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Conseil général de la Guyane
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DEPARTEMENT DE LA GUYANE BIBILIOTHEQUE A. FRANCONIE 8째5115
DEPARTEMENT DE LA GUYANE BIBILIOTHEQUE
A. FRANCONIE G 2616
ANNALES D E S ARTS ET MANUFACTURES,OU MEMOIRES TECHNOLOGIQUES S U R les Découvertes modernes concernant les Arts, les Manufactures , l'Agriculture et le Commerce. « Nec aranearum sanè textus ideo mclior , quia ex sefila gignunt ; nec noster vilior quia ex alienis libamus ut apes" I • JUST. LIPS. Monit. Polit. Lib. I C a p . Messidor.
( N°.
l6. )
Au I X
A P a r i s , de l'Imprimerie DES ANNALES, rue J . J . Rousseau , N°II Il paraît chaque année 12 numéros de cesANNALES, de 7 à 8feuilles in-88. , avec quatre gravures. Le premier Numéro a paru en germinal an VIII. Le prix est de24f. paranpour Paris , et de 29f. franc de port pour les Dép.; 15 f.p. 6 m. et 17f. 5o c.fr. de port. On souscrit à l'adresse ci-dessus ,ou les lettres ,avis et tout ce qui concerne ce Journal doivent être envoyés; et dans les Départemens , chez le directeur de la Poste aux Lettres le plus voisin. Les lettres non affranchies resteront au rebut.
Cours Pratique et Opérations de Calcul Décimal,
ap-
plicables à la conversion réciproque des Mesures anciennes et nouvelles, et à la détermination des prix proportionnels. Ce T a b l e a u , rédigé par
E.
Bonneau , approuvé par le Ministre
de l'Intérieur , et exécuté par l'Imprimerie de la R é p u b l i q u e , présente en M o d e d'enseignement qui peut être utile aux Instituteurs, B m ployés , Térificatenrs , Commerçans et Artistes. Prix : 1 f r . , et 1 f. 20 c franc de port. Chez A r t a u d , l i b r a i r e , quai des A u g u s t i n s , n ° . 5 o , ou
l'on
peut
s'adresser
pour
les
leçons
ou
renseignemens
que
l'Auteur se propose de donner sur cette partie , ainsi que pour les Tableaux , Tarifs et Conversions qu'on voudra bien lui faire faire.
Précis historique sur le Système des Poids, des Mesures
et des Monnaies de la République. Par le citoyen Loysel, Associé de l'Institut National des Sciences et des Arts. Prix : 75 cent, pour P a r i s , et 1 fr. franc de port, pour les Départements. Cet Ouvrage renferme
tout ce que l'Histoire nous a transmis de
plus authentique sur les Mesures des Anciens ; le degré de précision auquel ils terre ;
étaient parvenus dans la mesure de la grandeur de la
l'application
qu'ils en
avaient faite
l'établissement d'un système de poids
à
la
géographie et
a
et mesures.
Préservatif contre La Fumée. Prix : 5o cent, pris au Magasin, et 60 cent, franc de port pour les Départemens. Chez Goeury, libraire , quai des Augustins, n°.47. Suivant
cet Ouvrage , ou tout parait naturel et v r a i , on évitera
infailliblement les accidents de
la
fumée,
en
observant,
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la
construction des cheminées neuves et les réparations des anciennes, les principes qui y sont démontrées.
Dissertation sur l'Hystérie. Par G. L. Duvernoy, M é -
decin , Membre de la Société Médicale d'Emulation de Paris , correspondant de celle de Grenoble. A Paris. chez Gabou et Compagnie, libraires, rue et place de l'Ecole de Médecine. Prix : 1 franc 25 centimes, et franc de port, 1 fr. 60 cent.
ANNALES DES
A R T S ET M A N U F A C T U R E S . Meseidcr an I X .
COMMERCE. Sur le Commerce de nos Colonies dans l'Amérique Méridionale et plus particuliérement dans la Guyane française. L e gouvernement s'occupe
d'une
manière
sérieuse d u sort des Colonies, et ses v œ u x p a ternels , malgré les malheurs inévitables
de
la g u e r r e , se portent constamment sur nos possessions lointaines. Quelques vérités i m p o r tantes ont été publiées par ses ordres ; il est de notre
devoir
de les répandre, N o u s
les
devons à u n habile observateur q u e des m a l heurs politiques avaient éloigné de sa p a t r i e , mais auquel la patrie était toujours chère. Tome
VI
A
2
Sur
Commerce
Les Hollandais ont été possesseurs de la G u y a n e f r a n ç a i s e , et o n y
retrouve leurs traces. Nés
a u milieu des eaux dont ils ont à se défendre de tous c ô t é s , ils ont assujetti cet
élément,
et l'ont rendu l'agent le plus puissant de leur prospérité. O n trouve à la G u y a n e des c a n a u x à d e m i comblés
et des
tranchées
qui
conduisaient
jusque dans le S i n a m a r y , les eaux des savanes submergées. Ils ont porté en A m é r i q u e , l'art qui a c o n q u i s sur la m e r une partie des P a y s Bas ; et sans doute ils eussent donné une grande valeur a u x terres de notre G u y a n e , s'ils en fussent demeurés les maîtres. Les Français qui la
reconquirent
ne profitèrent
t r a v a u x , et l'industrie
pas de leurs
hollandaise n'a servi
q u ' à rendre témoignage de la bonté d'un sol q u e nous avons négligé pendant plus
d'un
siècle. Nous avions aussi formé un établissement en 1640 sur les bords d u S u r i n a m ; mais les terres étant marécageuses et mal-saines, nous l'abandonnâmes.
Les Hollandais nous
rem-
p l a c è r e n t ; et en les fertilisant, ils les ont r e n dues moins insalubres. Ainsi, le sol que n o u s avons reconquis sur e u x et celui qu'ils ont o c c u p é après n o u s , attestent en m ê m e temps leur habileté et notre mal-adresse.
de la
3
Guyane.
Surinam a cependant un grand avantage naturel dont la G u y a n e française est privée. C'est un très-beau port au centre de ses plus belles et riches cultures. Les meilleurs m o u i l lages de la G u y a n e française s o n t , au c o n traire , fort éloignés des lieux les mieux c u l tivés. L e M a r o n i , qui nous sépare de la colonie de S u r i n a m , est entièrement inhabité sur la rive française. L o r s q u e des voyageurs par m e r sort r é d u i t s , par la perte de leurs
pirogues,
à se rendre p a r terre de cette rivière au p r e mier établissement français, qui est I r a c o u b o , v o y a g e d'environ quatorze lieues , et hérissé d'obstacles, ils n'y rencontrent pas une créature humaine , et quelques-uns y ont péri m i s é r a blement. L'entrée du M a r o n i n'est pas p a r f a i tement c o n n u e ; o n peut cependant s'avancer jusqu'à plusieurs lieues au-dessus de l ' e m b o u chure par trois brasses d'eau de basse-mer. L e S i n a m a r y reçoit des bâtiments qui tirent n e u f à dix pieds d'eau. Il y a un
excellent mouillage a u x Ilets d u
Salut ; et s i , à l'avenir , cette colonie s'élevait a u degré de prospérité dont elle est susceptible, o n pourrait y former un port ouvert par tous les vents p o u r l'entrée et la sortie; mais les cultures d u canton voisin sont présentement A 2
4
Sur le
Commerce
fort languissantes, et ne paraissent pas près de se ranimer. Ces Ilets sont à quatre lieues a u large de la rivière de C o u r o u x , vers le nord-est. L'entrée de cette rivière n'est
pas
aisée; il faut gouverner entre les bancs de sable qui se déplacent s o u v e n t , et entre des r é c i f s . Il y a cependant une b o n n e passe d u côté d u n o r d , et on y trouve au moins trois brasses d'eau de basse-mer. O n peut remonter la rivière d ' A p r o u a g e j u s qu'à dix lieues par trois brasses d'eau de bassem e r . Ce quartier devenait très-florissant ; les premières difficultés étaient vaincues ; la m é thode des défrichements hollandais s'y introduisait ; o n n'était pas éloigné d'y former des établissements publics qui auraient p u insensiblement y attirer le chef-lieu de la colonie. C e canton a prodigieusement souffert par l'affranchissement ; cependant les colons ne sont point encore d é c o u r a g é s , et si la colonie se r e l è v e , c'est peut-être là que c o m m e n c e r a sa régénération. L a rivière d ' O y a p o k offre un port a u x grands n a v i r e s , mais le c o m m e r c e doit être précédé par la culture , et elle ne s'est point encore étendue jusque-là. Les Portugais du Para ont quelquefois c o m m i s des hostilités sur ce terri-
5
de la Guyane. toire qu'ils prétendaient
limitrophe de
leurs
possessions ; ils ont m ê m e , pendant cette guerre ( e n 1 7 9 4 ) , Occupé la rive occidentale de c e fleuve avec 5 à 600 h o m m e s . Ils se sont r e tirés après y être demeurés huit mois , avoir planté des poteaux
aux armes de P o r t u g a l ,
et fait d'autres actes p o u r établir la souveraineté de cette puissance ; cette entreprise
n'a eu
p o u r objet q u e de faire un de ces actes c o n servatoires par lesquels les cours se préparent des m o y e n s de discussion, et sur lesquels elles fondent leurs réclamations q u a n d le temps de négocier arrive. L'ancienne habitation de la c o m p a g n i e d u Sénégal existe encore sur l ' O y a p o k , à o u trois lieues de la m e r ; o n y rocou
deux
cultive
et d u coton. Il y a quelques
du
autres
établissements français sur cette r i v i è r e , mais ils sont peu considérables. Les Indiens du v o i sinage sont au n o m b r e d'environ cent vingt. Cayenne fut assez bien choisie p o u r former le premier établissement français p e r m a n e n t ; celte île a quinze à seize lieues de
circuit,
et une forme qui approche d u carré ; trois côtés sont baignés par des eaux
courantes,
et le quatrième l'est par la mer. L'occupation et la défense d'un semblable local A
3
n'étaient
6
Sur le
Commerce
pas au-dessus des forces d'une colonie naissante. Q u o i q u e la plus grande partie de l'ile soit basse et m a r é c a g e u s e , elle est assez élevée d u côté de la m e r , a u x environs de la v i l l e , et les terres qui avoisinent cette petite capitale sont d'une bonne qualité. Entre les mains des H o l l a n d a i s , l'île aurait été entièrement d e s séchée ; mais l'affranchissement ne permet pas de songer présentement à une aussi grande entreprise, L'entrée d u port est dangereuse ; il f a u t , p o u r venir au mouillage
intérieur,
passer entre des rochers et sur des bancs de sable qui se déplacent souvent ; on est q u e l quefois obligé d'attendre les marées favorables et le plein de l'eau p o u r passer sur les hauts fonds qui couvrent l'entrée. O n y trouve treize à quatorze pieds à mi-flot. Il y a , dans l'intérieur du port assez d'eau p o u r les plus grands navires. O n
croit q u e ce
p o r t , qui a t o u -
jours été m a u v a i s , se détériore chaque jour davantage. Cayenne est , malgré tant de désavantages , le centre d u c o m m e r c e , c o m m e il l'est
des
cultures de la colonie ; mais le c o m m e r c e veut de bons ports voisins des produits. Il paraît q u e Cayenne n'est point tel qu'il convient a u
chef-lieu d'une colonie. Et si c e l l e - c i sortait
de la Guyane.
7
de ses r u i n e s , il en coûterait moins peut-être à former u n nouvel établissement, qu'à s u r monter les obstacles naturels de l'ancien. L a G u y a n e française a u n sol p r o p r e a u x plus riches productions de l'Asie et de l ' A m é r i q u e ; sa superficie
est égale à celle de toute-
la France. L a température des terres qui, s'éloignant d u
rivage de
en-
l ' O c é a n , prennent
plus d'élévation , les rend habitables p o u r les Européens. Q u a n d nous nous bornerions , sans nous éloigner des c ô t e s , à une petite portion
de
cette vaste étendue, et c'est ainsi que la p r u dence et l'expérience ordonnent de c o m m e n c e r , il nous en resterait plus qu'il n'est nécessaire, p o u r l'usage que nous en p o u v o n s faire. Cette colonie est tombée tout-à-coup dans une stagnation funeste au m o m e n t o ù elle avançait avec rapidité vers la plus grande prospérité. Elle allait cesser d'être à charge à l'état; mais si on veut la rétablir, elle doit encore lui coûter, pendant quelque temps plus qu'elle ne p o u r r a lui rendre. Les colons
e u x - m ê m e s , s'ils ne
cultivent point à perte , seront réduits à des produits médiocres. Il faut bien nous garder néanmoins de renoncer légèrement à ces grands établissements. N o u s ne p o u v o n s , sans marine A
4
8
Sur le
occuper
Commerce
dans l'ordre des puissances le rang
q u i nous appartient ; et dans l'état présent des choses , il ne peut y avoir de marine sans colonies. Notre c o m m e r c e , notre industrie n e demandent qu'à se relever, qu'à réparer leurs pertes ; laissons-leur chercher le théâtre où ils p o u r r o n t se développer avec le plus d'avantage. N e fermons
imprudemment
a u c u n e route ,
c'est au contraire à en o u v r i r de toutes parts q u e le g o u v e r n e m e n t , à la suite d'une aussi g r a n d e c r i s e , devra s'appliquer. L'activité n a tionale et l'intérêt privé indiqueront
bientôt
celles qui doivent être préférées. C'est alors qu'un
ministre habile p o u r r a
seconder
ces
premiers efforts et accélérer par ses m e s u r e s , u n e restauration complète. Q u a n d la G u y a n e n e devrait servir qu'à approvisionner les îles à s u c r e , en bois et en b e s t i a u x , elle mériterait l'attention particulière du gouvernement ; mais elle peut devenir bien autrement u t i l e , et ces premières exploitations prépareront les voies à d'autres plus
importantes.
Elle offre le c h a m p le plus vaste et le plus f é c o n d aux combinaisons des h o m m e s d'état, q u i reconnaîtront la nécessité d'introduire un nouveau
système dans le gouvernement des
c o l o n i e s , et qui auront la c a p a c i t é , le g é n i e
de la Guyane. et la fermeté qu'exige
cette
9 importante e n -
treprise. Il y a b e a u c o u p de bons ouvrages sur l'histoire naturelle de la G u y a n e . Mais les Auteurs n'ont p u parler de quatre productions dont la p o s session exclusive a long-temps enrichi les H o l landais , et q u e les Français n'ont dérobées à leur avarice que depuis peu d'années. Ce sont le girofle , la c a n e l l e , la muscade et le poivre. Ces épiceries précieuses ont été apportées de l'Ile-de-France en C a y e n n e , en 1772, en 1783, et en 1788. O n est p a r v e n u , de la m ê m e m a nière , à y naturaliser le m a n g u i e r et l'arbre à pain. Cet arbre , parfaitement décrit par le botaniste
hollandais
R u m p h i u s , était
c o n n u des Européens dès le siècle Les dessins et les descriptions de ce
bien
dernier. savant
n e laissent rien à désirer ; mais le n o m
in-
digène de Socus l'avait laissé c o n f o n d u p a r m i toutes les autres productions des archipels de l'Asie. Il était extrêmement c o m m u n à A m b o y n e , o ù il o m b r a g e toutes les maisons. O n en trouve des forêts à S u m a t r a , à J a v a , à B a n d a
où
le fruit sert à la nourriture des Nègres. Il fut trouvé par des navigateurs modernes dans les îles de la m e r d u Sud , et il y forme un des
Sur le
10
Commerce
p r i n c i p a u x aliments des insulaires. Les Français et les Anglais l'appelèrent l'arbre à pain, e t c e n o m fît sa fortune p a r m i nous. O n s'empressa d'envoyer l'arbre à pain dans des c o n trées o ù il était inconnu. L a nature l'avait placé à p e u de distance des côtes occidentales d e l ' A m é r i q u e . Il n'était séparé des Antilles q u e par l'isthme de P a n a m a , et des siècles i n n o m brables s'écoulèrent sans qu'il franchît cette digue étroite qui sépare les deux mers. Il eût été plus court de l'apporter p a r cette route à S a i n t - D o m i n g u e et a u x Antilles. O n en fut détourné p a r la crainte d'alarmer
la jalousie
q u i ferme les colonies espagnoles a u x étrangers, et p a r la difficulté des transports p a r terre q u i n'était pas compensée p a r les avantages d'un plus court trajet. O n e n v o y a d o n c ces a r b r e s à la G u y a n e , en leur fesant p a r c o u r i r près des trois quarts d u tour d u globe. L e gouvernement français avait u n entrepôt c o m m o d e . L'Ile-de-France leur servit de station intermédiaire, et c'est p a r elle q u e l ' A m é rique a r e ç u de l'Asie ces utiles et magnifiques présens. L'arbre a pain se plaît à la G u y a n e ; il y donne des fruits en abondance ; ils peuvent, servir
à l a nourriture
de l ' h o m m e ,
et les-
de la Guyane.
11
animaux en mangent avec avidité. H o r s de leur cabosse, ces fruits ressemblent b e a u c o u p aux châtaignes, soit par la f o r m e , soit p a r le goût. L e manguier a pareillement réussi dans la G u y a n e ; ce fruit balsamique et sain y
est
très-abondant. Les Indiens en sont avides; mais par une suite de leur paresse et de l'instabilité qui les fait errer d'un lieu à u n autre , ils en ont négligé la culture. Elle est facile c e p e n dant ; il ne faut que laisser tomber u n n o y a u à terre, et sarcler autour de l'arbuste q u i s'élève immanquablement. Il y a dans l'Inde des m a n gues grosses c o m m e la tête d'un enfant : « c'est, » dit R u m p h i u s , un fruit h u m i d e ; il échauffe » pourtant le sang et il est bilieux ». L e cannelier se plaît à la G u y a n e autant qu'à Ceylan m ê m e ; il y en a plusieurs dans les jardins de Sinamary et dans ceux des autres cantons ; mais jusqu'à
présent
cette culture
est u n simple accessoire, e t , p o u r ainsi dire, u n objet de curiosité. Elle ne deviendra d'une grande importance , que quand quelques p l a n teurs s'y livreront exclusivement. Les canneliers apportés de l'Asie à la G u y a n e , sont de la meilleure e s p è c e , et viennent originairement de Ceylan. L e cannelier y vient en haie o u
12
Sur le
Commerce
en plein vent. Il ne demande presque point de culture ; la plupart des terreins lui
con-
viennent. Il est présentement démontré que les écorces préparées avec le soin nécessaire, sont d'une aussi bonne qualité q u e celles de C e y l a n ; elles sont vendues au m ê m e prix en France. L e géroflier a été cultivé moins négligemment à la G u y a n e française ; le gérofle qu'on y r é colte , est au moins é g a l , et peut-être supérieur à celui des M o l u c q u e s . R u m p h i u s a décrit cet arbre précieux avec son exactitude ordinaire. Il était au service de la c o m p a g n i e
hollan-
daise ; mais cette circonstance n'excuse point c e qu'il dit de l'impossibilité de naturaliser le géroflier ailleurs q u ' a u x M o l u c q u e s . Heureusement le gouvernement français se garda bien de le croire. L a G u y a n e française est au n o r d de la L i g n e , à la m ê m e distance q u e les Molucques en sont au midi ; l'humide et le c h a u d , ces deux principes puissans de la végétai ion y dominent. L e ministre français se détermina à faire un essai. L'intention bien c o n n u e d u gouvernement était d'encourager cette culture dans la colonie, et plusieurs habitants s'y livraient avec s u c c è s , lorsque le baron de B e s n e r , gouverneur à qui l'ordre de les seconder efficacement avait été
de la Guyane.
13
d o n n é , y contrevint p o u r des vues
d'intérêt
particulier. E n 1779 , il fit p r e n d r e , par le conseil supérieur de C a y e n n e , un arrêté portant que ceux des habitants qui avaient planté des gérofliers , eussent à en faire leur déclaration, et défense fut faite à eux et à tous autres, d'en planter à l'avenir , à
peine de 1,5oo livres
d'amende. U n particulier qui était parvenu à se procurer des m a t r i c e s , fut
poursuivi
et
obligé de cacher sa petite pépinière dans les bois. Villebois, administrateur intègre et éclairé, succéda heureusement à Besner. Il était porteur des ordres d u maréchal de Castrîes ; ce ministre de la m a r i n e , citoyen sous la m o n a r c h i e , a n i mait de son zèle p o u r le bien public tous ses coopérateurs ; Villebois , par ses o r d r e s , s'empressa de réparer le mal qu'avait fait son p r é décesseur. Cette culture reprit f a v e u r , et elle avait fait de grands progrès q u a n d la révolution lui porta un n o u v e a u c o u p . Les Nègres c o u pèrent les gérofliers sur plusieurs habitations. Sur d'autres,
ils négligèrent le
sarclage et
l'entretien. Cependant de n o u v e a u x efforts ont triomphé de tant d'obstacles. Plusieurs habitants ont des plantations florissantes de gérofliers. E n supposant vingt
mille pieds en
rapport
dans la c o l o n i e , et o n les aura dans peu de
14
Sur le
Commerce
t e m s , on pourra compter sur un produit m o y e n d e 5 livres par pied ; on aurait d o n c à la G u y a n e française seulement
cent
milliers de livres.
L'Ile - de - France et celle de la R é u n i o n en produisent peut-être davantage. Ces trois c o lonies récolteront b e a u c o u p au-delà des c o n sommations de la F r a n c e qui sont estimées à 54 milliers. L a consommation
augmentera
sans doute à mesure q u e les prix d i m i n u e r o n t ; mais elle a des bornes. L e superflu sera v e n d u hors de la F r a n c e ; ce dernier
avantage
ne
sera cependant pas long-temps exclusif; car les colonies anglaises ,
et m ê m e hollandaises de
l ' A m é r i q u e , ont obtenu de la G u y a n e des plants d e toutes les épiceries qu'elle possède. Quelques gérofliers ont donné à la G u y a n e seize à dix-sept livres de gérofle ; mais de pareils produits sont r a r e s , et o n ne peut en tenir c o m p t e dans les calculs. Il est affligeant de dire q u e ce ne fut ni u n ouragan ni une convulsion de la nature q u i arrêta p o u r douze années le progrès de cette intéressante culture. Ce fut uniquement la cupidité d'un administrateur infidèle et de ses associés, qui v o u l a i e n t , à l'exemple des H o l l a n d a i s , s'approprier exclusivement d ' i m menses profits.
de la Guyane.
15
A u reste , la conquête des épiceries est c o n solidée. Les Bataves n'auront plus désormais la jouissance exclusive de ce trésor, et q u a n d m ê m e les espérances de c e u x q u i cultivent présentement ces arbres à la G u y a n e seraient renversées p a r le malheur des temps, il appartient à présent à tous les peuples qui ont des colonies et u n commerce. L a nation française peut à juste titre s'enorgueillir d'avoir disséminé ces belles productions sur le globe. Il faut c e p e n d a n t , quant a u x p r o fits , mettre les choses à leur juste valeur. O n l'estimera facilement , si l'on considère
que
l'usage des épiceries sera toujours b o r n é , m ê m e q u a n d elles seront à bas prix. O n n'a pas cultivé à la G u y a n e le poivre a v e c la m ê m e activité q u e le géroflier : cette épicerie est cependant d'une
consommation
plus g é n é r a l e , et on le reconnaît présentement. O n se propose d'en établir l'exploitation
en
g r a n d , p o u r le c o m p t e d u gouvernement. Les plus belles forêts de muscadiers sont d a n s l'île de P u l o y a ; elle n'a guères plus de d e u x mille pas de longueur , mais le sol est presque uni,
et porte les plus grands arbres
de cette espèce ; o n y voit aussi d'autres arbres qui
offrent des perspectives c h a r m a n t e s , des
16
Sur le
Commerce
promenades agréables. L'île resseremble à u n jardin qui n'a que la m e r p o u r limites. Il y a quelques monticules vers les rivages. O n y laisse croître des plantes sauvages p o u r protéger les arbres de l'intérieur contre les vents du large. Cette île a très-peu d'eau d o u c e soit p l u v i a l e , soit de source. Ses n o m b r e u x habitants y s u p pléent par des citernes. La petite île de P u l o y a fournit le tiers des muscades qui sont c o n sommées dans le m o n d e . R u m p h i u s dit encore q u e le muscadier croît sur de très-hautes m o n tagnes , mais qu'il donne peu de fruits à cause de l'intensité d u froid. L'habitude
lentement
contractée , est bien réellement u n e
seconde
nature. Qui sait si dans mille ans il n'y aura pas des muscadiers a u x îles d'Hières. Cet arbre a é p r o u v é à Cayenne des c o n t r a riétés funestes. U n mâle et deux femelles ont été heureusement conservés. Ils ont produit des fruits qui sont tous destinés à propager l'espèce. L e citoyen N o y e r , médecin de l'hôpital, les conserve dans u n réduit enclos dont il a seul la clef, et q u i est environné par son jardin. L a G u y a n e française est précisément antipode des M o l u c q u e s , et par un prodige de l'activité h u maine , ces beaux arbres reçoivent le soleil à midi dans une h é m i s p h è r e , tandis qu'ils ont le milieu
de la
Guyane.
17
milieu de la nuit dans l'autre ; les racines des uns descendent dans une direction diamétralement opposée à celles des autres ; après u n g r a n d n o m b r e de siècles ils pourront être si communs
en A m é r i q u e , q u ' o n doutera s'ils
n'ysontpas indigènes. Le citoyen N o y e r a obtenu de ces souches premières cinquante jeunes plants. L a plus grande partie est en très-bon état dans son jardin de Cayenne ; il a e n v o y é le reste sur son habitation à A p r o u a g u e . Il se les réserve tous ; mais ces productions sont d e venues un bien c o m m u n à tous les c o l o n s , et le g o u v e r n e m e n t , qui les a importées à g r a n d s f r a i s , a droit de distribuer les plants à tous c e u x qui sont capables d e les élever avec succès. A u reste, il est heureux q u e ces arbres soient dans le jardin d'un h o m m e intelligent, et capable d e les bien soigner ; il ne faut pas oublier q u ' o n lui doit de les avoir conservés. L e jardin botanique de la G u y a n e est éloigné de Cayenne d'environ une lieue : il e s t , p o u r ainsi dire a b a n d o n n é ; o n y trouve encore les principales productions apportées
de l'Asie.
M a i s à l'exception d u géroflier et du cannelier, o n prend p e u de soin de les multiplier. Des sommes considérables ont été dépensées p o u r ces utiles plantations ; la nature a secondé les B
18
Sur le Commerce
de la
Guyane.
efforts des hommes. L e plus difficile est f a i t , u n peu de zèle et d'amour d u bien public de la part des c h e f s , et de très-modiques dépenses bien
appliquées suffisent p o u r
que tant de
peines et d'avances ne soient pas perdues. Il faut e m p ê c h e r q u ' u n désordre général ne d é pouille l ' A m é r i q u e de trésors si heureusement dérobés à l'Asie.
Sur l'art de durcir
le Cuivre.
19
MÉTALLURGIE. Sur L'art de durcir Le Cuivre. Dans le premier tome des Annales, page241, nous avons parlé d'un alliage de Cuivre trèsutile aux Arts , et dont le général Léon Levavasseur s'est servi avec le plus grand succès à Toulon. Depuis l'époque de la publication de ce Mémoire, nous avons eu plusieurs occasions de recommander l'emploi de ce métal. nous l'avons conseillé au propriétaire de la manufacture de papier , à Buges , pour ses cylindres. Ce métal a l'avantage de ne point tacher les pâtes, en se rouillant comme le fer , le plus oxydable des métaux. Dans les forges , les espatars des fonderies sont en général déformés en peu de tems par le 1er qui se détrempe et qui s'épate ; il faut les redresser à chaque instant. L'alliage dont nous avons parlé n'est point sujet à ces inconvéniens ; le général Levavasseur a prouvé que la chaleur ne l'affecte point, et que son action est la même que quand on s'en sert à froid. Ces considérations nous ont engagés à le conseiller au propriétaire des
B 2
20
Sur
l'art
forges de C a u m o n t , dans la Seine-Inférieure ; plusieurs personnes nous ayant d e m a n d é des renseignements plus étendus sur cet
alliage,
ainsi que sur le durcissement du c u i v r e , n o u s avons c r u devoir publier ce q u i est
parvenu
à notre connaissance relativement à cet objet. M . Hjelm a consigné dans les Transactions de la Société royale des Sciences à S t o c k o l m , en 1797,
u n m é m o i r e fort intéressant sur c e
sujet ; M o n g e z a fait également un travail q u e l'on trouve dans les M é m o i r e s de l ' A c a d é m i e des Inscriptions : N o u s avons déjà parlé des expériences de D i z é , de M o n n e t et de G e o f f r o y , L e C u i v r e , dans son état de pureté et
de
p e r f e c t i o n , est d o u x et malléable ; sa ténacité est telle qu'elle ne le cède q u ' à celle de l'or et d u fer ; q u a n d o n a martelé le cuivre long-temps à f r o i d , et m i e u x encore q u a n d o n l'a l a m i n é , o n trouve qu'il a acquis u n degré de plus de d u r e t é , mais il n'est pas en état de résister à de fortes impressions. Q u a n d o n chauffe d u C u i v r e au rouge , et q u ' o n l'éteint subitement dans l'eau , au lieu de se durcir il plus flexible, et p a r conséquent
devient
plus
doux
qu'auparavant. Si l'on tient long-temps le Cuivre en f u s i o n , o u q u ' o n le fonde souvent dans u n e chaleur v i v e , et sans le c o u v r i r d'un
flux
de durcir
le Cuivre.
21
ou de charbon p i l é , il devient f r a g i l e , n o n m a l l e a b l e , et par conséquent plus d u r . Ces propriétés se perdent b i e n t ô t , q u a n d le Cuivre est f o n d u en contact avec une matière c h a r bonneuse. Si d u c u i v r e f o n d u est versé dans de l ' e a u , c o m m e p o u r le granuler o u le f o r m e r en rosette, il ne se durcit p o i n t , ainsi q u e le fait l'acier dans une pareille opération. Q u a n d on réfléchit à tous ces faits p r o u v é s par de nombreuses expériences, o n a lieu d e s'étonner d u p r o c é d é e m p l o y é par les A n c i e n s p o u r durcir le Cuivre qui formait la plupart de leurs instruments de g u e r r e ; q u o i q u e les A u t e u r s citent souvent ces instruments de m o r t , a u c u n d'eux ne nous a laissé le m o y e n
de
durcir ce métal. O n a d o n c été réduit à faire une foule de conjectures à c e sujet ; o n a i m a g i n é qu'on
pourrait
d u r c i r le Cuivre c o m m e
on
acérait le fer , et en effet on a suivi les m ê m e s procédés : le
résultat n'a fait q u e
l'ignorance o ù l'on était alors
des
prouver principes
chimiques. L'art de durcir le Cuivre a d o n c été c o m p t é au n o m b r e de ceux qu'ont c o n n u n o s ancêtres et qui se sont perdus : mais divers événements et sur-tout des fouilles faites dans des m o n u mens antiques nous ont fait d é c o u v r i r
B
diffé 3
22
Sur
l'art
rentes p i è c e s , et l'analyse en a recherché la composition ; elle a fait v o i r q u e la dureté d u Cuivre ne provenait nullement d'une
cé-
mentation o u de l'introduction du charbon dans la masse , mais du mélange d'un autre métal q u i , en s'alliant avec le C u i v r e , en augmentait la dureté. M o n g e z a trouvé que la composition
des
m o r c e a u x qu'il a examinés , ressemblait fort à celle du métal des cloches ; il a c o m m u n i q u é à D i z é un fragment d'un poignard de Cuivre dont la cassure prouvait qu'il avait été f o n d u et n o n maillée. L a
dissolution de ce poignard
dans l'acide nitrique donna un précipité blanc qui était de l'oxyde d'étain ; le Cuivre
était
dissous : cette première expérience p r o u v a q u e tout l'art des A n c i e n s
consistait à
faire u n
alliage de Cuivre. Les expériences postérieures de D i z é sur les monnaies g r e c q u e s , romaines et gauloises ,
vinrent à l'appui
de ce fait ;
l'étain s'y est trouvé dans la proportion de 24 p o u r 100 environ. M.
Hjlem
est le dernier qui ait travaillé
sur cette matière. L e
professeur
Retzlis de
L u n d lui a fourni une portion d'un poignard à deux t r a n c h a n s , qui a été t r o u v é ,
ainsi
que des ciseaux de tailleur de p i e r r e , dans la
23
de durcir le Cuivre.
S c a n d i n a v i e , o ù l'on rencontre souvent des sabres tout entiers. Ce fragment était à l'extérieur jaunâtre c o m m e le laiton ; le fil était épais
et
arrondi ;
la
cassure
n u l é e , et prouvait q u e l'ouvrage
était
gra-
avait
été
fondu : essayé à la lime ce métal ne paraissait pas tout-à-fait aussi d u r que le métal de c l o c h e , mais plus d u r
q u e le bronze e m p l o y é dans
l'artillerie. L a surface fraîchement l i m é e , était d'une couleur rouge orangée qui ne tarde pas à jaunir ; essayé au c h a l u m e a u , le m o r c e a u ne donnait aucune trace de z i n c , mais on d é c o u vrit aisément que le Cuivre dominait dans le mélange. L a
limaille
exposée à l'action
de
l'aimant n'était pas affectée ; et autant q u ' o n en a p u juger par la v a p e u r qui s'en dégageait q u a n d o n l'exposait au c h a l u m e a u , il y avait p e u de traces d'autre métal. A f i n de trouver avec quel métal le C u i v r e était allié , M . Hjelm prit vingt-cinq
livres
docimastiques o u d'essai, de la limaille la plus p u r e dudit fragment ; o n chauffa de l'acide nitrique étendu d'un peu d'eau distillée dans une cornue de verre , et l'on y versa une portion de la limaille ; dès que cette première quantité fut dissoute, o n ajouta successivement le reste jusqu'à la dissolution totale; on fit bouillir la B
4
24
Sur l'art
solution pendant un quart d ' h e u r e , et on l ' é tendit d'un
peu plus
d'eau distillée, afin d e
faciliter la précipitation d'une p o u d r e blanche. O n décanta la liqueur bleue qui ne contenait q u e la solution du cuivre , et l'on édulcora avec de l'eau distillée le précipité b l a n c qu'on filtra ensuite. La poussière qui resta sur le filtre étant séchée et p e s é e , d o n n a cinq livres d o c i m a s tiques trois huitièmes , o u vingt-un p o u r cent d'oxyde d'étain. C o m m e cet oxyde perd par la révification à - p e u - p r è s u n quart de son p o i d s , ces vingt-une livres et demie d'oxyde ont dû donner seize et u n huitième d'étain
à l'état
m é t a l l i q u e ; une expérience a p r o u v é ce f a i t , et le régule obtenu s'est trouvé p u r . L a c o m position de ce p o i g n a r d a d o n c été 8 3 sept huitièmes de c u i v r e , et 16 un huitième d'étain, o u sans fraction 84 parties de cuivre et 16 d'étain. A f i n de vérifier cette analyse par une e x p é rience , on a fabriqué avec les m ê m e s
pro-
portions une lame de c a n i f , q u ' o n a polie et affilée
de la manière
ordinaire. Cette l a m e
avait toutes les propriétés et l'apparence extérieure du fragment du p o i g n a r d , mais elle s'émoussa facilement ; on en fit une autre avec 20 parties d'étain et 80 de cuivre ; la lame était
de durcir le Cuivre.
25
plus b l a n c h e , plus d u r e et plus fragile ; elle se cassa pendant le polissage et s'ébrècha e n taillant une p l u m e . L e degré de fragilité est augmenté q u a n d la proportion d'étain est portée à 25 p o u r 100; la couleur rouge d u c u i v r e disparait, et l'alliage blanchit. Ces m ê m e s propriétés s'accroissent q u a n d la proportion d e l'étain v a à 3 o p o u r 100; à cette é p o q u e , l'alliage est excellent p o u r en fabriquer des m i r o i r s , des lunettes o u des télescopes.
On
sait qu'en général le
b r o n z e de c a n o n contient 9 p o u r 100 et q u e l quefois plus d'alliage que le b r o n z e o r d i n a i r e , et dans la proportion de 16 p o u r 100; o n r e m place ordinairement le p l o m b par une portion considérable de zinc o u de laiton. Ce que nous venons de dire suffira p o u r confirmer l'opinion q u e les instruments des A n c i e n s n'étaient q u ' u n alliage. M o n n e t a imaginé d'ajouter de l ' a r senic au
C u i v r e ; mais jusqu'à ce q u ' o n
trouve de contenu
dans
en
quelque f r a g m e n t ,
o n p o u r r a douter de cette assertion. D i z é parle de
l'addition du
fer au Cuivre , envisagée
c o m m e un m o y e n de le d u r c i r , et il cherche à prouver q u e G e o f f r o y , assez m û r i
le j e u n e , n'a pas
son opinion , q u a n d il a a v a n c é
q u ' u n mélange
pareil produisait u n Cuivre
26
Sur l'Art
aussi dur que celui des Anciens ; cependant, si l'on veut réfléchir sur la manière dont le comte de Caylus rapporte l'expérience , le résultat est différent. Geoffroy avait entrepris ses expériences pour satisfaire ce comte, celui -ci ayant observé que les limailles de plusieurs instruments antiques qu'il avait examinés étaient attirables à l'aimant. Il est assez singulier qu'à une époque aussi reculée, on ait pu bien connaître le moyen d'allier le Cuivre avec le fer, procédé qu'on regarde aujourd'hui comme extrêmement difficile. Les minéralogistes savent que les mines ordinaires de Cuivre contiennent du Cuivre et du fer minéralisés par le soufre , ce qu'on appelle ordinairement pyrites cuivreuses ; non que le Cuivre en forme la plus grande partie mais parce que ce métal a le plus de valeur : en effet, le fer paraît en faire la portion principale. Quand ce minerai est fondu , le premier Cuivre obtenu est plus ou moins pur, suivant, suivant la quantité de fer qui s'y trouve , ou le plus ou moins de soin qu'on a mis pour le séparer pendant l'opération. On peut donc non - seulement obtenir ainsi le Cuivre combiné avec autant de fer que l'on, voudra mais encore en fondre toute espèce.
de durcir le Cuivre.
27
d'instruments q u ' o n pourrait ensuite c o r r o y e r à froid avec le marteau , et soumettre enfin au
p r o c é d é du durcissement ,
comme
s'ils
étaient d'acier pur. Cette méthode a é t é , s u i vant M . H j e l m , essayée avec u n succès c o m plet. Sans chercher à diminuer la force de assertion ,
qui paraît
cette
très - probable , nous,
exprimerons le désir q u e l'on fasse des e x p é riences sur u n pareil m é t a l , qu'il est facile de se p r o c u r e r près des mines de C u i v r e . Il serait difficile de calculer les avantages q u i en résulteraient p o u r la fabrication
des b a -
l a n ç o n s , découpoirs , laminoirs , cylindres depapeterie , etc. Peut-être m ê m e à l'essai cette matière pourrait-elle présenter une substance précieuse p o u r la confection
de l'artillerie ;
en e f f e t , si ce mélange a la ténacité des d e u x m é t a u x , il sera possible de diminuer la p e santeur de nos canons sans rien ôter à leur f o r c e , et l'on aura en outre l'avantage de ne plus craindre les accidents de rupture si c o m m u n s avec les alliages de bronze. Si l'on
remonte
a u x époques de la haute
antiquité , on trouvera que la métallurgie était loin d'être aussi bien c o n n u e que dans les temps modernes ; les A r t s se sont emparés de bonne
28
Sur
l'Art
de durcir le
Cuivre.
heure d u b r o n z e ; les ornements des instruments d e guerre ont été plus facilement travaillés sur c e métal q u e sur le fer ; et en effet presque tous les fragments d'armes découverts de nos j o u r s , ne nous offrent q u e des alliages q u i ne varient q u e dans la proportion plus o u m o i n s g r a n d e d'étain ajouté a u C u i v r e ; et q u o i q u e a u j o u r d'hui la découverte de l'art de fabriquer l'acier ait fait tomber en désuétude l'usage des i n s truments de b r o n z e , il n'en est pas moins v r a i q u e ce métal et ses alliages nous offrent e n c o r e de précieuses ressources. N o u s avons c r u en c o n s é q u e n c e , augmenter l'intérêt que p r é sente ce métal si u t i l e , en fesant pressentir le parti q u ' o n peut tirer de l'emploi d u C u i v r e n o i r , n o n encore a m e n é à l'état de rosette, et contenant dans son mélange u n e petite portion de fer.
Appareil
pour distiller l'acide sulfureux.
29
TECHNOLOGIE. Description
d'un
distillation quide, pour
riatique
pour
de / ' a c i d e sulfureux
et qui la
Appareil
peut
distillation
servir
la li-
également
de l'acide
mu-
oxygéné.
D a n s le c i n q u i è m e tome de nos A n n a l e s , nous
avons décrit
la nouvelle
méthode d e
blanchir la laine et la soie p a r l'action de l ' a cide sulfureux liquide q u i devait remplacer le souffrage ordinaire. N o u s avons décrit u n A p -
pareil propre à fabriquer cet acide à l'état liquide , ainsi q u ' u n e c u v e d'immersion p o u r la manipulation des étoffes q u ' o n voudrait b l a n chir p a r son a c t i o n , et nous avons p r o m i s d e donner les gravures servant à leur e x p l i c a tion : nous remplissons cette promesse en décrivant ici le premier de ces Appareils ; la c u v e d'immersion se trouvera dans le n u m é r o s u i vant. Cet A p p a r e i l a encore u n a v a n t a g e , c'est
3o
Appareil
pour
distiller
d e p o u v o i r être e m p l o y é avec succès p o u r la distillation de l'acide muriatique oxygéné.
Explication Fig.
de la Planche
I.
i . V u e de l'Appareil du C. O'Reilly,
p o u r la distillation de l'acide sulfureux l i q u i d e , dont plusieurs parties sont dessinées en c o u p e , afin qu'il soit plus aisé d'en c o m p r e n d r e la disposition. a-. C o u p e d u fourneau de distillation, d e s tiné à recevoir trois grands matras de verre. b. Entrée d u cendrier d u f o u r n e a u . c. Porte
p o u r l'introduction
du
combus-
tible. d. Bain de sable placé dans une c u v e , f o r m é e de tuiles de terre cuite
recourbées , et
dont les bords réposent sur le m u r d u f o u r neau. e. Matras de verre dans lequel on introduit les matières à distiller. f.
Entonnoir r e c o u r b é , p o u r l'introduction
de l'acide sulfurique. g. T u b e r e c o u r b é , qui conduit le gaz g é néré dans le réservoir intermédiaire i. Ce tube est luté à h, dans un couvercle de p l o m b qui s'adapte sur le col du matras ; c e
l'acide sulfureux
31
liquide.
couvercle est également perforé p o u r l'introduction de l'entonnoir recourbé f. i. R é s e r v o i r intermédiaire de p l o m b à c i n q t u b u l u r e s , dont trois seulement sont dessinées dans la figure 1. L a tubulure 1 reçoit l'extrémité d u tube g, qui descend jusqu'au fond d u réservoir , lequel étant rempli d ' e a u , à d e u x tiers de sa c a p a c i t é , est traversé par le g a z a c i d e , q u i se détache en bulles à l'extrémité d e ce tube ; les d e u x autres tubes 4 et 5 , fig u r e 2 , q u ' o n ne voit point ici, ont la m ê m e destination ; la ligne ponctuée indique la d i rection de l'extrémité d u tube g, a traversé la tubulure
après qu'elle
1.
k. T u b e de s û r e t é , inséré dans la
tubu-
lure 2 , du réservoir i. Fig.
3. T u b u l u r e
dans laquelle est inséré
l'orifice du t u y a u / , q u i conduit le gaz généré dans l'intérieur d u condenseur ; ce tuyau
l
doit avoir a u m o i n s trois pouces de d i a m è t r e ; il traverse la cloche tubulée m , qui surmonte le condenseur et descend jusqu'au fond ; les bulles d'air q u i s'échappent de son e x t r é m i t é , remontent, en traversant la colonne d ' e a u , et après avoir é p r o u v é la pression considérable de la colonne : à cet effet, o n n'a q u ' à a u g mente
la hauteur de cette colonne p o u r
ob-
32
Appareil
pour
distiller
tenir telle pression q u ' o n v o u d r a . J e leur ai fait traverser un plancher , afin de donner u n e élévation de douze pieds au moins : à mesure q u e l'eau est saturée dans le c o n d e n s e u r m
1
les bulles remontent a u - d e s s u s de la surface d ' e a u , entrent dans le second t u y a u de p l o m b n
exactement semblable a u précédent
l,
et
q u i sert à saturer l'eau dans le second c o n d e n seur o 1. Ce second condenseur est g r a v é en é l é v a t i o n , p o u r montrer la manière dont les douves sont assemblées ; o n le cercle à des dislances de quatorze à seize p o u c e s , avec de fortes bandes de f e r , q q q,
assemblées p a r
des vis p, qui servent à rapprocher les joints et à empêcher l'eau de fuir : les cloches t u b u lées m et o entrent dans une rainure dans le bois , sur le b o r d s u p é r i e u r , o ù elles sont l u tées a v e c du ciment gras ; ces cloches p e u vent être faites d e tel verre q u ' o n
voudra,
p o u r v u qu'il soit assez diaphane p o u r laisser distinguer les bulles qui traversent, afin q u ' o n puisse reconnaître le degré de saturation : les cercles de fer seront vernis. r. T r o u d u robinet de d é c h a r g e , p a r lequel o n soutire la liqueur dans les cuves d ' i m m e r sion. L e s robinets des condenseurs sont en plomb;
l'acide sulfureux
33
liquide.
p l o m b ; o n ne les a point dessinés dans la p l a n c h e , p o u r éviter la confusion. t. T r o i s i è m e t u y a u , qu'on peut faire entrer dans u n autre condenseur , si o n le juge à p r o p o s , o u enfin dans u n e très-petite cuve, afin de tirer tout le parti possible d e la d i s tillation. s. s. Plancher d u laboratoire o ù l'on distille le gaz acide ; o n aura soin de pratiquer d e u x o u plusieurs trous p o u r le passage des c o n denseurs. O n peut établir ce laboratoire dans u n appentis o u hangar ; le rez - de - chaussée peut être o u v e r t , et doit c o m m u n i q u e r a v e c l'atelier o ù l'on place les appareils à la v a p e u r , afin d'y rouler les cuves
d'immersion,
après les avoir chargées de toiles o u de fils, et de les remplir ensuite de la liqueur détérsive.
C
34
Nouvelle
Sur
les
manière de
nouvelle
manière
préparer
de
préparer
( Acétite de plomb), pour les Manufactures d'indiennes et quelques autres.
le
Sucre
de saturne
D a n s le c i n q u i è m e tome des Annales,
p.37
nous avons parlé d'un emploi très - utile de l'acide p y r o - l i g n e u x , et de l'application i n g é nieuse q u e le tribun B o s c en a faite p o u r la teinture en noir. O n a bien songé en A n g l e terre à tirer parti des acides fournis p a r les v é g é t a u x ; mais ce n'était pas p o u r la teinture , c'était uniquement p o u r la dissolution des oxydes de p l o m b , et p o u r la fabrication d'un Sucre de saturne ( acétite d e p l o m b ) . M . W h i t t o n ( 1 ) a découvert u n p r o c é d é qui consiste à prendre une quantité
quelconque
d'acide extrait d u g o u d r o n et d'y faire d i s soudre d u p l o m b , de la céruse , du m i n i u m , de la l i t h a r g e , o u enfin toute espèce d'oxyde
(1) M . John Whitton , de Kingslon-upon-hull , s'est garanti son invention par une patente datée du 10 mai 1800.
35
le Sucre de saturne.
de p l o m b , en saturant l'acide a v e c ces oxydes jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de dissolution. Il est aisé de concevoir que p o u r faciliter cette c o m b i n a i s o n , il faut le c o n c o u r s d e la chaleur o u une digestion quelconque du métal dans l'acide. Q u a n d les circonstances o u les localités ne permettent pas de se p r o c u r e r d u g o u d r o n , ou que la cherté excessive en e m pêche la f a b r i c a t i o n , o n a recours à l'acide p y r o - l i g n e u x extrait du hêtre ou de tout autre arbre pendant la carbonisation. Le métal ou. les oxydes sont exposés à l'action de l'acide o u dissous ; savoir , le métal en le l a m i n a n t , en le roulant en s p i r a l e , en le plaçant dans une étuve où la surface se trouve oxydée par l ' a c tion de la v a p e u r acide ; et les oxydes en les mélangeant et en les agitant dans la liqueur jusqu'à ce que l'acide en soit saturé. M . W h i t t o n a trouvé q u e l'opération était accélérée q u a n d les circonstances permettaient d'ajouter un peu d'acide acéteux , c'est-à-dire, de la bierre tournée et passée à l'état de v i naigre. D è s que la dissolution est o p é r é e , il jette le tout sur un carré o u filtre p o u r enlever le dépôt. L a liqueur tenant le p l o m b en dissolution , est ensuite évaporée jusqu'à pellicule, ou jusqu'à ce q u ' o n juge la concentration assez
C2
3 6 Manière de -préparer le Sucre de saturne, forte p o u r la cristallisation de l'acétite de p l o m b . A cette époque on laisse reposer la liqueur é p a i s s e , jusqu'à ce q u e les cristaux soient f o r més ; après quoi on les s é p a r e , o n les purifie m ê m e , si dans ce premier état on ne les juge pas convenables à quelques emplois dans les A r t s ; mais p o u r l'usage des I m p r i m e u r s d'indiennes , M . W h i t t o n assure q u e ce Sucre de saturne é c o n o m i q u e remplace
parfaitement
celui que fournit le c o m m e r c e , et q u ' o n obtient p a r les procédés ordinaires. L'Inventeur ne se b o r n e pas à la seule f a brication de l'acétite de p l o m b , et il propose de préparer de la céruse par le m o y e n de l ' a cide p y r o - l i g n e u x .
Boîte
à feu
pour les Bains.
37
Sur les avantages de la Boîte à feu de Thilorier,
comparée au cylindre
ordinaire. D a n s le second v o l u m e d e nos
Annales,
nous avons rendu c o m p t e d u poële f u m i v o r e d u citoyen Thilorier et de ses Boîtes à
feu
p o u r le chauffage des bains ; il nous reste à faire quelques observations essentielles sur les avantages de ces Boîtes à feu , comparées avec les cylindres ordinaires. L o r s q u ' o n brûle d u charbon dans u n a p partement , l'air en est vicié. Cette détérioration est d u e à trois causes différentes. 1° L a combustion fait disparaître une p a r tie de l'oxygène. L'azote se trouve c o n s é q u e m ment dans une proportion plus grande. 2°. L ' o x y g è n e , c o m b i n é avec le carbone , produit de l'acide c a r b o n i q u e , et cette p r o d u c tion est toujours en rapport a v e c la quantité de charbon qui a été brûlée. 3 ° . Il se mêle avec l'air une quantité q u e l conque d'hydrogène
carboné
,quantité C 3
plus
38
Boîte
à feu
o u moins g r a n d e , suivant q u e le m o d e de c o m bustion est plus o u moins parfait. Les d e u x premières de ces causes n'ont rien d'alarmant. Elles ont lieu dans les salles d'ass e m b l é e , dans les étables, dans tous les lieux c l o s , où l'on réunit un grand n o m b r e d'animaux respirants o u un grand n o m b r e de foyers ; et quoiqu'il soit vrai dans la théorie que les a n i m a u x ne peuvent vivre ni dans l'acide c a r b o n i q u e p u r n i dans l'azote pur, la pratique a p p r e n d à ne pas s'alarmer des causes m u l tipliées qui changent sans cesse autour de nous les proportions relatives de l'oxygène, de l'azote et de l'acide carbonique. Les appartements les plus clos permettent toujours le renouvellement d e l ' a i r ; la désoxigénation n'est jamais c o m plète , et loin que la présence de l'azote et de l'acide carbonique, en proportions plus grandes , soit une cause m o r b i f i q u e , la médecine y trouve quelquefois u n e cause c u r a t i v e , et c'est
en
e f f e t , en très - grande p a r t i e , la raison p o u r laquelle o n o r d o n n e le séjour des étables et bergeries a u x personnes q u i ont la poitrine délicate. Mais si l'azote et l'acide carbonique n'ont aucune qualité délétère, il n'en est pas ainsi de l ' h y d r o g è n e , gaz toujours funeste à l ' é c o -
pour
39
les Bains.
nomie a n i m a l e , soit qu'il tienne en dissolution d u c a r b o n e , d u s o u f r e , o u telle autre substance. L a présence de l'hydrogène c a r b o n é est t o u jours décelée par u n e odeur nauséabonde ; o n é p r o u v e de la gêne dans la respiration et de l'embarras dans la tête ; o n se sent d é f a i l l i r , et il se déclare p o u r l'ordinaire une diarrhée spontanée. T o u s ces s y m p t ô m e s prouvent q u e la cause de l'asphyxie, dans ce c a s , n'est pas la privation d ' o x y g è n e , mais la présence d'un poison réel. Il est constant que la Boîte à feu chauffe une fois plus vite , et c o n s o m m e moitié moins de charbon q u e le cylindre. Cette
économie
et cette accélération
ont
p o u r cause la disposition particulière de ce genre de f o u r n e a u , qui met en contact a v e c l'eau une plus g r a n d e surface de métal é c h a u f f é , et qui p r o v o q u e u n e combustion plus rapide et plus complète. Quelle qu'en soit au surplus la c a u s e , il est impossible qu'il y
ait économie dans
charbon brûlé , sans qu'il y ait avantage
le du
côté de la salubrité ; car il est évident q u e s'il y a moitié moins de c h a r b o n c o n s u m é , il y a en même-temps moitié moins d'acide c a r b o nique f o r m é et moitié moins d'excès d'azote. C 4
40
Boîte
à feu
L e premier avantage suffirait p o u r décider q u e , sous le point de v u e de la salubrité, la Boîte à feu est préférable au cylindre. Mais il en est u n autre b e a u c o u p plus i m portant , c'est la combustion presque totale de l ' h y d r o g è n e carboné qui doit résulter et r é sulte en effet d u m o d e de combustion adopté p a r le C. Thilorier. O n met d'abord sur le gril u n e pelletée de c h a r b o n t r è s - a l l u m é , et qui dès-lors ne c o n tient plus q u ' u n e petite partie
d'hydrogène.
Cette braise s'allume vivement et à
flamme
renversée ; le charbon froid dont o n la c o u v r e alors s'allume de proche en proche. L ' h y d r o g è n e qui s'en dégage tend à s'élever, mais il est entraîné en sens contraire par le courant d'air qui descend à travers le brasier ; il s'y enflamme , et d e v i e n t , par sa
combinaison
a v e c l'oxygène, de poison qu'il é t a i t , u n e v a p e u r aqueuse salutaire à respirer. Nous l'extrait
terminerons
ces
observations
par
suivant d u rapport fait par les c i -
toyens Halley et D é y e u x , à la Société de l'école de M é d e c i n e , sur la Boîte à feu , et a p p r o u v é par cette Société dans sa séance d u 14 prairial an 9. « N o u s nous sommes réunis p o u r u n e e x p é -
pour
les Bains.
41
rience dans laquelle nous avons chauffe u n e b a i g n o i r e , d'abord avec le c y l i n d r e o r d i n a i r e , puis a v e c l'appareil d u citoyen Thilorier. » L a c h a m b r e dans laquelle
était la b a i -
gnoire était petite dans toutes ses d i m e n s i o n s , ne
contenant
guère q u e huit mètres cubes
d ' a i r e , dont il faut retrancher encore la place o c c u p é e par la baignoire ; l'entrée était à u n e extrémité par une petite porte ouverte de c ô t é , et dont l'aire était cent cinq décimètres carrés ; la f e n ê t r e , à l'autre extrémité et a u f o n d de la c h a m b r e , près d u p l a f o n d , formait
une
étroite issue q u i n'était guère q u e de vingt décimètres carrés. » Il était difficile de trouver u n e disposition plus défavorable p o u r une c h a m b r e de b a i n s , mais aussi plus favorable à l'épreuve q u e nous voulions faire de la différence entre l'un
et
l'autre appareil sous le rapport des altérations qu'ils pourraient faire é p r o u v e r à l'air. » N o u s avons c o m m e n c é par le c y l i n d r e , et nous l'avons fait brûler pendant une d e m i heure , etc. ( Suit le détail
de
l'expérience
c o m p a r a t i v e , dont v o i c i les résultats les plus importants. ) » 1°. D a n s le m ê m e temps et dans les m ê m e s circonstances,la Boîte d u C. Thilorier a échauffé
42
Boîte
à feu
le bain à quatre degrés de plus que le cylindre. » 2°. Q u a n d , après l'opération d u c y l i n d r e , nous sommes entrés dans la c h a m b r e ,
nous
avons été frappés tous de l'odeur bien c o n n u e qui s'exhale d u
charbon e m b r a s é ,
et
nous
avons c r u devoir hâter l'exécution des e x p é riences p o u r éviter les accidents. » 3 . Quand
nous
sommes entrés , après
l'opération de la B o î t e , il est t r è s - s û r , et les personnes qui étaient avec n o u s , les C C . B a r ruel et R o b e r t , élèves de l'école , ainsi que le C
L a n g e en ont été tous c o n v a i n c u s ; il e s t ,
dis-je , très-sûr q u e nous n'avons senti a u c u n e o d e u r pareille, aucune disposition a u x vertiges, q u i sont l'effet c o n n u d u gaz h y d r o g è n e c a r b o n é sur nos organes. » L ' a i r de la c h a m b r e , dans le cas de l ' a p pareil d u C. T h i l o r i e r , est évidemment exempt d e cette o d e u r très - i n c o m m o d e q u i pagne
la
combustion
accom-
de charbon de bois ,
o d e u r q u i est la cause la plus immédiate des vertiges q u ' o n é p r o u v e dans ce genre p h y x i e , et q u e des expériences exactes
d'asont
d é m o n t r é s être l'effet constant et caractéristiq u e de la respiration du gaz inflammable q u i é m a n e du charbon. L a théorie autorise é g a lement à croire q u e dans la disposition a d o p -
pour les Bains. tée p a r le
C. Thlorier,
gaz doit se faire
la combustion de
43
ce
entièrement.
» Ce fait se démontre aisément aussi au moyen d'une machine inventée par le même citoyen , pour rendre visible ce phénomène de la combustion du gaz inflammable carboné dans une disposition dans laquelle l'air extérieur et le gaz qu'il entraîne plongent dans le brasier , ainsi que cela a lieu dans l'appareil destiné à chauffer les bains. Il a donné à cette machine le nom de Phloscope. » En conséquence, il nous paraît qu'on peut croire que dans l'appareil proposé par le citoyen Thilorier, l'insalubrité de l'air altéré par la combustion du charbon de bois est diminuée et réduite à celle qui dépend de la production seulement de l'acide carbonique » Nous pensons donc qu'on peut, par cette raison , accorder l'approbation de la Société à l'appareil soumis à son jugement, en observant toutefois que ses avantages ne sont que relatifs, et ne doivent point inspirer une sécurité entière , ni dispenser des précautions toujours nécessaires quand on se sert de cette manière de chauffer les bains; c'est-à-dire qu'il faut, dans tous les cas, pour favoriser la ventilation, avoir soin de tenir les portes
44
Boîte
à feu
pour les
Bains.
et fenêtres ouvertes , pendant tout le temps d e la c o m b u s t i o n , et adopter dans les chambres de b a i n , sous le rapport des dispositions r e s pectives des ouvertures et des issues , les c o n ditions les plus propres à p r o c u r e r cette v e n tilation. A u n o m d u c o m i t é d'administration,
Signé
THOURET , directeur.
Sur la manière de Dorer les Boutons.
45
Sur la manière de Dorer les Boutons, avec un appareil pour la révification du mercure employé dans l'opération. A v a n t de c o m m e n c e r la description de l'art d e D o r e r les Boutons , il n e sera peut-être pas inutile de passer en r e v u e quelques opérations préliminaires , cet A r t n'ayant été décrit dans a u c u n e E n c y c l o p é d i e , ni m ê m e dans a u c u n o u v r a g e technologique. L e cuivre q u ' o n destine à la fabrication des Boutons e s t , en g é n é r a l , à l'état de rosette, mais quelquefois mêlé d'un alliage. Les
ma-
quettes façonnées sur u n m a r t i n e t , sont p o r tées de suite à u n laminoir et tirées à l'épaisseur q u ' o n veut donner a u x Boutons. L e s feuilles d e cuivre q u ' o n obtient passent ensuite à la m a n u f a c t u r e , o ù o n les c o u p e en pièces c i r c u laires de la largeur des B o u t o n s , au m o y e n d'un balançoir et d'un emporte - pièce. D a n s cet état, ils ressemblent b e a u c o u p à u n g r o s s o u usé par u n e longue circulation. Les tiges se font très-promptement, au m o y e n
46
Sur la manière
d'un mécanisme ingénieux, par lequel le fil de cuivre est coupe de la longueur requise, reployé en rond pour former l'œil, et rabattu pour pouvoir être soudé au milieu du Bouton On arrête la tige dans cette position, au moyen d'une petite agrafe mobile, de fer, qui la tient en respect; on ajoute alors un peu de soudure autour l'endroit de la jonction, en saupoudrant un peu de colophane. Alors les Boutons sont placés sur une feuille de tôle, qui en conlient à-peu- près une grosse, et qu'on glisse dans l'intérieur d'un four; ce four est chauffé jusqu'à ce que les soudures soient fondues et que les tiges et les Boutons soient parfaitement réunis ensemble. On sait que les Boutons de métal les mieux faits viennent d'Angleterre , et que le perfectionnement qu'on leur a donné les fait adopter chez nous: les Anglais ne doivent cette supériorité qu'à des moyens mécaniques qui économisent le temps etsimplifientlamain-d'œuvre; il la doivent, sur-tout, à une division de travail bien entendue. Aucune branche de l'industrie britannique ne montre mieux la vérité de ce principe que la fabrication des Boutons. Des femmes façonnent et préparent les tiges ; d'autres les courbent; d'autres les arrangent
de Dorer
les Boutons.
47
sur le Bouton ; d'autres les posent sur la plaque et y mettent la soudure ; d'autres les nettoient et les ébarbent a u sortir d u f o u r , p o u r les purger des bavures qui pourraient p r o v e n i r des inégalités d e la soudure ; d'autres enfin disposent ces Boutons dans des t o u r s , o ù ils sont parfaitement polis , et o ù leurs bords sont arrondis également. O n p r o c è d e ensuite a u x opérations p r é p a ratoires p o u r la dorure ; la première consiste à en mettre plusieurs douzaines dans une espèce de passoire de terre c u i t e , et à les plonger dans de l'acide nitrique étendu d'eau ; cette i m m e r sion enlève les saletés et l'oxyde : o n les retire a l o r s , o n les lave dans l ' e a u , et on les porte de n o u v e a u dans le tour p o u r les brunir ; cet usage est le plus a p p r o u v é dans les fabriques de B i r m i n g h a m
: nous parlons
ici
d'après
M M . Collard et F r a s e r , les plus habiles f a bricants de cette ville. O n opère le brunissage au m o y e n d'une pierre noire
qu'on
tire de
D e r b y s h i r e , et q u ' o n monte à - p e u - p r è s de la m ê m e manière que le diamant du vitrier. N o u s croyons que c'est une espèce de t r a p p , mais nous n'avons pas assez de données p o u r p r o noncer affirmativement à cet égard. L'ouvrier applique cet outil a u B o u t o n fixé à l'extrémité
48
Sur la
manière
d'une pièce de bois , lequel est tourné par un tour-en-l'air avec une très - grande vélocité ; c'est ainsi qu'il brunit le dessus , le dessous et les bords. Cette o p é r a t i o n , q u e
les A n g l a i s
appellent brunissage b r u t , est une découverte m o d e r n e dont ils font grand cas ; elle est d'un g r a n d avantage , en ce qu'elle ferme les pores d u métal ouverts par l'acide , de manière que l'or qu'on applique ensuite p o u r la D o r u r e s'attache à une surface p l a n e , a u lieu d'aller r e m plir une foule de petites c a v i t é s , q u i en se refermant par le brunissage
final,
auraient
englobé l'or qui y serait entré. Q u a n d les Boutons ont subi cette opération , ils sont prêts à être dorés. O n p r e n d une grosse de Boutons ; on les met dans u n vase de t e r r e , a v e c une quantité de m e r c u r e q u ' o n a p r é a lablement saturé avec de l'acide nitrique. D a n s cet é t a t , les Boutons et le m e r c u r e sont r e m u é s ensemble avec u n e b r o s s e , jusqu'à
ce
q u e le m e r c u r e , suivant le jeu des affinités, et transporté par l'acide , recouvre la surface de tous les Boutons ; on retire alors les B o u tons , et o n les met dans un instrument q u e les ouvriers appellent u n panier, soit u n
vase
de terre perforé
quoique c e de
plusieurs
trous. On a une auge o u sebille de b o i s , a u dessus
de Dorer
les Boutons.
49
dessus de laquelle on secoue v i o l e m m e n t , de haut en b a s , le panier, jusqu'à ce que le m e r cure se dégage des B o u t o n s , laissant les s u r faces parfaitement unies et recouvertes d'une c o u c h e de mercure qui leur donne l'apparence de Boutons argentés. O n prépare ensuite l'or destiné à la
dorure,
de manière qu'une très-petite quantité suffise p o u r couvrir Un g r a n d n o m b r e de pièces ; on a une cuiller de fer à laquelle l'or ne peut s'attacher, l'intérieur en étant bien garni d'une couche de blanc d'Espagne ; on jette dans cette cuiller d u mercure en quantité nécessaire p o u r la fabrication, et auquel o n mêle une portion d'or
pur plus o u moins forte , suivant la r i -
chesse qu'on veut donner à la dorure. L'amal g a m e est chauffé dans la cuiller sur une forge jusqu'à ce q u e l'ouvrier j u g e , par l'habitude, q u e les deux métaux sont parfaitement unis ; il verse alors sa cuiller dans un bain rempli d'eau froide. Dès que l'amalgame est r e f r o i d i , il le met dans un sac de peau de chamois o u de chèvre , à travers lequel on tamise le m e r cure jusqu'à ce qu'il n'en passe plus. Ce q u i traverse la peau ne contient pas le m o i n d r e atome d'or ; ce qui reste a à-peu-près la c o n sistance du b e u r r e , et le mélange sera si c o m D
5o
Sur
la
manière
p l e t , q u e chaque molécule de mercure c o n tiendra une portion d'or égale. O n met e n suite l'amalgame dans u n vase de t e r r e , et on y joint une petite quantité d'acide n i t r i q u e , en donnant à l'acide le temps de se combiner avec le mercure. D a n s plusieurs endroits o n c o m m e n c e par introduire les Boutons et l ' a m a l g a m e , et o n y ajoute m ê m e de l'acide n i trique étendu d'eau ; mais cette méthode
ne
doit pas être s u i v i e , parce qu'à défaut d'une union complète
entre l'acide et le m e r c u r e
d u premier a b o r d , l'amalgame ne se portera pas suffisamment sur la surface des Boutons Q u a n d l'acide a eu le temps de se lier avec le m e r c u r e , les Boutons doivent y être introduits et remués jusqu'à ce que
l'amalgame
soit détruit par l'affinité de l'acide p o u r le c u i v r e , et q u e l'or ait obéi à la tendance qu'il a p o u r s'étendre et se combiner a v e c le m e r cure, dont o n avait préalablement blanchi les surfaces. Dans l'opération suivante o n verra à quel point l'on a simplifié l'Art de la D o r u r e , en se servant d'un
appareil par lequel on
fait
revivre le mercure e m p l o y é , et l'on parvient à garantie la santé
des
ouvriers des effets
terribles du mercure volatilisé. O n ne
peut
de Dorer
les
51
Boutons.
mieux faire sentir l'avantage du nouveau p r o cèdè sur l'ancien q u e par la comparaison des deux méthodes. D a n s l'ancienne pratique , dès que les B o u tons étaient recouverts de l'amalgame d'or et de m e r c u r e , l'ouvrier s'occupait de les
étuver;
à cet effet il les mettait, au nombre de q u e l ques d o u z a i n e s , dans des poëles à f r i r e , qu'il plaçait sur un brasier de charbon en. les s e couant doucement ; l'ouvrier guettait le m o ment o ù le m e r c u r e commençait à couler ; aussitôt il retirait les poëles de dessus le feu , et il versait les Boutons dans un grand
bon-
n e t , n o m m é bonnet à D o r e r , et ressemblant à un chapeau à petits b o r d s , mais un peu large dans la forme. Ce chapeau était fait de laine grossière et de poil de chèvre.
On
remuait
les Boutons dans c e bonnet avec une brosse c i r c u l a i r e , afin d'étendre l'or et le m e r c u r e , tandis que les Boutons restaient dans une t e m pérature assez haute p o u r volatiliser le
vif-
ardent. Les Boutons étaient ensuite remis dans la p o ë l e , exposés sur le brasier et secoués de nouveau p o u r volatiliser
lentement le m e r -
cure ; on les renversait alors dans le b o n n e t , on les remuait encore avec la brosse, et cette opération se répétait jusqu'à c e que tout le D 2
Sur la
52
manière
vif-argent fût volatilisé et q u e l'or seul restât sur les Boutons , qui paraissaient d'une c o u leur jaune vive. Ainsi une grande partie d u m e r c u r e s'élevait dans les c h e m i n é e s , se d é posait sur les toits des maisons et se mêlait a v e c les eaux pluviales
p e u t - ê t r e dans les
boissons ; une grande quantité était avalée o u respiré
par les ouvriers ,ce qui les tenait dans
u n état de salivation c o n t i n u e l , jusqu'à ce q u e de graves infirmités les forçassent de renoncer à ce travail pénible et dangereux. O n a trouvé dans les environs de B i r m i n g h a m des quantités considérables de m e r c u r e , ramassé et en partie revivifié dans les gouttières et sur les plombs des bâtiments. O n avait attribué b e a u c o u p de maladies de cette ville à ces quintaux de mercure volatilisés et dissipés dans l'atmosphère ; enfin les ramonneurs qui travaillaient dans les fabriques , répugnaient à nettoyer les cheminées, parce qu'ils y g a gnaient de longues salivations. U n
fabricant
célèbre de cette v i l l e , M . M a r k S a u d e r s , a trouvé u n m o y e n , non-seulement de prévenir ces effets terribles, mais aussi d'économiser la perte immense de m e r c u r e qu'entraînait n é cessairement l'ancienne méthode. V o i c i la description de son appareil.
de Dorer Explication
les
53
Boutons.
de la Planche
2.
V u e de l'appareil de M . Sauders. On
construit
un
foyer
d'une
grandeur
m o y e n n e , capable de recevoir le combustible nécessaire p o u r l'opération , suivant l'étendue de l'établissement. Au lieu de laisser monter la fumée dans le chapiteau A , qui est fait de tôle o u de f o n t e , et à travers lequel le m e r c u r e est volatilisé, l'on établit un conduit qui m è n e la fumée , en arrière , dans
la
che-
minée B, A u - dessus du foyer C , on place une plaque de fonte assez épaisse p o u r p o u v o i r être chauffée tout juste à la température nécessaire à la volatilisation du m e r c u r e . D . Cendrier au-dessous du foyer. E. Conduit de chaleur v u au fond du f o y e r , servant à mener la f u m é e au-dessous de l'âtre o u plaque de fonte dans la cheminée B. O n peut placer la porte d u foyer et du c e n d r i e r , soit en f a c e , c o m m e nous l'avons représentée dans le dessin , soit de c ô t é , o u enfin à l'extrémité de l'âtre F , de manière que la chaleur n ' i n c o m m o d e pas les ouvriers. L'espace
entre A et la plaque de fer C est D
3
54
Sur la
manière
recouvert d'un châssis de métal vitré , qui d e s cend de manière à ne laisser que l'espace suffisant p o u r remuer les poules avec facilité. Il sera même avantageux de vitrer les deux c o t é s , au lieu de les batir en b r i q u e s , cette disposition permettant a u x ouvriers de regarder par-tout leur o u v r a g e , sans être i n c o m m o d e s par la v a peur d u mercure. D è s que la chaleur c o m m u n i q u é e aux poëles c o m m e n c e à sublimer le v i f - a r g e n t , la vapeur s'élève dans le chapiteau A , et descend ensuite dans le tonneau G , fermé en haut et rempli d'eau à moitié. Par ce m o y e n , cet appareil devient un véritable alambic à distiller et à condenser le m e r c u r e volatilisé, et la partie la plus considérable se trouve ainsi condensée dans le tonneau G. U n tube H sort du couvercle de ce tonneau, s'élève assez h a u t , et se recourbant ensuite descend au-dessus de la surface d'un second tonneau T ouvert par le haut et rempli d'eau à - p e u près à la hauteur de l'ouverture du tube H. U n e partie des vapeurs se condense en montant dans le tube vertical, et retombe dans le p r e mier tonneau G ; le peu qui en sort est ramassé et condensé dans le tonneau I. Ce dernier tonneau doit être placé à l'extérieur d u bâtiment, et la branche descendante d u tube H entrera au
de Dorer
les
55
Boutons.
moins de 18 pouces dans le t o n n e a u , mais point clans l'eau. K . Charpente servant à soutenir le tuyau H. L a cheminée est m u n i e d'un registre p o u r régler la chaleur du f o y e r ; on peut retirer à volonté l'eau des tonneaux à l'aide d'un siphon ; le m e r c u r e , sali par dés substances hétérogènes, est ramassé au fond du tonneau , et trituré dans u n carré de flanelle o u chauffé doucement dans une poêle : dès que le m e r c u r e c o m m e n c e à couler , on le sépare en le versant dans un vase q u e l c o n q u e , ayant soin de ne pas porter la chaleur au point de le volatiliser. O n peut r e couvrer jusqu'au dernier atome de m e r c u r e , en mettant les crasses qui restent dans une cornue de g r è s , p o u r distiller ensuite par les moyens ordinaires. Les Boutons débarrassés du m e r c u r e , soit par l'ancien , soit par le n o u v e a u p r o c é d é , sont brunis définitivement, encartonnés par d o u zaines et livrés au c o m m e r c e . Les personnes qui connaissent peu ce genre de f a b r i q u e s , apprendront
avec étonnement
jusqu'à quel point une petite quantité d'or a m a l g a m é avec du m e r c u r e , peut s'étendre sur une surface polie de cuivre : cinq grains , qu'on peut évaluer une trentaine de s o u s , suffisent D 4
56
Sur
la manière
de Dorer
les
Boutons.
p o u r D o r e r douze douzaines de Boutons d'un p o u c e de diamètre ; telle est la quantité exigée par les lois en A n g l e t e r r e , sous peine de confiscation : cependant b e a u c o u p de Fabricants les éludent, et Dorent parfaitement leurs B o u tons avec deux ou trois grains ; tant il est facile d'étendre ce métal sur une surface polie de cuivre.
Refonte
des Papiers
, et Papier-Paille.
57
Sur la Refonte des Papiers , avec quelques Notices sur le projet de Fabriquer du Papier avec de la Paille. O n se rappelle qu'il y a huit ans on proposa la Refonte des vieux P a p i e r s , p o u r les faire servir de nouveau à la Fabrication; ce p r o c é d é qui a été répété avec s u c c è s , a été négligé en F r a n c e et accueilli chez l'Etranger ; il est temps de le revendiquer. N o u s c r o y o n s t r è s - i m p o r tant de revenir sur cet objet, aujourd'hui q u ' u n anglais , M . K o o p s , en s'appropriant cette i n vention , a été c o n d u i t , par la nature de son travail et de ses expériences, à la découverte d e l'Art de fabriquer un bon Papier avec de la Paille. N o u s décrirons le p r o c é d é de M . K o o p s , mais auparavant nous dirons un m o t de celui q u e nous avons conseillé dans notre Essai le Blanchiment
sur
( i ) . L e rapport fait par les c i -
(i) Essai sur le Blanchiment. Volume in-8°. avec quatorze planches. A notre Bureau. Prix : 6 francs 5o centimes à Paris ; et 7 fr. 75 c. franc de port, par la Poste.
58
Refonte
des
Papiers,
toyens D e y e u x , M o l a r d , Pelletier et V e r k a v e n , se trouve consigné dans le 19 •. T o m e des sin~ nales de
Chimie.
A p r è s avoir trie le vieux Papier , on le met dans un appareil à blanchir par la vapeur , en le plaçant sur des châssis; on l'expose pendant douze heures , à la chaleur de l'eau bouillante s e u l e , afin de le macérer ; on lui fait subir ensuite une légère trituration au cylindre. O n le plonge dans une forte lessive alcalino-eaustique ; o n le pilonne bien dans un baquet p o u r l ' i m p r é g n e r , et o n l'introduit une seconde fois dans l'appareil, dont la chaudière sera é g a lement remplie de lessive ; o n donne u n bain de v a p e u r de 10 à 12 h e u r e s ; la pâte retirée sera pressée. Afin de ne pas perdre la liqueur qui s'écoulera, o n la mettra dans des poches p o u r être battue et dégorgée à la r i v i è r e ; o n portera alors la pâte sur le c y l i n d r e , o ù on lui fera subir une trituration , jusqu'à ce qu'elle ait acquis la blancheur convenable. Si l'on veut faire ressortir le blanc davantage, il suffira d ' e m ployer un second bain de v a p e u r , joint à une légère immension dans le muriate oxygéné d e c h a u x l i q u i d e , de rincer ensuite et de passer à Peau acidulée. Dans celte opération , il serait à désirer qu'on employât des maillets et des pilons,
et Papier
de Paille.
59
plutôt que des cylindres qui sont attaquables par la liqueur alcaline. Dans la Refonte des Papiers manuscrits, on se sert d'un bain d'acide sulfurique étendu d'eau , dans la proportion d'une partie et demie d'acide sur cent; mais il faut plusieurs opérations, ce qui rend le p r o cédé assez long. N o u s allons passer à la description du p r o cédé dont M . K o o p s réclame l'invention ( 1 ) et qui n'en est pas moins d'origine française, ainsi qu'il est constaté par le rapport que nous avons cité au commencement de ce M é m o i r e . M . K o o p s sépare le Papier de fabrique a n glaise d'avec le Papier de fabrique étrangèreil assortit les Papiers imprimés et m a n u s c r i t e L e Papier est ensuite déchire en p i è c e s , et porté dans une machine pour y être trituré l é g è remeut en m ê m e temps q u ' o n l'y l a v e ; de la machine o n le renvoie dans un réservoir, p o u r l e dépouiller de sa colle au m o y e n de l'eau c h a u d e , et de ce réservoir il passe dans une c h a u d i è r e , où il est réduit en pâte par l'addition
(1) M. Mathias Koops obtint un brevet d'invention, le 28 avril 1800, pour l'extraction de l' encre de vieux Papiers imprimés et manuscrits, et pour leur réfabrication
60
Refonte
des P a p i e r s ,
1
de 16 bariques o u 2304 pintes ( m e s u r e s a n glaises ) d'eau douce à 3 3 6 livres de Papier. M K o o p s prépare sa lessive de la manière suivante Il ajoute à 46,080 pintes d'eau d o u c e 1,800 livres de c h a u x vive sortant d u four, en remuant constamment le mélange dans la c u v e pendant quatre à cinq heures, jusqu'à ce que la c h a u x soit totalement dissoute dans l'eau.Il prend 80 pintes de cette eau de c h a u x , dans laquelle il dissout 24 livres de potasse perlasse d ' A m é r i q u e , afin de former une lessive alcalino-caustique. P o u r extraire l'encre d u Papier
d'impression
d ' A l l e m a g n e , il faudrait la quantité précitée de potasse, mars p o u r les vieux Papiers d ' A n g l e terre, il suffira de 18 livres de cet alcali ; il n'en faudra q u e 10 si l'on opère sur d u
Papier
d'écriture. Il fait b o u i l l i r , pendant une d e m i - h e u r e , la chaudière contenant les 16 bariques d'eau et les 3 3 6 livres de Papier , en y ajoutant p e u à-peu
la lessive caustique ci-dessus : après
l'addition de cette lessive , il continue
l'ébul-
lition pendant deux heures; il examine ensuite si la pâte est suffisamment débarrassée de l'encre; si elle ne l'est pas , il fait bouillir u n peu plus long-temps , en remuant
continuellement la
masse. D è s que l'encre paraît être détachée, o n
et Papier baisse le feu,
de Paille.
61
et o n laisse macérer le mélange
dans la chaudière
pendant
deux
ou
trois
heures. L a pâte o u mélange provenant de cette o p é ration est soutirée par l'épine o u chante-pleure de là chaudière dans un réservoir à double fond ; la fond supérieur est de c u i v r e , et percé d e trous par lesquels s'égoutte l'eau sale et grasse. A u sortir de ce réservoir, on prend la pâte p o u r la dégorger et la débarrasser totalement
des
matières hétérogènes. O n prend une quantité quelconque de cette p â t e , par exemple 140 livres ; o n la met dans une machine à l a v e r , o u bien dans des p o c h e s , afin de p o u v o i r la d é gorger à grande eau. C o m m e en g é n é r a l , la couleur de la pâle des Papiers a été ternie tant par l'encre que par les diverses opérations que nous venons de c i t e r , q u o i q u ' o n ait enlevé l'huile et la matière noire colorante, cette substance ne sera jamais assez blanche, pour qu'on
en fabrique u n Papier
p r o p r e à être livré au c o m m e r c e . Il faut d o n c recourir au blanchîment par l'acide
muria-
tique oxygéné. L a préparation employée par M . K o o p s est connue de tout le m o n d e ; d'ailleurs , dans notre Essai
sur le
Blanchiment
nous avons cité les proportions suivies dans les
62
Refonte
des
Papiers,
principales contrées de l ' E u r o p e , p o u r la c o n fection de ce gaz acide ; cependant il est bon de faire parler M . K o o p s l u i - m ê m e . Prenez 600 pintes d'eau d o u c e , et mettez-les dans une c u v e avec laquelle vous combinerez une c o r n u e , o ù vous aurez introduit trois livres de sel marin , deux livres de manganèse et trois pintes d'acide sulfurique concentré. A p r è s avoir luté l'appareil, chauffez la cornue
au
b a i n - m a r i e , et distillez pendant 6 heures ; l'eau sera suffisamment
imprégnée.
On
voit q u e
M . K o o p s n'est pas fort habile chimiste ; son appareil est t r è s - m a u v a i s , et celui que nous avons décrit dans le courant de ce n u m é r o e n fera ressortir les imperfections : M . K o o p s e m ploie 40 à 60 pintes de cette solution, p o u r blanchir parfaitement 140
livrés de sa
pâte
régénérée. N o u s présumons qu'il dégorge e n suite à l'eau courante , puisque cette opération est indispensable : au resté, il dit l u i - m ê m e qu'il triture de nouveau sa pâte dans les cylindres , avant de la passer dans les cuves p o u r en faire du
Papier.
Sa manière de convertir le Papier manuscrit consiste à prendre une quantité quelconque , supposons 140 livres de Papier, qu'il débarrasse de la colle en le fesant bouillir pendant l o n g -
et Papier
de Paille.
63
temps dans de l'eau de rivière. L a pâte qui en provient est jetée dans une caisse de cuivre é t a m é e , perforée de trous de toute part. D a n s l'intérieur de cette caisse o n fait agir la platine d'une forte presse qui exprime l'eau autant q u e faire se peut. O n prépare alors un coffre dont l'intérieur est enduit d'un piment de céruse et d'eau ; la pâte est distribuée dans l'intérieur de cette caisse , dans le plus grand état de division possible; on y introduit un courant de gaz acide muriatique oxygéné , qui sert à blanchir le P a p i e r , et à détruire l'effet de l'encre à écrire. N o u s d i r o n s , en passant, que l'appareil décrit dans le tome V
de nos A n n a l e s , page 283,
pourrait être employé dans cette opération, avec le plus grand s u c c è s , au lieu du mauvais ap pareil de M .
Koops.
L a pâte des Papiers manuscrits subit ensuite la m ê m e opération au cylindre que nous venons d e citer p o u r les Papiers imprimés. Actuellement que nous nous sommes étendus sur la Refonte des Papiers , p r o c é d é qui a c o n duit à la découverte du Papier de Paille, nous parlerons de cet A r t . T o u t e l'Europe a retenti d u bruit de l'invention de M . K o o p s ; par-tout les Artistes qui se sont adonnés à ce genre de fabrication, travaillent avec ardeur p o u r mettre
64
Refonte
des Papiers
à profit cette application heureuse d'une m a tière aussi c o m m u n e à u n des besoins les plus importants de la société. Le Propriétaire des Manufactures
de Buges et de L a n g l é e , près
M o n t a r g i s , le citoyen Delille a fait
i
il y a p l u -
sieurs années des essais de Papier sur
des
mousses , des pailles, et quelques autres substances végétales. O n connaît le livre de Schaffer i m p r i m é en Allemagne , sur du Papier f o r m é de plusieurs substances végétales : mais tous ces essais aboutissaient à triturer ces matières, à les coller tantôt en cuve, tantôt après la f a b r i cation, et enfin à les présenter sous les couleurs naturelles des substances qui avaient servi à les composer. L e Papier de Paille du citoyen Delille n e pouvait faire qu'un papier de tenture , encore ce Papier était-il l o i n , d'après l'aveu qu'il nous en a fait l u i - m ê m e , de remplir les conditions d'un bon Papier. Nous avons sous les y e u x ce livre si i m p o r tant, i m p r i m é sur le Papier-Paille de M . K o o p s , et dont un exemplaire a été présenté au
roi
d'Angleterre; c'est un Papier j a u n e , mal-fait, et bien éloigné d'atteindre le but qu'on s'était proposé. L ' A u t e u r nous assure pourtant que c e n'était que son c o u p d'essai, et qu'il ne l'a m i s au jour que p o u r satisfaire l'impatience publique.
A
et Papier
de
Paille.
65
À la suite du Mémoire de M . K o o p s , imprimé sur du Papier - Paille , se trouve un supplément de quelques pages imprimées sur un Papier fait avec de la sciure de bois, et qui est, sous tous les rapports , préférable au premier. Le citoyen Séguin , Membre de l'Institut, vient de prendre un brevet d'invention pour sa manière de fabriquer le Papier-Paille ; il garde le secret de son procédé , mais il paraît qu'il a besoin de mêler à la Paille un peu de chiffon pour donner de là qualité à ses Papiers. Le citoyen Rousseau a annoncé quelques expériences heureuses dans sa fabrique de Clairvaux ; nous connaissons plusieurs Artistes qui s'occupent assiduement de cet objet; et nous ne doutons point, actuellement que l'éveil est donné, qu'il ne se fasse bientôt une révolution très-importante dans cette partie des Arts industriels. Comme nous ne fesons mystère de rien, et que nous parlons sans réticence , nous terminerons par quelques observations, qui ne seront peut-être pas inutiles à ceux qui s'occupent de pareilles recherches. Il faut commencer par réduire la Paille à un grand état de division , soit en la hachant , soit de toute E
E
66
Refonte
des
Papiers,
autre manière ; une immersion dans le sulfure calcaire servira à la blanchir ; si o n la jette ensuite dans un p o u r r i s s o i r , la fermentation putride en réduira la masse en une espèce de m a g m a o u substance visqueuse. Il faut arrêter à temps la fermentation. O n pourrait
même
remplacer cette o p é r a t i o n , c o m m e paraît l'avoir fait M . K o o p s , par une lessive alcalino-caust i q u e , car il ne faut pas perdre de v u e q u e c e sont ses recherches sur la refonte d u Papier q u i l'ont m e n é à la découverte du Papier-Paille. O n peut aussi, après avoir c o u p é la Paille par u n instrument quelconque , la laisser p o u r r i r dans l'eau ; et si l'on v e u t , accélérer la p o u r riture , o n y ajoutera de l'eau de c h a u x , o n arrêtera à temps la fermentation, et on blanchira par le sulfure calcaire, en se servant, p o u r sa préparation , des procédés que nous avons déjà donnés dans le T o m e premier de nos A n n a l e s , page 197. O n achèvera le Blanchiment et la dissolution, en fesant bouillir
la pâte
une légère lessive de potasse, o u en
dans
l'exposant
à u n bain de vapeur. E n f i n , de quelque manière q u e la Paille soit dissoute, p o u r v u q u ' o n réussisse à la mettre dans u n état de division telle qu'elle puisse être suspendue dans de l'eau , et que ses m o l é c u l e s
et Papier
de Paille.
67
s'arrêtent sur une forme de Papetier, au point de former une feuille qui puisse être soumise à l'action de la presse et de l'encollage, on p a r viendra à fabriquer un très-bon
Papier
de
Paille. N o u s suivrons les progrès de cette i n téressante d é c o u v e r t e , et nous tiendrons nos lecteurs au fait de tout ce qu'elle présentera de nouveau.
E 2
68
Purification
Observations
sur
Huiles
la
Purification des
végétales.
Dans le cinquième v o l u m e , page 273, nous avons décrit deux procédés employés en Angleterre par M M .
Collier et G o w e r ;
pour
compléter la s o m m e de nos connaissances a c tuelles sur l'épuration des H u i l e s , il nous reste à parler des expériences et du travail du citoyen T h é n a r d , sur l'Huile de Colsa. P o u r Purifier l'Huile de Colsa , on en prend 100 parties et 2 parties d'acide sulfurique c o n c e n t r é ; on mêle le tout ensemble et on agite; aussitôt l'Huile change
de couleur ; elle se
trouble et devient noirâtre ; au bout de trois quarts d'heure environ , elle se remplit de floc o n s ; à cette é p o q u e il faut cesser de l'agiter, y ajouter à-peu-près le double de son poids d'eau, pour
enlever l'acide sulfurique q u i ,
s'il restait trop long- temps avec l ' H u i l e , ne manquerait pas d'agir trop fortement sur elle et de la charbonner. Il est nécessaire de battre ce mélange pendant au moins une d e m i - h e u r e , p o u r mettre les molécules d'Huile , d'acide et
des Huiles
végétales.
69
d'eau en contact les unes avec les a u t r e s , et alors laisser reposer. A u bout de huit jours environ de
repos,
l'Huile nage sur l'eau, et celle-ci nage elle-même sur une matière noirâtre précipitée de l'Huile par
l'acide sulfurique ( c'est
cette
matière
noirâtre qui colore l'huile, et qui l'empêche de brûler avec facilité) : il s'établit d o n c , c o m m e on le voit, trois couches bien distinctes ; la supérieure
est huileuse , la seconde est aqueuse et
contient
un peu
d'acide
sulfurique,
troisième est charbonneuse ; il s'en b e a u c o u p qu'après ces huit jours de l'Huile qui
et la
faut de repos,
forme la couche supérieure
soit
limpide ; il faudrait bien , je crois , vingt jours pour
qu'elle s'éclaircît
par le simple r e p o s ,
mais en la filtrant, on l'obtient de suite p a r faitement claire et transparente. P o u r cela o n peut employer du charbon p i l é , du coton o u de la l a i n e ; ces deux dernières substances sont préférables ; le m ê m e coton et la m ê m e laine pourront servir un grand nombre de fois ; au bout d'un certain temps, il faudra seulement avoir le soin de les dégraisser. E n suivant ce procédé avec soin , o n obtient une Huile qui a infiniment moins de c o u l e u r , d'odeur et de saveur que celle e m p l o y é e , qui E 3
Purification
70
brûle avec la plus grande facilité, c o m p a r a b l e enfin , en tout , aux Huiles du C o m m e r c e les plus pures ( la perte est très-peu considérable ) . Si on veut l'obtenir plus blanche
encore,
o n peut lui faire subir un deuxième traitement, mais alors sur cent parties d'huile, un
cen-
tième d'acide sulfurique concentré suffit ; l'acide sulfurique ne fait point dans l'Huile déjà p u rifiée un précipité noirâtre ; il y f a i t , au c o n traire , un précipité d'un blanc grisâtre et peu a b o n d a n t ; ce p r e c i p í t e s e sépare moins facilement de l'Huile avec le précédent. Lorsque l'Huile a été traitée par
un
cen-
tième d'acide sulfurique, si on la laisse digérer pendant vingt-quatre heures , avec le quart de son poids de chaux , o u de carbonate de chaux o u d'argille, on l'obtient presque aussi blanche que de l'eau. La chaux ni le carbonate de chaux , et surtout la première , ne pourraient être employés avec avantage ; il y aurait trop de perte. L'argille donnerait probablement des résultats avantageux ; elle retient, à la vérité, une assez grande quantité d ' H u i l e , mais
on p o u r r a i t , par le
m o y e n d'une presse , l'en
extraire
presque
totalement. Ces observations du citoyen T h é n a r d , jointes
des Huiles
végétales.
71
aux travaux de M M . Collier et G o w e r , forment une réunion de faits les plus intéressants dans l ' A r t de Purifier l ' H u i l e , et prouvent les s e r vices importants q u e la chimie rend
chaque
jour aux Arts industriels. N o u s comptons p u blier incessamment une Notice sur la Méthode e m p l o y é e par le citoyen P u g h , et son application des Huiles épurées à la fabrication du Savon.
E
4
Peinture
72
Mémoire L e citoyen
sur
au
Lait.
la Peinture au Lait.
Cadet-de-Vaux, à qui l'Agri-
culture et les Arts doivent déjà une foule de M é m o i r e s intéressants , vient de faire une d é couverte très-importante sur la manière d ' e m ployer le Lait dans la Peinture. Il a p e i n t , sans détrempe et sans huile , une serre de son j a r d i n , et la première
couche était si solide
q u e le frottement d'une étoffe de laine p l u cheuse ne pouvait l'altérer ; on croyait frotter sur du vernis : mais avant d'examiner les a v a n tages de cette Peinture , nons allons faire c o n naître le procédé suivi par l ' A u t e u r : Prenez Lait é c r é m é , d e u x pintes de Paris. C h a u x récemment éteinte , six onces. Huile d'oeillette, o u de l i n , ou de noix, quatre onces. B l a n c d'Espagne , trois livres. On
met la chaux dans un vase de g r è s ;
o n verse dessus
une portion de Lait suffisante
p o u r en faire une bouillie claire ; on ajoute p e u - à - p e u l ' H u i l e , remuant avec une petite spatule de bois ; on verse le surplus d u Lait;
Peinture enfin
73
au Lait.
on délaie le blanc d'Espagne.
Le Lait
qu'on écréme en été se trouve souvent caillé, ce qui devient indifférent
p o u r notre objet :
son contact avec la chaux lui a promptement rendu sa fluidité. Toutefois il ne faudrait pas qu'il fût aigre , car alors il formerait avec la chaux une sorte d'acétite calcaire,
susceptible
d'attirer l'humidité. On
éteint la chaux en la plongeant dans
l ' e a u , l'en retirant et la laissant s'effleurir à l'air L e choix de l'une o u l'autre des trois huiles est indifférent ; c e p e n d a n t , pour
peindre en
b l a n c , on doit préférer l'huile d'œillette, c o m m e étant sans couleur. Il y a p l u s , on peut e m ployer les huiles les plus c o m m u n e s , les huiles à brûler , p o u r peindre avec des ocres. L'huile en tombant dans le mélange de lait et de chaux disparaît ; elle est totalement dissoute par la c h a u x , avec laquelle elle fait un savon calcaire. O n émie le blanc d'Espagne , on lé répand doucement à la surface du l i q u i d e , il s'imbibe peu à peu et finit par plonger ; alors o n le remue avec un bâton. O n colore cette p e i n ture c o m m e celle en d é t r e m p e , avec du bon b r o y é à l ' e a u , des ocres j a u n e s , e t c
char
Peinture
74
O n l'emploie
au
Lait
c o m m e la peinture
en d é -
trempe. Cette
quantité
suffit
pour
imprimer
six
toises en première couche. L e p r i x de cette m ê m e quantité revient à 9 sous , ce qui réduit le prix
de la toise à
sou 6 d e n i e r s , valeur intrinsèque. L a recette, voilà ce qui suffit à la plupart de ceux qui emploieront cette Peinture ; mais il faut la raisonner , et voici la théorie qui a guidé le C. C a d e t - d e - V a u x dans le choix et la réunion de ces ingrédients. Parlons d'abord de la Peinture en détrempe ; elle est f a i t e , c o m m e on le s a i t , avec de la colle , à la dissolution de laquelle o n ajoute d u b l a n c d'Espagne o u des ocres. Maintenant voyons quels sont ses i n c o n v é nients : ils sont n o m b r e u x . L e premier est de se détacher par le plus léger frottement ; aussi dans les escaliers, dans les c o r r i d o r s , faut-il éviter le contact des h a bits et des murailles. O n r e m é d i e , il est
vrai, à cet i n c o n v é n i e n t ,
en forçant de colle et en multipliant les c o u ches ; mais a l o r s , dans les temps et dans des endroits secs , la détrempe é c l a t e , s'écaille et se détache d'elle-même.
Peinture
au Lait.
75
D'ailleurs trois couches de détrempe
re-
viennent à 1 livre 1 0 sous. L'endroit peint o u la saison sont-ils h u m i des ? la c o l l e , qui fait la base de la d é t r e m p e , s'humecte
et fermente ; o r , toute substance
gélatineuse animale passe r a p i d e m e n t , par la fermentation, à l'acidité; alors elle cesse d'être gélatine , d'être colle ; elle devient e a u , d o u é e de fluidité et a c i d i t é , elle passe bientôt à la putridité. C'est sur-tout dans les temps de dégel q u e cet effet de l'humidité devient très - sensible ; on voit la détrempe couler par stries sur la muraille et la boiserie. L a terre o u l'ocre qui soutenait cette gélatine sont alors abandonnés à leur
état p u l v é r u l e n t , et
la
partie peinte reste à nu. Cette disposition de la colle à attirer l ' h u midité de l'air et à f e r m e n t e r , explique la raison p o u r laquelle la d é t r e m p e ,
pendant
quelque temps, a de l'odeur , à moins qu'elle ne soit v e r n i e , ce qui remédie à partie de ces inconvénients ; mais aussi le vernis en a u g mente-t-il le prix. Ajoutons que la préparation de la détrempe exige du f e u , occasionne
une grande perte
de temps qu'il faut p a y e r , les ouvriers
em-
ployant partie de la matinée à préparer leur
Peinture
76
au
Lait.
couleur. Enfin , la détrempe ne se conserve point ; souvent elle entre en fermentation dans les 24 heures , sur-tout en été et lorsque
le
temps est orageux. Opposons maintenant notre Peinture à la peinture en détrempe. L e Lait écrémé a'perdu sa partie butireuse; il conserve sa partie c a s e u s e , le f r o m a g e ; le Lait en contient plus o u m o i n s ; on peut en évaluer
la quantité au q u a r t , dans l'état de
gélatine forte , conséquemment à une livre par pinte o u quatre livres de L a i t , qui est notre proportion. N o u s disons dans l'état de g é l a tine , car la partie caseuse n'étant pas dissoluble dans l'eau , n'est pas gélatine , mais elle est colle. V o i c i , donc une livre de c o l l e , et qui m é rite le n o m de c o l l e - f o r t e , p a r préférence à la colle qui porte ce n o m , destinée à donner d u corps à la c o u l e u r ; mais quels avantages n'a pas cette colle du Lait sur la colle animale. L a partie caseuse retient une portion d ' h u midité principe
qui lui donne de l'élasticité.
Prenez p o u r exemple le fromage de Gruyères ; il a beau être d e s s é c h é , il est toujours élastique ; o n peut le r â p e r , mais non pulvériser.
pas
le
Peinture Cette portion
au Lait
77
d'humidité , que retient
la
partie raseuse , suflit à sa constitution ; aussi elle n'attire point l'humidité de l'atmosphère, en sorte que la Peinture dont elle fait la b a s e , ne se dessèche pas dans les lieux s e c s , élevés, a é r é s , et ne se délave pas dans les endroits bas et humides. U n e des propriétés de cette P e i n t u r e , d o n nons-lui trempe,
le n o m
de Peinture
au Lait
dé-,
une de ses propriétés est de se con-
server pendant des mois entiers et de n'exiger ni t e s on
, ni feu , ni m ê m e de manutention
peut préparer
en dix minutes de q u o i
peindre toute une maison. Peut-être aussi se f o r m e - t i l dans ce mélange u n e combinaison qui ajouterait, dans ce cas là , beaucoup à la solidité de la P e i n t u r e , c'est celle du
blanc
d'Espagne avec l'huile. L e mastic des vitriers, si solide qu'il devient presque impossible de le détacher , n'est autre chose que ce mélange ; il est aussi le lut des chimistes. Or,
on
con-
çoit combien ce mastic doit ajouter à la solidité d'une couleur dans laquelle il se t r o u verait en dissolution. Enfin cet avantage a bien son prix ; on peut coucher dans son appartement la nuit m ê m e du jour où il a été p e i n t , parce que la P e i n -
Peinture
78 ture
au Lait
détrempe
au
Lait.
sèche en une heure
et q u e l'huile qui entre dans sa composition perd son odeur et son caractère d'huile par sa combinaison avec la c h a u x , qui en fait un véritable savon : aussi l'odeur de cette couleur fraîche est-elle celle de lessive et de s a v o n ; c'est l'odeur d'une buanderie o ù l'on blanchit le linge. U n e seule c o u c h e suffit sur dès endroits qui ont déjà été peints : il ne devient nécessaire d'en mettre deux qu'autant que des taches repousseraient la première couche ; alors il faut les faire disparaître avec une forte eau de c h a u x , de l'eau de lessive, o u en grattant. Il faut d e u x couches sur des bois neufs. U n e couche suffit sur un m u r d'escalier, de corridor , sur un plafond. L a serre, peinte par le C. C a d e t - d e - V a u x , a sa porte intérieure ; l'embrasure est donc exposée à toutes les injures de l'air ; malgré cela et malgré le frottement c o n t i n u e l ,
les
sillons de la brosse existent e n c o r e , et cette peinture n'a pas éprouvé la plus légère altération. D e p u i s , il a donné à cette Peinture une bien plus grande solidité ; car sa prétention a été de la substituer non-seulement à la Peinture
Peinture
79
au Lait.
en détrempe , mais encore à la Peinture à l'huile. Pour peindre les dehors , il ajoute a u x p r o portions de la Peinture
au Lait
détrempe
C h a u x éteinte
2 onces.
Huile
2 onces.
:
P o i x blanche de B o u r g o g n e . 2 onces. O n fait fondre à une chaleur d o u c e la p o i x dans l'huile q u ' o n ajoute à la bouillie claire de lait et de chaux. Dans les temps froids , o n fera tiédir cette b o u i l l i e , p o u r ne pas o c c a sionner le brusque refroidissement de la poix , et p o u r en faciliter l'union dans
le lait d e
chaux. Cette Peinture a quelque analogie a v e c celle dont nous avons traité dans le premier, v o l u m e , sous le n o m d'Encaustique. L e C. C a d e t - d e - V a u x vient d'employer la Peinture
au Lait
résineuse
p o u r des volets
extérieurs, précédemment peints à l'huile. Cette Peinture à l'huile, réputée si solide , participé fort des inconvénients de la Peintureen d é t r e m p e ; c'est-à-dire qu'elle fait retraite, se fendille, s'écaille et se soulève , avec cette différence que ses écailles conservent quelques points d'adhérence; mais toujours est-il vrai
8o
Peinture
au
Lait.
que le bois reste à nu , et conséquemment exposé sans défense à l'action de l'air. O n d o i t , pour la p r o p r e t é , p o u r le c o u p d ' œ i l , unir une pareille surface avec le grès o u la pierre p o n c e , avant de donner celle première couche. L e temps, qui détruit tout, détruira
cette
Peinture ; mais o n ne voit pas , e n t h é o r i e , de motif p o u r que l'adhérence de la ture au
Lait
résineuse
Pein-
se r o m p e , se fen-
dille et s'écaille, ainsi que le fait la Peinture à l'huile, dont la base est la céruse , p r é p a r a tion de p l o m b qui rend l'huile s i c c a t i v e , et dispose ce genre de Peinture à s'écailler. Cette substance métallique a en outre l'inconvénient de se colorer à l'air par l'action du gaz h y d r o g è n e ; la Peinture en blanc devient j a u n e ; souvent m ê m e elle se c o u v r e de taches n o i r e s , par une nouvelle oxydation que prend l'oxyde de p l o m b . Les exhalaisons d'une latrine, d'un p u i s a r d , d'un trou à fumier , suffisent p o u r noircir
complètement
une partie
peinte
à
l'huile. Il n'entre point de p l o m b dans la au Lait
résineuse,
Peinture
et l'on n'a point cet i n -
convénient à craindre ; l'air ne peut point altérer la couleur de cette P e i n t u r e , c'est ce dont
Peinture
au Lait.
81
dont l'expérience de sa serre a convaincu l ' A u teur de ce p r o c é d é , et une serre est exposée aux exhalaisons des fumiers. O n ne parle pas de la mauvaise odeur de la Peinture à l ' h u i l e , de la continuité de cette o d e u r ; on la retrouve sur-tout dans les m a i sons de c a m p a g n e qu'on n'habite point l'hiver , pendant plusieurs années de suite. Quant aux dangers de la Peinture à l'huile, ils sont fréquents et connus. L a Peinture au Lait résineuse, malgré la poix de B o u r g o g n e position , n'exhale
qui entre dans sa c o m que
l'odeur de
térében-
thine ( i ) , o d e u r qui se. dissipe promptement ; un ou deux jours
suffisent : d'ailleurs
c'est
p o u r les dehors q u ' o n l'emploie. D e tout ce qui précède on doit conclure à combien plus forte raison l'on peut substituer au badigeon l'une o u l'autre de ces peintures. Le badigeon est de la chaux v i v e , de l'ocre jaune et de l'eau ; il se conserve assez bien dans
(i) On sait, que la poix de Bourgogne est le résidu de la distillation faite à l'eau , de la térébenthine , opération qui a pour but d'en séparer l'huile , que le commerce vend sous le nom d'essence de térébenthine.
E
82
'Peinture
au
Lait.
l'intérieur des édifices ; mais exposé à l'air il n'a q u ' u n m o m e n t de durée ; ce mélange est sans c o n s i s t a n c e ; son adhérence sur la pierre est si faible q u e la pluie l'entraîne , et que deux ou trois années suffisent p o u r en faire disparaître la trace. L e b a d i g e o n , de p l u s , coûte 10 sols la toise; o n se rappelle q u e la Peinture
au Lait
dé-
trempe ne revient qu'à 1 sou 6 deniers , valeur intrinsèque ; ajoutez-y
le prix de la
main-
d'œuvre , qui ne doit pas être t r è s - c o û t e u x , car on badigeonne bien des toises en un jour. L ' A u t e u r préférerait p o u r badigeon la ture au Lait
résineuse,
Pein-
en employant la chaux,
et l'ocre jaune , avec o u sans addition de Blanc d' Espagne. Ce badigeon durerait vingt o u trente ans , sans nulle altération ; il n ' y a que la n i trification des m u r s qui puisse la détériorer ; mais la nitriflcation est une opération lente. O n fera sans doute une objection, savoir : la difficulté de se procurer le Lait nécessaire. Ce n'est point le Lait qui m a n q u e a u x a c h e teurs , mais bien les acheteurs au Lait. V o i c i la saison des fruits , les laitières n'en trouvent plus le débit; elles en font de médiocre beurre et de médiocre f r o m a g e , parce que peu savent faire bons l'un et l'autre. La vente de ces deux
Peinture
au
83
Lait.
denrées est bien moins lucrative que. celle du L a i t , et les laitières préféreraient le vendre en nature ! L'été est aussi la saison o ù l'on peint L a consommation d u L a i t , p o u r p e i n d r e , r e m placera celle du Lait c o m m e aliment; d'ailleurs se consommât-il à Paris le quadruple de L a i t , les campagnes le lui fourniront. Est-on f o r c é d e tirer son Lait d'un endroit éloigné ? o n fera dans cet endroit m ê m e le mélange d'une partie d e la chaux , de moitié ; le Lait voyagera sans s'aigrir, sans se cailler, et arrivera en b o n état p o u r l'emploi auquel nous le destinons. D a n s les c a m p a g n e s , dans les p r o v i n c e s , on n'élèvera pas d'objection sur la rareté d u Lait. M a i s les peintres en bâtiments ! vous les r é duisez à la mendicité ! objection bannale ; il est p r o u v é q u e plus une c h o s e , que plus une m a nutention sont à b o n
m a r c h é , plus la c o n -
sommation en est considérable ; on allume sa chandelle avec un m o r c e a u
de p a p i e r , et il
n'y a pas de m é n a g e , si p a u v r e
qu'il s o i t ,
qui n'achète des allumettes à raison de leur vil prix. Sur cent personnes qui feraient p e i n d r e , si cela ne coûtait que 25 f r a n c s , cinq s e u lement font
peindre , parce q u e cela
coûte
cinquante écus.Un locataire ne fera pas peindre parce que cela ajouterait une trop forte s o m m e , F2
Peinture
84
au
Lait.
cent écus par e x e m p l e , au prix de son loyer; mais si cela vient à ne valoir que 5 o f r a n c s , il ne se refusera pas , sur un bail de trois a n s , u n e jouissance qui ne renchérira son loyer que de 17 francs par a n ; et le bail fini , son s u c cesseur , q u o i q u e l'appartement
soit
encore
f r a i s , fera r e p e i n d r e , parce que la couleur était g r i s e , et qu'il aime le vert o u le j a u n e ; en sorte q u ' a u lieu de d e u x cents Peintres q u e l'on suppose à Paris , il peut y en avoir quatre cents d'occupés. Il en résultera m ê m e p o u r eux cet a v a n tage , c'est que leurs ouvriers ne leur feront plus la l o i , ce dont les maîtres se plaignent, sur-tout dans cette profession ; car enfin il n'y a pas de servante qui ne puisse préparer nos d e u x Peintures, et q u a n d il ne faudra ni
filets,
ni r é c h a m p i , qui ne sont plus guères de m o d e , u n e servante p o u r r a manier la b r o s s e , et se bien tirer d'affaire ; il y a b e a u c o u p
d'opé-
rations de m é n a g e qui exigent plus d'adresse. Ces procédés sont susceptibles de perfection o n peut
substituer des graisses, du s u i f , à
l'huile ; de la cire à la p o i x de Bourgogne. Les Chimistes qui se livrent aux Arts, sont invités à tâter de ce genre de Peinture , à en fixer les proportions ; à s'assurer si la chaux
Peinture
85
au Lait.
agit sur les ocres o u les oxydes colorants ; enfin à le rendre , en le perfectionnant, aussi usuel qu'il est à désirer qu'il le devienne ; e t , de c e concours , il résultera las i m p l i f i c a t i o nde cette branche si usuelle des Arts , une grande é c o nomie p o u r les particuliers , plus de propreté dans l'intérieur et à l'extérieur de nos h a b i tations , sur-tout plus de salubrité, rien n'altérant la pureté de l'air c o m m e la Peinture à l'huile.
F
3
86
Fabrication
Sur la Fabrication constitutifs
et les principes
de la Poudre-à-Canon.
Il y a peu d'objets d'un intérêt plus essentiel p o u r le G o u v e r n e m e n t , que la connaissance des Arts qui sont lies à la défense de
l'Etat;
les procédés p o u r la fabrication de la P o u d r e ont été généralement décrits très à la h â t e ; les circonstances et plusieurs autres causes se sont opposées à la publication de ces détails. Nous
avons
sous les y e u x
un M é m o i r e de
M . C o l e m a n , sur la manière dont les Anglais fabriquent la P o u d r e - à - C a n o n . L a place qu'il o c c u p e dans le M o u l i n royal de W a l t h a m A b b e y , l'ont mis à m ê m e de décrire cet A r t avec tout le soin qu'exigeait u n objet de cette i m portance ; nous
commencerons
par
donner
quelques notices sur l'invention de la Poudre
à-canon
M. R. Coleman a lu à la Société Askésieunne, vers la fin dn mois de mai Ï8O1 , un Mémoire où il a décrit les procédés anglais pour la fabrication de la Poudre.
87
de la Poudre-à-Canon.
Quoique l'on dispute b e a u c o u p sur son o r i g i n e , il est incontestable qu'elle était connue dans l'Orient, et s u r t o u t en Chine , bien des siècles avant q u ' o n ait songé en E u r o p e , à l'employer dans l'art de la guerre. Les Chinois constatent l'ancienneté de son emploi chez eux, par des pièces
authentiques, et le font
re-
monter a u x premières années de l'ère c h r é tienne. L'introduction de la P o u d r e en E u r o p e a été attribuée à Bacon q u i , vers la fin du treizième s i è c l e , a publié quelques idées au sujet de son emploi à la guerre. S c h w a r t z , le m o i n e , découvrit en A l l e m a g n e , en 132o, la P o u d r e - à - c a n o n , en pilant dans u n mortier les matières dont on la c o m p o s e ; une étincelle qui tomba par hasard , produisit une explosion dont le génie inventif de S c h w a r t z sut tirer le plus grand parti. L e citoyen L a n g l è s , dans u n M é m o i r e l u à l'Institut, affirme que la connaissance de la Poudre est due aux A r a b e s q u i , vers la
fin
d u septième s i è c l e , s'en servirent au siège d e la M e c q u e ; il présume que ce sont les Croisés qui l'ont introduite en E u r o p e : mais les A r a b e s n'en sont pas les i n v e n t e u r s ; ils la
tenaient
des Indiens , dont les livres sacrés en F
4
pro-
88
Fabrication.
hibaient l'usage à la guerre, preuve q u e ce
grand moyen de destruction ne leur était pas inconnu : en effet, on conçoit aisément que dans u n pays o ù le salpêtre est. par-tout en
efflorescence , o n a d û en étudier les p r o priétés. L'Historien
de
l'ambassade
anglaise en
Chine (1) observe que « la connaissance de la
P o u d r e - à - c a n o n en Chine et aux Indes , parait
remonter à la date des faits historiques les plus reculés » , mais l'état de tranquillité dans lequel la Chine a vécu si long-temps , n'a permis de l'employer qu'à des objets d'utilité ou d'agrément , tels que l'art d'exploiter les mines o u les carrières , et la pyrotechnie. C'est p e u t -
être à cette longue tranquillité qu'on doit a t tribuer le peu de progrès qu'a faits en Chine l'artillerie; les Européens plus belliqueux ont appliqué presque immédiatement la Poudre
à chasser des globes meurtriers dans des tubes métalliques. M . Napier, qui dirige l'artillerie en A n g l e terre , a fait quelques essais sur de la poudre
(1) Sir Georges Staunton.
de la
Poudre-à-Canon
89
c h i n o i s e , et a t r o u v é , par l'analyse, qu'elle contenait ( terme m o y e n ) sur 960 grains : 720 grains de salpêtre , 141 de c h a r b o n , 89 de
soufre,
1O de perte.
—
960.
A i n s i , en supposant que les proportions de la perte portent également sur les trois c o m p o s a i s , cent parties de
cette P o u d r e
con-
tiendront : Salpêtre,
7 7·
Charbon,
14 4
Soufre,
5
9
9.
—
.100.
O n voit, d'après cette analyse, que la Poudre d ' E u r o p e , et sur-tout celle des A n g l a i s , diffère très-peu de celle de la Chine. A p r è s avoir parlé de l'invention de la P o u d r e , nous allons passer à la description des procédés suivis dans sa fabrication chez les A n g l a i s ( 1 ) ,
( ) Nous invitons ceux de nos lecteurs qui voudraient connaître les procédés très-ingénieux employés pour la fabrication de la Poudre, pendant les crises de la révolution , à consulter la troisième édition des Eléments de Chimie , par Chaptal ; ce savant y a décrit avec sa clarté et sa précision ordinaires, les
90
Fabrication
et de quelques expériences sur lesquelles on peut établir la vraie théorie de la Poudre. Elle est f o r m é e de trois ingrédients , le salpêtre (nitrate de potasse) , le charbon et le soufre. O n les c o m b i n e dans les proportions suivantes : 75 parties de salpêtre, 15 de charbon et 10 de soufre. L'objet le plus essentiel est d'obtenir les matières premières extrêmement p u r e s ; le défaut de pureté dans ces substances e m p ê chera la P o u d r e d'être b o n n e , quelque
soin
q u ' o n y mette d'ailleurs. Les Anglais i m p o r tent leur salpêtre des Indes ; on le raffine par des dissolutions , des filtrations , des é v a p o r a tions et des cristallisations ; ensuite o n le fait f o n d r e , en évitant, par une trop grande chaleur, de décomposer le nitre : cette fusion a l'avantage non-seulement de le purifier , mais encore de le débarrasser de l'eau de cristallisation ; o n sent c o m b i e n ce p r o c é d é exige de délicatesse. L e s premières opérations ont
déjà été
diverses méthodes usitées alors pour cette fabrication. En publiant les procédés anglais , nous n'avons en vue que d'offrir des moyens de comparaison, dont les résultats seront intéressants pour l'Etat, puisqu'il en jaillira quelques lumières sur cet important objet.
de la Poudre-à-Canon.
91
si parfaitement décrites chez n o u s , qu'il serait inutile de répéter q u e ce raffinage ne tend qu'à débarrasser le salpêtre des matières h é térogènes et des substances salines qui se trouvent mêlées dans le nitre de c o m m e r c e . L e soufre q u ' o n emploie est importé de la S i c i l e ; o n le purifié en le fesant fondre et en l ' é c u m a n t , et quelquefois , q u a n d il est trèsi m p u r , en le fesant sublimer.
L e charbon
provient e n général du bois blanc. Autrefois o n carbonisait le bois dans des fosses par des moyens connus ; mais depuis long-temps on a abandonné cette méthode défectueuse , qui d i minuait la force expansive de la P o u d r e . L a méthode actuelle des A n g l a i s consiste à d i s tiller p o u r ainsi dire le bois dans des cylindres de fonte o u des fourneaux construits en plaques de m é t a l , au m o y e n desquels on le débarrasse de l'acide pyro-ligneux. L e charbon p u r est le résidu de la distillation. L e bois q u ' o n veut c a r boniser doit être c o u p é en bouts d'environ 9 p o u c e s ; si l'on emploie des cylindres de f o n t e , on y
empile les m o r c e a u x en les entassant,
horizontalement : l'ouverture sur le devant d u cylindre est fermée h e r m é t i q u e m e n t ; l'autre., extrémité se termine dans un tuyau qui munique
avec
com-
des t o n n e a u x , où l'on reçoit
Fabrication
92
l'acide généré. Dès qu'on c o m m e n c e à r o u g i r le c y l i n d r e , l'acide pyro-ligneux passe dans la c u v e o u r é s e r v o i r , a c c o m p a g n é d'un peu de gaz h y d r o g è n e c a r b o n é , qui s'échappe u n second t o n n e a u , au m o y e n d'un
dans
appareil
h y d r o - p n e u m a t i q u e , semblable en tout à l ' a p pareil de W o u l f . O n entretient le feu sous les c y l i n d r e s , jusqu'à ce qu'il ne passe plus d'acide ni de gaz. Un de ces appareils a été dernièrement e m p l o y é p o u r carboniser le coaks dans les c é l è bres forges de C l e y d e , et nous venons d'en donner les détails et les dessins au p r o p r i é taire des forges du C r e u s o t , département de S a ô n e - e t - L o i r e , qui s'occupe actuellement d'en faire construire u n ; nous avons m ê m e , dans le dernier n u m é r o , parlé de la manière encore grossière qu'emploie le C. B r u n e p o u r la p r é paration du charbon p o u r les hauts f o u r n e a u x , mais q u i a cependant de très-grands a v a n t a ges sur l'ancienne méthode heureusement p o u r
nos
des fosses
forêts,
qui,
n'existeront
bientôt plus. Il est d o n c évident que la perfection de l'Art de carboniser le b o i s , se trouve dans l'emploi de l'appareil que nous venons de d é c r i r e , et que le gouvernement ne peut trop se hâter de
de la Poudre-à-Canon.
93
faire adopter ce p r o c é d é dans la fabrication des Poudres nationales. L a différence entre la la force de la Poudre faite avec des charbons carbonisés dans ces f o u r s , o u à l'air, est trèssensible , et nous en parlerons plus loin avec quelque détail. Nous observerons que ces a v a n tages sont si décidés que la proportion de P o u d r e employée dans les pièces de la marine
an-
glaise a été réduite d'UN TIERS , à cause d u grand accroissement de force qu'acquiert la Poudre fabriquée avec du charbon
carbonisé
dans des fours à plaque de métal. L e b o i s , avant d'être c a r b o n i s é , doit être dépouillé de son écorce ; à cet effet, il faut l'abattre pendant l ' é t é , et tandis que la sève est en m o u v e m e n t , ce qui facilite le dépouillement de l ' é c o r c e , un grand avantage q u i résulte de l ' é c o r ç a g e , est d'empêcher la P o u d r e de donner des étincelles dangereuses dans son e m p l o i , et préjudiciables à sa f o r c e ; on p e u t voir la différence qu'il y a entre des bois c a r bonisés avec o u sans é c o r c e , en les brûlant dans du gaz oxygène. L e bois q u ' o n emploie est ordinairement de l ' a u n e , du saule, o u du cornouiller ; mais la d i s tillation dans les cylindres o u les fours de métal
94
Fabrication
rendant presque toutes les espèces de bois blanc à-peu-près égales , peu importe le choix. Quand on a ainsi préparé les divers matériaux , on commence par les réduire à une poudre impalpable ; on les mêle ensuite dans les proportions réglées, et on les envoie aux moulins à Poudre ; où on les fait passer entre deux meules placées verticalement, et tournant sur une autre placée au-dessus. Sur cette meule inférieure on étend la composition un peu mouillée , non pas avec de l'ammoniac, comme certains auteurs le voulaient, mais avec de l'eau pure, et seulement autant qu'il le faut pour donner du corps au mélange, saris cependant le mettre à l'état de pate. Après qu'on a jugé que les rouleaux de cette espèce de moulin à meule ont fait le nombre de révolutions nécessaire pour donner de la consistance au mélange, on l'enlève. Un moulin à poudre ne doit être qu'un bâtiment très-léger en charpente , et couvert pour être à l'abri des intempéries des saisons. On ne travaille à-la-fois que sur 40 à 5o livres de la composition, de peur d'accident. Ces moulins sont mus ordinairement par des chevaux , mais l'eau est préférable. Au sortir des moulins , la composition est
de la Poudre-à-canon.
95
portée à l'atelier o ù elle doit être granulée. L à on la forme en masse dure et c o m p a c t e , q u ' o n casse ensuite en petits m o r c e a u x . O n place ces m o r c e a u x dans des cribles où l'on a mis p l u sieurs pièces de bois d u r plattes
et circulaires.
Les cribles sont faits de parchemin et percés de trous r o n d s ; ils sont attachés à un cadre dont le mécanisme est destiné à donner un. m o u v e m e n t continu qui force ces pièces plattes de bois d u r , que les Anglais appellent des coureurs,
à circuler autour de chaque crible
avec b e a u c o u p de v é l o c i t é , brisant les m o r ceaux de la composition, et leur fesant ainsi traverser le crible en grains de diverses grosseurs. D'autres cribles servent ensuite à séparer ces grains de la poussière. L'opération suivante consiste à durcir les grains et à enlever les aspérités , en les fesant circuler long-temps dans un baril o u dans u n instrument où on leur donne un m o u v e m e n t très-accéléré. L a Poudre e m p l o y é e p o u r les c a n o n s , les mortiers et les fusils de munition , est toujours faite de la m ê m e composition : la seule différence consiste dans la grosseur des g r a i n s , déterminée par la grandeur des trous des dif— férents cribles. L a Poudre ainsi granulée, d é barrassée de la poussière et lustrte par le p r o -
96
Fabrication
cédé que nous venons de décrire ( c a r ce mouvement accéléré et le frottement des grains donnent à là Poudre un-certain lustre) est envoyée à l'étuve, pour y être séchée. Il faut avoir soin que la chaleur ne soit jamais assez forte pour décomposer le soufre : ainsi on doit la régler au moyen d'un thermomètre placé dans l'étuve. Les Anglais chauffent les étuves par la chaleur de la vapeur de l'eau bouillante, ou par la chaleur d'un poêle de fonte, la poudre étant disposée sur des rayons à l'entour de la chambre. Leurs poëlés de fonte qui projettent dans l'intérieur de la chambre, sont chauffés de dehors, et leur construction est tellement soignée, qu'il est presque impossible que le feu puisse traverser : mais la chaleur extraordinaire de la fonte ne peut manquer d'occasionner des a c cidents ; et en effet on ne peut pas voir sans effroi la présence d'un ennemi si dangereux. L a meilleure et la plus sure de toutes les méthodes , est sans contredit de faire traverser des tuyaux de fonte parfaitement ajustés. par la, vapeur de l'eau bouillante. On, évite ainsi tous les accidents ; car quelque précaution que l'on prenne, on est toujours victime des poëles de fonte Si
de la Poudre-à-Canon.
97
Si la Poudre est e n d o m m a g é e par l'humidité, ou peut la restaurer ; mais si les ingrédients sont d é c o m p o s é s , il faut en extraire le nitre par le lessivage, et la refabriquer de nouveau. Il y a plusieurs moyens d'essayer la force et la bonté de la p o u d r e , tels que l'éprouvette de R é g n i e r , le mortier et le globe de cuivre de nos arsen a u x , etc. : mais ces objets n'ont aucun rapport avec le sujet de ce M é m o i r e . N o u s parlerons cependant d'une méthode qui donnera une idée assez exacte de la pureté de la P o u d r e , et m ê m e de sa force. Mettez deux o u trois petits tas de p o u d r e de 5 o grains environ sur différentes
feuilles
de papier à lettre très-blanc ; mettez-y le feu avec un m o r c e a u de fil d'archal rougi ; si la flamme s'élève promptement
et avec explosion,
laissant le papier sans tache blanche et sans l'av o i r brûlé en petits trous ; si les étincelles q u i jaillissent mettent le feu au tas v o i s i n , la q u a lité des ingrédients et la bonté de la fabrication peuvent être facilement reconnues. Si au c o n traire ces phénomènes ne se présentent p a s , la Poudre est mal f a i t e , o u les ingrédients sont impurs. D e longues e x p é r i e n c e s , faites à plusieurs reprises , et sur
de grandes quantités, G
ont
Fabrication
98
p r o u v é à M . Coleman : 1°. Q u e cent parties de la composition gagnent 3 , 4 , o u m ê m e 5 parties en p o i d s , par l'eau e m p l o y é e dans les moulins ; 2 ° . Q u e cette eau paraît se dissiper entièrement par le p r o c é d é subséquent de la f a brication et du séchage dans l'étuve , et p a r conséquent qu'il ne doit rester dans la P o u d r e d'autre matière aqueuse , q u e celle qui existait dans les ingrédients employés ; 3 ° . Q u e les ingrédients, q u a n d ils ne sont q u e pulvérisés et simplement mélangés , n'ont que très-peu de force explosive ; 4 . 0
Q u e la P o u d r e granulée , après avoir
été promptement retirée du m o u l i n , n'a acquis de sa f o r c e , qu'en raison d u b r o y a g e qu'elle a subi; 5 ° . Q u e ce n'est qu'après que la Poudre a passé le temps requis
sous le m o u l i n ,
bien
mêlée et bien b r o y é e , qu'elle a atteint sa plus g r a n d e force ; 6 . Q u e la force de la P o u d r e ne dépend Q
pas entièrement de la g r a n u l a t i o n , la poussière ayant , après la fabrication ,
presque
autant de force q u e la P o u d r e granulée ; 7 . Q u e deux Poudres faites absolument de 0
m ê m e , avec cette différence que le charbon
de la
Poudre-à-Canon
99
d e 1 une a ete carbonisé dans des tours de m é t a l , tandis que celui de l'autre l'a été dans des fosses, différent totalement quant à la f o r c e , la
première
P o u d r e ayant
une
supériorité
évidente. 8°.
Q u e la P o u d r e non séchée à l'étuve ,
quoique paraissant s è c h e , est infiniment plus faible q u e celle qui y a été séchée.
(La fin au numéro
prochain.)
G 2
100
Presses
hydrauliques.
HYDRAULIQUE. Sur les nouvelles Presses h y d r a u l i q u e s . M. Bramah ( i ) fit à Londres , il y a quelques années, une application fort ingénieuse de l'action de l'eau, fondée sur le principe du paradoxe hydrostatique , pour obtenir une pression très-forte, et supérieure à celle que produisent les moyens mécaniques. Avant d'entrer dans des raisonnements, nous donnerons la description des figures. Explication des Planches 3 et 4. Fig. 1. Coupe, sur la longueur, d'une Presse hydraulique , destinée à presser des livres , du papier ou tout autre objet. La fig. 2 présente l'élévation sur la largeur ; on y voit un des côtés de la Presse où se trouve la pompe. Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans ces deux figures seulement. A B C D , cadre de la Presse ; I , cylindre de métal très-fort, dans lequel se meut le piston E F ; sur la partie supérieure de ce piston est ajustée une plaque de fonte, par l'élévation (1) Son brevet d'invention est du 31 Mars 1796.
Presses
hydrauliques.
101
de laquelle la pression est c o m m u n i q u é e a u x objets désignés par la lettre H . Q R , réservoir plein d'eau , dans l'intérieur duquel est ajustée une petite p o m p e foulante , dont le corps de p o m p e est indiqué par K , le piston par L , une soupape latérale de métal par M : cette soupape s'ouvre en dedans et au-dessous d u piston; l'usage de cette soupape se conçoit a i sément : elle consiste en une tige métallique, m u n i e , à une de ses extrémités, d'un bourrelet tourné en cône , de manière à s'ajuster parfaitement dans un trou conique destiné à le recevoir. L a
queue est limée d'un
côté ,
de
manière à ne pas remplir totalement le trou cylindrique placé au fond du c ô n e , et
afin
que l'eau puisse trouver un passage dès que la soupape est soulevée. Dans l'état de r e p o s , la soupape est tenue fermée par l'action d'un petit ressort spiral sur l'autre extrémité de la tige. H , autre soupape de m ê m e nature , s'ouvrant en bas c o m m e l'autre s'ouvre en haut. O , tige du piston , avec une disposition trèsingénieuse p o u r la tenir , pendant le t r a v a i l , dans une position verticale. S , levier servant à m o u v o i r la Machine. L'action de cette Presse est aisée à entendre : quand on élève le levier S , on soulève; le piston L , qui laisserait un G
3
Presses
102
hydrauliques.
vide au-dessous, si la pression atmosphériquene fesait entrer de l'eau par la soupape latérale M ; on abaisse le levier S ; alors ferme
ainsi la soupape
M , ce qui
l'on force
nécessairement l'eau de passer par la soupape inférieure N , laquelle , en traversant le tuyau P et en remplissant la cavité F du grand
cylindre I , fait elever la plaque de
fonte et opère la
pression. E n répétant
la
manœuvre , o n fait entrer une nouvelle quantité d'eau, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on ait obtenu la pression qu'on désire. Quand o n veut diminuer la pression , on abaisse le levier S , et le contact de l'extrémité inférieure du piston L contre la queue de la soupape inférieure N , sert à tenir cette soupape ouverte : dans cette position on presse le levier T U vers R, afin d'ouvrir la soupape M ; par c e moyen , les deux soupapes étant ouvertes à-la-fois , la communication entre la partie intérieure du grand cylindre et d u réservoir Q R se rétablit, et conséquemment la plaque et le piston E F , descendent par leur propre pesanteur pour rendre la Presse à sa position primitive. Il est aisé de calculer la force de cet instrument : si le diamètre intérieur d u corps de
Presses
hydrauliques.
103
p o m p e K est d'un quart de p o u c e et celui de I d'un p o u c e , le poids d'une livre sur la tige du piston W
sera en équilibre avec 16 livres
placées sur la plaque de fonte E ; les poids des différentes parties de la M a c h i n e , attachés et agissant avec chaque p i s t o n , y sont c o m pris. Si la longueur du levier S Y est de
15
p o u c e s , et la distance X Y entre les centres de m o u v e m e n t et de l'action, est de 2 p o u c e s , l'effort d'une livre à l'extrémité de S sera sept fois et demie plus puissant q u e celui qui p è sera sur W :
a i n s i , au lieu de 16 livres sur
la plaque E , il faudrait, dans cette h y p o t h è s e , un poids de 120 livres ; mais un h o m m e , e n agissant à l'extrémité
du levier avec toutes
ses forces , peut y combiner son poids , o u au moins le tiers de son poids , supposé de 5o liv. dans ce cas, la pression équivaudra à 5o fois 120 livres o u à 6 milliers. A v a n t d'entamer les raisonnements q u e n é cessite cette intéressante M a c h i n e , nous allons décrire une seconde Presse et quelques autres applications du principe faites par M . B r a m a h , p o u r c o m m u n i q u e r un accroissement de
force
à plusieurs parties d'un mécanisme quelconque. Fig: 3. C o u p e d'une autre espèce de presse, où l'on v o i t , c o m m e dans la machine p r é c é -
G 4
104
Presses
hydrauliques.
dente, l'action de la colonne d'eau employée différemment. A , cylindre de fonte portant le plateau ou mouton de pression. B , piston agissant dans l'intérieur du cylindre; on a soin que ce piston le remplisse exactement, en serrant différentes couches de cuir entre deux plateaux de fonte, comme dans les pompes à feu. L e fond du cylindre est d'une force suffisante pour résister à l'effort considérable de la pression. Ce fond est perforé pour recevoir le tube G lequel, dans la presse que nous avons déjà décrite, entre latéralement; la soupape D sert à ouvrir et à fermer la communication entre le corps de pompe A et le tube C. L'autre extrémité de ce tube communique avec un corps de pompe foulante et aspirante E , a u quel on donne le nom d'injecteur. O n voit q u e cette pompe aspire de l'eau d'un réservoir placé au-dessous de la P r e s s e , et la refouledans le tuyau de fonte A pour opérer la pression ; il y a aussi une seconde soupape dans ce corps de pompe, qui s'ouvre pendant l'aspiration, et qui se ferme en refoulant. O r , supposons, par analogie de raisonnement, que le cylindre A soit de douze pouces de diamètre, et celui de l'injecteur d'un quart de pouce seulement, la proportion entre les deux sur-
Presses
hydrauliques.
105
faces ou extrémités des deux pistons sera c o m m e 1 est à 2304 : ainsi l'intervalle étant rempli d'un fluide
t r è s - d e n s e et incompressible
comme
l'eau, l'action d'un piston sur l'autre sera dans la proportion q u e nous venons de citer. S u p posons donc q u e , tant par l'effort d'un h o m m e que par la longueur d u levier H , on injecte l'eau dans le cylindre A par u n effort égal à 2 milliers, le piston sera soulevé p a r une force égale à 2 milliers multipliés par 23o4 o u 4608 milliers , o u 4 millions 608 mille livres , force inconcevable à laquelle aucune autre Presse ne pourrait parvenir : ainsi cet énorme poids peut être soulevé dans u n e machine h y d r o - m é canique p a r l'action d'un simple l e v i e r , dans un espace égal et avec b e a u c o u p moins d e temps que de toute autre m a n i è r e , parce qu'en accumulant les combinaisons mécaniques, n o n seulement o n perd un temps p r o d i g i e u x , mais qu'aussi leur
usage est limité à un certain
p o i n t , au-delà duquel il est impossible d'agir ; et p o u r preuve hydraulique sur
de l'avantage de la Presse d'autres
qu'à réfléchir qu'en
machines , o n n'a
augmentant les d i m e n -
sions d u cylindre A et l'effort appliqué sur le levier H , on peut étendre sa puissance à l'infini.
Presses
106
hydrauliques.
Fig. 4. C o u p e d'une machine a u m o y e n d e laquelle o n peut p r o d u i r e des effets t r è s - c o n sidérables par l'effet de l'air c o m p r i m é . A , cylindre avec u n piston B qui le remplit e x a c t e ment. C , globe de cuivre assez fort p o u r résister à la pression. D , tube très-fort, d'un trèspetit c a l i b r e , m u n i d'un robinet de sûreté E ; u n e des extrémités de ce tube c o m m u n i q u e a v e c le cylindre au-dessous d u piston, et l'autre avec le globe C. Supposons d o n c que le c y l i n dre A soit d u m ê m e diamètre que celui de la fig. 3 ,
et q u e le tube D soit égal à l'injecteur
de la m ê m e
figure;
supposons ensuite q u ' o n
ait c o m p r i m é l'air dans le globe par les m o y e n s c o n n u s , jusqu'à ce qu'il presse contre le robinet avec une force égale à 2 milliers : a l o r s , en o u vrant le r o b i n e t , le piston B sera soulevé avec une force pareille à celle de la machine p r é c é dente. Fig.
5.
Coupe
d'une
disposition
qui
prouve
la possibilité de c o m m u n i q u e r d u m o u v e m e n t et de la force d'une machine à une a u t r e , n'importe l e u r éloignement. A B , deux
cy-
lindres éloignés, munis chacun d'un piston, et c o m m u n i q u a n t ensemble par le tuyau C C placé sous t e r r e , parfaitement de niveau et rempli d'eau jusqu'au m o m e n t où il vient en
Presses
hydrauliques.
107
contact avec le dessous de chaque piston. E n abaissant le p i s t o n , o n élève B ,
et ainsi de
suite. Par ce m o y e n , on pourrait c o m m u n i quer une force suffisante
p o u r tourner u n e
roue à une distance très-considérable. On p o u r rait ainsi faire sonner u n e cloche p o u r donner un s i g n a l , soit dans une place forte en cas de s u r p r i s e , soit dans une. ville en cas d'incendie , etc. Fi g. 6. Coupe d'une disposition de la m a chine h y d r o - m é c a n i q u e p o u r é l e v e r , d'après le m ê m e p r i n c i p e , l'eau des puits très-profonds à une distance considérable de l'endroit où l ' o n applique la première force motrice. A ,
cy-
lindre ; B , piston ; C , tube inséré dans le f o n d , et d'un diamètre b e a u c o u p m o i n d r e q u e le cylindre A . Ce tube est conduit dans telle direction qu'on désire au fond d u puits, et jusqu'à c e qu'il c o m m u n i q u e avec le cylindre de la p o m p e D , fixé près du fond du puits E E : c e tube c o m m u n i q u e ici au-dessus du piston F ; c e piston est m u n i d'une tige G
traversant
une boîte à cuir qui recouvre le cylindre D . A l'extrémité de la tige G est une chaîne qui passe sur une p o u l i e , et au bout de laquelle est suspendu
un poids H
servant à contre-
balancer le poids de l'eau dans le tube C
et
108
hydrauliques.
Presses
à soulever le piston F dès que le piston B est levé. Supposons d o n c le tout rempli d'eau par le tuyau d'aspiration q u ' o n voit plonger dans l'eau au point E ; en levant le piston B , il se formera
u n vide dans le cylindre o u
p o m p e D au-dessous du piston F ; ce vide se remplira d'eau par l'effet
de la pression at-
mosphérique : le retour d u piston B , en descendant
dans
le
cylindre A ,
donnera
le
c o u p dans le cylindre o u p o m p e D , et ainsi de suite.
La
tige G et le contre - poids
H
sont inutiles dans des puits d'une profondeur telle que la
colonne atmosphérique
contre
balance l'eau dans le cylindre o u p o m p e
D
et dans
ce
tube o u tuyau
le tube C ; le réservoir I , a v e c robinet,
est destiné à remplir
le
C
R e v e n o n s actuellement à nos raisonnements sur les Presses hydrauliques : si nous les c o m parons théoriquement avec une v i s , nous d e manderons quelle finesse de pas et quelle l o n gueur de levier obtiendra une puissance
de
120 à 1 ? Supposons le diamètre du pas de la vis substitué au cylindre I , fig. 1, égal à un dixième de p o u c e ; alors la distance d'un pas à l'autre sera d'un cinquième de p o u c e ; c'est dans cet espace qu'il faut que le poids se lève
Presses
hydrauliques.
109
dans une seule révolution : ce poids doit s'acheminer à travers cent vingt fois cet e s p a c e , o u 24 pouces ; mais un levier de 4 pouces de long décrira un cercle d'une plus grande étend u e : d o n c une pareille machine sera théoriquement égale en puissance à notre Presse h y draulique. M a i s q u a n d o n en vient à la p r a t i q u e , la différence entre les deux machines est évidente; o n sait quelle é n o r m e portion de la force a g i s sante est perdue p o u r vaincre les frottements ; on n'ignore pas c o m b i e n le frottement est peu de chose entre les fluides. L a v i s , s u r - t o u t , est susceptible de frottement, et ce frottement est toujours plus grand que la totalité de la force réagissante; car si une vis retournait par l'effort de l'objet pressé, la machine deviendrait inutile. Il faut aussi songer que tout l'effort de l'objet c o m p r i m é agit directement sur la face de la vis o ù il faut faire faire le m o u v e m e n t . On n'a pas encore apprécié jusqu'à quel point ce frottement augmente avec le poids. Dans le tome I I I , page 317 de nos
Annales,
nous avons parlé dela force et de l'usage de la vis ; le meilleur et le seul m o y e n d'estimer les avantages réciproques des deux m a c h i n e s , est l'expérience comparative de leurs effets.
110
Presses
hydrauliques.
O n a pressé des papiers avec une machine construite sur le principe que nous venons de décrire. L a force appliquée au levier était si l é g è r e , q u ' o n n'eut pas besoin d'attacher l'instrument à la table sur laquelle il était p l a c é ; cependant son effet sur la barre supérieure A B , (fig. 1 et 2 ) , qui avait trois pouces et demi d'épaisseur, était assez puissant pour la ployer d e plus d'un quart de p o u c e , et on l'aurait infailliblement r o m p u e en pressant davantage. A v e c une Presse à v i s , dont la vis était de f e r , et à-peu-près des dimensions précitées ( e x c e p t é q u e le levier avait douze pouces de long au lieu de q u a t r e , et que la force qui pesait sur lui excédait deux cents l i v r e s , et agissait par secousses ) , le résultat fut presque le m ê m e . L'avantage est ici tout entier en faveur de la Presse hydraulique. D a n s une autre machine d u m ê m e g e n r e , le diamètre du grand piston était de quatre p o u c e s , et celui d u plus petit, de trois huitièmes de p o u c e , et la force du levier était de douze pour un. A u - d e s s u s d u piston d u grand cylindre o n appliqua un long levier , à u n e extrémité duquel était un axe de m o u v e m e n t ; à l'autre e x t r é m i t é , était u n g r a n d plateau de balance p o u r mettre des poids : il y avait d e u x milliers
Presses
hydrauliques.
111
pesant. L a distance entre l'axe de m o u v e m e n t de ce levier et le point où il agissait sur le piston, était de 6 pouces , et la distance d u m ê m e axe à l'extrémité où pendait le plateau chargé de p o i d s , était de 126 pouces. E n c o n s é quence chaque quintal du plateau pressait le piston avec une force égale à 21 quintaux donc la pression totale était 20 fois 21
quin-
taux o u 42 milliers. Il était aisé de faire m o u voir vivement ce levier d'une seule m a i n , et chaque c o u p élevait l'échelle de près d'un tiers de pouce. Quarante-sept livres suspendues à l'extrémité, d u levier l'abaissaient avec
une
vitesse modérée ; mais un poids de 43 livres le maintenait en équilibre, sans le faire descendre. O r , c o m m e le véritable p o i d s , en théorie, était de 32 l i v r e s , ce q u e l'on déduit de l'action des parties de la manière qui a déjà eu lieu par r a p port à la petite m a c h i n e , il s'ensuit qu'il y avait moins d'un tiers de la puissance actuelle e m ployé à vaincre la résistance d u frottement, et à donner de la vitesse. Il est à remarquer que le plus grand frottement , dans ces m a c h i n e s , est à la c i r c o n f é rence des pistons, et que ce frottement n ' a u g mente pas dans une progression simple ; car si le diamètre d u grand cylindre était d o u b l e ,
112
Presses
hydrauliques.
toutes choses égales ailleurs , la surface de son piston, et par conséquent sa puissance, seraient quadruplées , tandis que le frottement ne serait q u e d o u b l é , et cela seulement à l'endroit où les cuirs frottent sur le pourtour du cylindre. L a pression , dans l'expérience précédente , ayant été de 42 milliers sur le grand piston de quatre pouces de diamètre ou seize pouces carrés de surface, cela fait près de 3 milliers p e sant sur chaque p o u c e carré. Mais la pression m o y e n n e de l'atmosphère sur un p o u c e carré , est de deux livres e n v i r o n ; d o n c l'action de la Presse était égale à plus de deux cents atmosphères ; et c o m m e une atmosphère fait é q u i libre à 34 pieds d'eau , il en résulte q u e l'eau était aussi pressée dans le c y l i n d r e , que s'il y avait eu une colonne d'eau de plus de huit mille p i e d s , ou d'une demi-lieue. Nous terminerons en observant que les frères Perrier ont déjà construit, à P a r i s , des Presses d'après ces principes.
Annales des Arts de Manufactures
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TABLE DES MATIÈRES Contenues dans le N . 1 6 . 0
COMMERCE.
Sur le Commerce de la Guyane
Page
1
MÉTALLURGIE. Sur l'Art de Durcir le Cuivre.
19
TECHNOLOGIE. Appareil pour distiller l'Acide Sulf urique et l'Acide Murialique oxygéne. Préparation de Sucre de Saturne pour les Manufactures d'Indiennes et autres. Boîte à Feu pour les Bains. Manière de Dorer les Boutons. Sur la Refonte desPapiers et la Fabrication du Papier de Paille. Purification des Huiles végétales. Nouvelle Peinture au Lait. Fabrication de la Poudre-à-Canon.
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