Trois siècles d'histoire antillaise : Martinique et Guadeloupe de 1635 à nos jours

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TROIS SIÈCLES

D'HISTOIRE ANTILLAISE MARTINIQUE ET

GUADELOUPE DE

1635 A N O S J O U R S PAR

ALFRED

MARTINEAU

et

L.-PH. M A Y

Professeur

Archiviste paléographe

au Collège de France

Docteur en droit

Orné

de dix illustrations

hors-texte

SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES ET LIBRAIRIE LEROUX 108,

BOULEVARD SAINT-GERMAIN

1935

MANIOC.org Réseau des bibliothèques Ville de Pointe-à-Pitre


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des

bibliothèques

Ville de Pointe-à-Pitre


GRAVURE EN FRONTISPICE DE L'OUVRAGE DU PÈRE DU TERTRE »

HISTOIRE GÉNÉRALE DES ISLES

DE LA

GUADELOUPE,

DE

ISLES DE L'AMÉRIQUE

LA »

SAINT-CHRISTOPHE,

MARTINIQUE

ET AUTRES

PARU A PARIS EN

1654.

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TROIS SIÈCLES

D'HISTOIRE ANTILLAISE MARTINIQUE ET DE

GUADELOUPE 1635 A NOS JOURS PAR

ALFRED MARTINEAU

et

Professeur au Collège de France

L.-PH. MAY

Archiviste paléographe Docteur en droit

PARIS

SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES ET

LIBRAIRIE LEROUX 108,

BOULEVARD SAINT-GERMAIN

1935

MANIOC.org Réseau des bibliothèques

Ville de Pointe-à-Pitre


Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays, y compris la Russie. Copyright

by Société

de l'Histoire

des Colonies

Françaises,

1935,


INTRODUCTION

Les gains réalisés

au

xvi

siècle par

e

les Espagnols

grâce à leurs colonies de l ' A m é r i q u e , dont ils possédaient avec les Portugais la partie continentale ou de terre ferme, déterminèrent assez tard nombre des autres nations à courir

restées inoccupées et dans les mers les

chances

d'opérations

d'aventuriers

dans les petites

d'un

les

caractère

Antilles

environnant particulier

confinant à la piraterie. O n arrêtait les navires espagnols

et

on

se

partageait

le

butin.

Ces

opérations

étaient en général lucratives. O n acquit ainsi avec le t e m p s une connaissance exacte de toutes ces îles et l'on se rendit compte que si elles s'abritaient derrière un rideau de verdure prometteur de richesses, ces richesses n'étaient

gardées que par une population

et d'apparence dans

le pays

inoffensive. puisque

les

clairsemée

Pourquoi ne pas Espagnols

s'établir

avaient

négligé

d'en prendre possession ? L'idée en vint simultanément a u x Français et a u x Anglais au début du

XVII

e

siècle

et, sans formuler encore un programme de colonisation auquel personne ne songeait, Richelieu, grand maître


INTRODUCTION

8

de la navigation en France, donna, en 1 6 3 5 , licence à

deux

petits

seigneurs

normands,

d'Esnambuc

et

Roissey, de tenter la fortune pour leur c o m p t e , sauf à leur accorder ensuite un appui plus efficace, si les circonstances

l'exigeaient.

Nulle

idée

humanitaire

religieuse ; ce sont là formules

imaginées après

pour

que

persuader

aux

peuples

leurs

ou

coup

dirigeants

n'obéissent jamais q u ' a u x inspirations les plus nobles et les plus désintéressées. Lisons plutôt ce qu'écrivait le P . Dutertre, le grand historien des Antilles, trente ans après l'occupation de la Martinique et de la Guadeloupe : « Ce n'est pas d'aujourd'hui que l'or et l'argent ont fait de fortes impressions sur l'esprit des h o m m e s et que le désir de posséder des richesses leur a fait mépriser les plus grands dangers et entreprendre les choses les plus

difficiles.

Quelque

violente

pourtant

qu'ait

été

cette passion, il faut avouer qu'elle n'a jamais agi si puissamment que

depuis

découvert

sur le cœur des habitants 1493,

auquel

l'Amérique,

Christophe

les richesses

nouveau monde animèrent

de

l'Europe

Colomb

immenses

toutes les nations

ayant de

ce

à leur

conquête et il n'y en eut pas une qui ne voulut partager avec les Espagnols un butin si riche et si précieux ». Ce sont les premières lignes de son ouvrage, les seules, il est vrai, qui contiennent une morale ou, si l'on préfère, une explication raisonnée de la colonisation

et

il n'est nullement indifférent que ces lignes aient été écrites en 1667 plutôt qu'en 1935 et qu'elles aient été écrites par un missionnaire. E n leur brutale loyauté, elles

fixent

les bases réelles

de la

colonisation

colonisation est d'abord affaire de commerce.

: la


9

INTRODUCTION

Les

conditions

d'établissement

ont

varié

dans

la

suite et elles ont varié tout à la fois suivant les climats et suivant le caractère, le nombre et la force

des p o p u -

lations avec lesquelles les Européens se sont trouvé en contact. A u x Antilles, où la température est rarement excessive, ot où le sol est fertile et riche, les Européens ont p u assez aisément s'établir et y prospérer, et ils auraient pu y développer leur race à peu près

dans

les mêmes

si le

conditions

que dans la mère-patrie,

travail, sous un climat

quand

même

un peu chaud,

humide et amollissant, n'avait dû, pour être productif, être exécuté par des h o m m e s plus habitués à peiner et à vivre sous un ciel aussi ardent. La race du p a y s , les Caraïbes, se refusant à tout effort, on fit venir d'Afrique des esclaves qui, en très peu de t e m p s , donnèrent a u x îles assez de bras pour leur procurer une très grande prospérité. Mais alors un nouveau problème se posa. L'instinct de la Nature, l'éternelle Venus Genitrix des t e m p s anciens et modernes, fit naître une race nouvelle, celle des sang-mêlés

ou mulâtres, qui, bénéficiant

général de l'affranchissement,

commença

en

à créer des

intérêts n o u v e a u x et ceux-ci devinrent bientôt

assez

forts pour que, par nécessité autant que par justice, on dut composer avec eux. Cependant la situation des sang-mêlés resta longtemps délicate et pénible,

entre

deux races différentes, la noire et la blanche, car ils demandaient

l'égalité

avec

l'une

et

la

repoussaient

avec l'autre. Cet antagonisme dura plus de cent cinquante ans, créant chaque jour entre les divers occupants de l'île un fossé de plus en plus profond. Toutefois

le

nombre

des noirs était devenu si considérable que ni blancs ni


INTRODUCTION

10

mulâtres ne pouvaient leur opposer pour toujours une résistance insurmontable.

Dès l'année

1763,

après la

violente secousse des guerres entre la France et l ' A n g l e terre, qui nous avaient fait perdre le Canada et avaient mis nos autres colonies d'Amérique en danger, le gouvernement royal de France comprit la nécessité d ' a d a p ter les conditions des divers occupants antillais aux nécessités nouvelles d'une y avait autant moyens

était

de notre

sol

époque où il

de justice que d'utopie.

L'étude

préparée en dehors de toute

sentimentale lorsqu'éclata la Révolution

des

publicité

qui, voulant

tout réformer, brouilla en fait toutes les réformes et les ajourna. L'abolition de l'esclavage, trop

brusquement

décrétée, nous fit perdre Saint-Domingue et nous eut fait perdre aussi la Martinique et la Guadeloupe,

si

ces îles avaient été plus étendues et plus peuplées. A v a n t d'engager davantage l'avenir, il parut plus sage d ' a t tendre

qu'un

état

de choses

normal

fut

rétabli

en

France. Ce fut alors la continuation du passé, c'est-à-dire la reprise de l'évolution régulière des différentes races de no6 colonies.

Il fallut pourtant encore trente

pour que cette évolution s'accomplît.

années

Elle fut, c o m m e

on le sait, activée par la déclaration de l'abolition de l'esclavage en pays anglais, en 1 8 3 3 ; mais depuis dix ans déjà, elle était préparée en France manifestations

parlementaires

par

diverses

et par quelques

qui avaient eu un certain retentissement.

Enfin

écrits vint

l'acte libérateur de 1848, qui est moins encore la fin d'un système économique basé sur de6 traditions séculaires que l'origine d'une autre civilisation et peut-être la création d'un peuple entièrement n o u v e a u .


11

INTRODUCTION

Placés désormais sur un pied d'égalité politique sociale absolue, trop peu n o m b r e u x pour former nation des

indépendante,

querelles

vis-à-vis

locales

de la

trop qui

Métropole,

avisés

pour

affaibliraient les

se perdre leur

Antillais sont

et

une en

autorité appelés

de plus en plus à fusionner leur sang, leurs intérêts et leurs aspirations, et, le t e m p s et le soleil aidant, à former peu à peu une race unique de demi-teinte, où le blanc et le noir seront harmonieusement confondus : il sortira de cette union un t y p e nouveau, déjà très sensible, où tous les atavismes anciens de l'Europe et de l'Afrique se trouveront

réconciliés.



LES ORIGINES ET

SAINT-CHRISTOPHE



SAINT-CHRISTOPHE

A y a n t obtenu congé du roi pour chasser les pirates qui empêchaient les marins français de naviguer au delà du

tropique

Açores,

du

Cancer et

Esnambuc

et

du premier

Roissey,

méridien

gentilshommes

des nor-

m a n d s , arrivent à Saint-Christophe en 1 6 2 5 , y trouvent des Anglais déjà installés et s'entendent avec eux pour le partage de l'île : les Anglais gardant le centre et les Français l'ouest.

occupant

les deux

Esnambuc

revient

extrémités,

à l'est

en

dès

France

et à

l'année

suivante pour chercher des capitaux et fonde pour une durée de trois ans une compagnie qui reçut

le n o m de

Saint-Christophe, avec obligation de transporter chaque année dans cette île un certain nombre d'engagés. Cette compagnie, dont la durée fut prorogée, subsista des

fortunes

diverses

jusqu'à

l'année

1635 ;

avec

elle

se

transforma alors en une société à but plus étendu, qui s'engagea à faire passer en vingt ans 4 . 0 0 0 colons a u x îles

d'Amérique

(12 février) ;

d'où

le n o m

nouveau

donné à la Compagnie. U n de ses premiers soins fut d'occuper la Martinique et la Guadeloupe, qui devinrent la m ê m e année colonies françaises,

et furent rattachées au gouvernement géné-


16

SAINT-CHRISTOPHE

tal de Saint-Christophe. Mais elles jouirent en fait dès leur origine d'une très large autonomie et prirent tout de suite un grand développement, pendant que SaintChristophe d'une étendue plus restreinte et resserrée encore par le voisinage des Anglais, v o y a i t son activité propre assez limitée. année,

laissant

Esnambuc

parmi

la

mourut

population

cette m ê m e

européenne

et

caraïbe de très vifs regrets. Le roi lui donna c o m m e successeur Philippe de Longvilliers de Poincy,

chevalier de Malte,

alors âgé de

54 ans. Poincy fut un gouverneur entreprenant,

mais

absolu, très personnel et qui eut maille à partir avec le gouverneur de la Guadeloupe et m ê m e avec ses propres administrés. Aussi la durée de ses pouvoirs étant expirée, la Compagnie et le roi songèrent-ils à le remplacer. On lui désigna c o m m e successeur le marquis de T h o i s y , mais

Poincy

refusa

de

le

laisser

débarquer

dans

l'île et garda l'autorité. D e v a n t ce refus d'obéissance, la Compagnie, soucieuse de ne pas pousser les choses à l'extrême, envisagea la cession des îles à leurs gouverneurs respectifs et, en 1 6 5 1 , elle vendit Saint-Christophe à l'Ordre de Malte. L'Ordre l'exploita pendant treize ans sous l'autorité royale, plus nominale qu'effective, comme

gouverneur.

remplacé

Celui-ci

et conserva Poincy

mourut

en 1 6 6 0 , et

par le commandeur de Sales, de la

de Saint François de Sales.

fut

famille

La colonie comptait alors

de 7 à 8.000 colons européens. L'Ordre de Malte, c o m m e les gouverneurs de la Martinique et de la Guadeloupe, table

propriétaire

de

l'île

était en réalité le vérisans

pour les colons qu'il pouvait

garantie

suffisante

impunément

exploiter ;


CARTE

GÉNÉRALE

DES A N T I L L E S

dressée aux environs de

1650

(Cabinet des Estampes, Collection Lallemant de Betz, Recueil Vx 8, p. 149).



1493-1625

17

le roi prit le parti de racheter a u x uns et a u x autres leurs droits à la possession du sol et à l'administration du pays

et, en 1 6 6 4 , il constitua la Compagnie des

Indes occidentales, plus étroitement rattachée à l ' E t a t . Les guerres qui commencèrent peu de t e m p s après entre la France et l'Angleterre eurent leur répercussion aux

Antilles

t o m b a deux

et n o t a m m e n t

à

Saint-Christophe qui

fois au pouvoir des Anglais

mais

nous

fut restituée à la paix. E n l'une de ces expéditions, celle de 1 6 9 0 , toute la population

française fut déportée,

de telle sorte que l'île était pour ainsi dire sans valeur pour nous au m o m e n t de sa restitution en 1 6 9 7 . D é p o u r v u e de tout m o y e n de défense, la colonie était une proie facile pour une nouvelle attaque et celle-ci se produisit le 16 juillet 1 7 0 2 . Le traité d'Utrecht consacra la perte définitive de cette première de nos possessions antillaises, dont la très faible étendue (la superficie totale de l'île est de 6 8 milles carrés ou 1 7 6 kilomètres carrés) limita dès le premier jour nos moyens

d'action. Les

Anglais, qui depuis ce t e m p s n'ont cessé d e la posséder, la n o m m e n t S a i n t - K i t t ' s .

LES

ORIGINES.

1493, 3-4 novembre. — Christophe C o l o m b , au cours de son second v o y a g e , d é c o u v r e Marie-Galante et la G u a d e l o u p e , n o m m é e alors Karukéra. 1502,

15 juin. —

Descente d e Christophe C o l o m b

à la

Martinique. XVI siècle. — P e n d a n t ce siècle, les Espagnols n ' a t t a c h a n t e

d'importance ANTILLES

qu'aux

pays

d e terre ferme

de

l'Amé2


SAINT-CHRISTOPHE

18

rique

négligent les petites Antilles, où ils a b a n d o n n e n t

parfois des matelots indisciplinés qui ne laissent après eux aucune trace. Ces îles sont alors entièrement peuplées de Caraïbes, apparentés à des peuples similaires h a b i t a n t le continent entre l'Orénoque et l ' A m a z o n e . 1522.

Juan

P o n c e de L é o n , g o u v e r n e u r espagnol d e

Porto R i c o , tente de coloniser la G u a d e l o u p e , afin de détruire le nid de pillards constitué par les Caraïbes qui y étaient retranchés. Il échoue. 1570. — Le Gouverneur de Haïti, l'amiral Diego C o l o m b , fils de Christophe, autorise A n t o n i o Serrano à peupler Karukéra et ses dépendances, savoir la Martinique, la D o m i n i q u e , la Désirade, A n t i g o a , Montserrat et la B a r b a d e . Cinq ans plus tard Serrano tente d'exécuter s o n p r o j e t ; il échoue également. 1595, 18 octobre. — Drake atterrit, a u cours de son second v o y a g e autour d u m o n d e , sur une plage de la G u a d e l o u p e , qui sera plus tard Basse T e r r e . 1603-1604. — L e g o u v e r n e m e n t espagnol envoie en 4603 à la Guadeloupe six dominicains

en v u e d e c o n v e r t i r

les indigènes ; ils sont massacrés. L ' a n n é e s u i v a n t e , des missionnaires qui se rendaient en Chine d é b a r q u e n t et t o m b e n t à leur tour victimes des indigènes.

Fin du XVI siècle et débuts du XVII siècle. — Les corsaires e

e

d ' E u r o p e c o m m e n c e n t à inquiéter les navires espagnols naviguant dans les mers des Antilles, et se saisissent p a r fois de leurs équipages a v e c des nègres amenés d ' A f r i q u e , qui formeront le premier p e u p l e m e n t noir d e c e t archipel. L e succès d e ces entreprises, d o n t il est impossible d e déterminer l ' i m p o r t a n c e , décide quelques Français à tenter un établissement durable en ces îles, où ne résident encore que de très rares Européens.


1625-1713

19

1612, 8 octobre. — L e roi crée la fonction p u r e m e n t h o n o rifique

d e vice-roi

dura j u s q u ' a u

de l'Amérique.

Cette

27 septembre 1 7 3 7 , f u t

fonction

qui

successivement

tenue p a r le c o m t e d e Soissons, (1612), le prince de Condé (1612-1620), le maréchal d u c d e M o n t m o r e n c y (1620-1625), le d u c d e V e n t a d o u r (1625-1644), le d u c d ' A n v i l l e (16441660), le marquis d e Feuquières (1660-1663), le c o m t e d'Estrades

(1663-1687), le vice-amiral

d'Estrées

(1687-

1707), le d u c d'Estrées (1707-1737). L a charge f u t alors supprimée. 1625.

Création de la Compagnie

au capital

du Morbihan,

de 1.600.000 livres. Elle est p o u r v u e d u m o n o p o l e d u c o m m e r c e a v e c la N o u v e l l e - F r a n c e , les Iles d ' A m é r i q u e , la M o s c o v i e , la N o r v è g e , la Suède, et H a m b o u r g .

Elle

échoue dès le d é b u t .

LA

COMPAGNIE

DE SAINT-CHRISTOPHE

1625-1635 1625-1626. Pierre Belain d ' E s n a m b u c , né à Allouville (SeineInférieure), le 9 mars 1 5 8 5 , part de D i e p p e en d é c e m b r e 1625 a v e c Urbain d u R o i s s e y , seigneur de Chardonville et 35 à 4 0 h o m m e s et arrive à Saint-Christophe, à la suite d ' u n c o m b a t a v e c u n galion espagnol. Il y t r o u v e déjà installés quelques Français et u n certain n o m b r e

d'An-

glais, sous les ordres d ' u n n o m m é W a r n e r . Unissant leurs efforts, ils d é j o u e n t

une

conspiration

ourdie

p a r les

indigènes et en t u e n t une centaine. Ils repoussent égalem e n t a v e c succès une attaque de 3 à 4.000

indigènes

v e n a n t des îles voisines e t , v i c t o r i e u x , ils envisagent le partage d e l'île. 1626, octobre. —

Lettres

patentes d o n n a n t

à

Richelieu

le titre d e « g r a n d - m a î t r e , chef et surintendant général de la navigation et d u c o m m e r c e en France ».


SAINT-CHRISTOPHE

20

1626, septembre-octobre. — R e t o u r d ' E s n a m b u c en France (septembre). Soutenu par Richelieu, il fonde a v e c 12 autres associés une société au capital de 45.000 livres ; Richelieu s'inscrit pour 10.000 livres (31 o c t o b r e ) . Cette c o m p a g n i e , qui a reçu le n o m d e Compagnie de Saint-Christophe, devait en principe avoir une durée de 3 ans et « laisser aux îles de Saint-Christophe, la Barbade et autres situées à l'entrée d u Pérou, le n o m b r e et la quantité de c e u x que b o n leur semblera pour y travailler et négocier des d e n rées qu'ils porteront aux habitants des dites îles, faire instruire sur la religion catholique, cultiver et améliorer la terre pour faire d u p e t u n (tabac)

et toutes

autres

sortes de marchandises, continuer et mettre en perfection les habitations c o m m e n c é e s ». 1627.

Quatre vaisseaux p o r t a n t

532 h o m m e s partent d u

Hâvre pour Saint-Christophe a v e c d ' E s n a m b u c et Roissey (24 février 1627). — Ils arrivent le 8 mai à la Pointe

de

Sable, après avoir perdu la majeure partie de leur m o n d e . Le capitaine W a r n e r a y a n t o b t e n u de son g o u v e r n e m e n t une concession analogue, s'était déjà installé à la Grande R a d e avec 400 h o m m e s . L e partage de l'île se fait entre les trois capitaines le 13 m a i . — Les maladies d é c i m e n t les colons d o n t la situation devient b i e n t ô t critique. 1627-1628. D u Roissey v a chercher d u secours en France. Ce renfort, qui fut de 150 h o m m e s , partit en février 1628 et arriva à Saint-Christophe à la Pentecôte dans le plus lamentable

état.

De 500 h o m m e s qu'elle aurait d û avoir, la colonie f u t réduite à 200. Profitant d e notre petit n o m b r e , les Anglais d é b o r d e n t insensiblement sur notre frontière. prend le parti d'aller lui-même

Esnambuc

en France exposer la

situation. En son absence un navire hollandais ravitaille opportunément navire,

français

notre

colonie.

celui-là,

Le

exténué

convoi par les

d'un

autre

privations,


1625-1713

21

périt au b o r d de la mer, d é v o r é presque v i v a n t par les crabes, q u ' o n n ' a v a i t plus la force d'écarter. 1628.

L'administration des Colonies est rattachée au d é p a r -

t e m e n t des Affaires Etrangères, d o n t le chef est Bouthilier. 1629, janvier. — O r d o n n a n c e , c o n n u e sous le n o m de Code Michaut, rendue sur les plaintes des Etats assemblés à Paris en 1614 et des Notables assemblés à R o u e n en 1617 et à

Paris en 1626. Les articles 430 et suivants c o n -

cernent la marine et constituent à partir de l'article 442 un véritable A c t e de N a v i g a t i o n en faveur des nouvelles Compagnies

de

commerce

dont

Richelieu

exhorte

les

Français à multiplier le n o m b r e . Les gentilshommes ne dérogeront pas en s ' e m p l o y a n t 1629.

au c o m m e r c e

de

mer.

Richelieu envoie 10 navires c o m m a n d é s par M. de

Cahuzac

(ou Cusac)

p o u r secourir Saint-Christophe

et

ramener les Anglais dans leurs limites. Partie de France le 5 juin 1629, l'escadre, ramenant d ' E s n a m b u c , arrive à Saint-Christophe le 27 juillet ; elle défait en rade, en un c o m b a t qui dura 3 heures, une escadre anglaise, et Cahuzac impose a u x Anglais l'obligation de rentrer dans leurs limites (5 a o û t ) . Ce résultat atteint, il m e t à la voile pour S a i n t - E u s t a c h e , qui n'est q u ' à trois lieues de là (11 septembre) et v a ensuite chercher fortune dans le golfe d u M e x i q u e . L e 17 s e p t e m b r e , une flotte espagnole c o m p o s é e

de

35 gros galions et de 14 navires marchands armés en guerre, et c o m m a n d é e par d o m Federico de Tolède paraît devant

Saint-Christophe.

Les

Français

et les

Anglais

s'unissent pour la résistance, mais celle-ci est mal organisée et tandis que les Anglais s'entendent a v e c les E s p a gnols pour les rapatrier en Angleterre, les 400 Français de l'île s'embarquent sur les d e u x navires qui leur restent et s'éparpillent à Saint-Martin, A n t i g o a ,

Saint-Barthé-


SAINT-CHRISTOPHE

22

l e m y et Montserrat. D u Roissey, d o n t la négligence avait p r o v o q u é notre perte, s'embarque sur l'un d e ces navires et rentre en France, où il est mis à la Bastille. Mal accueillis à Montserrat p a r les indigènes, les F r a n çais sont ramenés moins de trois mois après à SaintChristophe par le capitaine Giron e t , malgré la résistance des Anglais, qui n'avaient pas quitté l'île, ils parviennent à s'y réinstaller, au n o m b r e d e 3 5 0 . 1629, 17 novembre. — Déclaration p o r t a n t qu'il sera p a y é un droit d e 30 s. sur chaque livre d e t a b a c a p p o r t é des pays étrangers, excepté p o u r celui v e n a n t des îles SaintChristophe, la Barbade la Compagnie

de

et autres qui appartiennent à

Saint-Christophe.

1630 (vers). Les colons a y a n t renoncé à t o u t e culture p o u r faire uniquement

d u t a b a c , s o n t menacés

de f a m i n e .

L'île est secourue par un navire de Zélande qui l ' a p p r o v i sionne

des choses

les plus

nécessaires.

Le

commerce

hollandais se consolide au détriment de celui de la F r a n c e , qui est réduit pour ainsi dire à n é a n t . 1632. D ' E s n a m b u c règle les rapports des maîtres et d e leurs engagés européens : la durée des engagements est fixée à trois ans. L e n o m b r e des Français est alors d e 360 contre 6.000 dans la partie anglaise,

où la durée des

engagements était de 6 à 7 ans. 1634, 25 novembre. — L e roi défend a u x colons de faire le moindre c o m m e r c e avec les étrangers. Les colons r é p o n d e n t par la décision d e ne plus rien e n v o y e r en France e t d e vendre tous leurs produits à la H o l l a n d e . C o m m e riposte, on envisage en France la transformation de la Société. 1635. Les Anglais continuant à empiéter sur le territoire français, d ' E s n a m b u c règle définitivement la question de frontière par un arrangement a v e c le gouverneur anglais, c o m m u n é m e n t appelé le règlement

du

figuier.


1625-1713

23

— O r d o n n a n c e — inobservée — i m p o s a n t a u x colons l'alternative entre la culture d u t a b a c et celle d u c o t o n , et l i m i t a n t à 7 o u 800 livres pesant la p r o d u c t i o n d e c h a q u e habitant. —

U n e dizaine d'associés, d o n t plusieurs a p p a r t e n a n t

à la C o m p a g n i e d e Saint-Christophe, obtiennent d u roi une réforme de cette C o m p a g n i e , qui d e v i e n t la

Compagnie

des Iles de l'Amérique, a v e c p o u v o i r d'étendre ses o p é r a tions entre le 10° et le 3 0 ° de latitude n o r d , et obligation de faire passer a u x Iles 4.000 personnes en 20 ans. Réunis une première fois le 31 j a n v i e r 1635, ces associés rédigent le 12 février les conditions d e leur association, qui c o m prend 16 articles. Ils n o m m e n t quatre directeurs. A la suite d e c e t a c t e , un grand n o m b r e d e colons e t trois pères capucins passent à Saint-Christophe. — Des nègres pris sur les Espagnols sont v e n d u s p o u r la première fois dans cette î l e .

LA

COMPAGNIE

DES ILES

D'AMÉRIQUE

1635-1651 14 février. — U n lieutenant de Belain d ' E s n a m b u c ,

1635,

Liénart de l ' O l i v e , et un g e n t i l h o m m e n o r m a n d , Duplessis, signent a v e c la C o m p a g n i e un c o n t r a t p a r lequel celle-ci leur d o n n e p o u r d i x ans le c o m m a n d e m e n t des îles qu'ils coloniseront. —

(Voir G u a d e l o u p e

17 novembre. —

et Martinique).

E s n a m b u c prend possession de la

D o m i n i q u e , e t en d o n n e le c o m m a n d e m e n t a u sieur d e la

Vallée.

L'occupation

de

l'île

est presque

aussitôt

abandonnée. Fin 1636. M o r t de d ' E s n a m b u c . Il sera r e m p l a c é p a r P o i n c y . 1638, 13 septembre. — P o i n c y , encore en F r a n c e , y forme une association p o u r le c o m m e r c e des Iles d ' A m é r i q u e

avec


24

SAINT-CHRISTOPHE

un sieur Rigault, armateur, et u n n o m m é

Desmartins,

banquier à Paris. — Cette association donnera lieu en 1646 à un procès qui n'était pas encore terminé en 1676. 1639. P o i n c y part de France le 12 janvier, arrive le 11 février à la Martinique, le 17 à la G u a d e l o u p e , et regagne presque aussitôt Saint-Christophe. — 26 mai. — L a culture d u t a b a c s'étant d é v e l o p p é e outre mesure et les prix de v e n t e n'étant plus rémunérateurs, les gouverneurs anglais et français s'entendent p o u r suspendre les cultures de cette plante p e n d a n t 18 mois. —

L ' O l i v e , gouverneur de la G u a d e l o u p e , refuse de se

prêter à cet a c c o m m o d e m e n t et vient à Saint-Christophe, pour obtenir q u e l'interdiction

ne s'applique

pas à la

Guadeloupe ; il n ' y réussit pas. — 11 août. — De graves contestations surgissent entre les Français et les Anglais à p r o p o s des salines et des mines d u pays (avril ou m a i ) . D ' u n c o m m u n a c c o r d , les deux gouverneurs décident de soumettre le litige à leurs Cours respectives. 1640. P o i n c y assure le ravitaillement

d e Saint-Christophe

par des accords passés a v e c des marchands d e Flessingue. — mars. — P o i n c y intervient

dans les affaires de la

Guadeloupe. (Voir Guadeloupe). 1641. Sabouilly, capitaine au service de P o i n c y ,

réprime

un m o u v e m e n t séditieux p r o v o q u é p a r un n o m m é Clément

Bugaud ; celui-ci

peut

échapper

a u x poursuites

dirigées contre lui ; le P. Dutertre attribue à sa fuite la première colonisation de Cayenne. — août. — P o i n c y fait prendre possession de l'île de la T o r t u e , où s'étaient retranchés corsaires et flibustiers. 1644. Introduction de la culture de la canne à sucre.


25

1625-1713

1644-1645. P o i n c y propose à la C o m p a g n i e d e ne pas lui accorder le r e n o u v e l l e m e n t d e son m a n d a t , à c o n d i t i o n qu'il lui soit permis de rester à Saint-Christophe j u s q u ' à ce qu'il se soit acquitté d e ses dettes (7 avril). A la suite de cette offre, Noël Patrocles de T h o i s y est n o m m é gouverneur général p a r la C o m p a g n i e le 26 d é c e m bre et par le roi le 20 février 1645, « a v e c p o u v o i r de présider a u x sièges de justice de Saint-Christophe ».

Le même

j o u r (20 février), P o i n c y est invité à rentrer en France et son n e v e u , Longvilliers, qui est à la R o c h e l l e , prêt à s ' e m b a r q u e r , d o i t lui remettre c e t ordre en mains propres. 1645, juillet. — P o i n c y se préparant à la révolte contre les ordres

du

r o i , expulse

l'intendant

général

Leumont,

n o m m é en 1 6 4 2 , lequel se retire à la G u a d e l o u p e ; il se débarrasse ensuite de ses adversaires les plus gênants en les r e n v o y a n t en F r a n c e . — Il y avait à Sainte-Croix 100 à 120 Français, déserteurs d e Saint-Christophe. Sainte-Croix étant alors p a r tagé entre les Anglais

et les Hollandais, et des rixes

s'étant élevées au cours desquelles les d e u x

gouverneurs

furent assassinés, les Français craignent d'être les victimes de leur rivalité et se font transporter par un certain capitaine

à la G u a d e l o u p e

Paul, qu'ils accusent

ensuite

d'être un forban et font c o n d a m n e r c o m m e tel (16 a o û t 1645). — août. —

P a r une nouvelle

lettre

roi réitère à P o i n c y l'ordre de quitter

d e c a c h e t , le

Saint-Christophe

(18 août) et Longvilliers, qui vient de s'embarquer p o u r les îles, est confirmé dans les fonctions de gouverneur d e Saint-Christophe (22 a o û t ) . — 1

e r

septembre. — C o m m a n d e m e n t fait en l'Assemblée

des Seigneurs à Paris, à M . R o b e r t de Longvilliers, g o u verneur à Saint-Christophe, de faire recevoir M . d e T h o i s y


SAINT-CHRISTOPHE

26

c o m m e lieutenant général p o u r le roi a u x îles d ' A m é r i q u e . — L a Compagnie autorise M. de L e u m o n t à prendre à sa charge une partie des dettes de P o i n c y vis-à-vis des Hollandais, mais celui-ci est déjà en pleine révolte contre les ordres venus de France ; il venait d'expulser L e u m o n t . —

septembre-novembre.

Thoisy

s'embarque

au

Hâvre le 16 s e p t e m b r e , arrive à la Martinique le 16 n o v e m b r e , à la Guadeloupe Christophe.

Poincy

le 19 et le 23 d e v a n t

et le gouverneur

anglais

Saint-

refusent

tous deux de le reconnaître. T h o i s y revient le 28 n o v e m b r e à la Guadeloupe et s'y installe. 1646.

Les Anglais chassent les Hollandais d e Sainte-Croix.

— Thoisy, d ' a c c o r d a v e c D u P a r q u e t , gouverneur d e la Martinique, dirige une expédition contre P o i n c y (janvier). D e u x n e v e u x d e P o i n c y sont faits prisonniers, mais D u Parquet lui-même t o m b e au p o u v o i r d u gouverneur. H o u e l , gouverneur de la G u a d e l o u p e ,

v e n u à son t o u r

dès le 28 janvier a v e c une nouvelle e x p é d i t i o n , ne p e u t m ê m e débarquer et retourne à la G u a d e l o u p e le 3 février. Resté maître de la situation, P o i n c y chasse de l'île les Capucins qui prêchaient l'obéissance a u x ordres d u roi et ordonne o u laisse a c c o m p l i r des représailles,

allant

quelquefois j u s q u ' à la m o r t , contre ceux qui voulaient s'y soumettre. — 16-28 octobre. — L e roi d o n n e l'ordre à P o i n c y e t à T h o i s y (16 et 28 octobre) d e faire l'échange des p r i sonniers, amnistiant ainsi en fait la révolte d e P o i n c y , d o n t il n'a p u ou n ' a pas v o u l u briser la résistance, celle-ci a y a n t été dirigée moins contre le roi q u e contre la C o m p a gnie d o n t P o i n c y signalait et c o m b a t t a i t les e x a c t i o n s . 1647, janvier-mai. — P o i n c y envoie à la Martinique d e L a Vernade avec 5 bateaux et 800 h o m m e s p o u r s'emparer


1625-1713

27

de T h o i s y . T h o i s y , livré par les habitants de l'île, est e m m e n é à Saint-Christophe (24 j a n v i e r ) . E n passant à la G u a d e l o u p e , L a V e r n a d e e m b a r q u e Longvilliers, l'un des

neveux

de

Poincy,

contre

promesse

de

mise

en

liberté de D u P a r q u e t . L'autre n e v e u , T r é v a l , reste c o m m e otage. Arrivé à Saint-Christophe, T h o i s y est retenu prisonnier. D e v a n t les témoignages de s y m p a t h i e de la p o p u l a t i o n p o u r sa p e r s o n n e , P o i n c y le fait e m b a r q u e r n u i t a m m e n t p o u r France (fin avril) où il arrive le 17 m a i . Il en résulta un procès où P o i n c y fut c o n d a m n é à p a y e r à

Thoisy

90.000 livres. Ce p r o c è s , qui durait encore en 1671, p o r t a le plus grand préjudice au crédit moral de la C o m p a g n i e . D u P a r q u e t fut remis en liberté le 6 février. — 25

février. —

Dans

l'ignorance

des

événements

qui s'accomplissaient aux Antilles, le roi rend un arrêt m a i n t e n a n t P o i n c y p o u r un an c o m m e lieutenant général d e Saint-Christophe seulement et n o m m a n t T h o i s y lieut e n a n t général de la Martinique et de la

Guadeloupe,

a v e c résidence à la G u a d e l o u p e . L a durée d u g o u v e r n e m e n t de P o i n c y terminée, T h o i s y redeviendrait nant général p o u r toutes les îles. —

lieute-

L a c o m p a g n i e des

Seigneurs des îles d ' A m é r i q u e confirme ces dispositions le 26 mars. — Les directeurs de la C o m p a g n i e

ayant

demandé,

au mois de février 1646, q u ' o n informât sur les violences et exactions de P o i n c y , et P o i n c y réclamant de son c ô t é le r e m b o u r s e m e n t

de frais

qu'il

avait faits dans

l'île

et qu'il évaluait à 150.000 francs, on a b o u t i t à un premier a c c o r d , le 26 a o û t 1647, en v e r t u duquel Saint-Christophe est v e n d u e au frère de P o i n c y , p o u r le prix de 90.000 livres. Cet accord est a p p r o u v é par les Associés le 6 d é c e m b r e ; mais l'effet en resta suspendu, en raison de divers procès engagés entre P o i n c y d'une part et ses associés en F r a n c e ,


28

SAINT-CHRISTOPHE

Rigault et Desmarets, de l'autre. L a cession ne d e v i n t effective que le 24 mai 1651. — P o i n c y se débarrasse de 66 colons qui lui étaient suspects en les e n v o y a n t coloniser les Iles Vierges. Ceux-ci repoussent une attaque des

Espagnols

de

Porto-Rico,

mais ayant perdu dans cette guerre toutes leurs e m b a r cations et leurs plantations a y a n t été ravagées, ils se trouvent c o m m e prisonniers dans leurs îles sans aucune ressource et condamnés à une m o r t certaine. De désespoir, onze d'entre eux confectionnent d e u x piperis,

sorte de

radeaux, et parviennent à gagner P o r t o - R i c o ; les autres moururent p r o b a b l e m e n t de Les

1648.

Espagnols

ayant

faim.

abandonné

Saint-Martin,

le

gouverneur hollandais de Saint-Eustache et P o i n c y d o n nent presque simultanément c o m m i s s i o n , l'un à Martin T h o m a s , et l'autre à son n e v e u , Longvilliers, d ' y leurs nationaux.

Poincy

se basait sur une

établir

occupation

antérieure de l'île par les Français en 1638. Les d e u x partis s'entendent p o u r leur partage de l'île (23 mars) et de la T o u r est n o m m é gouverneur de la partie française. — 15 mai. — Les seigneurs de la Compagnie des Iles d ' A m é r i q u e , réunis p o u r aviser aux m o y e n s de remédier à la situation de la Compagnie en détresse, d é c i d e n t de poursuivre a c t i v e m e n t le procès engagé contre

Poincy

pour son administration et de c o n v o q u e r une assemblée générale des actionnaires

pour

aviser a u x

moyens

de

c o m b l e r le déficit ; il est décidé de d e m a n d e r à chacun d ' e u x une contribution de 4.000 livres, —

qui ne

fut

d'ailleurs pas versée. On envisage d'autre part la v e n t e des îles à leurs gouverneurs : P o i n c y avait déjà fait des propositions —

pour

Saint-Christophe.

(fin). — Après avoir o c c u p é Saint-Martin,

envoie le sieur

Jacques

d ' h o m m e s pour occuper

Gente

avec

une

Saint-Barthélemy.

Poincy

quarantaine


1625-1713

29

1649-1653. Un procès particulier entre P o i n c y vient

compliquer

la

procédure

déjà

et T h o i s y

engagée

avec

la

C o m p a g n i e et qui se poursuit en 1649 et 1650 ; enfin, le 24 mai 1651, intervient un c o n t r a t en vertu d u q u e l l'Ordre de Malte acquiert p o u r le c o m p t e de P o i n c y la propriété de Saint-Christophe, m o y e n n a n t 120.000 livres tournois. A la m o r t de P o i n c y , tous ces biens

doivent

revenir à l ' O r d r e , a v e c droits sur Saint-Martin et SaintB a r t h é l e m y . La ratification de cette v e n t e qui eut lieu en mars 1653, m a r q u e

la

Compagnie

des Iles d ' A m é r i q u e , d é j à dépossédée de la

la

fin

réelle de

Martinique

et de la Guadeloupe par des cessions de m ê m e nature faites à leurs gouverneurs 1650.

respectifs.

Les Espagnols d é b a r q u e n t 1.200 h o m m e s à Sainte-

Croix, chassent les Anglais

et repoussent

ensuite

une

contre-attaque des Espagnols. Résolu à profiter des circonstances, P o i n c y envoie de Saint-Christophe Vaugalan a v e c 300 h o m m e s et chasse à son t o u r les

Espagnols.

Il introduit aussitôt 300 colons dans l'île. Trois g o u v e r neurs n o m m é s pour administrer cette île meurent successiv e m e n t en 1650 et 1651.

L'ORDRE

DE

MALTE

1651-1665 1653.

P o i n c y a y a n t cédé à l'ordre de Malte ses droits sur

Sainte-Croix, l'ordre en o b t i e n t la concession

régulière

d u roi par un acte de mars 1653. 1654.

P o i n c y possédait en propre à cette d a t e 600 à 700

esclaves, sur 12.000 qui se trouvaient dans l'ensemble de nos îles. Un esclave valait 540 livres. 1656.

L'escadre

Christophe

anglaise

dans

de

l'intention

Penn de

arrive s'en

devant

emparer,

Saintmais

si


SAINT-CHRISTOPHE

30

désemparée et si d é p o u r v u e de vivres q u e l'amiral préféra signer avec le gouverneur français un accord qui confirme tous les précédents sur le partage de l'île entre les d e u x nations. 1657. P o i n c y s'étant réservé le m o n o p o l e de t o u t c o m m e r c e , m ê m e français,

dans l'île d e Sainte-Croix, les colons n e

p o u v a n t plus subsister se saisissent dans leur île et s'y e m b a r q u e n t ,

d ' u n navire arrivé

au n o m b r e

d'environ

200, pour une destination restée inconnue et q u ' o n suppose avoir été le Brésil. — Les Caraïbes massacrent les Français d e Saint-Barthélemy et l'île est c o m p l è t e m e n t

abandonnée.

1658. D u Bois, chargé de l'administration de Sainte-Croix, applique

des mesures

plus

libérales,

et ramène

avec

quelques colons une certaine prospérité. 1659. R é o c c u p a t i o n de Saint-Barthélemy. — D e u x missionnaires dominicains arrivent à SainteCroix. 1660. Saint-Christophe c o m p t e d e 7 à 8.000 —

février. —

verneurs

français

colons.

Réunion à Saint-Christophe des g o u et anglais

des Antilles

pour

établir

en c o m m u n les bases d'une paix a v e c les Caraïbes. Houel et le gouverneur

anglais d e Montserrat sont

désignés

pour assurer l'exécution de cette p a i x , laquelle est ratifiée le 20 mars à la Guadeloupe par les Caraïbes venus de diverses îles, — sous condition qu'il n ' y aura aucun é t a blissement français o u anglais à Saint-Vincent et à la Dominique. — 11 avril. — Mort d e P o i n c y , âgé d e 77 ans. Il avait c o m m a n d é 21 ans dans les îles, — 6 ans a v e c la commission de lieutenant-général sur toutes les îles, 2 ans dans

celle

de Saint-Christophe p e n d a n t les différends qu'il eut a v e c


1625-1713

31

T h o i s y , environ 3 ans en v e r t u d e l'arrêt d u

Conseil

qui le rétablissait pour un an seulement, et le reste a v e c l'autorité de Son E m i n e n c e de Malte sur les Iles de SaintChristophe, Sainte-Croix, Saint-Martin et

Saint-Barthé-

lemy. Le

c o m m a n d e u r de Sales le

d'Administrateur

de

la

remplace a v e c

Seigneurie

de

le

titre

Saint-Christophe

et chef de la nation française, établie par Sa Majesté pour Son Eminence de Malte. Son administration, en o p p o s i t i o n à celle de P o i n c y , fut en général bienveillante et libérale. 1664.

Un nègre est alors v e n d u 3 . 0 0 0 livres de sucre et un

cheval 1 . 8 0 0 livres. — L a p o p u l a t i o n française

de Saint-Barthélemy

est

évaluée à cent personnes. L e gouverneur particulier de cette île est alors M. de B e a u p l a n . — 17 avril. — E n v u e d'une transformation d u régime des colonies d ' A m é r i q u e , le Conseil d ' E t a t rend un arrêt invitant tous les propriétaires des îles à rapporter leurs titres et contrats d'acquisition. Cet arrêt est sanctionné par un édit d u 1 0 juillet suivant.

LA COMPAGNIE DES INDES OCCIDENTALES ET LE GOUVERNEMENT ROYAL 1665-1713

1665.

L'Ordre de Malte cède Saint-Christophe à la Compagnie

des Indes occidentales pour 5 0 0 . 0 0 0 livres. L a liquidation des c o m p t e s

XVIII

e

ne paraissait

pas terminée

au d é b u t

du

siècle.

— Sainte-Croix se d é v e l o p p e sous la sage administration de D u b o i s . Il parvient à établir a v e c des relations commerciales

Porto-Rico

que le g o u v e r n e m e n t

d ' E s p a g n e interdit au b o u t d'une année.

royal


32

SAINT-CHRISTOPHE

Les gouverneurs français et anglais de Saint-Chris-

1666.

tophe

renouvellent

(20 janvier)

l'accord

conclu

entre

d ' E s n a m b u c et W a r n e r en 1627. P r é v o y a n t une rupture en Europe entre les d e u x p a y s , W i l l o u g b y ,

gouverneur

général des Antilles anglaises, refuse de le ratifier.

La

guerre est en effet déclarée le 26 janvier et transportée à Saint-Christophe, à C a y o n n e , la Cabesterre et C i n q Combles.

De Sales l ' e m p o r t e sur les Anglais, mais est

tué le 22 avril, ainsi que le gouverneur anglais, de W a t t s . — Les Français sont maîtres de t o u t e l'île. L'année

suivante,

Saint-Laurent,

Sales, repousse à la rivière anglaise,

conduite

par

successeur

de

De

Pelan (17 juin) une attaque

Willougby.

Les milices françaises s'emparent de Montserrat.

1667.

— En vertu d u traité de Bréda, les Anglais rentrent en possession de leur territoire de Saint-Christophe, qui leur avait été enlevé au cours de la guerre. 1669.

Le g o u v e r n e m e n t général est transféré à la Marti-

nique. 1670, 17 décembre. — Lettres patentes sanctionnant l ' é t a blissement 1674.

d'un

Conseil

souverain

à

Saint-Christophe.

L e G o u v e r n e m e n t royal est substitué à celui de la

Compagnie. 1685.

Construction à Saint-Domingue de la première maison

de P o r t - d e - P a i x par M. de Cussy. L a ville se d é v e l o p p e rapidement, grâce à l'arrivée, cinq ans plus tard, d ' h a b i tants de Sainte-Croix chassés par les Espagnols et les Anglais. 1689.

Mort d u gouverneur Saint-Laurent ; il est remplacé

par le c o m t e de Guitaud. — R u p t u r e de la paix entre la France, la Hollande e t


CARTE DE

(Cabinet desEstampes,Collection L a l l e m a n t de Betz,

1650.

SAINT-CHRISTOPHE

dressĂŠe aux environs de

Recueil V x 8. p. 160).



33

1625-1713

l'Angleterre. Reprise des hostilités en A m é r i q u e . Rlénac, gouverneur général des Iles d u V e n t , fait évacuer SaintMartin et Saint-Barthélemy, qu'il ne p e u t défendre et transporte la p o p u l a t i o n

à Saint-Christophe.

Il enlève

ensuite Saint-Eustache a u x Hollandais et la partie anglaise de

Saint-Christophe.

1690, juin. — Codrington

enlève Saint-Christophe

après

une résistance d ' u n mois et d e m i soutenue p a r le g o u v e r neur fut

Guitaud. déportée

U n e partie p a r les

de la p o p u l a t i o n

Anglais,

l'autre

française

chercha

refuge

à la Martinique, à la G u a d e l o u p e o u à S a i n t - D o m i n g u e . 1696. Sainte-Croix

ne faisant

du commerce

q u ' a v e c les

Danois, on décide l ' a b a n d o n d e l'île ; tous les habitants a v e c leurs esclaves sont transportés à

Saint-Domingue

par leur gouverneur, M. de Galifet. 1697. Saint-Christophe

est restitué

à la

France

p a r le

traité d e R y s w i c k . 1701. Saint-Christophe n e c o m p o r t e plus q u e 1855 noirs ou mulâtres et 933 blancs. 1702, 16 juillet. — Saint-Christophe, à peine repeuplée depuis le rétablissement de la p a i x en 1697, t o m b e sans résistance au p o u v o i r des Anglais. L'île ne d e v a i t plus redevenir française. 1706. L e roi envoie a u x Antilles une escadre de 12 vaisseaux sous les ordres d ' H y d e v i l l e a v e c mission d'attaquer les îles anglaises. Saint-Christophe et Nièves sont prises le 2 avril, occupées guerre

ayant

jusqu'au

épuisé

22

et n o n conservées. L a

les belligérants,

ils c o n v i e n n e n t

d'une t r è v e , mais la guerre des corsaires dura j u s q u ' à la paix. 1713,

11 avril. — L e traité d ' U t r e c h t

définitive

consacre la perte

d e Saint-Christophe.

ANTILLES

3



MARTINIQUE, GUADELOUPE ET DÉPENDANCES GÉNÉRALITÉS



« Les possessions

les plus

importantes

que les

Français

ont acquises avec le temps sont la moitié de l'île SaintDomingue,

la Martinique,

la Guadeloupe

et

quelques

petites îles Antilles ; ce n'est pas la deux-centième des conquêtes avantages...

espagnoles, »

mais on en a tiré de

(VOLTAIRE,

l'esprit des Nations,

PREMIÈRE

Essai

sur

les

partie grands

mœurs

et

chap. C L I I ) .

PÉRIODE

:

1635-1674

« Les Antilles ne sont absolument que des établissements

de

commerce

»,

les

célèbres

Instructions

au

c o m t e d ' E n n e r y et au Président de Peynier, Gouverneur et Intendant de la Martinique, l'affirmaient

en

1765

presque solennellement. L'auteur

de

ces

instructions

était

Jean-Baptiste

D u b u c , le premier député que les Iles du V e n t aient eu auprès du R o i , à Paris, où il se fit rapidement remarquer par le Duc de Choiseul, qui lui confia la direction du Bureau des Colonies. On ne saurait donc s'étonner que l'histoire

de la Martinique et de la

Guadeloupe

soit avant t o u t une histoire économique. Pas une de leurs institutions qui ne soit inspirée du souci de f a v o -


38

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

riser la culture et la production, pas un événement de leurs annales qui ne trouve dans l'économique sa cause et son explication. Quant à la politique pratiquée par les

Gouvernements,

elle ne recouvre

qu'une

rivalité

analogue à celle des aventuriers qui se postaient sur le trajet

des

France,

flottes

à l'affût

Grande-Bretagne,

des cargaisons précieuses. Provinces-Unies,

Espagne,

et un peu plus tard D a n e m a r k et Suède, la plupart des Puissances de l'Europe des

flibustiers,

se disputeront,

les îles de l'archipel

à la

manière

considérées

pri-

mitivement c o m m e des bases d'opérations navales ou des entrepôts de contrebande, et, dans la suite, c o m m e des mines d'un nouveau genre fournissant inépuisablement, et au meilleur c o m p t e , le tabac, le sucre, le cacao, le café et les plantes tinctoriales. Le premier acte de cette rivalité se joua d'une part entre l'Espagne et l'Angleterre autour de la Jamaïque, d'autre part entre la France et la Hollande autour de la Martinique et de la Guadeloupe.

Nous n'avons

à

parler ici que de ce dernier conflit. Pourquoi la Martinique et la Guadeloupe ? Ce n'est pas seulement parce que le hasard des circonstances fit échoir ces deux îles à des ressortissants français auxquels le gouvernement

central devait

se

substituer un jour, mais parce que le succès des débuts fit dès l'origine augurer du succès de l'avenir. Leur position privilégiée sur la route des navires que les vents ramenaient

d'Afrique

vers le N o r d , leur

atmosphère

salubre, la fertilité de leur sol et l'abondance de leur faune, l'existence enfin, pour la Martinique au moins, d'une rade de débarquement et d'un carénage — à SaintPierre et à Fort R o y a l — tous ces avantages naturels


1635-1674

39

devaient les faire distinguer entre toutes et, selon les propres termes de l'abbé R a y n a l , « les élever en peu de t e m p s à une fortune considérable. » Dès 1 6 5 0 , l ' h o m m e qui prenait pour devise : « Quo non ascendam ? » avait

pressenti

cet

avenir.

Rêvant

d'une fortune politique après avoir échafaudé une fortune pécuniaire, Nicolas F o u q u e t avait eu l'attention attirée par l'activité de son propre père, m e m b r e d u Conseil de la Marine et du Commerce et co-directeur de la Compagnie des Iles, vers l'archipel que Belain d ' E s n a m buc venait de révéler à la France.

Il créait, presque

avec hâte, une habitation à Trois-Rivières de la Martinique et la pourvoyait de vivres et de munitions, tandis qu'il s'assurait par l'interposition d'un h o m m e de paille, Isaac de Feuquières, la V i c e - R o y a u t é d'Amérique. Belle Isle et la Martinique, devenaient la double base d'un complot dont on ignore encore le sens et la portée. Lorsque

Fouquet

fut

arrêté

en

1661,

ses papiers

révélèrent l'étendue de ses tractations et contribuèrent peut-être à intéresser Louis XIV

à des colonies j u s -

qu'alors étrangères à la vie économique de la Nation. E n dépit des efforts de Richelieu, le Roi n'avait pu prendre en effet sa part du butin antillais et le drapeau fleurdelysé, s'il flottait à la Martinique et à la G u a d e loupe, n'abritait que les opérations commerciales a u x quelles se livraient avec les colons les gens des P a y s - B a s . Flessingue, Middelbourg,

A m s t e r d a m retiraient de ce

trafic des richesses immenses que Colbert mesura avec d'autant plus de jalouse envie

qu'elles lui semblèrent

ravies au patrimoine national. Aussitôt parvenu au pouvoir en 1 6 6 3 ce dernier m o n t e une expédition

militaire puissamment

pourvue

pour


40

MARTINIQUE, GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

établir a u x Iles l'autorité royale jusqu'alors plus nominale que réelle ; il décide l'achat des Antilles à leurs seigneurs particuliers et les cède l'année suivante à la nouvelle Compagnie des Indes Occidentales chargée de leur mise en valeur. Pendant dix ans il lutte à coups de tarifs protecteurs, de primes et d'encouragements de toutes sortes accordés a u x armateurs. Il m e t sur pied en 1 6 6 9 une Compagnie auxiliaire, la Compagnie du N o r d , destinée

à ouvrir

tropicales

la

vers

des débouchés a u x denrées

Scandinavie

et la Baltique

et à

fournir les matériaux nécessaires à la marine — à quoi concourt la célèbre Ordonnance sur les E a u x et Forêts rendue la m ê m e

année. Bien plus,

il ne craint pas

d'engager le R o i dans une guerre avec les ProvincesUnies, guerre dont l'analyse de la politique strictement européenne ne suffirait pas à rendre compte. En

1 6 7 4 , la Compagnie

des Indes Occidentales, à

bout de souffle, doit être liquidée. Mais l'objectif est atteint : les Hollandais ont été chassés de la Martinique et de la Guadeloupe, et les sucres constitueront à la fois un fret pour la flotte marchande première pour les manufactures.

et une matière

Les Iles sont ratta-

chées à la Couronne et, désormais, le Gouvernement s'efforcera

d'exploiter

directement

son

«

Domaine

d'Occident ».

1633, 22 janvier. — Richelieu accorde à Guillaume de Caen la

concession

d ' u n certain

nombre

des îles

Lucayes ;

Guillaume n ' e n prit jamais possession. 1635,

1

e r

septembre. — L ' O l i v e

la G u a d e l o u p e .

et d u Plessis,

colonisent


41

1635-1674 — Les Français

s'établissent

à

Saint-Pierre

de la

Martinique a v e c d ' E s n a m b u c . — 17

septembre.

D'Esnambuc

fait

occuper

la

D o m i n i q u e par une petite troupe q u e conduisait le c a p i taine Baillardel ; ces premiers colons sont massacrés p a r les

indigènes.

1638. Anglais

et Français s'accordent

a u x Antilles

pour

limiter la culture d u t a b a c . Ils invitent les Hollandais à se joindre à e u x « parce q u e ce règlement ne p e u t réussir s'il n'est observé par tous les habitants desdites îles ». 1638-1643. P o i n c y

envoie B o n n e f o y

en reconnaissance

à

la Grenade en 1634 et A u b e r t , gouverneur de la G u a d e l o u p e , y envoie Portel en 1643. 1637. Les poids à utiliser a u x Antilles sont ajustés a u x étalons de la v i c o m t e d e D i e p p e . — 2 septembre. — l'établissement

Première o r d o n n a n c e

d ' u n « papier

censier

» ou

concernant Cadastre.

L'idée sera reprise en 1 6 5 9 , en 1 6 7 0 , en 1 6 7 9 , en 1 7 0 6 , en 1721 et en 1764. 1639. L a Gazette de Théophraste R e n a u d o t relate les é v é n e ments qui se sont produits l'année précédente à la Martinique. 1640. Première relation concernant les îles : Relation l'établissement de la Martinique,

des Français

depuis

l'une des Antilles

l'an 1635 en

de l'isle

de l'Amérique, publiée

à Paris par le P. B o u t o n . 1642,

mars. — E n raison des résultats obtenus à Saint-

Christophe, la Martinique et la G u a d e l o u p e , le roi p r o mulgue un édit confirmant la cession à perpétuité a u x associés d e la Compagnie

des Iles

d'Amérique

des îles

situées depuis le 6° j u s q u ' a u 3 0 ° inclusivement, — réser-


42

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

v a n t aux seuls associés le c o m m e r c e d e ces îles, — e x e m p t a n t de tous droits d'entrée en France les marchandises en p r o v e n a n t , — et attribuant au Grand Conseil le règlem e n t des différends

que la C o m p a g n i e

pourrait

avoir

relativement à ses opérations. 1643-1650. H o u e l , gouverneur

de la G u a d e l o u p e ,

envoie

Noailly à la Grenade p o u r s'y installer et y rester ensuite c o m m e gouverneur (1643). Noailly a y a n t é c h o u é , B e a u manoir lui est substitué en 1646 et échoue

également.

Enfin, en 1650, D u P a r q u e t , gouverneur de la Martinique, parvient avec l'agrément d u chef caraïbe Kairouanne à y installer quelques colons qu'il place sous le c o m m a n d e m e n t d ' u n n o m m é L e C o m t e , son cousin. Après une o c c u pation de 8 mois, les Caraïbes c o m m e n c e n t à s'agiter et il en résulte des m o u v e m e n t s q u i , appuyés p a r les Caraïbes d e la D o m i n i q u e et de Saint-Vincent, durèrent plusieurs années. L e C o m t e se noie au cours d'une de ses expéditions et est remplacé par Cacqueray de V a l m é n i è r e , d o n t l'autorité n'est pas reconnue par tous les Français, d'où des désordres qui épuisent t o u t à la fois n o s forces et nos

finances.

1645, 3 mars. — I n t r o d u c t i o n par la Compagnie des Iles de la Coutume de Paris. — Histoire

et voyage des Indes

par Guillaume Coppier à L y o n .

Occidentales, publiée

Cette relation est suivie

à un an d e distance p a r la briève relation du voyage des Isles de l'Amérique d u P. Pacifique de Provins, imprimée à Paris. — 24 décembre. — T a b a g o est concédé à Louis Hurault de Vueil et Charles d e S a i n t - R e m y . 1650, 27 septembre. — D u Parquet achète la Martinique, la Grenade, les Grenadines et Sainte-Lucie pour la s o m m e de 60.000 livres.


43

1635-1674 —

Des colons français s'établissent à la Grenade, d ' o ù

ils chassent les Caraïbes. 1651, 9 octobre. — Cromwell p r o m u l g u e l ' A c t e d e N a v i gation,

étendant

au

commerce

d'Europe,

contre

Hollandais, l'acte de 1650. Cette loi demeurera jusqu'en 1652.

1821-1825.

Publication au Mans d u Voyage

en l'Amérique Maurile

les

intacte

de

qui font partie

des Isles

des Indes

camercanes

Occidentales,

par

Saint-Michel.

1654. Expulsion des Juifs d u Brésil, où ils avaient a p p o r t é l'industrie sucrière des Canaries. Ils émigrent vers l ' A m é rique d u N o r d et vers les Antilles. 1656. octobre. — D u P a r q u e t cède la Grenade à M. de Cérillac, g e n t i l h o m m e g a s c o n , m o y e n n a n t 30.000 écus. 1657. M. de Cérillac envoie son lieutenant prendre possession de

la Grenade

(1657). Celui-ci

est assassiné la m ê m e

année. Cérillac y v a l u i - m ê m e en 1658. 1658. César et Morale

de Rochefort

publie

des Iles des Antilles

son Histoire

de l'Amérique,

Naturelle qui inspira

d e n o m b r e u x imitateurs. 1659-1660. L'usage

d u chocolat

se répand

en

France ;

il avait été mis à la m o d e p a r la nouvelle jeune reine MarieThérèse. L e m o n o p o l e de sa v e n t e est o c t r o y é p o u r 15 ans à un m a r c h a n d D a v i d Chalion qui s'installe rue d e l ' A r b r e Sec. A la m ê m e é p o q u e les habitants des îles c o m m e n c e n t à s'intéresser à la culture d u c a c a o . 1661. Arrestation de F o u q u e t . O n d é c o u v r e dans ses papiers la contre-lettre par laquelle le vice-roi d ' A m é r i q u e , Isaac de

Feuquières, s'engageait

à lui remettre

réquisition la charge d e V i c e - R o i

à

d'Amérique

première d o n t il

était p o u r v u , l ' a y a n t achetée a v e c les deniers d u surinten-


44

MARTINIQUE,

dant.

L'activité

GUADELOUPE

déployée

ET

par

DÉPENDANCES

Fouquet

pour

munir

d ' h o m m e s et de munitions l' « habitation » qu'il possédait à Trois Rivières de la Martinique laisse penser que ses projets aventureux s'étendaient j u s q u ' a u N o u v e a u - M o n d e . 1662.

Les Hollandais de T a b a g o d e m a n d e n t le p r o t e c t o r a t

de la France. — 1663.

Établissement

d'une

raffinerie

à

Dunkerque.

L a population des Res s'élève à 30.000 âmes.

— R a c h a t par Louis XIV

des îles d ' A m é r i q u e en v u e

de la constitution d'une nouvelle Compagnie placée plus directement sous l'autorité d u roi. 1664, mai. — L e c o m m e r c e hollandais s'étant en fait substitué au c o m m e r c e français et les propriétaires des îles perdant leur temps à des contestations personnelles au lieu de s'occuper d u p e u p l e m e n t des îles, le roi décide de révoquer les concessions faites en mars 1642 et ordonne à tous les intéressés dans la Compagnie des Iles d ' A m é rique de rapporter dans la quinzaine tous leurs titres entre les mains commises à cet effet. Arrêt

préparatoire d e

des Indes occidentales

la

création

de

la

Compagnie

(16 avril) : dans un délai de 15 jours

les anciens seigneurs propriétaires des diverses îles d o i v e n t présenter leurs titres p o u r acquisitions.

Le

privilège

être d é d o m m a g é s de

la

nouvelle

de

leurs

compagnie,

c o m p o r t a n t l'exclusivité d u c o m m e r c e , était fixé à 40 ans. L e prix de chaque action était de 3.000 livres p o u r un capital total de 455.000 livres. — Édit

en 43

articles instituant la Compagnie des

Indes occidentales (28 m a i ) . Les seigneurs propriétaires des anciennes

compagnies

furent désintéressées c o m m e suit : Les héritiers Boisseret ( G u a d e l o u p e ) .

120.000

livres

Les héritiers Houel ( G u a d e l o u p e ) . . . .

120.000

»


1635-1674

45

L ' O r d r e d e Malte (St Christophe)

500.000

»

D u Parquet (Martinique)

120.000

»

Cérillac (Grenade)

100.000

»

Un capital réel de 1.415.000 francs était j u g é nécessaire p o u r le b o n f o n c t i o n n e m e n t de la Compagnie ; on p o u r v u t à la différence par des emprunts et des m o y e n s d e f o r t u n e . H o u e l , ancien gouverneur d e la G u a d e l o u p e , fut l'un des d i x premiers directeurs. — 5 novembre. — T r a c y part pour la Grenade, où il n ' y a plus q u e 150 habitants. Il en chasse Cérillac, fils d u gouverneur et y installe V i n c e n t . — Cette î l e , étant excentrique,

est p e u à p e u a b a n d o n n é e

à

elle-même.

Après avoir c o m p t é 500 habitants, elle n ' e n avait plus que 150. — 11 décembre. —

Établissement des Conseils S o u -

verains de la Martinique et de la G u a d e l o u p e . 1665.

A d o p t i o n des unités de mesure de Paris. L e pas reste

à 3 pieds et d e m i au lieu d e 5. — 15 septembre. —

Arrêt

marquant

une nouvelle

offensive contre le c o m m e r c e hollandais a u x Iles. A leur sortie de la c o l o n i e , les sucres vendus a u x étrangers sont taxés d e la manière suivante : 22 l. 10 s. sur les sucres raffinés. 15 l. sur les cassonnades. 7. l. 10 sur les m o s c o u a d e s . 6 l. sur les sucres d e San T h o m é . 4 l. sur les sucres bruts. A leur entrée en F r a n c e , les sucres étrangers sont soumis à des droits 2 à 5 fois plus élevés (7 £ 10 à 22 £ 10) q u e ceux

perçus

sur les sucres apportés

par les Français

(4 £ ) . 1667, 31 juillet. — Paix de Bréda. L a France restitue à


46

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

l'Angleterre Saint-Christophe, A n t i g o a et Montserrat ; elle reçoit l ' A c a d i e . L ' a c t e « uti possidetis » règle les relations anglo-hollandaises. la

L'Angleterre

Hollande

conserve

la

Nouvelle-Belgique,

et

Surinam.

Les Hollandais possèdent alors, outre leur G u y a n e , les îles de Curaçao, B o n a v i e , A r u b a , Saint-Eustache, Saba et la partie sud-est de l'île Saint-Martin. — L e P. Dutertre publie sa célèbre Histoire des Antilles 1668.

habitées par les

Générale

Français.

Colbert préconise une sorte de fédéralisme é c o n o m i q u e

entre les Antilles et le Canada, afin que ces puissent

se soutenir

mutuellement

en

cas

colonies

de

conflit.

L e c o m m e r c e ne prit de réelle consistance q u ' à

partir

de 1730. — L'esclave est déclaré meuble n o n sujet à h y p o t h è q u e , mais i m m e u b l e par destination dans les successions

et

inséparable d u fonds en cas de v e n t e . Il s'agit de conserver à la sucrerie la m a i n - d ' œ u v r e nécessaire à son

exploi-

tation. L e Code Noir de 1685 considérera en son article X L I V l'esclave c o m m e meuble u n i q u e m e n t . A la suite des protestations des colons, l'arrêt d u 22 a o û t consacrera l'usage 1667.

1687

antérieur.

Jean de Baas, marquis de Castelmore, est n o m m é en

remplacement de M. de T r a c y , a v e c le titre de gouverneur général des Iles. Il d o i t s'installer à la Martinique au lieu de Saint-Christophe l'administration.

où résidait jusqu'alors le chef

de

Le marquis de Baas était le frère

de

Paul de Castelmore, dit le Baron de Baas, et de Charles, c o n n u sous le n o m de sa mère c o m m e le chevalier d ' A r t a gnan-Montesquiou,

le héros de D u m a s .

Paul de Castel-

m o r e était une créature de Mazarin qui l'avait

envoyé

en mission d i p l o m a t i q u e auprès de Cromwell en

1654


47

1635-1674

après l'avoir utilisé à des négociations a v e c les Frondeurs p e n d a n t les troubles de la minorité. Il semble d o n c bien que le g o u v e r n e m e n t des Iles ait été dès cette

époque

considéré par les familles en v u e c o m m e un poste d e c h o i x , et cela d é n o t e l ' i m p o r t a n c e qu'elles avaient déjà prise. 1669, août. — Édit p o r t a n t règlement sur les E a u x et Forêts, en considération n o t a m m e n t de « l'accroissement d u c o m merce par les v o y a g e s de long cours dans toutes les parties du monde. » —

Édit

renouvelant

l'autorisation

pour

les gentils-

h o m m e s de s'adonner au c o m m e r c e de m e r sans déroger. — novembre. — Édit s u p p r i m a n t la charge de Grand Maître et Surintendant d e la navigation de

France

rendue

v a c a n t e p a r le décès

et commerce d u duc de

Beaufort, et rétablissant celle d'Amiral de F r a n c e , considérée c o m m e plus digne d e la marine, d o n t le d é v e l o p p e m e n t d u c o m m e r c e avait permis la restauration. — 9 décembre. — Colbert décharge les particuliers, qui se rendent a u x îles, d u droit de 6 1. par tonneau. — Colbert détache l'administration Affaires

Etrangères

des Colonies des

et la rattache au ministère d e la

Marine. (Voir 1628 et 1791). — Colbert, qui encourage depuis cinq ans le o o m m e r c e a v e c les pays scandinaves et baltes, crée une du Nord

munie d ' u n m o n o p o l e

Compagnie

pour v i n g t ans. Cette

C o m p a g n i e , qui signera un a c c o r d a v e c la Compagnie des Indes Occidentales (et prendra fin en 1689), t r o u v a i t dans les retours des Antilles la monnaie d'échange indispensable à l'acquisition des bois que le Ministre désirait obtenir pour les besoins d e la Marine. L a célèbre O r d o n nance sur les E a u x et Forêts, rendue la m ê m e année,


48

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

devait assurer p o u r l'avenir la fourniture des matériaux d'armement

qu'il était nécessaire

1670, 19 février. —

Déclaration

d'importer.

portant

monnaie métallique p o u r les Iles

fabrication

de

d'Amérique.

— 27 février. — A r r ê t d u Conseil p o r t a n t q u e c e u x qui n'auraient pas p a y é les frais de leur passage a u x Indes Occidentales ne p o u r r o n t être retenus plus d e 18 mois « en esclavage », à l ' e x c e p t i o n des artisans et gens d e métier. — 28 février. — L a durée des engagements est réduite de trois ans à 16 m o i s . Ces engagements

deviennent

d'année en année moins n o m b r e u x . — 19 avril. — Ordonnance sur l'enrôlement des

matelots

dans

toutes les provinces

général

maritimes

du

r o y a u m e . Elle sera complétée p a r un édit d ' a o û t 1673. — 4 juin. — U n e ordonnance royale décide que le prix des denrées importées o u exportées, fixé jusqu'alors par des c o m m i s d u g o u v e r n e m e n t , sera désormais librement d é b a t t u entre acheteurs et vendeurs. — 10 juin. — R è g l e m e n t interdisant a u x bâtiments étrangers

d'aborder

dans les îles d ' A m é r i q u e

à

peine

d e confiscation. — 10 décembre. — Pour achever d'évincer les étrangers, et les Hollandais en particulier, d u c o m m e r c e de la Martinique, Colbert diminue les droits perçus sur les sucres français (de 4 l. à 2 l.). Cette lutte

économique

a b o u t i t au conflit entre la France et les Pays-Bas. — Les sucres antillais c o m m e n c e n t à affluer à B o r d e a u x , où v i n g t raffineries — Colbert ordonne

seront b i e n t ô t

a u x capitaines

construites.

de vaisseaux

transporter a u x Iles à chaque traversée d e u x o u d e u x vaches, ou d e u x ânes.

de

cavales,


de 1650

(Cabinet des Estampes, Collection L a l l e m a n t de Betz,

environs

CARTE DE L A MARTINIQUE

dressĂŠe aux

Recueil Vx 8, p. 1 5 3 ) .



49

1635-1674

— Colbert tente de substituer a u x chairs salées d'Irlande des chairs salées d'origine 1671,

française.

18 juillet. — O r d o n n a n c e interdisant a u x p r o p r i é -

taires de navires construits a u x Iles d e c o m m e r c e r a v e c l'étranger. — 4 novembre. — R è g l e m e n t sur le fait d u c o m m a n d e m e n t des armes, d e la j u s t i c e , de la police, des et d u c h o i x des officiers

finances

a u x Iles d e l ' A m é r i q u e .

Le

lieutenant général p o u r le R o i et les gouverneurs p a r t i culiers c o m m a n d e n t la force a r m é e , a v e c le concours d u Directeur d e la Compagnie des Indes o u de s o n représentant. Des Conseils souverains, c o m p o s é s d u lieutenant général, des gouverneurs et d e m e m b r e s n o m m é s par le R o i sur la proposition de la Compagnie o n t la haute main sur la police et veillent à l'application de la c o u t u m e de Paris. Les officiers de justice inférieurs sont n o m m é s p a r la C o m p a g n i e . Les concessions de terre sont accordées p a r la C o m p a g n i e . — O r d o n n a n c e interdisant d e transporter des b œ u f s , lards, toiles et autres marchandises étrangères a u x Iles. — 8 novembre. — D e C a u c h y n o m m é gouverneur de la

Grenade. — 28 novembre. — O r d o n n a n c e autorisant le transport

aux Iles des vins de Madère. — 14 décembre. —

L e R o i autorise les Nantais à

trafiquer a v e c les Antilles, à condition d e ne pas exporter les sucres autrement

q u ' e n r e m o n t a n t la Loire

passant par le bureau d ' I n g r a n d e . U n tarif

et en

préférentiel

de 4 l. par quintal leur est a c c o r d é , alors q u e le droit était de 7 l. à la d o u a n e de R o u e n et d e 4 l. 5 à la d o u a n e de la R o c h e l l e et d e B o r d e a u x . V i n g t ans plus tard les Nantais f o n t plus de la moitié d u c o m m e r c e des Iles et o n t anéanti celui des N o r m a n d s . ANTILLES

4


50

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

— L a Compagnie d u L e v a n t construit u n e raffinerie à Marseille. Elle est autorisée trois ans plus tard à i n t r o duire cinquante milliers d e sucre en p a y a n t 8 1. au lieu de 2 2 . Elle obtient des facilités p o u r le transit vers l a S a v o i e , la Suisse et l ' A l l e m a g n e .

Les huiles, les savons

et les fruits de P r o v e n c e servent d e monnaie d'échange aux Antilles. E n 1695, la raffinerie est à son a p o g é e . 1672, 26 janvier. — On fait passer a u x îles p o u r leur défense six compagnies — portées à 8 en 1680 — de troupes d é t a chées de la marine. Ce régime dura j u s q u ' e n 1763. — 10 novembre. — Ordonnance d u roi introduisant la monnaie métallique dans les colonies, afin d e m e t t r e un terme a u x contestations

sur la qualité des sucres

employés au paiement des marchandises. 1673.

Admission a u x Iles des viandes étrangères.

— 11 novembre. — L e roi accorde à la C o m p a g n i e d u Sénégal un privilège pour la traite des noirs a u x Antilles. 1674. L e M o n o p o l e d u t a b a c est établi en F r a n c e . L a cherté des nègres de traite française entraîne la cherté d u t a b a c français q u e le t a b a c d e Virginie et d u Maryland, approvisionnées en nègres à meilleur c o m p t e , concurrence victorieusement. L e prix

d u tabac

tombe

en E u r o p e de 30 et 40 s. la livre à 5 sols. Aussi dès 1680 la culture d u t a b a c aura à p e u près disparu de la Martinique (sauf au M a c o u b a ) . — décembre. — L a C o m p a g n i e ne p o u v a n t

subvenir

aux frais des guerres maritimes dans lesquelles la p o l i tique d u roi l'avait engagée, son privilège est r é v o q u é et

les colonies

sont réunies

à l'Etat.

En d i x années

d'existence, elle avait contracté 3.525.000 livres de dettes ; son capital initial de 1.287.185 livres lui f u t remboursé.


DEUXIÈME

PÉRIODE :

1674-1763

Les Antilles réunies à la Couronne, Louis X I V Colbert éprouveront pour la nouvelle province —

et car

les Iles sont constituées en gouvernement et possèdent Gouverneur

général

tendresse paternelle

et

Intendant

: il n'est

une

véritable

pas de soins qu'ils

ne

prennent pour assurer sa croissance et son épanouissem e n t . O n verra à propos de chacune des colonies avec quelle minutie ils s'intéresseront

à leur

peuplement,

à l'accroissement et à la police de la m a i n - d ' œ u v r e , à l'enrichissement des espèces végétales et animales, au progrès des cultures et à la multiplication des échanges, enfin à la sécurité de possessions aussi précieuses et si lointaines. « La petite île de la Martinique et la Guadeloupe, que les en

1753,

Français

cultivèrent

fournirent

les

en

mêmes

1635,

écrit

denrées

que

Voltaire Saint-

D o m i n g u e . Ce sont des points sur la carte et des événements qui se perdent dans l'histoire de l'Univers, mais enfin ces pays qu'on peut à peine apercevoir dans une mappemonde

produisirent

en France une

circulation

annuelle d'environ soixante millions de marchandises. »


52

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

E t , en effet, grâce à ces atomes géographiques, la France réussira à s'emparer du monopole des sucres, à vaincre les

Hollandais

et les

Anglais

non

seulement

sur

le

marché des Antilles, mais par toute l'Europe. Les sucres

de

toutes

qualités,

le cacao, le t a b a c ,

l'indigo, le rocou, le coton, les cuirs, plus tard le café, affluent chaque année en quantités plus fortes à Nantes, à La Rochelle, à Bordeaux, à Marseille m ê m e , jusque dans les ports secondaires, d'où ils repartent par mer vers les pays du Nord et de l ' E s t , vers le L e v a n t qui fournissait jadis le sucre, à moins qu'ils ne remontent la Loire ou le courant du Rhône pour gagner les provinces les plus éloignées de la côte et atteindre parfois l'Italie et l'Allemagne du Sud. Pour leur transport, les fleuves se couvrent de chalands et les routes de charrois, les raffineries et les m a n u factures se lèvent sur leur passage ; toute une multitude d'hommes tirent leur vie d'une industrie nouvelle et d'un commerce qui se ranime, la bourgeoisie des villes maritimes

s'enrichit,

des quartiers

luxueux

se

cons-

truisent autour des principales cités de négoce : l'or blanc des Antilles coule à flot sur la France c o m m e autrefois sur l'Espagne l'or rouge du Pérou. Le commerce des Iles-à-Sucre est devenu le « trône » de tout le commerce du R o y a u m e . « Il a la plus grande influence

sur

notre

agriculture

et

nos

productions,

écrivent les Nantais au Chancelier, tant par l'exportation qu'il favorise que pour la subsistance et les besoins des colons, de farine, vins, eaux-de-vie, lins, chanvres, charbons, bois, merrains, feuillards, fer, p l o m b , légumes, etc... que par la consommation immense des étrangers de tous les pays et de toute condition, que ce commerce


1674-1763

53

attire dans le royaume ; enfin par l'enlèvement

que

font du superflu de nos sels, vins et eaux-de-vie une multitude de navires des autres nations que les denrées de nos colonies appellent dans nos ports ». Pendant tout le XVIIIe siècle le commerce

colonial

constituera, pour prendre l'expression du marquis de Mirabeau, « la p o m m e de discorde entre les Nations », chacune s'efforçant de s'emparer des possessions de sa rivale

ou plus simplement des richesses dont

celles-ci

étaient la source. Les escadres de guerre ouvrent a u x convois

marchands

l'Exclusif

ou

de véritables

Pacte

égoïsmes nationaux

Colonial

voies triomphales ;

devient

et la puissance

la

forme

se tient au service du Commerce, totalement. Arma

des

gouvernementale Cedant

Lucro.

« U n bon traité de commerce, écrit d'ailleurs en 1697 le Roi à ses plénipotentiaires, v a u t mieux que l'acquisition de quelques places fortes » : la Victoire brandit désormais le caducée. A cet égard, ce sont encore les Antilles

qui apparaissent

plus prisés. A u

comme

un

des enjeux

cours des préliminaires

de

les

Ryswick,

d'Utrecht, d'Aix-la-Chapelle, de T a r i s , les négociateurs se cèdent mutuellement les Iles c o m m e les joueurs des jetons pour marquer leurs succès ou égaliser leurs parts. Saint-Christophe, T a b a g o , Trinité, Porto-Rico, la Grenade, la Dominique, Saint-Vincent, changent de pavillon au gré des événements

d'Europe ; la Martinique,

la

Guadeloupe et Saint-Domingue jamais. Ces possessions sont

trop

précieuses

à

leur

métropole

pour

qu'elle

consente à les abandonner : en 1763 Choiseul préférera céder le Canada que de perdre les deux Iles du V e n t . Que feraient les villes maritimes qui trafiquent

dans


54

MARTINIQUE.

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

nos îles, interrogeaient les planteurs, sans le commerce des Petites Antilles ? E t Jean-Baptiste

Dubuc avait le droit

d'écrire

un

peu plus tard : « A l'aspect de tous les ports de France, le cultivateur d'Amérique peut dire : c'est par m o i que ces ports ont été créés, c'est

à mes dépens que ces

fortunes immenses et promptes de nos échangeurs ont été élevées... ; sans m o n industrie, sans m o n courage..., ces

villes,

ces

ports

n'existeraient

point

et

l'herbe

croîtrait encore où de magnifiques édifices annoncent l'opulence

de

ceux

qui

les

habitent

et

l'utilité

des

colonies, qui seules ont amené cette opulence sur des rives autrefois désertes et misérables ». La France du XVIIIe siècle est a v a n t tout Puissance des

Antilles.

Ses

armées

combattent

en

Allemagne,

mais ses victoires s'inscrivent en Amérique : c'est en Hanovre et sur l'Elbe ou l'Oder, c o m m e l'avouera N a p o léon, que la faiblesse de notre marine nous oblige à conquérir les « Indes ». Les diplomates et les négociants, les grands seigneurs à l'affût d'un gouvernement, n'ont pas seuls les y e u x tournés vers les colonies et les Iles-à-Sucre en particulier. Les Économistes

aussi, en quête d'une

expli-

cation des grandes perturbations qui ont agité l'Europe depuis

1492, et soucieux

d'enseigner a u x

Nations la

vraie « manière de devenir riche », aperçoivent dans le développement des établissements antillais une cause efficace. Les mines du Mexique et du Pérou engendré des

troubles monétaires

quences de tous ordres, les plantations de :

e t des É t a t s du Nord n'auraient-elles l'économie

de

la

France

et

de

avaient

fertiles en

la

consé-

l'Archipel

pas joué

dans

Grande-Bretagne


1674-1763 un rôle aussi déterminant

55

que l'or

et l'argent

dans

l'histoire de l'Espagne ? La première École économique qui ait existé, celle de Quesnay et de ses amis —

dont

le plus éminent, Le Mercier de la Rivière, sera intendant des Iles du V e n t de 1 7 5 9 à 1 7 6 4 —

découvre dans le

fait antillais une première confirmation de ses h y p o thèses. De

leur

côté,

les

publicistes

entrevoient

dans

le

régime des Iles et de l'Amérique du Nord la préfiguration du gouvernement qu'ils appellent de leurs v œ u x . « E n examinant seulement les colonies, qui se sont établies dans ces derniers t e m p s , écrit explicitement le marquis de Mirabeau,

et considérant celles où l'agriculture et

la

ont

population

fait

les progrès

les

plus

rapides,

on découvrirait aisément par l'inspection des m o y e n s connus, des formes et des lois de ces n o u v e a u x établissements, quelle est la nature du meilleur gouvernement quant à la formation des sociétés, nature prouvée par les succès mêmes de ces colonies ». Or, les Antilles, qui avaient si bien réussi, jouissaient de franchises

et de libertés qui les constituaient

en

véritable asile pour tous ceux qui fuyaient la réglementation de la métropole. On n ' y connaissait ni la vénalité des offices, ni les corporations ; chacun pouvait en principe accéder a u x magistratures et s'adonner à l'activité

qui lui convenait.

On y

échappait

surtout

a u x impositions sous lesquelles succombaient les roturiers de la métropole : point de taille, peu de corvées, rien

que

des

subsides

octroyés

par

les

habitants

consultés. U n tel régime avait favorisé chez les Planteurs une insubordination native et un goût prononcé de l'indé-


56

MARTINIQUE,

pendance.

Leur

GUADELOUPE

Conseil

ET

DÉPENDANCES

Supérieur,

dont

la

fonction

n'était autre que celle de ces petites Cours qui existaient en Alsace et en Roussillon, aimait à se prévaloir de sa compétence

en

dernier

ressort pour se parer

du

titre de Conseil Souverain et, jouant sur le terme, prétendre à un véritable pouvoir législatif. Le Roi s'était maintes fois opposé à une pareille titulature et l'avait expressément nourrissait

condamnée,

des

projets

mais l'aristocratie

d'autonomie

trop

sucrière

manifestes

— voir l'insurrection de 1717 conduite par les Dubuc — pour

qu'une

s'imposât

politique

pas.

Dans

de

les

douceur

moments

et de

d'habileté crise les

graves, à la fin de la guerre de Succession

ne plus

d'Espagne

comme au cours de la guerre de Sept ans, les administrateurs témoignent sur le terrain de la fiscalité d'une incroyable timidité lorsqu'on songe a u x pratiques mises en honneur dans la métropole. La Cour préférera affron ter les pires difficultés financières plutôt que d'accorder à la colonie l'Assemblée et le Syndic Général ne manque

pas

de réclamer

en

semblable

qu'elle

occasion.

Le Ministre se sent peu à l'aise en face de sujets aussi hardis. E t , de fait, les Planteurs sont dans la première moitié du XVIIIe siècle à l'apogée de leur puissance, de leur richesse : il faut compter avec de tels seigneurs. L'institution servile sur laquelle se fonde leur fortune n'est

pas encore sérieusement

discutée, ni ébranlée ;

les crédits consentis par les armateurs d'Europe

ont

forgé une chaîne qu'ils ne sentent pas encore. La question de l'esclavage et la question des dettes ne se poseront que dans la période suivante, au cours de laquelle les solutions révolutionnaires finiront l'emporter sur les réformes pacifiques.

par


1674-1763

57

E n dépit des difficultés que l'on sentait poindre a u x Iles dans tous les domaines, le Gouvernement ressentit leur perte dans les dernières années de la Guerre de Sept A n s avec une émotion non dissimulée. « N'est-il pas aussi humiliant que mortifiant d'imaginer que la perte de la Martinique ferait passer entre les mains des Anglais un commerce de 70 millions, ce qui fait plus des deux tiers de leurs dettes nationales ? » s'écriait le Ministre d ' E t a t Puysieulx au Conseil du 17 mars 1 7 6 0 . « M. le Duc de Choiseul a fait sentir les conséquences

qui résulteraient

de la

perte

funestes de

cette

isle importante, déclarait à la m ê m e occasion le ministre de la Marine, si les Anglais s'en étaient rendus maîtres lors de la négociation de la Paix. » Et

c'est

bien pour éviter le retour

d'une

pareille

éventualité autant que pour lier les efforts de la diplomatie espagnole et de la diplomatie française au cours des futurs préliminaires de la Paix, que Choiseul travaillait à la conclusion du Pacte de Famille. Tous les documents se rapportant à cet A c t e important d é m o n trent que l'arrière-pensée constante du Ministre consis tait dans l'établissement d'une alliance maritime, c'està-dire

d'une

alliance

coloniale.

« Je ne sais pas si l'on est bien persuadé en Espagne, écrivait-il le 14 novembre 1 7 6 0 à son ambassadeur, qu'en l'état actuel de l'Europe ce sont les colonies, le commerce et par conséquent la puissance maritime qui doivent emporter la balance du Pouvoir sur le continent.

La

Maison d'Autriche, la Russie et le Roi de Prusse ne sont que des puissances de second ordre, ainsi que celles qui ne peuvent faire la guerre que lorsqu'elles sont s u b sidiées par les puissances commerçantes »...


58

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

E t dans ces Instructions au comte d'Ossun du 27 j a n vier 1761 : « Si le roi d'Espagne v e u t consolider son union avec la France par un nouveau traité de commerce et défensif entre les deux Couronnes, le Roi portera tous ses efforts à la paix dans la partie maritime afin

d'être

utile à un allié qui lui est aussi cher que l'est Sa Majesté Catholique ». Les Iles du V e n t ont donc pesé de tout le poids de leur richesse dans la signature de deux actes internationaux d'une importance

capitale pour la

France

:

le Pacte de Famille et le Traité de Paris. E t l'on comprend que dans son vaste tableau historique l'abbé R a y n a l ait pu donner à sa pensée une forme aussi affirmative —

ce sera notre dernière citation :

« Les colonies ont élevé les nations qui les ont fondées à une supériorité d'influence dans le m o n d e politique, et voici c o m m e n t : l'or et l'argent culation générale de l'Europe du Pérou et du Brésil. Espagnols

et

aux

qui forment la cir-

viennent

du

Ils n'appartiennent

Portugais,

mais

aux

Mexique, pas

aux

peuples

qui

donnent leurs marchandises en échange de ces m é t a u x . Ces peuples ont entre eux des comptes qui en dernier résultat v o n t se solder à Lisbonne et à Cadix qu'on peut regarder c o m m e

une caisse c o m m u n e

et

universelle.

C'est là qu'on doit juger de l'accroissement ou de la décadence du commerce de chaque nation... Celle qui a plus v e n d u

a u x autres nations

qu'elle n'a

acheté

d'elles ne retire pas seulement ce qui lui est dû par l'Espagne et le Portugal, mais encore ce que lui doivent les autres nations avec lesquelles elle a fait des échanges. Ce dernier avantage est spécialement réservé a u x peuples


1674-1763

59

qui possèdent les isles. Ils voient grossir annuellement leur numéraire

par la vente

des riches

productions

de ces contrées et cette augmentation du numéraire assure leur prépondérance, les rend arbitres de la Paix et de la Guerre... »

1675.

Le monopole

du commerce

continue au profit d e

l ' É t a t , mais au détriment des particuliers ; le c o m m e r c e a v e c l'étranger

reste interdit, d ' o ù d é v e l o p p e m e n t

du

c o m m e r c e interlope. — L e R o i autorise les Nantais à introduire les sucres raffinés dans le r o y a u m e à condition d e payer au Bureau d ' I n g r a n d e 18 l. p a r quintal d e sucre royal et 17 l. p a r quintal d e sucre raffiné

ordinaire.

1676. B o r d e a u x envoie autant d e navires q u e Nantes à la Martinique. 1677. Charles Louis d e C o u r b o n , c o m t e de Blénac, succède au marquis d e Baas au g o u v e r n e m e n t général des îles. (Il m o u r u t à la Martinique en 1696 et fut enterré dans l'église

de F o r t - R o y a l ) . Blénac f u t le principal

artisan

de la construction d u F o r t et d e la ville d e F o r t R o y a l ; il d o t a la colonie d ' u n réseau routier, se p r é o c c u p a de sa mise en valeur et assura sa défense. — 20 février. — D'Estrées détruit la flotte d e l'amiral hollandais Binkes à T a b a g o , mais il ne peut prendre la Colonie. — 9 décembre. — O r d o n n a n c e prescrivant d'appliquer d e meilleurs traitements a u x engagés. — 29 décembre. — D'Estrées enlève T a b a g o a u x H o l landais, mais les Français ne c o m m e n c è r e n t à l ' o c c u p e r effectivement q u ' e n 1728.


60

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

1 6 7 8 , 10 août. — Traité de Nimègue entre la France et la Hollande. La

France conserve

Tabago.

— 7 novembre. — R è g l e m e n t fixant le t a u x de salaire journalier de chaque engagé. 1 6 7 9 , 25 mars. — Arrêté annulant le traité fait a v e c Jean Oudiette, fermier d u d o m a i n e d ' O c c i d e n t , par lequel il était obligé

d'introduire

800 nègres des côtes — 1er avril. — police,

finances

quatre

ans

Création d'un i n t e n d a n t de j u s t i c e ,

et marine, résidant à la Martinique

a y a n t juridiction est institué

a u x îles p e n d a n t

d'Afrique.

sur toutes les îles ; le p o u v o i r

à côté

d u p o u v o i r militaire.

et

civil

Patoulet fut

le premier i n t e n d a n t . — 1 2 août. — L e Conseil supérieur de la Martinique d e m a n d e au roi d ' e n v o y e r 100.000 écus d'argent m o n n o y é , afin d'abolir l'usage de stipuler en sucre. — Cette d e m a n d e n'est pas prise en considération ; la question d u numéraire restera

pendant

longtemps

l'une

des

plus

difficiles

à

résoudre. — Blénac a l'idée de conclure un traité de paix p e r p é tuelle a v e c les gouverneurs des îles anglaises ; le roi a p p r o u v e le p r o j e t (1680), qui c e p e n d a n t é c h o u e . 1 6 8 0 , L e roi interdit à M. de Blénac de faire la guerre aux Caraïbes de Saint-Vincent. — Les

appointements

des

gouverneurs

sont

ainsi

fixés : la Martinique, 64.000 livres de sucre ; G u a d e l o u p e , 36.000 ; Saint-Christophe, 64.000 ; Sainte-Croix, 30.000 ; Marie-Galante, 5.000 ; Saint-Barthélemy et Saint-Martin, 5.000 L e sucre à cette é p o q u e valait 5 à 7 francs le c e n t . — Colbert abolit tous les règlements de et toutes les taxes concernant les sucres.

fabrication


61

1674-1763

— A partir de cette date (1680), plus d e cent vaisseaux marchands se rendent annuellement a u x Iles. D i x ans plus tard, on en c o m p t e 200 « depuis environ 100 jusques à 300 t o n n e a u x , qui o c c u p e n t plus d e 7.000 matelots », alors q u ' e n 1664 la navigation au long cours était c o m p l è tement déchue. 1681.

Les marchandises françaises n e p e u v e n t être i n t r o -

duites a u x Antilles q u e p a r navires français. U n arrêt d u roi interdit la sortie d u r o y a u m e des sucres bruts. 1682, 18 août. — Arrêt relevant de 4 à 8 l. le droit d'entrée en France p o u r le quintal d e sucre raffiné a u x Iles. N é a n moins le marquis d'Angennes Maintenon, v e n u s'établir à la Martinique après avoir v e n d u son marquisat à d ' A u b i gné, ouvre

à Saint-Pierre

deux

raffineries

prendra rapidement une extension

dont

l'une

considérable.

1683, 6 septembre. — Mort d e Colbert. — 30 septembre. — Ordre d u roi de chasser dans le délai d ' u n mois tous les Juifs des colonies

françaises.

Cet ordre fut exécuté. 1684, 21 janvier. — L a création d e toute nouvelle raffinerie est interdite

a u x Iles. Les habitants

imaginent

alors

de « terrer » le sucre, procédé inventé par le colon Martin L e Fol p o u r blanchir sans

raffiner.

— septembre. — Arrêt rendant la liberté de sortie a u x sucres bruts et créant en faveur des raffineurs une prime à l ' e x p o r t a t i o n d e 9 1. 15 s. par quintal. 1685, mars. — E d i t t o u c h a n t la police des îles d e l ' A m é r i q u e française, appelé le Code Noir. — Les colonies sont interdites a u x Protestants. Cette mesure précède de six mois la révocation de l ' E d i t d e Nantes.


62

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

— 24 août. — En v u e de protéger la multiplication des bestiaux, une ordonnance p u n i t d e 1.000 l. d ' a m e n d e quiconque

abat

une génisse

o u une v a c h e

portante.

Cet acte reprenait un t e x t e d u 5 juin 1 6 7 9 . — L a p o p u l a t i o n des Iles s'élève à 52.000 âmes se répartissant ainsi : 15.194 âmes à la Martinique. 11.149

à la G u a d e l o u p e .

10.269

à Saint-Christophe.

992

à Saint-Martin et Saint-Barthélemy.

587

à la Grenade.

2.296

à Marie-Galante et Sainte-Croix.

800

à Cayenne.

10.000

à la Tortue et à S a i n t - D o m i n g u e .

L a p o p u l a t i o n noire s'augmentait tous les ans de 2 à 3.000 individus. —

D é b u t des relations entre Nantes et les p a y s d u

Nord (Dantzig, K œ n i g s b e r g , R i g a , e t c . . . ) , grâce a u x retours des îles (sirops et sucres). Quarante ans plus tard Nantes envoie dans ces p a y s des

quantités

considérables

d e produits

antillais. Par

H a m b o u r g , où sont installées trente raffineries, elle atteint les marchés russes et

finlandais.

1685-1688. Transportation

a u x Iles d e « religionnaires »

des Cévennes et d e Lorraine. 1686, 30 septembre. — O r d o n n a n c e édictant q u e le n o m b r e des engagés devra être égal à celui des esclaves travaillant sur les propriétés. Elle n e p u t être appliquée. — 16 novembre. — Traité d e Londres entre la France et l'Angleterre. Les d e u x p a y s s'engagent à ne pas c o m mercer a v e c les colonies d e l'autre. Cet acte avait égalem e n t pour o b j e t de soustraire les possessions d ' o u t r e - m e r


1674-1763

63

aux vicissitudes de la politique européenne en établissant une véritable

neutralité

coloniale.

i n c o n s c i e m m e n t les velléités

O n consacrait

ainsi

d'autonomie.

— 31 décembre. — L e recensement d e la Martinique accuse une p o p u l a t i o n totale de 16.553 habitants, d o n t 5.019 blancs, 119 Caraïbes, 314 mulâtres et 11.101 noirs. 1688, novembre. — L e roi édicte q u e toutes les prises faites dans les tropiques d e v r o n t être amenées et vendues à la Martinique ; — ce qui constitue au profit de cette île une situation privilégiée qui durera j u s q u ' e n 1759. 1690. D e G é m o s a t est n o m m é gouverneur de la Grenade. 1692.

U n édit d e j a n v i e r rétablit une ferme d u café, d u

t h é , d u c a c a o et d e la vanille, à l'imitation de celle d u t a b a c . U n prix m a x i m u m était fixé à 4 francs la livre de c a c a o , et 6 francs celle d e c h o c o l a t , à 18 francs le p a q u e t de 50 brins d e vanille. Les denrées devaient entrer par R o u e n et Marseille. Ce m o n o p o l e f u t supprimé l'année suivante, sur les protestations des épiciers qui offraient de p a y e r en échange tels droits d e d o u a n e qui c o n v i e n draient au R o i . 1694. L e prix

d u sucre t o m b e

d e 10 livres à 3 livres.

L e r o u c o u valait à l a Martinique 20 sols la livre, il a v a i t v a l u j u s q u ' à 30 et était t o m b é à 7. L ' i n d i g o se v e n d a i t entre 3 et 4 livres la livre. 1695.

L ' i n t e n d a n t R o b e r t reçoit l'ordre de détruire toutes

les raffineries. 1696, 26 septembre. — R è g l e m e n t d u Conseil d ' E t a t prescrivant d e mettre en culture dans les six mois les terres déjà concédées et n o n mises en valeur. 1697, 20 septembre. — L e traité de R y s w i c k confirme la France dans la possession de « la partie la plus belle e t


64

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

la plus fertile de l'île, la plus belle et la plus fertile des Indes occidentales et peut-être d u m o n d e », de S a i n t - D o m i n g u e . Il restitue à c h a q u e belligérant sa situation

coloniale

de 1688. Le tarif de 1667 est annulé en faveur d e la H o l lande.

On v i e n t

d'ailleurs

de d é c o u v r i r

que

par

leur

incidence les droits d'entrée frappent les sujets d u R o i . P o u r la première fois aussi, d u c ô t é français, le

souci

é c o n o m i q u e l ' e m p o r t e sur les considérations militaires : « la restitution de quelques places est moins i m p o r t a n t e q u ' u n b o n traité de c o m m e r c e ». — Les relations commerciales entre le Canada et les Iles c o m m e n c e n t à être plus suivies. 1698,

5 mars. — L e g o u v e r n e m e n t revient à la politique

des engagés. Un Arrêt d u Conseil d ' E t a t oblige les c a p i taines de vaisseau à transporter de n o u v e a u des travailleurs blancs. — 20 j u i n . — L e droit d'entrée en France sur les sucres bruts est abaissé de 1 l., tandis que le droit sur les sucres terrés est élevé de 8 l. à 15 l. et que les sucres raffinés sont traités c o m m e s'ils étaient d'origine étrangère

(le

droit de 8 l. est élevé à 22 l. 50). L a raffinerie d u Mouillage de Saint-Pierre est

obligée

de fermer ses portes. L a raffinerie de D u n k e r q u e est autorisée à

exporter

des sucres à l'étranger. — 20 a o û t . — E d i t rendant plus strict le régime des prohibitions commerciales et en aggravant les sanctions. — L'ambassadeur

de

Louis

XIV

à

Madrid

reçoit

mission de demander le droit p o u r les colonies françaises de c o m m e r c e r librement a v e c les possessions espagnoles. — L e prix d'un nègre valait cette année 425 francs, le sucre b r u t valait 7 livres 15 sols le quintal. — D e u x ans


1674-1763 après, en 1700, le sucre terré

65

se v e n d a i t de 36 à 44 l.,

le sucre b r u t 12 livres. U n e habitation valant d e 350 à 400.000 francs rapportait 90.000 francs. —

Rouen

possède

14 raffineries.

T o u r s , Orléans en possèdent

Angers,

Saumur,

également.

1699, 4 mars. — L e roi publie une nouvelle ordonnance p o u r le règlement d u c o m m e r c e et des îles et colonies françaises de l ' A m é r i q u e . — Défense de transporter en A m é rique des espèces d ' o r et d'argent. — 8 avril. — O r d o n n a n c e reportant a 36 mois la durée des engagements a v e c obligation d'avoir un engagé p a r v i n g t esclaves. 1700. L a H o l l a n d e frappe les sirops et les tafias

français

d ' u n droit qui restreint leur d é b i t dans ses colonies et dans la m é t r o p o l e . —

Une raffinerie est installée à Nîmes.

1701, 27 août. — Traité de l'Asiento entre les rois de France et d ' E s p a g n e , p o u r la fourniture par les Français de nègres dans les Indes espagnoles. L a guerre a y a n t repris en E u r o p e , le ministre de la

1702.

Marine écrit le 6 septembre 1702 au gouverneur général Machault d'essayer d e conclure un traité de neutralité a v e c les gouverneurs 1703.

anglais des îles

d'Amérique.

Les Etats d e L a n g u e d o c décident la création d'une

raffinerie à Sète. Celle-ci passait en 1717 pour « une des plus c o m m o d e s et des plus grandes qu'il y ait en E u r o p e » . Les propriétaires arment eux-mêmes des navires p o u r le transport des draps languedociens et le retour des sucres antillais. — Les manufacturiers de Lille d e m a n d e n t le droit d e s'approvisionner en c o t o n et en indigo des îles. ANTILLES

5


66

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

1705, 29 novembre. — E n raison de la pénurie d e s vivres p r o v o q u é e par la guerre, les colonies s o n t autorisées à s'approvisionner dans les îles voisines, amies o u ennemies. — Les nobles qui épousent des mulâtresses sont déclarés déchus d e leurs titres. —

O r d o n n a n c e réglant les peines à infliger a u x nègres

et mulâtres libres, qui permettent a u x nègres

marrons

de se retirer chez e u x . 1708. Des mesures officielles sont prescrites p o u r c o m b a t t r e la fièvre jaune d e v e n u e trop fréquente. — novembre. — Des Français c o m m a n d é s par Coullet chassent les Anglais de Saint-Vincent a v e c l'appui des Caraïbes. 1710. L e roi a c c o r d e des passeports a u x navires étrangers p o u r approvisionner n o s îles q u e la guerre prive à p e u près de t o u t e subsistance. 1711.

D e v a n t le n o m b r e

croissant des affranchissements,

des restrictions sont apportées à la libération des esclaves. 1713, 11 avril. — A la suite de la paix d ' U t r e c h t , la France et l'Angleterre signent u n traité d e c o m m e r c e par lequel est garanti le d é b o u c h é des sucres et le ravitaillement des Iles en chairs salées. — L e gouverneur général P h é l y p e a u x propose de permettre la saisie des nègres, jusqu'alors interdite, p o u r éviter l'arrêt des sucreries. Cette proposition sera reprise en 1720 par les administrateurs Feuquières et Bénard, et en 1762 par L e Mercier de la R i v i è r e . L e Ministre refuse, mais on distinguera en fait les « nègres d e jardin », employés à la plantation,

p o u r lesquels l'interdiction

sera maintenue,

et les « nègres d o m e s t i q u e s » à l'égard desquels la saisie devient

possible.


67

1674-1763 — Interdiction

d'importer

en France

des sirops et

tafias des colonies, pour ne pas faire t o r t a u x eaux-de-vie fabriquées

en

France.

— Les Hollandais offrent à Louis XIV

un plant de

caféier, d o n t un r e j e t o n sera transporté plus tard à la Martinique p a r Gabriel de Clieu. 1714. S a i n t - D o m i n g u e est distrait d u g o u v e r n e m e n t général des Antilles et constitue a v e c ses dépendances le g o u v e r n e m e n t général des Iles Sous le V e n t . 1715. Les administrateurs Duquesne et Vaucresson laissent s'établir entre les Iles et les colonies étrangères un trafic p o r t a n t sur les sirops et les tafias auxquels la France n'offre aucun d é b o u c h é . E n v u e de diminuer leurs frais d ' e x p l o i t a t i o n , les planteurs étaient en quelque sorte astreints à tirer parti de ces sous-produits de la fabrication d e s sucres. L a querelle qui s'instaure à ce sujet ne sera tranchée q u ' e n 1765. Les administrateurs coupables sont révoqués et remplacés par MM. de la Varenne et R i c o u a r t . Entre 1715 et 1 7 2 0 . L'usage de la houe est substitué à celui de la charrue p o u r la culture des terres. On ne r e v i e n dra à la charrue qu'après l'affranchissement des esclaves en 1848. 1716, 4 février. —

Règlement

renouvelant

l'obligation

p o u r les capitaines de navires allant a u x îles d ' e m m e n e r un certain n o m b r e

d'engagés.

1717. Feuquières, gouverneur de la G r e n a d e , est nommé gouverneur de la G u a d e l o u p e , puis gouverneur général. — Autorisation

d'exporter

à

l'étranger

les

sucres

antillais, après entrepôt en F r a n c e . — avril, — Lettres patentes instituant aux Antilles un régime de liberté relative.

13 ports sont

affectés


68

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

au c o m m e r c e colonial. Les marchandises françaises d e s tinées a u x colonies p e u v e n t sortir d u r o y a u m e sans p a y e r de droits ; il en est de m ê m e des marchandises étrangères entrées dans le r o y a u m e et a y a n t déjà p a y é les droits. Les denrées coloniales introduites en France ne p a y e n t que des droits m o d é r é s , et si elles sont destinées à l'étranger, elles p e u v e n t être entreposées m o y e n n a n t un droit de trois p o u r c e n t . L e régent, qui jusqu'alors avait négligé Sainte-Lucie,

1718.

entreprend d ' e n faire une succursale de la Martinique. Il en donne la concession au maréchal d'Estrées, g o u v e r neur de Nantes, et l'administration au gouverneur de la Guadeloupe. Vers 1718. Obligation p o u r les c o m m a n d a n t s

de navires

d ' e m b a r q u e r p a r v o y a g e à titre d'engagés de 3 à 6 personnes, âgées d e 18 ans au moins et 40 au plus. L e régent d o n n e ordre d e cesser toute

1719.

installation

à Sainte-Lucie. — 12 mai. — Ordonnance obligeant les capitaines de navires à transporter a u x îles des v a g a b o n d s c o n d a m n é s aux galères p o u r y servir p e n d a n t cinq ans en qualité d'engagés.

Les planteurs

signalent

le danger

d e ces

déclassés. — 17 novembre. —

Il est interdit a u x gouverneurs

d ' a v o i r des propriétés dans les colonies. 1720.

Les administrateurs Feuquières et Bénard autorisent,

c o m m e leurs prédécesseurs, le trafic des sirops a v e c les colonies étrangères. — décembre. — On frappe p o u r les îles une monnaie particulière, mais o n continue d'exiger en sucre l ' i m p ô t de capitation

fixé

en principe à 50 kgs par tête d ' e s -


69

1674-1763

claves, sauf exceptions totales o u partielles assez n o m breuses. — 27 décembre. — Les sucres achetés au m o y e n des cargaisons

de nègres sont exemptés

d e la moitié des

droits. —

Les pertes éprouvées au cours

de l'application d u

système de L a w obligent les planteurs, l'habitude

qui avaient pris

de résider la plupart d u t e m p s en F r a n c e ,

à revenir a u x îles p o u r surveiller de plus près leurs intérêts et leurs propriétés. — Il en résulte rapidement une prospérité plus grande, mais aussi une application plus stricte des conditions d u travail, c e qui p r o v o q u e en 1726 des soulèvements

sur plusieurs

habitations.

1721, 6 août. — L e Conseil de Marine interdit le surhaussem e n t de la monnaie dans les îles d u V e n t . 1722-1723. Les Anglais tentent une o c c u p a t i o n privilégiée de Sainte-Lucie (décembre 1722). Sur des représentations d u gouverneur de la Martinique, obéissant à des instructions préalables d e notre g o u v e r n e m e n t , ils quittent l'île le 8 janvier suivant. — Les Anglais tentent alors, mais sans succès, une o c c u p a t i o n

de S a i n t - V i n c e n t

sur les

Caraïbes. L a querelle au sujet de Sainte-Lucie dura j u s q u ' e n 1755. 1722, 3 août. — Déclaration d u roi sur l ' é p o q u e de la mise en valeur des concessions : un tiers dans les trois premières années, un autre tiers les années suivantes, le troisième tiers réservé. — Les droits d'entrée perçus en France sur les denrées des Iles d u V e n t s'élèvent à 2.500.000 l. par an. —

L e P. L a b a t publie son Nouveau

d'Amérique en six v o l u m e s .

Voyage

aux

Isles


70

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

28 décembre. — L'usage s'étant introduit q u e les

capitaines de navires négriers offrissent aux gouverneurs un p r é l è v e m e n t par c h a q u e cargaison d e 10 nègres au prix de 300 livres, alors q u e le prix réel était d ' u n millier de francs, — p o u r parer sans les supprimer p o u r t a n t a u x abus qui en résultaient, le roi rend une o r d o n n a n c e en vertu d e laquelle les capitaines n e seront plus tenus d e payer q u e d e u x p o u r cent sur leur cargaison, soit un p o u r cent au gouverneur, un d e m i à l'intendant et l'autre demi au gouverneur particulier. 1724, 18 mai. — Ordonnance royale traitant des mesures à prendre p o u r prévenir les empoisonnements

p a r les

esclaves, devenus plus fréquents depuis quelques années. — 11 septembre. — O r d o n n a n c e sur la voierie, qui demeurera en vigueur j u s q u ' à la fin d e l ' A n c i e n R é g i m e . Elle distingue les chemins r o y a u x ou publics, les chemins particuliers et les chemins d e c o m m u n i c a t i o n . 1726. L e roi valide le m o d e de partage des successions aux îles, partage égal en valeur et n o n en nature, p o u r éviter la division et la ruine des sucreries. —

E d i t autorisant les colonies des Antilles à exporter

en E s p a g n e , grande p o u r v o y e u s e d ' o r , toute espèce d e marchandises y compris les sucres, sauf les bruts réservés aux raffineries

du royaume.

1726-1738. L a classe des mulâtres c o m m e n ç a n t à devenir assez nombreuse p o u r inspirer de l'inquiétude a u x blancs, on les déclare inhabiles à hériter des blancs (1726), on leur défend de porter les mêmes n o m s q u e les blancs (1733),

on leur

interdit

le territoire

de la

métropole

(1738). 1727. D u p o y e t ,

gouverneur

de la Grenade,

gouverneur d e la Guadeloupe.

est

nommé


71

1674-1763

— octobre. — E d i t rétablissant a u x colonies un régime de prohibition absolue. Toutefois l ' i m p o r t a t i o n des viandes salées étrangères

est autorisée, à c o n d i t i o n

qu'elle se

fasse par navires français. Il est également permis a u x navires français

de porter

directement

en Espagne le

sucre raffiné des Antilles. Est

condamné

a u x galères

tout

individu

coupable

d ' a v o i r introduit des nègres o u marchandises autrement que par navire français. — O r d o n n a n c e généralement c o n n u e sous le n o m de Lettres

patentes

de 1727, établissant une sévère et m i n u -

tieuse répression d u « c o m m e r c e étranger » que le traité de neutralité de 1686 avait favorisé. Les Anglais useront de

représailles.

1729. Sur les instances de la Compagnie des Indes orientales, Maurepas interdit la culture d u café aux Iles d u V e n t . Les

colons

continuent

néanmoins

et l'année

suivante

e x p o r t e n t en France les premiers sacs. 1731. Autorisation d u trafic direct a v e c l ' I r l a n d e , le Cap V e r t et le D a n e m a r k , d ' o ù les Iles tirent les viandes salées d o n t se nourrissent les esclaves. Cette autorisation est renouvelée en 1 7 4 1 . 1732, 27 septembre. — Déclaration d u R o y autorisant l ' e n trepôt d u café dans les ports métropolitains de l ' A t l a n t i q u e et d e la Manche en v u e d e leur e x p o r t a t i o n dans les pays étrangers. 1732-1733. Les Anglais et les Français cherchent m u t u e l l e m e n t par des m o y e n s détournés à s'assurer la possession des îles Sainte-Lucie, Saint-Vincent —

et la

Dominique,

surtout celle d e Sainte-Lucie où plusieurs de leurs

nationaux sont installés, contrairement aux prescriptions de leurs gouvernements

respectifs.


72

MARTINIQUE,

La

1733.

France

GUADELOUPE

cède

ET

Sainte-Croix

DÉPENDANCES

au

Danemark

pour

738.000 francs ; nous n ' o c c u p i o n s plus en fait cette île depuis trente ans. Larnage,

1734.

gouverneur

gouverneur de la

de

la

Grenade,

est

nommé

Guadeloupe.

A partir de cette d a t e , l ' i m p ô t de capitation est p a y é

1735.

exclusivement en argent : il est de 6 livres. Le numéraire m a n q u a n t aux îles ou y étant p r o m p -

1736.

t e m e n t accaparé, il est décidé que les capitaines de navires v e n a n t de France seront tenus de vendre leurs m a r c h a n dises contre des denrées des îles propres à être écoulées en France, à des prix n o n plus imposés, mais débattus de gré à gré. Afin de se libérer, s'il était nécessaire, des exigences de c o m m e r c e causes

de

métropolitain

disette, le gouverneur,

M.

et de parer de

aux

Champigny,

ordonne de planter, entre autres cultures, le plus possible, 25 pieds de bananiers par tête d'esclaves (7 s e p t e m b r e ) . — 29 mai. — Les cafés p r o v e n a n t de nos colonies sont autorisés à pénétrer en France m o y e n n a n t certains droits, en concurrence avec la Compagnie des Indes qui avait seule le droit d'en

importer. L ' e x c é d e n t

d'importation

pourra être entreposé p e n d a n t six mois a v a n t de passer à l'étranger. — A la suite de cette mesure, la culture d u café se d é v e l o p p e rapidement aux Antilles. —

Un violent tremblement de terre est cause des plus

grandes pertes à la Martinique et à la G u a d e l o u p e . 1737,

16 mai. — Ordonnance dispensant les capitaines de

transporter des engagés, et leur prescrivant de

porter

à leur place les soldats nécessaires à la sécurité des îles. 1738.

L'introduction

des esclaves des Antilles en

France

étant interdite, elle est cependant tolérée pour permettre


73

1674-1763

un

apprentissage

ouvrier,

sans

q u e c e t apprentissage

d o i v e dépasser trois ans ; u n règlement royal d u 15 d é c e m b r e fixe les conditions de c e t apprentissage. 1744. L a France et l'Angleterre se déclarent m u t u e l l e m e n t la guerre les 17 et 29 mars. Dès le d é b u t des hostilités, les

Anglais

capturent

une quarantaine

de

bâtiments

français chargés de marchandises d ' E u r o p e . Les corsaires français r é p o n d e n t par des prises à p e u près équivalentes. Saint-Martin et Saint-Barthélemy ne p o u v a n t être d é f e n dues t o m b e n t

au p o u v o i r

— 5 juin. —

des Anglais.

Champigny

fait

occuper

Sainte-Lucie

par une c o m p a g n i e c o n d u i t e p a r de Longueville (8 juin). Celui-ci

est b i e n t ô t

remplacé

p a r de

Beyne,

envoyé

d'Europe. 1748, 28 octobre. —

Paix d'Aix-la-Chapelle.

Restitution

des conquêtes ; Saint-Vincent, la D o m i n i q u e , T a b a g o et Sainte-Lucie demeurent a u x Caraïbes. —

L e Maréchal de Saxe

d e m a n d e la souveraineté de

Madagascar p o u r la coloniser avec des familles allemandes. Le manque d'argent et d e navires le d é t o u r n e n t de cette entreprise ; il se contente de T a b a g o , c o n c é d é en s o u v e raineté relevant d e la c o u r o n n e . 1752.

B o r d e a u x exporte a u x îles p o u r plus de 5.500.000 1.

et en reçoit des denrées d'une valeur de 13.000.000 francs. 116

navires

accomplissaient

la traversée, 11

s'étaient

rendus en Guinée. D e 1750 à 1758, cette ville gagne dans son

commerce

tournois

grâce

avec

l'étranger

a u x denrées

194 millions

de livres

coloniales.

1754. Défense aux colons rentrant en France

d'emmener

a v e c e u x plus d ' u n nègre et obligation d e le ramener à leur retour, sous peine

d'amende.


74

MARTINIQUE,

1755.

Après

GUADELOUPE

de longues

Sainte-Lucie

nous

ET

DÉPENDANCES

contestations,

est reconnue

Longueville en est n o m m é

la possession

p a r l'Angleterre.

de De

gouverneur ; il o c c u p e r a ce

poste j u s q u ' à sa m o r t , en 1 7 6 1 . 1756. Les députés

du Commerce

à Paris

proposent

au

Ministre d'autoriser toutes les nations à faire le c o m m e r c e aux Iles j u s q u ' à ordre contraire. Les Chambres d e C o m merce protestent. L e Ministre n'autorise q u e les navires neutres munis d e passeports. L'année suivante l ' a u t o r i sation est étendue à tous les navires étrangers des colonies voisines. 1757. Pendant la guerre d e Sept ans, les Antilles privées de

subsistance

tirent leur

ravitaillement

des colonies

hollandaises et espagnoles. 1758. Les Anglais s'emparent de la G u a d e l o u p e . — Les circonstances de la guerre obligent le g o u v e r n e m e n t à autoriser la libre introduction des viandes étrangères. 1759. 25 janvier. — Ordonnance des administrateurs a c c o r d a n t p o u r quatre mois l'entrée sans droit et la sortie de m ê m e à tous navires français et neutres

apportant

des vivres dans les quatre ports principaux. Ils p o u v a i e n t emporter les denrées diverses d e l'Ile et n o n pas seulem e n t les sirops

ou les tafias. Le Ministre autorise le

26 juillet une entière liberté de c o m m e r c e p o u r les regnicoles o u étrangers porteurs de comestibles et autres effets. 1759, juillet. — Edit d e Création d'une Chambre mi partie du Commerce et d'Agriculture aux Iles d u V e n t . — 1

e r

décembre. — O r d o n n a n c e a c c o r d a n t aux g o u -

verneurs un traitement

fixe

en remplacement d u droit

de 2 % autorisé par l'Ordonnance de 1723. Il est a c c o r d é


1674-1763 au

gouverneur

un traitement

75

de 150.000

livres

et a

l ' i n t e n d a n t 120.000. Par une autre o r d o n n a n c e d u m ê m e j o u r , il est d é f e n d u a u x gouverneurs d'épouser des filles créoles. 1760, 15 a o û t . — Pacte de Famille, signé par les Maisons de France et d ' E s p a g n e , puis par celles d e Naples e t d e P a r m e . Il ébranle le système colonial

en A m é r i q u e espa-

g n o l e , mais il assure l'union des Maisons de B o u r b o n p o u r la p r o t e c t i o n d e leurs possessions dans le N o u v e a u M o n d e , les Antilles en particulier, dans l'état où elles se t r o u v e r o n t lors de la paix générale. L e régime d u traitement national était accordé a u x sujets des autres couronnes en matière de c o m m e r c e , de navigation et d'établissement (art. 23-25). Le

P a c t e créait d o n c une véritable union

économique

entre les colonies de la France et de l ' E s p a g n e . 1761, 19 décembre. — Arrêt d u Conseil d ' E t a t établissant un Bureau de législation des Colonies. Il se transforme rapidement

en un bureau de

contentieux.

— Election à la Martinique d u premier député des Iles en France :

Jean-Baptiste

D u b u c (1717-1795). Ce

créole, qui appartenait à l'une des principales

familles

de la Martinique, c o n n u e p o u r ses sentiments « r é p u blicains », c'est-à-dire autonomistes, d e v a i t devenir en 1765 Premier C o m m i s au Bureau des Colonies. Il j o u a c o m m e tel a u x côtés des ducs d e Choiseul et d e Praslin un rôle de premier plan. 1762, Les Anglais s ' e m p a r e n t 1763,

de la D o m i n i q u e .

10 février. — Traité de Paris.

La

France

recouvre

la Martinique, la

Guadeloupe,

Sainte-Lucie, Belle-Isle. Elle o b t i e n t le droit d e pêche à T e r r e - N e u v e et Saint-Pierre et Miquelon. Elle perd le Canada, l'Ile R o y a l e , la vallée d e l'Ohio et celle d u M i s sissipi, la Grenade et les Grenadines. Saint-Vincent, la


76

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

D o m i n i q u e et T a b a g o demeurent îles neutres. Elle renonce au Sénégal

sauf

Gorée. L ' E s p a g n e ,

p o u r reprendre la

H a v a n e , cède les Florides mais grâce au Pacte d e F a m i l l e , elle a reçu la Louisiane. Elle renonce au droit d e pêche à Terre-Neuve et reconnaît a u x Anglais celui de couper le bois de c a m p ê c h e sur les rives d u H o n d u r a s , à charge de détruire

les fortifications.

en

Elle

au Portugal

Elle restitue particulier

perd

aussi

ses possessions

San S a c r a m e n t o .

Minorque. d'Amérique,

L'Angleterre

acquiert

de grands d o m a i n e s , mais sa dette publique était passée p o u r la défense de ses colonies de 74 millions d e livres en 1739 à 1 3 2 , et la mise en valeur de s o n empire colonial devenait

problématique.

A v a n t de conclure affrontées

cette

p a i x , trois

thèses

s'étaient

:

1° Obtenir la Guadeloupe en rétrocédant le Canada. Les planteurs des îles anglaises espéraient s'assurer ainsi le m o n o p o l e d u c o m m e r c e des sucres. 2° Garder le Canada en r e n o n ç a n t à la G u a d e l o u p e . 3° Joindre Benjamin

au Canada Franklin

toutes les Antilles françaises-

avait soutenu la politique

nexion d u Canada, réfutant l'allégation

d'an-

q u e les treize

colonies, lorsqu'elles ne se sentiront plus menacées p a r le voisinage d e la France, se rendraient indépendantes. — 4 juillet. — M. d e B o u r l a m a q u e , gouverneur, reprend possession de la G u a d e l o u p e , au n o m de la F r a n c e . — Les Anglais

sont désintéressés

des dépenses

qu'ils

avaient

faites dans l'île p o u r des constructions et travaux d'utilité publique. — 8 juillet. — de la Martinique.

Les Français

reprennent

possession


TROISIÈME

Lorsqu'en

1763

la

PÉRIODE

:

Martinique

1763-1802

et

la

Guadeloupe

furent restituées à la France après une courte occupation par les forces britanniques, le Gouvernement, qui subissait depuis plusieurs années l'influence de la n o u velle école physiocratique, décida de réformer de fond en comble l'administration civile et militaire ainsi que le régime commercial des deux Iles. L'économiste

Le

Mercier de la

Rivière,

assumé de 1759 à 1762 la tâche délicate

qui

avait

d'Intendant

des Iles du V e n t , fut renvoyé à F o r t - R o y a l c o m m e Intendant de la Martinique a u x côtés du marquis de Fénelon n o m m é Gouverneur, tandis que le Président de Peynier gagnait

Basse-Terre

en

compagnie

du

Chevalier

de

Bourlamaque : pour assurer le libre épanouissement de la Guadeloupe le Gouvernement Général des Iles avait été

scindé

en

deux

gouvernements

particuliers

afin

de supprimer le contrôle des commissionnaires de SaintPierre sur l'ensemble du trafic des colonies jumelles et ceci marque une première offensive des

habitants

débiteurs contre les négociants créanciers. Tous ces administrateurs, hommes de grand savoir et de grand caractère, étaient acquis au libéralisme et


78

MARTINIQUE,

pour

cette

GUADELOUPE

raison,

semble-t-il,

ET

DEPENDANCES

avaient

été

chargés

d'appliquer les lois nouvelles, dont les unes, politique, étaient inspirées des idées de

d'ordre

Montesquieu

et les autres, d'ordre économique, reflétaient les idées de Quesnay — lois à la rédaction desquelles ils avaient assisté quand ils n ' y boré. Dès 1 7 6 1 ,

avaient

en effet,

pas directement

Choiseul avait

sailles un Bureau de Législation

créé à

collaVer-

des Colonies qui recueillit,

dans ses débuts au moins, toutes les suggestions utiles à la grande œuvre qui lui était assignée. Le m o m e n t avait

paru

être v e n u

de réorganiser

antillaises en tenant compte

les

possessions

de la maturité

politique

de leur population, du développement de leur culture et de leur industrie,

enfin de la situation

particulière

de la France et des conditions générales de l'économie mondiale. D u point de vue politique, la Cour avait

accepté

d'associer les habitants à la gestion de leurs intérêts collectifs, d'autant plus que le R o i , désirant se décharger sur eux de certaines dépenses militaires qu'il ne pouvait plus supporter, était contraint de leur accorder quelques concessions. Les Iles étaient donc dotées de Chambres d'Agriculture, Conseil

de Commerce

dont les députés auprès

seraient

désormais

en état

du de

faire entendre les avis des Planteurs que la v o i x des négociants de la Métropole avait jusqu'alors

étouffés.

Le Gouvernement semblait rendre de la bride, mais la transformation des milices devait consolider l'autorité royale en concentrant dans les mains du Général une puissance demeurée éparse entre les grands planteurs « c o m mandants de quartiers ». Cette mesure n'alla pas sans soulever de très vives résistances qui la tinrent en échec.


79

1763-1802 D u point de vue économique, une brèche était portée au principe de l'Exclusif

sérieuse

en faveur

des

sirops et des tafias dont l'écoulement à l'étranger était enfin autorisé en échange de matériaux nécessaires a u x sucreries

et

de

quelques

comestibles

indispensables.

Depuis le début du siècle les habitants avaient lutté pour obtenir cette permission, à défaut de la permission d'exporter

les sucres que la métropole

ne

parvenait

plus à absorber ; la vente des sous-produits de l'industrie

sucrière

contribuerait,

charges d'exploitation

disait-on,

à diminuer

sans cesse accrues par

les

l'accu-

mulation des crédits et l'élévation du prix des esclaves. Les

colonies

réformes

antillaises

de 1 7 6 3

politique, mais

avaient

donc

gagné

aux

une certaine liberté économique et

toutes

les

questions demeuraient

en

suspens. La cabale des Parlementaires et des Fermiers Généraux l'emportait à Versailles sur les Physiocrates ; les artisans principaux de ce qu'on appelait déjà la « régénération

» étaient

disgraciés

ou

paralysés

par

les intérêts particuliers coalisés pour mieux se défendre. Les Planteurs, refusant d'entrevoir la libération, s'assoà des

ciaient

mesures

toujours

plus restrictives

des

affranchissements ; les armateurs s'unissaient contre le relâchement du Pacte Colonial — autres

ne

comprenaient

qu'en

ni les uns, ni les

comprimant

certaines

forces on favorise leur explosion. Les avances des gens de Saint-Pierre

commençaient

en effet à peser durement sur les gens de la campagne : la majeure part des bénéfices par le service

agricoles était

des intérêts, tandis

dévorée

que les difficultés

auxquelles se heurtait la traite engendraient une hausse du prix

de revient

de la

main-d'œuvre

servile.

La


80

MARTINIQUE,

traite — —

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

et le système des engagements jusqu'en

1774

avait longtemps fourni un travail gratuit dès l'ins-

tant que les fonds d'achat avaient été amortis, car la « pratique du samedi », journée abandonnée au « nègre » pour la culture de son carré de terre, rendait ce malheureux responsable de son habillement et de sa nourriture. Mais

peu après la césure

XVIII

e

siècle, les

premiers

méfaits économiques des excès, auxquels les chasseurs d'hommes

s'étaient

livrés

sur

les

côtes

africaines,

s'étaient fait sentir. Les comptoirs s'étaient multipliés le long de l'Atlantique,

et les tribus riveraines

avaient

été dévastées. Il fallut désormais pénétrer dans l'intérieur des terres, jusqu'à deux cents lieues de l'océan, et cette incursion, avec tous les dangers qu'elle comportait alors, augmenta singulièrement le prix du « bois d'ébène

». Ce fut

un signe avertisseur ; la

nécessité

de sauvegarder une race, dont la disparition en son lieu d'origine menaçait d'arrêter le renouvellement des ateliers antillais, incita les administrateurs à se préoccuper d'une protection tardive —

et l'on se demanda si la

seule protection réelle ne consisterait pas dans l'affranchissement. E n faveur de la libération tout un m o u v e m e n t caractère évangélique

de

était né parmi les Quakers de

l'Amérique anglaise ; en France, un m o u v e m e n t

ana-

logue, de caractère rationnaliste, se dessinait chez les Philosophes, et ces deux tendances contribuèrent certainement Intendants

à développer des

chez les Gouverneurs

dispositions

favorables.

La

et les

question

fut agitée jusque dans les Bureaux du Ministre. Par un enchaînement invincible de circonstances, l'institution la plus efficace de la prospérité des Iles à Sucre était


81

1763-1802

condamnée ; la résistance que les Planteurs opposeront à

l'événement

créera

le plus profond

remous

de

la

période proprement révolutionnaire. M.

de Sartines, en

événements

qui

se

1 7 7 5 , semble préparaient

à

avoir

deviné

les

Saint-Domingue

c o m m e a u x Iles-du-Vent, si de sages réformes n'intervenaient à t e m p s . Le soulèvement de l'Amérique

du

Nord n'avait-il pas la valeur d'un présage ? D i x ans après que le Bureau

de Législation

créé par Choiseul

eût clos ses t r a v a u x — infructueux — il réunit dans un Comité

de Législation

des Colonies

les administrateurs

et les juristes les plus remarquables qu'il pût atteindre. Le comte d ' E n n e r y ,

Guillemain de Vaivres,

Malouet

alors à ses débuts, Foulquier, conseiller au Parlement de Toulouse, Le Mercier de la Rivière, le Martiniquais Moreau de Saint-Méry, juriste et archéologue, quelques autres encore, tous ces h o m m e s qui avaient vieilli dans la pratique des affaires antillaises, et parmi l'Empire

trouvera

des exécutants

lesquels

de premier

ordre,

collaborèrent à la grande œuvre de rénovation que le Maréchal de Castries, s'efforça

à la suite de

M.

de Sartines,

de réaliser.

Dès 1 7 8 0 , l'accord des commissaires et du Ministre était acquis, aussi bien

sur la question

sur celle de l'affranchissement nécessité

de

doter

les

colonies

des dettes et

des noirs, que sur la d'Amérique

d'assem-

blées élues, par l'intermédiaire desquelles les habitants pourraient

participer

à

l'administration

de

leur

île

d'une manière autrement efficace que par les Chambres d'Agriculture. entre

la

seules la

Les hostilités, qui se déroulaient

France

et

publication

ANTILLES

la

Grande-Bretagne,

des édits

alors

retardèrent

que le Comité

avait 6


82

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

longuement mûris. U n an après la Paix, le Roi signait l'arrêt célèbre constituant en ports d'entrepôt

Saint-

Pierre, Pointe-à-Pitre, Sainte-Lucie et Scarborough de Tabago,

ports où les étrangers

étaient admis à porter

en échange des sirops et des tafias un certain nombre de produits dénommés ; les facilités accordées en 1 7 6 3 et 1 7 6 5 étaient étendues (30 A o û t 1 7 8 4 ) . Q u a n t à l'acte de création des Assemblées Coloniales, il ne fut promulgué qu'en l'acte

1 7 8 7 , le 17 juin,

établissant

Provinciales

dans

calquées

la

quelques jours

Métropole

sur leur

les

avant

Assemblées

modèle.

Peu après le Maréchal de Castries quittait le pouvoir, et a u x réformes méthodiques que méditait une Monarchie pour laquelle le temps ne comptait pas, la R é v o lution

allait

donner

transfigura les effets.

un

rythme

précipité

D e 1 7 8 9 à 1 7 9 4 les

qui

en

Assemblées

métropolitaines voteront des mesures bouleversant sans aucun ménagement, sans aucune préparation, des situations complexes résultant d'un passé séculaire. L'accession des mulâtres, puis des noirs à la liberté et à l'égalité —

c'est-à-dire la ruine brutale et inconditionnelle des

Planteurs —

cette tentative

de révolution

sociale à

laquelle la révolution politique qui s'opérait en France n'offre rien d'analogue, devait jeter les deux îles dans des désordres sanglants. Chacune d'elles traversa « pour son compte » la tempête : leur histoire particulière présente pour cette période une disparité complète. Tandis qu'à la Martinique, les Planteurs

appelaient

à leur aide l'Angleterre pour échapper aux lois françaises préparant l'abolition de l'esclavage et restaient pendant huit

ans, de 1794 à 1802 sous la domination

britannique, les

Planteurs guadeloupéens qui avaient


83

1763-1802

adressé le m ê m e appel, ne purent conserver plus de six mois les positions qu'ils avaient acquises avec le concours de l'étranger. Le

Commissaire

civil

Victor

Hugues,

grâce

à

la

fidélité de Sainte-Lucie, reprenait pied à Pointe-à-Pitre quelques mois après la reddition de R o c h a m b e a u

au

Fort R o y a l devenu un instant Fort République, et la Guadeloupe connut un régime de semi-liberté pendant que les esclaves de la Martinique demeuraient sous le j o u g . Jusqu'au guerre

traité

d'Amiens

franco-anglaise,

la

en

1802,

Guadeloupe

terminant

la

constitua

un

v i v a n t foyer de patriotisme d'où les idées révolutionnaires Le

rayonnèrent

rétablissement

sur toute

l'Amérique

de l'esclavage

et

du

Nord.

de la traite,

retour à l'édit de 1 7 8 4 limitant les ports

le

d'entrepôt

y furent accueillis avec résistance et il s'en fallut de peu que la révolte des noirs n'eût les mêmes suites qu'à Saint-Domingue. A la Martinique, au contraire, où la population avait été sevrée de liberté, les lois de 1 8 0 2 passèrent presque inaperçues. Les Planteurs e u x - m ê m e s , quelque tage qu'ils eussent retiré de l'ouverture

avan-

de tous

les

ports de l'île, ne se sentaient pas blessés dans leurs intérêts ; sous la domination anglaise, ils avaient connu la concurrence

des autres

Iles à sucre

britanniques,

de la Jamaïque en particulier, sur le marché de leur nouvelle

métropole ; redevenus

français, ils

voyaient

s'établir à leur profit un Exclusif qui jouait dans les cadres de leur patrie agrandie par les conquêtes de la Convention et du Directoire. La

Révolution

avait retardé

de cinquante

ans

réalisation des réformes préparées par la Monarchie.

la


84

MARTINIQUE,

1763.

GUADELOUPE

L a Martinique

et la

ET

DÉPENDANCES

Guadeloupe f o r m e r o n t

deux

gouvernements particuliers, indépendants l ' u n d e l'autre. Par cette mesure o n s'efforce de r o m p r e la sujétion é c o n o mique sujétion

d e la G u a d e l o u p e

de la

Martinique,

qui résultait d e la concentration

vis-à-vis

des affaires

entre les mains des commissionnaires

d e Saint-Pierre,

et qui paralysait le d é v e l o p p e m e n t normal de la colonie. L e transport des denrées à Saint-Pierre accroissait les prix de revient et créait un véritable handicap

au profit

des planteurs martiniquais. —

Sugar Act (dirigé principalement contre les colonies

françaises des Antilles), réduisant d e 50 %

les droits

prévus par la loi de 1733 sur les sucres importés de l'étranger dans les colonies anglaises.

L a v o l o n t é d e le mettre

en application, alors q u ' u n t e x t e antérieur était demeuré lettre m o r t e , p r o v o q u e un m é c o n t e n t e m e n t général. L a c o n t r e b a n d e , d'ailleurs, le rend

inefficace.

— 9 avril. — Création d'une Chambre

d'agriculture

à la G u a d e l o u p e et à la Martinique. — 18 avril. — Mémoire d u R o i p o u r servir d'instruction générale a u x gouverneurs et intendants d e ces colonies sur l ' e x p o r t a t i o n des sirops et tafias de leur crû en échange des effets et denrées spécifiées dans la présente instruction. — 30 Juin. — O r d o n n a n c e décidant l'expulsion totale des noirs qui se t r o u v e n t dans le r o y a u m e . — juillet. —

Etablissement d ' u n service régulier d e

p a q u e b o t s entre la France et les Iles. — Les régiments d e ligne sont substitués a u x troupes détachées d e la marine p o u r la défense des îles. Des


85

1763-1802

détachements des régiments de Beauvais, d e Saintonge, d e V e r m a n d o i s et d e V e x i n arrivent successivement en 1763, 1765, 1767 et 1769. — Les planteurs a y a n t manifesté les plus grandes répugnances à accepter ces d é t a c h e m e n t s , les régiments

ci-dessus seront

remplacés

en 1772 par

4 régiments spéciaux, sédentaires, d o n t 2 p o u r

Saint-

D o m i n g u e , 1 pour la Martinique et 1 p o u r la G u a d e l o u p e . Ces forces s'étant avérées insuffisantes

au m o m e n t où

la guerre menaçait dans les colonies anglaises d ' A m é r i q u e , elles furent renforcées en 1775 à la Guadeloupe par l'envoi d u régiment d ' A r m a g n a c (affaire L a b o r d e , 14 janvier 1778). Ces mesures avaient p o u r résultat d e superposer a u x milices, troupes locales dans la main des planteurs, des forces métropolitaines chargées de sauvegarder un régime que l'esprit d ' a u t o n o m i e des grands sucriers m e t t a i t sans cesse en péril. 1766. D u b u c d u Ferret remplace J . - B . D u b u c au Conseil d u Commerce. 1768, 20 septembre. — Rétablissement d u g o u v e r n e m e n t général des Antilles sous la d é n o m i n a t i o n d e g o u v e r n e m e n t général des Iles d u V e n t d e l ' A m é r i q u e . 1771.

Emilien

Petit publie

un recueil

de lois

antillaises

sous le titre de Droit Public ou Gouvernement des colonies françoises. 1772, 18 août. — Création de 4 régiments coloniaux sous la d é n o m i n a t i o n d e régiments d u C a p , d e P o r t au Prince, Martinique et G u a d e l o u p e . 1774, 10 septembre. — Arrêt supprimant officiellement les engagements, qui avaient en fait à p e u près cessé dès 1737. — Recrudescence de la traite négrière. — 29 décembre. — D e Nozières, gouverneur général, et Tascher, intendant, promulguent une ordonnance astrei-


86

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DEPENDANCES

g n a n t les gens d e couleur se disant libres à représenter dans un délai de trois mois les titres et leur affranchissem e n t . — Cette o r d o n n a n c e f u t annulée par un arrêt d u Conseil d ' E t a t d u 8 juin 1776. Sartines c o n v o q u e à Versailles des gouverneurs g é n é -

1775,

r a u x et des intendants d e passage en France p o u r d i s cuter de la réforme des colonies. Il constitue en 1778 u n n o u v e a u Comité de Législation

des Colonies, d o n t

font

partie M M . d ' E n n e r y , d e Tascher, de Foulquier, Malouet, etc..

L'année suivante L e Mercier de la Rivière y est

appelé et en d e v i e n t

le secrétaire-général.

Ce c o m i t é

prépare un ensemble m o n u m e n t a l de projets, d o n t certains passeront dans la législation en 1784 et 1787. 1776, juin. — E d i t relatif à la conservation des Archives et des papiers 1777, 1

e r

publics.

juin. — O r d o n n a n c e p e r m e t t a n t

l'introduction

en France des sirops et des tafias des colonies, mais p a r entrepôt et p o u r être ensuite exportés à l'étranger. — 9 août. — Déclaration d u roi renouvelant l'interdiction d u séjour des noirs en France et o r d o n n a n t de renv o y e r c e u x qui s'y t r o u v e n t . —

Emilien Petit publie son Traité sur le gouvernement

des esclaves. — Malouet est e n v o y é en G u y a n e a v e c mission d ' e n réformer

l'administration

et d e créer

une

Assemblée

coloniale, sur le t y p e a d o p t é par le Comité de législation. 1778, 6 février. — L a France signe un traité secret « d'amitié et de c o m m e r c e » a v e c les insurgés d ' A m é r i q u e . Par les art. 6 et 7 la France renonçait à t o u t e r e v e n d i cation o u c o n q u ê t e sur le continent américain e t les E t a t s Unis promettaient de ne p o i n t faire obstacle à des a c c r o i s -


1763-1802

87

sements de notre souveraineté dans les Indes Orientales. L'article 32 d u traité d e c o m m e r c e spécifiait q u e les ports francs des Antilles — qui n'étaient en réalité q u e des ports d ' e n t r e p ô t — demeureraient t o u j o u r s ouverts a u x « Américains ». Par l'interprétation q u e ces derniers p r é tendirent d o n n e r à cette stipulation, le régime é c o n o m i q u e des îles d u V e n t aurait été entièrement bouleversé ; il f u t , en réalité, p r o f o n d é m e n t —

transformé.

Les neutres sont admis à ravitailler les Iles, c o m m e

ils l'avaient fait dans les dernières années d e la guerre de Sept A n s . D e v a n t les protestations des armateurs, la mesure est rapportée. 1778-1782. A u cours

de la guerre

franco-américaine,

le

marquis de Bouille, gouverneur général des Iles, s'empare de la D o m i n i q u e en 1778, Saint-Vincent et la Grenade 1779, de T a b a g o ,

en

Saint-Eustache

et

Saint-Martin

en 1781, d e Saint-Christophe, Nièves et Montserrat en 1782 ; il échoue d e v a n t Sainte-Lucie. L e v i c o m t e d e D a m a s conquiert Saba. D e fréquents c o m b a t s navals furent engagés entre les amiraux français

d'Estaing,

Guichen

e t , d e Grasse, et

les amiraux anglais B y r o n et R o d n e y . D e Grasse, soutenu par l'amiral espagnol Solano, s u c c o m b a dans la dernière attaque a u x Saintes et fut fait prisonnier (12 avril 1782). 1781, 24 novembre. — Parmi tous les textes préparés p a r le Comité de législation, le maréchal de Castries publie une o r d o n n a n c e sur les Missions et une autre sur les chemins 1782.

publics.

François d e Foulquier, Président au Parlement de

Toulouse et m e m b r e d u Comité de Législation des C o l o nies, est n o m m é intendant de la Guadeloupe (2 février). Il a mission d e réformer l'administration et la justice ; il y créera une Assemblée coloniale. Il deviendra en 1786 intendant de la Martinique où il décédera le 13 février 1789.


88

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

— 16 mai. —

Suppression

ET

DÉPENDANCES

du député

des Antilles

auprès d e la cour d e France. — Les droits sur les sucres sont portés à 60 livres par

quintal. 28 juin. — Arrêt encourageant la traite des Noirs.

1783,

— 3 septembre. — Traité d e Versailles. L ' i n d é p e n d a n c e des Etats-Unis est r e c o n n u e . Les pêcheries de T e r r e - N e u v e et la navigation d u Mississipi sont c o m m u n e s à l ' A n g l e terre et à l ' A m é r i q u e . L a France reçoit T a b a g o . 1784, 16 avril. — L e Ministre interdit d e transporter des nègres d'une colonie à l'autre. Il s'agit de préserver les cultures en conservant à c h a q u e exploitation sa m a i n d'œuvre. — 30 août. — Arrêt constituant en ports

d'entrepôt

Saint-Pierre de la Martinique, Pointe-à-Pitre de la G u a d e l o u p e , Sainte-Lucie, L e Cap Français,

Port-au-Prince

et Les Cayes d e S a i n t - D o m i n g u e ; et autorisant les étrangers à y porter certaines espèces d e comestibles, quelques matières premières

(bois, c h a r b o n s , cuirs, résines, g o u -

drons) et des animaux d e toute nature. Ainsi s'organise le système d e l' « Exclusif mitigé ». — 20 octobre. —

Cession

de l'île

Saint-Barthélemy

à la Suède afin d ' o b t e n i r la faculté d e déposer des m a r chandises dans le p o r t de G o t t e m b o r g et d e les réexporter sans payer d e droits. — 31 octobre. — Arrêt d u Conseil d ' E t a t

autorisant

tous les ports d e France à participer au c o m m e r c e des Iles. 1786, 27 mai. — Arrêt instituant le « d r a w b a c k » en faveur des sucres. Les droits sont restitués et lorsqu'il

s'agit

des sucres raffinés, une prime de 4 livres est p a y é e p o u r chaque quintal

réexporté.


1763-1802

89

— décembre. — Organisation d ' u n service régulier d e paquebots

entre la France

Saint-Domingue.

et les Antilles, y

U n e rivalité

commerciale

compris

inquiétante

c o m m e n c e à s'établir entre Basse-Terre et P o i n t e - à - P i t r e . 1787, 17 juin. — O r d o n n a n c e p o r t a n t établissement dans les Iles d u V e n t , après expérience à la G u a d e l o u p e , d'une Assemblée Coloniale et d ' u n Comité intermédiaire aux lieu et place des Chambres d'Agriculture.

Cette

assemblée,

élue p o u r quatre ans et renouvelable p a r moitié p a r les assemblées paroissiales, avait p o u r mission d e délibérer sur l'assiette et la répartition de l ' i m p ô t ordonné par le R o i . T o u t propriétaire d e 12 esclaves o u d ' u n e

maison

v a l a n t 40.000 £ était électeur. L ' A s s e m b l é e coloniale était c o m p o s é e d u gouverneur, l'intendant, le plus ancien

commissaire

de la marine,

2 députés d u Conseil souverain, 1 d é p u t é élu de chacune des paroisses de l'île, 2 députés des propriétaires d e SaintPierre et d e P o r t d e France (1 p o u r c h a q u e ville). L a première assemblée se réunit le 27 d é c e m b r e 1787. 1788, 11 septembre. — L a qualité de représentants d e la colonie est refusée a u x neufs Commissaires d u Comité Colonial e n v o y é s en F r a n c e . — novembre. — E d i t étendant a u x colonies l'application d e l'édit d e n o v e m b r e 1787 restituant a u x p r o testants un état-civil. 1789, 5 mai. — l'inauguration

Necker, dans s o n discours p r o n o n c é à des Etats Généraux, déclare :

« U n jour viendra peut-être, Messieurs, où v o u s é t e n drez plus loin v o t r e intérêt ; un jour viendra

peut-être

où associant à v o s délibérations les députés des colonies v o u s jetterez un regard de compassion sur ce malheureux peuple d o n t on a fait tranquillement un barbare

objet

de trafic ; sur ces h o m m e s semblables à nous par la pensée


90

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

et surtout p a r la faculté d e souffrir ; sur ces h o m m e s c e p e n d a n t q u e sans pitié p o u r leurs douloureuses plaintes nous a c c u m u l o n s , nous entassons au fond d ' u n vaisseau p o u r aller ensuite à pleines voiles les présenter aux chaînes qui les a t t e n d e n t . » — 1

e r

juillet. — Moreau de Saint-Méry est élu prési-

d e n t des Electeurs d e Paris. A ce titre il jouera un rôle i m p o r t a n t p e n d a n t les journées d u 13 et d u 14. Il fait nommer

le 15 L a F a y e t t e

commandant

d e la

Garde

Nationale, et décerne à Bailly le titre n o u v e a u de Maire de Paris. Il harangue le R o i lors d e sa réception à l ' H ô t e l de Ville le 17. — 25 septembre. —

Les colons

d e la

Martinique

résidant à Paris élisent p o u r députés Moreau de SaintMéry et le c o m t e A r t h u r de Dillon, maréchal d e c a m p depuis

1784 et ancien

gouverneur

de Tabago.

Dillon

appartenait à une famille anglaise implantée en France et avait acheté à la Martinique une i m p o r t a n t e habitation. Il défendit la cause des Grands Blancs et s'opposa v i v e m e n t le 4 mars 1791 à l'admission à la barre de l ' A s s e m blée d'une d é p u t a t i o n de gens de couleur. (Voir 1792). 1790, 28 mars. —

Décret

d e l'Assemblée

Constituante

autorisant les colonies à élire au suffrage universel (les indigents

seuls

étaient

exclus)

des assemblées

locales

chargées « d e faire connaître leurs v œ u x sur la Constitution, la législation

et l'administration

qui leur

con-

viennent. » — 9 avril. — Proclamation d u R o i sur un décret d e l'Assemblée

Nationale d u 28 mars 1790 et concernant

l'élection des Assemblées coloniales. — 15 mai. — Grâce à l ' a b b é Grégoire, à Robespierre et à R e w b e l l , les droits de citoyens actifs sont reconnus


1763-1802

91

aux mulâtres « fils de père et mère libres ». Mais une colonie telle q u e S a i n t - D o m i n g u e ne c o m p t a i t q u e 20.000 mulâtres sur 455.000

habitants.

— 21 juin-7 juillet. — Décret o u v r a n t tous les ports de France au c o m m e r c e colonial. 1791,15 mars. — L o i s u p p r i m a n t les primes d e réexportation et établissant les droits suivants : 18 francs par quintal de sucre b r u t , 36 francs p a r quintal de sucre terré et 50 francs p a r quintal d e sucre raffiné. Quelques jours plus tard, le 29 mars, des surtaxes réduites sur les sucres étrangers furent adoptées afin d e créer une légère p r o tection en faveur des sucres des colonies. — 3 avril. — L e Comité d'Agriculture et de C o m m e r c e s'adjoint d e u x m e m b r e s supplémentaires choisis dans les « députations » d e la Martinique et de la Guadeloupe : Moreau de Saint-Méry p o u r la première et le sieur d e la Charrière pour la s e c o n d e . Ainsi les intérêts de chacune des d e u x îles p o u r r o n t être librement défendus à l ' A s s e m blée Constituante. — 9 avril. — L ' A s s e m b l é e Constituante, sur l'interv e n t i o n de Moreau de Saint-Méry, écarte le p r o j e t d u Ministère des Colonies et laisse l'administration des territoires d ' o u t r e - m e r au Ministre de la Marine. (Voir 1669). — 9 décembre. — L'Assemblée Coloniale d e la Martinique a d o p t e l'idée des colons d e la Guadeloupe d e réunir un Congrès Général chargé d'élaborer un statut c o m m u n p o u r les Iles de la G u a d e l o u p e , de la Martinique, de SainteLucie et de T a b a g o . 1792, 28 mars. — Décret a c c o r d a n t à tous les h o m m e s d e couleur libres, sans distinction d'origine, les droits politiques.


92

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

— 4 avril. — Décret assimilant les h o m m e s de couleur et les nègres libres a u x b l a n c s , dans l'exercice des droits politiques. — J u i n . — A r t h u r de Dillon, d é p u t é d e la Martinique, est n o m m é c o m m a n d a n t en chef de l'armée d u N o r d . D e v e n u suspect après le 10 a o û t , il f u t mis sous les ordres

de Dumouriez,

mais

il partagea

ses intrigues.

D é n o n c é à la C o n v e n t i o n , il d e m a n d a à être relevé de ses fonctions e t à retourner a u x Antilles. Déféré au T r i bunal R é v o l u t i o n n a i r e , il f u t c o n d a m n é à m o r t le 14 avril 1794 et exécuté le m ê m e j o u r . (Voir 1789). — 11 août. — L a C o n v e n t i o n supprime par d é c r e t la prime accordée à la traite des noirs. — 22-23 août. — L o i organisant la représentation des colonies françaises à la C o n v e n t i o n . S a i n t - D o m i n g u e e u t 18 députés ; la G u a d e l o u p e 4 ; la Martinique 3 ; L a R é u nion, l'Île-de-France et l ' I n d e Française, 2 ; Sainte-Lucie, T a b a g o et la G u y a n e , 1. — 19 septembre. — Les républicains d e la Martinique réfugiés à R o s e a u de la D o m i n i q u e élisent députés Crassous de Médeuil, a v o c a t au Conseil Supérieur de F o r t R o y a l , Janvier L i t t é e , h o m m e de couleur, et Arnaud d e Corio, d é p u t é suppléant. Les Républicains élisent

Guillermin,

c o m m e suppléant,

qui décédera

de la G u a d e l o u p e

en m e r , D u p u c h e t ,

Lion.

1793, 19 février. — D u b u c et L. de Curt, délégués p a r les planteurs de la Martinique et de la G u a d e l o u p e , signent un accord a v e c les Anglais à W h i t e h a l l . (Voir Martinique), accord

formellement

r é p r o u v é p a r les Princes

émigrés

qui espéraient établir leur autorité dans les d e u x îles. — 19 février-26 mars. — Décrets accordant a u x navires des « Américains » des facilités p o u r c o m m e r c e r a v e c les Antilles e t les approvisionner en vivres.


1763-1802

93

— 29 mai et 16 novembre. — L e Martiniquais Alexandre de Beauharnais est n o m m é général en chef d e l ' A r m é e d u R h i n (29 mai) et le Guadeloupéen

Coquille D u g o m -

mier général en chef d e l ' A r m é e des Alpes et d'Italie (16

novembre).

— 11 septembre. — L a Convention supprime tous les droits perçus à l ' o c c a s i o n d u trafic colonial. Les sucres étrangers s u p p o r t e n t des taxes très faibles d e 3 fr. 60, 7 fr. 20 et 10 francs par quintal suivant leur qualité. Un droit de 0 fr. 50 fut rétabli pour les besoins de la Trésorerie le 3 Frimaire an V sur les sucres c o l o n i a u x . — 21 septembre. — Acte de Navigation p a r lequel la C o n v e n t i o n exclue les marines étrangères d u trafic colonial et d u c a b o t a g e : « Car sans marine, p o i n t d e colonies et sans colonies, p o i n t de prospérité c o m m e r c i a l e . » (Barnave). — octobre. — L a Martinique

et la G u a d e l o u p e

se

constituent s p o n t a n é m e n t en d é p a r t e m e n t s . — Les Anglais reconquièrent T a b a g o . 1794,

4 février (16 Pluviôse an I I ) . — « L a Convention

déclare aboli l'esclavage des nègres dans toutes les colonies ; en conséquence elle décrète q u e tous les h o m m e s sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies, sont citoyens français et j o u i r o n t d e tous les droits assurés par la Constitution. » — Cette mesure confirma l'affranchissem e n t des noirs de S a i n t - D o m i n g u e accordé par le c o m m i s saire S a n t h o n a x , le 29 a o û t 1793. A u x Petites Antilles la loi ne parvint à la Martinique, qui v e n a i t d e t o m b e r au p o u v o i r

des Anglais, q u e plusieurs semaines

après

sa c o n q u ê t e ; seule la p o p u l a t i o n servile d e la Guadeloupe p u t en éprouver l'application. —

13 octobre. — Crassous d e Médeuil, député

d e la

Martinique, propose à la Convention l'érection à E r m e -


94

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

nonville d u m o n u m e n t dédié à Jean-Jacques

Rousseau.

Il sera n o m m é secrétaire d e la C o n v e n t i o n le 22 o c t o b r e . 1795, 18-19 juin. — Sainte-Lucie est reprise p a r G o y r a n d aux Anglais, qui a b a n d o n n e n t dans la rade 150 b â t i m e n t s . Elle est reperdue le 1

er

juillet 1796 après une héroïque

défense. Les Anglais a y a n t perdu b e a u c o u p d e m o n d e d o i v e n t renoncer à leurs opérations contre la G u a d e l o u p e . 1799,11 janvier. — A c h a r d présente à Frédéric-Guillaume I I I de Prusse le premier échantillon d e sucre d e b e t t e r a v e . Il obtient une s u b v e n t i o n r o y a l e . Les Anglais s'efforcent de faire obstacle à la nouvelle industrie qui se d é v e l o p p e en B o h ê m e , en Silésie et en Russie. 1800.

L a Constitution de l ' A n V I I I supprime la d é p u t a t i o n

coloniale, mais maintient les colonies sous la puissance d u Législatif en f o n d a n t leur régime sur des lois.


QUATRIÈME

L'Exclusif teurs

PÉRIODE

:

1802-1848

mitigé et l'esclavage restaurés, les Plan-

pouvaient

espérer

en

un

second

dix-huitième

siècle. Mais l'Histoire ne recommence pas. Pendant tout le cours des guerres

napoléoniennes,

l'Angleterre isola les Antilles de la France, quand elle ne les occupa pas : ces îles éprouvèrent donc les effets de l'abolition de la traite dès 1 8 0 7 , année où Lord Grenville la fit voter par le Parlement, et par conséquent dix ans avant qu'elle fût promulguée en France. Le prix de revient de la m a i n - d ' œ u v r e servile — plus rare —

toujours

s'accrut au point de grever sensiblement

le coût de production du sucre. L'utilisation de la betterave, rendue nécessaire par le blocus et officiellement encouragée par

l'Empereur

en 1 8 1 2 , porta un autre coup à la culture des colonies du Vent. Très rapidement l'industrie sucrière, déchargée de toute fiscalité, prit dans la Métropole des proportions considérables et les Planteurs subirent une concurrence que les lois de 1 8 3 7 ,

1 8 4 0 et 1 8 4 3 eurent pour objet

d'affaiblir, mais non de supprimer. Le m o u v e m e n t des idées en faveur de l'affranchissem e n t des noirs se manifestait

d'autre part avec une


96

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

force imposante par tout l'Occident ; l'opinion publique, en

Angleterre

comme

en

France,

était

entièrement

acquise a u x principes pour lesquels Wilberforce avait c o m b a t t u depuis 1 7 8 7 , et que défendaient avec autant de courage que de talent Tocqueville, Broglie,

Passy

et Victor Schoelcher. Les conventions internationales, qui se succédèrent à partir de 1 8 3 1 en v u e de dépister la contrebande

négrière, et certaines lois

améliorant

le statut des esclaves annonçaient la grande

mesure

libératrice. Celle-ci fut votée en Angleterre dès 1 8 3 3 . Mais en France le parti des Planteurs demeurait puissant, et en 1 8 4 2 , à propos Anglais

prétendaient

du droit

exercer

en

de visite que les

vertu

des

accords

antérieurs, les négriers impénitents réussirent à faire revenir en arrière le gouvernement

royal, au

risque

de compromettre les relations diplomatiques entre Paris et Londres. E n dépit de ce sursaut de résistance, la législation

française

s'acheminait

vers

l'abolition,

et

la Seconde République put renouveler sans danger le geste de la Première ; le gouvernement provisoire prévit d'ailleurs de prudentes mesures

d'application...

L'expropriation des Planteurs pour être adoucie n'en était pas moins presque complète. L'essor de l'industrie sucrière dans la Métropole

semblait,

à vrai dire, la

rendre inévitable ; on verra plus loin à quels

efforts

d'adaptation les Antillais durent de sauvegarder situation, métropole.

en partie au moins,

sur le marché

leur de la


1802-1848

97

1802, 25 mars. — Paix d ' A m i e n s . L'Angleterre restitue la Martinique mais garde la Trinité (espagnole) et la G u y a n e (hollandaise). — 26 mai. —

Nouvelle

organisation

administrative

des colonies. Gouvernées p a r un Capitaine Général, un Préfet Colonial et un Grand J u g e , elles sont soumises à un régime de décrets. — 30 mai. — L o i rétablissant l'esclavage et la traite. — 18 juin. —

Organisation de la justice suivant le

régime de la m é t r o p o l e . — 23 juin. —

L e d i t d e 1784 sur le c o m m e r c e est

rétabli. — 2 juillet. — Les mulâtres perdent leurs droits politiques. Il leur est interdit d'entrer dans la Métropole. 1803-1805.

L e Code

civil

est p r o m u l g u é

aux

Antilles.

1807, février. — L a traite des nègres est défendue au P o r tugal. — 2 mars. — Les Etats-Unis interdisent l'importation d'esclaves africains à partir d e 1808. — 25 mars. — Lord Grenville fait v o t e r par le P a r lement l'abolition

de la traite, déjà

restreinte

l'année

précédente. L'African Institution, qui s'organise, veillera au respect d e la l o i , à son extension à l'étranger, à l ' é d u cation des noirs et au d é v e l o p p e m e n t des connaissances concernant l'Afrique. Les colonies d'Afrique

deviennent

des colonies de plantation. 1809. Les Anglais conquièrent la Martinique sur Villaret ANTILLES

7


98

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

J o y e u s e , prennent les Saintes, et l'année

suivante la

Guadeloupe. 1810. Les sucres bruts et sucres têtes s o n t frappés d ' u n droit de 300 et d e 400 francs p a r quintal. Les colonies antillaises étant t o m b é e s a u x mains des Anglais, cette fiscalité n'atteint

q u e les sucres étrangers.

Néanmoins

ce tarif prohibitif f u t supprimé par u n t e x t e d u 23 avril 1813 qui établit un droit u n i f o r m e

d e 40 francs par

quintal. 1812,15 janvier. — Décret en faveur d e l'industrie d u sucre d e b e t t e r a v e rendu p a r N a p o l é o n à la suite d e la visite de la sucrerie fondée à Passy p a r Delessert. Cinq écoles et quatre fabriques impériales sont fondées, 500 licences accordées et 32.000 hectares consacrés à la culture de la b e t t e r a v e . 1814, 30 mal. — Traité d e Paris. L a France récupère ses colonies dans l ' é t a t où elles se trouvaient le 1

er

jan-

vier 1 7 9 2 , sauf T a b a g o , Sainte-Lucie cédées à l ' A n g l e terre,

ainsi

q u e le S a i n t - D o m i n g u e

espagnol

rendu à

l'Espagne. L a Belgique est d o n n é e au Prince des Pays-Bas, qui s'engage à indemniser la Suède de la restitution d e la G u a d e l o u p e en lui a b a n d o n n a n t une des colonies hollandaises conquises par la Grande-Bretagne ; mais la Suède se c o n t e n t e d'une s o m m e d e vingt-quatre millions p a y é e par cette dernière. 1814-1818, Divers textes surchargent les sucres

étrangers

(surtaxe d e 20 francs en 1814, de 60 à 80 francs en 1816). Grâce

au tarif

préférentiel

dont

elles profitent, les

Antilles accroissent leur p r o d u c t i o n et entrent en lutte avec Bourbon.

P o u r égaliser les situations, une loi d e

1818 établit une distinction suivant l'origine et ramène à 40 francs en faveur de la colonie d e l ' O c é a n Indien le droit sur les sucres français porté p r é c é d e m m e n t à 45 francs.


99

1802-1848 1815,

4 février. —

puissances

L'Angleterre

européennes

l'acte

s o u m e t a u x principales d'abolition

de la Traite

et obtient leur signature. — 29 mars. — N a p o l é o n , revenu d e l'île d ' E l b e , et désireux de plaire à l'Angleterre, abolit définitivement la traite. E n mars 1818, seulement, la mesure sera appliquée. — avril. —

Tandis

q u e Napoléon

se p r é o c c u p e

de

négocier a v e c S a i n t - D o m i n g u e , les royalistes émigrés à Gand travaillent à conserver coûte que coûte au R o i les Antilles et le Sénégal, mais les Anglais s'en e m p a r e n t . 1816, 28 avril. — L e droit d'entrée en France sur les sucres étrangers est augmenté de 100 % et porté à 125 francs par quintal. Les étrangers sont évincés d u marché m é t r o politain. L a loi d u 27 juillet 1822, c e p e n d a n t , augmenta encore les droits et les porta à 135 francs. — L'Angleterre restitue la Martinique et la Guadeloupe à la France. 1817, L e g o u v e r n e m e n t français, dans l'esprit des Lettres de 1727, s'attaque à la c o n t r e b a n d e . — A b o l i t i o n d e la traite. — 30 avril. — O r d o n n a n c e surhaussant la monnaie à raison de 185 livres les 100 livres de France. — août. — Par ordonnances Roi

supprime

les intendants.

des 13 et 30 a o û t le L e Gouverneur

« Gouverneur et Administrateur

devient

p o u r le R o i ».

— 17 décembre. — Les colons des Antilles réclamant un abaissement d u tarif d u 23 avril sur les sucres, le Trésor répond en établissant un droit d e 40 francs sur le quintal de sucre b r u t des colonies et en portant à 60 et 65 francs le droit sur le sucre étranger.


100

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

1819, 22 septembre. — Les Conseils Supérieurs d e v i e n n e n t Cours

Royales

Première chaque

et les Sénéchaussées des T r i b u n a u x

Instance. colonie

et un Comité des Colonies,

Ministre, c o m p o s é

de

U n Comité consultatif est créé dans de délégués

auprès d u

choisis p a r ce dernier.

1820, 7 juin. — L a prime accordée à la r é e x p o r t a t i o n des raffinés, fixée à 90 francs p a r quintal par la loi d u 28 avril 1816, puis à 95 francs en 1818, est portée à 100 francs. 1821.

Depuis 1815 le prix des sucres est t o m b é en France

de 90 francs les 50 kilogs à 60, 55 et 50 francs. 1822.

L o i douanière sur les colonies françaises.

1825, 21 août. — Réorganisation d e l'administration c o l o niale. Au-dessous

d u gouverneur

concentrant

tous les

p o u v o i r s , le Directeur de l'Intérieur, le Procureur Général et l ' O r d o n n a t e u r se partagent l'administration intérieure, la justice et la défense de la colonie. L e Conseil

Privé

j u g e au contentieux a v e c appel au Conseil d ' E t a t . Le roi n o m m e

les conseillers

municipaux

qui p r o -

posent une liste sur laquelle le R o i choisit les conseillers généraux. Les Conseillers généraux proposent le député au Comité des Colonies. U n e ordonnance d u 9 février 1827 précisera les modalités

d'application.

1826, 26 janvier. — Convention franco-britannique, a u x termes de laquelle les navires des d e u x nations sont soumis à un régime c o m m u n dans les d e u x métropoles et dans leurs colonies. — 5 février. — Ordonnance autorisant l'entrée dans les îles de bâtiments étrangers. 1827, Création d ' u n conseil général au m o y e n des n o m i n a tions faites par le roi sur une liste de candidats proposés par les Conseils m u n i c i p a u x . — L e Conseil général n o m m e


1802-1848 le

député

devant

faire

partie

101 d u Conseil

consultatif

siégeant à Paris. 1830, 12 novembre. — A b o l i t i o n des règlements qui privent les h o m m e s d e couleur des droits de citoyens, et p r o c l a mation de leur assimilation à la race blanche. 1831, 4 mars. — Loi m e t t a n t fin au trafic clandestin des esclaves p a r des mesures rigoureuses de prohibition. — 30 novembre. — Convention

entre la France e t

l'Angleterre autorisant le droit d e visite réciproque afin de faire respecter les lois d'abolition d e la traite. 1832, 8 mars. — Les nègres trouvés dans les navires négriers sont

proclamés

libres.

— 12 juillet. — L a procédure de l'affranchissement est simplifiée. — L o i simplifiant les formalités d e l'affranchissement et supprimant la taxe perçue à cette occasion. 1833, 22 mars. — Convention au sujet d u d r o i t de visite précisant les juridictions compétentes en cas d'infraction aux lois d'abolition suivant le lieu d u délit. — A la suite d e débats à la Chambre des Pairs (le 1

e r

mars) et à la Chambre des Députés d u 13 avril au 23,

le Moniteur Officiel promulgue une d o u b l e loi sur l ' e x e r cice des droits politiques dans les colonies et sur leur régime législatif.

D'après

cette l o i , les colonies où les

Conseils généraux se c o m p o s a i e n t d e membres

nommés

par le r o i , sont remplacés p a r des conseils

coloniaux,

élus par des collèges

constitués

comme

électoraux

en France d'après

spéciaux,

le cens. T o u t

h o m m e libre

p a y a n t 200 et 300 francs d ' i m p ô t était électeur au Conseil, mais il fallait posséder, pour être éligible, un bien d'une valeur comprise situation.

entre 60 et 40.000 francs, suivant la


102

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

Sur cette base, les blancs, quoi qu'inférieurs en n o m b r e , représentaient à eux seuls 16.665.271 francs de capital, tandis

que les électeurs

de

couleur

ne

représentaient

que 788.077 francs. Aussi les seuls blancs furent-ils élus a u x Conseils. Les Conseils n o m m a i e n t , p o u r c h a q u e colonie,

deux

délégués auprès d u roi. Le gouverneur était assisté d'un Conseil Colonial, élu pour

5 ans, obligatoirement

consulté sur t o u t ce

qui

concerne la p o l i c e , l'affranchissement des esclaves, l'instruction publique et la presse. — 14

mai.

Lord

Stanley,

secrétaire

d'Etat

des

Colonies, dépose le p r o j e t du g o u v e r n e m e n t anglais pour l'abolition de l'esclavage. Ce p r o j e t v o t é le 12 juin par la Chambre des C o m m u n e s et le 23 par la Chambre des L o r d s , fut p r o m u l g u é le 28 a o û t . — 4 août. —

Loi o r d o n n a n t le recensement

obliga-

toire des esclaves. Les colons s'opposèrent v i v e m e n t à l ' e x é c u t i o n de ce t e x t e qu'ils interprétaient c o m m e une mesure préparatoire de l'abolition. L a Cour d ' A p p e l

de

la Martinique rend 38 arrêts d ' a c q u i t t e m e n t contre c e u x qui o n t c o n t r e v e n u à la loi. L a Cour de la G u a d e l o u p e , d e v a n t laquelle les prévenus furent renvoyés par la Cour de Cassation, maintient les sentences. — L o i supprimant la « marque » et la mutilation des nègres 1834.

marrons.

L'Angleterre émancipe les esclaves de ses colonies.

A la suite de cette mesure plusieurs centaines de noirs français passent à la D o m i n i q u e et à Sainte-Lucie. — Bissette fonde à Paris la Revue des Colonies

il poursuit sa c a m p a g n e en faveur de l'abolition de l'esclavage.


103

1802-1848

Les Conseils Généraux des Iles consultés au sujet d e

1835.

l'affranchissement des esclaves déclarent q u e la Métropole n'a pas le droit d e légiférer sur une telle matière. — 10 octobre. — Ordonnance affranchissant d e tous droits de d o u a n e les sucres exportés d e n o s colonies des Antilles pour la France et créant un droit de 3 % sur les marchandises v e n a n t d e F r a n c e . 1836. L o i rétablissant l'ancien adage d e droit q u e l e « sol d e France affranchit » : t o u t esclave débarqué dans la Métropole sera réputé i m m é d i a t e m e n t libre. 1837. Henri Passy p o r t e à la tribune d e la Chambre la question de l'abolition d e l'esclavage. U n e c o m m i s s i o n , instituée à sa d e m a n d e , v o t e l'abolition pure après

certaines

opposent —

mesures

préparatoires.

et simple,

Les colons

s'y

résolument.

Organisation des municipalités.

1837-1843. P o u r réduire la concurrence de la M é t r o p o l e , un droit de 15 francs est établi par quintal de sucre de b e t t e r a v e (18 juillet 1837). A la suite d e cette l o i , 103

fabriques

disparurent

atteint 40 millions

et la p r o d u c t i o n

d e kilogrammes

tomba

qui avait à 23. Sur

les instances des colonies de nouvelles aggravations furent décidées à l'égard des sucres métropolitains. Les lois d u 3 juillet 1840 et d u 2 juillet 1843 unifièrent les textes et les fabricants européens conservèrent le seul privilège de la v e n t e des sucres raffinés : leur importation demeurait interdite.

Les sucres

étrangers

étaient

fortement

sur-

taxés (20 francs a u x cent kilogrammes). 1839, 11 juin. — Ordonnance royale prescrivant le recensem e n t général de la population libre et esclave. Ce recensement accusa une p o p u l a t i o n d e 96.322 esclaves, d o n t 11.741 dans les villes et 84.581 sur les propriétés rurales.


104

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

— Loi fixant un certain n o m b r e de cas d'affranchissem e n t de droit. — T o c q u e v i l l e , rapporteur de la commission

chargée

d'étudier la question de l'affranchissement des esclaves, c o n c l u t à la nécessité de passer outre aux « ingénieuses clameurs...

d'une

des

aristocraties

les

plus

exclusives

qui aient existé dans le m o n d e ». Il estime à 250.000 le n o m b r e des esclaves et leur valeur à 300 millions ; il propose la libération après une période préparatoire de dix

années. L a

proposition

ne

fut pas discutée ; une

nouvelle commission fut réunie l'année suivante. —

Le pape Grégoire X V I prend fait et cause p o u r les

abolitionnistes. 1840. Victor

Schœlcher

(né

en

1804)

publie

l'Abolition

de V Esclavage. 1840-1845. Un p r o j e t de c o n v e n t i o n générale au sujet d u droit

de visite

et auquel

toutes les nations

devaient

participer est rédigé. A u m o m e n t de l'échange des ratifications,

en 1842, les armateurs nantais protestent, et

au n o m d u principe

de la liberté

des mers

s'élèvent

contre un traité à la suite d u q u e l , selon e u x , la G r a n d e Bretagne se serait assuré une véritable suprématie m a r i t i m e . L a Chambre refuse la ratification et v o t e l ' a b a n d o n des c o n v e n t i o n s de 1831 et 1833, à quoi s'oppose Guizot. Celui-ci fut c e p e n d a n t obligé de céder, et le 29 mai 1845 une c o n v e n t i o n fut signée a v e c l'Angleterre

suspendant

p o u r dix ans les d e u x accords incriminés.

Cependant,

le 20 février 1842, l'Angleterre, la Prusse et la avaient

signé

ouverte à la 1841. Chaque

la

Convention

Générale

en

Russie

la

laissant

b u d g e t local

distinct

France. colonie dispose d'un

des dépenses d'intérêt général.


105

1802-1848

1843, 20 avril. — Les denrées d u crû sont exemptes à leur sortie des îles d e tous droits d e d o u a n e , mais, p o u r tenir lieu de l ' i m p ô t foncier qui ne peut être perçu en l'absence de cadastre régulièrement établi, elles acquittent un droit spécial de 4 % sur les sucres et les sirops et d e 3 % sur les tafias, à la Martinique ; de 2 francs p a r quintal de sucre et 3 francs par quintal de café à la G u a d e l o u p e . L e Mercier d e la Rivière en 1764 avait, déjà eu l'idée de percevoir l ' i m p ô t foncier sous forme de droits de sortie. (Voir Martinique, 1764). — 29 avril. —

L o i autorisant l'entrée

a u x Antilles

de 61 marchandises étrangères d é n o m m é e s , classées en d e u x catégories distinctes : 1° Catégorie de produits p o u r lesquels il existe des marchandises similaires en France ; u n droit protecteur est perçu afin d'avantager l'industrie métropolitaine. 2° Catégorie

de

produits

pour

lesquels

il

n'existe

pas d e similaires en France ; un simple droit de balance est perçu. — 2 juillet. — Loi i m p o s a n t graduellement au sucre de betterave les droits établis sur le sucre de cannes. Cette mesure ne supprime pas la concurrence de la p r o d u c t i o n métropolitaine qui atteint en 1859, 102 millions de

kilogrammes

alors

que l'exportation

Martinique, d e la Guadeloupe

réunie

d e la

et B o u r b o n n'atteint q u e

93 millions. 1844, 23 janvier. — D e u x pétitions signées par des ouvriers de Paris et d e L y o n sont adressées à la Chambre en faveur de l'émancipation

des Noirs.

1843-1845. — Broglio, rapporteur de la commission constituée en 1840, conclut à l'abolition au b o u t de 10 ans, les propriétaires recevant une indemnité. L e G o u v e r n e m e n t


106

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

préfère à cette solution le système de l'affranchissement progressif. D ' o ù les lois suivantes : L a Chambre v o t e par 193 v o i x c o n t r e 52 un p r o j e t d e loi, préparatoire à la libération des esclaves, sur le rachat forcé des esclaves, le droit à l'instruction, la durée d u travail, le droit de propriété mobilière et les pénalités applicables aux maîtres (14 mai 1844). L'esclave est autorisé à posséder et à se racheter luim ê m e , p r o c é d é déjà admis par l'Ancien R é g i m e (1845). L o i fixant, les crédits p o u r l'introduction de travailleurs européens. (19 janvier 1845). —

L ' E t a t affranchit tous les esclaves d u d o m a i n e de

la Martinique, la G u a d e l o u p e , la G u y a n e et B o u r b o n . —

Des tribunaux spéciaux sont constitués p o u r juger

les crimes c o m m i s par des esclaves contre des h o m m e s libres

ou

inversement.


CINQUIÈME

PÉRIODE

:

1848-1935

Napoléon I I I avait effacé les effets politiques de la Révolution de 1 8 4 8 , mais il n'avait pu et ne désirait pas revenir sur l'abolition de la servitude. Très attaché au

libéralisme

anglophiles,

économique

il s'orienta

et

dans

animé une

de

sentiments

direction

nouvelle

que les physiocrates avaient indiqué jadis sans pouvoir y engager le G o u v e r n e m e n t . L'Empereur commerce

signait

avec

la

régime

du

cessait

d'être réservé

en

1860

le

célèbre

Grande-Bretagne

libre-échange

:

le

marché

traité

de

inaugurant

le

métropolitain

a u x Colonies, le Pacte colonial

n'existait plus. U n an plus tard, ce nouvel état de fait était consacré par un décret établissant dans les colonies elles-mêmes

le régime

Les Planteurs obtenaient

de la « porte

ouverte ».

la liberté quand ils ne pou-

vaient plus, semble-t-il, en profiter. Ils réussirent,

cependant,

à tirer parti des

crédits

consentis par les Banques que le Gouvernement patronait, et renouvelèrent avec les machines de provenance anglaise le matériel de leurs usines. Grâce aussi à une m a i n - d ' œ u v r e peu coûteuse recrutée en Inde, en Indochine, et un m o m e n t sur les côtes d'Afrique, les habi-


108

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

tants de la Martinique et de la Guadeloupe conservèrent une place enviable sur le marché français. De plus en plus, les rhums dans

les

consommateur XVIII

e

e

la

s'écoulaient

anglaises

furent

métropolitain,

et

exclusivement

appréciés

ce

qui

par

n'était

le au

siècle qu'une monnaie d'appoint dans les échanges

des deux îles XIX

qui jadis

colonies

avec l'extérieur

en devint à la fin du

la monnaie principale. On revint d'ailleurs force

des

choses

à un

protectionnisme

sous

sévère

et

la loi de 1922 réserva à la Martinique et à la Guadeloupe la majeure part du contingent des rhums affecté

aux

colonies, leur sauvegardant ainsi un élément de richesse qu'elles

n'étaient

plus

assurées

de trouver

dans

les

sucres. E n définitive, les deux Iles ont su adapter leur économie a u x conditions nouvelles de l'économie mondiale, c o m m e elles ont su s'adapter moralement et psychologiquement au régime de liberté et d'égalité instauré par les Lois et la Constitution de la République. Représentés au Antillais

Parlement

par leurs

mandataires

revendiquèrent c o m m e

un

élus, les

honneur

l'appli-

cation du principe du service militaire universel obligatoire ; il leur fut étendu en 1 9 1 1 , et lorsque trois ans plus tard leur patriotisme fut mis à l'épreuve, non contents de contribuer à la défense de la Patrie c o m m u n e , ils assurèrent encore, après la paix, la reconstruction des deux cités d ' É t a i n et de Neuvilly.

1 8 4 8 , 4 mars. — Loi abolissant l'esclavage. Une

commission

est

nommée,

présidée

par

Victor


1848-1935

109

Schœlcher (1804-1893) a v e c mission d e fixer les mesures d'application. — 5 mars. — Décret suivi d'une instruction le 8 mars, établissant le suffrage

universel.

L a Martinique

et la

Guadeloupe reçoivent chacune trois députés ; elles élisent l'une et l'autre V i c t o r Schœlcher qui opte p o u r la p r e mière. — 27 avril. — Décret proclaman t libres tous les esclaves. Une indemnité

est prévue

pour les propriétaires. Ces

mesures engendrent des troubles très graves, en particulier à la G u a d e l o u p e . 1849. L a loi sur l'inscription

maritime est rendue appli-

cable a u x Antilles. — L'indemnité à verser aux propriétaires p o u r chaque esclave affranchi est fixée à 430 francs à la Martinique, 470 à la G u a d e l o u p e , 618 à la G u y a n e et 705 à la R é u n i o n . Ces chiffres très inférieurs à la réalité suscitent chez les planteurs

une v i v e

indignation.

Les colonies

entrent

dans une période de crise grave. Pour retenir les noirs, les habitants leur offrent un salaire, mais ne réussissent pas à les conserver. Les affranchis se réunissent et forment de nouvelles

paroisses.

En v u e de parer au m a n q u e d e m a i n - d ' œ u v r e on envisage d e recruter des travailleurs en Chine, dans l ' I n d e et sur la côte occidentale d'Afrique. Grâce à cette nouvelle traite déguisée, qui c o m m e n ç a

en 1854, la p r o d u c t i o n

d u sucre, qui était t o m b é e d e 33 millions de kilogrammes en 1848 à au-dessous de 12 millions en 1 8 5 1 , se releva et dépassa en 1858 le niveau antérieur à l'abolition. 1851, 13 juin. — L o i protégeant le sucre métropolitain en t a x a n t le sucre colonial à 6 francs le quintal et le sucre étranger de droits variant entre 12 et 32 francs selon sa provenance et le pavillon. L'égalité entre le sucre de


110

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

betteraves et le sucre de cannes était prévue au terme d ' u n délai d e 4 ans. Les droits frappant les sucres étrangers furent augmentés de 1 o u 2 francs selon la catégorie par le décret d u 27 mars 1852. — Suppression d u G o u v e r n e m e n t Général des Antilles. Publication d e la Case de l'Oncle Tom, de M a d a m e

1852.

Beecher-Stowe. — L a Constitution nouvelle supprime la représentation des colonies au Parlement et remet au Sénat le p o u v o i r de légiférer à leur sujet. U n « Comité consultatif » est créé la m ê m e année, c o m p o s é d e m e m b r e s délégués p a r les Conseils Généraux des Colonies o u n o m m é s

par le

Chef de l ' E t a t . 1854. Sénatus-Consulte

distinguant

les affaires

coloniales

exigeant le v o t e d'une loi et les affaires p o u v a n t

être

réglées par un décret. — 3 m a i . — Sénatus-Consulte réglant

l'organisation

administrative de la Martinique et la G u a d e l o u p e . — 24 juillet. — Décret concernant les Conseils généraux des colonies. —

D é c r e t instaurant a u Ministère de l a

Marine un Comité

Consultatif.

1854-1860. Introduction d e la m a i n - d ' œ u v r e e x o t i q u e p o u r suppléer à l'insuffisance de la m a i n - d ' œ u v r e a u t o c h t o n e . En

1854, arrivent les premiers

Indiens, en 1857 des

Africains, en 1859 des Chinois. — En 1860, la colonie comptait

4.155 Indiens, 2.995

Africains,

184 Chinois.

— L a propriété m o y e n n e , et m ê m e la petite propriété, s'accroissent très sensiblement. 1855.

D e u x décrets d u 31 juillet et d u 29 septembre c o m -

plètent le sénatus-consulte d u 3 mai 1854. L a totalité des i m p ô t s perçus dans les colonies est abandonnée a u x


1848-1935

111

budgets l o c a u x . Les dépenses de l'armée, d u g o u v e r n e m e n t et d e la justice demeurent à la charge de l ' E t a t , tandis que les charges correspondant a u x t r a v a u x publics, à l'enseignement, e t c . , i n c o m b e n t à la colonie. C'est en définitive

le retour au s y s t è m e

pratiqué

par l'Ancien

Régime. 1856, 3 0 janvier. — Décret, confirmé par la loi d u 18 août 1857, autorisant l ' i m p o r t a t i o n a u x Antilles d e m a r c h a n dises d e Pondichéry et de l ' I n d e Française spécialement d é n o m m é e s . Ces produits étaient nécessaires a u x coolies immigrés

a u x Iles

depuis

l'abolition

de

l'esclavage.

L a loi de 1857 p r é v o y a i t également l'introduction, sans droits, p a r tous navires d ' a n i m a u x propres à la r e p r o d u c tion et l'admission d u t a b a c et de la vanille sous des droits différents. — 16 août. — Décret riales

des colonies

sous-quartiers,

fixant

les subdivisions territo-

antillaises ; création

des quartiers,

etc..

1857, Hausse d u cours des sucres.

Grâce

aux bénéfices

importants qu'ils réalisent, les usiniers renouvellent leur matériel et perfectionnent la technique d e la fabrication. 1857-1858. L a fabrication d u sucre d e betterave qui atteignait 64 millions de kilogrammes en 1848 et dépassait 90 millions en 1855 se chiffre à 151 millions, grâce aux progrès constants de la fabrication. 1858, 24 juin. — Création d u Ministère de l'Algérie et des Colonies, confié au Prince Napoléon, fils de J é r ô m e . — 21 novembre. — Création d ' u n Conseil Supérieur d e l'Algérie et des Colonies, organisme purement consultatif. 1859, 15 août. — Amnistie accordée à quelques proscrits célèbres. Schœlcher refuse d'en profiter.


11.2

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

1 8 6 0 , 28 m a i . — A la suite d u traité de c o m m e r c e signé avec

l'Angleterre,

le marché

métropolitain

est

ouvert

aux sucres étrangers. Un droit très faible de 1 fr. 50 par 100 kilogs les frappait lorsqu'ils étaient portés par navires étrangers, droit qui fut supprimé par le décret d u 16 j a n vier 1861. Les droits perçus sur les sucres étrangers étaient considérablement

réduits.

Depuis 1853 l ' A d m i n i s t r a t i o n régime

colonial.

La

signature

étudiait la réforme du

traité de

préparé par Chevalier d e v a i t modifier

du

commerce

entièrement

les

données d u p r o b l è m e . Les villes maritimes, les Chambres de c o m m e r c e les plus attachées au système de l'Exclusif, toutes reconnaissaient « qu'il n'est plus possible de m a i n tenir les dispositions d u Pacte Colonial à la charge des colonies quand les dispositions à leur profit

n'existent

plus. » — A partir de cette date les planteurs utilisent les crédits que leur a c c o r d e n t les banques à transformer les usines de petites dimensions e m p l o y a n t des moulins à vent

en de

vastes

manufactures

outillées

industrielle-

m e n t . L a p r o d u c t i o n totale d u sucre s'accroît dès lors dans une très forte proportion et atteint en 1884 105 m i l lions de kilogrammes, d'une valeur de 61 millions

de

francs. Mais le d é v e l o p p e m e n t de la culture de la b e t t e rave en France d e v a i t porter un c o u p presque fatal à l'industrie

sucrière

des

Iles.

Le

chiffre

du

commerce

total tombe à 60 millions en 1905 (32 pour la Martinique, 28 pour la G u a d e l o u p e , chiffre qui se relève à 40 millions en 1913). —

L'introduction aux Iles de Noirs de l'Afrique o c c i -

dentale est interdite. 1 8 6 1 , 3 juillet. — Loi établissant aux Antilles un régime de liberté commerciale à peu près absolue.


1848-1935

113

Le principe d e l'Exclusif ne j o u a i t surtout q u ' à l'égard des Anglais puisque les vaisseaux espagnols avaient t o u jours bénéficié d'une

e x c e p t i o n et q u e les Américains,

depuis 1778, jouissaient également, de grands a v a n t a g e s . Or en 1860 la France et la Grande-Bretagne

avaient

signé le célèbre traité d e c o m m e r c e base d'une véritable « entente cordiale ». Il était d o n c naturel d'abattre le dernier rempart qui séparait les Antilles d u m o n d e é c o n o m i q u e britannique. Désormais

toutes

les marchandises

étrangères

dont

l'introduction est permise en France p e u v e n t être importées à la Martinique, à la Guadeloupe (et à la Réunion) sous les mêmes conditions douanières q u ' e n France et sous tous pavillons. (Une surtaxe variant d e 10 à 20 francs est c e p e n d a n t perçue dans le cas où le navire est étranger). Les produits

de la Métropole

peuvent

être

également

portés dans les colonies — o u l'inverse — sous pavillons étrangers, mais dans ce cas une surtaxe de 20 francs par tonneau est perçue. Enfin les produits coloniaux autres que le sucre, le c a c a o , le café et les fruits o n t

l'entrée

libre en France. — 27 juillet. —

Décret

d o u b l a n t les droits

perçus

sur les tabacs étrangers e t les fixant à 120 francs p a r 100 kilogs s'ils sont en feuilles et à 240 francs s'ils s o n t préparés. 1862, 12 décembre. — Un contingent d e volontaires de la Martinique et d e la Guadeloupe débarque à la Vera Cruz pour soutenir l'expédition française d u M e x i q u e . Bazaine félicitera en 1865 le corps antillais d e sa belle conduite au cours des hostilités. 1863, 31 août. — Décret établissant le Crédit foncier C o l o nial, fondé pour une durée de 60 ans au capital d e 12 m i l lions d e francs. ANTILLES

8


114

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

1864, 8 novembre. — Convention internationale signée par la F r a n c e , la Grande-Bretagne, la Hollande et la Belgique, établissant un régime 1865,

c o m m u n p o u r les sucres.

L e p r o c é d é d e l ' e x t r a c t i o n d u jus par diffusion r é v o -

lutionne

l'industrie

sucrière

européenne.

Elle

ne sera

mise en pratique sur une large échelle q u ' à partir d e 1880. 1866, 4 juillet. —

Sénatus

Consulte modifiant

celui d u

3 m a i 1854 et élargissant les attributions des Conseils généraux des colonies. 1867, 26 mars. — Déclaration d i p l o m a t i q u e c o m p l é t a n t la C o n v e n t i o n de 1864. L'Assemblée

1875.

Nationale

attribue

a u x Antilles une

représentation au Parlement. 1878, 16 mars. — Prise de possession de l'île Saint-Barthél e m y rendue à la France par le traité d u 10 a o û t 1877. L a liberté d u c o m m e r c e a v e c tous les pays fut i m m é d i a t e m e n t accordée à la nouvelle colonie (10 o c t o b r e ) . 1880. L'institution d u j u r y est étendue a u x Antilles. 1883, 19 octobre. — Décret organisant le Conseil Supérieur des Colonies — (complété et modifié en 1890, 1891, 1898, 1904, 1905 et 1906). —

Les

travaux

de

cultures

vivrières

occupent

23.149 travailleurs ; plus de 89.174 autres étaient attachés a u x t r a v a u x salariés d'agriculture. Les importations furent de 28.110.848 francs exportations de 32.235.938 1884. L a loi organisant

et les

francs.

les municipalités

est appliquée

aux Antilles. L'une des plus anciennes revendications des colons reçoit satisfaction. — 26 juillet. — L a France a d o p t e le système

fiscal


115

1848-1935

pratiqué par l'Allemagne : l ' i m p ô t sur la b e t t e r a v e , au lieu de l ' i m p ô t sur le sucre. 1889,

18 juillet. — L o i étendant a u x créoles l'obligation

d u service militaire. 1893,

25 décembre. — Mort d e V i c t o r Schœlcher.

1897, 7 avril. — Nouvelle loi sucrière établissant un régime n o u v e a u en faveur des colonies et relevant les droits perçus sur les sucres étrangers. 1898.

Conférence

d e Bruxelles.

E n v u e de remédier

à

l'avilissement des cours d u sucre, des délégués de l ' A l l e m a g n e , l ' A u t r i c h e , la Grande-Bretagne, la F r a n c e , les Pays-Bas, la Russie et la Suède se réunissent à Bruxelles. Ils reconnaissent l'impossibilité d'élaborer un statut efficace t a n t q u e les Etats-Unis se tiendront à l'écart. 1911.

L e service militaire universel

obligatoire est i n t r o -

duit à la Martinique et à la G u a d e l o u p e à la d e m a n d e des deux

colonies.

1914-1918. A u cours d e la Grande Guerre, la Martinique, la Guadeloupe — et la Réunion — fournissent un contingent d e 51.618 c o m b a t t a n t s

sur lesquels 32.918 furent tués,

blessés ou mutilés. 1917,29 décembre. — Décret ratifié par la loi d u 13 mars 1920 interdisant l'importation en France d e sucres, alcools et mélasses en p r o v e n a n c e d e l'étranger. 1919,8 juillet. — Décret ratifié par la loi d u 20 décembre 1922 interdisant l ' i m p o r t a t i o n des sucres, mélasses, sirops et alcools étrangers dans toutes les colonies françaises. 1920, 25 juin. — L o i fixant le régime des rhums coloniaux aux Antilles et dans la Métropole. Ils sont e x e m p t s d e la surtaxe sous certaines conditions.


116

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

1 9 2 2 , 31 d é c e m b r e . — Loi sur le c o n t i n g e n t e m e n t . « A partir d u 1

janvier 1923, seuls p o u r r o n t

er

être

importés en France en e x e m p t i o n de la surtaxe prévue par l'article 89 de la loi d u 25 juin 1920 et jusqu'à c o n c u r rence d'une quantité annuelle de 160.000 hectolitres les rhums et tafias originaires des colonies françaises présentant les caractères spécifiques définis par l'article 6 d u décret d u 19 a o û t 1921 et ne titrant pas plus de 65°. » (art. 9) A la suite de cette loi, un décret fut rendu le 20 février 1923, fixant ainsi la répartition entre les colonies d u contingent qui leur était alloué : Martinique .

80.000 hl.

Mayotte . . .

Guadeloupe.

60.000

»

Madagascar.

18.000

»

Nouvelle-

140

»

Réunion...

Guyane Indochine...

1.133

»

92 hl. 630

»

Calédonie.

2

»

Océanie . . . .

3

»

Dans l'intérieur de c h a q u e colonie la répartition était faite entre les fabricants au prorata de leur

production,

par arrêté d u gouverneur sur avis de la Chambre

de

C o m m e r c e , de la Chambre d'Agriculture et des délégués des usiniers. Le décret d u 27 d é c e m b r e 1923 éleva le

contingent

pour l'année suivante à 185.000 hectolitres. L a part des d e u x îles fut accrue de 6.000 hectolitres chacune. 1 9 2 3 , 17 février. — l'exportation

des

Arrêté établissant la prohibition

de

sucres.

1 9 2 8 , 1 3 avril. — Loi fixant le régime douanier des colonies. Celles-ci sont divisées en deux groupes d o n t l'un, assimilé à la Métropole, c o m p r e n d

les Antilles

et la

Guyane,

Madagascar, la Réunion et l ' I n d o c h i n e . 1 9 3 1 , 10 juillet. — Loi autorisant les colonies à émettre des emprunts mique.

pour faire

face à leur outillage

écono-


LA MARTINIQUE



« La Martinique, la meilleure et la plus riche colonie qu'eut la France... » (VOLTAIRE, Le Siècle de Louis XV, t. II, chap. xxxv).

PREMIÈRE PÉRIODE: 1635-1674 La Martinique, dont la superficie est de 9 8 8 kilomètres carrés, n'est que deux fois plus étendue que le département

de la

Seine. Occupée

et colonisée à

l'origine,

c o m m e la Guadeloupe, par l'initiative des deux premiers gouverneurs de Saint-Christophe, d ' E s n a m b u c et Poincy, tivement fortune

à qui elle resta nominalement plutôt qu'effecsubordonnée, de

rencontrer

la

Martinique

d'abord

un

eut

l'heureuse

gouverneur

plus

humain ou plus avisé que ses collègues des autres î l e s ; ce fut D u Parquet. A la liquidation de la Compagnie des Iles d'Amérique, celui-ci acheta son propre gouvernement

pour

60.000

livres

et

l'exploita

jusqu'à

sa

mort, en 1 6 6 0 , sans se heurter à trop de difficultés. Il vit l'industrie sucrière se développer assez rapidement. Sa mort fut suivie de l'expulsion des Caraïbes et, parmi les colons, il régna pendant

quelque temps un

fort

mauvais esprit. D u Parquet laissait des enfants mineurs


120

LA MARTINIQUE

et leur tuteur fut un h o m m e maladroit.

Lorsque les

abus des seigneurs propriétaires des îles se furent accrus au point

de déterminer le gouvernement

à

racheter

leurs droits et à constituer une compagnie nouvelle qui fut la Compagnie des Indes occidentales, le roi n o m m a un gouverneur

particulier de la Martinique,

qui

fut

M . de Clodoré. La guerre ayant éclaté en Europe entre la France et l'Angleterre, le Roi jugea que, dans l'intérêt de leur défense c o m m u n e , il était nécessaire de placer toutes nos îles ou possessions des Antilles sous un gouvernem e n t unique et c'est alors, en 1 6 6 7 , que fut constitué le gouvernement général des Antilles qui, avec quelques retouches, a duré jusqu'à la Révolution. La Martinique, dont les ports se prêtaient mieux à l'abri de nos et

de

notre

commerce,

fut

choisie

comme

flottes

chef-lieu

de nos établissements et elle dut à ce choix la prospérité privilégiée dont elle a joui pendant plus d'un siècle. Le premier gouverneur général fut M. de Baas, de la famille

du

célèbre

d'Artagnan;

il

était

fonction lorsque la Compagnie des Indes disparut en Dès

encore

en

occidentales

1674.

1 6 6 4 , les premiers recensements effectués

à la

Martinique accusent une population de 3.515 habitants, dont 1.081 blancs, 2.416 noirs et 18 mulâtres.


121

1635-1674

1635.

Après avoir fait occuper la G u a d e l o u p e , en juillet,

par l'Olive et Duplessis, d ' E s n a m b u c d e la Martinique, le 1

er

prend

possession

septembre, fait construire un fort

à Saint-Pierre e t , laissant le c o m m a n d e m e n t à un sieur Du

P o n t , revient à Saint-Christophe. Les Français et

les Caraïbes se f o n t aussitôt la g u e r r e ; toutefois la paix paraît rétablie dès la fin de l'année. — D u Parquet s'installe

au C a r b e t ;

la rivière qui

le traverse prend le n o m de Rivière de Monsieur. 1636.

L e sieur D u P o n t a y a n t été pris en m e r par les E s p a -

gnols, au m o m e n t où il se rendait

à Saint-Christophe

et a y a n t été retenu prisonnier durant 3 ans, d ' E s n a m b u c le remplace au g o u v e r n e m e n t de la Martinique p a r son n e v e u D u P a r q u e t . — L a b o n n e conduite d e ce dernier attire d e n o m b r e u x habitants. 1637,2 décembre.— D u Parquet est n o m m é par la C o m p a gnie p o u r trois ans lieutenant général de la Martinique. 1639.

Un Flamand n o m m é Trézel, r e c o m m a n d é par Grotius,

o b t i e n t l'exploitation exclusive d u sucre à la Martinique jusqu'en

1645. On lui d o n n e

2.000

arpents

de terre.

Il d o i t c o m m e redevance 7 % d u sucre fabriqué. Après l'échec de sa tentative, il s'établit à R o u e n où il introduit l'industrie d e la confiserie. 1640

(commencement).

Les

premiers

missionnaires

arrivent à la Martinique. 1641.

D é b u t d u c o m m e r c e de la traite entre la Martinique

et l'Afrique. On p a y e 200 livres un nègre à Saint-Pierre. 1642.

L a C o m p a g n i e , désireuse d'établir la culture sucrière

aux Iles, se substitue à Trézel.


122

LA MARTINIQUE

1645.

Insurrection des colons contre la C o m p a g n i e .

1646.

D u P a r q u e t , d o n t d e u x de ses parents v e n a i e n t d'être

chassés de Saint-Christophe par P o i n c y , se d é c i d e à une expédition p o u r obtenir raison. Il fait prisonniers d e u x n e v e u x de P o i n c y , mais t o m b e l u i - m ê m e aux mains de son

adversaire

envoyée

de

la

(janvier).

Une

Guadeloupe

par

expédition le

de

gouverneur

secours Houel,

fin janvier, échoue et revient le 3 février. 1647. 17 janvier. — T h o i s y , gouverneur désigné p o u r S a i n t Christophe, est arrêté par des habitants de la Martinique et livré à P o i n c y

en échange de D u Parquet. Celui-ci,

libéré, rentre à la Martinique le 9 février. —

D u Parquet est confirmé dans le g o u v e r n e m e n t de

la Martinique. 1650.

La colonie e x p o r t e d u sucre. En réalité, seul le c o m -

m a n d e u r de P o i n c y est en état de blanchir le sucre. Son procédé lui v a u t des revenus de 30.000 livres par a n . Ces bénéfices considérables pour l ' é p o q u e expliquent son acharnement

à conserver le g o u v e r n e m e n t

des

Iles à

l'encontre d u chevalier de T h o i s y , n o m m é par le

Roi.

— Liquidation de la Compagnie des Iles d ' A m é r i q u e . D u Parquet achète 60.000 livres la Martinique, SainteL u c i e , la Grenade et les Grenadines (27 septembre 1650). Il est n o m m é l'année suivante gouverneur et lieutenantgénéral d u R o i en ces îles (août 1650). 1654.

Arrivée de juifs hollandais,

fugitifs d u Brésil.

ils

a p p o r t e n t le secret d u raffinage. On d o i t en particulier à un de leurs noirs le p r o c é d é de préparation de la terre en v u e d u blanchiement des sucres. —

Une révolte générale des Caraïbes, . p r o v o q u é e

en

grande partie par les pratiques de lucre des gouverneurs et des colons, et aussi par notre établissement presque


123

1635-1674

simultané à Marie-Galante, la Grenade et Sainte-Lucie, éclate dans toutes nos Antilles et fut particulièrement grave à la Martinique.

L a venue

inattendue

des juifs

hollandais contribua à l'apaisement d e la r é v o l t e . 1657. Les habitants de la Martinique refusent de payer quelques droits q u e le gouverneur v e u t imposer

pour

p o u r v o i r à la défense militaire de l'île, menacée par les nègres et les Caraïbes. 1658, 3 janvier. — Mort de D u Parquet. — L e R . P. Feuillet est e n v o y é en France pour d e m a n d e r la succession p o u r le fils aîné de D u Parquet. — 15 septembre. — Lettres patentes d u roi conférant au sieur d ' E s n a m b u c fils aîné d e D u Parquet et à son défaut à son frère, tous d e u x mineurs, le g o u v e r n e m e n t de la Martinique, sous la tutelle de leur mère. —

Expulsion des Caraïbes. — Insurrection des colons

contre Madame D u Parquet, qui est embarquée de force p o u r la France. Création d'un syndic, chargé d e représenter et de défendre

les intérêts

des

habitants;

la

capitation est réduite de 100 à 50 1. de petun. Ces d e u x réformes sont de courte durée. Colbert prend prétexte de ces troubles p o u r i n t e r v e n i r ; il p r o m e t a u x colons de d o n n e r satisfaction à leurs revendications, mais il ne tiendra pas sa parole. 1659. N o m i n a t i o n d ' u n arpenteur et d ' u n v o y e r . 1660, 31 mars. — L e Conseil de la Martinique s'associe à la paix

générale

conclue à Saint-Christophe

entre les

Caraïbes, les Français et les Anglais. —

Plantation des premiers pieds de c a c a o . Cinquante

ans plus tard, la colonie exportera 5.000 quintaux par an. 1663, 19 novembre. — Colbert charge le marquis de T r a c y


124

LA

MARTINIQUE

de reprendre les Iles, sur le sieur de V a u d r o q u e s , tuteur des enfants D u P a r q u e t , lequel s'est insurgé contre l ' a u t o rité royale. V a u d r o q u e s m e u r t a v a n t l'arrivée de T r a c y , qui prendra possession d e la Martinique sans difficultés. 1664. Etablissement de la C o m p a g n i e des Indes O c c i d e n tales. (Voir généralités). — T r a c y reçoit l'ordre d'interdire pour six mois t o u t c o m m e r c e entre les îles et les Hollandais.

L'exécution

de c e t ordre tue t o u t c o m m e r c e et plonge no s colonies dans la misère. —

Un

recensement

de

la

population

donne

une

population totale de 3.515 habitants, d o n t 1.081 blancs, 2.416 noirs et 18 mulâtres. Ce recensement ne paraît pas complet. — 19 novembre. — T r a c y étant v e n u de la Guadeloupe à la Martinique décide que les lois françaises seront applicables a u x Caraïbes dans toutes nos îles. — décembre. — L a nouvelle c o m p a g n i e

arme 4 v a i s -

seaux qui partent de la R o c h e l l e le 14 d é c e m b r e et arrivent à la Martinique en février, Ils y a p p o r t e n t trop p e u de marchandises p o u r subvenir a u x besoins de la population : d'où

première désillusion parmi les colons et quelques

m o u v e m e n t s qui durèrent j u s q u ' e n 1666. — Ces vaisseaux amènent M. d e Chambré c o m m e intendant général et M. d e Clodoré c o m m e gouverneur d e la Martinique. 1665, avril. — T r a c y quitte les Antilles p o u r aller prendre possession d u g o u v e r n e m e n t d u Canada. — L e gouverneur Clodoré décide la construction d u fort Saint-Pierre, p o u r réprimer les fréquentes séditions des habitants. — Mouvement

séditieux

parmi

les colons

provoqué


1635-1674

125

par une question de tarif des marchandises transportées en France. Les d e u x meneurs furent pendus. —

Règlement

fixant

le statut

de la colonie. Colbert

conserve le régime a n t é r i e u r : les habitants âgés de 15 à 50 ans p a y e r o n t

100 livres de petun à titre de capi-

t a t i o n , les créoles étant e x e m p t s et les h o m m e s mariés n'étant taxés q u ' à 20 livres. 1666. L a guerre a y a n t éclaté en E u r o p e entre la France et l'Angleterre, Clodoré arme un certain n o m b r e d'esclaves, que c o m m a n d e l'un d ' e u x , n o m m é Fabulé. — L a flotte anglaise c o m m a n d é e par W i l l o u g b y paraît d e v a n t la Martinique le 30 juillet et quelques jours après arrive à la G u a d e l o u p e .

Elle est dispersée le 4 août par

un o u r a g a n ; la partie de l'armée, restée à terre, est réduite à se rendre à discrétion le 15 août. 1 6 6 6 - 1 6 6 7 . La Compagnie arme pour les Antilles 8 navires, d o n t elle d o n n e le c o m m a n d e m e n t

à M. de La Barre,

maître des requêtes p r o m u lieutenant-général.

L'escadre

appareille de R o c h e f o r t le 27 juillet 1666, et, après avoir erré en m e r , arrive à la Martinique le 1

er

octobre.

Une autre escadre e n v o y é e par le roi était déjà arrivée à la Martinique depuis le 15 septembre. deux

escadres

s'emparent

sans

(15 fév. 67), A n t i g o a , (3 déc),

peine

de

Réunies, ces Montserrat

Saint-Eustache (15 n o v . )

et T o b a g o (fin a o û t ) . L a paix a y a n t été conclue à Breda le 31 juillet 1667, nous rendons nos conquêtes. Cette paix n'améliora pas la situation de nos propres possessions qui, soumises au régime de l'exclusif et mal ravitaillées par la m é t r o p o l e , vivaient littéralement dans la misère. 1 6 6 7 . Les

Anglais

attaquent

à

plusieurs

reprises

(juin-

juillet) les Français sur les côtes de la Martinique n o t a m m e n t dans la rade de Saint-Pierre.

et


LA

126

—1

er

MARTINIQUE

février. — L a Martinique d e v i e n t le chef-lieu

de tous n o s établissements en A m é r i q u e , l a G u y a n e y comprise. 1669. D e Baas, premier gouverneur général des îles, n o m m é en 1667, prend possession de ses fonctions

(4 février).

— Il e m b a r q u e le gouverneur Dulion pour France. — Les ordonnances o u règlements qu'il publie p o u r la Martinique sont obligatoires p o u r toutes les îles. — 3 octobre. — F o n d a t i o n d e la ville de F o r t R o y a l . 1670. 19 août. — Assemblée des députés des habitants réunie par le marquis d e Baas. Elle d e m a n d e n o t a m m e n t le droit d'élire un syndic et la permission d e c o m m e r c e r librement a v e c « la nation française ». — Le Conseil souverain de la Martinique décide q u e les cinquante pas d u roi sur le littoral

auront

désormais

p o u r p o i n t de d é p a r t , d u côté de la m e r , l'endroit où l'herbe c o m m e n c e à pousser. I n t r o d u c t i o n d e la monnaie ; elle c o m m e n c e à remplacer les paiements en nature. — Baas établit un « jardin d u R o i », sorte de pépinière où il tente d'acclimater — a v e c succès — les principaux arbres fruitiers d e France. — Débuts d ' u n c o m m e r c e entre la Martinique et le Canada. Colbert le soutient. 1671.

On p r o c è d e au d é n o m b r e m e n t des habitations.

E n s o n v o l u m e (t. I, p p . 562 à 5 7 2 ) , Dessalles donne les n o m s des habitants propriétaires de la Martinique, répartis par quartiers. (Il cite 42 quartiers, d o n t quelquesuns n ' o n t q u e d e d e u x à cinq habitants). — On possède u n état nominatif des habitants p r o priétaires de la Martinique, e n v o y é a u x Directeurs de


1635-1674

127

la Compagnie des Indes occidentales. Les quartiers indiqués comme habités s o n t : la Caravelle, Cul de Sac Louis, Fort Sainte-Marie, Fort Saint-Jacques, Pain de Sucre, Fond du Charpentier, Marigot, le Morne de Céron, Grande Anse, Basse Pointe, Macouba, Potiche, Grande Rivière, Anse du Lévrier, Anse du Céron, Prêcheur, Pointe sur la Mare, Fonds Canonville, Rivière Blanche, Ravine Sèche, Fort Saint-Pierre, Rivière Monsieur, Rivière de l'Acajou, Rivière du Lamentin, Rivière du Lézard, le Trou au Chat, Rivière Salée, les Trois Ilets, l'Anse du Milan, Anse des Navires, Grande Anse d'Arlet, Petite Anse du Diamant, Marigot du Diamant, les Trois Rivières, Anse Laurent, Anse du Serrurier, Rivière Pilote, Pointe de la Borgnesse, Cul de Sac Marin, Quartier des Suisses et Pointe Marin. — Les cultures se répartissent ainsi à la Martinique: 36.400 pas en tabac. 76.700 pas en cannes. 107.000 pas en vivres. Le prix du tabac tombe de 30 et 40 sous la livre à 5 sous à la fin du siècle. Cette circonstance favorise l'essor des plantations de cannes. — Le prix du quintal de sucre brut tombe de 121. à 61., d'où obligation de raffiner les sucres à la Martinique à peine de voir les plantations péricliter. Le Supérieur des Jésuites soutient le premier ce point de vue; la Compagnie envoie des ustensiles au sieur de Loover, Flamand installé à la Guadeloupe. — Incendie de Saint-Pierre. Vers 1671. — La ferme des droits seigneuriaux et de capitation est adjugée à Jean Oudiette, sous le titre de domaine d'Occident. 1672, 26 janvier. — Sous le nom de troupes détachées de la Marine, on fait passer six compagnies aux Iles du Vent:


128

LA MARTINIQUE

ces compagnies furent portées à 8 en 1680 : le gros des troupes se t r o u v a n t à la Martinique. Cet état de choses dura j u s q u ' e n 1763. 1 6 7 3 . Baas dirige une e x p é d i t i o n qui avorte contre Curaçao, entrepôt depuis 1634 d u c o m m e r c e des Hollandais a v e c les

Espagnols.

1 6 7 4 . L e raffinage s'est d é v e l o p p é dans les îles, grâce aux efforts de l ' I n t e n d a n t

P a t o u l e t , qui avait pris l'initia-

tive de fonder une société. Ce sont les débuts d u sucre « terré ». D i x ans plus tard, la Martinique

possédera

3 raffineries ; le prix d u quintal de sucre, qui était t o m b é à 50 et 60 sols se relèvera sensiblement. — 2 0 juillet. — L a H o l l a n d e , qui ne peut se résigner à la perte d u marché antillais, envoie des forces considé rables d e v a n t F o r t armée de 1.142

Royal.

Une flotte de 48

canons et m o n t é e

vaisseaux,

8.000

hommes

environ, a t t a q u e sous les ordres de R u y t e r la

citadelle

dans laquelle se sont enfermés 161

par

Français

commandés

par le gouverneur de Sainte-Marthe. L'intervention d e u x vaisseaux de la marine r o y a l e , Les Jeux, marquis d ' A m b l i m o n t

et le Saint-Eustache,

de

capitaine

capitaine

de

Beaujeu, bouleverse la m a n œ u v r e ennemie et R u y t e r doit mettre à la voile après avoir perdu 1.200 h o m m e s .




DEUXIÈME PÉRIODE: 1674-1763

Cette une

longue

période

période

de

de

prospérité

La métropole se refusant

quatre-vingt-dix

ans

croissante

absolue.

sinon

à exporter son

fut

numéraire,

le commerce avec l'île devait se faire en principe par des échanges et ces échanges étant insuffisants pour subvenir a u x besoins

de la population,

celle-ci était pour

ainsi dire obligée de recourir au commerce étranger qui était interdit. Les gouverneurs se prêtaient en général à ces complaisances et souvent faisaient du commerce pour leur compte personnel, en le déguisant par divers artifices : de là, la disgrâce d'au moins deux d'entre eux. Seul était autorisé et m ê m e favorisé le commerce avec le territoire continental des Espagnols en A m é rique : les Espagnols payaient en métal. Malgré ces entraves à la liberté ou ces entorses a u x principes, la Martinique connut une prospérité croissante

que

favorisait

encore

son

titre

antillaise. Ses sucreries et raffineries

de

métropole

se développèrent

et en 1721 ce fut l'introduction de la culture du café. Quelques autres cultures, c o m m e celle du mûrier, qu'on voulait

également

acclimater,

se

heurtèrent

devant

l'indifférence de la population. ANTILLES

9


130

LA MARTINIQUE

La mise en valeur du pays était presque entièrement faite par les esclaves : les engagés européens avaient à peu près disparu dès 1 6 8 3 . La

sécurité, que ne menaçaient

plus les Caraïbes,

disparus de l'île, fut à peine troublée par les deux guerres avec l'Angleterre de 1 7 4 4 à 1 7 4 8 et de 1 7 5 6 à 1 7 6 3 ; l'attention moins,

des Anglais,

en cette

était surtout tournée

guerre

au

du côté du Canada

dernière

et

notre commerce antillais en souffrit à peine. Le

nombre

des colons

cesse, quoique dans

d'Europe

augmentant

sans

des proportions assez faibles, des

idées de liberté commencèrent à naître dans les esprits ; dès 1 7 1 3 le roi songea à accorder a u x habitants quelques droits au contrôle de leurs contributions ; on envisagea qu'une

assemblée

des

paroisses

année pour voter l'octroi.

se

réunirait

Cet esprit

chaque

d'indépendance

ou de liberté se révéla d'une façon toute particulière en

1 7 1 7 , lorsque la population

soulevée renvoya

en

France le gouverneur et l'intendant, qui, au n o m de la métropole,

voulaient

leur

imposer

la

limitation

du

dramatique

ne

nombre des sucreries. D'ailleurs

nul

incident

réellement

caractérise cette longue période, où l'autorité

royale

fut absolument souveraine ; le seul qu'on puisse relever est

plutôt

du

genre

burlesque,

celui

dont

le

faux

prince de Modène fut le héros en 1 7 4 8 - 1 7 4 9 . Le m o u v e m e n t intellectuel paraît avoir été nul ; dans les paroisses l'autorité du clergé était pour ainsi dire souveraine et se maintenait pourtant

dans des limites

qui ne provoquaient aucune intervention

du

pouvoir.


131

1674-1763

1675. L e sieur Blondel établit les dessins d u F o r t

Royal.

1676. Des boucheries publiques sont établies à Saint-Pierre : le prix des viandes f u t réglé en 1678. 1677. Mort d e Baas (15 février). — Blénac est installé le 8 n o v e m b r e . 1678. 8 novembre. — Création d ' u n Grand V o y e r en la personne d u sieur d u J o n c h e r a y . L a construction route est entreprise entre F o r t

Royal

d'une

et Trinité, elle

sera achevée en 1680. 1679. Blénac réprime une légère insurrection

des nègres

à la Martinique. —

Débuts d u D i a m a n t .

1680. L e R o i interdit à Blénac d e faire

la guerre a u x

Caraïbes d e Saint-Vincent. 1680-1682. L e marquis d'Angennes Maintenon, v e n u à la Martinique en 1674 après avoir v e n d u ses terres à la nouvelle favorite d u R o i , reçoit d u g o u v e r n e m e n t mission d'établir entre la colonie et les territoires espagnols d u c o n t i n e n t un trafic qui d o i t les espèces

métalliques.

faire affluer a u x Antilles

Colbert

espère

remédier

ainsi

à l'absence de monnaie qui se faisait sentir dans les Iles, sans entamer le s t o c k métallique de la m é t r o p o l e . 1680-1686. Transport a u x Des d e f e m m e s tirées d e l'« H ô p i tal de Paris » où elles sont choisies a v e c soin. 1681.

14 septembre. — Blénac ordonne de transférer le

pavillon royal d e Saint-Pierre à F o r t R o y a l . 1683,

mars. — Saint-Laurent, gouverneur de Saint-Chris-


132

LA MARTINIQUE

t o p h e , est chargé de l'intérim d u g o u v e r n e m e n t d e la Martinique p e n d a n t l'absence d e M. de Blénac. — L e s engagés o n t à p e u près disparu à la Martinique ; ils o n t été remplacés p a r les Noirs. 1683-1700. Louis XIV faites

soutient c h a u d e m e n t les tentatives

p o u r introduire le mûrier a u x Antilles.

Il

fait

e n v o y e r des ouvriers spécialisés dans la manufacture d e la soie. B é g o n , alors i n t e n d a n t des Iles, s'efforce

d'accli-

mater la nouvelle culture ; il est secondé p a r les sieurs d e Lacalle et de M a n o n c o u r t , qui obtiennent en récompense les d e u x seules érections d e fiefs qui aient été concédées à des colons d e la Martinique. 1686. Assèchement d u marais de F o r t R o y a l par le creusem e n t d ' u n canal d é b o u c h a n t dans la rivière L e Vassor. 1690. Débuts d e la Trinité. — Blénac o r d o n n e l'établissement d'un n o u v e a u c h e min entre F o r t R o y a l et Saint-Pierre, qui passera p a r les hauteurs au-dessus d e Case Pilote. 1691. L e R o i décide q u e t o u t esclave v e n a n t des Antilles sera libre de droit en t o u c h a n t le sol de F r a n c e . 1692.

L e siège d u g o u v e r n e m e n t général, d é c i d é , en 1 6 8 1 ,

est transféré de Saint-Pierre à F o r t R o y a l , d o n t le port offrait plus d e sécurité. 1692-1693. Les Anglais

se livrent à des démonstrations

navales sur les côtes de la Martinique ; ils échouent dans leurs attaques

contre

Saint-Pierre

(1692)

et contre le

Cul d e Sac Marin (1693). — Un recensement des milices d o n n e le chiffre de 1.430 h o m m e s armés. 1693.

Descente des Anglais à Sainte-Anne et à Saint-Pierre.

1694. Prise d e d e u x vaisseaux anglais par des flibustiers d e la Martinique.


1674-1763 1695.

133

Les Jésuites desservaient à la Martinique 5 paroisses,

les Capucins 5, et les Jacobins 7. — A la m ê m e d a t e , le P. L a b a t d o n n e un état des paroisses de toutes les Iles, et des curés qui les desservent a v e c leurs droits respectifs. — L'ensemble

routier de la Martinique

est

achevé.

— A c h è v e m e n t des fortifications de F o r t R o y a l . 1697.

Claude de Fuchsamberg, marquis d ' A m b l i m o n t , s u c -

cède au c o m t e de Blénac. Il m o u r u t le 17 a o û t 1700 d u mal de Siam ou fièvre jaune et fut enterré à F o r t R o y a l . — A c h è v e m e n t d'un fort à la Trinité. 1698.

En

dépit des

interdictions

royales, la

Martinique

possède 18 raffineries. Toute-puissance d u marquis d ' A n gennes 1700.

Maintenon.

La Martinique

compte

22.000

habitants.

— Le roi refuse la permission d'établir à Saint-Pierre un collège, qui serait tenu par les J é s u i t e s ; « pour le latin, disait-il, il n'est rien de moins nécessaire p o u r faire de b o n s habitants et on peut m ê m e dire qu'il leur serait contraire. » — Charles d'Esnots succède au marquis d ' A m b l i m o n t . Il m e u r t l'année suivante à F o r t R o y a l de la fièvre j a u n e . — Débuts d u Cul de Sac Marin. 1701. L a p o p u l a t i o n 6.961 1702.

est de 23.362 noirs et mulâtres

et

blancs.

Charles

d'Esnots

François

de

Machault

au g o u v e r n e m e n t

général.

succède

à

Charles

Il m o u r u t à

Fort

R o y a l , où il fut inhumé, le 16 janvier 1709. 1705,

10 juin. — Le g o u v e r n e m e n t royal refuse de créer

un évêché à la Martinique p o u r ne pas créer un n o u v e a u


134

LA

MARTINIQUE

fonctionnaire, qui, par son autorité p r o p r e , pourrait entrer en conflit a v e c le gouverneur de l'île. L a Martinique fournit 1.200

1706.

volontaires,

habitants

et flibustiers, à une expédition que d'Iberville se

propose

de conduire en Louisiane. E n r o u t e , un premier d é t a c h e m e n t de ces volontaires, conduits par le c o m t e de Chav a g n a c , dévaste

Saint-Christophe.

L'escadre

elle-même

a y a n t t o u c h é la Guadeloupe fin mars en repart le 3 1 , ravage l'île Nièves et revient à la Martinique le 26 avril. — Débuts

de

Sainte-Marie.

R a y m o n d Balthazar P h é l y p e a u x succède

1709.

à

Charles

d e Machault au g o u v e r n e m e n t général. Il m e u r t la

colonie

le

21 o c t o b r e 1713.

Petit-fils

du

dans

Secrétaire

d ' E t a t et fils de l'intendant, il avait été e n v o y é e x t r a ordinaire d u R o i auprès de l'Electeur de Cologne. C'est le premier gouverneur qui n'ait pas appartenu au corps de la marine. L e régime de la m o n o c u l t u r e s'est généralisé

1710.

dans

la colonie. D u b u c livre c o m b a t au navire anglais la Julie

1711.

en

rade de Saint-Pierre et la m e t en fuite. Cassard part de la Martinique pour attaquer la petite île de Montserrat et menace Curaçao et Saint-Eustache. 1713.

L e R o i , d e v a n t les difficultés financières que la guerre

lui fait éprouver, songe à se décharger sur les colons des frais de troupes et de

fortifications.

Pontchartrain propose aux habitants de suivre l ' e x e m p l e des colons de S a i n t - D o m i n g u e et d'établir une d î m e sous forme d'octroi librement consenti. E n v u e d'obtenir une s o m m e de 200.000 1. il les autorise à n o m m e r cinq syndics d o n t un représenterait les négociants. Les 22 paroisses de la Martinique éliraient chacune un s y n d i c particulier,


135

1674-1763 m e m b r e d'une

assemblée qui choisirait

dans son sein

les cinq Syndics généraux. Cette assemblée se réunirait à la Noël et voterait chaque année l'octroi. 21 octobre. —

Mort de P h é l y p e a u x , gouverneur

général. Après un c o u r t intérim de la Malmaison, il est remplacé par D u q u e s n e , qui arrive dans l'île le 7 n o v e m b r e 1714. 1714. E n v u e d e satisfaire au désir toujours latent des colons de

posséder

un représentant,

Pontchartrain

songe

à

accorder à la colonie un d é p u t é d u C o m m e r c e au Conseil de

Commerce.

1715. 16 janvier. — Réunion p a r les administrateurs d'une assemblée des députés des paroisses en v u e d e leur d e m a n der le v o t e d ' u n octroi. 1716. L e Conseil de marine interdit l'établissement d e toute nouvelle sucrerie. 1716-1717. Instructions au gouverneur général de la Varenne et à l'intendant R i c o u a r t p o u r réprimer des abus d'ordre religieux, mettre fin a u x vexations des officiers de justice, soutenir les petits

habitants qui f o n t la force des c o l o -

nies et limiter les manufactures (25 a o û t 1716). Munis de ces instructions, de la Varenne et R i c o u a r t arrivent à l a Martinique le 7 janvier 1717. Ils interdisent la création d e nouvelles sucreries et o r d o n n e n t la d é m o lition de celles qui ne sont pas achevées. Ils m e t t e n t également l ' e m b a r g o de

sur des navires espagnols

chargés

piastres. Les intérêts menacés se coalisent contre e u x ; ils sont

arrêtés le 17 mai et embarqués pour France le 23. L e roi couvrit

ces actes

Ce m o u v e m e n t

p a r une amnistie le 22 septembre.

témoigne

d e l'esprit

d'autonomie

planteurs, d o n t certains affichaient des opinions

des répu-

blicaines et réclamaient la sécession. Il témoigne égale-


136

LA

MARTINIQUE

m e n t d e l'intérêt q u e les colons portaient à une c o n t r e bande

qui faisait affluer dans l'île n o n seulement des

vivres mais des espèces métalliques. 1716-1717. Tentatives d u R é g e n t p o u r introduire le caféier à la Martinique. L e gouverneur d ' A m b l i m o n t avait déjà proposé en 1699 une pareille transplantation. 1717. T e n t a t i v e

des grands

planteurs

conduits

par les

D u b u c p o u r établir dans la colonie une sorte de république aristocratique

indépendante.

1718. 2 octobre. — Mort à la Martinique de l ' I n t e n d a n t des Iles, Constant de Silvacane, ancien Président d e la Cour des Monnaies,

et Intendant

des armées

navales.

Fin

lettré, il avait traduit Perse et Juvénal. 1719. L e gouverneur d e la Martinique

confie

à

Poulain

la c o n d u i t e d'une expédition qui échoue contre les Caraïbes noirs de Saint-Vincent. 1720. L a Martinique

possède 338 sucreries.

— A p p a r i t i o n à Saint-Pierre d'une nouvelle sorte d e trafiquants, les commissionnaires, qui j o u e r o n t un rôle capital dans le d é v e l o p p e m e n t et des Iles. Travaillant

é c o n o m i q u e de la ville

p o u r leur propre

c o m p t e , ils

m o n o p o l i s e n t rapidement le négoce entre la Métropole et ses colonies, et centralisent les affaires de toutes les Petites Antilles à S a i n t - P i e r r e : le sort de la Guadeloupe d e v i e n t étroitement lié à celui de la Martinique (voir 1763). Prélevant 5 % de c o m m i s s i o n , ils constituent d e très grosses fortunes qui leur permettent d e servir de b a n quiers a u x planteurs c o m m e a u x a r m a t e u r s ; ils ne tarderont pas à arbitrer la situation. 1721.

Gabriel d e Clieu réussit à transporter un caféier d e

France à la Martinique et à en implanter la culture

dans


137

1674-1763 cette

colonie.

Deux

ans plus

t ô t l'intendant

Bénard

avait v a i n e m e n t repris les projets d u R é g e n t . Grâce à l'arbuste de G. de Clieu et à des graines apportées de B o u r b o n et de Surinam, le café prend pied a u x Antilles où il devient rapidement un nouvel élément de richesse. 1725.

Rivière Salée est détachée d e la paroisse d u Cul d e Sac

à Vaches. 1726. L a Martinique a son premier imprimeur privilégié ; ce fut un n o m m é D e v a u x , ancien notaire à Nantes. — L ' I n t e n d a n t Blondel propose d'accorder a u x colons un député au Conseil d u C o m m e r c e . — Refus indigné du

Ministre.

1727. 1

er

octobre. —

gouverneur

général

Révocation

d e M. d e Feuquières,

des Iles, c o u p a b l e

de spéculations

commerciales interdites à ses fonctions. — 21 octobre. — Rappel d u gouverneur d e M o y e n court, suspect de se livrer pour son c o m p t e au c o m m e r c e étranger. — U n t r e m b l e m e n t de terre dévaste la colonie et ruine les cacaoyères. A la suite de cette catastrophe la Cabesterre se tourne vers la culture d u café, à laquelle le gouverneur de Champigny accorde sa protection. 1728. Un d é t a c h e m e n t

de troupes françaises se rendant

par m e r au Fort R o y a l se révolte, tue quelques-uns d e ses officiers

et, étant

arrivé à Saint-Thomas, livre les

autres au gouverneur danois. L e gouverneur de la Martinique a y a n t réclamé les coupables et en a y a n t o b t e n u 8 0 , en fait exécuter une partie et envoie les autres a u x galères. — Débuts de la paroisse Sainte-Anne. 1731.

Débuts d u c o t o n sur une large échelle. On c o m p t e

2.900.000

pieds.


138

LA

MARTINIQUE

1731-1736. L a Martinique c o m p t e

58.548 habitants

dont

11.980 d e p o p u l a t i o n b l a n c h e . — En 1734 cette population sera de 12.705, sur une p o p u l a t i o n de 66.595 h a b i t a n t s . En 1736, les blancs seront 13.917 sur 69.609 habitants. 1736. L e roi rappelle au gouverneur

M. d e Champigny

les prescriptions d e 1713, t e n d a n t à entraver le d é v e l o p p e m e n t des affranchissements

d'esclaves.

1738. U n c o m m e r c e assez régulier est établi entre la M a r tinique et les colonies espagnoles. Les Espagnols payaient en argent. L e R o i favorise ce c o m m e r c e . 1740, 21 octobre. — Arrivée à la Martinique d u marquis d'Antin,

e n v o y é a u x Antilles p o u r parer à toutes les

éventualités p o u v a n t surgir de la guerre déclarée entre l'Angleterre et l ' E s p a g n e ; il en repart le 30 p o u r SaintDomingue. — L a p o p u l a t i o n d e la Martinique est d e 74.042 i n d i vidus. 1742.

L a Martinique

possède

456 sucreries. L e prix

du

quintal de sucre est remonté de 8 1. à 20 1. —

Introduction d u c a c a o de Cayenne.

1745 (fin). — U n e flotte marchande de 43 navires c o n d u i t e par D e g a y arrive à la Martinique ; seize de ces bâtiments t o m b e n t au p o u v o i r des Anglais au large de F o r t R o y a l . 1748, mars. — Arrivée au Marin (17 mars) d ' u n pseudo agent secret d u g o u v e r n e m e n t français chargé, sous le n o m d e c o m t e d e T a r n a u d , d'enquêter sur les facilités accordées par le gouverneur général de Caylus au c o m m e r c e étranger et sur la participation personnelle d u gouverneur dans ce c o m m e r c e . — Ce faux c o m t e de Tarnaud n'est autre que le f a m e u x prince de M o d è n e , qui sut maintenir la légende de ce n o m j u s q u ' e n mai 1749, et fit partout des


1674-1763

139

dupes au Marin, puis à Saint-Pierre. Réfugié en Espagne en juin 1749, il fut mis en prison. D ' A r g e n s o n , dans ses m é m o i r e s , le représente c o m m e u n agent de l'Angleterre. 1750. 13 mai. — L e gouverneur de Caylus, menacé d e disgrâce en raison de ses opérations commerciales, disparaît fortuitement

par m o r t mystérieuse

o u fuite

précipitée

à l'île de S a i n t - T h o m a s . Il est remplacé p a r le chevalier de 1751.

Bompar,

chef

On c o m p t e

d'escadre.

à la Martinique

12.068 blancs, 1.413

mulâtres libres et 65.905 esclaves. A u total 79.386 h a b i tants, d o n t 15.000 à Saint-Pierre et 4.000 à F o r t R o y a l . 1752.

U n esprit d e révolte soufflant

parmi les esclaves,

— à la Martinique — des arrestations sont opérées et six coupables sont rompus vifs. 1754, 9 mars. — Ordonnance p o r t a n t défense à tous maîtres de b a t e a u x d'avoir à leurs bords des nègres autres q u e c e u x de la Martinique ; on v e u t ainsi réserver à cette île le

monopole

absolu

du commerce,

en supprimant

le

cabotage. 1756. Les armements

p o u r la Martinique

q u i , en 1 7 5 0 ,

étaient d e 236 bâtiments et de 390 en 1 7 5 6 , s'élèvent à 308 dans les sept premiers mois de 1757. 1758, 20 mars. —

L'amiral

anglais Moore tente

contre

F o r t R o y a l une a t t a q u e , qui a moins pour b u t d ' o c c u p e r cette place q u e de se saisir des navires français qui i n c o m m o d a i e n t le c o m m e r c e anglais dans les mers des Antilles. 1759, 17-19

janvier. —

U n e nouvelle

escadre

anglaise

c o m m a n d é e par Moore et portant 6.000 soldats et 2.000 miliciens paraît d e v a n t la Martinique, Fort de France puis Saint-Pierre ; elle est repoussée et se porte presque aussitôt à la G u a d e l o u p e .


140

LA

— 23 juillet. — d'Agriculture

MARTINIQUE

Création

d'une

et de C o m m e r c e

Chambre

avec

faculté

mi-partie d'avoir

à

Paris un député à la suite d u Conseil. — 1

er

décembre. — O r d o n n a n c e qui défend au G o u -

verneur de percevoir le droit d e 2 % sur les nègres et supprime toutes les fermes existantes. Cette ordonnance répond a u souci des Physiocrates

d e mettre un

aux abus administratifs et de supprimer particuliers en matière

terme

les profits des

fiscale.

1 7 6 0 . Les corsaires d e la Martinique, parmi lesquels se distingue un n o m m é Marès, i n c o m m o d e n t le c o m m e r c e anglais dans les mers antillaises. 1 7 6 1 , 28 mars. — O r d o n n a n c e réunissant a u D o m a i n e la Ferme des Cabarets. L a suppression des fermes est d é s o r mais

absolue.

— 1 9 décembre. — Arrêt d u Conseil d ' E t a t établissant une Commission p o u r la législation des colonies. Cette commission se transforme rapidement en u n Bureau de c o n t e n t i e u x , m a n q u e à sa mission et prend fin en 1768. —

L'intendant

Thibault

d e Chanvalon

présente

à

l ' A c a d é m i e son Voyage à la Martinique, contenant diverses observations sur la physique, l'histoire naturelle, l'agriculture, les mœurs et les usages de cette île, fait en 1751 et dans les années suivantes ; il le publie en 1763. — L e Parlement d e Paris c o n d a m n e le Père Jésuite L a v a l e t t e , Préfet A p o s t o l i q u e à la Martinique, solidairement a v e c sa c o m p a g n i e à l'occasion d'une b a n q u e r o u t e de trois millions. L e P. Lavalette avait f o n d é , en association a v e c des juifs d e la D o m i n i q u e , un fructueux c o m merce entre Saint-Pierre et Marseille mais basé sur des crédits t r o p prolongés. L a perte d e plusieurs cargaisons saisies p a r les Anglais entraîna sa chute. L e procès fournit


141

1674-1763

des armes contre la Société de Jésus qui fut bannie de France p e u après. 1 7 6 2 . Les flottes anglaises des amiraux R o d n e y et Douglas, fortes de 49 vaisseaux et p o r t a n t de 15 à 18.000 h o m m e s , paraissent d e v a n t la Martinique le 7 janvier, a t t a q u e n t le Marin d'où ils sont repoussés, puis les Anses e t Case

Navire

d o n t ils

s'emparent, et

d'Arlet

paraissent

le

16 janvier d e v a n t F o r t R o y a l , qui capitule le 13 février. L a capitulation, étendue à Saint-Pierre, y

est

ratifiée

le 2 mars et l'île entière passe sous la d o m i n a t i o n anglaise. —

Des secours tardifs, amenés par Blénac, arrivent le

8 mars

: Blénac

continue

sur

Saint-Domingue.

L a Grenade et Sainte-Lucie capitulent les jours suiv a n t s . M o n k t o n est n o m m é provisoirement

gouverneur

de la Martinique. — 21 m a i . — Arrêt d u Conseil d ' E t a t fixant les bornes d u p o u v o i r militaire dans les Colonies par rapport à

la

Justice. Ce texte est visiblement inspiré d u principe de séparation des pouvoirs. Il s'agissait en l'occurrence de réfréner les abus auxquels se livraient les grands blancs, chefs de la milice de leur quartier.


TROISIÈME PÉRIODE: 1763-1802 La Martinique connut de 1 7 6 3 à 1 7 6 4 une véritable expérience

de

réforme

gouvernementale

analogue

à

celle que Turgot venait d'entreprendre dans son intendance du Limousin, mais en plus vaste. O n a v u précédemment dans quelle mesure les nouvelles idées « économiques » influencèrent les édits destinés à

fixer

le régime commercial

et politique

des

deux î l e s ; il reste à indiquer ici l'œuvre de Le Mercier de la

Rivière assisté de son collègue le marquis

de

Fénelon, telle qu'elle s'est accomplie dans le cadre particulier de la Martinique. Chargé d'établir l'imposition de la colonie, l'ami de Quesnay construisit un système très original, qui fut appliqué en 1 7 6 4 , dans lequel il t a x a i t les habitants non en raison du nombre de leurs noirs, c o m m e on l'avait souvent fait auparavant, mais en fonction du rendement des esclaves eu égard à la fertilité des terres qu'ils cultivaient. D o n c , impôt proportionnel au produit net, et non au produit brut c o m m e il l'était précédemment, ce qui le rendait destructeur. Les faibles droits de sortie, auxquels on recourait à titre de complément, prenaient place dans le système, à raison de leur incidence, pour tenir lieu de contribution


143

1763-1802

foncière, procédé auquel recourut explicitement le législateur de Par la

1843. création

d'une

maréchaussée,

par

l'organi-

sation de nouvelles milices bien en main, par la construction de fortifications

importantes,

Le Mercier de

la Rivière s'efforçait, d'autre part, d'assurer la « sûreté » intérieure

et extérieure

de la

colonie,

sans

laquelle,

selon lui, les agriculteurs toujours inquiets ne pouvaient étendre leurs exploitations. Il manifesta,

enfin,

par son désir d'abolir l' « abo-

minable » pratique du samedi, l'intérêt

qu'il

portait

à la classe servile dont il voulut améliorer la condition pour des motifs d'ordre économique autant que d'inspiration

humanitaire.

D e telles initiatives devaient inévitablement atteindre les Planteurs dans leurs intérêts les plus immédiats ; le Conseil

Supérieur

opposèrent

et

la

furieusement

Chambre et

d'Agriculture

obtinrent

son rappel

s'y au

m o m e n t m ê m e où il rentrait en France pour rétablir une santé usée au service de la colonie, pour laquelle il avait déjà sacrifié sa fortune : n'avait-il pas consenti, de 1 7 5 9 à 1 7 6 2 , pour les besoins de la défense,

des

avances dont il ne fut que partiellement remboursé ? Le

marquis

de

Fénelon

le

suivit

dans

sa

disgrâce.

Les successeurs de ces deux administrateurs

coura-

geux et désintéressés n'eurent les moyens d'entreprendre aucune réforme quelconque ; ils assurèrent le respect du régime établi par les textes de 1763 et 1 7 6 5 , a u t o risant le commerce sirops-comestibles

si nécessaire à

l'équilibre de la balance commerciale de la colonie, et sous certaines conditions l'introduction de nègres étrangers.


LA MARTINIQUE

144

Les événements d'Amérique conférèrent à la Martinique — à cause de sa rade de Fort R o y a l — une i m p o r tance

stratégique

de premier

ordre

qu'elle

partagea

avec S a i n t - D o m i n g u e . Le traité d'alliance, signé avec les

Insurgés

(1778),

consolida

les liens

qui

s'étaient

établis de fort longue date entre les habitants et les colons anglais du continent ; il offrit une sorte de dédomm a g e m e n t à la perte du Canada d'où les Planteurs retiraient depuis 1 7 3 0 des vivres et des bois. E n définitive, hormis les innovations éphémères de Le Mercier de la Rivière, aucune réforme réelle. Les revendications des habitants au sujet d'une

transfor-

mation des paroisses en municipalités et de la création d'une Assemblée et

d'un Syndic-Général

toujours insatisfaites.

demeuraient

La réforme judiciaire, proposée

dès 1 7 6 1 par Le Mercier de la Rivière, tendant à permettre la saisie réelle des débiteurs de mauvaise foi, n'avait

pu

être

accomplie

non

plus,

connaissait toutes les conséquences de

et

la

Colonie

l'effondrement

de son crédit. Surchargés

de

dettes

elles

dépassaient

vingt

millions de livres — les Planteurs n'obtenaient plus les avances nécessaires au développement ou simplement à l'entretien de leurs cultures : les commissionnaires de Saint-Pierre, leurs créanciers, n'avaient cure d'accroître leur passif. E n effet d'exercer

dans l'impossibilité où ils étaient

aucune poursuite,

ces derniers n'obtenaient

de payement que dans la mesure où ils opéraient des retenues sur les produits dont les Planteurs leur faisaient remise, c o m m e les y astreindra d'ailleurs le texte

de

1 7 8 4 fixant l'entrepôt de Saint-Pierre. Les batailles que se livreront au cours de la Révolution


LE FORT St.PIERRE

)DANS

L'ISLE DE LA MARTINIQUE



1763-1802

145

les deux partis adverses, « Patriotes » de la Ville et « Planteurs » de la Campagne, se localiseront autour des trois points

suivants

:

1. — « Ouverture », sinon de tous les ports, au moins des trois

autres

ports

principaux,

Trinité,

Marin

et

François, acte correspondant à une véritable abolition des dettes. 2. — Création de municipalités, dont la composition intéressait directement la situation des Planteurs dans leurs quartiers et influerait sur l'orientation de l'Assemblée

Coloniale,

créée en

1787,

assemblée

qui

devait

donner son m o t sur la question précédente et sur le statut des hommes de couleur. 3.

Affranchissement

des

Noirs,

imposé

par

la

Métropole et que les Patriotes de Saint-Pierre finiront par souhaiter en haine des Planteurs. Les diverses péripéties de la Révolution à la Martinique, de 1789 à 1 7 9 4 , expriment fidèlement les alternatives de fortune que connurent partisans et adversaires de ce programme en trois points. Lorsque

les

Patriotes

auront

réussi,

après

maints

épisodes dont les détails suivent, à s'emparer du p o u voir, les Royalistes, dont les biens ont été séquestrés et pour partie incendies, —

devant la double menace

d'une ruine complète et de désordres sanglants auxquels une libération prématurée, il faut bien le dire, eût inévitablement conduit, — ils prépareront la voie a u x forces britanniques. Le 2 3 mars 1 7 9 4 , la Martinique, bloquée par toute une flotte, envahie par une armée de 1 6 . 0 0 0 h o m m e s , est obligée de capituler. R o c h a m b e a u , enfermé dans le Fort

de la Convention,

avait

pendant

plus

d'un mois prolongé une défense sans espoir, au cours ANTILLES

10


146

LA

MARTINIQUE

de laquelle, pour la première fois, les h o m m e s de couleur ont c o m b a t t u

par amour de la Patrie et de la

Liberté. Le Département bre

de la Martinique, créé le 3 0 O c t o -

1 7 9 3 par un acte spontané

de l'Assemblée

des

Représentants des paroisses, redevenait la Colonie la

Martinique ;

celle-ci,

soustraite

retournait a u x lois de l'Ancien

à

la

de

Révolution,

R é g i m e , mais sous le

contrôle de l'Angleterre. Les Planteurs avaient obtenu l' « ouverture » de tous les ports, et ils la conservèrent jusqu'en 1 8 0 2 . Ils firent ainsi l'expérience de ce régime de quasi-autonomie que les révoltés de avaient

rêvé

d'instaurer,

mais

autres colonies britanniques

la

1717 et

concurrence

1792 des

leur en fit connaître le

prix.

1 7 6 3 , 25 février. — Arrêt d u Conseil d ' E t a t consacrant le p r o j e t d e L e Mercier de la Rivière en matière fiscale : impôt

proportionnel

et

à

certains

égards

progressif ;

i m p ô t de q u o t i t é . L a totalité de la charge est répartie sur l'ensemble de la c o l o n i e , et n o n sur les agriculteurs seulement c o m m e le v o u l a i e n t les disciples de

Quesnay.

— 2 4 m a r s . — R è g l e m e n t concernant l'administration générale de la colonie de la Martinique, désormais séparée de la colonie de la G u a d e l o u p e . Les d e u x p o u v o i r s civils et militaires se limitent r é c i p r o q u e m e n t . L e marquis de Fénelon et L e Mercier de la R i v i è r e , n o m m é s gouverneur et intendant de l'île, gagnent F o r t Royal.


147

1763-1802

— 9 avril. — Arrêt d u Conseil d ' E t a t créant p o u r les Iles d u V e n t , a u x lieu et place de la Chambre mi-partie, la

Chambre

d'Agriculture

prévue

dans

le

Règlement

précédent. A la suite de cette transformation le Ministre autorise la n o m i n a t i o n

d e « Commissaires mi-partie d u

c o m m e r c e de France et de la colonie. » — 18 avril. — Mémoire (voir Généralités) autorisant l ' i m p o r t a t i o n de bestiaux, d e comestibles et de toutes sortes de matériaux nécessaires a u x constructions et a u x sucreries, en échange de sucres et d e tafias. — 29 juillet. — Ordonnance de L e Mercier d e la Rivière concernant la levée d'une s o m m e de 750.000 1. argent des Iles, sur la colonie d e la Martinique p e n d a n t les six derniers mois d e l'année 1763. Cette o r d o n n a n c e , rendue à

la suite

tendait

à

d'une établir

délibération

d e notables

une imposition

habitants,

proportionnelle

« produit n e t » des terres, c o m p t e tenu

d e leur

au

degré

de fertilité. — 15 a o û t . — Mémoire d u R o i pour servir d'instruction a u x gouverneur et intendant de la Martinique.

Ce texte

confirme le m é m o i r e d u 18 avril et reconnaît à SainteLucie la qualité d e p o r t neutre. — 15 octobre. — L e Mercier de la R i v i è r e , fidèle a u x principes physiocratiques, substitue une Régie à la gestion par les « Frères de la Charité » d e l'hôpital de F o r t R o y a l . Cette mesure contribue à sa disgrâce. — 18 octobre. —

Organisation

d e la

maréchaussée

créée par L e Mercier d e la Rivière. Cette innovation blessait tous les grands Planteurs dans leurs habitudes

d'indé-

pendance puisqu'elle remettait entre les mains d u g o u verneur toutes les forces de police d e la colonie jusqu'alors à la seule disposition de l'aristocratie locale.


148 Le

LA

même

souci,

MARTINIQUE

très

physiocratique,

d'assurer

la

« Sûreté » de la colonie avait inspiré à l'intendant un plan de fortifications capables d e tenir en échec tous les assauts d e l'étranger. A c e t ensemble de t r a v a u x appartient le F o r t B o u r b o n , aujourd'hui F o r t Desaix, d o n t la c o n s t r u c tion entreprise en 1763 fut achevée en 1 7 7 1 . — décembre. — Organisation des d é n o m b r e m e n t s . Ici encore

perce

le souci

physiocratique

de substituer

à

l ' i m p ô t de répartition un i m p ô t de quotité, d ' o ù nécessité des recensements. 1764. L e c o m t e

d'Ennery

est n o m m é

Martinique, en r e m p l a c e m e n t

gouverneur d e la

d u marquis d e Fénelon,

lequel partage la disgrâce de L e Mercier d e la R i v i è r e . — 25 février. — Arrêt d u Conseil d ' E t a t

établissant

l'imposition à percevoir sur la Martinique. Il reproduisait un p r o j e t rédigé par L e Mercier d e L a Rivière l'année précédente, t o u t entier inspiré des principes de la nouvelle école. On recourait à un système

nouveau

d'assiette,

dit de la « part proportionnelle », q u e T u r g o t , après l ' a v o i r esquissé, avait renoncé à établir dans s o n i n t e n d a n c e . 1765, 25 janvier. — Mémoire d u R o y pour servir d'instructions au c o m t e d ' E n n e r y , gouverneur de la Martinique. Ce t e x t e , rétablissant l'arrêt d u 15 a o û t 1763, est l ' œ u v r e de D u b u c ; en v u e d e ménager les Chambres de C o m m e r c e , il c o m m e n c e

par affirmer

la

doctrine

protectionniste

o r t h o d o x e , mais p r é v o i t in fine une e x c e p t i o n qui e m p o r tera la règle. E t c'est en quoi ce m é m o i r e , considéré d ' o r d i naire par les historiens c o m m e le dernier manifeste de la Royauté

en faveur d e l'Exclusif,

constitue

en réalité

le premier succès d u parti des colons sur le parti des négociants

d e la

circonstances,

Métropole.

dit-il,

o ù la

« Il p e u t richesse

y

avoir des

et la prohibition

qu'il faut réunir dans les colonies seraient dans un état


149

1763-1802

d'incompatibilité, et alors la loi de la prohibition, t o u t essentielle qu'elle est, d o i t néanmoins céder. » En

conséquence,

le Mémoire

autorise

sirops-comestibles, y ajoute l'introduction

le

commerce

de la m o r u e

sèche e t établit à Sainte-Lucie un p o r t d ' e n t r e p ô t où d e v r o n t s'échanger les produits des Iles contre les denrées étrangères. Cette concentration d u trafic engendra, p a r suite des frais de transport, une élévation d u cours des sirops français et rendit, en fait, leur achat impossible aux Anglais et aux Hollandais. Ainsi, en dépit des intentions d u G o u v e r n e m e n t le n o u v e a u texte législatif anéantit le

commerce

qu'il

prétendait

— 16 décembre. —

Lettre

consolider.

(Voir

1784).

d u R o i p e r m e t t a n t , en

échange des sirops et des tafias, l'introduction a u x Iles de nègres étrangers par des navires v e n a n t directement des Côtes d ' A f r i q u e , à condition q u e la cargaison supérieure à 180 têtes. Le g o u v e r n e m e n t

soit

finissait par

accorder lui-même l'autorisation qu'il avait suffi d'attribuer l'année précédente à L e Mercier de la Rivière p o u r permettre

a u x adversaires

d e ce dernier d ' o b t e n i r

sa

disgrâce. — Choiseul fait introduire à la Martinique des familles alsaciennes qui s'établirent à « Champ Flori » dans le centre de l'île. 1766, 4 mars. — Création d'une p o s t e , projetée depuis 1 7 3 9 . — D u b u c d u Ferret, frère d e Jean-Baptiste

Dubuc,

est n o m m é représentant d e la Martinique à Paris. 1767, 29 juillet. — Arrêt d u Conseil confirmant le p o r t d'entrepôt

de Sainte-Lucie

S a i n t - D o m i n g u e , au Môle —

et en créant un second à Saint-Nicolas.

Petit d e V i é v i g n e , fils d'Emilien

Petit, publie le

Code de la Martinique. Des suppléments paraîtront en 1772 et 1786.


150

LA

MARTINIQUE

1768, 7 juillet. — L e Conseil supérieur d e la Martinique crée à F o r t R o y a l le collège Saint-Victor. 1771-1773. L a Vallière est n o m m é gouverneur d e la Martinique à la place d ' E n n e r y , mais c'est le n o u v e a u g o u v e r neur d e la G u a d e l o u p e , le c o m t e de Nozières, qui va o c c u per le p o s t e : l ' i n d é p e n d a n c e d e la G u a d e l o u p e est d e nouveau

sacrifiée.

D i o r é est n o m m é gouverneur de la G u a d e l o u p e (28 n o v . ) . Malade, il rentre en France le 14 avril 1773, laissant l'intérim à son s e c o n d , M. de Tilly. 1774, 29 décembre. — M M . d e Nozières et T a s c b e r r e n o u vellent une o r d o n n a n c e , n o n mise en vigueur, d u 18 juin 1761, par laquelle tous les gens de couleur étaient tenus dans le délai d e trois m o i s , de remettre à l'intendance les titres d e leur affranchissement — la vérification d e ces titres e x p o s a n t c e u x qui ne seraient pas en

règle

a v e c les ordonnances à être v e n d u s au profit d u r o i . L e Conseil supérieur d e la Guadeloupe proteste et l ' o r d o n nance n'est appliquée

q u ' à la Martinique, où elle est

annulée p a r un arrêt d u conseil d ' E t a t le 8 juin 1 7 7 6 . 1778. L e marquis de Bouille, gouverneur d e la Martinique, s'empare d e la D o m i n i q u e

(8 s e p t e m b r e ) . L e marquis

de Bouille d e v a i t s'illustrer plus tard, lors de la « Fuite d e Varenne ». 1783, 3 novembre. — Traité d e Versailles. — L a France conserve d e ses conquêtes l'île d e T a b a g o . L a guerre qui se termine a v e c ce traité, a surtout favorisé la

Mar-

tinique, où s'étaient faits tous les armements et préparées t o u t e s les expéditions. 1784, 30 août. — Arrêt établissant le régime d e l'Exclusif mitigé. Saint-Pierre, Sainte-Lucie et Pointe à Pitre sont érigés en ports d'entrepôt p o u r les Petites Antilles ; il


151

1763-1802

est ainsi mis fin a u x effets néfastes d u Mémoire d e j a n vier 1765. Les tafias et les sirops p e u v e n t passer à l'étranger ; certaines vivres et matériaux indispensables p e u v e n t être introduits. L a politique

économique

préconisée p a r L e Mercier

de la Rivière dès 1763 t r i o m p h e grâce à lui. (Voir Généralités, 1778). — 26 octobre. — U n e station navale est établie à la Martinique p o u r les Iles d u V e n t . 1784 (après). — L e gouverneur général, v i c o m t e d e D a m a s , supprime les c o m m a n d a n t s de quartiers et les remplace par des c o m m a n d a n t s d e paroisses ; il atteint p a r là le prestige des grands

propriétaires.

1786, 7 mars. — L e Président d e Foulquier, intendant d e la G u a d e l o u p e , est n o m m é intendant d e la Martinique. Il retourne en France rendre c o m p t e d e son administration (juin-décembre) et revient a v e c mission d'instaurer définitivement le système des Assemblées Coloniales préconisé par le Comité d e Législation, d o n t il avait

fait

partie,

et qu'il avait expérimenté à la G u a d e l o u p e . (Voir Généralités, 1778 et G u a d e l o u p e , 1782). 1787, avril. — Arrivée à la Martinique, v e n a n t de F r a n c e , de Moreau de Saint Méry, chargé p a r le maréchal d e Castries d'étudier sur place les effets probables des réformes entreprises p a r le Conseil. — 17 juin. — Ordonnance

créant dans les colonies

des Antilles des Assemblées coloniales chargées d'asseoir et répartir l'imposition

ordonnée par le R o i . Quelques

jours plus tard une ordonnance crée p o u r la Métropole, sur le m ê m e t y p e , des Assemblées

Provinciales.

— Création à Paris d e la Société des Amis des Noirs p a r Brissot, C o n d o r c e t , L a R o c h e f o u c a u l d ,

etc..


152

LA

MARTINIQUE

1788, 16 août. — Ouverture des ports de la colonie au c o m merce étranger j u s q u ' a u 1

er

janvier 1789.

1770 (vers). — L e gouverneur général d ' E n n e r y

réprime

sévèrement le duel qui était d e v e n u d'une m o d e courante. 1789, 9 février. — L'Assemblée coloniale d e la Martinique d e m a n d e au roi d ' e n v o y e r des députés a u x Etats généraux. — L e roi oppose un refus à cette d e m a n d e . — 13 février. — M o r t à Fort R o y a l d u Président d e Foulquier, intendant d e la colonie. Le fils d e l'intendant des Finances, F o u l o n Necker

devait

d ' E c o t i e r , à qui la succession

échoir le 12 juillet

— 10 mai. —

Ordonnance

de

1789, le r e m p l a c e .

permettant

l'entrée des

farines et des biscuits j u s q u ' a u 15 o c t o b r e . Cette o r d o n nance sera prorogée j u s q u ' a u 1

er

mars 1790.

— 28 mars. — L o i établissant des Assemblées

colo-

niales élues au suffrage universel, et dotées d u p o u v o i r législatif. — septembre. —

Dans les premiers

jours

d u mois

la cocarde tricolore est arborée à la Martinique. U n e grande fête a lieu à F o r t - R o y a l , le 27, p o u r célébrer la nouvelle alliance entre la R o y a u t é et la Nation. L e g o u verneur général, le v i c o m t e de V i o m é n i l , h o m m e de guerre déjà illustre p o u r sa conduite en Pologne lors de la guerre de Succession, a c c o m p l i t un geste qui excite l'indignation des planteurs et des blancs de Saint-Pierre : il embrasse un mulâtre. — 17 octobre. — L'Assemblée coloniale de la Martin i q u e , représentant constitue

surtout

les intérêts

des villes, se

en assemblée générale coloniale p o u r

nommer

d e u x représentants à l'Assemblée constituante, elle n o m m e Moreau de Saint-Méry et le c o m t e A . d e Dillon. Les planteurs résidant à Paris avaient auparavant désigné trois représentants p a r m i lesquels Moreau de Saint-Méry.


153

1763-1802 L'Assemblée

pressentait « les avantages qui d o i v e n t

résulter p o u r la colonie de porter elle-même par l'organe de ses députés son h o m m a g e , ses doléances et ses v œ u x à l'Asemblée cette

Nationale » et nourrissait « l'espoir

Assemblée

solennelle

et respectable

que

qui a bien

v o u l u déjà recevoir dans son sein les députés de SaintD o m i n g u e accueillera de m ê m e ceux de la Martinique et procurera ainsi à cette p r o v i n c e éloignée d e l ' E m p i r e Français un m o y e n

d e r a p p r o c h e m e n t et d'union à la

grande famille de l ' E t a t . » Les Planteurs réagissent v i v e m e n t et s ' o p p o s e n t à l'élection d e députés d o n t l'action aurait neutralisé à Paris celle d e leurs délégués. — octobre. — A la d e m a n d e des Saint-Pierrais

une assemblée

Planteurs et des

se réunit le

octobre

10

p o u r juger le g o u v e r n e u r ; elle se déclare i n c o m p é t e n t e et

réclame

la c o n v o c a t i o n

d'une

assemblée

générale.

Le g o u v e r n e u r est cependant désavoué par les colons. — 1 6 novembre. — Réunion de l'Assemblée générale sous la présidence de D u b u c . Les intérêts de la c a m p a g n e y

prédominent. — 23 novembre-2 décembre. — R è g l e m e n t de l ' A s s e m -

blée coloniale pour l'établissement des municipalités dans c h a q u e paroisse. (La municipalité de Saint-Pierre

devait

comprendre 1 maire, 4 échevins, 8 conseillers et 1 secrétaire g r e f f i e r ; celle d e F o r t R o y a l 1 maire, 2 échevins et 4 conseillers et chaque paroisse 1 maire ou juge de paix assisté d ' u n lieutenant d u maire). L a création d e ces municipalités répondait à l'une des plus anciennes revendications

des habitants, mais

portait atteinte a u x prérogatives des grands auxquels le régime des milices

elle

Planteurs

assurait une influence

décisive et une d o m i n a t i o n absolue sur toutes les paroisses. L ' A s s e m b l é e coloniale s'efforça d o n c de réduire à néant les droits qu'elle ne p o u v a i t refuser d'attribuer a u x n o u -


154

LA MARTINIQUE

velles municipalités en a j o u t a n t a u m o m e n t d e se séparer, le 2 d é c e m b r e , les articles 31 et 3 2 , articles q u e les SaintPierrais refuseront d e reconnaître. Ces articles rendaient les officiers m u n i c i p a u x personnellement responsables de tous les désordres qu'ils auraient p u prévenir en en appelant p r é v e n t i v e m e n t au p o u v o i r exécutif,

c'est-à-dire

au

Gouverneur. Ces

dispositions

aboutissaient d o n c à restituer en fait a u x autorités militaires la suprématie q u e la création m ê m e des m u n i c i palités avait eu pour o b j e t d e faire disparaître. — 3 décembre. —

Arrêté

d e l'Assemblée

générale

o u v r a n t a u x navires américains les ports de F o r t R o y a l , de Trinité, d u Marin et d u François, et supprimant les droits sur les marchandises mentionnées à l ' o r d o n n a n c e d u 3 0 a o û t 1 7 8 4 . Vioménil c o n s e n t , le 19 d é c e m b r e , à promulguer

une ordonnance

donnant

satisfaction aux

Planteurs, mais limitée à 4 mois seulement. (Il m a i n tient le droit d e 1 % ) . — 8 décembre. —

Arrêté

concernant

la

formation

d'une nouvelle Assemblée : le n o m b r e des représentants d e Saint-Pierre est diminuée des 3/4. — 11 décembre. — pour

réprimer

L a loi martiale

les m o u v e m e n t s

est proclamée

d e protestation

d e la

p o p u l a t i o n d e Saint-Pierre. — 19 décembre. — Les arrêtés d e l'Assemblée

sont

promulgués. — Arrêté établissant un contrôle sévère des entrées dans la colonie. — Les Planteurs s'efforcent d'isoler la Martinique d e la m é t r o p o l e ; le Conseil Souverain, d o n t ils o c c u p e n t tous les sièges e x p r i m e le désir

d'attendre

sous le régime ancien q u e les nouvelles lois soient a c h e vées.


155

1763-1802

— I n t r o d u c t i o n dans la colonie sur l'ordre d u Ministre, le c o m t e d e la Luzerne, b o t a n i s t e distingué, d e l'arbre-àpain et de l'hévi qui se multiplient f a c i l e m e n t ; d u c a m b a r a n , d u bilimbier, d u carambolier et d u

mangostan

qui réussissent également. L e Ministre envoie à la fin de l'année des arbres à épices. 1789-1790. A la fin de l ' A n c i e n R é g i m e , Marseille envoie à la Martinique autant d e vaisseaux q u e B o r d e a u x . Sur u n trafic total d e 358 millions d e francs, le n é g o c e venait p o u r 40 millions a v e c les Antilles, p o u r 92 millions a v e c le L e v a n t . L e n o m b r e des raffineries

était passé de 12 en 1776

à 30 en 1783. 1790, 9 janvier. — Nouvelle Assemblée d e députés habilem e n t sélectionnés p a r les Planteurs, qui espèrent faire v o t e r le statu quo. — Saint-Pierre constitue sa municipalité. L a « c o m m u n e intermédiaire » établit la liaison entre la m u n i c i palité et l a p o p u l a t i o n ; c e t organisme original a tous les caractères d ' u n c l u b . — 21 février. — D e u x officiers d e Saint-Pierre accusés d'avoir piétiné la c o c a r d e tricolore sont arrêtés p a r la foule et mis a u c a c h o t . Les troupes de l a garnison se retirent et se concentrent à F o r t R o y a l . Les habitants de Saint-Pierre f o n t appel à leurs partisans des paroisses voisines et d e m a n d e n t des secours à la G u a d e l o u p e . L e gouverneur

d e cette

colonie,

d e Clugny,

leur

envoie

110 volontaires c o m m a n d é s par D u g o m m i e r . On c o n v i e n t d'une trêve e t les volontaires retournent à la Guadeloupe le 13 m a r s . — 1

e r

mars. —

représentant

Une nouvelle

les intérêts

Assemblée

des c a m p a g n e s ,

générale,

confirme les


156

LA MARTINIQUE

pouvoirs de Moreau de Saint Méry et d u c o m t e Dillon. — Les députés des villes protestent contre les tendances et les actes de cette assemblée. — 5 mars. — Arrivée à Saint-Pierre des volontaires de la Guadeloupe sous la conduite de Coquille

Dugom-

mier. M o u v e m e n t en faveur d'une « R é u n i o n fédérative » des diverses îles. — 16 mars. — L ' A s s e m b l é e se sépare. Ses m e m b r e s f o n t c a m p a g n e dans toute la colonie contre les habitants de

Saint-Pierre

auxquels

viennent

se rallier

ceux

de

F o r t R o y a l . Ils préparent une expédition contre SaintPierre. — Saint-Pierre

envoie

à Paris des députés

chargés

de faire connaître ses revendications et d e contrebalancer l'influence

des députés

des Planteurs,

parmi

lesquels

Moreau d e Saint-Méry. — avril. — Les Saint-Pierrais e n v o i e n t à Paris d e u x députés, le sieur R u s t e et le sieur d e Corio,

Procureur

d u R o i , afin de tenir en échec le n o u v e a u d é p u t é des Planteurs, le sieur de Blanchetière

Bellevue.

— 23 avril. — Les « députés de la jeunesse citoyenne des Iles d u V e n t réunis dans la salle des spectacles de Saint-Pierre » après avoir formé un « p a c t e d ' u n i o n , d e fraternité et de confédération » font serment : 1° de respecter les décrets de l'Assemblée Nationale ; 2° de haïr les Emigrés ; 3° de se réunir au premier signal sous les ordres des chefs

municipaux

lorsque

la colonie

qui aura

besoin

de secours en aura formé la d e m a n d e p a r son corps représentatif. — avril. — Les malentendus persistant entre les p l a n teurs et les patriotes, D u g o m m i e r revient à la Martinique


1763-1802

157

a v e c 300 volontaires dans le courant d'avril.

N'ayant

p u concilier les partis, il retourne à la Guadeloupe à la fin d u m ê m e mois pour y c o m p r i m e r une révolte des esclaves. — mai. — quatre ports

L'ordonnance

de

décembre

étant venue à expiration

ouvrant

les

l'agitation renaît

autour de cette question. L ' i n t e n d a n t prend parti p o u r les Saint-Pierrais

et s'oppose

au renouvellement de la

p e r m i s s i o n ; il propose de s'en remettre aux

décisions

de l'Assemblée Nationale. Colère des Planteurs d o n t les représentants de Foulon

à

Paris

demanderont

d'Ecotier: le

aussitôt le

rappel

Conseil d ' E t a t refuse.

— juin-septembre. —

L'ordre

ne se rétablit

pas

à

Saint-Pierre. L e 3 juin, jour de la Fête-Dieu, des troubles graves éclatent durant une p r o c e s s i o n ; les planteurs et les h o m m e s de couleur d'un c ô t é , la classe m o y e n n e de l'autre. Le gouverneur o c c u p e militairement S a i n t - P i e r r e ; les principaux des patriotes emmenés prisonniers à F o r t R o y a l sont délivrés par la garnison soulevée. Le g o u v e r neur a b a n d o n n e la ville aux rebelles et, a p p u y é par les h o m m e s de couleur, résiste aux patriotes.

Dugommier

part de n o u v e a u a v e c 300 volontaires p o u r les soutenir dans leurs revendications (6 septembre). Il soutient contre le gouverneur une lutte où il est défait au C a m p d u Grand Morne par les mulâtres conduits par Percin. Les d e u x partis restent un temps sur leurs positions. Le 3 o c t o b r e D u b u c fait appel aux A n g l a i s ; ceux-ci refusent d'intervenir. — 7 juillet. —

L'Assemblée élabore p o u r la Colonie

un Statut. Elle prétend au p o u v o i r législatif et dépossède l'intendant

en établissant

un « Directoire

élu le 14. (Il c o m p r e n d r a les députés de

», qui

sera

Saint-Pierre,

2 députés de F o r t R o y a l et 15 députés de la campagne.)


158

LA

Elle s'attribue

MARTINIQUE

u n p o u v o i r législatif

absolu en ce qui

concerne les esclaves (art. I ) . — 21 juillet. — Suppression d u tribunal d u g o u v e r neur, d o n t le f o n c t i o n n e m e n t faisait échec au principe d e la séparation des p o u v o i r s . — 2 2 juillet. —

D é c r e t d e l'Assemblée

restreignant

la liberté d e la Presse, v u « le danger d e trop éclairer les h o m m e s sur leurs droits dans des pays où l'oubli d e ces droits a fait établir l'esclavage e t où la servitude est tellement inhérente à leur constitution qu'ils n e p o u r raient pas exister sans elle. » Il fallait une permission d e la m u n i c i p a l i t é ; l'impression de t o u t e relation des troubles populaires était punie d e 500 1. d ' a m e n d e . — 6 août. —

Décret

d e l'Assemblée

au sujet des

m u n i c i p a l i t é s ; celles-ci sont réduites à d e pures fonctions de salubrité et d ' h y g i è n e . — 2 9 novembre. — l'envoi 6.000

d'une

L'Assemblée

Nationale

escadre et d e quatre commissaires

hommes.

Elle

suspend

l'assemblée

décide avec

coloniale

et

casse le « Directoire ». Elle d o n n e l'entrepôt à la Trinité et à F o r t R o y a l p e n d a n t l'hiver s e u l e m e n t ; les Planteurs obtiennent d o n c satisfaction, p o u r moitié. 1791, mars. — Informé des troubles survenus à la Martin i q u e , le roi remplace le gouverneur de D a m a s par M. d e Béhague,

qui arrive

à

Fort

Royal

le 12 mars

avec

4 commissaires pour rétablir l'ordre. L a Colonie se s o u m e t dès le lendemain et D u g o m m i e r retourne à l a G u a d e l o u p e . L e Conseil souverain est c o n v o q u é le 26 a u x lieu et place d e l ' A s s e m b l é e ;

le 29, les commissaires

d é c i d e n t la création d ' u n c o m i t é d e conciliation de d o u z e m e m b r e s qui sera élu p a r la p o p u l a t i o n de Saint-Pierre « afin d e proposer tous les m o y e n s d'union. » Cependant


1763-1802

159

les forces des planteurs o c c u p e n t les forts et les troupes ralliées a u x patriotes sont embarquées p o u r la France. — L a connaissance des événements qui se sont p r o duits

à Saint-Domingue

parvient

à

Fort-Royal;

elle

contribue à jeter dans les bras des Planteurs le gouverneur général, qui rétablira les milices despotiques de l ' A n c i e n régime. Quelques secours partent de la Martinique p o u r le Cap le 3 avril. — avril. — Les Planteurs poursuivent leur c a m p a g n e contre Saint-Pierre, d o n t ils « b o y c o t t e n t »

le port; ils

envoient toutes leurs denrées à la Trinité o u à F o r t - R o y a l , o u dans les diverses petites rades d e la c ô t e q u e fréquentent les navires étrangers. — Les commissaires

des colons

d e la

Guadeloupe

p r o p o s e n t à ceux de la Martinique la réunion d ' u n « C o n grès » — le m o t était en faveur depuis

l'insurrection

américaine — qui serait chargé d'élaborer le statut p o l i tique des Iles. — 1 5 mai. — Décret d e l'Assemblée Nationale en faveur des h o m m e s d e couleur libres nés d e parents libres, qui deviennent électeurs. Leur n o m b r e était des plus restreints; ce t e x t e reste au surplus lettre morte dans la colonie. L e lendemain Moreau d e Saint-Méry et le c o m t e Dillon se

retirent

de l'Assemblée

Nationale

en manière

de

protestation. — 3 juillet. — E m e u t e grave à Saint-Pierre, où l ' o n apprend la fuite d u roi et les événements subséquents. L a p o p u l a t i o n est surexcitée par suite d u « b o y c o t t a g e » auquel se livrent les p l a n t e u r s ; le trafic maritime est paralysé et les commissionnaires

t o u c h e n t à la ruine.

— 28 septembre. — L o i émanant d e la Constituante et réservant aux colonies la législation quant aux p e r -


160

LA

MARTINIQUE

sonnes. L a question de l'affranchissement

des noirs et

des libertés des h o m m e s de couleur est d o n c

réservée,

aux assemblées locales. Ce texte a p o u r effet de transformer c h a q u e

colonie

en un c h a m p d e bataille entre partis adverses. Les mulâtres se détachent

des Planteurs

d o n t la mauvaise

volonté

à leur égard apparaît désormais d'une manière évidente. Les

Commissaires

civils,

d'autre

part,

se divisent

et

d e u x d'entre e u x regagnent la France (24 o c t o b r e ) . — 27 novembre. —

Les mulâtres

s'assemblent

et

décident de défendre leurs droits contre les Grands Blancs. Ils s'inspirent d u C o n c o r d a t de P o r t au Prince. L e lend e m a i n , le gouverneur général se décide à

promulguer

le texte d u 28 septembre qu'il est d e v e n u impossible de cacher plus

longtemps.

— 7 décembre. — Crassous de Médeuil et D u g o m m i e r . députés de la ville d e Saint-Pierre, réclament à la barre de l'Assemblée Nationale le rappel de Béhague et d e tous les chefs civils et militaires c o m p r o m i s dans les troubles. — 9 décembre. — L ' A s s e m b l é e Coloniale de la Martinique a d o p t e l'idée d ' u n Congrès général où les quatre colonies de la Martinique, la G u a d e l o u p e ,

Sainte-Lucie

et T a b a g o seraient représentées. Elle n o m m e six d é p u t é s , les sieurs Saint Cyran, G o d e t , G o n d r e c o u r t ,

Dondoire,

Clairefontaine et L a Salinière. L e Congrès se tiendra à Fort

R o y a l , à mi-distance entre la G u a d e l o u p e

et les

d e u x autres îles. — 12 décembre. — Béhague s'oppose

à

l'ouverture

d u p o r t d u Marin réclamée p a r les Planteurs. 1792,

janvier-avril. — L e « Congrès Général » tient ses

séances à F o r t R o y a l . Il limite les droits accordés a u x mulâtres par le décret d u 15 mai en j o u a n t sur les nuances


MÉDAILLES COMMÉMORATIVES

En haut et à gauche: Fortification de l'Ile de la Guadeloupe. 1721. A l'exergue: GVADALVPA INSVLA MVNITA. PHILIPPO REGENTE. (Bronze, 41 mm. Cab, des Médailles). En haut et à droite: Etablissement de la Compagnie des Indes. 1664. « JUNGENDIS COMMERCIO GENTIBUS ». A l'exergue: SOCIETATES NEGOTIATORVM IN VTRAMQUE INDIAM. (Bronze. 41 mm. Cab. des Médailles). En bas à gauche: Echec de l'expédition Hollandaise contre la Martinique. 1674. « COLONIA FRANCORUM AMERICANA VICTRIX ». A l'exergue: BATAVIS AD MARTINICAM CÆSIS ET FVGAT1S. (Or, 41 mm. Cab, des Médailles). En bas et à droite: Possession de l'Ile Saint-Christophe. 1666. « COLONIA FR. STABILITA ». A l'exergue: ANGL. EX. INSVLA ST. CHRISTOP. EXTVRBAT. (Argent, 41 mm. Cab. des Médailles).



161

1763-1802

et les couleurs. L e p r o j e t final déclare q u e les colonies font « partie d e l ' E m p i r e Français », mais q u e les députés des

Colonies

à l'Assemblée

Nationale

n'ont

consultative. Les tendances à l ' a u t o n o m i e

que voix

apparaissent

d o n c d e la f a ç o n la plus m a r q u é e . — 28 mars-4 avril. — L o i métropolitaine

accordant

les droits d u c i t o y e n à tous h o m m e s de couleur et nègres libres sans distinction d'origine. Des commissaires civils sont n o m m é s pour assurer l'exécution dans les colonies de ce nouveau texte. — 1er avril. — Ordonnance tendant à faire rentrer les i m p ô t s .

1790

Depuis

aucune

recette n ' a p u être

accomplie. — 1 5 avril. —

L a colonie, à n o u v e a u isolée d e la

Métropole p a r suite de la guerre, est contrainte d e faire appel a u x vivres de l'étranger. Béhague autorise, le 1 5 , l'entrée des farines. — 3 j u i n . — L'Assemblée de la Martinique, laquelle s'intitule « Assemblée Constituante d e la Martinique », accepte les dispositions de la loi d u 28 mars-4 avril qu'elle promulgue.

Elle

espère

ainsi

échapper

à l'action des

commissaires civils et de l'escadre, contre l'envoi desquels elle s'élève a v e c force,

dans une protestation

au R o i .

— 16 septembre. — Arrivée à la Martinique d u n o u v e a u gouverneur

général

Rochambeau

commissaires ; la flotte

accompagné

d e trois

est sous les ordres de Bruix.

Ils avaient quitté la France le 10 a o û t , mais la nouvelle des n o u v e a u x troubles révolutionnaires les avait précédés. Dénoncés a u x habitants p a r les Planteurs c o m m e des « brigands », les commissaires et leurs h o m m e s ne p e u v e n t débarquer ; ils continuent sur S a i n t - D o m i n g u e . Les Iles entrent en insurrection et arborent la cocarde b l a n c h e , le 17 s e p t e m b r e . ANTILLES

11


162

LA

MARTINIQUE

— 17 septembre. — L e c o m t e d e P r o v e n c e

délègue

a u x Antilles a v e c mission d e les soulever u n r é v o l u t i o n naire repenti qui a surpris sa c o n f i a n c e : c e t aventurier était autorisé à p r o m e t t r e la liberté d u c o m m e r c e a v e c l'étranger. — A la Martinique la plus grande inquiétude

règne

dans le milieu des Grands Blancs. Béhague entre en liaison a v e c les Emigrés par l'intermédiaire d e son n e v e u , tandis que D u b u c se fait e n v o y e r p a r les planteurs en mission à la Cour d e L o n d r e s . On parle à Paris d e l ' i n d é p e n d a n c e des Colonies. — 19 septembre. — L e s Patriotes d e l a Martinique et de la G u a d e l o u p e réfugiés à la D o m i n i q u e

affirment

leur a t t a c h e m e n t à la R é p u b l i q u e et se déclarent seuls capables d'élire des députés à l ' A s s e m b l é e . Les

Martiniquais

choisissent:

Crassous

d e Médeuil

et J a n v i e r L i t t é e , h o m m e d e couleur. — octobre. — L ' A s s e m b l é e locale adresse au R o i u n manifeste v i b r a n t o ù s'affirme

son l o y a l i s m e .

Les

patriotes a b a n d o n n e n t l a c o l o n i e ; ils élisent le 28 des députés

chargés

d e faire connaître à Paris les derniers

événements. L a C o n v e n t i o n décide le 8 n o v e m b r e d e rappeler les commissaires précédents et d ' e n e n v o y e r des n o u v e a u x . — 1

er

décembre. — L e m ê m e j o u r parviennent à la

Martinique de

le capitaine

soumettre

d e vaisseau

les Antilles,

Lacrosse,

e t le délégué

chargé

des Princes.

Celui-ci est accueilli a v e c enthousiasme par les Planteurs d o n t il préside une réunion mais il é p r o u v e la froideur d u gouverneur général. Lacrosse tente d'impressionner les habitants

p a r une p r o c l a m a t i o n

qu'il

fait répandre à

terre, mais Béhague maintient son autorité en consentant le 4 d é c e m b r e à l'ouverture d u Marin.


1763-1802

163

— 1 3 décembre. — L'Assemblée Coloniale se réunit, jure fidélité a u x Princes et déclare la guerre à la R é p u blique. L a sécession est c o n s o m m é e . Quelques jours plus tard la Convention en possession des dernières nouvelles, décrète Béhague d'accusation et envoie des commissaires civils. D u b u c de son c ô t é se rend à Londres où il retrouvera les députés de la G u a d e l o u p e , M M . de Curt et de Clairefontaine. Grâce à la fidélité de Sainte-Lucie, Lacrosse p e u t prendre pied a u x Antilles e t les inonder de ses proclamations. 1 7 9 3 , 7-9 janvier. — Les promesses d e Lacrosse n o t a m m e n t en ce qui concerne le statut des nègres et les menaces d e répression q u e contiennent tous ses manifestes ébranlent les habitants. Les h o m m e s d e couleur, enfin c o n v a i n c u s des bonnes

d e la Métropole

intentions

à leur

égard,

se rallient à la R é v o l u t i o n . L a Martinique et la Guadeloupe se rendent à Lacrosse. L ' A s s e m b l é e se transporte a u L a m e n t i n sur l ' H a b i t a t i o n Carrière et décide de r e c o n naître la R é p u b l i q u e (9 janvier). Les royalistes sont c o n traints d e suivre Béhague

dans sa fuite (10-11 janvier)

en empruntant une partie d e la flotte en station. — 1 2 janvier. — Création à la Martinique d ' u n « Conseil exécutif » chargé d'administrer la colonie en l'absence d e toute autorité. —

21 janvier. — L e j o u r m ê m e de la m o r t d u R o i ,

l'Assemblée

Coloniale fait a m e n d e honorable d e v a n t la

Convention dans une adresse qui témoigne d e sa part d ' u n retournement

complet.

— 1er février. — Entrée en guerre de l'Angleterre. —

3

février.

Rochambeau,

revenu

de

Saint-

D o m i n g u e , débarque à la Martinique et s'installe à F o r t R o y a l qu'il baptise F o r t R é p u b l i q u e o u Républiqueville. (Le F o r t B o u r b o n d e v i e n t le F o r t d e la C o n v e n t i o n ) .


164

LA

MARTINIQUE

— 8 février. — Création dans les bourgs de « Comités de Surveillance » faisant f o n c t i o n d e municipalités. Ces comités seront n o m m é s par des commissaires

concilia-

teurs choisis p a r R o c h a m b e a u .

jouissent

Les mulâtres

p o u r la première fois de l'égalité p o l i t i q u e . — A c t i o n des clubs, et de la « Société des Amis de la Convention Nationale », en particulier, c l u b d e Saint-Pierre

: la

Mar-

seillaise. — 16 février. — R o c h a m b e a u ferme tous les p o r t s , sauf

Saint-Pierre.

— 19 février. — D u b u c et Louis de Curt signent un accord a v e c les Anglais à Whitehall. Les Antilles passeront sous la d o m i n a t i o n britannique mais seront rendues à la France lors d e la restauration de la dynastie des B o u r b o n à condition q u e toutes les colonies anglaises d o n t la France aurait p u s'emparer fussent restituées et toutes les dépenses d'amélioration

remboursées.

— 19 mars. — Béhague signe un accord a v e c les Anglais de Trinidad où il s'est réfugié, en v u e d e s'emparer de la Martinique. Les royalistes d e la colonie, en intelligences a v e c le gouverneur fugitif, s'agitent. — 17 avril. — R o c h a m b e a u ordonne a u x Planteurs d e dissoudre leurs rassemblements ; ceux-ci lui r é p o n d e n t en le s o m m a n t d e fermer les Clubs. — 27 avril. — D é b u t d u c o u p de main des royalistes et des Anglais. — mai. — conquête.

Béhague

tente

Les Patriotes

d'exécuter

s o n plan

et les Royalistes

entrent

de en

lutte. — 8 juin. — belle conduite Bellegarde.

Victoire

de R o c h a m b e a u

d u bataillon

d e mulâtres

grâce

à la

conduits par


165

1763-1802

— 13 juin. — Arrivée de D u b u c , porteur des accords de Whitehall. Il encourage les rebelles, q u e soutiennent les troupes d u général Bruce. — 21 juin. — Déroute des Blancs, qui s ' e m b a r q u e n t sous le feu des Révolutionnaires dans le plus grand désordre. Les Anglais c o u v r e n t leur retraite. — juillet. — Mise en vente des biens des Emigrés ; la valeur totale de ces propriétés est estimée à cent millions à la Martinique seulement. — 11 septembre . — A b o l i t i o n par la Convention d e tous les droits perçus au sujet d u c o m m e r c e des colonies. — 17 septembre. —

Proclamation

de

Rochambeau

annonçant la formation des municipalités. — 22 septembre. — R o c h a m b e a u réunit à Saint-Pierre les « Commissaires

Représentants

» d e la Martinique,

au n o m b r e de 64. Ils représentent 17 paroisses sur 27. L'Assemblée élit c o m m e Président, Levassor. — 24 septembre. — Nationalisation des biens d u Clergé v o t é e par l' « Assemblée Républicaine ». — 25 septembre. — Ouverture des quatre ports j u s q u ' e n avril 1794. — 3 octobre. — Création de milices et d'escouades de vétérans, chargés d e la défense d e la colonie. D e u x bataillons de gens d e couleur sont également créés. — 18 octobre. — Création d ' u n Tribunal naire c o m p o s é d ' u n j u r y et d e cinq l'Assemblée.

Ses jugements

juges

sont sans

Révolutionnommés par

appel.

— 26 octobre. — Les Clubs sont officiellement reconnus et protégés.


166

LA

MARTINIQUE

— 26 et 28 octobre. — L ' A s s e m b l é e représentative d e la Martinique arrête : « L a Colonie d e la Martinique sera considérée d é p a r t e m e n t , q u a n t à s o n administration

comme

indépendante

des îles Françaises d u v e n t d e l ' A m é r i q u e ». L e g o u v e r n e u r général R o c h a m b e a u d o n n e son a p p r o b a t i o n à c e t arrêté le 30 o c t o b r e . — 8 décembre. —

L'Assemblée

m e t sur pied une

« Administration Provisoire ». L a R é v o l u t i o n t r i o m p h e . L e d é p a r t e m e n t d e la Martinique est divisé en quatre districts : R é p u b l i q u e v i l l e , Saint-Pierre, Trinité et Marin ; les districts en c a n t o n s . T o u t h o m m e â gé d e 21 ans e t inscrit sur le registre d e la Garde Nationale est c i t o y e n . Les Assemblées primaires n o m m e n t

4 assemblées élec-

torales (1 par district). Les Assemblées électorales élisent un Directeur et un Procureur général S y n d i c qui siégeront à

Républiqueville.

1 7 9 4 , 1 0 janvier. — R e t o u r offensif des Anglais ; la colonie est b l o q u é e par la flotte d u lieutenant général G r e y , m o n t é e par 16.000 h o m m e s . — 23 mars. — Après une courageuse défense q u e rend inutile l a trahison de Bellegarde, R o c h a m b e a u ,

assiégé

dans le fort de la C o n v e n t i o n , d o i t capituler. H é r o ï s m e de L u c a s et d u jeune mulâtre R o c h . R o c h a m b e a u reçoit les honneurs d e la guerre et gagne les Etats-Unis a v e c la pensée de demeurer ainsi à pied d'oeuvre si la reprise des Antilles devenait un j o u r possible.


QUATRIÈME PÉRIODE: Redevenue

française

1802-1848

en 1 8 0 2 , la

Martinique,

l'abolition de l'esclavage n'avait pu être proclamé et réalisé par la Révolution française, se retrouva naturellement appliquée

sous les lois avec

un

de l'Ancien

peu

plus

de

régime

français,

rigueur

encore.

Perdue à nouveau en 1 8 0 9 , mais recouvrée définitivem e n t en 1 8 1 6 , elle passa dans les années qui suivirent par une série d'agitations tumultueuses e t parfois séditieuses

comme

celle

de la

Grande

Anse

en 1 8 3 3 ;

d'autres conspirations furent étouffées avant d'avoir pu éclater. U n n o m , celui de Bissette, synthétise un m o m e n t toutes les espérances de la population noire vers un affranchissement

intégral.

Sans

leur

donner

encore

satisfaction, certaines réformes, tendant à une moindre inégalité politique, sont cependant accordées à la population

noire

sous

l'affranchissement

le règne

de Louis-Philippe.

Enfin

des esclaves est proclamé en 1 8 4 8 .

1 7 9 4 , 3 0 mars-25 avril. —

Les Anglais rétablissent l e

régime ancien à l a Martinique o ù la loi d'affranchissement n'a p u parvenir a v a n t leur victoire.


168

LA

MARTINIQUE

Les tribunaux de la Monarchie sont reconstitués, les royalistes regagnent leurs propriétés et reprennent leurs fonctions. Serment de fidélité à Guillaume I I I est prêté entre les mains d u gouverneur R o b e r t — 24 mai. — D u b u c d e v i e n t

Prescott.

administrateur général

de la Colonie p o u r le c o m p t e des Anglais. Ceux-ci l è v e n t une c o n t r i b u t i o n de guerre au profit de leurs armées d e terre et de m e r . — 8 juin. —

Victor

Hugues, nouveau

commissaire

chargé p a r l a C o n v e n t i o n d e reprendre les Iles perdues, leur adresse une p r o c l a m a t i o n . l'exploit

d e Lacrosse

Il tente d e renouveler

en profitant

du

mécontentement

des h o m m e s d e couleur et des noirs auxquels il a n n o n c e la liberté. (Les Anglais avaient annulé le 21 mai tous les affranchissements

postérieurs au 12 janvier

1793).

— juillet. — O r d o n n a n c e s u p p r i m a n t tous les droits d'entrée et d e sortie et établissant l'assiette de l'imposition sur les mêmes bases q u ' e n 1 7 9 2 . — 15 juillet. —

Les autorités

anglaises

interdisent

t o u t affranchissement. — 20 juillet. —

Ordonnance

l'Ile a u x étrangers j u s q u ' a u 1

er

ouvrant

les ports

de

n o v e m b r e . Elle sera r e n o u -

velée d e trois en trois mois j u s q u ' e n 1 8 0 2 . Les r e v e n dications des Planteurs obtiennent satisfaction

entière.

— 15 août. — Démission de D u b u c ; il demeure m e m b r e d u Conseil

Privé.

1795, 6 janvier. — Arrivée à la G u a d e l o u p e d e renforts destinés à la reprise de la Martinique et des îles perdues. — 19 juin. — Sainte-Lucie est reprise p a r G o y r a n d . Elle d e v i e n t une base d'opérations

contre les Anglais

d e la Martinique. — 30 octobre. — O r d o n n a n c e p o r t a n t règlement d e la police des Noirs. T o u t e s assemblées leur sont interdites.


1802-1848

169

— novembre-décembre. — Dans les derniers jours d e n o v e m b r e , les citoyens Fourne et Thibierge, Martiniquais installés à Sainte-Lucie, se rendent dans les environs d e F o r t R o y a l en v u e de préparer le d é b a r q u e m e n t de l ' e x p é dition préparée p a r Goyrand p e n d a n t les mois précédents. ils sont livrés a u x Anglais par les Planteurs et fusillés. Une soixantaine de républicains décidés à les venger quittent Sainte-Lucie au d é b u t de décembre et descendent au Vauclin. U n e « confédération » de 400 patriotes d u François tentent inutilement de les rejoindre. Les Anglais les a t t a q u e n t et les dispersent. U n e partie de l'expédition réussit à regagner Sainte-Lucie. Dès lors, la Martinique, où les autorités britanniques se livrèrent à de sévères représailles, demeura hors d'atteinte. 1800, 3 novembre. — Arrêt d u Conseil Souverain concernant les affranchissements

et renforçant les dispositions res-

trictives. —

I n t r o d u c t i o n à la Martinique d e la canne à sucre

de Tahiti qui régénère une culture m e n a c é e ; les cafés dépérissent par suite de l'épuisement d u sol. 1802,

25 mars. —

Sainte-Lucie

sont

Traité d ' A m i e n s . restituées

à la

L a Martinique

et

France.

— 18 avril. — Arrêté consulaire d o n n a n t à Fort R o y a l le n o m de F o r t - d e - F r a n c e , et au F o r t B o u r b o n celui de Fort-Desaix. 1802, 26 mai. — Organisation administrative des colonies de la Martinique et de Sainte-Lucie. — 14 septembre. — Villaret J o y e u s e reprend possession, au n o m de la France, de la Martinique. Gouverneur de la Colonie, il applique avec rigueur les lois de réaction et établit un régime militaire.


170

LA

MARTINIQUE

— 10 novembre. —

Fermeture d e toutes les écoles.

« L ' i g n o r a n c e , écrit Villaret J o y e u s e , est un lien nécessaire p o u r des h o m m e s enchaînés p a r la v i o l e n c e o u flétris par les préjugés. » 1803, 1

er

janvier. — O r d o n n a n c e fixant le régime douanier

de la colonie. L e s marchandises françaises sont exemptes d e tous droits à l'entrée et à la sortie, les b â t i m e n t s étrangers p a y e r o n t 2 % d e la valeur de leur cargaison et des sirops qu'ils e m p o r t e r o n t , et 6 francs

d'entrée

par quintal d e m o r u e et p a r tête d e nègres introduits. Les vaisseaux espagnols suivant la tradition mercantiliste sont e x e m p t s d e tous droits d'entrée et d e sortie. 1804, août. — Les Anglais, a v e c lesquels les Grands P l a n teurs sont demeurés en liaison, b l o q u e n t la Martinique. 1808. E t a t désastreux

d e l a Martinique. Les i m p ô t s n e

rentrent p a s . L e c o m m e r c e est arrêté, la culture d e l a canne est a b a n d o n n é e au profit de la culture des v i v r e s . Seuls les navires américains assurent le ravitaillement d e la c o l o n i e . 1809, 24 février. — Les Anglais s'emparent de la Martinique sur

Villaret

Joyeuse,

qui n ' o p p o s e

sérieuse. Ils font sauter le fort

aucune

résistance

Desaix.

1815, 4 juillet. — P r o c l a m a t i o n des administrateurs V a u g i raud et D u b u c en v u e d u maintien de la souveraineté d e Louis

XVIII.

Ils a c c e p t e n t l a c o n v e n t i o n

20 m a i p a r l'amiral —

L e vice-amiral

verneur par Louis

proposée le

anglais. c o m t e de V a u g i r a u d , n o m m é

XVIII,

gou-

livre l a colonie a u x Anglais

lorsqu'il apprend le retour d e N a p o l é o n à Paris. 1822,

14 octobre. —

U n s o u l è v e m e n t , p r o v o q u é p a r les

traitements infligés à quelques mulâtres et noirs s o u p -


1802-1848

171

çonnés de préparer une r é v o l t e ,

éclate au Carbet. Une

v i n g t a i n e d ' e x é c u t i o n s en fut la c o n s é q u e n c e . 1823.

Publication à Paris d'une b r o c h u r e d ' u n sieur A l v i l a ,

ayant pour

titre: De

la situation des gens de couleur libres

aux Antilles françaises. Cette publication p r o v o q u a une agitation au cours de laquelle on p r o c é d a à la Martinique à l'arrestation des véritables auteurs de la p u b l i c a t i o n , Bissette, V o l n y et Fabien. Bissette est poursuivi d e v a n t le Tribunal de la Martinique qui le c o n d a m n e a u x t r a v a u x forcés à perpétuité. Une trentaine de Martiniquais furent

déportés

au Sénégal. Ces faits

produisirent

en

France une v i v e é m o t i o n ; l'arrêt fut cassé par la Cour d e Cassation fin

et les autres c o n d a m n a t i o n s

de c o m p t e ,

la

révision a b o u t i t

révisées. En

à une

apothéose

de Bissette. 1824.

Une conspiration générale contre les Blancs est d é c o u -

verte et étouffée a v a n t d'éclater. 1831, 24 février. —

Les h o m m e s de

couleur

obtiennent

les droits civils. 1833. 26 décembre. — M o u v e m e n t séditieux de la Grande A n s e . Il y eut 87 prévenus et 190 témoins. L'instruction et les débats se poursuivirent j u s q u ' e n juillet 1834 et se terminèrent par plusieurs c o n d a m n a t i o n s à m o r t . 1834.

Sur 750 électeurs appelés p o u r la première fois à

l'exercice des droits politiques p o u r l'élection au Conseil Colonial de l'île, 650 prirent part au v o t e . Sur 25 inscrits de couleur, il ne se présenta que 5 o u 6 électeurs. A u c u n h o m m e d e couleur ne fut élu. 1835.

La

Martinique

a

109.916

habitants

dont

23.407

h o m m e s libres et 86.499 esclaves. 1839, 11 janvier. — Destruction d e F o r t de France par un t r e m b l e m e n t de terre.


CINQUIÈME PÉRIODE:

1848-1935

A partir de 1 8 4 8 jusqu'à nos jours, on peut dire que la Martinique n'a plus d'histoire. Toutes les revendications sociales sont satisfaites; il n ' y a plus d'autres luttes

que celles

d'intérêts

parfois

contradictoires

créés par un régime économique nouveau,

t o u t à la

fois plus libéral et plus anarchique. E t c o m m e dans la France elle-même les habitants de la colonie marchent vers des destinées nouvelles à travers un avenir incertain.

1848.

— L a Martinique élit députés à l'Assemblée C o n s -

tituante

Victor

Schœlcher

Schcelcher,

élu également

la Martinique. (Voir 1849.

Bissette

l'Assemblée

et

Mazulime

et

à la G u a d e l o u p e

Pory-Papy. opte

pour

Biographies). Pécoul

sont

nommés

députés

à

Législative.

1850,26 novembre. — Création de l ' é v ê c h é de F o r t de France. Le siège sera transféré à Saint-Pierre le 12 n o v e m b r e 1853 et reviendra à F o r t de France après la catastrophe de 1903. 1851, 5-6 août. — Premiers réveils de la M o n t a g n e Pelée. 1854, 3 mai. — Senatus-Consulte supprimant la représentation

parlementaire

e t déterminant

les fonctions

du

Conseil Général. Ce texte sera modifié en 1866 (4 juillet).


173

1848-1935

1862-1867. Guerre d u M e x i q u e . — L a Martinique, et Fort de France en particulier, sert de base navale pour les opérations. 1867. F o r t d e France est constitué en escale de la ligne transatlantique

France-Amérique

d u Centre.

1870 , 22 septembre. — P r o c l a m a t i o n d e la R é p u b l i q u e à la Martinique. — 24 septembre. — L e Sud de l a colonie entre en effervescence. 1871.

L'insurrection

est réprimée.

V i c t o r Schœlcher et P o r y - P a p y sont élus députés à

l'Assemblée

nationale. Schœlcher élu également par la

Martinique, l a G u y a n e et la Seine, o p t e à n o u v e a u p o u r la Martinique. 1880. Institution d u j u r y à la Martinique, où fonctionnait un 1882.

Collège

d'Assesseurs.

Création d u L y c é e de Saint-Pierre.

1888. L e b o u r g de Case Navire prend le n o m d e Schœlcher. 1890. Incendie d e F o r t de France. 1891.

L a colonie est ravagée par un c y c l o n e .

1902, 8 mai et 30 août. — Eruption d e la Montagne Pelée. Destruction d e Saint-Pierre ; trente mille habitants s u c c o m b e n t sous les ruines. 1911.

L e recensement d e la Martinique donne une p o p u l a -

tion d e 185.000 habitants. 1912.

Introduction à la Martinique de la loi d u 5 juillet 1889

sur le service militaire obligatoire. 1931, 10 juillet. — L o i autorisant la Colonie à emprunter 150 millions ; elle permit l'électrification

de l'île.

1934. A u 31 d é c e m b r e , la population était de 244.908 h a b i tants, d o n t 239.296 sédentaires, 5.123 métropolitains 489 étrangers.

et



LA GUADELOUPE



CARTE DE

1750

(Cabinet des Estampes. — BELLIN, Petit Atlas Maritime, 1 7 6 4 .

de

LA GUADELOUPE

dressée aux environs

TomeI,carte 86).



«La Guadeloupe, petite, florissante, où se fabriquait le meilleur sucre... » VOLTAIRE, Le Siècle de Louis XV, t. II, chap. xxxv).

PREMIÈRE PÉRIODE: 1635-1674 La Guadeloupe, dont la superficie est de 1.868 kilomètres carrés ou 1 8 6 . 8 0 0 hectares, est à peu près quatre fois plus grande que le département de la Seine qui ne compte que 4 7 . 9 0 0 hectares. Après la Seine et la Martinique, elle serait encore le plus petit département de France. Dès

1 6 3 5 , date de son occupation,

jusqu'en

1674,

où elle passa sous l'autorité royale directe, elle fut régie plutôt qu'administrée par trois compagnies successives, celle

de

Saint-Christophe,

et enfin, en deux

1664, celle

premières

taires,

exploitant

furent le

celle des

Iles

des

Indes

des

compagnies

pays

d'Amérique

Occidentales. de

Les

proprié-

pour leur c o m p t e ;

leurs

agents supérieurs ou Gouverneurs jouirent d'un pouvoir à peu près sans limite. exercé au profit

Ce pouvoir était naturellement

d'intérêts

personnels

d'autant

plus

exigeants que les engagés de France puis les esclaves ANTILLES

12


178

LA

d'Afrique ne

GUADELOUPE

auxquels on ne tarda pas à avoir recours,

pouvaient

se prévaloir

d'aucun

droit

seulement de considérations d'humanité

réel,

mais

dont à cette

époque on n'avait guère le sentiment. Aussi ne doit-on pas s'étonner que, dans la poursuite du gain, les gouverneurs propriétaires aient souvent manifesté un mépris du droit naturel, et aient ainsi éprouvé l'opposition

et

parfois la révolte

plutôt

de

fut n o t a m m e n t

le

de leurs administrés

leurs sujets, blancs et

noirs.

Tel

ou

cas de M . Houel, qui fut gouverneur, avec des fortunes diverses de 1 6 4 3 à 1 6 6 3 . Subordonné en droit au gouverneur général de Saint-Christophe, il méconnaissait en fait son autorité, c o m m e celui-ci méconnaissait celle du roi. Mais ces abus d'autorité ou ces aspirations à l'indépendance ne portaient que fort peu d'atteinte au développement économique de la colonie. E n 1 6 7 4 , celle-ci c o m p t a i t plus de 3 . 0 0 0 blancs,

contre

4 . 3 0 0 noirs et

5 0 métis ; le problème des races c o m m e n ç a i t à se poser.

1633-1634. Liénart de l ' O l i v e , lieutenant d e d ' E s n a m b u c , agissant

pour

son

propre

compte,

fait reconnaître

la

G u a d e l o u p e par le sieur Guillaume d ' O r a n g e , en v u e d ' y fonder un établissement (1633 ou 1634) et v a ensuite en France (1634), en d e m a n d e r la concession. 1635.

L ' O l i v e et un g e n t i l h o m m e dieppois, Duplessis, qui

avait pris part à l'expédition de Saint-Christophe en 1629, signent

a v e c la

Compagnie

un

contrat

par lequel

o b t i e n n e n t en concession la D o m i n i q u e , la

ils

Martinique

et la G u a d e l o u p e , s'engageant à y faire passer en dix ans j u s q u ' à 800 Français, tous catholiques (14 février), n o n


179

1635-1674

compris les femmes et les enfants. Ils s'embarquent le 25 mai et arrivent à la Martinique et à la G u a d e l o u p e les 25 et 28 juin, a v e c 4 missionnaires, 150 engagés

et

quelques familles les a c c o m p a g n a n t à leurs frais. Ils se fixent à la Guadeloupe ; s'entendant m a l , ils f o r m e n t au nord de l'île d e u x établissements limitrophes mais d i s tincts. — Duplessis m e u r t le 4 d é c e m b r e . 1635, 17 novembre. — D ' E s n a m b u c o c c u p e la D o m i n i q u e où il place le sieur de la Vallée, mais il l ' é v a c u é presque aussitôt, l ' a b a n d o n n a n t aux Caraïbes. 1636, L e pays n'étant pas organisé ni cultivé p o u r nourrir des colons, ce premier essai d é b u t a p a r une famine qui se p r o l o n g e a a v e c plus o u moins d'intensité p e n d a n t cinq ans. P o u r s'approvisionner, l'Olive déclare a u x Caraïbes le 26 janvier une guerre des plus barbares qui dura j u s q u ' e n 1639. Les Caraïbes finirent par abandonner la G u a d e l o u p e p o u r la Grande Terre, les Saintes, Marie-Galante et la Dominique. 1637, 2 décembre. — L ' O l i v e est confirmé p o u r d i x ans dans son poste de seul capitaine o u gouverneur général d e l a G u a d e l o u p e , mais étant en fait s u b o r d o n n é

à

Poincy,

il résultera d e cette situation d e graves difficultés. 1639. L ' O l i v e

a des démêlés

avec

ses engagés, d o n t le

c o n t r a t de trois ans était expiré et qu'il v e u t garder d e force. Malade et d e v e n u par surcroît aveugle, il se retire à Saint-Christophe où P o i n c y le retint c o m m e prisonnier. 1640. L a colonie restée sans gouverneur, et étant menacée de guerre p a r les Caraïbes, P o i n c y y envoie 260 colons de Saint-Christophe de

la

guerre

Vernade

(28

sous

la conduite

janvier).

Ceux-ci

contre les Caraïbes, d o n t

d e Sabouilly

et

reprennent

la

une partie

se réfugie

à A n t i g o a . Dans une autre rencontre qui dura

trente

heures (16 et 17 m a i ) , les Caraïbes sont également défaits.


180

LA

GUADELOUPE

P o i n c y , qualifié de Restaurateur de la colonie, en reporte l ' h o n n e u r à M. d e Sabouilly. U n e mortalité termina cette Six P.

effrayante

expédition.

religieux

arrivent

de France, parmi

lesquels le

Dutertre. — A u b e r t , ancien chirurgien

de Saint-Christophe

et

capitaine en cette île, où il avait épousé la v e u v e de D u p l e s sis, est n o m m é p o u r trois ans lieutenant général d e la G u a d e l o u p e , en r e m p l a c e m e n t de l'Olive (4 avril). A u b e r t arrive à la G u a d e l o u p e le 15 s e p t e m b r e , v a prêter serment à P o i n c y et revient à la G u a d e l o u p e où il trouve quelque hostilité dans son entourage. Il c o n c l u t la paix a v e c les Caraïbes. 1641-1642. A u b e r t interdit formellement a u x religieux d e faire acte d e prosélytisme à la D o m i n i q u e et fait revenir d e u x religieux qui s'y étaient rendus malgré ses ordres. 1642, 16 décembre. — L a C o m p a g n i e décide d'établir p o u r son

compte

une usine à sucre à la G u a d e l o u p e ; elle

charge de l'entreprise le F l a m a n d Trézel, déjà

installé

à la Martinique. — mars. — E d i t confirmant les privilèges des seigneurs de la C o m p a g n i e accordés le 12 février 1 6 3 5 , et étendant encore leur p o u v o i r qui d e v i e n t un véritable despotisme ; le m ê m e édit a c c o r d e la nationalité française a u x sauvages convertis au christianisme. —

H o u e l , l ' u n des seigneurs

de la C o m p a g n i e , est

e n v o y é à la G u a d e l o u p e pour y faire une enquête générale. Sa mission a c c o m p l i e , il revient en F r a n c e , a v e c l'idée de se faire n o m m e r gouverneur à la place d ' A u b e r t . 1643.

Houel

Aubert

est n o m m é

gouverneur

lui étant s u b o r d o n n é .

septembre.

de la

Guadeloupe,

Il d é b a r q u e au d é b u t d e


181

1636-1674

Houel v a à Saint-Christophe et refuse de prêter serment à

Poincy. Arrivée de M a d a m e de la Fayolle avec une douzaine de

jeunes filles de France. 1644. Houel accuse A u b e r t d'avoir v o u l u fomenter contre lui une insurrection des C a r a ï b e s ; A u b e r t se retire à Saint-Christophe. P o i n c y

envoie aussitôt un

enquêteur

qui, paralysé par les m a n œ u v r e s d ' H o u e l , revient moins de quinze jours plus tard sans avoir rien p u déterminer. Poincy

se considérant

c o m m e lésé dans ses droits

gouverneur général, d o n n e sa démission de

de

gouverneur

p o u r la Compagnie et retient seulement la qualité

de

commissaire d u roi. Houel

sentant sa situation m e n a c é e , s'embarque pour

la France (août), confiant au juge Marivet l'intérim d u g o u v e r n e m e n t . P o i n c y ne ratifie pas ce c h o i x et envoie à sa place M. de L e u m o n t , qui arrive à la G u a d e l o u p e le 3 n o v e m b r e . Il n'est pas reconnu et doit se rembarquer le 3 d é c e m b r e . Un ancien boulanger, Mathurin H é d o u i n , a p p u y é par M a d a m e de la Fayolle, usurpe l'autorité, tandis que Marivet est mis aux fers et y reste p e n d a n t huit mois (1644-1645). A Paris, A u b e r t est c o n d a m n é à m o r t par c o n t u m a c e , sur les déclarations d ' H o u e l , complices,

Durivage,

est

et l'un de ses prétendus

effectivement

condamné

aux

galères. N ' a y a n t p u obtenir la charge de gouverneur

général

à la place de P o i n c y , Houel se lie d'amitié avec T h o i s y qui est n o m m é à ce poste le 26 d é c e m b r e . — L a fabrication d u sucre c o m m e n c e à la G u a d e l o u p e . 1645, mars. — D ' A u b i g n é fait a v e c la C o m p a g n i e , p o u r la colonisation de Marie-Galante, un c o n t r a t qui n'eut pas de

suite.


182

LA

— 1

er

GUADELOUPE

août. — Déclaration d u roi établissant une j u s -

tice souveraine dans chacune des îles. —

H o u e l , précédant T h o i s y , revient à la G u a d e l o u p e

le 29 mai. Il fait reconnaître L a m b e r t c o m m e lieutenant général des Iles d ' A m é r i q u e au n o m de T h o i s y et destitue Marivet de ses fonctions de lieutenant civil et criminel. T h o i s y arrive à la Martinique le 16 n o v e m b r e et à la G u a d e l o u p e le 19. H o u e l lui prête serment. L e 25, il est à Saint-Christophe, où P o i n c y refuse de le reconnaître c o m m e g o u v e r n e u r général. Il revient le 28 à la G u a d e l o u p e , où la C o m p a g n i e , p r é v o y a n t les difficultés

qu'il

pourrait avoir a v e c P o i n c y , l ' a v a i t autorisé à résider le cas

échéant.

Ce

contretemps,

dérangeant

les

projets

a m b i t i e u x d ' H o u e l , celui-ci envisage dès ce m o m e n t les m o y e n s d e se débarrasser de T h o i s y . 1 6 4 6 . Dans une pensée de conciliation, la déclaration royale d u 1

er

Thoisy

promulgue

a o û t p r é c é d e n t , relative à

la justice souveraine. Par cet a c t e , il se désaississait en fait au profit d ' H o u e l

de ses p o u v o i r s souverains à la

G u a d e l o u p e « étant écrit dans ledit édit que « tous appels des contestations et sentences rendues dans chacune des îles » seront jugés et terminés par celui qui c o m m a n d e r a p o u r lors en icelles. » (29 avril). Dès le 7 m a i ,

Houel

se prévalant de ses droits, rend un arrêt contre le lieuten a n t d u Grand P r é v ô t , qui instruisait la révolte de P o i n c y . T h o i s y r é p o n d à cette a t t a q u e par l'établissement

d'un

conseil de guerre p o u r juger des crimes de lèse-majesté, dans le cas particulier de P o i n c y (1

er

août).

— 22 août. — T h o i s y fait remise a u x colons d'une partie des droits que la C o m p a g n i e percevait sur e u x . — 22

novembre. —

Houel

se prétendant

dépouillé

de ses droits de gouverneur par la présence de T h o i s y dans l'île, p r o v o q u e contre lui une sédition que celui-ci


183

1635-1674

conjure a v e c un grand esprit de conciliation et d ' a b n é (22 n o v e m b r e ) .

gation

1647, Informé q u ' o n voulait l'assassiner, T h o i s y s ' e m b a r q u e dans l a nuit d u 31 d é c e m b r e au 1

er

janvier p o u r la Mar-

tinique, où il arrive le 3. — Son départ f u t suivi d'une persécution générale d e ses partisans. — De la Martinique, Thoisy

passa

à Saint-Christophe,

d'où Poincy,

conti-

nuant à n e pas reconnaître s o n autorité, le r e n v o y a en France le 17 m a i . Après son d é p a r t , Houel persécute de diverses manières ses principaux

partisans.

— 8 février. — L a Compagnie c o n c è d e p o u r 4 ans l'île de Marie-Galante a u x capitaines Camo et la F o n t a i n e , victimes

de

Poincy.

Ceux-ci

promettent

d'introduire

c h a q u e année dans l'île 60 colons. Faute de f o n d s , ils ne p e u v e n t bénéficier d e cette concession. 1648, 8 octobre. —

H o u e l d e m a n d e à la Compagnie la

concession d e Marie-Galante a u x mêmes droits

qu'elle

la tenait d u roi (8 o c t o b r e 1648). Il fait occuper l'île par un sieur L e f o r t le 8 n o v e m b r e . —

Houel fait o c c u p e r les sept îlots des Saintes

mant

ensemble

(18 o c t o b r e ) .

1256 hectares)

par

le

sieur

(forDumé

Elles sont presque aussitôt abandonnées,

p o u r être réoccupées en 1652 par un sieur d e Hazier Dubuisson. 1649, 4 septembre. — Boisseret achète la G u a d e l o u p e , la Désirade,

Marie-Galante

et les Saintes, l a s o m m e

de

60.000 livres et une rente de 600 livres d e sucre fin rachetée aussitôt p o u r une s o m m e d e 1.500 livres argent à raison de 12 livres 10 sols le cent pesant d e sucre. 1651

(après). —

C o m m e réglement d e ses contestations

a v e c T h o i s y , Houel est c o n d a m n é à lui payer 61.715 livres de t a b a c .


184

LA

1 6 5 3 . Houel

GUADELOUPE

envoie le capitaine

Dumé

à la

Dominique

venger la m o r t de Français qui venaient d'être tués par les Caraïbes de cette île. 1 6 5 4 . A u c o m m e n c e m e n t de l'année, un millier de Hollandais, chassés d u Brésil par les Portugais, d é b a r q u e n t à la Guadeloupe et 300 à la Martinique. Ils y

améliorent

la fabrication d u s u c r e ; le plus grand n o m b r e d'entre eux retourne

en

Hollande.

1 6 5 6 . Boisseret refuse de v e n d r e sa part de propriété à son beau-frère v e n u en France, et meurt. H o u e l à la G u a d e l o u p e ; il r e n v o y é en France

son

revient frère

le

chevalier et ses d e u x n e v e u x . —

Houel

exonère

les

habitants

de

m o n t e r la garde pour la sécurité de

l'obligation

l'île;

de

en retour il

d o u b l e les droits seigneuriaux payés par les colons. 1 6 5 6 (fin). — D e u x nègres, Pèdre

et

Jean

Leblanc

sus-

citent un m o u v e m e n t , qui c o û t a la vie à quelques F r a n çais et se termina par l'écartèlement des d e u x nègres. 1 6 5 9 . M a d a m e de Boisseret et ses fils organisent une e x p é dition militaire à la Guadeloupe pour amener leur b e a u frère et oncle à reconnaître leurs droits dans l ' a d m i n i s tration de l'île. Cette expédition arrive à la Guadeloupe en juin. Le peuple se déclare en faveur des Boisseret. Houel v e u t résister, mais il est forcé d'accepter un a c c o m o d e m e n t , à la suite d'un arbitrage de 9 m e m b r e s (3 a o û t 13 septembre). E n v e r t u de cet a c c o r d , une partie de l'île est accordée au gouverneur et l'autre à ses parents. Le différend risquant de renaître, le roi d o n n e l'ordre à P o i n c y d e concilier les d e u x parties (25 mai 1660). — Les îles anglaises

de Montserrat et de Nevis, et

la colonie française de la Guadeloupe « s'unissent en une ligue solide, absolue et durable.

contre les

Indiens ».


185

1635-1674 Les gouverneurs étaient

chargés

de de

Montserrat la

direction

et de

de la cette

Guadeloupe ligue ;

les

autres îles p o u v a i e n t y adhérer. * 1663, 19 novembre. — H o u e l et ses associés ne s'entendant pas, le roi les rappelle tous en France et n o m m e Prouville de T r a c y c o m m a n d a n t général de toutes nos possessions en A m é r i q u e , m ê m e le Canada. 1664, 28 mai. — E d i t instituant la Compagnie des Indes occidentales. L'autorité d u roi est substituée à celle des seigneurs propriétaires. (Voir Généralités, 1664). — 10 juillet. — M a d a m e de Boisseret, devenue Madame d e C h a m p i g n y , cède à la Compagnie

ses droits sur la

Guadeloupe pour 120.000 livres. — W i l l o u g b y sacre gouverneur de la D o m i n i q u e W a r ner, fils naturel d'une Caraïbe et de l'ancien gouverneur de Saint-Christophe (16 avril 1664). B o u d e t , c o m m a n d a n t d u Saint-Sébastien,

croisant d e v a n t la D o m i n i q u e , p a r -

v i e n t à s'emparer de W a r n e r , qui est retenu prisonnier j u s q u ' à la p a i x . — T r a c y , après avoir passé par Cayenne et s'être arrêté 15 jours à la Martinique, arrive à la Guadeloupe le 23 juin ; dans la quinzaine qui suit, il renvoie en France

Houel

et ses neveux et établit Dulion et des Roses c o m m e g o u verneurs respectifs de la Guadeloupe et de Marie-Galante. T r a c y édicté une série de mesures pour l'administration des îles ; il crée à la Guadeloupe l'hôpital de la Charité. 1665. la

De V i n c e n t remplace Cérillac c o m m e gouverneur de Grenade.

— T h é m é r i c o u r t , fils de Boisseret, est n o m m é g o u v e r neur de Marie-Galante, —

il y arrive en mai.

Cette île c o m p t e alors 500 habitants.


186

LA

GUADELOUPE

1669. L e g o u v e r n e m e n t d e la G u a d e l o u p e est réuni à celui de la Martinique. 1670. 24 février. — L a durée des engagements est réduite de 36 à 18 m o i s . 1671.

U n recensement fait cette année fait connaître le

n o m et la résidence d e tous les habitants de la G u a d e La population

loupe.

blanche

est d e 3.083

habitants

contre 4.267 noirs et 47 métis. Dessalles publie par quartiers (t. I I , p p . 438 à 452) les noms

des habitants

d e la G u a d e l o u p e .

Les quartiers

étaient : le b o u r g d e Saint-Louis, la M o n t a g n e d e S a i n t L o u i s , la M o n t a g n e d e Beausoleil, la M o n t a g n e d e Bellevue, la M o n t a g n e de l ' E s p é r a n c e , la M o n t a g n e

Saint-Charles

et des Palmistes, le Quartier d u V i e u x F o r t , la ville d e la Basse Terre, le D o s d ' A n e , la Grande A n s e , le Petit Carbet, le Petit Cul d e S a c , le Quartier d e Saint-Marc, le Quartier d e S a i n t e - A n n e , le Quartier des Citronniers, le Quartier des Anses D u m o n t - G o s i e r , le Quartier d u Grand Cul d e S a c , le Quartier de l'Ile à G o y a v e s , le Quartier d e x V i e u x H a b i t a n t s , l ' A n s e à la B a r q u e , l a rivière B e a u g e n d r e , la M o n t a g n e d u Plessis, la M o n t a g n e S a i n t - R o b e r t , et le b o u r g d u Baillif. —La

C o m p a g n i e envoie à d e L o o v e r , F l a m a n d installé

à la G u a d e l o u p e , des ustensiles p o u r fabriquer d u sucre1674. Saint-Barthélemy

est réunie

au d o m a i n e

royal

et

rattachée au g o u v e r n e m e n t de la G u a d e l o u p e . — décembre. — Indes

occidentales.

Suppression

d e la C o m p a g n i e des


DEUXIÈME PÉRIODE: 1674-1763

Libérée du joug de ses gouverneurs particuliers qui sacrifiaient

tout

à

leurs

intérêts

particuliers,

mais

vassale de la Martinique devenue le siège d'un gouvernement général et qui centralisait obligatoirement le commerce de la métropole, la Guadeloupe ne connut pas,

durant

l'île voisine.

cette période, Cependant,

la grande prospérité

grâce à son étendue

de

et à la

fertilité de son. sol, l'industrie sucrière se développa, là aussi, dans des conditions satisfaisantes. Les Caraïbes avaient d i s p a r u ; les mulâtres n'étaient pas encore assez n o m b r e u x pour élever des revendications inquiétantes et, si les esclaves corrigeaient parfois quelques brutalités patronales par le poison, leur obéissance passive n'était

jamais

un

obstacle

au

travail

et

elle

ne

paralysa point la prospérité de l'île, entravée néanmoins par le monopole

dont la Martinique jouissait à son

détriment. Le gouverneur de Clieu fit tous ses efforts en

1 7 3 6 pour obtenir des relations

métropole;

il ne put y

parvenir.

directes avec

Le

commerce

la qui

pouvait se faire en contrebande avec les autres îles du voisinage, n'était ni assez sûr ni assez régulier pour entretenir un m o u v e m e n t

d'affaires,

où la

confiance


188

LA

n'était —

pas moins

GUADELOUPE

nécessaire que l'esprit

d'aventure.

Par ailleurs, le chiffre des engagés qui était de 8 0 0

en 1662 était t o m b é à 175 en 1 7 3 0 ; de plus en plus, la colonisation d'origine

de

l'île

devenait

l'œuvre

des

esclaves

africaine.

Nul autre fait que ceux de l'administration courante, désormais régulière et canalisée, ne s'impose lièrement à l'attention, sauf peut-être

particu-

l'établissement

d'une léproserie à la Désirade en 1 7 2 8 . Le plus grand intérêt que présente alors l'histoire de la Guadeloupe réside dans les faits extérieurs. Lorsque la guerre éclata en Europe entre la loupe,

de

toutes

rapprochée des directement à

plusieurs

France et l'Angleterre, la nos possessions

colonies

menacée, reprises.

elle se dégagea

anglaises,

et

elle

la

plus

se trouva

la

plus

fut

en

Partiellement

l'année

même

Guade-

antillaises effet

occupée

attaquée en

de l'étreinte

1691,

ennemie.

Menacée à nouveau en 1 7 0 2 , elle rejeta encore une fois les Anglais à la mer. La guerre de 1 7 4 4 - 1 7 4 8 la laissa hors de toute atteinte, mais celle de 1 7 5 6 - 1 7 6 3 devait lui être fatale. E n 1 7 5 9 , le général Barington débarqua près de la Basse-Terre et, après une guerre de trois mois, triompha de toute résistance. La

Guadeloupe

resta

sous la domination

anglaise

pendant quatre ans et c'est durant ce temps que furent arrêtés et entrepris les t r a v a u x d'un établissement à Pointe-à-Pitre, dont la première idée avait été par le gouverneur D u p o y e t vers l'année

Dès que la Guadeloupe se fût rendue, les se

préoccupèrent

qualifiait

d'assurer à

cette colonie

de « fertile et d'opulente

émise

1730.

» une

Anglais que

Pitt

prospérité

que la fiscalité royale n'avait guère favorisée.


189

1674-1763

Grâce à la traite négrière effectuée par les armateurs de Liverpool, l'île put en quelques mois accroître son « troupeau » de nègres, pour prendre l'affreuse expression du t e m p s ,

à des

prix particulièrement

avantageux ;

grâce au commerce régulièrement noué avec les planteurs

de l'Amérique

du

Nord

et

les négociants

de

Londres, les habitants réalisèrent des bénéfices impressionnants, et en moins de deux ans la colonie dépassa sa voisine en richesse et en vitalité. A u point que, le m o m e n t venu de discuter les clauses de la Paix, la Cour de Saint-James s'interrogea anxieusement sur l'opportunité Canada

à

celle

de

la

de sacrifier la conquête Guadeloupe

ou

du

inversement.

Lord Chatham en 1762 n'hésitait pas à plaider publiquement en faveur des îles Caraïbes — venait d'être occupée à son tour — c o m m e le London

Chronicle

la Martinique

et des journaux

ralliaient une part de l'opi-

nion à cette thèse : « L e c o m m e r c e d u sucre emploie plus de vaisseaux q u ' a u cun

autre c o m m e r c e

et quand

bien

même

aurions-nous

assez de sucre pour notre usage, ce qui n'est pas, d e v r i o n s nous céder lâchement à nos ennemis une branche de c o m m e r c e aussi considérable ? Quel avantage le Canada peut-il rapporter à la Grande-Bretagne en comparaison des Isles Caraïbes d o n t nous s o m m e s actuellement en possession, sans considérer les avantages qu'elles nous d o n n e n t sur la

France

et l ' E s p a g n e dans ces pays ? Les seules raisons que l'on e x p o sait pour que l'on garde le Canada étaient premièrement la sûreté de n'être point inquiété par le voisinage de la France, s e c o n d e m e n t le grand bénéfice de la pêche de Terre-Neuve » . . . (Numéro d u 9 septembre 1762). L'argument

politique

l'emporta,

surtout

lorsque


190

LA

GUADELOUPE

Franklin fut venu à Londres affirmer que l'expulsion de la France du continent américain ne

favoriserait

pas spécialement la tendance autonomiste des vieilles colonies britanniques.

Choiseul,

de son côté,

préféra

sacrifier au commerce du sucre les pêcheries de TerreN e u v e , pro

parte

du moins,

ainsi que les

pelleteries

du Canada auxquelles les Anglais du N o r d de l ' H u d s o n faisaient depuis longtemps une concurrence victorieuse. En

récupérant

la

Guadeloupe,

que

de

nombreux

publicistes londoniens considéraient avec la Martinique c o m m e « le bien le plus précieux t a n t par leur produit que par leur situation », la Cour de Versailles pensait accomplir une acrobatie diplomatique.

Et

c'est

ainsi

que la vieille Karukéra pesa d'une manière déterminante dans la négociation d'un traité qui marque une date de l'Histoire universelle.

1691

Les Anglais c o m m a n d é s par Codrington

s'emparent

en mars de Marie-Galante et descendent à la G u a d e l o u p e , où ils o c c u p e n t les d e u x villages alors distincts de SaintFrançois

et Basse

Terre, f o r m a n t

aujourd'hui

l'unique

ville de Basse Terre. Ils en sont chassés en mai par le marquis d ' E r a g n y , g o u v e r n e u r général des îles, et é v a c u e n t ensuite 1695,

15

Marie-Galante.

juillet. —

Mort

d'Hincelin,

G u a d e l o u p e . 11 est remplacé le 1

er

gouverneur

de

la

mars 1696 par A u g e r ,

créole de Saint-Christophe, gouverneur de Marie-Galante. 1697, 31 décembre. — L e premier recensement t o u t à fait régulier de la G u a d e l o u p e accuse p o u r cette île et ses d é p e n d a n c e s une p o p u l a t i o n totale de 11.437 h a b i t a n t s , dont

:


1674-1763 pour

8.698

la Guadeloupe

191

seule, soit 3 . 6 4 5

blancs,

4 . 9 8 3 noirs et 1 7 0 mulâtres ; 4 . 2 7 7 p o u r Marie-Galante ; 1 . 0 3 9 p o u r Saint-Martin ; et 4 4 3 p o u r

Saint-Barthélemy.

1699. Il y avait 1 9 églises, 1 hôpital, 7 b o u r g s , 4 8 sucreries, et 1 raffinerie. 1702.

L e P. L a b a t organise les travaux d e défense de la

G u a d e l o u p e . L e total des forces p o u v a n t défendre l'île est alors d e 1 . 4 1 8 h o m m e s . 1703,

mars-mai. —

Galante du

(mars)

même

Codrington

fils

s'empare

de Marie-

a v e c 4 . 0 0 0 h o m m e s , il débarque le 2 0

mois

à la G u a d e l o u p e ,

qui

compte

alors

1 . 4 1 8 défenseurs, tant h o m m e s de troupes que milices. Il

attaque

Basse-Terre

et après

diverses

opérations,

8 0 0 h o m m e s de secours étant venus de la Martinique, a v e c Gabaret, gouverneur particulier d e cette î l e , il est obligé 1.964

de reprendre la mer le 1 8 m a i , a y a n t hommes. —

— 23 août. —

Marie-Galante Ordonnance

perdu

est réoccupé.

réorganisant les milices

de la G u a d e l o u p e ; elle f u t r é v o q u é e dès 1 7 0 5 . — A u g e r , gouverneur d e la G u a d e l o u p e , est n o m m é gouverneur d e S a i n t - D o m i n g u e ; il est remplacé par la Malmaison, q u i , arrivé en 1 7 0 4 , chasse les Anglais de Marie-Galante. 1717-1719. M o r t remplacé presque

d e la

Malmaison,

p a r le marquis au

même

de

moment

(mai 1 7 1 7 ) ; il est

Feuquières, gouverneur

qui n o m m é général

des

Antilles, en r e m p l a c e m e n t de la V a r e n n e , laisse la place de gouverneur de la Guadeloupe au c o m t e de M o y e n c o u r t . Celui-ci prend possession de son poste en mai 1 7 1 9 . 1720. L e recensement accuse 215 affranchis sur une p o p u lation d e 1 4 . 2 5 0 habitants.


192

LA

GUADELOUPE

Premier recensement o ù l ' o n v o i t figurer le cotonnier

à la G u a d e l o u p e . Il y a alors dans l'île 1.447.000 pieds ; en 1 7 6 7 , chiffre m a x i m u m d u XVIII

e

siècle, il y en aura

12.157.000. En 1 7 9 0 , la G u a d e l o u p e e x p o r t a en France 257.000 livres d e c o t o n et la Martinique 957.400. —

L a m ê m e année 1 7 2 0 , il y a v a i t 3.650 pieds d e

cacaoyers ; en 1777 il y en a aura 45.000. 1721-1728. L e Conseil supérieur o r d o n n e d'isoler les lépreux des

autres

éléments

de la population

(14 mai 1721).

— Un i m p ô t spécial de 20 sous p a r tête de nègre est u l t é rieurement

décidé

(1726)

pour

créer

des installations

d'isolement : la Désirade est affectée à c e t effet. — L e c o m m e n c e m e n t d ' e x é c u t i o n n ' a lieu q u ' e n 1 7 2 8 . Il y a alors dans le petit archipel 125 l é p r e u x , d o n t 22 b l a n c s , 6 mulâtres et 97 nègres. Des mesures draconiennes s o n t prises p o u r l'application de cette mesure. 1726. Création de la paroisse des A b y m e s . 1730 (vers). — L e gouverneur D u p o y e t songe à fonder une ville à Pointe à Pitre. 1730. L a G u a d e l o u p e ,

qui avait

800 engagés

en 1 6 6 2 ,

600 en 1689, n ' e n a plus q u e 175 en 1 7 3 0 . —

U n recensement opéré en 1730 d o n n e 7.731 b l a n c s ,

27.739 mulâtres et noirs. Total 35.470. Il y avait 17 b o u r g s , 19 paroisses, 1 h ô p i t a l , 252 sucreries ; la quantité d e sucre

blanc

faite

par année

était de 8.003.460 livres

et celle d u sucre b r u t de 5.046.000. On c o m p t a i t 11.820 pieds de c a c a o , 10.300.834 pieds de cotonniers et 20.000 pieds d e café. 1732,16 juillet. — Etablissement à la Guadeloupe de C o m p a gnies d e cavalerie. 1736. L e gouverneur de Larnage fait tous ses efforts p o u r


LAVILLEDELABASSE TERRE

DANS

L'ISLE DE LA GUADELOUPE



1674-1763 développer

le c o m m e r c e

193

direct entre la

France

et

la

G u a d e l o u p e ; il ouvre un marché pour les sucres à la Basse Terre. L e gouverneur de Clieu réprime un s o u l è v e m e n t d e

1737.

noirs à la G u a d e l o u p e . — Il d o i t e n v o y e r trois compagnies de milice contre les nègres et les mulâtres libres de la Grande Terre qui refusaient de payer la capitation. —

R é v o l t e de nègres dans une douzaine d ' h a b i t a t i o n s ;

elle fut suscitée par une disette de vivres, causée elle-même par un ouragan. Les meneurs sont pendus. Par suite d e la famine, des colons et des esclaves passent dans les colonies anglaises. — Larnage

n o m m é gouverneur

de

Saint-Domingue

est remplacé par G. de Clieu, qui arrive à la Guadeloupe le 17 avril 1738.

1737.

La p o p u l a t i o n de la Guadeloupe est de 42.653 p e r -

sonnes, d o n t 9.338 b l a n c s ; à la suite d'ouragans qui o n t dévasté la colonie et c o m m e conséquence de l'interdiction de faire le moindre c o m m e r c e a v e c l'étranger, une partie de cette p o p u l a t i o n d o i t émigrer, et en 1740, il n ' y a plus que

41.236

individus,

soit

en

moins

1.417

individus,

d o n t 588 blancs. 1739.

La

population

blanche

était, de

9.212

habitants;

la p o p u l a t i o n noire o u métissée d e 33.381. — Il y a v a i t 22 b o u r g s , 22 paroisses, 5 églises conventuelles, 1 hôpital. On c o m p t a i t 865.803 pieds de café, 13.770 pieds de t a b a c , 13.816 pieds de cacao et 6.919.767 pieds de

coton: —

253 sucreries. 1740-1748. L a centralisation de tout le c o m m e r c e à SaintPierre de la Martinique, d é v e l o p p e à la Guadeloupe une misère réelle, q u ' a c c r o î t encore la difficulté des rapports a v e c la France p e n d a n t la guerre a v e c l'Angleterre ANTILLES

13

de


194

LA

GUADELOUPE

1744 à 1748. (Voir Martinique,

1720). Sans avoir été la

v i c t i m e directe d ' a u c u n e opération militaire, l a G u a d e l o u p e , malgré la sage administration d e d e Clieu, souffre profondément

d e la stagnation

générale

des affaires ;

le sucre, faute de p o u v o i r être e x p o r t é , t o m b e à 3 livres les 50 kilogs, le café à 2 sous la livre, tandis q u ' u n e barrique de v i n v e n a n t d e France se p a y a i t 1.200 livres argent. 1743.

P o u r 8.601 blancs et gens libres, il y a 33.778 esclaves.

P o p u l a t i o n totale : 42.379 h a b i t a n t s . 1745, 25 décembre. — Naissance d u f a m e u x mulâtre SaintGeorges, plus c o n n u sous le n o m d e chevalier d e S a i n t Georges. 1749, décembre. — L a lèpre se d é v e l o p p e d'une façon a n o r male à la G u a d e l o u p e . 1753.

G. de Clieu est remplacé p a r le chevalier de Mirabeau,

frère d u marquis d e Mirabeau, père d u grand orateur d e la R é v o l u t i o n . Clieu m o u r r a retiré à la Martinique en 1775. 1754. Il y a 10.538 blancs libres, et 45.653 esclaves, soit 56.191 habitants. 1759. Une flotte anglaise paraît d e v a n t la G u a d e l o u p e le 21 janvier. L a colonie n ' a q u e 4.000 h o m m e s à

opposer

à 8.000 Anglais. Ceux-ci o c c u p e n t Basse Terre le 23 j a n vier et l'incendient. Les Français continuent la lutte à l'intérieur, d ' a b o r d au Grand C a m p puis au Grand R é d u i t . L a Grande Terre est également o c c u p é e et les habitations incendiées. Après trois mois de résistance, la p o p u l a t i o n d e m a n d e au général anglais Barington une capitulation que le gouverneur français finit par accepter également après huit jours de négociations (22 avril-10 m a i ) . A ce m o m e n t arrivaient des secours v e n a n t d e la Martinique ; d e v a n t le fait a c c o m p l i , ils se r e m b a r q u e n t . L a G u a d e l o u p e passe pour quatre ans sous la d o m i n a t i o n anglaise.


195

1674-1763 L e gouverneur

français

Nadau du

Treil et

trois de

ses officiers furent dégradés à la suite de cette c a p i t u l a tion. — 6.000 esclaves furent transportés dans les colonies anglaises. 1 7 5 9 - 1 7 6 3 . P e n d a n t les quatre années de son

occupation,

la Guadeloupe fut successivement administrée par B a r i n g ton, Krump

et D a l r y m p l e .

Ils ouvrirent

l a r g e m e n t le

c o m m e r c e d u dehors, introduisirent dans l'île de 20 à 30.000 esclaves, fondèrent à Pointe à Pitre un p o r t plus sûr que celui de Basse Terre, et d o t è r e n t le p a y s

d'ins-

titutions représentatives sous forme de commissaires de quartiers, a y a n t la faculté de se réunir p o u r discuter des intérêts g é n é r a u x ; ces derniers se réunirent alors au Petit B o u r g — leur première réunion eut lieu dès le 11 juillet 1759 — et l'un d ' e u x ,

Deshayes, fut délégué à Londres p o u r

représenter officiellement la colonie. —

L'occupation

de

la Guadeloupe par les Anglais fut en s o m m e la libération économique du pays. 1 7 6 3 . Traité de Paris. — Par ce traité la G u a d e l o u p e nous est rendue, mais nous perdons définitivement la D o m i n i q u e , Saint-Vincent, T a b a g o , la Grenade et les Grenadins. L e 6 juillet, reprise de possession de la G u a d e l o u p e .


TROISIÈME PÉRIODE: 1763-1794

Redevenue gouvernement

française général

par des

le traité Antilles

de

Paris

n'ayant

et

pas

le été

rétabli, la Guadeloupe, trouvant plus de facilités pour développer son commerce, jouit aussi d'une plus grande prospérité. La suprématie de la Martinique fut, il est vrai, rétablie dès 1768 par ordonnance r o y a l e ;

mais

devant les protestations de la population et après la démission de deux gouverneurs

la mesure fut rapportée

en 1 7 7 1 et la Guadeloupe reconquit en fait son indépendance

en

1775,

sauf

pour

les

questions

d'ordre

militaire. Nul événement de quelque importance ne peut être signalé jusqu'en 1 7 8 9 ; seules les idées nouvelles d'indépendance et m ê m e de séparatisme, inspirées par l'exemple des colonies américaines, hantaient quelques esprits, surtout parmi les planteurs les plus riches. Les colons d'origine

plus

modeste

étaient plus

sensibles

à des

conceptions philosophiques d'égalité sociale, qui avaient fini par pénétrer a u x îles depuis une trentaine d'années. U n désir de nouveautés était dans tous les esprits et le m o u v e m e n t révolutionnaire qui, a u x colonies c o m m e en France, prit parfois les formes d'une explosion brutale


197

1763-1794

et inattendue, ne fut que l'aboutissement d'une vibration plus condensée

comprimée

dans

les esprits depuis un demi-siècle. La transition

que réellement

entre

1788 et 1 7 9 0 est moins absolue qu'elle ne paraît. La Guadeloupe n'avait

pas été conviée à

envoyer

des députés a u x Etats Généraux, mais elle fut représentée à l'Assemblée

Constituante et a u x

assemblées

qui suivirent. Les débats d'ordre colonial qui se déroulèrent en ces assemblées ne sont peut-être pas à l'honneur de la prévoyance française ; sans vouloir les juger, disons

seulement

que

l'esprit

qui les

anima

inspira

également les colons et surtout les petits colons de nos îles, qui ne virent pas tout d'abord le parti que les populations principes grands petits

noires

que

ou

métissées

nous posions.

planteurs,

des

mulâtres

colons, qui formaient

devaient

Sans et

tirer

des

tenir

compte

des

des

esclaves,

les

la majorité

de la popu-

lation blanche, se considérèrent c o m m e les maîtres des destinées

du

pays,

et le

gouverneur

de Clugny

les

rencontra tout d'abord sur son chemin. C'est par un miracle de prudence et de sagesse qu'il endigua plutôt qu'il ne refoula

des mouvements

qui tendaient

sans

cesse à le déborder. U n de ses successeurs, le général Collot, arrivé dans l'île en mars 1 7 9 3 , s'inspira des mêmes principes ; mais déjà le m o u v e m e n t

révolutionnaire

était plus

démo-

cratique et plus violent. Obligé de composer avec les éléments les moins recommandables de la population, Collot sut néanmoins maintenir l'ordre par son courage personnel et par un esprit de décision des plus remarquables

dans

plusieurs

situations

des plus

critiques.

A t t a q u é par les Anglais en avril 1 7 9 4 , il dut capituler


198

LA

devant

les forces

GUADELOUPE

supérieures

et pendant

un t e m p s ,

un t e m p s très court du reste, la Guadeloupe passa sous la domination

britannique.

L e g o u v e r n e m e n t d e la G u a d e l o u p e est constitué en

1763.

gouvernement

général.

— 12 juillet. — U n e o r d o n n a n c e royale p e r m e t a u x étrangers d ' i m p o r t e r à l a G u a d e l o u p e des bestiaux et des b o i s , en échange des sirops et tafias. — En contrepartie, un i m p ô t d e 375.000 livres est i m p o s é a u x h a b i t a n t s . — 19 février. —

L e chevalier d e B o u r l a m a q u e a m i

des physiocrates, est n o m m é gouverneur d e la G u a d e l o u p e et M . d e Peynier, i n t e n d a n t .

Bourlamaque

prend p o s -

session d e s o n g o u v e r n e m e n t le 4 juillet. P o u r ramener à la Guadeloupe

le c o m m e r c e

particulier

q u e cette île

était obligée d e faire antérieurement par le p o r t de SaintPierre, B o u r l a m a q u e

défend

l'exportation

des denrées

de l'île et l ' i m p o r t a t i o n des marchandises françaises p a r la v o i e d e l a Martinique. Il m e u r t le 24 juin d e l'année suivante. — 15 juillet. — L a Désirade est érigée en lieu d e d é p o r tation p o u r les jeunes gens d e famille, d o n t on v e u t se débarrasser en F r a n c e . 1765.

L a Chambre d'Agriculture d e la G u a d e l o u p e désigne

R o b e r t Deshayes c o m m e d é p u t é au Conseil d u C o m m e r c e . D e s h a y e s , qui était c o m m a n d a n t de milices, a v a i t représenté

la colonie à L o n d r e s , au t e m p s de

l'occupation

anglaise, mission au cours de laquelle il avait manifesté une

très

grande

habileté.

Il représenta

j u s q u ' a u 7 m a i 1 7 8 1 , date d e sa m o r t .

la G u a d e l o u p e


199

1763-1794 1 7 6 5 - 1 7 6 8 . Sous le g o u v e r n e m e n t de N o l i v o s , on l'ouverture

d'une

v o i e terrestre

entre

décide

Basse Terre

et

Pointe à Pitre, une poste a u x lettres est installée à Basse Terre, le canal d u L a m e n t i n est a c h e v é , la M a t o u b a est d é f r i c h é e ; une p r o m e n a d e plantée de tamarins, et appelée encore aujourd'hui Cours Nolivos, est créée à Basse Terre, le siège de l ' A m i r a u t é est transféré à Pointe à Pitre. L a Guadeloupe c o n t i n u a n t de prospérer sous un régime de plus grande liberté c o m m e r c i a l e , tandis que le c o m merce de la Martinique décline, les grands propriétaires de cette dernière île o b t i e n n e n t par une o r d o n n a n c e d u 20 septembre 1768, sous le n o m de g o u v e r n e m e n t général des Iles d u V e n t de l ' A m é r i q u e , le rétablissement g o u v e r n e m e n t général des Antilles, a v e c la

du

Martinique

c o m m e chef-lieu. D e v a n t ce fait, Nolivos quitte le g o u vernement de la Guadeloupe le 29 n o v e m b r e de la

même

année. Il est remplacé par le c o m t e d e Malartic. 1 7 6 7 . L a Guadeloupe c o m p t e 11.683 b l a n c s , 762 libres

et

affranchis et 72.761 esclaves, soit 85.206 habitants. 1 7 6 8 . Etablissement à Pointe à Pitre d u Tribunal de l ' A m i rauté et de la Juridiction de la Grande Terre. L a ville se d é v e l o p p e . 1769-1771. L'ordonnance

du

29

septembre

1768

r a t t a c h e m e n t de la Guadeloupe à la Martinique

sur

le

ayant

été enregistrée à la Guadeloupe le 7 mars 1769 y soulève une é m o t i o n générale. Une visite d u gouverneur général d ' E n n e r y n'apaise pas l'agitation. Le Conseil supérieur et la Chambre d'agriculture protestent. L e gouverneur Bouille d e m a n d e au roi son indépendance ou son r a p p e l ; il est rappelé et quitte la colonie au mois d ' a o û t 1771, laissant l'administration à D i o n , c o m m a n d a n t en second. Le

roi

rend

à

la

Guadeloupe

son

indépendance

(16 a o û t 1771) et le c o m t e de Nozières est n o m m é g o u verneur a v e c Tascher c o m m e intendant.


200

LA

GUADELOUPE

L e g o u v e r n e m e n t d e la G u a d e l o u p e est séparé p e n -

1772.

dans six mois d e celui de la Martinique. 1775, 24 octobre. — L a G u a d e l o u p e obtient une a d m i n i s tration i n d é p e n d a n t e , sauf p o u r la partie militaire et les finances

p o u r lesquelles elle reste subordonnée à la Mar-

tinique. L'interdiction

d u c a b o t a g e a v e c la Martinique

est m a i n t e n u e . D ' A r b a u d est n o m m é g o u v e r n e u r et Peynier intendant, ils arrivent à Basse Terre le 29 n o v e m b r e 1775. 1782.

François de Foulquier, Président au Parlement d e

T o u l o u s e , est n o m m é

intendant

d e la G u a d e l o u p e .

Il

faisait partie d u « Comité de Législation des Colonies » et d e v a i t procéder a u x grandes réformes administratives et judiciaires. Il crée en particulier une Assemblée C o l o niale.

(Voir

Généralités).

Il passe en 1786 à la Martinique a v e c mission d'établir définitivement l'assemblée représentative d o n t on avait fait l'expérience à la G u a d e l o u p e . (Voir

Martinique).

— 16 mai. — L e Conseil supérieur de l a G u a d e l o u p e a le droit d e présenter des magistrats à la n o m i n a t i o n des gouverneurs. Suppression d u d é p u t é à Paris. 1783-1784. L e b a r o n

d e Clugny

est n o m m é

gouverneur

de la Guadeloupe le 20 juillet 1783 et arrive dans la colonie le 27 mai 1784. Il a c o m m e second le c o m t e d ' A r r o t s , gouverneur d e la Grenade. 1784, 24 juillet. — Ordre d u gouverneur de ne plus inhumer dans les églises et d'établir les cimetières hors des villes. 1789. L a G u a d e l o u p e c o m p t e 13.712 blancs, 3.058 libres et 89.523 esclaves. T o t a l

106.393.

— L e roi en France c o n v o q u e les E t a t s - G é n é r a u x : les colonies ne sont pas a d m i s e s ; néanmoins les colons de la Guadeloupe présents à Paris élisent les députés qui


201

1763-1794

prêtent serment au J e u d e P a u m e et d o n t d e u x , de Curt et de Galbert, sont néanmoins admis à l'Assemblée Constituante (22 s e p t e m b r e ) . — Les h o m m e s de couleur, soutenus la

par

Société des Amis

des Noirs,

fondée

à

Paris,

d e m a n d e n t à leur tour leur admission dans le b u t d e t o u t faire échouer. Le club Massiac, créé en opposition à cette société, pousse les noirs à réclamer les m ê m e s droits. Dans la colonie, le gouverneur j u g e expédient de c o n v o quer une assemblée coloniale spéciale, q u i , p o u r départager la rivalité entre la Basse Terre et Pointe à Pitre, se réunit à Petit B o u r g le 1 Cette

assemblée

er

d é c e m b r e au n o m b r e de 96 m e m b r e s .

prend

le titre

d'Assemblée

Générale

coloniale et n o m m e 3 députés à la Constituante : Chabert de Lacharrière, Nadal

de Saintrac

et R o b e r t

Coquille.

Ces députés arrivent à Paris le 22 juin et sont admis à siéger a v e c c e u x p r é c é d e m m e n t désignés par les colons. 1790, avril. — Un c o m p l o t d'esclaves, déterminé par les idées nouvelles d'égalité et de fraternité, est arrêté dès son origine. Cinq des meneurs sont exécutés. — 10-26 septembre. — L e gouverneur d e la G u a d e l o u p e , M. de Clugny, est gardé à v u e en son hôtel p e n d a n t 17 jours (10-26 septembre) p a r un groupe de patriotes qui le s o u p ç o n n e n t d'être d ' a c c o r d

a v e c le gouverneur

de la Martinique pour étouffer leurs libertés. — 15- octobre. —

Organisation

des municipalités

à

la G u a d e l o u p e . Pautrizel, de tendances républicaines, est élu maire de la Basse Terre ; cette municipalité ne tarde pas à être en opposition a v e c le gouverneur. —

L'Assemblée coloniale, réunie à Pointe à P i t r e , se

déclare en permanence. 1791.

Quelques noirs a y a n t formé le p r o j e t d'incendier les


202

LA

GUADELOUPE

propriétés, sont arrêtés et e x é c u t é s , les uns en mai à Sainte-Anne et les autres à Noël à Marie-Galante. — 25 août. — Arrivée des commissaires civils v e n a n t de la Martinique. — 12 août. — L a nouvelle d e la fuite d u roi à V a r e n n e , c o n n u e le 12 a o û t , jette l'administration dans l'incertitude sur la m a r c h e qu'elle d o i t suivre, et favorise d u m ê m e c o u p le d é v e l o p p e m e n t des idées révolutionnaires. — 12 septembre. — L ' A s s e m b l é e la

dissolution

de la municipalité

Coloniale

prononce

d e Basse T e r r e , c o u -

pable d'afficher des principes inconstitutionnels et tretenir dans le p a y s une agitation missaires

et cause

prenant fait

d'en-

c o u p a b l e . Les c o m -

pour

la

municipalité,

Clugny d o n n e sa démission d e g o u v e r n e u r (3 octobre) ; son

second,

le v i c o m t e

L a municipalité

d'Arrots,

imite

son

exemple.

se déclare contre les commissaires qui

quittent la colonie le 19 o c t o b r e .

Clugny

reprend ses

fonctions. — 21 décembre. — L ' A s s e m b l é e Coloniale d e la G u a d e l o u p e se déclare « Constituante ». 1 7 9 2 . L a colonie j o u i t d'une tranquillité parfaite p e n d a n t les premiers m o i s . — L e 28 mars, l'Assemblée législative a y a n t décrété q u e les h o m m e s de couleur et les nègres libres jouiraient de tous les droits politiques, cette loi rencontre

un accueil

favorable

auprès

de

l'assemblée

coloniale. Les électeurs sont c o n v o q u é s p o u r le 24 juin. — 25 juillet. — Mort d u b a r o n d e Clugny ; d'Arrots lui

succède.

— E n v o i a u x Antilles d e 2.000 h o m m e s a v e c d e u x n o u v e a u x gouverneurs, R o c h a m b e a u p o u r la Martin i q u e , Collot p o u r la G u a d e l o u p e , en v u e d'appliquer la loi d u 4 avril. Les d e u x colonies refusent de les recevoir.


1763-1794

203

Sur la nouvelle fausse de la restauration de

l'autorité

r o y a l e , l'Assemblée coloniale de la G u a d e l o u p e brûle la cocarde

tricolore

et

arbore

le

drapeau

blanc.

Mieux

informée, l'assemblée maintient c e p e n d a n t sa fidélité au régime t o m b é à Paris le 10 a o û t . Les d e u x îles préparent leur défense et néanmoins délèguent d e u x députés

en

F r a n c e , D u b u c fils p o u r la Martinique et Clairefontaine p o u r la G u a d e l o u p e . — Les républicains les plus en

vue

sont déportés en F r a n c e ; d'autres se s a u v e n t dans les îles voisines, d ' o ù ils n o m m e n t députés à la C o n v e n t i o n Guillermin,

D u p u c h et L i o n ,

qui furent admis à siéger.

— D u g o m m i e r est élu dans les mêmes conditions par les proscrits de la Martinique. Marie-Galante par contre se déclare p o u r les idées nouvelles et renvoie à la G u a d e l o u p e son c o m m a n d a n t royaliste. T o u t e s relations étant r o m pues a v e c la F r a n c e , le gouverneur et l'assemblée coloniale o u v r e n t les portes de l'île au c o m m e r c e américain, afin de se procurer des approvisionnements Cependant arrive le 1

er

(30 n o v e m b r e ) .

d é c e m b r e a v e c la Félicité un

commissaire e n v o y é par la C o n v e n t i o n , le capitaine de vaisseau Lacrosse. A y a n t appris qu'il ne serait reçu ni à la Guadeloupe ni à la Martinique, il se fixe à la D o m i n i q u e , plus favorable aux idées nouvelles, et de là entreprend de désorganiser le parti royaliste de la G u a d e l o u p e par une p r o c l a m a t i o n où il o p p o s e les planteurs au reste de la p o p u l a t i o n . Invité à quitter la D o m i n i q u e par le gouverneur, il v a s'établir à Sainte-Lucie, qu'il organise révolutionnairement, et d ' o ù il noue des relations a v e c Marie-Galante. D e v a n t les dangers

qui les m e n a c e n t , les

planteurs

délèguent à Londres, p o u r solliciter le secours des puissances coalisées, D u b u c et Clairefontaine; leur mission en France étant devenue sans o b j e t . L e 7 d é c e m b r e , 230 citoyens actifs se réunissent à Pointe à Pitre p o u r examiner la s i t u a t i o n ; ils se d é c l a -


204

LA

GUADELOUPE

rent prêts à obéir a u x ordres que donnera la

Convention.

L e désarroi se m e t parmi les m e m b r e s de l'assemblée coloniale et, le 20, Pointe à Pitre arbore la c o c a r d e tricolore. Le g o u v e r n e u r d ' A r r o t s d e m a n d e des secours à la Martinique qui envoie d e u x n a v i r e s ; mais le m o u v e m e n t est plus fort et la R é v o l u t i o n t r i o m p h e à

Pointe à Pitre

le 4 janvier 1793.

définitivement Le

gouverneur

s'enfuit à la Trinité le 11 janvier et l'assemblée coloniale tient le 13 une dernière séance où il ne restait plus que sept personnes. 1 7 9 3 . Lacrosse

arrive à Pointe à Pitre le 5 janvier.

Des

clubs se créent s p o n t a n é m e n t dans tous les villages. Les citoyens de 22 paroisses sur 28 réunis en assemblées primaires le 20 janvier, élisent des représentants qui se constituent

avec

commission

des

générale

pouvoirs

presque

Lacrosse des fonctions

souverains

en

Celle-ci

investit

de g o u v e r n e u r j u s q u ' à

l'arrivée

extraordinaire.

de celui qui sera désigné par la R é p u b l i q u e . R o c h a m b e a u revenu

sur

ces

entrefaites

de

Saint-

D o m i n g u e (28 j a n v i e r ) , muni d u titre de gouverneur g é n é ral des Iles d u V e n t , confirme Lacrosse dans ses fonctions jusqu'à

l'arrivée

des

commissaires

civils;

ils

partent

ensemble p o u r la Martinique. E n l'absence de Lacrosse, arrive Collot investi p r é c é d e m m e n t des f o n c t i o n s de gouverneur, q u ' a u c u n arrêté ne lui

a enlevées;

il les r e v e n d i q u e .

La

Commission

générale investit Lacrosse (14 mars) et Collot

s'incline.

Mais on apprend le 19 mars que la guerre a éclaté entre la France et l'Angleterre.

Lacrosse, officier de m a r i n e ,

jugeant ne pas avoir les qualités requises p o u r c o m m a n d e r à une

armée

de terre, résigne ses fonctions, qui

sont

aussitôt reprises par Collot. H o m m e juste et pondéré et v o u l a n t concilier les intérêts et les races, Collot entreprend

dans l'île une

tournée


1763-1794 d'inspection

205

qu'il termine le 17 avril. Sur la d e m a n d e

de la Commission,

qui avait ses raisons p o u r

l'éloigner,

il repart dès le 19. L a Commission profite de son absence pour

organiser

contre

les

planteurs,

accusés

par

elle

d'intelligence a v e c l'étranger, des attentats, qui se t r a duisent dans la nuit d u lendemain 20 avril par l'assassinat de

17

personnes

reviennent

aux

Trois

triomphants

à la

Rivières. Basse

Les

Terre

assassins

au

nombre

de 2 4 3 ; ils y sont accueillis c o m m e les sauveurs d u pays. Désarmés, ils sont mis en prison, mais soutenus par la Commission, ils ne seront jamais j u g é s ; ils s u c c o m b e n t c e p e n d a n t massacrés dans leur prison, au m o m e n t

de

l ' a t t a q u e et de l'incendie de la ville par les Anglais, le 20 avril 1794. —

Les

Montagnards

demandent

l'arrestation

de

80 planteurs, coupables d ' i n c i v i s m e ; le gouverneur leur en

accorde

Commission neur.

27. Mal

satisfaite

de

cette

concession,

la

d e m a n d e la mise en accusation d u g o u v e r -

Collot fut appelé à la justice

du

peuple;

sorti

v i c t o r i e u x de l ' é p r e u v e , il se débarrasse de son principal adversaire, le maire de Basse Terre, Pautrizel, en l ' e n v o y a n t siéger à la C o n v e n t i o n . Les Montagnards prennent leur revanche le 7 juillet à Pointe à Pitre, en massacrant une partie des p r i s o n n i e r s ; les autres sont sauvés par des

dévouements

particuliers.

Un

mouvement

de

réaction de courte durée se manifeste dans les c o m m u n e s de Sainte-Anne et de —

Saint-François.

Le 12 septembre est promulguée la loi d u d i v o r c e .

Aussitôt c'est faire acte de civisme que de divorcer. —

octobre.

La

Guadeloupe

est

constituée

en

d é p a r t e m e n t (voir 1797). L'opposition le gouverneur

d e v e n a n t chaque jour plus aiguë

entre

soutenu

Basse

Terre et la Commission

par

la

municipalité

de

générale, celle-ci décide de

se


206

LA

transporter

à

GUADELOUPE

Pointe à Pitre

(5 d é c e m b r e ) .

Collot

l'y

suit. L a Commission lui d e m a n d e d'être sous son contrôle le chef militaire d'un conseil exécutif, il refuse. L a Commission se transforme alors en Corps représentatif révolutionnaire (21 d é c e m b r e ) ; les c o m m u n e s ne suivent pas le m o u v e m e n t . 1794. Le mais

Corps

à

représentatif décrète

l'élection

d u tribunal

de

Collot

d'accusation,

district les

modérés

l ' e m p o r t e n t ; en riposte, le Corps représentatif p o u s s e , à Basse

Terre,

au

massacre

des

prisonniers,

Collot

les

c o u v r e de son corps et les sauve (10 février). L e 21 février, on a p p r e n d le d é b a r q u e m e n t des Anglais à la Martinique. L a p o p u l a t i o n , craignant de rester sous le j o u g des terroristes, paraît p e u disposée à la r é s i s t a n c e ; néanmoins Collot prend t o u t e s les mesures de

défense

p o s s i b l e s ; il arme 500 esclaves. A u d é b u t d'avril, les Anglais s'emparent

de

Sainte-

L u c i e , le 9 ils o c c u p e n t les Saintes, et le 1 1 , c o m m a n d é s par l'amiral

John

J e r v i s , ils d é b a r q u e n t au Gosier et

o c c u p e n t sans difficulté la Grande Terre. L e 1 6 , ils d é b a r q u e n t a u x environs de Basse Terre. L e feu est m i s à la ville. Sans m o y e n s de défense, Collot capitule le 20 avril. L'occupation

anglaise, qui dura moins de d e u x

mois,

fut a c c o m p a g n é e d'une réaction contre les m o n t a g n a r d s . Marie-Galante qui, dès le 12 février 1793, s'était donnée une administration indépendante le n o m d'Assemblée

de 12 m e m b r e s

sous

coloniale administrative, t o m b e égale-

m e n t au p o u v o i r des Anglais, qui installent un commissaire dans

chacune des trois paroisses, le Grand

Capesterre et Saint-Louis

(21 avril).

Bourg,

la


QUATRIÈME PÉRIODE: 1794-1802 Tandis que la Martinique, tombée sous la domination anglaise en 1 7 9 4 , continuait à vivre sous le régime de l'esclavage, au grand bénéfice des planteurs dont rien ne trouble la sécurité, la Guadeloupe vivait d'une vie singulièrement plus agitée. Conquise elle aussi par les Anglais le 2 0 avril 1 7 9 4 , elle resta moins longtemps en leur pouvoir. Le 2 3 du m ê m e mois une flotte partait de France avec 1.500

hommes et un commissaire de la

Convention, Victor Hugues. Ce commissaire était porteur d'instructions pour la suppression

de

l'esclavage,

décrétée

en

France

le

4 février. Il put débarquer le 2 juin près de Pointe àPitre et cinq jours après il proclamait la liberté. Il s'acquit ainsi le concours des noirs et en enrégimenta une p a r t i e ; mais du m ê m e coup les planteurs restés dans l'île se rangèrent a u x côtés des Anglais. E t ce fut une guerre tout à la fois civile et étrangère. Dès la fin de l'année, Victor Hugues était complètement le maître de la s i t u a t i o n ;

les Anglais

s'étaient

rembarques

et

plusieurs centaines de planteurs avaient été fusillés ou guillotinés. Victor Hugues gouverna pendant de longs mois par la t e r r e u r ; il remplaça l'esclavage, officiellement aboli,


208

LA

GUADELOUPE

par une organisation du travail libre qui lui ressemblait par beaucoup de côtés. A peu près indifférent a u x instructions qu'il recevait de la métropole, il gouvernait ou administrait à sa fantaisie, ce qui ne v e u t pas dire sans j u g e m e n t ; si son administration ne fut pas libérale, elle fut bien ordonnée. Les relations politiques et commerciales avec la métropole étaient à peu près c o u p é e s ; il maintint néanmoins une réelle prospérité dans l'île par l'appui qu'il donna à de fructueuses opérations de corsaires auxquelles il était lui-même intéressé. Les pirateries de ces derniers créèrent d'ailleurs à partir de 1797 un véritable état de guerre entre la France et les

Etats-Unis.

Rappelé en France à la fin de l'année 1 7 9 8 , Hugues fut remplacé par le général Desfourneaux, qui, victime de sa faiblesse, finit par être embarqué pour la France, le 17 octobre 1 7 9 9 , par ses propres administrés. U n triumvirat de commissaires, inspiré du Consulat de France, administra l'île durant dix-huit mois, sans menaces de l'étranger c o m m e sans grandes intérieures;

les

émigrés

commençaient

à

difficultés reparaître.

Les petites îles relevant encore de la Guadeloupe furent cependant enlevées par les Anglais en mars 1 8 0 1 . Le 2 9 mai suivant, on vit revenir avec le titre de capitaine-général l'ancien gouverneur de l'île en 1 7 9 2 , le capitaine de vaisseau Lacrosse promu contre-amiral. Aussi réacteur qu'il avait été révolutionnaire neuf ans auparavant, il ne tarda pas, par des mesures intempestives, à indisposer la majeure partie de la population qui se révolta, et lui aussi, il fut embarqué d'office le 5 novembre 1 8 0 1 . Mais il ne dépassa pas la Dominique. U n de ses officiers, le général Pélage, un mulâtre,


C A P I T U L A T I O N DES A N G L A I S A

LA GUADELOUPE

e

(Dessin du X V I I I siècle. 0.73Xo.94.

Musée de Versailles).

devant le corps expéditionnaire commandé par Victor Hugues, 7 Juin 1794.



1794-1802 administra

l'île jusqu'à

l'arrivée

209 d'un

nouveau

capi-

taine-général, le général Richepanse. Celui-ci débarqua le 6 mai 1 8 0 2 , avec ses 3 . 5 0 0 h o m m e s , non plus pour lutter contre l'Angleterre avec qui la paix venait d'être rétablie, mais pour réprimer ce que, depuis la mésaventure de Lacrosse, on considérait c o m m e un soulèvement de la population. C'était une nouvelle phase de l'histoire de la colonie qui c o m m e n t a i t .

1 7 9 4 , 4 février. (16 pluviôse an I I ) . « La Convention N a t i o nale déclare que l'esclavage des nègres dans toutes les colonies est aboli ; en conséquence elle déclare que tous les h o m m e s , sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies, sont citoyens français et jouissent de tous les droits assurés par la Constitution. « Elle renvoie au Comité de Salut Public p o u r faire incessamment un rapport sur les mesures à prendre pour assurer l'exécution d u présent décret. » —

Dans

l'appréhension

d'une

attaque

France avait e n v o y é aux Antilles 1.453

anglaise, hommes

la

avec

3 commissaires, V i c t o r H u g u e s , Chrétien et Lesseignes. Partis de R o c h e f o r t le 23 avril, ils d é b a r q u e n t au Gosier le 2 juin et entrent le 7 à Pointe à Pitre. Ils adressent à la p o p u l a t i o n la proclamation suivante : CITOYENS,

« Un gouvernement républicain ne supporte ni chaîne, ni esclavage, aussi la Convention

Nationale

vient-elle

de solennellement décréter la liberté des nègres et

de

confier le m o d e d'exécution de cette loi aux commissaires qu'elle a délégués dans les colonies ; il doit d o n c résulter de cette rénumération (sic) naturelle et de son organisaANTILLES

14


210

LA

tion

civile:

GUADELOUPE

1° la bienfaisante égalité sans laquelle la

m a c h i n e politique est c o m m e une horloge d o n t le b a l a n cier perd s o n équilibre et s o n action p e r p é t u e l l e ; 2 ° une administration générale et particulière qui garantisse la propriété déjà formée des uns et le produit d u travail et de l'industrie d e s autres. « CITOYENS d e toutes couleurs, v o t r e fidélité dépend d e cette loi et d e son e x é c u t i o n ; les délégués d e la nation v o u s garantissent un m o d e qui sera la sauvegarde d e tous les amis d e l a R é p u b l i q u e française contre c e u x qui déjà o n t été et qui v o u d r o i e n t encore e n être les o p p r e s s e u r s ; mais il faut q u e les citoyens blancs offrent cordialement, fraternellement,

et à salaire

compétent,

d u travail à

leurs frères noirs et d e couleur, et il faut aussi q u e ces derniers apprennent et n'oublient jamais q u e c e u x qui n ' o n t p a s d e propriétés sont obligés d e p o u r v o i r , par leur travail et leur subsistance, à celle d e leur famille, et c o n courir en outre p a r ce m o y e n a u soutien d e leur Patrie. « C I T O Y E N S , v o u s n'êtes devenus égaux q u e p o u r jouir d u b o n h e u r et le faire partager à tous les a u t r e s ; celui qui est l'oppresseur d e s o n c o n c i t o y e n est un monstre q u i d o i t être aussitôt banni d e la terre sociale. « L e s délégués d e la Nation o r d o n n e n t à tous les corps administratifs, municipalités, force armée et à tous les individus, d'enregistrer sans délai, mettre à exécution et exécuter la loi qu'ils p r o c l a m e n t en tête d e la présente, et ils m e t t e n t sur l a l o y a u t é d e tous les individus la sauvegarde d e la république f r a n ç a i s e ; et sous la p r o t e c tion d e la loi tous les citoyens, leurs propriétés, leur i n d u s trie et le produit d e leur travail q u e l c o n q u e . « Ils o r d o n n e n t l'impression, l'affiche et la publication de la présente loi et proclamation. A la Pointe à Pitre, île G u a d e l o u p e , le 19 Prairial, l ' a n 2

e

d e la R é p u b l i q u e

française une et indivisible. Signé:

Pierre C H R É T I E N et V i c t o r H U G U E S . »


211

1794-1802

Victor Hugues, le premier des commissaires, enrôle les noirs, repousse une attaque d'une flotte anglaise

com-

mandée par Jervis et Grey (5 juillet), et se rend m a î t r e de la Grande Terre t o u t entière. — 1 6 juillet. — Pointe à Pitre prend le n o m de P o r t d e la Liberté et le Fort d u

G o u v e r n e m e n t celui de

Fort de

la Victoire. — Après trois mois de préparation, Hugues entreprend la c o n q u ê t e de la Guadeloupe p r o p r e m e n t dite et, malgré un insuccès initial à Bierville, i m p o s e le 6 o c t o b r e une c a p i tulation à l'armée anglaise, décimée par la fièvre j a u n e . 364 Français qui servaient a v e c les Anglais sont fusillés et environ 500 autres guillotinés. Basse Terre est investie et évacuée par les Anglais dans la nuit d u 10 au 11 d é c e m b r e . — Marie-Galante était réoccupée le 27 n o v e m b r e . 1 7 9 5 . Arrivée à Pointe à Pitre (6 janvier) de 1.500 h o m m e s de troupes, de d e u x

nouveaux

commissaires

du

gou-

v e r n e m e n t , Lebas et G o y r a n d et d u capitaine Magloire Pélage, alors

inconnu.

— V i c t o r Hugues institue un régime de terreur absolue ; la guillotine v a de c o m m u n e en c o m m u n e , a c c o m p a g n é e d ' u n tribunal révolutionnaire a m b u l a n t ; le dernier guillotiné le fut le 6 juillet 1796. Par suite de ces e x é c u t i o n s , auxquelles une b o n n e partie des victimes désignées p u t se soustraire par la fuite, le n o m b r e total des habitants blancs qui était de 9.371 en 1790, t o m b a en 1795 à 1.092, d o n t 255 h o m m e s seulement. Pour l'application de la loi d u 4 février 1794, les esclaves libérés sont d ' a b o r d astreints à travailler sur les terres de leurs

anciens

maîtres

moyennant

un

salaire

payé

par ceux-ci et contrôlé par l'autorité. C o m m e les p r o p r i é taires étaient presque tous en fuite, le salaire est b i e n t ô t remplacé

par l'octroi de d e u x jours de liberté

entière


212

LA GUADELOUPE

par décade afin d e permettre à l'esclave libéré d e t r a vailler e x c l u s i v e m e n t p o u r s o n c o m p t e , puis par un s y s t è m e de fermage, qui paraissait d o n n e r plus d'initiative et d e responsabilité. T o u t e c o m m u n i c a t i o n a y a n t virtuellement cessé a v e c la M é t r o p o l e , les approvisionnements de l'île sont devenus très d i f f i c i l e s ;

il est d é f e n d u

autrement

qu'une

fois

nationales

fonctionnant

d'acheter

par décade

dans

sous le contrôle

et d e v e n d r e des

agences

d e l'autorité.

Chaque particulier d o i t déclarer les objets de subsistance qui sont en sa possession. Ces difficultés propres au c o m m e r c e disparurent lorsq u ' o n prit le parti d'armer des corsaires, qui introduisirent dans l'île une grande quantité de marchandises. D e 1795 à 1 8 0 0 , 601 navires, parfois m ê m e des neutres, furent capturés. A u dehors, V i c t o r Hugues fait réoccuper Sainte-Lucie (22 avril-18 j u i n ) , p a r le commissaire G o y r a n d ; l'île est de n o u v e a u perdue en avril-mai 1796. Saint-Eustache et Saint-Martin sont également enlevés a u x Anglais. Par c o n t r e , on échoue en v o u l a n t reprendre la Martinique, la D o m i n i q u e et la Grenade. V i c t o r Hugues provoque

également mais sans succès une révolte des

Caraïbes d e Saint-Vincent contre les Anglais. 1796. L e 16 février, V i c t o r Hugues est n o m m é agent d u Directoire. L e 16 mars, il épouse Angélique J a c q u i n . S o n a v o i r personnel est alors évalué à 480.000 livres. Le 9 a o û t , il refuse de proclamer la Constitution de l'an I I I q u i , à son avis, ne peut qu'entretenir la haine entre les blancs et les noirs. 1797, 25 octobre. — L a G u a d e l o u p e forme un d é p a r t e m e n t divisé en 27 c a n t o n s . L'Assemblée locale avait d e v a n c é la Constitution de quatre années (Voir 1793). — Fin décembre. — Des noirs, au n o m b r e de 2 à 3 0 0 ,


1794-1802 s'insurgent

au

Lamentin.

Le

général

213 Boudet

réprime

le m o u v e m e n t . Un m o u v e m e n t identique se produit dans le

même

temps à Marie-Galante. Les meneurs sont presque aussitôt pris et fusillés. V i c t o r Hugues m e t la colonie en état de siège le 6 janvier suivant. Son g o u v e r n e m e n t très ferme continue de s'affirmer c o m m e très indépendant de l ' a u t o rité

métropolitaine.

1797-1798. Le

gouvernement américain envoie en

France

une mission pour mettre un terme aux opérations des corsaires de V i c t o r Hugues. Les négociations

échouent

par la faute de Talleyrand et le 7 juillet 1798 les E t a t s Unis déclarent nuls tous les traités antérieurs passés a v e c la France. L a mer des Antilles devient le théâtre d'une guerre maritime acharnée. 1 7 9 8 . V i c t o r Hugues est remplacé par le général Desfourneaux (3 juin) qui arrive dans l'île le 22 n o v e m b r e . Hugues est embarqué pour France le 4 d é c e m b r e . 1 7 9 9 . Desfourneaux esquisse une légère réaction p o l i t i q u e ; il c o m b a t le v a g a b o n d a g e , oblige les noirs à travailler sur les propriétés séquestrées et afferme p o u r cinq ans les biens nationaux. A p p e l é à appliquer pour les élections primaires la Constitution de l'an I I I , il rend illusoire le droit électoral en exigeant des électeurs le paiement effectif d'une contribution équivalente à trois journées de travail agricole;

aussi n ' y

eut-il

que peu d'électeurs.

Accusé

d'avoir outragé la souveraineté du peuple, il est rappelé par le Directoire et remplacé (14 août) par trois c o m m i s saires, Jeannet, L a v e a u x et B a c o . Entre t e m p s (17 o c t o b r e ) , Desfourneaux avait été embarqué pour

France,

à la suite d'une conspiration des officiers et de la m u n i cipalité de Basse Terre. — Le général Pelardy est investi provisoirement de l'autorité. Les commissaires le 10 d é c e m b r e .

arrivent


214

LA

1800.

Une loi d u 1

er

GUADELOUPE

janvier 1797 a y a n t prescrit une révision

générale de la liste des émigrés, les commissaires

s'ap-

pliquent à établir que p o u r avoir pactisé a v e c l'ennemi, aucun ne d o i t revenir dans la colonie. — L a mésintelligence ne tarde pas à régner entre eux ; L a v e a u x arrêté est r e n v o y é en France en mars et remplacé par Bresseau. B a c o m e u r t en d é c e m b r e . E n a o û t , les commissaires e n v o i e n t 14 navires corsaires à Curaçao, colonie hollandaise, sous prétexte d ' e m p ê c h e r cette île de t o m b e r a u x

mains des Anglais. L'île

est

néanmoins prise et a v e c elle cinq navires français (septembre). 1801, 19 avril. — U n arrêté des Consuls d u 19 avril a y a n t stipulé que la G u a d e l o u p e serait à l'avenir régie par trois magistrats, un capitaine-général, un préfet et un c o m m i s saire de justice, Lacrosse, Lescallier et Coster sont désignés p o u r ces fonctions. Ils arrivent à Pointe à Pitre le 29 m a i . —

Lacrosse avait déjà été désigné p o u r la G u a d e l o u p e

en 1793. Lacrosse s'affirme dès le premier j o u r c o m m e un r é a c teur. Les 5 et 6 j u i n , il fait arrêter 15 personnes de c o n d i tions diverses, suspectes de d é m a g o g i e , puis des militaires. Il réserve les fournitures à ses amis ou partisans. L e 25 j u i n , il autorise des émigrés à rentrer. Des empoisonneurs sont fusillés sans preuves suffisantes. Ces procédés p r o v o q u e n t le 8 a o û t un c o m m e n c e m e n t de révolte à Basse Terre. Lacrosse use d e représailles, visites domiciliaires, e m p r i s o n n e m e n t , menaces de d é p o r tation des h o m m e s de couleur ( s e p t e m b r e - o c t o b r e ) . Il v e u t faire arrêter Pélage, originaire de la Martinique, et après lui le chef de l ' a r m é e . P o i n t e à Pitre s'insurge et p r o c l a m e Pélage c o m m a n d a n t militaire de la G u a d e l o u p e : embarras de celui-ci entre son d e v o i r d e militaire

et ses sentiments

de

citoyen.


215

1794-1802 Un

essai d e

conciliation

est tenté ; Lacrosse

vient

à

Pointe à Pitre, il est arrêté par la p o p u l a c e et emprisonné. Pélage favorise son évasion

(5 n o v e m b r e )

et

Lacrosse

se retire à la D o m i n i q u e , d'où il réserve tous ses droits au

gouvernement. Pélage investi d'un g o u v e r n e m e n t provisoire se c o m -

porte a v e c prudence et sagesse ; il résiste à la fois impatiences d'un parti l o c a l , a y a n t p o u r chef

aux

Delgrès,

colonel mulâtre, qui rêve d ' i n d é p e n d a n c e , et a u x m a n œ u vres

de

Lacrosse

pour

reconquerrait l'autorité

restaurer

un

parti

blanc,

qui

souveraine. Cette situation des

plus délicates durera j u s q u ' à l'arrivée d u général R i c h e panse d o n t la nomination fut connue dès le mois de j a n vier 1802.


CINQUIÈME PÉRIODE: 1802-1848

L'installation de Richepanse à la Guadeloupe ne se fit pas sans résistance. Le rétablissement de l'esclavage et de la traite, le retour à l'édit de 1 7 8 4 limitant les ports d'entrepôt

provoquèrent

une

révolte

à

Basse-

Terre et il s'en fallut de peu que cette révolte n'ait eu les mêmes

conséquences

qu'à

Saint-Domingue,

c'est-

à-dire la perte de l'île. U n mulâtre, le colonel Delgrès, adressa « au m o n d e entier le dernier cri de l'innocence et du désespoir » ; il fut néanmoins vaincu après une lutte de courte durée. Ce fut une autre affaire de ramener ou retenir sur les propriétés

les anciens esclaves,

qui les avaient désertées ou les cultivaient avec plus ou moins de zèle à titre de travailleurs libres, c o m m e fermiers du gouvernement. Le retour des anciens propriétaires créait une situation nouvelle qui n'était pas sans danger pour le pouvoir lui-même. La défaite de Delgrès

rendit

la transition

moins Richepanse, mort le

plus facile.

Mais

ce

fut

3 septembre de la m ê m e

année, que son successeur Lacrosse qui eut à prendre les mesures de rigueur devenues nécessaires. Lacrosse était pour la troisième fois gouverneur de la c o l o n i e : il gouverna avec dureté et eut à réprimer


1802-1848

217

quelques mouvements séditieux. Son successeur Ernouf arriva au m o m e n t où la paix d'Amiens venait

d'être

rompue. L'île vécut cependant à l'abri de toute attaque ennemie pendant près de huit ans et pendant ce temps jouit d'une certaine prospérité grâce a u x nombreuses prises effectuées par les corsaires. Les émigrés avaient tous regagné leurs propriétés et l'on semblait

revenu

a u x institutions de l'Ancien Régime, lorsque la colonie succomba

à

6

1810.

février La

nouveau

Guadeloupe

fut

sous

une

restituée

attaque à la

anglaise

France

par

le les

traités qui terminèrent en 1814 et en 1 8 1 5 les grandes guerres napoléoniennes ; elle connut désormais un régime nouveau qui n'était plus celui du despotisme politique mais n'était

pas encore celui de l'égalité sociale.

La

période de 1 8 1 5 à 1848 reste marquée par une lente évolution de l'opinion publique en France en faveur de l'abolition définitive de l'esclavage, encore que l'idée sourît médiocrement

a u x planteurs, dont la

pouvait ruiner l'influence

et peut-être

réforme

compromettre

la fortune. Le nombre des affranchis croissait tous les jours, sans provoquer des heurts violents entre les races, mais sans les rapprocher dans des intérêts c o m m u n s . Aussi nul événement d'importance ne signale-t-il cette période de trente-trois ans, qui aboutit le 4 mars 1 8 4 8 à la célèbre déclaration du « portant

que

nulle

terre

Gouvernement française

ne

Provisoire

peut

porter

d'esclaves ». Les décrets parurent le 27 avril suivant.

1 8 0 2 . 6 m a i . — Arrivée à Pointe à Pitre

de

Richepanse

a v e c 3.470 h o m m e s ; avec les effectifs antérieurs, ses forces


218

LA

GUADELOUPE

s o n t de 7.460 h o m m e s . Il s'attendait à trouver le p a y s en pleine r é v o l t e ; Pélage l'accueille a v e c une l o y a u t é p a r faite. Par contre Delgrés se déclare le 8 mai en révolte ouverte

à

Basse

Terre. R i c h e p a n s e

s'y

p o r t e aussitôt

par mer. Il est reçu à c o u p s de c a n o n . Il engage des n é g o ciations

infructueuses.

Delgrés

peut

se maintenir

jus-

q u ' a u 22 mai dans le f o r t Saint-Charles de Basse Terre. Obligé de l ' é v a c u e r , il prolonge la résistance

jusqu'au

2 8 ; ce j o u r - l à , il se fait sauter, a v e c 300 des siens et 400 Français, par une mine préparée d ' a v a n c e à l ' h a b i t a tion d ' A n g l e m o n t . Trois jours a u p a r a v a n t , son lieutenant Ignace avait été tué près de Pointe à Pitre a v e c 675 des siens. L a résistance était v a i n c u e . Cette courte guerre priva la G u a d e l o u p e de 12.000 habitants, d o n t 2.000 émigrèrent et les 10.000 autres furent tués, déportés ou fusillés. L e 3 j u i n , obéissant à des ordres reçus a v a n t son e m b a r q u e m e n t , R i c h e p a n s e e n v o y a i t en France Pélage et les m e m b r e s d e la Commission provisoire. Après une d é t e n tion de quinze m o i s , Pélage fut réintégré dans ses charges et d i g n i t é s ; il m o u r u t en 1813 en E s p a g n e , après la bataille de V i c t o r i a . Richepanse

ordonne

le

désarmement

général

p o p u l a t i o n . Chaque h a b i t a n t d e v r a être porteur

de

la

d'une

carte de sûreté. Défense de se rendre d'une c o m m u n e à une autre sans un laissez-passer. Ordre de poursuivre les m o n t a g n e s les révoltés

qui s'y

dans

étaient réfugiés

et

création d'une t r o u p e de volontaires p o u r faire la chasse à ces coureurs des b o i s . Dans c h a q u e c o m m u n e il est créé un commissaire d u

gouvernement.

L e 16 juillet, R i c h e p a n s e , agissant au n o m des Consuls, p r o n o n c e le rétablissement de l'esclavage, sans que le n o m soit p r o n o n c é . Cet acte fut, par sa répercussion, la cause directe d e la perte d e

Saint-Domingue.

L e 14 juillet, Lacrosse est rappelé. L e 4 a o û t , il est


219

1802-1848

r e c o n n u à Pointe à Pitre c o m m e capitaine général, mais l'autorité réelle reste à R i c h e p a n s e ; il v o u l a i t r e n v o y e r Lacrosse à T a b a g o , lorsque la m o r t v i n t le surprendre le 3 septembre. — 16 juillet. —

Un arrêté consulaire porte que les

colonies de la G u a d e l o u p e , la Martinique,

Sainte-Lucie

et T a b a g o seront régies par les m ê m e s lois q u ' e n 1 7 8 9 ; par un autre arrêté, il est défendu d'amener en France aucun noir ou mulâtre. 1 8 0 2 - 1 8 0 3 . Lacrosse,

reprenant

le

pouvoir,

instaure

un

régime de terreur. Il chasse de la colonie les h o m m e s d e couleur et les noirs qui avaient servi dans la force armée des r é v o l t é s ; les chasseurs des bois sont renforcés et les gens de couleur obligés de s'embrigader dans les v o l o n taires d e la répression. C o m m e conséquence d u rétablissement de l'esclavage, les gens de couleur sont astreints à produire leurs titres de l i b e r t é ; il leur est a c c o r d é pour le faire un délai de trois m o i s , passé lequel ils seront considérés c o m m e v a g a b o n d s . L'effet de ces mesures sera que p o u r 14.912 h o m m e s libres,

8.207

redeviendront

esclaves.

Les

esclaves

étrangers venus se réfugier à la Guadeloupe sont v e n d u s . Ces mesures p r o v o q u e n t les 6 et 7 o c t o b r e dans la paroisse de Sainte-Anne une r é v o l t e , à laquelle s'associent m ê m e quelques blancs. Elle est c o m p r i m é e en peu de jours

et plus de 100 c o n d a m n a t i o n s

sont

prononcées.

L'île est divisée en 14 quartiers, administrés par des commissaires-commandants. — Trois tribunaux d e p r e mière instance sont créés le 5 n o v e m b r e à Basse T e r r e , Pointe à Pitre et M a r i e - G a l a n t e ; pour la première fois, un traitement est attribué aux juges. L e culte catholique est rétabli (3 d é c e m b r e ) . Les biens séquestrés étant rendus à leurs propriétaires, l'administration

remplace

par

des i m p ô t s

les

revenus


220

LA

GUADELOUPE

qui en provenaient et qui lui suffisaient depuis près de d i x ans. Les h o m m e s pris les armes à la main au temps d e V i c t o r Hugues et qui avaient été déportés a u x Saintes sont v e n d u s sur les côtes

d'Afrique.

— 8 mars. — Lacrosse, plus autoritaire q u e réellement d e s p o t e , est remplacé par le général E r n o u f ;

Lacrosse

finira c o m m e sénateur d e l ' E m p i r e . — 8 mai. — Arrivée d ' E r n o u f à Basse Terre. — Son administration

f u t en général c a l m e et réparatrice. Il

rétablit les émigrés en leurs propriétés et prend diverses mesures, n o t a m m e n t le rétablissement

d'ordre

financier,

de l ' e s c l a v a g e ;

nécessitées p a r

elles p r o v o q u e n t

un

instant un m é c o n t e n t e m e n t assez vif. — 12 mai. — R u p t u r e de la paix d ' A m i e n s . L a guerre est de n o u v e a u déclarée entre la France et l'Angleterre. — 22 juin. —

Les Anglais

attaquent

Sainte-Lucie.

— 24 juin. — Ernouf p r o c l a m e la déclaration de guerre et organise aussitôt la garde nationale. — 5 septembre. — U n e flottille française se disposant à aller attaquer A n t i g o a est surprise à Deshayes, sur les côtes occidentales de la G u a d e l o u p e . L ' a t t a q u e est r e p o u s sée, mais on d o i t renoncer à A n t i g o a . — 5 octobre. — L e préfet Lescalier rentre en F r a n c e ; il

est remplacé

successivement

par

Roustagnenq

et

Kerverseau. 1804, 9 juillet. — Un tribunal de paix spécial est créé à l'île 1805,

Saint-Martin. 20 février. — Arrivée à la Martinique d'une

flotte

française c o m m a n d é e par Missiessy; le 22 elle attaque et rançonne la D o m i n i q u e ; le 2 3 , elle arrive à la G u a d e -


1802-1848

221

loupe; le 3 mars elle part pour attaquer Montserrat, Nièves et Saint-Christophe qu'elle met à rançon, et revient à la Martinique où elle attend durant quelques jours une autre flotte française que doit amener Villeneuve, puis rentre en France. Villeneuve, parti de Toulon le 30 mars, n'arrive à la Martinique que le 14 mai avec 5.000 hommes de troupes. Là, ayant appris que Nelson était à Antigoa que lui-même se proposait d'attaquer, il renonce à cette entreprise et retourne en Europe. Dès lors nulle opération militaire jusqu'en 1808. Mais les corsaires reparaissent; de 1803 à 1810 ils prennent 342 navires contre 358 de 1795 à 1801. Les prises de 1803 à 1810 se traduisent par un produit brut de 29 millions 521.687 francs, qui, après les frais de vente, la commission des armateurs et les frais de justice laissent un produit net de 24.928.725 livres, contre 25.072.275 de 1795 à 1801. A toutes fins utiles, Ernouf recrute un millier de soldats parmi les noirs esclaves. — Ernouf envoie au Vénézuela un détachement d'une centaine d'hommes pour appuyer le mouvement insurrectionnel du général Miranda. 1807. Par suite de la guerre, les relations avec la France sont fort rares et le commerce avec l'étranger est devenu difficile; les objets d'alimentation étant hors de prix, on recourt à des mesures très sévères contre la spéculation. 1808. Les Anglais occupent Marie-Galante le 2 mars et la Désirade le 31. — Ils tentent contre Saint-Martin une expédition qui échoue le 4 janvier; par contre une tentative du général Cambiels pour leur reprendre MarieGalante échoue le 21 août. 1809. Par crainte de mouvements de la part des noirs, il est créé le 6 janvier 11 tribunaux criminels spéciaux,


222

LA

GUADELOUPE

j u g e a n t en dernier ressort et p r o n o n ç a n t m ê m e la peine de m o r t . Ces tribunaux n'abusèrent pas d e leurs p o u v o i r s ; ils cessèrent leurs fonctions le 1 — Sur la nouvelle

er

juillet.

q u e la Martinique

est attaquée

(février), il est créé des corps d e noirs recrutés p a r m i les e s c l a v e s : leurs propriétaires sont indemnisés. L a Martinique a y a n t s u c c o m b é le 24 février, d e nouvelles mesures presque draconiennes sont ordonnées le 2 mars. Il est créé d e u x bataillons d e guerre d'élite, c o m p o s é s de b l a n c s , qui, le danger ennemi paraissant écarté, furent licenciés le 22 j u i n . L e 30 mars, arrive a u x Saintes une division d e trois p a r le chef de division

vaisseaux c o m m a n d é e

Troude.

D e v a n t les forces supérieures de l ' e n n e m i , elle réappareille p o u r la France le 14 avril et les Saintes capitulent le l e n demain. L a situation financière d e v i e n t fort d é l i c a t e ; les i m p ô t s ne rentrent p a s . Deux

flûtes

v e n a n t d e France arrivent d e v a n t Basse

Terre l e 17 d é c e m b r e et sont détruites le lendemain à l ' A n s e à la B a r q u e . 1810. Les Anglais, c o m m a n d é s

p a r le lieutenant-général

B e c k w i t h , d é b a r q u e n t au Gosier le 27 janvier, o c c u p e n t Pointe à Pitre, et se p o r t e n t presque aussitôt sur BasseT e r r e . Mal d é f e n d u e , le place d o i t se prêter à une c a p i t u lation le 5 février. L a nouvelle en f u t c o n n u e à L o n d r e s le 15 mars. Ernouf, fait prisonnier, est c o n d u i t en A n g l e terre, d ' o ù il n e reviendra q u ' e n 1814. 1810-1814. A u cours de l ' o c c u p a t i o n anglaise, les planteurs réussissent à obtenir

des administrateurs

des mesures

équivalant à des réductions d e dettes d'environ 30 % . 1814, 2-14 décembre. — de la G u a d e l o u p e .

L a France

reprend

possession


1802-1848 Louis

XVIII rétablit

223

le régime de 1763 ; les administra-

tions reprennent leur n o m d ' A n c i e n R é g i m e . U n e Chambre d'Agriculture est reconstituée et se réunit le 22 février 1815 à Basse Terre ; elle d e m a n d e à contrôler les finances. L e gouverneur refuse. 1815.

10 août. — Les Anglais, appelés p a r les planteurs

dès le 3 m a i , s'emparent d e la colonie. 1816. 16 janvier. — que la colonie

L e Conseil Privé maniïeste le désir

soit « maintenue sous le g o u v e r n e m e n t

protecteur d e l'Angleterre » . 1817. Etablissement d e la Poste ; elle est affermée p o u r trois a n s . 1818. 32.437 hectares sont cultivés, d o n t 4.988 en café ; 69 en cacao ; 3.248 en c o t o n ; 6.565 en vivres. L e c o m m e r c e a v e c la France s'élève à 26 millions d e francs, d o n t 18 millions p o u r les importations de la colonie. 1819. Arrivée p o u r la première fois à la Guadeloupe d ' u n navire chargé de glace p o u r la conserve des v i v r e s . T o u tefois la c o n s o m m a t i o n courante d e l a glace n'aura lieu q u ' à partir d e 1860. — Introduction 1822.

de la v a c c i n e contre la petite vérole.

Création d ' u n c o m i t é consultatif des colonies, a y a n t

son siège à Paris. M. de V a u b l a n c , ministre d ' E t a t , est n o m m é d é p u t é de la G u a d e l o u p e . — Après

plusieurs épidémies de fièvre jaune à Basse

Terre, le contre-amiral J a c o b , gouverneur d e la colonie, établit dans les hauteurs de Saint-Claude une installation sanitaire qui a conservé son n o m . 1826, 10 novembre. — Ordonnance créant une B a n q u e , sous forme d e société a n o n y m e présidée p a r le sieur L e g r a n d . 1827. L a sévérité est r e c o m m a n d é e a u x tribunaux c o n t r e ceux qui se livrent à la traite des noirs.


224

LA

GUADELOUPE

1828, 17 août. — F o r m a t i o n d e l'infanterie de marine p o u r la défense des colonies. Assainissement des faubourgs d e Pointe à Pitre et

1830.

création d u canal V a t a b l e , qui fut c o m b l é en 1884 p o u r être remplacé par des é g o u t s . 1834, 6 janvier. — Ouverture d u premier Conseil Colonial de la G u a d e l o u p e . 1835.

L a Guadeloupe c o m p t e 90.154 habitants, d o n t 22.824

libres et 67.330 esclaves. L a mortalité p a r m i les blancs était évaluée à 1 sur 23 3/4 et p o u r les affranchis à 1 sur 3 4 . 1837.

L e créole

Auguste

Bebian

(1789-1839)

ouvre une

école p o u r les enfants de couleur. Il m e u r t le 24 février 1839. — L a colonie c o m p t e 96.322 esclaves d o n t 11.741 dans les villes et 84.581 dans les c a m p a g n e s , 4.000

étaient

artisans o u m a n œ u v r e s , 1.400 marins, 1.100 pêcheurs, 4.900 domestiques et 1.600 ouvriers journaliers loués p a r leurs maîtres. Pointe à Pitre c o m p t a i t 6.696 libres et 5.407 esclaves ; Basse Terre 4.088 libres et 7.536 esclaves. 1843, 8 février. — Un t r e m b l e m e n t d e terre suivi d'incendie cause à Pointe à Pitre la m o r t d e 3.000 personnes. — Q u e l ques mois après (26 août) un incendie détruisait plusieurs quartiers d e Basse Terre. 1845.

L a p o p u l a t i o n d e la G u a d e l o u p e est d e 129.109 indi-

vidus d o n t 41.357 libres et 87.752 esclaves. 1847, 9 octobre. — A b o l i t i o n d e l'esclavage à Saint-Barthélemy. 1848,27 avril. — Promulgation de la loi abolissant l'esclavage.


SIXIÈME PÉRIODE: 1848-1935

A v e c l'abolition de l'esclavage, suivie bientôt de la disparition du régime de l'exclusif, c'est une histoire nouvelle qui commence, sans qu'on puisse déterminer avec certitude comment elle évoluera. Les luttes politiques ont joué jusqu'à ce jour à la Guadeloupe, aussi bien d'ailleurs qu'à la Martinique, un rôle important mais

non

prépondérant;

il

est

même

remarquable

que la représentation antillaise en France, quoiqu'issue en général d'une .population très mélangée, où la race blanche ne domine pas, a presque fait toujours preuve de sagesse et l'on regrette parfois

que nos

Antilles,

la Guadeloupe en particulier, ne soient pas plus peuplées pour apporter un concours encore plus utile au p a y s ; ni leurs origines lointaines, ni leurs aspirations présentes ne sont un obstacle à cette collaboration. La

France

n'a peut-être pas fait une force de ces populations de formation

si diverse

dans un territoire trop restreint,

mais elle leur a donné une âme c o m m u n e et c'est là le propre d'une

ANTILLES

politique prudente et avisée.

15


226

LA

1848.

GUADELOUPE

L a G u a d e l o u p e , qui v e n a i t d'élire députés à l ' A s s e m -

blée

Nationale

Constituante

le

Martiniquais

Perrinon,

commissaire général de la R é p u b l i q u e à F o r t de F r a n c e , Charles Dain et L o u i s y Mathieu, n o m m e d é p u t é suppléant Henri W a l l o n , le futur « Père de la R é p u b l i q u e », professeur à la S o r b o n n e , ancien secrétaire de la Commission p o u r l'abolition de l'esclavage qui avait publié l'année p r é c é dente une Histoire de l'esclavage dans l'antiquité. La

Guadeloupe

avait

élu

Pory-Papy

et

Schœlcher,

mais celui-ci a y a n t opté p o u r la Martinique, avait été remplacé par Mathieu. 1849. Schœlcher est élu député à l'Assemblée Législative, 1850. 27 novembre. — Erection de Basse Terre en é v ê c h é . Il est significatif que l'érection de l ' é v ê c h é ait été reculée jusqu'après l ' a b o l i t i o n de l'esclavage.

On avait

craint,

q u ' e n raison de l'influence qu'il aurait prise sur les noirs, u n é v ê q u e ne constituât une véritable contreforce

avec

laquelle les administrateurs auraient d û c o m p t e r . 1848.

L a G u a d e l o u p e e x p o r t e cette année p o u r 20.453.742

kilogs de sucre, 170.437 francs de café, 23.525 de mélasse, 61.995 de r h u m et tafia, 25.000 francs de bois de c a m p ê c h e . 1860.

La

Guadeloupe

e x p o r t e p o u r 28.800.142 kilogs

de

sucre, 248.718 francs de café, 51.432 de mélasse, 1.172.062 d e r h u m et tafia, et 482.095 de b o i s de c a m p ê c h e . 1864.

La

Guadeloupe

exporte

pour

la première

fois

de

la vanille (372 kilos). 1865.

V e n a n t après un v i o l e n t ouragan en s e p t e m b r e , une

épidémie d e choléra asiatique fait plus de 3.000 victimes ; l'épidémie se prolongea, en s'atténuant, j u s q u ' a u

mois

d'avril 1866. 1867.

L a colonie c o m p t e 151.744 habitants. — Elle possède

6 k m . 300 de voie ferrée.


227

1848-1935

1869, 4 avril. — Inauguration de l'usine d'Arbousier à la Guadeloupe. 1870. — L a colonie exporte p o u r 34.216.468 kilos de sucre, 417.892 de mélasse, 1.423.843 d e r h u m , 93.458 de c a c a o , 68.187 de c o t o n et 698 kilos de vanille. 1871-1873. L a Guadeloupe n o m m e députés à l'Assemblée Nationale Melvil-Bloncourt et Rollin. E n 1873, elle élira Lacascade et Germain Casse. 1874, 11 septembre. — L e privilège de l a Banque d e la Guadeloupe est prorogé pour vingt années. 1877, 10 a o û t . — Rétrocession de Saint-Barthélemy à l a France. L a reprise de possession eut lieu le 16 mars 1878. 1879. L a colonie c o m p t e 174.231

habitants.

1881. Création de la Caisse d ' E p a r g n e de la G u a d e l o u p e . 1883,17 mai. — Création d u lycée Carnot, de la G u a d e l o u p e . — Les cultures vivrières o c c u p e n t 23.149 travailleurs pour 89.174 employés a u x plantations. — L e chiffre des importations atteint 28 millions et celui des exportations 32 millions. 1886. L e café o c c u p e 3.579 hectares répartis entre 718 h a b i t a t i o n s ; 6.000 travailleurs sont employés à cette culture. L a récolte s'élève à 683.000 kilos d'une valeur de un m i l lions de francs. L e cacao o c c u p e 929 hectares répartis entre 171 h a b i t a t i o n s ; 659 travailleurs sont employés à cette culture. La

récolte

s'élève

à 343.000

kilos

d'une

valeur

de

425.000 francs. 1887. L a colonie c o m p t e 182.182 habitants. — Depuis 1883 plus de 5.000 hectares o n t été mis en valeur.


228

LA

GUADELOUPE

— On c o m m e n c e la culture d e l ' a n a n a s ; elle d o n n e dès le d é b u t un bénéfice d e 290.000 francs p o u r une récolte de 382.000 kilos. —

Débuts d u riz;

il d o n n e

200 kgs

d'une

valeur

de 320 francs. 1894.

Un essai d ' i n t r o d u c t i o n d e m a i n - d ' œ u v r e

japonaise

à la Guadeloupe échoue d e v a n t l ' o p p o s i t i o n d u Conseil général de la Colonie. L a colonie e x p o r t e p o u r 3.268.000 kilos d e r h u m s ,

1910.

2.000 d e c a c a o , 2.486.000 d e café et 300.000 de vanille. 1912.

L a colonie c o m p t e 212.430 habitants. Elle

possède

116 écoles publiques. 1917.

Création d u « Cours Michelet », école d'enseignement

secondaire p o u r jeunes

filles.

1928,12 septembre. — L a colonie est dévastée par un c y c l o n e suivi

d ' u n raz-de-marée.

On c o m p t e

1.500 m o r t s

et

15.000 b l e s s é s ; on évalue les pertes à 500 millions. L a Métropole v o t e une s u b v e n t i o n extraordinaire de 100

lions; le

Crédit National et le Crédit Foncier de

a c c o r d e n t à la d e m a n d e d u g o u v e r n e m e n t

trois

mil-

France cents

millions de francs. 1931, 6 janvier. — Incendie à Pointe à P i t r e ; le quartier d u centre est détruit. — 10 juillet. — L o i autorisant la colonie à emprunter 125 millions p o u r son outillage é c o n o m i q u e .


LES GRANDS ANTILLAIS LISTES DES ADMINISTRATEURS DES ANTILLES ET DES REPRÉSENTANTS AU PARLEMENT



LES GRANDS ANTILLAIS

AVRIGNY

(CHARLES-JOSEPH L O E I L L A R D

D').

à

la

Martinique en 1760, m o r t à Paris le 17 septembre 1823. N o m m é c o m m i s au Bureau des Colonies, il fut ensuite censeur dramatique sous l ' E m p i r e

et la

Restauration.

Il d o n n a en 1794 à l'Opéra-Comique Supercherie amour

et Négociant

de Boston;

en 1797 Mariage

par de la

veille, suivi de quelques autres pièces. Un vaudeville, La Lettre représenté en 1795 et une tragédie, Jeanne jouée au Théâtre grande

Français

une

notoriété.

On a également de lui un Tableau puissance Poésies

d'Arc,

en 1819, lui valurent

britannique

dans

les

Indes

des Progrès Orientales

de la et

des

publiées en 1812.

B A R B E S ( A R M A N D ) , né à Pointe-à-Pitre le 18 septembre 1809, m o r t à L a H a y e le 20 juin 1870. Sa famille était originaire de F o r t o u l , près Carcassonne. A y a n t hérité en 1830 d'une belle fortune, il consacra son énergie à

la

cause

républicaine;

ami de

Blanqui,

il

partagea les opinions politiques de ce dernier et se livra à plusieurs coups de force. Arrêté en 1834, après un m o u v e m e n t séditieux, il est libéré l'année suivante. E n 1839 il renouvelle sa tentative, et à la tête d'une troupe de 1.200 h o m m e s s'empare de l ' H ô t e l de Ville. Arrêté une


232

LES GRANDS ANTILLAIS

seconde fois, il revendique toutes les responsabilités

et

se v o i t c o n d a m n e r à m o r t . D e v a n t l ' é m o t i o n qui s'empara de la p o p u l a t i o n parisienne, d e v a n t les adjurations adressées par V i c t o r H u g o en des vers célèbres à la Duchesse d'Orléans qui v e n a i t de m e t t r e au m o n d e un prince r o y a l , Louis-Philippe

cède et transforme la peine en une c o n -

d a m n a t i o n aux t r a v a u x forcés à perpétuité. A u lieu d'être d é p o r t é , Barbes sera enfermé à la prison de Nîmes où le trouvera la R é v o l u t i o n de 1848. Élu président d u Club de la R é v o l u t i o n , il est n o m m é gouverneur d u Palais d u Sénat et colonel de la 1 2

Légion.

e

Il soutiendra L e d r u - R o l l i n , et sera c o n d a m n é à n o u v e a u le 2 avril 1849. Grâcié en 1854 par N a p o l é o n I I I , il refuse de profiter de cette mesure et quitte la prison

malgré

lui. Il s'arrête à Paris le t e m p s de défier le g o u v e r n e m e n t afin d'attirer la répression, mais n ' y réussit pas. S'exilant v o l o n t a i r e m e n t , il se rend en B e l g i q u e , puis en E s p a g n e , d ' o ù il se fait expulser, au Portugal et enfin à L a H a y e où il s u c c o m b e r a . P r o u d h o n lui avait décerné le s u r n o m d e « B a y a r d de la D é m o c r a t i e ». B I S S E T T E ( C Y R I L L E - C H A R L E S - A U G U S T E ) , né à F o r t - R o y a l le 9 juillet 1 7 9 5 , m o r t à Paris le 22 janvier 1858. C o n d a m n é en 1824 au bannissement p o u r

colportage

d'écrits séditieux, — il se livrait à une p r o p a g a n d e a b o litionniste — il fut c o n d a m n é sur appel par la Cour de la Martinique

aux

travaux

forcés à perpétuité,

peine

c o m p o r t a n t l ' e x p o s i t i o n et la m a r q u e . La Cour de Cassation lui d o n n a gain de cause le 28 septembre 1826 sur plaidoiries de C h a u v e a u - L a g a r d e et d ' I s a m b e r t . R e v e n u d e v a n t la Cour de la G u a d e l o u p e , il fut c o n d a m n é au bannissement p o u r d i x ans ; il s'installa dès lors à Paris et publia de 1827 à 1833 une série d'articles consacrés à

la

thèse

anti-esclavagiste.

Il

collabora

au

Courrier

Français, au Constitutionnel et ensuite créa la Revue des


233

LES GRANDS ANTILLAIS

Colonies. En 1832 il attira l'attention des Chambres par ses Observations sur les projets de lois coloniales présentées à la Chambre des Députés et fut entendu par les c o m m i s s i o n s ; il en résulta une v i v e polémique entre Schcelcher et lui. Lorsque Schcelcher eut été n o m m é sous-secrétaire d ' E t a t en 1848, il se tint à l'écart, puis posa sa candidature à la Martinique.

Élu, il fut invalidé et remplacé

par

Mazulime. Réélu le 3 juin 1849 député à la Législative il siégea à droite et ne protesta pas contre le Coup d ' É t a t . Il a b a n d o n n a la politique après l'avènement de Napoléon I I I . B E A U H A R N A I S ( A L E X A N D R E D E ) , né en 1760 à la Martinique où son père était gouverneur général, m o r t à Paris le 23 juin 1794. Il v e n a i t d'épouser Joséphine Tascher de la

Pagerie

en 1779, lorsqu'il partit avec R o c h a m b e a u pour la c a m pagne d ' A m é r i q u e ; il manifesta à son retour en France des tendances favorables au Tiers. Député de la noblesse aux États Généraux, il se fit remarquer par son d é v o u e m e n t à la cause p o p u l a i r e : il avait c o m p t é parmi les députés nobles qui rallièrent dans la salle des séances les députés roturiers, il s'associa ensuite à tous les votes de l'aile gauche de l'assemblée. Il présidait la Constituante lorsque Louis X V I s'enfuit et fut arrêté à Varenne. Quand la guerre eût éclaté, il rejoignit l'armée Nord a v e c le grade d'adjudant-général

du

et j o u a un rôle

dans la bataille de Mons. N o m m é chef de division à l'armée d u R h i n après le 10 a o û t , il succéda à Custine le 29 mai 1793 c o m m e général en chef de cette armée. Il ne sut pas empêcher les Prussiens de s'emparer de Mayence;

prenant

prétexte

du

décret d'exclusion des

nobles (21 a o û t 1793), il démissionna et se retira en son d o m a i n e de la Ferté-Beauharnais. Il ne p u t échapper aux critiques auxquelles

donnait

prise la perte de Mayence et fut arrêté, c o n d a m n é par le


234

LES

Tribunal

GRANDS

Révolutionnaire

ANTILLAIS

et

e x é c u t é . Il

laissait

deux

enfants, E u g è n e , né en 1 7 8 1 , d o n t les descendants s o n t perpétués j u s q u ' à nos jours sous le n o m de de

Leuchtenberg

avec

rang

d'altesses

se

Ducs

impériales,

et

H o r t e n s e , née en 1 7 8 3 d o n t la descendance légitime s'est éteinte en la personne d u Prince Impérial tué au Z o u l o u land en 1 8 7 8 . B R I È R E D E L'ISLE (LOUIS-ALEXANDRE-ESPRIT-GASTON), né en 1 8 2 7 au François, m o r t à S a i n t - L e u - T a v e r n y (Seineet-Oise), en 1 8 9 6 . Colonel d u 1

E R

régiment d'infanterie de m a r i n e , il prit

une p a r t glorieuse à la bataille de Bazeilles en 1 8 7 0 , où il fut blessé et fait prisonnier. N o m m é g o u v e r n e u r d u Sénégal en 1 8 7 7 , il y a c c o m p l i t une œ u v r e

d'administra-

teur remarquable. Il conduisit les opérations de 1

re

brigade

au cours de la c a m p a g n e d u T o n k i n et en 1 8 8 4 remplit les f o n c t i o n s de c o m m a n d a n t en chef ; il s'empara de K e p , de Chu et de L a n g s o n ; il dispersa les Pavillons

Noirs

qui assiégeaient T u y e n - Q u a n , mais la défaite de la brigade Négrier à L a n g s o n entraîna sa disgrâce. Il termina sa carrière c o m m e Inspecteur général des troupes de la m a r i n e . CHABERT

DE

LA

CHARRIÈRE

né à Baillif

(Basse-Terre)

(U. S. A.) en

1799.

(HILAIRE-FRANÇOIS),

en 1 7 4 1 , m o r t à

Saybrook

Il était conseiller au Conseil Supérieur de la Guadeloupe lorsqu'il fut élu le 9 d é c e m b r e 1 7 8 9 d é p u t é de la colonie. CLUGNY

( J E A N - É T I E N N E - B E R N A R D D E ) , b a r o n de Nuits,

né à la G u a d e l o u p e le 2 0 n o v e m b r e 1 7 2 9 ,

m o r t à Paris

le 1 8 o c t o b r e 1 7 7 6 . Il était le petit-fils par sa mère de Pierre Gilbert de Voisins, c o m t e de L o h é a c et marquis de C r a p a d o , c o m m a n d a n t de milices à la Guadeloupe de 1 7 1 5 à 1 7 3 3 et


LES

arrière-petit-fils

GRANDS

235

ANTILLAIS

par sa grand'mère

du

gouverneur

du

L i o n . (Lohéac était un fief sis à la Guadeloupe.) Clugny succéda à son père au Parlement de

Dijon

en 1748 et fut n o m m é intendant de Saint-Domingue en 1760. I n t e n d a n t général de la Marine et des en 1770, c'est-à-dire

Colonies

c o a d j u t e u r d u ministre, il

obtint

quatre ans plus tard l'intendance d u Roussillon et celle de B o r d e a u x en 1775. L e 21 mai 1776 il fut appelé au contrôle général des Finances à la place de T u r g o t disgrâcié. Il rapporta les célèbres édits sur la corvée et les jurandes mais suivit la politique de son prédécesseur en créant la Caisse d ' E s c o m p t e . Il inaugura le régime des loteries et recourut à divers expédients que sa m o r t interrompit brusquement. Necker lui succéda. Son parent de Clugny fut n o m m é en 1783 gouverneur de la Guadeloupe. D A I N (CHARLES), né à la Guadeloupe le 29 août 1812, m o r t à B o r d e a u x le 22 février 1871. A v o c a t à Paris, il d e v i n t l'ami de V i c t o r Considérant. Adversaire d u néo-catholicisme de Buchez et de R o u x , il fit c a m p a g n e p o u r l'abolition. L a Guadeloupe l ' e n v o y a siéger en 1848 à l'Assemblée Nationale Constituante ; il v o t a a v e c l'extrême-gauche. N ' a y a n t p o i n t été réélu par la colonie en 1849, il obtint l'année

suivante un siège en Saône-et-Loire.

Rallié

à

l ' E m p i r e , il finit sa carrière c o m m e conseiller à la Cour de la G u a d e l o u p e . D E L G R È S , né à Saint-Pierre en 1772, m o r t en 1802. A i d e de c a m p

en 1799

d u commissaire

civil

a v e c le grade de chef de bataillon, le mulâtre

Baco, Delgrès

j o u a un rôle décisif à la Guadeloupe au cours des luttes qui

opposèrent

Pélage

et

Richepanse.

Il

commandait

en 1801 le fort Saint-Charles l o r s q u ' i l apprend que R i c h e panse se fait l'instrument de la politique de Lacrosse ;


236

LES

GRANDS

ANTILLAIS

il prend les armes au cri de « La Liberté ou la Mort ! » Après des c o m b a t s

multiples

autour d u

Baillif

et

de

Basse Terre, Delgrès est contraint de s'enfermer dans le fort. Le 2 1 mai 1 8 0 2 il a b a n d o n n e la citadelle et se réfugie a v e c le reste de ses troupes au M a t o u b a , sur l'habitation L e P a r c . Une semaine plus t a r d , sous la pression des forces de R i c h e p a n s e , il se retire dans la propriété d ' A n g l e m o n t qu'il

avait fait miner à l ' a v a n c e . L o r s q u ' i l

fut

averti

de l ' a p p r o c h e de ses adversaires, il m i t le feu a u x p o u d r e s , se faisant sauter a v e c quelques fidèles. L a rébellion avait été terminée et l'esclavage, rétabli par le décret d u 2 0 m a i , ne rencontrait plus de résistance sérieuse. DU B O U R D I E U (LOUIS-THOMAS-RENÉ-NAPOLÉON, baron], n é à F o r t - d e - F r a n c e en 1 8 0 4 , m o r t à T o u l o n Il était le

en 1 8 5 7 .

fils d u contre-amiral Bernard D u B o u r d i e u ,

b a r o n de l ' E m p i r e . Il c o m b a t t i t à Navarin en 1 8 2 7 et servit successivem e n t au L e v a n t , a u x Antilles

et en Algérie.

Nommé

contre-amiral en 1 8 4 8 , il c o m m a n d a l'escadre qui b o m barda Salé en 1 8 5 1 . Il a c h e v a sa carrière c o m m e préfet maritime de T o u l o n et entra au Sénat en 1 8 5 6 . D U B U G ( J E A N - B A P T I S T E ) , né en 1 7 1 7 à la Martinique, m o r t en France en 1 7 9 5 . Sa famille, originaire de N o r m a n d i e , s'était

installée

à la Martinique dès les d é b u t s de la colonisation, aussi au milieu d u

xviiie

siècle ses alliances s'étendaient-elles

dans t o u t e l'île. L ' a n n é e de sa naissance avait été m a r quée

par l'incident

d u renvoi

des administrateurs

La

Varenne et R i c o u a r t ; le m o u v e m e n t , qualifié par la Cour d e « républicain », avait été c o n d u i t par son aïeul. Il fit ses études en F r a n c e , à C o n d o m , et revint se marier à la Martinique. E n 1 7 6 1 , lorsque la nouvelle Chambre mi-partie

de


LES

GRANDS

237

ANTILLAIS

C o m m e r c e et d'Agriculture eut à choisir un député auprès du

Roi,

elle se p r o n o n ç a

pour

Jean-Baptiste

Dubuc,

qui fut ainsi le premier représentant de la colonie dans la m é t r o p o l e . Il c o n q u i t la confiance de Choiseul et fut nommé

en 1764

Premier C o m m i s au Bureau des C o l o -

nies ; à ce titre il dirigea p e n d a n t six années toute la politique coloniale de la

France.

Il rédigea en 1765 (voir supra année 1765) les célèbres Instructions au C o m t e d ' E n n e r y , — attribuées souvent à Choiseul l u i - m ê m e , —

dans lesquelles il proclamait, à

l'abri d'une profession de foi exclusive, le droit des c o l o nies à c o m m e r c e r a v e c l'étranger. Ce texte suscita dans le milieu des Économistes une très v i v e polémique ; en dépit de sa m o d é r a t i o n il finit par obtenir l'adhésion de ces derniers. Collaborateur

fidèle

de Choiseul, il le suivit dans sa

disgrâce et se fixa sur la terre de Chissey dépendant de Chanteloup où l'illustre exilé s'était retiré. Il sortit de sa réserve en 1784 p o u r défendre les

attaques

des

mercantilistes

impénitents

contre

l'arrêt

du

30 a o û t 1784, instaurant le système de l'Exclusif Mitigé. Il publia successivement Le Pour et le Contre sur un objet de grande discorde et d'importance : convient-il à l'administration de céder part ou de ne rien céder aux étrangers dans le commerce de la métropole avec ses colonies ? (Londres, 1784, in-12, 48 p . ) . En collaboration

avec

Dubuisson,

secrétaire de la Chambre d'Agriculture de S a i n t - D o m i n g u e , il publia ensuite un ouvrage qui attira l'attention : Lettres critiques et politiques

sur les colonies et le commerce des

villes maritimes de France adressées à G.-T.

Raynal par

M. *** (Genève et Paris, 1785, in-8, 264 p.). La m ê m e année il d o n n a une Réponse au contradicteur de la brochure intitulée « le Pour et le Contre » (Londres, 1785, in-4, 138 p . ) . Arrêté pendant la Terreur en son château de Chissey,


238

LES

GRANDS

ANTILLAIS

il fut emprisonné à Blois le 30 mars 1794, et libéré en t h e r m i d o r après la chute de R o b e s p i e r r e . Il m o u r u t à l'âge de 78 ans. D U G O M M I E R (JACQUES COQUILLE), n é à Basse Terre le 1

e r

a o û t 1738, tué à la bataille de la M o n t a g n e

Noire

le 18 n o v e m b r e 1794. Membre 1

e r

de

l'Assemblée

Coloniale

qui

se

réunit

le

d é c e m b r e 1789 à P e t i t - B o u r g , il participa a u x é v é n e -

m e n t s qui se déroulèrent à la Martinique et à la G u a d e l o u p e j u s q u ' e n 1 7 9 1 , date à laquelle il fut rappelé en F r a n c e . N o m m é Maréchal de C a m p en 1792, il fut affecté à l'armée des Alpes et d ' I t a l i e , et c o m m a n d a les opérations dans le V a r . Il succéda le 16 n o v e m b r e 1793 à Cartaux c o m m e général en chef de l'armée d'Italie a v e c mission d'enlever T o u l o n a u x Anglais, ce qu'il fît les 17-19 d é c e m b r e 1793. L e 10 frimaire an I I D u g o m m i e r rendait c o m p t e à la C o n v e n t i o n d e ses opérations d e v a n t T o u l o n et p o u r la première fois le n o m de B o n a p a r t e était p r o n o n c é p u b l i quement : « Je ne saurais trop louer, disait-il, la b o n n e c o n d u i t e d e tous ceux de nos frères d'armes qui o n t v o u l u se battre ; parmi ceux qui se sont le plus distingués et qui m ' o n t le plus aidé à rallier et pousser en a v a n t , ce sont les c i t o y e n s B u o n a Parte, c o m m a n d a n t d'artillerie, A r e n a et Cervoni, a d j u d a n t s généraux. » B o n a p a r t e lui d o i t ses premiers succès. N o m m é général en chef de l'armée des Pyrénées-Orientales le 16 j a n v i e r 1794, il r e m p o r t a le 1

e r

mai sur les

Espagnols la victoire de B o u l o u , reprit Collioure (29 mai) et Bellegarde (17 s e p t e m b r e ) . Il fut tué alors qu'il s'attaquait a u x positions ennemies situées entre Saint-Llorens de la Muga et la m e r . L a C o n v e n t i o n fit inscrire son n o m au P a n t h é o n .


LES

GRANDS

239

ANTILLAIS

G O B E R T (JACQUES-NICOLAS), né à la Guadeloupe le 1

E R

juin

1 7 6 0 , m o r t à Guaraman en Espagne, le 1 7 juillet 1 8 0 8 . R e ç u à v i n g t ans à l ' E c o l e de Génie, il fit a v e c le grade de capitaine la c a m p a g n e de 1 7 9 2 à l'armée d u Nord et des Ardennes. L e 6 mai 1 7 9 3 , il était n o m m é général de b r i gade en récompense de sa conduite lors de la bataille de Famars. Considéré à t o r t c o m m e n o b l e , il fut destitué à la suite d u

décret

d'épuration d u 2 1 a o û t 1 7 9 3 , mais sur

ses protestations il obtint d'être réintégré avec le rang de chef de bataillon ; il fut e n v o y é alors à

Port-Louis

(Ile de France) p o u r remplir les fonctions de sous-directeur d u Génie. Son action d e v i n t prépondérante lorsqu'il fut appelé à seconder H o c h e , puis Schérer c o m m e chef

d'Etat-Major.

E n dépit de ses services, il fut à n o u v e a u destitué en 1 7 9 7 , ses opinions étant jugées trop tièdes, mais il rentra en activité en 1 7 9 9 . Il participa en 1 8 0 0 - 1 8 0 1 à la c a m p a g n e d'Italie, et fut e n v o y é en 1 8 0 2 à l a Guadeloupe

pour

secourir Richepanse. N o m m é général de division, il

figura

dans les premières p r o m o t i o n s de la Légion

d'honneur.

C'est en Espagne qu'il d o n n a un peu plus tard, en 1 8 0 8 , toute sa mesure. Chargé de dégager D u p o n t , qui s'était i m p r u d e m m e n t a v a n c é parmi les rebelles, il r e m p o r t a un premier

succès

à

Peña-Cerros.

Il

atteignit

Baylen

le

1 2 juillet et libéra D u p o n t de l'étreinte ennemie ; il redressa la situation d u général Léger Belair quatre jours plus tard, mais fut tué le lendemain, 1 7 juillet. N a p o l é o n qui le tenait en grande estime avait consenti à être le parrain de son fils, le futur b a r o n Napoléon G o b e r t . J O S É P H I N E , impératrice des Français, née en 1 7 6 3 a u x Trois Ilets, morte en 1 8 1 4 à la Malmaison. Marie-Rose-Josèphe Tascher de la Pagerie, qui descendait par les femmes d u c o n q u é r a n t des Antilles Pierre Bclain d ' E s n a m b u c (voir Tableau généalogique, p. suiv. ) ,


240

LES

GRANDS

ANTILLAIS

épousa en 1779 le V i c o m t e A l e x a n d r e de Beauharnais. Elle eut de son mariage d e u x enfants qui d e v i n r e n t le Prince E u g è n e , fils adoptif de N a p o l é o n , et la Reine H o r tense. Incarcérée aux Carmes après l ' e x é c u t i o n de son mari, elle fut sauvée de la m o r t par la chute de R o b e s p i e r r e . Elle épousa en 1796 B o n a p a r t e et suivit sa fortune. R é p u d i é e en 1809, elle se retira à la Malmaison où elle mourut. NICOLAS, B E L A I N

François

Pierre

D'ESNAMBUC

1

Adrienne épouse Pierre D y e l de V a u d r o q u e s

Pierre D y e l de V a u d r o q u e s

Jacques D y e l d u P a r q u e t

Adrienne é p . D y e l de Graville Adrienne é p . Desprez Marie Thérèse ép. Boureau de la Chevalerie

I

Françoise ép. Gaspard Tascher de la Pagerie J o s e p h ep. Rose-Claire des Vergers de Sanois Marie-Rose-Josèphe épouse

1° Al. de Beauharnais 2° N a p o l é o n B o n a p a r t e

Eugène

Hortense ép. Louis B o n a p a r t e

é p . A m é l i e d e Bavière Tige de la Maison de Leuchtenberg

Napoléon III

1. Tableau tiré du volume de Margry : Belain d'Esnambuc et Normands aux

Antilles.

les


LES

LACROIX

GRANDS

241

ANTILLAIS

( H E N R I D E ) , né aux A b y m e s

(Grande

Terre,

Guadeloupe) en 1844, m o r t à Fleurier (Suisse) en 1924. Il participa à l ' e x p é d i t i o n campagne

de

de

Rome

en

1867 et fit la

1870.

Après avoir servi au T o n k i n en 1884 il entra à l ' E t a t M a j o r et fut n o m m é c o m m a n d a n t de l ' É c o l e de Guerre, gouverneur militaire de L y o n , puis m e m b r e d u Conseil Supérieur de la Guerre d o n t il assuma en 1907 la v i c e présidence. L A C O U R ( A U G U S T E ) , né à Basse-Terre le 5 d é c e m b r e 1803, m o r t dans la m ê m e ville le 7 mai 1869. Magistrat et historien, a laissé une histoire de la G u a d e l o u p e en quatre gros v o l u m e s parus de 1856 à 1860. L A N R E Z A C ( C H A R L E S - L O U I S - M A R I E ) , né à

Pointe-à-Pitre

en 1852, m o r t à Neuilly en 1925. Professeur d'histoire militaire et de tactique générale à l'École

Supérieure

de guerre, il fut n o m m é

général

de brigade en 1906. A la veille de la déclaration de guerre

t

il entrait au Conseil Supérieur de la Guerre et remplaçait Galliéni au c o m m a n d e m e n t de la V

e

armée.

Il conduisit les opérations d e v a n t Charleroi et dut se replier sous le c h o c de l'armée v o n B u l o w . Joffre d u t le sacrifier à la d e m a n d e des Anglais a v e c lesquels il ne réussissait pas à

s'entendre.

L E D E N T U ( J E A N - F R A N Ç O I S - A U G U S T E ) , né en 1841 à BasseT e r r e , m o r t en 1926. Chirurgien de grande valeur, il fut n o m m é professeur de clinique chirurgicale à l'hôpital Necker et membre de l'Académie

de

médecine.

L É O N A R D , né à Sainte-Rose en 1744, m o r t à Nantes le 26 janvier 1793. Poète qui a excellé surtout dans l'idylle, il fut chargé ANTILLES

16


242

LES

GRANDS

ANTILLAIS

d'affaires d e France à Liège d e 1 7 7 3 à 1783, et sénéchal à P o i n t e - à - P i t r e en 1 7 8 8 . L E T H I È R E (GUILLAUME-GUILLON, dit), né à Sainte-Anne en 1 7 6 0 , m o r t à Paris en 1 8 3 2 . S e c o n d p r i x d e peinture en 1 7 8 4 , il e x p o s a en 1 7 9 5 l a Mort

de Virginie,

conservée a u L o u v r e , et en 1 8 0 1

Brutus condamnant ses fils à mort, toile q u i lui v a l u t la gloire. Il succéda en 1 8 0 7 à S u v é e , directeur d e l ' A c a d é m i e d e France à R o m e . É l u m e m b r e d e l ' A c a d é m i e en 1 8 1 5 , Louis

XVIII

d é s a p p r o u v a s o n élection à cause d e s o n

républicanisme. Il f u t n o m m é professeur à l ' E c o l e d e s B e a u x - A r t s en 1 8 1 9 . L I T T É E ( J A N V I E R ) , né à Saint-Pierre en 1 7 5 3 , m o r t à Paris en 1 8 2 0 . Il f u t le premier h o m m e d e couleur élu d é p u t é d e la Martinique. N o m m é le 1 9 septembre 1 7 9 2 représentant de l a Colonie à la C o n v e n t i o n par les républicains réfugiés à R o s e a u d e la D o m i n i q u e , il prit possession d e son siège le 1 8 s e p t e m b r e 1 7 9 3 ; il intervint le 2 2 m a i 1 7 9 5 dans u n e discussion sur les traites des colonies. Il entra le 4 B r u maire an I V a u x Cinq-Cents. M A T H I E U ( L O U I S Y ) , né à la G u a d e l o u p e le 1 7 juin 1 8 1 7 . Homme

d e couleur,

il était

ouvrier

typographe

à

P o i n t e - à - P i t r e q u a n d il f u t élu p a r ses c o n c i t o y e n s d é p u t é à l'Assemblée n a t i o n a l e , l e 2 2 a o û t 1 8 4 8 , en r e m p l a c e m e n t de V i c t o r Schœlcher q u i avait o p t é p o u r la Martinique. Il siégea à l ' e x t r ê m e - g a u c h e ; l a colonie n e le réélut pas l'année suivante à l ' A s s e m b l é e MAZULIME

législative.

( V I C T O R P E T I T - F R È R E ) , né

à Fort-Royal

en

1 7 8 9 , m o r t à Paris en 1 8 5 4 . Homme

d e couleur, il était n é d e parents

esclaves.

E n 1 8 0 2 il a c c o m p a g n a en France son maître, le chef d'escadron M o t t e t et le suivit plus tard a u x États-Unis.


LES

GRANDS

243

ANTILLAIS

Il finit par entrer au service d'un M. Henrion de P a u t e y d o n t la fille, après avoir épousé le v i c o m t e de Pernety, pair de F r a n c e , le ramena en France. Grâce à cette p r o t e c t i o n , sa propre fille put accomplir de bonnes études et fonder un pensionnat à la Martinique et par son influence assurer en 1848 à Mazulime, d e v e n u rentier à Paris, l'un des sièges de député de la Martinique. MELVIL-BLONCOURT

(SUZANNE, v i c o m t e ) , né à P o i n t e -

à-Pitre en 1823, m o r t à Paris en 1880. Il participa au m o u v e m e n t révolutionnaire de 1848, étant à Paris où il avait fait ses études. Arrêté au m o m e n t d u Coup d ' É t a t d u 2 d é c e m b r e , il s'adonna, lorsqu'il eut recouvré sa liberté, à des études d'ordre colonial. Élu par la Guadeloupe en 1871, il prit le parti de la C o m m u n e et assura la direction des engagements p o u r les bataillons de marche et d'artillerie j u s q u ' a u 15 mai 1871. Lorsque les Versaillais eurent triomphé de l'insurrection, il siégea à l'extrême-gauche

de l'Assemblée.

Poursuivi

en 1874 p o u r complicité a v e c les « c o m m u n a r d s

», il

eut le temps de s'enfuir à Genève et ne revint à Paris qu'après l'amnistie de 1880. MOREAU

DE

(MÉDERIC-LOUIS-ÉLIE),

SAINT-MÉRY

né le 13 janvier 1750 à F o r t - R o y a l , m o r t à Paris le 28 j a n vier 1819. Sa famille, originaire d u P o i t o u , était installée à la Martinique depuis plusieurs générations; son grand-père avait été sénéchal de l'île. Élevé par sa mère, v e u v e peu d'années après son mariage, il témoigna très t ô t de grandes qualités de c œ u r en intervenant c o n d a m n é s à des châtiments

en faveur

d'esclaves

corporels.

V e n u en France à l'âge de dix-neuf ans, il y latin et le droit, ce qui lui permit de devenir

apprit le avocat

au Parlement ; mais il préféra s'installer à Saint-Domingue p l u t ô t que de demeurer dans la Métropole dans une situa-


244

LES

GRANDS

ANTILLAIS

t i o n difficile, et il exerça sa profession au Conseil Supérieur d u Cap. A v i n g t - h u i t ans e n v i r o n , Moreau de Saint-Méry

fut

n o m m é m e m b r e d u Conseil et t r o u v a ainsi l'occasion de fouiller les archives de la c o l o n i e . L'idée germa dans son esprit de collationner les textes de lois en v u e de la r é d a c tion d ' u n Code de Saint-Domingue.

Il s'intéressait égale-

m e n t a u x questions d'archéologie et crut d é c o u v r i r dans une de ses p r o m e n a d e s le t o m b e a u de Christophe C o l o m b ; c e t é v é n e m e n t attira sur lui l ' a t t e n t i o n des historiens. A p p e l é en France par le g o u v e r n e m e n t , il rendit c o m p t e de ses t r a v a u x et offrit à L e Mercier de la R i v i è r e , qui s'apprêtait à publier, sur l'ordre d u maréchal de Castries, un C o d e des lois de S a i n t - D o m i n g u e , le manuscrit qu'il a v a i t c o m p o s é et p o u r l'édition duquel il avait déjà o u v e r t au Cap une souscription p u b l i q u e . L'ancien intendant de la Martinique s'effaça d e v a n t lui e t , grâce à l'appui d u ministre, Moreau publia les Lois et Constitutions des Colonies françaises de l'Amérique Sous le Vent. Moreau de Saint-Méry,

qui

avait l ' â m e

d'un

socio-

l o g u e , désirait a c c o m p a g n e r cet ouvrage 1° d ' u n tableau raisonné des différentes parties de l'administration actuelle de ces colonies ; 2° d ' o b s e r v a t i o n s générales sur le c l i m a t , la p o p u l a t i o n , la culture ; 3° d'une description p h y s i q u e , politique et t o p o g r a p h i q u e . Nous n ' a v o n s que l ' a l b u m de gravures, intitulé Recueil de vues des lieux principaux Saint-Domingue,

de la colonie française de

vues destinées à illustrer l ' o u v r a g e d o n t

il avait tracé un plan si large. Chargé de rédiger le Code des lois de la Martinique, de la G u a d e l o u p e et de Sainte-Lucie, il retourna dans les petites Antilles, et regagna le Cap où il f o n d a la Société des Philadelphes.

R e v e n u à Paris en 1788, il y créa a v e c

Pilâtre d e R o z i e r , le Musée de Paris, établissement consacré à une sorte d'enseignement e n c y c l o p é d i q u e basé sur des


LES

GRANDS

245

ANTILLAIS

conférences hebdomadaires données par les savants les plus illustres de son temps. Les académies de R o u e n , de la R o c h e l l e , d'Orléans, de B a y e u x et d u Cap

Français

l'avaient élu tour à tour. L a journée d u 14 Juillet 1789 le t r o u v a président des électeurs d e Paris, et à ce titre il présida la séanee d u Conseil Municipal, demeura à l'hôtel de ville pendant la nuit d u 14 au 15 et dirigea les événements. Son action fut décisive dans la nomination de La Fayette au c o m m a n d e m e n t général de la Garde Nationale et dans la nomination de Bailly c o m m e maire de Paris. Il lui a p p a r tint également de recevoir Louis XVI

à l ' H ô t e l de Ville

le 17 Juillet et de le haranguer. Le 30 Juillet il remit à Necker la nouvelle cocarde en lui disant

« Ces cocardes

nous sont chères, ce sont les couleurs de la liberté ». L'assemblée des Électeurs de Paris clôtura ses t r a v a u x en v o t a n t la frappe d'une médaille

à l'effigie de son p r é -

sident. Moreau de Saint-Méry

était martiniquais ; ni lui ni

ses concitoyens ne l'oubliaient, et en 1790 il fut n o m m é par les planteurs député de la Colonie. Il fit partie de l'Assemblée Constituante où il j o u a un rôle actif ; en réalité il défendit la cause des Grands Blancs. Peut-être doit-on attribuer à la sympathie qu'il manifestait p o u r le Club Massiac son intervention dans la discussion au sujet

de

l'établissement

d'un

ministère

des

Colonies

(9 avril 1791), d o n t il réussit à écarter la création. Arrêté en 1792 a v e c le d u c de la R o c h e f o u c a u l d , que les révolutionnaires égorgèrent froidement, il s'enfuit gagna l ' A m é r i q u e a v e c sa f e m m e et ses d e u x

et

enfante.

Moreau de Saint-Méry se fixa à N e w - Y o r k , puis à Philadelphie où il ouvrit une maison d'édition ; il y

publia

la Description

et

topographique de Saint-Domingue

un

livre sur la Danse. Les événements lui permirent de rentrer en

France


246

LES

GRANDS

ANTILLAIS

en 1798 ; le ministre de la Marine Bruix le n o m m a h i s t o riographe de la Marine et le chargea de préparer le C o d e Pénal Maritime. Napoléon Bonaparte

en fit en 1801 un R é s i d e n t

à

P a r m e , ville d o n t il prit possession au n o m de la France l'année suivante ; il g o u v e r n a dès lors le d u c h é

comme

Administrateur Général et t r o u v a l ' o c c a s i o n de manifester son a t t a c h e m e n t a u x principes libéraux des é c o n o mistes. Disgracié en 1806, il osa tenir tête à l ' E m p e r e u r : « Sire, je ne v o u s d e m a n d e p o i n t d e récompenser m a p r o b i t é ; j e d e m a n d e seulement qu'elle soit tolérée ; ne craignez rien, cette maladie n'est pas contagieuse ; la r e c o n naissance est l a fleur des t o m b e a u x ». L a misère dans laquelle il fut j e t é l'obligea d ' a c c e p t e r l'aide matérielle de J o s é p h i n e , d o n t il était parent éloigné. Louis

XVIII

s'intéressa

et lui

à son s o r t , lui a c c o r d a une pension

acheta sa b i b l i o t h è q u e conservée a u j o u r d ' h u i au Ministère des Colonies. Il m o u r u t le 28 janvier 1819 à 69 ans. (Voir R o b i q u e t ( P . ) . L e Personnel municipal d e Paris. Paris, J o u a u s t , 1890, p p . 114-117 ; et E l y c o n a (cf. p . 271). P É L A G E ( M A C L O I R E ) , né à Saint-Pierre en 1769, m o r t en E s p a g n e en 1813, après la bataille de Vittoria. Il c o m m e n ç a à j o u e r un rôle lorsque R o c h a m b e a u l ' e u t pris à ses côtés en 1793. Il dirigea pro parte les opérations c o n t r e les Anglais et s'enferma a v e c les troupes patriotes dans

le

Fort

Bourbon,

devenu

Fort

La

Convention,

a u j o u r d ' h u i F o r t Desaix. Il fut suspecté d ' a v o i r n é g o c i é en sous-main a v e c les envahisseurs ; il passa a u x É t a t s Unis a v e c R o c h a m b e a u , et regagna la G u a d e l o u p e en 1799 c o m m e chef de b r i g a d e , aide d e c a m p d u civil

commissaire

Jeannet.

Q u a n d l'arrêt consulaire d u 19 avril 1801 eut destitué les A g e n t s d u Directoire, les mesures prises p a r le capitaine général

Lacrosse

soulevèrent

la

colonie.

Les

insurgés


LES

GRANDS

247

ANTILLAIS

s'emparent de la personne de ce dernier et l'intervention de Pélage seule le sauve d'un Conseil de guerre d o n t la sentence n'était pas douteuse. Tandis que Lacrosse s'enfuit sur un navire étranger à la D o m i n i q u e , le mulâtre Pélage e3t reconnu le 24 o c t o b r e 1801 c o m m e chef

de

g o u v e r n e m e n t . Jouera-t-il les Toussaint Louverture ? — Les Consuls le croient et envoient contre lui une escadre c o m m a n d é e par Richepanse. Mais Pélage fera passer la cause nationale a v a n t la cause des noirs et se rangera aux côtés de

Richepanse

pour

combattre

l'insurrection

de

Delgrès. Renvoyé

en France

comme

accusé, il resta

détenu

quinze mois sans passer en j u g e m e n t . Remis en liberté, il fut réintégré dans ses fonctions. « L a France lui était redevable de la conservation de t o u t le sang qu'il avait e m p ê c h é de verser au m o m e n t de l'arrivée des troupes dans la colonie. » PERRINON

(FRANÇOIS-AUGUSTE),

à

Saint-Pierre

28 a o û t 1812, m o r t à l'Isle Saint-Martin

le

(Martinique)

le 21 janvier 1861. Il fit ses études à R o u e n grâce aux soins d'un riche planteur et entra à l ' É c o l e Polytechnique en 1832 puis à l ' É c o l e d'application de Metz. D e v e n u chef de bataillon, il obtint en 1847 la direction de la fonderie de R u e l l e . Mulâtre, il fut n o m m é par le gouvernement

provisoire

de 1848 commissaire général d e la R é p u b l i q u e

chargé

d e promulguer et d'appliquer le décret d'abolition.

La

Guadeloupe le 22 a o û t 1848 l'élit d é p u t é à l'Assemblée Constituante où il d e v i n t rapporteur d u B u d g e t de la Marine. Réélu le 24 juin 1849 député à l'Assemblée L é g i s lative, il v o t a toujours a v e c la gauche ; il d o n n a en 1853 sa démission d'officier p o u r ne pas prêter serment à l ' E m pire. Il a laissé un Aperçu sur l'artillerie de la marine (1838) et des Observations sur les dépenses de la marine (1849).


248

LES

GRANDS

ANTILLAIS

P O R Y P A P Y ( P I E R R E - M A R I E ) , né à Saint-Pierre en 1805, m o r t à Versailles en 1874. Il fit ses études à A i x - e n - P r o v e n c e et s'établit à la Martinique après a v o i r passé ses examens de droit à Paris. H o m m e de couleur, son père avait eu de sensationnels démêlés a v e c Bissette ; mis en v e d e t t e par cette p o l é m i q u e , il fut sans peine n o m m é maire de

Saint-Pierre

et il remplissait ces fonctions quand la colonie l'élut d é p u t é en 1848. Il revint à la Martinique après que la Constituante eût clos ses t r a v a u x et fut à n o u v e a u élu d é p u t é en 1871. Il m o u r u t le 27 janvier 1874 et fut remplacé par Godissard. SAINT-GEORGES

(le chevalier d e ) , né à la

Guadeloupe

en 1745, m o r t à Paris en 1799. Il était le fils naturel de Jean-Nicolas de B o u l o g n e , conseiller d u R o i au Parlement de Metz, et d'une esclave de grande b e a u t é . Il se fit remarquer dès sa jeunesse par son aisance dans tous les exercices corporels : à d i x - s e p t ans il l ' e m p o r t a i t à l'escrime sur tous les maîtres d'armes de Paris. A p r è s être entré a u x Mousquetaires, il o b t i n t n o m m é écuyer de M

m e

de Montesson, épouse

d'être

morgana-

tique d u d u c d'Orléans, et fut reçu à ce titre dans

le

monde

sa

élégant.

Son

talent de violoniste lui v a l u t

r e n o m m é e ; il rivalisa a v e c les virtuoses de l ' é p o q u e et fonda a v e c son maître, Gossec, le c o n c e r t des A m a t e u r s . L a Comédie-Italienne j o u a quelques-uns de ses opérasc o m i q u e s : Ernestine

(1777), la Chasse (1778), la Fille-

Garçon (1787), etc..

; en 1777 on songea à lui p o u r la

direction

de l ' A c a d é m i e

de

Musique,

mais le

préjugé

de couleur le fit écarter. L o n d r e s le fêta a u t a n t que Paris en 1789, et il fut un m o m e n t le héros d u j o u r . Dès que la R é v o l u t i o n eût pris un cours un peu vif, il adhéra aux nouvelles idées et, lorsque la Patrie fut en danger, il l e v a une c o m p a g n i e


LES

GRANDS

249

ANTILLAIS

de chasseurs à cheval qu'il c o m m a n d a contre les Prussiens. Il d é n o n ç a la trahison de Dumouriez sous les ordres duquel il servait, mais ni son zèle ni son courage ne le mirent à l'abri des suspicions. Arrêté, il ne fut sauvé que par la chute de Robespierre ; il m o u r u t à l ' a u b e d u Consulat dans un d é n u e m e n t c o m p l e t . S A I N T E - C L A I R E D E V I L L E (CHARLES), né à Saint-Thomas le 26 février 1814, m o r t à Paris le 10 o c t o b r e 1876. Après être sorti de l ' É c o l e des Mines il a c c o m p l i t a u x Antilles à Ténériffe et aux Iles d u Cap-Vert un long v o y a g e consacré à l'étude des p h é n o m è n e s volcaniques. Il visita ensuite la Guadeloupe a v e c cette p r é o c c u p a t i o n . Suppléant d'Élie de B e a u m o n t au Collège de F r a n c e , il lui succéda en 1847. Il fut élu m e m b r e de l ' A c a d é m i e des Sciences au siège de D u f r é n o y . Charles Sainte-Claire Deville fit élever de

nombreux

observatoires météorologiques en France et en Algérie ; on lui d o i t n o t a m m e n t l'observatoire de Montsouris d o n t il assuma la

direction.

Il s'adonna c o m m e son frère à l'étude de la chimie et d é c o u v r i t le soufre insoluble. On lui est redevable de la théorie d u v o l c a n i s m e encore admise de nos jours. SAINTE-CLAIRE

DEVILLE

(HENRI-ÉTIENNE),

à

Saint-Thomas le 11 mars 1818, m o r t à Boulogne-sur-Seine le 1

er

juillet 1881.

Il étudia la chimie

et réalisa plusieurs

découvertes

importantes. Chargé d'organiser en 1844 la Faculté des Sciences de B e s a n ç o n , il y professa la chimie de 1845 à 1851 et y remplit les fonctions de d o y e n . Il o c c u p a à partir de 1859 la chaire de Balard à la S o r b o n n e . Élu m e m b r e de l ' A c a d é m i e

de Sciences en 1861, il

prit rang parmi les plus illustres savants de son t e m p s . Il d é c o u v r i t et m i t en lumière le p h é n o m è n e de la dissociation ; il étudia le premier l'acide azotique

anhydre


250

LES

GRANDS

ANTILLAIS

et réussit en 1 8 5 4 à préparer industriellement le s o d i u m et l ' a l u m i n i u m . Il indiqua aussi des procédés d'utilisation d u pétrole et des huiles lourdes,

etc..

Pasteur, d o n t il était l'ami i n t i m e , p r o n o n ç a son éloge funèbre en des termes demeurés j u s t e m e n t célèbres. SONIS

(GASTON D E ) , né à P o i n t e - à - P i t r e

en 1 8 2 5 ,

mort

à Paris en 1 8 8 7 . Il se fit remarquer au cours des c a m p a g n e s d ' A f r i q u e , sous la Restauration, et d ' I t a l i e , sous le S e c o n d E m p i r e . G a m b e t t a lui confia le 1 7 c o r p s , à l ' a r m é e de la L o i r e . E

Sérieusement blessé à la bataille de L o i g n y , il d u t subir l ' a m p u t a t i o n de la j a m b e . Il termina sa carrière c o m m e Inspecteur général p e r m a n e n t des brigades de cavalerie des 1 0 , 1 1 et 1 6 corps E

E

E

d'armée et m e m b r e a d j o i n t d u Comité de Cavalerie. T H I B A U T D E C H A N V A L L O N , né à Saint-Pierre en 1 7 2 5 , m o r t à P o n t o r s o n en 1 7 8 5 . Il fit des études de physique et d'histoire naturelle à Paris sous la direction de R é a u m u r et de Jussieu et se rendit en 1 7 5 1 à la Martinique a v e c la mission d'en tracer un tableau e x a c t . N o m m é m e m b r e d u Conseil Supérieur de la Colonie, il eut toutes les facilités p o u r a c c o m p l i r sa tâche et il p u b l i a en 1 7 6 3 u n o u v r a g e qui attira sur lui l ' a t t e n t i o n d u p u b l i c : Voyage à la Martinique contenant diverses observations sur la physique,

l'Histoire

naturelle,

l'agriculture, les mœurs et les usages de cette isle. Nommé

intendant

à la m ê m e

é p o q u e , Choiseul

lui

confia la direction administrative de la fameuse e x p é d i t i o n d u K o u r o u , en G u y a n e , sur laquelle on p o u r transformer

cette dernière colonie en u n

d ' a b o n d a n c e destiné

comptait grenier

à consoler les Antilles d e la

perte

d u Canada. A la suite d e l'échec

de cette t e n t a t i v e , C h a n v a l l o n

fut à son retour en F r a n c e , en 1 7 6 7 , accusé de malversation,


LES

GRANDS

251

ANTILLAIS

et son procès défraya la chronique p e n d a n t de longs m o i s . C o n d a m n é à la détention perpétuelle au M o n t Saint-Michel et à la confiscation de ses biens, il finit par faire reconnaître son innocence en 1776. Il reçut alors le titre d e commissaire général des Colonies, mais brisé par le chagrin il se fixa à P o n t o r s o n où il a c h e v a son existence. S o n o u v r a g e lui avait

valu

d'être

nommé

membre

correspondant

de

l ' A c a d é m i e R o y a l e des Sciences. TRAVERSAY

(JEAN-BAPTISTE

PRÉVOST

DE

SANSAC,

marquis d e ) , né à la Martinique, au D i a m a n t , le 23 juillet 1754, m o r t en Russie le 19 mai 1 8 3 1 . Fils d ' u n officier de marine, et appartenant

décédé à Port-au-Prince,

par sa mère à

la famille

d'Abraham

Duquesne et d u g o u v e r n e u r général des Iles d u marquis D u q u e s n e , il

Vent,

entra dès qu'il fut en âge dans

l ' a r m é e navale. C o m m a n d a n t de frégate en 1781, il se distingua au cours de la guerre d ' A m é r i q u e et fut créé en 1787 par Louis XVI

marquis de Traversay.

E n 1791, l'impératrice Catherine I I , qui se préoccupait de moderniser sa marine, lui offrit le d'une

escadre ; il a c c e p t a

commandement

a v e c l'assentiment

du

T r a v e r s a y j o u i t successivement de la faveur de Paul et d ' A l e x a n d r e ,

et en 1807 o n le trouve

Roi. I

e r

commandant

en chef des places de Sébastopol et de Nicolaïef. Il était amiral depuis 1801. N a p o l é o n lui d e m a n d a de reprendre d u service en France, mais il refusa d ' a b a n d o n n e r

u n souverain

qui

l'avait

c o u v e r t de bienfaits. Membre d u Conseil d ' E t a t de Russie en 1810, Traversay d e v i n t l'année suivante Ministre de la Marine, et lorsque Alexandre fut entraîné en Occident par la c a m p a g n e de 1814, il assuma la p r o t e c t i o n de la capitale et de la

famille

impériale. Il m o u r u t

sur ses

terres de Penza. E n son honneur un archipel situé au sud de la Pata


252

LES

GRANDS

ANTILLAIS

gonie reçut le n o m de « Iles d u marquis de T r a v e r s a y ». V A S S O I G N E ( J U L E S - J E A N - P I E R R E R E B O U L D E ) , né en 1 8 1 1 ,

m o r t en 1 8 9 1 . Il prit p a r t à l ' e x p é d i t i o n de B o m a r s u n d en 1 8 5 4 , et à la c a m p a g n e d e Chine où il se distingua lors de la prise des forts de P e ï - H o . Il se b a t t i t également en Cochinchine et s'illustra en 1 8 7 0 à Bazeilles c o m m e c o m m a n d a n t d e la division d'infanterie de marine, rattachée à l'armée Châlons.

de


LISTE DES ADMINISTRATEURS

SAINT-CHRISTOPHE CAPITAINES

GÉNÉRAUX

I. — Période de la Compagnie des Iles d'Amérique. 6135.

Pierre B E L A I N D ' E S N A M B U C .

1 6 3 8 . Commandeur DE POINCY. 1 6 4 4 . P h . D E LONGVILLIERS (n'a pas gouverné). 1 6 4 5 . Patrocle D E T H O I S Y (n'a pas gouverné). 1 6 4 7 . Commandeur DE POINCY.

I I . — Période des Seigneurs Propriétaires. 1 6 5 1 . C o m m a n d e u r DE P O I N C Y . 1 6 6 0 . C o m m a n d e u r DE SALES.

I I I . — Période de la Compagnie des Indes Occidentales. 1663.

D E T R A C Y et D E L A B A R R E , son l i e u t e n a n t .

1667.

D E B A A S et D E L A B A R R E , son l i e u t e n a n t .

Le gouvernement général est transféré en 1 6 6 9 à la Martinique. GOUVERNEURS 1669.

PARTICULIERS

D E SAINT-LAURENT.

IV. — Période du Gouvernement Royal. 1674.

D E SAINT-LAURENT.

1689-1702.

Comte DE GUITAUD.


254

LISTE

DES

LA

GOUVERNEURS

MARTINIQUE

G O U V E R N E U R S PARTICULIERS

sous

l'autoritè

du

Capitaine

Général de

Saint-Christophe

I. — Période de la Compagnie des Iles d'Amérique. 1635.

DUPONT.

1637.

D u P A R Q U E T , gouverneur-sénéchal.

II

— Période des Seigneurs Propriétaires.

1651.

Du

1658.

M

PARQUET.

M E

1658. D u

DU PARQUET.

DYEL

1662.

sous la tutelle d'Adrien

PARQUET D'ESNAMBUC, DE VAUDROQUES.

D u P A R Q U E T D ' E S N A M B U C , sous la tutelle du Sieur DE

CLERMONT.

I I I . — Période de la Compagnie des Indes Occidentales. 1664.

D E CLODORÉ.

1667.

D E SAINTE-MARTHE. GOUVERNEURS

1669.

GÉNÉRAUX

D E B A A S et D E S A I N T E - M A R T H E , gouverneur culier.

IV.

— Période du Gouvernement Royal. INTENDANTS

GOUVERNEURS GENERAUX

1674. Marquis 1677.

DE BAAS.

Comte DE B L É N A C

1677.

PATOULET.

1682.

BÉGON.

parti-


DES

LISTE

255

GOUVERNEURS

1685.

DUMAITZ DE GOIMPY.

1696.

ROBERT.

1710.

D E VAUCRESSON.

1 6 9 0 . Marquis D ' E R A G N Y . D E GUITAUT (p.

1691.

t.).

1 6 9 2 . Comte DE BLÉNAC. 1697.

M

1700.

D E GUITAUD

D'AMBLIMONT.

LE

(p.

i.).

1 7 0 1 . Comte DESNOTZ. DE

1701.

GUITAUD

(p. i . ) .

1 7 0 3 . Comte D E MACHAULT. 1709.

C

1711.

R . B . DE PHÉLIPEAUX.

D E G A B A R E T (p. i . ) .

t e

1 7 1 4 . Marquis Le

DUQUESNE.

Gouvernement de Saint-Domingue

est détaché de Fort-

et constitue un gouvernement

Royal 1716.

M

1717.

DE

D E LA V A R E N N E .

l s

général.

1716.

DE

RICOUART.

1718.

DE

SILVACANE.

1718.

BÉNARD.

1723.

BLONDEL DE JOUVAN-

1728.

P A N N I É D'ORGEVILLE.

FEUQUIÈRES.

COURT. 1728.

M

1738.

D E LA C R O I X

1745.

D E CAYLUS.

1746.

DE

1750.

D E BOMPAR.

1750.

HURSON.

1757.

DE

GIVRY.

1759.

LE

MERCIER

1757.

L S

M

DE

CHAMPIGNY.

DE BEAUHARNAIS.

1S

RANCHE.

D E LA

RIVIÈRE. 1761.

LE

VASSOR

DE

LA

TOUCHE.

1 7 6 2 - 1 7 6 3 . Occupation 1 7 6 3 . Marquis DE LA M O T H E FÉNELON.

1763.

Anglaise. LE

MERCIER

RIVIÈRE.

D E LA


256

LISTE

1765.

Comte

1771.

DE

DES GOUVERNEURS

D'ENNERY.

1765.

Présid. D E P E Y N I E R .

1772.

Présid.

1777.

D E MONTDENOIX.

1780.

Président

VALIÈRES.

1772.

Comte

d e NOZIÈRES.

1776.

Comte

D'ARGOUT.

1777.

Marquis D E B O U I L L E .

D E TASCHER.

DE

PEY-

N I E R , P E T I T D E VIÉVIGNE.

1782.

V i c o m t e DE D A M A S D E M A R I L L A C , lieut. d u Gouv

1787.

Président

Général.

r

D E FOUL-

QUIER, F O U L O N D ' E COTIER.

1789.

C

TE

DE V I O M É N I L (p. i.).

1790.

Vicomte DE DAMAS DE

1791.

D E BÉHAGUE avec Eu DE MONTDENOIX, DE LACOSTE,

MARILLAC.

L I N G E R et M A G N Y T O T , commissaires civils.

V. 1793.

— Période Contemporaine.

Donatien DE VIMEUR, comte DE ROCHAMBEAU.

1794-1802

( 1 7 9 4 . R o b e r t PRESCOTT, Sir J o h n V A U G H A M .

Occupation ( 1 7 9 5 . R . Shore M I L N E S . Anglaise 1802.

(

1796. W i l l i a m

KEPPEL.

Amiral D E VILLARET JOYEUSE.

1809-1814 Occupation Anglaise

1810.

Major Général J o h n BRODIRCK, M a j o r Général C h . W A L E S .

1814. C o m t e DE V A U G I R A U D . 1815-1816 : Occupation

Anglaise 1816-1935

1816.

C o m t e D E V A U G I R A U D . — 1818. C o m t e D O N Z E L O T . —

1826.

C o m t e D E B O U I L L E . — 1829. Contre-Amiral B a r o n


LISTE

257

DES GOUVERNEURS

SAULCES DE FREYCINET. — 1 8 3 0 . Contre-Amiral

DE

Du-

POTET. — 1 8 3 4 . Vice-Amiral H A L G A N . — 1 8 3 6 . ContreAmiral Baron D E M A C K A U . — 1 8 3 8 . Contre-Amiral C o m t e DE M O G E S . — 1 8 4 0 . C o n t r e - A m i r a l E. D U V A L D ' A I L L Y . Contre-Amiral

1844.

A.

MATHIEU.

1 8 4 8 . PERRINON,

Commissaire Général de la R é p u b l i q u e . — 1 8 4 8 . ContreAmiral A . - J . RRUAT. — 1 8 5 1 . Contre-Amiral V A I L L A N T . — 1 8 5 3 . Contre-Amiral Comte DE G U E Y D O N . — 1 8 5 6 . Général C o m t e D E FITTE D E SOUCY. — 1 8 5 9 . DE

Contre-Amiral

M A U S S I O N DE C A N D É . — 1 8 6 4 . D E L A P E L I N . —

Maître

BERTIER, 1869.

d e Requêtes

au Conseil

1867.

d'État.

C O U T U R I E R . — 1 8 7 0 . M E N C H E DE L O I G N E . —

1871.

Contre-Amiral CLOUÉ. — 1 8 7 4 . M I C H A U X . — 1 8 7 5 . ContreAmiral

L E NORMANT

D E KERGRIST.

Amiral M. G R A S S E T . —

— 1 8 7 7 . Contre-

1 8 7 9 . Ch. L A C O U T U R E . —

1879·

A U B E , Capitaine de Vaisseau. — 1 8 8 1 . A L L È G R E , ancien d é p u t é . — 1 8 8 7 . CORRIDON. — 1 8 8 7 . A . G R O D E T . — 1 8 8 8

M O R E A U , Commissaire MERLIN,

H.

Général d e la Marine. — 1 8 8 9 ,

ancien préfet.

— 1 8 8 9 . Germain

CASSE,

ancien député. — 1 8 9 1 . MORACCIIINI. — 1 8 9 2 . A . M A T H I VET.

1893.

MORACCHINI. —

1895.

Noël

PARDON.

1898.

G A B R I É . — 1 9 0 0 . M. M E R L I N . — 1 9 0 1 . M O U T T E T . —

1904.

BONHOURE. —

1 9 1 4 . POULET.

CHAND. — DE

1 9 0 7 . LÉPREUX. —

1 9 0 8 . FOUREAU.

1 9 1 5 . Camille G U Y .

1919. MAR-

1 9 2 0 . GOURBEIL. — 1 9 2 2 . RICHARD. —

GUISE.

1935.

1928.

GERBINIS.

1926.

1 9 3 4 . ALFASSA.

FOUSSIER.

LA

GUADELOUPE

GOUVERNEURS PARTICULIERS

I. — Période de la Compagnie des Iles d'Amérique. 1635.

D E L ' O L I V E et D U P L E S S I S .

1640.

AUBERT.

1 6 4 3 . H O U E L , gouverneur et sénéchal. ANTILLES

17


258

LISTE

II. 1651.

DES

GOUVERNEURS

— Période des Seigneurs Propriétaires.

HOUEL.

III. — Période de la Compagnie des Indes Occidentales. 1664.

Du

COUDRAY

1664.

Du

LION.

(p.

i.).

1 6 6 9 . Le Gouvernement de la· Guadeloupe est réuni à celui de la Martinique jusqu'en 1677. IV.

Période du Gouvernement Royal.

1677.

HlNSELIN.

1696.

AUGER.

1704.

R . C L O C H E D E LA M A L M A I S O N .

1 7 1 7 . Marquis D E F E U Q U I È R E S . 1 7 1 9 . Comte DE MOYENCOURT. 1727.

Du

1735.

D E LARNAGE.

POYET.

1 7 3 7 . Gabriel D E C L I E U . 1 7 5 3 . Chevalier D E M I R A B E A U . 1757.

NADAU

DU TREIL.

1759. Colonel KRUMPT. Occupation Anglaise. 1 7 6 1 . Campbell D A L R Y M P L E 1 7 6 3 . Chevalier d e B O U R L A M A Q U E . 1 7 6 4 . B a r o n C O P L E Y et Président D E P E Y N I E R , i n t e n d a n t . 1 7 6 5 . Comte DE NOLIVOS. 1 7 6 6 . B a r o n D E MOISSAC, i n t e n d a n t . 1 7 6 9 . Marquis D E BOUILLÉ et E u D E M O N T D E N O I X , c o m m i s saire-ordonnateur. 1 7 7 0 . Comte DE VALIÈRE. 1 7 7 1 . Chevalier D E D I O N . 1 7 7 2 . C o m t e D E NOZIÈRES. 1 7 7 5 . C o m t e D ' A R B A U D et Président DE P E Y N I E R , i n t e n d a n t ,


LISTE

259

DES GOUVERNEURS

1 7 8 0 . E u D E M O N T D E N O I X , commissaire général o r d o n n a teur. 1782.

Vicomte

de

DAMAS

et

Président

D E FOULQUIER,

intendant. 1783.

B E A U M É D E LA S A U L A I S (p. i.).

1784.

Baron DE CLUGNY.

1786.

C o m t e D E M I C O U D ( p . i.).

1786.

B a r o n D E C L U G N Y et

FOULON D'ECOTIER, intendant.

V . — Période Révolutionnaire. 1789.

B a r o n D E C L U G N Y et P E T I T D E V I É V I G N E , c o m m i s s a i r e

1792.

V i c o m t e D ' A R R O T S ( p . i.) et M I N U T , i n t e n d a n t .

général

ordonnateur.

1 7 9 3 . Capitaine d e Frégate LACROSSE. 1793.

Général COLLOT.

1794.

HUGUES,

GOYRAND

et

LEBAS,

commissaires

civils.

1 7 9 7 . V i c t o r H U G U E S , agent particulier d u Directoire. 1 7 9 8 . D E S F O U R N E A U X , agent particulier d u Directoire. 1799.

P A R I S , B A N A N et R O C H E R U P E Z , m e m b r e s d u G o u v e r -

1799.

J E A N N E T , B A C O et L A V A U X , agents particuliers.

n e m e n t Provisoire. et B R E S S E A U , agents des

Consuls.

1800.

JEANNET, BACO

1800.

J E A N N E T et B R E S S E A U , agents des Consuls.

1801.

LACROSSE,

1801.

P E L A G E , F R A S A N S , D A N O I S et C O R N E I L L E ,

capitaine-général.

d u Gouvernement

VI.

membres

Provisoire.

— Période Contemporaine.

1 8 0 2 . Général RICHEPANSE et LESCALIER, préfet c o l o n i a l . 1 8 0 2 . LACROSSE, capitaine général. 1 8 0 3 . E R N O U F , capitaine général. 1 8 0 5 . Général K E R V E R S E A U , préfet colonial.


260

LISTE

DES GOUVERNEURS

1 8 1 0 . Sir George B E C K W I T H . 1 8 1 0 . Sir H u g h L y l e CARMICHAEL.

Occupation

1 8 1 0 . Sir COCHRANE.

Anglaise

( 1 8 1 3 . John SHINNER. 1814.

B O Y E R D E P E Y R E L E A U (p. i.).

1 8 1 4 . Contre-Amiral C o m t e D E L I N O I S . 1 8 1 5 . D E GUILLERMY, intendant. 1 8 1 5 - 1 8 1 6 . Occupation anglaise. 1816-1935 1816.

et

FOULON D'ECOTIER, intendant.

1 8 2 3 . Contre-Amiral

C. D E L A R D E N O Y

JACOB. — 1 8 2 6 . Maréchal d e

Camp

Baron

VATABLE.

— 1 8 2 6 . Contre-Amiral

Baron

A N G O T DES ROTOURS. — 1 8 3 0 . Maréchal d e C a m p B a r o n V A T A B L E . — 1 8 3 1 . Contre-Amiral A r n o u s D E S S A U L C A Y . — 1 8 3 7 . J . - B . J U B E L I N , Commissaire Général d e la Marine. —

1 8 4 1 . Contre-Amiral

M.

LAYRLE.

capitaine

J. GOURBEYRE.

—1845.

d e vaisseau. — 1 8 4 8 . G A T I N E ,

Commissaire Général d e la R é p u b l i q u e . — 1 8 4 8 . Colonel F I É R O N . — 1 8 5 1 . A U B R Y - B A I L L E U L , capitaine d e vaisseau. — 1 8 5 4 . P . A . B O N F I L S , capitaine d e vaisseau. — 1 8 5 6 . G U I L L E T . — 1 8 5 7 . T O U C H A R T , capitaine d e vaisseau. — 1 8 5 9 . N. BONTEMPS. — 1 8 6 0 . F R É B A U L T , colonel d ' A r t i l lerie d e la Marine. — 1 8 6 2 . Général F R É B A U L T . — 1 8 6 4 . L . DE LORMEL. — —

1880.

1 8 6 8 . DESMAZES. —

LAUGIER. —

1 8 8 6 . A.

1 8 7 0 . COUTURIER.

L E BOUCHER. — 1 8 9 1 .

L . N O U E T . — 1 8 9 4 . Noël PARDON. — 1 8 9 5 . COUZINET. 1895.

MORACCHINI. —

ROGNON. — LOCHE. —

1901.

MERLIN. —

1 9 0 3 . A . D E LA L O Y È R E . —

1 9 0 8 . BALLOT. —

PEUVERGNE. —

1909.

1 9 1 3 . MERWART. —

Henry

1 9 0 2 . Charles 1 9 0 5 . L . BOULCOR. —

1911.

1 9 1 7 . GOURBEIL.

1920.

DUPRAT. — 1 9 2 2 . BERTHIER. — 1 9 2 4 . BEURNIER. —

1926.

GERBINIS. — 1 9 2 8 . TELLIER. — 1 9 3 0 . CHOTEAU.

1932.

BOUGE.


LISTE DES REPRÉSENTANTS ET

DE LA MARTINIQUE DE LA GUADELOUPE

MARTINIQUE 1876-1932

De 1 8 7 6 à nos jours, les sénateurs ont été : MICHAUX (1876), ALLÈGRE (1888), KNIGHT (1900) et LÉMERY (1924).

Les députés ont été : en 1876 GODISSART, en 1 8 8 1 , 1 8 8 5 et 1 8 8 9 , HURARD et DEPROGE ; en 1 8 9 4 , DEPROCHE et César LAINE ; en 1 8 9 8 , DUQUESNAY et Denis GUIBERT ; en 1 9 0 2 , CLÉMENT

1

; en 1 9 0 6 , DUQUESNAY et SÉVÈRE ; en 1 9 1 0 ,

LAGROSILLÈRE

et

SÉVÈRE ; en

1914-1915,

LÉMERY

et

LAGROSILLIÈRE ; en 1 9 1 9 , LAGROSILLÈRE et CLERC ; en 1924, SÉVÈRE ET DELMONT ; en 1 9 2 8 , DELMONT et FROSSARD ; en 1 9 3 2 , DELMONT et LAGROSILLÈRE.

GUADELOUPE

1876-1932

De 1 8 7 6 à nos jours les sénateurs ont été : le vicomte de LA JAILLE (1876) ; Alexandre ISAAC 1 8 8 5 ) , CICÉRON (1900)

et H. BÉRENGER (1912). Les députés sont été : en 1 8 7 6 , LACASCADE ; en 1 8 8 1 et 1 8 8 5 , GERVILLE-RÉACHE et SARLAT ;

1. Une seule circonscription, par suite de l'anéantissement de S-Pierre, lors de l'éruption de la Montagne Pelée. t


262

LISTE

DES GOUVERNEURS

en

1889,

Marie-Emile

en

1893,

Aug.

ISAAC

RÉAUX et

et

GERVILLE-RÉACHE ;

GERVILLE-RÉACHE ;

en

G E R V I L L E - R É A C H E et L É G I T I M U S ; en 1902 et 1 9 0 6 ,

1898, GER-

V I L L E - R É A C H E et G É R A U L T - R I C H A R D ; en 1 9 1 0 , L É G I T I M U S et

GÉRAULT-RICHARD ;

GÉRAULT-RICHARD, et B O I S N E U F ;

en

en

1912,

CANDACE,

d é c é d é ; en 1914 1924,

CANDACE

et

en 1928 et 1 9 3 2 C A N D A C E et G R A Ë V E .

et

remplaçant

1919,

Jean

CANDACE

FRANÇOIS ;


SOURCES

I. — S O U R C E S

MANUSCRITES

A. — Relations et Récits de voyage. (Classification

chronologique)

Récit du voyage que j'ay faict aux Indes Occidentales avec Monsieur de Cahuzac, général de l'armée navale, qui y fut par le commandement du Roy et de Monseigneur le Cardinal, l'an de grâce 1629. 12 feuillets in-f°. Affaires Etrangères, Mémoires et D o c u m e n t s A m é r i q u e , t. I V , fï° 69-87. Relation de l'isle de la Gardelouppe faite par les missionnaires dominicains à leur général en 1647. 172 p. in-4, Bibliothèque Nationale, m n s . f. 24.974. Relation du voyage de l'amiral Durasse à la Martinique, et quelques étais sur le commerce français dans l'Amérique du Sud. Archives d u Ministère de la Guerre, registre n° 2104. Relation des Iles de l'Amérique Antilles en l'estat qu'elles estoienl en l'année 1660. Archives Nationales, Col. C B 1 . 8

Histoire de la Guadeloupe. 748 p. in-4°. Bibliothèque N a t i o nale, mns. n. a. f. 9.139.

B. — Documents d'Archives. A R C H I V E S D E LA G I R O N D E . — Archives départementales, liasses C 1632 et 4263 ; Archives de l'Amirauté de G u y e n n e , registres n 6B67, 6B295, 6B326, 6B333. o s


264

SOURCES

A R C H I V E S D E LA L O I R E I N F É R I E U R E . —· F o n d s d e la C h a m b r e

de C o m m e r c e d e Nantes. Liasses C 699-700, 706, 728-729, 735. A R C H I V E S DE LA V I E N N E . — Série E 8 6 (registre 1 9 7 ) , 590, p . i n - f ° , c o n t e n a n t des pièces a y a n t trait a u x tractations des députés des planteurs antillais et d e s mandataires des Princes a v e c la Cour de L o n d r e s (1793-1799). n

ARCHIVES

DU MINISTÈRE

DES AFFAIRES

ETRANGÈRES.

Mémoires et D o c u m e n t s . A m é r i q u e , t o m e s 3, 4, 5, 6, 7 ; F r a n c e , t o m e s 1990, 1 9 9 1 , 1993, 2008, 2017 ; E s p a g n e , tomes 80, 82. A R C H I V E S D U M I N I S T È R E DES C O L O N I E S . — F o n d s v e r s é a u x

A r c h i v e s Nationales : Série A, t o m e s 1-28, Registres renfermant les A c t e s d u Conseil Souverain o u Supérieur, les édits et arrêts d e 1713 à 1756. Série B, t o m e s 1-213, registres c o n t e n a n t les ordres d u R o i a u x administrateurs des Isles d u V e n t . Série C ' A , t o m e s 1-43, registres c o n t e n a n t la c o r r e s p o n d a n c e des administrateurs d e la G u a d e l o u p e (1635-1789). Série C B 1-5, registres c o n t e n a n t des d o c u m e n t s se r a p p o r t a n t principalement à l'histoire militaire d e la Guadeloupe. 7

Série C A , t o m e s 1-92. Registres c o n t e n a n t la c o r r e s p o n d a n c e d e s administrateurs d e s Iles d u V e n t et d e la Martinique, en particulier (1635-1789). Série C B , Cartons 1-16, c o n t e n a n t des pièces diverses, des mémoires et des projets d e lettres. — Cartons 1 7 - 2 2 , c o n t e n a n t des statistiques d u c o m m e r c e des Antilles avec la Métropole et des tableaux des p o p u l a t i o n s , p o u r le dernier tiers d u xviii e siècle. Série F A 19. P r o c è s - v e r b a u x des séances d e la C o m p a gnie des Iles. 8

8

2

Strie F . 287. Registres c o n t e n a n t des copies d e pièces par Moreau d e Saint-Méry, et quelques actes originaux. Elle c o n t i e n t en particulier les Mémoires des Chambres d ' A g r i c u l t u r e d e 1761 à 1764, n 1 24-126 ; u n e série d e Z

0s


265

SOURCES

pièces dite Code de la Guadeloupe, n 221-235 ; une série analogue dite Code de la Martinique, n 244-260. o s

o s

F o n d s conservé au Ministère : Registres Martinique 268-278, contenant la correspond a n c e des administrateurs de la Martinique (1790-1794) ; 2 7 9 - 2 8 1 , m ê m e matière, (1802-1810). Registres Guadeloupe 425-435, contenant la correspond a n c e des administrateurs de la Guadeloupe (1789-1799). Registres Isles d u V e n t , 3, 7, 9, 13, contenant les ordres adressés a u x administrateurs.

II. — S O U R C E S

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e

ANTILLES

e

e

18


INDEX DES NOMS DE PERSONNES ET DE LIEUX

Abymes (Les), 192. A c h a r d , 92. Aix-la-Chapelle, 5 3 , 73. Allemagne, 50, 5 2 . Alvila, 171. A m b l i m o n t , 133, 136, 2 5 5 . Amsterdam, 3 9 . Angennes - Maintenon, 61, 1 3 1 , 133. Angers, 65. Antigoa, 18, 2 1 , 46, 179, 220, 221. A r b a u d , 200, 258. A r g o u t , 256. A r r o t s , 200, 2 0 2 , 204, 259. A u b e r t , 4 1 , 180, 1 8 1 , 257. A u b i g n é , 181. A u g e r , 190, 1 9 1 , 258. Autriche, 5 7 , 115. A v r i g n y (Lœillard d ' ) , 229. B a a s , 4 6 , 59, 120, 126, 128, 1 3 1 , 254. Baco, 213, 259. Baillardel, 4 1 . Barbade, 18, 20, 2 2 .

1

Barbes, 229. B a r i n g t o n , 188, 194. Beauharnais, 93, 2 3 1 , 255. Bebian, 224. B é g o n , 132, 254. B é h a g u e , 158, 1 6 0 - 1 6 2 , 1 6 4 , 256. Belgique, 98, 114, 115. Bellegarde, 164, 166. B é n a r d , 6 6 , 68, 1 3 7 , 255. Binkes, 5 9 . Bissette, 1 0 2 , 167, 1 7 1 , 172, 2 3 2 , 248. Blanchetière-Bellevue, 156. Blénac, 59, 6 0 , 131-133, 1 4 1 , 2 5 4 , 255. Blondel, 131. Blondel de J o u v a n c o u r t , 1 3 7 , 255. Boisseret, 44, 183-185. B o m p a r , 139, 2 5 5 . Bonavie, 46. Bordeaux, 4 8 , 4 9 , 59, 7 3 , 135. B o u d e t , 212. Bouillé,87,150,199,256,258.

1. Les noms de lieux sont en italique.


INDEX

DES

Bourlamaque, 76, 77, 258. Bréda, 32. Bresseau, 216. Brésil, 58. Brière de l'Isle, 232. Brissot, 151. Broglie, 96, 105. B y r o n , 87.

NOMS

198,

Cadix, 17. Cahuzac, 2 1 , 263. Cambiels, 221. Canada, 19, 64, 75, 76, 126, 144, 189, 190. Carbet, 171. Case Navire, 141, 173. Casse (Germain), 227. Castries, 8 1 , 82, 8 7 , 151. Cauchy, 49. Caylus, 138, 139, 255. Cérillac, 43, 4 5 , 1 8 5 . Cévennes, 6 2 .

Champigny, 72, 7 3 , 1 3 7 , 1 3 8 , 185, 255. Chavagnac, 134. Chevalier, 113. Choiseul, 37, 57, 7 8 , 1 4 9 , 1 9 0 , 237. Chrétien, 209. Clairefontaine, 160, 165, 205. Clieu, 66, 136, 187, 193, 194, 258. Clodoré, 120, 124, 125, 254. Clugny, 155, 197, 200-202, 232, 259. Codrington, 191. Collot, 197, 202, 204, 205, 206, 259.

DE

275

PERSONNES

C o n d o r c e t , 151. Coppier, 4 2 . Coquille, 201. Coster, 214. Corio, 92, 156. Coullet, 66. Crassous de Médeuil, 92, 9 3 , 160, 162. Cromwell, 43. Chine, 109, 112. Curt, 92, 163, 164. Dain, 226, 235. Dalrymple, 195, 258. D a m a s , 8 7 , 151, 158, 256, 259. Danemark, 38, 7 1 , 72. Dantzig, 62. Delessert, 98. Delgrès, 18, 215, 218, 235, 247. De L o o v e r , 186. Desfourneaux, 208, 213, 259. Deshayes, 195, 198. Diamant, 131. Dominique, 18, 23, 30, 7 1 , 7 3 , 76, 203, 212. D o n d o i r e , 160. Dubois, 3 1 . D u Bourdieu, 236. D u b u c (Famille), 56. D u b u c , 92, 153, 157, 1 6 2 165, 168, 170, 203. D u b u c (J.-B.), 75, 85, 148, 234. D u b u c du Ferret, 85, 149. D u g o m m i e r , 93, 155, 156, 158, 160, D u Joncheray, 131. 18.


276

INDEX

DES

NOMS

D u L i o n , 126, 185, 235, 258. D u m a i t z de G o i m p y , 2 5 5 . Dunkerque, 44, 64. D u P a r q u e t , 26, 2 7 , 4 2 , 1 2 1 , 254. Duplessis, 2 3 , 4 0 , 257. D u P o y e t , 7 0 , 188, 192, 2 5 8 . D u p u c h , 92, 2 0 2 , 203. Duquesne, 251, 255. D u t e r t r e , 24. E n n e r y , 37, 8 1 , 8 6 , 148, 150, 1 5 2 , 199, 237, 2 5 6 . E r a g n y , 190, 2 5 5 . E r n o u f , 2 1 7 , 220, 2 2 1 , 259. E s n a m b u c , 1 5 , 1 9 , 2 0 , 2 2 , 23, 3 2 , 4 1 , 120, 1 2 1 , 123, 240. Esnots ou D e s n o t s , 133, 2 5 5 . Espagne, 57, 58, 67, 7 0 , 7 1 , 76. Estaing, 87. Estrées, 19, 59, 68.

F a b i e n , 173. F é n e l o n , 77, 142, 143, 146, 255. Feuquières (Isaac d e ) , 19, 43. Feuquières, 66, 67, 68, 137, 1 9 1 , 255, 258. Flessingue, 24, 39. Fort Desaix, 148, 1 6 9 - 1 7 1 . Foulon d'Écotier, 152, 157, 2 5 6 , 259. F o u l q u i e r , 8 1 , 86, 87, 1 5 1 , 152, 200, 256, 259. F o u q u e t , 39, 43. François, 145, 154. Franklin, 190.

DE

PERSONNES

G a b a r e t , 1 9 1 , 255. Galbert, 201. Galifet, 33. G e m o s a t , 63. Gente, 28. Givry, 255. Gobert, 239. G o d e t , 160. G o n d r e c o u r t , 160. Gottemborg, 88. G o y r a n d , 94, 168, 169, 2 1 1 , 2 1 2 , 259. Grande Anse, 167, 1 7 1 . Grasse, 8 7 . Grégoire XVI, 104. Grégoire, 90. Grenade, 4 2 , 6 2 , 6 3 , 7 1 , 7 5 , 1 2 2 , 123, 1 4 1 , 185, 2 1 2 . Grenville, 9 5 , 97. Grey, 166, 211. Guichen, 87. Guillermin, 203. Guinée, 7 3 . Guitaud, 32, 33, 253, 255. Guyane (Cayenne), 24, 3 2 , 6 2 , 63, 97, 126, 250. Hambourg, 19, 6 2 . H é d o u i n , 183. Hinselin, 190, 258. Hollande, 38, 6 5 , 114, 1 1 5 . H o û e l , 26, 180, 185, 257, 258. Hugues. V o i r V i c t o r H u g u e s . H u r a u l t de Vueil, 4 2 . Hurson, 255. Inde, 1 0 9 - 1 1 1 . Indochine, 116.


ET

DE

Irlande, 71. Italie, 52. J a c o b , 223. Jamaïque, 38, 83. J e r v i s , 206, 2 1 1 . Joséphine, 239. Kœnigsberg, 62. K r u m p t , 195, 258. L a b a t , 69, 191. L a Barre, 125, 253. Lacalle, 132. L a c a s c a d e , 227. L a Charrière (Chabert d e ) , 91, 201,234 L a c o s t e , 256. L a c o u r , 241. L a c r o i x , 239. Lacrosse, 8 2 , 162, 163, 203, 204, 208, 209, 214, 215, 218, 220, 259. L a Luzerne, 155. L a Fayolle, 181. L a Malmaison, 191, 258. L a m b e r t , 182. Lanrezac, 241. Larnage, 7 2 , 192, 193, 258. L a R o c h e f o u c a u l d , 151. La Rochelle, 49, 52. La Salinière, 160. Lavalette (Le P . ) , 140. L a Vallée, 18, 23. La Vallière, 150. La Varenne, 66, 135, 191, 236, 255. L a v e a u x , 213, 214, 259. L a Vernade, 16, 27, 179.

LIEUX

277

L a w , 69. Lebas, 211, 259. Le C o m t e , 42. Le D e n t u , 239. Le Mercier de la Rivière, 55, 66, 71, 8 1 , 86, 105, 112, 143, 144, 146-149, 151, 255. Léonard, 241. Lesseignes, 209. Lethière, 242. L e u m o n t , 25, 26, 181. Levassor, 165, 255. Lille, 65. L i o n , 92, 203. Littée, 92, 162, 242. Liverpool, 189. Longueville, 72, 73. Longvilliers, 16, 25, 253. Lorraine, 62. Lyon, 104. Machault, 65, 133, 134, 255. Madagascar, 73, 116. Madère, 49. Malartic, 199. M a n o n c o u r t , 132. Marès, 142. M arie-Galante, 60, 62, 123, 181, 183, 185, 191, 203, 205, 211, 218, 221. Marivet, 183. Marseille, 50, 52, 63, 140, 155. Martin Le Fol, 61. Massiac, 201, 245. Mathieu, 226, 242. Maurepas, 7 1 . Maurile de Saint-Michel, 43.


278

INDEX

DES

NOMS

Mazulime, 172, 242. M e l v i l - B l o n c o u r t , 227, 243. Mexique, 58, 175. Mirabeau, 53, 5 5 , 194, 258. M o n k t o n , 141. Montserrat, 18, 20, 2 2 , 30, 3 2 , 46, 125, 184, 220. M o o r e , 139. Moreau de Saint-Méry, 8 1 , 92, 93, 94, 1 5 1 , 152, 156, 159, 243. M o y e n c o u r t , 191, 258. Nadal de Saintrac, 201. N a d a u d u Treil, 195, 258. Nantes, 49, 5 2 , 59, 62. N e c k e r , 8 8 , 152. Nelson, 2 2 1 . Nièves, 33, 134, 184. Nimègue, 60. Nîmes, 7, 65. Noailly, 42. N o l i v o s , 201, 258. Norvège, 19. Nozières, 85, 150, 199, 256, 258. O l i v e , 2 3 , 24, 40, 8 1 , 131, 1 7 8 , 1 7 9 , 257. Orgeville, 255. Orléans, 65. Pacifique de Provins (Le P.), 42. Passy, 9 1 , 102. P a t o u l e t , 128, 254. Pautrizel, 2 0 1 , 205. P é c o u l , 172.

DE

PERSONNES

Pélage, 208, 2 1 1 , 214, 228, 235, 246, 259. Pélardy, 213. Perrinon, 226, 247. Petit, 8 5 , 86. Petit de V i é v i g n e , 149, 259. Peynier, 37, 77, 198, 256, 258. P h é l y p e a u x , 66, 134, 255. P o i n c y , 16, 23-30, 4 1 , 184, 253. P o n t c h a r t r a i n , 134. Portugal, 58, 70. P o r y - P a p y , 172, 175, 248. Provence, 50. Prusse, 57, 94, 104.

215,

256, 200, 135, 179-

226,

Quesnay, 55, 78, 142, 146. R a n c h é , 255. R a y n a l , 3 9 , 58. Renaudot, 41. Réunion ou Bourbon, 98, 1 0 5 , 109, 113, 115, 1 1 6 , 137. R e w b e l l , 90. Richelieu, 19, 20, 2 1 , 40. Richepanse, 211, 215-218, 239, 247, 259. R i c o u a r t , 66, 135, 236, 255. Riga, 6 2 . Rivière Salée, 137. R o b e r t , 63, 255. R o c h , 168. Rochambeau, 82, 83, 145, 161,165-166,168,202,204.


ET

DE LIEUX

Rochefort, 43. R o d n e y , 87, 141. R o i s s e y , 15, 19, 20. Rollin, 227. Rouen, 4 9 , 63, 65, 121. Russie, 19, 57, 95, 105, 115. R u s t e , 156. R u y t e r , 128. Ryswick, 3 3 , 53, 64. Saba, 46, 87. Sabouilly, 179, 180. Saint-Barthélemy, 2 1 , 28, 3 0 3 2 , 60, 62,73, 88, 114, 186, 1 9 1 , 224. Saint-Cyran, 162. Saint-Domingue, 3 2 , 37, 62, 6 4 , 134, 144, 243, 244. Saint-Eustache, 2 8 , 3 2 , 46, 88, 125, 2 1 2 . Saint-Georges, 246. Saint-Laurent, 32, 131, 253. Saint-Martin, 2 1 , 28, 3 1 , 3 2 , 46, 60, 6 2 , 7 3 , 8 7 , 212, 220, 221. S a i n t - R é m y , 12. Saint-Thomas, 137. Saint-Vincent, 3 0 , 6 0 , 66, 69, 7 1 , 7 3 , 75, 212. Sainte-Anne, 132, 137. Sainte-Claire Deville, 249. Sainte-Croix, 2 5 , 26, 29-33, 60-63, 72. Sainte-Lucie, 4 2 , 68, 69, 7 1 75, 8 2 , 8 3 , 8 7 , 88, 9 1 , 9 2 , 94, 98, 122, 123, 141, 147, 149, 150, 160, 163, 168, 169, 203, 206, 212, 218, 220.

Sainte-Marthe, 254. Saintes (Les), 87. Sales, 16, 3 2 . Sartines, 8 1 , 86. Saumur, 65. Savoie, 50. Scarborough, 82. Schoelcher, 96, 104,

279

109,

111, 115, 172, 173, 226. Sénégal, 50, 76, 100. Sète, 65. Silvacane, 136, 255. Stanley, 102. Tobago, 44, 59, 60, 73, 76, 8 2 , 87, 91-93, 98, 125, 150, 160, 218. Talleyrand, 213. Tascher, 85, 86, 150, 199. T h i b a u t de Chanvallon, 140, 250. Thibierge, 169. T h o i s y , 25-27, 29, 181-183, 253. T o c q u e v i l l e , 96, 104. Tortue, 24, 62. Tours, 65, T r a c y , 45, 124, 185, 253. Traversay, 251. Trézel, 121. Trinité (Ile de fa), 131-133, 154, 158, 159, 166. Trinité, 97, 145. Utrecht, 33, 53, 66. Vaivres, 8 1 , 86. Vallières, 256, 258.


280

INDEX

DES

NOMS

Valménières (Cacqueray d e ) , 42. Vassoigne, 252. V a u b l a n c , 223. Vauclin, 169. V a u c r e s s o n , 66. V a u d r o q u e s , 124. V a u g i r a u d , 170. Vera Cruz, 114. Victor Hugues, 83, 168, 2 0 7 - 2 0 9 , 211-213, 259.

DE

PERSONNES

V i l l a r e t - J o y e u s e , 97, 169, 170. Villeneuve, 221. V i o m é n i l , 1 5 2 , 154, 256. V o l n y , 171. W a l l o n , 226. Whitehall, 92, 164. W i l b e r f o r c e , 96. W i l l o u g b y , 3 2 , 125, 1 8 5 .


TABLE DES MATIÈRES

Introduction

7

SAINT-CHRISTOPHE

Sommaire

15

Chronologie

17

MARTINIQUE,

GUADELOUPE

ET

DÉPENDANCES

Première Période (1635-1674)

37

D e u x i è m e Période (1674-1763)

51

Troisième Période (1763-1802)

77

Quatrième Période (1802-1848)

95

Cinquième Période (1848-1935)

107

MARTINIQUE.

Première Période (1635-1674)

119

D e u x i è m e Période (1674-1763)

129

Troisième Période (1763-1802)

142

Quatrième Période (1802-1848)

165

Cinquième Période (1848-1935)

172


282

TABLE

DES MATIERES

GUADELOUPE.

Première Période (1635-1674) Deuxième Période (1674-1763) Troisième Période (1763-1794) Quatrième Période (1794-1802) Cinquième Période (1802-1848) Sixième Période (1848-1935)

177 187 196 207 216 225

LES GRANDS ANTILLAIS

231

LISTE DES ADMINISTRATEURS

253

REPRÉSENTANTS DE LA MARTINIQUE ET DE LA GUADELOUPE ( 1 8 7 6 - 1 9 3 5 )

261

SOURCES

263

BIBLIOGRAPHIE

268

INDEX

274

TABLE DES MATIÈRES

ABBEVILLE.

...

IMPRIMERIE F. PAILLART.

8-11-35

281



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PRIX : 25 francs


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