hui entre les parties pour décider la question à l'avantage commun. Il ne faut pas se dissimuler que le changement à opérer sera jugé par les noirs sous le rapport de la nécessité qu'il leur imposera de renoncer à leurs anciennes habitudes d'indolence. Devant ces dispositions , pour qu'on puisse espérer que la réforme s'accomplisse avec succès, il ne faudra pas moins que l'influence réunie de la législature , du clergé et de la magistrature ; mais il est évident, d'un autre côté, que plus on tardera, plus les difficultés augmenteront. Les membres de la société sont prêts à seconder de tout leur pouvoir les mesures que le Gouvernement colonial croira devoir adopter» à ce sujet. Signé W. H. BURNLEY.

9.

LETTRE

de M. Arthur White , secrétaire colonial, à

M. W. H. Burnley, président de la société d'agriculture et d'immigration.

Trinité et à la Guyane anglaise qu'on le distribue ; toutefois il partage votre opinion, et apprend avec plaisir que c'est aussi celle de la société. On lui a déjà représenté cette distribution comme extrêmement nuisible aux sentiments moraux des noirs. Dernièrement encore, trois membres de la société des amis, de Baltimore, ont fortement insisté auprès de Son Excellence sur la nécessite de la faire supprimer. Ces envoyés sont venus ici par suite de la contradiction des rapports publiés aux États-Unis, pour s'assurer par eux-mêmes de l' état de la colonie, et de la situation des immigrants américains. La distribution du rhum a été la seule chose que, de leur propre aveu, ils aient trouvé à désapprouver. Intimement convaincu de la nécessité d'apporter un remède à ce mal, le gouverneur peuse que c'est aux planteurs qu'il appartient de le chercher. Il ne voudrait pas que la législature intervint en rien dans ce qui a rapport au salaire et au mode de travail : selon lui, ce sont des choses qui doivent s'arranger d'ellesmêmes. Signé A. WHITE.

10.

recueillis par le sons-comité de la société d'agriculture et d'immigration.

RENSEIGNEMENTS

A.

DÉPOSITION

de M. Sainte-Luce Philip. Naparima-Sud, 22 mars 1841.

1. Depuis combien de temps résidez-vous à la Trinité? J' y suis né, mais j'ai été élevé en Europe où j'ai passé 14 années en deux fois différentes. 2. Quelle est votre profession, et de quoi vous occupez-vous ici? Je suis médecin, mais je ne donne des soins qu'à mes amis ; je m'occupe principalement de la culture de la canne, attendu que je possède trois plantations en commun avec ma famille. 3. Vous êtes, en conséquence, bien au courant des adjures de la colonie, tant sous le rapport social qu'en ce qui concerne l'agriculture ? Oui, en général. Cependant, pour les détails de l'agriculture, mon géreur, Frédéric Maxwell, ancien esclave affranchi par ma famille, et élevé au poste qu'il occupe en récompense de sa bonne conduite, serait plus à même que moi de répondre au comité. 4. Les dépenses de culture d'une plantation à sucre sont-elles plus considérables aujourd'hui que du temps de l'esclavage ? Beaucoup plus ; elles ont sans cesse augmenté jusqu'à présent.

Maison du Gouvernement, 18 mars 1841.

Suivant le désir de votre lettre, du 8 de ce mois, Son Excellence le gouverneur a invité tous les fonctionnaires publics à fournir au sous-comité de votre société les informations qui pourront leur être demandées ; afin de s'assurer de leur impartialité, il leur a été enjoint de les adresser par l'intermédiaire du secrétaire. Voire même lettre contient des observations sur les conséquences de l' usage actuel de payer le salaire en nature, c'està-dire, en concession gratuite d'une maison et d'un terrain, et en distributions. Dès le moment où cessa l'esclavage, Son Excellence avait bien senti ce que cette coutume a de préjudiciable ; mais, lorsqu'il voulut tenter de la changer, on lui objecta que depuis si longtemps les noirs étaient habitués à considérer l'occupation de leurs maisons comme un droit, que tout ce qui aurait l'apparence de loyer ne manquerait pas de les mécontenter. Quant au rhum, Son Excellence croit que c'est seulement à la

5. Votre revenu a-t-il augmenté en proportion d'une augmentation de récolle; en 1840, par exemple, comparativement à 1838 et 1839 ? Nullement. Il a même été moindre en 1840, par suite del'augmentation des frais et de l'élévation des salaires. 6. Croyez-vous donc qu'une nouvelle hausse dans le prix du sucre ne servirait qu'à augmenter les salaires, et serait de peu de profit pour le planteur ? Oui, sans doute, à moins qu'on n'introduise un supplément de travailleurs. 7. N'y a-t-il pas eu une immigration considérable de cultivateurs depuis l'émancipation ? Oui ; elle a même été plus considérable que bien des personnes ne le croient, car il est arrivé à San-Fernando un grand nombre de travailleurs, dont le passage n'a pas été payé par le Gouvernement, niais par les planteurs qui les ont reçus. J'ai dépensé moi-même pour cela 3oo à 400 dollars.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. —CHAP. XIV. ETAT DU TRAVAIL. ETC.— 1841. — LA TRINITÉ. 845 8. Dans quelle proportion sont les immigrants sur vos propriétés ? Us composent plus de la moitié de mon monde. 9. Le nombre des cultivateurs que vous employez a-t-il doublé depuis l'apprentissage? Pas tout à fait ; parce que quelques-uns de mes apprentis se sont établis en ville, d'autres sur des terres à eux; d'autres encore ont passé sur d'autres propriétés. 10. Vos récoltes ont-elles augmenté dans la proportion de l'augmentation de vos travailleurs ? Il n'en a pas été ainsi sur mes propriétés ; et je crois que, sur la plupart de celles du district, il y a eu une diminution notable ; bien des champs de cannes, autrefois cultivés , sont en ce moment couverts de broussailles.

21. Savez-vous dans quel état de santé se trouvent aujourd'hui les Africains affranchis arrivés il y a cinq ans ? J en ai reçu sur ma propriété dix-huit qui, à leur débarquement, étaient en assez mauvais étal de santé; tous, sauf une femme morte de consomption, se sont rétablis et se portent actuellement très-bien. 22. Savez-vous s'ils souffrent du mal d'estomac, ou s'ils se livrent à celle habitude de manger de la terre et des ordures, qui leur était si commune et si fatale avant l'abolition du commerce des esclaves ? Non. Je crois que cette habitude tient à une faiblesse d'esprit, mais à laquelle les hommes ne sont que bien rarement sujets. 23. Les cultivateurs du district sont-ils tranquilles et se conduisent-ils bien ? Oui, généralement, c'est-à-dire quand ils sont sobres.

11. A quoi attribuez-vous celle circonstance ? A l' irrégularité du travail, qui n'est, terme moyen, que de trois à quatre jours par semaine ; c'est la conséquence du salaire 'levé que l'on paye aux cultivateurs. 12. N est-il pas possible qu'ils trouvent préférable d'occuper leur temps à élever des porcs et de la volaille, et à cultiver des légumes ? Cela peut être vrai pour quelques-uns, mais non pas généralement, car ces articles sont plus rares et plus chers qu'ils ne l'ont jamais été.

24. Se commet-il beaucoup de délits contre les propriétés ? On vole beaucoup de cannes et de provisions, mais il se commet peu de délits plus graves. 25. Dans le cas où le salaire viendrait à baisser, n'aurait-on pas à redouter une grande augmentation de vols, et alors la police existante serait-elle suffisante pour maintenir l'ordre ? Le danger deviendrait certainement plus grand, attendu qu'il n y a pas de magistrat de police dans ce quartier ; je concevrais de sérieuses alarmes si la population devenait malheureuse.

13. Faites-vous payer à vos travailleurs le loyer de leurs maisons et de leurs jardins ? Non. 1 4. Ceux qui ne travaillent que par intervalles jouissent-ils des mêmes avantages que ceux dont le travail est régulier et continu ? Des mêmes exactement. 15. Quels sont vos motifs pour persister dans un système si peu juste ? C'est parce qu'il est suivi partout, et que je ne puis le changer sans que mes voisins soient disposés à agir de même. 16. N'êtes-vous pas un des membres de la commission des routes de celte partie de l'île ? Non ; mais je suis membre de celle de Naparima-Nord. 17. Les difficultés que présente la réparation des roules ontelles augmenté depuis l'émancipation ? Elles ont été beaucoup plus grandes jusqu'à l'arrivée des Américains. Nous ne pouvions Irouver personne qui voulût traiter de nos travaux, et tout ce qui se faisait coûtait énormément cher. J 8. Pourquoi ne voulait-on pas traiter avec vous ? Je ne sais, mais le fait est exact. Peut-être craignait-on de s'engager, parce que l'on ne peut pas toujours obtenir ou conserver des travailleurs à un prix convenable, tandis que les Américains comptent les uns sur les autres et exécutent les travaux en société. 19. Avez-vous eu occasion déjuger de la santé des immigrants depuis leur arrivée dans la colonie P Oui, généralement. 20. Ont-ils beaucoup souffert de la mortalité ou de la maladie ? Non. Parmi les Américains eux-mêmes, qui sont, à mon avis, les plus exposés, parce qu'ils sont nés dans le Nord, il n'y a eu que peu de décès et de rares maladies; ils seront avant peu complètement acclimatés.

B.

de M. Fréd. Maxwell, noir affranchi pendant le régime de l'esclavage, géreur de la plantation Philippine.

DÉPOSITION

1. Quelles sont vos occupations ? Je suis géreur de la plantation Philippine, dans Naparima-Sud ; il y a sept ans que je la conduis. M. Philip m'a amené à l'âge de cinq ans de l'île de la Grenade, et j'ai travaillé sur la plantation la Concorde, appartenant à sa famille, jusqu'à l'époque de mon affranchissement. 2. Croyez-vous que la condition de la classe laborieuse se soit bien améliorée depuis l'émancipation? Les travailleurs sont sans contredit plus contents de leur sort qu'autrefois. 3. Quel est le taux du salaire que vous payez actuellement aux travailleurs? Je paye 3 fr. 10 cent, aux hommes occupés au moulin et à la sucrerie ; les charretiers reçoivent le même salaire, et, en outre, un repas cuit, deux ou trois verres de rhum et une demi-livre de morue sèche. 4. A quelle heure commence et finit le travail ? La machine du moulin est mise en mouvement à 5 heures et ne s'arrête qu'à 1 1 heures ou midi. Nous interrompons alors pendant une heure, et à 5 heures 1/2 nous avons ordinairement fini. 5. Combien travaille-ton de jours par semaine? Six jours. 6. Les cultivateurs sont-ils assidus pendant ces six jours ? Oh! non. Ils ne. travaillent pas plus de trois à quatre jours; les uns prennent un jour, les autres en prennent un autre. 7. Combien se paye le sarclage des cannes ? a fr. 70 cent., avec une livre de poisson et un verre de rhum , pour 60 pieds carrés, quand le terrain est mal entretenu, ou pour 70 ou 80 pieds quand il l'est mieux. 8. D après votre expérience, croyez-vous qu'un travailleur ordinaire, bien disposé, puisse faire deux lâches dans un jour sans se fatiguer ?


e

846 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. H peut en faire aisément deux depuis 6 heures du matin jusqu à 11 heures. H y a sur la plantation deux femmes qui en font aisément trois par jour. 9. Y a-t-il beaucoup de cultivateurs qui achèvent deux tâches par jour? Très-peu. Quelques-uns n'en font que deux ou trois dans une semaine, d'autres une seule. 10. Pourquoi ne font-ils pas plus de travail, puisque cela leur serait si facile ? Par paresse. Us préfèrent vivre aux dépens de ceux de leurs amis qui sont plus actifs, et au moyen des cannes de la plantation. 11 Les vols de cannes vous causent-ils un préjudice considérable ?

et de ne pas leur permettre de s'établir les uns auprès des autres. surtout s'ils ont leurs femmes avec eux. 21. Pensez-vous que, s'il arrivait un certain nombre d'immigrants , on pourrait les occuper tous ? A Philippine, où nous avons de 8o à go cultivateurs résidants, nous pourrions en occuper demain 3oo de plus. 22. Quel genre d'occupation leur donneriez-vous? En ce moment je ne puis faire sarcler les champs de cannes ni arracher les feuilles mortes des rejetons ; la récolte en souffre. Mes cannes sur pied produiraient un tiers de plus, si elles étaient bien cultivées. Je mettrais alors plus de terres en culture, car notre machine pourrait suffire à une fabrication beaucoup plus considérable. 23. De quelle étendue est la propriété ?

Oui, sans doute , et nous ne pouvons l'empêcher. Quand on surprend les voleurs, on leur retient quelquefois leur salaire; mais il en résulte souvent qu'ils abandonnent la plantation pour aller travailler ailleurs. D'un autre côté , nous ne pouvons perdre le temps qu'il faudrait consacrer à les traduire devant le magistrat.

Non , elle a diminué aujourd'hui. On peut à peine se procurer des provisions.

12. Combien un travailleur actif peut-il économiser par semaine?

2.5. Qui est-ce qui avait soin de cette culture auparavant et pourquoi l'a-t-on négligée ?

Très-facilement 6 dollars au moins, s'il veut être assidu. Les deux femmes que j'ai citées économisent celte somme.

C étaient les esclaves et les apprentis qui s'en occupaient; mais depuis que les noirs reçoivent des salaires élevés ils sont devenus négligents. Beaucoup d'entre eux cependant auraient continue cette culture avec le même soin s'ils n'avaient pas été décourages par les vols.

13. Cela est-il possible dans toutes les saisons ? Oui, pour les travaux des champs; toutefois cela est moins facile pendant la récolte. 14. Savez-vous ce que les femmes dont vous avez parlé se proposent de faire de leur argent? Je crois qu'elles ont l'intention d'acheter un petit lot de terre. Le plus grand nombre des noirs dépensent ce qu'ils gagnent à boire , à jouer ou à se divertir.

De 450 acres, dont 320 seulement sont en rapport. 24. Croyez-vous que la culture des provisions et des autres petits produits ait augmenté depuis l'émancipation ?

26. Ne peut-on donc protéger les terres à provisions contre ces vols ? Ou ne trouve à aucun prix des gardiens pour les veiller; ils ne veulent pas vivre isolés. Du reste ces gardiens seraient pro bablement eux-mêmes les premiers à voler.

15. Croyez-vous que , sous ces rapports , ils soient en voie d'amélioration ?

27. Quel motif, selon vous, porte les cultivateurs à passer si souvent d'une plantation sur une autre?

Ils deviennent pires, au contraire, à mesure que les salaires augmentent. Dernièrement, par suite de l'état d'ivresse d'un de mes chauffeurs, j'ai été pendant deux heures obligé d'entretenir le feu moi-même.

Ils n aiment pas qu on surveille trop rigoureusement leurs travaux, et changent de plantation lorsqu'ils croient que sur la nouvelle ils pourront travailler plus vite et avec moins de soin.

16. Serait-il possible d'amener un cultivateur à signer un engagement de six jours de travail assidu ? Je n'oserais pas le tenter. Je n'ai quelque certitude d'avoir un travail régulier que parce que je trouve toujours un homme pour remplacer celui qui s'arrête, attendu que nous avons deux fois plus de monde que l'étendue de la plantation ne l'exigerait. 17. Auquel, du travail des cultivateurs créoles ou de celui des différentes classes d'immigrants, donneriez-vous la préférence?

28. La surveillance de leurs travaux vous donne donc beaucoup de peine ? Beaucoup, La besogne est infiniment plus mal faite que du temps de l'esclavage. 29. Si les salaires diminuaient de moitié, les cultivateurs en souffriraient-ils sensiblement? Non, ils seraient alors obligés de mieux travailler, et leur condition n en deviendrait que meilleure, car à présent ils passent la plus grande partie de leur temps dans la paresse et la dissipation.

A celui des créoles, parce qu'ils s'y entendent mieux. 18. Avez-vous essayé des affranchis d'Afrique? Sur la plantation nous en avons trois qui travaillent fort bien. L une des femmes dont j'ai parlé est africaine ; je suis son parrain , et j ai déjà entre les mains 1 oo dollars qui lui appartiennent. 19. Seriez-vous bien aise de voir arriver un plus grand nombre d'Africains ? Je les préférerais aux cultivateurs des anciennes îles, parce que je les crois mieux disposés à rester sédentaires. 20. Ne craindriez-vous pas que, faute d'éducation, ils ne devinssent turbulents et ne commissent des actes de violence? Non, si on avait le soin de les disséminer parmi les créoles,

c.

DÉPOSITION

de M. Richard Darling. Port-d'Espagne, 8 niai 1841.

L. Combien de temps avez-vous résidé clans cette colonie ? De g à 10 ans. 2. En quelle qualité ? D'abord comme fondé de pouvoirs de Joseph Wilson fils et compagnie, de Dublin, pour la direction de leur plantation. Maintenant je m occupe de commerce en général, et je représente en outre plusieurs propriétaires de l'île. 3. Puisque vous étiez dans l'île du temps de l'esclavage et de


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.—CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.—1841.—LA TRINITE. 847 l'apprentissage, dites si les dépenses de culture ont beaucoup augmenté depuis l'émancipation? Les frais de culture ont presque doublé. 't. A quel taux les salaires ont-ils été fixés aussitôt après l'émancipation ? A 1 franc 5o cent., avec quelques distributions pour chaque lâche. 5. Qu'entendez-vous par tâche ? Un certaine quantité de travail que nous consentons à recevoir comme équivalent d'une journée. 6. Une lâche équivaut-elle, en effet, à une bonne journée de travail ? Non, puisqu'on la fait souvent et sans effort en quatre heures. 7. Quel motif a porté les planteurs à préférer ainsi une faible portion de travail à une boune journée ? Le planteur n a eu aucun choix à faire. Cette tâche avait déjà été fixée pour remplacer la journée. Les esclaves, pendant longtemps, s étaient appliqués à faire le moins de travail possible, et à dissimuler ce qu'ils pouvaient faire. En cela ils avaient été favorisés par le protecteur des esclaves et les magistrats salariés. 8. Croyez-vous que les ordonnances pour l'amélioration de la condition des esclaves aient produit un mauvais effet sur leur industrie ? Elles ont certainement encouragé en eux la disposition naturelle chez tous les hommes à travailler le moins possible. 9. Vous dites qu'après l'émancipation le prix du travail se trouva fixé suivant la tâche. Est-il donc possible de faire de celle manière là tout ce qu'exige la culture d'une plantation? Non; la tâche ne peut être appliquée qu'au sarclage, aux tranchées, et en général à tout ce qui se fait hors le temps de la récolte. Pendant la récolte, on ne peut faire exécuter à la lâche que la coupe des cannes, leur transport et leur préparation pour le moulin. Dans tous les cas, soit à la tâche, soit à la journée, on est obligé de stipuler la valeur d'une journée de travail, pour être sur d'en obtenir une certaine quantité. 10. Lorsqu on loue des hommes à la journée pour le moulin ou pour la cuisson, à quelle heure commencent-ils le matin? Il est très-difficile de les faire commencer avant sept heures, et d'ordinaire ils finissent entre cinq et six. Ces journées sont trop courtes, et il peut en résulter de grandes pertes, surtout dans celle île, où le temps sec, pendant lequel la récolte se fait, dure généralement moins qu'ailleurs. 11. Ne serait-il pas possible d'assurer sa récolte, en louant un supplément d'hommes pour travailler au moulin et à la cuisson depuis cinq heures et demie jusqu'à six heures du soir, moyennant un supplément de salaire ? Dans notre situation actuelle, notre population étant fort limitée, il est difficile de faire travailler les noirs avec assiduité, même pendant les heures qu'ils ont choisies. 12. Vous n'êtes donc pas sûr de leur travail pendant ces heures-là ? damais. Cela dépend de leur bon plaisir. Le samedi soir, on ne peut répondre que le moulin marchera le lundi, à moins d'avoir un excès de bras à sa disposition. Sur la plantation l'Ermitage, nous arrêtâmes le moulin pendant huit à quinze jours pour faire sarcler les cannes, mais les hommes s'y refusèrent; et, après avoir vainement essayé, pendant une semaine , de vaincre leur résistance, nous fûmes obligés d'y renoncer et de reprendre le travail du moulin. 1.1. Pourquoi n essayez-vous pas de faire contracter aux culti-

vateurs, par-devant un magistrat, des engagements, soit pour le temps de la récolle, soit par mois ou par semaine ? Ils se refusent obstinément à tout engagement, et trouvent sans cela de l'occupation quand ils en désirent. Quelquefois ils abandonnent, sous le plus léger prétexte, le travail qu'ils ont commencé : un charretier, à qui on avait ordonné d'enlever une partie de cannes exposées à devenir aigres , déclara qu'il ne voulait pas qu'on le commandât, et abandonna la charrette dans les champs. Souvent un charretier refuse de travailler si on ne lui donne l' animal qu'il préfère. Sur la plantation Retrench, située dans Naparima-Sud, nous avons des peons espagnols qui coupent ordinairement nos cannes ; il y a un mois environ, ils furent attirés à une fête, et les travaux de la manufacture seraient restés interrompus , si nous n'avions réussi à les remplacer. Le géreur avait engagé des hommes pour sarcler ; il a eu une peine excessive à obtenir d'eux qu'ils coupassent les cannes, et encore ce ne fut qu a la condition qu il leur laisserait choisir les champs qui leur conviendraient, de sorte que toute la disposition des travaux s'est trouvée bouleversée. 14. Lorsque de telles choses arrivent, ne pouvez-vous en obtenir satisfaction en vous adressant à un magistrat? Dans les circonstances où s'est trouvée la plantation Retrench, par exemple, les propriétaires de Naparima-Sud considéreraient comme très-inutile toute plainte adressée au magistrat salarié de ce district, d'abord parce qu'il n'entend pas le langage des habitants, qui presque tous parlent français ou anglais, tandis que lui-même est Espagnol, et ensuite parce qu'eux-mêmes n ont aucune confiance dans sa sagacité. Mais, lors même que le magistrat ne donne pas personnellement de tels motifs de s abstenir, le résultat des plaintes est si incertain, il fout perdre tant de temps à faire entendre les témoins et le géreur, sans compter qu on exposerait ce dernier à une impopularité qui pourrait lui ôter toute possibilité de trouver des travailleurs, que l' on préfère passer sur des fautes même plus sérieuses que celles dont j ai parlé. Quand il m'est arrivé d'insister pour que les géreurs ne laissassent pas toutes les infractions impunies, et de les forcer à faire un exemple, les frais de citation n'ont eu d'autre effet que d'avertir le coupable qu'il devait se cacher, ce qu'il a fait, en emportant les outils qu'il avait à sa disposition. 15. Les noirs n'ont-ils donc, sur les plantations, aucune propriété personnelle qui puisse servir de garantie de leur conduite? Il en est très-peu qui possèdent quelque chose. La plupart n ont pas de résidence fixe ; ils vont d'une propriété à une autre. C est pour cela qu'il est impossible d'obtenir un recensement exact, a moins qu'on ne le fasse partout le même jour, et encore serait-il imparfait, parce qu'on ne pourrait savoir combien d'individus auraient pu se retirer, pendant la nuit, dons les cases des cultivateurs, qui refuseraient certainement de donner aucun renseignement à ce sujet. Quelques cultivateurs des anciennes plantations ont de petites propriétés; il y en a qui possèdent un cheval; mais c'est la grande minorité et l'élite de cette classe. 16. Croyez-vous nos cultivateurs créoles plus réguliers dans leurs mœurs que les immigrants ? Beaucoup plus. Je ferai cette distinction en faveur des Américains, qu ils n agissent pas, comme les autres, par caprice, mais dans le but de gagner le plus possible. Je crois qu'ils feront tous ce que beaucoup d entre eux ont déjà fait, c'est à-dire qu'ils abandonneront le travail à la journée pour entreprendre des tâches à leur compte. 17. Savez-vous quelque chose des affranchis africains ? J'en ai employé un grand nombre, et je leur donne en général la préférence sur les immigrants des anciennes îles. Ils sont plus assidus et résistent mieux dans la plaine.


848 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. 18. L'immigration des cultivateurs a-t-elle été considérable depuis l'émancipation? Elle a été très-considérable, et paraît, depuis quelque temps, devenir de jour en jour plus régulière. 19. Vous avez dit qu'à l'époque de l'émancipation le salaire avait été fixé à 1 fr. 5o cent, pour une tâche; a-t-il baissé depuis en proportion du nombre des immigrants arrivés ? Au lieu de baisser, il n'a pas cessé d'augmenter; aujourd'hui il est plus élevé que jamais. 20. Comment expliquez-vous cette anomalie ? Je l'attribue à la concurrence que se font les planteurs pour se procurer des travailleurs, et à l'élévation graduelle du prix du sucre durant la même période. Il faut tenir compte aussi de ce que le nombre des cultivateurs à la journée n'a pas augmenté en proportion de celui des immigrants. Une chose certaine c'est que plus le salaire s'élève, moins l'on est obligé de travailler assidûment. 21. Pourquoi les propriétaires ne se sont-ils pas entendus pour maintenir les salaires à leur taux primitif? On l'a essayé dans quelques endroits, mais sans succès, parce que tout le monde n'agissait pas loyalement. On peut encore attribuer à une autre cause l'augmentation des salaires ; c'est qu'un grand nombre de cultivateurs s'établissent, soit sur des terres qu'ils ont achetées, soit sur des terres qui appartiennent à des tiers ou à la Couronne. 22. Si l'occupation des terres d'autrui est si fréquente, pourquoi les planteurs ne prennent-ils pas des mesures pour l'empêcher ? L'ordonnance en vigueur, avec les défauts qui la caractérisent, ne serait d'aucun secours à cet effet; il en serait de même de toute autre loi, à moins qu'un officier, investi d'un pouvoir exécutif, ne fût délégué par le Gouvernement pour la faire exécuter. Je connais des propriétaires qui savent très-bien que de semblables établissements se sont formés auprès d'eux; mais, au lieu de faire expulser ces voisins dont ils se plaignent sans cesse, ils les tolèrent pour ne pas perdre les journées de travail qu'ils en obtiennent de temps en temps. 23. Comme l'augmentation des salaires concordait avec l'augmentation du prix du sucre sur le marché, les bénéfices n'ontils pas été plus grands en 1840, alors que le" cours a été le plus élevé, qu'en 1838 et 1839 ? Non certainement. Je crois même qu'ils ont été bien moindres; plusieurs propriétaires ont souffert de grandes pertes. Les dépenses d'une plantation ne sont pas précisément en raison du taux des salaires; elles se sont beaucoup accrues par la négligence toujours croissante des cultivateurs, par leur irrégularité au travail, et parle peu de soin qu'ils prenaient des animaux et des ustensiles. Je payais d'abord les conducteurs de mules cl les charretiers selon le nombre de charges de cannes qu'ils apportaient au moulin ; mais j'ai été obligé bien des fois d'y renoncer pour que les animaux ne fussent pas surchargés. La coutume qu'on a laissé s établir parmi les noirs, de prendre autant de cannes qu ils en veulent pour eux et leurs porcs, et les incendies, que leur négligence rend très-fréquents, causent encore des perles considérables.

D.

DÉPOSITION

de

M. W.

Hamilton.

Port-d'Espagne, 24 mai 1841. 1. Vous êtes dernièrement arrivé avec un grand nombre d Africains affranchis que vous avez amenés de Sierra-Leone ; dans quelles circonstances ce voyage a-t-il été entrepris ?

Le gouverneur de Sierra-Leone ayant fait part à lord John Russel du désir dune partie des affranchis africains d'émigrer pour la Trinité, plusieurs personnes de Londres, possédant des intérêts dans cette île, et sachant que j'avais résidé plus de trois ans au milieu de ces Africains, me consultèrent sur leurs dispositions a emigrer, et me demandèrent si je voudrais en dirige une expédition. Convaincu des avantages qui résulteraient, tout a la fois pour l' Afrique et pour les Indes occidentales, d'une telle émigration, j acceptai leur proposition. Avec le consentement du ministre des colonies, je m'embarquai sur le navire Élizabeth-etJeanne, frété pour ce voyage. J'arrivai à Sierra-Leone le 16 mars, et j informai immédiatement le gouverneur, sir John Jérémie, du motif qui m'amenait dans la colonie. 2. Sir John Jerémie savait-il déjà dans quelle intention vous aviez fait votre voyage ? Oui. 3. Quels ordres donna-t-il en conséquence? Il me déclara qu'il s abstiendrait de toute intervention dans cette affaire, ce qui! fit en effet; et, deux jours après, une circulaire avait été adressée aux directeurs des villages pour les inviter à se tenir dans la même réserve. 4. Les autorités inférieures suscitèrent-elles quelques obstacles a l' accomplissement de votre mission ? Pas le moindre. Mais je bornai mes opérations à Freetown, où le bruit avait été répandu, j'ignore par quelle voie, que tous les individus qui partiraient seraient réduits en esclavage à leur arrivée aux Indes occidentales. 5. Pensez-vous que cette rumeur ait ou assez d'influence sur les noirs pour les empêcher de s'embarquer ? Je n'en fais aucun doute. 6. Vous êtes-vous adressé au gouverneur, pour lui demander de démentir ouvertement un bruit injurieux pour le Gouvernement des colonies anglaises? Non, car heureusement dans ce moment critique il arriva, dans la colonie, environ 3oo hommes du 3 régiment noir if Indes occidentales, et je m'en remis à eux du soin de rendre un compte fidèle de ce qui se passait dans les possessions anglaises. Les indigènes leur demandèrent en effet, mystérieusement, quelques renseignements, et, bientôt après, toutes les places que l'Élizabeth-et -Jeanne pouvait fournir furent retenues. e

7. En disant que vous n'avez rencontré aucun obstacle, entendez-vous que vous n avez eu aucune formalité à remplir, ni aucuns droits à payer avant l'embarquement des émigrants? Suivant une loi de la colonie, les émigrants sont obligés de déclarer leurs noms, dix jours al avance, au bureau du secrétariat, et de prendre un passe-port, qu'ils payent 3fr. 10 cent.; mais le gouverneur ordonna que, dans le cas présent, cette disposition ne serait pas appliquée. 8. Avant votre départ de Londres, vous a-t-on remis copie de l'ordonnance concernant l'immigration à la Trinité? Oui. 9. Vous êtes-vous conformé à cette ordonnance, relativement au nombre des passagers et aux provisions qu'elle enjoint d'embarquer pour leur usage ? Je croyais, en effet, avoir à me conformer à cette ordonnance; mais je fus obligé de suivre celle rendue par le gouverneur de Sierra-Leone, et qui, prescrivant un plus grand approvisionnement d'eau, augmente les frais d'acquisition de futailles. 10. Quelle est la différence entre les approvisionnements d'eau prescrits par les deux ordonnnances? La différence est de 3/10es. L'ordonnance de Sierra-Leone fixe


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ETAT DU TRAVAIL, ETC.— 1841. — LA TRINITÉ. 849 en outre le temps du passage à huit semaines, au lieu de six que porte le règlement de la Trinité. 11. Quelle a été la durée de votre voyage ? En tout 39 jours, depuis l'embarquement jusqu'à notre entrée dans Port-d'Espagne. 12. Est-ce moins de temps qu'on n'en met ordinairement? Non. La distance n est que d'environ 3,ooo milles, et nous avons eu des calmes pendant environ dix jours sur la côte. La durée moyenne d'une traversée doit être de trente jours. 13. D après des documents relatifs au commerce des esclaves, soumis à la Chambre des lords en 1791, cette traversée était cependant évaluée à 51 jours?

premier commis de l'administration des noirs capturés, à SierraLeone. 23. Le navire l'Elizabeth-et-Jeanne aurait-il pu amener une cargaison, outre les passagers ? Le capitaine m'a dit en mer que nous aurions pu nous charger de 250 tonneaux en plus. 24. Quel était le tonnage du navire ? Il était de 336 tonneaux. 25. Quels articles aurait-on pu exporter avantageusement de Sierra-Leone à la Trinité, pour ajouter au fret d'un navire portant des passagers ?

Ce pouvait être la durée ordinaire, en venant des ports et points voisins de la ligne d'où l'on tirait les esclaves; mais en parlant de Sierra-Leone le trajet est beaucoup plus court.

Des planches, des lattes et autres bois qui sont, m'a-t-on dit, recherchés ici et y coûtent fort cher. On aurait pu aussi apporter du riz rouge, que l'on se procure à Sierra-Leone à raison de 175 francs le tonneau.

14. Vous restait-il, à votre arrivée, beaucoup de provisions et d'eau ?

26. De quel bois entendez-vous parler, et combien coûteraient les 1,000 pieds?

Oui. Mais les provisions pouvaient encore être vendues, tandis que l'excédant d'eau, qui occupait beaucoup de place, avait nécessité des fûts qui n'ont pu être vendus qu'à perte.

Du brimstone ( bois soufre ), du wiremore blanc et du cèdre, que l'on peut obtenir à a 5 ou 3o dollars les 1,000 pieds.

15. L'ordonnance de sir John Jérémie diffère-t-elle de l'acte d'immigration de la Trinité, quant au nombre de passagers et à la proportion des sexes? L'ordonnance de sir John Jérémie n'est réellement, excepté en ce qui concerne les vivres, que la répétition de l'acte anglais sur les passagers, et celui-ci est conforme à celui de la Trinité quant au nombre des passagers. Quant à la proportion des sexes , celte ordonnance n en parle pas. Le gouverneur me permettait de prendre trois hommes contre deux femmes; mais je n'ai pu profiter de celte facilité, parce que j'avais reçu l'ordre de me conformer, à ce sujet, à l'acte delà Trinité. 16. Il paraît que le gouverneur ne vous laissa pas suivre cet acte en ce qui concerne l'eau et les provisions ? Non. Je n'aurais pu mettre à la voile sans m'être conformé à ce qu'il m'a prescrit à ce sujet. 17. Ainsi vous avez été contraint d'observer ce qu'il y a de plus défavorable dans les deux ordonnances ? Oui, sans doute. Il m'a fallu suivre celle de Sierra-Leone pour l'approvisionnement d'eau, dont la moitié au moins me restait en arrivant ici, et celle delà Trinité pour l'égale proportion des sexes; tandis que sir John Jérémie m'accordait trois hommes pour deux femmes, proportion fixée par l'acte de la Jamaïque. 18. Sous ce rapport, la Jamaïque jouit donc d'un privilège dont la Trinité est privée ? Oui. 19. A combien croyez-vous que s'élève la population de SierraLeone ? A 5o,ooo individus, en totalité.

27. Sont-ce des bois qui puissent rester longtemps en terre sans se pourrir ? Le brimstone est un bois durable, mais pas autant que le teak ; celui-ci serait d'un prix beaucoup plus élevé. 28. Combien de temps êtes-vous resté dans la colonie ? Avezvous eu occasion d'en visiter les districts ? Je suis resté 15 jours dans la colonie, et j'ai visité tous les districts dans lesquels résident les cultivateurs, excepté celui de Chaguanas. 29. Quelle a été la santé de vos passagers pendant le voyage? Quelques-uns ont éprouvé, après plusieurs jours de mer, une fièvre inflammatoire, causée par le changement de régime; mais ils en ont été promptement guéris. Sauf ces indispositions, le médecin n'a eu à soigner que d'anciennes plaies et des ulcères, qui existaient avant l'embarquement. Tous les émigrants sont arrivés en bonne santé , excepté un enfant d'un an qui est mort, au bout de trois jours, d'une affection de poitrine. 30. Paraissaient-ils contents pendant le voyage, et n'exprimaient-ils aucune crainte au sujet de leur condition future ? Us paraissaient fort contents, et plaisantaient entre eux sur le bruit répandu, à Sierra-Leone, que mon intention était de les vendre comme esclaves. 31. Depuis leur arrivée sur les diverses plantations où ils résident, quels sentiments vous ont-ils témoignés? Presque tous m'ont remercié de les avoir amenés dans un aussi bon pays, et m'ont prié de faire venir leurs amis. Je n'ai entendu d'autres plaintes que celles de quelques maçons et charpentiers, qui prétendent ne pas gagner autant qu'à Sierra-Leone.

20. Ce chiffre n'est-il pas au-dessous du nombre d'Africains qui ont été transportés ici à diverses fois?

32. Peut-il être vrai que leur condition fût meilleure à SierraLeone , lorsqu'ils gagnent ici un dollar par jour?

Oui; car, d'après un renseignement que je possède, le nombre des individus débarqués de 1808 à 1833 s'élevait à 44,000; et depuis, en deux années seulement, il en est arrivé 15,000.

Ceux dont je parle se plaignaient plutôt du manque d'ouvrage que du prix. Ils travaillaient, en attendant, dans les champs de cannes. Du reste, ils m ont aussi prié de leur envoyer leurs amis restés en Afrique, et ne m'ont pas paru, malgré leur mécontentement, disposés à y retourner.

21. A quelle cause attribuez-vous cette décroissance de la population ? Ala différence dans la proportion des sexes parmi les individus capturés sur les navires de traite, et à la mortalité qui en enlève un grand nombre dans les six premiers mois de leur arrivée. 22. Sur quoi appuyez-vous votre opinion ? Je me suis sérieusement occupé de cet objet, lorsque j'étais II.

33. Pensez-vous consciencieusement que la condition de ces affranchis se soit améliorée par leur transport ici ? Cela ne me laisse aucun doute ; car à Sierra-Leone le salaire ne dépasse jamais 4o cent, par jour ; et encore ne trouve-t-on pas toujours à s'employer. Pendant six mois que j'ai rempli le poste d'inspecteur adjoint, j'ai renvoyé de 200 à 3oo hommes 54


850 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

qui sollicitaient du travail à ce prix. Je dois faire remarquer que je parle de Free-Town, car je ne sais à quoi peut s'occuper la population des villages et des districts maritimes. 34. Alors comment fait-elle pour vivre ? Elle élève des porcs et de la volaille. 35. Y a-t-il des marchés où ces articles puissent être portés ? Dans les districts voisins de la mer, ils ne peuvent vendre qu aux écoles, et c'est un bien faible débouché pour tant de monde. Free-Town, la capitale, a un marché auquel les paysans, de 10 à 12 milles à la ronde, apportent leurs produits. Ils s'en retournent le même jour après les avoir vendus. 36. Ne cultivent-ils aucune denrée d'exportation ? Un peu de gingembre, d'arrow-root et de poivre. Je n'ai entendu parler d'aucune autre. 37. Quelle est la qualité du sol de Sierra-Leone, comparé à celui de la Trinité ? Le sol peut se diviser en deux parties : dans l'une, il est de la plus mauvaise qualité; dans l'autre, il est aussi riche que possible. 38. Les immigrants que vous avez été visiter ici vous ont-ils dit qu'ils eussent remarqué cette différence? Ils m'ont de suite fait remarquer combien nos cannes à sucre sont plus belles que les leurs, qu'ils comparent à leur petit doigt pour la grosseur. 39. Ont-ils eu quelque difficulté à se placer en arrivant? Tout au contraire; leurs services étaient tellement recherchés qu'ils ont de suite senti l'indépendance de leur position. 40. Combien croyez-vous que l'on puisse se procurer de cultivateurs à Sierra-Leone? On pourrait en amener de suite 10,000, et ce serait un avantage pour eux aussi bien que pour ceux qui resteraient. 41. Savez-vous quel est le salaire que vos immigrants gagnent depuis leur arrivée ? Les uns font, par jour, une tâche qui leur est payée un demidollar, plus une ration de poisson salé et de farine; quelques-uns font deux lâches; et, quand ils connaîtront mieux la culture de la canne, je ne doute pas qu'ils ne fassent autant de besogne que les cultivateurs créoles. 42. Si, dès leur arrivée, les cultivateurs de Sierra-Leone peuvent gagner, par jour, un demi-dollar et une ration de vivres, au lieu des 40 cent, qu'ils recevaient dans leur pays, ne seraitil pas heureux pour toute la population de se trouver transportée ici ? Sans doute, si le salaire devait se maintenir au même taux à Sierra-Leone; mais je crois que l'éloignement de 10,000 individus suffirait pour le faire monter, et pour faire naître dans cette colonie l'industrie et la richesse; car j'ai toujours remarqué que le bas prix du salaire est le signe du malaise et de la misère. 43. Si vous-croyez que Sierra-Leone ne puisse pas se priver de plus de 10,000 émigrants, ce nombre serait loin de suffire aux besoins de la Trinité, de la Guyane, et de la Jamaïque. Existe-t-il d autres points de la côte où l'on pourrait se procurer des travailleurs ? Quand on aurait emmené 10,000 émigranls de Sierra-Leone, je suis convaincu que l' élévation des salaires y attirerait les habitants de l' intérieur, de sorte que, malgré un écoulement constant d'individus vers les Indes occidentales, la population n y prendrait pas moins un accroissement graduel. 44. Combien avez-vous amené de Kroomen, et quel emploi ont-ils ici? J en ai amené seize, qui tous travaillent sur les plantations.

45. Le comité croyait qu'ils ne voudraient travailler qu'à bord des navires ou sur le rivage de la mer. Comment expliquez-vous cette circonstance ? Je pense que leur occupation actuelle n'est que temporaire. et que plus tard ils reviendront à leurs travaux de prédilection à bord des navires. 46. Se sont-ils plaints à vous d'avoir été obligés de s'occuper d'agriculture? Aucunement. Ils m'ont paru aussi satisfaits que les autres. Je m explique ce fait, qui m'a d'abord surpris moi-même, par battrait du logement qu'on leur donne gratis. 47. Croyez-vous que l'on pourrait se procurer un nombre considérable de Kroomen, soit à Sierra-Leone même, soit sur tout autre point de la côte ? Oui; je sais, par ceux qui sont ici, que beaucoup de leurs compatriotes viendraient s'ils connaissaient les avantages qu'offre la Trinité. 48. Mais comment se conformer aux prescriptions sur la proportion des sexes, si, comme on le dit, les Kroomen n'amènent jamais leurs familles avec eux ? Comme ce sont des hommes de belle et forte race, quand ils sauraient à quelle condition ils peuvent obtenir leur passage, il leur serait facile de déterminer un nombre suffisant de femmes du voisinage de Sierra-Leone à les suivre à la Trinité. 49. Les Kroomen forment-ils une tribu nombreuse? Je le crois; il existe une loi qui défend qu'un trop grand nombre d'entre eux s'établisse à Sierra-Leone, de peur qu'ils n'enlèvent le travail aux affranchis africains. 50. Ainsi, le travail que nous pouvons fournir ici à la population de Sierra-Leone, serait non-seulement un bénéfice pour elle, mais encore pour les autres tribus de la côte d'Afrique? Sans aucun doute. 51. Les Kroomen que vous avez amenés se sont-ils inquiétés de savoir s ils pourraient obtenir les moyens de retourner à leur gré en Afrique ? Ils n ont aucune inquiétude à ce sujet, parce qu'ils savent que. s ils avaient envie de partir, il leur suffirait de prendre du service sur un navire , pour gagner leur passage par l'Angleterre Quant aux affranchis africains, tout ce qui les occupe c'est d avoir leurs amis auprès d'eux; mais je crois qu'il serait prudent de fournir, a ceux qui en témoigneraient le désir, les moyens de retourner. Il y en aurait peu, je crois, qui voulussent profiler de celte facilité; car, en quittant Sierra-Leone, je m'étais engagé à payer le passage à six d'entre eux, qui reviendraient rendre compte de l'état des choses à la Trinité; et dernièrement je n en ai pas trouvé six qui consentissent à retourner, à moins qu'on ne leur assurât, pendant leur absence, le salaire qu'ils gagnent ici. 52. Estimez-vous qu'il serait difficile de se procurer des travailleurs, sur les côtes où les autres puissances vont encore chercher des esclaves ? Je ne connais guère de l'Afrique que Sierra-Leone. Toutefois je crois qu'excepté les Kroomen il y a peu de naturels parfaitement libres et indépendants. Il faudrait donc, pour exécuter ce plan, acheter le consentement des chefs. 53. Quelle objection pourrait-on foire à un semblable arrangement ? A mon avis , ce serait recommencer la traite. 54. Pensez-vous donc qu'après avoir acheté de leur chef la permission, pour eux, de venir sans frais à la Trinité, on les y rendrait esclaves à leur arrivée ? Non, sans doute.


ÉTUDE DE L'EXPÉR .ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1841.— LA TRINITÉ. 851 55. Sous quel rapport considérez vous donc que ce serait recommencer la traite ?

Dans ce cas je ne vois pas d'objection ; mais je ne pense pas qu'on puisse les amener à rien comprendre de pareil.

Parce que l'acte ne serait pas volontaire de la part des ► migrants.

62. Pensez-vous que leur intelligence soit tellement bornée qu'ils ne puissent distinguer la différence qui existe entre le bienêtre et la misère, entre l'esclavage et la liberté? Le comité ne l'aurait pas supposé, à en juger d'après les milliers d'Africains affranchis qui sont arrivés ici depuis plusieurs années, et qui semblent connaître leur intérêt personnel aussi bien qu'aucun autre cultivateur de l'île. Croyez-vous donc aussi que les recrues africaines de nos régiments des Indes occidentales ne sentent pas bien qu'en s'engageant ils améliorent leur condition, et n'est-ce pas ce motif qui les détermine?

56. Ne pourrait-on rendre cet acte volontaire, en décidant quelques-uns des Kroomen qui sont ici à aller leur expliquer combien il est différent d' Cire enchainé sur un navire pour être transporté au Brésil ou a Cuba, et y être traité comme esclave p endant toute la vie, ou de venir commodément, sur un navire anglais, dans une colonie anglaise, pour y travailler en homme libre moyennant un bon salaire? Je ne pense pas que les noirs dont il est question consentent volontairement à émigrer. 57. Pourquoi n'y consentiraient-ils pas, s'ils étaient une fois convaincus que le changement rendrait leur condition heureuse. N'arrive t-il pas souvent qu'un esclave échappe à son maître malgré les peines auxquelles il s'expose? Pourquoi donc un indigène africain n'aurait-il pas le désir de se délivrer de l'oppression qui l'accable dans son pays , pour devenir libre et heureux dans une colonie anglaise? Il ne me semble pas qu'on puisse comparer la position de l'esclave fugitif à celle de l'émigrant. 58. Sans doute, la comparaison pèche, sous un rapport, parce que l'esclave court des risques effrayants en cherchant la liberté, tandis que l'émigrant n'en courrait aucun en quittant l'Afrique sans le consentement de son chef; mais, avant tout, ne sont-ce pas en effet deux esclaves placés dans des circonstances semblables, sous le point de vue le plus important? J'admets que cela soit vrai, mais je n'en aurais pas moins, pour le moyen proposé, une répugnance extrême. 59. Vous admettez que les nègres qu'on engagerait à émigrer sont actuellement esclaves, et qu'ils deviendraient immédiatement libres, en partant pour une colonie qui offre, même au travailleur libre de Sierra-Leone, les moyens d'améliorer son sort. D où vient donc la répugnance que vous manifestez ? De ce que, selon moi, une nation qui a fait de si grands sacrifices pour abolir l'esclavage, ne doit rien tolérer qui puisse avoir une ressemblance plus ou moins directe avec le commerce des noirs. 60. On peut dire, en effet, qu'il y a apparence de trafic, parce que le maître vend son esclave, en abandonnant pour un prix le droit qu'il avait surlui ; mais il n'y aurait, en réalité, aucun achat d esclave, puisque la liberté serait immédiatement donnée a celui-ci. Lorsqu'autrefois les Européens étaient pris et amenés en esclavage par les corsaires de Barbarie, leurs amis, leurs concitoyens, rachetaient leur liberté. Iriez-vous jusqu'à dire que ce n'était pas un acte convenable, parce qu'il a une ressemblance avec le commerce d'esclaves ? ou bien quelle différence y voyezvous avec le moyen que vous désapprouvez ? Je ne blâmerai certainement pas ce qui s'est fait pour le rachat des captifs européens, et, comme question abstraite, je ne puis dire pourquoi la différence de couleur donnerait un sens différent au même acte. En y réfléchissant mieux, je croirais que si l'on pouvait faire comprendre aux Africains asservis les avantages qui les attendent aux Indes occidentales, il importerait peu que I on obtint le consentement de leur chef par des traités, des présents ou autrement. Mais, à en juger par ceux qu'on débarque à SierraLeone, ces malheureux ont l'intelligence si bornée, qu'on essayerait vainement de leur faire comprendre de telles explications. En outre, il pourrait être dangereux de donner un pareil exemple aux puissances étrangères. 61. Dans la question posée, on admettait que les Africains auraient compris le bénéfice qu ils retireraient de l'émigration, et qu'ils s'embarqueraient librement. II.

Je ne suppose pas qu'ils en aient la moindre idée. Ils se laissent guider passivement par les sergents recruteurs qui sont de leur pays. Mais j'insiste de nouveau sur ce point, qu'il serait dangereux de donner un tel exemple. 63. Quel danger y voyez-vous? Les étrangers pourraient vouloir nous imiter et embarquer, comme émigrants pour le Brésil, Cuba, etc., des Africains qu'ils feraient esclaves en arrivant. 64. Sans doute, nos croiseurs ne pourraient pas arrêter des navires qui se prétendraient chargés d'émigrants ; mais pensezvous qu'ils ne courraient aucun danger à transporter, en leur laissant la liberté de leurs mouvements, des hommes qui pourraient se douter qu'on les emmène pour les vendre. Les frais de transport n en deviendraient-ils pas aussi beaucoup plus considérables ? Ces considérations ne seraient pas assez fortes pour les retenir. 65. Vous savez que sir Fowell Buxton estime à un quart environ la proportion des esclaves achetés à la côte d'Afrique qui meurent dans le passage ; et que, sur ce qui reste, il en meurt encore un cinquième à l'arrivée, par suite de la misère qu'ils ont éprouvée dans les trous où ils sont entassés pendant le voyage. En supposant donc que les étrangers imitassent notre exemple, et transportassent leurs esclaves comme émigrants, ne serait-ce pas un service rendu à l'humanité que d'éviter à ceux-ci les horreurs du voyage ordinaire, et de sauver la vie à des milliers de malheureux ? Ce serait sans contredit un bien pour l'humanité; mais je persiste à dire que ce serait une imitation de la traite. 66. Si l' on vous prouvait pourtant que ce serait le véritable et seul moyen efficace pour mettre fin au commerce des noirs, vous opposeriez-vous encore à ce qu'il fût mis à exécution ? Non, si l'on me donnait en effet celte conviction. 67. Doutez-vous, d'après les observations que vous avez pu faire, que notre sol soit aussi fertile que celui du Brésil, de Cuba ou de toute autre partie du monde? Le sol me semble ici, en effet, extrêmement fertile, et, à ce sujet, je n'ai aucun doute à émettre sur l'opinion des personnes qui sont en état d'en juger; quant à moi je ne suis pas à même de le faire. 68. A combien évaluez-vous la dépense pour amener ici un Africain comme émigrant, en y comprenant le prix qu'il faudrait payer au cbef pour avoir son consentement? Je présume qu on ne pourrait pas obtenir ce consentement pour une somme moindre que celle qu'il retire d'un esclave, c'est-àdire 3o dollars; il faut compter sur une somme égale pour le voyage, en tout 6o dollars. 69. Savez-vous le prix que coûte un esclave de la côte d'Afrique à un planteur du Brésil ou de Cuba ? Sir Fowell Buxton le porte à 35o dollars. 70. Mais à celte somme il faut joindre

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pour l'excès

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852 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. - PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. de mortalité parmi les nègres non acclimatés; de sorte que le prix total reviendrait à 420 dollars. Sans doute. 71. A fertilité égale du sol, supposez-vous que le planteur de Cuba ou du Brésil pourrait lutter avec nous pour la culture du sucre, lorsqu'il est obligé de payer 420 dollars le nègre qui ne nous en coûterait que 60, sans parler des achats qu'il est obligé de faire pour entretenir une nombreuse population d'esclaves, tandis que la nôtre pourvoit elle-même à ses besoins , et s'augmente naturellement? Le sol étant également fertile, il n'y a aucun doute que l'avantage serait de votre côté. 72. Si donc nous obtenons le sucre à meilleur compte que ces colonies, et si nous sommes à même de nous procurer assez de travailleurs, ne devons-nous pas bientôt être débarrassés de leur concurrence sur les marchés? Cette conclusion me semble naturelle. 73. Croyez-vous que les colonies étrangères continueraient à importer des esclaves d'Afrique, si elles cessaient d'en tirer un profit? Certainement non. 74. Donc le commerce des esclaves serait aboli. Sans doute, mais il n'en est pas moins vrai que nous discutons sur le commerce de la chair humaine.

quartiers de Tacarigua, Arouca, Arima, Quanapo, Aripo et Caroni, avec la vallée de Caura et l'établissement des soldats reformés, jusqu'à la Ceiva, à l'est. 2. Quelle est la distance d'une extrémité à l'autre de ces deux districts ? De l'est à l'ouest, 3o milles en ligne directe ; du nord au sud . la route, qui conduit aux différents endroits où mes fonctions peuvent m'appeler, a 60 milles d'étendue. 3. Toutes les routes sont-elles bonnes pour les voitures, et les rivières ont-elles des ponts ? Les routes sont maintenant bonnes et praticables pour les voitures sur la ligne à l'est jusqu'à Aripo; mais, à l'exception des vallées de Santa-Crux et de Maraccas, toutes celles du nord et du sud ne peuvent être parcourues qu'à cheval. Il n'y a pas de ponts sur les rivières. 4. Les routes ne sont-elles pas exposées, pendant la saison des pluies, à des inondations qui mettent en danger ou relardent les voyageurs ? On peut se trouver arrêté pendant deux ou trois heures sur le bord des rivières. 5. Combien y a-t-il de temps que vous êtes magistrat salarie ? Depuis l'établissement de la police rurale, en août 1838. G. Avez-vous un suppléant pour vous aider dans vos fonctions ?

7 5. Pour décider sur le mérite d'une mesure, ne vous appuyezvous que sur les expressions dont il a fallu faire usage, et non sur les résultats probables qu'elle doit avoir ?

Je suis le seul juge de paix salarié ; mais il y a, dans le district de Tacarigua, trois juges de paix choisis parmi les propriétaires, et, dans le district de Saint-Joseph, il y en a deux.

Le meilleur résultat ne justifie pas les moyens, quand, pour l'obtenir, il faut sacrifier les sentiments qui devraient être naturels à tous.

7. Ces juges de paix ont-ils le pouvoir d'agir sans votre intervention ?

76. Cette réponse ne semble pas applicable à la discussion actuelle. Vous convenez que le plan supposé d'acheter aux chefs africains leur consentement pour l'émigration des naturels aurait l'avantage, d'abord, de sauver aux noirs les horribles traitements auxquels ils sont soumis pendant le transport ordinaire, et, en définitive , d'abolir l'esclavage. Où trouvez-vous qu'il y ait là aucun sentiment naturel à sacrifier ?

Oui,dans quelques cas; par exemple, pour faire des enquêtes. pour maintenir le bon ordre, et pour quelques-unes des questions qui concernent les routes; mais aucune cour civile ou criminelle ne peut être tenue par eux en mon absence. 8. Avez-vous à remplir d'autres devoirs que ceux qui sont indiqués dans l'acte de police rurale? J en ai d autres qui ont rapport aux routes.

Mes objections, je le veux bien, sont plutôt fondées sur le sentiment que sur la raison, mais je ne. puis faire d'autres réponses.

9. Les terres de la Couronne ne sont-elles pas sous votre contrôle ?

77. Vous proposez-vous de demeurer longtemps dans la colonie ?

Non ; mais je connais des dommages qui peuvent leur avoir été causes, lorsque l' on m en donne avis.

Je me proposais d'abord d'y rester quelque temps, pour juger de l'état des émigrants et de l'opportunité d'en amener de nouveaux. Mais, d'après ce que j'ai vu et la conviction que j'ai maintenant acquise, je vais me rendre à Londres pour faire connaître tous les avantages que la population de Sierra-Leone trouvera à passer à la Trinité.

10. Sous le contrôle de qui ces terres sont-elles donc placées ? Je crois que c est sous celui de l'inspecteur général. 11. Vous ne pourriez donc intervenir légalement et officiellement pour prévenir toute invasion des terres de la Couronne, à moins d'avoir reçu une plainte en forme?

78. N'avez-vous aucun autre renseignement à fournir au comité ?

Non ; la première enquête doit être faite par l'un des commissaires des routes.

Aucun.

12. Avez-vous reçu quelque plainte de cette nature? Aucune, et je ne crois pas qu'il y ait beaucoup d'envahisse ments des terres de la Couronne dans le district de Saint-Joseph.

E.

DÉPOSITION

de M. Joseph Anthony Giuseppi, magistrat salarié.

13. A combien s'élève la population de vos deux districts? Je ne pourrais le dire. Je ne sache pas que, depuis que j'exerce, il ait été fait de recensement pour la connaître.

District de Tacarigua, 16 juin 18 41.

1. Quelle est l'étendue de votre district? Le district de Saint-Joseph renferme les quartiers de Cimarouero, Aricagua, Saint-Joseph et les vallées de Santa-Crux et de Maraccas. Depuis la mort du capitaine Gray, ma juridiction s'étend, en outre, sur le district de Tacarigua, comprenant les

14. On n'exécute donc pas l'ordonnance de novembre 1839. qui prescrit d'adresser, chaque année, aux magistrats salariés, des relevés de la population ? J'ai remis au commissaire de la population les relevés que j'ai reçus, conformément à celle ordonnance, en décembre 1839 et novembre 1840; depuis lors, je n'en ai plus entendu parler.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. —CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.-—1841. —LA TRINITÉ. 853 15. Connaissez-vous par ces relevés le montant de la population de vos districts? Je m'en suis dessaisi immédiatement, sans conserver de notes ; toutefois je suis convaincu qu'ils n'étaient pas exacts , parce que les planteurs ne donnent que le nombre des cultivateurs résidant sur leurs terres, tandis qu' ils en emploient temporairement au moins le double. 16. Ainsi vous ne pouvez vous former une idée de la population ? Non, principalement pour Tacarigua, où un grand nombre •d'immigrants se sont dernièrement établis. 17. Combien avez-vous de stations de police? Quatre : une dans la ville de Saint-Joseph, une dans la vallée de Santa-Crux, la troisième dans Arouca, et la dernière au villag e d'Arima. 18. Y tenez-vous souvent vos audiences? Les lundi et vendredi à Saint-Joseph; le mardi dans la vallée de Santa-Crux; le mercredi à Arouca et le jeudi à Arima. 19. Les causes portées devant vous sont-elles nombreuses? Les petites causes civiles sont nombreuses ; il y a parfois des voies de fait, mais point assez sérieuses pour cire renvoyées à la cour criminelle; je n'ai vu qu'un seul cas qui eût cette gravité. En ceci je ne parle que du district de Saint-Joseph, parce que je n'ai été nommé que depuis très-peu de temps à celui de Tacarigua. 20. Pensez-vous que la rareté des plaintes soit le résultat de la bonne conduite des travailleurs, ou delà répugnance des habitants à se présenter devant les tribunaux? Je suis persuadé que, dans le district de Saint-Joseph, c'est le résultat de la conduite paisible des travailleurs. A l'époque où je fus nommé, ils étaient fort querelleurs, et je recevais très-souvent des plaintes pour rixes; ces cas toutefois n'étaient pas assez graves pour être jugés criminellement. Comme les délinquants étaient punis de fortes amendes, qui se sont élevées jusqu'à 40 dollars, les délits de celte nature sont devenus beaucoup moins fréquents. 21. Avez-vous autorité pour infliger l'amende et la prison? Je ne puis condamner à la prison qu'en cas de défaut de payement des amendes. 22. Dans quelle proportion sont les cultivateurs que l'on met en prison pour n'avoir pas payé les amendes ? Il n'y en a pas un sur dix. 23. Les causes de petits vols portées devant vous sont-elles nombreuses ? Les accusés de semblables délits ne sont jamais amenés devant moi, parce que nos prisons ne pourraient les recevoir jusqu'à leur jugement. Toutes ces causes sont jugées à Port-d'Espagne par la cour criminelle. 24. Ainsi, dans tous les cas de vols, même s'il ne s'agit que d un régime de bananes, les parties et les témoins, à quelque distance de cette ville qu'ils résident, sont obligés de s'y rendre pour demander et obtenir justice. Oui. 25. Ne pensez-vous pas que ce soit un motif pour que beaucoup de personnes s'abstiennent de poursuivre les délits, et pour que les coupables restent impunis ? Je le pense. 26. Les causes que l' on porte devant vous semblent se réduire aux poursuites pour dettes, rixes et désordre. Mais l'ordonnance sur les contrats vous donne la juridiction exclusive sur cette matière. Les cas sont-ils nombreux? II.

Ils sont très-rares. Jusqu à présent j'ai seulement eu à expliquer aux cultivateurs les obligations qu'ils ont à remplir. 27. Avez-vous reçu des plaintes de la part des travailleurs contre leurs maîtres? Non, jamais. Si quelquefois il m'en a été adressé, ce n'était pas sous forme officielle, et une simple observation faite au maître a suffi pour mettre les parties d'accord. 28. Croyez-vous que les propriétaires puissent empêcher, directement ou indirectement, que vous ayez connaissance des injustices qu'ils auraient pu commettre envers leurs travailleurs? Je ne le crois pas. Les cultivateurs savent qu'ils sont indépendants, et connaissent bien leurs droits ainsi que les moyens de les faire valoir. 29. Ainsi vous avez la conviction que justice est toujours rendue à toutes les classes laborieuses de votre district, et que leurs droits sont efficacement protégés? J'en suis certain. 30. Quelle est la force de police de vos deux districts? Il y a, dans le district de Saint-Joseph, six hommes et deux constables, et, dans celui de Tacarigua, trois hommes seulement et deux constables. 31. Est-ce là toute la force que la loi permette? Non; il devrait y avoir à Saint-Joseph sept hommes, et, je crois, le même nombre à Tacarigua. D 32. Croyez-vous la police d ont vous disposez suffisante pour le service qu'elle a à faire ? Jusqu a présent elle a suffi dans le district de Saint-Joseph. 33. Il est bon de remarquer, à ce sujet, que, depuis l'établissement de la police, la condition de la classe laborieuse a été aussi bonne que possible, qu'elle a eu autant de travail qu'elle en pouvait désirer, que les salaires ont graduellement augmenté, enfin que la facilité avec laquelle de fortes amendes ont été acquittées prouve que les cultivateurs ne sont pas sans ressources pécuniaires ; mais, en supposant qu'une baisse dans les prix des produits d'exportation amène une baisse dans les salaires, pensez-vous toujours que, si alors il se manifestait quelques dispositions au désordre, la police serait assez forte pour les réprimer? Peut-être les hommes de police ne suffiraient-ils pas;"mais alors les constables spéciaux seraient appelés à leur aide. 34. Les constables spéciaux sont-ils assez nombreux et assez bien organisés pour que, au besoin, ils soient capables d'empêcher le pillage d'une boutique de boucher ou de boulanger ? Non , si cet événement arrivait aujourd'hui; mais, avant que la supposition que vous faites ne puisse se réaliser, on pourrait organiser les constables en nombre suffisant pour réprimer le désordre. 35. Dans quelles classes les constables spéciaux sont-ils choisis ? Parmi les gens de divers étais et les principaux ouvriers des plantations. 36. Vous êtes convaincu que l'on peut avoir confiance en eux ? J'y aurais pleine confiance. 37. Vos hommes de police sont-ils d'une grande vigueur corporelle; les choisit-on capables d'exécuter les missions qu'on leur donne ? On ne peut les choisir; on prend ceux qui semblent les plus forts. Comme ils ne sont pas bien vus du peuple, certains hommes que l'on chargerait volontiers de ces fonctions les refusent. 38. Toute votre force de police est-elle suffisante pour l'exécution des devoirs prescrits par les articles 18, 19 et 20 de l'acte sur la police rurale?

54..


854. RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. Ces devoirs ne sont pas exactement remplis, parce que les forces ne sont pas suffisantes pour faire des patrouilles régulières sur les routes. 39. Entre-t-il dans vos obligations de vous enquérir de ce qui se passe entre les maîtres et leurs gens, indépendamment de ce qui vous est officiellement rapporté? Je ne le crois pas. 40. Vous n'ignorez pas que, pendant longtemps, les magistrats salariés de la Jamaïque ont régulièrement adressé au gouverneur des rapports sur le taux des salaires, le mode et la somme de travail, l'occupation des maisons et des terrains, le traitement des cultivateurs par leurs maîtres, et généralement sur tout ce qui est relatif au système de liberté. Avez-vous eu jusqu'ici à faire de semblables rapports au gouverneur ? Jusqu'à présent il ne m'en a jamais été demandé; toutefois il m'a été envoyé une instruction qui m'enjoint de fournir, tous les six mois, à partir du 3o courant, des indications sur les divers sujets dont vous parlez. 41. Quand avez-vous reçu ces instructions? Ce matin. 42. Le comité remarque que la création des magistrats salariés a concordé avec l'époque de la suppression des commandants de quartier. Toutes les fonctions que ceux-ci avaient à remplir, et qui ne tenaient pas au régime de l'esclavage, ont-elles été dévolues aux magistrats salariés ? Leurs pouvoirs étaient beaucoup plus étendus que les nôtres. Us étaient chargés des routes, qui sont maintenant confiées à des commissaires spéciaux. 43. Ces fonctionnaires avaient un contrôle très-important à exercer, relativement à la coutume de brûler les broussailles sur les terres que l'on veut mettre en culture. C'est, il est vrai, une opération d'agriculture indispensable ; mais, si elle n'est pas faite avec soin, elle peut causer des torts incalculables. Les planteurs sont-ils à présent obligés de vous demander la permission qu'ils recevaient autrefois des commandants de quartiers, et, de votre côté, êtes-vous tenus de veiller à ce que des tranchées convenables soient faites pour protéger le voisinage contre l'incendie? L'acte de police ne nous impose aucune obligation à ce sujet. 44. Chacun peut donc mettre le feu où il lui plaît sur ses propriétés, sans égard pour le danger qui peut en résulter pour ses voisins, et même pour tout le pays sous le vent ? Je ne connais aucune ordonnance qui l'en empêche. 45. Combien existe-t-il de prisons dans vos deux districts ? Une à Saint-Joseph, une à Arima, et de plus un dépôt dans ce dernier endroit. 46. Ces prisons présentent-elles toute sécurité ? Je le crois. 47. Malgré le pou de causes que vous avez à juger entre les maîtres et les travailleurs, vous ne manquez sans doute pas d'occasions pour apprécier l'industrie de ces derniers? J ai, en effet, beaucoup d'occasions de connaître la conduite des travailleurs. 48. Que pensez-vous de leur activité et de leur travail, com des parativement à ce que font les cultivateurs d'Europe ? J'ai remarqué généralement qu'en Europe on travaille depuis le lever jusqu'au coucher du soleil. Ici, à peu d'exceptions près, le travail des champs est terminé à midi, et quelquefois à dix heures du matin. 49. Attribuez-vous ce peu de travail au manque d'activité ? Non , je ne l' attribue qu'à ce que les cultivateurs se contentent

d avoir gagné, dans cet espace de temps, 2 fr. 6o cent, en argent, une demi-livre de poisson salé et une ration de rhum. 50. Quelle est votre opinion sur le rapport qu'il peut y avoir entre la coutume de donner du rhum aux travailleurs, et les plaintes portées devant vous pour querelles et rixes? Cette coutume est fort mauvaise. La plus grande partie des causes que j'ai à juger résultent de querelles produites par l'ivresse. Le mal s'accroît tous les jours, surtout parmi les femmes: et, s'il dure encore deux ou trois ans, il démoralisera toute la population laborieuse. L'amour du jeu se développe aussi très-rapidement. J'avais cru devoir, à ce sujet, demander l'avis de l'avocat général; il m'a répondu que je n'avais pas à me mêler de ce qui se passe dans les maisons, bien qu'elles soient aussi publiques que les rues, la chaleur obligeant à en tenir constamment les portes et les fenêtres ouvertes. En passant, on entend sonner l'argent, et l'on voit les joueurs réunis autour des tables; ce spectacle est surtout fréquent le dimanche. 51. Possédez-vous une plantation à sucre, ou avez-vous quelque intérêt dans des opérations d'agriculture? Aucunement. 52. Croyez-vous que la concurrence entre les propriétaires, pour se procurer des travailleurs, soit aussi grande qu'à l' époque de l'émancipation définitive ? Il n en est pas ainsi dans Saint-Joseph; plusieurs planteurs mont dit qu'ils se procuraient aisément autant de travailleurs qu'il leur en fallait. 53. Les salaires ayant, comme vous le savez, augmenté dans toute la colonie depuis la liberté, avez-vous appris que l'abondance des cultivateurs dans Saint-Joseph y ait, au contraire, produit une diminution ? Je ne crois pas qu'il y ait eu assez de facilité d'obtenir du travail pour en réduire le prix. 54. Vous connaissez la situation des affaires sur le continent voisin de la république de Venezuela : est-ce que l'on en lire un grand nombre de travailleurs ? Oui, pendant le temps de la récolte; mais ils ne restent pas dans la colonie. 55. Quel est le taux actuel des salaires dans ce pays ? Dans l'intérieur, il n excède pas 2 5 francs par mois, avec la nourriture ; mais en approchant de la Trinité, vers le golfe, il s'élève à 2 francs par jour. 56. Quelle somme de travail obtient-on en échange? La tâche est-elle, comme ici, terminée à midi? Les cultivateurs travaillent ordinairement 8 heures; c'est le double du temps que l'on met ici à terminer une tâche. 57. Puisque chez nous le salaire est plus élevé et le travail plus facile, pensez-vous qu'il y ait probabilité d'augmentation dans l'immigration du continent espagnol ? Elle augmente chaque année. 58. Le comité a été informé que des familles de cultivateurs espagnols et de peons sont aujourd'hui établies vers la partie supérieure de la rivière Caroni. Ces établissements, et ceux qui ont pu être formés dans d'autres endroits éloignés, sont-ils connus des autorités coloniales ? Le Gouvernement a demandé l'état de tous les individus occupant des terres, je crois bien que ceux dont vous parlez y ont été portés.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. —CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841. — LA TRINITÉ. 855 F.

DÉPOSITION

de M. Samuel

J.

Prescod.

Port-d'Espagne, 19 juin 1841.

1. Vous êtes né à la Barbade et récemment venu de celte île. Avez-vous quelque connaissance de son agricullure? Je n ai jamais eu aucun intérêt dans les opérations agricoles; mais, par ma longue résidence dans cette île, j'ai été à même de m'instruire de sa situation sous le rapport de la culture. 2. Connaissez-vous le taux du salaire des cultivateurs à la Barbade ? Oui. 3. Combien leur donna-t-on aussitôt après l'émancipation ? Un franc, avec une habitation et un jardin gratis. II. Ce taux a-t-il varié depuis l'émancipation ? Les planteurs ont continué de le payer aux cultivateurs qui résident sur leurs propriétés et ont la jouissance de l'habitation et du jardin. Ceux qui n'ont pas les mêmes avantages reçoivent 1 fr. 5o cent. 5. Ne leur donne-t-on pas, en outre, des provisions et du rhum ? On ne donne pas de provisions, mais seulement ce qu'on appelle de la boisson; elle se compose de mélasse, d'eau et de rhum, et se distribue aux travailleurs des champs, surtout dans les temps humides. 6. Vous ne vous plaignez donc pas de ce que les planteurs de la Barbade distribuent du rhum à leurs travailleurs? Non. Ceux-ci eux-mêmes savent très-bien qu'ils n'ont droit qu'à un salaire. 7. Vous savez sans doute que cette fâcheuse coutume excite en ce moment les craintes et la sollicitude des planteurs de celle île? A quoi attribuez-vous une différence aussi marquée dans les effets de la même cause entre les deux colonies? Je n'ai pas assez réfléchi à ce sujet pour pouvoir répondre d'une manière satisfaisante. 8. Combien y a-t-il de temps que vous résidez ici? C'est la seconde fois que j'y viens. J'y suis resté un mois l'année dernière, et il y a maintenant quinze jours que je suis revenu. 9. Vous avez pu alors visiter notre île et vous faire une idée de son agricullure? Ce que j'en sais provient des renseignements que j'ai reçus de quelques planteurs de Naparima, de Saint-Joseph et de Tacarigua. 10. Ce que vous avez vu de l'île vous suffit-il pour juger de la culture et de la fertilité de son sol? Je le pense. La fertilité est évidente, même pour l'observateur le plus superficiel ; deux cultivateurs intelligents, que j'ai envoyés ici cette année, ont confirmé l'opinion que j'avais déjà. 11. Pensez-vous que ces deux hommes aient été assez bien informés pour porter un jugement exact? Ce sont deux chefs travailleurs, parfaitement au courant de la culture de la canne et de la fabrication du sucre. Les capacités de l'un d'eux l'ont fait accepter en qualité de sous-géreur dans une propriété de la Trinité. 12. Que vous a dit celui-ci de notre sol et de sa culture ? Il m'a témoigné combien il a été frappé de la richesse du sol ; il ajouta qu'avec les soins convenables on pourrait faire en quantité d'aussi bon sucre qu'à la Barbade, mais que la culture de la II

canne et la fabrication sont ici très-négligées. Cela est si vrai que j'en ai été frappé lors de mon premier voyage. 13. Ainsi vous êtes convaincu que, en améliorant les procédés de culture et de fabrication, on obtiendrait du sucre en bien plus grande quantité et de meilleure qualité qu'à présent ? Je n'en doute nullement. 14. Indépendamment de la grande différence des salaires entre la Barbade et la Trinité, un cultivateur aurait donc encore ici un autre avantage à cause de la fertilité du terrain à provisions ? Son travail devrait nécessairement lui être plus productif; mais je crains que la trop grande étendue de terres que l'on donne gratis ne soit cause de la négligence que l'on apporte à la culture, qui, en définitive, ne rapporte pas autant qu'à la Barbade. 15. Vous croyez donc que, si l'on restreignait l'étendue des terres qu on leur donne, les cultivateurs en tireraient un plus grand bénéfice ? J'en suis convaincu. 16. Le comité a été informé que la Barbade aurait de l'avantage à voir émigrer une partie de sa population de travailleurs. C'est mon avis : on pourrait en exporter 15 ou 20,000 individus. 17. Une telle diminution ne ferait-elle pas immédiatement hausser le taux des salaires ? Sans doute elle aurait cet effet, et ce serait un bien pour la population, qui ne peut vivre avec le salaire actuel. Cet état de choses donnera lieu, s'il continue, à l'établissement d'une taxe des pauvres, qui sera plus lourde à supporter pour les propriétaires qu'aucune augmentation probable de salaire. 18. Vous ne pensez donc pas que la valeur des propriétés, à la Barbade, diminuerait si le salaire venait à augmenter ? Cela pourrait d'abord avoir lieu , mais ne durerait pas longtemps. Ce qui resterait de la population aurait suffisamment de travail, ferait la besogne de tous, et recevrait les salaires que tous gagnent maintenant. Quant aux frais de culture, je ne pense pas qu ils puissent s'élever de manière à diminuer relativement la valeur des propriétés. Des hommes pratiques de la Barbade m'ont dit, en outre, qu'une grande quantité de terres peu favorables à la canne ont cependant été mises en culture, à cause du peu d élévation dos salaires et du haut prix du sucre. On emploierait plus utilement de semblables terres à élever des bestiaux et à planter des provisions , ce qui permettrait d'appliquer à celles qui sont de meilleure qualité les bras qu'elles occupent. 19. S'oppose-t-on encore à l'émigration des cultivateurs de la Barbade ? Non, pas autant quel'année dernière; toutefois on met encore des entraves injustes à ce droit si naturel, et un cultivateur ne pourrait aujourd'hui quitter la colonie, lors même que son bonheur en dépendrait, à moins qu'il ne fût protégé par des personnes influentes. La loi est appliquée avec plus de rigidité aux cultivateurs qu aux autres; un autre travailleur peut émigrer sans qu'on s inquiète beaucoup delà valeur de ses garants; mais j'ai vu bien des cultivateurs, cautionnés par des propriétaires solvables, ne pouvoir quitter l' de avant que les 2 1 jours fixés par la loi ne fussent expirés, bien que le vaisseau qui devait les emmener partît avant ce terme. 20. Les cultivateurs de la Barbade travaillent-ils de préférence à la journée ou à la tâche ? Us travaillent à la journée; ils préféraient, il est vrai, la tâche; mais cela ne convient pas aux planteurs. 21. Dans notre île un planteur donnela préférence à la tâche 54...


856 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIECES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. parce que, selon lui, un homme ne travaille jamais avec plus d ardeur que lorsque c'est pour son compte. Expliqueriez-vous pourquoi un planteur de la Barbade ne pense pas de même ? En disant que l'on n'adopte pas le système de la tâche, je dois expliquer pourtant que l'on exige toujours une certaine somme de travail du cultivateur, quoiqu'on ne lui permette pas de la faire aussi vite qu'il le voudrait. Je crois que cela résulte de la surabondance des travailleurs; car, si on les laissait déployer autant d activité qu'ils le pourraient, on n'aurait plus assez d'occupation à leur donner, et ce que le planteur a surtout en vue, c'est de fournir un travail modéré à tous les gens qui demeurent sur sa propriété. 22. Si le cultivateur a fini de bonne heure la besogne qu'on lui a assignée, et que le propriétaire ne lui en fournisse pas d'autre, ne peut-il donc en chercher ailleurs ? On ne lui permettrait pas de terminer sa besogne en moins de neuf heures. Il doit suivre le mouvement de toute la bande dont il fait partie. 23. Est-ce que les cultivateurs continuent à travailler en ligne dans les champs, comme du temps de l'esclavage ? Les travaux s'exécutent, en général, comme à cette époque. Je sais qu'ici un cultivateur commence quand il lui plaît, et fait autant de tâches qu'il lui convient, parce que vous avez besoin de bras. Mais à la Barbabe il n'en est pas ainsi ; c'est pourquoi le principal objet est de proportionner le travail au nombre des individus à occuper. Un fait certain , c'est que le principal motif de plainte de la population laborieuse est qu'on ne lui donne pas autant de travail qu'elle en peut faire, et qu'il lui faut mettre neuf heures à une tache qui pourrait être aisément terminée en cinq. 24. Avez-vous eu quelques occasions de vous entretenir avec des cultivateurs de la Barbade venus comme immigrants dans cette île ? J'ai vu tous ceux qui sont venus cette année, et quelques-uns de ceux qui étaient arrivés précédemment. 25. S'applaudissent-ils d'être venus ? Beaucoup; ils parlent très-favorablement de l'île, et ne se plaignent que du déplorable état des roules après les grandes pluies. Ils conviennent tous que leur condition s'est beaucoup améliorée ; ils gagnent plus d'argent, et sont ainsi à même d'en économiser davantage. Un homme père de quatre enfants m'a dit que le seul travail de sa femme suffisait pour entretenir toute sa famille, et qu'il économisait son salaire en entier, quoique cependant il n'ait pas encore mis en culture son terrain à provisions. Un cultivateur a lieu d'être fort content lorsqu'il peut mettre en réserve la plus forte partie de ce qu'il gagne. 26. Comme les immigrants de la Barbadeont, sans doute, fait connaître leur situation à leurs amis, croyez-vous que, si on levait les obstacles qui les retiennent, beaucoup d'autres seraient disposés à venir ? Je le crois, car la renommée de la Trinité est beaucoup meilleure que celle de Demerara. Ils considèrent cette île comme plus saine et d un séjour plus agréable. C'est ce que m'ont dit quelques-uns des cultivateurs qui sont maintenant ici, et qui étaient allés auparavant à Demerara. 27. Pourriez-vous indiquer quelque amélioration au système actuel, susceptible de rendre notre île plus attrayante pour vos émigrants ? Je crois que si l'on adoptait le mode de payer totalement en argent, en supprimant les distributions; si l'on n'imposait qu'un loyer raisonnable pour les maisons, et si l'on permettait aux cultivateurs de travailler où illeur plaît, ce serait un avantage égal pour le maître et le travailleur, et une amélioration qui deviendrait un nouvel attrait pour les émigrants de la Barbade.

G.

DÉPOSITION

de M. H. Burnley, coadjuteur de l'évêque catholique. Port-d'Espagne, 7 juillet 1841 •

1. Le comité a désiré vous entendre, parce que vos fonctions de pasteur vous ont mis à même d'étudier la population laborieuse, depuis et avant l'émancipation. Le comité désire d'abord connaître l'étendue du diocèse dont vous êtes coadjuteur. Ce diocèse comprend la Trinité, la Grenade, Saint-Vincent, Tabago, la Barbade, Sainte-Lucie, la Dominique, Montserrat. Nevis, Saint-Kitt's, Antigoa, Saint-Thomas, Saint-Jean et SainteCroix. 2. Vous êtes obligé de visiter ces îles de temps en temps pour remplir votre mission ? Oui; je les ai visitées toutes, à l'exception de Tabago, Nevis, Antigoa et Saint-Jean, où les membres de mon Eglise sont en petit nombre. Jusqu'ici j'ai été obligé de m occuper entièrement des besoins spirituels des grandes congrégations catholiques des autres îles, pour me conformer aux instructions de l'évêque d'Olympus. 3. Combien y a-t-il de temps que vous remplissez des fonctions dans ce diocèse ? J'ai été missionnaire apostolique de 1828 à 1837, époque où j ai été élevé au siège épiscopal d'Agra, par la grâce du saintsiége et avec l'assentiment du Gouvernement anglais. 4. Ainsi vous avez pu connaître l'état de la population des colonies britanniques de votre diocèse, avant et depuis l'émancipation? Autant que cela est possible dans la position que j'occupais. 5. Quel effet vous semble principalement avoir produit l'émancipation sur le moral et la conduite des travailleurs de nos colonies ? Je dois dire d'abord que, dans les réponses que j'aurai à faire, je n'entends parler que des individus faisant partie de mon Eglise. Quant à eux, l'émancipation a produit le meilleur effet sur leur moral et sur leur conduite ; il est certain, toutefois , que la Trinité est restée sous ce rapport bien au-dessous des autres îles. 6. Ainsi vous ne pensez pas que l'amélioration ait été égale dans toutes les colonies de votre diocèse? Non. A la Grenade, la population se. montre peu sédentaire, ce qui est, je crois, la conséquence du taux élevé des salaires; tandis qu à Sainte-Lucie on remarque des progrès très-sensibles dans l'industrie et dans la conduite des noirs. 7. Sous quels rapports cette amélioration s'est-elle surtout manifestée ? Les noirs ont d'abord témoigné le plus grand désir d'avoir un prêtre résidant et des écoles. Dans ce but, une souscription de 17,000 dollards a été couverte par les 12,000 individus qui composent cette population. Pendant six semaines que j'ai passées dans cette île, je n'ai pas entendu une plainte sérieuse de la part d'un maître contre un travailleur. 8. Quel est le taux des salaires à Sainte-Lucie ? En mars dernier, lorsque j'ai quitté cette colonie, on payait de 1 fr. 55 à 1 fr. 85 par jour; on accordait en outre aux laboureurs , sans aucune rétribution, la jouissance d'une maison et d'un jardin. 9. Comment était fixée la journée? Elle se composait do neuf à dix heures de travail réel, sans compter le temps des repas. On m'a dit que les cultivateurs ne travaillaient pas moins bien que pendant l'esclavage et l'apprentissage.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL , ETC. — 1841. — LA TRINITÉ. 857 10. Se plaignait-on du vagabondage des noirs ? leur arrivait-il fréquemment de quitter une propriété pour aller travailler sur une autre ? Nullement. 11. Se plaignait-on de l'abus des liqueurs spiritueuses ? Non. 12. A quelle cause attribuez-vous donc cette différence extraordinaire entre la conduite des travailleurs de Sainte-Lucie et celle des gens de la même classe à la Trinité ?

des propriétaires entre eux. Il en résulte qu'ils ne font rien pour attirer les travailleurs des autres plantations. On m'a assuré qu avant l' émancipation les fugitifs de la Martinique trouvaient rarement à s'occuper chez les planteurs, parce que ceux-ci craignaient de mécontenter les anciens maîtres de ces esclaves. 20. Savez-vous ce qui rend la population de Sainte-Lucie plus sédentaire que celle de la Trinité ? Cela tient, selon moi, au petit nombre d'immigrants que reçoit Sainte-Lucie. Du reste, la population des plantations se compose, en général, des mêmes familles qui y résidaient avant

On doit l' attribuer, je pense, à ce que les premiers parlent tous un même langage, le français, et à cette circonstance qu'en général ils sont employés par des propriétaires résidants, entre

l'émancipation , et ces familles s'occupent de l'entretien de leurs terrains à provisions sans songer à se séparer.

lesquels il existe plus de bonne harmonie et moins de rivalité qu'il n'en règne, en leur absence, entre leurs représentants.

21. Les provisions et les légumes sont-ils plus abondants à Sainte-Lucie qu'ici ?

13. Avez-vous lu attentivement les dépositions déjà reçues par le comité ?

Tout ce que je puis dire, c'est qu'on s'y attendait à une récolte qui dépasserait les besoins, et qui laisserait un grand excédant pour l'exportation ; tandis qu'il paraît qu'ici les approvisionnements se complètent par les exportations du continent espagnol.

Oui. 14. D'après ce que vous avez pu apprendre depuis voire retour, croyez-vous fondées les plaintes que les planteurs font généralement ici, contre la consommation immodérée du rhum parmi les travailleurs ? Je crains que ces plaintes ne soient très-fondées. J'ai été tellement alarmé des rapports qui m'ont été faits parles membres du clergé établis dans les districts ruraux, que j'ai cru de mon devoir de visiter personnellement les plantations, afin de faire sentir à la population les maux qui peuvent résulter pour elle de cet abus. Je suis convaincu que, si on ne le réprime pas, avant dix ans d'ici les travailleurs seront tellement démoralisés et affaiblis, qu'ils deviendront incapables de gagner leur subsistance. 15. Croyez-vous

que vos exhortations auront beaucoup

d'effet ? Je le pensé. Plusieurs cultivateurs m'ont promis de ne plus réclamer la ration de rhum, et jusqu'à présent ils ont tenu parole. Sous un autre rapport, j'ai remarqué une amélioration évidente : depuis quelques semaines, 37 couples, cédant à mes exhortations , ont consenti à s'unir en mariage. 16. A votre avis, les planteurs de Sainte-Lucie éprouvent-ils autant que nous la difficulté de se procurer des travailleurs pour la culture ? N'étant de retour que depuis peu, je ne connais pas bien, sous ce rapport,la situation des planteurs de la Trinité; mais j'ai tout lieu de croire que la population de Sainte-Lucie suffit à sa culture actuelle, car"plusieurs plantations, qui avaient été abandonnées, viennent dernièrement d'être remises en production.

17. Sainte-Lucie a-t-elle reçu beaucoup d'immigrants depuis l'émancipation ? On m'a dit qu'il y est venu 1,500 nègres fugitifs de la Martinique , depuis et avant cet événement. 18. Croyez-vous que ce soit cette augmentation de 1,500 individus qui ait mis la population à même de suffire aux travaux d'agriculture ? Non. S'il y a assez de bras, c'est qu'ils s'occupent régulièrement et avec assiduité ; c'est aussi qu'un grand nombre de cultivateurs libres, qui autrefois refusaient de s'employer dans les champs, ont repris aujourd'hui ce genre d'occupation. 19. Ne pensez-vous pas que ce soit surtout à cause de l'abondance des travailleurs à Sainte-Lucie qu'on a pu se dispenser de leur accorder des distributions de vivres et de rhum, que les salaires s'y sont maintenus à un taux raisonnable, et que la sobriété et le zèle des noirs se sont soutenus ? Pour toute réponse, je rappellerai ce que j'ai dit du bon accord

22. Combien y a-t-il dans notre île de prêtres de votre communion? Il y a un évêque, un coadjuteur et seize prêtres. 23. Dans quels districts résident-ils? Les deux évêques et quatre prêtres résident à Port-d'Espagne, un prêtre à Saint-Jean, un à Saint-Joseph, un au Carenage, un a Toco, un à Arima, un à Mayaro, un à Crouva, un à SanFernando, un à Savanna-Grande, un à Droponche, un à la Brea et un à Cedros. 24. Y a-t-il des églises dans chacun des districts que vous venez de nommer? H y a des églises et des chapelles dans tous, excepté à Mayaro, où l'on construit actuellement une église, et à la Brea, ou une grande maison sert provisoirement aux cérémonies du culte. A Port-d'Espagne la cathédrale est un bel édifice. On y a construit encore, depuis peu, une chapelle dans la partie supérieure de la ville, et on en élève en ce moment deux autres à l'usage de la population rurale de la paroisse. Il y a déjà quelques années qu'on a bâti de belles et grandes églises dans les villes principales de Saint-Joseph et de Saint-Jean ; on s'occupe d'en construire une à San-Fernando ; celle d'Arima est grande et commode. 25. Par qui votre clergé est-il payé? Par le Gouvernement colonial, excepté l'évêque coadjuteur, qui, en 1838, a renoncé à son traitement en faveur d'un prêtre nommé à Port-d'Espagne, où sa présence était devenue nécessaire par suite du grand accroissement de la population. 26. La population de Port-d'Espagne et de son voisinage s'est donc beaucoup augmentée ? Oui, à en juger par le nombre des baptêmes, d'après lequel on peut, je crois, établir exactement ce calcul. La paroisse s'étend sur un rayon de six milles environ. En 1 833, 430 enfants y ont été baptisés. Ce nombre s'est graduellement accru ; en 1840 il a été de 608, et il a déjà été de 386 pour les six premiers mois de celte année ; ce qui représente 772 pour Tannée. C'est, à 8 ans d'intervalle, une augmentation de 342, ou de 80 p. 0/0 sur la population. 27. Avez-vous , en raison de cette augmentation, éprouvé des dificultés à pourvoir aux besoins de l'instruction et de l'éducation religieuse ? Quant à ce qui concerne la religion , j'ai dit qu'en 1838 j'avais été obligé d'abandonner mon traitement pour avoir un prêtre de plus; aujourd'hui, il est devenu nécessaire d'en avoir un autre


858 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. encore. Toutefois, nous avons été aidés avec la plus grande libéralité par le Gouvernement colonial, et nous avons lieu d'espérer que le conseil pourvoira aux nouveaux besoins. 28. Y a-t-il des écoles dans les douze paroisses rurales? Oui, en général ; mais nous manquons de fonds pour les entretenir et les multiplier. 29. Les parents des enfants ne payent donc pas pour leur éducation ? Dans quelques paroisses, ils payent une légère rétribution; dans d'autres, cela ne se fait pas. Le clergé et moi nous attendons patiemment l'adoption du système d'éducation qui a été proposé par le gouverneur à la métropole. 30. Croyez-vous que, dans quelque autre partie du monde, la population laborieuse ait, plus que celle de la Trinité, le moyen de payer pour l'éducation de ses enfants ? Je ne le crois pas. 31. Ne serait-il donc pas désirable, dans l'intérêt de la morale, qu'on pût persuader aux parents qu'ils feraient mieux d'employer leur argent à faire instruire leurs enfants qu'à satisfaire leur goût pour le luxe? Oui, sans doute, et nous ne cessons de leur parler dans ce sens ; mais nous ne rencontrons, chez la plupart, que peu de dispositions à suivre nos conseils ; cependant j'espère que peu à peu nous finirons par les y amener. Relativement à l'éducation, je dois dire que chaque jour l'usage de la langue anglaise se répand davantage. En 1828, très-peu d'enfants des classes inférieures parlaient anglais ; aujourd'hui, ils parlent presque tous cette langue, qui est celle que l'on enseigne dans toutes les écoles placées sour ma direction.

facilité de donner l'éducation morale et religieuse aux habitants actuels ? Au point de vue social et religieux, ce serait là un très-grand bien. Outre qu'on pourrait alors créer des institutions dans les endroits qui en sont aujourd'hui privés, on donnerait de l'extension aux sociétés de bienfaisance, qui produisent de si heureux effets dans les districts populeux. J'en ai maintenant 20 pour les diverses classes de travailleurs. Elles comptent 2,800 membres, dont la plupart sont chefs de famille et payent de 5o centimes à 2 francs par mois, c'est-à-dire une somme totale de 43,750 francs par an. On les soigne et on les nourrit qnand ils sont malades, et on pourvoit aux frais d'inhumation. 39. Comme il serait de la plus haute importance, pour l'humanité et pour le christianisme, d'arriver à faire cesser entièrement le commerce des esclaves, et comme l'extrême fertilité de Cuba et de Porto-Ricco paraît mettre le plus sérieux obstacle à son abolition définitive, le comité désirerait que vous lui donnassiez quelques renseignements sur la nature du sol de ces colonies, comparativement aux terres de la Trinité. Je n'ai jamais visité Cuba , mais j'ai passé quatre mois à PortoRicco. Je n'ai pas la prétention de pouvoir juger de la valeur comparative du sol aussi bien qu'un agriculteur, mais l'intérêt que j'attache à cette question m'a porté à recueillir des renseignements, d'où il résulte qu'aucune partie de Porto-Ricco n'égale en fertilité les meilleurs champs à cannes de la Trinité.

H.

DÉPOSITION

de M. David Lockhart, directeur du jardin botanique.

1. Quelle est la profession que vous exercez? 32. Avez-vous eu l'occasion de juger si les immigrants que nous avons reçus ont des habitudes plus morales et se conduisent mieux que nos travailleurs créoles ? D'après mes propres observations, aussi bien que par ce qui m'a été dit, je crois que les créoles l'emportent, au contraire, sur eux. 33. Avez-vous, parmi les membres de votre Église, quelquesuns des affranchis africains envoyés par le Gouvernement, il y cinq ou six ans ? Les registres constatent qu'il y a eu parmi eux 274 adultes baptisés dans cette paroisse. 34. D'après la connaissance que vous avez de ces hommes, pensez-vous qu'il pourrait résulter quelque mal pour la colonie, si l'on en faisait venir de 5 à 10 mille chaque année? Non , si le conseil du Gouvernement continue à nous aider aussi libéralement qu'il l'a fait jusqu'ici. 35. Vous avez dû voir, par les dépositions , qu'on a élevé, à portée des établissements des soldats licenciés, un édifice pour le culte mahométan. Ne craindriez-vous pas que ce culte ne prît une trop grande extension par l'immigration des Africains ? Non; car je suis sûr que, si un prêtre catholique résidait parmi eux, ils renonceraient bientôt au mahométisme. 36. Pourquoi donc n en avez-vous pas un dans ces établissements ? Parce que la population y est si peu importante et si disséminée, que je craindrais de ne pouvoir obtenir de quoi pourvoir à l'entretien de ce prêtre. 37. N'y a-t-il pas d'autres parties de l'île privées aussi de prêtres et d'instruction religieuse, à cause de leur peu de population ? Oui, beaucoup de localités sont dans ce cas. 38. Ainsi l'accroissement de la population augmenterait la

Je dirige le jardin botanique. Cette charge m'a été confiée par sir Woodford, en 1818, à mon retour de l'expédition du Congo, dont j'ai fait partie en qualité de botaniste adjoint. 2. Avez-vous visité quelque autre partie du monde ? Oui. J' ai été dans la province de Venezuela, sur le continent espagnol, à Cuba, à la Jamaïque, aux Bermudes, et dans la plus grande partie des îles du vent. 3. Veuillez donner votre opinion sur la qualité du sol des différents pays que vous avez vus , comparativement à celui de la Trinité. Les Bermudes ne sont qu'un rocher stérile. Le sol des îles du vent, celui do Venezuela , dans le voisinage de Caraccas, et celui de la vallee d Aragua, sontloin d'être aussi fertiles que le nôtre. Celui de Cuba est le seul qui puisse soutenir la comparaison. Mais aucun des lieux que j'ai visités ne peut être assimilé à la Trinité, quant à la variété et à la richesse de ses terres. Notre île a, en outre, l'avantage de n'être jamais exposée aux sécheresses qui affligent parfois les autres colonies, depuis la Barbade jusqu'à Cuba. 4. Quelle différence établissez-vous entre nos terres et celles de l'Afrique ? Une grande partie de celles-ci ne se composent que d'un sable léger très-pauvre. Elles commencent seulement à devenir meilleures à l'endroit où s'est arrêtée l'expédition, à 250 milles, à peu près, en remontant la rivière de Zaïre; cependant, même dans cette partie, elles ne peuvent se comparer aux terres de la Trinité. 5. Que pensez-vous de la réussite de la culture des épices de l'Est dans notre île ? Je n'ai jamais été dans l'Est, mais toutes les expériences que j'ai tentées ici m'ont parfaitement réussi : la muscade et le clou de girofle viennent très-bien. J'ai dans le jardin environ 100 pieds de muscade en rapport; un seul m'a donné une récolte de 20 liv.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841. — LA TRINITÉ. 859 pour une saison. Plusieurs officiers supérieurs de la marine et de l' armée de terre, qui ont été dans l'Est, m'ont assuré que mes plants sont aussi beaux et donnent autant de fruits que ceux qu ils ont vus. J en ai envoyé un échantillon à la société d'encouragement des arts et manufactures de Londres. Le rapport de l'inspecteur qui a été chargé de l' examiner a été tellement favorable, que la société m'a décerné une médaille d'or. Les clous de girofle n ont pas été trouvés de moins bonne qualité. Ces deux produits pourraient être cultivés ici sur une grande échelle. 6. Avez-vous toujours une certaine quantité de jeunes plants de muscade et de girolle à votre disposition ? U n très-grand nombre. 7. Vous en a-t-on demandé beaucoup ? Non, pas depuis plusieurs années : ceux que j avais distribués précédemment ont péri faute de soins. 8. A quoi attribuer cette négligence? A la rareté des travailleurs. Les planteurs ne s'occupent que de sucre. Les petites fermes , où cette culture se ferait à peu de frais, ne sont pas encore assez multipliées? 9. Le jardin renferme-t-il des plants de café moka ? Des milliers.

21. Se sont-ils montrés empressés à vous vendre des provisions ? Je les ai trouvés gais, d'un bon naturel, et prêts à nous fournir, quand nous en manquions, des chèvres, des porcs, de la volaille et des végétaux de toute espèce, qu'ils ont en grande abondance. 22. En recevaient-ils le prix en argent? Non ; on les payait en parapluies , mouchoirs, couvertures , couteaux, rasoirs, literie et ustensiles. 23. Quelle vous a paru être la forme de leur gouvernement, et quel est l'état de la civilisation parmi eux? Ils sont à peu près dans l'état sauvage; ils vivent dans la crainte des fétiches ; leurs villages sont composés de huttes portatives, que l'on peut enlever à volonté. On ne leur voit que très-rarement quelques vêtements. 24. Croyez-vous qu'il serait avantageux d'en transporter ici quelques milliers ? Je n'en doute pas, et je pense qu'on les civiliserait sans beaucoup de peine ; mais, tant qu'ils resteront dans leur pays , ils ne seront probablement d'aucune utilité ni à eux-mêmes ni aux autres.

10. L'arbuste diffère-t-il beaucoup , en force et en apparence de celui des Indes occidentales ?

25. Le commerce des esclaves se faisait-il dans le pays que vous avez atteint en remontant la rivière ?

Il y a quelque différence dans le feuillage ; le grain est plu3 petit, mais il produit abondamment.

D'une manière très-étendue. Il y a, à 6o milles de l'embouchure, une factorerie portugaise, où sont envoyés les esclaves de l'intérieur.

11. Notre sol lui conviendrait-il ? Toute la chaîne des montagnes du Nord lui conviendrait parfaitement, surtout dans les régions élevées. 12. Etes-vous monté sur le sommet de ces montagnes ? Oui. 13. Ne sont-elles pas bien boisées ? Ce n'est qu'une forêt de la base au sommet. En montant, on passe sous des palmiers et sous des arbres forestiers qui ont de 8o à 100 pieds jusqu'aux premières branches. 14. H y a donc abondance de bois de charpente dans Vile? Oui : dans la partie nord, il y a beaucoup de bois dur de la meilleure essence. 15. En général, l'aspect du pays n'est-il pas uni et plat? En grande partie, et plus que dans aucune des îles que j'ai visitées. Les vallées et les terres basses occupent les trois quarts de l'île.

26. Ainsi, bien qu'il n'y eût pas d'esclaves parmi la population au milieu de laquelle vous vous trouviez, on en amenait un grand nombre de l'intérieur ? Oui, à ce qu'il m'a paru. On les rencontrait, voyageant par détachements de 10, 15 et ao, lorsque les chutes des rivières les empêchaient de venir par eau. 27. Les naturels libres semblaient-ils révoltés de voir leurs compatriotes amenés pour être vendus comme esclaves ? • Ils y étaient parfaitement indifférents, comme on l'est à la vue d'une chose ordinaire. Les esclaves eux-mêmes ne paraissaient pas beaucoup s'inquiéter de leur sort. 28. Paraissaient-ils avoir souffert dans leur voyage? Très-peu. En général leur santé était bonne.

J. DÉPOSITION

de George Knox, administrateur de plantations.

16. Y a-t-il beaucoup de marais? Je n'en ai pas vu beaucoup, mais presque toute la région centrale de l'île est inconnue. Partout où j'ai été, j'ai trouvé la terre de première qualité et couverte d'excellents bois. 17. Avez-vous eu occasion de voir les naturels, en remontant la rivière de Congo en Afrique ? Oui. Je suis resté près de trois mois au milieu d'eux. 18. Est-ce une contrée populeuse; les habitants sont-ils libres ou esclaves ? Dans l' intérieur, le pays semble populeux, et les habitants m'ont paru libres? Les chefs avaient des domestiques esclaves, mais je crois que la population rurale est libre. 19. A quelle culture se livrent-ils ? A celle des provisions exclusivement. Je les ai jugés indolents, toutefois on peut attribuer le peu d'étendue de leurs cultures au défaut de marché pour la vente des produits.

1. Quelle est votre profession ? Avocat anglais du barreau de cette île, depuis 10 ans. 2. Etes-vous intéressé dans quelque plantation à sucre? Pas personnellement; mais, en 1838 et 1839, j'ai eu la direction des propriétés de mon beau-père, M. Blazini, pendant son voyage en Europe ; j en suis encore chargé aujourd'hui. 3. Avez-vous eu occasion d observer les moeurs des cultivateurs de la colonie ? Nécessairement, parles fonctions que j'avais à remplir. 4. Les établissements de noirs, sans autorisation et par usurpation de terrains , ont-ils attiré votre attention ? Oui, et j ai recueilli à ce sujet des observations qui m'ont été communiquées par des personnes dignes de foi. 5. Croyez-vous qu'ils soient nombreux ?

20. Sont-ils forts et actifs ?

Je ne les crois pas nombreux dans l' intérieur ni dans les parties incultes ; mais il en est autrement dans le voisinage des villes et

ils paraissent très-bien constitués.

dans les districts cultivés.


860

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES.—PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE.

6. Quelle en est la cause ? D abord le désir, naturel chez les hommes, de satisfaire leurs besoins avec économie de dépenses et de travail ; ensuite la grande facilité d'occuper les terres de la Couronne , dans les lieux où se trouvent des marchés pour l'écoulement des produits. C'est ainsi qu'à Port-d'Espagne et à San-Fernando on a toujours la certitude de vendre le foin et le charbon de bois. La fabrication de ce charbon , qui coûte très-peu de peine, occasionne la dévastation des meilleurs bois de l'île. 7. Ces établissements ont-ils augmenté depuis l'émancipation, et pensez-vous qu'ils se multiplient encore ? C'est depuis l'émancipation qu'ils ont commencé à se former. Auparavant on n'en connaissait qu'un ou deux, composés d'esclaves fugitifs réfugiés dans l'intérieur, et qui n'existent plus aujourd'hui. Quant à la probabilité de leur multiplication, elle dépend surtout du taux des salaires et des mesures de répression que prendra le Gouvernement. 8. Quelles sont les lois sur cette matière ? Nous sommes régis par Tordre en conseil du 6 octobre 1838, et far les formes de procédure prescrites par la proclamation du 3o mars 1839. 9. Ces lois sont-elles suffisantes pour faire cesser cet abus ?

e

10. Jusqu'à quel point croyez-vous que les règles et formes de procédure, prescrites le 3o mars 1839, puissent aider à rendre efficace Tordre en conseil ? Je ne pense pas qu'elles puissent avoir cet effet; les règles sont trop strictes, et les formes trop nombreuses, pour ne pas donner lieu à de longs délais et à beaucoup de tracas. Il est d abord enjoint de faire la description exacte du terrain envahi et des constructions qu'il a reçues. Cela ne peut avoir lieu sans frais ; souvent il faudrait recourir à un inspecteur, et aux plans déposés au bureau de la population. Le troisième article est beaucoup plus rigoureux, relativement à la remise des assignations , que la coutume de la cour suprême, même lorsqu'il s'agit des plus importantes propriétés de la colonie. Les individus en question n'ont pas souvent de domestiques ou de parents domiciliés avec eux, sur les terres qu'ils occupent. Les 3° et 4e articles seraient souvent fort difficiles à mettre à exécution. D'un autre côté, les formes sont trop multipliées ; une seule affaire absorberait une grande partie du temps d'un magistrat. D'après l'article 5 , il faudrait qu'il transmît au gouverneur copie de toute la procédure. L'addition d'un sceau à la signature du magistrat, pour les assignations, sommations, etc., est tout à fait inutile; l'omission d'une telle formalité pourrait être fréquente, et invaliderait les actes. Le 7e arLicle serait susceptible d'entraîner aussi des difficultés : l'occupant non autorisé est libre de rester encore quinze jours sur son terrain après l'adjudication qui en

Je pense que Tordre en conseil peut atteindre ce but. Il a été savamment conçu. Je n'en excepte que la clause qui limite l'autorité des juges salariés au cas où les établissements n'auraient

aurait été faite. Ce temps expiré, le magistrat peut ordonner la mise en possession immédiate ; cependant cet ordre ne peut recevoir son exécution que s'il a été remis à la partie intéressée.

pas plus d'une année d'existence. Cela peut être bien, relativement aux occupations de terres appartenant à des particuliers ; mais, quant aux terres de la Couronne, il y a lieu de blâmer la disposition, attendu que, depuis quelques années, le Gouvernement colonial a permis et même encouragé l'occupation de ces terres par petites portions sans aucun titre. Les commandants accordaient aux individus libres , indistinctement, la permission écrite de s'établir dans leurs districts ; plusieurs des titres accordés postérieurement par le Gouvernement colonial ne sont fondés que sur l'occupation en vertu de permissions semblables. Comme ces permissions n'indiquaient jamais strictement une localité * ceux qui les recevaient se croyaient libres de choisir l'emplacement, et changeaient de temps en temps de lieu, après avoir abattu les bons arbres. On ne s'occupa nullement de reconnaître les terres ainsi occupées, jusqu'au moment où les délenteurs sol-

On conçoit qu'il ne sera pas facile de la trouver, après la signification qui lui aura été faite de restituer le terrain, et d'abandonner ses récoltes et ses constructions. Les formes de procédure. au lieu d'être sommaires , nécessiteraient autant de temps et de

licitèrent des concessions légales. Je ne crois pas qu'il y ait trace, dans aucun bureau du Gouvernement, de la plus grande partie des permissions accordées. J'en ai vu quelques-unes qui avaient été vendues, et étaient passées de mains en mains au moyen d'un

démarches, et exigeraient presque autant de connaissances pratiques , que la plus grande partie des actions civiles de la cour suprême. 11. Ces vices de la législation peuvent-ils avoir de sérieuses conséquences ? Je crois que ces vices, et la crainte des actions en dommages et intérêts , en cas d inobservation des règles et des formes , empêcheront qu' il ne soit exercé de poursuites devant les magistrats, en vertu de l' ordre en conseil, excepté lorsqu'elles seront intentées par les employés du Gouvernement et par son ordre, aux frais du trésor.

K.

endossement. Je pense donc que la clause en question donnera lieu aux difficultés suivantes : il sera souvent impossible de reconnaître si les occupants ont reçu eux-mêmes la permission, ou représentent ceux qui l'ont reçue; dans tous les cas, les magistrats n'ont aucune autorité pour examiner le droit d'occupation , puisque leurs attributions sont limitées aux établissements formes depuis moins d une année. Il n'y a donc d'autre moyen que d'intenter, au nom de la Couronne, une action devant la cour civile suprême ; mais ces procès donneraient lieu à tant de discussions, et auraient, en apparence, une telle tendance à l'arbitraire, que le Gouvernement, s'il les multipliait, ne manquerait pas d etre accusé de vexations. Je ne vois pas, en principe, pourquoi un magistrat salarié ne serait pas autorisé à faire exécuter

DÉPOSITION

de

M.

Lionel Lee, planteur.

Port-d'Espagne, lundi 1 g juillet 1841.

1. Depuis combien de temps habitez-vous la colonie? Depuis 1808. 2. A quelles occupations vous êtes-vous livré pendant ce temps ? Je cultive la canne. Dans ma jeunesse j'ai rempli les fonctions d'économe , plus tard celles de géreur, et depuis 1827 j'ai un intérêt dans la plantation d'Orange-Grove, district de Tacarigua , que je dirige seul. 3. Ainsi vous connaissez parfaitement l'agriculture et les cultivateurs de la colonie ?

l'ordonnance, envers tous les individus occupant des terres de la Couronne, sans égard pour la durée de la possession : on tournerait ainsi la difficulté. Il dépend tout à fait de l'activité des employés du Gouvernement colonial que l'ordonnance du conseil produise ou non son effet, puisque aucune poursuite ne peut être

A. Dans la partie que vous habitez, les salaires diffèrent-ils beaucoup de ceux des autres districts ?

faite pour occupation non autorisée, si ce n'est à la requête de l'inspecteur général.

Ils sont plus élevés dans le district de Tacarigua que dans celui de Naparima, sans doute parce que notre terrain est plus plat.

Oui.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841. plus exposé aux pluies, et qu'il produit plus d'herbes. Nous payons 2 fr. 5o c. pour 5,000 pieds carrés de sarclage, aux travailleurs qui jouissent d'un champ à provisions sur la propriété, et 3 fr. aux autres. C est une forte tâche, mais qui n'est imposée que quand la saison est belle et que les mauvaises herbes ne sont pas trop abondantes. L'année dernière j'ai payé le même prix pour

LA TRINITÉ. 861

ne se mettent jamais à l' ouvrage avant y heures, et s'arrêtent au soleil couchant. Si quelque averse vient à tomber, le travail est tout a coup suspendu. En un mot, on ne travaille pas encore aussi régulièrement qu autrefois dans la fabrication du sucre. Quelques individus sont bien disposés, mais ne sont pas secondés.

3,000 pieds carrés, parce qu'il fallait autant de temps pour les sarcler.

Notre principale dépense ne réside pas dans le prix des salaires, mais dans les pertes que nous causent l'irrégularité, la négligence et la mauvaise conduite des cultivateurs.

5. Le salaire est-il plus élevé aujourd'hui que dans les premiers temps de l'émancipation?

17. Comment la mauvaise conduite des cultivateurs augmentet-elle vos dépenses ?

Oui, il s est élevé depuis mai 1840 au delà de ce qu'il a jamais

De plusieurs manières. Quelquefois, pendant la récolte, trois ou quatre cultivateurs n'arrivent pas avant 10 heures au travail, et je suis obligé de leur payer la journée entière, pour ne pas

été. 6. Espérez-vous être à même de le réduire bientôt, par suite du grand nombre d'émigrants qui sont arrivés dans l'île? On ne pourrait le faire qu'autant que les planteurs s'entendraient à ce sujet; et il n'est pas aisé de les y amener. Je conseillerais plutôt de supprimer seulement les distributions de rhum et de poisson, et de tâcher d'obtenir un travail plus régulier. 7. Combien un cultivateur met-il d'heures à sarcler 5,ooo pieds carrés? Rarement plus de 4 heures. 8. Ne font-ils pas souvent deux tâches dans un jour? Rarement à Orange-Grove. Du temps de l'apprentissage, une tâche était considérée comme le travail d'une journée, les cultivateurs jugent encore inutile de faire davantage. 9. Comment emploient-ils le temps qui leur reste ? Les gens des anciennes plantations s'occupent de leurs terres et de leur jardins; les immigrants se livrent à diverses industries auxquelles ils sont plus propres que nos créoles, ou bien ils se font des visites entre eux. 10. Les immigrants ne sont donc pas portés à la culture des terres ? Pas en général, cependant dernièrement plusieurs s'y sont mis; les autres se montrent de jour en jour plus disposés à le faire. 11. D'où sont venus les immigrants d'Orange-Grove ? D'Antigoa, de Névis, de Saint-Kitt's, de la Grenade. Il y a aussi quelques fugitifs et affranchis de la Martinique et de la Guadeloupe : nous en avons en tout 150, et autant d'anciens cultivateurs. 12. Trouvez-vous que les immigrants soient inconstants et peu assidus ? Ils l'étaient dans les premiers temps de leur séjour; quelquesuns le sont encore. Mais j'espère que la plupart de ceux que j'ai se fixeront sur la plantation. 13. Combien aviez-vous d'esclaves avant l'émancipation?

éprouver une plus grande perle; d'autres quittent brusquement et pour le motif le plus futile la besogne commencée, les opérations se trouvent interrompues, et pourtant le feu va toujours. Celle année, huit chaudières ont été mises hors de service, parce qu'on avait négligé de les remplir suffisamment avant de les chauffer. Nous avons encore à supporter d'autres dommages, comme des charrettes brisées, des animaux qui succombent aux mauvais traitements. A ce sujet, je citerai un fait. Du temps de l'esclavage, quatre bœufs suffisaient pour une charrette à transporter les cannes; il a fallu successivement en augmenter le nombre; et c'est a peine si aujourd hui on en a assez de sept, pour une journée beaucoup moins longue. Il est impossible de dire en combien de façons la négligence des nègres ajoute aux frais accessoires; il en sera ainsi jusqu à ce qu'on parvienne à leur faire supporter les effets de leur indolence. 18. Ne pouvez-vous réprimer une partie du mal en vous adressant aux magistrats salariés? Je l'ai essayé, et deux ouvriers ont été mis à l'amende pour avoir, par infraction à leur devoir, arrêté le travail du moulin. Cette punition a si peu influé sur eux-mêmes et sur les autres, que je n ai pas été encouragé à recommencer, vu surtout le temps que l' on est obligé de perdre et les démarches qu'il faut faire, alors que chaque instant est précieux. 19. L'ordonnance du 7 septembre 1838 règle les contrais entre les maîtres et les travailleurs pour un temps qui n'excède pas une année. Les cultivateurs prennent-ils de tels engagements ? Jamais. 20. Quel est le plus long contrat que vous ayez fait avec eux ? Ils ne se sont jamais engagés pour plus d'un jour. 21. Les simples valets de fermes ne s'engagent-ils pas même pour un mois, pour balayer les cours, nettoyer les parcs des animaux , etc.? Non, ils sont également à la journée.

Environ aoo. 14. Puisqu'il ne vous en reste plus que 150, que sont devenus les autres? Quelques-uns sont morts ; d'autres se sont établis sur des terres qu ils ont achetées; d'autres sont allés rejoindre ailleurs leurs amis ou leurs familles.

22. Sera-t-il possible de continuer la culture du sucre avec la même économie et la même exactitude qu'autrefois, sans faire des contrats pour un temps limité, ainsi que cela a lieu dans les districts ruraux d'Angleterre?

15. Depuis combien de temps avez-vous reçu les immigrants ?

Je ne le crois pas. Je n'ose pas faire par avance de marchés importants, de crainte de ne pouvoir les exécuter plus tard, dans le cas où je viendrais à manquer de travailleurs.

Les premiers sont arrivés un peu après 1839 ; le nombre s'en est accru graduellement.

23. L appât d un salaire plus élevé ne les déterminerait-il pas à s'engager par mois ou par trimestre ?

16. Quelle quantité de travail effectuent les 3oo cultivateurs de votre plantation, en comparaison de ce que faisaient précédemment vos 200 esclaves ?

On n'a pu encore décider que les domestiques, mais pour un mois seulement. Les cultivateurs s'y refusent, et n'y consentiront jamais, à moins que le nombre n'en augmente assez pour faire naître la concurrence parmi eux.

Ils font a peu près la même somme de travail dans les champs ; car la tâche a été diminuée, et la besogne se fait si négligemment qu il faut sarcler plus souvent. Quanta la fabrication et à la rentrée de la récolte, ils travaillent un grand tiers de moins, parce qu ils

24. Vous ne pensez donc pas qu'il y ait assez de cultivateurs dans le district ? Non, sans doute. Quand des hommes ne veulent pas travailler


862 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. plus de 4 heures dans les champs, pour un fort salaire, il est clair qu ils ne redoutent pas la concurrence. 25. Vous dites que vous avez 3oo travailleurs. Combien vous en faudrait-il de plus pour que votre culture fût entretenue en bon état, et que votre récolte fût rentrée en temps opportun ? J en aurais assez s'ils voulaient travailler d'une manière convenable, 9 heures en temps ordinaire, et 14 heures pendant la récolte. En travaillant comme ils le font à présent, il m'en faudrait deux fois autant pour les ouvrages des champs. Mais aucune augmentation ne me mettrait à même d'effectuer la fabrication, si le moulin et l'usine n'étaient pas tenus en activité pendant 14 heures ; c'est ce que je n'ai pu obtenir encore, malgré tous mes efforts. 26. Dans les circonstances actuelles, et sans considérer ce qui pourrait arriver, combien engageriez-vous de travailleurs en plus, si vous en aviez la facilité ? J'en recevrais volontiers 150 demain. 27. Quelle est l'étendue de la culture sur votre propriété ? Nous avons 43o acres en cannes, 150 en pâturages et 70 en provisions. En tout 65o acres. 28. Avec une augmentation de bras, n'augmenteriez-vous pas votre culture, en même temps que vous chercheriez à l'améliorer ?

liorations dans l' agriculture seraient là conséquence de l'émancipation; cela a-t-il eu lieu ? Pas encore ; bien qu il soit possible que cette espérance se realise, lorsque les noirs émancipés travailleront en hommes libres où ils voudront. Jusqu'ici, au lieu de s'améliorer, l'agriculture a beaucoup dégénéré. La besogne n'est pas aussi bien faite qu autrefois. La qualité du sucre n'est plus la même, parce qu i! est devenu impossible de faire sarcler convenablement les champs, et d'obtenir que les chaudières soient écumées avec soin. C'est encore une circonstance que j ai omise en parlantdes frais additionnels de la fabrication. A Orange-Grove, la valeur du sucre a diminué de 3 francs par quintal de 112 livres; c'est une perte de 100 francs par boucaut, et de plus de 3,000 francs sur une récolte ordinaire. On ne peut espérer aucun changement avantageux en agriculture, avant le temps où le travailleur qui se sera mal conduit sur une plantation ne trouvera plus que difficilement à être employé ailleurs. 36. En combien de temps peut-on établir une plantation à sucre d'un produit de 200 tonneaux ? Avec un nombre suffisant de travailleurs, il faut de deux ans et demi a trois ans, à dater du défrichement du terrain. 37. Ce temps suffit-il pour disposer l'usine, et livrer le sucre prêt à être embarqué ?

Je ne l'étendrais pas si mon monde ne travaillait pas mieux. Je crois cependant qu'une augmentation de travailleurs produirait, à la longue, une amélioration sous ce rapport.

Oui ; parce que les cannes seraient plantées et viendraient a maturité, tandis qu'on disposerait les machines et tout ce qui est nécessaire à la fabrication.

29. Vos 70 acres de provisions suffiraient-elles à la nourriture

38. Cela pourrait-il se faire en grand, c'est-à-dire, 5o plantations, produisant chacune 200 tonneaux, s'organiseraient-elles aussi facilement qu'une seule ?

de 45o personnes ? A présent, je n'en obtiens pas la moitié de ce qui est nécessaire à 3oo individus seulement, parce qu'il n'y en a pas la moitié de cultivées, et que la récolte se fait mal. Mais, avec les soins convenables, elles produiraient assez pour tous. 30. La population d'Orange-Grove s'est accrue de 5o p. 0/0 depuis l'émancipation; en est-il de même des autres propriétés du voisinage ?

Je n' y vois pas de difficulté, si l'on a assez de bras ; toute l'île serait aisément convertie en plantations à sucre dans cet espace de temps ; le terrain fournirait les premiers matériaux pour les constructions, et les animaux nécessaires à l'exploitation seraient tirés du continent espagnol, qui nous les a toujours fournis jusqu'à présent.

Je le suppose, parce que je ne vois aucune raison pour que les cultivateurs m'aient donné la préférence. 31. N'y a-t-il pas eu aussi une augmentation du nombre des petits fermiers dans le district ? Oui, toute la grand'route est bordée de cases. 32. Combien payent-ils ordinairement les lots de terres qu'ils achètent ? De 320 à 64o dollars l'acre. 33. Les terrains se vendent-ils aussi cher partout dans le district ? Non ; ils valent ce prix sur les routes publiques. Des lots en arrière, et peu distants des premiers, se sont vendus 160 francs l' acre; à mesure qu'on s'éloigne, le prix diminue encore. Il y a quelque temps, un terrain de 1,000 à 1,200 acres s'est vendu au prix de 11 fr. 5o cent, l'acre ; ce terrain est voisin de la rivière Caroni, et communique par eau avec Port-d'Espagne, qui n est qu à 12 milles de distance; d'un autre côté, il n'est qu'à 2 milles de la roule qui mène à celte ville. 34. Avez-vous jamais fait usage de la charrue à Orange Grove? Il y a environ vingt ans, j'ai fait une expérience qui a trèsbien réussi ; mais je n'y ai reconnu aucune économie, parce qu'il faut d'abord faire extraire les troncs et les racines, pour que l' instrument puisse agir. Depuis cette époque, toutes mes cannes ont été plantées dans des terres neuves où il était impossible de l'employer. 35. Vous savez qu en Angleterre on comptait que des amé-

L.

DÉPOSITION

de M. John Butter.

1. Depuis quelle époque résidez-vous dans la colonie, et en quelle qualité ? Je suis membre du collège de chirurgie de Londres, et de celui de pharmacie. J exerce ici depuis sept années, dont j'ai passé la moitié dans les districts ruraux. Je suis, en outre, chirurgien attaché à l'hôpital de Port-d'Espagne. 2. Cet hôpital est-il le seul de la colonie ? Oui. 3. Quel est le nombre de malades qu'il peut recevoir? 100

très-aisément.

4. Y avez-vous jamais eu 100 malades à la fois ? Nous n'avons jamais eu plus de 80 malades ; la moyenne par jour, durant une année, a été de 41. 5. Croyez-vous que cet établissement remplisse le but que l'on s'est proposé en le fondant ? Quant à l'emplacement, il a été assez vaste jusqu'à ce moment, et sera provisoirement suffisant ; mais, la destination primitive du bâtiment n'ayant pas été celle qu'il a reçue depuis, il manque bien des choses essentielles, auxquelles il sera facile de pourvoir dans la nouvelle construction que l'on se propose de faire. 6. Combien avez-vous reçu de malades depuis le juillet 1840, époque où l'hôpital a été ouvert, et comment les classez-vous ?


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. —1841. — TRINITÉ. 863 Je tiens un registre, sur lequel j'inscris le nom, l'âge et le pays des individus admis. Nous avons reçu : immigrants européens, 105 immigrants des États-Unis, 83 créoles de la Trinité et des Indes occidentales;

427

total

615, sur lesquels, 501 ont été guéris, 69 sont morts, 5 ont été renvoyés pour mauvaise conduite. 4o sont encore à l'hôpital. 615 total égal.

7. V ous ne classez pas vos malades suivant les sexes ? Je ne liens pas de registres séparés, mais il y a des salles particulières pour les femmes ; leur nombre n'a pas dépassé 30, dont 4 sont mortes. 8. La mortalité a-t-elle été plus forte qu'en Angleterre ? Oui, près du double. Cela vient de ce qu'environ la moitié des individus portés comme morts ont été amenés presque mourants, et, eu effet, pour être enterrés. 9. Puisque vous tenez note des lieux de naissance des malades, pouvez-vous établir la proportion de la mortalité parmi les iramigrants ; quels sont ceux qu'elle a le plus frappés ? La mortalité a été do 5 Français ou Allemands, contre 1 immigrant de couleur. 10. Croyez-vous que les immigrants européens réussissent ici comme cultivateurs, sans avoir égard aux besoins de la colonie, mais seulement aux avantages qu'ils peuvent retirer du changement du pays ? Je crains que non ; ce n'est pas que je redoute beaucoup pour eux l'influence fatale du climat, mais c'est qu'ils sont de la plus basse classe, n'ont aucune éducation, et boivent avec excès. Les choses étant ainsi, je crois que leur introduction n'est à désirer ni pour nous ni pour eux-mêmes.

14. Vous paraissent-ils être d'un caractère paisible, et faciles à gouverner ? Oui.

11.

RAPPORT

du sous-comité de la société d'agriculture et d'immigration.

Le sous-comité nommé le 11 février dernier pour faire une enquête, 1° sur l'état des intérêts agricoles de la colonie depuis la fin de l'apprentissage, 2° sur les espérances que l'on peut concevoir pour l'avenir, et 3° sur les mesures qu'il serait le plus utile d'adopter pour la prospérité générale, a l'honneur d'exposer à la société, que le départ précipité de son président l'avant empêché de compléter un rapport détaillé, basé sur les dépositions reçues, il a pensé devoir résumer ainsi qu'il suit le résultat de ces dépositions : 1° A la fin de l'apprentissage, en

1838,

il y avait, A la Trinité,

184 plantations à sucre, 39,328 habitants, 43,2 65 acres de terre en culture, 208,379 acres appartenant à des individus, 1,079

,301 acres appartenant à la Couronne,

2° Tous les fonds engagés dans les plantations peuvent être désignés exactement par le nom de capital manufacturier. Le montant de ce capital, réparti sur les 184 plantations, dépasse 2 millions sterling, ce qui donne la proportion énorme de 50 liv. par tête d'habitant. La mère patrie, avec ses riches et vastes manufactures, est bien loin d'arriver à une telle proportion. 51 aucun changement n'est apporté à cet état de choses, il deviendra, en définitive, ruineux pour les propriétaires. 3° Cette dangereuse situation empire chaque jour, par suite de la trop grande quantité de terres possédées par des particuliers; la population actuelle peut à peine suffire à en cultiver un cinquième. Les quatre autres cinquièmes, devenant inutiles au propriétaire, «ont vendus par petits lots. Ce sont les tra. vailleurs des plantations qui les achètent, ce qui fait que leur

11. Avez-vous quelques remarques à faire sur la mortalité relative des autres immigrants ?

nombre, déjà insuffisant, se réduit encore incessamment. A cela il faut ajouterles établissements non autorisés, sur les immenses

Rien de particulier. Ce sont les États-Unis qui ont fourni le plus de malades ; cela vient sans doute de ce que, ne connaissant personne dans l'île, ils demandaient plus volontiers à être admis; mais la mortalité parmi les immigrants de ce pays n'a pas été

propriétés de la Couronne, qui ne sont pas assez bien protégées contre ces usurpations.

plus forte que parmi les autres, et même parmi nos créoles. 12. Avez-vous reçu quelques-uns des immigrants de SierraLeone, qui sont ici depuis plus deux mois ? Seulement une petite fille, qui avait été légèrement blessée par une voiture. 13. Vos registres font-ils mention de quelques-uns des affranchis africains qui ont débarqué ici au nombre de mille environ, il y a cinq ou six ans? De trois en tout. Je crois que ce sont, parmi les gens de l'île, y compris les créoles, ceux qui jouissent de la meilleure santé. Je n'en juge pas seulement par le livre d'entrée, mais je sais qu'ils s'occupent surtout de l'abalage des bois pour la fourniture du combustible a Port-d'Espagne. Les lieux où ils travaillent sont marécageux, et je crois qu'ils sont seuls capables de résister aux miasmes qu'ils respirent continuellement. Pendant ma résidence a Cedros et à Guapo, j'ai eu à en surveiller 200 qui arrivaient de Cuba. Plusieurs étaient dans le plus déplorable état de maigreur. Us ont repris peu a peu, et je ne me rappelle pas qu'il cm soit mort un seul. En général, on reconnaît l'affranchi africain à son apparence de vigueur et de bonne santé.

4° De la disproportion du chiffre de la population comparé à l'étendue des terres concédées et au capital employé, résultent les conséquences qui suivent et qu'établissent clairement les dépositions : tous les propriétaires ou agents intéressés sont, vis-à-vis des cultivateurs , dans une dépendance qui n'a jamais été égalée dans aucun temps ni dans aucune partie du monde; s il a jamais pu exister la même disproportion entre la terre et la population, elle ne s'est jamais vue comparativement au capital. La cause de ce mal est dans la législation, qui, après avoir attaché d'abord les cultivateurs au sol, leur a tout à coup donné la liberté, quand les fonds engagés s'étaient considérablement accrus. Les cultivateurs se trouvent aujourd'hui en possession exclusive d'imposer les termes des contrats et le taux des salaires. Non-seulement cet état de choses tend à faire passer entre leurs mains tous les bénéfices du capital, mais il a produit déjà, parmi les cultivateurs eux-mêmes, des effets tels, qu'ils menacent de détruire les avantages que l'on espérait de l'émancipation. 5° Quant à ce qui concerne l'insuffisance de la population, il n' y a que deux moyens d'y remédier : retirer une partie du capital, en cédant à la Couronne les terres non cultivées, de sorte que le capital et les terres rentrent en proportion avec la population actuelle; ou bien introduire un assez grand nombre de


864 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. cultivateurs pour rétablir, entre les-trois éléments de production, l'équilibre qui existe dans les sociétés libres et prospères. 6° De ces deux moyens, l'introduction d'un supplément de population tiré des pays étrangers paraît mériter la préférence. Il ne peut en résulter aucune perte quant au capital; et il suffit, pour le mettre à exécution, de changer quelques-uns des règlements relatifs à l'immigration. En effet, non-seulement ces règlements ne s'accordent pas avec les principes de la liberté, mais ils nous obligent à demander des travailleurs aux colonies anglaises qui nous environnent, au risque de contrarier les efforts qu'elles ont à faire elles-mêmes pour conserver leur capital intact, et pour rendre sédentaire la population émancipée. En laissant aux colons de la Trinité la liberté d'engager en Afrique des travailleurs, auxquels ce changement de condition assurerait une heureuse existence, la mère patrie n'aurait à s'imposer aucune charge. La colonie affecterait, à l'émigration, des terres et un fonds suffisant pour en défrayer toutes les dépenses. 7°

8° Ce moyen, qui d'ailleurs amènerait probablement l'anéantissement du commerce des esclaves, pourrait aider, sans avoir aucune chance de nuire, aux plans que le Gouvernement peut avoir en vue. 11 ne pourra nous occasionner aucune collision avec les naturels d'Afrique dont les mauvaises habitudes, enracinées depuis des siècles, ne céderont jamais qu'à la persuasion. N'agissant près d'eux que par l'intermédiaire d'un apôtre de paix, tenant d'une main la Bible et de l'autre un acte de liberté, nous pourrons compter sur le succès. Par ce moyen encore, on pourra parvenir à mettre en culture et à rendre profitables de vastes étendues de terrains aujourd'hui improductives. Ces terres appelleront les entreprises, et ouvriront un emploi aux capitaux; elles fourniront enfin les ressources nécessaires pour tirer les Africains de la servitude, et anéantir la cause qui a perpétué jusqu'ici l'exécrable commerce des esclaves. Les conclusions qui précèdent ont été lues et adoptées à l'unanimité. Sur la proposition de MM. Henry Murray et Dennistoun, M. Burnley a été autorisé aies soumettre au Gouvernement, en les appuyant de toutes les observations propres à seconder les vues dans lesquelles le sous-comité a été formé, et à favoriser les intérêts de la colonie.

12.

de

Elliot et E. E.

Villiers, membres du bureau des terres coloniales et de l'immigraRAPPORT

MM.

T. F.

tion, sur l'enquête faite par le sous-comité de la société d'agriculture et d'immigration de la Trinité, concernant l'état actuel de cette colonie. L'enquête soumise à notre examen ne contient pas moins de vingt et une dépositions, qui forment un tableau complet de l'état delà colonie sous le rapport de l'industrie, et exposent les moyens employés aujourd'hui par ceux qui en exploitent le sol. Nous ne pouvons juger de l'exactitude des renseignements qui ont été fournis, et nous voyons que la société qui a dirigé l'enquête se compose exclusivement de propriétaires ou de personnes liées d intérêts avec eux. Mais , en même temps , nous devons dire que les diverses qualités des déposants, la manière dont l'information a été conduite, et l' unanimité des dépositions sur les points -principaux, nous donnent lieu de croire que l'on peut avoir confiance dans la plus grande partie des conclusions générales qui en résultent. Nous allons donner un résumé des dépositions, et nous l'accompagnerons de quelques remarques. Mais, auparavant, voyons quels sont les témoins entendus, et cherchons si les intérêts des cultivateurs ont été convenablement représentés.

Sur les vingt et une personnes entendues il y avait : planteurs ou géreurs. fonctionnaires. 1 évêque catholique romain. 2 ministres protestants. 7

7

4 individus de diverses conditions. L'un des sept planteurs ou géreurs était autrefois esclave; mais, comme il a depuis été chargé exclusivement de la direction d'une propriété, il est permis de supposer que ses sentiments et ses intérêts ont cessé d'être en rapport avec ceux des cultivateurs. Lequel re personnes de conditions diverses sont un créole de la Bar bade, un professeur de botanique, un inspecteur des terres e! un avocat. On n'aurait donc reçu la déposition d'aucun membre de la classe laborieuse. De tous ceux qui ont appris à la connaître par leurs relations avec elle, ce sont les trois ministres de la religion aux dépositions desquels leur position doit attirer le plus de confiance. Nous diviserons notre résumé en trois parties, suivant les trois points principaux de l'enquête: 1° Les terres de la colonie, c'est-à-dire l'état dans lequel elles se trouvent, leur qualité et leur emploi actuel; 2° Le travail et le caractère des travailleurs ; 3° L'introduction de nouveaux cultivateurs par l'immigration. î° Des terres. Fertilité. — Tous les témoignages sont unanimes, quant à la fertilité extraordinaire du solde l'île. M. Baranta, arpenteur assermenté , a calculé que les quatre cinquièmes de l'île sont propres a la culture en général, et les deux tiers à celle de la canne en particulier. Un autre arpenteur, M. Brown, qui a résidé plus de quarante ans dans la colonie, est d'avis que l'île est cultivable dans presque toute son étendue; il pense que l'assertion de M. Baranta ne peut s'entendre que des champs à cannes, parce que celle plante ne pousse pas bien sur les hauteurs, tandis que l' on peut aisément y faire croître tous les autres produits des tropiques. Même sur un petit coin de terre, à l'ouest delà rivière Arima , le seul que d après M. Brown on pourrait appeler stérile. on trouve des bois durs de qualité supérieure, et qui poussent très-près les uns des autres. M. Darling, négociant, et fondé do pouvoirs d un planteur, dit qu'on lui a montré des champs de cannes qui n'ont pas cessé de produire depuis quarante ans, cl qui sont encore bons. Selon lui, l'île pourrait produire beaucoup plus de sucre que n en consomme la Grande-Bretagne. M. Lock. hart, qui depuis vingt ans au moins dirige le jardin botanique, est, sur ce point, le plus digne de confiance, à cause de la nature de ses etudes et des occasions qu'il a eues de comparer la fertilité de divers pays. Il a vu l'intérieur de l'Afrique, Cuba, la Jamaïque, les Bermudes, la plupart des îles sous le vent, et Venezuela sur le continent espagnol ; et il déclare qu'aucune de ces contrées n'est comparable à la Trinité, pour la variété et l'excellence du sol, ni pour les saisons, qui n'y sont jamais marquées par ces sécheresses si communes dans les autres colonies, depuis la Barbade jusqu a Cuba. Il ajoute que l'expérience a prouvé que les épices de l' Est et le café moka pourraient y être cultivés avec succès. Etendue. — Selon les calculs que l'arpenteur général croit les plus justes, la superficie totale de l'île serait de 1,287,680 acres. II n'en a été concédé que 208,379; les 1,079,301 acres restant appartiennent à la Couronne. Suivant les derniers rapports officiels, il n'y aurait en culture, sur les terres concédées, que 43,2 65 acres, dont la moitié au plus est plantée en cannes. Ainsi, sur la somme totale des terres possédées par des particuliers, il y a encore 165,114 acres qui n'ont pas été mises en production. Etablissements par abus. — La quantité des terres dont on ne tire aucun parti, et leur grande fertilité, semblent avoir donne


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841.LA TRINITÉ. 865 lieu a la multiplicité des établissements formés sans autorisation. Ils se sont multipliés depuis l'émancipation des esclaves, et leur nombre augmente encore. Un des planteurs parle de 5oo établissements dans une seule localité, toutefois on ne sait pas à quel nombre ils s'élèvent dans l'île entière. On n'a jamais fait, à ce sujet , le relevé prescrit parla circulaire du secrétaire d'État, en date du 30 janvier 1836. Il existe aussi contre ces établissements un ordre en conseil, du 6 octobre 1838 ; mais, suivant l'opinion de M. Knox, avocat anglais, les formes de procédure qu'il prescrit sont tellement nombreuses et compliquées, qu'il n'est d'aucune utilité pour les particuliers, et que son application n'a jamais été requise au nom du Gouvernement. M. Darling est également d'avis que celte ordonnance ne sera jamais exécutée, à moins que le Gouvernement ne délègue spécialement quelqu'un pour le représenter. Routes. — Ln point qui se rattache à la condition physique du pays et à l'occupation des terres, et sur lequel insistent les principaux témoins, c'est la difficulté d'établir des lignes de communication entre les différentes parties de l'île, et d'entretenir les routes déjà faites. Cela provient, suivant M. Brown, de la fertilité du sol ; un autre témoin dit que c'est parce que le sol est profond e t dur, et qu'on manque absolument des matériaux propres à la construction des routes. Ce mauvais état des voies de communication occasionne des pertes aux planteurs ; car, lorsque toute la récolle n'est pas rentrée avant la saison des ploies, ce qui reste

de 12 dollars par mois pour les hommes, et de 10 dollars pour les femmes Les dépositions au sujet des dépenses d'entretien des travailleurs ne sont pas très-complètes. L'un des propriétaires prétend qu'avec une dépensede 1 fr. 55 c., pour des farineux et du poisson, un homme peut bien vivre pendant une semaine; il en résulterait que le cultivateur peut économiser plus de 100 fr. par mois. Un géreur dépose que les cultivateurs sont à même de mettre en réserve de 6 à 7 dollars par semaine, et cite pour exemple deux femmes qui font celte économie.

En comparant les salaires de la Trinité à ceux des îles d'où elle a reçu dernièrement des cultivateurs, nous voyons, par exemple, qu'à la Barbade on paye 1 fr. par jour, quand le travailleur reçoit gratis une case et un terrain; mais, à l'exception d'une boisson composée de rhum, de mélasse et d'eau, on n'y donne pas de rations. Sans la case et le terrain , le salaire est de 1 fr. 55 par jour. Ce fait est établi par une personne récemment arrivée de cette île. A Sainte-Lucie, à ce que rapporte l'évêque d'Agra, les salaires varient de 1 fr. 55 à 1 fr. 85 c. par jour, avec case et jardin , mais sans rations. La journée correspond à 9 ou 10 heures de travail, le temps du repos non compris. A Venezuela, sur le continent voisin de la Trinité, un magistrat salarié rapporte que, dans l' intérieur, les travailleurs ne gagnent pas plus de 5 dollars par mois, outre leur nourriture. Plus près de la Trinité, et sur les bords du golfe, on paye jusqu'à 2 fr. pour une journée de 8 heures.

ne peut être enlevé qu'à la saison suivante, et alors les cannes ont beaucoup perdu. Les opinions des hommes pratiques et des hommes de science se réunissent en faveur des chemins à rails. Comme le terrain est généralement plat, et que le pays abonde en bois excellent, on pense que l'établissement de rails serait le

jour, et que même à ce taux, (oui le monde ne trouve pas d occupation. Dans les fonctions d'inspecteur adjoint, il a souvent

moyen le meilleur et le moins cher d'y percer des communications. L'état actuel des chemins semble être un obstacle au développement de l'industrie des planteurs, ainsi qu'à la multiplication des nouveaux établissements.

renvoyé 200 à 3oo individus qui sollicitaient du travail; encore ceci ne s applique-t-il qu à Free-Town; car il ne pense pas que, dans les villages et dans les districts voisins de la mer, il y ait aucun genre d'emploi pour la population.

2° Du travail.

Il semble donc établi que le salaire, à la Trinité, est extrêmement élevé relativement au prix des vivres et à ce qui se paye ailleurs. Ce fait explique le peu de travail qui se fait comparati-

Population. — Les dépositions ne font pas connaître le nombre actuel des travailleurs. Le dernier recensement exact de l'île a été fait en 1838. Les relevés de 1839 et de 1840 n'ont pas pu être faits avec précision , à cause de l'instabilité des cultivateurs. Le comité a eu en communication les étals dépopulation de 1797 à 1838, à l'exception des années 1824 et 1829. Selon ces documents, l'Ile comptait, en 1838, 39,328 habitants, dont plus de moitié du sexe masculin; depuis, la population a diminué de 1,692 individus. Quel que soit en effet le nombre de ces cultivateurs, ils ne suffisent pas aux travaux qu'exigent les plantations, et qu ils accomplissaient avant l'émancipation. Le taux élevé des salaires et la concurrence que se font les planteurs pour se procurer des bras prouvent assez l'insuffisance du travail. Les dépositions né laissent aucun doute sur le premier de ces points, l' élévation du salaire, soit qu'on l'examine par rapport à la cherté des vivres, soit qu'on le compare à celui que l'on paye ailleurs. Taux des salaires. — Le taux ordinaire paraît être, pour une tâche, de 2 fr. 70 c. en argent, avec une demi-livre de morue et un ou deux verres de rhum, indépendamment des allocations gratuites,qui consistent en une case et un terrain , et quelquefois des médicaments et les soins du médecin. Les ouvriers employés à la fabrication ont encore un peu de sucre, du porc, de la farine et du biscuit. Les planteurs assurent que le travailleur peut faire aisément deux tâches en un jour, et que les immigrants américains en font généralement trois. A deux tâches seulement, ce que gagne un cultivateur peut s'évaluer, tout compris, à 6 fr. 2 5 c. par jour. Le travail que font ceux qui sont occupés au moulin et dans l' usine, étant moins pénible, ne leur rapporte que 4 fr 15 c. par jour. Les gages des domestiques sont II.

Le taux des salaires à Sierra-Leone est indiqué par le lieutenant Hamilton, qui a amené un certain nombre d'émigrants et y a résidé trois ans; il dit qu'on ne donne pas au delà de 4o c. par

vement au capital disponible. Concurrence entre les propriétaires pour se procurer des travailleurs. — La concurrence que se font les maîtres pour avoir des hommes explique encore la rareté du travail. Un tel état de choses n'existe clans aucune des contrées plus anciennement exploitées ou plus teurs de la Trinité tributions de vivres personne ne peut y

riches en population. Ainsi, tous les plans'accordent à condamner la coutume des discomme nuisible au cultivateur, et cependant renoncer.

Le président de la société d'agriculture dit, dans sa lettre au gouverneur, que la distribution de provisions tend à donner aux cultivateurs des habitudes de prodigalité, attendu qu'ils reçoivent souvent plus qu ils ne peuvent consommer, et disposent sans profil de ce qui leur reste. Il blâme surtout les distributions de rhum, àcause des inconvénients qui en résultent pour le présent, et des conséquences qu'on doit en redouter pour l'avenir. Le gouverneur fait connaître dans sa réponse, qu'il partage l'opinion de la société; le clergé blâme aussi cette coutume dans les termes les plus énergiques ; M. Giuseppi, magistrat salarié, pense que, si on la maintient encore pendant deux ou trois ans seulement, elle aura consommé la démoralisation de toute la population laborieuse. Tous les planteurs sont d'accord sur ce point; mais la rivalité entre eux est telle, qu'ils n'ont pu s'entendre pour supprimer celte distribution. Si un planteur l'essayait seul, il perdrait tous ses travailleurs, qui iraient chercher de l'ouvrage ailleurs. Postérieurement à l'époque de l'enquête qui nous occupe, on a fait quelques efforts à cet effet dans plusieurs parties de l'île; mais il faudra, sans aucun doute, y renoncer après la récolte prochaine.

55


866 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. Les travailleurs ne veulent s'engager par aucune espèce de contrat. Le géreur de la plus grande propriété de la Trinité déclare qu il n'a jamais vu d'engagement fait pour plus d'un jour. Ils ne veulent pas non plus d'engagement par mois, ou par trimestre, pour les travaux des champs. Un autre témoin dit qu il ne voudrait pas tenter de faire signer à son monde l'engagement de travailler six jours de suite. Les engagements par jour sont même rares ; on préfère la tâche, parce qu'on peut la faire en quatre heures. Les domestiques contractent quelquefois des engagements d'un mois ; mais il y a encore tant de concurrence à leur sujet entre les maîtres, que, suivant M. Hamilton, ministre protestant, on ne leur demande pas de certificat de bonne conduite. L'agent de l'émigration fait connaître que l'on a un tel besoin de monde, qu'un navire n'est pas plus tôt arrivé, que tout est immédiatement engagé. M. Stewart, commandant du port, à qui on demandait si les immigrants souffrent du manque de travail, a fait la réponse suivante: «Au contraire, la concurrence est si grande que, si les règlements ne s'y opposaient pas, les planteurs monteraient a bord des navires avant que je ne les eusse visités, pour engager lzs immigrants. » On donne une prime de 5 dollars par tête aux personnes qui ont assez d'influence pour les déterminer a se louer, sans engagement pour aucun temps fixé; de sorte qu il arrive souvent qu'ils quittent les maîtres presque aussitôt après leur avoir promis leurs services. Industrie et état moral des travailleurs. — L'enquête avait pour but, sur ce point, de déterminer si les cultivateurs ne sont pas aujourd'hui au-dessous de ce qu'ils étaient avant l'émancipation. Quant à leur industrie, les dépositions ne leur sont pas favorables. Il est établi que les produits ont diminué en même temps que les frais ont augmenté; que le sucre a perdu en qualité; que les terres sont peu à peu abandonnées; enfin que les terrains-à pro-

e

II PARTIE.

confirme cette assertion, et donne quelques détails particuliers sur la paresse et l'insouciance des noirs. ' A l' appui des dépositions concernant la réduction successive des terres cultivées en cannes, nous ferons observer que les rapports officiels établissent qu'il en avait été planté 30,161 acres en 1838, et 25,377 en 1839, tandis que, suivant les derniers rapports], il n y en aurait plus, en 1840, que 2 1,700 acres. Les pro duits ont diminué bien au delà encore de cette proportion; car, en 1838, on avait fabriqué 40,848,784 livres de sucre, et en 1839 on en fit seulement 26,553,765 livres. Les terres à provisions avaient, en 1838, une étendue de 13,903 acres, en 1839 elles étaient réduites à 4,383 acres. Cependant les derniers rapports portent a 6,313 le nombre d'acres consacrées l'année dernière à celte culture. Quant a l' état moral de la population laborieuse, malgré les plaintes répétées des maîtres, contenues dans les dépositions, les deux ministres de l'Église et l'évêque catholique romain s'accordent à dire qu'il y a amélioration graduelle dans le caractère et la conduite des cultivateurs. Le révérend M. Mülhauser, qui a eu pendant cinq ans la direction spirituelle d'un vaste district, est d'avis que les classes laborieuses font des progrès croissants, tant au moral qu'au physique. Les mariages se sont multipliés, et les devoirs qu'impose la qualité d époux sont justement appréciés. Il pense aussi que l'industrie s est améliorée, bien qu'il reste encore beaucoup à désirer sous ce rapport. La condition des travailleurs est, selon lui, fort heureuse, et il en connaît plusieurs qui font des économies. Tout homme qui le désire trouve à s'employer moyennant un bon salaire; ceux même qui ne s'occupent pas régulièrement ne souffrent pas du besoin, parce qu'ils gagnent assez en quelquejours pour vivre pendant plusieurs autres sans rien faire. Jusqu à présent il ne se manifeste aucune disposition à profiter des caisses d'épargne.

visions des cultivateurs deviennent, par suite de leur négligence, moins productifs de jour en jour. On demande à M. Philip , propriétaire de trois plantations, si sa récolte n'a pas augmenté en proportion de l'augmentation de ses travailleurs. « Non certainement, répond-il, et je crois qu'en général il y a eu une grande diminution dans tout le district; beaucoup de champs de cannes sont couverts de broussailles. » M. Maxwell, géreur, dit que la récolte des provisions et autres menus produits a tellement diminué depuis l'émancipation que l'on peut à peine s'en procurer. Le Dr Meikleham, propriétaire, dépose

habitudes superstitieuses se perdent; et, en considérant toutes les circonstances qui ont pu influer sur le caractère des travailleurs, ils sont plus industrieux qu'on ne devait raisonnablement

aussi que la culture des provisions a été négligée. Le commandant de port attribue la grande augmentation qui a eu lieu, depuis deux ou trois ans, dans l'importation des provisions, à la

l' espérer. Ils ne manquent jamais d'ouvrage, dit-il, et sont danune situation heureuse, comme le prouvent les dépenses qu'ils font pour leur habillement et leur bien-être intérieur. D'accord

négligence que la population apporte à les cultiver. « Port-d'Espagne, dit il, qui était autrefois approvisionné par les plantations de l'île, se nourrit en grande partie des denrées que l'on importe; je sais positivement non-seulement que San-Fernando, qui précédemment recevait ses provisions et ses légumes des districts voisins, se fournit entièrement au dehors, mais que les cultivateurs de l'intérieur viennent eux-mêmes s'approvisionner dans cette ville. »

en cela avec le témoin précédent, il blâme la coutume des distributions de rhum, qui a fait naître chez les noirs les habitudes d'ivrognerie auxquelles ils sont livrés. Il désire vivement voir diminuer la concurrence que se font les planteurs pour accaparer les travailleurs, et qui est, en résultat, si funeste à ceuxci. Les ressources pour l'instruction religieuse sont moindres à la Trinité que dans les autres îles. Le docteur Smith, évèque catholique romain, dont le dio-

Les propriétaires et les géreurs sont unanimes pour se plaindre de l' augmentation des frais de production. Un propriétaire de trois plantations dit que les frais sont beaucoup plus considérables, et ont continuellement augmenté depuis l'émancipation, et que son revenu a été moins élevé en 1840 qu'en 1838 et

cèse comprend une grande partie des îles des Indes occidentales, attribue à l'émancipation l'amélioration de la conduite des cultivateurs dans toutes ces îles, et particulièrement leurs progrès

1839, à cause de l'accroissement des dépenses et de l'élévation des salaires. Un autre déposant, représentant de sept plantations, constate que les frais de culture ont presque doublé; les seuls salaires en argent, sans les allocations, forment presque la moitié des dépenses; il ajoute que l'une des causes de celte augmen-

M. J. II. Hamillon a été pendant quatre ans, chargé de la direction spirituelle de quatre districts. Il déclare n'être aucune, ment intéressé dans les opérations agricoles,et n'avoir connu les classes laborieuses que par les relations que son ministère lui a donné occasion d'avoir avec elles. D'après lui, leur état moral et religieux est loin d'être satisfaisant, mais il s'améliore : le dimanche est mieux observé, les mariages se multiplient, les

religieux; mais il ajoute que ces progrès sont loin d'être remarquables dans quelques parties de la Trinité. Cela provient, à son avis, de la concurrence que se font les planteurs; il signale comme très-pernicieuse la coutume des distributions de rhum. On manque d'écoles, ou plutôt de fonds pour les soutenir, et les

tation est la négligence toujours croissante des travailleurs, leur irrégularité et le peu de soin qu'ils prennent des instruments et

parents ne se montrent nullement disposés à payer pour l'éducation des enfants, bien qu'il n'y ait pas au monde de paysans qui en aient plus le moyen. Les mariages se multiplient, et il a réussi à établir vingt sociétés de secours mutuels qui comptent 3,800

des animaux. Un autre témoin, géreur d'une vaste plantation,

membres, dont la plupart sont chefs de famille.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.—CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841. — LA TRINITE. 867 Cultivateurs occupant des terres. — Beaucoup de témoignages s accordent sur ce point, que les établissements formés par les cultivateurs ont pour effet de priver les plantations de leurs services. Nous avons déjà dit qu'il s'était formé un grand nombre de ces établissements sans autorisation, principalement sur les terres de la Couronne ; mais il paraît qu'il est aussi des cultivateurs qui achètent des lots de terres à des particuliers. Souvent le prix payé pour un terrain bien situé s'est élevé fort haut. Un propriétaire déclare avoir vendu seize lots, au taux de 5,200 francs l'acre; deux de ses travailleurs ont acheté des lots d'un autre propriétaire, à raison de 10,400 francs l'acre. L'inspecteur général, qui est en même temps commissaire de la population, déclare qu'il ne manque pas de terres, que les cultivateurs peuvent acheter par portions afin de s'y établir, ce qu'ils font en effet très-fréquemment. Il semble même qu'il s'en établit à peu près autant qu'il arrive d'immigrants. Dans l'opinion du témoin, si les salaires se maintiennent au taux actuel, il ne restera plus, dans un an, sur les plantations, qu'un très-petit nombre des cultivateurs qui y sont aujourd'hui.

3° Immigration. Immigration ancienne. — D'après un relevé fourni par l'agent général de l'immigration, le nombre des immigrants introduits dans la colonie aux frais du trésor, en deux ans et demi, à partir de l'ordonnance sur l'immigration, a été de 3,879; mais la totalité de ceux qui sont arrivés, pendant ce temps, s'est élevée à 8,000. Le commandant du port déclare que, pendant la dernière année, il est entré régulièrement 3oo immigrants par mois. Les lieux d'où ils sont partis sontl'Europe, les Étals-Unis, les anciennes îles, le continent espagnol et Sierra-Leone. On ne sait pas au juste quel nombre a été fourni par chacune de ces contrées, ni combien il y en a dont le passage a été payé par la colonie. Les dépositions font connaître que les immigrants d'Europe sont les moins convenables, attendu qu'ils ne sont pas faits aux travaux qu'on exige d'eux, et qu'ils souffrent beaucoup plus que les autres des effets du climat. M. Hamilton dit qu'ils sont trèsexposés aux maladies et à la mortalité ; et M. Butter, chirurgien de l'hôpital colonial, déclare que la mortalité a été de 5, parmi les Français et les Allemands, contre 1 parmi les immigrants de couleur. Suivant lui, les Européens ne peuvent faire de bons cultivateurs, et leur introduction ne serait avantageuse ni à la colonie, ni à eux-mêmes. Tous les témoins sont unanimes pour donner la préférence aux affranchis, qui d'ailleurs supportent mieux le climat. M. Maxwell les préfère aux cultivateurs des anciennes îles, parce que, dit-il, ils sont plus disposés à se fixer. M. Darling, propriétaire, pense également, qu'ils sont plus assidus au travail et plus robustes pour les champs. Le chirurgien colonial les trouve faciles à diriger et tranquilles ; ils ont une meilleure santé que les créoles eux-mêmes, et aucun de ceux-ci n'aurait pu supporter, comme le font à sa connaissance plusieurs Africains, les miasmes des marais auxquels ils sont continuellement exposés. «En général, ajoute-t-il, on reconnaît un affranchi africain à son extérieur vigoureux et à son air de santé. » Les Américains sont représentés comme les plus économes ; ils n'émigrent pas par caprice, mais pour chercher les moyens de s'occuper plus utilement. M. Darling est convaincu qu'ils renonceront au travail sur les plantations, ainsi que plusieurs l'ont déjà fait, et qtt ils entreprendront des travaux pour leur compte. Jusqu'à l'arrivée des Américains, à en croire M. Philip, commissaire des routes, personne ne voulait se charger des réparations a y faire; mais ceux-ci s entendent entre eux, et exécutent les travaux en participation. La mortalité parmi eux, d'après M. Butter, n a pas été plus grande que parmi les créoles et les immigrants des anciennes colonies. II.

A l' appui des dépositions, on peut citer l'opinion émise par sir H. Mac-Leod, dans sa dépêche du 8 janvier 1840 : « C'est la meilleure acquisition à faire pour la colonie, dit-il, non-seulement parce qu'ils aideront à répandre plus facilement les coutumes et le langage de l'Angleterre, mais encore parce que, sous le rapport de leurs habitudes industrieuses, de la rectitude de leur conduite et de leurs sentiments religieux, ils sont les seuls propres à donner le bon exemple. » Immigration future. —L'enquête n'a pas fourni de renseignements suffisants sur les moyens de continuer et de développer l'immigration, non plus que sur les quantités de travailleurs que l'on peut tirer de différents pays. Suivant M. Prescot, de la Barbade, cette île pourrait aisément fournir, avec avantage pour ellemême, 15 à 20,000 individus en famille. M.Hamilton, dont nous avons déjà cité les dépositions, porte la population entière de Sierra-Leone à 5o,ooo individus. Sur ce nombre, on pourrait en faire venir de suite 10,000 qui s'en trouveraient plus heureux. Une telle diminution sur la population de cette colonie, en y faisant hausser le salaire, déterminerait un mouvement régulier d'émigration de l'intérieur à la côte. Il est certain, toujours d'après M. Hamilton, que l'on se procurerait sans peine un nombre considérable de Kroomen, soit de SierraLeone, soit d'autres points de la côte, si on parvenait à leur faire connaître le bien-être que leur offre la Trinité. Il existe une loi du pays qui leur défend de s'établir à Sierra-Leone en trop grand nombre, de crainte qu'ils ne privent de travail les affranchis africains. Le lieutenant Hamilton répugne au moyen proposé d'acheter, pour les nègres de l'intérieur, la liberté d'émigrer, parce que, dit-il, ce serait en réalité faire un commerce d'esclaves, et que de plus ce serait d'un mauvais exemple pour les étrangers.

Rapport du comité. Le comité, après l'enquête que nous venons d'analyser, a terminé ses travaux en formulant seulement quelques conclusions, dont voici la substance : Qu il existe, entre le capital manufacturier et la population de l'île, une disproportion qui finira par causer la ruine des propriétaires ; Que celle disproportion va en augmentant, parce que les cultivateurs s'établissent sur des terres qu'ils achètent, ou dont ils prennent arbitrairement possession ; Que les propriétaires dépendant aujourd'hui des travailleurs, cet état de choses enlèvera tout le bénéfice des capitaux, et deviendra nuisible au caractère des noirs ; Que le seul moyen de remédier à ce mal est d'introduire des immigrants de divers pays, excepté toutefois des colonies anglaises ; Enfin, qu'il faudrait surtout tirer ces immigrants d'Afrique, aux frais d'une association qui pourvoirait à leur fournir des terres et à défrayer la dépense de leur voyage. RÉSUMÉ.

Bien que les conclusions du comité n'émanent pas d'une source officielle, et ne puissent servir de base à une mesure générale, nous croyons pourtant devoir exprimer les observations qu'elles nous ont suggérées. Il y est dit que le capital engagé dans les plantations à sucre est de 2 millions sterling, c'est-à-dire environ 1,250 francs par tète d habitants. Nous ne voyons pas que cette assertion soit justifiée par les dépositions , et nous ignorons sur quoi on la fonde ; mais, qu'elle soit ou non exacte, le taux élevé des salaires que l'on paye volontairement et la concurrence dont les travailleurs sont l'objet prouvent, selon nous , que ce sont les bras qui ne sont pas en proportion avec le capital manufacturier. Il paraît même bien prouvé que cette disproportion est si

55.


868 RAPPORT

e

SUR

LES

QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE.

grande, qu elle met les planteurs à la discrétion des travailleurs pour les termes de tous les contrats et la fixation des salaires. Il n est cependant pas incontestablement établi que ce mal aille en augmentant, ni que ses conséquences soient aussi pernicieuses aux noirs qu on le représente. Si, comme on ne saurait le nier, les établissements non autorisés se sont multipliés dans le voisinage des districts populeux, l'immigration, croyons-nous, a dû fournir assez de monde pour remplacer les individus qui ont abandonné le travail; et cet abandon n'est pas absolu, puisqu'ils reviennent à l'ouvrage lorsqu'ils éprouvent un besoin d'argent. Quant à ce qui est dit des résultats funestes de cette situation , relativement au caractère des cultivateurs, nous y opposons les dépositions des trois ministres delà religion, dont la surveillance s étend sur des districts très-populeux. Ils reconnaissent qu'une amélioration s'opère peu à peu, mais d'une manière sûre, dans le caractère moral et religieux des travailleurs. Ces progrès sont d autant plus remarquables qu'ils s'accomplissent en dépit de la coutume à laquelle, dit-on, les propriétaires ne peuvent renoncer, de leur donner du rhum. Cette coutume a produit le goût de l'ivrognerie, vice auquel les travailleurs sont généralement enclins, et, dans toute autre partie du monde, elle serait aussi préjudiciable qu'ici au perfectionnement des individus. L'immigration serait, sans aucun doute, d'un grand secours pour les propriétaires fonciers de la colonie; elle tendrait à faire mettre en valeur de fertiles districts , qui restent aujourd'hui incultes. Mais d'où faire venir un assez grand nombre d'immigrants, et par quels moyens pourvoir aux frais nécessaires? Ce sont là deux questions auxquelles le comité n'a pas donné assez d'attention. On ne dit pas non plus quel nombre il faudrait en introduire chaque année; il en est arrivé 4,000 depuis un an, c'est une augmentation d'un cinquième environ delà population. Tout considérable que soit ce renfort, il ne semble cependant pas encore suffisant pour les besoins des planteurs ; mais on ne fait pas connaître à quel chiffre il faudrait qu'il s'élevât. Le comité regarde l'Afrique, en général, et non pas les possessions anglaises d'Afrique, comme la meilleure source qui puisse alimenter l'immigration. Nous ne sommes pas suffisamment renseignés sur cette question ; elle renferme d'ailleurs des considérations politiques de la plus haute importance, et que nous ne sommes pas appelés à examiner clans toutes leurs parties. Nous nous bornerons à dire qu'elle donne lieu à des objections puissantes sous le rapport de l'encouragement probable qu'y trouverait, à l'intérieur»

des dépenses pour le transport des immigrants par un navire de l'Amérique du Nord, du port de 500 tonneaux, doublé et chevillé en cuivre.

13. DEVIS

5 novembre 1841. Dépenses premières

18,000 dot

Ustensiles et objets nécessaires au logement et à la nourriture de 300 hommes; caisse à médicaments; caisses d'armes; 200 poinçons pour l'eau

5,040

Total des dépenses premières

23,040 dol.

Ou, en francs

120,000 fr.

Assurance , 10 p. 0/0 par an Entretien du navire, 10 p. 0/0 Intérêts du capital à 5 p. 0/0 Frais de port, chirurgien, maître d'équipage, charpentier, 14 matelots, etc Provisions pour les officiers et l'équipage

12,000 fr. 12,000 6,000 21,900 12,500

Permis d'embarquement à Sierra-Leone, à 3 fr. 50 cent, par tête; habillement des émigrants Dépenses accessoires Provisions calculées pour 3 voyages par an, soit pour 840 individus

6,625 5,000 35,000 111,025 fr.

Dépenses pour importer 840 immigrants, en trois voyages par an, à 30 dollars par tête Dépenses annuelles par un navire de la colonie Balance en faveur du navire de la colonie

.

25,200 21,316 3,884 dol.

Ou

20,196 fr.

En ajoutant à cette somme les 10 p. 0/0 portés pour entretien du navire, on voit qu'en trois ans la colonie aurait économisé le prix du coût du navire, même en allouant l'intérêt du capital. Signé R.

J.

B.

DARRACOTT,

DENNISTOUN,

J.

P.

H.

SCOTT,

R.

BUSHE,

J.

Losh,

GANTEAUME.

le commerce des esclaves. Nous avons déjà vu qu'en attendant il se fait, à la Trinité, une immigration considérable et continue de travailleurs des Etats-Unis, des anciennes îles et de Sierra-

Leone. Sur la question des fonds nécessaires pour aider à l'immigration volontaire, le gouverneur écrivait au secrétaire d'État, le 18 août 1841, que les revenus croissants ont pu jusqu'à présent fournir à ces dépenses. C'est celte même ressource qu'on a eue en vue dans l'ordonnance sur l'immigration qui fixe le prix de passage de chaque individu. Le comité est d'avis qu'il serait facile de pourvoir à tous les frais parla création d'un fonds spécial. Toutefois on n'explique pas commentée fonds s'alimenterait, et, d'un autre côté, il n est pas présumable qu'avant longtemps il se présente des acquéreurs pour les terres de la Couronne. La question est néanmoins d une importance grave et pressante. Dans l' état actuel, ce sont les revenus de la colonie qui font face aux frais de l' introduction des immigrants désignés par l'ordonnance; et, si les efforts que Ion tente pour en augmenter le nombre avaient un certain succès, il pourrait arriver que le trésor ne fût plus en situation d'y suffire. Il serait donc nécessaire, ou de pourvoir à l' augmentation des fonds applicables à l immigration, ou de limiter le nombre des individus qui seraient introduits chaque année aux dépens du trésor. Signé

T. F. ELLIOT , E. E. VILLIERS.

14.

d'une dépêche du lieutenant-gouverneur sir Henry Mac-Leod à lord Stanley.

EXTRAIT

La Trinité, 31 décembre 1841.

Les revenus de l'île ont éprouvé un augmentation considérable, dans toutes les branches qui indiquent le plus clairement la prospérité d'un Etat. En 1839, les produit

2

1/2 p. 0/0 sur la valeur des importations ont 213,025'

En 1840 En 1841

286,075 286,125

Les droits perçus en vertu des actes du Parlement offrent une augmentation semblable. En 1838, ils ont été de 1839, 1840,

1841,

de

de de

229,450f 435,750 487,600

502,075

Mais il est impossible d'attribuer cette dernière augmentation à l'accroissement de la consommation.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841—LA GRENADE. 869 Elle est résultée, en 1839, de l'émancipation et du payement des salaires en argent; depuis elle s'est soutenue dans la proportion de l'arrivage des cultivateurs, qui ont été attirés à la Trinité par la facilité qu'on leur donne de s'y établir. Mais je suis porté à croire que cette augmentation résulte aussi, en grande partie, de la plus grande vigilance apportée à la perception, et de l'accroissement des importations. Bien que, dans la somme des marchandises reçues, il y eût des quantités considérables de produits anglais sur lesquels il n'est prélevé aucun droit, la taxe de 3 J a p. o/o sur les exportations a cependant produit : En 1839 370,475f 1840 379,725 1841 .. . 435,025 Dans les circonstances où nous sommes placés, et surtout en présence des discussions financières qui ont occupé dernièrement le Gouvernement de la métropole, il ne faut pas accorder à ces faits une plus grande importance qu'ils ne le méritent ; car, il est

qui y ont été opérés depuis quelque temps. Cependant l'accroissement de la population est tel, que la prison de Port-d'Espagne va se trouver insuffisante. Je fais examiner sur quels points des districts ruraux on pourrait construire de bonnes prisons, pour y recevoir les individus qui nous sont envoyés de tous côtés, voire même des extrémités de l'île. Les dépenses faites pour un hôpital ont été d'un avantage incalculable pour la colonie ; à mon arrivée il n'en existait pas. La prison était dans un état déplorable; non-seulement il n'y régnait aucune discipline, mais il n'y avait pas de classification, et les condamnés se trouvaient confondus avec les prévenus et les débiteurs ; les sexes n'étaient séparés que la nuit. Depuis , une bonne discipline y a été établie, une classification convenable y est observée; chaque prisonnier a une cellule séparée; il y a des salles de travail tellement disposées, que toute communication est impossible ; enfin on exerce la plus grande surveillance sur

impossible de lenier, la production de l'île n'est parvenue à se soutenir que par les sacrifices auxquels il a fallu se soumettre, surtoutence qui concerne les salaires, pour entretenir la culture.

tout ce qui concerne la propreté et l'exécution des règlements. Les établissements civils ont subi peu de changements depuis deux ans, excepté la police, ou l'on a fait disparaître la confusion qui existait entre les attributions judiciaires et administratives. Les

Les dépenses des trois dernières années ne sont pas restées dans la proportion des revenus. Si elles ont pu être réduites dans le département de la police et dans divers petits détails, il en a beaucoup coûté pour les réparations et l'amélioration de la prison royale, pour l'établissement d'un hôpital, pour la construc-

modifications qui ont eu lieu dans ce département ont produit une grande économie. L augmentation de la population nécessitera bientôt une nouvelle répartition, et l'extension des sommes allouées pour subvenir aux frais de l'éducation. La colonie contribue à présent au

tion des églises, pour la réparation des quais, et pour d'autres services publics. Les réponses qui ont été faites aux questions relatives aux prisons mettent à même de juger des changements

traitement de 23 instituteurs. Signé Henry

MAC-LEOD.

N° 177. § III. LA GRENADE. 1.

RAPPORT

de M Jephson, magistrat salarié du district de Saint-George. 1841.

1° Caractère général et condition des travailleurs. Le caractère général des travailleurs est tel, qu'il ne se commet aucun crime sérieux. Une propension à dérober des choses de peu d'importance, la disposition au mensonge, et une morale assez relâchée, sont les défauts dominants parmi eux. En somme, ils ne sont pas paresseux ; ils travaillent fort quand il s'agit d'eux-mêmes ; s'ils se relâchent lorsqu'ils sont occupés pour le compte d'autrui, c'est, on peut le supposer, par suite de la longue habitude qu'ils ont eue de ne recevoir aucune indemnité de leurs peines. Cependant, sous ce rapport même, il y a eu amélioration; et maintenant les noirs des plantations sont plus assidus et apportent plus de soin à leur besogne. Leur condition est aussi heureuse et aussi indépendante que celle de tous les autres paysans du monde, si même elle ne l'est pas davantage. Beaucoup d'entre eux sont riches ; et, si quelques individus font exception à la masse, la faute en est à eux seuls. Les goûts et les habitudes des travailleurs se sont incontestablement améliorés depuis l'apprentissage. Leurs maisons sont mieux meublées, et leur nourriture est plus substantielle qu'autrefois. Ils ont pour la toilette un penchant bien connu. La consommation du rhum a augmenté, mais on ne peut dire qu'il se commette d'excès; un nègre ivre est, dans les campagnes, une chose assez rare. Il n'y a pas de différence remarquable dans la mortalité chez les adultes; elle est devenue moins fréquente chez les enfants. Les délits les plus ordinaires sont les querelles et la médisance. La loi punit les premiers; mais elle ne protège pas contre la médisance; ce sont les femmes qui en sont le plus souvent coupables. II.

Relations entre les travailleurs et leurs maîtres.

Ces relations, et les conditions de loyer sur les propriétés, ne sont pas les mêmes dans tout le district. Quelques planteurs exigent une redevance par semaine pour une maison et un terrain, et la retiennent au cultivateur sur le montant de son salaire ; d autres ne la font payer que lorsque le locataire ne travaille pas pour la propriété; enfin il est des planteurs qui n'imposent aucun loyer, mais alors le salaire est un peu moins élevé ; on donne parfois aussi des rations de poisson salé ou les soins du médecin. Dans tous les cas, l'acte de la colonie, n°298, donne au maître le droit d'expulsion sommaire contre les travailleurs attachés aux plantations, et qui y occupent des cases spécialement construites pour eux. Quelques propriétés leur afferment des lots de terre d'une acre ou deux, sur lesquels ils élèvent euxmêmes des cases; on en retient le prix, lorsqu'ils y consentent, sur le montant du salaire qu'ils peuvent gagner. Les cultivateurs qui se sont rendus propriétaires ou locataires indépendants, sont ici en plus grand nombre qu'ailleurs. Ils ne se réunissent pas en villages; chacun élève sa demeure au centre de sa propriété. On ne peut douter que ce système d'établissement n ait privé les produits d exportation d'une forte somme de travail; car, si ces nouveaux colons louent quelquefois encore leurs services aux propriétés, ce n est que par intervalle, et lorsqu'ils ont besoin d argent, ce qui n arrive pas souvent, parce qu'ils trouvent toujours a vendre ce qu ils récollent sur leurs terres.

3° Etablissements nouveaux. Il n a pas été construit d'église nouvelle, mais seulement deux écoles. Nous n avons ni caisse d'épargne ni société de secours mutuels. 4° État actuel et perspective de la culture. L état de la culture est partout assez bon. Si l'on remarque

55..


870 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES.— II PARTIE. e

une différence sur quelques propriétés, elle résulte du travail. Il est des terrains qui exigent plus de soins que d'autres, mais l'on n a pas assez de monde. L'émigration pour la Trinité a contribué, avec le système d'établissements particuliers, à enlever des travailleurs aux plantations. Le taux des salaires n'est pas stable ; la moyenne est d environ 1 fr. 25 cent, par jour, y compris la valeur des rations. La récolle dernière a été faible, et même nulle sur certains points, par suite de la chaleur extraordinaire/Le climat de ce district, qui forme un peu moins du cinquième de l'île, est trèsvariable. Dans le voisinage des montagnes, une saison sèche est favorable, sur la côte elle est destructive. Aussi les propriétés rapprochées de la mer n'ont-elles rien produit; plusieurs ont été abandonnées. La perspective de la récolte prochaine est meilleure; les pluies qui sont tombées dernièrement, trop tardives pour avoir produit un grand bien, ont pourtant aidé à la croissance des jeunes cannes. En disant que l'on espère davantage de la récolte prochaine, je suppose que les cultivateurs ne continueront pas à émigrer, autrement, et, si nous ne les remplaçons pas,le sort de l' île, sous le rapport de la culture du sucre, est tout tracé. Le produit de la dernière récolte, pour les vingt-deux plantations de mon district, a été de 725 à 735 boucauis. 5° Perfectionnements et inventions. Il ne s est rien fait en perfectionnements ni inventions, tendant a abréger le travail manuel. On se sert de la charrue quand cela est possible ; mais la nature montueuse du sol s'oppose presque partout a ce qu on en fasse usage. Il ne s'est établi non plus aucun nouveau mode de fabrication. 6° Commerce intérieur.

Les objets d'habillement que les négresses transportent dans tout l'intérieur de l'île sont les seuls qui alimentent le commerce intérieur, excepté pourtant l'approvisionnement du marché de Saint-George, en fruits et légumes, parles cultivateurs.

2.

RAPPORT

de M.

L. J.

Walsh, juge de paix salarié de

la paroisse de Saint-David. 1841. 1° Caractère général et condition des travailleurs. Je n'ai rien vu que de favorable à dire du caractère des cultivateurs de ce district. Un trait qui prouve en leur faveur, c'est l'obéissance qu'ils montrent à l'égard des maîtres qui les traitent convenablement. Sous ce rapport, je distinguerai les cultivateurs de Belle-Vue, de Upper-Latate, de Corinthe, de Cap-Salé et de Westerhall ; le travail n'est jamais en souffrance sur ces propriétés, où règne la plus complète harmonie. On ne peut révoquer en doute les progrès que les cultivateurs ont laits sous le rapport moral; les mariages deviennent, parmi eux, beaucoup plus fréquents qu'autrefois; et ils témoignent un vif désir de faire donner de l'instruction à leurs enfants. Ils les retirent de l' école a l' âge de 13 à 15 ans, et les associent alors à leurs travaux sur les plantations. Leur condition est bonne; ils sont bien logés, et peuvent gagner, à la tâche, depuis 1 fr. 85 cent, jusqu'à 2 fr. 5o cent, par jour. D un autre côté, leurs champs à provisions, non-seulement fournissent assez pour la famille, mais laissent encore un grand excédant pour le marché. Les goûts et les habitudes des noirs ont considérablement change depuis l' apprentissage ; le vêlement grossier de l'esclave a été remplacé par les étoffes des meilleures manufactures ; aux jours de fete leur toilette est même extravagante par son luxe ; ils n épargnent aucune dépense pour y satisfaire. Leurs maisons

sont aussi mieux meublées, et leur nourriture est devenue plus substantielle. La mortalité a diminué d'un cinquième au moins. Les médicaments et les soins du médecin sont toujours aux frais des planteurs. Les délits les plus communs dans la classe laborieuse sent les querelles et la médisance. Les vols ou autres crimes graves sont à présent très-rares. Il est vrai que le cultivateur, n'étant plus obligé à travailler sans rétribution, peut se procurer, sans beaucoup de peine, toutes les choses de nécessité que sa pauvreté le forçait autrefois à dérober. 2°

Relations entre les travailleurs et leurs maîtres.

Les relations entre les travailleurs et leurs maîtres, ou plutôt les agents de leurs maîtres , sont celles d'une dépendance mutuelle Le planteur qui comprend son intérêt ne néglige rien pour s'assurer le travail indispensable à la culture et à la fabrication de ses produits d'exportation. Le cultivateur, de son côté, est su; de trouver chez son maître une occupation constante et bien payée. Cette dépendance, delà part du planteur, existera nécessairement aussi longtemps que le nombre des travailleurs n'excédera pas ses besoins; elle serait bien moindre, si Ton introduisait un nombre considérable d'émigrants africains. Les conditions de location sur les propriétés me semblent trèsconvenables; si le cultivateur s'engage à travailler cinq jours consécutifs par semaine, on lui donne, sans redevance, la jouissance d'un logement, et assez de terre pour y recueillir des provisions. Toutefois, lorsqu'il s'absente sans une permission expresse, on lui impose un loyer de 1 fr. 85 cent, à 2 fr. 5o cent par semaine; et, s'il ne rentre pas après ce terme, on peut l'expulser dans le délai d'un mois, en réclamant l'intervention d'un magistrat. Ces cas-d'expulsion sont rares ; cependant les cultivateurs, qui sentent bien tout ce que le système actuel de location a de désavantageux pour eux, cherchent, autant qu'ils peuvent, à s'établir sur de petits lots de terres qu'ils afferment, dans le voisinage des propriétés où ils travaillent. Ils aiment mieux se livrer à la culture des provisions sur leurs terrains, que de travailler pour les maîtres qu'ils servaient auparavant. Je ne puis blâmer en eux cette disposition ; elle les rendra plus indépendants du caprice des planteurs, et leur donnera pour le sol un attachement que le système de location en usage ne peut jamais leur inspirer. Plusieurs planteurs se sont plaints à moi de ce qu'ils appellent l' ingratitude de leurs anciens esclaves; mais, s'ils étaient tous d accord pour louer à leurs gens leurs terres incultes, au lieu de persister dans la voie qu'ils suivent, ils y trouveraient un grand bénéfice, en ce que les noirs s'attacheraient davantage aux lieux de leur naissance. Depuis l' apprentissage, il s'est formé peu d'établissements de francs tenanciers, parce que les lois de la colonie imposent l'obligation de posséder 20 aires de terres pour obtenir ce titre. Mais beaucoup de cultivateurs ont acheté de petits lots de la contenance d'une à 5 acres, au prix d'environ 250 francs. Quoiqu' ils se bâtissent toujours une habitation commode sur leurs propriétés, il ne s'est pourtant encore formé aucun village. L'effet de ces changements a été peu sensible sur le travail; les cultivateurs continuent généralement à travailler cinq jours par semaine sur les plantations; le samedi, ils s'occupent de leurs jardins. 3° Établissements nouveaux. Il n'existe qu'une école dans le district, et encore la doit-on aux efforts de l'évêque de la Barbade. Elle est bien fréquentée par les enfants du voisinage. Nous n'avons ni caisses d'épargne ni sociétés de secours mutuels.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.—CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841. — LA GRENADE. 871 4° État actuel et perspective de la culture.

2° Relations entre les travailleurs et leurs maîtres.

La sécheresse, qui n'a pas cessé de régner depuis octobre de l' année dernière jusqu'en juillet, a influé d'une manière trèsfâcheuse sur la culture. Il a été presque impossible de planter pendant les mois d'octobre et de novembre 1840, et de disposer les rejetons au commencement de celle année. On ne peut donc concevoir de grandes espérances de la récolte de 1842, bien qu'elle promette un excédant de 20 ou 3o boucauts sur la der-

La bonne harmonie règne sur la plupart des propriétés. Les maîtres trouvent leur intérêt à bien traiter leurs gens, quand même ce ne serait que par la crainte de les voir quitter leurs plantations ; mais il s'élève souvent des discussions lorsque les travailleurs s'absentent. H n'y a pas de règle générale pour les

nière. La quantité de sucre fabriquée en 1840, dans ce district, qui est le plus petit de l'île, s'est élevée à 402 boucauts; on en a embarqué 484 de la récolie dernière, et, ainsi que je l'ai dit, la prochaine donnera encore quelques boucauts de plus. On ne manque pas de travailleurs sur les propriétés, principalement sur celles que j'ai citées plus haut; sans l'influence des saisons,

on aurait pu faire de fortes rentrées de produits. Il faut dire pourtant qu'une ou deux grandes plantations ont eu beaucoup à souffrir de l'émigration pour la Trinité. Un certain nombre d'émigranls sont, il est vrai, revenus; mais ils ont tellement ressenti les effets du changement de climat, qu'ils restent quelques mois sans reprendre leur travail. Le taux des salaires, excepté pour le travail à la lâche, a été ordinairement de 1 fr. 25 cent, par jour, avec une distribution de poisson salé chaque semaine. Le temps est devenu favorable, et la culture a partout une belle apparence.

5° Perfectionnements et inventions. Un seul perfectionnement a été introduit depuis l'apprentissage, mais il est d'un grand secours pour abréger le travail pendant la récolte : c'est l'établissement des chemins à rails en bois sur un grand nombre de plantations. Ces chemins servent à transporter les débris des cannes dans les endroits où ils doivent être déposés, et qui sont souvent très-éloignés du moulin. Les chariots qu'on y emploie sont mus par un appareil qui lient à la roue du moulin à sucre. On se débarrasse ainsi de la bagasse humide, et, au retour, les chariots rapportent du combustible sec. On a obtenu, par ce moyen, une économie d'au moins trois cinquièmes sur celte partie du travail. On n'a encore tenté aucun nouveau mode de culture ; cependant la charrue est en usage sur plusieurs propriétés du district. 6°

locations. Dans quelques endroits, le loyer se combine avec le travail ; ailleurs l'absence est compensée par une somme sous le litre de loyer; mais quelques planteurs préfèrent signifier immédiatement l'expulsion et ne rien exiger. Il s'est formé quelques nouveaux hameaux, mais point de villages. Beaucoup de cultivateurs qui avaient quitté les plantations y sont revenus; d'autres émigrent à la Trinité, à cause de la difficulté qu'ils éprouvent, faute de moyens, à fonder des établissements comme francs tenanciers. Il y a à peine assez de bras pour la culture des produits d'exportation ; plusieurs propriétés souffrent de celte rareté de travailleurs. 3° Établissements nouveaux. Depuis la fin de l'apprentissage, on a élevé une église catholique romaine; d'auires de la même communion sont en construction dans les diverses paroisses de la colonie. Les écoles dépendantes de ces églises se multiplient, et voient s'augmenter le nombre de leurs élèves aux dépens des écoles des autres communions. Je n'ai pas appris qu'on ait établi de caisse d'épargne ni de société de secours mutuels.

4° État actuel et perspective de la culture. Les choses sont, à ce que j'ai pu savoir, dans le même étal que pendant l'apprentissage, bien que le nombre des travailleurs ait beaucoup diminué. Le taux des salaires, pour cinq journées de g heures par semaine, est ordinairement de 5 fr. 6o cent, pour la première classe de cultivateurs, et 3 fr. 75 cent, pour la seconde et pour les conducteurs de mules, avec deux livres de poisson salé. La dernière récolte a donné une augmentation sur la précédente, depuis que le temps est devenu plus favorable ; on espère que la prochaine sera meilleure encore. 5° Perfectionnements et inventions.

Commerce intérieur.

Il se fait ici peu de commerce intérieur, parce que le voisinage de la capitale de l'île donne aux cultivateurs la facilité d'y acheter toutes les marchandises dont ils ont besoin.

Rien de nouveau n'a été tenté pour améliorer le mode de culture. On ne peut faire usage de la charrue, parce que le sol est inégal et pierreux. On n'a pas non plus perfectionné les moyens de fabn'calion. 6° Commerce intérieur.

3.

RAPPORT

de M. C. S. Fraser, juge de paix salarié du

district de Saint-Marc et Saint-Jean. 22 septembre 1841.

Les articles les plus demandés sont : les tissus de coton et de fil pour habillement, les bottes, les souliers, les objets de consommation susceptibles de se conserver, le vin et la quincaillerie.

1° Caractère général 'et condition des travailleurs. Sous ce double rapport, il y a eu quelque amélioration. Les cultivateurs sont plus disposés à se marier, et à pourvoir à leur bien-être intérieur, en garnissant leurs habitations de meubles utiles. Us sont plus polis, et cherchent à imiter les manières, les goûts et les habitudes de leurs supérieurs. La mortalité n'est pas aussi grande qu'autrefois, parce qu'à présent une mère peut soigner elle-même son enfant qui, durant l'apprentissage, était confié à une négresse appelée nourrice, pendant qu'on forçait la mère à travailler aux champs. Il y a peu de changement dans la nature et la fréquence des délits. Le noir est encore porté à commettre de légers vols et d'autres actes de mauvaise foi. J'espère que l'éducation et le temps réformeront ces dispositions dans la jeune génération. II.

4.

RAPPORT

de M. P. Staunson, magistrat salarié du district de Saint-Patrick. 23 septembre 1841,

1° Caractère général et condition des travailleurs. Comparées à ce qu'elles étaient pendant l'apprentissage, les habitudes des noirs sont aujourd'hui plus morales; ce changement a eu pour résultat la diminution du nombre des crimes. Les querelles sont encore fréquentes, moins cependant, et moins sérieuses qu'auparavant. La mortalité est réduite à la moitié de ce qu'elle était du temps de l'esclavage et de l'apprentissage.

55...


872

RAPPORT SUR

LES

E

QUESTIONS

COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES.—

II

PARTIE.

2° Relations entre les travailleurs et leurs maîtres.

2° Relations entre les travailleurs et leurs maîtres.

Si jamais il a existé des sentiments d'attachement et de confiance entre les cultivateurs et les représentants des propriétaires, ils ont fait place au mécontentement et à des contestations; c'est le résultat de ce système oppressif qui consiste à exiger le payement d'un loyer et qui donne le pouvoir d'expulser sommairement le locataire. Ce motif a plus contribué qu'aucune autre cause à décider l'émigration pour la Trinité. Le loyer des cases et des jardins n'est pas basé sur leur valeur. Il n'y a non plus rien de fixe sur le nombre des membres d'une famille que l'on oblige à le payer. En agissant ainsi, les maîtres détournent les cultivateurs de s'établir sur les plantations.

Il n existe dans ce district aucun système régulier de location. Les cultivateurs travaillant sur une plantation jouissent d une bonne case et d un jardin, francs de toute redevance, mais lorsqu ils restent plusieurs jours occupés de leur propre culture, on exige d eux une indemnité de 2 fr. 5o cent, par semaine. Beaucoup se sont établis sur des lots de terrains qui leur ont été cèdes par les planteurs; après les avoir mis en rapport et s'être construit une maison, ils sont retournés au travail sur les propriétés auxquelles ils étaient précédemment attachés. Les noirs sont tous très-jaloux de devenir propriétaires, mais je ne crois pas qu'ils se soient réunis en villages ou seulement en hameaux, depuis que l'apprentissage a cessé. Ce district a beaucoup souffert du manque de bras pour la culture, par suite de l'émigration à la Trinité, qui a eu lieu autant par curiosité, que par l'appât du salaire élevé que les planteurs de cette colonie offraient pour attirer les émigrants.

3° Établissements nouveaux. Les succursales de la banque coloniale et de celle des Indes occidentales établies à Saint-George, les églises protestantes elles églises catholiques-romaines, sont les seuls établissements que je connaisse. Les propriétaires de Chambord ont dernièrement fondé une école dans celte paroisse. Les économes et les géreurs. montrent une apathie vraiment déplorable au sujet de l'éducation des enfants des classes laborieuses. 4° État actuel et perspective de la culture. La culture et les recolles sont aussi satisfaisantes qu'auparavant-, sur les plantations ou les cultivateurs sont convenablement traités. Par suite de l'émigration, les travailleurs ne se trouvent plus en nombre suffisant pour les besoins. Ceux de première classe reçoivent 5 fr. 6o cent, et deux livres de poisson salé, évaluées à 6o cent., pour cinq jours consécutifs par semaine. On ne se plaindrait pas du taux des salaires, malgré son peu d'élévation, si les retenues faites pour les cases et les jardins étaient mieux réglées et payables par an, au lieu de l'être par semaine. Les récoltes de 1840 et de 1841 ont été à peu près égales; mais la prochaine paraît devoir être plus abondante que la dernière, grâce au temps favorable dont nous avons joui. 5° Perfectionnements et inventions. A l'exception des chemins à rails en bois qui ont été établis sur les plantations Belmont et Mont-Alexandre, pour le transport des bagasses, je n'ai pas eu connaissance qu'on ait introduit aucun perfectionnement concernant l'agriculture. 6°

RAPPORT

Les écoles Mico, fondées après l'émancipation, ont été fermées depuis peu. Il y en avait deux dans ce district. Nous avons maitenant une nouvelle chapelle catholique romaine, et l'on a posé, il y a quelques jours, la première pierre d'une église wesleyenne. Il n'existe ici ni banque d'aucune nature, ni société de secours mutuels. 4° État actuel et perspective de la culture. La culture, quoiqu'elle se fasse sur une moindre échelle qu'autrefois, s'est améliorée par l'introduction de la charrue, là où l'on pouvait en faire usage, et par l'emploi de l'engrais pour enrichir le sol. Malheureusement les travailleurs ne sont pas assez nombreux. Le produit de la dernière récolte ne pourra être exactement connu qu'en 1842 , époque à laquelle les relevés sont envoyés dans les bureaux du trésor. On peut cependant l'évaluer approximativement à 1,500 boucauts de sucre. La perspective de la récolte prochaine est plus belle depuis qu il fait un temps convenable. Je crains bien néanmoins que les dix mois de sécheresse que nous avons eus n'aient nui à son abondance.

Commerce intérieur.

5° Perfectionnements et inventions.

Le principal commerce intérieur me paraît être celui des liqueurs spiritueuses, des étoffes de fi l et de colon et des marchandises provenant des fabriques anglaises. Ce commerce se fait en grande partie par l'intermédiaire de marchands patentés.

5.

3° Établissements nouveaux.

Le seul perfectionnement que j'aie vu, ce sont les chemins à rails en bois, construits sur quelques propriétés pour transporter la bagasse hors du moulin, ce qui épargne le travail de six ou sept individus. On en construit un en fer sur la plantation Paradis. Il n'y a aucune innovation dans la fabrication.

de M. E. L. Darling, juge de paix salarié du

Commerce intérieur.

district de Saint-André. 1er novembre 1841. 1° Caractère général et condition des travailleurs. Les noirs ne sont pas, en général, industrieux; onpeut attribuer cette disposition a la facilité avec laquelle ils gagnent de quoi vivre. En effet, le salaire de deux jours et le produit de son jardin suffisent pour assurer la subsistance d'un cultivateur pendant plusieurs autres jours. On se plaît a reconnaître que la conduite des noirs est bonne. Leur condition est heureuse; ils sont bien traités par leurs maîtres, et paraissent contents. Sous le rapport des habitudes et des goûts, ils ont fait des progrès rapides. Depuis l' époque de la liberté, les délits de toute nature ont diminué, et les crimes suscités par les passions haineuses sont devenus très-rares.

Ce commerce n'est plus , à ce qui m'a été dit, aussi florissant qu'il l'a été immédiatement après l'émancipation. Les marchandises sèches sont moins belles, mais d'un meilleur usage. Il y a eu augmentation pour les articles de consommation.

6.

RAPPORT

de M. N. Roach, magistrat salarié du district de Carriacou.

1° Caractère général et condition des travailleurs. Les cultivateurs sont industrieux, travaillent volontiers pour un bon prix, prennent soin de leurs familles, et sont disposés à se louer là où le salaire est le plus élevé. On les trouve rarement


ÉTUDE DE L'EXPÉR.ANGL.—

CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1841. — LA BARBADE.

oisifs ; ils s'occupent sur leurs propres terres ou ailleurs, dès qu'ils ont terminé leur besogne sur les propriétés. Ils ont un grand attachement pour les lieux de leur naissance, et montrent un penchant décidé pour le bien-être intérieur. Ils s'efforcent de pratiquer la vertu , à l'exemple des planteurs les plus respectables. Ils s'appliquent avec ardeur à perfectionner leur intelligence; ils se ma rient en grand nombre, avec la conscience de la pureté et de la sainteté du lien qu'ils forment; ils assistent régulièrement au service divin , et se conduisent avec une gravité convenable dans les lieux consacrés au culte. Leur attention se porte plus qu'autrefois sur l'ameublement de leurs maisons, et sur tout ce qui contribue ;< l' aisance domestique. Ils ont un grand respect pour les lois et les autorités constituées, lorsque ces autorités ne manifestent aucune disposition qui se ressente des souvenirs de l'esclavage, ou de ceux, presque aussi pénibles pour eux, de l'apprentissage; car les noirs ont une extrême aversion pour tout ce qui leur rappelle leurs anciennes souffrances, et n'ont aucune confiance dans les magistrats locaux. La mortalité a considérablement diminué; les délits sont très-peu nombreux, et se bornent à de légères querelles et à des vols sans importance; ces délits se reproduiront plus rarement encore, à mesure que l'éducation perfectionnera le moral de la population laborieuse. 2° Relations entre les travailleurs et leurs maîtres.

Les travailleurs actifs gagnent 75 centimes pour une tâche qui ne leur prend que quatre ou cinq heures; ils ont la jouissance d une case en chaume et d'une portion des plus mauvaises terres, pour y cultiver des provisions. Ces avantages entrent en compensation d'une partie du salaire; et cependant on les oblige à entretenir leurs cases en bon état. Les cultivateurs se plaignent de recevoir leurs salaires souvent six ou huit semaines après l'époque où ils leur étaient acquis. Ils sont heureux lorsqu'un maître leur prouve par ses actions et par son langage qu'il a leur bonheur en vue; ils aiment à convertir l'argent qu' ils possèdent en lots de terres, pour assurer un asile à leurs familles; mais les planteurs ne sont pas disposés à leur en céder, dans la crainte que, devenus indépendants, ils ne veuillent plus travailler pour eux. Sans jeter aucun blâme sur celte opposition, qui met obstacle au désir de ces hommes de se créer une honnête industrie, qui nuit à l'accroissement d'une population heureuse attachée au sol et ayant un intérêt à sa prospérité, je ne crois pas que les craintes qui la suggèrent pussent avoir rien de fondé, si les maîtres , par leur conduite franche et conciliatrice, éloignaient le soupçon et la méfiance de l'esprit des travailleurs.

873

3° Etablissements nouveaux. Il n'y a ici qu'une seule église. Le ministre est un homme très. recommandable; mais les cultivateurs restent dans une ignorance déplorable au sujet de la religion. Il y a aussi une école coloniale de jour, mais point de caisses d'épargne ni de sociétés de secours mutuels. L'absence d'institutions de ce genre et de moyens plus étendus d'éducation est fâcheuse, surtout pournotre population nouvellement émancipée. 4° État actuel et perspective de la culture. La culture n'est ici ni avancée ni en voie d'avancement. On ne la pratique pas comme science ni avec goût. Tout ce qui y a rapport se fait avec négligence. Les salaires étant moins élevés qu'à la Trinité et à Saint-Vincent, les propriétés ont perdu beaucoup de cultivateurs, qui ont émigré pour être mieux. La dernière récolle de sucre a été beaucoup moins forte que les précédentes, et la prochaine sera moindre encore, à cause de la sécheresse qui a duré huit mois; plusieurs plantations ne feront pas du tout de sucre. Il y a bien eu quelques pluies depuis plusieurs semaines, mais, dit-on, elles sont venues trop tard pour influer sur la récolle de 5° Perfectionnements et inventions. Rien de celle nature n'a 1 rfrjffrffgl 6° Commerce intérieur. Les marchands se plaignent de ce que la vente n'est pas active. Les cultivateurs achètent surtout du poisson salé, du porc, du sel, de la farine et du riz; en marchandises sèches, ils consomment des étoffes pour chemises ordinaires, de la toile de moyenne qualité, du calicot, de l osnahruck et un drap bleu, épais et grossier, nommé penniston. Les femmes aiment la toilette et recherchent tout ce qui a de l' éclat, surtout en robes et en mouchoirs pour coiffure. Les cultivateurs tiennent beaucoup à leur habillement du dimanche; la plupart portent des bas et des souliers. Ceux qui ont la prétention d'imiter les personnes placées au-dessus d'eux ont des habits et des redingotes : ce sont principalement les émigrants revenus de la Trinité, et qui ont pu y économiser quelques dollars sur leur salaire.

N°178. §

1.

LETTRE

IV.

LA

de M. Félix Bedingfeld, secrétaire privé, à

M. Joseph Thorn, commandant de port adjoint. Bureau du secrétariat. Je suis chargé par le gouverneur de vous demander un rapport indiquant ce qui a pu venir à votre connaissance, relativement au système d'émigration qui se propage dans cette île, et à ses effets sur la condition de la population laborieuse. Le gouverneur désire connaître : 1re question. Si vous avez lieu de croire que les cultivateurs aient été mécontents des effets de l'acte passé, à ce sujet, pendant l'administration de sir Lionel Smith ?

BARBADE.

d autres termes, si quelque mécontentement, qui aurait été manifesté par les paysans, vous semble avoir été la cause originaire plutôt que la conséquence d'une intervention étrangère dans les relations entre les maîtres et les travailleurs. 3 . Si vous pensez que les classes laborieuses soient mécontentes de l'administration de la justice dans cette colonie, ou qu elles aient été poussées à émigrer par des actes d'oppression de la part des maîtres ou des autorités? 4e . Si vous savez comment 011 a persuadé aux cultivateurs qu un travail de neuf heures par jour les ramènerait à l'état d'esclavage, ou que ceux qui resteraient dans l'île seraient réduits à cet étal par le gouvernement étranger auquel la GrandeBretagne était prête à la céder? 5 . Quelle est l'agence qui s'occupe de recruter des émigrants dans la population de la Barbade ? e

2'. Si, avant les efforts tentés pour exciter à l'émigration, et depuis l'émancipation de 1834 et de 1838, il est venu à votre connaissance que les classes laborieuses se plaignissent d'être retenues à la Barbade malgré elles et en vertu des lois, ou, en

6e. Quelles promesses sont faites par les agents de l'émigration, pour déterminer les cultivateurs à quitter le pays?


874

RAPPORT

SUR

LES

E

QUESTIONS

COLONIALES. — PIÈCES

7°. Si vous croyez que l'on ait employé la fraude pour influencer les laboureurs ? 8e. Dans quelles occasions vous avez pu vous entretenir avec des cultivateurs, revenus dans la colonie après avoir émigré? 9°. Quelle a été la substance de leur récit, et s'ils vous ont dit que ceux qui n'étaient pas rentrés fussent contents de leur nouvelle position ? 10°. Si l'ascendant que les agents ont obtenu sur les cultivateurs est général, et s'il a été secondé par la presse. 11e. Si, dans voire opinion, le goût des voyages qu'on a cherché à inspirer aux travailleurs nuira à leur tranquillité d'esprit, et si la diminution déjà produite par l'émigration s'augmentera encore. 12°. Si, sous le rapport des intérêts et du bonheur des cultivateurs, vous pensez que l'agitation produite par la question de l' émigration leur ait été ou puisse leur devenir avantageuse? Signé Félix

2.

RÉPONSES

de M.

J.

BEDINGFELD.

Thorn aux questions précédentes. La Barbade, 8 janvier 1841.

1re. l es cultivateurs n'étaient pas mécontents; je crois qu'ils n'avaient aucune connaissance de l'acte passé pendant l'administration de sir Lionel Smith, et que conséquemment ils ne pouvaient en ressentir les mauvais effets. 2°. Les cultivateurs n'avaient aucune disposition à émigrer, avant l'arrivée des spéculateurs qui sont venus pour les entraîner. Ces hommes commencèrent par exalter la Guyane anglaise aux dépens de la Barbade. Ils attaquèrent les lois, leur application, et toutes les personnes respectables et influentes de l'île, afin d'exciter une fermentation dont ils pussent profiler. Je citerai, à ce sujet, les écrits à la main répandus dans toute l'île par les agents de Thomas Day, qui étaient payés à tant par émigrant. Une offre semblable de 5 dollars par tète avait été faite à M. Osborne et à M. Bush, delà Trinité. Il n'est pas étonnant, que , circonvenus de cette manière, les cultivateurs aient cessé d'être assidus, et aient témoigné le désir de quitter l'île, mettant en oubli les liens d'attachement qui les y retenaient autrefois. M. Sheridan et moi nous fûmes, à celte époque, désignés pour les éclairer sur la démarche qu'ils allaient faire; nous les trouvâmes parfaitement ignorants sur tous les points, mais pénétrés de la conviction qu'ils iraient amasser une grande fortune, pour revenir vivre avec aisance dans la colonie. Bientôt nous nous aperçûmes qu'on leur avait suggéré des réponses à nos observations; nous en eûmes la preuve par l'inscription, comme émigrants, d'individus auxquels M. Day avait conseillé de ne pas nous écouter. Aussitôt après l'émancipation, j'avais eu occasion de me rendre sur des propriétés où des différends s'étaient élevés. Les noirs m'avaient partout accueilli avec plaisir, m'avaient écoulé et mis à même, par leur condescendance, d'arranger à l'amiable des choses d ailleurs peu importantes. Il est donc évident que l'excitation qui a régné ne se serait pas manifestée sans une intervention étrangère, et qu'on ne peut l'attribuer aux lois restrictives. 3°. La meilleure réponse à faire , c'est de produire les relevés des causes portées devant les magistrats, et de celles qui ont été jugées par eux et réformées par la cour d'appel. Je n'ai pas la moindre raison de supposer que l'administration de la justice ait pu influer en quelque chose sur l'émigration ; je l'attribue exclusivement aux menées des agents et de leurs avocats. 4e. Ce sont les agents qui ont commencé à répandre ce bruit. Us dirent d'abord aux laboureurs qu'une journée de neuf heures

JUSTIFICATIVES.—II

PARTIE.

était la somme de travail d'un esclave; les ignorants adoptèrent sans réflexion cette manière de voir et la répandirent. Cependant l' erreur se découvrit; alors les agents annoncèrent que la colonie allait être cédée aux Français, qui les feraient rentrer dans l' état de servitude. Cette croyance fut généralement répandue et il ne m'a pas toujours été possible de la détruire. 5°. Les gens employés à recruter des émigranls étaient connu? sous les plus mauvais rapports. Aucun mensonge ne leur coûtait pour en imposer à la population, et gagner l'argent qu'on leur donnait. 6°. On promettait aux émigranls des salaires exorbitants pour peu de travail, l'acquisition facile de terres , des vivres excellents à bas prix, des plaisirs de toutes sortes, des bals, des fêtes, etc. Indépendamment de cela, des maisons étaient disposées pour les recevoir, et pour leur procurer jusqu'à leur départ les agréments des festins, des danses et de la musique. Ces dernières promesses sont celles qui ont agi avec le plus d'influence sur les noirs; on leur a encore fait quelques avances d'argenl, remboursables en travail à la Guyane, mais pour lesquelles les agents avaient pris leurs sûretés. 7°. Les fraudes les plus audacieuses ont été employées à leur égard : par exemple, on leur donnait une reconnaissance d'une somme qui était censée destinée à l'entretien, moyennant quelquedollars par mois, des parents âgés et des enfants que les émigranls laisseraient à la Barbade; mais celte reconnaissance ne spécifiait pas la somme ; on leur faisait obtenir sous de faux noms des certificats d'émigration, etc.

8° et 9°. J'ai su par des émigranls que, malgré la supériorité des salaires à la Guyane, ils ne pouvaient, à cause du prix élevé des choses de première nécessité, y faire des économie? aussi considérables qu'à la Barbade. Beaucoup étaient obligé? de contracter des dettes pour subvenir à leur besoins ; et, malgré leur désir de partir, ils se trouvaient dans l'impossibilité absolue de le foire. Ce fait m'a été confirmé par le capitaine d'un paquebot qui, par humanité, a ramené sans frais plusieurs émigrants auxquels la société d'émigration avait refusé des secours. Cet officier et les individus que j ai entendus à leur retour m'ont affirmé que la plupart de ceux qui restaient imploraient les moyens de revenir, et que tous ceux qu'ils connaissaient, loin d être dans une condition satisfaisante, souffraient de grandes privations, par suite du système différent de culture et de l'insalubrité du climat, qui en avait fait périr beaucoup. Pour croire à cette dernière assertion, il suffit de se reporter à la diminution annuelle de la population pendant l'esclavage. 10°. L'ascendant acquis par les agents, sur l'esprit delà population laborieuse, a été général; la presse, j'ai regret de le dire, en prêtant son appui à la cause de M. Day, a beaucoup aidé à l'émigration ; l'éditeur du Libéral a été jusqu'à déclarer, dans son journal, qu'il agissait dans ce sens parce que la loi sur l'émigration lui paraissait restrictive, bien qu'auparavant il eût déclare que le système d'émigration était le plus funeste pour la colonie. parce qu'il devait causer la mort de trois individus sur quatre. 11e. La grande connaissance que j'ai des noirs, depuis plus de vingt ans que je les vois comme leur ami, comme leur guide, nie fait penser que, pendant longtemps encore, ils ne seront pas remis du trouble qu'on a jeté dans leur esprit. 12°. On se ressentira longtemps aussi des effets de toutes les menées mises en usage pour séduire les paysans, ne fût-ce que sous le rapport du relâchement des liens qui unissent le mari à la femme, le maître au serviteur, et l'ami à son ami.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841. — LABARBADE. 875 3.

LETTRE

de M. F. Bedingfeld, secrétaire privé, à M. le

lieutenant-colonel Connor, inspecteur de police. Bureau du secrétariat privé, 1 1 décembre 1840.

M. le gouverneur désire recevoir de vous un rapport sur l'état de la colonie, pendant l'année 1840. Ce rapport fera connaître : 1re question. L'étal des récoltes pendant cette période, la perspective de la récolte prochaine, les soins donnes à la culture. 2e. La nature des relations entre les maîtres et les travailleurs, et les causes des mésintelligences qui auraient eu lieu. 3'. Si le trouble causé par les agitateurs a plus affecté les propriétés des planteurs que celles des cultivateurs. A". Si, avant qu'on les eût excités à émigrer, et qu'on eût critiqué les lois réglant les formalités à remplir à cet effet, les cultivateurs s'étaient plaints de ces lois et des restrictions qu'elles leur imposaient. 5e. Si les nègres ont été ou non trompés par les agents qui les engageaient à quitter le pays. 6*. A quelles causes vous attribuez la grande émigration qui a eu lieu dans un temps, et le ralentissement qui s'est ensuite manifesté. 7e. Si, dans votre opinion, l'expérience du régime de liberté n'aurait pas eu un succès complet, si les difficultés accidentelles ne se seraient pas aplanies aussi aisément qu'autrefois, dans le cas ou une intervention étrangère ne fût pas venue s'immiscer dans les affaires, pour tâcher de décider les noirs à émigrer. 8'. Si vous pensez que la population laborieuse soit trop considérable relativement aux besoins. 9e. Enfin, si vous croyez que l'émigration serait avantageuse a la classe des cultivateurs en général, et particulièrement à la santé des paysans de la Barbade.

4.

de M. Alexandre Connor aux questions contenues dans la lettre précédente.

RÉPONSES

1re. On ne peut dire que la perspective de la récolte soit belle. Au commencement de l'année, elle s'annonçait bien ; mais les chaleurs de l'arrière-saison, surtout celles du mois de novembre, ont arrêté la croissance et la maturité des cannes. Dans la paroisse Saint-Philippe, un champ de cannes de dix acres a été remué et abandonné aux bestiaux ou destiné à faire de l'engrais. Les ignames ont manqué en grande partie ; et, si la fin de ce mois et le mois prochain se passaient sans pluie, les patates qui sont en terre périraient totalement. 2e. En général, les relations entre les maîtres et les travailleurs sont amicales. Lorsqu'il s'élève des difficultés, elles naissent souvent de demandes en augmentation de salaire. Si les maîtres refusent d'y accéder, les cultivateurs vont porter leurs services sur les plantations qui donnent un prix supérieur. 3'. Les troubles qui ont eu lieu ont surtout été nuisibles aux noirs, et ont souvent été excités par la jalousie. (T. Je ne crois pas que jamais la population ail témoigné aucun mécontentement des lois relatives aux émigrants, jusqu'à l' époque où M. Day essaya de l'entraîner à Demerara. Sans les sollicitations qui lui furent faites alors, elle serait restée dans la disposition où elle était avant qu on ne lui eût persuadé que ces lois étaient arbitrairement restrictives. 5 . Dans mon opinion, les classes laborieuses ont été grossiè-

rement trompées. Cette opinion est fondée sur les dépositions d émigrants revenus de Demerara. Presque tous m'ont déclaré que les promesses qui leur avaient été faites avant leur départ n avaient pas été remplies. Si on ne les avait pas séduits par ces promesses'et par d'autres moyens encore, les cultivateurs n'auraient pas songé à s'éloigner. 6 . J'attribue la grande émigration de cette colonie aux récits enchanteurs qu'on répandit sur la magnifique colonie de Demerara, et aux espérances de bonheur que les agents offraient à une population ignorante et crédule, à peine sortie de l'esclavage. L'émigration commença à diminuer, lorsqu'après en avoir fait l'expérience, au prix de nombreux sacrifices et quelquefois même de la santé, des noms sont revenus dépeindre les choses sous leurs véritables couleurs. e

7 ° On ne peut douter un instant que la bonne intelligence régnerait depuis longtemps entre les maîtres et les travailleurs , si M. Day et ses émissaires n avaient pas causé, parmi ces derniers, une excitation qui, pendant quelque temps, les a détournés de l' assiduité qu'ils apportaient à leur travail. 8 . Je ne crois pas qu'il y ait excédant de population laborieuse, parce que la plus grande parlie des jeunes travailleurs, qui autrefois étaient occupés dans les champs, suivent à présent sans interruption les différentes écoles de l' île. e

9e Le système d'émigration que l'on a suivi ici est, à mon avis, tout a fait contraire à l'humanité en général, ainsi qu'à la santé et au bonheur de la population de la Barbade en particulier.

5.

EXTRAIT

de l'adresse du gouverneur sir

E. J. M.

Mac-

Gregor au conseil et à l'assemblée de l'île. Maison du Gouvernement, 12 janvier 1841.

La meilleure intelligence règne entre les propriétaires et les paysans. .Malgré toutes les manœuvres mises en usage pour tromper la crédulité de ces derniers (telles que l'annonce de leur prompt retour à l'esclavage, et du prochain abandon de la Barbade à une nation étrangère), les dispositions qu'ils manifestaient l' année dernière pour l'émigration se sont bien ralenties. Il a fallu le départ de 2,157 laboureurs, pour prouver incontestablement que les actes de la localité n'ont aucun pouvoir d'empêcher les noirs d'exercer leur droit de locomotion. On peut remarquer, à ce sujet, que si la Guyane anglaise et les douze colonies du vent et sous le vent envoyaient chacune un individu dans chaque île rivale pour engager des immigrants, on verrait se répandre 150 individus payés, qui, mettant tout en œuvre pour réussir, chercheraient à agiter l'esprit des noirs, et à y jeter le mécontentement de leur état actuel. Dans une correspondance avec le bureau colonial, j'ai dû représenter que, si les agences particulières d'émigration n'étaient pas réprimées, les propriétaires des anciennes colonies des Indes occidentales se verraient contraints d'user de représailles, et d'envoyer des émissaires pour exciter le mécontentement au sein de la population rurale des autres établissements. J'ai dit encore qu'il ne pouvait etre convenable d'exposer les Indes occidentales aux risques dune lutte dans laquelle colonie contre colonie, homme contre homme se livreraient a toute leur irritation, qui exposerait le trésor à de grandes dépenses, causerait peut-être l'effusion du sang, et, en définitive, ne serait d'aucun bénéfice réel ni aux anciennes colonies, ni aux nouvelles. Il est a désirer qu une importation d'agriculteurs d'Amérique et d'Afrique vienne bientôt mettre fin à cet état de choses. On ne s'abuse pas sur la surabondance de la population que l'on prétendait exister à la Barbade, et l'on n'a plus à lutter contre la difficulté que mentionnait le secrétaire d'État des co-


876 RAPPORT SUR LES QUESTIONS

COLONIALES. - PIÈCES

lonies, c est-à-dire l'impossibilité, pour le Gouvernement, de résister, à la Guyane et dans les autres colonies , à une législation provocatrice de l'émigration. Il a été pourvu aux réformes qui étaient nécessaires à ce sujet. Dans l'intérêt de l'humanité, je désire que l'expérience du travail libre n'éprouve plus ici de nouveaux obstacles, et que notre île persévère dans l'amélioration graduelle de ses relations intérieures, et dans la poursuite des travaux d'agriculture et de commerce.

JUSTIFICATIVES. — IIE PARTIE.

Sierra-Leone a été autorisé à permettre la libre sortie des noirs. C'est une ressource légitime dont pourront profiler les colonies nouvelles, pour se procurer des travailleurs d'une manière tout à la fois honorable pour elles et avantageuse aux émigrants. L'assemblée espère que les tentatives pour dépeupler celte colonie ne se renouvelleront plus, et que la Barbade conservera le rang qu'elle a su mériter, au milieu des possessions transatlantiques de la Grande-Bretagne. Par ordre de l'assemblée : Signé George N.

6.

ADRESSE

de l'assemblée de la Barbade à sir

E.

J.

TAYLOR.

M.

Mac-Gregor, gouverneur. 7.

QUESTIONS

26 janvier 1841. L'assemblée se félicite avec vous de la bonne harmonie qui existe entre les paysans et les propriétaires , malgré les tentatives faites pour troubler l'esprit des premiers, et leur inspirer le dégoût du pays. Leurs yeux se seront ouverts, ils auront reconnu l'erreur dont plusieurs d'entre eux ont été victimes. La mort rencontrée par quelques-uns de ceux qui s'étaient laissés entraîner à émigrer, la misère éprouvée par d'autres, que la seule pitié de quelques capitaines de navires a mis à même de venir raconter leurs maux, enfin la difficulté du retour, seront de suffisants avertissements. Pénétrée de reconnaissance pour tout ce qui a été fait par le secrétaire d'Etat des colonies, l'assemblée ne peut cependant s'empêcher de présenter quelques observations, et de faire sentir la nécessité de réprimer les menées des agents d'émigration. Le système qu'ils ont suivi est tout à fait favorable aux vengeances particulières et aux ressentiments politiques. Us choisissaient les individus les plus pervers pour exciter le mécontentement parmi les cultivateurs , et dépeupler les plantations des maîtres contre lesquels ils nourrissaient le plus de haine. Les intérêts de tous étaient sacrifiés sans remords aux vues particulières d'hommes sans principes, qui donnaient aux ennemis intérieurs de la colonie l'occasion de mettre des entraves à la marche du régime de liberté. En parlant des obstacles que les émigrants détrompés éprouvent à revenir, l'assemblée a fait allusion aux dettes qui les retiennent, dettes que les agents les aident à contracter avant leur départ, et qu'une fois rendus à leur destination ils ne peuvent plus acquitter. Si quelques-uns sont parvenus à revenir, c'est grâce à la compassion des capitaines de navires, qui se sont sentis émus à l'aspect de leur misère. On ne pouvait compter sur la répétition de semblables services rendus gratuitement, et l'un de ces officiers a pensé devoir annoncer par les journaux qu'il lui serait impossible de se charger à l'avenir d'aucun émigrant. C'est surtout sur le récit de ceux qui ont été victimes que l'assemblée a compté pour arrêter les progrès de l'émigration. Dans cette circonstance, comme toujours, la vérité a triomphé. Avant de terminer, l'assemblée doit parler dune lettre, datée de Downing-Street et signée de M. Vernon Smith, qui a été publiée dernièrement à Demerara. Cette lettre annonce que les Africains capturés aux îles Bahamas sont libres et parfaitement maîtres d'émigrer, mais que le gouverneur de ces des, par des motifs qui tiennent aux intérêts maritimes de la Grande-Bretagne, a été invité à ne pas encourager leur dépopulation. Le secrétaire d' État des colonies reconnaît la différence qui] y a entre l' exercice du droit incontestable que possède tout homme libre de porter son industrie où il lui plaît, et les encouragements offerts aux habitants afin de les engager à abandonner le pays, pour aller au dehors essayer de réussir. A présent que cette diilerence est bien reconnue ,1 assemblée a la plus grande confiance dans les mesures prises par le secrétaire d'État des colonies afin de restreindre la tendance du gouvernement de la Guyane anglaise a faire usage de moyens peu loyaux pour exciter à l'émigration. La lettre eu question fait connaître aussi que le gouverneur de

posées par lord John Russell, dans sa dépêche

au gouverneur sir

E.

J. M. Mac-Gregor.

1re. Caractère général et condition des cultivateurs ; changements survenus depuis l'apprentissage dans leurs manières et leurs habitudes, dans la mortalité, et dans la nature et la quantité des délits. 2°. Relations entre les maîtres et tes cultivateurs, particulièrement sous le rapport des loyers sur les propriétés, du succès des établissements particuliers des cultivateurs, de la formation de nouveaux villages, et de l'effet que ces changements peuvent avoir produit sur la somme de travail nécessaire à la culture des produits d'exportation.

3°. Nouvelles institutions, telles qu'églises, écoles, caisses d'épargne, sociétés de secours mutuels, etc. 4 . Etat et perspective de la culture ; quantité de travail; taux des salaires ; produit de la dernière récolte; apparence de la récolte prochaine, température, etc. e

5e. Perfectionnements et découvertes; nouvelles machines pour économiser des bras; méthode perfectionnée de culture, de fabrication, etc. 6°. Etat du commerce intérieur, avec indication des marchandises les plus demandées.

8.

RÉPONSES

des magistrats de police aux questions précédentes.

A.

RÉPONSES

de M.

A.

H. Morris.

Sainte-Lucie, 6 juillet 1841.

1 . Les noirs se montrent encore indolents et peu assidus au travail ; ils sont très-portés à élever des contestations d'intérêt entre eux. Ils sont à peu près dans la même condition que du temps de l'esclavage; depuis l'émancipation, il n'y a eu aucune amélioration dans leurs habitudes ou dans leurs manières. Le chiffre de la mortalité et le nombre des délits sont à peu près les mêmes. Les plaintes reçues chaque mois dans la paroisse Sainte-Lucie s'élèvent à peu près à cinquante, et sont surtout relatives à des vols, des dommages aux propriétés, des dettes peu importantes et des tapages. re

2e. La bonne harmonie continue à régner entre les maîtres et les travailleurs ; ceux-ci jouissent d'une aussi bonne santé que les autres habitants. Les plus actifs reçoivent gratuitement le logement et un terrain sur les plantations; les fainéants, dont le nombre est grand, se réfugient pendant la nuit sur les propriétés où résident leurs familles. Je ne connais pas de noir qui possède de terre en propre. Beaucoup de ceux qui avaient des dispositions au vagabondage se sont, depuis peu, laissé diriger


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.—CHAP. XIV.ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. —1841. — LA BARBADE.

sur la Guyane, malgré ce que leur ont dit de leurs souffrances les émigrants revenus depuis six mois. 3*. Deux chapelles, indépendamment de l'église qui existait -déjà, ont été construites dans celte paroisse, depuis l'abolition de l'esclavage. Elles sont entourées d'un grand nombre d'écoles. Nous n'avons pas de caisse d'épargne, mais les sociétés de secours mutuels qui vont s'établir, sous la direction du recteur, ne pourront qu'être avantageuses à la population. 4e. On a planté une grande quantité de jeunes cannes pour la récolte prochaine. Le produit qu'elles rendront dépendra naturellement du temps qu'il fera, et qui dernièrement a déjà été défavorable, ainsi que du soin que l'on mettra à sarcler, etc. Il est difficile de se procurer les travailleurs dont on a besoin, parce qu'ils ne s'engagent pour travailler aux champs, que lorsqu'ils ne peuvent pas s'occuper autrement. Les gages sont de 2 bitts par journée de neuf heures ; les heures extra sont payées en proportion. La dernière récolte a été faible, le produit de la prochaine est bien incertain. 5 . Nous n'avons eu ni perfectionnements ni découvertes. e

6*. Il ne se fait aucun commerce intérieur, excepté par l'intermédiaire des colporteurs, qui vendent des vivres provenant principalement du continent américain. Signé A. H.

B

MORRIS.

. RÉPONSES de M. Scantlebury. Saint-Pierre , 3 juillet 184 1.

1re. Les paysans de celte paroisse sont actifs; depuis la fin de l'apprentissage, il y a eu amélioration dans leurs manières et dans leur habillement. On ne peut délerminer le chiffre de la mortalité, parce qu'il n'y avait pas eu de recensement ; d'un autre côté, le registre des décès n'établit aucune distinction. Les délits qui donnent le plus souvent lieu à des plaintes sont des querelles, des rixes, de petits vols; les crimes graves sont rares. 2 . Afin de s'assurer le nombre de travailleurs nécessaire, chaque plantation établit un village, en construisant des logements convenables pour les laboureurs, auxquels on accorde, en outre, une portion de terre cultivable; ils ne payent aucun loyer pour celte maison et ce terrain, à moins qu'ils ne quittent la plantation pour aller travailler ailleurs. Ces conventions sont clairement comprises des deux côtés ; et ce système procure aux planteurs les bras dont ils ont besoin, malgré l'idée encore obscure que les noirs se font de leur liberté d'action. Quelques émancipés ont acheté de petits terrains; mais il n'en est aucun, jusqu'ici, qui soit devenu franc tenancier. e

3'. Nous avons quatre écoles, dans deux desquelles on célèbre le service divin ; elles ont été établies depuis la liberté sous la surveillance du clergé. Il existe, en outre, une chapelle et une école wesleyennes, plusieurs écoles particulières, et une société de secours mutuels, mais point de caisses d'épargne. 4 . L'état de la culture est satisfaisant; l'émigration a diminué le nombre des travailleurs. Les salaires varient de 90 centimes à 1 fr. 10 cent, par jour. Le produit de la récolte de 1841 a été de 1,260 tonneaux de sucre. Après une longue sécheresse, le temps est devenu favorable. e

5*. Il ne s est fait ni découverte ni perfectionnement dans l'industrie. 6'. Le commerce intérieur a beaucoup souffert, depuis deux ans , de la médiocrité des récoltes en produits d'exportation ; il dépend beaucoup de la quantité et du prix du sucre. Les de-

877

mandes portent principalement sur les cotonnades de Manchester. Signé J. C. SCANTLEBURY..

C.

RÉPONSES

de

M. J.

S.

Bascom.

Saint-André, 31 juillet 1841.

1 e. Les paysans sont, en général, polis envers ceux qui ne les emploient pas; mais, dès qu'ils louent leurs services en qualité de domestiques ou de cultivateurs, leur conduite à l'égard de leurs maîtres est souvent tout autre. Leur exactitude à suivre les pratiques extérieures du culte pourrait faire croire, à leurs sentiments religieux, si les relations criminelles que les deux sexes entretiennent entre eux, même dans l'état de mariage, ne prouvaient pas qu'ils sont peu fidèles aux obligations morales. Us sont querelleurs, et portés entre eux aux discussions d'intérêt. Leur condition est heureuse; il ne tiendrait qu'à eux de gagner plus d'argent, s'ils voulaient travailler davantage. Leurs manières se sont améliorées depuis l'émancipation; ils aiment surtout la danse et les autres amusements, et n'épargnent ni le temps ni la dépense pour satisfaire ce goût. Us aiment aussi le jeu. Pendant les trois années qui se sont écoulées depuis la liberté, leur santé a été bonne, excepté à l'époque d'une irruption de la petite vérole. Je crois, bien que nous n'en ayons aucune preuve positive, que la population s'est accrue. Les enfants ne me semblent pas aussi bien entretenus que pendant l'esclavage; ce sont les parents eux-mêmes qui se sont opposés aux dispositions qui auraient pu être faites à ce sujet. Les noirs contractent facilement des dettes; il faut très-souvent recourir aux tribunaux pour en obtenir le payement. r

2°. Rien n'indique des dispositions hostiles entre les maîtres et les travailleurs. Les planteurs ont fait de grands sacrifices pour établir de bonnes relations, en faisant bâtir des cases pour leurs gens, et en leur procurant encore d'autres avantages; mais l' émigration et d'autres causes fâcheuses ont nui à la régularité du travail, troublé la tranquillité, et amené entre les parties une séparation onéreuse. Les conditions de fermage sur les propriétés sont en même temps utiles et avantageuses aux tenanciers, bien qu'ils semblent travailler à bas prix. La case et le terrain dont ils jouissent, avec la faculté d'élever des animaux et de recueillir du sucre sans avoir rien à débourser, sont plus qu'un équivalent de l'excédant de salaire payé aux noirs non domiciliés. Si les planteurs font ce sacrifice réel, c'est par la nécessité où ils sont de s'assurer, delà part de leurs locataires, un travail assidu. Cependant leur attente est souvent trompée, par des circonstances auxquelles ils ne peuvent rien opposer et qui leur causent un préjudice considérable. Les cultivateurs sont très-désireux de devenir possesseurs de terres; quelques-uns en ont acheté; mais, à peu d'exceptions près, dès qu'ils sont propriétaires, ils ne s'occupent plus que de leurs propres cultures. On a tenté de former de petits hameaux sur des terres louées. On les concède, à la condition que, chaque semaine, le locataire fournira une certaine somme de travail au propriétaire; le temps qu'il accorde en surplus lui est payé au taux du salaire que Ion donne aux cultivateurs non domiciliés. Cependant cet arrangement n assure pas à la propriété les services des tenanciers. Cette expérience tentée sur plusieurs points n'a pas été continuée; selon moi elle devait échouer par l'idée que s étaient faite les noirs, et qu'ils conservent encore pour la plupart, que le Gouvernement affecterait à leur usage une portion des terres des propriétaires, sans qu'ils aient aucun contrôle à supporter de la part de ceux-ci. Aujourd'hui l'avantage est de conserver ses cultivateurs. L'acte concernant le louage des travailleurs leur laisse la liberté de quitter leur besogne à leur gré ; s ils occupent une case et un terrain par arrangement


878

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. —

verbal, on ne peut les expulser sommairement; et, si on a fait une signification de vider les lieux, même lorsqu'ils ne payent pas de loyer, leur culture doit être estimée et payée par le propriétaire, dût le produit à en retirer ne leur donner aucun profit. En définitive, on ne peut compter sur un travail régulier proportionné aux besoins. La population est nombreuse ; presque toutes les plantations ont un nombre considérable de locataires; la difficulté est de s'assurer de leur assiduité. 3°. On a établi dans .cette paroisse, depuis 1838, une nouvelle chapelle et deux écoles sous l'influence de l'Église angliçane, une société de secours mutuels, placée sous la surveillance du recteur, une chapelle wesleyenne et une école qui en dépend. Ces établissements sont très-fréquentés ; mais les parents s'opposent obstinément à ce qu'on apprenne à leurs enfants à travailler pour gagner leur vie ; ils les ont souvent retirés de l'école à la moindre manifestation faite dans ce sens. 4e. L'état de la culture est loin d'être ce qu'il était du temps de l'esclavage : la production a donc naturellement diminué. La rareté des provisions pendant cette année et l'année dernière a été produite par de longues chaleurs ; elle s'est fait durement sentir pour les classes inférieures. Durant l'apprentissage, la culture de cette paroisse avait diminué, et, à l'origine de la liberté, beaucoup de propriétés étaient abandonnées ou servaient de pâturages. Une grande activité et l'élévation des salaires ont opéré, depuis, un heureux changement; mais ce changement ne peut pas être durable, parce que, si les frais delà production ne sont pas en proportion avec les bénéfices, il suffira que des causes accidentelles fassent manquer une ou deux récoltes, pour ruiner les propriétaires et paralyser leurs efforts. On se procurera toujours des travailleurs dans cette paroisse, en se soumettante! leur payer un prix exorbitant. Le salaire des noirs non domiciliés sur les plantations varie de 2 francs à 3 francs 3o cent, par jour. Le travail à la tâche se fait ordinairement si mal qu'on y renonce. La récolte qui vient d'être rentrée a été plus abondante que celle de l'année dernière ; on ne peut rien présager encore de la prochaine. Nous avons eu près de sept mois de chaleurs non interrompues. Les préparations pour le plant de la nouvelle récolte ont pu être faites dans un moment favorable; la maturité dépendra de la continuation des pluies qui ont commencé en juillet, et de l'absence d'ouragans. 5°. Les quelques essais qu'on a faits pour appliquer des machines à la culture n'ont pas réalisé l'espoir qu'on avait conçu; il ne semble pas probable que leur emploi puisse s'étendre beaucoup , à cause de la diversité des cultures et des productions. On avait déjà tenté des expériences de ce genre du temps de l'apprentissage. Les routes, dans le voisinage de Bridge-Town, capitale de l'île, ont été considérablement améliorées. 6°. Une grande partie de la population laborieuse s'est adonnée au colportage. Des boulangeries et des boutiques de détail de toute espèce se sont établies sur le grand chemin. D'un côté, la discrétion des cultivateurs, de l'autre le taux exagéré des salaires, ajoutante la difficulté de faire faire le travail, ont forcé de recourir aux importations étrangères pour nourrir la population, tandis que l' abondance régnait, lorsque la conduite des noirs était soumise a un contrôle. La terre produit moins pour le propriétaire, et l' augmentation du prix des vivres excite le laboureur à demander une augmentation relative de salaire, ce qui diminue encore d'autant le bénéfice du planteur, et profite à d'autres individus, depuis le riche importateur jusqu'à l'obscur colporteur. Ce sont ces individus qui absorbent l'argent que gagne le cultivateur. Si l' on se mettait partout sur le pied de nourrir les travailleurs, ou bien de leur concéder des terres et de les soumettre à un loyer, je crois que ce serait le moyen de remédier au mal, et de maintenir la bonne harmonie que viennent touours troubler des disputes par suite de l'existence imaginaire

IIe

PARTIE.

d intérêts opposés. En retenant 1 fr. 65 cent, par semaine sur les salaires des laboureurs domiciliés, sans exiger d'eux aucune rente, le planteur pourrait cultiver les provisions nécessaires à la nourriture de ses gens ; ce serait une économie pour les cultivateurs et un motif d émulation pour les exciter à un travail plus soutenu. Signé J. S.

D.

RÉPONSES

de

M. J. D.

BASCOM.

Maycock.

Saint-Joseph,. 16 août 1841. 1re. Ah moment où cessa l'apprentissage -, la population laborieuse entra en jouissance d'une liberté que jusqu'alors elle n'avait pas connue. A cette époque,. mille difficultés s'opposèrent fi •l'établissement de l'ordre social ; aussi'fut-elle marquée par une lutte continuelle, d un côté pour conserver le pouvoir, de l'autre pour obtenir la possession 'si désirée des droits naturels. Cet état d excitation a cessé ; nous vivons comparativement dans la tranquillité. On voit notre population, heureuse de son indépendance, s'établir dans les parties les plus fertiles de la colonie. L'émigration et ses agents sont les seules causes qui puissent troubler son bonheur. Les cultivateurs attachent désormais un grand intérêt à la propreté et au bien-être de leur intérieur. Ils cultivent leurs terres avec activité, et en retirent un bon bénéfice. Le mariage est plus fréquent parmi eux, mais ils n'en apprécient pas encore assez la sainteté pour y trouver le bonheur. La pluralité des femmes est un mal à déplorer. Il est à regretter que les vols soient toujours aussi nombreux. A cet égard, les noirs poussent à l'excès la maxime des Spartiates : « que c est dans la découverte du crime seulement que gît la culpabilité. » Les querelles et les rixes sont aussi l'objet de fréquents procès. La population s accroît rapidement ; la mortalité est devenue bien moins grande. Les propriétaires et les cultivateurs comprennent mieux les obligations de leur position respective. Les premiers sont devenus plus conciliants, et les autres recueillent le fruit de leur bonne conduite. 2 . Les conditions de loyers, telles qu'elles existent, ne sont guère compatibles avec la liberté du cultivateur. Il reçoit le logement gratis, aussi longtemps qu'il travaille pour le propriétaire ; mais, s il s absente sans cause plausible, un loyer, souvent exorbitant, lui est imposé pour chaque jour passé hors de la plantation. Cette condition a pour but de le contraindre à consacrer exclusivement ses services à la propriété sur laquelle il réside. Il faut qu'il se soumette, ou qu'il abandonne sa maison, et renonce en même temps à tout ce qui peut l'attacher aux lieux où il a vécu. On accorde aussi aux cultivateurs un quart d'acre de terre cultivable, dont ils payent le loyer. Quelquefois on le leur concède gratis, et, s'il arrive qu'ils quittent la plantation , il leur est permis de faire leur récolte ou bien on leur en paye le prix d'après évaluation. On ne peut nier qu'il serait plus avantageux de leur imposer un loyer pour leur case; ce serait d'ailleurs un moyen de donner plus d'extension à leur liberté. Us ne sont pas économes et dépensent leur argent en dissipation ou en choses futiles; cette disposition de leur part retarde leur indépendance. 3e. La paroisse de Saint-Joseph est la plus petite de l'île ; pourtant elle a son église paroissiale , et une chapelle servant de succursale , toutes deux bien suivies le dimanche. Elle possède deux écoles nationales pour les enfants de couleur; mais les parents ne profitent pas autant qu'ils le pourraient des avantages de ces établissements; ils préfèrent les petites écoles particulières, qui


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.—CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841. — LA RARBADE. 879

sont en grand nombre et plus à la portée de leurs résidences; le temps leur fera sentir la supériorité des premières. Depuis trois ans on a établi une société de secours mutuels qui réussit

bien. 4e. La culture de l' île est toujours aussi belle que par le passé. Avec l'aide d'un temps favorable, nous pouvons compter sur d'abondantes récoltes. Cette année la* sécheresse a été excessive; elle aura des résultats fâcheux sur plusieurs points de la colonie. La dernière récolte a été évaluée à 17,000 boucauts de sucre , c est-à-dire un peu plus que la moitié des récoltes ordinaires. La prochaine ne promet pas d'être beaucoup plus forte. Le manque de bras ne se fait pas sentir, comme cela pourrait arriver s'il y avait abondance de produits. Les cultivateurs domiciliés reçoivent a franc par jour, tandis qu'on paye aux autres 1 fr. 55 cent. 5e. Tout extravagant qu'il puisse paraître de supposer que la culture et la fabrication du sucre aient acquis le plus haut degré de perfection, il paraît cependant que cette idée règne dans tous les esprits, car, depuis quinze ans, on n'a rien tenté pour introduire des améliorations. Toutefois les planteurs paraissent se reveiller de leur apathie, et être plus disposés à croire que les machines seraient susceptibles d'aider beaucoup au travail manuel. Cette réaction ne peut qu'avoir un heureux résultat. Des agriculteurs intelligents se sont déjà pourvus de divers instruments, qui , au surplus, n'ont rien de remarquable. La charrue devient d'un usage plus général. S'il n'y a pas autant de terres en culture que les années précédentes, cette différence est plus que compensée par les soins qu'on y donne. 6". On pourrait supposer qu'avec une population de 120,000 individus , renfermés dans des limites aussi resserrées, le commerce intérieur est considérable dans cette paroisse ; il n'en est pourtant pas ainsi. Notre population reçoit de l'Amérique la plus grande partie de ses approvisionnements, tels que poisson sec, blé, farine , biscuit, riz, etc. La principale cause de celle anomalie apparente est le bénéfice que trouvent les cultivateurs à planter de préférence des cannes, dont ils retirent du sucre qu'on leur fabrique sans frais sur les plantations où ils demeurent. Avec l'argent qu'ils en obtiennent et leurs salaires, ils achètent les produits des Américains. Les deux tiers environ de la population vivent d'articles importés. Les propriétaires s'occupent presque exclusivement de la culture du sucre. Signé

E.

RÉPONSES

de

M. J.

J. D. MAYCOCK.

Carew.

Saint-Thomas, 2 août 1841.

1re. A mon arrivée ici, les cultivateurs ne montraient aucune disposition au travail assidu ; ils s'y prêtent mieux aujourd'hui, et tout fait espérer que, dès qu'un système équitable de loyer aura été adopté et bien compris, ils deviendront sédentaires. Ils ne sont plus aussi querelleurs entre eux qu'ils l'étaient autrefois. Pendant un espace de sept mois, il n'y a pas eu, dans mon district, un seul cas de rixe. Du 1e août 1838 au 1" août 1 841, le nombre des baptêmes a été de 1,284 ; celui des décès, de 571. Jusqu'à présent le total des individus qui ont émigré n'a pas dépassé 51. r

2". On accorde d'ordinaire aux cultivateurs une bonne case et une certaine portion de terrain cultivable, qu'ils entretiennent élans le meilleur état. Us se trouveraient sans doute heureux de devenir propriétaires, s'ils en avaient les moyens; le nouveau village qui s'est élevé auprès de notre église paroissiale en offre la preuve. Il a été fondé par les cultivateurs de la plantation Mount-Wilson, auxquels le dernier propriétaire, Reynold Alleyne Ellcock, avait légué une somme de 176,375 francs qu'ils ont

reçue depuis la liberté. La création de ce village n'a eu aucune influence matérielle sur le travail, parce que les cultivateurs, n'ayant pu acquérir que des lots de terrain de 2 acres au plus, n'ont pas cessé de donner une partie de leur temps aux propriétés. 3e. Nous avons assez d'églises, de chapelles et d'écoles pour recevoir tous les individus qui se présentent. La société de secours mutuels de ce district compte déjà plus de 700 souscripteurs. 4*. Le taux des salaires a beaucoup augmenté depuis peu ; il est de 2 fr. 45 cent, par jour, indépendamment du rhum, de la mélasse et, quelquefois, des provisions que l'on distribue. On .peut aisément se procurer des travailleurs, quand on a le moyen de leur donner un prix élevé; mais il est à craindre que cela ne dure pas longtemps, si l'émigration pour la Guyane et la Trinité continue. Nous ayons beaucoup souffert d'une sécheresse trèsprolongée ; depuis le mois.de juillet seulement, nous avons eu des pluies suffisantes. Si le temps continue à être favorable, nous aurons l'année prochaine une belle récolte, non-seulement en sucre , mais en provisions de toute espèce ; car l'industrie des planteurs et des cultivateurs de la Barbade est encore sans rivale dans le monde. 5°. La charrue n'est pas ici d'un usage général ; nous ne possédons pas non plus d'instruments d'agriculture susceptibles d'économiser la main-d'œuvre. 6 . Un grand nombre de boutiques sont répandues dans (out le district; on y vend des marchandises de toute nature. Les cultivateurs fournissent le marché d'agneaux, de porcs, de volailles, etc., qu'ils élèvent à profusion. e

Signé

F.

RÉPONSES

de

M.

J.

CAREW.

Francis Thornhill. Hole-Town, 12 juillet 1841.

1re. La conduite de la population est généralement trèsbonne ; on a lieu d'en être surpris, si l'on se rappelle combien peu Ion s occupait, du temps de l'esclavage, de développer chez les noirs les qualités morales. Le sort de nos cultivateurs est aussi heureux que celui des paysans d'Angleterre, et ferait envie aux paysans d'Irlande. Leurs manières et leurs habitudes ont subi des changements avantageux. Leur goût pour le luxe et pour les agréments de la vie s'est singulièrement accru; ils le portent même jusqu'à l'exagération , pour ce qui concerne l'habillement et la nourriture; ils emploient aux dépenses de ce genre tout ce dont ils peuvent disposer. La mortalité semble décroître. Quant à la nature et a la fréquence des délits, quoique le nombre en soit considérablement diminue depuis l'apprentissage, il n'y a pas eu, dans ces derniers temps, de changement notable. 2 . La bonne intelligence entre les maîtres et les travailleurs, si nécessaire au nouveau système, devient de jour en jour plus parfaite. Ils comprennent aujourd'hui que leurs intérêts sont étroitement liés, et dépendent en quelque sorte les uns des autres. On renonce a la coutume de donner aux cultivateurs une case gratis et de leur imposer une retenue, sous prétexte de mauvaise conduite ou pour toute autre cause. On leur fait payer un loyer fixe en leur laissant la liberté de disposer d'eux-mêmes. Les propriétaires qui ont déjà adopté cette manière d'agir s'en sont bien trouves. Beaucoup de cultivateurs ont acheté de petits terrains , qui, toutefois, ne sont pas assez importants, aux yeux de la loi, pour les rendre francs tenanciers, attendu que pour acquérir cette qualité il faut posséder dix acres. On craignait d'abord que ces petits établissements ne nuisissent au travail des plantations; mais, jusqu'à présent, on n'en a éprouvé aucun fâcheux effet. e


880

E

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES, — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

3e. Nous avons plusieurs chapelles, des écoles assez grandes, et une société de secours mutuels qui réussit très-bien. Il n'y a pas encore de caisse d'épargne. 4°. L'état de la culture est très-satisfaisant, et je ne crois pas qu il manque de travailleurs pour l'entretenir. Le salaire varie de 1 fr. à 1 fr. 55 cent, par jour. Le produit de la dernière récolle a été peu considérable ; mais la perspective de la prochaine est des plus favorables. Jusqu'à la fin de juin, le temps a été fort mauvais; il n'est devenu meilleur que dans le courant de ce mois. 5°. Il n'a été fait aucune innovation ni découverte en fait de machines. 6°. Les cultivateurs font un grand commerce de leurs provisions, de leur volaille, etc. ; ils les portent à la ville où ils les vendent comptant, et achètent en échange une grande quantité d'articles d'Amérique, dont l'importation abondante a diminué le prix. Signé Francis

G.

RÉPONSES

de

M.

THORNHILL,.

W. Greffith. Saint-George, août 1841.

1re. Je n'ai remarqué aucune différence sensible dans les mœurs, les habitudes et la mortalité chez les noirs , depuis la fin de l'apprentissage; mais il y a eu une grande amélioration relativement aux délits, tant sous le rapport de leur nature, que sous celui du nombre. 2°. Les conditions de loyers sur les propriétés restent les mêmes. Les propriétaires donnent aux cultivateurs le logement, avec ou sans terrain, à la condition de cinq jours de travail par semaine, moyennant un salaire payable par semaine ou par mois, suivant les conventions. Je n'ai pas appris qu'aucun cultivateur se soit établi comme franc tenancier ; plusieurs ont pris des terres à loyer pour quelques années. Il s'est formé de nouveaux hameaux, détachés des propriétés; chaque propriété possède un village populeux. Le travail, pour la culture des produits d'exportation, n'a aucunement été influencé par ces changements. 3e. Nous avons une église paroissiale, deux chapelles, trois écoles et deux sociétés de secours mutuels. 4e. On ne s'est pas plaint du manque de travailleurs, depuis la dernière récolte, malgré l'accroissement de l'émigration pour les colonies voisines. Le taux des salaires est de de 2 à 3 bitts par jour. La dernière récolte a peu produit, et la perspective de la prochaine ne fait pas beaucoup espérer encore, malgré le beau temps dont nous avons joui, depuis le commencement de juillet. 5°. Je n'ai remarqué aucune nouvelle machine pour économiser les bras, ni aucun perfectionnement dans la culture ou la fabrication. 6". Les articles les plus demandés sont les vivres et les objets d'habillement. Signé

H.

RÉPONSES

W. GREFFITH.

de M. J. W. Spencer. Saint-Michel, 26juillet 1841.

1re. Pour porter un jugement sur le caractère des paysans de cette île, il y a plusieurs choses à considérer. Il faut d'abord se

PARTIE.

rappeler que peu d années se sont écoulées depuis que l'esclavage n existe plus, et trois années seulement depuis la fin de l' apprentissage. On ne peut prétendre que la première de ces deux conditions fût susceptible d'exercer aucune bonne influence sous le rapport moral, religieux ou politique, ni que la seconde fût mieux calculée pour produire ce résultat. Cependant un chan gement graduel et certain a eu lieu depuis quelques années, par suite des efforts de beaucoup de propriétaires pour répandre l'instruction, et du zèle que l'évêque et son clergé ont mis à les soi onder. Je date de la suppression du marché du dimanche la première amélioration notable qui s'est opérée dans le caractère des noirs: et je n'hésite pas à déclarer qu'eu masse ils peuvent aujourd'hui soutenir la comparaison avec les paysans des autres possessions britanniques. Quant à leur condition, ils ont tous les moyens possibles de la rendre heureuse , vivant sous un beau climat, avant une maison commode, un petit terrainà cultiver,l'instruction pour leurs enfants, des salaires régulièrement payés, un débouché facile pour leurs provisions, des animaux qu'ils vendent, et les moyens de se procurer toutes les choses dont ils manquent. Ils ont encore à leur portée l'instruction religieuse et les secours de la médecine. Tout bien envisagé, je pense que, depuis la fin de l'apprentissage, il y a eu amélioration dans leurs mœurs et leurs habitudes; ils montrent un grand amour du luxe et des douceurs de la table; le nombre des mariage augmente , et leurs enfants sont baptises aussitôt, après leur naissance. La mortalité n'est pas plus fréquente , exception faite des ravages causés l'année dernière par la petite vérole. Les délits ont diminué, et ne se composent plus guère que de querelles et de petites dettes. 2 . Les relations entres les maîtres et les travailleurs sont satisfaisantes; j'ai à peine reçu quelques plaintes des uns" contre les autres. Quant aux locations sur les propriétés, il est difficile d'émettre une opinion positive. Quelques plantations n'ont pour ainsi dire perdu aucun de leurs travailleurs; d'autres, sur lesquelles on a rendu les cases plus commodes,changent continuellement de locataires. On peut expliquer cela par le caractère des anciens cultivateurs, et souvent parla mauvaise administration delà propriété. Le temps, sans doute, remédiera au mal; mais le meilleur moyen serait, a mon avis, de louer une case au cultivateur, en lui laissant la liberté de disposer de ses services. J'ai toujours conseillé ce moyen aux propriétaires, et toutes les fois qu'on l'a essayé on a réussi. Il va eu peu d'établissements de cultivateurs comme francs tenanciers; non pas que le désir leur manque, mais, dans la situation de notre île, il leur serait fort difficile d'acheter des terres. La raison en est qu il n'y a pas, dans toute la colonie, un espace de terrain cultivable qui ne soit occupé; et comme la terre est presque entièrement partagée en propriétés, il n'est pas probable que ceux qui en sont détenteurs les morcellent par petits lots. Les établissements de travailleurs augmentent plus rapidement a la ville. Les villages grandissent chaque jour dans son voisinage, et, lorsque le bill de franchise aura reçu la sanction de la reine, de nouveaux établissements s'élèveront encore. Je ne crois pas que ces changements aient eu aucune influence sur la culture des propriétés, attendu que les noirs qui se sont établis sont presque tous étrangers à la paroisse. e

3e. Dans le district rural, nous avons quatre chapelles avec des écoles qui en dépendent, et en outre plusieurs petites écoles. II ne s'est pas établi de caisse d'épargne, mais les sociétés de secours mutuels se multiplient. Il y en a une attachée à chacune des chapelles, et toutes ont beaucoup de souscripteurs. Les sociétés de secours conviennent mieux que les caisses d'épargne a l' état actuel de la société: elles inculquent aux cultivateurs dehabitudes de sobriété, et elles ont une grande influence sur leur caractère moral et religieux; il est rare que les magistrats reçoivent des plaintes contre ceux qui en font partie. 4 . L état de la culture est excellent et promet une bonne récolle. Les travailleurs ne manquent pas. Le taux des salaires est e


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.—CHÀP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. —1841. —LA BARBADE.

ordinairement de 1 fr. à 1 fr. 25 cent, par jour, souvent de 1 fr. 55 cent, et quelquefois même plus. La dernière récolte a rendu de dix-sept à dix-huit mille boucauts de sucre. A cette époque de l'année, il est impossible de rien préjuger sur la récolte prochaine, qui peut être compromise par quelques semaines de sécheresse.Le temps, jusqu'à ce moment, a été plus sec dans cette paroisse et dans quelques autres que jamais les plus vieux habitants ne l'avaient vu, Sur les plus petites propriétés, les animaux ont beaucoup souffert; et, sans les importations des Etats-Unis d'Amérique, toutes les classes de la société, et surtout les travailleurs, auraient éprouvé de grandes privations. 5* Il n y a eu, pour ainsi dire, ni innovation ni perfectionnement dans la culture ou dans les machines. La charrue commence à être mise en usage, et parait bien réussir dans quelques localités. La culture de la canne admet peu l'emploi d'une force autre que celle des bras. 6*. Le commerce intérieur est prospère; il a eu surtout une grande activité pendant la durée des longues sécheresses. Les articles le plus demandés sont le blé, la farine, le.riz, le poisson salé, etc. De petites boutiques sont* répandues partout dans le pays. Signé J.

J.

RÉPONSES

,de

M. H.

W. SPENCER.

Pilgrim.

Saint-Jean, 12 août 1841.

1 ". Les mœurs et la condition des cultivateurs ont subi divers changements" résultant des causes qui ont agi depuis la fin de l' apprentissage. L'émancipation complète les trouva fortement attachés au sol et aux plantations sur lesquelles ils étaient nés et avaient été élevés, simples dans leurs goûts, parce que jusqu'alors leurs maîtres avaient pourvu à leur nourriture et à» leur habillement, et sans aucune idée de calcul. La liberté d'agir qu'ils possèdent aujourd'hui, le droit qui leur est acquis de résister aux injustices des maîtres, les moyens qui leur sont offerts de se soustraire au monopole par les immenses facilités que leur présentent les colonies voisines; tout cela, joint à ce qu'ils sont presque totalement dispensés de soutenir leurs parents âgés ou malades, les a placés dans un état exceptionnel, et les a rendus instables, imprévoyants, extravagants dans leurs habitudes et dans leur manière de vivre. Les noirs conservent toujours de la défiance à l'égard de leurs maîtres. D'après l'estimation qu'on peut faire , à défaut de recensement officiel, la mortalité a un peu diminué. Les trois dernières années ont donné une moyenne de 3 p. 0/0 à peu près, tandis que pendant l'apprentissage elle était de 3 1/2 p. 0/0. 2e. La condition des noirs logés sur les propriétés s'améliore peu à peu. Les maîtres ont senti qu'il était impossible de réussir à soumettre leurs gens aux restrictions qu'on leur avait d'abord imposées, et qui subsistent encore trop généralement. Les meilleurs cultivateurs de quelques plantations les ont quittées , et se sont formés en ateliers indépendants qui entreprennent les travaux, et imposent leur salaire selon les saisons et les circonstances locales. Ceux qui sont demeurés sur les plantations, et qui, par convention, doivent cinq journées de travail par semaine, à un prix convenu, sous peine d'être imposés d'une manière exorbitante, diminuent chaque jour. Ceux qui restent donnent asile aux cultivateurs indépendants. Sur quelques propriétés pourtant la gestion est toute différente, et les avantages que l'on accorde aux cultivateurs résidants sont tellement grands , que les conditions restrictives ne leur sont presque pas sensibles. On commence aussi à louer des terres sans obligation de travail. II.

881

Ce système, mieux qu'aucun autre, assurera aux planteurs un travail régulier. Plusieurs cultivateurs sont devenus propriétaires; toutefois leur peu de disposition à faire des économies, et le haut prix des terres ont beaucoup contribué à restreindre le nombre de ces établissements particuliers. L'accroissement des hameaux et des villages a été entravé par les mêmes causes; mais, quand les planteurs louent aux cultivateurs des chaumières et des terrains sans obligation de travail, on peut dire qu'ils établissent des villages. En mettant certaines limites à la quantité des terres concédées, ces villages, à mon avis, ne nuiraient nullement à la culture des produits d'exportation. 3°. Des écoles dépendantes des chapelles se sont élevées sous la direction du clergé; il existe en outre d'autres petites écoles, où Ion donne aux enfants les premiers rudiments de l'instruction. Nous avons des sociétés de secours mutuels qui sont d'un grand avantage pour la classe laborieuse. 4°. Les travailleurs n'ont pas manqué à la culture; mais souvent, pour les obtenir, les planteurs ont dû augmenter les salaires. On paye pour une journée 1 fr. 55 cent. ; quand on ne déduit rien pour la case et le jardin, ce prix s'élève quelquefois à 2 fr. 60 cent. Les produits exportés provenant de la dernière récolte ont été de 17,000 boucauts de sucre. L'apparence de la récolte prochaine ne fait pas espérer davantage, à cause des sécheresses extraordinaires dont on a souffert depuis six mois ; toutefois, les plants ayant été retardés, la saison exercera une grande influence sur les produits. 5e. M. Heath a dernièrement établi un mécanisme pour enlever du moulin les cannes pressées. Dans les ateliers de cuisson, on a mis en usage un procédé qui fait obtenir, en un seul chauffage, ce que trois ne rendaient pas précédemment. Les moulins à cannes ont aussi été améliorés. L usage de la charrue se répand ; on s'attache surtout en agriculture à pouvoir diminuer la main d'oeuvre. Le bénéfice réside dans la réduction du nombre d'acres plantées, en forçant d'engrais et en plantant des rejetons; mais, dans l'état où se trouve la colonie, il est difficile de substituer les machines aux hommes, parce que la plupart des planteurs manquent d'argent et ne cultivent que sur une petite échelle. La prospérité de la colonie dépend donc de sa population. 6e. Les salaires se payent presque toujours en argent ; il en est résulté une grande augmentation du commerce intérieur. Les articles les plus demandés sont le blé, la farine, le riz, le biscuit et les viandes salées d'Amérique, les pommes de terres, les jambons et la bière d'Angleterre. Les paysans s'habillent ordinairement d'étoffes de coton ; mais ce qu'il y a de plus riche en soie et en laine ne leur paraît pas trop cher pour s'en parer dans les jours de fêle. Signé H. PILGRIM.

K.

RÉPONSES

de M P. L. Applewhaite. Saint-Philippe, août 1841.

1re. Le caractère et la condition des cultivateurs se sont beaucoup améliorés depuis l'apprentissage; ils sont plus réguliers au travail; leur maintien est plus décent. Le nombre des délits est resté à peu près le même ; ce sont toujours des querelles, des rixes et de légers vols. 2 . Il n'existe pas beaucoup de bon accord entre les noirs et leurs maîtres ; cependant les relations s'améliorent chaque jour. On n'a pas encore renoncé au système d'exiger un lover pour e

56


882

RAPPORT

SUR LES QUESTIONS

E

COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. - II PARTIE.

chaque jour d'absence ; c'est une contrainte exercée pour obtenir du travail. Aussi longtemps que cet état de choses durera les cultivateurs seront mécontents et quitteront les plantations, comme ils le font aujourd'hui, pour acheter des portions de terrain à des prix tellement exorbitants qu'ils ne peuvent satisfaire aux payements, et sont forcés de chercher de l'occupation dans d'autres colonies. Je ne connais pas de cultivateur devenu franc tenancier. Un petit nombre de hameaux se sont formés dans ces derniers temps ; chaque propriété renferme, pour ainsi dire, un village populeux. Les travailleurs suffisent aux besoins de la culture.

récolte, on paye h ceux qui résident sur les propriétés 20 centièmes par jour pour la première classe ; les autres reçoivent un salaire proportionné. Durant la récolte les coupeurs de cannes gagnent 25 centièmes, et les ouvriers employés à la fabrication du sucre 3o centièmes. Les sécheresses dont on a souffert l'année dernière et celte année ont beaucoup réduit la récolle qui vient d'être rentrée. On n'en connaîtra l'importance qu'en février, époque à laquelle la loi oblige les propriétaires à déclarer le montant de leurs produits, pour aider à déterminer la taxe des tinée à l'entretien des routes. La sécheresse a aussi beaucoup nui à la récolle sur pied.

3e. La paroisse a une église, quatre chapelles et plusieurs écoles ; il n'existe qu'une société de secours mutuels et point de caisse d'épargnes.

5°. Je n'ai entendu parler d'aucune invention propre à économiser le travail; mais la méthode de culture s'est beaucoup améliorée sur la plupart des plantations. On n'a pas introduit de nouveaux procédés de fabrication.

4 . L'état de la culture est admirable, cependant la récolte prochaine ne s'annonce pas bien ; les sécheresses des six derniers mois lui ont été funestes. Les salaires varient de 20 à 3o centièmes par jour. La dernière récolte a été très-faible comparativement aux précédentes; le temps continue à être nuisible aux champs de cannes. e

6e. Le colportage a pris un grand accroissement, par suite de l'augmentation des demandes de marchandises sèches et de provisions. Signé J. P.

5 . On n'a introduit aucune machine nouvelle; mais la charrue commence à devenir d'un usage plus général. Les planteurs reviennent de l'idée qu'ils avaient qu'elle ne peut remuer suffisamment le sol, et qu'elle en diminue la qualité.

EVELYN.

e

6°. Le commerce intérieur se fait en grande partie par le colportage. Les demandes d'articles de nourriture et d'habillement se sont considérablement multipliées depuis la liberté. Signé P L.

L.

RÉPONSES

de

M.

J.

P.

APPLEWHAITE.

Evelyn.

Christ-Church, août 1841. 1re La conduite des noirs est généralement bonne. Ils ont, pour les autorités et les lois, un respect qui assure la paix et le bonheur de la paroisse. Depuis la fin de l'apprentissage, ils sont devenus plus intelligents; ils sont aussi plus décents dans leurs manières et dans leurs habitudes. La mortalité n'a pas augmenté parmi eux. Les délits les plus fréquents sont des vols légers et des querelles; mais ces délits diminuent chaque jour. 2°. Les relations entre les maîtres et leurs travailleurs sont assez satisfaisantes; ces derniers ont, sur les propriétés où ils résident, une case commode et environ un quart d'acre de terre, pour lesquels ils sont obligés de travailler régulièrement, de sorte que chaque plantation a son village. Mais les cultivateurs témoignent le désir louable de devenir indépendants , et, quand ils le peuvent, ils préfèrent se bâtir des cases sur des terrains qu'ils louent ; souvent ils en achètent de leurs économies. C'est ainsi que se sont élevées de nombreuses habitations disposées comme si on avait voulu former des villages. Ce penchant des noirs n'a pas nui au travail de la culture des produits d exportation. D après les événements qui ont eu lieu, je crois qu il serait dans l'intérêt des planteurs de renoncer à leur système de location, et d'imposer un loyer sur les cases, en laissant les cultivateurs libres de disposer de leurs services. En leur faisant payer, comme à présent, une certaine somme pour chaque jour d'absence, on leur rappelle trop les temps de l'esclavage.

M.

4 . Les travailleurs ne manquent pas. Hors le temps de la e

de MM. H. Moore,

R.

Hendy et C.

GILL

Bridge-Town, 21 juillet 1841.

1re. Les paysans de ce district font des progrès; ils travaillent plus volontiers qu'autrefois moyennant un salaire raisonnable, et semblent en général contents et heureux. Ils vivent avec luxe, mais on doit déplorer leur obstination à ne pas vouloir donner un état à leurs enfants. La mortalité parmi eux est plus grande que du temps de l'esclavage et de l'apprentissage. Les crimes diminuent. 2°. La confiance paraît renaître entre les propriétaires et les noirs. Le système de loyer n'a encore rien de fixe; mais les planteurs ont pris cet objet en considération, et nous espérons qu'avant peu les cultivateurs ne seront plus tenus qu'à un lover modéré. A présent on peut, dans quelques circonstances, les expulser sommairement ; toutefois il faut préalablement obtenir la sanction du magistrat. Cette colonie, bien différente des îles voisines, n'a pas de terres incultes ; chaque pouce de sol labourable est cultivé avec soin, de sorte qu'il est bien difficile que de petits propriétaires s établissent, ou qu'il se forme des villages dans l'intérieur. L'île est si petite que ceux qui abandonnent l'agriculture pour suivre d'autres états viennent à Bridge-Town, qui prend chaque jour plus d'importance. 3e. La ville renferme une église et deux chappelles protestantes; la partie rurale du district a quatre chapelles qui sont bien suivies. Nous avons quatre écoles de la fondation Mico. une grande école et plusieurs autres petites pour les gens de couleur, une école de charité appelée école libre, où toutes 1rs classes sont admises, deux écoles centrales pour l'éducation des enfants des pauvres blancs, l'une pour les garçons, l'autre pour les filles; deux dispensaires qui distribuent des vivres à tous les malheureux sans distinction, et enfin plusieurs sociétés de secours mutuels sous la direction immédiate du clergé. Moyennant une faible somme versée par semaine, par mois ou par an, les noirs et les gens de couleur s'assurent, pour les temps de maladie, des vivres elles soins nécessaires. Il n'existe pas encore de caisse d'épargne. 4 . La perspective delà récolte est, généralement mauvaise, par suite des chaleurs qui ont régné depuis deux ans ; cependant, si les pluies qui ont commené à tomber en juillet continuent, on peut encore espérer une bonne récolte pour 1842. Les travailleurs ne manquent pas. Les salaires varient de 90 centimes à 2 fr. 25 cent.; e

3°. Il y a dans la paroisse une église, quatre chapelles et sept écoles publiques en activité, ainsi que plusieurs sociétés de secours mutuels.

RÉPONSES


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1841.— STE LUCIE.

o n paye souvent ce dernier prix pendant la récolte. Le produit de la récolte de 1840 a été de 14,000 boucauts de sucre; cette année on en fera 17,000. 5'. Il n y a eu ni découverte ni perfectionnement; on se sert quelquefois de la charrue pour aider au travail manuel. 6e. Dès qu' un petit terrain est disponible aux abords d'une route fréquentée, il s y établit de petites boutiques , où l'on vend des provisions d Amérique , du rhum , de l'eau-de-vie, du genièvre et des vins de qualité inférieure, ainsi que des calicots et des mousselines, des souliers, des chapeaux et des bas. Les noirs ont un grand penchant pour le luxe de la table et pour la toilette. Signé

9.

LETTRE

H. MOORE , R. HENDY, C. GILL.

des juges de la cour auxiliaire d'appel à M. F. Bedingfeld, secrétaire privé. 2 3 septembre 1841.

Nous avons reçu, avec votre lettre du 1 5 courant, les réponses faites par. les magistrats de police aux diverses questions qui P ur avaient été soumises. Ces document^ ne nous offrent aucun sujet d'intérêt agricole que nous n'ayons déjà longuement traité. On a fait plusieurs constructions nouvelles destinées au culte. Aucune machine n'a été introduite, sauf la charrue, dont l'usage s'est beaucoup répandu depuis peu. Le principal commerce dont s'occupent les noirs, est celui des produits d'Amérique, des marchandises sèches et des provisions de l'île : les petites boutiques de détail se multiplient de tous côtés. Dans notre "communication du 3o septembre 1839, en parlant de la défectuosité du système de loyer, nous exprimions le vœu de voir établir un système de loyer fixe pour les cases et les terres concédées aux cultivateurs, sans aucune condition de travail. Les magistrats appuient sur l'adoption de ce moyen , et témoignent des résultats satisfaisants qui ont été obtenus sur les propriétés où il a été mis en usage.

883

Nous considérons le système actuel de loyer comme étant la principale cause qui s oppose a ce qu une confiance sans limites s'établisse entre les maîtres et les cultivateurs. On paye au travailleur non domicilié sur les plantations un salaire plus élevé qu'aux autres, en considération, dit-on, de ce qu'il n'a pas la jouissance d'un logement. Donc, à bien envisager les choses, la case et le champ que l'on prétend donner gratis aux cultivateurs domiciliés forment une partie de leur payement. Ils en jouissent en considération du moindre salaire qu'ils reçoivent. Plusieurs causes ont été portées devant la cour, dans lesquelles diverses sommes étaient réclamées à litre de loyer imposé pour les jours d'absence des locataires. Il s'est présenté trois circonstances où des parents occupaient une même case avec trois ou quatre enfants; les maîtres ont déclaré qu'ils réclamaient 2 bitts par journée d'absence de chacun des locataires, et ont en même temps demandé qu'on les autorisât à faire cette retenue sur le salaire des enfants, tout en convenant que c'était au père que la concession avait été faite. Il est inutile d'insister sur le mécontentement que de telles prétentions produisent. Sans ' doute nous les avons rejetées ; mais aussi longtemps que l'on ne séparera pas le loyer du salaire, il s'élèvera des difficultés continuelles , dont les maîtres et les cultivateurs auront également à souffrir. Si l' on se déterminait à louer aux cultivateurs une case et un terrain pour un certain temps, en leur laisant la libre disposition de leur industrie, il en résulterait : 1° Que les droits et privilèges' du locataire seraient garantis, ce qui n'a pas lieu aujourd'hui; a" Que l'émigration diminuerait bientôt; 3° Que la confiance, le contentement et des sentiments de bienveillance, remplaceraient les soupçons, le mécontentement et les contestations qui se renouvellent sans cesse. 4° que les propriétaires, en payant régulièrement les salaires, ne manqueraient jamais de travailleurs, et que les paysans de la Barbade seraient plus heureux que ceux d'aucune autre des possessions britanniques. Signé

A. CUPPAGE, J. J. TUILING, E. H. EDMONSTONE,

N° 179. § V.

1.

RAPPORT

SAINTE-LUCIE.

de M. G. Laffitte, juge spécial du premier district. Castries, 1er octobre 1841.

1°. Caractère général et condition des travailleurs. La conduite de la population laborieuse, depuis la fin de l'apprentissage, prouve qu'elle a su apprécier le bienfait qu'elle a reçu. Les noirs cherchent à s'établir avec leurs familles, d'une manière convenable à leur nouvelle condition. Leur grande ambition est d'avoir une résidence à eux -, et, malgré l'offre que leur font la plupart des planteurs d'une maison et d'un terrain francs de loyer, ils préfèrent louer ou même acheter des lots de terres, sur lesquels ils établissent leur domicile et où ils cultivent des provisions. N'ayant guère besoin de travailler pour eux-mêmes plus d'une journée par semaine, ils se louent sur les plantations les plus rapprochées, et consacrent ce qu'ils gagnent à l'ameublement de leurs maisons, et à l'entretien de leurs femmes et de leurs enfants. Leurs vêtements et leur nourriture sont bien plus recherchés qu'ils ne l'étaient autrefois. • La mortalité a diminué, grâce, je pense, à l'usage de vivres II.

plus substantiels. En cas de maladie, quand les noirs n'ont pas assez d'argent pour se faire soigner, les planteurs leur font des avances. Chaque propriété paye un médecin pour visiter ses travailleurs de temps en temps. Les individus qui ne peuvent se soutenir eux-mêmes lorsqu'ils sont malades, ou qui n'ont ni parents ni amis pour les aider, sont admis à l'asile des pauvres de Castries, sur un ordre du magistrat : il leur suffit d'en faire la demande. Les crimes et les délits de toute nature ont bien diminué. Les noirs mettent de l' amour-propre à porter et à faire porter a leurs enfants des vêlements convenables. Leur conduite est souvent meilleure que celle de nos paysans d'Europe. Les dimanches et fêles ils remplissent l'église, où souvent ils se rendent de fort loin pour entendre la messe. * 2°. Relations entre les travailleurs et leurs maîtres.

En général, il règne entre eux une très-bonne intelligence. Un grand nombre de planteurs donnent à leurs gens des champs de cannes à cultiver à moitié bénéfice. Dans le principe, ces derniers accueillirent avec défiance les propositions de cette nature, parce qu'il fallait qu'ils attendissent la fin de l'année pour con56.


884 RAPPORT SUR LES

E

QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES.

naître leur bénéfice; mais, depuis qu'ils ont acquis la certitude qu'il y a pour eux un avantage réel à ce marché, ils l'acceptent avec empressement. Plusieurs petits hameaux se forment dans diverses parties du district, sur des terres appartenant, en grande partie, à des particuliers. Je ne pense pas qu'ils puissent nuire à la culture des produits d'exportation, car les noirs ont maintenant de grandes dispositions à l'activité. 3°. Établissements nouveaux. Nous avons deux églises catholiques .romaines, éloignées de 18 milles environ l'une de l'autre ; celle qui est située à l'AnseLaraye, à l'extrémité du district, est desservie par un prêtre de Castries à peu près une fois par moisi Il existe dans cette ville deux écoles de l'institution Mico et deux autres petites écoles. Les premières sont les plus suivies, parce que l'éducation y est presque gratuite, et que la classe s'y fait en anglais, langue que les noirs sont très-désireux d'apprendre. Le clergé catholique est mal disposé pour ces établissements, et empêche souvent les enfants d'en profiter, sans avoir cependant rien de semblable à offrir pour l'instruction des classes inférieures. 4°. État actuel et perspective de la culture. Il y a dans ce district douze plantations à sucre qui emploient, terme moyen, de 40 à 120 travailleurs. La récolte, qui est presque terminée à présent, a été plus abondante que celle de l' année dernière ; on a beaucoup augmenté les plants pour la récolte prochaine, qui promet de surpasser encore celle dont on s occupe. Les derniers jours ont été favorables. Les salaires varient de 1 fr. 5o cent, à 2 fr. 25 cent, par jour; toutefois, sur les plantations où l'on travaille à la tâche, les journées sont pins productives.

II

PARTIE.

fiance. Cet état dégradant cessera bientôt, grâce aux efforts du cierge pour encourager les mariages. Les travailleurs témoignent aussi plus d'empressement à faire baptiser leurs enfants; il est rare, a présent, de rencontrer, comme autrefois, dans la même famille plusieurs enfants non baptisés. Leur oui pour l' habillement et les objets de luxe a augmenté d'une manière extraordinaire. L'étoffe grossière dont on babillait autrefois les esclaves a disparu du marché; on y a substitué le beau calicot, la soie et les mouchoirs de madras. C'est une chose curieuse à voir que l' extravagance du costume des noirs les jours de fête, et surtout des fêtes qui leur sont particulières. Les robes de soie et de mousseline de première qualité, les coiffures en madras de couleurs brillantes, les bijoux en or et l' ombrelle en soie composent la parure des femmes, dans les grandes cérémonies du culte catholique, ou dans les jours de réjouissance ; l'habit de drap superfin et ie chapeau à la mode de Londres, sont portés par les hommes clans leurs réunions : tel est aujourd'hui le costume de ces noirs, qui étaient naguère redevables à la libéralité de leurs maîtres du Jjfljpnet de kirlmarnock (kilmarnock cap) et de la veste de penniston ( penniston jacket). Il n'est pas aisé de savoir ce qu'est la mortalité actuelle, comparativement au temps de l'esclavage ; toutefois je n'ai aucune raison de croire quelle ait augmenté. Immédiatement après l'émancipation générale, il est mort beaucoup de noirs vieux et infirmes, et de jeunes enfants; mais il n'en est plus de même à présent. Les crimes et les délits ne sont plus aussi fréquents; et, généralement il règne, clans mon district, le plus grand ordre et la plus grande tranquillité. 2°. Relations entre les travailleurs et leurs maîtres.

Ils vivent en très-bonne harmonie; on n'exige aucun loyer de maison ni de terrain des cultivateurs logés sur les plantations où ils travaillent; mais les noirs recherchent l'indépendance, et Je n'ai pas connaissance que des perfectionnements ou invenbeaucoup d'entre eux sont déjà devenus propriétaires de petits tions aient été introduits ici depuis l'apprentissage. Trois planlots de terres; il en est un plus grand nombre encore qui tiennent " tations seulement font usage de la charrue; on a reconnu qu'elle a location des champs de plusieurs acres. abrège beaucoup le travail manuel. Ces petits établissements sont généralement bien cultivés et pourvus cle maisons commodes ; on y élève des animaux de toute 6°. Commerce intérieur. espece. Il n est pas rare d'en voir les propriétaires se rendre à cheval al église ou sur les plantations auxquelles ils consacrent Il-n'y a d'autre commerce intérieur que celui qui se fait par le temps qu'ils ont cle libre. les colporteurs, qui vont vendre sur les plantations des marchanDans mon opinion, la création des petites fermes indépendises sèches et des comestibles. On avait établi des boutiques sur dantes n est pas nuisible à la culture; car je vois partout les quelques propriétés ; mais elles ont toutes été abandonnées , à l'exception d'une seule. Les cultivateurs que l'on paye en ar- | noirs travailler pour les plantations comme précédemment : les gent achètent à la ville ce dont ils on! besoin, quand ils y trans- j planteurs eux-mêmes les encouragent à louer des terres dans leur voisinage. Les soins de leurs champs à provisions n'ocportent leurs provisions et leurs volailles. Le samedi est le jour cupent qu une faible partie de leur temps ; le reste est consacré de marché pour toute la colonie. Il ne se vend plus de marchanaux propriétés les plus rapprochées. Il est possible que leur tradises de qualité inférieure : les noirs n'en veulent plus. vail ne soit pas aussi continu qu'autrefois; mais il n'en est pas moins certain qu'ils n'ont pas renoncé à s'employer aux grandes cultures. 2. RAPPORT de M. J. V. Drysdale, juge spécial du second 3°. Établissements nouveaux. district. 5°. Perfectionnements et inventions.

Gros-Ilet, 20 septembre 1841.

1°. Caractère général et condition des travailleurs. Une amélioration réelle a eu lieu dans le caractère et la condition des travailleurs. Le mariage est devenu plus fréquent; les noirs, en général, reconnaissent qu'il ajoute à leur considération, et qu'il contribue en même temps à leur bonheur domestique et à leur tranquillité. Rien n est plus commun, entre ceux qui vivent en concubinage, que les querelles et les brouilles causées par la jalousie et la mé-

Il y a dans ce district une église catholique située à Gros-Ilet. et une chapelle provisoire sur une des plus grandes propriétés. Un prêtre catholique, résidant à Gros-Ilet, visite de temps en temps la paroisse du Dauphin, comprise clans ma circonscription. Gros-llet renferme une succursale de l'institution Mico, qui reçoit actuellement 32 enfants; autrefois elle en comptait beaucoup plus, mais ils ont été retirés par leur parents, à l'instigation du prêtre de la paroisse. Il n'existe dans le district ni société de secours mutuels, ni caisse d'épargne, ce qui est d'autant plus déplorable que beaucoup de cultivateurs ont amassé des sommes considérables depuis la liberté.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL,— CHAP. XIV. ETAT

te

DU TRAVAIL, ETC. — 1841. —

S - LUCIE

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4° État actuel et perspective de la culture. Le district contient douze plantations à sucre. La recolle qui vient d'être terminée a produit beaucoup plus que la dernière. La perspective de la prochaine est belle ; le temps est devenu favorable, et une grande étendue de terre a été ajoutée à celle qui était déjà plantée en cannes. Le taux des salaires s est élevé l' année dernière de 1 fr. 5o c. a 3 francs par jour ..Il est généralement aujourd'hui de 1 fr. 5o c. a a fr. 25 cent., suivant la nature du travail. Le salaire est indépendant de la possession gratuite d'une maison et d'un champ à provisions, ainsi que de la faculté d'élever des animaux, accordée aux cultivateurs qui résident sur les propriétés. Plusieurs plantations font faire leur travail par marchés; d'autres trouvent un égal avantage pour le maître et pour les travailleurs de faire cultiver les champs de cannes , en abandonnant à ceux-ci une partie du produit. La culture pourrait occuper beaucoup plus de monde qu'elle n'en emploie réellement. Les travaux des plantations ne sont jamais arrêtes; mais ils sont souvent interrompus ou retardés par la difficulté d'obtenir des cultivateurs quelque assiduité. On perd ainsi beaucoup .de temps. Il en résulte encore qu'on ne peut pas ■ oui ours,profiler dune saison favorable. L immigration pourrait seule remédier au manque.de bras. On ne doit pas, en effet, espérer l'assiduité suffisante d'une population aussi restreinte que la nôtre, lorsqu'elle a tant de facilité de se rendre indépendante, en achetant ou en louant des terres. En encourageant chez les noirs le goût des choses de luxe' et rie fantaisie, porté chez eux déjà à un haut degré, on excitera pour un temps leur activité. Mais c'est sur l'influence de la religion et de l'éducation qu'il faut compter pour les amener à considérer le travail, non pas seulement comme le moyen de satisfaire leurs besoins, mais encore comme une obligation envers eux mêmes et envers la société, dont ils font aujourd'hui partie en qualité d'hommes fibres. La Barbade nous a déjà fourni des émigrants; une importation régulière de cultivateurs vigoureux et expérimentés assurera, j'en ai l'espoir, des moyens d'exploitation appropriés à la fertilité du sol de Sainte-Lucie. 5° Perfectionnements et inventions. Sous ce titre je n'ai a mentionner que l'établissement de deux nouvelles machines-à vapeur. Je dois aussi parler de l'introduction d'un nouveau mode de distillation du rhum, qui-procure , dit-on , un bénéfice considérable. ! a charrue n'est pas communément employée. Cependant je pense qu'elle sera adoptée, lorsque l'expérience aura clairement prouvé son utilité. La nature du sol et sa surface unie sont trèsfavorables à l'usage de cet instrument pour préparer les champs de cannes. 6°

Commerce intérieur.

Les cultivateurs ont la facilité de s'approvisionner à Castries «les choses qui leur sont nécessaires ; c est pourquoi il se fait peu de commerce sur les plantations, ou par l'intermédiaire des colporteurs. Je ne saurais m élever assez contre l'usage de tenir des boutiques sur lès-propriétés. La facilité d'obtenir du crédit entraîne les cultivateurs à engager leur salaire avant de l'avoir gagné ; et, aux jours de paye, on ne trouve plus que défiance et mécontentement. Les marchandises les plus recherchées sont, les marchandises de belle qualité et de dessins nouveaux. Les étoffes grossières d' autrefois ne se vendent [dus;les noirs dédaignent à présent les parapluies en coton ; tous ceux dont ils se servent sont en soie. II.

3.

RAPPORT

de M. Charles Rennett, juge spécial du troisième district.

Caractère général et condition des travailleurs.

La nature des nègres, comme celle de toutes les autres races humaines , est lentement progressive ; et il s'est écoulé trop peu de temps, depuis la fin de l'apprentissage, pour que l'ancien esclave ait pu s améliorer beaucoup sous le rapport social. Cependant il faut dire que le peu qui s'est fait est dû à l'émancipation. L intelligence des noirs, en général, est inférieure à celle des blancs. Je les crois pourtant capables de faire des progrès et même d arriver au niveau des autres hommes ; mais il faudra, avec toute la sollicitude possible, bien des années, bien des siècles peut-être, pour développer, chez ceux de Sainte-Lucie, une intelligence égale a celle des Européens. La liberté sans doute agira sur la génération actuelle pour faire disparaître celte infériorité; toute-. fois c est seulement en la combinant avec l'instruction morale et religieuse, et avec l'industrie, que l'on obtiendra un résultat complet. Du reste, quant à la docilité et à la facilité d'humeur, le noir est au moins égal, s'il n'est supérieur, aux paysans sans éducation de l'Europe. Si l' esclavage a comprimé toutes les nobles facultés sous son joug de fer, il a aussi empêché le développement de quelques-unes des passions ordinaires à l' homme. On peut résumer en quelques mots le caractère et les dispositions du cultivateur à Sainte-Lucie. L émancipation l' a trouvé enfant, enfant joyeux et gâté, susceptible d être façonné au bien ou au mal, et ayant besoin d'être constamment surveillé pour se maintenir dans la bonne voie. Aux premiers moments de sa liberté, il a cru qu'elle consistait tout entière dans la faculté d aller sans contrainte partout où son goût le portait , et dans l' affranchissement des obligations qu impose un travail régulier et assidu. Aujourd'hui le noir juge mieux les choses ; il commence à comprendre qu i l ne compromet pas sa liberté en s engageant à faire un travail, moyennant un prix convenu. Il sent déjà l' avantage de travailler, non-seulement pour le moment présent, mais pour l'avenir, et se corrige de ses dispositions a l' inconstance : il est ainsi plus économe de son temps. Sur 100 nègres, on n'en compte pas plus de 6 qui soient paresseux et insouciants de l'avenir ; les autres ne laissent pas passer un jour sans s'occuper d'une manière profitable. Durant l' esclavage, le but des économies des travailleurs était d'acheter un jour leur liberté, ou de pourvoir à leur enterrement ; maintenant leur grande passion est de devenir possesseurs d'une pièce de terre, et les jeunes elles vieux travaillent sans relâche pour y parvenir. C'est sous le rapport du bien-être physique que s'est opéré le plus grand changement. Les paysans sont bien vêtus, et beaucoup mieux nourris qu'autrefois; ils consomment une quantité bien plus grande de poisson et de viande, et apprécient les agréments d'une habitation commode. Leurs premiers gains ont été employés en objets d'habillement ; maintenant ils s'occupent de se procurer un logement sain'et un lit élevé au-dessus du sol. Telles sont les améliorations que l'on remarque dans le caratère et la condition des noirs. Mais au moral ils sont encore bien en arrière. Ils ont toujours la même indifférence relativeme'nt aux droits du tien et du mien, la même disposition au mensonge et au libertinage, et la même croyance aux sorts et aux sortilèges. Comment pourrait-il en être autrement, dans une colonie comme celle-ci, ou les propriétaires manquent à la fois des moyens et du désir d aider à l'éducation morale et religieuse des noirs; où, dans une classe qui s'intitule elle-même la première, les mœurs régulières sont l'exception, et où l'on donne ouvertement de mauvais exemples à des hommes sur lesquels l'exemple est toutpuissant. On a prétendu que l' augmentation des mariages, parmi les nouveaux affranchis, et la fréquentation plus assidue des 56..


886

RAPPORT SUR

E

LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II

églises prouvaient un état de choses meilleur que je ne viens de le représenter ; je ne le crois pas. La plupart des mariages se font entre gens qui ont longtemps vécu ensemble, on éprouve souvent un sentiment pénible, et d'autres fois on ne peut s'empêcher de sourire, en voyant la décrépitude en toilette se présenter à l'autel. Le plus grand nombre de ceux qui se marient le font pour imiter leurs anciens maîtres, c'est le même motif qui les engage à assister au service divin. Il est d habitude, dans les églises catholiques romaines de cette île, de mettre une fois par an aux enchères publiques les sièges qu'elles renferment. Aux enchères qui viennent d'avoir lieu, environ 100 places ont été achetées par de nouveaux affranchis, au prix de 2 à 6 dollars. Elles ont été presque toutes adjugées à des femmes qui ne vont guère à l'église que pour y montrer leur toilette. Il n'est peut-être pas hors de propos de dire un mot des amusements des noirs. On juge ordinairement assez bien du caractère et de la condition d'un peuple par les plaisirs qu'il préfère Les seuls amusements dignes de ce nom, et ceux, en même temps, que les nègres aiment par-dessus tout, sont la danse et les récits : ils sont passionnés pour la danse, et s'y livrent avec plus de décence qu'autrefois. L'entraînement qu'elle exerce sur eux est tel, qu'à de certaines époques ils se réunissent pour ne se quitter qu au bout de trois ou quatre, jours ; il s'est pas rare qu'il en résulté des catarrhes et des pleurésies. Souvent ils s'assemblent devant une maison, et passent toute la nuit à écouler attentivement quelque histoire d'origine africaine, que certains d'entre eux ont le talent de raconter. Le nègre aime la médisance et le scandale; il est ravi lorsqu'il apprend quelque chose de ce genre; surtout s'il s'agit de personnes au-dessus de lui. Il raconte avec goût, et les rires de ses auditeurs montrent le plaisir qu'ils trouvent àles entendre. J'espère beaucoup de celte avidité pour les narrations, lorsqu'ils auront appris à lire. Les observations précédentes se rapportent surtout aux nouveaux affranchis adultes. Quant à la génération naissante, le manque de moyens d'instruction ne permet pas d'en concevoir de grandes espérances. On élève peu d'enfants pour les travaux de l'agriculture, non pas que les parents envisagent cette industrie comme liée à l'esclavage, ou comme dégradante sous aucun rapport, mais, à mon avis, parce que les parents, lès mères surtout, n'apprécient pas ce qui peut leur convenir le mieux. Les lois elles-mêmes, ou plutôt les habitudes de la colonie, donnent aujourd'hui une trop grande liberté aux jeunes gens sur lesquels, avant l'émancipation, les maîtres exerçaient plus d'autorité que les parents eux-mêmes ; ajoutons que leur condition, souvent illégitime, tend aussi à affaiblir le pouvoir paternel et à maintenir l'état de choses actuel ; autant qu'il m'a été possible, j'ai empêché les enfants de quitter leurs parents; ceux-ci ne manquent pas de tendresse pour leur progéniture ; mais ils ne sont pas en situation de bien juger des avantages d'une grande famille. Sous ce rapport, les planteurs ont des reproches à se faire ; souvent j'ai fait rechercher par la police des enfants qui avaient été encouragés, dans leur fuite, par des propriétaires désireux de se les attacher ; et ceci est encore une conséquence de la disproportion entre la population et les besoins de l'agriculture. Nous ne possédons aucun renseignement positif relativement à la mortalité. L'extrait suivant des registre de la Soufrière en donnera une idee, mais seulement pour ce qui concerne cette paroisse, la plus peuplée de mon district. Du 1er janvier au 1er octobre 1841. Baptêmes Mariages. Décès de grandes personnes Décès d'enfants

1

92 42 10

La paroisse de Choiseul n'a pas eu de curé l'année dernière,

PARTIE.

ni pendant une grande partie de celle-ci; de sorte que les registre? ne contiennent aucune indication. Je suis porté à croire pourtant qu en somme la mortalité a été moins grande depuis l'émanci pation, bien que la liberté, comme tous les événements qui se passent en ce monde, n' ait pas été pour les noirs un bien exempt de mal. Les paroisses de Vieux-Fort, Choiseul, et toute la partie au vent de l' île sont privées de médecins; il ne s'en trouve que deux dans la Soufrière et encore l'un d'eux, dont la fortune est faite, a-t-il renoncé à la pratique de son art pour cause de mauvaise santé. L'autre est un homme instruit et fort humain . mais on ne peut espérer qu'il sacrifie son temps sans en recevoir une indemnité que les laboureurs ne peuvent lui donner. Ayant moi-même étudié la médecine, et recevant un traite ment du Gouvernement anglais, j'ai lâché de rendre quelques services. Mais je ne puis porter mes soins partout ; et je suis sûr que bon nombre de pauvres femmes ont perdu la vie dans des couches difficiles, et que beaucoup de malheureux ont succombe à la maladie, faute d'avoir été secourus à temps. La liberté toutefois a eu cet avantage, que le nègre qui se sent malade se négligé moins que du temps de l'esclavage. La première année qui a suivi l' émancipation a été féconde en maladies sérieuses, qui ont eu pour cause principale la malheureuse habitude de courir de plantation en plantation pour une faible augmentation de salaire. Les cultivateurs de la Soufrière surtout, qui abandonnaient un district sain pour aller, soit aux Roseaux, soit dans cl autres parties moins favorisées sous ce rapport, sont presque tous revenus clans le plus misérable état. Il faut dire , à la louante de leurs anciens maîtres, qu'ils n'ont jamais refusé de les recevoir, et qu ils leur ont fourni gratuitement des médicaments. On ne peut pas exiger d eux qu'ils aillent jusqu'à payer les consultations d'un médecin. On n'a pas plus de renseignements sur les naissances que sur la mortalité, depuis 1838; je crois pourtant qu'il y a augmentation , et que les naissances seraient plus nombreuses encore s'il y avait moins de libertinage. Les registres des baptêmes ne peuvent « servir de guide, parce que l'on présenle souvent à l'église des enfants nés avant l' émancipation. Je me suis occupé pour celte année de faire établir des relevés exacts, qui permettront de porter un jugement plus certain. L année dernière, environ à l'époque où nous sommes, la coqueluche a enlevé beaucoup d'enfants. Si la petite verole s introduisait ici, ses ravages seraient effrayants, car personne n estvacciné. Toutes mes instances à ce sujet ont été vaines; l' apathie des intéressés est si grande, que les colons ne feront rien, si le Gouvernement ne prend pas l'initiative. La nature et la fréquence des délits sont en rapport avec ce qu on peut attendre d une population à demi civilisée. Ce sont surtout des rixes et de petits vols. Il s'élève très-fréquemment de violentes querelles suivies de coups, entre des gens qui passent pour etre maries. Le magistrat salarié, à qui ils ont recours clans toutes les occasions, passe la plus grande partie de son temps à arranger ces sortes d'affaires. Il a besoin de beaucoup de patience pour mettre les parties d'accord, surtout quand il s agit de la séparation du ménage et de l'entretien futur des enfants. La promptitude avec laquelle les noirs se soumettent aux décisions des magistrats est un fait qui prouve en leur faveur. Je n ai qu'un seul sergent de police et quatre constables sous mes ordres, pour le service de la justice civile et criminelle, et cependant cette force suffit pour toute l'étendue de mon district. Relations entre les travailleurs et leurs maîtres.

Ces relations diffèrent suivant la localité et la culture; mais en général elles ne sont pas satisfaisantes. Les travailleurs elles propriétaires ne savent pas encore que la prospérité, pour être durable, doit être réciproque. A l'époque de l'émancipation . les maîtres n'ont pas fait preuve de plus de sagesse que les noirs, et il était curieux de voir leurs efforts pour retenir à leur


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANG.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1841.— Ste LUCIE. se rvice les hommes que la loi rendait libres ; maintenant ils montrent plus de bon sens. Lus cultivateurs logés sur les propriétés reçoivent 1 fr. à 1 fr. 2 5 cent, par jour, avec une case et un terrain à provisions francs de loyer. Les cultivateurs étrangers n'ont naturellement ni case ni jardin ; ils reçoivent en compensation 20 ou 3o cent, de plus. J'ai engagé de toutes mes forces, mais vainement, les propriétaires et les cultivateurs à changer de système ; ni les uns ni les autres ne veulent y consentir. Les propriétaires ne veulent pas exiger de loyer et payer un salaire proportionné, parce qu'ils s imaginent qu'en gardant la possession de leurs cases et de leurs terrains ils exercent un plus grand pouvoir sur leurs travailleurs. Le vieux levain de l'esclavage fermente encore dans leur cerveau; ils ne veulent pas comprendre qu'aujourd'hui la case du nègre est devenue son château. D'un autre côté, celui-ci ne veut pas payer de loyer; il sait bien que, dans un pays aussi peu peuplé que le nôtre, tout l'avantage est en sa faveur. La conséquence de ce système est que le cultivateur qui jouit gratis de sa maison et de son terrain n'en connaît pas la valeur, et cherche à donner le moins de journées qu'il peut à son maître. Il aime mieux travailler sur une propriété voisine, comme étranger, et à un prix plus élevé, que sur la plantation qu'il habile. Je connais deux planteurs qui emploient réciproquement la plus grande partie de leurs travailleurs comme étrangers, et moyennant un salaire supérieur à celui qu'ils offrent aux nègres logés sur leurs propriétés. De temps en temps, quand il y a urgence, un cultivateur est expulsé ; ces exemples agissent sur l'esprit de tous les autres. Sentant l'incertitude de leurs possessions, ils ne prennent plus de leurs terres à provisions autant de soin qu'autrefois, et, au lieu d'avoir un excédant à vendre au marché, ils ont à peine assez pour eux. Des vingt-deux plantations du district, quatorze ou quinze sont en partie cultivées en participation avec les travailleur^; deux le sont en totalité. L'ne portion de ces deux dernières a été vendue à une famille de nouveaux émancipés, dont'le chef dirige admirablement la culture. Cette propriété a rapporté l'année dernière 20,000 liv. de sucre, et en produira probablement 40,000 à la récolte prochaine. Lorsque les champs de cannes -on! cultivés à moitié bénéfice avec les travailleurs, il v a des difficultés continuelles, et pour lesquelles on me fait appeler à chaque instant. Le nègre actif soigne toujours ses intérêts mieux que ceux de son maître, et trouve plus profitable de s'occuper des cannes qu'il possède que de celles du propriétaire; quant au nègre paresseux, s'il donne peu de soin au sarclage et à l'engrais de'ses champs, c'est qu'il préfère avoir un moindre résultat et s'épargner de la peine. De sorte que, dans tous les cas, c'est le propriétaire qui souffre ; ou bien il n'a pas assez de bras pour l'entretien de la plantation ; ou bien la moitié qui doit lui revenir n'est pas aussi forte qu'elle devrait l'être. Le mécontentement s ensuit et mon intervention devient nécessaire. Je réussis assez bien à persuader aux noirs de donner un temps convenable à leurs maîtres; quand il y a négligence prouvée de leur part, j'autorise les maîtres à faire faire les travaux nécessaires par des étrangers, et à retenir le montant de leurs dépenses sur la part à revenir au cultivateur négligent. Les plantations à café sont exploitées d'après un autre système qui n 'est pas plus satisfaisant. On ne donne pas de salaire en argent aux cultivateurs ; ils reçoivent une maison et un terrain en échange de deux jours de travail par semaine. Il s'ensuit que le noir, d après ses dispositions, se fatigue le moins possible, et fait, pendant ces deux jours, moins de besogne qu'il n'en pourrait faire en un seul ; de la naissent encore des contestations continuelles. On croyait que l' émancipation aurait reporté un bon nombre de cultivateurs sur les plantations à café, aux dépens des plantations à sucre. Il est arrivé le contraire; et, comme deux journées ne suffisent pas à l' entretien de la culture, les planteurs sont forcés d intéresser leurs gens pour moitié dans les produits. A cette condition même, ils n' obtiennent pas encore la somme de travail II.

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que Ion pourrait faire en deux jours bien employés, parce que les cultivateurs préfèrent un bénéfice immédiat, quelque modique qu'il soit, à un plus grand profit pour lequel il faut attendre. La plupart d'entre eux, pendant les trois ou quatre jours qui leur restent par semaine, consacrent leurs services aux plantations à sucre. Appelé continuellement par les propriétaires de champs à café, j ai beaucoup de peine à faire comprendre aux travailleurs les obligations qu'ils ont à remplir dans leur propre intérêt. Les deux malheureuses récolles qu'on a faites, depuis l'émancipation, les ont, il est vrai, peu encouragés; mais, comme celle de celle année, qui est déjà commencée, promet d'être des plus abondantes, j'espère que leur conduite changera. Il est peu de propriétaires qui fassent aujourd'hui de nouvelles plantations de café de quelque importance. La méthode adoptée par ceux qui s'y déterminent est de donner un champ à loyer, pour quatre ou six ans, à condition qu'on le couvrira immédiatement de nouveaux plants. Le locataire profite seul des provisions que l' on cultive toujours en même temps que le café, pour ombrager les jeunes pousses; à l'expiration du terme, lorsque les caféiers ont acquis une certaine valeur, on eu fait l'estimation, et la moitié de cette valeur est payée au cultivateur; ou bien on lui fait un nouveau bail, suivant lequel il a droit au partage du produit. . Pour remédier à toutes ces difficultés , deux capitalistes de ce district ont eu recours à l'immigration. M. H. Ring, propriétaire dune vaste plantation à café,, a introduit des Allemands, dont 10 hommes, 7 femmes et 7 ou 8 enfants. J'ai déjà parlé de cet essai ; j'ajouterai seulement aujourd'hui qu'il fournit la preuve de ce que l' industrie, la sobriété, la persévérance d'un côté, et de l' autre une libéralité bien entendue cl des principes d'humanité peuvent produit* dans un pays où la nature a été aussi prodigue de biens qu'à Sainte-Lucie. Je dois dire encore cependant que notre petite ville de la Soufrière est en partie approvisionnée de légumes très-beaux, par ces Allemands, qui reconnaissent euxmêmes que les jardins qu'ils cultivent dans leur temps perdu leur rapportent à chacun 25 francs par semaine. Je sais qu'ils ont déjà presque entièrement remboursé les avances qui leur ont été faites pour leur habillement, etc., et qu'ils ont, en outre, de l'argent en réserve. La plantation la Belle-Plaine, où ils résident, n a jamais eu une plus belle apparence qu'aujourd'hui. Ces émigrants jouissent certainement d'un sort plus heureux qu'autrefois, et M. King, pour sa part, a la certitude presque entière de pouvoir entretenir sa propriété dans un état excellent. L autre capitaliste, M. J. Goodman, a amené de la Barbade environ 100 individus, y compris les enfants. Le salaire qu'il leur paye est élevé ; mais le travail qu'on lui fait le vaut bien ; car les Barbadiens, sans se donner trop de fatigue, fout, dans une semaine, deux fois autant de besogne que les noirs de Sainte-Lucie. C' est la nécessité qui semble leur avoir enseigné à manier la houe. Ils m ont dit eux-mêmes qu'à la Barbade il faut travailler très-fort ou mourir de faim. Ils sont plus civilisés que nos cultivateurs ; mais ils n'ont ni autant de docilité, ni autant de vivacité. En y comprenant les immigrants, le nombre des protestants du troisième district s'élève à 1 4o. Ils ont le plus grand désir d'avoir un temple, et feraient volontiers les frais d'entretien d'un ministre. Environ 60 cultivateurs ont acheté des lots de terres pour s'y établir; ils les ont payés, suivant la position et la qualité, de 10 à 100 dollars l' acre. Trois nouveaux hameaux se sont formés. Le premier est dû-à M. Tisne, propriétaire d'une plantation à café abandonnée, dans le fonds Saint-Jacques, et appelée le MorneBel-Air. Il l'a divisée en lots de 3 à 10 acres, sur lesquels on voit déjà 26 maisons; la culture consiste en provisions et en jeune café. Le second hameau a été créé par M. King; il a loué de la même manière la propriété Saint-Jour, depuis longtemps sans rapport; 22 hommes, 21 femmes et 24 enfants y sont maintenant établis, et semblent y jouir de la tranquillité et de l'abondance. Enfin le

56...


888 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. dernier de ces hameaux est situé sur la plantation l'Ermitage; M. Boucher, qui en était propriétaire, l'a vendue par lots. Les premiers lots, qui étaient les plus fertiles et dans les meilleures positions, ont été payés 3o dollars l'acre; ensuite le prix a graduellement augmenté, et les derniers ont été payés jusqu'à 100 dollars. Une douzaine de familles environ se sont fixées sur ce point. Presque tous les cultivateurs des plantations à café sont locataires de champs en plein rapport. Ceux qui ont seulement un peu d'industrie sont aussi heureux, sinon plus , que les gens de la même condition dans toute autre partie du globe. Aussitôt après l'émancipation , il est arrivé que des travailleurs, dans leur empressement à acheter des terrains, ont été dupes de propriétaires sans délicatesse. On en a vu qui, après avoir payé le prix d'acquisition, construit leurs maisons et fait toutes leurs dispositions, ont été dépossédés en vertu d'une hypothèque ancienne. S'ils n'ont pas entièrement perdu leur argent, ils ont dû éprouver de grandes difficultés à se le faire rendre. La même chose est arrivée pour des terres affermées. Aussi les acheteurs sont-ils devenus plus prudents; avant de traiter, ils consultent ordinairement le magistral, pour connaître les moyens d'assurer la validité de leurs litres de propriété. Malgré la diminution que les établissements pariiculiers des cultivateurs ont causé dans leur nombre, la réduction des forces disponibles pour la culture des produits n'est pas aussi grande qu'on pourrait le croire. Beaucoup d'individus, noirs ou de couleur, libres de naissance, ont, depuis l'émancipation, tourné leur attention vers la culture de la canne; mais ils aiment mieux être intéressés demoitié dans le produit, que d'être rétribués à la journée. On croyait que la liberté aurait pour effet d'augmenter le nombre des domestiques; il est arrivé le contraire. Les meilleurs d'entre eux qui, avant cette époque, se seraient crus avilis d'être envoyés aux champs, se sont adonnés d'eux-mêmes aux travaux de l'agriculture, et sont devenus, pour la plupart, des entrepreneurs à la tâche très-recommandables.

manœuvres auxquelles se livrent leurs supérieurs pour gagner de l'argent, qu il ne sera pas facile de leur faire placer leurs épargnes ailleurs que dans quelque trou voisin de leurs demeures. 4° État actuel et perspective de la culture. L état actuel de la culture et sa perspective sont au-dessus de ce qu ils ont été depuis l' apprentissage. Les pluies n'ont pas manqué, comme cela a eu lieu pendant les deux années précédentes; et, quoiqu'elles soient tombées tard, elles ont assuré pour l'a i prochain une récolte magnifique en sucre. Les planteurs de café ont commencé à en rentrer une quantité plus abondante qu'ils n'en ont recueilli depuis 10 ans. La seule crainte que l'on ait. c'est que les arbustes ne puissent porter jusqu'à maturité l'énorme quantité de fruits dont ils sont chargés. Les salaires varient de 1 fr. à 1 fr. 25 c. par jour. Dans ce moment, la pluplart des plantations sont bien pourvues de travailleurs ; c'est pendant la récolte et sur les plantations à sucre, que le manque de bras se fait sentir. Bien que la force numérique industrielle soit restée la même que pendant l'apprentissage , le planteur de cannes n'est plus sûr de faire exécuter ses travaux aussi régulièrement qu'autrefois. Alors, en effet, il pouvait toujours compter sur les services effectifs des deux tiers de son monde, tandis qu'à présent il est à peine certain d'en pouvoir réunir la moitié. Malgré toutes ses fautes et sa politique à courte vue, je trouve que le planteur est à plaindre, dans un pays comme celui-ci, ou le capital, la terre et le travail ne sont pas en rapport, et où il vient d'avoir à supporter, outre le changement qui s est opéré dans la société, deux années d'une sécheresse sans égale. La récolle de sucre de 1842 promet d'être de moitié plus considérable que celle de 1841; on pourra compter, au plus bas , sur une augmentation de 1,000 boucauts pour toute la colonie. Cette augmentation aurait été plus considérable encore, si le Vieux-Fort et la partie au vent n'avaient pas tant souffert de la sécheresse.

3° Établissements nouveaux. 5° Perfectionnements et inventions. Il n'a été fondé aucun établissement nouveau, à l'exception d'une école Mico, qui a été ouverte à la Soufrière, en juillet 184o. Malgré les difficultés que M. Johnston, qui la dirige, a eues à surmonter à cause de son peu de connaissance delà langue française, et de l'opposition du clergé catholique, elle a mieux réussi et produit plus de bien qu'aucune autre école de l'île. Les enfants inscrits sont au nombre de 86, dont 82 garçons et 4 filles; 24 sont en état de lire les écritures, 38 savent écrire, 20 connaissent l'arithmétique, et les 4 filles sont formées aux ouvrages d'aiguille. Ces enfants sont de toutes les classes, noirs, blancs et de couleur, et leurs progrès sont satisfaisants. A mon avis la méthode d'instruction Mico est celle qui convient à Sainte-Lucie; elle procure les connaissances suffisantes à une race qui, comme celle des noirs, doit, après quelques légères études, embrasser une vie de travail modéré. Elle est conçue de manière à remplir convenablement l' intervalle entre l'enfance et l' âge où l'on commence à travailler, et à inspirer aux enfants les sentiments et les habitudes qui doivent en faire des cultivateurs honnêtes, intelligents et heureux. Cette école est d une extrême importance quand on considère que la Soufrière compte 486 enfants. Les parents les envoient volontiers en classe; et si, le Gouvernement s'occupait d'établir d'autres écoles dans l'intérieur du district, je suis sûr qu'ils fourniraient sans difficulté les fonds nécessaires à leur entretien. Dans ce cas encore , c'est au Gouvernement à prendre l'initiative; car il ne faut pas compter qu'elle vienne des planteurs. Quant [aux caisses d'épargne, il s'écoulera longtemps avant qu elles soient d aucun profit aux classes laborieuses. Les nègres ont été si peu accoutumés à recevoir des preuves d'une bienveillance desinteressee, et ils ont sous les yeux tant d'exemples des

Il ny a eu ni perfectionnement ni invention, en ce qui concerne l' agriculture. On n'a pas même introduit une seule charrue. L unique changement qui se soit opéré, c'est que les plan teurs étendent moins les champs de jeunes cannes, et prennent plus de soin de celles qui sont en terre. Ce n'est pas de longtemps que les anciens propriétaires, surtout les Français, essayeront quoique innovation. 6°

Commerce intérieur.

Un grand changement a eu lieu sur ce point. Immédiatement après le 1" août 1838, presque tous les propriétaires ouvrirent une boutique de détail sur leurs plantations, pour tâcher d'y voir retomber l'argent payé par eux en salaires. Heureusement la concurrence des nombreuses boutiques de la Soufrière, petite ville qui est placée au milieu du district, a empêché la réussite de ce plan. Ces nouvelles boutiques ont presque toutes disparu. La ville de la Soufrière renferme 228 maisons ; sur trois, à peu près, il y a une boutique. Six ou sept sont assez importantes pour mériter le nom de magasins ; on peut s'y procurer un assortiment de marchandises en usage dans les Indes occidentales. La plupart des marchands de second ordre envoient des colporteurs, qui portent sur leur tête des paquets de madras imprimés, et d'autres objets, qu'ils vendent à un énorme bénéfice. Le nègre, peu soucieux de l'avenir, ne sait pas résister aux tentations qu'on lui offre, et achète à crédit. Les marchands lui livrent volontiers leurs articles , parce qu'ils sont sûrs que le payement ne tardera pas ; la loi sur le recouvrement des dettes les met ainsi à même de recueillir un énorme profit sans aucun risque. Sur la plupart des propriétés, les cultivateurs sont payés une fois par mois, à jour


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— lise : les marchands se présentent alors comme des vautours affamés. Pour rendre justice au cultivateur, il dispute vivement afin de reculer son payement; mais il a affaire à des gens qui entendent mieux que lui les ruses du commerce. Si la loi sur les dettes était rectifiée, quant à ce genre de transactions, ce serait un grand bien pour la classe laborieuse. Le marchand n'accorderait plus aussi aisément du crédit, et le cultivateur ne serait plus aussi facilement pressuré par des bénéfices exagérés. Les articles grossiers ne sontplus aujourd'hui de vente ; tout ce qui se débile est de la meilleure qualité. Chaque nègre possède des souliers, un parasol, des vestes et des pantalons en coutil, des chemises de toile; et beaucoup ont des vêtements de beau drap, qu ils mettent pour venir à la ville, les fêtes et dimanches. Le noir île Sainte-Lucie est, en général, bien fait et d'une tournure agréable; et lorsqu'on le voit dans tout l'éclat de sa toilette, il a certainement meilleur air que le paysan d'Europe.

4.

RAPPORT

de M. A. C. Colquhoun, juge spécial du quatrième district. 15 septembre 184 1.

La récolte de sucre 'de celte année est terminée; il y a eu augmentation de produit sur les années précédentes. Mes divers rapports ont toujours rendu un témoignage favorable au caractère et à la conduite des cultivateurs ; et je suis persuadé que chaque jour verra s'accroître leur moralité, leur industrie et la bonne harmonie entre eux et leurs maîtres. Cela dépend beaucoup cependant de la manière dont les magistrats salariés rendent la justice. Ils devraient toujours s'appliquer à concilier les différends, plutôt que de s'en tenir strictement aux termes des lois. Les relations entre les cultivateurs et les propriétaires sont des plus amicales. Lorsque les premiers préfèrent habiter les villages de noirs qui dépendent des plantations, on leur donne des cases et des jardins, sans en exiger aucun loyer; toutefois, les propriétaires ne se refusent pas à vendre ou à louer de petits lots de leurs terres incultes à ceux qui veulent s'établir avec leur famille. Il n'en résulte aucune diminution de travail : la somme de travail augmente plutôt. Ce district renferme deux villages et un hameau ; les villages peuvent avoir 400 habitants, et le hameau 50. Durant l'esclavage, et sous le régime de l'apprentissage, les offres les plus fortes ne pouvaient les déterminer à travailler aux champs de cannes ; maintenant un tiers du sucre que produit le district est dû à leur industrie. Il existe deux églises de la communion catholique romaine; elles sont très-fréquentées. Nous n'avons, du reste, ni sociétés de secours mutuels ni caisses d'épargne. Trois écoles ont été élevées depuis deux ans aux frais de la fondation Mico. Le nombre des écoliers de cette institution, dans toute la colonie, s'élève a 5oo environ. L'intention que l'on a manifestée de supprimer la subvention annuelle que fournissait le Gouvernement, menace de priver la colonie des avantages que ces trois écoles lui promettaient. Cela devient surtout très-sérieux si l'on ajoute que l'on se propose, pour la fin de l'année, de substituer, dans les actes et les cours de justice, la langue anglaise à la langue française, qui a presque toujours été parlée. Bon nombre de parents, poussés par le désir bien naturel de mettre leurs enfants à même d'acquérir un rang, une position et de l' emploi dans le pays, les avaient placés sous la direction des instituteurs Mico, afin qu'ils apprissent l'anglais. Si on les prive de ce moyen d instruction, il en restera fort peu qui soient en état de donner aux enfants l'éducation d'Europe. La fermeture des écoles sera encore plus désavantageuse aux classes inférieures. Les parents se montraient jaloux de procurer à leurs enfants les bienfaits de l'éducation, dont les circonstances les avaient euxmêmes privés; et, sous ce rapport, l'institution Mico leur avait

1841.

Ste. LUCIE.

889

été d un grand secours, malgré toutes les difficultés qu'elle avait eues a combattre pour réussir, surtout a cause de la différence de religion entre les professeurs et les élèves. La suppression des écoles arrêtera les progrès de l' éducation ; elle privera les créoles des places et des emplois auxquels leur mérite personnel aurait pu les faire prétendre, et qui ne seront données qu'aux étrangers possédant la langue anglaise. Le quatrième district n'a point de société publique; je pense cependant que l' établissement d'une société d'agriculture serait d une grande utilité. Sou but devrait être de favoriser des arrangements amiables entre les cultivateurs et les maîtres, d'établir un tari! de salaires équitable, d'exciter et d'introduire des améliorations dans le mode de culture des produits d'exportation, ainsi que dans les machines et les instruments. Des prix d'encouragement seraient distribués sur des fonds spéciaux recueillis par des souscriptions et des donations. D'autres objets à prendre en considération se présenteraient d eux-mêmes; mais ceux que je riens d énumerer feraient d abord la base des travaux. La société aurait de temps en temps des séances publiques. J'ai omis de parler de la chose la plus importante, peut-être, dont pourrait s'occuper la société, c'est-à-dire de l' amélioration et de la propagation des chevaux et des bêtes à cornes. Un concours aurait lieu deux fois par an ; les propriétaires du plus bel animal de chaque espèce recevraient une récompense convenable, sur la déclaration des appréciateurs chargés de prononcer. L état actuel et la perspective de la culture sont tels qu'on pouvait le désirer. Il ne manque pas de travailleurs; les salaires et les allocations sont convenables Le produit de la récolte qui vient de finir a donné un excédant de 38 pour cent sur l'année dernière, et je ne vois rien qui empêche d'espérer un résultat pareil pour 1842. Le temps a été favorable aux travaux des champs. Il n'y a eu ni perfectionnements ni inventions, en ce qui concerne l'agriculture. J'espère pourtant que, avec le temps, la nécessité et l'économie susciteront des améliorations ou des découvertes utiles. Si la société fait des progrès en Europe, elle n'en fait pas moins ici sous le rapport moral et social. Quant au commerce intérieur, peu de mots suffisent pour le faire connaître. Le nègre achète les choses de luxe ou de nécessité a trois espèces de vendeurs, auxquels il consent à payer un prix supérieur, plutôt que de faire à la ville un voyage coûteux et incertain. Les uns sont de petits marchands en boutique, qui sont en très-petit nombre dans les villages et les hameaux ; les autres sont des femmes qui parcourent le pays et ressemblent aux marchands forains; enfin les troisièmes sont les propriétaires ou géreurs des plantations. Ceux-ci font venir des marchandises d'Europe, et les vendent, en compte courant, aux travailleurs, au prix d'achat réel. De cette façon les acheteurs sont à l'abri de la rapacité; c'est un motif pour que les personnes chargées du pouvoir ne négligent rien pour établir la bonne harmonie et une confiance entière entre le maître et les travailleurs. Les paysans d'Europe oseraient à peine désirer les objets de luxe qui sont ici le plus en faveur, tels que boucles d'oreilles en or massif et en joaillerie, vêlements de soie, châles en crêpe, etc. Les choses de nécessité sont le vin , le porter, le jambon, le porc, le poisson salé et autres provisions. Je n hésite pas à déclarer que, dans mon opinion, l'abolition de l'esclavage a produit une grande amélioration dans les manières, les habitudes et le goût des noirs. Son influence s'est étendue sur la moralité, aussi bien que sur le nombre et la nature des délits. Je crois que si l'apprentissage n'avait pas existé, l'amélioration serait aujourd'hui plus grande. On n'aurait pas eu à déplorer les dispositions hostiles qui se sont manifestées entre les propriétaires et les travailleurs, et qui ont engendré une mé sintelligence dont les traces n'ont pas encore disparu.


890 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. 5.

RAPPORT

de

Johnston, magistrat spécial du cinquième district.

M. J.

17 septembre 1841.

1° Caractère général et conditions des travailleurs. Il y a une amélioration progressive dans le caractère et la condition des travailleurs, depuis l'apprentissage. Le mariage, autrefois peu commun, est à présent très-fréquent ; souvent il a lieu entre des gens qui ont vécu en concubinage, et ont eu beaucoup d'enfants. Ce fait est de plus d'importance qu'on ne l'imagine» rait d'abord, attendu que, d'après la loi française qui gouverne encore la colonie, à l'exception de quelques modifications faites par le Gouvernement anglais, les personnes qui ont vécu ensemble, n'importe combien d'années, légitiment leurs enfants en se mariant; et, lors même qu'ils mourraient sans testament, ceuxci auraient droit par portions égales au partage de la succession. Les nègres aiment généralement avec passion la toilette et le luxe. Ils dépensent tout ce qu'ils ont, et souvent au delà de leurs moyens, pour se procurer de riches vêlements et des bijoux. Sur 100 femmes, on en voit 99 qui portent des boucles d'oreilles d'une valeur de 5o à 75 francs. On paye jusqu'à 18 et 25 francs pour la façon d'une chemise que l'on porte dans certaines occasions , et dont le tissu est toujours de la plus grande finesse. 11 est à remarquer que le costume dès femmes noires, dans les îles françaises, est tout à fait différent de celui des négresses des colonies anglaises. Ici, elles ont des jupes d'étoffes imprimées, ou même quelquefois de soie, mais ne portent pas de robes. Il faut qu'un cultivateur gagne bien peu s'il ne possède pas un habit qui lui coûte environ 75 francs, ou une veste de la moitié de ce prix, avec un chapeau de belle qualité. Il est rare de rencontrer, les jours de fêtes et les dimanches, des hommes et des femmes qui n'aient pas des bas, des souliers et un parasol en soie; ils n'en ont plus en coton. Le rhum nouveau, qui était autrefois la seule boisson, a été remplacé par le vin de côte1, qui se paye 80 centimes la bouteille. Le poisson salé est encore la nourriture ordinaire; mais, les jours de fêle ou de mariage, la table des noirs rivalise avec celle de tout autre habitant pour la bonne chair et l'abondance. La plupart des paysans ont des vaches, et souvent des chevaux. Le relevé suivant a été fourni par les curés des deux paroisses qui composent le cinquième district : 1840, naissances ,61; mariages ,21; décès 1 0. Jusqu'au 10 sept. 1841,

59

12

13.

Ce relevé ne comprend que les enfants qui ont été baptisés. On peut évaluer la population totale du district de 12 à 1,300 individus. Aussitôt après la fin de l'apprentissage, les noirs se montrèrent irréguliers et inconstants dans leurs habitudes. Ils aimaient à courir d'une plantation dans une autre, non pas tant pour chercher de l'occupation, que pour s'assurer jusqu'à quel point ils étaient libres. Il se passa quelque temps avant qu'ils pussent se convaincre que leurs craintes étaient sans fondement. Déjà affranchis une fois, à l' époque de la révolution'française, on les avait remis peu de temps après en esclavage, et ils redoutaient le même sort. Mais, dès qu ils ont été rassurés, presque tous sont revenus sur les plantations auxquelles ils avaient été attachés, et y demeurent encore maintenant. Depuis le 1er janvier dernier jusqu'à ce jour, il n'y a qu'une seule condamnation à l'emprisonnement pour querelle, et neuf à des amendes de 7 fr. 5o cent, à 20 francs pour de légers délits. 2° Relations entre les travailleurs et leurs maîtres. Ayant été employé dans tous les districts de la colonie, j'ai eu 1

On désigne ainsi dans tes colonies les vins du Midi, venant de Marseille.

de fréquentes occasions d'observer la nature des relations qui existent entre les maîtres et leurs travailleurs. Elles sont en général très-amicales. Dans le quatrième district, les plaintes de part et d'autre étaient fort rares ; et, depuis que j'ai la surveillance du cinquième, il ne m'en est pas parvenu une seule. Environ 2 5 cultivateurs ont acheté, et do autres ont loue des lots de terres, de 3 à 10 acres, pour un temps plus ou moins long. Ils y ont construit des buttes, et y cultivent surtout des provisions; néanmoins presque tous continuent à travailler sur les plantations à sucre. Une propriété qui avait été abandonnée vient d'être remise en culture, avec une dépense considérable. C'est une preuve que la confiance des planteurs augmente plutôt qu'elle ne diminue, malgré la rareté des travailleurs. 3° Établissements nouveaux. Une école a été ouverte dernièrement sur la propriété Canelle. qui appartient à M. W. Mules. Elle est dirigée par un instituteur de la fondation Mico, et reçoit tous les enfants du voisinage. Un grand nombre d'adultes s'y rendent aussi le soir, après le travail. Une maison d école est en construction sur une autre propriété de M. Mutes. Il n'existe pas dans le district d'autre établissement particulier ou public où l'on puisse recevoir l'instruction. Dans le quartier de Denery il y a une petite chapelle, et l'on construit une église à Micoud. Un prêtre catholique romain se rend dans ces paroisses, l'une après l'autre. Les nègres sont trèsexacts à remplir leurs devoirs religieux; ils ont largement contribué, en travail et en argent, à l'élévation de l'église, et c'est principalement a eux qu'est dû l'entretien du curé , qui ne reçoit pas de traitement fixe du Gouvernement. 4° État actuel et perspective de la culture. D'après les renseignements fournis par les propriétaires du district, la dernière récolte a produit 697,000 livres de sucre, 11,700 gallons de rhum, et 19,600 de mélasse. Celle de cette année ne donnera pas moins d'un million de livres de sucre, ainsi que du rhum et delà mélasse en proportion. Le temps a été extrêmement défavorable aux plantations, durant ces deux ou trois dernières années. Sur quelques propriétés, il a fallu renouveler trois et quatre fois les plants, qui périssaient faute d humidité ; cependant un changement a eu lieu depuis quelques semaines. La perspective de l'année prochaine est trèsencourageante et promet une belle récolte, s'il ne survient aucune circonstance fâcheuse. Si quelquefois les cultivateurs quittent les plantations sur lesquelles ils sont occupés, pour aller travailler ailleurs, la faute en est moins a eux qu'aux planteurs, parce que ceux-ci ont la coutume, dès qu'ils ont besoin d'ouvriers ou qu'ils ont à faire quelques travaux particuliers, d'augmenter les salaires; le nègre, séduit par cette augmentation, quitte son maître pour plusieurs jours; et celui-ci, dans l'embarras où il se trouve, fait de son côté tout ce qui lui est possible pour se procurer des bras. Les salaires sont en raison de la besogne à faire. Daus le cinquième district cette besogne est de trois natures différentes : à la tâche, à l'entreprise et à la journée. A la tâche, on paye une somme pour creuser un certain nombre de trous, ou sarcler une certaine quantité de cannes. Il n'est pas rare qu'une tâche soit terminée à 11 heures du matin et qu'elle ait produit au cultivateur de 2 fr. 5o cent, à 3 francs. Il peut, s'il le veut, continuer son travail aux mêmes conditions ; mais le plus souvent il se retire pour aller soigner son jardin, ou s'occuper de toute autre chose pour lui-même. Le travail à l'entreprise consiste à labourer une pièce de terre ou à sarcler un champ de cannes, selon sa grandeur, et moyennant un prix convenu, sans fixation de terme. Très-souvent, un


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL. ETC. — 1841.— ANTIGOA. cultivateur intelligent se charge d'une entreprise, à laquelle il emploie des gens qu'il loue. Le salaire d'une journée de 8 à 9 heures est de 1 fr. 55 cent, a 1 francs pendant la récolté; on ajoute 5o centimes quand il y a des heures de travail extra. On accorde gratis à tous les cultivateurs une case et autant de terre qu'ils en peuvent cultiver en jardin. 5° Perfectionnements et inventions. A cause de la disposition inégale du sol, on emploie principalement la houe pour labourer. Sur deux propriétés où le terrain le permettait, on s est dernièrement servi avec avantage de la charrue : on finira par s'en servir partout où cela sera possible. A l'exception d'une plantation qui a un moulin à vent, les autres ont toutes des moulins à eau. 6°

Commerce intérieur.

Sur le plus grand nombre des plantations il y a une boutique,

891

ou se vendent en détail des marchandises sèches, du vin, des liqueurs, des provisions salées, etc.; les articles les plus demandés sont les impressions des Indes, pour les jupes de femme, les imitations de madras, les foulards indiens et les fabrications anglaises, en général. J ai déjà dit que le poisson salé compose en partie la nourriture du noir ; il y ajoute de la farine de manioc qu il prépare lui-même. On consomme aussi beaucoup d'huile d'olive et de vin de côte. Malgré la liberté qu'on donne aux travailleurs, de cultiver en jardins autant de terrain qu'ils veulent,beaucoup préfèrent planter des cannes à moitié bénéfice avec les propriétaires. Le pays étant coupé par plusieurs rivières, et les propriétés assez rapprochées de la mer, on se procure très-aisément du poisson; comme d ailleurs il n'y a qu une très-faible portion de l'île en culture, qu elle abonde en gibier, et que chacun a le droit de chasser, on comprend que les provisions en farineux et légumes ne soient pas aussi abondantes qu'elles pourraient l' tre avec un sol aussi fertile.

N° 180. § VI. ANTIGOA. 1.

RAPPORT

de

M.

W. Walker, magistrat salarié.

Saint-Jean (Antigoa),

13

janvier 1841.

D. puis mon dernier rapport, et pendant le dernier trimestre, la conduite des travailleurs n'a pas cessé d'être digne d'éloges. Ils vivent en bonne intelligence avec leurs maîtres. Rien n'est changé dans les heures de travail ni dans le montant des salaires. Quand les paysans entreprennent une tâche il n'est pas rare de les voir travailler avant et après les heures fixées pour la journée. J'ai déjà dit qu'ils travaillent au clair de lune, je les ai vus même braver le mauvais temps. Je n'ai pas entendu parler de location de cases dépendantes des propriétés , mais les villages indépendants s'augmentent. Quelque multipliés que paraissent les moyens d'instruction à la portée de la classe laborieuse, il serait d'intérêt général de les augmenter encore. On se propose d'élever deux chapelles-écoles, l'une dans ce qu'on peut appeler le beau village de Liberia, et l'autre dans un établissement plus nouveau appelé Spring-Hill, à l'ouest de Falmouth-Bay. M. Sheppard, de Dingading-Nook, a, dit-on, continué avec succès la culture du mûrier et des vers à soie; malheureusement le manque de capitaux ne permettra pas qu'on puisse juger du bénéfice qu'il aurait pu en retirer. Il ne s'est fait que peu d'émigrations en comparaison du dernier trimestre. Je joins ici le relevé des causes portées devant moi ou devant mon substitut à English-Harbour. On remarquera qu'il n'y en a aucune pour dommages volontaires aux propriétés, ce qui indiquerait qu'on est moins porté qu'auparavant à poursuivre les cultivateurs, parce qu'on craint de les voir s'éloigner pour aller chercher du travail ailleurs. La récolte des provisions cultivées par les paysans a beaucoup souffert des ravages du ver, qui a détruit en partie l'espoir qu'avaient fait naître des pluies abondantes. Il serait à désirer que l'on réprimât le commerce illicite qui se fait avec les îles voisines. Les baies et les criques des côtes sud-est et sud-ouest sont les principaux points de débarquement. Il est incontestable que la population du voisinage est exposée à contracter des habitudes vicieuses et à s'accoutumer au mépris des lois , par la facilité qu'elle a de s'entendre avec des étrangers, et par les séductions qui entourent ordinairement les expéditions de cette nature. Des pluies abondantes avec intervalles de beau temps ont

donné un aspect favorable, tant à la récolte sur pied qu'à la prochaine. La maison des jeunes détenus a déjà produit un bon effet; toutefois il est indispensable de constater que. le temps le plus long pour lequel un magistrat peut faire enfermer un enfant, n'est pas suffisant pour agir efficacement sur son caractère ou sur ses dispositions. La journée du 5 novembre et les fêtes de Noël se sont passées dans le plus grand ordre; il n'a pas été commis un seul délit. L inspecteur de police de English-Harbour m'a depuis longtemps fourni les matériaux propres à établir un recensement de la population : n ayant pu m'en occuper assez tôt, je crains maintenant que ces documents ne soient plus exacts. Je reviens encore sur l'importance d'une enquête relative aux lots de terrains de 10 acres, dont une grande partie, tombée dans le domaine public, pourrait aisément être remise à la disposition de la Couronne ou de la législature locale.

TOTAL

de

CONDAN-

NATURE BES CAUSES. NÉS.

ABSOUS.

TOTAL.

septembre 1840.

Tapage, injures, charretiers montés sur leurs voitures, cavaliers courant au galop

33

51

84

94

Querelles et rixes

16

13

29

40

Tort causé méchamment aux propriétés

12

17

29

11

Crimes du ressort de la cour d'à ssises

7

10

17

14

11

5

16

45

Porteurs ou antres entrepreneurs ne payant pas la taxe

0

14

14

2

Vagabondage

2

6

8

4

Animaux errants

0

1

1

13

TOTAUX

81

117

198

223

Rupture d'engagements

Nombre moyen de causes par mois 66 Idem pendant le trimestre de septembre 74 A Buckley il n'y a eu que cinq causes à juger dans le trimestre de décembre.


892 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES IIe PARTIE.

2.

RAPPORT

de M.

L.

Grœme, magistrat salarié. Antigoa,

22 janvier 1841.

La récolte de l'année dernière a été très-bonne; et, malgré la sécheresse qui a arrêté la pousse des cannes au commencement de la saison, ceux qui ont donné à la culture les soins nécessaires n ont pas à craindre une forte diminution pour la récolte prochaine. La nature du sol est tellement variable que ce qui est pour les uns un bon temps, est le contraire pour d'autres. Il est donc bien difficile de préjuger du produit de la culture. Les fêtes annuelles de celte époque se sont passées convenablement; les travailleurs ont repris leurs occupations sans demander, comme ils le faisaient autrefois , une augmentation cle salaire. L émigration qui, à ce que l'on rapporte, a été très-considérable dans les îles voisines, n'a pas été assez forte ici pour causer aucune inquiétude aux planteurs. On s'occupe cle disposer plusieurs portions de terrains pour les céder aux noirs ; c'est, à mon avis, le meilleur moyen d'arrêter l'émigration. Il faut espérer que cet exemple finira par être généralement suivi. Un lot de 48 pieds sur 42 se vend 3o dollars, c'est-à-dire sur le pied de 2,5oo francs l'arpent. On a offert8,600francs pour trois arpents, le propriétaire a refusé parce qu'il espère en tirer davantage en les fractionnant. Ces prix exagérés baisseront naturellement à mesure qu'il y aura plus d'occasions d'acheter. Les relevés du trimestre au 31 décembre donnent une augmentation de condamnations; toutefois il n'y a aucun fait grave. Les petits vols sont fréquents ; les frais et la peine qu'il en coûte pour les poursuivre devant les sessions font que l'on s'arrange ou qu'on néglige de les faire punir. Dernièrement deux jeunes nègres furent amenés devant moi, pour avoir volé des ignames dont la valeur n'excédait pas 60 centimes. Si la plainte n'avait pas été retirée, ils auraient été envoyés en prison pour y attendre la session de mars. L impunité de ces petits délits produira probablement de plus grands crimes. Comme la certitude du châtiment agit plus efficacement que le châtiment même, je conseillerais de confier à deux magistrats ou même plus, le soin de juger sommairement les cas de ce genre. Le service divin du dimanche n'est pas régulièrement suivi. C'est, je pense, parce que les danses du samedi se prolongent fort tard.

3.

RAPPORT

de M. W. Walker, magistrat salarié. Saint-Jean (Antigoa),

20 mai 1841.

On peut aisément juger de la conduite des cultivateurs dans leurs rapports avec leurs maîtres, parla quantité de plaintes portées pour infraction aux engagements qu'ils contractent. Sur une population nombreuse ces plaintes s'élèvent à trente-six pour quatre mois, mais toutes ne concernent pas la classe des cultivateurs. Il s est manifesté, sur les plantations, une disposition plus qu'ordinaire à quitter le travail,non-seulement sans autorisation, mais même sans donner une excuse. J'attribue celte disposition à finconstance qui caractérise bon nombre de noirs. Quelques-uns ont trouvé suffisant de faire la demande du temps dont ils avaient besoin , et s en sont ailes sans attendre de réponse ; d'autres n'ont pas même rempli cette formalité; et presque tous n'auraient eu aucun motif plausible à alléguer. Dans certains cas , ils ne s'absentaient que pour aller travailler sur d'autres propriétés. Cet état de choses et les contestations au sujet des salaires semblent mériter une sérieuse attention, parce que la bonne harmonie entre les maîtres et les ouvriers pourrait en souffrir. Il est juste d'ajouter que la sécheresse qui a régné, à l'époque la plus critique cle la saison, a pu donner à ces irrégularités de travail une grande importance; tandis que, dans une saison favorable et

dans d'autres circonstances on ne les aurait pas jugées dignes de fixer l'attention des magistrats. J'ai déjà signalé un plus grave sujet de réflexion, c'est la fréquence des querelles des cultivateurs entre eux, surtout le dimanche. Ces querelles proviennent de jalousie ou de disputes déjà commencées dans la semaine. lis s'attaquent d'abord par des paroles d'une obscénité révoltante, puis la lutte s'engage. les coups se multiplient, le sang coule; l'intervention des constables devient nécessaire et l'alarme se répand aux alentours. Ces rixes prennent souvent aussi leur origine dans les bals, qui ont lieu continuellement sur les plantations voisines de English-Harbour. et où la portion la plus basse des habitants de cette ville a trop facilement accès. De là naissent des plaintes pour dommages aux propriétés. Les ministres de la religion, je le sais, font tous leurs efforts pour réprimer ce mal. Nous sommes heureux de pouvoir compter, dans l'exercice de nos fonctions, sur la coopération de ces dignes ministres. C'est par la persévérance à répandre l'instruction religieuse que nous parviendrons à améliorer le caractère des noirs. Je ne compte pas beaucoup sur la conversion des adultes; mais les soins que l'on accorde à la jeune génération, la soustrairont, je l'espère, à l'influence des mauvais exemples Les individus que ces querelles amènent devant nous sont assez souvent d'excellents travailleurs; il est très-rare qu'en notre présence ils ne témoignent pas du repentir. Les enfants des cultivateurs seraient volontiers employés sur les plantations , mais les parents montrent une très-grande répugnance a les destiner à l'agriculture. Il finira par en résulter le relâchement des liens d'association qui existaient entre les travailleurs des champs. La maison des jeunes condamnés fournit la-preuve do l'avantage que trouveraient les parents à élever leurs enfants pour ces travaux. On recherche avec empressement le petit nombre de ceux qui sont enfermés dans celte maison; ils sont sans cesse occupés et se plaisent à leur travail. Ils sont propres, bien portants et gais, et nous font regretter que des maisons semblables à la nôtre n'aient pas été établies dans toute la colonie. Les magistrats devraient être revêtus du pouvoir de condamner les enfants pour trois mois; ce temps n'est pas long, et du moins ils ne rentreraient dans le monde qu'au moment où les impressions du bien commenceraient à s'emparer do leur esprit Il n a émigré que très-peu de monde depuis le commencement de l' annee, et les départs ont eu lieu à de longs intervalles. Rien n a pu faire croire qu il y eût coalition, ou un désir universel d'émigration. Ci-joint l' état des condamnations prononcées et des causes renvoyées, pendant les mois de janvier à avril. Relevé des condamnations prononcées et des causes renvoyées par W. Walker et George Black en 1841. JANVIER. FÉVRIER. -a y.

NATURE DES DÉLITS.

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Querelles et rixes 3 12 15 Infractions aux règlements sur la manière de conduire les chevaux ou les voilures, charretiers montes sur leurs équipages, voitures non marquées, immondices dans les rues, etc 16 18 34 Dommage méchamment causé aux propriétés

Vagabondage Tort causé aux personnes avec intention Embarras sur les grands chemins..... Animaux errants TOTAUX

5

7

10 15 25

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1

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0

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0

3

3

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0. 0 0 2 0 0 0 0 0 2 0

0

Port d'armes

2

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3

Fraudes et détention illégale de propriétés

1 0 0 0 1 0

a N O

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4

Violation de contrats

Jeunes accusés

*

0 > y. a

AVRIL.

8

5 3 0 4 3 1

Violation de propriétés

y.

MARS.

0

1

| 29 43 72 23 32 55 21 35 5G

1

5

1 3

7

4

1 0 0 0 0 0 0 0 0 1

0

33 49

0 82


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1841.— ANTIGOA. 4.

RAPPORT

de M. W. Walker, magistrat salarié.

» - Caractère et condition de la population noire. — Changements observés depuis la fin de l'apprentissage dans ses goûts, ses habitudes et ses mœurs. — Mortalité. — Nature et nombre des délits. Saint-Jean (Antigoa), 24 juillet 1841.

il ne faut pas oublier que l' apprentissage, qui devait servir d intermédiaire entre l'esclavage et la liberté, n'a jamais existé ici. N' ayant pas habile les Indes occidentales avant l'émancipation , je n ai pas eu occasion de faire la différence du caractère et de la condition de la population dans ces deux étals. Mais cette lacune a ici moins d'importance que partout ailleurs, parce «que la manière dont on traitait les esclaves y était plus propre à préparer les cultivateurs à une liberté complète, et que le changement qui s est opéré en eux a dû être moins sensible. H ne : manque pas, au surplus, de renseignements pour aidera se former une idée précise à ce sujet. Un seul fait peut réfuter sans réplique la prétendue disposition des travailleurs à jouir jusqu'à l'excès de la situation nouvelle qui allait leur être faite, c'est-à-dire de passer d'un étal de contrainte à une espèce de licence : c'est que 30,000 esclaves sont devenus libres tout à coup, sans se livrer à aucune manifestation turbulente, sans commettre un seul délit. Depuis sept ans, ils ont persisté dans la même conduite. Le maintien de la tranquillité a été confié a une police de 24 hommes et a un corps de 200 constables ruraux, presque tous choisis parmi les noirs des plantations ; depuis trois ans, il n a pas même existé une seule compagnie de milice. Si l'on ne perd pas de vue que la civilisation commence seulement à agir sur eux, on ne sera pas surpris qu'ils se ressentent encore de leur condition servile, et l'on comprendra qu'il est encore nécessaire d'user de patience et d'exercer une surveillance active. On n'oserait affirmer que l'influence des relations créées par l'esclavage ait cessé d'agir sur les planleurs qui, après avoir joui d'une autorité presque exclusive, sont aujourd'hui soumis aux mêmes lois que leurs anciens esclaves; cependant, il faut le d ire, à quelques exceptions près, ils ont manifesté, en général, un louable empressement à seconder le nouvel ordre de choses. Tandis que le plus grand nombre des cultivateurs s'appliquent, depuis la liberté, à perfectionner leur condition morale et physique, d'autres sont encore imbus des superstitions africaines. Il est à peine croyable, quand on sait combien d'efforts ont fait les ministres de la religion, que la foi aux sortilèges exisle encore. On ne s'imaginerait pas combien est grande la crainte des sorts. Les raisonnements, les arguments restent sans effet; et, à moins qu'on ne réussisse à faire croire que l'influence maligne a été combattue par une puissance égale, la victime languit et succombe souvent à sa terreur. Les effets de celle croyance ont été tellement sérieux qu'autrefois une loi avait été rendue, qui punissait de mort les auteurs de maléfices ; et l' on s'étonne même à bon droit qu'une loi si peu propre à réprimer le mal ait fait si longtemps partie du code des Indes occidentales. Aujourd'hui pourtant la raison prend le dessus ; et le docteur Obeah commence à être classé parmi les vagabonds et les bandits, qui vivent aux dépens des autres, au lieu de gagner honnêtement leur vie. Ce sujet, après tout, n est pas sans présenter de grandes difficultés. En frappant de toute la sévérité de la loi ceux qui pratiquent l' obeah, on laisse aux individus qui les redoutent la conviction qu ils sont doués d un pouvoir surnaturel que la mort seule peut leur enlever; d un autre côté il n'est pas aisé de les découvrir, car la terreur qu ils inspirent fait taire ceux qui pourraient porter témoignage contre eux. A ce mal, comme à beaucoup d'autres, il n'y a qu'un seul remède à opposer, l'éducation. La coutume de veiller les morts est encore un reste des anciennes superstitions ; et elle se perpétue plutôt à cause de l'occasion quelle donne de se livrer à l'intempérance et à la débauche, que par aucune idée religieuse. Ces réunions, dans les-

893

quelles s'élèvent de fréquentes querelles , sont poursuivies par le blâme des ministres de l'Évangile et des magistrats. J ni déjà eu occasion de déplorer l' usage des expressions obscènes pour la plus petite cause d'excitation. Ce ne sont pas seulement les ignorants et les individus de mauvaises mœurs qui s'en servent, on les entend souvent sortir des lèvres de gens qui se vantent d'être religieux. L'habitude du mensonge est aussi déplorablement répandue ; elle donne lieu à des ré riminations continuelles, et à des accusations de parjure qui prouvent le peu de confiance que les noirs s'accordent réciproquement. Ils se reposent cependant sur la parole d'un blanc, ce qui devra naturellement les amener à apprécier le mérite de la véracité. Depuis l'émancipation, la morale et la civilisation ont reçu un puissant secours dans les unions stables que les noirs ont généralement contractées. Cependant ces unions ont trouvé un obstacle dans la dégradation des femmes, qui ne leur permettait pas d'apprécier leurs devoirs domestiques. Les mariages formés par les ministres moraves et wesleyens ne s'étant plus trouvés valides après l'esclavage, il en est résulté, pour les époux, la facilité de contracter de nouvelles liaisons, ce qui a aussi produit un trèsmauvais effet. Pour réprimer, autant que possible, celte conduite irrégulière, les ministres de l'Église établie, par qui seuls les mariages sont aujourd'hui légalement célébrés, ont pris la détermination de ne plus marier l'homme ou la femme qui auraient précédemment contracté un autre lien sanctionné par des ministres dissidents. Dans les neuf années antérieures à la liberté, le nombre total des mariages de noirs célébrés par les ministres anglicans n'a pas excède 1,150. Il faut y joindre, il est vrai, les mariages qui avaient été faits par les prêtres moraves et wesleyens, et qui sont devenus nuls au 1er août 1834. Voici le nombre des mariages célébrés depuis cette époque : 1834

202

1835

476

1836

329

1837

246

1838

316

1839

468

1840

554

Je joins pour comparaison le nombre des mariages des six années précédentes : 1828

29

1829

27

1830

46

1831

44

1832

56

1833

89

Le plus grand nombre des individus mariés sont des cultivateurs attachés aux plantations. S'il est vrai de dire que beaucoup d entre eux se sont engagés sans réflexion et ne sont pas restés fidèles à leurs engagements, il est certain aussi qu'il en est beaucoup qui vivent bien ensemble et qui seront d'un bon exemple. L'exclusion du sein de l'Église et la privation des avantages des sociétés de secours mutuels sont , entre les mains du clergé, des moyens puissants pour réprimer la tendance aux habitudes irrégulières. Les personnes bien informées assurent que la prostitution n'a pas augmenté depuis l'émancipation ; il est même probable qu'elle a diminué, par suite du progrès sensible qu'ont fait les femmes de la classe dans laquelle ce vice est le plus répandu. L exactitude à assister au service divin est générale ; mais cette exactitude ne saurait avoir autant d'effet sur l'amélioration de la population laborieuse que les efforts constants des ministres de la religion. La classe laborieuse est, pour la plus grande partie, attachée au culte morave. On peut conclure de ce qui précède qu'excepté les petits vols,


894 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. la grossièreté du langage et les rixes, les vices des travailleurs ne sont pas de nature a être réprimés par des lois spéciales, et que le soin de les guérir doit être laissé au temps et à l'influence de moyens tels que l'instruction religieuse et le développement graduel du sentiment de propriété. Leur caractère s'en élèvera, et ils deviendront meilleurs. Ceux qui posséderont apprendront a respecter les possessions des autres, et les préceptes de la religion finiront par faire régner la charité, le bon accord et la modération. Une chose qu il est important de constater, c'est l'absence des grands crimes qui violent les lois naturelles que Dieu a gravées dans le cœur de l'homme. Les fautes commises par excès de violence sont ordinairement le résultat de la passion, plutôt que d une intention réfléchie. L'infanticide n'a jamais été connu ici ; depuis plusieurs années il n'y en a pas eu d'exemple. Du temps de l'esclavage, il ne devait pas en être ainsi. Il se commettait des meurtres, des empoisonnements, des incendies , des vols de grands chemins; à présent, on ne voit plus rien de semblable. Dernièrement, il est vrai, un cultivateur a été soupçonné de tentative d'empoisonnement sur un économe ; mais il n'y a pas eu preuve suffisante. On ne peut douter du bien que l'affranchissement a procuré à la société, sous le rapport de la diminution des crimes ; car la nature des relations qui existaient entre le maître et l'esclave, laissait alors à celui-ci tout loisir de nourrir son ressentiment, et de fréquentes occasions de l'assouvir. A présent, au contraire, s'il naît quelque difficulté entre le maître et le travailleur, la séparation est facile , et le ressentiment ne dure pas. Les paysans ne sont pas adonnés à l'intempérance; je les regarde comme une race rusée et intelligente ; ils le prouvent dans leurs relations soit entre eux, soit avec leurs maîtres. S'ils pensent qu'un marché puisse leur être défavorable, ils refusent de le conclure, et, lorsqu'ils ont mal calculé, ils sont furieux d'être obligés de remplir leur engagement. La plupart du temps, cependant, mon collègue et moi nous les avons trouvés dociles à nos remontrances. Plutôt que d'encourir la punition que leur aurait attirée une violation de contrat, ils consentaient à l'exécuter, parce que nous leur en donnions le conseil. Il ne serait pas prudent, toutefois, de pousser les choses à l'extrême avec eux, car, s'ils sont forcés une fois d'observer la loi, il devient difficile de les amener à faire un nouvel arrangement avec le même maître. Ils ont en général, pour leurs supérieurs, toute la déférence qu'il est possible d'attendre d'eux, et ils attachent un grand prix aux marques d'intérêt qu'on leur donne. Pour ma part, je les ai toujours vus respectueux et empressés; sous ces rapports, ils l'emportent sur la population noire des îles voisines. Il y a aussi une différence notable entre les manières des cultivateurs et celles des travailleurs de la ville qui, ayant par leur position un certain degré d'indépendance, acquièrent les habitudes communes à leur classe, et se montrent aussi peu soucieux de plaire qu'impatients de contrôle. Quant à la mortalité, nous n'avons pas de renseignements positifs, attendu que, depuis 1821, il n'a pas été fait de recensement. Bien qu'on ait tenu, depuis quelques années, les registres de décès avec tout le soin possible, des circonstances locales et les anciennes habitudes ont pu faire que la sépulture ait été donnée a des enfants, et même à d'autres personnes, sans que les ministres en aient été informés. Les opinions sont contradictoires sur l'augmentation ou la diminution de la population, depuis 1834. Voici pourtant un relevé des décès de 1837 à 1840, tiré des Blue-Books de ces différentes années ; il comprend tout ce qui a été inscrit par les moraves et les wesleyens aussi bien que par les ministres anglicans : 1837 1838

823. 683.

1839

759.

1840

931 .

Il est à noter que la fièvre jaune a exercé ses ravages en 1837

et

1839, mais moins dans cette dernière année que dans l'autre Quant aux délits, les personnes les mieux informées s'accordent à dire qu'il y a eu diminution depuis la liberté. Toutefois l'abolition de la juridiction domestique, si l'on peut parler ainsi, avant renvoyé à la connaissance des magistrats une foule de causes souvent sans importance, on pourrait, si l'on n'en tenait compte, supposer qu'il y a eu au contraire augmentation. Au 1" juillet, il y avait à la maison de correction 53 prisonniers. De ce nombre, 27 étaient détenus pour violation de contrats, tort causé méchamment aux propriétés et vagabondage. Ces chiffres, sur une population d'au moins 3o,ooo individus, suffisent pour prouver qu il ny a rien de sérieux, ni dans le nombre, ni dans la nature des délits. Je 11e crois pas que, sous aucun rapport essentiel, la condition de la population puisse être meilleure qu'en ce moment. J'en excepte toutefois les incertitudes relatives au mode de location ; mais c est un mal qui cédera bientôt à la force des circonstances. La journée de travail est de neuf heures, et, sur quelques propriétés, les cultivateurs ont un jour par semaine; sur d'autres, un jour par quinzaine, outre le dimanche, bien que la loi ne le leur accorde pas. Lorsqu'ils veulent travailler pour le maître les jour de repos, on leur alloue un supplément de salaire. Ils ont un logement, un terrain cultivable, les soins des meilleurs médecins, la permission de cueillir de l'herbe, quelquefois de ramasser des broussailles, et de prendre des fruits quand il y a des arbres sur la plantation. Ils peuvent aussi élever de la volaille, des porcs, des moutons , un certain nombre de chèvres, sans que cela influe en rien sur leur salaire ; de sorte qu'en calculant ce que gagne un adulte à 90 cent, par jour, et en supposant qu'il travaille cinq jours par semaine, on trouve qu'une famille composée du mari, de la femme et de deux enfants, ne gagne pas moins de 1,250 fr. par an. Comme elle ne paye ni loyer ni impôts , et qu'en cas d'accident ou de maladie la société de secours mutuels vient à son aide, on voit que, sous ce rapport, la condition des noirs est satisfaisante, et tend à l'accroissement de la population. Il pourra paraître curieux de jeter un coup d'oeil sur le détail des prix des articles que les paysans portent au marche. Ces prix sont souvent plus élevés que ceux qui sont indiqués cidessous :

Dindons, la pièce, de Canards, idem, de Chapons, idem, de Petits poulets, idem, de Pintades, idem, de

f

c

f

7 50 à 15 00c 3 40 à

3 75

2 50 à

3 10

1 25 à

1 85 3 75

OEufs, 8 ou 9 pour

3 05 à 1 25

Lait, le quart pour

0 50

Foin, la botte, poids non fixé, de

0 30 à

Bœuf et porc du pays, la livre Bœuf d'Amérique, idem

0 80 1 10

Moutons du pays, idem Poisson,

2°.

idem

1 10 à

0 50

1 25

0 50

Relations entre les paysans et les propriétaires, principalement en ce qui concerne le loyer sur les plantations, les dispositions des noirs à s'établir à leur compte, la multiplication des hameaux et des villages, et l'effet que ces changements ont pu avoir sur la somme de travail affectée à la culture des produits d'exportation.

On a commencé , depuis peu, sur une ou deux plantations de mon district, à louer les cases aux cultivateurs, en leur laissant la libre disposition de leur industrie, et renonçant, par une espèce de consentement tacite, à l'action de la loi sur les contrats; on leur paye un salaire convenu lorsqu'ils travaillent pour la plantation. Il dépend tout à fait de la volonté du propriétaire de faire de tels arrangements de loyer; mais il ne lui reste de recour? contre son locataire que par la saisie de son mobilier. Je ne crois


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841. — ANTIGOA. 895 pif que ce système soit avantageux à aucune des parties : il n'est pas susceptible d'attacher le cultivateur au sol, de lui inspirer le respect des lois, et de tenir les familles réunies autour du toit paternel. De nouveaux villages s'élèvent de tous les côtés. C'est le meilleur moyen de cultiver les parties les moins fertiles des propriétés; l'usage de la houe rend les récoltes plus abondantes. Les maisons de ces villages, construites généralement en pierres et en lattes, sont très-convenables. Les habitants sont tous des cultivateurs qui deviennent francs tenanciers, dans le sens légal du mot; mais ils n'ont, en réalité, aucune influence en cette qualité, parce qu'il faudrait pour cela qu'ils possédassent 10 acres de terre, ou qu'ils payassent un loyer de 20 livres sterl. par an, ou qu'ils fussent propriétaires, en ville, d'une construction de 3o pieds sur ta. La plupart de ces habitants continuent à travailler sur les propriétés, comme artisans ou comme cultivateurs. Il en est beaucoup qui possèdent un cheval et une charrette, dont ils louent le service. Les changements qui ont été la suite de leur établissement ont plutôt affecté la nature que la quantité du travail nécessaire à la culture des produits. Il est clair qu'à mesure que le système de la lâche prévaudra, il y aura moins de travail continu , parce que les cultivateurs s'occuperont de préférence à ce qui leur rapportera davantage; certaines parties de la cullure seront négligées, et c'est ce dont se plaignent les maîtres. Si l'on n' a pas, sur les plantations, un certain nombre de cultivateurs engagés par contrat, il deviendra impossible de faire faire les travaux indispensables, à moins de donner un prix hors de proportion avec le temps qu'ils exigeront. Le prix élevé du travail à la tâche est déjà une cause de mécontentement pour les cultivateurs engagés, qui sont obligés de faire ce qui leur est demandé aux conditions arrêtées. Mais cet inconvénient cessera de lui-même, parce que les noirs ne tarderont pas à sentir que toutes les parties du travail doivent nécessairement être faites, et que le salaire ne dépend pas seulement de la quantité d'ouvrage, mais aussi du profit que le propriétaire doit en retirer, et du plus ou moins de rareté des bras,

membres; mais il serait à désirer qu'elles s'étendissent davantage, et fussent secondées par une caisse d'épargne autorisée par la législature. Il n'existe aucune loi des pauvres qui détermine les classes qui ont droit à des secours, la manière dont ces secours doivent être distribués et quel doit en être le montant. Il pourrait résulter de la multiplication des locations qu'on appelle indépendantes, que, dans un temps de sécheresse ou de rareté de capitaux', les charges publiques devinssent plus grandes, ou tout au moins qu'on vit s'augmenter la misère des individus qui n'auraient pas fait d'économies pour vivre en attendant un temps meilleur. C'est ici le lieu de remarquer que, d'après l'acte d'émancipation, les esclaves qui, au 1" août, se trouvaient hors d'état de gagner leur vie, ont été mis à la charge des propriétés, et que ceux qui, depuis cette époque, sont devenus infirmes, ont droit aux secours distribués par les paroisses. L admirable institution de Saint-Jean, établie dans le principe pour fournir chaque jour la nourriture à quelques pauvres du voisinage, a pris une grande extension ; aujourd'hui elle est devenue l'infirmerie, la maison de charité et le lazaret de toute l'île; elle se soutient dans un état prospère, grâce au zèle ardent du recteur de la paroisse. Les étrangers y ont toujours été accueillis quand ils réunissaient les conditions d'admission. On a le projet de construire un asile exclusivement réservé aux matelots et autres individus laissés dans la colonie malades et sans ressources. Les pauvres des paroisses, qui sont admis, sont soutenus par une contribution que ces mêmes paroisses versent chaque semaine; les marins des navires consignés dans le port sont à la charge des consignataires. L'excédant de dépense est rempli par des souscriptions volontaires, et par des dons reçus de l'Angleterre. La législature a contribué aux frais de premier établissement en fournissant le terrain. On a voulu dernièrement construire un asile pour les orphelins; le succès ne me semble pas avoir répondu aux bonnes intentions des fondateurs; non pas que les moyens aient manqué, mais parce que, le but n'ayant pas été compris, on a témoigné de la répugnance à y envoyer les enfants.

Établissements nouveaux tels qu'églises, écoles, caisses d'épargne, sociétés mutuelles, etc.

4° État et perspective de la culture. — Travail. — Salaires. — Produit de la dernière récolte. — Espoir de la récolte prochaine. — Température, etc.

Les églises étant en ce moment beaucoup plus fréquentées, il est devenu nécessaire de prendre des dispositions en conséquence. Une nouvelle chapelle a été construite au centre de l'île, sur les limites de quatre paroisses. On lui a assigne un district ecclésiastique séparé, et elle a été libéralement dotée par la législature. On élève aussi une église à Parham, pour la paroisse de Saint Pierre; la construction en est dirigée par un architecte venu exprès d'Angleterre. On a ajouté des galeries à l'église paroissiale de Saint-Jean, et une des chapelles auxiliaires va être considérablement agrandie. La société des missionnaires wesleyens méthodistes a élevé, dans la ville de Saint-Jean, une chapelle simple, mais qui peut recevoir un grand nombre d'individus. L'Église morave a construit un élégant édifice, à peu de distance de la chapelle du district central de l'île, et un autre dans le district du nord. A tous ces établissements sont attachées des écoles, outre celles qui sont répandues dans toute l'île. Le nombre total de ces écoles, y compris celles du dimanche, s'élève à plus de 60, qui sont suivies par au moins 5,000 enfants. On élève, a l' est de Saint-Jean, un édifice que l'on desline au culte presbytérien. Il n'avance pas rapidement, et l'on ne sait encore comment on pourvoira à son ameublement. Chacun des corps religieux de l' île a sous sa direction une ou plusieurs sociétés mutuelles. Elles sont d'un grand secours à ceux qui en ont assez bien compris les avantages pour s'en rendre

L état delà culture est aussi satisfaisant qu'on pouvait l'espérer, malgré les plaintes de quelques propriétaires ou géreurs, au sujet du peu de travail qu'ils obtiennent, et de la négligence avec laquelle il est fait; on sait que partout et de tout temps il a toujours été difficile de satisfaire les agriculteurs. Il y a au moins autant de (erres en culture, pour les produits d'exportation, que du temps de l'esclavage, et les choses continueront ainsi tant que les capitaux rendront un bénéfice suffisant. Quant aux bras pour la rentrée des récolles , on peut toujours s'en procurer si l' on est à même de les payer. On s'accorde à reconnaître que le nombre des cultivateurs est assez considérable pour les besoins de l'île. Cela est vrai sous un certain point de vue ; mais, comme aucune espèce de travail n est d obligation, il dépend de la volonté des travailleurs de s adonner ou de renoncer à la cullure des produits d exportation. Il s ensuit qu'il y a surabondance de travail offert, et que les salaires sont augmentés de 5o pour cent. Cependant, en se rappelant de quel fardeau les planteurs ont été soulages par l' abolition de l'esclavage, et en considérant que, s ils payent plus cher, ils emploient moins de personnes, on concevra que les propriétés soient administrées aujourd'hui avec moins de dépenses et surtout moins de tracas que sous l'ancien système. L'occupation du logement moyennant loyer, substituée au don gratuit de la case, aura pour . (Toi nécessaire de soutenir l'élévation des salaires ; car le loyer est une dépense que jusqu'ici le laboureur n avait pas connue, et il semble établi par la pratique


896 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

qu'elle doit être compensée par une augmentation de salaire, puisqu on paye plus cher les travaux exécutés par des individus étrangers aux plantations. D un autre côté, une question sérieuse a envisager est celle de savoir si les bénéfices de la culture du sucre répondront à l'élévation du prix des travaux. On dit, et cela est vrai, que les salaires ne sont que raisonnables; tout homme désireux du bonheur du pays consentirait même volontiers a ce qu'ils fussent doublés, s'ils étaient en rapport avec les bénéfices des propriétaires du sol. Mais il ne faut pas oublier que les profits sur le sucre, dans cette île du moins, tout énormes qu ils soient comparés à ce que rapportent les productions des autres parties du monde, excepté le riz, l'opium et quelques autres, sont variables et sujets à la baisse. Il pourrait arriver que la récolte fut abondante et le marché encombré, ou bien qu'au moment où le cours de la denrée serait très-avantageux le planteur comptât plus de boucauts vides que de boucauts pleins. Il n est pas facile de faire le compte des frais de culture et de fabrication d un boucaut de sucre ; il est probable que ces frais varient sur chaque plantation de l'île, et souvent sur la même plantation suivant les années; mais, d'après des renseignements positifs et dans lesquels je puis avoir confiance, dans l'état actuel des choses, on ne peut porter le minimum du prix que le propriétaire doit retirer de son sucre au-dessous de 77 francs, qui se divisent ainsi : 30 francs pour les droits; g fr. 5o cent, pour fret, commission, assurances, etc., et 37 fr. 5o cent, pour couvrir les dépenses et pour le bénéfice net. Si, avec la concurrence contre laquelle les planteurs anglais des Indes occidentales ont à lutter, les salaires se soutiennent au taux actuel, il faudra, ou que l'on réduise les droits, ou que l'on avise à des moyens de culture et de fabrication plus économiques; autrement on renoncera à cultiver le sucre dans les terrains peu fertiles, et sur les propriétés surchargées de frais, et qui n'auront pas assez de capitaux à leur disposition ; alors cette culture ne pourra plus être exploitée que par les riches capitalistes. Il est une innovation qui mérite d'être signalée, c'est la multiplication des petits champs, mis en culture de cannes par les artisans ou les cultivateurs qui ont quitté les plantations pour vivre sur leurs propres terres. Je crois que, jusqu'à présent, le produit s'en est vendu au marché; il est possible, mais je n'en ai pas la certitude, qu'il en ait été cédé aux propriétés voisines pour la fabrication, ce qui pourrait être la manière la plus avantageuse d'en disposer. En tout cas, le petit locataire ne retirerait pas, en définive, un gra nd bénéfice de ces plantations ; car n'ayant pas assez de terrain pour en laisser une partie en jachère, et ne connaissant pas l'usage des engrais , il faudrait bientôt qu'il abandonnât la canne, sous peine d'épuiser son champ. Si l'on pouvait enseigner aux paysans une méthode convenable de culture, je crois que l'on ajouterait beaucoup à la quantité des produits ; et il ne semble pas plus nécessaire que celui qui ne possède que quelques acres de cannes fabrique lui-même son sucre , qu'il ne l'est qu'un fermier soit son propre meunier. Outre la canne, on remarque aussi, dans les champs particuliers, une plus grande quantité de maïs, d'arrow-root, d'ignames, de patates douces, etc. La culture du sucre est extrêmement précaire, et peut présenter dans ses résultats d'incroyables variations. Ainsi, telle propriété de moyenne étendue, qui, lorsqu'elle a obtenu des bras à bon prix et qu'elle est favorisée d'une bonne récolte, peut rapporter au propriétaire 100,000 ou 200,000 francs de bénéfice, pourra, dans les circonstances contraires, le laisser en perte de 25,000 a 5o,ooo francs. Les calculs basés sur de telles éventualités ne peuvent donc rien avoir de positif. La valeur des terres n'a pas diminué, depuis l'abolition de l'esclavage. Une propriété de 388 acres a dernièrement été vendue 375,000 francs, et ce prix a été considéré comme peu élevé. En admettant une mauvaise récolte par cinq années, il ne lui faut que ce temps pour rentrer dans ses déboursés.

Je ne puis rien dire de la récolle prochaine; nous sommes au moment le plus critique pour le planteur, et partout, dans file, depluies abondantes sont nécessaires. Heureusement que de fréquentes ondées ont empêché les plants de se dessécher entièrement, mais rien n'est encore assuré. Le temps a été, pendant plusieurs mois, chaud et sec, surtout au commencement de l'année ; déjà l'année dernière le manque de pluie a porte à la récolte un préjudice considérable. Le relevé ci-joint des exportations, depuis 1836, avec leur valeur déclarée, prouve que les bras n'ont pas manqué à la culture. E

-M

NN -S

SUCRE.

MÉLASSE.

RHUM.

183G. 9,167 boucauts. 5,457 poinçons. 117 pièces. 858 tierçons. 852 pièces. 1,523 barils. 3,370,550c

1837. Année de sécheresse.

l,148,250f

7,503,125f

1840.

12,687f

CONSER-

ROOT.

VES.

TOTAL.

313 balles. 27 balles.

6,025f

525f

4,128,012F

3,662 boucauts. 2,099 poinçons. 183 poinçons. 113 balles. 25 balles. 456 tierçons. 549 barils.

1838. 14,601 boucauts. 1,521 tierçons. 2,122 bariis.

1839.

738,225f

ARROW-

243,175f

33,625f

1,725f

l,550f

1,518,325

0,528 poinçons. 254 poinçons. 509 balles. 72 balles.

l,675,250f

73,950f

13,100f

2,100f

9,267,525

4,678 boucauts. 8,709 poinçons. 486 poinçons. 707 balles. 71 balles. 1,059 tierçons. 1,192 pièces. 327 muids. 1,764 barils. 6,886,250f

1,358,100f

15l,175f

3,090 boucauts. 1,229 tierçons. 2,2G9 barils.

7,937 poinçons. 489 pièces.

22 poinçons.

2,228,775f

105,300f

8,601,775f

21,750f

5,250f

8,422,525

S5ballcs. 58 balles.

10,625f

l,875f

10.948.350

La température moyenne de l'île a été calculée par le docteur Hamilton à 77,08. La moyenne des 6 mois de novembre à juin à 75,où, celle des 6 autres mois de mai à décembre à 80 et 83. Les mois les plus froids sont décembre (75,05 ) et février (71.71 Les plus chauds sont juillet (86,08) et août (80).Ce qui donne une différence de 15,01 entre le plus grand froid et la plus grande chaleur.

5

Commerce intérieur.— Marchandises le plus demandées.

Le commerce intérieur de la colonie consiste , pour les productions indigènes, en végétaux et animaux ; pour la consommation et pour les objets manufacturés, en chapeaux, paniers, poterie de terre, pétrifications polies, etc., à quoi il il faut ajouter toute espèce de marchandises anglaises et étrangères. Je n'ai pas les moyensde préciser les importations annuelles antérieures à 1 834. mais, depuis ce temps, une augmentation sensible dans le commerce de l'île a été la conséquence de la grande circulation do l'argent parmi le peuple, et des nouveaux besoins qui sont nés pour lui de ses progrès en civilisation. C est vers le temps de Noël que les nègres font la plus grande partie de leur achats; cependant ils sont encore, dans tout le courant de l'année, les meilleures pratiques des marchands pour tous les articles d'importation, les liqueurs exceptées. Les femmes portent maintenant des bonnets au lieu des chapeaux ronds qui étaient autrefois en usage partout, et qui ne le sont plus que dans les districts ruraux. Il est à remarquer que, depuis quelque temps, il s'est vendu beaucoup de souliers d'enfants. Aucun article, quelque riche ou cher qu'il soit, n'est importé, que les nègres ne l'achètent, s'ils en ont le moyen. Aux cérémonies des mariages et dans les autres occasions semblables. ils font des toilettes extravagantes ; depuis les produits grossiers de


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841. — ANTIGOA. 897 Dundée jusqu' aux plus belles dentelles de Bruxelles et aux riches étoffés de soie de France ou de Spitafields, tout s'achète aux prix demandés. Les jambons, le fromage et le vin se vendent aussi en grande quantité, surtout à Noël. Les goûts des noirs se sont améliorés ; ils préfèrent maintenant le riz, la farine de froment, le pain et le porc, à la farine de manioc et au poisson salé. Je ferai remarquer en terminant que, jusqu'à présent, les résultats de l'émancipation, à Antigoa, ont été plutôt au delà qu'audessous de ce qu'on en espérait. Je ne crois pas que personne désire voir renaître le temps de l'esclavage. Je ne connais pas de population au milieu de laquelle les délits soient plus rares , et qui soit plus soumise que la nôtre aux lois et aux autorités. Les défauts du caractère des noirs sont encore la conséquence de leur ancienne condition. Il ne faut donc pas être trop exigeant quant à leur perfectionnement moral. Il serait très-dangereux de les abandonner à eux-mêmes ; il faut répandre parmi eux l'éducation et l'instruction religieuse : l'influence que prendront sur eux les pasteurs tournera tout entière à leur propre avantage et a celui de la société. Plus l'éducation sera répandue parmi eux, plus on sera fondé à espérer qu'ils apprécieront leur position. Les intérêts du propriétaire du sol et ceux de la culture, les intérêts du maître et ceux du cultivateur sont étroitement liés ; c'est des sentiments réciproques entre ces deux classes que dépendront surtout les résultats du grand changement qui vient à peine de s'opérer.

5.

SOCIÉTÉ

d'agriculture du nord d'Antigoa.

Dans l'assemblée tenue à Langfort, le 15 octobre 1841, les règlements suivants ont été adoptés : 1. La société aura un président, un vice-président, un trésorier, un secrétaire et des surveillants nommés au scrutin. La présence de trois de ces membres sera suffisante pour prendre des délibérations. 2. L'association a pour but d'encourager l'agriculture et d'exciter le zèle et l'industrie parmi les intéressés, en leur donnant occasion de discuter les moyens les plus propres à perfectionner la culture delà canne et la fabrication du sucre, ainsi qu'à obtenir les autres productions des tropiques avec le moins de bras possible, et en établissant un système de récompenses propre à aider à ce résultat. 3. La souscription de chacun des membres, propriétaire d'une plantation , sera de 10 dollars ; celle des propriétaires de second ordre et des économes, de 5 dollars; celle des géreurs, de a dollars. Le montant en sera payé le premier jour de janvier, à commencer de 1842. 4. Les réunions générales auront lieu les premiers lundi des mois de janvier, avril, juillet et octobre. Le président pourra convoquer une réunion extraordinaire, sur la demande de deux membres, en en donnant avis trois jours à l'avance. 5. L'amende infligée à celui qui aura manqué à une assemblée générale ou extraordinaire, sera d'un dollar ; faute de l'avoir payée dans les trois mois, le membre absent cessera de faire partie de la société, à moins qu'il n'ait été retenu par maladie ou pour un service public, ce dont il devra informer le président. 6. Aucun géreur ne pourra concourir pour un prix, s'il ne fait pas partie de la société; quant aux autres personnes, on n'admettra au concours que celles dont le maître sera sociétaire. 7. Les règlements ne pourront être changés qu'avec le consentement des deux tiers des membres de l'association. Ont été nommés aux fonctions suivantes, savoir : Président, M. G. Savage Martin. Vice-président, M. B. E. Jarvis. Trésorier, M. F. R. Ottley. Secrétaire, M. Samuel Bourne.

Des prix seront donnés aux géreurs qui auront fait la plus grande quantité et la meilleure qualité de sucre, élevé le plus grand nombre d'animaux, etc. ; Aux économes qui tiendront leurs livres de la manière la plus exacte et la plus claire ; Aux cultivateurs pour leur activité ; aux hommes de charrue pour le travail bien fait ; aux gardiens d'animaux pour leurs bons soins; aux mères qui auront beaucoup d'enfants occupés aux travaux de l'agriculture.

6.

SOCIÉTÉ

d'agriculture de l'ouest et du sud d'Antigoa.

Séance tenue à Buckley, le lundi 6 septembre 1841. Présents M. B. Daniel, E. Jarvis, G. Savage Martin, R. E. William, J. Athill, W. E. Ledeatt, Thomas Doyle, E. Bekett, S. Bourne, P. Austin, E. Lipscombe, J. J. Roden, J. Salmon, F. Watson, D. Cranstoun. Il a été unanimement résolu que l' échelle de travail suivante serait adoptée' :

ÉCHELLE DE TRAVAIL.

Pour lier et mettre en Lis les débris de cannes des champs qui ont produit deux boucauts au moins par acre » Pour rouler les débris hors des champs à rejetons, avant de faire des trous ou de labourer Pour mettre en état des outils neufs Pour creuser des trous de 3 1/2 pieds carrés et G pouces de profondeur, dans une terre labourée et sur un terrain plat Idem, sur les monticules où la terre est légère. Idem,où la terre a été en jachère et labourée. Pour refaire des trous sur une terre légère travaillée d'abord à la houe Idem, sur une terre dure, idem Idem, sur une terre labourée et relevée avec la charrue Sarclage ordinaire d'une terre en friche Idem plus épais idem Idem très-épais idem Pour mettre un plant en terre propre , mais à passer au râteau Idem deux plants idem Premier sarclage et remplacement de cannes. Sarclages suivants Idem de rejetons, pour remuer l'engrais et remplacer Pour jeter l' engrais dans un panier bien rempli, les tas étant placés à distances convenables Une personne peut piocher le terreau et charger huit charrettes dans un jour, pourvu que le poids de chaque charrette n'excède pas un tonneau Idem pour l'engrais

NOMBRE de travailleurs nécessaires pour faire la besogne d'une acre de terre par jour.

NOMBRE

de trous de 3 1/2 pieds carres que chaque travailleur peut faire en un jour.

5 1/2

666

1 1/3 3 1/2

2,666 1,015

23 2/3 19 19

150 187 187

10 12

355 300

10 6 9 12

355 592 395 300

5 7 7 6

711 508 508 592

5

711

300 paniers chaque personne.

"

Cette échelle est calculée pour assurer au cultivateur une rétribution raisonnable, et à la propriété une somme suffisante de travail. La tâche imposée à chaque cultivateur équivaudra à une journée depuis le lever jusqu'au coucher du soleil, moins une 1/2 heure pour déjeuner et 2 heures pour dîner. Le prix sera le même pour tous les cultivateurs et pour la même tache, sans égard à l' éloignement de leur domicile. Les salaires ne se payeront qu'en argent: on ne distribuera pas de rhum; mais les cultivateurs recevront une distribution de sucre qui n excédera pas un quart par semaine. Il n'y aura aucun chef d'atelier. Les hommes qui feront partie de l'atelier travailleront d'après les arrangements de la plantation, et pas autrement.

1

Il n est guère possible de comprendre comment la deuxième colonne de ce tableau se rattache à la première, mais j'ai dû la donner textuellement, telle qu'elle existe dans l'original.

II.

5

7


898 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. Le président nommera un comité permanent, dont chaque membre sera choisi parmi les personnes domiciliées dans chacune des divisions comprises dans les limites de la société. On est invité à faire connaître aux résidents les infractions qui pourraient être faites aux présents règlements; après enquête, le président sera requis, s'il y a lieu, de convoquer une assemblée générale. Signé R. E.WILLIAM, président.

7.

EXTRAIT

d'une dépêche du lieutenant-gouverneur sir Macphail à lord Stanley.

Maison du Gouvernement (Antigoa), 25 novembre 1841.

Je joins ici le détail de la répartition des fonds accordés par la législature, pour l'entretien des pauvres, pendant 1841.

SECOURS

PAROISSES.

île la législature.

liv. sch. cl.

ENTRETIEN

SOINS

des pauvres.

médicaux.

liv. sch. d.

liv. sch. d.

liv. sch. cl.

1,331

8

9

Sainte-Marie

123

6

0

140

0

0

15 0

0 1,346 16 11 1/4 0 155 0 0

Saint-Pierre

148 18

9

GO

0

0

25

0

85

0

Saint-Philippe

180

1

G

129

4

9

129

4

9

98 12

G

72

5

0

72

5

0

Saint-Jean

Saint-George Saint-Paul *

3G7 12 2,250

0

1,271 16 11 1/4

TOTAL.

75

0 0

0)

G 0

* Les renseignements ne donnent pas le détail des dépenses dans cette paroisse.

Les travaux publics en cours d'exécution sont en partie destinés

à l'enseignement et aux cultes. La libéralité de l'évêque en a prélevé les frais sur les fonds qui sont à sa disposition. On a pose, dans le village Augusta, les fondations d'une chapelle-école; le# administrateurs de la fondation Mico ont fait les frais d'une école normale centrale, qui coûtera, suivant l'estimation. 125,000 francs, parce que le terrain qu'on leur avait assigne n a pu leur être livré. La valeur totale des marchandises importées, sur lesquelles le# droits ont été perçus en vertu des actes du Parlement, s'élève, pour 1841, à 227,800 francs. Ce chiffre semblerait accuser une diminution sur les importations précédentes ; mais il ne faut pas perdre de vue qu'il arrive très-peu de navires d'Europe pendant la saison des ouragans , et que c'est à la fin de cette saison que ce relevé a été fait; c'est ordinairement en octobre, novembre et décembre que se font les importations les plus considérables. Les relevés de la trésorerie, d'après lesquels on peut se faire l'idee la plus juste de la valeur des marchandises anglaises qui ne payent pas les droits fixés par le Parlement, portent la somme de 4,043,600 francs, comme montant des expéditions qui ont acquitté les 2 1/2 p. 0/0 dans le courant de l'année. Ce chiffre est à peu près le même que celui de 1840. Les exportations de 1841 ont éprouvé une réduction sur celles de 1840; la cause en est dans la saison défavorable, et dans la baisse des prix sur les marchés de la métropole. Ces exportations ne se sont élevées qu'à 7,209,475 francs, ce qui donnerait une différence au moins de 2,839,325 francs. On est encore dans l'incertitude quant à la réussite de la récolte qui est sur pied. J'espère qu'elle surpassera de beaucoup celle de 1841, bien que les pluies n'aient pas été assez abondantes pour dissiper les inquiétudes des planteurs. Signé MACPHAIL.

N° 181. § VII. GUYANE ANGLAISE. 1.

PÉTITION

des propriétaires, géreurs et autres intéressés dans l'agriculture de la colonie. Juin 1841.

L'expérience de trois années, pendant lesquelles les soussignés ont pu juger du système de travail adopté depuis l'apprentissage, leur a donné la conviction que l'on a commis une grave erreur en continuant à laisser aux cultivateurs la jouissance gratuite de leur maison et de leur terrrain à provisions. Dans leur opinion, il est d'une grande importance de rendre les travailleurs indépendants de leurs maîtres, de manière à ce qu'ils ne puissent plus réclamer de ceux-ci que le montant de leurs journées. Plus tôt on pourra les abandonner à leurs propres ressources pour subvenir à leur logement, à leur nourriture et autres dépensés, mieux ce sera pour eux-mêmes, pour les planteurs et pour la société en général. Les soussignés sont persuadés que la classe laborieuse, déjà plus éclairée aujourd'hui, verrait elle-même ce changement avec une grande satisfaction. Afin qu il puisse s operer sans rien déranger dans l'économie des plantations, il serait nécessaire de prendre d'abord les mesures suivantes ; On assurerait, par une ordonnance, les droits réciproques des tenanciers et des propriétaires, afin que ceux-ci pussent aisément reprendre possession des maisons ou des terres dont les loyers ne leur seraient pas payés, et que les locataires fussent à l'abri d'une expulsion subite. On établirait pour règle que, pour mettre fin à une location, il faudrait prévenir, savoir ; pour une location à la semaine, une semaine à l'avance ; pour une location au mois, un mois auparavant; pour les locations à plus long terme, trois ou six mois auparavant. Les arrérages de plus de

deux termes ne seraient pas légalement exigibles; seulement le propriétaire pourrait exercer son droit sur les objets garnissant les lieux. Cette mesure n'aurait rien de préjudiciable pour personne, puisque les parties seraient libres de continuer d'après le système actuel ou de faire de nouveaux arrangements. D'un autre côté, elle aurait pour effet immédiat de rattacher culture beaucoup de travailleurs qui l'ont totalement ou en la à partie abandonnée depuis trois ans, et diminuerait ainsi la nécessité de l'immigration, dont les dépenses sont si lourdes pour le trésor. ' Suivent 44 signatures.

2.

COPIE

d'une dépêche du gouverneur Light à lord John Russell. Demerara, 1erjuin 1841.

J'ai l'honneur de vous faire connaître les nouveaux arrangements que j'ai pris au sujet des émigrants de Sierra-Leone, dont je vous ai annoncé l'arrivée le 25 mai. Je disais, dans ma dépêche, que le nombre des femmes n'était pas dans la proportion exigée par l'ordonnance, parce que les hommes avaient voulu connaître le pays avant d'y amener leurs familles. Il paraît que des bruits défavorables a la Guyane, répandus par les agents de la Trinité et de la Jamaïque, avaient été assez accrédités pour arrêter une partie des émigrants qui déjà s'étaient fait inscrire sur les listes d'embarquement. On disait que la neige, les glaces et la peste détruiraient tous les individus qui


ETUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841. — GUYANE. 899 viendraient dans ce pays. D fallut, en conséquence, consentir à embarquer, avec les émigrants, une douzaine d'hommes des villages des environs de Sierra-Leone, sous la promesse qu'on les ramènerait, pour qu'ils pussent rendre à leurs amis un compte fidèle du climat de la Guyane. L'empressement des propriétaires à s'assurer les services des Africains, et les menées dont on faisait usage pour les déterminer a choisir une propriété de préférence à une autre, m'obligèrent de veiller à qu'ils ne fussent pas d'abord logés sur des plantations malsaines ou éloignées de la résidence des magistrats salariés ; j'adressai à ce sujet une note aux membres de la cour de police, que j'avais provisoirement constitués en comité chargé de tout ce qui concerne l'émigration: ils m'indiquèrent les plantations le mieux situées, et j'en désignai plusieurs pour recevoir les arrivants. Le même jour, accompagné de l'agent général, je me rendis a bord du navire qui portait les émigrants; les ayant fait assembler, je m'adressai aux principaux d'entre eux, et leur fis connaître quelles étaient les plantations choisies pour les recevoir. Je leur déclarai qu'ils avaient toute liberté d'action, et que rien ne les obligeait à rester sur une propriété une heure de plus que cela ne leur conviendrait. J'ajoutai qu'ils pouvaient s'entendre entre eux pour se diviser à leur convenance, et que les magistrats salariés auraient soin qu'ils fussent bien traités. Enfin, je leur recommandai de ne pas essayer de doubler leurs salaires par un travail forcé, avant de s'être acclimatés pendant au moins trois mois. Ils suivirent sans hésitation mes conseils, et le lendemain malin on les débarqua pour les conduire sur les plantations. Il y avait parmi eux 2 5 Kroomen qui furent logés en ville; et, au bout de deux jours, tous avaient été engagés comme bateliers par divers agents de propriétés. Quoique séparés par détachements de 10, 15, et 20, les Africains sont établis très-près les uns des autres. D'après le rapport des magistrats salariés et de l'agent général, ils sont tellement satisfaits de leur condition, qu'ils ont résolu de faire venir leurs femmes et leurs enfants. Le navire qui les a amenés de SierraLeone mettra à la voile sous deux jours pour y retourner. L'agent de Madère écrit que les émigrants portugais qui sont revenus dans cette île, munis d'assez belles économies, ont fait naître parmi la population laborieuse un vif désir de se rendre en Guyane. Déjà 2,000 individus sont inscrits pour être envoyés par la première occasion; plusieurs autres milliers encore, qui ne trouvent pas d'ouvrage et meurent presque de faim, ne demandent pas mieux que de passer dans un pays où le travail est à si haut prix. Les Africains provenant du navire capturé le Dous-de-Fevereiro, à l'exception de cinq qui sont morts après le débarquement, jouissent d une parfaite santé. Ils sont depuis trois mois à la charge de la colonie et habitent le bâtiment que l'on avait préparé pour eux à New-Amsterdam. On fournit abondamment à leurs besoins en leur laissant toute liberté. J'attends que le receveur de Sa Majesté, qui a reçu la prise, me fasse officiellement la remise de ces Africains. Je les établirai alors avec les mêmes précautions dont j'ai usé pour les émigrants de Sierra-Leone. Note pour le comité d'émigration. Pour ce qui cencerne l'établissement des émigrants arrivés de Sierra-Leone, je recommande surtout : 1° Qu'on choisisse des plantations salubres , particulièrement celles qui sont voisines de la mer; 2° Qu on les place à proximité d'un lieu consacré à l'exercice du culte ; 3° Qu en prenant toutes les précautions nécessaires, quant à leur logement sur les propriétés, on les dissémine autant que possible dans la colonie, afin qu ils aient moins de facilité de perpétuer parmi eux les pratiques superstitieuses auxquelles ils seraient adonnés. II.

Je crois qu'il ne faudrait pas en placer plus de 20 sur chaque plantation. Je prie le comité de soumettre à mon approbation, en tenant compte des considérations qui précèdent, la liste des propriétés qu'il jugera devoir être recommandées de préférence aux Africains qui sont maintenant à bord de the Superior. Signé Henry

3.

LIGHT.

RAPPORT de l'agent général de l'immigration sur l'arrivée du navire the Superior, portant 199 cultivateurs libres de Sierra-Leone.

29 mai 1841. Lundi, ils de ce mois, est entré au port le navire the Saperior, de 412 tonneaux, venant de Londres par Sierra-Leone où il a reçu 199 émigrants libres, lesquels sont arrivés ici en bon état, après une traversée de 2 5 jours. Je me suis immédiatement rendu à bord ; j'ai visité l'entre-pont et examiné l'emplacement réservé aux passagers, ainsi que la quantité des vivres et de l'eau à leur usage. J'ai passé en revue chaque immigrant en particulier, et je déclare , à la louange de M. Kingston, subrécargue, et à celle de M. Clark, chirurgien, que rien ne peut surpasser la propreté et l'ordre que j'ai remarqués partout. Les immigrants m'ont paru bien portants et dans d'excellentes dispositions d'esprit. Le voyage s'est fait sans accident et sans que l' on ait perdu une seule personne ; il n'y a pas même eu un seul cas de maladie. Conformément aux instructions de Votre Excellence, relatives a la répartition des immigrants, on a acquiescé aux désirs qu'ils ont manifestés. Je n'ai pas permis que les familles fussent séparées, ni que l'on brisât les liens de parenté ou d'amitié en distribuant les logements. Pour assurer leur contentement et leur bienetre, j ai même fait en sorte, autant que possible, qu'ils restassent vis-à-vis les uns des autres, dans la même position qu'à SierraLeone; que les mêmes enfants reçussent l'instruction ensemble; que les familles conservassent leurs relations entre elles, et que tous pussent se rencontrer le dimanche dans les lieux du culte. Les paroles remplies de bonté que Votre Excellence leur a adressées à bord du navire ont captivé leur confiance; ils sont partis pour leur destination convaincus que, dans le choix des plantations, on n'a eu en vue que leur avantage et celui de leurs familles, et certains qu'ils seraient libres, s'ils ne s'y trouvaient pas bien, de se rendre partout ailleurs où ils croiraient être mieux. Quant à la disproportion numérique entre les sexes, toute considérable qu'elle soit, puisqu'il y a 149 hommes et seulement 5o femmes, les immigrants eux-mêmes l'expliquent d'une maniéré assez satisfaisante. Ils disent que les hommes qui sont arrivés seuls n'ont pas voulu amener leurs femmes et leurs enfants dans un pays étranger, avant de s'être assurés par eux-mêmes si leur sort y serait meilleur que chez eux ; et que, d'après la promesse qu on leur a faite qu'ils auraient la facilité de donner de leurs nouvelles par le retour de quelques-uns d'entre eux, ils attendent l'occasion de communiquer avec leurs familles, pour s'entendre sur ce qu'ils veulent faire. Cette explication ne concerne pas les Kroomen, qui jamais n emmenent leurs femmes hors de chez eux. En déduisant les 25 Kroomen, le nombre d'hommes cité plus haut se réduit à 124. Je n ai pas manqué de faire sentir, aux personnes sous la protection desquelles les immigrants se trouvent placés, la nécessité de veiller à leur bien-être, d'empêcher qu'ils ne fassent excès de travail ou ne s'exposent trop au soleil, etc. ; mes recommandations ont été partout bien accueillies. Signé James HACKETT, agent général.

57.


900 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. 4.

LETTRE

de l'agent général de l'immigration au gouverneur. 5 juillet

du nombre d'immigrants introduits dans la Guyane anglaise, du 18 février au 13 juin 1841.

RELEVÉ

Des îles (les Indes occidentales.. De Sierra-Leone.

941 y compris 161 enfants au-dessous de 14 ans. 142 199 4o

De Rio-Janeiro..

160

82

1,663

425

De Madère

TOTAL

363

Immigrants du sexe masculin du sexe féminin TOTAL ÉGAL

COPIE

1841.

Je joins ici le relevé des immigrants débarqués dans celle colonie, du 18 février au 3o juin dernier,période pendant laquelle a été exécutée l'ordonnance n° 4, rendue pour régler et encourager l'immigration dans la Guyane anglaise. Dans le court espace de 4 mois à peu près, 1,700 individus cultivateurs, ouvriers divers, domestiques et enfants, sont venus grossir notre population, et cela au commencement d'un système encore imparfait. Si l'on pourvoit aux moyens de le continuer, on est donc fondé à penser, que, avant qu'il soit peu, la colonie aura reçu autant de monde qu'elle peut en avoir besoin. L'immigration augmente à mesure que se répand la connaissance des avantages qu'offre le pays et de la protection accordée aux cultivateurs et à leurs familles. Il est vrai de dire que, jusqu' à présent, il ne s'est fait aucune contravention à la loi qui ait pu y porter obstacle, ni obliger à recourir à Votre Excellence ou aux autorités. J'en excepte toutefois l'affaire du schooner américain le Rienzi, dont Votre Excellence a eu connaissance, et qui a été jugée par une cour de justice. On n'a eu à constater ni mort ni maladies pendant le passage des immigrants ou à leur arrivée; on n'a rien trouvé à reprendre ni aux dispositions faites pour les loger à bord, ni aux provisions destinées à leur usage. A leur débarquement, je les ai presque toujours vus gais et contents de leur réception et de l'aspect du pays. Cette expression de satisfaction a surtout été remarquable chez les Portugais de Madère. Ils se mettent presque tous à danser dès que le navire jette l'ancre, et il n'est pas rare de les voir embrasser, en les quittant, les matelots pour les remercier de les avoir amenés à bon port. En arrivant au dépôt, ils accordent leurs guitares, et alors commence une danse générale qui dure plusieurs heures. Tous les immigrants sont convenablement placés. La plus grande partie habite les environs de George-Town. M. James, riche propriétaire de la plantation Houston, a pris chez lui ceux qui ont été amenés par les derniers navires. Ils sont au nombre de 81, y compris les femmes et les enfants. Lorsque je les ai vus depuis, ils m'ont dit qu'ils étaient heureux de leur nouvelle condition. Parmi les immigrants des îles des Indes occidentales, il y a moins de femmes que d'hommes ; cette différence s'explique, comme je l'ai dit, par le désir des chefs de famille de voir d'abord le pays par eux-mêmes. Chaque jour on voit arriver des femmes et des enfants qui viennent rejoindre leurs maris et leurs pères, sur l'invitation qu'ils en ont reçue; et, à chaque instant des hommes qui sont arrivés seuls viennent me demander l'autorisation d'aller chercher leurs familles. Signé James HACKETT.

5.

6.

1,075 588 1,663

d'une dépêche du gouverneur Light à lord John Russell. Demerara, 6 juillet 1841.

Dans une lettre de l'agent général de l'immigration, il est fait allusion à l'affaire du schooner américain le Rienzi ; c'est le premier navire qui soit venu ici portant des émigrants de Madère. Le capitaine et les cinq hommes composant son équipage étaient Américains des Etats-Unis. Il paraît que, peu de jours après avoir quitté Madère, un chien, appartenant au capitaine, mordit un des Portugais. Une dispute s éleva, et les parties s'adressèrent des injures, chacun dans leur langage; de sorte qu'ils ne pouvaient s'entendre. Le capitaine, clans sa frayeur, interpréta les gestes du Portugais en menaces contre lui-même et contre son équipage. Le chien avant été jeté à la mer pendant la nuit, il s'ensuivit une nouvelle querelle qui augmenta encore les craintes. Le capitaine saisit, en conséquence, le moment où tous les Portugais se trouvaient réunis dans l'entre-pont, et les y lit enfermer. Pendant le reste du voyage, qui dura encore 1- à 18 jours, il ne leur permit de monter sur le pont que deux a la fois"; heureusement qu'il n'en résulta aucun mal. Les émigrants arrivèrent tous en bonne santé, bien qu'ils eussent été fort mal à l'aise pendant leur captivité. Une enquête fut faite, l'affaire fut portée devant la cour criminelle inférieure de George-Town, présidée par le haut shérif. Le capitaine fut condamné à 100 dollars d'amende et à 14 jours de prison. Cette peine, les frais de justice, et les dépenses dans le port, calculées à 40 ou 5o dollars par jour, ont semblé une punition assez sévère. On avait sollicité de moi la remise d'une partie de l'emprisonnement; j'ai refusé. Les Portugais se sont trouvés satisfaits, et je crois que la vindicte publique a dû l'être aussi. Signé Henry

7.

RAPPORT

LIGHT.

de M. Beresford, chirurgien de l'asile général et de l'hôpital de Berbice. Berbice, 14 juillet 1841.

J ai l' honneur de vous adresser mon rapport sur l'état des Africains capturés admis dernièrement à l'hôpital de cette ville. Ils étaient d abord au nombre de 31 ; 4 femmes, dont la maladie était très-avancée, sont mortes 36 heures après leur débarquement. 17 de ces individus ont été soumis à un traitement: 5 sont morts d'hydropisie, une femme est atteinte de la dyssenterie, et deux autres malades souffrent d'une grave affection do poitrine. Les autres, qui avaient été admis pour débilité générale ou pour celle disposition scorbutique qui accompagne presque toujours l'hydropisie, sont sortis guéris et ont été envoyés, le 24 mai, 10 jours après leur admission, au dépôt delà plantation Overwinning. 34 ou 35 Africains sont encore entrés à l'hôpital après ceux dont je viens de parler; 3 sont atteints d'hydropisie. 6 de fièvre, 3 de pleurésie, 1 d'inflamation des poumons, 1 de convulsions, 1 de diabètes, 3 de diarrhée, 1 d'une inflammation avec ulcère à l'oeil, 1 de rhumatisme, 3 de douleurs d'oreilles, 9 de gale, et, le surplus, de maux qu'ils n'ont pu expliquer. De ceux-ci aucun n'est mort; tous ont reçu les plus grands soins de la part des personnes chargées de veiller à leurs besoins. En examinant les symptômes qui se sont manifestés dans les cas d'hydropisie, chez les sujets qui ont succombé, et l'aspect de leurs corps après le décès, on s'étonne qu'ils ne soient pas morts plus tôt. L'estomac et l'abdomen étaient remplis de liquides ; les organes intérieurs étaient désorganisés au point de ne plus être


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841. — GUYANE méconnaissables ; ici un poumon était affaisé : là il manquait totalement; ailleurs ce double organe paraissait affecté de manière a ne pouvoir plus servir à la respiration ; l'abdomen et l'estomac présentaient, en outre, les traces d'une inflammation antérieure qui aurait seule suffi pour détruire la vie. Le cœur s'est partout trouve baigné dans le liquide, et, dans presque tous les sujets, l'estomac n'avait plus que le tiers ou même le quart de son volume n aturel, ce qui prouve combien les malheureux avaient dû souffrir de la faim. Je suis entré dans ces détails, afin qu'on ne puisse tirer de cette mortalité aucune conséquence contre le plan d'immigration a la Guyanne anglaise, qui a si heureusement réussi jusqu'à présent. Aucun Africain n'a succombé à une maladie contractée ici; c étaient des affections anciennes et devenues incurables qui ont causé la mort. Dans les cas même où il y a eu guérison, les médicaments administrés à des doses qui, dans des circonstances ordinaires, auraient pu avoir un résultat fâcheux, ont seulement prouvé, par leur peu d'action, l'état de désordre et de torpeur du système vital; mais une diète et des soins convenables ont bientôt facilité l'action des remèdes qui ont été ensuite employés.

8.

de la tournée faite par le magistrat salarié W. B. Wolseley, les 28, 29, 30 et 31 juillet.

JOURNAL

Demerara, 3 août 1841.

Le mercredi, a8 courant, j' ai quitte George-Town pour visiter les deux rives de la rivière Demerara, jusqu'aux dernières plantalions accessibles par terre , et les côtes de l'ouest jusqu'à Greenwich-Park, propriété la plus reculée de ce côté. Le géreur de la Pénitence ne s'y trouvant pas, je me rendais à Ruimveld, lorsque je rencontrai le directeur qui se rendait à la ville. J'ai été plus heureux à Houston, où j'ai reçu tous les renseignements dont j'avais besoin. Cette plantation, la plus belle, sans contredit, de la Guyane anglaise, a été achetée, il y a deux ans environ, par le propriétaire actuel, pour la somme de 1,050,000 francs. 11 a fait encore depuis de telles dépenses pour l'améliorer et la réparer que je ne puis m'empêcher de partager les craintes qu'il a conçues, et qui seront justifiées si l'immigration, de laquelle dépend le salut ou la perte de notre belle colonie, vient à cesser. Afin de ne rien épargner pour s'attacher des cultivateurs, il a dépensé plus de 150,000 francs pour construire des cases destinées à les loger. Il a élevé pour eux une chapelle desservie par un ministre de leur choix, et, en outre, il donne 5,ooo francs par an à un instituteur pour l'éducation des enfants. Cette plantation a 5oo acres environ de terres cultivées en cannes, dont on n'espère pas cette année plus de 5oo à 55o boucauts de sucre. La récolle dernière a été de 5g5 boucauts. On en obtiendrait facilement 1,000, en 1842, si l'on avait assez de monde. Dans le mois de juin il y avait, présents à la paye, 462 travailleurs, dont 432 créoles et 3o Barbadiens. Ce mois-ci il a reçu des familles d'émigrants de Madère, au nombre de 160 individus, sur lesquels 100 sont déjà au travail et gagneront, pour les premiers 3o jours, de 10 à 15 dollars. Leur conduite est généralement bonne. Ils n'ont éprouvé que quelques légères indispositions. Le taux des salaires est de 5 fr. 20 cent, pour couper 500 pieds cubes de cannes ; c'est une tâche qu'un homme seul a souvent terminée à midi ou une heure; mais d'ordinaire on en emploie deux à raison de 2 fr. 60 cent., et ils ont fini à 11 heures. Le sarclage se paye 1 fr. 70 cent, pour un rang de 75 perches de cannes ; dans les fortes terres on accorde quelque chose eu plus. Les chauffeurs et autres ouvriers occupés à la fabrication ont 18 fr. 20 cent, par semaine; la paye se fait tous les 15 jours. Le montant total des salaires a été, pour un mois, de 15,625 francs, et pour le semestre de g4,65o francs. Aucune partie de cette propre té n a été vendue aux cultivateurs, qui ont acheté des terrains II.

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ailleurs ; il ne s'y trouve plus aujourd'hui que la moitié des apprentis qui y travaillaient autrefois. En allant à Houston, j'avais surtout pour but de voir deux cultivateurs qui, du temps de l'apprentissage, avaient laissé en dépôt une portion du prix évalué de leurs services, afin d'acheter leur affranchissement. Je voulais les informer qu'ils pouvaient rentrer dans leurs fonds, puisque l'émancipation générale les avait rendus libres. On m'apprit que l'un de ces deux hommes était mort, et que l'autre habitait la plantatation voisine, Eccles, où les deux familles sont à présent établies. De Houston j allai à Eccles : je vis les familles des individus en question, et leur fixai un jour pour venir recevoir leur argent à la ville. Celle propriété, sous le rapport des avantages qu elle offre aux cultivateurs, n'est surpassée par aucune autre de la colonie. Sa culture est limité à 260 acres de café et de bananes. Cependant 20 acres ont été depuis peu plantées en cannes, et, si rien ne contrarie l'émigration, Eccles pourra devenir une des propriétés les plus productives de l' île. Son peu d'éloignement de George-Town, soit par terre, soit par mer, en rend le séjour trèsattrayant, et la libéralité bien connue de son propriétaire lui assurera, suivant toute probabilité, un nombre suffisant. de travailleurs. La récolte en café de cette année, bien que très-inférieure a ce que la plantation aurait pu produire, sera encore plus du triple de celle de 1840. Le prix ordinaire, pour cueillir un panier decafé de 12 liv. net, est d'environ 2 fr. 10 cent. Le nombre des cultivateurs portés sur le livre de paye est de 5o, et les salaires, en raison des grands frais qu'ont exigé le creusement des tranchées et la préparation d'anciens champs abandonnés, se sont éleves à environ 600 dollars par mois. Il ne s'est fait, ni ici ni dans le voisinage, aucune vente de terres qui ait pu mettre les cultivateurs à même de s'établir pour leur compte. Quelquesuns ont acheté des lots de terrains abandonnés, situés plus haut sur la rivière, et continuent à travailler sur la plantation ; de sorte que, jusqu a l' achèvement complet de leurs nouveaux domiciles, ils s assurent, sans frais, une demeure agréable, les soins d'un médecin en cas de maladie, et des provisions autant qu'ils en peuvent cultiver. Je quittai Eccles pour visiter Peter's Hall, plantation vendue, il y a trois mois, par autorité de justice, pour la somme de 588,425 francs. On s'étonnait depuis longtemps que les cultivateurs de cette propriété, qui auraient pu avoir de jolies cases sur toutes les plantations voisines, continuassent à vivre, presque sans exception, clans les huttes qu'ils occupaient comme apprentis, et auxquelles la position du propriétaire ne permettait pas de faire faire des réparations; c'est une preuve bien évidente de l'attachement qu'ils ont pour les lieux où ils sont nés. Les nouveaux propriétaires font construire des cases très-convenables, et l' ou peut croire que leur prospérité sera proportionnée aux améliorations qu'ils introduiront chez eux. La récolle de 1840 a été de 120 boucauts de sucre; celle qu'on fait en ce moment n'ira pas à plus de 100, mais ici, et partout ailleurs, 011 aie plus grand espoir dans l'avenir. Je considère comme un heureux présage, pour l'avenir de Peter's-Hall, l'influence que possède sur les travailleurs le ministre dont l'église et l' école sont voisines. Le salaire est aussi élevé que sur les autres plantations ; et, bien que la feuille de paye ne mentionne à présent que 80 noms, on est fondé à croire que, lorsque de nouvelles cases seront terminées, les émigrants ne feront aucune difficulté de venir s'y établir. En quittant Peter s-Hall, je me suis rendu à la Providence. Cette plantation a 280 acres cultivées en cannes , et d'excellentes cases où il reste encore de la place pour 3o cultivateurs. Elle est à proximité de la ville , et il est étonnant que des émigrants ne soient pas encore venus s'y établir. En 1840, elle a récollé 210 boucauts de sucre. Cette année, le travail n'ayant pas été régulier, elle ne fera pas plus de 170 boucauls. Le salaire est le même qu'à Houston ; on y compte 200 travailleurs qui gagnent 57..


902 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. —IIe PARTIE. par mois 1,200 dollars. On ne leur a vendu aucune portion des terres de la plantation ; mais plusieurs d'entre eux en ont acheté ailleurs, entre autres le contre-maître, qui, après avoir payé sa liberté, s'est rendu, moyennant g5o francs, propriétaire de 62 acres 1/2 vis-à-vis Sand-Hills. Plusieurs familles ont quitté la plantation pour s'établir sur des terrains qu'elles ont loués à 4o milles de là, en remontant la rive gauche de la rivière. Hustelling est une plantation dirigée gratuitement, depuis quelques années, par le trésorier colonial, qui n'a négligé aucun soin pour améliorer la condition de ses travailleurs. Il s'y trouve une chapelle et une école : l'instituteur est payé par le directeur; le ministre célèbre le service divin aussisouvent que son temps le lui permet. On espère tirer, des 220 acres cultivées en cannes, environ 250 boucauts de sucre; c'est 51 boucauts de moins que la récolle dernière. Toutefois ce déficit est plutôt l'effet de circonstances éventuelles, que l'indication d'une diminution à craindre dans les récoltes prochaines. Cette plantation occupe 180 travailleurs, dont le salaire s'élève à 1,200 dollars par mois. Partout où les propriétés se trouvent aussi rapprochées qu'elles le sont sur ce côté delà rivière, et où elles ont autant de facilité pour réunir des travailleurs, on ne peut compter sur une grande variation dans le taux des salaires; je me bornerai donc, pour éviter les répétitions, à les indiquer en tableau à la fin de ce journal. Après avoir quitté Ilustelling, j'allai à la ferme où, n'ayant pas rencontré le géreur, je ne m'arrêtai pas. Je continuai ma route jusqu'à Covent-Garden, plantation à café. La culture consiste en 130 acres de café et de bananes. La récolte de 1840 a été de 4,295 liv. de café, et de 32,000 régimes de bananes ; on espère recueillir cette année 3o,ooo liv. de café et 3o,ooo régimes. La valeur de ce dernier produit peut être calculée à 50,000 fr. environ, celle du café varie suivant les prix du marché. Comme le propriétaire dirige lui-même son exploitation, et que le travail n'en est pas pénible, je crois que Covent-Garden serait une des résidences les plus convenables pour les émigrants européens. A Little-Diamond, depuis trois ans, les produits se sont successivement accrus. En 1839, cette propriété récolta 64 boucauts de sucre; en 1840, elle en fit 100, et cette année le géreur compte sur 130. On y cultive en cannes environ 147 acres. On n'a disposé d'aucune portion de terres en faveur des travailleurs, qui ont été forcés d'en chercher ailleurs. Quelques-uns se sont établis à Craig, village assez près d'ici; d'autres ont acheté des lots d'une plantation abandonnée, appelée Supply, à deux milles au-dessus de Garden-of-Eden; cependant ils continuent à travailler pour la propriété de Little-Diamond. Le propriétaire de Great-Diamond ne se trouvant pas chez lui, je me rendis à Craig-Village. C'est le seul établissement de cultivateurs-fermiers que l'on puisse rencontrer entre George-Town et Garden-of-Eden. Ce village a beaucoup augmenté depuis trois ans; il consiste aujourd'hui en 70 maisons d'habitation, une chapelle de l'Eglise anglicane, une autre appartenant à la société des frères de Plymouth, deux écoles dépendantes de ces chapelles, et une belle boutique de droguerie. —Il y réside un ministre anglican, dont la présence ne peut qu'être précieuse aux habitants, pour aplanir les petites difficultés qui surviendraient entre eux. 11 n'y a pas lieu de faire l' éloge de l' aspect général du village; les maisons manquent de propreté, et les jardins sont mal cultivés; cependant on ne peut nier que tout n'aille en s'améliorant. Il reste beaucoup de travaux à y faire pour défricher les terres, faire des tranchées, planter des provisions, abattre du bois pour construire des maisons, faire des cuisines, des enclos à porcs, des entourages de champs , etc. Je n'ai pas remarqué que ces occupations nuisissent en rien au travail des plantations à sucre, parce que les petits fermiers font ordinairement dès le matin, pour les propriétaires rapprochés d'eux, ce qu'on appelle ici une journée , pour laquelle il reçoivent 10 fr. 4o par semaine : dans l'aprèsmidi ils travaillent sur leurs propres terres. Il est vrai que le

produit de leurs fermes serait aujourd'hui insuffisant pour soutenir le nouveau genre de vie qu'ils ont adopté, c'est-à-dire pour fournir aux dépenses d'habillement, aux achats de meubles et aux frais de leur table , qui ne le cède guère à celle des Européens. La plantation Friendship se soutient dans un état qui n'a rien de brillant. Les émigrants que nous avons reçus jusqu'à présent ont donné la préférence aux localités plus rapprochées et d'un aspect plus gai. D'un autre côté, bon nombre de ses travailleurs ont acheté des terres , souvent à une trop grande dislance, pour qu ils pussent continuer leur travail sur la plantation; de sorte que sa situation n'est pas très-prospère. Toutefois on n'y néglige rien, et la récolte de celte année promet d'égaler celle de 1840, qui, pour 150 acres de cannes, a donné 126 boucauts de sucre. Garden-of-Eden est la dernière plantation à sucre de ce coude la rivière. On peut dire que c'est là que se termine la grande route.La récolte de celte propriété, en 1840, a été de 88 boucauls de sucre, celle de cette année en a déjà rendu 36 ; mais il est difficile de savoir comment on tirera parti de ce qui reste de cannes sur pied, parce que l'usine, qui était depuis longtemps en dégradation, vient d'être abattue pour être reconstruite. Aucun émigrant n'a encore essayé de celte partie éloignée de la colonie, bien que les salaires, les terres à provisions, et les cases vaillent ici autant que partout ailleurs. Il faudra réparer les roules et rendre l' accès des églises , des chapelles et du marché plus facile, avant que l'immigration se fasse sentir jusqu'ici. Immédiatement au-dessus de Garden-of-Eden, dans une position qui n est accessible que par eau, sont situées les plantations abandonnées dites the Brickery et the Supply, dont un certain nombre de cultivateurs ont acheté des portions de terres. Ils y ont construit de 5o à 100 maisons, et l'on m'a dit que le samedi et le dimanche, quand tous les habitants sont réunis, on n'en compte pas moins de 200. N'ayant pas de bateau à ma disposition, je n'ai pu m'assurer par moi-même de ce fait; cependant je sais que dans la première île de la rivière, en face the Brickery, on a souvent employé à la fois jusqu'à 40 cultivateurs de ces deux endroits. Cette île est aujourd'hui une belle propriété, d'une étendue de 5o acres environ. On y cultive les bananes; la végétation en est luxuriante. Voici quels sont les salaires payés aux cultivateurs de ce cote de la riviere: pour couper la charge d'un bateau de cannes, ou 5oo pieds cubes, on donne 5 fr. 20 cent., qui sont partagés entre les deux hommes que l' on emploie à celte lâche ; le sarclage varie de 1 fr. 70 cent, à 2 fr. 10 cent, pour un rang de 75 perches. Les chauffeurs, et autres ouvriers occupés à la fabrication, reçoivent jusqu'à 3 fr. et un repas à midi; mais ils commencent au lever du soleil et ne quittent qu'à son coucher. La tâche pour couper et sarcler les cannes est ordinairement terminée à midi; il n'est pas rare que des femmes, aussi bien que des hommes, en fassent deux par jour. Les travailleurs les moins utiles terminent invariablement leur semaine le vendredi dans l'après-midi, et se réservent le samedi. Jeudi 29 juillet. Aujourd'hui, j'ai traversé la rivière pour gagner la rive occidentale. Je me suis d'abord rendu à Klein-Poudroyen, l'une des premières plantations à café delà colonie. On n'y fera cette année qu'une faible récolte, par suite des pluies qui sont tombées pendant la floraison. Ou avait recueilli, en 1840, 42,362 liv. ; on ne compte pas aujourd'hui sur plus de 20,000 liv. Le salaire, pour la cueille du café, est de 1 fr.70 cent, à 2 fr. 10 cent, le panier, pesant go liv. brut, et environ 12 liv. net. Pour le sarclage, il est proportionné à l'état des champs. L'étendue des terres cultivées en café et en bananes est de 420 acres, et le nombre des cultivateurs de 133. Le total des salaires du mois s'élève à 750 dollars. C est sur cette plantation qu'est le dépôt où les émigrants sont reçus à leur arrivée; ils y restent à peine quelques heures, tant


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841.— GUYANE. 903 est grand le besoin de travailleurs. Le bâtiment destiné à leur usage est vaste, bien aéré et bien entretenu sous tous les rapports. Good-Fortune, autre plantation à café , n'est pas aussi étendue. Ici la récolte dernière a été de 21,339 liv. ; mais, par la même cause qui a exercé son influence à Poudroyen, on n'espère pas recueillir cette année plus de 10,000 liv. Il y a environ 140 acres de plants de café, et 10 acres de champs de cannes. Les 60 travailleurs présents à la paye coûtent par mois 34o dollars. L'église et l' école de la paroisse ne sont qu'à une petite distance; il y a sur une propriété voisine une école qui est encore plus rapprochée. La plantation n'a pas reçu d'immigrants, bien qu'elle soit à même d'en loger, bien convenablement, 10 ou 15. A Scboonord il s'est établi environ 108 émigrants de Madère, dont 57 adultes et 51 enfants. J'en ai vu 40 au travail ; ils gagnent autant que les autres cultivateurs. Il ne s'est manifesté parmi eux que quelques cas de dyssenterie, occasionnés par le voyage ; les malades sont en voie de guérison. La même plantation a aussi, depuis un mois, 20 Barbadiens. Tous ces émigrants travaillent bien. Les logements des cultivateurs sont très-convenables. On a récolté, en 1840, 220 boucauts de sucre; cette année on espère en faire 3oo. Sur 250 travailleurs effectifs, 190 sont de la colonie , et 60 sont immigrants. Les salaires se payent à raison de a fr. 60 cent, par chacun des deux hommes employés à couper aoo pieds cubes de cannes, tâche qu'ils ont terminée dès 11 heures ou midi, et de 1 fr. 70 cent, pour le sarclage de 60 perches de cannes. Les chauffeurs reçoivent 2 fr. 60 cent, par jour. La paye se fait par mois, ou plus souvent, si les travailleurs le désirent ; elle monte d'ordinaire à 1,200 ou 1,300 dollars par mois. L'étendue des champs cultivés en cannes est de 280 acres environ. La récolte de la Grange, pour cette année, sera, d'après les apparences, la même que les années dernières, c'est-à-dire de 152 boucauts de sucre. Les cultivateurs de cette plantation, qui sont au nombre de 160, sont tous nés dans la colonie, à l'exception de 5, qui sont venus d'Anguille, et qui sont établis ici depuis 1838. Les salaires payés par mois, s'élèvent en général à 900 dollars ; il y a 234 acres de terre en champs de cannes. A la fin de mon journal je donnerai un aperçu des salaires, comme je me suis proposé de le faire pour la rive orientale. La plantation Nismes recherche des travailleurs pour lesquels on prépare des logements. Elle a 140 acres de cannes en culture. On a récolté, en 1840, 250 boucauts de sucre; on n'en fera cette année que 165, parce que le temps n'a pas clé favorable aux jeunes plants, et que 3o cultivateurs environ ont porté leur travail ailleurs. Il n'en reste plus que 90, dont les salaires, pour un mois, s'élèvent à peu près à 700 dollars. Le premier établissement de cultivateurs que l'on rencontre sur celte rive après avoir quitté Nismes , a été formé sur une propriété appelée Toevlust. On a détaché de cette plantation 8 lots de terrain d'un quart d'acre à une demi-acre chacun, qui ont été vendus au taux de 1,525 francs l'acre. Trois cases s'élèvent déjà sur cet emplacement. Sur la propriété la Retraite, plusieurs lots de terre ont été cédés aux cultivateurs ; l'année dernière, il en a été vendu de 6 à 8 acres au prix de 1,52 5 francs l'acre. On y a construit de très-jolies cases. Celle année, 24 lots, d'une demi-acre chacun, ont été achetés à 225 francs seulement par acre. Plusieurs maisons y sont en construction. Tous ces petits établissements partiels, très - rapprochés les uns des autres, forment un village; mais il n'a pas encore reçu de nom. Leur voisinage de l'église paroissiale leur donne un certain degré d'importance. Non loin de là est un canal sur le bord duquel on voit une plantation abandonnée, appelée Middlesex, qui a été achetée l'an dernier par l' un des noirs les plus considérés de la propriété Wales, pour la somme de 57,275 francs, payable en 5 ans. L'acquéreur a versé 3,000 dollars en prenant possession. Au moment de la vente, 100 acres environ étaient plantés en cafiers d'assez belle apparence; mais le nouveau propriétaire m'a dit que la difficulté IL

de se procurer des travailleurs et le taux excessif des salaires l'avaient empêché de s'occuper de la culture; il s'était borné à charger quelques vieux noirs de veiller sur sa propriété, et à en disposer une petite partie pour recevoir des bananes et des provisions. Excepté quelques huttes pour les gardiens, il ne s'y trouve qu'un vieux corps de logis destiné peut-être à servir de chapelle ou d'école. L'acquéreur en question est le respectable maître d'école de Wales, à qui le gouverneur a offert, il y a deux ans, une Bible, en récompense des soins qu'il donnait à ses élèves. Il continue toujours ses travaux comme contre-maître pendant la première partie de la journée, et comme maître d'école dans l'après-midi, afin de pouvoir amasser le reste du prix de son acquisition et quelques avances pour la mettre en rapport. Sur le côté opposé du canal, deux autres plantations abandonnées ont également été achetées par des cultivateurs: l'une, BonSéjour, pour 10,400 francs, et la Ressource pour 1,900 francs. Presque rien n'y a été fait jusqu'à présent, soit en culture, soit en construction, bien que beaucoup de huttes soient répandues sur leur surface, et qu'elles soient habitées, dit-on, par une centaine de cultivateurs. A la plantation Belle-Vue, j'ai eu occasion de voir les Coulis. Le médecin se trouvait présent ; tous ceux qui étaient inscrits sur sa liste étaient réunis à l'hôpital ; mais, à l'exception d'un seul, qui était attaqué de consomption, aucun d'entre eux ne me paraissait malade : trois ou quatre avaient des coupures ou des contusions, quelques-uns des rhumatismes, et les autres n'offraient aucun symptôme d'affection maladive. Depuis deux ans, il n'en est mort aucun, excepté un enfant. On m'a rapporté qu'ils vivaient avec des négresses, sans que toutefois il en soit résulté de progéniture. Ils sont sur celte plantation au nombre de 58, dont 2 femmes. Sur ce nombre, il y a de 20 à 3o travailleurs effectifs, sur lesquels 13 ont demandé à recevoir le même salaire que les cultivateurs de la colonie ; les autres préfèrent s'en tenir aux termes de leur engagement. Ils paraissent désirer de gagner de l' argent et de le mettre en réserve. Deux ou trois ont déposé 3oo dollars d épargnes entre les mains du géreur, et l'on en sait plusieurs qui ont caché dans leurs cases des économies sur lesquelles veille un gardien pendant les heures de travail. Leurs terrains a provisions sont aussi bien entretenus que ceux des autres cultivateurs. Le géreur doute que les plus jeunes des Coulis soient disposés à retourner à Calcutta, à la fin de leur engagement. Plusieurs d'entre eux ont pris des informations sur des terres qui sont en vente dans le voisinage; mais ils n'en ont pas acheté. La récolte de Belle-Vue a produit, en 1840, 200 boucauts de sucre; celle de cette année, suivant les prévisions, ne dépassera pas 180. Les terres plantées en cannes sont d'une étendue de 170 acres. Les 86 travailleurs que I on y compte gagnent, par mois, environ 700 dollars. Sur la plantation VVales j'ai vu un autre détachement de Coulis, qui sont venus volontairement de Vreed-en-Hoop le 8 mars dernier; ils montrent assez d'assiduité au travail. 11 n'y a eu parmi eux que peu de maladies et une seule mort, celle d'un vieillard de 60 ans, déjà atteint, avant son arrivée, de l'affection à laquelle il a succombé. L'un de ces Coulis a été marié à une négresse par le ministre presbytérien de la paroisse; c'est le seul exemple d'une semblable union légalement célébrée. Le nombre total de ces immigrants est de 49 hommes, 2 femmes et 3 enfants. Sept ou 8 travaillent pour le salaire ordinaire, le reste a préféré recevoir la nourriture, le vêtement, etc., suivant les conventions qu ils ont faites. Au surplus, ils sont libres de choisir. En 1840, on a récollé 253 boucauts de sucre; cette année on en fera environ 265. La culture des cannes occupe 244 acres de terrain et 146 travailleurs, non compris les Coulis. Les salaires du mois vont jusqu'à 800 dollars. Patientia. — Au delà de la crique de Hobaboe est un petit endroit cultivé en bananes, dont 37 acres ont dernièrement été achetées par des cultivateurs du voisinage, moyennant 42,325 fr. 57...


904 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. Les acheteurs ostensibles ne sont qu'au nombre de 8; mais on ne sait pas exactement combien il y a d'intéressés réels. Presque tout le terrain était couvert de bananes au moment de la vente; depuis, la culture a été bien négligée. On n'a encore construit qu une seule maison ; on en élève une seconde. V riesland, l'une des plus belles, sinon la plus belle plantation ne ce côté de la rivière, n'a pas cessé d'être bien cultivée, et cela sans le secours des immigrants. Les cultivateurs qu'elle emploie sont depuis longtemps accoutumés à un traitement plus qu'ordinaire; ils continuent de travailler à la satisfaction du géreur, bien que plusieurs aient acheté des terres dans le voisinage et même assez loin en remontant la rivière. On espère obtenir celte année une récolte égale à la dernière, qui a été de 36o boucauts de sucre. Les travailleurs, au nombre de 170, gagnent ensemble 1,000 dollars par mois; leurs cases sont fort bonnes. On pourrait recevoir encore 10 familles de plus. La plantation qui portait autrefois le nom de Milmount a été abandonnée depuis plusieurs années. Elle est aujoud'hui connue, comme village, sous le nom de Free-and-Easy. Ce village renferme 25 cases qui appartiennent à d'anciens apprentis, et 2 ou 3 maisons servant de résidence à d'autres personnes. On s'occupe de finir une petite chapelle-école, à laquelle est attaché un instituteur dissident qui possède un terrain du prix de 675 francs. En général, les lots ont été vendus par 2 acres et demie, à raison de 3o francs l'acre, mais je ne saurais dire exactement combien il en a été acheté. On prétend qu'au moins 3oo personnes sont établies sur ce point, et qu'en conséquence les plantations voi-

à construire ou à arranger leurs maisons, et à mettre leurs ter rains en culture. Les femmes et les enfants sont presque toujours sédentaires. On peut donc en conclure, et cela est du reste notoire , que les cultivateurs qui s'établissent sont les plus industrieux et les plus intelligents : c'est d'un heureux présage pour la prospérité des nouveaux villages. Les salaires sont d'un dollar pour le transport de 5oo pieds cubes de cannes, travail auquel on emploie deux hommes ; de 1 fr. 70 cent, pour le sarclage d'un rang de 75 perches de cannes. Les ouvriers employés à la fabrication reçoivent un demi-dollar, indépendamment d'un repas à midi. De Vriesland, où j'étais revenu en quittant Chantilly, je gagnai le pont de Mindenburg, A partir de ce point jusqu'en haut du canal n° 1 , pendant une dislance de 5 à 6 milles, la promenade est une des plus agréables qu'on puisse faire dans la colonie. Toutes les plantations, le long du canal, cultivent le café. Le travail peu fatigant et les agréments du pays rendent celle résidence une des meilleures pour les Portugais et autres émigrants européens. Plusieurs cultivateurs ont acheté des lots de terre sur les propriétés Sans-Souci et Sludley-Park, en haut du canal. Dans le premier de ces deux endroits, douze lots ont été vendus à 1,130 francs chaque. Les acheteurs ont commencé à disposer les champs à provisions, mais il n'a pas encore été hâti de maison. A Sludley-Park, on trouve un établissement plus avancé, appelé Free-Town. Il possède déjà 15 maisons, environnées de jardins et d arbres a fruits; mais la culture n'y est pas assez étendue pour rendre les habitants indépendants du travail des plantations :

sines ont éprouvé une diminution de travailleurs. Tout ce que je sais, c'est que les 25 familles dont j'ai parlé ne forment pas

aussi les hommes sont-ils généralement occupés dans le voisinage, tandis que les femmes prennent soin de la maison et des enfants. Sur cette propriété, trente lots ont été vendus, m'a-t-on dit, au

plus de 150 individus, femmes et enfants compris, et que la

prix de 750 francs les trois acres.

plupart des hommes, sinon tous, font la journée sur les plantations , et trouvent encore assez de temps clans l'après-midi pour

La plantation de Novit-Gedacht a récolté, l'année dernière, 3o,ooo liv. de café. La première cueille, déjà faite, a produit 26,000 liv., et l'on compte sur 10,000 liv. de plus à la seconde. Il y a 150 acres de terre en culture; et on occupe de 3o à

cultiver leurs jardins, couper du bois de chauffage, et s'occuper d'autres petits ouvrages chez eux. Les cultivateurs, en général, aiment trop à gagner de l'argent pour rester oisifs, et, s'ils ne travaillent plus aussi assidûment pour leurs anciens maîtres depuis qu'ils ont acheté des terres, ils n'emploient pas leur temps plus mal pour cela. La plantation de Vreedenstein a reçu 22 Coulis , qui sont tous bien portants et travaillent à la satisfaction du géreur. On leur avait offert le salaire que gagnent les autres cultivateurs, mais ils ont préféré les conditions de leur engagement. La récolle

40 cultivateurs, dont les salaires s'élèvent à 3oo dollars par mois, ou, pour plus d'exactitude, à 4,000 dollars par an. N'ayant pas rencontré le géreur de Java sur sa plantation, je ne m'arrêtai qu'à la station des missionnaires de Londres. On agrandit la chapelle de celte mission; c'était bien nécessaire , car 1,200 travailleurs des environs sont membres de cette mission. Le ministre a établi une société de tempérance qui, à ce que l'on

rait recevoir encore 20 immigrants de plus. La culture des cannes

m'a rapporté, a produit beaucoup de bien. De la station, gagnant la côte occidentale de la mer, j'arrivai à la plantation Nouvelle-Flandre. Quatorze lots de terre de cette plantation, chacun d une demi-acre, ont été loués par des labou-

occupe 170 acres de terre et 80 travailleurs. La paye s'élève, chaque mois, à 400 dollars.

reurs , pour vingt-un ans , avec faculté de renouvellement, moyennant go francs par an. Il existe plusieurs bonnes cases pour les

A Chantilly, la roule publique se change en un sentier; mes instructions ne portent pas que je doive pousser mon excursion au delà de ce point. Le grand obstacle à l'établissement des immigrants sur les plantations éloignées est la mauvaise condition des

travailleurs, et assez de place pour en recevoir 3o de plus. En 1840, la récolte du sucre a produit 60 boucauts; cette année on s'attend à en faire 100. Des 97 cultivateurs effectifs occupés

de 1840 a donné 90 boucauts de sucre, celle de 1841 n'en donnera pas plus de 80. Les cases sont très-commodes , et l'on pour-

routes; tant qu'elles ne seront pas meilleures, les étrangers donneront naturellement la préférence aux autres parties de la colonie. Les nègres sont très-sociables ; ils aiment à se fréquenter

à la Nouvelle-Flandre, 87 appartiennent à la colonie, et 10 sont des Barbadiens. Les salaires du mois s'élèvent à 600 dollars.

entre eux, et a se rendre à l'église en souliers et en bas, ce qui devient impossible quand on s'enfonce jusqu'aux genoux dans

- Laissant cette plantation, je visitai la chapelle-école, appelée Saint-Thomas. Elle compte maintenant 1 A4 élèves, tous enfants de cultivateurs, et dont 90 environ assistent régulièrement aux leçons.

les boues des chemins. Ils aiment aussi à pouvoir se procurer avec facilité ce dont ils ont besoin. Partout où ils ne trouveront pas tous

Je m'arrêtai ensuite au village, en face delà plantation Den-Amstel; il a considérablement augmenté et renferme plusieurs jolies

ces avantages et des habitations commodes, ils se retireront. Par suite de l'absence des propriétaires de Chantilly, je n'ai pu m assurer positivement du nombre d'individus qui ont acheté des terres sur les deux propriétés incultes Harmony et Strick-en-Heu-

cases, ainsi qu'un magasin bien approvisionné. Les établissements se sont formés par lots d'une demi-acre, vendus au prix

vel. Toutefois, d'après ce qui m'a été dit, il y en a eu plus de 100, et déjà 5o à 80 cases ou maisons ont été construites. La moitié de ces nouveaux colons continuent à travailler sur les propriétés auxquelles ils étaient attachés, et reviennent gaiement chez eux le

qui continuent à travailler pour les plantations voisines , parce que les produits de leur culture sont jusqu'à présent insuffisants

vendredi soir avec g à 10 francs de réserve. Les autres s'occupent

de terrain. L'année

de 1,130 francs; on n'en compte encore que dix-sept ou dix-huit qui sont habités, presque tous, par des cultivateurs du voisinage,

pour les soutenir. La propriété de Den-Amstel récolte du café sur 2 50 acres 1840 on en a recueilli 15,000 liv. ; selon


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1841. — GUYANE. 905 toute probabilité, cette année en donnera 45,ooo liv. On y compte 85 cultivateurs qui gagnent, par mois, 5oo dollars. On rencontre sur celte côte quelques magnifiques propriétés, mais il en est bien peu qui surpassent Leonora. Sa récolle de sucre , en 1840, a produit 353 boucauts ; on espère en faire, cette année, 370. Il y a 320 acres de terres en culture, et 180 travailleurs, dont les salaires montent, par mois, terme moyen , à 1,225 dollars. L'année dernière ils se sont élevés à 14,700 doll, ou 76,550 francs. Les logements des cultivateurs sont très-bien disposés; la propriété entretient un maître d'école à ses frais. A Vreed-en-Hoop, treize lots de terre, d'une demi-acre, ont été détachés de cette plantation, et vendus à des cultivateurs, au taux 1,030 fr. chacun ; quatre cases y ont déjà été construites. La société des missionnaires de Londres a, dans le voisinage, une chapelle avec un ministre résidant et une école. Si les acheteurs veulent suivre le conseil qu'on leur a donné de construire leurs demeures avec régularité, elles formeront un jour un charmant village. La récolte de 1840, à Vreed-en-Hoop, a été de 210 boucauts de sucre; elle ne sera pas aussi forte cette année, et ne produira guère que 150 boucauts. Les 150 cultivateurs portés sur le rôle de paye coûtent 900 dollars par mois. Met-en-Meerzog, où l'on arrive en suivant le rivage, est une plantation d'une grande importance, et qui paraît fort bien entretenue. Les cases des cultivateurs y sont aussi commodes qu'on peut le désirer. Environ 5o émigrants barbadiens se sont établis ici avec leurs familles; 36 d'entre eux s'occupent des travaux de la propriété : on pourrait en recevoir largement 20 de plus. Une vaste école a été construite sur la limite d'une plantation voisine; l'instituteur est entretenu en commun parles quatre propriétaires les plus rapprochés. L'année dernière, on a fabriqué 34o boucauts de sucre, et, suivant les apparences, on en fera 420 celle année. Les 437 acres de terres en culture occupent 20G travailleurs, dont 170 sont domiciliés dans la colonie. Le total de leurs salaires, à la fin de chaque mois, est de 1,150 dollars. A Tuschen-de-Vrienden, si l'on petit en juger parla différence d'une récolte à une autre, cette plantation reprend son état prospéré. L'année dernière elle a produit 101 boucauts de sucre seulement, tandis que sa récolte de cette année ne sera pas au-dessous de 140. Autrefois elle était connue pour faire, relativement à son étendue, les plus fortes récoltes de toute la côte. Sa culture en cannes ne s'étend pas au delà de 160 acres. Les salaires de ses 90 travailleurs s'élèvent à 600 dollars par mois. Il s'y trouve cinq cases nouvellement construites, très-propres à recevoir des émigrants. Saint-Christophe est dans une situation tout à fait différente. Le géreur, qui la dirige depuis vingt ans, a souvent fait 240 et 260 boucauts de sucre. Pendant les dix années qui ont précédé l'abolition de l'apprentissage, les récoltes n'ont été, terme moyen, que de 160; l'année dernière il n'a eu que 75 boucauts, et, cette année, il n'en fera pas plus de 3o. La situation est pourtant très-favorable ; son voisinage de la mer et son sol sablonneux en font une des plus saines de la Guyane anglaise. Sa distance de George-Town, qui n'est que de 20 milles, ne devrait pas être un motif pour empêcher les émigrants de s'y établir; mais je n'en connais pas d'autre qui puisse expliquer pourquoi ils ne lui donnent pas la préférence. Les terres cultivées en cannes comprennent tout au plus 86 acres. Les salaires des travailleurs sont de 3oo dollars par mois. Greenwich-Park est la dernière plantation de la côte occidentale. C est à son éloignement qu'il faut attribuer la diminution annuelle de ses récoltes et l'absence des immigrants. En 1840, elle n a produit que 126 boucauts de sucre, et, celte année elle n en récoltera pas plus de 80. Sa culture a une étendue de 120 acres; ses travailleurs, au nombre de 100, lui coulent de 5oo à 55o dollars par mois. Tout près de Greenwich-Park, et appartenant au même propriétaire, se trouve Good-Hope, propriété abandonnée, dont une grande partie avait été offerte à la vente, il y a deux ou trois ans,

dans l'espoir qu'il s'y fonderait un village de cultivateurs. Jusqu'à présent il n'a été acheté que quatre lots, d'un arpent chacun, a raison de 120 dollars, et on n y a encore construit que deux cases et un autre bâtiment. Des cultivateurs de Greenwich-Park ont acheté, sans qu'on s'en explique la raison, 14 acres d'une autre plantation appelée Ruby, au-dessus de Good-Hope, au prix de no dollars l'acre, et déjà ils y ont élevé leurs demeures. A GoodHope, sur un tertre en sable, où était autrefois située l'usine, on voit une petite chapelle très-commode, qui avait précédemment un desservant.: c'est à présent un instituteur, en même temps clerc, qui officie et lient une école de jour pour les enfants des cultivateurs; de sorte que, malgré la position reculée de celte plantation et des deux qui l'avoisinent, elles sont aussi favorisées que toute autre sous le rapport de la religion et de l'éducation. A la Hague, la récolle de 1840 a été de 2 3o boucauts de sucre, celle de 1841 ne sera pas moindre. Il y a 3oo acres environ en culture, et 190 travailleurs, qui reçoivent, par mois, à peu près 850 dollars. Fellowship est une petite plantation à café, où 100 acres, employées à cette culture, occupent 35 cultivateurs. L'année dernière, elle a recueilli 7,000 liv. de café; cette année, on en a déjà récolté 2,400 liv. : on compte en faire 7 à 8,000 de plus. On paye 1 fr. 75 cent, pour cueillir 85 liv. brut, qui produisent 12 liv. net. Revenu à Den-Amstel, je vis Blankenburg, où l'on espère obtenir, celte année, une récolte égale à celle de 1840, c'est-à-dire 270 boucauts de sucré. L'étendue des terres en culture est de 3oo acres. Les travailleurs sont au nombre de 200, dont les salaires coûtent de 1,400 à 1,500 dollars par mois. A Windsor-Forest, la récolle sera aussi à peu près la même que celle de l'année dernière, 3oo boucauts de sucre. Il y a 240 travailleurs , qui coûtent 1,500 dollars par mois. A la plantation de Best on a fabriqué 237 boucauts de sucre, en 1840; on compte, cette année, sur 23o. Les 160 cultivateurs occupes sur les 220 acres de terres en culture reçoivent, par mois, environ 85o dollars. Après m'être arrêté de nouveau à Vreed-en-Hoop, je me suis embarqué pour revenir à George-Town. Le taux des salaires sur la côte de la mer est le même que sur la rive occidentale delà rivière Demerara. Dans toutes les parties de la colonie que j'ai visitées, les noirs jouissent gratis d'une maison et d'un champ à provisions. On leur fournit, en outre, des médicaments, et les soins du médecin lorsqu'ils sont malades. Il est à remarquer que, sur ce point de l'île, où existe la seule société d'agriculteurs de la colonie, on ne s'est nullement occupé d introduire l'usage de la charrue ni d'aucun autre instrument d agriculture propre à diminuer le travail manuel. Je sais qu il existe une charrue dans le district; on pourrait même en avoir deux ou trois ; mais à quoi servent-elles ? où sont les champs labourés par ce moyen ? Les rapports de la société sont remplis de plaintes sur la négligence des cultivateurs pour ce qui concerne l'agriculture. A-t-elle seulement proposé un encouragement pour déterminer les noirs des îles voisines , qui savent manier la charrue, à venir faire une expérience publique ? Comme nous avons une immense étendue de terres en friche, il serait superflu que je m étendisse sur l'utilité des engrais, dont l'emploi est tout à fait inconnu à la Guyane; cependant I on pourrait calculer s il ne vaudrait pas mieux récoller 100 boucauts de sucre sur 4o ou 5o acres de terres fumées que sur 100 acres de sol naturel, terme moyen du produit actuel. Bien que les informations que j'étais chargé de prendre parussent assez arbitraires aux personnes auxquelles je me suis adressé, et qu'elles n'en comprissent pas le but, je n'ai cependant pas éprouvé un seul refus ; partout, au contraire, j'ai reçu l'accueil le plus aimable. Signé W. B. WOLSELEY.


906 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIECES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. A.

PLANTATIONS

mentionnées dans le rapport précédent.

NOMBRE

PRODUIT DE LA RÉCOLTE DE

NOMS. de 1840.

DE

Boucauts tic sucre.

595 120 210 301 100 126 88 90 360 253 200 250 252 220 237 60 300 270 230 353 210 340 101 75 126

Houston Peter's-Hall Providence

Hustelling Little-Diamond Friendship Garden-of-Eden Vreedenstein Vriesland Wales Belle-Vue Nismes La Grange Schoonord Best Nouvelle-Flandre Windsor-Forest

Blankenburg Hague

Leonora Vreed-en-Hoop Met-en-Meerzog Tuschen-de-Vrienden Saint-Christophe Greenwich-Parck Eccles

Covent Garden La Retraite Good-Fortune

Poudroyen Den-Amstel

Fellowship Novit-Gedacht

B.

TABLEAU

portes sur les feuilles de paye.

1841.

550 100 170 250 135 130 56 80 360 265 180 165 252 300 230 100 300 270 230 370 150 420 140 30 80 Livres de café.

5,148 4,295 7,000 21,339 42,362 15,000 7,000 30,000

27,000 30,000 10,000 10,000 20,000 45,000 10,000 36,000

MOYENNE

DES SALAIRES

par mois.

OBSERVATIONS. PAR TÊTE.

Dollars.

Boucauts de sucre.

Livres de café.

MONTANT

LABOUREURS

462 80 200 180 145 110 80 80 170 146 86 90 160 250 160 97 240 200 190 180 150 206 90 51 100

3,000 650 1,200 1,200 800 650 500 400 1,000 800 700 700 900 1,250 850 600 1,500 1,400 850 1,225 900 1,150 600 300 550

50 70 100 60 133 85 35 40

600 350 500 340 750 500 220 300

PLANTATIONS À SUCRE Sur 12 de ces 25 plantations, il y aura dan» les récoltes une diminution de 461 boucauts de sucre. 8 autres présenteront une augmentation de 307 boucauts ; et, sur 5, la récolte sera la mémo celte année qu'en 1840. En résumé, la diminution totale sera de 154 boucauta.

0 doll. 14 cent.

Plantations 1 café.

6 doll.

14

cent.

Les récoltes do ces S plantations ont produit, en 1840, 132,144 1iv. de café ; on compte cette année sur 188,000 liv.; co qui fait une différence de 55,850 liv. en plus, pour 1841.

des acquisitions de terrains faites par d anciens esclaves ou apprentis, et mentionnées dans le rapport de

DÉSIGNATION.

W.

B. T Wolseley,

VALEUR.

RIVE ORIENTALE DE LA RIVIÈRE DEMERARA.

Sans nom. Acquisition de 62 acres faite par l'économe de la plantation Providence

Craig-Village. 20 acres. Supply et Bricquery. Divers lots.

954f75c 7,639 00 37,968 25

RIVE OCCIDENTALE DE LA RIVIÈRE DEMERARA.

Toevlust. Lots. La Retraite. Idem. Middlesex. Propriété entière. Bon-Séjour La Ressource. Partie. Patientia. Free-and-Easy. Partie de la plantation Milmount. Harmony et Stick-en-Heuvel.

4,583 10,693 2,750 57,289

00 00 00 00

10,416 00 1,909 00 42,331 00 2,868 00 7,639 00 CANAL N°

1.

Sans-Souci. Lots Studley-Park. Lots formant Free-Village.

13,754 00 8,400 00 CÔTE OCCIDENTALE DE LA MER.

Den-Amstel.... Lots Vreed-en-Hoop. Lots Good-Hope ... Lots The Ruby.... Lots

40,104 00 13,541 00 2,500 00 8,020 00

e

TOTAL

273,359 00


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841. — GUYANE. 907 9.

de M. T. Coleman, juge de paix salarié du district A du comté de Demerara, pour le 1er semestre RAPPORT

10.

RAPPORT de M. Strutt, magistrat salarié du district inférieur A de Demerara, pour le 1er semestre de 1841.

de 1841. 1° Caractère général et condition des cultivateurs. 1° Caractère général et condition, des travailleurs.

Il s est opéré un heureux changement dans leurs manières, leurs habitudes et leurs goûts. Le mariage est devenu très-commun. Les femmes se conduisent bien et se tiennent très-décemment dans les églises et les chapelles, qu'elles fréquentent avec régularité. Ce district possède deux églises et deux écoles sous la direction du ministre presbytérien Deux autres écoles sont dirigées par les wesleyens ; celles-ci sont presque entièrement soutenues par les émancipés, tandis que les premières reçoivent une subvention de la colonie, en outre de ce que leur payent les enfants. La mortalité a diminué d'environ un tiers depuis la fin de l'apprentissage. Je ne crois pas-que les crimes et délits soient plus nombreux ou plus graves qu'autrefois, bien qu'on en constate davantage. 2 Relations entre les propriétaires et les travailleurs. °

Jusqu'à présent on a fourni aux travailleurs des logements et des terres à provisions, sans exiger de loyer. Il ne s'est pas établi dans le district beaucoup de travailleurs indépendants ; on n'a pas non plus formé de villages ; mais il s'est élevé quelques cases sur des lots achetés par des cultivateurs. La culture des produits sur les plantations s'est ressentie de l'effet de ces changements, malgré leur peu d'importance. 3° Établissements nouveaux. Depuis la fin de l'apprentissage, on a élevé deux chapelles wesleyennes, qui servent en même temps d'école. La dépense en a été faite par les paysans; l'une d'elles a coûté 2,331 dollars. D n'y a qu'une seule plantation du district qui possède une école régulière. Jusqu'à présent on n'a fondé ni caisse d'épargne ni sociétés de secours mutuels. 4° État et perspective de la culture. Il n'y a pas, à un tiers près, autant de travailleurs qu'on pourrait en occuper. Le taux des salaires est ordinairement un demidollar pour cinq à six heures. Beaucoup de cultivateurs peuvent gagner un dollar par jour. Sur les onze plantations à sucre qui existent il s'est fait : 1,608 boucauts de sucre 39,409 gallons de mélasse 115,162 idem de rhum. .

au 31 décembre 1840.

Pour la prochaine récolte on compte sur: 1,452 boucauts de sucre 54,419 gallons de mélasse 99,112 idem de rhum..

au 31 décembre 1841.

Les plantations sur lesquelles on cultivait du café et du coton sont abandonnées ou changées en parcs à bestiaux. Le temps a été favorable pour la culture. 5° Perfectionnements et inventions. Depuis l'apprentissage il ne s'est fait aucune amélioration ni découverte en agriculture. 6°

Commerce intérieur.

Le commerce intérieur a beaucoup augmenté. On a ouvert trois nouveaux magasins dans le district. Les marchandises les plus demandées sont les chapeaux d'hommes et de femmes, les bonnets, les souliers, le jambon, le porc, le bœuf, le porter, la bière, le tabac, le beurre, la chandelle, le savon, les étoffes à bon marché, le calicot, toutes sortes de mouchoirs, le sucre, les ustensiles de terre et d'étain, les verres, les couteaux et les fourchettes.

Pendant une résidence de six années dans celte partie de l a colonie, je me suis convaincu que les paysans en masse, sous le double rapport du caractère et de la condition, peuvent soutenir la comparaison avec ceux des plus fertiles contrées de l'Angleterre. Cette comparaison sera même en leur faveur, si l'on tient compte de tous les avantages dont ils jouissent. Ici le travail du cultivateur est peu pénible, ne lui prend que peu de temps et se paye fort cher, tandis qu'en Angleterre il est long, pénible et moins bien payé. Dans ce district, des centaines de travailleurs ont gagné à midi 5 fr. 20 c. ; outre cela, ils n'ont point de loyer à payer; ils envoient gratuitement leurs enfants à l'école; et, quand ils sont malades, ils reçoivent les soins d'un médecin. En Europe, un faucheur, un moissonneur est fort content de recevoir 1 fr. 8o c. ou 3 fr. en échange de tout son temps, depuis le lever jusqu'au coucher du soleil. Depuis la fin de l'apprentissage, les manières, les goûts et les habitudes de la classe laborieuse se sont sensiblement améliorés. Les noirs sont devenus plus polis et plus confiants dans les autorités ; ils savent que les lois sont suffisantes pour les protéger, et qu'au besoin on en crée de nouvelles. La civilisation fait de rapides progrès ; les délits ne se multiplient pas. 2° Relations entre les cultivateurs et leurs maîtres. Les cultivateurs résidant sur les plantations ont des cases commodes, pour lesquelles ils ne payent aucun loyer; cependant le droit d occupation cesse pour eux lorsqu'ils prennent du travail ailleurs. Si un cultivateur est renvoyé ou s'en va de lui-même, on lui accorde le temps nécessaire pour enlever à son aise tout ce qui lui appartient. Il peut vendre ses provisions sur pied, ou ne les récolter qu'à leur parfaite maturité. Les noirs témoignent un grand désir de devenir petits fermiers , et ne négligent rien à cet effet. Une demi-acre de terre suffit à remplir leurs vœux et fournit à leurs besoins. Un lot de cette étendue, bien situé, se paye d'ordinaire de 70 à 100 dollars, somme qu'il leur est facile d'économiser en neuf mois de travail. Les petits villages et les hameaux se multiplient le long des routes, et donnent au pays un aspect de gaieté et de bien-être inconnu jusqu'à présent. On a cru d'abord, et j'ai partagé celle opinion, qu'à mesure que les cultivateurs s'établiraient séparément sur des terres à eux, le travail manquerait aux plantations. L'expérience m'a convaincu du contraire. Quand un noir achète un champ, il occupe tout son temps, pendant deux ou trois mois , à élever sa maison et à préparer la culture ; cela fait, il se remet à l'ouvrage sur la propriété qu'il avait quittée , ou cherche à s'employer près de chez lui. En ce moment, les fermiers de Victoria vont tous les jours par bandes travailler sur les plantations voisines, et y font plus de besogne qu'ils n'en faisaient pendant l'apprentissage. 3° Établissements nouveaux. Dans ce district il ne peut y avoir ni caisse d'épargne ni société de secours mutuels ; mais les écoles se multiplient, et l'on construit des chapelles et des églises. Presque toutes les plantations ont une école, et l' on rencontre de distance en distance, à quatre ou cinq milles au plus, un bâtiment consacré au culte, où l'affluence est extrême le dimanche. Les instituteurs se montrent infatigables ; de leur côté les prêtres sont remplis de zèle et de piété. Dans aucune colonie anglaise, les habitants ne jouissent de plus de facilités qu'ici pour satisfaire à leurs devoirs religieux, et nulle part, j'en ai la conviction, ces devoirs ne sont mieux appréciés ni mieux remplis.


908 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. 4° État actuel et perspective de la culture.

3° Établissements nouveaux.

Cette colonie est un pays neuf; les travailleurs n'y sont pas en proportion des besoins. On ne connaît pas encore toutes les ressources qu'elle peut offrir. Il semblerait exagéré de prétendre que, pourvue de bras, elle pourrait fournir assez de denrées tropicales pour les besoins de la Grande-Bretagne ; et cependant c est une chose certaine. Le sucre, le café, le coton, le riz de l'Afrique et de l'Est, les épices, les teintures, les gommes de l' Inde et de l'Arabie, le thé de la Chine, le tabac de Virginie, tous ces produits croissent ici avec plus de vigueur et de fécondité que partout ailleurs. Le salaire d'une tâche, qui est ordinairement terminée à midi, est de 2 fr. 15 c. à 2 fr. 70 c.. Des centaines de cultivateurs font ce qu'on appelle un travail extra, qui leur est payé suivant la quantité. La culture du sucre a beaucoup souffert de la sécheresse prolongée ; les cannes que l'on coupe en ce moment ne rendent que très-peu. Il y a eu cependant beaucoup de sucre fabriqué durant les cinq derniers mois, parce que les cannes n'avaient pas encore autant souffert.

L'église paroissiale de Saint-Paul, que l'on réparc, a été augmentée de deux ailes ;elle a une chapelle succursale sur laplantation Friendship. Sur la plantation Montrose, il y a une école de filles et de garçons de la société des missionnaires de Londres, qui a aussi élevé cette année une chapelle sur la plantation Limynan. 4° État et perspective de la culture. Le travail a été plus régulier que précédemment. Le taux des salaires varie de 4o à 5o centièmes de dollar par jour, la récolte dernière a donné un produit égal a celui des années ordinaires . la prochaine promet d'être bonne. Le temps est favorable. 5° Perfectionnements et inventions. On commence à adopter l'emploi de deux nouvelles machines ; l'une pour le creusement des tranchées, l'autre pour le transport des bagasses. On espère épargner ainsi beaucoup de travail manuel. Il ne s'est fait aucune amélioration dans le mode de culture. Il n'y a pas de manufacture nouvelle.

5° Perfectionnements et inventions. Les travaux les plus fatigants de la fabrication sont faits à présent par des machines, de sorte que les bras qu'on y employait ont été rendus à la culture. Je n'ai connaissance d'aucune amélioration en agriculture ; il me semble pourtant qu'il y aurait beaucoup à faire. A mesure que les travailleurs deviennent rares et que le prix de la main d'oeuvre s'élève, le génie inventif de l'homme devrait pourvoir aux besoins.

Commerce intérieur.

Il consiste en étoffes de Manchester, porc, poisson salé, etc.

12.

RAPPORT

de M. W. J. Sandiford, juge de paix du

district C de Demerara, pour le 1er semestre de 1841.

6° Commerce intérieur. 1° Caractère général et condition des paysans. Les besoins des paysans augmentent relativement aux progrès qu'ils font dans la civilisation. Je me rappelle qu'autrefois il n'y avait dans ce district ni boutique, ni magasin; le travailleur portait les vêtements, et consommables vivres que lui fournissait son maître; à présent il existe, dans les environs de toutes les propriétés, des magasins bien approvisionnés, où les noirs achètent des vêtements, des bottes, des souliers, etc., venant d'Europe, ainsi que le porter, la bière, le jambon ,.le lard, le savon , la chandelle, enfin toutes les choses dont ils ont besoin. Durant l'esclavage, le noir n'avait jamais vu les quatre cinquièmes de ces articles ; il n'en avait même jamais entendu parler. Leur consommation est devenue pour lui un besoin , et, pour le satisfaire, il est naturellement porté à travailler.

de M. A. M. Lyons, magistrat salarié du district B de Demerera, pour le 1er semestre de 1841.

11.

RAPPORT

Leurs manières sont plus libres et familières ; cependant ils obéissent aux autorités et ont pleine confiance en elles; ils sont affables et hospitaliers ; leur goût pour l'éclat et pour les commodités de la vie s'est beaucoup accru; la population a augmente; les délits les plus fréquents sont des rixes peu sérieuses; il se commet aussi parfois des vols dans les maisons et les magasins. 2° Relations entre les cultivateurs et les propriétaires. Les cultivateurs sont, pour la plupart, résidants; ils occupent des chambres ou des parties de cases sans payer de loyer, et reçoivent à l'occasion les soins d'un médecin. Un village, du nom de Friburg, s'est formé dans l'un des faubourg de GeorgeTown ; il a produit une diminution dans le travail régulier de la culture des produits d'exportation. Beaucoup de ses habitants s'emploient, il est vrai, sur les propriétés les plus voisines de leurs demeures ; mais on ne peut compter sur leur régularité. 3° Établissements nouveaux.

1° Caractère général et condition des travailleurs. Ils paraissent plus portés à l'ordre et à l'industrie. Leurs goûts et leurs habitudes sont les mêmes que durant l'apprentissage. La mortalité n'a pas été aussi considérable. Les délits tels que les querelles, les rixes, les vols, diminuent considérablement. 2° Relations entre les cultivateurs et les propriétaires. Je ne connais, dans ce district, aucune ferme occupée à loyer. Les petits établissements particuliers se multiplient journellement. Il n'existe qu'un seul hameau situé au-dessus de Christian's-Burgh ; sa création n'a encore exercé aucune influence sur le travail et la culture des produits d'exportation.

La seule caisse d'épargne qui existe est celle de George-Town, établie par ordonnance du 1er mars 1828. Les dépôts se montent actuellement à un peu plus de 125,000 francs; ils n'ont presque pas varié depuis trois ans. 4° État et perspective de la culture. Le nombre des travailleurs est restreint; cependant il augmente graduellement au moyen de l'immigration. On paye un tiers de dollar pour une tâche de 7 heures et 1/2, qui s'achève souvent en 4. Un travailleur actif peut facilement gagner un demi-dollar par jour. La dernière récolte a été la plus forte que l'on ai faite depuis l'apprentissage ; mais on n'espère pas que la prochaine soit aussi considérable, bien que le temps soit trèsfavorable.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. —CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1841. — GUYANE. 909 5° Perfectionnements et inventions. On a introduit une machine mue par la vapeur pour nettoyer les petits canaux navigables. 6°

Le travail du café a été allégé par l'emploi d'une machine qui sert à enlever, non-seulement la pulpe, mais encore la pellicule qui, jusqu'à présent, avait nécessité une opération séparée. 6° Commerce intérieur.

Commerce intérieur.

Il se compose des plus grossières étoffes de Manchester, de provisions salées de toute nature, de chaussures et de vêtements confectionnés.

13. Rapport de

M. K. Heyland, magistrat salarié du. district D de Demerara, pour le 1 semestre de 1841.

Les immigrants portugais, qui se sont faits colporteurs, ont accaparé presque tout le commerce de la campagne. Les étoffes de coton sont ce qu'il y a de plus recherché. On achète aussi beaucoup de provisions salées et de boissons fermentées. Les chefs ouvriers des plantations font souvent des provisions de ces articles pour les détailler.

er

1° Caractère général et condition des travailleurs. 14.

On ne peut révoquer en doute qu'il y ait eu amélioration dans leurs manières, leurs habitudes et leurs goûts. Ils ont appris à connaître leurs droits d'hommes libres, et y tiennent fortement. Ils assistent au service divin avec régularité, et s'occupent beaucoup de l'éducation de leurs enfants. Leur désir de se procurer les choses de bien-être et de luxe dont ils voient jouir leurs supérieurs, s'est accru en même temps que les moyens de le satisfaire. Ils ne comprennent pas bien l'obligation du serment ; cependant ils ne se rendent jamais coupables de parjure : ils s'appliquent seulement à trouver des réponses évasives. Les mariages sont fréquents ; toutefois les époux ne remplissent pas strictement les obligations que cet état impose. On s'accorde à reconnaître que la mortalité a diminué. Les délits, tels que vols légers et querelles sans importance, se renouvellent fréquemment. 2° Relations entre les cultivateurs et les propriétaires. Les cases des plantations ne sont occupées que sous condition de travail. La location peut être annulée en tout temps par le maître ou le travailleur. Cet état de choses a déterminé les cultivateurs à s'établir sur des terres à eux ; et il s'est ainsi formé trois hameaux et villages, qui augmentent chaque jour en étendue comme en population. La culture des produits d'exportation s'en est ressentie ; mais on espère que la diminution des bras sera comblée par l'immigration. Je n'entends pas dire que tous les noirs qui se sont établis aient cessé de travailler sur les propriétés, mais les femmes et les enfants ne s'y occupent plus. 3° Établissements nouveaux. Il existe deux églises anglicanes, et une de la mission de Londres. Il y a, en outre, quatre écoles sous la direction du clergé établi, une autre dirigée par le ministre de la mission, une autre encore sous l'influence d'un ministre indépendant, et une dernière appartenant à la fondation Mico. Nous ne possédons ni caisse d'épargne ni société de secours mutuels. 4° État et perspective de la culture. Les travailleurs ne sont pas en proportion avec les besoins. Les salaires sont tellement élevés qu'un cultivateur peut gagner un demi-dollar par jour, indépendamment du logement et des soins du médecin. La récolte en sucre de l'année dernière a répondu à l'attente du planteur; sur plusieurs propriétés, celle de cette année promet d'être plus abondante encore. La récolte du café n'a pas été aussi considérable; on ne compte même pas qu'elle le soit l'année prochaine, parce que le temps , favorable à la canne, ne l'a pas été pour les cafiers.

RAPPORT

de

M.

Lockhart-Mure, juge de paix salarié

du district E de Demerara, pour le 1 semestre de 1841. er

1° Caractère général et condition des travailleurs. Un changement très-remarquable s'est opéré en eux, sous ces deux rapports ; ils ont fait, depuis la fin de l'apprentissage, de rapides progrès en civilisation. L'instruction religieuse a produit les effets qu'on en attendait, c'est-à-dire qu'elle a amélioré le moral, purifié les mœurs domestiques et inspiré le goût de l'éducation. La mortalité semblerait avoir diminué; cependant il résulte des informations que j'ai prises, qu'elle est restée la même chez les adultes, tandis qu'elle a augmenté chez les enfants. On pense que cela vient de ce que les noirs n'ont plus aujourd'hui ni la surveillance du maître, ni les soins du médecin. Les querelles ordinaires, les vols peu importants, sont encore fréquents ; mais les délits d une nature plus sérieuse sont rares. 2° Relations entre les travailleurs et les propriétaires. Les cultivateurs des plantations ne sont point tenanciers. Bien qu ils y résident et qu'ils en occupent les cases sans loyer, ils sont considérés comme journaliers. On leur donne le logement, dans l' espoir, rarement réalisé, d'en obtenir un travail assidu. Us sont, en général, très-désireux de s'établir indépendants. Plusieurs ont quitté le district dans cette intention , et ont fondé un petit hameau vis-à-vis de la plantatation Den-Amstel. Trois ou quatre autres ont de petites fermes sur Vreed-en-Hoop. Il s'en est suivi une diminution sérieuse de bras pour la culture des produits d'exportation. 3. Établissements nouveaux. Il y a, dans ce district, et sur une étendue de 20 milles, six églises ou chapelles, y compris l'église paroissiale de SaintSwithin. Deux de ces édifices appartiennent à la société des missionnaires de Londres, et un à la communion écossaise. Chaque église a son école. La plantation Léonora possède aussi une école placée sous l'inspection du ministre de Saint-Luc. Nous n'avons ni caisse d'épargne ni société de secours mutuels. 4° État et perspective de la culture. Les cultures ont été considérablement restreintes, et encore les bras sont-ils insuffisants. Le salaire, pour les travaux des champs, varie de 2 fr. 15 cent, à 3 fr. 70 cent, pour une tâche qui peut se faire en cinq ou six heures. La récolte de l'année dernière a, je crois, été moins forte que la précédente; celle de cette année ne paraît pas devoir être plus abondante. Le temps sauf un peu trop d'humidité, a été favorable.

5° Perfectionnements et inventions.

5° Perfectionnements et inventions.

Il ne s est fait ni perfectionnement ni découverte de quelque importance, depuis la fin de l'apprentissage.

La charrue a été mise en usage sur quelques propriétés. On a reconnu qu'il y a avantage à l'employer, mais elle n'est pas


910 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. - PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. encore adoptée partout. Il n'a été question d'aucune nouvelle méthode de culture ni de fabrication. 6° Commerce intérieur. On fait peu de commerce intérieur. Les articles les plus demandés sont les objets d'habillement, les provisions salées , le genièvre et les boissons fermentées.

15.

RAPPORT

de

M. D.

mais la perspective de celle qui viendra ensuite donne plus d'espoir, parce que les planteurs ont apporté plus de soins aux tranchées, et ont remis en culture des champs abandonnés depuis trois ans. En somme, le temps a été favorable. 5° Perfectionnements et inventions. On a inventé un instrument pour faire des tranchées, et un autre pour labourer et herser au moyen de la vapeur; mais il s ne sont pas encore assez perfectionnés pour être d'un grand i avantage.

Maclennan, magistrat salarié du 6°

district F d'Essequibo, pour le 1 semestre de 1841. er

1° Caractère général et condition des travailleurs. Les quatre cinquièmes des paysans de ce district sont des noirs créoles; les autres sont Africains. Les premiers sont, en général, d'un caractère léger, adonnés au plaisir, et peu portés à travailler au delà de ce qui est nécessaire pour satisfaire à leurs besoins. Les autres sont plus industrieux et plus constants dans leurs habitudes. Depuis qu'ils sont libres, ils imitent, ou plutôt s'efforcent d'imiter les manières de leurs supérieurs. Dans les premiers temps ils se sont montrés peu sédentaires, ainsi qu'on devait s'y attendre ; mais à présent ils le deviennent davantage. La plupart fréquentent régulièrement les églises et ont de la dévotion. Les noirs poussent jusqu'à l'extravagance le goût de la toilette. Ils aiment aussi à bien vivre. Je crains qu'ils ne contractent un penchant funeste pour les liqueurs fortes. La mortalité a beaucoup diminué. Les mariages sont plus fréquents. Les délits sont rares : ce sont, en général, des querelles et des vols peu importants. 2° Relations entre les travailleurs et les propriétaires. Les paysans jouissent ordinairement, sans aucune retenue, d'une case et d'un terrain à provisions, et, quand ils sont malades, reçoivent également gratis les médicaments et les soins du médecin. Leur salaire varie de 1 fr. 85 cent, à 2 fr. 5o cent, par jour, pour le travail des champs. Avec de l'activité, ils peuvent très-bien vivre et même faire des économies. Un certain nombre d'entre eux se sont créé un domicile indépendant. Trois villages ont été fondés de celte manière sur des plantations de ce district. Ces nouveaux propriétaires travaillent peu à la culture des produits d'exportation ; ils préfèrent s'occuper de leurs provisions ou entreprendre des travaux d'une autre nature. Il faut considérer toutefois que leurs établissements sont encore bien récents , et que , si les soins que nécessitent, d'abord leurs terres privent les plantations du secours de leurs bras, il peut en résulter plus tard un bien général. 3° Établissements nouveaux.

Commerce intérieur.

L'embarquement et la vente des produits, le détail des marchandises aux habitants, et les approvisionnements des plantations forment le principal commerce du district. Les articles le plus demandés par les paysans sont les objets d'habillement. les comestibles et les liquides.

16.

RAPPORT de M. M. L. Fowler, magistrat salarié du district G d'Essequibo, pour le 1 semestre de 1841. er

1° Caractère général et condition des travailleurs. Ils sont en général rangés, et s'emploient, soit aux travaux d'agriculture, soit en qualité de charpentiers constructeurs de bateaux, etc. Leur condition est heureuse, attendu qu'ils peuvent faire ce qu'on appelle une journée en trois ou quatre heures. Leurs mœurs se sont améliorées depuis l'apprentissage; ils sont très-passionnés pour la chasse, la pêche et la danse; ils montrent un goût prononcé pour la toilette et pour l'ameublement de leurs maisons. Nous n'avons aucun document qui constate le chiffre de la mortalité. Quant aux délits, ils se bornent pour ainsi dire à des querelles et à des vols ; mais ils sont devenus plus fréquents et souvent très-sérieux. 2° Relations entre les travailleurs et les propriétaires. Lorsqu'ils travaillent sur les plantations, on accorde aux cultivateurs le logement et autant de terrain qu'ils peuvent en cultiver, sans exiger d'eux aucun loyer. Plusieurs se sont établis petits fermiers. Il s'élève de nouveaux villages et hameaux, qui ont contribué à diminuer le nombre des travailleurs, et qui ne peuvent, a mon avis, se soutenir qu'autant qu'on adoptera la méthode de saigner les terres, et qu'on emploiera les chevaux, les mules et les bœufs à l'agriculture. On pourrait occuper les prisonniers à fabriquer des tuiles pour les nouveaux villages, ce qui serait d'autant plus facile que les lieux de détention sont presque tous situés sur des terrains argileux. Le produit qu'on en retirerait servirait à défrayer leurs dépenses.

Il s'établit en ce moment une église épiscopale, et l'on souscrit pour élever une église presbytérienne Déjà il existait, dans le district, deux églises paroissiales et cinq petites chapelles. Nous avons aussi deux écoles de la paroisse, une école des missionnaires , et trois autres entretenues par des particuliers. On n'a pas encore créé de caisse d'épargne ni de société de secours mutuels. Une souscription est ouverte pour fonder une de ces sociétés. 4° État et perspective de la culture.

On a construit dernièrement deux églises et une chapelle wesleyenne. Il y a deux écoles publiques entretenues par la colonie, et qui sont suivies par 115 élèves; une autre, appartenant à la fondation Mico, compte 210 enfants; une autre encore, dirigée par le ministre wesleyen, reçoit 84 élèves. Nous n'avons ni caisse d'épargne ni société de secours mutuels.

La perspective de la culture promet une amélioration sur les dernières années. Le travail qui se fait est néanmoins bien audessous de ce qu'il pourrait être. Le taux des salaires , pour une tâche que l'on estime à sept heures, varie depuis 1 fr. 85 cent, jusqu a 2 fr. 5o cent. ; mais il arrive très-souvent qu'un travailleur actif gagne 5 fr. 20 cent, dans un jour. La récolte dernière n'a pas dépassé la moitié de celles des sept années antérieures à la fin de l'apprentisage ; la prochaine ne promet pas d'être meilleure ;

La culture a été de beaucoup réduite : une vaste étendue de terres a été laissée en friche. Le travail n'est pas suffisant, et à mesure que la main-d'œuvre devient rare les salaires augmentent. Un cultivateur habile peut faire en un seul jour ce qu'on évalue à trois journées, et gagner ainsi un dollar et plus. La dernière récolte a produit 4,462,790 livres de sucre, 143,341 gallons de rhum, et 163,133 gallons de mélasse. On a peu d'espoir d'en faire autant cette année, bien que le temps ait été très-favorable.

3° Établissements nouveaux.

4° État et perspective de la culture.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841. — GUYANE. 911 5° Perfectionnements et inventions. On a mis en usage quelques charrues qui économisent beaucoup de travail manuel; mais les tranchées opposent un obstacle insurmontable à l'emploi des instruments d'agriculture, et, par conséquent, à toute amélioration. On a établi, sur une des propriétés du district, une tuilerie où l'on fabrique des briques et des tuiles de bonne qualité. 6°

s attend, pour la récolte prochaine, à une diminution qui peut être attribuée à trois causes : à l'humidité des premiers mois de 1840 ; à ce qu'on a coupé les cannes trop tôt, pour profiter de la hausse du cours du sucre ; enfin à la négligence que les planteurs ont apportée à la culture de leurs champs, pendant la riche moisson de l'année dernière. Le taux des salaires est de 1 fr. 85 cent, à 2 fr. 5o cent., pour une besogne qui peut se faire en cinq heures. Le temps est très-favorable pour les cannes.

Commerce intérieur. 5° Perfectionnements et inventions.

Il s'est établi beaucoup de nouvelles boutiques. Les articles que l' on demande le plus sont les objets d'habillement, les étoffes de coton, les salaisons, les spiritueux, les boissons fermentées, les chaussures, la bijouterie, les outils de charpentier et les instruments d'agriculture. Le tout se paye comptant.

17.

de

M. W. Howard Ware, magistrat salarié du district H d'Essequibo, pour le 1 semestre de 1841. RAPPORT

er

La charrue a été introduite, dans ce district, avec le plus grand succès; il est probable qu'avant peu son usage deviendra général. 6° Commerce intérieur. Ce commerce a beaucoup diminué, les marchandises de coton , les soieries, les vêtements, les salaisons, la farine, les boissons fermentées, les liqueurs spiritueuses et les vins sont trèsdemandés.

1 Caractère général et condition des travailleurs. °

Leur conduite s'est bien améliorée depuis l'apprentissage. Ils sont polis, rangés et soumis aux lois. Ils recherchent la toilette, ont des logements bien meublés, et jouissent des commodités ordinaires de la vie. La mortalité n'a pas été aussi grande parmi les adultes que parmi les enfants, ce qu'on peut attribuer à la négligence des parents qui ne donnent pas à temps, à leurs enfants, les secours dont ils ont besoin; souvent aussi le médecin demeure à une trop grande distance. Les querelles et les petits vols sont les délits les plus fréquents. 2° Relations entre les travailleurs et les propriétaires. Sur toutes les plantations, chaque famille a la jouissance d'une case commode, et d'autant de terre qu'elle en peut cultiver, le tout sans aucune redevance. Lorsqu'il arrive qu'un cultivateur quitte sa résidence, il a le droit de disposer de la récolte de son champ. Plusieurs cultivateurs de quatre plantations de ce district se sont établis sur des terres louées vis-à-vis de Fearnot, propriété appartenant à MM. Daniels, de Bristol. Chaque jour il se forme de nouveaux hameaux, un magasin a été construit, et tout fait présumer que cet endroit deviendra bientôt un village. Ces changements ôtent aux plantations une partie des bras dont elles ont besoin; ce sont les meilleurs cultivateurs qui s'établissent ainsi, et ils emmènent leurs familles pour les aider à mettre en rapport les terrains qu'ils ont achetés. 3° Établissements nouveaux. On a construit une nouvelle église sur la plantation HamptonCourt. Les plantations Devonshire-Castle, Richmond, Anna-Regina et Alliance ont des écoles particulières. Il y a, en outre, trois écoles publiques entretenues aux frais de la colonie. Durant l'apprentissage, on avait fondé une société de secours mutuels; mais, depuis deux ans, les cultivateurs ont cessé d'y souscrire. Cependant la société a encore un capital considérable que l'on distribue, par petites sommes, aux souscripteurs lorsqu'ils sont malades. Nous n'avons pas de caisse d'épargne dans ce district. 4° État et perspective de la culture. On manque serieusement de bras. Depuis six mois, 250 agriculteurs environ sont venus s'établir sur les plantations. Les cultivateurs, en général, travaillent assidûment; mais, dans plusieurs endroits, un grand nombre de femmes ont cessé de s'employer dans les champs. L année derniere, on a fabriqué à,888 boucauts de sucre. On

RAPPORT de M. A. Van-Rick de Groot, magistrat salarié du district I de Berbice, pour le 1 semestre de 1841.

18.

er

1° Caractère général et condition des travailleurs. Leurs mœurs se sont améliorées depuis l'affranchissement définitif. A peu d'exceptions près ils assistent régulièrement au service divin; les mariages sont fréquents parmi eux; ils sont, en somme, plus assidus qu'anciennement ; mais ils pourraient développer encore plus d'activité. Leurs habitudes sont aussi devenues meilleures. Plus ils avancent en civilisation, plus ils montrent de goût pour la toilette et pour tous les raffinements de la vie. D'après le rapport du médecin, la mortalité a bien diminué parmi les adultes, mais il est mort plus d'enfants qu'auparavant. Les délits sérieux deviennent graduellement moins fréquents. Il y a, de temps en temps, comme cela arrive, du reste, dans toutes les sociétés, des vols légers, des querelles et des rixes. 2° Relations entre les travailleurs et les propriétaires. A mesure que les préjugés s'effacent et que les relations deviennent plus intimes, les inimitiés disparaissent pour faire place à la bonne harmonie. Les cases que les cultivateurs occupent sur les propriétés, sans payer de loyer, sont commodes; il y est attaché un terrain propre à etre cultivé en jardin. Cependant ceux qui en ont les moyens achètent des lots de terres, ou se réunissent pour acquérir quelques portions des propriétés abandonnées, qui sont trèsnombreuses sur celte côte; ils y construisent des maisons, cultivent des provisions, et forment des établissements qui deviennent des hameaux et des villages. Il en resuite que les plantations n ont plus assez de bras pour exécuter les travaux que nécessitent les produits d exportation ; mais on peut raisonnablement espérer qu une fois établis a leur gré les cultivateurs consacreront régulièrement aux plantations au moins y heures et demie par jour, pendant cinq jours de la semaine, se réservant le samedi pour se livrer à leurs occupations particulières, à la pêche, etc. Les hameaux et villages dont les noms suivent sont en voie de se former. Richfield, composé de Saint-Jean Golden-Grove N° 28

20 maisons. 30 30 g


912 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

N°s 29 et 3o Feribrace N° 12 N° 8

10 maisons. 5 5 5 3° Etablissements nouveaux.

Il n'existe, dans ce district, ni caisse d'épargne ni société de secours mutuels. La caisse d'épargne de New-Amsterdam sert à tous les cultivateurs du comté de Berbice. Nous avons deux chapelles anglicanes, deux chapelles des missionnaires , et quatre écoles. 4° État et perspective de la culture.

en nombre proportionné aux besoins ; c'est ce qui nuit aux progrès de la culture des produits d'exportation. Les salaires sont cependant très-convenables. On paye un tiers de dollar pour un travail calculé sur sept heures et demie, et que l'on fait ordinairement en quatre heures bien employées. Beaucoup de cultivateurs pourraient aisément faire double journée, ce qui sérail un avantage pour tous. Les ouvriers du moulin reçoivent 67 centièmes de dollar, les chauffeurs un demi-dollar ; quand les premiers sont retenus au delà du temps fixé, on leur tient compte des heures extra. Le district ne renferme que sept plantations à sucre, qui on; produit l'année dernière et produiront cette année, avec les soin# convenables, les quantités suivantes :

Les travailleurs de tous genres ne sont pas, à beaucoup près,

PRODUITS NOM DES PLANTATIONS.

ESPÉRANCES POUR L'ANNÉE

de l'année 1840.

1841.

Boucauts. tierçons. Barils.

Plantation Cotton-Tree Woodley-Parck Waterloo. Hope et Experiment n° 17 Faulis Profit

70 0 0 230 50 260

106 89 170 200 0 0

22

0

7 1/2 0 0 0 0 0 0

Même quantité, ou plus si le temps est favorable. De 100 il 110 tierçons. 150 tierçons. Même quantité. Cette année a déjà rendu 165 boucauts, le surplus dépendra du travail des ouvrier-. 100 boucauts seulement, à cause des ravages de la petite-vérole parmi les travailleurs. De 70 à 75 boucauts, selon l'activité des travailleurs.

Jusqu'à ce jour le temps a été favorable à la culture des cannes. 5° Perfectionnements et inventions. On a introduit des machines pour retourner et transporter la bagasse. Quelques planteurs se servent de la charrue, mais son usage n'est pas général. Il n'y a eu aucun perfectionnement pour la culture ou la fabrication. 6° Commerce intérieur. Il s'étend à toutes les marchandises presque sans exception ' soit provisions, objets d'habillement et de toilette les plus chers, joailleries, etc.

19. Rapport de M. J. Mac-Leod, magistrat salarié da district K de Berbice, pour le 1er semestre de 1841. 1° Caractère général et condition des travailleurs. La condition des paysans s'est beaucoup améliorée. Ils ont des habitations plus commodes; recherchent davantage la propreté et le bien-être; le mariage devient général; les enfants suivent les écoles avec plus de régularité; enfin la tenue de tous, dans les lieux consacrés au culte, est tout à fait convenable. Le dernier recensement indiquait une diminution dans la population de ce district; elle a au contraire augmenté. Dans les six derniers mois une seule cause a été portée devant la cour suprême; le nombre de celles qui ont été jugées par la cour criminelle inférieure, pendant la même période, a été fort minime.

tés. Ceux qui s'établissent ainsi consacrent la plus grande partie de leur temps à disposer leurs demeures, et à préparer la culture de leurs provisions ; ils ne travaillent sur les plantations que lorsque le besoin les y force. 3° Établissements nouveaux. Les églises, les écoles, les sociétés de secours mutuels et une caisse d'épargne sont ici à la portée de tous les habitants. On a aussi les plus grandes facilités pour se procurer l'instruction morale et religieuse. 4° État et perspective de la culture. Les planteurs font exécuter leurs travaux avec autant de facilite, au moins, que dans les autres districts; cependant les bras ne sont pas suffisants. Le taux des salaires varie de 33 à 5o centièmes de dollar, suivant la nature de la besogne. On a généralement adopté la tâche, et, comme elle n'est pas forte, un travailleur actif peut gagner par jour un dollar, et même plus lorsqu' il est employé à faire des tranchées. Le temps a été favorable : la récolte promet d'être égale à celle de l'année dernière. 5° Perfectionnements et inventions. Pendant ce semestre, il n'a été introduit aucune machine nouvelle. Celles qu'on emploie pour retourner et transporter 1rs bagasses ont eu le plus grand succès, et se trouvent maintenant sur toutes les propriétés de la colonie. Elles épargnent aux travailleurs l'occupation la plus fatigante et la plus désagréable, en même temps qu'elles ont réduit de près d'un tiers le nombre de ceux qu'on occupait aux travaux intérieurs. 6°

Commerce intérieur.

Il se compose de marchandises sèches, et de toute espèce d'articles d'habillement.

2° Relations entre les travailleurs et les propriétaires. Les cultivateurs demeurant sur les propriétés peuvent être considérés comme simples locataires ; ils ont tous le plus grand désir de se créer un domicile indépendant, et saisissent avidement les occasions d'acheter des lots de terres à bon marché. Il ne s est encore formé aucun village;mais beaucoup de cultivateurs ont construit des cases sur des terrains qu'ils ont ache-

20. Rapport de M. Ch. Whinfield, magistrat salarié du district L de Berbice, pour le 1 semestre de 1841. er

Caractère général et condition des travailleurs. Le caractère général de la population laborieuse est très-recommandable et sa condition excellente, bien que les moeurs et


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841. — GUYANE. 913 habitudes n'aient pas éprouvé une amélioration très-sensible. Les maisons sont mieux fournies des choses nécessaires; mais il y a peu de propreté. Le goût pour la parure est quelquefois porté à l'excès. La mortalité produite parles causes ordinaires aété de 2 p. 0/0. Mais beaucoup d'individus ont succombé, pendant le dernier semestre, aux attaques de la petite vérole, qui heureusement n'a pas régné longtemps. Les délits sont ordinairement des vols légers et des querelles sans importance; du reste ils ne sont pas fréquents. Aucune population du monde n'est plus paisible que la nôtre. 2° Relations entre les propriétaires et les travailleurs. Le besoin que les propriétaires ont des travailleurs assure à ceux-ci une entière indépendance. Ils ne veulent faire aucun contrat de loyers, et ne peuvent être considérés que comme locataires libres. Beaucoup d'entre eux s'établissent à leur propre compte; ils ont déjà formé 11 villages ou hameaux. Il s'en est suivi, pour le moment, insuffisance de bras pour la culture des produits d'exportation ; mais je pense, que, plus tard, il en résultera un grand bien, parce que les cultivateurs seront plus sédentaires et plus disposés à travailler avec assiduité. 3° Établissements nouveaux. Ces établissements consistent en deux églises écossaises, deux chapelles de la société des missionnaires de Londres, et une école dirigée par ces missionnaires. Le Gouvernement a fondé une caisse d'épargne pour le comté ; mais la population de ce district ne se montre pas empressée d'y avoir recours.

4° État et perspective de la culture. Les travaux des champs de cannes manquent de bras, tandis que, sur plusieurs plantations à café, il semble y avoir plus de monde qu'il n'en faut. Lorsque les plantations à sucre et à café sont rapprochées les unes des autres, comme dans ce district, on aurait un grand bénéfice à se prêter un secours mutuel pour faire les récoltes; mais la jalousie qui existe entre les propriétaires ne leur permet pas d'en agir ainsi. Le salaire, pour une tâche journalière qui peut être faite en quatre heures, est de 9 dollars par mois. On accorde, en outre, aux travailleurs des avantages importants ; mais, comme ils ne sont pas les mêmes partout, il serait difficile de leur assigner une valeur. Sur quelques plantations, indépendamment des cases et des terrains à provisions, les cultivateurs reçoivent du poisson salé, des bananes, du porc salé et du riz. Je n'ai pu m'assurer du montant de la dernière récolle de sucre; celle du café a beaucoup souffert de la température et a été d'un cinquième moins forte qu'à l'ordinaire. La récolte prochaine ne sera abondante pour aucun de ces deux produits. Mais comme le temps contraire pour les cafiers était favorable à la culture du sucre, on a multiplié, autant qu'on l'a pu , les plants de cannes, de sorte que l'on peut compter sur une augmentation considérable pour plus tard. 5° Perfectionnements et inventions. Il n'y a eu ni perfectionnement ni invention d'aucune espèce, depuis la lin de l'apprentissage. 6°

Commerce intérieur.

Il se fait à présent peu de commerce intérieur. Celui du bois de construction, qui vient seulement de commencer, paraît devoir prendre beaucoup de développement.

II.

21.

de

A. Allen, magistrat salarié du district M de Berbice, pour le 1e semestre de 1841.

RAPPORT

M. J.

r

1° Caractère général et condition des travailleurs. En général, leur caractère est bon et leur condition satisfaisante. Leurs mœurs se sont sensiblement améliorées depuis la fin de l'apprentissage, et ils sont devenus plus sédentaires; ils ont un goût prononcé pour la bonne nourriture, pour les objets d'habillement et le luxe des habitations. Ils comprennent mieux les obligations du mariage, ainsi que les devoirs réciproques des parents et des enfants. La mortalité parmi les enfants a beaucoup diminué, depuis qu'ils ne sont plus privés du lait de leurs mères pendant une parlie de la journée, comme cela arrivait avant l'affranchissement. L'usage trop fréquent des liqueurs fortes, conséquence de la distribution des rations de rhum, a causé la mort prématurée de beaucoup d'adultes. Sur deux plantations, la petite vérole a fait de grands ravages, surtout parmi les vieillards et les individus les moins robustes. Les délits graves sont rares ; les petits vols semblent devenir moins fréquents ; mais les querelles et les rixes semblent se multiplier. Les rapides progrès de l'instruction morale et religieuse contribueront bientôt, je l'espère, à les réprimer, 2° Relations entre les travailleurs et les propriétaires. Le mode de location est extrêmement varié. Dans quelques endroits, les cultivateurs ont eux-mêmes bâti tout ou partie de leurs cases ; nulle part ils ne payent de loyer ; il n'existe aucune loi qui détermine les cas d'expulsion ; et jamais, ou du moins rarement, il ne s'en fait d'arbitraires.

Les cultivateurs ont tous le désir de s'établir indépendants, bien qu une centaine seulement aient pu le faire jusqu'ici. Il ne leur est pas facile d'acheter, comme ils le voudraient, des portions de terres dans le voisinage des plantations, parce que les propriétaires ne sont pas disposés à leur en céder. Un village et trois hameaux s'élèvent dans le district; la culture n'en a pas souffert; les cultivateurs et leurs femmes continuent, pour la plupart, à donner une partie de leur temps aux plantations voisines. 3° Établissements nouveaux. On construit une église épiscopale pour l'usage des cultivateurs des trois plantations isolées, situées sur la rivière Courantyne. La chapelle d'Albion a été agrandie. Dans toutes les églises et chapelles, en général, il y a une grande affluence d'assistants. Nous avons neuf écoles sous la surveillance de divers ministres; toutes sont bien suivies. Les progrès des jeunes enfants font le plus grand honneur aux maîtres. Le comté de Berbice possède une caisse d'épargne, qui est établie à New-Amsterdam. Les cultivateurs des districts ruraux n'y ont eu que rarement recours jusqu'à présent. Les quatre ministres de ce district ont établi, chacun dans sa congrégation, une société de secours mutuels; elles ont déjà exercé une heureuse influence, qui ne peut que s'accroître de jour en jour. Celle qui a été fondée par l'infatigable recteur de Saint-Patrick a beaucoup contribué à exciter l'industrie et la tempérance parmi la population. 4° État et perspective de la culture. Sur les plantations des côtes, l'on a obtenu des travailleurs en nombre suffisant. Ce qui manque n'est pas tant la quantité de bras que la régularité du travail. Le salaire est de 1 fr. 65 cent, pour une tâche, qu'un comité de planteurs a évaluée, en 1834, à une journée de travail de sept heures et demie. Lorsqu'on n'insiste pas beaucoup sur la qualité de la besogne, deux tâches

58


914 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

peuvent se faire en un jour. D'ordinaire on paye comme travail extra ce qui se fait en sus de la tâche. Durant l'apprentissage, les planteurs calculaient que les sept heures et demie du tarif leur revenaient à 4 francs environ, indépendamment de la nourriture, de l'habillement, du logement, des frais de médecin, etc. : c'est ce que prouve l'évaluation des services des noirs que l'on fit à cette époque. Les planteurs qui occupaient des ateliers à la tâche payaient jusqu'à 6 fr. 6o cent, par tête, non compris les allocations, et cela quand le sucre était au-dessous du prix auquel il est monté depuis la liberté. Il est vrai que les bénéfices des propriétaires ont été diminués, à partir de 1838, par les dépenses que les planteurs ont eu à faire pour l'amélioration des anciennes cases; mais ces dépenses n'ont été que temporaires. La culture des provisions, à laquelle les travailleurs se livrent avec activité, ajoutée à ce qu'ils reçoivent pour salaire, leur donne les moyens de soutenir convenablement leurs familles. La dernière récolte a été satisfaisante pour un certain nombre de plantations, ainsi que le prouve l'état ci-joint. Quelques-unes cependant ont souffert : celles de la côte, par suite de l'humidité et du peu de soins donné à l'entretien des tranchées ; d'autres par les accidents arrivés à leurs machines, et une autre encore par suite d'un incendie. La perspective de la récolte de celte année fait espérer qu'elle ne sera pas inférieure à celle de 1840. On se ressentira dans toute la colonie du beau temps qui règne depuis longtemps.

les bras. Sur la plantation Albion on a essayé des chemins à rails pour transporter les cannes à l'usine; si le succès n'a pas été complet, c est qu il y a eu défectuosité dans les détails. On a adopté, sur une seconde plantation, un instrument pour couper les cannes et faciliter leur mise en bottes. La charrue a souvent été essayée; mais, excepté dans les sols légers, elle n'a pas assez bien réussi pour faire abandonner la routine. On n a inventé aucun nouveau moyen de fabrication. 6°

Commerce intérieur.

Il consiste en étoffes de laine et de coton, en effets d'habillement de bonne qualité, en couvertures, bottes, souliers, verrerie, poterie, armes de chasse , poudre, plomb, provisions de toute espèce, esprits, vins et boissons fermentées ; les marchandises inférieures ont peu de débouchés. Le goût des vêtements coûteux domine, surtout chez les femmes. Les propriétés ont presque toutes des magasins où ces diverses marchandises sont détaillées aux cultivateurs. Les propriétaires ou les géreurs ont rarement un intérêt dans ce commerce. Ou ne rencontre pas souvent de colporteurs, excepté dans le voisinage de New-Amsterdam. L'état des routes du comté de Berbice présentera toujours de grands obstacles aux communications et au commerce intérieur, a cause de la négligence de ceux à qui la loi a confié, le soin de leur réparation.

5° Perfectionnements et inventions. On a introduit plusieurs perfectionnements pour économiser

État présentant le montant des produits, des frais et des bénéfices nets de quelques plantations à sucre du district M, pour l'année 1840. QUANTITES

NOMS des propriétés.

de de de boucauts gallons gallons fabriqués. de rhum. de mélasse

MONTANT

MONTANT

DÉPENSES

total

des salaires

du produit.

payés.

accessoires et intérêts des capitaux.

Eliza-et-Mary, , . .

380

Prospect..'

243

17,200

255,625

34,069 75

Canefield Goldstone-Hall. . . Reliance Rose-Hall

588 228 300 300

42,000 17,000 27,000 20,000

900 3,000

G19,500 242,000 332,250 320,000

83,333 62,500 78,437 65,110

149,523

7,587

2,176,900

TOTAUX

2,039 NOTA.

26,323

LE

3,687

407,525f 10l,562f50c

prix moyen du sucre, pour

1840,

80,9 2f50

c

225,000f 175,000

70 00 50 55

425,000 125,000 200,000 175,000

425,013 50

426,886 50

1,325,000

a été évalué à

875

111,166 54,500 53,812 79,889

OBSERVATIONS.

net.

46,555 25

30 00 50 45

Les dépenses faites pour les salaires ont été plus fortes sur cette plantation que sur les autres , à cause de sa situation sur la rivière Courantyne et des frais de transport des produits jusqu'à New-Amsterdam. Ce relevé ne comprend que l'espace de mai à décembre 1840. Les nouveaux propriétaires de cette plantation l'ont achetée 450,000 fr.

francs le boucaut, et celui des raclasses et du rhum à

de M. W. J. Brittain, magistrat salarié du district inférieur de Demerara, pour le 1 semestre de 1841.

22.

BÉNÉFICE

RAPPORT

er

1° Caractère général et condition des travailleurs. Depuis l'émancipation définitive , les manières des classes laborieuses envers leurs supérieurs sont polies et respectueuses sans servilité. Les travailleurs acquièrent le goût de la propreté, du bien-être et des choses de luxe qu'ils peuvent se procurer. Ce goût est favorisé par la bonne disposition des cases où ils habitent, et par l' élévation des salaires, qui sont d'un demi-dollar par jour, pour une tâche qu'un cultivateur peut faire en quatre ou cinq heures. Beaucoup de travailleurs gagnent aisément un dollar par jour ; les bons ouvriers peuvent même gagner bien davantage dans leurs divers états. Les enfants sont mieux soignés qu'ils ne l'étaient lorsqu'on les confiait à de vieilles femmes pendant que les mères travaillaient aux champs; leur extérieur le prouve. Ce nouvel état de choses a fait diminuer la mortalité; cependant on ne pourra acquérir une certitude complète à ce sujet que par des recensements exactement faits. Jusqu'ici les renseignements obtenus sont d'une inexactitude déplorable. Pendant l' esclavage, on ne faisait pas le relevé des enfants morts pendant les trois mois accordés pour leur enregistrement ; les seuls relevés exacts étaient ceux des esclaves inscrits.

28

stivers le gallon.

On parle beaucoup de l'augmentation des crimes dans la colonie; quanta moi, mon opinion est tout à fait contraire. Durant vingt années de résidence à la Guyane, j'en ai visité toutes les parties ; et, d après ma conviction , si l'on pouvait établir un état des crimes et délits et des condamnations, on verrait que, durant l'esclavage, on infligeait plus de châtiments sur une seule plantation , pendant un temps donné, qu'aujourd'hui dans tout le district. Les fautes qui sont à présent du ressort de la cour criminelle supérieure étaient alors punies sommairement par l'autorité et à la volonté du géreur, et sans qu'il en fût conservé aucune trace. On comprend que je parle ici de la période qui a précédé l'établissement des protecteurs des esclaves. 2° Relations entre les travailleurs et les propriétaires. La condition des cultivateurs logés sur les propriétés est celle de locataires que l'on peut congédier à volonté. Ce système avait été combiné pour les empêcher de s'établir chez eux et de former des villages libres dans le voisinage des propriétés. Il a eu pour effet de diminuer la culture des produits d'exportation. L'expérience, aussi bien que la théorie, justifient celte conclusion. Des centaines de noirs ont quitté les plantations aux quelles ils appartenaient comme esclaves, et se sont fixés sur des terres abandonnées , ou, pour quelque temps du moins, ils seront privés de magistrats, de ministres de la religion et de médecins. Les cul-


ÉTUDE DE

L'EXPÉR. ANGL. —CHAP. XIV. ÉTAT

tiva leurs et les propriétaires ont soulier! de ce changement; mais les motifs des premiers étaient bons ; un homme libre ne doit pas, lorsqu'il peut l'éviter, laisser à un autre le droit de le jeter, quand il lui plaira, sur la grand'route, avec sa femme, ses enfants et le peu qu il a amasse avec tant de peine, à la seule condition de lui paver la valeur de sa récolte, d'après l'estimation faite par un arbitre indifférent. Ces sentiments sont ceux de la plus grande ; artie des cultivateurs; ils les portent à travailler sans relâche, afin d économiser assez d'argent pour acheter des portions de terre, et s affranchir de leur condition. Quand les planteurs leur donnent la facilité de faire ces achats sur les propriétés même, ou dans leur voisinage, ils s assurent des travailleurs sédentaires pour les aider dans leur culture. Mais s'ils les laissent s'éloigner, il en résultera que leurs champs seront d'abord négligés, puis tout à fait abandonnés. Ceux qui comprennent bien leurs intérêts agiront différemment, ils s'assureront ainsi les services des meilleurs travailleurs, qui s'empresseront de profiter de leurs offres. Tout ceci doit s appliquer aussi bien aux immigrants qu'aux créoles. Le meilleur moyen d attacher les uns et les autres aux propriétés, c'est de leur y donner un intérêt. Toute tentative pour imposer aux locataires d autres conditions qu'un loyer raisonnable, tout ce qui tendra à obtenir le travail par un moyen autre que l'appât d'une récompense, sera aussi peu raisonnable que peu juste, et tournera contre ceux qui en essayeront. 3° Établissements nouveaux. Presque toutes les grandes propriétés ont des écoles, et entretiennent des professeurs. Les plus petites se réunissent pour y subvenir. Les édifices consacrés au culte sont nombreux; on en a construit plusieurs en remontant la rivière, pour la commodité des habitants qui se sont établis de ce côté. Les caisses d'épargne et les sociétés de secours mutuels ne se sont pas encore répandues jusque dans les districts ruraux.

DU

TRAVAIL. ETC.— 1841. —GUYANE.

915

tel besoin de bras, que des propriétaires à qui l'expérience a fait comprendre leurs véritables intérêts, ont offert à la vente des lots de terre places dans les meilleures situations, de première qualité quant à la nature du sol, et à des prix très-bas, afin d'attacher des cultivateurs d'une manière stable à leurs plantalions. La moitié de la dernière récolte a été détruite par la surabondance de pluie ; la seconde moitié a beaucoup rendu. La perpective de la récolle prochaine est très-favorable. 5° Perfectionnements et inventions. On a introduit partout, depuis ces dernières années, d'importantes machines pour faciliter la préparation du sucre et du café. Dernièrement on a mis en usage une autre machine fort utile pour creuser de larges tranchées et des canaux. La charrue a été employée avec fruit sur plusieurs propriétés; mais je ne sais par quels motifs elle n est pas autant en faveur qu'elle le deviendra plus tard. 6° Commerce intérieur. Beaucoup de petits magasins se sont ouverts de tous côtés, et sont fournis de comestibles et d'articles d'habillements. Ces articles sont surtout fort recherchés par les cultivateurs, dont les besoins ont augmenté en proportion des moyens d'y satisfaire. Des colporteurs autorisés parcourent aussi le pays, ainsi que des voitures de boulangers qui débitent du pain de bonne qualité. Malgré l'accroissement de leurs besoins, les cultivateurs sont généralement désireux de faire des économies, afin de pouvoir acheter des terres pour s'établir.

23.

LETTRE

de

M.

Ch. Whinfield, shérif de Berbice. Berbice, 27 août 1841.

État et perspective de la culture.

Les travailleurs manquent dans toute la colonie. Ce n'est pas à dire seulement qu'ils soient en nombre insuffisant relativement à l'étendue et aux ressources de Vile; ils ne sont pas même assez nombreux pour entretenir les belles plantations qui étaient en pleine culture il y a trois ans. Cependant, si l'on est forcé de les abandonner, ne fût-ce qu'en partie, il en résultera une perte considérable pour les propriétaires, et un préjudice sérieux à la colonie en général, parce qu'il faudra de longues années d'un travail assidu et d'une stricte économie, pour récupérer les capitaux perdus. Les hommes de l'intelligence la plus ordinaire ont dû prévoir que l'émancipation produirait une diminution sensible dans le travail. Il était bien probable que les mères consacreraient une portion considérable de leur temps au bien-être de leurs maris et de leurs enfants ; que les vieillards et les infirmes renonceraient aux travaux des champs; que les parents gagnant des salaires élevés dispenseraient leurs enfants des occupations pénibles; que les travailleurs actifs eux-mêmes se donneraient plus de relâche que la discipline sévère de l'esclavage ne le leur permettait, et emploieraient une partie de leur temps à leurs travaux particuliers. Je ne pense donc pas que le travail fait sur les plantations soit au-dessous de ce à quoi on devait s'attendre. On espérait que ! immigration viendrait bientôt suppléer à la diminution des bras. Sans examiner les motifs qui ont pu s'opposer à ce qu'il en arrivât ainsi, je dirai seulement qu'il est de la plus grande importance qu aucun obstacle ne contrarie l'introduction des immigrants. H n est pas de pays qui soit susceptible de leur offrir plus d'attraits, et qui ait plus besoin d'eux que celui-ci. Lors même que les propriétaires auraient l' intention d'abuser des services des immigrants , il ne leur sera pas possible de le faire, si l'on maintient l' autorite actuelle des magistrats salariés. On a un

J ai visité, en compagnie de M. Lowenfeld, agent de l'immigration pour ce comté, les Africains capturés, établis depuis le 28 juin dernier sur diverses plantations. Ils n'ont pas cessé de jouir d'une bonne santé. Les logements qu'on leur a assignés sont très-convenables, et leur extérieur prouve qu'on leur a donné tous les soins nécessaires sous le rapport de la nourriture et de l' habillement. Un seul d'entre eux a quitté la plantation Everton, ou il avait été placé, pour passer sur la plantation Providence, a l' invitation d une femme de son pays qui était venue avec lui. M. Lowenfeld les a soigneusement enregistrés; il ne pourra s'élever par la suite aucune difficulté quant à leurs noms, auxquels ils répondent déjà très-bien. M. Fothergill, recteur de la paroisse de Saint-Patrick, les a mis au courant de l'alphabet; il espère qu'à Noël prochain ils seront en état de lire des mots de deux ou trois lettres. Je pense qu'il serait convenable que les autres Africains capturés en même temps que ceux-ci fussent réunis à eux; car on ne peut douter qu'il n'existe quelque parenté entre plusieurs de ces malheureux. On a dit à Blairmont qu'ils avaient été tous pris dans le même village. Signé Ch.

24.

WHINFIELD.

Rapport de M. W. J. Brittain, magistrat salarié du district M de Berbice. Berbice, 13 août 1841.

Les routes du district de Courantyne sont, dans plusieurs eudroits, impraticables; dans d'autres, elles sont inondées faute d'issue pour les eaux, et l'évaporation pourra seule les mettre «à sec;

II. 58.


e

916 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. sur certains points il existe un grand nombre de trous et crevasses dans lesquels les bestiaux s'enfoncent très-souvent. Il y a huit plantations à sucre sur la rive orientale de CanjeCreek, toutes dans un rayon de 10 milles, et 7 sur la côte; Albion, la plus rapprochée, est à 12 milles de Canje-Creek, et Skeldon, la plus éloignée, en est à 5o milles. J ai visité d'abord les plus éloignées. Les plantations Éliza-etMary et Skeldon, toutes deux limitrophes, sont très-vastes ; l'étendue de chacune est d'environ 3,000 acres; elles ont fait de très-belles récoltes jusqu'en 1838; depuis, les cultivateurs les ont peu à peu quittées. On aurait pu, ce me semble, les retenir, si on leur avait offert, il y a trois ans, de leur vendre de petits lots de terre pour s'y établir. Il n'est aucune partie de la colonie plus salubre que celle-ci ; ceci s'applique à toute la côte depuis Canje-Creek. Le terrain est fertile; les immigrants ne sauraient être mieux placés qu'ici, si les routes étaient praticables. Chacune de ces deux plantations a d excellentes cases à nègres; sur Skeldon on en a construit nouvellement plusieurs; mais elles ne sont pas toutes habitées. Une très-belle église a été élevée entre les deux plantations, qui en ont fait les dépenses; elles en entretiennent le minisire, ainsi qu'un maître d'école; et dernièrement elles ont offert de céder des lots de terres de bonne qualité, à un prix raisonnable, aux personnes qui voudraient fonder un village auprès de l'église. On propose aux acheteurs depuis une demi-acre jusqu'à une acre de terrain, au bord de la route, avec obligation, par le propriétaire, de pourvoir à l'écoulement des eaux. C'est le premier exemple que j'aie à citer de l'adoption d'un principe aussi sage et aussi libéral; je désire sincèrement qu'il soit imité. Je le mentionne pour le cas où les propriétaires de ces deux plantations demanderaient qu'on leur envoyât une partie des Africains que l'on attend. Je verrai plus tard les autres plantations de la côte, et me concerterai avec les propriétaires, afin de proposer au Gouvernement les meilleurs moyens pour empêcher que les communications puissent être à l'avenir interceptées, comme elles le sont aujourd'hui par suite des pluies. Je crois que si le Gouvernement consent à entrer dans les dépenses en proportion de l'étendue des terres de la Couronne que traverse la roule, les propriétaires ne refuseront pas d'y contribuer pour leur pari. Signé W. J. BRITTAIN.

25.

données À M. H. C. Ouseley, agent du de la Guyane anglaise, chargé d'y transgouvernement porter les Africains capturés. INSTRUCTIONS

Rio-Janeiro, 26 juillet 1841. Art. 1er. Dès l'arrivée d'un navire ayant à bord des Africains capturés, vous vous adresserez au ministre résidant de Sa Majesté, pour qu'il vous autorise à les expédier pour la Guyane. Art. 2. Vous réclamerez l'assistance du commandant en chef de la station pour vous aider à remplir votre mission. Art. 3. Vous vous rendrez à bord de tous les navires capturés qui entreront dans le port, pour y prendre connaissance du nombre, de l' âge et de l' état de santé des esclaves. Vous examinerez la capacité et l'état des bâtiments, afin de déterminer s'ils peuvent être dirigés immédiatement sur la Guyane, ou s'il convient d y faire préalablement des réparations. Art. 4. Lorsqu'un navire, sans esclaves à bord, aura été capturé, vous vous ferez autoriser à y embarquer ceux qui se trouveront à bord du vaisseau de Sa Majesté the Crescent, ou partout ailleurs. Art. 5. Vous éviterez de donner lieu à aucun retard ou à des

difficultés, en négligeant la quarantaine et les précautions sanitaires observées au Brésil. Art. 6. Si des navires étaient capturés sur la côte septentrionale du Brésil, il serait bien que vous fissiez sentir aux officiers commandant les bâtiments qui s'en seraient emparés, combien il est préférable d'envoyer directement leurs prises à la Guyane anglaise pour les faire juger, par la double considération du peu de longueur du voyage et de l'empressement que l'on met dans cette colonie à se charger des Africains, sans qu'il en coûte aucuns frais au Gouvernement. Ces considérations peuvent être soumises a l' occasion au ministre de Sa Majesté ou au commandant en chef, pour les décider à diriger les Africains sur la Guvane, de préférence aux autres colonies qui ont témoigné le désir d'en recevoir, mais qui n'ont pas encore pris les mesures convenables pour leur réception et leur entretien. Art. 7. En faisant le choix des Africains destinés pour la Guyane, il conviendra de veiller à ce que les hommes et les femmes soient en nombres égaux. Art. 8. Vous aurez soin de faire embarquer une quantité d'eau suffisante, ainsi qu'une provision des médicaments les plus utiles et le plus ordinairement employés, en y joignant des désinfectants et de l'alun pour purifier l'eau. Art. 9. Il sera toujours convenable d'adjoindre un chirurgien pour accompagner chaque convoi. Art. 10. Lorsque vous engagerez un chirurgien, vous le mettrez en rapport avec le chirurgien-major et l'aide-major du vaisseau the Crescent, afin qu'il reçoive d'eux les instructions que leur expérience pourra lui fournir. Art. II. Afin d'éviter toutes difficultés de la part des autorités ou des croiseurs du Brésil, il conviendra, autant que possible, de se faire remettre un pavillon pour chaque steamer ou navire de transport, d'y embarquer un officier de marine et quelques hommes du pays, et de le pourvoir d'un ou deux canons et d'armes légères pour servir en même temps de signal et de défense, et pour maintenir à bord la discipline, ce qui pourrait être difficile sans cette précaution. Il vaudra mieux n'envoyer qu un petit nombre d'Africains par chaque navire de transport. que de le charger de manière a déterminer des maladies parmi les passagers et à courir le risque d'être pris. Art. 12. Attendu qu il y a en ce moment un grand nombre d Africains en dépôt à Sainte-Hélène; qu'ils occasionnent une grande dépense, tant a la colonie qu'au Gouvernement de Sa Majesté, et que d ailleurs cette île n'a pas besoin de leurs services, je vous engage a solliciter, près de qui de droit, l'autorisation d y envoyer, soit un navire capturé, soit tout autre bâtiment disponible, pour faire transporter ces Africains à la Guyane. Je vous invite aussi a vous arranger pour que les bâtiments saisis sur la cote d Afrique soient, autant que cela se pourra faire, diriges en droite ligne sur la colonie. Art. 13. Le négrier actuellement dans le port de Rio-Janeiro, ou tout autre qui serait capturé plus tard, et qui devrait être envoyé à une cour anglaise d'amirauté, serait convenablement employé à transporter à la Guyane les Africains disponibles, si toutefois le commandant en chef de Sa Majesté y consent. Art. 14. Si le gouvernement de la Guyane anglaise juge convenable de continuer à envoyer des steamers à Rio-Janeiro, il serait de son intérêt d'y établir, à ses frais, un dépôt de charbon de terre, pour éviter les relards dans les approvisionnements et les variations du cours. L'entrée du charbon et celle des machines étant libres dans ce pays, ce serait une grande économie d'y expédier directement d'Angleterre, pour le compte du Gouvernement de la Guyane, des chargements entiers de charbon ou d'en lester les bâtiments à cette destination.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1841. — GUYANE. 917 Art. 15. Il est important, par-dessus tout, de recommander aux capitaines, chirurgiens et autres fonctionnaires des steamers et navires de transport chargés d'Africains, de les traiter avec soin; et non-seulement de veiller à ce que rien ne leur manque, mais encore d'empêcher aucun abus de la part des individus faisant partie de l'équipage. Art. 16. Des comptes en double expédition seront tenus par vous, et comprendront toutes les dépenses que vous aura occasionnées la mission dont vous a chargé la Guyane anglaise. Des copies devront en être adressées au gouverneur de la colonie.

26.

EXTRAIT

d'une dépêche du gouverneur Light à lord John Russell. Démerara, 3o septembre 1841.

Je suis revenu depuis hier d'une tournée dans le comté d'Essequibo. Je n'avais pas vu cette partie de la colonie depuis février 1839, et j' ai été agréablement surpris des améliorations qui ont eu lieu dans la conduite et les habitudes des créoles. Autrefois il existait à peine une maison qui ne dépendît pas des plantations ; à présent la côte, de l'est à l'ouest, est couverte de magasins et d'habitations. Dix-huit propriétés ont offert des terrains que les travailleurs de tous genres ont pu acheter ou louer par lots d'un tiers d'acre ou d'une demi-acre. Le cultivateur s'y construit une chaumière convenable, l'artisan une maison plus vaste, le marchand un bâtiment qui peut lui servir en même temps de boutique et de logement. Le gouverneur, sir Carmichael Smith, avait donné, peu de temps avant sa mort, le nom de William's-Town à un établissement projeté par le propriétaire de la plantation Aberdeen. A l'époque de ma première tournée, cet établissement était à peine commencé ; mais, bien que les terres n'aient été que louées pour vingt et un ans, par tiers d'acre, à des prix fort élevés, c'est aujourd'hui un village important. Il s'y trouve soixante - sept boutiques, de jolies résidences, des chaumières, une chapelle épiscopale pour 400 personnes, et une école. Depuis l'ordonnance concernant le rhum, on n'a pas manqué d'y ouvrir plusieurs débits de cette liqueur. Si, au lieu d'être loués, les terrains avaient été vendus, William's-Town serait plus important encore qu'il ne l'est. Un autre établissement a été fondé à 3 milles à l'est, vers l'Essequibo. Le sol y est meilleur, les lots plus grands, et les prix de vente moins élevés que les prix de location à William's-Town ; aussi les cultivateurs s'y sont-ils portés avec empressement. Dayerhaad, Mocha et Westfield , propriétés appartenant à M. Carbery, et présentant une façade de 1200 verges d'étendue, ont été coupées par des rues longitudinales et transversales. En 1838, ces mêmes propriétés étaient en d'autres mains et couvertes en grande partie par des broussailles impénétrables ; elles offraient une retraite sûre aux jaguars, ou tigres américains, qui sont encore nombreux sur la côte. Après en avoir fait l'acquisition, M. Carbery traça, il y a dix-huit mois, l'emplacement d'un village divisé en lots d une demi - acre et coupé par trois rues. Une absence d une année, qu'il fit, arrêta l'exécution de son projet; cependant, à son retour, la plus grande partie des lots avait été vendue et mise en état de culture. Plusieurs jolies chaumières étaient déjà debout, entourées de champs à provisions en plein rapport. Il est une chose qui m'a paru une preuve du progrès de la civilisation, c est que chaque chaumière a, sur le devant et les côtés, des parterres de fleurs choisies. Je regarde le système des établissements indépendants comme infiniment plus avantageux aux cultivateurs que l'achat de terres en commun. Le propriétaire sait du moins ce qui lui appartient; tandis que, quand on achète en commun, les difficultés de la diII.

vision des portions entravent la régularité des établissements. J'espère beaucoup que la publicité que je me suis efforcé de donner au système suivi par M. Carbery produira son effet sur les noirs qui achètent des propriétés eu commun. La nouvelle condition des descendants des anciens esclaves d'Afrique, présente un contraste frappant avec ce qu'était celle de leurs pères. Je parlai à un vieillard nègre, encore plein de vigueur, et qui réside sur une des plantations où se sont élevés des établissements: il avait été esclave de l'ancien propriétaire, et s'était réfugié clans les bois pour se soustraire à l'oppression. Il fut ramené à son maître; on lui enleva une oreille, on lui coupa le tendon d'Achille de chaque pied, on lui brisa les dents, et il reçut sur les épaules la plus cruelle flagellation. Ce nègre fournit un exemple du caractère patient et oublieux de sa race. Son bourreau réside sur la plantation, et tous deux vivent dans la meilleure intelligence ; il ne lui en veut pas, et rejette toute la faute sur le maître «que, dit-il, Dieu a rappelé, après l' avoir plongé dans la pauvreté et la misère, tandis que moi je suis encore en vie et content. » La saison a été malsaine, même pour les créoles; mais l'Africain ou le descendant d'un Africain ne reste pas longtemps malade, s il n'est pas adonné à l'ivrognerie. Tes cultivateurs de Sierra-Leone, qui habitent sur la côte, ne sont pas souvent atteints de la lièvre. Les rapports qui ont été faits sur la mortalité qui a sévi sur les immigrants de Madère, m'ont déterminé à nommer une commission d enquête pour examiner leur condition et le traitement qu ils reçoivent. Cette commission a reçu l'accueil le plus empressé : les propriétaires et les géreurs ont mis tous leurs soins a suivre les recommandations qu'elle leur a faites. Les maladies ont sans doute été fréquentes, et, sur une ou deux plantations, beaucoup d'individus sont morts; mais on ne peut en jeter la responsabilité sur les personnes qui dirigent les propriétés. Les Portugais sont fort sales, refusent les médicaments, et, n ayant pas de prêtres pour les encourager, ils cèdent aux premières atteintes du mal. Apres au gain quand ils sont en bonne santé, il ont travaillé au delà de leurs forces, en dépit des observations qu on leur faisait, et avant d'avoir eu le temps de s acclimater; ce qui leur a été surtout funeste, c'est qu'ils sont arrives dans la colonie pendant la plus mauvaise saison. Il faut encore attendre pour porter un jugement définitif et savoir ce que deviendront les émigrants de Madère, qui arriveront pendant les mois d'hivernage. Votre seigneurie connaît déjà les progrès de l'éducation dans toute la colonie. Sur la côte d'Esscquibo, les écoles sont aussi nombreuses qu ailleurs. La fondation Mico a eu beaucoup de succès a Zorg, où 150 enfants ont été instruits d'après celte méthode. Cet établissement a cessé d'exister lorsqu'on lui a retiré le secours que le Parlement lui avait accordé ; heureusement que la mission wesleyenne, qui dirigeait déjà l'école de Dena-Creek, a repris celle de Zorg. Ces deux écoles, et les autres qui sont répandues dans tout le district, hâteront beaucoup les progrès de la civilisation. Je suis convaincu qu après une ou deux générations, quoique la couleur des nègres ne puisse changer, des facultés nouvelles se développeront en eux, et qu'on n'entendra plus parler de leur incapacité intellectuelle. Il y a affluence dans les lieux consacrés au culte. La plupart des hommes sont vêtus de vestes et pantalons blancs; les femmes portent des robes blanches, et pour coiffure un mouchoir arrangé avec goût; on y voit aussi des toilettes plus riches. Certains noirs se distinguent toujours parle prix élevé qu'ils mettent à leur place dans la chapelle; ils payent quelquefois jusqu'à 5 dollars par an. Les discussions entre les travailleurs et les maîtres sont devenues enfin très-rares; ils semblent satisfaits les uns des autres : les maîtres ne désespèrent plus de l'avenir, ni du travail assidu, des cultivateurs. Si l'immigration continue, l'insuffisance des bras 11e se fera plus sentir, et les récoltes égaleront celles des

58..


918 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. —PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. e

meilleurs temps de l'esclavage. Les planteurs, lorsqu'ils sentiront les avantages du travail libre, en viendront à regretter que ces temps aient jamais existé. Signé Henry

27.

COPIE

LIGHT.

d'une dépêche du gouverneur Light à lord John Russell. Demerara, 1er octobre 1841.

Je reviens sur le nouvel établissement que M. Carbery a fondé sur ses propriétés. 11 a l'intention de l'accroître en vendant d'autres lots de terre, derrière les premiers. Le sol est si fertile et offre de tels avantages aux acheteurs, qu'on ne peut douter que tout ne soit bientôt occupé. Cette position promet de devenir une ville importante; elle est naturellement défendue contre les envahissemens delà mer par un banc de sable qui s'étend vis-à-vis de la route; elle a des écoulements faciles pour la pluie; pendant l'hivernage elle ne manque pas d'eau fraîche. Je n'ai pas hésité à souscrire au vœu général qui demandait qu' on donnât un nom à cet établissement. Les propriétaires s'étant rassemblés, le 2 5 de ce mois, en présence des autorités locales, après un discours dont je vous remets copie, j'ai nommé publiquement l'établissement Queen's-Town, en l'honneur de Sa Majesté et à la grande satisfaction de la population. M. Carbery a fait connaître ensuite son intention d'établir un marché, pour lequel il a réservé un espace; il a dit qu'aussitôt que le terrain sur les nouvelles rues serait vendu, il ferait construire un embarcadère, pour expédier les produits des jardins à George-Town, et faciliter les relations avec les divers points de la colonie; il a terminé en répétant ce qu'il avait déjà annoncé au sujet d'une église et d'une résidence pour le ministre du culte. Immédiatement après la cérémonie, cinq cultivateurs se présentèrent pour acheter des lots dans les nouvelles rues ; un marchand de George-Town demanda aussi un terrain pour y construire une boucherie avant la mise à exécution du projet de marché. M. Carbery a, le premier, compris les bénéfices que l'on doit retirer d'avoir des travailleurs indépendants. Il possède, près de George-Town, une importante plantation appelée Thomas, trèsbien peuplée, en pleine culture, et d'une direction facile; cependant il n'a pas hésité à en consacrer une partie à la création d'un établissement libre, qui ajoutera un vaste quartier à GeorgeTown , et a déjà reçu le nom d'Albert-Town. La lettre incluse de M. Carbery fera, d'ailleurs, connaître l'état actuel et la perspective de Queen's-Town, dont l'existence ne date que de quatre mois. De telles preuves de prospérité n'ont pas besoin de commentaires. Signé Henry

LIGHT.

et qu une industrie soutenue de votre part a déjà rendu prospère. «Depuis l' événement mémorable do votre émancipation, les établisementsindépendants se sont multipliés. Dans ce seul comté, des terres ont été mises en vente sur 18 plantations, au prix de 208 à 5oo dollars l'acre; d'autres ont été offertes en location au prix de 35 à 5o dollars par an , pour un tiers d'acre. « Votre établissement avait attiré mon attention, avant que vous vous fussiez adressés à moi. Il est calculé de manière à assurer le bien-être de vos familles, en même temps que votre indépendance, et à garantir aux plantations voisines les bras nécessaires à leur culture. «Plus de 150 lots d'une demi-acre, régulièrement séparés les uns des autres, et coupés à angles droits, ont été offerts à 150 dollars le lot inculte. Sur la plus grande partie de ces lots, il y a déjà des jardins bien entretenus, et d'agréables chaumières dont la moins chère ne vaut pas moins de 5oo dollars. C'est un spectacle qui réjouitl'esprit et augmente les espérances de tout homme qui est animé du désir de voir s'améliorer la condition de ses semblables, et qui a la confiance que cette amélioration, résultat incontestable de la liberté des individus, est un premier pas fait pour arriver au développement des hautes facultés de l'esprit dont le Tout-Puissant a cloué les créatures. «Oui, mes amis, votre nouvelle position dans la société vous impose l'obligation d'user de tous vos efforts pour que vos enfants, appelés par les lois de la nature à vous succéder un jour, vous surpassent de beaucoup en industrie, en connaissances et en vertu, tout en conservant vous-même dans vos cœurs la reconnaissance des biens que la Providence vous a départis. «Vos enfants , guidés par vous, doivent profiter de la position que vous leur avez créée. Vous avez beaucoup fait, parce que Dieu a béni votre industrie; ils doivent faire encore davantage. Veillez donc à ce qu'ils deviennent industrieux : c'est la base la plus certaine du bonheur, ou tout au moins du contentement de soimême, et la sauvegarde la plus sûre contre le chagrin et le malheur. « Je suis convaincu que vos sentiments sont conformes à ce que je vous exprime; car, non contents, et avec raison, d'avoir des églises, des chapelles et des écoles à quelques milles de vos demeures, vous avez accueilli avec empressement l'offre de M. Carbery , et vous avez promis de l'aider à disposer convenablement les bâtiments qu'il consent à vous abandonner, pour la célébralion du service divin et pour une école. «Afin de vous assurer un ministre du culte, je contribuerai, au nom de Sa Majesté, a ses émoluments pour 2,5oo francs, prélevés sur les fonds publics dont j'ai la disposition. «A présent, et à votre demande, je confère publiquement à votre établissement le nom de Queen's Town; je désire sincèrement qu'il continue à se rendre remarquable par l'industrie et la bonne conduite de ses habitants.» Après ce discours, la charte de l'établissement, portant l'ins-

AVIS

du Gouvernement.

Son Excellence le gouverneur a bien voulu conférer le nom de Queen s-Town a l' établissement libre fondé sur les plantations Dageraad, Mocha et Westfield, paroisse de Saint-Jean, comté d'Essequibo. Signé H. E. F.

YOUNG

, secrétaire du Gouvernement.

Son Excellence a adressé le discours suivant aux francs tenanciers de Queen's-Town ;

cription suivante, a été remise à Son Excellence, qui l'a signée en présence des propriétaires. INSCRIPTION :

« A la requête d'Edouard Carbery, propriétaire des plantations «Dageraad, Mocha et Westfield, auquel se sont joints les pro« priétaires des lots de terres désignés dans cette charte, le nom «de Queen's-Town a été donné à cet établissement par Son «Excellence Henry Light, gouverneur et commandant en chef « de la Guyane anglaise. »

« Mes amis, « A votre sollicitation, et sur la demande de M. Carbery, à qui vous etes redevables de votre position indépendante, je vous ai réunis pour donner en votre présence un nom à l'établissement dont vos économies vous ont mis en état d'acquérir une portion,

Le 25 septembre 1841. Par ordre de Son Excellence, Signé

H. E. F. YOUNG,

secrétaire du Gouvernement.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.—1841.— GUYANE. 919 28.

LETTRE

de M. E. Carbery à M. H. E. F. Young, secrétaire du Gouvernement. 3o septembre 1841.

Pendant le mois de juin dernier, j'ai fait diviser en 152 lots un des champs de la plantation Thomas, qui est contigu à GeorgeTown. Ces lots, d'une étendue totale de 54 acres, forment un village séparé que j'ai nommé Albert's-Town. Il en a déjà été vendu 72, au prix de 250 à 4oo dollars chacun. Les acquéreurs, a l'exception d'un seul, sont cultivateurs ou artisans. J'ai réservé une partie du terrain pour en faire une place de marché; et j'y ai fait construire un bâtiment, dont toutes les boutiques sont louées à raison de 8 dollars par mois. L'établissement a déjà 12 maisons presque terminées; plusieurs autres s'élèvent. •Te n ai pas le moindre doute que tous les acheteurs n'aient, d ici à six ou huit mois, élevé des constructions sur leurs terrains.

des cases; toutes les chambres ont des lits, et chaque famille a une salle particulière. Au 24 juillet dernier, époque de leur arrivée, ils étaient 49; 9 sont morts. Le propriétaire avait donné l'ordre à son géreur de ne rien négliger pour les soigner; mais , comme la plupart continuaient à se mal porter, ils ont été envoyés sur les plantations Rome et Houston pour changer d'air. Ceux qui sont restés se trouvent en convalescence. Plantation Sarah. Ils occupent des chaumières commodes ; mais il y en a un trop grand nombre dans chacune d'elles. Cet inconvénient n'est pas imputable au planteur qui a assez de logements pour les recevoir; mais ils préfèrent vivre ensemble. Soignés convenablement lorsqu'ils sont malades, ils n'élèvent aucune plainte sous d'autres rapports. Ils sont arrivés le 3 septembre dernier au nombre de 37; 2 sont morts depuis, et plusieurs autres sont très-malades. Ceux qui jouissent d une bonne santé sont occupés dans l'usine. Plantation Belle-Plaine.

29.

RAPPORT

de

M.

W. Howard Ware, magistrat salarié.

District F, Leguan, 6 octobre 1841.

J'ai visité, il y a quelques jours,' accompagné des médecins du district, les propriétés sur lesquelles résident les émigrants portugais. Voici le résultat des renseignements que j'ai obtenus : Plantation Caledonia.

22 Portugais sont arrivés ici le 3 septembre; il n'en est mort aucun, mais plusieurs sont malades. Ils logent dans des chaumières bien disposées et garnies de lits. Les malades sont bien traités : aucun d'eux ne m'a fait de plainte. Quand ils se portent bien, on les occupe aux travaux de l'usine. Plantation Elizabeth-Anne. Des 37 émigrants qui ont été reçus ici le 3 septembre, un seul est mort. Quelques autres sont fort malades. Les logements n'ont rien de remarquable, cependant ils ne se plaignent pas. On a le

Les émigrants sont logés dans de bonnes cases. Ils reconnaissent que, lorsqu'ils sont malades, le géreur leur fait donner les soins nécessaires et fournit à tous leurs besoins. Ils n'avaient aucune plainte à me faire. A leur arrivée, c'est-à-dire au com-

plus grand soin d'eux quand ils sont malades. J'ai recommande au géreur de leur donner des lits, des tables et des bancs. On emploie à l'agriculture ceux qui se portent bien.

mencement de juillet, ils étaient au nombre de quaraute, il en est mort quatre; les autres ne jouissent pas d'une bonne santé.

Plantation Zélandia.

Plantation Meerzog. Les Portugais n'ont pas de cases; ils occupent deux bâtiments, l'un vaste et l'autre plus petit,, qui ont été divisés en logements, tous avec des lits; ils ne se plaignent aucunement, et déclarent qu'ils sont traités avec bonté quand ils sont malades. Leur nombre, au commencement de juillet, s'élevait à 108 personnes, tant hommes que femmes et enfants; il en est mort 11 ; les autres sont encore, pour la plupart, mal portants. Plantation New-Bendorff. Sur cette propriété, les émigrants sont logés dans des cases commodes ; chaque chambre est garnie d'un lit. D'après leur propre déclaration, on les traite avec soin, et on ne les laisse manquer de rien quand ils sont malades. Sur les 47 qui sont arrivés en septembre dernier, aucun n'est mort, mais ils sont tous en mauvaise santé. Plantation Friendship. Us occupent ici la partie inférieure de la maison de l'économe, et un bâtiment qui servait autrefois d'hôpital, mais qui n'a pas été divisé en chambres séparées. On les traite bien quand ils sont malades. Je n'ai reçu aucune plainte de leur part. Dans peu de jours, des chaumières seront prêtes à les recevoir. Lors de leur arrivée, au milieu de juillet dernier, ils étaient au nombre de 4o; sur ce nombre il en est mort 7. Tous les autres sont malades. Plantation Success. Les émigrants de cette plantation sont très-bien logés dans II.

Les 18 émigrants arrivés récemment sont en bonne santé. Ils ont des chaumières pour se loger, et s'occupent d'abattre des bois sur la plantation. Il n'en est mort aucun. Plantation Endeavour ( Hog-Island ). 11 émigrants portugais sont arrivés ici le 15 août dernier, et 37 au commencement de septembre; 5 sont morts, et plusieurs souffrent de diverses maladies. Les chaumières qu'ils occupent sont bonnes; elles ont toutes des lits, des tables et des bancs. Ils se montrent reconnaissants des soins que le géreur a pour eux quand ils sont malades, et ne font entendre aucune plainte. Trois ou quatre d'entre eux m'ont fait dire par leur interprète que l'agent de l'émigration, à Madère, les avait trompés relativement au taux des salaires. Je leur ai promis de transmettre leurs griefs au gouverneur. Ceux qui sont en bonne santé travaillent à l'usine. Plantation Blenheim. Les 8 émigrants portugais que cette plantation a reçus, le 8 du mois dernier, sont logés dans de bonnes cases et se portent bien, un ou deux exceptés. Us sont depuis plus de deux mois dans la colonie, et s occupent ici des travaux de l'usine. Il n'en est mort aucun jusqu'à présent. Comme l' émigration a fourni beaucoup de monde à la Guyane pendant les mois derniers, et qu'il en arrive toujours, surtout de Madère, je crois utile de présenter quelques observations sur les soins que les médecins donnent aux malades, sur la manière dont les hôpitaux sont dirigés, et sur le besoin d'interprètes. Quelques-uns des médecins de ce district ont à visiter 200 ou 2 5o émigrants, placés sur des propriétés éloignées de 6 à 12 milles de leur résidence ; il est impossible qu'ils puissent donner à tous les soins qu'exige impérieusement une première maladie, sous notre climat perfide.

58...


920 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. Quant aux infirmeries des plantations, qui étaient d'un si grand secours aux noirs durant l'apprentissage, elles servent aujourd'hui à emmagasiner des bois, ou à des usages tout à fait différents de leur destination primitive. Celles qui sont encore libres n'ont souvent ni lits, ni aucun objet de couchage. Il n'y a

montant de ce que j'ai payé pour les passe-ports des émigrants, etc. J espère ne pas être blâmé d'avoir fait cette avance, caries autres agents des Indes occidentales en agissent ainsi. Dès que les émigrants reçoivent leur billet d'embarquement, ils vendent tout ce qu'ils possèdent, et conservent à peine de quoi subsister jusqu'au

donc pas lieu de s'étonner si les malades témoignent tant de répugnance à habiter des lieux où manquent les choses les plus nécessaires. L'hôpital de la plantation Success est proprement tenu et garni de lits, etc. ; les Portugais, dès qu'ils sont malades, s'empressent de s'y faire admettre pour être soignés.

grants.

Pour obvier aux inconvénients que je viens de signaler, et pour empêcher la mortalité de sévir sur les émigrants qui nous arrivent, comme elle l'a malheureusement fait sur les Portugais, je pense qu'il conviendrait de construire, dans tous les districts, aux frais de la colonie, un ou plusieurs hôpitaux. Cela est d'au-

Lors même que les autorités se détermineraient à ne plus envoyer de délégués, je n'ai aucun doute sur le résultat du prochain voyage. Je pense que l'on trouvera, dans la plupart des émigrants que j'ai embarqués, des laboureurs sains et vigou. eux 11 y a bien ici d'autres navires qui sont ou vont être en chance

tant plus urgent que plusieurs propriétaires se proposent, pour le commencement de l'année prochaine, de supprimer le médecin attaché à leurs plantations. Sur une ou deux des propriétés qui ont reçu des émigrants,

pour les autres colonies des Indes occidentales, mais les renseignements satisfaisants qu'on a reçus des émigrants de Demerara. et les avantages qu'offre le gouverneur Light, principalement aux charpentiers, ont fait venir à moi des centaines de personnes, que je n'ai pu expédier par le navire qui pari.

la perte de l'interprète a eu les plus graves inconvénients, surtout pour le médecin, qui, faute de connaître le portugais, est fort embarrassé pour savoir de quoi souffrent ses malades, et par conséquent pour les traiter. Signé

W. HOWARD WARE.

30. LETTRE de M. Richard Taylor, agent de l'émigration pour la Guyane anglaise, à M. James Hackett, agent général. Sierra-Leone, 12 août 1841. Les six délégués qui sont revenus de Demerara par the Superior y retournent avec les émigrants que ce navire emmène. Tant qu'ils sont restés à terre, je leur ai donné 1 fr. 25 cent, par jour pour vivre. Cette somme ne leur paraissait pas d'abord suffisante ; et, comme je voulais être juste envers eux et en même temps économiser mes dépenses, ce n'est qu'après m'être assuré qu'ils pouvaient s'en contenter que j'ai refusé de l'augmenter. Un de ces hommes, nommé W. Hoare, m'a fait réclamer, par le capitaine Dinning, la somme de 10 dollars qui, alléguait-il, avait été avancée aux autres émigrants, et qu'il n'avait pas reçue lui-même en s'embarquant; je la lui ai remise. Je désirerais que les autorités de la Guyane anglaise s'abstinssent désormais d'envoyer de semblables délégués ; on ne les demande pas, et je les trouve tout à fait incapables et inutiles, à l'exception de Tom Freeman, chef des Kroomen, qui s'est montré fort actif. J'ai été très-mécontent de Thomas Cole; il s'est présenté plusieurs fois devant moi, dans un état complet d'ivresse; il a même, par sa mauvaise conduite, excité les plaintes des autorités du pays. Je ne lui ai fait aucune avance, parce que j'avais acquis la certitude qu'il avait des moyens assurés de subsistance. Si j'avais une proposition à faire, je conseillerais de renvoyer ici Tom Freeman, en lui adjoignant Charles Walker elle chef des Africains affranchis, Charles Christian. Je les crois intelligents et sobres ; ils inspireraient bien certainement de la confiance à la population. Un créole de Sierra-Leone, nommé J. Emmanuel, venu avec M. Dunlop, et porteur de certificats de la cour de police, a déployé beaucoup d'activité pour réunir des émigrants. Il a été fort malade; mais, depuis son rétablissement, j'ai eu tout lieu d'être satisfait de lui. Comme il se trouvait sans argent-, je lui ai avancé 437 fr. 5o cent., sur la preuve qu'il m'a fournie que la commission d'immigration lui allouait un salaire de 875 francs par mois. Il ne paraît pas disposé à retourner aux Indes occidentales. J'ai été obligé de tirer sur MM. Mac-Garel et comp. 575 fr.,

départ; ils ne pourraient donc satisfaire au payement des 3 fr. 10 cent, que l'on exige par tête. Les vêtements qu'ils reçoivent sont plus que suffisants ; les cosignataires de the Superior m'ont dit qu'ils avaient été chargés de fournir des nattes aux immi-

Signé

31.

LETTRE

R. TAYLOR.

de M. James Hackett, agent général de l'immigration. Bureau de l'immigration, 23 septembre 1841.

J ai l' honneur cl annoncer à Son Excellence le gouverneur que le navire the Superior est arrivé hier matin, ayant à bord 225 affranchis Africains, tous en bonne santé. Le voyage n a été que de 36 jours. On a perdu un homme, qui, à ce qu'il paraît, était déjà malade au départ, et qui ne s'était embarqué que pour accompagner des parents, et dans l'espoir que la traversée lui ferait du bien. Les autres émigrants, sous le rapport de l'aspect physique et de l'état moral, me paraissent bien supérieurs à ceux du dernier convoi. Le navire a été mis en quarantaine, pour éviter foute visite et toute confusion. J'ai réuni les principaux émigrants; je leur ai fait connaître qu'en l'absence du gouverneur j'étais chargé de leur transmettre ses conseils sur le choix des résidences qu'on regarde comme les plus saines, et comme réunissant Je plus de commodités; je leur ai donné lecture des instructions de Son Excellence , qui indiquent les noms de ces diverses plantations ; ils ont paru très-satisfaits de ces attentions; mais il est évident que les délégués revenus avec eux avaient fait d'autres dispositions en faveur des plantations sur lesquelles ils avaien t eux-mêmes habité, car une partie des arrivants ont opté pour Lima, Turkeyen, le Ressouvenir, Lusignan et Paradise ; le reste, sur les instances des personnes qui se sont rendues abord, s'est partagé entre les plantalions Ogle, Belair, Peter's-Hall et Houston. Je regrette de n'avoir pu remplir les vues de Son Excellence, relativement à leur placement; mais je ne pouvais que leur communiquer ses avis. Les nouvelles apportées par le navire, concernant l'émigration de Sierra-Leone pour la Guyane anglaise, sont des plus favorables. Les Africains donnent à cette colonie la préférence sur la Jamaïque et la Trinité, qui sont, disent-ils, trop éloignées d'eux. The Superior en aurait amené 1,000, s'il eût été possible de les loger. Au nombre des arrivants se trouvent 60 Kroomen, dont plusieurs sont accompagnés de leurs femmes. Beaucoup d'autres individus de la même tribu n'attendent que l'occasion pour venir aussi. Signé J.

HACKETT.


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL. ETC. — 1841. — GUYANE. 921

32.

Je joins ici un document rédigé par une personne qui a toujours manifesté une opinion modérée. Il m'a été communiqué comme preuve des dépenses ruineuses qu occasionne aujourd'hui une plantalion à sucre. Si toutes les propriétés se trouvent dans la même position, on ne peut nier que l'avenir des planteurs ne soit très-alarmant. M. Mac-Turk a l'intention de réunir le plus possible de documents de ce genre, afin de mettre la commission à même d'apprécier à quelles causes est due l'énormité de ces dépenses.

du gouverneur Light à lord Stanley.

DÉPÊCHE

Demerara, 5 novembre 1841

J ai l' honneur de transmettre à votre seigneurie une lettre de M. Ouseley, agent de l'émigration à Rio-Janeiro, annonçant l'embarquement, à bord du navire Lady-Rowena, d'une partie des Africains capturés par le brick de Sa Majesté Acorn. Ils sont arrivés heureusement, au nombre de 229, le 29 du mois dernier, après 2 5 jours de traversée. J ai du, dans l' intérêt des Africains eux-mêmes, choisir les

Il est certain que tout dépend beaucoup du tact, du jugement et de l'habileté du planteur dans la direction de sa propriété. Aucune disposition législative ne peut venir à son aide, excepté

plantations qui étaient le plus en état de les recevoir. N'ayant aucune connaissance des lieux, ils n'auraient pu faire ce choix eux-mêmes, et j'ai pensé prévenir toute défiance de leur part, en me servant de l'autorité du gouverneur. Pour donner une preuve de leur caractère défiant, je puis rap-

peut-être une ordonnance qui fixe les droits respectifs des maîtres etdes travailleurs. Le seul moyen efficace de parer aux difficultés, ce serait de rendre le travail manuel moins indispensable, en y substituant le travail des machines. La colonie a porté, depuis quelque temps, son attention sur ce

porter qu'à Vreed-en-Hoop ils ont refusé de boire une seule goutte de l'eau que leur présentaient des créoles, avant qu'elle eût été

point. Jusqu'ici les tranchées pour l'écoulement des eaux ont été faites a la main, on se propose de les faire exécuter désormais

goûtée en leur présence. Du reste, ils acceptent sans difficulté tout ce qui leur est offert par les blancs. Us ne sont tenus par aucun engagement sur les plantations, de sorte qu'ils auront toujours la faculté de les quitter si le désir

au moyen d'un excavateur mû par la vapeur. On fait aussi l'essai d'une charrue dont le comité de planteurs pense que l'emploi procurera une économie considérable. C'est en vain que les planteurs appellent l'immigration à leur secours. Ni les salaires, ni les autres frais ne seraient diminués par l' introduction d'un nombre quelconque de travailleurs, qu'au-

leur en prend; toutefois j ai une entière confiance dans la justice et la bienveillance des personnes aux mains desquelles je les ai remis. Signé Henry

33.

EXTRAIT

tant que l'on adopterait, en même temps, un mode de culture propre à obtenir du sol tout ce qu'il peut produire. J'ai exprimé mon opinion en présence du comité : je crois que les dépenses de l'agriculture ne peuvent être réduites d'une ma-

LIGHT.

d'une dépêche du gouverneur Light à lord Stanley.

niéré sensible qu en diminuant le travail manuel. On prétend que Y excavateur remplacerait à lui seul 10,000 hommes pour le creusement des tranchées et les canaux. La

Demerara, 23 novembre 1 SA 1.

charrue pourrait, de son côté, économiser un tiers des bras employés à labourer les terres. Je ne puis émettre d'avis sur l'exactitude des calculs que présente le tableau suivant. J'ai toute confiance dans la personne

Il y a eu, le 2 de ce mois, une réunion des propriétaires et autres personnes intéressées dans les plantations de la colonie, à l'effet d'examiner l'état de l'agriculture, et de prendre les mesures les plus convenables dans le moment de crise actuel.

qui me les a remis; mais je sais pourtant qu'il y a des plantations où les dépenses sont moins fortes, parce que le travail est continu et fait avec bonne volonté. Je puis affirmer, en outre , qu il se perd partout beaucoup de travail, parce qu'on ne sait pas

Il a été résolu qu'il serait nommé une commission : M. MacTurk, invité à la présider, y a consenti. Le but principal de la réunion était d'établir que, au cours actuel des produits, les frais de culture doivent entraîner la ruine des planteurs.

l' appliquer, ou parce qu'on manque de fermeté et de tact pour le faire exécuter.

Relevé des dépensés et produits de quatre propriétés du comté d'Essequibo.

DÉPENSES

ET PRODUITS

DÉPENSES

du 1 janvier au 31 octobre 1841. er

PROPRIÉTÉS.

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au 31 décembre 1841.

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par

boucaut.

dollars. dollars.

dollars.

4,589

1,020

257

7,000

8,277

33,246 39,137 5,891

8,100 10,205

2,278

600

488

3,000

4.088

18,330 14,293

4,037

111 136 37

6,800

8,877

1,700

500

240

4,000

4,740

14,640 13,617

1,023

108 109 48 4/27

27,115 0,639 3,309 17,586 57,649 7,470 2,572 39,900 49,942

8,567

2,120

n° 3..

7,388 3,073

920

4,671 16,052 1,667

n° 4..

5,200 2,000

040

4,500 12,940

TOTAUX. ..

doll.

des dépenses du 1er novembre

TOTAUX

du 1er janvier au 31 décembre 1841.

8,415 28,657 4,830 1,030 25,000 30,860

14,527 3,966 1,749

doll.

PROBABLES

RECETTES.

TOTAL

ci

te — SE, o A O

PRODUITS

er

E es ci g .-a S o

ET

du 1 novemb. au 31 décemb. 1841.

438

973 1,104

On voit que la moyenne du prix de revient du boucaut de sucre, pour les quatre plantations, est de 98 dollars 46 centièmes, sans tenir compte de 12,000 dollars dépensés en constructions pendant l'année, ni de l'intérêt des capitaux, que l'on ne peut évaluer à moins de 67,375 francs par an. Trois de ces quatre propriétés ont toujours été classées parmi les plus produc-

doll.

doll.

dollars. dollars.

985 14,000 17,105

dollars. dollars.

doll.

doll.

doll. cent.

320 81 59 1/16

66,216 67,047 5,891 5,060

539

tives du district, et la quatrième donne une récolte ordinaire. Pour preuve du changement désastreux qui a eu lieu, je citerai ce fait, que, pendant plusieurs années antérieurement à 1838, le produit total des quatre plantations a été de 11 à 1,200 boucauts par an, qui ne revenaient alors qu'à 52 dollars chacun. Signé Henry

LIGHT.


922 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. 34.

COPIE

d'une dépêche du gouverneur Light Stanley.

À

lord

Demerara, 3o novembre 1841. Dans ma dépêche du 23 courant j'ai entretenu Votre Excellence des frais de la culture des produits d'exportation, et lui ai fait connaître qu'une commission était chargée d'une enquête sur l'état de l'agriculture. Quelque difficile que soit la position des planteurs, et quelque sympathie qu'elle doive exciter, il est consolant de penser que chaque jour voit s'accroître une population nouvelle de cultivateurs actifs, industrieux et indépendants , population qui bientôt formera une classe moyenne , inconnue et impossible dans la société des Indes occidentales avant l'abolition de l'esclavage. J'ai à vous annoncer que la plantation Friendship a été achetée par un certain nombre de cultivateurs des plantations Enterprize, Blanden-Hall, Annandale, Lusignan et Enmore. Elle leur a été vendue 80,000 dollars ou 400,000 francs, dont 185,000 francs ont été payés comptant; 25,000 francs seront versés dans un mois, et le reste lorsque tous les intéressés auront complété chacun leur quote-part. 100 ou 110 des 200 copropriétaires ont déjà fourni leurs 2,000 francs. L'un d'entre eux, contremaître d'une plantation, et qui paraît plus riche que les autres, car il possède un cheval et un cabriolet, a versé seul 10,000 francs. Friendship produisait ordinairement du coton et des bananes. Il n'y a pas fort longtemps que cette plantation fut cédée pour 150,000 francs ; il y a trois ans on la revendit 2 5o,ooo francs, et ce sont aujourd'hui des esclaves affranchis qui la payent 400,000 francs. On ne peut douter que le désir de l'indépendance ne soit puissamment secondé, chez les cultivateurs, par le désir de devenir riches. Le même mobile, qui ne les avait encore portés jusqu'ici qu'à acheter des terrains propres à fournir à leurs besoins usuels, les portera à se rendre possesseurs de propriétés où se cultivent les produits d'exportation. Signé

35.

LIGHT.

d'une assemblée des propriétaires ou représentants des plantations.

PROCÈS-VERBAL

Demerara, 1 décembre 18 4 1. er

Celte assemblée, qui s'est tenue hier, avait pour objet d'aviser aux moyens de remédier à la détresse actuelle de l'agriculture. M. Mac-Turk, appelé à la présidence, a prononcé le discours suivant : « Messieurs, «Avant d'entamer le sujet sur lequel nous avons à délibérer, je dois vous parler du paragraphe contenu dans un des journaux de la colonie ; il y est dit que les membres composant la réunion du 6 du mois dernier auraient exprimé la crainte que leurs opinions fussent rendues publiques. L'éditeur lui-même sait très-bien que je n'ai jamais eu aucun motif de redouter que l'on donnât de la publicité aux sentiments que j'ai pu" exprimer dans une réunion. Je me bornerai donc, pour toute réponse, à citer les noms des membres présents à celle du 6 du mois dernier; ce sont MM. Rose, Macrae, Colin Simson, Jones, Holmes, Davison, Alexander Glen, Janes Glen , Naghlen, Burnett, Grant, Gallaway, J. A. Holmes, Porter, Stuart, Sandbach, Arrindell, Robertson, Reevers, Liebau, docteur Martin, Fleming, Bean, Carbery, Seward, et moi. «Il s'agissait alors de déterminer si, partout dans la colonie, le coût de la production est aujourd'hui ruineux, et, ce point résolu de convoquer une assemblée publique.

« Ce but, dans lequel une commission fut nommée ce mémo jour, a été rempli aussi bien que possible. La commission était chargée de réunir des renseignements sur le prix de revient actuel, calculé d'après les dix derniers mois, des produits d'exportation, et, dans le cas où ce prix serait trouvé excessif par rapport au cours des produits, de proposer des mesures pour le réduire à un taux modéré. «Les renseignements obtenus par la commission font l'objet de son rapport; mais, avant qu'il vous en soit donné connaissance , je dois vous dire que, pour s'assurer de la clarté et de l'uniformité des notes qui lui seraient envoyées, la commission a fait dresser un état modèle, qui a été transmis aux propriétaires ou représentants des planteurs. 62 d'entre eux se sont empressés de répondre à ses désirs; et, d'après leurs renseignements, il est manifeste que les frais de production ne sont pas seulement excessifs, mais qu'ils dépassent toute recelte possible, et pourtant il n'y est pas tenu compte de l'intérêt des capitaux. Le prix de revient du boucaut de sucre est de 99 dollars, c'est-à-dire beaucoup plus élevé que le cours du sucre de Demerara vendu en Angleterre. «La commission ayant constate que, dans les deux comtes de Demerara et d'Essequibo, la production entraîne la ruine du producteur, a dû rechercher les moyens d'en diminuer les frais. « L'une des réductions qu'elle propose porte sur les salaires des travailleurs. «Je crois que les intérêts du maître et du cultivateur sont identiques, et que l'avantage que l'un des deux pourrait obtenir sur l'autre doit, à la fin, tourner au préjudice commun. F appuie mon opinion sur les paroles du célèbre Edmund Burke. « 11 «existe, entre les travailleurs et les maîtres, un contrat implicite « beaucoup plus obligatoire que tous les arrangements particuliers : « c'est que le travail appliqué à une chose doit laisser au maître « un bénéfice suffisant pour couvrir ses risques et l'intérêt de son « capital ; en un mot, c'est que le travailleur doit fournir la com«pensation du payement qu'il reçoit; autrement il y a impôt. » «Le rapport démontrera qu'il n'y a pas balance entre le taux des salaires et le produit du travail ; il est facile de prouver que, si cette balance n'est pas rétablie, la culture du sol ne peut être continuée. Smith, dans la Richesse des nations, donne à ce sujet les raisons les plus fortes et les plus concluantes. Je pourrais invoquer l'opinion d'autorités non moins respectables, qui toutes proclament que les frais de production doivent régler le cours des produits. Pour certaines branches d'industrie, l'agriculture, par exemple, qui sont soumises aux variations de la température, et dans lesquelles sont engagés des capitaux que l'on ne peut retirer aisément, il faudra plus de temps que d'autres n'en exigeraient pour que la somme des recettes arrive au niveau du coût de la production ; il n'en est pas moins certain pourtant que l'on parviendra enfin à obtenir cette balance. Aucun fermier ni producteur quelconque ne continuera à mener ses marchandises au marché, s'il ne les y vend pas assez cher pour couvrir ses dépenses, et lui rendre l'intérêt de son argent. «Smith et le marquis de Garnier, traitant des disproportions entre les demandes et les approvisionnements, posent en fait qu'une fois la balance établie entre le salaire et le profil, ces disproportions no peuvent exercer une longue influence sur le prix, parce que le coût de la production est le régulateur suprême de de la valeur des marchandises qui ne sont pas l'objet d'un monopole. Sans doute le prix du marché et le prix de revient ne s'équilibrent pas toujours, mais ils tendent sans cesse à se niveler, et ne peuvent manquer d'y arriver, car autrement le producteur s'abstiendrait. « Les autres réductions proposées sont plus faciles à réaliser. Mais, à moins qu'on ne s'en occupe sans relâche, celle des salaires n'aura que peu d'effet pour assurer un profit aux proprié-


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1841. — GUYANE. 923 taires ; car, d'après les documents joints au rapport, le montant des sommes payées à ce litre est dans une disproportion incroyable avec la quantité de produits obtenus. Je n'hésite pas à dire que si les salaires, quelque élevés qu'ils fussent, avaient été justement répartis, et si les travaux avaient été bien faits, on aurait obtenu, non pas une balance entre les salaires et le profit, mais au moins une augmentation de produits et une diminution proportionnelle de dépenses. «J'appelle donc, messieurs, toute votre attention sur deux points principaux. « Le premier, et le plus essentiel, c'est l'habitude que l'on a de permettre aux cultivateurs d'occuper des logements sur les plantations, sans y travailler d'une manière assidue, d'où il arrive qu ils abandonnent les champs au préjudice de la propriété, et en

peu de jours par mois aux travaux des plantations, en employant la plus grande partie de leur temps à d'autres occupations; 3° La coutume d'accorder gratuitement des provisions aux cultivateurs, ou de les leur vendre au-dessous des prix du mar-

se faisant tort à eux-mêmes. Cette coutume ne peut être assez blâmée, parce qu'elle n'est propre qu'à engendrer les vices et la misère. Dans quel pays le salaire d'une ou deux journées par semaine est-il suffisant à l'entretien d'un cultivateur souvent chargé de famille ? Cela ne se voit nulle part ; cela semblerait u ne énigme aux personnes qui ne connaissent pas la colonie, si on ajoutait

La commission propose les moyens suivants pour remédier aux inconvénients qui viennent d'être énumérés : 1° Exiger des cultivateurs qu'ils remplissent, d'une manière

que ce même cultivateur jouit ici gratuitement d'une maison et d'un terrain pour ses provisions, et reçoit, sans les paver, les soins du médecin, lorsqu'ils lui sont nécessaires pour lui ou sa famille. On doit même s'étonner qu'il travaille quelquefois. On objecte que si l'on renvoie un cultivateur d'une plantation, parce qu'on n'en peut obtenir aucun service, il va chercher et trouve de l'occupation ailleurs. Sans doute, il le fait et use de son droit ; mais, si sur cette autre plantation on exigeait un travail de tous les jours, il reviendrait bientôt chez son premier maître, au milieu de ses camarades, et il aimerait mieux s'y occuper que de rester parmi des étrangers. En agissant ainsi, on rendrait service au pays et à la génération actuelle des travailleurs, surtout aux plus jeunes, en les habituant à se trouver heureux dans la condition où la providence les a placés. « Le second point concerne la quantité du travail, qu'il faudrait

ché; 4° La coutume de permettre aux cultivateurs d'habiter sur les plantations pour lesquelles ils ne travaillent pas; 5° L'absence de toute nécessité, pour le cultivateur, de faire des économies pour les cas de maladie ou d'accident, par suite de l' assurance qu'il a que, en telle occurrence, lui et sa famille seraient nourris, entretenus et soignés aux frais de la plantalion ; 6° La disproportion du taux des salaires avec la quantité et la qualité du travail.

convenable, la tâche équivalant à une journée; leur faire comprendre qu'ils sont responsables du dommage qu'ils pourraient occasionner en abandonnant subitement les travaux; les obliger à se mettre à la besogne à des heures fixes ; 2° Ne rien payer pour une journée non achevée sans cause valable ; 3° Renvoyer les cultivateurs des plantations sur lesquelles ils résident, lorsqu'ils se livrent à des travaux étrangers à l'agriculture ; 4°. Ne distriuber de rations d'aucune espèce; ne rien tolérer qui ressemble à un échange entre le maître et le travailleur; 5° Laisser les cultivateurs dépendre de leurs propres ressources, parce que les secours gratuits qu'on leur accorde ne tendent qu'à les empêcher de contracter les habitudes d'économie et de prévoyance nécessaires pour assurer leur prospérité, dans la nouvelle position où ils sont placés; 6° Réduire les salaires au taux où ils peuvent raisonnablement rester, c'est-à-dire de telle façon que le travail rende au maître

déterminer équitablement, et dont l'exécution devrait être surveillée avec soin. On obtiendrait par ce moyen un plus grand produit du même terrain. « Si l'on voulait mettre en usage ces deux moyens bien simples, je suis convaincu qu'ils contribueraient à la prospérité de la colonie et garantiraient les intérêts mutuels des maîtres et des tra-

ce qu'il a droit d'en attendre, en même temps que le travailleur industrieux gagne assez pour vivre dans l'aisance, élever sa famille et faire des économies pour ses vieux jours.

vailleurs. Ils auraient, en outre, pour effet de développer la valeur de la propriété, qui n'est aujourd'hui que nominale. »

née employée à la fabrication, 48/100 de dollar; les autres travaux seraient payés à proportion. La commission pense que l'on devrait renoncer à la coutume de payer le travail extra; que les travailleurs devraient être occupés à tour de rôle dans l'usine, parce que ceux qui sont employés dans les champs ont fini plus tôt leur journée, et gagnent beaucoup plus que ceux qui sont chargés des ouvrages de l'intérieur; que, pour chaque jour d'absence, ou pour chaque journée inachevée, il faudrait retenir au cultivateur 2 bitts de lover;

M. Sandbach donne lecture du rapport suivant : La commission nommée dans l'assemblée du 6 novembre s'est procuré des renseignements sur les dépenses courantes et les quantités de produits de soixante plantations des districts de Demerara et d'Essequibo. Il en résulte qu'en moyenne le prix de revient d'un boucaut de sucre est de 98 doll. 81 cent., non compris l'intérêt des capitaux engagés dans les exploitations, ni les dépenses extraordinaires. D'après les dernières nouvelles, le prix moyen de vente du sucre de Demerara, en Angleterre, équivaut à 86 doll. do cent., et rien ne peut faire penser qu'il dépasse jamais ce taux. Il est donc évident que la culture du sucre, principale industrie de la Guyane anglaise, est menacée de ruine par les dépenses excessives de la production. Après un mûr examen, la commission attribue l'élévation excessive des dépenses aux causes suivantes : 1° Le peu de régularité des travaux des cultivateurs, la négligence qu'ils y apportent, et la persuasion répandue parmi eux que rien ne les oblige à terminer une besogne commencée, et qu'ils sont libres de la quitter quand il leur plaît, quelque dommage qu'il en puisse résulter-, 2° La coutume de payer un salaire pour moins d'une journée entière, et la faculté qu ont les cultivateurs de ne consacrer que

Suivant l' opinion de la commission, le salaire le plus élevé pour une journée bien remplie, de 7 heures 1/2 de travail des champs, ne devrait pas excéder 1/3 de dollar, et, pour une jour-

qu enfin il serait nécessaire d'introduire dans la circulation un supplément de monnaie de cuivre pour faciliter les payements. La commission n'approuve pas l'emploi du feu pour faciliter la coupe des cannes. Afin qu il soit dans l'intérêt du cultivateur lui-même de renoncer a ce moyen, elle conseille, lorsqu'on en fera usage, de réduire le salaire de la journée à 25 p. 0/0 audessous de celui qui est payé sur les plantations où l'on n'y a pas recours. La commission ne peut terminer son rapport sans exprimer de nouveau sa conviction, que la diminution des récoltes est imputable a l' incertitude du travail et à la manière imparfaite dont il est fait, maux qui résultent de la crainte qu'avaient les travailleurs de se voir abandonnés de leurs gens s'ils en exigeaient de la régularité. Le remède en est facile : que les géreurs surveillent avec la plus rigoureuse attention les travaux des champs, qu'ils exigent que les journées soient régulièrement faites, et les choses iront mieux.


924 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. Dans l' opinion de la commission, l'empressement avec lequel on a employé des ateliers de travailleurs à la tâche, et les salaires élevés qu'on leur a donnés, ont beaucoup nui à la prospérité

mande donc d'occuper ces ateliers le moins souvent possible, et, lorsqu on emploie leurs services, de ne pas leur accorder un salaire plus élevé que celui des travailleurs attachés aux plan-

générale de la colonie, en rendant les cultivateurs peu assidus, et en les dégoûtant du travail régulier. La commission recom-

tations.

ÉTAT

A.

Signé Michel

des dépenses et produits, du

R

1E

janvier au

PRODUITS.

TRAVAIL.

doll. cent. 535,486 41

SALAIRES.

doll. cent. 162,515 5

TAXES

DÉPENSES

diverses.

doll. cent. 64,367 76

ÉTAT

doll. cent.

doll. cent. 1,091,455 63

RHUM.

AUTRES

doll. cent. 89,842 78

doll. cent.

doll. cent. 9,580 16

ER

1

novembre au

cent.

26,887 63

MONTANT

TOTAL

doll. cent. 65,987 8

DÉPENSES

la récolte.

doll. cent.

doll. cent.

boucauts.

217,296 31

874,159 32

31

décembre

1ER JANVIER

doll. cent. 2,002 0

doll.

cent.

94,876 71

la récolte.

boucauts. 2,981

totales.

doll.

cent.

1,295,678 61

AU

totaux.

doll. cent. 312,171 2

de

6,972

PRIX

de revient par boucaut.

doll. cent. 125 38.

1841.

31

DÉCEMBRE

DIFFERENCE REVENUS

de des produits.

MONTANT

entre le revenu et les dépenses.

TOTAL.

117,873 37

DU

RHUM.

produits.

doll.

DIFFÉRENCE

produits.

PRODUITS.

des dépenses.

204,222 98

MÉLASSES.

des dépenses et des revenus présumés, du

TOTAL

doll. cent.

1841.

AUTRES TOTAL.

329,-086 41

DÉPENSES.

MÉLASSES.

octobre

DÉPENSES.

de 1840.

B.

31

, président.

MAC-TURK

entre les dépenses et le revenu.

doll.

cent.

983,507 59

1841.

TOTAL

do la récolte

PRIX do revient par

du sucre.

boucaut.

houcauts.

doll.

9,953

cent.

98 81

Dans les dépenses, n'est pas comprise la somme de 174,324 dollars 62 centièmes, employée cette année en constructions ou à d'autres usages, sur les 60 plantations dont les états ci-dessus résument les frais et les dépenses.

36.

LETTRE

de M. Young, secrétaire du Gouvernement, à M. Michel Mac-Turk. Demerara, 2 décembre 1841.

Son Excellence le gouverneur a parcouru, avec beaucoup d'attention et d'intérêt, le procès-verbal de la réunion qui s'est tenue hier, et que je me suis empressé de mettre sous ses yeux. Il est incontestable que rien ne peut être d'une plus grande importance, pour les propriétaires de plantations à sucre, que d'aviser aux moyens d'obtenir, pour l'exportation, des produits d'une bonne qualité, à un prix qui leur laisse un bénéfice raisonnable. L'accroissement de la production et l'économie des frais de culture sont deux objets qui occupent naturellement les méditations des agriculteurs du monde entier; mais il est surtout devenu d'une importance extrême, pour les planteurs des Indes occidentales, que leurs sucres puissent désormais rivaliser, pour le prix, avec ceux des autres pays qu'ils ont toujours surpassés en qualité. Les opinions doivent nécessairement différer sur la manière d'obtenir ce résultat; c'est même à l'aide de celte différence, et des essais divers qui en ont été la conséquence, que l'on y parviendra plus tôt. Sous ce point de vue, Son Excellence pense que les réunions de planteurs ne produiront jamais le bien qu'on en espère, si on les convoque pour toute autre cause que pour entendre des communications relatives à l'agriculture, pour stimuler l'industrie par des récompenses, encourager généreusement l'invention ou la nouvelle application de machines propres à remplacer le travail manuel, et pour les autres objets qui occupent ordinairement les sociétés d'agriculture de l'Angleterre. Parmi les principales causes assignées à la diminution des produits, et à l'excédant des dépenses sur les recettes, figurent l' insuffisance du travail ainsi que l'irrégularité et la négligence qu'on y apporte.

Le mal semble être venu de ce que les planteurs ont douté que les cultivateurs voulussent rester sur les propriétés, si l'on exigeait d'eux trop d'exactitude au travail. Heureusement pour le pays, et à la louange des cultivateurs, la force de leur attachement pour les lieux où ils ont vécu a dissipé cette crainte, que Son Excellence n'a jamais crue fondée. Son Excellence a donné des ordres afin qu'il soit transmis, aux magistrats salariés, des instructions pour les cas où il s'élèverait des discussions au sujet du salaire, par suite delà mauvaise exécution des travaux. Ces magistrats sont chargés de faire comprendre aux cultivateurs qu'en convenant du prix d'une tâche il est naturel que le planteur exige qu'elle soit bien faite. Pour éviter le mécontentement que pourrait occasionner tout retard en semblable matière, les contestations relatives aux salaires seront jugées au moins une fois par semaine, quelle que soit l'époque fixée pour les payements. Relativement au loyer des cases, Son Excellence voit avec peine que plusieurs des membres de la réunion sont disposés à se départir du sage principe si clairement exprimé dans le mémoire qu'ils lui ont adressé à l'effet d'obtenir une ordonnance pour faciliter la rentrée des loyers, etc., principe qui établissait qu'on éviterait désormais d'établir aucune connexité entre le loyer et le salaire. Le gouverneur regrette aussi que la réunion n'ait pas traité la question du prix du travail avec le même intérêt qu'elle a mis à ce qui concerne le taux général des salaires, car ces deux choses rentrent entièrement dans les questions d'administration intérieure. Les salaires ne peuvent devenir l'objet d'un règlement général, qui ne tarderait pas à être négligé, sinon en totalité, au moins en partie. Le désir d'une nouvelle émission de monnaie de cuivre sera soumis à la législature. Bien que tous les moyens proposés pour remédier à l'état de choses actuel dépendent, dans la conviction de Son Excellence,


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. —CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC.— 1841. —GUYANE. 925 le la volonté des propriétaires eux-mêmes , Son Excellence s'emp ressera toujours de leur prêter l'assistance qui peut dépendre du pouvoir exécutif ou de la législature; elle sera satisfaite si leurs efforts parviennent à améliorer l' économie intérieure de leurs plantations. Signé

H.

E.

F. YOUNG.

37.

RAPPORT de M. James Hackett, agent général de l' immigration, sur la perspective qui présente l'émigration des Antilles pour la Guyane anglaise.

19 novembre 1841.

Je suis revenu ici par le steamer le Venezuela, après avoir fait, dans quelques îles des Indes occidentales, la tournée dont la commission d'immigration m'avait chargé, dans le double but de procurer, par le retour du bâtiment, un passage immédiat aux émigrants, et de faire les arrangements les plus avantageux pour les voyages ultérieurs. Des circonstances qu'il m'a été impossible de surmonter m'ont empêché de remplir la première partie de ma mission, avec autant de succès que je l'aurais désiré ; je n'ai ramené que 25 émigrants. J'espère cependant un résultat plus avantageux pour l'avenir, si Son Excellence le gouverneur est disposée à prendre des mesures propres à détruire les obstacles qui s'opposent à l'émigration, et privent les travailleurs de leurs droits comme hommes libres. Je me suis d'abord rendu à Nevis. On présumait, d'après la correspondance de M. Nicholson, notre agent, que beaucoup de cultivateurs engagés par lui désiraient émigrer de cette colonie; mais il est arrivé que, faute de moyens de transports pour la Guyane, ils sont allés à la Trinité. Un avis, répandu dans l'île à mon arrivée, m'a amené plusieurs individus dont j'ai enregistré les noms. Le docteur Nicholson me conseilla de passer de Nevis à Anguille, en touchant à Saint-Kitt's, afin d'y faire de nouveaux engagements, des approvisionnements en charbon de terre, etc., et de prendre au retour les émigrants qui seraient prêts à partir. Je me suis en conséquence dirigé vers Saint-Kitt's, où j'ai acheté 50 muids de charbon. Après avoir fait répandre dans l'île un grand nombre de placards, pour informer les habitants de mon

bâtiment, parce que le charbon acheté pour son approvisionnement l' avait été sans l' autorisation du secrétaire colonial, et par me déclarer formellement que personne ne serait autorisé à quitter l' île, avant d avoir satisfait a toutes les formalités exigées. Quelques-uns des noirs que j'avais inscrits vinrent, plusieurs jours après, me dire qu'on leur avait suscité des difficultés pour de l'argent qu'ils ne devaient pas, afin de les retenir à SaintKitt's, mais qu'ils me rejoindraient à Nevis. Plusieurs autres, également inscrits, renoncèrent à partir, parce qu'on avait répandu le bruit que le navire ne devait pas les conduire à Demerara, mais dans des parties éloignées de la Guyane. Je revins à Nevis. Mon intention était d'y demeurer quelques jours, avant de partir pour la Barbade, où j'avais écrit à M. Gill de s occuper de me procurer des cultivateurs disposés à émigrer. Je ne dirai pas jusqu'à quel point je fus mortifié en apprenant que les bruits répandus à Saint-Kitt's, sur la destination du steamer, avaient également circulé à Nevis ; ils étaient, disait-on, l' œuvre de quelques capitaines de petits navires, qui voulaient se réserver des passagers pour eux-mêmes. Malgré tous mes efforts, je ne réussis pas à les détruire, et je fus obligé de partir avec deux émigrants seulement. J'ai amené l'un d'eux, John Richardson, homme de beaucoup d'influence parmi les cultivateurs de Nevis et d'Anguille, afin qu'après avoir vu la colonie il puisse en parler à son retour, et dévoiler les mensonges imaginés pour détourner ceux qui avaient le projet de m'accompagner. Avant de quitter Nevis, sur l'avis que je reçus que 16 cultivateurs de Montserrat étaient prêts à venir à la Guyane, je m y rendis pour les prendre, et ne pas revenir à vide : à mon arrivée, le rivage se couvrit de monde. Une grande partie des cultivateurs que je vis me parurent disposés à émigrer pour Demerara, et, en trois jours, j'avais inscrit 60 noms. Il fallait préalablement présenter une caution au bureau du secrétaire colonial; j eus toutes les peines du inonde à me procurer deux signatures; enfin M. Robert Dyett m'offrit la sienne, et il me fallut attendre trois jours encore pour trouver la seconde. Ces obstacles surmontés, mes gens commençaient à s'embarquer, lorsqu ils furent arrêtés par des réclamations d'argent, dont quelquesunes s'élevaient jusqu'à 40 dollars, bien qu'ils déclarassent ne

arrivée, de l'époque de mon retour, etc., et après avoir reçu quelques noms, j'en suis parti au bout de deux jours, avec l'espoir d'une bonne réussite au retour. L'état de la population d'Anguille justifie ce qu'on en a dit de plus défavorable. Les noirs, à peine vêtus et nourris, sont misérablement logés dans des huttes de paille qui leur procurent

rien devoir. Le but qu'on se proposait fut rempli. Je fus forcé de les remettre à terre, à l'exception de 15, que j'emmenai. Je laissai à M. Dyett une garantie au nom de la colonie, pour le décharger de toute responsabilité. Je touchai à la Martinique pour prendre des passagers, et continuai ma route vers la Barbade. N'y ayant trouvé aucun

tout au plus un abri. J'ai su de plusieurs d'entre eux qu'un bon travailleur n'y peut gagner par jour plus de 1 bitt ou 1 bitt 1/2 , sans aucune ration. Ce salaire même n'est souvent que nominal, attendu que, s'ils le reçoivent, ce n'est qu'au bout de plusieurs

Cultivateur prêt à me suivre, je quittai l'île deux jours après, et je suis arrivé ici le 6 courant. D après ce qui précède, il est évident qu'a moins d'arrangements pour faciliter l'émigration et détruire l'abus que l'on fait des lois locales, la population des îles que j'ai nommées continuera à être tenue sous le joug, et qu'il est inutile d'y renvoyer le steamer.

mois. Us m'ont paru , en général, animés du désir de venir à la Guyane; mais le moment n'était pas favorable; ils ne voulaient pas abandonner leurs récoltes de provisions et le sel qu'ils avaient recueilli. Plusieurs sont disposés à s'embarquer par la première occasion qui se présentera après Noël. Le major Groeme, président de l'île, m'a témoigné sa satisfaction des avantages que les émigrants trouveraient à la Guyane, et a dit expressément, en présence du magistrat salarié, qu il n a aucunement l' intention de mettre obstacle à leur départ. Je suis parti au bout de trois jours, emmenant seulement une famille de quatre personnes. De retour à Saint-Kitts, je me suis d'abord occupé de l'embarquement du charbon; ensuite, pour ne pas être accusé d'avoir manqué de convenance envers les autorités, j'ai fait une visite à M. Crook, président du conseil chargé du gouvernement de l' île. Son accueil froid, et la conversation que j'ai eue avec lui, n ont pas tardé a me convaincre du peu de protection que j' axais à en attendre. Il a hni par me menacer de faire saisir le

Nevis, Anguille et Montserrat renferment une population de 16,000 habitants. Les noirs manifestent le désir le plus vif d émigrer à la Guyane, surtout ceux de Montserrat. L'émigration des Antilles à la Trinité ne semble pas seulement avoir cessé; mais il y aurait même une réaction. Plusieurs navires reviennent de la Trinité chargés d'émigrants qui se plaignent de l'insalubrité du climat, dans le district de Naparima, et donnent pour motif de leur retour la réduction faite sur les salaires, etc. Suivant le rapport d'une personne que j'ai vue à Montserrat, une grande partie des émigrants que cette personne a laissés à la Trinité viendraient volontiers à Demerara. Les dépenses totales du steamer pour cette tournée n'ont pas été au delà de 1,200 dollars, y compris les achats de charbon faits à Saint-Kilt's et à Montserrat. Signé

J. HACKETT.


e

926 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE. 38. EXTRAIT d'une dépêche du gouverneur Light Depuis la mise en vigueur de la loi sur l'émigration, c'est-àà lord Stanley. Demerara, 7 décembre 1841.

J'ai l'honneur de transmettre à Votre Excellence les Blue-Books pour l'année 1841 • Les exportations jusqu'au 31 septembre présentent une diminution sur les exportations de 1840, principalement du 10 janvier au 10 octobre. On peut en imputer la faute à la négligence apportée par les planteurs à l'entretien de la culture; toute leur attention se porte sur la fabrication du sucre, afin de pouvoir profiter de la hausse des prix. Cette année, les terres ont une meilleure apparence, et promettent une récolte plus avantageuse. Les exportations sont, comparativement aux importations, dans la même proportion que les années précédentes. Les planteurs se sont beaucoup plaints des frais énormes que leur coûte la culture de leurs plantations, relativement au peu de valeur des produits. Il y a lieu d'espérer pourtant qu'on en augmentera la quantité, en faisant exécuter avec plus de soin les travaux des champs, et en se servant d'instruments et de machines partout où cela est possible. La législature a déjà voté une somme pour le perfectionnement de l'excavateur, destiné à faire les canaux et les tranchées. Un cultivateur a obtenu un brevet d'invention pour une charrue à vapeur, dont une commission d'agriculture a rendu un compte favorable. Plusieurs planteurs ont exprimé l'intention de réduire les salaires ; mais il n'est nullement certain que l'on puisse obtenir une économie sur cette partie des dépenses. On sent si vivement le besoin des travailleurs, que l'insuffisance de leur nombre soutiendra forcément les prix actuels. Il y a eu, cette année, disette d'argent, et de grands embarras parmi les planteurs et les marchands. Cela s'explique par les spéculations extravagantes dans lesquelles le haut prix du sucre a porté beaucoup de colons à se lancer, et qui ont été secondées par la banque locale. Les constructions de toute nature se multiplient chaque jour, soit à la ville, soit à la campagne; les acquéreurs de terres sont toujours très-nombreux. Il est probable qu'avant qu'il soit longtemps les cultivateurs des plantations seront presque tous tenanciers. Il ne serait pas non plus impossible qu'un grand changement s'opérât dans le système de production ; ce système consisterait à convertir les plantations en petites fermes, où l'on cultiverait la canne pour la vendre au propriétaire qui en ferait du sucre. Plusieurs planteurs ont beaucoup augmenté les frais de passage des émigrants , en payant des personnes pour les conduire directement sur leurs propriétés. Ils ont ainsi ajouté à leurs dépenses de l'année; et l'on sait que les émigrants se laissent souvent entraîner à changer de résidence, par l'appât de quelque surcroît de payement, soit sous forme de rations, soit comme augmentation de salaire.

dire depuis février dernier, il est arrivé ici plus de 7,600 individus. Leur introduction a coûté 189,352 dollars1, sans compter les fonds originairement votés à cet effetLa grande mortalité parmi les Portugais, et l'état de maladie où ils sont encore, prouvent que ce ne sont pas des cultivateurs à rechercher. Leur introduction cessera après le 1er mars prochain; cependant les Portugais n'en seront pas moins des colons fort utiles. Autrefois les choses nécessaires à la vie ne se trouvaient que dans un seul quartier, et presque dans une seule rue; aujourd'hui il y a, dans toute la ville, des boutiques qui fournissent aux besoins de la classe laborieuse. Les boutiquiers, qui sont presque tous Portugais, se contentent d'un mince profit, et aident à la circulation rapide d'une somme importante de numéraire. Le colportage est aussi un monopole entre les mains des Portugais. Tant que l'introduction des émigrants se bornera à ceux de Sierra-Leone, et aux Africains capturés, qui sont, selon moi, sauf les Coulis, les seuls capables de résister au climat en s'occupant des travaux des plantations, je ne crois pas qu'il en résulte de fortes dépenses. Je ne crois pas non plus qu'on doive désirer l'arrivée d'un nombre immense d'émigrants. L'accroissement du nombre des malades, dans l'hôpital de la colonie, a forcé de prendre de nouvelles dispositions. Une vaste maison, connue autrefois sous le nom de maison de la colonie ( Colony-House), a été disposée pour y recevoir exclusivement les Portugais malades.Cependant l' ancien hôpital et les hôpitaux temporaires sont à peine suffisants pour satisfaire à toutes les demandes d'admission. Depuis mon arrivée dans la colonie, les changements faits à l'hôpital l'ont rendu, tel que les malades témoignent autant d'empressement a s'y faire admettre qu'ils témoignaient autrefois de répugnance. Il n'y entrait alors qu'un petit nombre d'individus que leurs parents indigents envoyaient là pour y mourir, afin de s'épargner les frais d'enterrement. Il devient de jour en jour plus urgent d'établir des hôpitaux de district; les infirmeries des plantations sont assez généralement abandonnées. Ces hôpitaux, mis sous la surveillance d'administrateurs responsables envers le pouvoir exécutif, seraient d'un grand secours aux émigrants, qui sont ordinairement sans amis dans un pays étranger. La conduite et les habitudes des créoles sont beaucoup plus régulières et plus rangées que celles des émigrants; moitié au moins des délits sont commis par ces derniers. La uevre maligne a régné pendant toute l'année, et jusque dans ces derniers temps: la petite vérole, introduite de la Barbade, est quelquefois fatale aux adultes. La vaccine s'est beaucoup répandue par le zèle des médecins du pays. L éducation fait des progrès parmi les classes laborieuses. L archidiacre a le projet d'établir une institution où l'on enseignera jusqu' aux plus hautes sciences; elles serait fort utile aux parents qui n'ont pas les moyens de faire instruire leurs enfants en Europe. Signé Henry

LIGHT.

ANNÉE 1842.

N° 182. § I . SAINTE-LUCIE. er

1. AVANTAGE

de l'emploi de la charrue pour la culture. 9 mars 1842.

Les champs labourés par la charrue me reviennent à un peu moins du tiers de ce que m'aurait coûté l'emploi de la houe. 1

Environ 25 dollars ou 125 francs par personne.

On commence d'abord par retourner la terre, on laboure ensuite en travers, et l'on passe la herse. Les sillons sont creusés, après cette opération, à cinq pieds de distance, en promenant la charrue de haut en bas et de bas en haut, de sorte que la terre est rejetée à droite et à gauche alternativement et que la largeur


ÉTUDE DE L'EXPÉR. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAVAIL, ETC. — 1842. - GUYANE. du sillon devient double. Après avoir déposé les plants, on fait retomber dessus, de chaque côté, la moitié des terres d'abord rejetées : ils se trouvent ainsi totalement recouverts. Les plants croissent très-bien, et il est rarement nécessaire de les remplacer. Je me dispose à étendre ce mode de culture, et j'espère pouvoir faire les deux premiers sarclages par la charrue. II serait à désirer que sa construction fût perfectionnée. Ce sont les cultivateurs du pays qui font presque tout le travail : ils y deviennent fort adroits et l'aiment beaucoup. ( Anti-Slavery Reporter )

2. CULTURE de la canne de compte à demi entre le maître et le cultivateur.

927

suivie dans les autres colonies à sucre, c'est la culture des cannes de compte à demi entre les planteurs et les noirs. Voici en quoi cet arrangement consiste. Le maître permet à ses travailleurs de [planter une certaine partir de terrain et de cultiver la canne dans leurs heures libres, jusqu'à l'époque de la maturité : les cannes sont alors coupées, portées au moulin , et le sucre est fabriqué ; les frais de coupe, de transport et de fabrication sont partagés par moitié, et après la vente du sucre le produit en est également partagé. Les mélasses restent au planteur pour l'indem niser de l'usage de ses machines et ustensiles. Je ne saurais trop recommander cette coutume, qui attache aux propriétaires des travailleurs actifs et rangés, sur les services desquels ils peuvent toujours compter, puisqu'ils ont aussi intérêt à la prospérité des plantations qu'ils habitent.

9 mars 1842.

(Colonial Gazette.)

Il existe à Sainte-Lucie une coutume qui mériterait d'être

N° 183. § II. GUYANE. 1.

RAPPORT

de M. D. Maclennan, magistrat salarié du district B. 18 janvier 1842.

Des cultivateurs ont acheté, pour le prix de 39,000 dollars, la plantation Plaisance, y compris la maison d'habitation et autres constructions, trois mules, trois charrettes et leurs équipages, deux chevaux et dix têtes de bétail : 15,000 dollars ont été payés comptant ; le reste est payable en trois termes de six, douze et dix-huit mois , à partir de la vente. Les deux derniers payements porteront intérêt; les acheteurs pourront les avancer à leur gré. Il n'y a encore que soixante-cinq souscripteurs pour celte acquisition, c'est-à-dire que soixante-cinq personnes seulement ont déjà versé leur quote-part; le nombre en est fixé à cent, de sorte que chaque portion coûtera 390 dollars. Le transport est fait à la condition que, jusqu'au premier payement exigible dans six mois, le vendeur jouira de la maison d'habitation, de ses dépendances et des prairies qui se trouvent en face. Cette acquisition paraît devoir être très-profitable aux intéressés. Ils étaient tellement empressés de devenir propriétaires de cette plantation ou de toute autre, sans doute par suite de quelque mésintelligence entre eux et leurs maîtres au sujet des salaires, qu'ils avaient conclu avec M. Christiani, sans me consulter, un marché très-désavantageux, pour les terres situées derrière sa plantation. Sur mes observations, M. Christiani a consenti à l' annuler, et leur a vendu toute sa propriété en reculant les termes de payements. D'après le caractère des acquéreurs, qui sont tous des cultivateurs des plantations voisines, et que je connais personnellement, je n ai pas de doute qu ils ne tirent un bon parti de cette propriété, et qu'ils n en aient entièrement soldé le prix dans un an. Signé

2

EXTRAIT

d'une

D. MACLENNAN.

dépêche du gouverneur Light à lord Stanley. Demerara, 24 janvier 1842.

En réponse au dernier paragraphe de votre dépêche du 16 dé-

cembre dernier, j'appellerai l'attention de Votre Excellence sur le fait que je lui signalais le 15 juillet, c'est-à-dire que, pendant 1840, les planteurs ne pensant qu'à profiter des avantages du prix élevé du sucre, ont négligé la culture pour les années suivantes. La première partie de 1841 a été occupée à faire les travaux qui avaient été négligés; de sorte que, dans les trois premiers trimestres, il s'est fait moins de sucre que pendant la même période de 1840. Il y a eu une augmentation pour le dernier trimestre: mais, en somme, la diminution totale ne peut pas être évaluée à moins de 6,000 boucauts. Je n ai jamais pensé que la récolle annuelle dût s'élever désormais à plus de do,000 boucauts ; aujourd'hui la population est peu disposée a travailler extraordinairement comme à l'époque de l' apprentissage, alors qu'on obtenait des cultivateurs plus de travail que le tarif ne le prescrivait. Les produits de Berbice ont été plus forts en 1841 qu'en 1840; et sur plusieurs propriétés des deux autres comtés, où les soins de la fabrication n'ont pas fait négliger ceux de la culture, il n y a eu que peu de diminution. En 1841, on a donné de si grands soins à la culture de la canne, et les cultivateurs ont montré tant d'assiduité, que, bien qu il puisse y avoir une diminution dans la récolte à faire, celle de 1842 se présente sous l'aspect le plus favorable. Je ne sais ce qui pourra résulter des dernières discussions entre les planteurs et les travailleurs; en tous cas, trois mois d'interruption de tous travaux, dans la saison la plus favorable, doivent influer sérieusement sur les résultats qu'on espérait. Les plaintes sur la négligence et la lenteur avec lesquelles les travaux s'exécutent sont devenues générales. La culture de la canne exige qu'on apporte les plus grands soins au sarclage, à l'écoulement des eaux et au renouvellement des plants, lorsque les premiers ne poussent pas de rejetons ; des retards influent toujours sur la récolte; un champ de cannes est plus ou moins productif, selon la précision avec laquelle on y fait le travail nécessaire. Les planteurs, en témoignant la crainte de perdre des travailleurs , même paresseux, parce que d'autres les auraient engagés, ont encouragé, les plus actifs à se négliger, et les récoltes en ont souffert. Je n'estime pas à plus de vingt-cinq mille le nombre des cultivateurs de cette province. Malgré leur peu d'activité et la réduction de la dernière récolte, la production a'donc encore été d'un boucaut un tiers par tête de travailleur; c'est, au dire des planteurs expérimentés, le résultat ordinaire.


928 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES.—PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. Je déplore la diminution qui a eu lieu dans l'exportation du sucre pendant la dernière année, mais je ne vois aucune raison de redouter qu'elle devienne jamais plus importante, si la confiance mutuelle se rétablit entre les cultivateurs et ceux qui les emploient.

Sic/né Henry

3.

ÉTAT

LIGHT.

de la colonie au mois de février 1842.

Nous regrettons d'être obligés de dire que les dissidences continuent, et que, des cent quarante sucreries que possèdent les deux comtés de Demerara et d'Essequibo, il y en a tout au plus quarante dans lesquelles les travaux ne soient pas ou n'aient pas été interrompus depuis le commencement de la querelle. Dans le comté de Berbice, où l'on n'a fait aucune tentative pour troubler les rapports des travailleurs avec les propriétaires, il ne s'est élevé aucune difficulté, et les travaux marchent comme de coutume. Les planteurs, ou du moins la plupart d'entre eux, ont de bonnes raisons pour réduire le salaire au taux auquel il était fixé à la fin de l'apprentissage : rien n'est plus vrai. La nécessité seule leur a commandé celle réduction, et il est aussi injuste qu'inexact de les accuser, comme l'ont fait quelques journaux de l'île, de vouloir exploiter les travailleurs et s'emparer de tous les bénéfices en leur refusant une juste rétribution. Mais, il faut l'avouer, cette réduction des salaires, question si délicate et si épineuse en tout état de choses, et si difficile à résoudre malgré les plus grands ménagements, quels moyens ont-ils choisis pour l'effectuer ? les pires qui se puissent imaginer. Ils commencèrent par former publiquement entre eux une sorte de ligue. Les travailleurs en ont aperçu aussitôt le but, et se sont misa agir avec une étonnante unité de vues. Les propriétaires ne se sont pas bornés à une simple réduction des salaires, ils y ont ajouté une foule de règles extrêmement onéreuses aux travailleurs, et n'offrant que peu ou point d'avantages aux plantations. Au lieu de s'expliquer avec les travailleurs, et de chercher à leur démontrer la nécessité d'une réduction, moyen qui paraît avoir très-bien réussi partout où il a été employé, des comités d'agriculture, constitués spontanément et sans mission, ont réuni les modifications proposées, de manière à en former un

code impératif de règlements imprimés ; puis ces règlements ont été placardés sur les bâtiments des plantations, ou bien il en a été donné lecture aux ouvriers comme d'une loi nouvellement promulguée. Mais les travailleurs n'ont vu dans cette démarche qu'une supercherie ; ils l'ont accueillie avec une vive indignation, comme une tentative qui aurait pour objet de rétablir l'ancienne autorité despotique de leurs maîtres, et qui, si on n'y résistait pas tout d'abord, pourrait se répéter jusqu'à ce qu'il ne leur restât plus même une ombre d'indépendance. Plus d'une fois, en effet, les officiers judiciaires de la Couronne ont déclaré ces règlements illégaux, comme empiétant sur les actes du Parlement et sur les ordres en conseil déjà en vigueur, et dont le but est de protéger les travail-leurs. Ces trois grandes fautes des propriétaires ont produit parmi les travailleurs un mécontentement que la plus légère connaissance du cœur humain aurait dû faire prévoir. Lorsque les auteurs du mal virent dans quelle position ils se trouvaient, ils laissèrent entendre qu'ils abandonneraient les nouvelles modifications, sauf celles relatives à la réduction du salaire, mais sans toutefois faire pour cela une déclaration générale et publique, semblable à la promulgation des règlements. Les travailleurs, à leur tour, sont devenus intraitables. Exaltés par leur

facile victoire, et restés, malgré les menaces de leurs patrons, tranquilles possesseurs de leurs cases, ils déclarent maintenant d'une manière positive qu'ils ne travailleront que moyennant l'intégralité de l'ancien salaire; et, grâce à l'obstination des deux partis, il est impossible de dire où s'arrêteront les choses. Si les travailleurs sont restés en possession de leurs cases, ils le doivent aux trois circonstances suivantes : en premier lieu les planteurs ont hésité à expulser ces ouvriers dont la présence fait presque toute la valeur des propriétés, et qui, une fois partis, pourraient bien ne plus revenir. Deuxièmement, la loi n'autorise pas les propriétaires à déposséder les travailleurs, sans leur payer une indemnité pour leurs provisions plantées et non encore récoltées. Troisièmement enfin, par suite de leur grande répugnance à adopter toute loi qui pourrait fixer régulièrement les droits des travailleurs sur les cases qu'ils occupent, les planteurs se trouvent, en ce moment critique, réduits pour les renvoyer, soit au moyen si désagréable et si dispendieux que fournit la loi pour l'expulsion d'un locataire récalcitrant, soit à l'expédient non moins désagréable d'enlever les portes, les fenêtres et la toiture, et de rendre ainsi la maison inhabitable. Quelques planteurs , nous le croyons, sont persuadés qu'ils ont le droit de recourir à la force pour faire évacuer les cases; mais, outre les difficultés qui s'opposent à l'emploi de ce moyen , la légalité même n'en est pas bien démontrée. Cependant quelques grands capitalistes, ou leurs représentants , se félicitent de l' état présent des choses ; ils se bercent de l' espoir que, avant peu , ils pourront acheter presque pour rien les plantations abandonnées, et qu'en attirant les travailleurs actuels et faisant venir de nouveaux émigrants, ils réaliseront promptement de brillantes fortunes. Quelques-uns ont eu l'habileté de se tenir tout à fait à l'écart sur la question des règlements, et s'empressent d'entasser dans les cases, bâties sur leurs plantations, les ouvriers des plantations voisines. Par contre, quelques géreurs chevaleresques, dont les plantations allaient fort bien, ayant des cannes à leur disposition, et leurs champs bien cultivés, n ont pas laissé échapper cette occasion de manifester au détriment de leurs commettants, leurs bienveillantes dispositions pour leurs voisins ; ils se sont mis, sans le moindre motif, en dissidence avec leurs ouvriers. D un autre côté enfin, un nombre considérable de plantations, dont les propriétaires avaient fait de mauvaises affaires, se trouvent obérés, ne font que changer de mains un peu plus vite qu elles ne l'auraient fait autrement. (Anti-Slavery Reporter.)

4. Mouvement parmi les cultivateurs de la Guyane anglaise à l' occasion des loyers et des salaires. Nous sommes heureux de pouvoir annoncer aujourd'hui,

1er mars, que l'irritation produite parmi les cultivateurs au commencement de l'année, par la coalition maladroite des planteurs pour amener une réduction des salaires, est à peu près calmée. Les résultats de cette tentative folle et mal conduite peuvent se résumer en peu de mots : 1° La perte complète de quatre à six semaines de travail, sur les trois quarts au moins des plantations des comtés de Demerara et Essequibo ; 2° Le délaissement de plusieurs propriétés dont les cultivateurs ne travaillent plus, ou qu'ils ont quittées en masse; l'incertitude pour ces propriétés de pouvoir reprendre les travaux ; 3° La diminution considérable des travailleurs sur les plantations qui ont repris leur activité; 4° L'impulsion donnée aux cultivateurs de se rendre indépendants par des achats de terrains ;


ETUDE DE L'EXP. ANGL. — CH. XIV. ÉTAT DU TRAV., ETC.- 1842 — DISC. DE L. STANLEY. 929 5° Nulle réduction dans les salaires. D'après les renseignements que nous possédons, il ne s'est fait à ce sujet aucun arrangement amiable, excepté sur les plantations de Saint-Michel, Mac-Turk, et quelques autres, dont les propriétaires ont refusé d entrer dans la coalition, et se sont trouvés en butte aux invectives du Guiana Times, journal qui se dit l'organe des planteurs ou de leurs représentants, et que l'on considère généralement comme tel.

Cette coalition et le mouvement qui, aux yeux de tous les hommes réfléchis devait en être la conséquence naturelle et inévitable, ont été accompagnés des plus grands maux. Espérons que nous ne verrons plus se reproduire de semblables mentes pour imposer des conditions aux travailleurs, et que la législature coloniale s'occupera d'une loi qui règle la question des loyers, et ôte aux maîtres toute idée de tenir les cultivateurs dans leur dépendance, au moyen d'un logement et de terres qu'ils peuvent reprendre suivant leur caprice. Il y aura lieu de se réjouir si les cultivateurs, qui ne sont pas si ignorants qu'on le suppose, et qui entendent fort bien leurs intérêts, ne profitent pas de la défaite du parti le plus faible pour faire usage, à leur tour, des moyens qui sont en leur pouvoir et dont on aurait à redouter les conséquences les plus désastreuses. En considérant ce qui vient de se passer, nous ne pouvons nous empêcher de rendre justice à la conduite sage et paisible des cultivateurs. Ils n'ont commis aucun désordre , ni exercé aucun dégât sur les propriétés ; tout en manifestant leur ferme résolution de ne point travailler à des prix réduits, ils ont su mettre la loi en.leur faveur. Cette conduite peut être attribuée à leur caractère éminemment pacifique. Ils parlent souvent très-haut, mais se portent rarement à des voies de fait. On peut en faire hommage aussi à la confiance entière qu'ils ont dans la justice du gouvernement local, sur la protection et l'impartialité duquel ils se reposent. Si les cultivateurs avaient eu la même confiance dans les personnes qui les emploient, certainement une réduclion de salaires aurait pu s'effectuer sans contestation, comme cela est arrivé à Saint-Michel et à Mac-Turk. Si même on avait d'abord renoncé aux malheureux règlements publiés à leur insu, et qui ont produit tout le mal, on aurait eu moins de peine à leur persuader que le retour aux anciennes conditions ne cachait pas quelque ruse, et ils seraient revenus au travail sans trop de difficulté. (Anti-Slavery Reporter.)

5.

COPIE

d'une dépêche de lord Stanley au gouverneur Light.

cembre derniers, auxquelles étaient jointes les copies des résolutions prises dans une réunion des propriétaires ou agents des plantations de la colonie, et des instructions données par vous au président de celle réunion. Je vois avec regret que les produits d'exportation continuent à décroître, d'autant plus que l'intervention du gouverneur ne peut avoir que peu d'effet pour prévenir la détresse qui menace les planteurs. Dans les circonstances actuelles, où l'on éprouve un si grand besoin de travailleurs, et où, par conséquent, il leur est facile de gagner de l'argent, l' immigration, quelque forte qu'elle soit, n'agira que faiblement pour réduire le taux des salaires. Les immigrants remplaceront à peine les cultivateurs qui abandonnent les plantations pour s'établir sur les terres qu'ils achètent. Je crois avec vous qu'il faut chercher les moyens de remédier au mal dans l' adoption d'un système d'administration moins coûteux, et dans la substitution des machines ou des instruments au travail manuel. Il ne me semble pas convenable que I on essaye d'obliger les noirs au travail, en exigeant d'eux une indemnité, sous le nom de loyer, pour les jours où ils s'absentent. L'expé rience a prouvé que partout où le loyer a été séparé du salaire, on a mieux réussi qu'ailleurs à gouverner les cultivateurs. L'industrie des noirs, comme celle de tous les hommes, ne se développe jamais qu'en raison de l'intérêt qu'ils ont dans le produit de leur travail; c'est pourquoi je crois probable que l'on se trouverait bien, à Demerara, du eolonage partiaire qui a déjà réussi à Sainte-Lucie, et que l'on a commencé dernièrement à mettre en pratique à la Trinité. De cette manière, le cultivateur se trouve, par le fait, élevé à la condition de petit fermier; la rente qu'il paye est une partie de son gain; le reste, qu'il dépend de son industrie d'accroître ou de laisser diminuer, identifie ses intérêts avec ceux de son maître. Il est de la dernière importance de ne rien négliger pour arrêter le décroissement des produits d'exportation, et pour intéresser la population à leur culture. J'éprouve une grande satisfaction à reconnaître que, dans toutes les colonies anglaises, et notamment à la Guyane, les émancipés jouissent aujourd'hui du bien-être physique; mais ce qui est plus important encore, c'est que leur condition, sous le triple rapport social, religieux et moral, s'est déjà améliorée d'une manière remarquable. La population noire a justifié complètement l'espoir de ses protecteurs, et a imposé silence à ceux qui niaient qu'elle fût capable de s'élever jamais au-dessus des derniers degrés de l'échelle sociale. Signé

STANLEY.

Downing-Street, 7 février 1842. J'ai reçu vos dépêches des 23 et 3o novembre et du 4 dé-

N° 184. § III. ÉTAT GÉNÉRAL DU TRAVAIL DANS LES COLONIES ÉMANCIPÉES, JUSQU'AUX PREMIERS MOIS DE 1842. 1.

EXTRAIT

et analyse du discours de lord Stanley à la Chambre des communes. 22 mars 1842.

« Lord Stanley propose de nommer deux commissions ; l'une chargée de déterminer l'état des possessions anglaises sur la côte occidentale d Afrique, principalement en ce qui concerne leurs relations actuelles avec les tribus indigènes de leur voisinage ; l'autre chargée d'examiner l'état des différentes colonies des Indes occidentales, en ce qui concerne les rapports entre les planteurs et les cultivateurs, le taux des salaires, la facilité de se II.

procurer des travailleurs , le système et les frais de culture, enfin toutes les questions relatives à l'économie rurale et agricole. «En somme, dit le noble lord, le résultat de la grande expérience d'émancipation, tentée sur l'ensemble de la population des Indes occidentales, a surpassé les espérances les plus vives des amis même les plus ardents de la prospérité coloniale. Non-seulement la prospérité matérielle de chacune de ces îles s'est grandement accrue, mais, ce qui est mieux encore, il y a eu progrès dans les habitudes industrieuses, perfectionnement dans le système social et religieux, et développement, chez les individus, de ces qualités du cœur et de l'esprit qui sont plus nécessaires au bonheur que les objets matériels de la vie. » Sa seigneurie dé-

59


930 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. clare que, « dans le document officiel publié, il y a peu de temps, eu réponse a l' assertion que l'émancipation avait échoué, elle n'a rien exagéré en disant que les nègres sont heureux et satisfaits, qu ils se livrent au travail, qu'ils ont amélioré leur manière de vivre, augmente leur bien-être, et que, en même temps que les crimes ont diminué, les habitudes morales sont devenues meilleures. Le nombre des mariages a augmenté. Sous l'influence des minisires de la religion, l'instruction s'est répandue. Tels sont les résultais de l'émancipation. Son succès a été complet, quant au but principal de la mesure. Plusieurs personnes, qui exercent de l' autorité et de l'influence dans les Indes occidentales, ont adressé au Gouvernement des observations sur la condition actuelle des noirs, et sur ce que l'on doit attendre d'eux dans l' avenir. Lesfaits sont plus ou moins applicables à toutes les colonies des Indes occidentales; les observations qui vont suivre se rapporteront seulement à la Jamaïque et à Demerara. » « En 1840, sir Charles Metcalfe, gouverneur de la Jamaïque, lit le rapport suivant : « Quoique la condition des différentes îles varie suivant les circonstances locales , cependant le sort du cultivateur, et même celui du planteur, est beaucoup plus heureux dans les nouvelles colonies , où la population est clair-semée , que dans les anciennes colonies, ou la population est plus nombreuse et plus dense. » H Six ans après la promulgation de l'acte d'émancipation, et deux années après sa prise de possession du gouvernement, sir Charles Metcalfe regardait comme vraiment surprenante l'heureuse con-

dition de la classe ouvrière (peasantry). « Je ne crois pas que, sur aucun autre point du globe cette classe jouisse d'autant de bien-être et d'indépendance. Leurs mœurs sont paisibles et leurs manières quelquefois enjouées; on les voit se rendre au temple bien vêtus et souvent à cheval. Ils envoient leurs enfants aux écoles, et contribuent aux frais d'entretien de ces établissements, ainsi qu'aux dépenses de leurs églises respectives. Leur piété est remarquable, et, sous bien des rapports, ils méritent le bonheur dont ils jouissent. » « Le dernier rapport de sir Charles Metcalfe, du 4 novembre 1841, confirme ce qui précède. «Dans aucun pays, dit-il, la population laborieuse ne réunit plus de conditions de bien-être et n'est plus exempte d'oppression qu'à la Jamaïque. »

e

II PARTIE.

Suivant un autre document, les ressources de la colonie raient grandes, s il y avait des bras pour les exploiter. Il n'y a pas de contrée au monde où les maisons d'habitation, les provisions. les terrains, les soins de médecin, les écoles, les chapelles et l' assistance des ministres soient plus à la portée des masses, et où les masses soient plus protégées dans l'exercice et la jouissance de leurs droits. Quelle a été la conséquence de cet heureux état de choses sur l'esprit des noirs? Les a-t-il conduits à la paresse et au vagabondage? Ont-ils renoncé à l'industrie et abandonné la culture du sol ? On peut en juger en voyant de quelle manière l' argent économisé, sur leur salaire, par les cultivateurs a été employé. En 1839, une plantation à sucre abandonnée a été achetée 150,000 fr., dont 2 tiers comptant, elle reste payable à 3 semaines. L intention des acheteurs était de replanter la propriété. Celle transaction en dit plus que des volumes sur la paresse prétendue des nègres, et démontre qu'ils aiment mieux rester sur les terres cultivées, malgré le haut prix de celles-ci. que d aller s établir dans des districts incultes , où ils pourraient faire des acquisitions presque pour rien. En 1840, une propriété dans le voisinage d Annandale, sur la côte orientale, a été acquise par 140 à 150 cultivateurs, au prix de 250,000 francs; il avait été offert 100,000 francs d une autre propriété sur la même côte, mais le marché n'a pas été conclu. La même chose est arrivée à Berbice; on a voulu traiter pour 100,000 francs d'une plantation sur la cote occidentale. Les prix offerts étaient pavables comptant. «Le dernier renseignement de même nature est d'une date toute récente. Le 3o novembre dernier (1841), le gouver neur Light écrivait qu'une plantation sur la côte orientale avait été achetée 4oo,ooo francs, sur laquelle somme 150,000 francs avaient été comptés immédiatement, 25,000 fr. un mois après le contrat; le reste était exigible peu de temps après la mise en possession. Sur les 200 noirs qui s'étaient associés pour cette acquisition, 100 avaient déjà payé chacun 2,000 francs. Un individu, qui paraissait plus riche que les autres, parce qu'il possédait un cheval et un cabriolet, avait contribué , pour sa part, à raison de 10,000 francs. Le résultat de l'émancipation a été que d'abord les noirs ont demandé des salaires exorbitants, qu'ensuite ils ont pratiqué l'économie et la frugalité, et que leurs épargnes leur ont servi à acheter des propriétés et améliorer leur

« On est vraiment surpris, dit le rapport d'un magistrat salarié, de la masse de travaux qui ont été exécutés dans l'île, en cons-

condition. «On pourrait multiplier les exemples de ce genre. Dans une autre dépêche, écrite immédiatement après le 1" août 1840, le

tructions, plantations, terrassements et clôtures, sans qu'il y ait un ralentissement trop sensible dans le travail journalier de la po-

gouverneur Light disait qu il n'avait pas cru devoir faire de ce jour une fête consacrée, mais qu'il était extrêmement satisfaisant

pulation. La raison en est que, dans le passage de son ancien état à une situation où de nouvelles espérances, de nouveaux désirs lui étaient permis et où une nouvelle responsabilité lui était imposée, les forces du nègre se sont accrues, et l'ont rendu capable de cultiver sa propre terre et de travailler en même temps sur les plantations. »

de voiries classes laborieuses ensevelir le souvenir du passé dans la jouissance de la liberté. Il avait visité Essequibo en 1838 et en 1840 : le changement opéré dans la conduite et les habitudes des nègres, pendant ce court espace de temps, était remarquable. L'année suivante il fit une nouvelle tournée, et, là où naguère

« Un document curieux joint à ce rapport donne le nombre des individus qui ont fait eux-mêmes la déclaration de leurs possessions sujettes à l'impôt, et qui ont témoigné l'intention de supporter, comme hommes libres, leur part des dépenses de la paroisse; en 1836, il y avait 317 noms inscrits; en 1840, 1,321 ; et, en 1841, 1,866. Le nombre desnoirs devenus propriétaires par leur industrie et leur économie s'élevait, pour toute l'île de la Jamaïque, à 2,114, en 1838. Deux ans après, en 1840, on en comptait 7,340. « Un autre rapport fait connaître le salaire que peut gagner à Demerara un vigoureux cultivateur, travaillant six ou sept heures par jour. La somme nette à laquelle s'est élevé ce salaire, en 1840, 11 a pas été moindre de 575 francs en argent, plus une case et un terrain d une valeur de 375 francs, et les soins de médecin évalués à 75 francs; en tout 1,025 francs, outre l'avantage d avoir des églises et des écoles franches de toute contribution.

on apercevait à peine une maison, il vil des constructions nombreuses. Dix-huit propriétés avaient été vendues aux noirs par petits lots sur lesquels ils avaient construit de jolies chaumières, et d'où s'était formé un village important, avec une bonne église et une école. A trois milles à l'est d'Essequibo , il s'était élevé un autre établissement dont les habitants étaient nombreux, appliqués au travail et convenablement vêtus. Ainsi donc, en ce qui concerne les noirs, l'expérience tentée a eu le plus grand succès ; ils ont répondu à l'espoir qu'avaient conçu les partisans de l'émancipation, et ont prouvé toute l'importance qu'ils y attachaient, en faisant ce qui dépendait d'eux pour justifier le bienfait du Gouvernement anglais. Si saire, on la trouverait, non coltés, mais dans celui des depuis l'émancipation. Sans

une autre preuve était jugée nécesdans le montant des produits ré-

exportations arrivées d'Angleterre doute il y a eu diminution dans la production des sucres, mais la preuve la plus évidente du succès repose dans la somme des importations reçues par les colonies.


ÉTUDE DE L'EXP. ANGL.—CH. XIV ÉTAT DU TRAV., ETC.— 1842.— DISC. DE L. STANLEY. 931 La valeur moyenne des exportations d'Angleterre aux colonies, pendant les six années qui ont précédé l'apprentissage, a été de

69, 575,000

fr.; de 1835 à 1838, elle s'est élevée à 89,450,000 francs, et la première année de liberté le chiffre total n'a pas été moindre de 100,061 ,575 francs. Il est vrai que, l'année dernière, il y a eu une diminution. Cependant la somme s'en est encore élevée à 87,318,350 francs. « Il serait inutile d ajouter d autres détails concernant les écoles, les chapelles et les églises; ce qui a été rapporté suffit pour prouver l'amélioration de la condition sociale et des habitudes des nègres. Si cette classe était seule intéressée dans la prospérité de nos possessions, il deviendrait sans objet de nommer une commission pour examiner ce qui se rattache à l'économie rurale et agricole des Indes occidentales. Mais, malgré la grande prospérité des nègres, on ne peut nier que les causes qui l'ont produite ont été d'un grave préjudice pour les planteurs, et ont fait un tort considérable au commerce de la Grande-Bretagne. Les planteurs supportent actuellement de grandes pertes, qu'il est du devoir de la Chambre de prendre en considération, en chargeant une commission d'en préciser la source. Si ces pertes sont susceptibles de remède, on examinera quels sont les meilleurs moyens à adopter pour les diminuer. « La prospérité des planteurs des Indes occidentales dépend surtout des sucres. En comparant les exportations faites pendant les différentes périodes, durant lesquelleson vient d'examiner la condition des laboureurs, on trouve que, pendant les six années antérieures à l'apprentissage, la moyenne des exportations a été de 3,965,000 quintaux; pendant l'apprentissage, de 3,o58,ooo quintaux; pendant la première année de liberté, de 2,824,000 quintaux, et, en 1840, de 2,810,000 quintaux. Il est vrai que la diminution des sucres a été compensée pour les planteurs par l' augmentation du prix. Dans les six années avant l'émancipation, les sucres ont produit à la vente 26,600,000 francs; dans les quatre années de l'apprentissage, 31,115,000 francs; la première année de liberté seule a donné un produit de vente de 32,65o,ooo francs, et l'année suivante, 29,120,000 francs. Ainsi, malgré la forte réduction de la récolte de 1840, comparée à celles de l'époque de l'esclavage, le planteur a encore reçu un beau prix. Mais, s'il n'a pas éprouvé une sérieuse diminution de revenu, il a eu à supporter de grands frais de culture, à cause de la rareté des travailleurs. Les cultivateurs, devenus propriétaires, se sont occupés des soins de leurs propres fermes, elles planteurs ont été contraints de payer d'énormes salaires. Des renseignements font connaître que, dans certaines'colonies, le taux des salaires s'est élevé d'une manière si exagérée, ainsi que les autres dépenses de culture, qu'à moins que le Gouvernement n'adopte des mesures convenables, les propriétaires de plusieurs plantations seront obligés de les laisser en friche. Une circonstance, entre autres, mérite toute l'attention d'une commission, et demande à être vérifiée contradictoirement. D'après un rapport envoyé de laTrinité, un comité de planteurs a réuni les preuves des frais énormes occasionnés parla culture des propriétés. Un comité semblable s'est formé à Demerara. Si les renseignements qui ont été fournis approchent seulement de la vérité, il parait impossible de continuer à cultiver. Il a clé établi que les dépenses de 62 plantations à sucre, depuis le 1er janvier jusqu'au 31 octobre 1841, ont été de 5,455,000 francs, tandis que le produit ne s'est élevé qu'à 1,085,000 francs, ce qui a constitué une perte de 4,370,000 francs pour ces propriétés réunies. Le même comité porte les dépenses de novembre et décembre à 6,475,000 et le revenu total à 1,560,000 fr.; d'où il résulte 4,915,000 irancs de déficit. Sans se fier trop légèrement a l' exactitude scrupuleuse de ces renseignements, on doit cependant prendre en considération que le comité qui les a fournis a surtout interrogé les planteurs qui, jusqu'alors, avaient dirigé leurs propriétés avec le plus de succès. Le gouverneur Light, que l' on ne peut accuser d'être aveuglément prévenu en II.

faveur des planteurs, ne s'est pas borné à transmettre les rapports des comités. Il y a joint des renseignements fournis par une personne modérée, et dévouée au Gouvernement, sur quatre plantations, dont les dépenses ont été ruineuses. Si toutes les autres plantations étaient dans la même position, l'avenir des propriétaires serait en vérité désastreux. L'une des quatre plantations a pu obtenir quelques bénéfices, tandis que les trois autres ont eu à supporter une perte: il eût été à désirer que ces renseignements fussent vérifiés par un comité, et ils semblent mériter l'investigation d'une commission nommée par la Chambre. Les planteurs sont naturellement très-impatients de voir apporter remède à cet état de choses; deux moyens paraissent applicables et pourront faire que la culture soit continuée avec succès : l'un est la réduction des dépenses au moyen d'un meilleur mode de travail, objet digne d'une attention spéciale ; l'autre est l'augmentation de la population, par l'immigration dans les colonies, afin de réduire les salaires par la concurrence. Plusieurs points également dignes d'attention se rattachent au premier moyen. Ne serait-il pas possible, par exemple, d'introduire un système analogue à celui qui se pratique en Angleterre, pour placer les cultivateurs dans la position de fermiers, et leur donner un intérêt inséparable de celui du propriétaire, de manière à ce qu'ils participassent à l'amélioration du sol et à l'augmentation des produits ? Il existe sans doute des difficultés pratiques pour la mise à exécution d'un tel plan, mais il est important d'examiner comment on pourrait les surmonter. Il ne l' est pas moins de chercher à économiser le travail manuel, et pour cela il faudrait que des personnes versées dans la culture des Indes Occidentales s'entendissent avec d'autres personnes également versées dans la culture des terres européennes. « Quant a l' immigration, il est prouvé que, soit qu'elle se compose d individus d'origine africaine ou d'Africains libres de la c ôte d Afrique, soit qu'elle se compose d'habitants des États-Unis et des îles voisines, les résultats en sont satisfaisants. Il v a eu peu de maladies et de mortalité. La condition des travailleurs de race africaine est une preuve vivante de l'avantage du système d'immigration. Ils sont contents de leur sort; ceux qui les emploient le sont de leur conduite, et il est constant que leur position s'est améliorée. Il serait à désirer qu'on put en dire autant des immigrants d'Europe; mais, à en juger par le sort des Européens qui ont été introduits à la Jamaïque et à Demerara, particulièrement dans les endroits que ces immigrants préfèrent, c'est-à-dire dans les terres basses, ils ont eu beaucoup à souffrir, et le résultat a été fatal à leur santé et même à leur existence. Pour rendre justice aux colons, il faut dire que, malgré leur désir d augmenter le nombre des travailleurs, cette expérience les a décidés à solliciter de la législature une résolution pour interdire l'immigration , aux dépens du trésor public, de tous individus des îles britanniques ou de l'Europe. Quelques immigrants portugais ont été transportés à Demerara, où ils se sont rendus très-utiles, principalement pour tenir des boutiques en ville ; malheureusement ils ont eu beaucoup à souffrir dans le commencement, et la mortalité parmi eux n'a pas été moindre de 10 p. 0/0. Ce motif a engagé sa seigneurie à s'adresser au Gouvernement portugais pour lui conseiller d'empêcher l'immigration de ses sujets dans les colonies anglaises. Les renseignements relatifs aux Coulis venus à Demerara nous apprennent que, après les Européens, ce sont eux qui, parmi les immigrants , ont le plus souffert. Quant aux Africains, la mortalité est presque nulle parmi eux. Il est donc clair que c'est de la côte d Afrique queles colonies attendent leur principal renfort de travailleurs. «Toutefois des obstacles sérieux semblent s'opposer à une immigration illimitée provenant de la côte d'Afrique. Ce serait faire soupçonner le retour aux abus de la traite, et exciter la défiance des puissances étrangères. Sans doute l'immigration libre placerait les individus dans une position préférable à celle qu'ils ont dans

59.


932 RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — IIe PARTIE. leur propre pays. Si le flot des immigrants était constamment dirigé vers les colonies, avec la facilité du retour en Afrique, rien

manité, et pour la propagation du christianisme sur tout le con tinent d'Afrique. »

ne pourrait être plus favorable aux intérêts de l'humanité , ainsi

«Lord Stanley termine en disantqu'il a exposé l'état des choses tel qu'il lui est apparu d'après l'examen de nombreux documents

qu'aux progrès de la civilisation et de la religion parmi les tribus africaines ; mais c'est un objet qui exige les plus grandes précau-

officiels, en cherchant à éviter la partialité et l'exagération 1.

tions. »

(Anti-Slavery Reporter.)

« Dans ce but, le noble lord propose la formation d'une commission, agissant simultanément avec la commission chargée des recherches sur l'état de l'agriculture dans les Indes occidentales, et qui aurait mission de constater la position actuelle des établissements de la côte d'Afrique, surtout en ce qui concerne les travailleurs qu'ils peuvent fournir. » Le long de la Côte-d'Or se trouve un certain nombre de forts ou établissements occupés par des sujets anglais, qui vivent sous une forme particulière de gouvernement. Pendant un temps, ils ont été dans la dépendance de la Couronne; mais, à présent, ils sont gouvernés par une réunion de marchands qui administrent ce qu'ils appellent la loi anglaise, sans aucun des moyens de procédure admis par la loi anglaise, car il n'y a ni juge, ni jury. Dans le voisinage immédiat de ces forts, existent des tribus indigènes, intimement liées avec ces marchands par le commerce, et sur lesquelles ils exercent une grande influence. Il importe de connaître d'une manière précise les relations que nous avons avec ces tribus. Sous l'empire de la loi, comme elle est administrée, des jugements ont été rendus, des personnes emprisonnées, tout enfin a été fait avec un semblant d'autorité, mais sans aucun égard à la légalité. Cet état de choses était peut-être un mal nécessaire , mais ce n'en était pas moins un mal. Il laissait les tribus dans le doute sur nos droits réels à les gouverner ; il tendait à élever un pouvoir au-

2.

fait à Chambre des communes, le 25 juillet 1852, par la commission chargée de l'enquête sur les colonies anglaises des Indes occidentales. RAPPORT

Votre comité n'a rien négligé pour bien remplir la mission qui lui a été confiée : non content d'avoir recueilli les dépositions d'un grand nombre de propriétaires et de géreurs, concernant les colonies de Saint-Vincent, la Trinité, la Barbade, la Guyane, la Grenade, Antigoa, Saint-Kitt's et la Jamaïque, il a cru devoir aussi consulter d'autres personnes qui, révoquant en doute la détresse excessive dont on se plaint, diffèrent complètement d'avis avec les propriétaires sur les causes qui l'ont produite , et persistent à croire que les grands résultats de l'émancipation n ont pas été altérés d autre part, ni suivis de conséquences fâcheuses. Tous les renseignements réunis par le comité offrent le plus grand intérêt, parce qu'ils sont intimement liés à la grande mesure dont les Indes occidentales ont été le théâtre et à l'avenir des possessions anglaises : ifs méritent donc la plus sérieuse attention de la part du Gouvernement et de la Chambre.

dessus des lois, et dont l'exercice n'eût pas d'autres bornes que sa propre modération. Si l'on faisait de ces établissements les

Votre comité regrette beaucoup que la quantité des documents qui lui sont parvenus, et le peu de temps qui lui restait l'aient

points de rapport avec les colonies des Indes occidentales, pour l'immigration, il faudrait avoir égard à plusieurs considérations

empêché de présenter à la Chambre un rapport aussi détaillé que l'aurait exigé l'importance de tous les objets à traiter. D'un autre côté, si nous avions différé de présenter le rapport jusqu'à la prochaine session, il en aurait pu résulter des incon-

majeures. Parmi les tribus voisines, le plus grand nombre sont en état d'esclavage domestique, d'autres sont libres. Ce serait un des devoirs de la commission de déterminer quelles sont les tribus libres, et disposant d'elles-mêmes et de leur travail selon leur gré. Beaucoup de personnes pensent que l'esclavage domestique existe dans toutes ces tribus. Dans le cas où l'immigration se composerait d'esclaves fugitifs, nous risquerions de nous attirer la haine des tribus avec lesquelles nous étions dans de bons termes, et qui vivaient sous notre patronage; ou bien, sous le prétexte d'obtenir la permission pour des indigènes libres de passer dans nos colonies, des colons pourraient commencer un trafic avec les chefs indigènes pour l'émigration de leurs sujets, moyennant une somme d'argent; en d'autres termes, ils

ACHÈTERAIENT CES ÉMIGRANTS.

Ce serait donner lieu de

nous soupçonner de vouloir rétablir le commerce des esclaves sur la côte d'Afrique. Ces obstacles sont peut-être exagérés; mais ils ne peuvent être surmontés sans que les faits soient clairement exposés aux yeux du monde entier.

vénients. Le comité a voulu les éviter en se bornant à soumettre à la Chambre quelques considérations qui expriment l'opinion qu'il s'est formée d'après les faits. V otre comité ne croit pas que l'état actuel des colonies des Indes occidentales soit en aucune façon désespéré, mais il sait que la détresse dont elles souffrent est grande et nécessite un soulagement immédiat. Il ne peut indiquer un remède assez prompt pour la circonstance , mais il espère cependant que les idées qu' il soumet produiront, à la longue, un résultat satisfaisant. Si on les adopte, et si l'on en fait l'application avec impartialité, la prospérité renaîtra et le monde pourra considérer avec admiration le succès du grand exemple donné par notre pavs. 1° L émancipation des esclaves dans les Indes occidentales a eu les plus heureux résultats sous le rapport de l'amélioration morale et matérielle de la condition des noirs. 0

« Si l'on ne peut y parvenir, il faudra se renfermer dans le devoir sacré d empêcher le commerce des esclaves en Afrique, sous quel-

a Celte amélioration est prouvée par le désir qu'ils manifestent de plus en plus d'acquérir l'instruction religieuse, par les dispositions qu'ils montrent pour le mariage, l'exactitude avec

que forme qu'il se déguise. Si, au contraire, nous parvenons à vaincre les obstacles prévus, que le monde entier soit instruit des moyens que nous employons, de la protection que nous

laquelle ils remplissent les devoirs de la vie domestique, et le prix qu'ils attachent à devenir propriétaires et à se créer une position indépendante.

accordons aux individus, et de l' étendue des garanties que nous exigeons. L'émigration, conduite d après les principes d'une entière liberté, serait d un avantage incalculable, non-seulement

3° Malheureusement, en même temps que le sort des noirs est devenu meilleur, une diminution a eu lieu dans les produits d'exportation et a déjà causé des pertes très-graves à plusieurs

pour les émigrants eux-mêmes, mais, en raison des relations qu'ils auraient avec la société civilisée, pour les intérêts de l'hu-

propriétaires. 4° Dans les colonies peu étendues et populeuses, cette dé-

A la suite de ce discours de lord Stanley, les deux commissions annoncées par le ministre secrétaire d'État des colonies ont été formées. Ces deux commissions ont terminé leurs travaux et déposé leur rapport avant la prorogation du Parlement. Les rapports ont été publiés assez tôt pour qu'il soit possible de reproduire, à la fin du présent chapitre, le texte du premier rapport et la substance du deuxième. Ces pièces forment les n" 2 et 3 insérés ci-après. Je n ai pas connaissance que la collection des témoignages, qui composent ordinairement la partie principale des documents parlementaires dece genre, ait rte publiée. Mais les pièces 2 et 3 suffisent pour apprécier d'une manière générale cette deuxième phase de l'expérience d'émancipation. *


ÉTUDE DE L'EXP. ANG.— CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAV., ETC. —1842—COMMISS. ET RAPP. 933 tresse ne s est pas fait sentir aussi vivement qu'à la Jamaïque, a la Guyane et à la Trinité, où, depuis trois ans, plusieurs grandes

été confiée, votre commission croit devoir entrer dans quelques détails sur les faits qui ont donné lieu à sa formation. Dans le

propriétés, jusqu'alors prospères, n'ont pu être cultivées sans une perte considérable, où d'autres ont dû même être abandonnées.

courant de 1839, le marquis de Normanby, alors secrétaire d'Etat des colonies, fut informé qu'un négrier espagnol, los Dos Amigos, avait été admis, peu de temps avant sa saisie, à trafiquer

5° La diminution des produits et la détresse qui en a été la conséquence résultent principalement de la difficulté que les planteurs ont éprouvée a obtenir un travail appliqué et régulier,

librement à Cape-Coast, établissement anglais sur la Côle-d'Or, et qu'un négociant, en même temps magistrat du pays, lui avait

et du haut prix, qu il leur a fallu payer pour une culture souvent interrompue et conduite avec négligence. 6° Si le nombre des travailleurs a diminué, c'est que les noirs se sont adonnes a des occupations plus profitables pour eux que les travaux des champs; c'est surtout parce que, pour la plupart, ils sont à même de vivre à l'aise et de s'enrichir sans être obligés de donner aux planteurs, chaque semaine, plus de trois à quatre journées de sept heures. Les salaires se sont élevés en raison de la difficulté de se procurer des bras et de la concurrence que la rareté des travailleurs a excitée parmi les planteurs. Mais le motif le plus réel de 7°

l' état des choses actuel est la facilité avec laquelle les noirs ont pu se procurer des terres. 8° Un certain nombre des anciens esclaves sont devenus propriétaires , et, en général, on donne aux cultivateurs des terres à provisions qui ne payent aucun.loyer, ou seulement une fort minime redevance. Le sol est tellement fertile que les propriétés particulières des noirs leur fournissent souvent, outre une nourriture abondante, un excédant qu'ils réalisent en argent. g Le bas prix des terres a donc été la principale cause des difficultés que l'on a éprouvées. Ce bon marché n'est, au surplus, que la conséquence d'une fertilité qui fournit au delà des be-

vendu des marchandises indispensables à son commerce illicite. Des recherches ultérieures firent connaître que cette circonstance n'avait rien que d'ordinaire, et que le capitaine Mac-Lean, gouverneur, choisi par les marchands de Londres, et investi par le Gouvernement, en 1828, de la surveillance des établissements sur la Côle-d'Or, ne s'était pas cru autorisé à empêcher les bâtiments des nations amies, quelle que fût leur destination, d'acheter des marchandises vendues légalement dans aucun des comptoirs de la Grande-Bretagne. Ces renseignements déterminèrent lord John Russell, devenu secrétaire d'Etat des colonies, à donner des instructions sévères pour faire cesser cette coutume, considérée comme illégale, et pour punir les contrevenants. Sa seigneurie déclara qu'il lui paraissait désirable que la direction des établissements revînt à la Couronne, et chargea M. Madden de visiter la Côle-d'Or et les autres points de la côte d'Afrique, pour examiner l' état des choses et la manière dont l'administration était dirigée. Le minisire chargea également M. Madden de donner son opinion sur ce qu on pouvait espérer de l'émigration de Sierra-Leone pour les Indes occidentales. «Votre commission a pris connaissance des recherches faites par M. Madden ; elles se lient si étroitement aux intérêts du com-

soins de la population.

merce et de l' humanité, et compromettent d une manière si sérieuse les personnes intéressées dans le commerce avec l'Afrique, qu elle a pensé qu'une enquête plus étendue devait être faite.

10° Sir on s'applique à rechercher quels remèdes pratiques M serait possible d'appliquer pour arrêter la diminution du revenu des propriétés, on reconnaît que ces moyens sont, en

Tout en appréciant à leur valeur les documents fournis par M. Madden, et en rendant justice à son zèle et à son activité, votre commission ne partage cependant pas l'opinion qu'il émet,

partie, à la disposition des propriétaires eux-mêmes, qui devraient veiller à ne faire que des arrangements judicieux dans l'intérêt général, et introduire des changements raisonnes dans

et ne garantit en rien ce qu'il rapporte. Il a dû parcourir une vaste etendue décotes, dans un espace de temps fort court, avec une santé altérée par le climat; et souvent il lui a fallu se con-

le système qu'ils ont jusqu'à présent suivi.

tenter des informations de personnes tierces, dont la véracité ne

11° Le moyen le plus facile et le plus désirable à employer pour remédier à l'insuffisance des travailleurs serait de provoquer

lui était pas connue. »

l'immigration d'une population nouvelle en assez grand nombre pour créer la concurrence parmi les cultivateurs.

Gambie et Sierra-Leone.

Pour atteindre sûrement ce but, et en même temps arantir les droits des immigrants , comme hommes libres et assurer leur bien-être , il faudrait que l'opération fût confiée à des officiers publics responsables. 12°

13° Une autre question mérite encore d'être sérieusement traitée, c'est celle de savoir si, dans l'intérêt des propriétaires des Indes occidentales et des noirs eux-mêmes, surtout au moment où l'on peut compter sur un grand accroissement de population par l'introduction d'émigrants dans les colonies, il ne serait pas urgent de faire reviser avec soin par les diverses législatures les lois qui règlent les rapports entre les travailleurs et ceux qui les emploient.

3.

du rapport de la commission de la côte occidentale d Afrique nommée par la Chamlre des communes. ANALYSE

Ce rapport peut se diviser en trois parties distinctes ; 1° exposé des circonstances qui ont donné lieu à la création de la commission ; 2° état des divers établissements sur la côte d'Afrique, et moyen d améliorer leur administration ; 3° émigration de l'Afrique pour les Indes occidentales , et condition des noirs dans ces colonies. « Avant de faire connaître le résultat de la mission qui lui a II.

Les conclusions de la commission se divisent ainsi : Côte-d'Or, Avant tout, elle désire que le commandement des forts anglais de la Côte-dOr soit remis à la nomination de la Couronne, et que cette fonction n'ait plus aucune relation de dépendance avec Sierra-Leone. « Nous ne contestons pas le mérite de l'administration, soit que nous envisagions séparémentla conduite de M. Mac-Lean, ou celle de la commission de qui il tient ses pouvoirs. L'administration a su exercer une influence protectrice sur une étendue de 150 milles de cotes et sur une vaste étendue de pays dans l'intérieur, avec la seule ressource de 87,500 à 100,000 francs par an, et au moyen de quatre forts mal approvisionnés et n'ayant pour garnison que quelques soldats noirs à peine payés. Elle est parvenue à empêcher le commerce extérieur des esclaves, à maintenir la paix et la tranquillité, et a exercer une juridiction utile, bien qu'irrégulière, sur les tribus voisines. Enfin elle a beaucoup adouci et quelquefois fait disparaître les coutumes barbares que les indigènes avaient jusque-là pratiquées. Nous voudrions pouvoir partager les doutes du capitaine Mac-Lean quant à sa propre compétence pour empêcher les navires suspects, mais n'ayant aucun esclave a bord, de faire un commerce légal dans sa juridiction. Loin de nous la pensée que le gouvernement des forts ait pu avoir aucune disposition à protéger un trafic infâme, qu'il a, au contraire, réprimé ; mais nous croyons que, pour rendre nos établissements de la côte plus utiles, et pour donner plus de confiance dans l'impartialité de leur gouvernement, il faut que ce gouvernement dépende directement du pouvoir de la Couronne, et,

59...


934

e

RAPPORT SUR LES QUESTIONS COLONIALES. — PIÈCES JUSTIFICATIVES. — II PARTIE.

qu'au moyen d'une augmentation de ressources il soit mis en communication directe avec la métropole. « Nous voudrions en outre que l'on occupât de nouveau les forts d Apollonia, Winnebah et Whydah, abandonnés en 1822, lorsque le gouvernement fut remis aux marchands et, que l'on en reconstruisît quelques autres plus petits sur des points non moins importants. On verra que le climat n'est pas pire, et que même il est souvent meilleur que celui de diverses parties de la côte. D'ailleurs, on peut y pourvoir en n'employant que des Européens déjà habitués à la vie des tropiques, ou des sujets anglais d'origine africaine. Nous sommes certains que, dans nos possessions d'Afrique ou dans celle des Indes occidentales, l'on en peut trouver un nombre suffisant pour remplir toutes les fonctions à donner 1. « Ces établissements sont d'une grande importance, non pas sous le rapport de l' étendue du territoire, mais parce qu'ils peuvent servir à mettre de grands obstacles au commerce des esclaves, et parce qu ils nous permettent d'exercer une grande influence morale sur les chefs des tribus voisines. «L'autorité judiciaire qui existe actuellement dans les forts n est pas ce qu'elle pourrait être ; elle réside dans le gouverneur et le conseil, qui remplissent les fonctions de magistrats, et elle se borne à l'application de la loi anglaise, dans la circonscription des forts, en ce qui concerne les naturels. Mais, en pratique, on a été obligé d'enfreindre les restrictions imposées. Une juridiction irrégulière s'est étendue peu à peu, en vertu de la disposition

protection et les conseils, et a laquelle elle est soumise en vertu de certaines conventions. « Ces conventions seraient changées et modifiées de temps en temps; elles contiendraient, comme la plupart des traités faitsur la côte, la clause de l'abolition du commerce extérieur des esclaves, celle de l'abolition des sacrifices humains et d'autres coutumes barbares, telles , par exemple, que d'enlever des hommes sous prétexte d engagements. Enfin on introduirait graduellement les améliorations dont les progrès faits par la population la mettraient à même de jouir. « L'arrangement dont il est question résoudrait la difficulté relative à l'esclavage domestique qui se déguise sous le nom d'engagés , donné aux esclaves. 11 a déjà été défendu aux sujets anglais de retenir des naturels de celte manière, car, à proprement parler, celte relation n'est pas autre chose qu'un engagement de service voloniaire contracté pour dette. Cet engagement en lui-même ne semble rien avoir d'injuste ni d'absurde, mais il expose à beaucoup d'abus, et louche de si près à l'esclavage que nous ne devons rien négliger pour en détruire la coutume, même parmi les naturels. Dans les lieux qui se trouvent sous notre influence la plus immédiate, il ne sera pas difficile de la restreindre tout d'un coup, quant à la durée du temps de service, et probablement qu'avant peu on parviendra à l'abolir en s'en tendant avec les chefs. Toutefois cet objet exige delà prudence, à cause du voisinage très-rapproché des Hollandais et des Danois; mais, s'il se pouvait qu on déterminât ces deux puissances à nous aider dans les moyens de civiliser les tribus les plus rapprochées, leur

des naturels eux-mêmes, soit chefs, soit commerçants, à se soumettre à l'équité anglaise. Grâce à notre influence morale, à notre puissance reconnue, et aussi grâce au respect que les jugements

concours rendrait notre mission bien plus facile. »

du capitaine Mac-Lean et, des autres magistrats ont toujours inspiré, il n'a jamais fallu employer la force pour les faire exécuter. Le bien qui est résulté d'une distribution éclairée de la justice est

La commission cite, sans faire connaître ce qu'elle en pense, un plan qui lui a été proposé et d'après lequel une cour de justice serait établie à l'Ascension et à Fernando-Pô, ou parcour-

prouvé par d'autres témoignages que par celui des personnes attachées au Gouvernement. Les missionnaires wesleyens et M. Mad-

rait périodiquement les établissements de la Côte-d'Or. Elle recommande aussi la nomination d'un chapelain colonial, à qui on donnerait les moyens de décider les chefs à lui confier l'éducation

den, tout en blâmant son extension sans bornes et la manière dont on l'a quelquefois appliquée, ont néanmoins reconnu ce que son application a eu d'avantageux, surtout lorsqu'elle a pris la place de coutumes barbares. La durée de l'emprisonnement dont M. Mad-

de leurs enfants ; elle conseille enfin de rechercher la coopération des Hollandais et des Danois pour établir, contre la traite, des cha-

den se plaint a été très-fréquemment infligée pour des fautes qui auraient entraîné une punition plus sévère, dans certains pays ci-

loupes autorisées dont la dépense serait bientôt couverte par une augmentation de commerce, principalement avec les royaumes de Dahowey et dAshantee, et par la suppression de la station

vilisés, et qui, si on en eût laissé la facilité aux chefs, ou à la vengeance particulière, auraient valu aux coupables une mort cruelle. Néanmoins il est à désirer que la juridiction soit mieux définie et mieux comprise, et qu'un officier judiciaire soit mis à la disposi-

navale sous le vent. La belle riviere de Gambie et les autres ressources du pavs donnent a cet établissement de grands avantages sur tous les autres. La commission recommande que Ton accorde une légère ré-

tion du gouverneur, pour l'aider ou le remplacer dans les fonctions de magistrat, et remplacer aussi, au besoin, les membres du conseil et toutes autres personnes exerçant des fonctions dépendantes de la justice. Mais il serait essentiel, que, obligé de se conformer, dans ses jugements, aux principes généraux, il ne fût pas trop enchaîné parla lettre de la loi anglaise, et qu'on lui laissât «me latitude convenable. « L autorité ayant pour limites les forts dans lesquels résident le gouverneur, sa suite et la garnison , et les magistrats ne pouvant même exercer de juridiction sur les naturels des districts placés sous la protection de nos troupes , l'action des lois , à l'égard des gens du pays, devrait être l'objet d'un arrangement avec les chefs, et s accommoder a la condition des diverses tribus, ainsi qu'à la nature du contrôle que notre voisinage ou d'autres causes nous mettent à même d'exercer sur eux. Leurs relations avec la Couronne ne sont pas celles de sujets; nous n'avons pas le droit

duction de droits à ses produits et à ceux du voisinage; elle recommande aussi l' emploi des steamers pour supprimer la traite et entretenir les relations commerciales et officielles; elle exprime le vœu que le Gouvernement de la Gambie soit indépendant de celui de Sierra-Leone. Elle propose encore de relever l 'établissement commence sur l' fie de Bulama qui a été déclarée malsaine, et qui ne l' est pas plus que Sierra - Leone et d'autres points. On ajouterait à ces mesures la construction de petits blockhouses, en remontant la rivière Gambie et le long de la côte, comme, par exemple, à Cestos et aux Gallinas,où le commerce anglais a remplacé celui des esclaves. Relativement à Sierra-Leone, la commission a recueilli sur son administration des informations d'après lesquelles il paraîtrait qu un esprit de parti, dune nature particulière, aurait exercé une influence fâcheuse sur le bureau des colonies à Londres

de leur imposer cette qualité, qui, peut-être, deviendrait pour nous une pesante responsabilité; leur position est celle d'une

et sur les transactions intérieures de la colonie elle-même. Les documents remis par le bureau des colonies à la commission pour expliquer les abus et l' influence corruptrice dont on se plaint

faible puissance vis-à-vis d'une plus forte, dont elle recherche la

ne détruisent pas les accusations qu'elle a reçues et qu'elle ne

1

L un des derniers gouverneurs de Sierra-Leone ainsi que l'avocat de la Reine dans cette colonie sont deux personnes de couleur. Un Africain affranchi vient d'être envoyé à Londres pour y être ordonné prêtre de l'Église anglicane. Il a fait ses études en grec par les soins de la société des missionnaires. *


ÉTUDE DE L'EXP. ANGL. — CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAV.. ETC.—1842. — COMMISS. ET RAPP

communique pas à la Chambre, afin de ne rien laisser préjuger avant l'enquête qui pourrait être ordonnée plus tard. La commission n approuve pas l'établissement du tribunal mixte à Sierra-Leone. Une commission précédente,' chargée d' examiner cette question en 1830 , a déjà condamné le choix de Sierra-Leone, sous le rapport de son éloignement. Sierra-Leone se trouve en effet à 800 et à 1,000 milles des lieux où les esclaves sont ordinairement capturés. Un autre motif est sa position au vent, qui fait que les prises sont huit ou neuf semaines, et d'ordinaire cinq semaines, a y arriver. Celte circonstance entraîne une perte du sixième et assez souvent de la moitié des esclaves; elle produit la maladie au milieu de ce qui reste. Cet inconvénient n'a pas cessé d exister, quoiqu'il soit moindre maintenant. Nous regrettons qu on n ait pas plus tôt avisé aux moyens d'y remédier. La commission est d'avis que l'on négocie avec les puissances étrangères, afin de pouvoir transporter la cour à l'Ascension ou dans une des îles portugaises. «Une autre commission a déjà été chargée d'examiner l'influence que l'émigration a pu avoir sur la prospérité des Indes occidentales. Nous nous proposons d'examiner cette influence seulement en ce qui touche les intérêts de l'Afrique en général, et les intérêts particuliers qui se placent sous notre protection, par suite de nos efforts pour anéantir la traite. « Sans doute les recherches dont la précédente commission a eu le soin ne sont pas non plus étrangères aux Africains; car nous savons, d'une manière positive, que la diminution qui a eu lieu dans la production du sucre de nos colonies occidentales, depuis l'émancipation, a imprimé une nouvelle activité à la traite pour Cuba et le Brésil, tandis que, si le travail libre permettait de fabriquer à bas prix, ce serait le moyen le plus sur de parvenir à l'extinction totale du commerce des esclaves. On n'aurait plus, en effet, les mêmes motifs pour s'y livrer. Mais nous avons pensé que notre mission nous obligeait à nous occuper spécialement : 1° des ressources que l'immigration libre peut fournir aux Indes occidentales; 2° s'il serait dans l'intérêt des Africains d'y être transportés ; 3° si l'émigration peut avoir lieu sans que l'on ail raisonnablement à craindre quelle ne facilite un nouveau trafic d'esclaves. « Quant au premier point, nous pouvons affrmer que la Côted'Or n'offre que très-peu de moyens d'organiser une émigration quelconque. Les ravages produits par la traite et les guerres qu'elle a engendrées, bien qu'elles oient cessé depuis neuf ou dix ans, sont encore des événements trop récents pour que la population ait eu le temps de s'accroître beaucoup, ou pour lui avoir permis de concevoir des idées aventureuses. Tous les habitants sont esclaves, à l'exception des chefs et de quelques individus établis sur la côte et commerçant sous la protection des établissements anglais, danois et hollandais. Il est vrai pourtant que leur servitude, sous le rapport du travail, n'a rien de pénible. En suivant les bords de la mer, on rencontre entre le cap Palma elle cap Mount, une très-singulière race d'hommes formant plusieurs petites tribus, et connus sous le nom de Kroomen. Ils sont répandus au loin sur la côte; la pèche et la navigation sont le seul genre d'opération auquel ils se livrent. II y en a toujours quelques-uns dans les équipages de nos croiseurs et des caboteurs de la côte. On les reconnaît à une marque distinctive apparente, et jamais ils ne sont esclaves ni ne retiennent les autres dans l'esclavage. On ne sait pas positivement à combien s'élève la population chez les Kroomen ; toutefois on ne peut douter qu'elle ne soit forte; elle s'accroît encore tous les jours, et montre une pleine confiance dans le caractère anglais. Il est douteux cependant que l'on puisse obtenir, pour un grand nombre d entre eux, la permission de quitter leurs rivages sans faire de présents a leurs chefs. D'un autre côté, leur attachement pour leur pays, et l'habitude qu ils ont euejusqu' à présent de n émigrer que pour un temps et sans leurs familles, ferait douter qu ils devinssent jamais des colons sédentaires, et qu ils consentissent a rester plus d un, deux ou trois ans absents II.

935

de chez eux. Nous nous référons à ce sujet aux déclarations mêmes qui vous ont été faites par plusieurs Kroomen. «A la Gambie, il se trouve environ 1,500 Africains affranchis que le Gouvernement y a fait venir de Sierra-Leone ; mais on ne pourrait se procurer là qu'un faible nombre d'émigrants parmi les individus manquant de travail. Il se fait sur ce point une migration périodique considérable fournie par deux tribus, les Seratvoolies et les Tilliebomkas, qui habitent en remontant la rivière. Ils viennent en grand nombre pour faire les travaux les plus pénibles, de l'établissement, et, lorsqu'ils ont quelques économies, ils s'en retournent chez eux. Us semblent parfaitement libres et, comme les Kroomen, ils pourraient fournir d'abord un certain nombre d'émigrants temporaires qui, peut être plus tard , finiraient par se fixer. « A Sierra-Leone, les Africains affranchis et leurs descendants s'élèvent à ko ou 5o,ooo. Il y a de 1,000 à 5,000 Kroomen qui, de même que les Serawoolies dans la Gambie, font ici tous les plus durs travaux, et de 1,000 à 2,000 individus de race mêlée, venus d'eux-mêmes dans la colonie. «Telles sont les ressources offertes aux Indes occidentales. Par la suite, ces ressources pourraient devenir plus considérables, si l' émigration recevait des facilités cl des encouragements, et surtout si les premiers essais étaient heureux. » A l' appui de la question de savoir si le séjour des Indes occidentales serait préférable à l'Afrique pour diverses classes d'indigènes, le comité énumère longuement les renseignements fournis par lord Metcalfe et les rapports des magistrats sur les avantages moraux, religieux et physiques que la Jamaïque, la Guyane et la Trinité assurent aux noirs. «Les anciens esclaves sont aujourd'hui plus indépendants que les paysans d aucun autre pays; nulle part il n'existe de population qui soit plus abondamment pourvue de tout ce qui fait le bien-être, et plus à l' abri de l'oppression que celle delà Jamaïque. Des ministres de l'Evangile pour l'instruction religieuse et des écoles pour l'éducation des enfants sont répandus dans toute l' étendue de l'île. Les moyens d'instruction s'augmentent tous les jours, et finiront par combler le vide qu'a produit la suppression des écoles Mico. « Je suis convaincu, est-il dit dans un des documents cités, que ce serait un bienfait pour les malheureux Africains de les transporter à la Guyane anglaise; c'est pourquoi je désire vivement que le Gouvernement en facilite les moyens. Pendant mon séjour sur la côte, j'ai eu l'occasion de voir les Africains de Sierra-Leone, et je les ai trouvés bien moins civilisés que je ne m'y attendais. Il est donc nécessaire d'améliorer leur position, et c'est un moyen d'y parvenir que de les amener au milieu d'individus de leur couleur, déjà, jusqu'à un certain point, civilisés. » La commission termine ainsi son rapport : « D après tous les détails puisés aux sources les plus respectables, nous ne pouvons conserver le moindre doute sur le bien que l' émigration ferait aux indigènes de l'Afrique, soit aux misérables noirs dépourvus de tout, et récemment arrachés à des navires de traite, soit aux peuplades ignorantes et grossières qui descendent dans nos établissements pour gagner, au moyen d'un travail pénible, le faible salaire qu'elles remportent ensuite chez elles. Quelle est la position des Africains affranchis à SierraLeone, ou ils jouissent depuis des années de la protection du gouvernement anglais ? Le Gouvernement les a sauvés de l'esclavage et les a rendus libres; il fournit temporairement à leurs besoins, cela est vrai; mais quelle reconnaissance lui doivent-ils en outre ? C est surtout à la société des missionnaires de l'Église anglaise et aux missionnaires wesleyens que les plus grands éloges sont dus. Les premiers dépensent chaque année 175,000 francs, et les autres 5o,ooo francs pour propager l'instruction religieuse dans la colonie. Grâce à leurs efforts, un cinquième de toute la population suit les écoles et fait des progrès sensibles. D'autres écoles mal entretenues, et un seul chapelain, voilà tout ce que 5

...

9


936 RAPPORT SUR LES QUESTIONS

e

COLONIALES. — PIÈCES

le Gouvernement a fourni pour aider à l'amélioration de ceux dont il s'est fait le protecteur. Sous le rapport social, il les a complètement négligés. Aucune ferme modèle n'a été établie, aucune facilité ne leur a été donnée pour acquérir quelque connaissance de l' agriculture. Le taux des salaires , pour le petit nombre d'individus auxquels le voisinage des villes procure dû travail, est de A0 à 70 centimes par jour; avec cela, et un p.eu de culture, ils n'ont que bien strictement les moyens de se soutenir, Les bonnes terres sont peu abondantes, les habitants sont souvent obligés d'aller chercher des moyens de subsistance au dehors de la colonie. Il y a peu d'industrie et peu d'encouragement pour le commerce, parce que, à l'exception d'un peu d'arrow-root et de gingembre, les produits d'exportation sont nuls, et que la rivière, navigable seulement jusqu'à 3o ou 40 milles de son embouchure, ne fournit que des bois. Avec son mauvais climat, et aussi peu de ressources, Sierra-Leone n'attirera jamais de planteurs ni de marchands pouvant disposer de forts capitaux, et ne deviendra pas le séjour de prédilection des officiers ni des employés civils d'un rang élevé. Quels éléments de succès lui resterait-il donc? Le Gouvernement n'a pas beaucoup fait pour cette colonie, mais, dans tous les cas, ce qui serait à créer devrait l'être artificiellement ; on aurait dû établir une ferme modèle et encourager les études agricoles : c'est ce que nous recommandons encore d'entreprendre. Mais, après tout, que pourrait-on faire qui pût soutenir la comparaison avec les magnifiques fermes modèles dont les Africains seraient entourés dans les Indes occidentales. «Il est inutile de rien ajouter pour prouver que, sous tous les rapports, les Africains gagneraient à devenir travailleurs libres dans nos colonies où ils jouiraient d'un bien-être qui n'a jamais été le lot des noirs dans aucune partie du monde. «A Sierra-Leone les Africains affranchis sont un fardeau qui pèse sur le Gouvernement anglais , tandis que , dans les Indes occidentales, leur condition s'améliorerait, et ils deviendraient une source de richesse pour notre empire. L'Afrique elle-même ne profiterait-elle pas du retour probable sur son sol de plusieurs de ses fils, rapportant avec eux des capitaux, et de plus les moyens d'étendre la richesse et la civilisation ? C'est au reflux de sa propre population, retournant de l'ouest à l'est, que, suivant M. John Jérémie, cette dernière partie de l'univers devra la connaissance des lumières. « Votre commission avait aussi à examiner si l'émigration peut, donner lieu de craindre le rétablissement du commerce des esclaves sous un nom différent. Avec des règlements convenables, cela est impossible. On pourrait offrir le passage libre aux Africains déjà établis clans la colonie, ou aux autres indigènes y ayant résidé assez longtemps, pour que les autorités aient eu moyen de s'assurer qu'ils y sont venus d'eux-mêmes et sans y avoir été poussés par la fraude ou la contrainte. On accorderait aux émigrants le retour gratuit au bout de deux ou trois ans, et, en tout temps, ils auraient pleine liberté de revenir à leurs frais. Aux Africains récemment enlevés à l'esclavage, on laisserait le choix de se fixer de suite dans les Indes occidentales, avec permission de retourner dans leur pays comme ils l'entendraient et à leurs frais, ou d'émigrer de Sierra-Leone après le premier engagement, ou enfin d'y rester s'ils avaient les moyens de s'y soutenir s il se présentait des personnes qui voulussent se charger d'eux. « Malgré les avantages que bon retirerait des Kroomen pour la culture et ceux qui résulteraient pour eux-mêmes de l'émigration , la commission ne pense pas pouvoir tracer d'autres règles à leur égard, que les règles applicables aux indigènes qui choisissent un établissement anglais pour leur point de départ. Si, comme cela paraît probable, ils désirent tenter une migration à travers l'Atlantique, leur genre de vie leur facilitera les moyens de parvenir à Sierra-Leone où ils trouveront des milliers de leurs frères. Parmi ceux-ci, plusieurs sont déjà passés à la Guyane et y dé-

JUSTIFICATIVES. —

II PARTIE.

ploient autant d'activité clans les champs qu'on leur en voit déployer sur le bord de la mer. « Si plus lard on jugeait à propos de foncier un petit établissement sur la côte de Kroo, cet établissement faciliterait des ar rangements semblables à ceux que nous avons proposés pour les autres points. Les embarquements pourraient se faire sons la surveillance d'un croiseur. «En prenant des précautions semblables, la même chose serait exécutable à la Gambie. Quant à la Côte-d'Or, ses habitants ne paraissant pas excéder les besoins du pays, nous ne voudrions pas proposer d'y faciliter l'émigration. «Il n'est pas besoin de dire que les frais d'émigration seraient à la charge des colonies sur lesquelles les convois seraient dirigés. « Afin d'éviter les abus, il faudrait qu'une autorité, émanée du Gouvernement, exerçât la plus stricte surveillance; mais il serait préférable encore que le Gouvernement lui-même se chargeât de l'émigration. Ce serait le seul moyen de prévenir les abus que pourrait faire naître la concurrence entre les agents des diverses colonies. C'est ainsi seulement que l'on parviendrait à persuader intimement, soit aux Africains eux-mêmes, soit au monde entier, que, clans l'émigration des Africains aux Indes occidentales, il n'y a rien qui puisse faire planer le plus léger soupçon sur une réputation dont nous sommes ajuste titre jaloux, dont même nous pouvons nous enorgueillir, et qu'il nous importe beaucoup do conserver. La commission exprime le vif désir, clans l'intérêt de nos colonies , des Africains et de l'Afrique, que non-seulement le Gouvernement ne prohibe pas l'émigration des noirs libres pour les colonies des Indes occidentales, mais qu'il lui prête son appui pour qu'elle s'effectue, en se conformant aux moyens proposés plus haut et à ceux qui pourraient être jugés convenables. Sx l'émigration prenait une grande extension parmi la population de Sierra-Leone, ce qui serait un bien pour cette colonie, il serait possible de supprimer quelques-uns des établissements formés pour veiller aux intérêts des Africains affranchis. En les plaçant pour la plupart dans les Indes occidentales au moment de la libération , on n'aurait plus à s'occuper des moyens de disposer d'eux et de leurs enfants, ni de leur entretien pendant six mois ; on ne serait plus réduit à calculer les inconvénients de les abandonner ensuite à leurs propres ressources ou à la charité de leurs compatriotes. Le Gouvernement enfin serait dispensé de la nécessité de combattre les obstacles que la nature semble avoir accumules a Sierra-Leone, pour assurer un sort heureux aux objets de ses soins charitables. « On a accusé le commerce anglais d'avoir fourni les cargaisons des navires de traite. C'est un sujet à considérer sans passion. Il n existe ni preuve ni raison de croire que les marchands anglais s occupent de la traite sur la côte occidentale d'Afrique, ou qu'ils soient armateurs de navires faisant ce commerce et qu'ils en partagent les profits. Ce dont on se plaint, c'est que le marchand et le manufacturier anglais, de concert avec les marchands des autres nations, fournissent de très-grandes facilités aux négriers. Il faut convenir qu'en vendant les navires condamnes à des individus qui font la traite, ce qui arrive assez rarement, ou, ce qui est plus ordinaire, en leur vendant des marchandises qui servent aux échanges, les sujets anglais s'exposent aux accusations que l'on porte contre eux. » Le rapport de la commission s'étend beaucoup sur ce qu'il conviendrait de résoudre relativement au commerce de marchandises qui, sans paraître avoir rien de coupable, se fait par des bâtiments qui ne ressemblent en rien aux négriers, mais qui s'entendent avec eux. La commission ne pense pas qu'il soit convenable d'empêcher ce commerce, parce qu'il serait très-embarrassant d'interdire d'un côté la vente de marchandises propres au trafic des esclaves, tandis que les tribunaux eux-mêmes opèrent la vente des bâtiments saisis et de leurs chargements. Ce serait


ÉTUDE DE L'EXP. ANGL. —CHAP. XIV. ÉTAT DU TRAV., ETC. — 1842.—COMMISS. ET RAPP. 937

d'ailleurs nous embarquer dans des contestations avec les puis-

étrangères; car il arriverait que des navires saisis, ne pouvant être convaincus d'avoir eu la destination qu'on leur supposait, se plaindraient d'avoir reçu une injure gratuite. Il n'y aurait pas moyen de distinguer l'auxiliaire des négriers d'avec le navire égu lier, dont l'extérieur est le même, qui porte les mêmes marr chandises et qui les vend dans les mêmes lieux, mais au grand bénéfice de l'Afrique. Ouant aux points de la côte où la vente des esclaves a cessé, il ne peut y avoir de difficulté; mais beaucoup d'autres endroits sont des marchés très-importants pour l'écoulement des marchandises* dont la vente est permise : tels sont, en ce moment, Bissao, et autrefois les rivières Brass et Bonny. Là, le commerce des produits et des esclaves est fait par les mêmes personnes. A W hydah et à Popo, les affaires en produits prennent de l'accroissement et dépassent pour l'importance le trafic des esclaves, à mesure que l'esprit entreprenant du commerçant anglais fournit à l'alimentation des unes, et que la vigilance des croiseurs augmente la difficulté de l'autre. Comment la législature se guiderat-elle ? Y aura-t-il des ports et des individus privilégiés ? Comment décidera-ton de la légalité d'un commerce? Sera-t-il possible de trafiquer régulièrement avec de semblables restrictions? A. moins d'obtenir le concours de tous les autres pays, on n'obtiendra pas un grand succès. Les empêchements que l'on créerait e dureraient que le temps nécessaire pour préparer d'autres n voies à l'introduction des mêmes produits. Ce ne serait qu'un transfert au profit de personnes soumises à un contrôle moins Le droit de visévère que celui qui existe actuellement site, l'expérience le prouve, doit être exercé avec la plus grande sances

circonspection à l'égard des nations amies. Mais quelle chose serait-ce donc qu'une visite faite à bord d'un bâtiment régulier qui, à en juger par sa construction, par ses agrès et par son chargement de marchandises autorisées, ne présenterait aucune apparence de culpabilité, et dans le seul but de découvrir, en scrutant quelque document caché, si la destination de ce navire n'est pas illégale et frauduleuse. Combien une telle visite ne serait-elle pas longue, minutieuse et par conséquent insuportable ? Combien ne deviendrait-elle pas vexatoire, si elle restait infructueuse? Et comment ne pas s'exposer à ce risque, à moins d'être muni d'avance de renseignements positifs. Il ne pourrait en résulter que des contestations fatales à l'harmonie dont nous avons besoin pour réussir. Il ne faut pas se dissimuler toute la part de maux qui retomberait sur notre propre commerce, si on le soumettait à de semblables visites. La commission ne désespère pas de voir anéantir la traite. Nous recommandons , dit-elle, de n'employer à cet effet que des bâtiments excellents marcheurs. Les meilleures prises devraient être utilisées pour ce service; les steamers seraient spécialement chargés de surveiller les passes entre les îles et les embouchures des rivières. Il serait en même temps nécessaire d'accorder les plus grands encouragements et toute la protection possible au commerce en général. Il conviendrait que nos établissements sur la côte fussent ouverts à toutes les nations indistinctement, pour les forcer à reconnaître que, dans tous nos efforts en faveur de l'Afrique, nous n'avons eu pour but que l'utilité générale. ( Colonial Gazelle, 17 août 1842.)



CHAPITRE XV. TACHES,

SALAIRES, RATIONS ET FRAIS D'ENTRETIEN DES TRAVAILLEURS, LOYERS, PRIX DES MARCHANDISES.

SOMMAIRE.

NUMÉROS

ORIGINE DES DOCUMENTS.

TITRES.

DATES.

PAGES.

d'ordre.

PREMIÈRE PARTIE.

SECTION TÂCHES,

DANS

SALAIRES

LES

I. ÉMANCIPÉES.

COLONIES

1° RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX.

!

N° 185,

TABLEAU GÉNÉRAL

DES SALAIRES DES DOMESTIQUES

ET TRAVAILLEURS À

PENDANT

LES

ANNÉES

1836

941

Tableau composé d'après les tables de . Porter

1839.

2° RENSEIGNEMENTS

SPÉCIAUX SUR CHAQUE

COLONIE.

N° 186.

S

IER.

LA JAMAÏQUE.

Echelle des tâches de travail dressée par ordre du gouverneur et adoptée par les planteurs des diverses paroisses. N°

187.

S

II.

§ III.

189.

1839.

942

Papers relative to the abolition of slavery, part. III (2), 1836, pag. 20.

1836.

965

23 février 1834.

966

LA BARBADE.

Tâches de travail dressées par ordre du gouverneur générai et sanctionnées par le conseil privée.

N° 188.

Almanach officiel de la Jamaïque

GUYANE

ANGLAISE

1. Questions du gouverneur sur les moyens de fixer le travail à la tâche.

Idem, part. II, pag. 134

2. Réponses du comité de planteurs constitué à cet effet.

Idem

967

3. Actes d'engagement pour un mois et pour un an...

Idem

969

Idem , part. II (1833-35), pag. 294. —

970

§ IV

LE

CAP

DE

BONNE-ESPÉRANCE.

Table des heures de travail Bonne-Espérance.

des apprentis du cap de

SECTION

II.

RATIONS, FRAIS D'ENTRETIEN DES TRAVAILLEURS DANS LES COLONIES

190.

RATIONS

DANS

LES

ÉMANCIPÉES.

DIVERSES

COLONIES.

1. État des rations distribuées aux apprentis de diverses colonies, comparé avec celles que l'on accordait aux esclaves prisonniers à la Jamaïque.

Negro - apprenticeship in the British colonies.

2. État comparatif des allocations faites aux nègres pendant l'esclavage, et sous le régime de l'apprentissage.

Idem

973

3. État de la quantité d'aliments, de vêtements et de meubles meublants, qui doit être allouée aux esclaves dans la Guyane anglaise.

Papcrs relative tho the abolition of slavery, (1833-35), part. II, pag. 144.

974

3 bis. Dépense annuelle pour la nourriture d'un ouvrier rural dans la Guyane anglaise.

Idem

971

1837.

I

Ibid.

4. Rations et entretien des apprentis à la Barbade ....

975

5. Salaires et rations de Coulis, embarqués de Calcutta.

Ibid.

6. État des allocations extraordinaires faites autrefois aux esclaves, pour un atelier de cent noirs, comparé avec la dépense en argent d'un atelier de même force sous le régime du travail libre.

Idem

Ibid.


SOMMAIRE DU CHAPITRE XV. (Suite:)

940

NUMÉROS

ORIGINE DES DOCUMENTS.

TITRES.

DATES.

d'ordre.

SECTION

PAGES.

III.

PRIX DES MARCHANDISES DE CONSOMMATION DANS LES COLONIES ÉMANCIPÉES, AVEC QUELQUES INDICATIONS COMSUR LE PRIX DES MÊMES MARCHANDISES EN

PARATIVES

ANGLETERRE ET DANS LES COLONIES AUSTRALIENNES.

N° 191.

§

IER.

COLONIES

ÉMANCIPÉES.

Relevé du prix moyen des produits et provisions pendant les années 1832 à 1839, dans les 19 colonies émancipées.

Tableau composé d'après .les tables de Vol. de 1832 à 1839. Porter.

977

1. Prix de divers articles de provisions au marché de Londres en janvier et juillet 1836 et 1837.

Idem

Idem

978

2. Prix, par marchés ou autrement, des divers articles de provisions, habillement et meubles, pour l'hôpital de Greenwich (1837.)

Idem

Idem

Ibid.

1. Prix des produits à Hobart-Town (terre de VanDiemen). — 1828-38.

Idem

Idem

979

2. Prix payés pour la vian de fraîche par le commissariat, à Hobart-Town et Lanceston ( terre de Van-Diemen). -1824-38.

Idem

Idem

Ibid.

N° 192.

S II.

N° 193.

§

III.

ANGLETERRE.

COLONIES

AUSTRALIENNES.

DEUXIÈME PARTIE.

N° 194.

• S

IER. RENSEIGNEMENTS SUR LES DIFFICULTÉS

SUB-

VENUES À L'OCCASION DU PAYEMENT DES LOYERS.

1 à 39. Extraits des rapports adressés par les magistrats spéciaux au gouverneur de la Jamaïque. N° 195.

§ II. RENSEIGNEMENTS SUR LE TAUX DES À

§ III.

PIÈCES

1837-38.

979

SALAIRES

LA JAMAÏQUE.

1 à 57. Rapports des magistrats spéciaux N° 196.

Extracts from parliamentary papers, 1 vol. in-8°.

RELATIVES

Même origine

AUX PRÉTENTIONS

988

ATTRI-

BUÉES AUX NOIRS SUR LA PROPRIÉTÉ DES CASES ET JARDINS QU'ILS VAGE

N° 197,

ET

OCCUPAIENT

PENDANT

L'ESCLA-

L'APPRENTISSAGE.

1. Dépêche du marquis de Normanby à sir Lionel Smith.

Même origine

2. Proclamation de sir Lionel Smith, gouverneur de la Jamaïque.

Idem

3 à 6. Protestation des noirs de la Jamaïque. — Résolutions prises dans diverses assemblées.

Idem

§

995 Ibid. Ibid.

IV. PIÈCES RELATIVES.À L'EXPULSION DES NOIRS, APRÈS LE

1er

AOÛT

1838,

DES CASES ET JARDINS

OCCUPÉS PAR EUX DURANT L'APPRENTISSAGE.

1. Dépêche de sir W. M. G. Colebrooke à sir Henry Mac-Leod. 2. Dépêche de sir W. M. G. Colebrooke à lord Glenelg. 3. Dépêche de lord Glenelg à sir E. J. M. Mac-Gregor. N° 198.

§

V.

PIÈCES OU

RELATIVES AU

AU

SALAIRE

EN

SALAIRE

EN

Ibid. Ibid.

NATURE

ARGENT.

1. Règlements rédigés par le gouverneur de la Trinité pour fixer les heures accordées aux travailleurs apprentis, tant pour le travail des champs que pour la culture de leurs terres. 2. Même sujet

997

998

Ibid.


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