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PÉTITION
A
L'ASSEMBLÉE
NATIONALE,
Par les Propriétaires de Saint-Domingue, résidans à Paris. Du 9 Décembre 1791. IMPRlMÉE PAR ORDRE DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE.
MESSIEURS,
Nos fortunes font détruites , nos frères égorgés , le fer & la flamme ravagent nos établissemens ; le Commerce national, la fortune publique périssent avec nous. Depuis un mois ce tableau déchirant est fous vos yeux : depuis Un mois cette enceinte retentit des cris funèbres des Colons, des alarmes de toutes les villes maritimes, & c'est devant vous qu'on nous outrage , qu'on inlulte à notre infortune, qu'on calomnie nos Représentans, qui font venus invoquer vos fecours & vous demander justice de nos ennemis. Ces fecours ont été suspendus pour entendre leurs récriminations & leurs plans désastreux ; ces Secours
Pétition, N° 7.
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[ 2 ] font arrêtés par des manœuvres dont le scandale vient d'éclater à Brest : ces secours se combinent enfin , pour achever la subversion de la Colonie de Saint-Domingue. Vous n'accorderez pas , Meilleurs , aux calomniateurs , aux véritables criminels de lèse-Patrie , ces heures précieuses que la pitié, comme l'intérêt public, sollicitent pour des Français expirans fous le fer des Nègres révoltés. M. Brifiot vous a dénoncé, qui ?... La Colonie toute entière , ses Propriétaires , ses Repréfentans , ses Administrateurs. Il vous a dit que nos Députés trahissoient, qui?... leurs Commettans.. .. Leurs Commettans font ici & à Saint-Domingue, & tous font réunis pour ajouter à leur pouvoir, pour concourir à leur défense, pour poursuivre, avec eux , les ennemis de la Nation & leurs complices. Qu'ils consomment notre ruine, ce dernier succès manquoit à leur audace ! Mais vous, Messieurs , vous, les Repréfentans du peuple, qui devez protéger son industrie , fon travail, fa subsistance, vous ne voudrez pas le réduire , comme nous , au désespoir. Vous ne vous laisserez pas tromper, jusqu'au dernier moment, par des impostures dont l'absurdité égale la perfidie. Il feroit abfurde de croire que ceux qui ont tout tenté pour faite abolir l'efclavage 8c enfuite la traite des Noirs , ayent à propofer une feule mesure confcrvatrice des Colonies, lefquelles ne peuvent subsister fans l'efclavage & la traite des Noirs. Il est abfurde de croire que ceux qui fe déclarent les ennemis des colons Blancs, parce qu'ils ont des esclaves Noirs, aient époufé la cause des gens de couleur qui ont aussi des efclaves , par d'autres raisons que celle de mettre aux prises les Blancs & les gens de couleur, de les Faire égorger les uns par les autres, pour assurer ensuite la liberté des Noirs, qui resteroient seuls maîtres du Territoire : voilà les projets bienfaisans de ces amis de l'humanité. cruel d'accorder à de tels hommes quelqu'influence fur le fort des Colonies, & de recevoir d'eux, Il feroit donc injuste &
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[ 3 ] comme moyen de régime & de conservation , les expédiens qui les conduisent le plus promptement à leur but de destruction. Mais ils font aussi barbares qu'absurdes, lorsqu'ils veulent vous persuader que les colons Blancs, qui ont tout à perdre par la ruine des Colonies, se font fait incendier , égorger, pour avoir le plaisir de se livrer aux Anglais. Meilleurs , ils étoient Français & ne pouvoient cesser de l'être ; mais la Constitution du Royaume n'est pas celle des Colonies ; l' Assemblée constituante n'a pas voulu nous y soumettre, elle a reconnu qu'elle ne le pouvoit pas, & cet acte solemnel est à jamais la garantie de nos droits. Que nos ennemis choisissent donc du rôle d'accusateurs , ou d'accusés ; mais qu'ils ne violent pas notre Constitution, en discutant nos intérêts & les Lois qui nous conviennent, eux qui ne nous ont encore présenté que des torches & des poignards. Messieurs, nous vous demandons donc justice & secours : nous nous référons aux demandes motivées de nos Députés , & aux pétitions des différentes villes de Commerce. Nous n'opposons à nos ennemis que l'indignation & le mépris : ils veulent immoler avec nous la moitié des Français ; mais qu'ils apprennent qu'en dépit des complots, les Colons conserveront à la Fiance les Colonies, ou périront avec elles .
DE L'IMPRIMERIE NATIONALE.
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