Musée de la Littérature 50 ans

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L ’œuvre en chantier Deux siècles de littérature francophone en Belgique

Une exposition des Archives & Musée de la Littérature à l’occasion de leur 50e anniversaire En collaboration avec la Bibliothèque royale de Belgique

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L ’œen uvre chantier Deux siècles de littérature francophone en Belgique


Cette exposition est présentée dans le cadre des festivités du 50e anniversaire des Archives & Musée de la Littérature (1958/59 – 2008/09) à la Bibliothèque royale de Belgique du 23 septembre au 23 décembre 2008. Elle a été réalisée avec le concours du personnel des AML, la collaboration des services de la Bibliothèque royale de Belgique ainsi que celle de M. Philippe Hekkers, décorateur, Marc Quaghebeur assurant le commissariat général de l’exposition. A l’occasion de cette exposition a vu le jour chez Luc Pire l’anthologie en trois tomes sous coffret « La Belgique en toutes lettres », réalisée par Véronique Jago-Antoine et Hughes Robaye sous la direction de Marc Quaghebeur. Illustration de couverture : Masque de Jocaste par Philippe Hekkers, 1995. © Archives & Musée de la Littérature.

Cet ouvrage a été réalisé avec le soutien de la Communauté française de Belgique. © Archives & Musée de la Littérature, Bruxelles.

Conception et réalisation graphique : pili.be / F. Selis Editeur responsable : Marc Quaghebeur, Archives & Musée de la Littérature ASBL, 4 bd de l’Empereur, 1000 Bruxelles. Ne pas jeter pas jeter sur la voie publique.


L ’œen uvre chantier Deux siècles de littérature francophone en Belgique

Catalogue établi sous la direction de Marc Quaghebeur, par Véronique Jago-Antoine, Frans De Haes et Anne Ransquin. Avec la collaboration de Saskia Bursens, Corinne Clarysse, Catherine Daems, Alice Piemme, Nadine Vanleemputten, Jean Danhaive, Yves De Bruyn, Paul-Etienne Kisters, Vincent Radermecker, Laurent Rossion, Hugues Robaye.


Sommaire Avant-propos

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Préface

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Genèse

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Regards d’auteurs

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Voix et portraits

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L’atelier de l’écrivain Puissance du mythe De la rature à la forme qui fait sens L’objet inspirant De la correspondance à la fiction Du vécu à la fiction Transpositions et métamorphoses L’écriture proliférante L’écriture par épuration Entre mots et images

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Jadis et naguère Abédédaire des revues L’édition Songes plastiques

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Table des illustrations

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Avant -propos Patrick Lefèvre Directeur Général de la Bibliothèque royale de Belgique

L’

extraordinaire partenariat de la Bibliothèque royale de Belgique (BRB) avec les Archives & Musée de la Littérature (AML) est original à plus d’un titre. Réunissant un patrimoine culturel exceptionnel, et qui lui reste très largement confié par notre bibliothèque nationale, les AML, animées par une équipe de qualité particulièrement dynamique, rayonnent depuis 50 ans en Belgique et dans de très nombreux autres pays du monde, contribuant activement, au-delà de leur valorisation et de celle de la Communauté française de Belgique, à celles de la Bibliothèque royale de Belgique et, à travers elle, de l’État fédéral belge. Nul doute qu’il y a là un motif de grande satisfaction quant au passé pour les différents partenaires, mais aussi une ouverture et des pistes tout aussi prometteuses d’une collaboration encore revue et développée pour l’avenir. En ce jour anniversaire, la Bibliothèque royale n’oublie pas qu’Herman Liebaers, conservateur en chef et néerlandophone, a exercé, il y a 50 ans, avec Joseph Hanse, un rôle déterminant dans la fondation

des AML. Ceci au moment où il se battait également pour assurer le redéploiement monumental sur le Mont des Arts de notre « grande nouvelle bibliothèque » nationale de Belgique. En intégrant les Archives & Musée de la Littérature dans ce nouvel ensemble, avec d’autres complémentarités comme Het Belgische Bureau van de Bibliografie van de Neerlandistiek, le Center for American Studies et la Fullbright Commission, le Centre national d’Histoire des Sciences, le Centre international de Codicologie, et encore une quinzaine d’autres associations, Herman Liebaers a fait œuvre de visionnaire, et conforté puissamment l’assise comme la reconnaissance nationale et internationale de la Bibliothèque royale de Belgique. Aux Archives & Musée de la Littérature ainsi qu’à leur président, Monsieur Georges Bovy, et à leur directeur, Monsieur Marc Quaghebeur, la Bibliothèque royale de Belgique exprime, en ce jour anniversaire, toute sa reconnaissance, en souhaitant encore longue vie à leur partenariat.

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Préface Georges Bovy Président des Archives & Musée de la Littérature

L

es anniversaires – surtout lorsqu’il s’agit, comme aujourd’hui, de célébrer un demisiècle d’existence – permettent de se retourner sur le chemin accompli et de dégager les ­perspectives d’avenir, en les mesurant à l’aune à la fois de la pensée des fondateurs et de l’évolution du monde. Notre institution est née de la volonté qu’eut Joseph Hanse, dans les années cinquante, de doter son pays d’un instrument destiné à contribuer à la mémoire littéraire ­francophone, à l’instar de ce que Camille Huysmans avait permis de réaliser à Anvers pour la Culture flamande. Elle s’est enrichie de celle de Pierre Wigny et de Georges-Henri Dumont d’y adjoindre les archives audio-visuelles. Elle a grandi sous l’impulsion de Philippe Moureaux et de ses successeurs à la Communauté française, qui ont permis qu’elle devienne une instance à la fois d’archivage et de recherche. Elle s’est appuyée, sans discontinuer, sur l’aide des différents responsables qui se sont succédé à la direction de la Bibliothèque royale de Belgique. Elle a pu compter, enfin, sur la présidence éclairée

de mon prédécesseur, Roger Lallemand, qui la conduisit durant seize années. C’est à toutes ces éminentes personnalités que je pense aujourd’hui, avec infiniment de gratitude, dans la profonde conviction du rôle non seulement utile, mais absolument nécessaire, des Archives & Musée de la Littérature dans le paysage culturel de notre Communauté. Les merveilles réunies dans la Chapelle de Nassau et ses espaces adjacents donnent une idée des trésors accumulés dans les murs de l’Albertine, et aussi de la richesse et de la variété des processus de création de quelquesuns de nos écrivains et dramaturges. Dans les années qui viennent, elles trouveront les voies d’un accès surprenant et exigeant au sein du public scolaire des écoles, démontrant ainsi que la recherche et la diffusion peuvent et doivent aller de pair.

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Genèse Marc Quaghebeur Directeur des Archives & Musée de la Littérature

Cinquante ans d’histoire Créés en 1958 à l’initiative de Joseph Hanse, qui souhaitait mettre en valeur et rendre plus aisément accessible le patrimoine littéraire francophone de Belgique ; fondés avec la complicité active d’Herman Liebaers et de Lucien Christophe entre autres, les Archives & Musée de la Littérature récoltent, archivent, commentent et mettent à la disposition des chercheurs et du public, depuis cinquante ans, ce qui a trait à la production littéraire et ­théâtrale écrite ou jouée en français en Belgique, depuis 1815. Outre leurs collections propres et un certain nombre de dossiers de l’Académie royale de langue et de littérature françaises, ils gèrent, en synergie avec la Bibliothèque royale Albert Ier et dans un esprit de service et de recherche, les collections liées à ces matières que l’État belge ou la Communauté française y ont déposées. Livres et revues, manuscrits, correspondances, journaux et carnets, coupures de presse et affiches, objets ou toiles ayant appartenu

aux écrivains, produits par eux ou les ­représentant, mais aussi photos, archives sonores ou audiovisuelles, programmes de théâtre, etc. composent un trésor unique. L’informatisation progressive de l’archivage permet de prendre la mesure de l’ampleur et de la variété (cfr. site internet : www.aml.cfwb.be) de ces moments de la création littéraire. Les cabinets Verhaeren, Ghelderode et Elskamp/ Van de Velde, situés au niveau -2 de la Bibliothèque royale, restituent, qui plus est, le cadre matériel d’où surgirent certaines œuvres d’écrivains majeurs…

La Belgique et le monde Ce rassemblement, au sein de la Bibliothèque royale, de strates essentielles de la culture francophone de Belgique doit permettre le travail de la mémoire, et sur la mémoire. Bref, l’œuvre de l’Histoire et de l’Exégèse. Rien d’étonnant dès lors à ce que la première collection de publications des AML se soit appelée en 1979-80 Archives du futur. 9


L’institution comporte en outre une importante bibliothèque étrangère (livres, et plus encore revues – tant québécois ­qu’italiens, espagnols et portugais, roumains ou suisses, russes ou anglo-saxons, et bien sûr ­latino-américains ou français, etc.), ainsi que des fonds spécifiques, tel le Fonds Afrique Centrale. Les relations de recherche des AML avec des Centres étrangers ou des Associations internationales sont tout aussi constitutives de leur démarche. La plupart des colloques mis sur pied ou co-organisés par les AML se sont donc déroulés hors des frontières de la Belgique. Les axes de recherche de l’institution se fondent, eux, pour une bonne part, sur la matérialité des traces de la création. C’est cet aspect concret que mettent en valeur les pièces exposées dans le cadre de l’exposition L’Œuvre en chantier.

Découvrir comment, chez Jean Sigrid, le destin de Katia dans Mort d’une souris nourrit non seulement une pièce, mais un roman et un film, offre par ailleurs un parcours inattendu dans les Sixties. Est-il plus beau moyen de célébrer ­l’anniversaire d’une institution vouée à cet office à travers la récolte et la mise en valeur des archives ?

Prolifération, Décantation, Mythe

Les mille et un chantiers de l’œuvre

La mise en évidence de la genèse d’œuvres francophones de notre pays – d’époques et d’esthétiques bien diverses – permet d’entrevoir ce qu’est un engendrement artistique.

Ce faisant, c’est tout un pan d’une histoire littéraire et culturelle européenne exceptionnelle, trop méconnue encore, que peut découvrir le public à travers cette exposition : celle de la Belgique francophone. Occasion lui est en outre donnée d’approcher divers types d’élaboration des textes.

Pour certains écrivains, ce processus créateur constitue, à l’inverse de ce qui se joue chez un Marcel Moreau, une sorte de décantation infinie. Au point de devenir la hantise d’une vie. Ainsi Paul Desmeth s’attacha-t-il à ­l’incessante reprise d’un seul livre, au titre évocateur : Simplifications.

Des papiers tourbillonnants de Marcel Moreau ou d’Eugène Savitzkaya, révélateurs de la dynamique pulsionnelle de l’écriture, aux retouches subtiles mais substantielles de François Jacqmin, ou aux fragments de Jean Louvet, progressivement accolés les uns aux autres puis mis en œuvre par l’auteur, ce sont bien plus que des documents qui se laissent approcher dans les Vitrines-châsses de la Chapelle de Nassau. Ce sont des actions – c’est-à-dire des œuvres.

Ainsi en alla-t-il également, au travers de démultiplications concertées, de Paul Nougé ou de Christian Dotremont. Porteuses d’une radicalité qui est rarement celle de la vie littéraire et soucieuses de toujours rebondir ailleurs ou autrement, de telles œuvres ­attestent le fait que L’Expérience continue, pour paraphraser le titre sous lequel fut rassemblé par Marcel Mariën le travail poétique de Paul Nougé.

Le mot Œuvre fait certes fuir aujourd’hui nombre de critiques. C’est qu’il renvoie 10

c­ lairement à une réalité comme à un processus anthropologique complexes. Les archives littéraires ne sont-elles pas la vivante contreépreuve d’une approche purement fonctionnaliste du surgissement de l’œuvre d’art ?

Des chefs-d’œuvre de la grande époque léopoldienne, époque durant laquelle les Lettres belges de langue française affirment


GENÈSE

non seulement leur singularité mais aussi leur universalité, sont regroupés dans le chœur de la Chapelle de Nassau, Bruges-la-Morte ou Serres chaudes par exemple. On découvre également dans cet espace les deux maîtres de l’Expressionnisme de l’Entredeux-Guerres que furent Fernand Crommelynck et Michel de Ghelderode. Figures emblématiques d’un certain type d’imaginaire – d’un ton également –, leurs œuvres surprirent à ce point que beaucoup crurent pouvoir y réduire les spécificités de la production littéraire francophone belge. Le socle imaginaire de la Flandre littéraire et picturale qui servit d’assises à la première littérature francophone stricto sensu n’est en effet qu’un des aspects du recours au mythe, si fréquent dans la production littéraire belge francophone. Une Vitrine consacrée à Jean Louvet y évoque son Faust. Ne prend-il pas distance, à partir de l’histoire de la Wallonie, avec certains aspects des mythes répandus par le XIXème siècle et célébrés par Edmond Picard ou Michel de Ghelderode ?

Métamorphoses créatrices Dans la Chapelle de Nassau, le visiteur assiste à d’autres types de métamorphoses créatrices entées sur ces imaginaires. Tableau de René Moulaert célébrant le mythe de la Flandre littéraire pour des représentations parisiennes du Vlaamsche Volkstoneel. Toile de Marie Sterckmans restituant la grâce de la jeune Marthe Massin qui allait conquérir le cœur d’Émile Verhaeren. Dessin sensuel de Dominique Rolin saisie par l’œil complice et amoureux de Bernard Milleret. Fratrie tragique des deux frères Simenon réimaginés par Sarah Kaliski… Ces œuvres attestent le dialogue des arts qui peut souvent prendre des dimensions encore plus

intimes. Ainsi en va-t-il de la réinvention par Raymond Charriaud d’une partie peu connue de la production d’Henri Michaux, son théâtre, qui sillonna l’Europe de l’AprèsGuerre. Sous les doigts du marionnettiste français, Chaînes trouva une vie qui ne fut pas sans fasciner l’auteur lui-même. Chez Paul Willems, en revanche, ce sont des marionnettes créées pour un réveillon de Noël dans le domaine familial et pour son Théâtre de Verdure qui furent le déclic de l’admirable déploiement d’une des grandes pièces de la maturité de cet écrivain, également directeur du Palais des Beaux-Arts : Nuit avec ombres en couleurs.

Traces Le laboratoire des Carnets de Maurice Maeterlinck, si bien étudié par Fabrice van de Kerckhove, présente une autre facette de la durée complexe du processus créateur. On y voit comment un matériau s’assemble, parfois très longtemps à l’avance, pour se condenser dans une œuvre. Comment il se dissémine dans plusieurs autres. Ou encore, comment il se retrouve, bien plus tard, à ­l’origine d’une œuvre majeure. Cette façon de faire est tout à l’opposé de la pratique d’un Georges Simenon dont les phases de composition romanesque – de ­l’enveloppe jaune initiale comportant les lieux et les personnages, au texte dactylographié – sont d’une précipitation et d’une netteté singulières. Elles renvoient à un tout autre type de sujet et d’être-au-monde. Les échanges épistolaires peuvent également devenir des constituants de l’œuvre. Les lettres paternelles de Jean Rolin à sa fille Dominique, pour son récit La Maison, la forêt ou la correspondance amoureuse de Suzanne Lilar qui servit de point de départ à La Confession 11


anonyme montrent bien, et l’ancrage, et la métamorphose des fictions.

Nord se présentent aussi comme le double rêveur de ses fictions.

Qui dit archives littéraires dit également corrections ou variantes. Celles-ci peuvent aussi bien déterminer le sens décisif ou la ponctuation spécifique d’une œuvre (la transformation par Crommelynck du finale des Amants puérils ou du Cocu magnifique par exemple), que s’avérer révélatrices de l’Histoire. Ainsi, des ablations opérées par Michel de Ghelderode dans Sortilèges après la Seconde Guerre mondiale.

Parfois, le voisinage entre œuvres plastique et littéraire est moins explicitement consubstantiel. Durant une dizaine d’années, Henry Bauchau mène de pair ces deux formes créatrices avant que l’écriture ne s’impose et ne l’impose. Cette dialectique se transpose alors dans le travail effectué avec certains de ses patients psychotiques – aventure salvatrice que l’écrivain restitue de manière fictionnelle dans L’Enfant bleu.

Découvrir les mille et unes strates d’une œuvre peut enfin ouvrir à d’autres abîmes génétiques et identitaires. Ange Vincent, le double imaginaire majeur de Jean-Claude Pirotte, n’est-il pas l’auteur de carnets de poèmes et de croquis mais aussi d’œuvres ­plastiques qui témoignent des diverses phases de la vie de cet hétéronyme qui devint finalement personnage de roman dans un récit à fortes connotations autobiographiques, Une Enfance en Gueldre ?

Que dire enfin des œuvres de Christian Dotremont dont les logogrammes constituent la synthèse la plus vivace qui soit de l’inter­ action texte-image, interaction tellement essentielle et constitutive dans l’histoire littéraire de la Belgique francophone. Ou des collages de Marcel Mariën… Leur caractère apparemment facétieux est toujours porteur de sens et d’un décalage violent des clichés, mais aussi d’une tendresse à la fois dynamique et perturbante.

Interaction des arts L’interaction des arts chez certains écrivains dessine encore d’autres perspectives sur les modalités de la démarche créatrice. Le travail d’artisan lithographique de Max Elskamp emplit ainsi le long temps de latence qui sépare les deux grandes phases créatrices du poète, mais prolonge singulièrement le choc de sa découverte du rapport de l’Asie à l’image. Plus clairement autonomes et articulées à la fois à son œuvre littéraire, les innombrables créations plastiques de Jean de Boschère montrent les mille et une facettes de l’invention, par un écrivain, de son personnage. Même constat chez Jean-Claude Pirotte pour lequel peinture et écriture constituent, souvent, deux dimensions parallèles de la création. Ses carnets de dessins de la mer du 12

Dans le réel, pour le subvertir La photo, souvent censée refléter le monde tel qu’il est, constitue un champ tout aussi essentiel des métamorphoses créatrices auxquelles s’adonnent certains écrivains et auxquelles s’adossent leurs œuvres. Ainsi de Guy Vaes, se promenant dans Londres avec un regard qui peut être relié au réalisme magique de ses récits. Cette interaction foncière s’avère particulièrement efficace chez Paul Nougé. Les dix-neuf photos de Subversion des images, revivifiées par Marc Trivier, permettent de prendre mesure de la démarche créatrice et philosophique, de l’ambition, de la violence et de la subtilité de l’écrivain.


GENÈSE

Ratures, remaniements, erreurs de protes L’histoire d’une œuvre est souvent celle d’un énorme travail. Les incessantes corrections de Verhaeren remodelant à chaque fois ses poèmes au moment de leur réimpression en fournissent une parfaite illustration. Tout comme les mille et une tribulations du texte de Marcel Thiry consacré à l’aventure des autocanons belges durant la Première Guerre mondiale. L’histoire des différentes versions de ce texte, d’abord écrit avec son frère Oscar, puis revu sous forme d’articles dans Le Soir à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’odyssée, assumé enfin par le seul Marcel Thiry, offre une belle matière d’étude que complètent bien évidemment les traces photographiques de cet épisode fondateur d’une vie. Mais les remaniements éditoriaux ne relèvent pas toujours de la volonté de l’auteur. Ils sont parfois le fait de typographes hâtifs ou ­insuffisamment formés. La Légende d’Ulenspiegel de Charles De Coster dut ainsi attendre cent ans, et l’obstination de Joseph Hanse, pour (re)trouver la forme qui était celle de son manuscrit.

Considérer la matérialité du processus À l’égal des approches sociologiques, sémiotiques ou psychanalytiques, l’étude génétique des œuvres ne constitue bien entendu qu’une des facettes de la restitution de la complexité de l’œuvre d’art. Elle permet en revanche de comprendre comment un texte advient à la forme qui fait sens. Comment il se censure parfois. Et comment, souvent, il se trouve ramené aux chemins de sa logique la plus profonde. Non sans avoir parcouru mille et unes voies de traverse. L’œuvre censée être définitive en porte toutefois la marque.

Une telle approche implique un rapport à la matérialité du travail littéraire. Elle remet à leur juste place les lectures trop idéalistes des textes comme les subordinations pures et simples du fait culturel à l’ordre des causes externes. L’approche génétique des œuvres constitue donc un des éléments qui permettent d’approcher l’Histoire, et de la restituer. Et cela, tant aux niveaux social qu’individuel.

À l’ère de l’informatique et de l’image Les nouvelles techniques de composition des textes, dues au développement de l’informatique, devraient certes constituer un tournant dans ce type d’accès, comme dans la perception du fonctionnement artistique qu’elles rendent possible. Peu d’écrivains contemporains font ou feront en effet un tirage papier des diverses versions de leurs fictions. Une nouvelle race de chercheurs devra bientôt s’intéresser aux disques durs des écrivains. Aux strates innombrables de la trace et de la rature qu’ils recèlent. Aux mille et une corrections que le clavier magique permet. Comme aux simplifications linguistiques qu’il entraîne chez d’autres. Mais les disques durs de tout un chacun comportent d’autres données que celles des livres en travail. Ils ne tolèrent ni les choix ni les remords, comme il en allait souvent dans les papiers légués. Encore moins les sélections au jour le jour qui font partie de la vie et de la liberté des écrivains. Cela dessine un autre visage, à certains égards plus totalitaire. À d’autres, un visage plus aléatoire. Des chercheurs devenus enquêteurs ? Gageons qu’ils ne se prendront pas pour de grands inquisiteurs d’un type nouveau. L’audiovisuel qui permet de saisir l’instantané et l’inopiné, indique, lui aussi, certains des 13


chemins nouveaux de la recherche et de la pratique. Depuis quarante ans, le travail des AML tient compte d’autres pistes d’approche de la genèse des œuvres et du discours tenu sur elle par les écrivains.

Marge francophone et édition L’écriture, on le sait, ne prend son sens entier que si elle débouche sur l’édition du livre ou la représentation de la pièce. Là encore, les traces parlent. La subtilité du jeu de Maurice Maeterlinck entre Belgique et France au moment de l’émergence de la première littérature francophone stricto sensu est, à bien des égards, révélatrice. Comme le sont les préfaçons et contrefaçons belges du XIXème siècle qui renvoient au rôle toujours singulier joué par la Belgique dans l’espace culturel francophone encore dans les limbes. Que de fois Bruxelles ne servit-elle pas de soupape au système français ! Elle le fit encore, durant la guerre d’Algérie, notamment avec le théâtre de Kateb Yacine. Ce rôle débouche également sur des singularités éditoriales belgo-françaises. La hantise de l’art extrême et son culte quasi artisanal chez le libraire-éditeur Edmond Deman, qui offrit à Verhaeren ou à Mallarmé des éditions d’une qualité peu ordinaire, cohabita ainsi avec l’exaltation, peu auparavant, de la révolte chez un Kiestemackers, éditeur qui publia communards, naturalistes et libertaires. Ce rôle, ce sont également des aventures qui sont le signe d’une singularité culturelle affirmée au fil des phases d’une Histoire. Sans le travail de l’éditeur Van Oest, le patrimoine artistique de la Belgique n’aurait pas connu, par exemple, le rayonnement qui fut le sien avant que la question linguistique ne tente d’inféoder les grandes œuvres d’art d’un passé commun aux réalités contemporaines de la 14

Belgique, lesquelles ne furent en rien celles de leur genèse. Sans l’acharnement de Jacques Antoine ou d’André de Rache, d’autre part la refondation d’un champ littéraire spécifique en Belgique francophone à l’heure de la constitution des Communautés culturelles du Royaume, comme de l’émergence foncière des Francophonies, n’aurait pas été non plus ce qu’il fut.

La Belgique littéraire Quelques repères et quelques perles donc. Et peut-être quelques questions. Façons d’entrer un peu plus avant dans cette Carte Littéraire de la Belgique francophone que Paul Delvaux peignit pour l’exposition universelle de 1958, et que le Ministre de la Culture française, Henri-François Van Aal, installa en 1976 dans la salle de lecture des AML, au troisième étage de la Bibliothèque royale Albert 1er. Hasard ? La fondation des AML en 1958 est contemporaine de la composition de cette toile, mais aussi de l’invention du CRISP (Centre de Recherche et d’Information Socio-Politique), institution qui n’a cessé de chercher à comprendre la Belgique politique. Les voies de ces deux maisons sont complémentaires et plus imbriquées qu’on ne le croit. Qui dit genèse dit en effet Histoire. Pour y plonger – mais à l’instar d’un périple parfois surprenant, et qui concerne aussi bien le pays que les hommes, l’Histoire que les tranches de vie –, les AML proposent pour leur 50e anniversaire trois volumes qui racontent, en près de 1200 pages, La Belgique en toutes lettres1. Ce florilège charnel ne compor-

1 Il s’agit de trois volumes publiés sous coffret aux éditions Luc Pire, dans la collection Espace-Nord.


GENÈSE

tera toutefois pas d’extrait du dernier roman de Xavier Hanotte Le Couteau de Jénufa, roman qui met le Musée de la Littérature au cœur d’un dispositif fictionnel. En mettant sur pied, il y a cinquante ans, l’embryon des Archives & Musée de la Littérature, Joseph Hanse et Herman Liebaers ne pouvaient espérer plus belle consécration.

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Co u lo i r d u F o r u m

Regards d’auteurs L

a littérature et la photographie jouent un pas de deux jusqu’à présent trop peu étudié. Plusieurs écrivains montrent, dans leur création propre, l’enjeu de cet art dont des critiques récents ont montré le caractère abstrait en dépit de son apparent rapport au « donné ».

Paul Nougé (1895-1967) Réalisée à la fin des années 1920, à un moment particulièrement dynamique du groupe surréaliste de Bruxelles, La Subversion des images voit Nougé explorer une fois de plus les rapports a-normaux, étranges, qu’un être humain peut entretenir avec un objet usuel. Il le fait cette fois au travers de sa fascination de l’image. Des photos mises en scène avec un soin extrême par Nougé lui-même et mises en œuvre par ses proches surréalistes sont titrées de façon laconique et perturbatrice, à la manière dont l’écrivain titrait les tableaux de son ami Magritte. Table aimantée, tombeau du poète laisse ainsi apercevoir, sur des journaux posés à côté du personnage féminin, la double indication « La Table aimantée » et « Le Péril », qui disent bien, et l’éthique, et l’esthétique du poète. Travaillées par Marc Trivier à partir des négatifs de l’écrivain, les 19 photos de La Subversion des images ne réalisent pas seulement ce qu’indique leur titre générique. Elles restituent aussi, comme l’a bien montré Trivier et peut-être sans que l’auteur l’ait voulu, la texture des objets qui envahissent les images, témoignant ainsi, paradoxalement, de la limite où persiste une forme de « souveraineté du monde sur la pensée ».

Paul Nougé La Subversion des images. 1 La Jongleuse. 2 Le Grenier. 3 Femme dans l’escalier. 4 Femme effrayée par une ficelle. 5 Les Profondeurs du sommeil. 6 Les Buveurs. 7 Les Vendanges du sommeil.

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Le Fard. La Naissance de l’objet. Manteau suspendu dans le vide. La Vengeance. Cils coupés. Femmes au miroir. Table aimantée, tombeau du poète. … les oiseaux vous poursuivent. Mur murmure.

17 Linges et cloche. 18 Le Lecteur. 19 Le Bras révélateur.

19 tirages N/B retravaillés et encadrés par Marc Trivier à partir des négatifs de Paul Nougé, [1929-1930], 63 x 63 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 85/1 - 19

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Guy Vaes (1927) L’imaginaire très particulier de Guy Vaes met en présence la vie et la mort pour révéler qu’elles coexistent, et peuvent même se substituer l’une à l’autre. Dans ses romans, l’initiateur du « réalisme magique à la belge » les fait voisiner dans un quotidien sans relief. Certains de ses personnages, affectés par une perte de personnalité progressive, finissent ainsi par se retrouver dans la peau d’un mort, sans que leur propre décès ait été déclaré. Chez le photographe, c’est la même inspiration qui préside au jeu du noir et blanc. Dans des recueils comme Les Cimetières de Londres ou La Jacobée noire, images et poèmes dialoguent, à la lisière du réel et de l’imaginaire. Contrairement à la jacobée jaune, fleur répertoriée dans les manuels de botanique, la jacobée noire n’existe pas. Certains, pourtant, ont prétendu en avoir vu, à Londres, pendant la deuxième guerre mondiale, dans les cratères formés par les bombes.

Guy Vaes La Jacobée noire. Photographies et poèmes. Épreuves, Anvers, Marc Poirier dit Caulier, s. d., 17 f. (31 x 24 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 9023

20 Paternoster Row (Londres)

La jacobée noire et l’osier à baies roses / Ont investi ce lieu, / Passé l’éclair et son écho fuligineux. Du dôme fait ciboire / S’épanche un lac où mettre en abyme le monde. Que soient nasse mes mots. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 9023

21 Southwick Street (Londres) Avant les couleurs et la courbe / Il y eut la droite que la nature ignore, / Le blanc pour qui la neige a d’indignes reflets. Avant la Création et son grand barattage / Seule primait l’épure. Si je méditais la leçon de ton décor, / Maison de Southwick Street, / J’aurais la rigueur du concept / Qui rembarre l’être et l’étant, / Ne pèserais pas plus qu’une ombre / Ou que mon souffle uni au vôtre / Sous des fenêtres niant que le monde existe. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 9023

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22 Westminster (Londres) Sur ces damiers debout, / Dames jamaïcaines, / Un roi prend votre tour, / Vous perd un ange noir. Il n’est plus d’ouverture, / Gardien fauteur d’échecs. / Sous vos paupières closes / La rue lâche ses dogues. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 9023

23 St. Alphege Passage (Londres) Tu as beau concurrencer ton ombre / En ce chenal à sec où la vie se fait ru, / Il suffit qu’à ton nom tu répondes / (Bien malgré toi) et tout repart en force : / Les rues au long cours, les soleils méduses blanches, / Les bus en vrac et, pour sceller le tout, la lune / En peau de tambour dont tu redoutes l’usage. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 9023

24 Borthwick’s Close (Edimbourg) Hors de ce goulet sourd / Un rais de clarté génésiaque, Mais le vrai Borthwick bée / En mon recès inaccessible. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 9023

25 Tout fait mur à la vie (Dublin) Les murs que l’on traverse / Sont plus nombreux que les jours. / Où donc nous sommes-nous croisés ? / Dans le béton qui se mérite / Ou dans l’argile qui se donne ? / Que souffle un ennui coulis / Dans notre hébétude mate, / Et nul grain ne nous résiste / Quand bien même il y a nœud. Tout mur est antérieur au monde / Et sa lézarde est l’illusion qu’on y projette. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 9023

26 Old Calton Burying Ground (Edimbourg) Le Temps et son baluchon plein de gâteries : / S’il en défait les bouts, qu’en tombe un obélisque / Aigu, tu verras se dégonfler, aussi sec, / L’Éternité confuse et sans brin d’herbe aucun. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 9023


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De va n t l a c h a p e l l e

Voix et portraits De la poésie au roman, en passant par le théâtre, une enquête sur la création et la mise en scène : voilà ce qui est présenté au public dans l’espace situé devant la chapelle de Nassau. Une première partie, créée en vidéo et projetée en boucle, consiste en un montage réalisé par Daniel Van Meerhaeghe, Alice Piemme et Anne Ransquin. Au vrai, il s’agit d’une captation de douze auteurs, Gérard Adam, Jean-Baptiste Baronian, Véronique Bergen, Jean Bofane, Yves Caldor, William Cliff, Pascale Fonteneau, Thomas Gunzig, Xavier Hanotte, Ariane Le Fort, Monique Thomassettie, Michel Voiturier ; interviewés de manière identique sur leur rapport à la pérennité des manuscrits, sur leur relation à la Belgique et sur leurs habitudes d’écriture au sens large… Cette vidéo est accompagnée d’une exposition de vingt portraits d’auteurs dramatiques qui mêlent la réalité et un rêve, celui d’être un autre, un jour… Si ces auteurs ont accepté de se prêter au jeu, ce n’est pas seulement par envie de laisser libre cours à une imagination qui les déborde ; c’est aussi par désir de relever le défi d’une mise en scène d’eux-mêmes. Une proposition de démarrage, un personnage connu, une référence cinématographique… et les idées fusent, s’échangent, se trouvent et se figent par l’œil complice de la photographe Alice Piemme. La dernière image de l’exposition est celle de Michèle Fabien. Elle est exposée face au masque de Jocaste, sa première pièce de théâtre. Un masque unique et intrigant réalisé par Philippe Hekkers. Alliage de matières brutes, mais également alliance du mythe et de l’œuvre, face à l’auteur. Un dernier visage s’inscrit ainsi dans l’espace.

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Alice Piemme Auteurs en scène(s). 20 photographies couleur / noir & blanc / sépia, 2005, 50 x 60 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/1-20

27 Jean Louvet Je suis un chef, oui ; mais de ceux que l’on a humiliés. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/1

28 Pascal Vrebos Sur le plateau de RTL, j’ai toujours un complet veston. Quel spectateur comprend la réincarnation que je lui sers ? Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/2

29 Veronika Mabardi On n’échappe pas à six mille ans d’histoire, mes drapés hiératiques insultent le chaos. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/3

30 Virginie Thirion À chacun son image d’Épinal. J’hésite simplement entre Jeanne et Bernadette. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/4

31 Paul Pourveur Non, pas le Père Damien ! Ces grands clercs intelligents et quelque peu pervers, amoureux des limites et de leurs franchissements. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/5

32 Laurence Vielle On me néglige, je passe. On m’offense, je me surpasse. Quoi qu’on fasse, j’ai toujours la pomme. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/6

33 François Clarinval Être liégeois et se dire qu’un fez, un croissant et une lampe d’Aladin dessinent plus qu’un sosie, un double. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/7

34 Pascale Tison Ma vie se passe entre les voix. Fantomas était magicien. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/8

35 Stanislas Cotton Pour offrir à Lady Chaterley l’espace de la liberté et l’abandon de la saturation, est-il autre chose que les sables ? Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/9

36 Alain Cofino Gomez Pour conjurer la peur, il y a la muraille de Chine ; au mieux une tenue de maître de karaté. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/10

37 Jean-Marie Piemme Qui m’a lu sait que je ne suis pas conforme… même Potin ! Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/11

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De va n t l a c h a p e l l e

38 Luc Dumont À force d’aimer les Dalton, il fallait bien que je me trouve derrière les barreaux pour pouvoir crier. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/12

39 Thierry Debroux J’aurais pu être anthropophage, j’ai dû choisir le vampire qui appartient davantage au répertoire occidental. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/13

40 Geneviève Damas Louve ou Chaperon Rouge ? À force d’hésiter, j’avance dans ma forêt. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/14

41 Layla Nabulsi D’Egmont y fut et en perdit la tête, j’ai choisi de le faire autrement. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/15

42 Pietro Pizzuti L’arsenic, c’est pour vous ou pour moi ?  Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/16

43 Patrick Lerch Qui veut faire l’ange, dit-on… Et si l’on choisit d’être archange ? Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/17

44 Laurent Van Wetter N’attendez de moi ni le cradingue, ni le politically correct, j’aime la provoc et l’ancien monde. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/18

45 Nicolas Florence « L’obligeante humilité »… et si c’était cela la littérature ? Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/19

46 Michèle Fabien Maman étant morte, j’ai choisi pour elle un costume de théâtre shakespearien. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/20

47 Philippe Hekkers Jocaste Laiton, cuivre et zinc, 1995, 36 x 80 cm. Créé pour la reprise du spectacle avec Nathalie Cornet, à l’École vétérinaire de Bruxelles. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, MLCO 566

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C h a p e l l e d e N a ss au

L ’atelier de l ’écrivain E

n se fondant uniquement sur les archives conservées dans l’institution, la Chapelle de Nassau donne à voir la genèse de plus d’une vingtaine d’œuvres littéraires ou théâtrales.

Sans viser aucunement l’exhaustivité, ces œuvres ont été choisies et rassemblées pour rendre visibles la diversité des procédures de création mises en œuvre par les uns et les autres, la variété de leur esthétique comme leurs convergences. Des œuvres d’art – dues aux écrivains eux-mêmes ou inspirées par leurs textes à des plasticiens – apportent un contrepoint imagé aux cimaises.

Abréviations :

Man. : manuscrit Aut. : autographe Dact. : dactylographié Ann. : annotations Corr. : corrections F. : feuillet S. : signé S. l.n.d. : sans lieu ni date. 25


Puissance du mythe Vitrine I. Charles De Coster (1827-1879) Premier roman francophone inventant une forme propre différente des modèles français, La Légende d’Ulenspiegel connaît une genèse longue et pleine de péripéties. Dès 1858, Charles De Coster ambitionne d’aller plus loin que ce qu’il a réalisé dans Les Légendes flamandes. Reportée sur une dizaine d’année, la composition du livre connaît de nombreuses phases de remaniements – notamment après 1864, alors que les eaux-fortes de Rops ne sont pas prêtes. La composition et la relecture des épreuves du volume de luxe qui sort des presses de Lacroix-Verboeckhoven fin 1867 sont accomplies en hâte et entraînent de nombreuses erreurs de la part des typographes – ce qui amènera Joseph Hanse à parler d’édition « luxueuse et foutue ». En 1959, le créateur des Archives & Musée de la Littérature s’applique, en effet, à établir le texte original de De Coster, que les éditions successives n’avaient cessé de mutiler. Grâce à sa vigilance érudite, l’édition définitive de La Légende paraît en 1963, soit près de cent ans après sa première publication.

48 Charles De Coster La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandres et ailleurs. Man. aut., s. l.n.d., 12 f. formats divers. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 3674/9

49 Félicien Rops

Lettre illustrée à Charles De Coster. Aut. s. « Fély », s. l.n.d., 4 p. (1 double f.,13 x 21 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 3713/4

50 [Anonyme] Médailles à l’effigie de Charles De Coster. Bronze gravé conservé dans un étui à l’enseigne des « Établissements Jules Fonson, Bruxelles » et portant au revers un portrait de Tyl Ulenspiegel et de Nele avec l’inscription « Il est

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beau et bon pour l’homme d’être fier et libre, dût-il rester pauvre », 8 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 7

51 Charles De Coster La Légende d’Ulenspiegel. Bruxelles, A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie, 1867. Quatorze eaux-fortes inédites de Artan, Claeys, Degroux, Dillens, Duwée, Rops, Schaefels, Schampheleer, Smits et Van Camp. Dédicace aut. s. signée « À l’ami Zeghers, souvenir affectueux. Charles De Coster ». Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 21 840

52 Charles De Coster La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandres et ailleurs. Bruxelles, Maurice Lamertin, 1921. Exemplaire annoté par Joseph Hanse. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML JH 1/5

53 Joseph Hanse Notes sur les variations orthographiques des éditions de La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandres et ailleurs de Charles De Coster. Carnet annoté, [1956 et plus tard ?], 22 x 17 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML JH 7/1

54 Charles De Coster La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandres et ailleurs. Édition définitive établie et présentée par Joseph Hanse. Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1959. Dédicace aut. de Joseph Hanse à Albert Ayguesparse. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 2960


C h a p e l l e d e N a ss au

Vitrine II. Michel de Ghelderode (1898-1962) À côté du Ghelderode auteur dramatique s’est imposé aussi l’écrivain conteur. En 1941, douze nouvelles – Le Diable à Londres, Le Jardin malade… – forment Sortilèges. Éliah le peintre, le cinquième conte, qui met en scène un Juif peu amène, sera censuré après la guerre. Sur la première page du recueil qui prendra sa place (L’Odeur du sapin, initialement intitulé Une partie d’échec), on lit : « brouillon / 1941 / pour le volume « Le Dormeur de Bruges » (Sortilèges II) 1942 ». Ce Dormeur ne paraîtra pas. À propos de cette nouvelle, Jacqueline Blancard-Cassou écrit : « les Juifs, qu’il rend responsable de la mort du Christ, sont coupables à ses yeux de déicide, un crime que lui-même est tenté de commettre et qui symbolise le meurtre du Père. » Dans le sillage de Rops, l’art de Ghelderode se nourrit de sacrilèges. « Ces pages ont valeur de confession », écrit-il à Robert Guiette en mai 1942. La confession est parfois si brutale que l’auteur se masque. À l’avant-dernière ligne d’Une partie d’échec, on lit : « Péché Mortel ? murmurai-je, désormais ton nom sera Femme ». Dans le tapuscrit, « Femme » devient « Innocence ». L’édition préfacée par Hellens comme la dernière du vivant de l’auteur, chez Marabout, en 1962 – réédition évoquée dans sa correspondance avec Jean Ray – laissent lire, en définitive, « ton nom sera Sacrifice ».

55 Michel de Ghelderode 2 Lettres à Jean-Marie Culot. Aut. s., 13 juillet [1941] et vendredi [30-10-1941], 1 carton et 1 f. (27,5 x 20,5 cm), insérées dans Sortilèges. Paris-Bruxelles, L’Essor, 1941. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 151/3 et 4

56 Michel de Ghelderode

Sortilèges. Liège, Maréchal, 1947. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature FS XIV 647

57 Michel de Ghelderode Une Partie d’échecs [réintitulé] L’Odeur du sapin. Man. dact. s. avec annot. aut., 1941, 14 p. (27,5 x 22 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 888

58 Michel de Ghelderode

« Eliah le peintre », dans Sortilèges. Man. dact. s. avec corr. aut., relié avec coupures de presse, 39 x 26 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 3700

59 Michel de Ghelderode Carte postale avec portrait photographique de l’expéditeur. Aut. s., Ostende « cul tourné à la Belgique littéraire », [1] juin 1960, 1 carton (10,5 x 14,5 cm). Dédicace « au cher Jean Ray, / pour qu’il sache que / je n’ai pas attendu d’avoir / l’âge et le visage du / Docteur Faust / pour rencontrer le / Diable, / notre ami… / Affectueusement / Michel de Ghelderode ». Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 5190/8

60 Michel de Ghelderode

Lettre à Jean Ray. Aut. s., Bruxelles, 29 juillet 1961, avec dessin à l’encre bleue et au bic noir au verso, 2 p. (1 f. 27 x 21 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 5190/29

62 Michel de Ghelderode Carte postale avec photographie de l’atelier de l’écrivain. Aut. s., 1956, 1 carton (10,5 x 14,5 cm). Dédicace « à Jean Ray, / poète d’action, / la dernière / incarnation de / la princesse Brambilla / du cher Hoffmann, / notre vieux Maître… / Amicalement / M. de Ghelderode » Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 5190/1

Aux cimaises 63 René Moulaert Affiche pour Tijl de Antoon Vande Velde et Lucifer de Vondel au Vlaamsche Volkstoneel. Gouache et encre sur papier, [s. l.], 22 et 23 juin [1926], 160 x 120 cm avec cadre. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 568.

61 Michel de Ghelderode Lettre à Jean Ray. Aut. s., Bruxelles, 29 septembre 1961, 1 p. (27 x 21 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 5190/31

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Vitrine III. Jean Louvet (1934) Dans L’homme qui avait le soleil dans sa poche, Jean Louvet avait déjà usé du procédé qui consiste à insérer des citations (historiques ou autres) dans une œuvre. Ce recours aux « intercesseurs » chers à Gilles Deleuze s’exacerbe, toutefois, dans Un Faust. Des emprunts à des périodiques, des essais, voire à la réalité quotidienne stigmatisent, un peu comme les collages en peinture, le refus d’une subjectivité omnipotente. Le traitement des corps (habits, masques, maquillage), les éléments du décor (miroirs, voitures, cybernétique…) ou l’interprétation du texte (plus récité que joué), tout concourt, sous la férule d’un Méphisto jubilatoire, à relativiser l’importance des choses, à confondre être et néant… Écrit en 1983-84 dans sa version originale, Un Faust est adapté par l’auteur pour Marc Liebens et son Ensemble Théâtral Mobile. Le texte est découpé, recollé, épuré. Des impératifs financiers conjugués à un souci de stylisation président à la réécriture, qu’il s’agisse de la suppression d’une caverne aux sorcières avec écrans électroniques… ou de la substitution du chien à l’oiseau au troisième tableau. Un Faust mérite son nom. Là où Goethe interroge l’identité, Louvet entérine la sérialité.

64 Jean Louvet Un Faust. Man. dact. avec annotations aut. et collages, [1983 - 1984], 53 p. (29,5 x 21 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 1512/1/2

65 Jean Louvet

Un Faust. Man. aut., [1984 - 1985], n. p. (29,5 x 21 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 1512/2/4

66 Nicole Hellyn

Photographie de la mise en scène de Marc Liebens pour Un Faust à l’Ensemble Théâtral Mobile. Diapositive, septembre 1985. Reproduction Alice Piemme. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature NHDT 170

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67 Machine à écrire de Jean Louvet 68 Jean Louvet Note sur les « intercesseurs ». Man. aut. s. « J.L. », s. l.n.d., 1 p (1 f. 29,5 x 21 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 2954/7

69 Henri Pierre Crimes glacés. Coupure de presse, s. l.n.d., 1 p. (25 x 13 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 2954/6

71 Jean Louvet [Conférence sur Un Faust]. Man. aut. avec collage, nov. 1996, 40 p. (25,5 x 21 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 2950

72 Jean Louvet Un Faust. Man. dact. avec corr. aut., La Louvière, 1984, 70 p. (29,5 x 21 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 1512/2/2

70 Jean Louvet Un Faust. Man. dact. avec collages, s. l.n.d., 69 p. (29,5 x 21 cm).

73 Jean-Paul Hubin Marc Liebens et Michèle Fabien sur le plateau d’Un Faust. Photographie noir et blanc, [Bruxelles, Ensemble Théâtral Mobile], 1985, 13 x 18 cm.

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 1512/1/1

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature AML 264


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Vitrine IV. Émile Verhaeren (1855-1916) Le brouillon de « La Ville », poème que Verhaeren publie dans La Wallonie avant d’en faire la pièce initiale des Campagnes hallucinées (1893), révèle l’insertion, après coup, d’une troisième strophe qui se révèlera décisive. En même temps que l’image de la pieuvre, elle introduit un néologisme qui fera fortune : la ville « tentaculaire ». Comme le qualificatif « tumultuaire », auquel une rature le substitue, l’adjectif rappelle, en rimant avec « ossuaire », la pulsion mortifère qui préside au développement monstrueux des villes modernes, « édifiées par l’homme contre la nature ». Toutefois à l’idée de vain bouillonnement, la création verbale de Verhaeren ajoute celle d’une emprise fatale de l’univers urbain sur les campagnes, désormais « hallucinées ». Accolé, dans le manuscrit, à ce poème liminaire des Campagnes hallucinées, le titre « Ville tentaculaire », devient, en 1895 et au pluriel, celui d’un nouveau recueil, Les Villes tentaculaires, pièce centrale de la « trilogie sociale » qui s’achèvera avec Les Aubes (1898). Sur la couverture, Théo Van Rysselberghe donne la traduction plastique de l’image et de l’adjectif surgis dès 1892 sous la plume de son ami. En 1912, Verhaeren remanie une dernière fois le poème, désormais placé en tête de ses Œuvres.

74 Émile Verhaeren « La Ville ». Aut. s., s. l.n.d., 4 p. (formats divers). Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique Archives & Musée de la Littérature FS XVI 1457

75 Émile Verhaeren « La Ville ». La Wallonie, 7e année, n° V et VI, mai et juin 1892, p. 166-170. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique II 62914b A

76 Émile Verhaeren Les Campagnes hallucinées. Bruxelles, Deman, 1895. Exemplaire de Marthe Verhaeren, corr. aut de Verhaeren. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique Archives & Musée de la Littérature FS XVI 108

78 Émile Verhaeren Les Villes tentaculaires. Bruxelles, Deman, 1895. Ornementation de Théo Van Rysselberghe. Corr. aut. de Verhaeren. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique Archives & Musée de la Littérature FS XVI 100

77 Émile Verhaeren « La Ville ». Épreuves du premier volume des Œuvres, Paris, Mercure de France, 1912. (Les Campagnes hallucinées. Les Villes tentaculaires. Les Douze Mois. Les Visages de la vie). Corr. aut. de Verhaeren. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique Archives & Musée de la Littérature ML 2186

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Vitrine V. Maurice Maeterlinck (1862-1949) « Je ne suis qu’un enfant qui tâtonne obscurément de livre en livre, s’appuyant sur tout ce qu’il rencontre », confessait Maeterlinck en octobre 1890, dans une lettre à Octave Mirbeau. Ses carnets de travail et ses cahiers anthologiques révèlent ou confirment d’innombrables incitations livresques : par exemple, la scène d’Hérodiade, intégralement transcrite dans un cahier de Selectae (1886-1887). Pour dire, dans « Reflets » (1886), la réclusion du sujet poétique dans un rêve intérieur et l’exténuation de ses désirs – « l’atténuation du moi » –, le poète de Serres chaudes reprend au poème de Mallarmé un certain nombre de motifs : l’effeuillage d’une gerbe de fleurs dans le miroir d’un bassin, la chute lente sous sa surface de ces « languides débris » de souvenir. Ce bassin est un miroir de Venise qui met le sujet « sous verre », comme ces « serres chaudes » qui donneront son titre au recueil. L’image du miroir n’apparaîtra cependant plus dans les sept poèmes en vers libres de 1889, après avoir fugitivement figuré dans un brouillon de « Regards » (qui reprend une notation de l’agenda de 1887 : « un miroir pour une morte ») et même sur la couverture du cahier Suggestions, qui rassemble des états primitifs de ces pièces.

79 Maurice Maeterlinck Selectæ. Aut. n. s., s. l., [1886-1887], cahier cartonné n. p. (33,5 x 22 cm). Poèmes de Mallarmé, Baudelaire, Rimbaud, Corbière, Georges Khnopff et Verlaine. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 3234/3

80 Maurice Maeterlinck

« Reflets ». Esquisse dans l’Agenda pour 1886. Agenda de poche de fabrication ­française, n. p. (12 x 7,5 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 3228

81 Maurice Maeterlinck Tentations. [Poèmes réguliers]. Maquette d’un premier état de Serres chaudes, n. p., formats divers. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 3155/1

82 Maurice Maeterlinck Serres chaudes. Paris, Vanier, 1889. Frontispice et illustrations de George Minne. Exemplaire portant l’envoi : « à Émile Verhaeren. / Au prince des poètes de ma race. / En témoignage d’une profonde admiration. Maurice Maeterlinck. ». Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique Archives & Musée de la Littérature FS XVI 756

83 Maurice Maeterlinck Agenda 1887. Carnet de poche, Bruxelles, Bruylant, 1887, n. p. (13,5 x 8,5 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 3137

84 Maurice Maeterlinck Suggestions. [Vers libres]. Man. aut., [1889], cahier d’écolier débroché, 22 f. (21 x 17 cm), utilisé tête-bêche. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 3213/7

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Aux cimaises 85 Théo Van Rysselberghe Portrait d’Émile Verhaeren. Fusain s. “VR”, s. l.n.d., 45 x 40 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 345

86 Marie Sterckmans Portrait de Marthe Verhaeren. Pastel s., s. l.n.d., 74 x 54 cm avec cadre. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 234

87 Paul Ranson Les 7 Princesses / Maurice Maeterlinck. Affiche pour un spectacle de marionnettes donné le dimanche 10 avril 1892, lithographie à la plume sur carton gris, s. dans la pierre en bas à droite, 34 x 24,5 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 7068


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Vitrine VI. Fernand Crommelynck (1886-1970) Presque définif dans l’agencement des scènes, le manuscrit du Cocu magnifique témoigne de la dernière étape d’une genèse : Crommelynck modifie la prosodie de nombreuses répliques et donne à la dernière sa frappe définitive ; l’ultime didascalie, qui doit évoquer le rire paradoxal du Cocu, perd son tour explicatif pour se réduire à ce simple constat : « Bruno s’assied sur l’escalier et pouffe ». Sur un feuillet, l’écrivain esquisse le dispositif à deux niveaux qui doit assurer la continuité sans faille de l’action. Plus ancien sans doute, le manuscrit des Amants puérils précède, au contraire, une ultime modification de structure. Dans cet état du texte, les deux dernières scènes sont imbriquées : la pièce s’achève, comme Le Cocu ou Le Sculpteur de masques, sur un rire paradoxal, le rire « étrangement déçu », de l’Étranger face à l’Étrangère. Dans la version définitive, la tonalité de l’épilogue est modifiée : le rideau tombe sur l’irruption du chœur des servantes et sur l’annonce du suicide d’un couple d’adolescents qui refusent les chimères du monde adulte.

88 Fernand Crommelynck Le Cocu magnifique. Pièce en trois actes en prose. Aut. s., s. l.n.d., 117 f. (28 x 22,5 cm). Manuscrit offert par Crommelynck à Paul Zifferer, écrivain et journaliste autrichien (1879-1929). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 2926

89 Fernand Crommelynck Le Cocu magnifique. Farce en trois actes. Paris, Éditions de la Sirène, 1921. Exemplaire dédicacé « À [Marcel] Josz / unique créateur / de Tripes d’or, / son admirateur / F. Crommelynck ». Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLTA 3002

90 Fernand Crommelynck Dessin de mise en scène pour Le Cocu magnifique. Crayon sur papier n. s., extrait du man. aut. décrit au n°88. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 2926

91 Fernand Crommelynck Les Amants puérils. Pièce en trois actes. Paris, Éditions de la Sirène, 1921. Exemplaire dédicacé « Pour [Marcel] Josz / qui est un grand acteur / – et un grand metteur / en scène – / dont on sait que je / suis l’ennemi – / son ami / F. Crommelynck ».

Aux cimaises 93 Lioubov Popova Maquette du décor du Cocu magnifique mis en scène par Vsevolod Meyerhold. Bois n. s., [Moscou], [1922], 80 x 120 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 564

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLTA 3001

92 Fernand Crommelynck Les Amants puérils. Pièce en trois actes en prose. Aut. s., s. l.n.d., 170 p. (23 x 14 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 4628­

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L ’ob jet inspirant Vitrine VII. Max Elskamp (1862-1931) Solitaire et secret, anversois et francophone, Max Elskamp a connu la double aspiration que les cités portuaires éveillent souvent. Si le lien intime au sol natal transparaît dans ses poèmes inspirés par les arts populaires (le chantre de La Chanson de la rue Saint-Paul est aussi le fondateur du Musée anversois du Folklore), l’appel de l’ailleurs se concrétisa, notamment, par sa fascination pour l’Extrême Orient. Autant que l’art fruste du Moyen-Age, la simplicité savante de la calligraphie asiatique, son dialogue intense entre forme et sens, entre matière et esprit l’ont déterminé. Poète-artisan, qui gravait lui-même les bois de ses ornementations et tirait les premières épreuves de ses recueils sur sa presse personnelle baptisée « L’Alouette », Elskamp a épuré ses images poétiques et plastiques en équilibrant savamment le jeu de l’encre et du blanc, des mots et du silence. Témoin de l’empathie de l’écrivain avec les questionnements subtils de l’art extrême-oriental, mais décalé du travail de simplification stylistique que le poète poursuivra ensuite sans relâche, L’Éventail japonais ne sera jamais repris dans l’inventaire que le poète dressera de ses propres œuvres en dépit de son admirable raffinement.

94 Max Elskamp Autoportrait à sa table de travail. Gravure sur bois (« poirier de fil ») tirée à l’encre rouge sur papier, s. l.n.d., 10 x 11,5 cm. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique Archives & Musée de la Littérature FS XII 88/73

95 Encrier ayant appartenu à

Max Elskamp. Bronze ciselé avec motifs décoratifs chinois, s. l.n.d., 11 x 15 x 6,5 cm. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique Archives & Musée de la Littérature FS XII 238

96 Max Elskamp Bois gravés. 2 bois avec traces d’encrage et 1 bâton d’encre de Chine avec caractères chinois, 4,5 x 6,5 cm - 8 x 4 cm - 6 x 3 cm. Le motif des bateaux apparaît dans Enluminures, Bruxelles, Lacomblez, 1898, p. 11.

97 Max Elskamp L’Éventail japonais. Man. aut. s., reproduit en 15 exemplaires par le procédé de la pâte à polycopier sur fonds d’estampes japonaises. Anvers, chez l’auteur, 1886, 8 f. (42 x 32,5 cm). Dédié « à mon bon ami en couleurs douces et frêles Henry Van de Velde ». Ex. n° 13 sur papier de Chine. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique Archives & Musée de la Littérature FS XII 184

98 Moulage de la main de Max Elskamp. Plâtre, s. l.n.d., 21,5 x 10 cm. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique Archives & Musée de la Littérature FS XII 171

99 Max Elskamp Notes fragmentaires sur des artistes japonais. Aut., s. l.n.d., plusieurs cahiers et un brouillon d’idéogrammes (formats divers). Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique Archives & Musée de la Littérature FS XII 89/68

Aux cimaises 100 Max Elskamp [Ange agenouillé]. Gravure sur bois tirée sur papier, s. dans le bois « ME », s. l.n.d., 32 x 24,5 cm hors cadre. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique Archives & Musée de la Littérature FS XII 175

Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique Archives & Musée de la Littérature FS XII 247-248-250

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Vitrine VIII. Georges Rodenbach (1855-1898) Les Tristesses (1879), premier recueil poétique du romancier de Bruges-la-morte (1892) donne déjà à lire plusieurs de ses hantises de créateur. S’y impose, en effet, un point de vue délibérément nostalgique sur le monde (une posture très différente de la tonalité primesautière et dynamique qui prévaut, notamment, dans sa critique d’art), fondé sur un traitement éminemment fantasmatique de l’objet. Chez Rodenbach, les choses se donnent comme l’expression d’une intériorité psychologique : l’objet devient, dès lors, « la forme même de cette intériorité » (Patrick Laude). Ainsi du coffret hérité de l’enfance, où la mère de l’écrivain conservait pieusement les mèches de cheveux de ses proches, et que l’on retrouve dans Bruges-la-morte, sous la forme d’un coffre de verre gardant captive l’âme d’une épouse défunte dans l’entrelacement de sa chevelure. La résonance des voix du passé en écho à celles du présent est amplifiée par un jeu d’enchâssement qui métamorphose la ville entière : enserrée dans le lacis de ses canaux, Bruges se mue en double de la femme aimée, fantôme captif du coffret de verre…

101 Georges Rodenbach « Le Coffret », dans Les Tristesses. Paris, Lemerre, 1879. Dédicace aut. s. à sa femme « À ma chère bien-aimée Anna / Inoubliablement / Georges Rodenbach ». Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 1825

102 Victor Hugo

Lettre de félicitations pour Les Tristesses. Aut. s., [9 août 1879], 1 p. (1 double f. 20,5 x 13,5 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 3039/73

103 Coffret ayant appartenu à Georges Rodenbach. Bronze gravé avec quatre pieds et une clé, contenant des mèches de cheveux, 8 x 11 x 7 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 91/2

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104 Hans Memling Châsse de sainte Ursule. Photographie noir et blanc, extraite de Bruges-la-morte. Paris, Lemerre, 1879. Édition originale. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 1809

105 Georges Rodenbach Bruges-la-morte. Man aut. s. relié, 1891, 73 p. (29,5 x 21 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 3016/1

106 Georges Rodenbach Bruges-la-morte. Paris, Librairie L. Conquet – L. Carteret et cie successeur, 1900. Avec 43 gravures sur bois d’Henri Paillard. Exemplaire offert à Madame Georges Rodenbach. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 1804

Aux cimaises 107 Nicolas Van den Eeden Portrait de Georges Rodenbach Huile sur toile s., [1881], 70 x 58 cm avec cadre. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 119


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Vitrine IX. Georges Simenon (1903-1989) En 1945, Georges Simenon quitte l’Europe pour les USA : il voyage, se remarie, rédige des romans dont l’action se passe sur un continent ou sur l’autre. En août 1951, alors établi à Shadow Rock Farm (Lakeville, Connecticut), il écrit Marie qui louche. Avec ce texte, qui se déroule en France, il perpétue sa tradition des « romans durs » entamée en 1934. Lorsqu’il parle de ses romans, Simenon se réfère souvent à un modèle, Balzac. Son travail très ritualisé passe par la célèbre « enveloppe jaune » sur laquelle figure, en un plan sommaire, l’argument du récit ou de très brefs portraits de protagonistes. Quelques lignes synthétiques qui laissent intact le mystère d’une prodigalité fascinante : un premier jet, rédigé chaque soir, au crayon, sans rature, en une minuscule et nerveuse écriture, et retranscrit, après la relecture matinale, sur un tapuscrit légèrement retouché à l’encre. À l’abri derrière sa pipe, Simenon semble survoler ses manuscrits, sans les toucher.

108 Georges Simenon Marie qui louche. [Esquisse des personnages] Enveloppe avec annot. aut. à l’encre et aux crayons, s. l.n.d., 30,5 x 23 cm. Archives & Musée de la Littérature ML 6197/1

109 Georges Simenon

Marie qui louche. Man. aut., [1951], 47 p. (27,5 x 21,5 cm) Archives & Musée de la Littérature ML 6197/1

110 Georges Simenon Marie qui louche. Man. dact. s. relié, avec corr. aut., [1951], 176 p. (28,5 x 22 cm). Archives & Musée de la Littérature ML 6197/2

111 Georges Simenon Marie qui louche. Paris, Presses de la Cité, 1951.

Aux cimaises 113 Sarah Kaliski Enfances, Christian et Georges Simenon. Huile sur toile s., 2002, 150 x 130 cm. Archives & Musée de la Littérature MLCO 294

Archives & Musée de la Littérature MLA 17395

112 Georges Simenon « Entretiens » [avec André Parinaud pour la Radiodiffusion française]. Man. dact. s. avec corr. aut., s. l.n.d., 27 p. (27 x 21cm). Archives & Musée de la Littérature ML 6362/1

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De la correspondance à la fiction Vitrine X. Suzanne Lilar (1901-1992) Dramaturge du Burlador, pièce qui modifie l’approche de Don Juan en donnant à la femme un rôle de subtile maîtrise du jeu ; essayiste du Journal de l’analogiste qui renouvelle le thème des correspondances cher au symbolisme belge, Lilar donne coup sur coup, en 1960, La Confession anonyme et Le Divertissement portugais, récits actualisant dans la fiction ces deux hantises majeures de l’auteur. Signé, le second livre constitue, en fait, le masque du premier, anonyme, que Suzanne Lilar n’acceptera de publier sous son nom qu’en 1980, à l’occasion du 150e anniversaire de la Belgique, quatre années après le décès de son mari, le ministre d’État Albert Lilar. Dans la Confession anonyme, qui fit scandale, la romancière transpose la passion qu’elle éprouva pour un magistrat italien – Livio dans le récit. Cet homme du Mezzogiorno s’éprend d’une pianiste suédoise. S’ensuit une relation sensuelle et mentale complexe, que l’on peut qualifier d’initiatique, et qui joue de la distance et de la frustration. Intense et théâtralisée, la passion charnelle est pour l’héroïne, qui mène en fait le jeu, le marchepied d’une extase plus intense. En 1983, André Delvaux tire un film, Benvenuta, de cette métamorphose fictionnelle du réel, avec Fanny Ardant et Vittorio Gassman, dans le rôle des deux protagonistes.

114 Suzanne Lilar Journal 1927-1928. [Allusion à Albert Lilar]. Carnet aut., 1927-1928, 13 x 9 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 8493/5

116 Suzanne Lilar La Confession anonyme. Man. aut. et dact. avec corrections aut., [1959-1960], 88 f. (formats divers). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 7557/1

115 Manlio Borrelli [alias « Livio »]

Lettre à Suzanne Lilar. Aut. s. « Manlio », [entre Rome et Milan], 13 avril 1956, 6 p. (3 f., 30 x 21 cm).

117 [Suzanne Lilar] La Confession anonyme. Paris, René Julliard, 1960. Contient un feuillet publicitaire.

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 7780/3

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 20052

118 Suzanne Lilar et André Delvaux lors du tournage du film Benvenuta. Photographie couleur, [Bruxelles, dans « la chambre milanaise »], 9 mars 1983, 18 x 18 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature AML 848/65

119 Suzanne Lilar Journal 1980-1981. [Allusion à André Delvaux]. Cahier aut., 1980-1981, 22 x 18 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 8493/28

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Vitrine XI. Dominique Rolin (1913) Que l’œuvre de Dominique Rolin entretienne un rapport particulier à « l’autobiographie » est évident. Jamais cependant, on n’a senti une intrication aussi complexe et profonde entre œuvre et vie que dans le roman La Maison, la forêt (1965). Par une série de monologues alternés, se déroulant à rebours des saisons, Dominique Rolin met en scène un vieux couple, à la fois inséparable et « désuni », dans lequel les parents de la romancière, vivant à Boitsfort dans une maison à l’orée de la forêt de Soignes, n’ont pas manqué de se reconnaître ! Il est vrai qu’elle avait incité son père à écrire ses mémoires, par fragments, dans des cahiers qu’elle lui offrait et que le père remplissait pour les lui confier ensuite. Une lettre de Dominique Rolin (parmi les centaines qu’elle a adressées à son père au fil des années, toutes conservées aux AML) témoigne de cette très singulière « collaboration » entre père et fille ! Après la publication du roman, père et mère (Jean Rolin et Esther Cladel) ont réagi très différemment à la lecture des monologues de leurs « doubles » romanesques.

120 Dominique Rolin Lettre à son père, Jean Rolin. Aut. s., Paris, 24 janvier 1965, 2 p. (1 f. 27 x 21 cm).

122 Dominique Rolin La Maison, la forêt. Roman. Paris, Denoël, 1965.

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 6605/237

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 10 784

121 Nicole Hellyn

123 Esther Cladel

La maison des Rolin à Boitsfort. Photographie noir et blanc, Boitsfort, [1992], 17,5 x 24 cm.

Lettre à Dominique Rolin. Aut. s., Boitsfort, 16 février 1965, 4 p. (1 double f. 21 x 13,5 cm).

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature AML 1150/211

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 6742/2/35

124 Jean Rolin Lettre à Dominique Rolin. Aut. s., Boitsfort, 12 mars 1965, 3 p. (1 double f. 21 x 13,5 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 6742/2/55

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Aux cimaises 125 Bernard Milleret Portrait de Dominique Rolin Encre noire sur papier, s. l.n.d., 62 x 82 cm avec cadre. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 375


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Du vécu à la fiction Vitrine XII. André Baillon (1875-1932) Après ses séjours en Campine, André Baillon revient à Bruxelles ; en 1906, par l’intermédiaire de Gaston Heux, comme lui collaborateur à la revue Le Thyrse, il entre au journal La Dernière Heure en tant que rédacteur. Ce travail l’accable, le milieu lui pèse. Malgré de nombreuses absences pour dépression, il reste au journal jusqu’en 1920 et tire de cette expérience un curieux livre intitulé Par Fil Spécial, « une suite de portraits et de caractères, de flashes et d’instantanés », écrira Michel Grodent. Le livre sera publié en 1924. En 2006, les AML ont pu acquérir un ensemble exceptionnel ayant appartenu successivement à Jules Destrée et à José Péraya : 13 carnets et cahiers avec différentes versions des chapitres de Par Fil Spécial (dont une brève version pour le théâtre, inédite) où La Dernière Heure devient L’Heure suprême voire, en abréviation ironique entre les membres du personnel, L’Uprême. Ces documents sont truffés de coupures de presse, de feuilles volantes de formats divers, d’invitations pour les concerts de son amie la pianiste Germaine Lievens, sur lesquelles l’auteur a griffonné de petits fragments de son manuscrit.

126 André Baillon « L’UPRÈME. Journal d’information ». Man. aut., s. l.n.d., cahier d’écolier (22,5 x 17 cm) avec feuilles volantes de formats divers. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 8637/2

127 André Baillon « L’Heure suprême ». Man. aut., s. l.n.d., cahier toilé gris (19 x 13 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 8637/2

128 André Baillon Notes en rapport avec Par Fil Spécial au verso de cartons d’invitation pour un concert de Germaine Lievens et Marcel Jorez. Aut., s. l.n.d., 3 cartons (8 x 11,5 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 8637/2

129 André Baillon « Les Humeurs de Jean Lhair ». Man. aut., s. l.n.d., cahier d’écolier (22,5 x 17 cm). Version pour le théâtre de scènes extraites de Par Fil Spécial. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 8637/2

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130 André Baillon Par Fil spécial. Carnet d’un Secrétaire de Rédaction. Paris, Rieder et Cie, 1924. Un des 200 exemplaires sur vergé pur fil, n° 37. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature FS VN XVIII LP 256


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Vitrine XIII. Marcel Thiry (1898-1977) En 1915, le futur poète et académicien Marcel Thiry s’engage dans un corps d’autos-canons, en compagnie d’Oscar, son frère aîné. L’ordre de mission est d’aller prêter main forte à la IXe armée du Tsar, en Galicie (région rattachée actuellement à l’Ukraine). Après deux années de combats, le corps expéditionnaire reçoit l’ordre de regagner la France (où il avait été constitué). Commence pour les rescapés un prodigieux voyage qui leur fera traverser la Sibérie en longeant par moments la frontière chinoise, franchir le Pacifique pour revenir, triomphants, de San Francisco à New York où un paquebot les attendra pour l’Europe… Après la guerre, en 1919, les deux frères écrivent ensemble le récit de cette aventure : Soldat belge à l’armée russe : Récit de campagne d’une auto blindée en Galicie. À l’occasion du cinquantième anniversaire de l’expédition, Marcel Thiry reprend ce récit, le retravaille et le condense en cinq articles qui paraissent dans Le Soir, en février 1965. La même année, il publie un petit livre Le Tour du monde en guerre des autos-canons belges, qui constitue une version plus détaillée de ces articles. Pour ne pas être trahi par sa mémoire, il échange une correspondance avec certains membres de la « Fraternelle des anciens combattants du corps expéditionnaire belge en Russie », et notamment avec son président : Achille Vanderstichel. Ajoutons que des motifs de ce voyage réapparaissent également dans plusieurs proses et recueils poétiques de Marcel Thiry.

131 Oscar et Marcel Thiry Soldat belge à l’armée russe : récit de campagne d’une auto-blindée belge en Galicie. Liège, Printing Company, 1919.

134 Marcel Thiry « Des mousquetaires ‘cooptés’ ». Coupure de presse avec annot. man., extraite du Soir, 16 février 1965, 1 f. (60 x 21 cm).

Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique KBR III 48618 A

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 5962/17

132 [Anonyme]

135 Achille Vanderstichel

[Sur le front russe.] Photographies noir et blanc, s. l.n.d., 6 x 10,5 cm et 5,5 x 8,5 cm.

Lettre à Marcel Thiry. Aut. s., 25 mars 1965, 2 p. (2 f. 28 x 21 cm).

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 5968/59 et 60

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 5960/831

133 Marcel Thiry Le Tour du monde en guerre des autoscanons belges : 1915-1918. Man. aut., 1er janvier 1965, 38 p. (28 x 22 cm).

136 [Anonyme] [Sur le front russe.] Photographie noir et blanc, s. l.n.d., 4,5 x 6,5 cm.

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 5874/1

137 [Anonyme] Portrait d’Oscar et Marcel Thiry Photographie reproduite dans Marcel Thiry, Le Tour du monde en guerre des autos-canons belges : 1915-1918. Bruxelles, André De Rache, 1965, p. 87. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 7406

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 5968/75

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Vitrine XIV. Marie Gevers (1884-1975) Abondamment annoté, un almanach de 1872, le Mémorial du naturaliste et du cultivateur, était devenu, dans les dernières années du xixe siècle, le dépositaire de la mémoire de la famille Willems. Marie Gevers continue de tenir ce « livre de raison » pendant la Seconde Guerre mondiale, cette fois dans un cahier d’écolier, où elle note le rendement des plantations du potager, désormais indispensables à la subsistance des siens : commencées en mars 1941, les notations s’interrompent en mai 1944, trois semaines après la mort de son fils Jean (Jante) dans un bombardement. Six mois plus tard, lorsque les V2 menacent Missembourg et contraignent la famille à s’abriter dans les caves, Marie Gevers reprend le cahier, qu’elle retourne, pour y tenir, jusqu’en avril 1945, un journal intime : le « Journal d’une cave ». C’est pendant ces mois qu’elle perd son mari, Frans, emporté par une congestion pulmonaire. À la fin des années 50, Marie Gevers reprend le cahier. Estompant ici et là ce qui avait trait au contexte politique, elle met en avant le drame personnel, accentue, par touches, l’émotion du moment. Elle en fera le finale de la plus aboutie de ses chroniques familiales : Vie et mort d’un étang (1961).

138 Marie Gevers Notes diverses. Man. aut. s., 3 f. (formats divers), extraits du Journal des années 41-45.

140 Frans Willems Soleil de février. Aquarelle sur papier, s. « F.W. », [Missembourg], s. d., 12 x 17,5 cm.

Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique Archives & Musée de la Littérature FS LV 18/2

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 561

139 Marie Gevers

Journal des années 41-45. Man. aut., Edegem, 1941-1945, cahier d’écolier utilisé tête-bêche, 20 x 16 cm. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique Archives & Musée de la Littérature FS LV 18/1

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141 Marie Gevers Vie et mort d’un étang. Bruxelles, Brepols, coll. Le Cheval insolite, 1961. Frontispice de Jacques Ferrand. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique Archives & Musée de la Littérature FS LV L36

142 Marie Gevers Journal d’une cave. Man. aut. s., [Edegem, années cinquante], liasse dans farde cartonnée (27,5 x 21 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 8672/8


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Transpositions & métamorphoses Vitrine XV. Paul Willems (1912-1997) Nuit avec ombres en couleurs (1983) développe le scénario d’un spectacle écrit pour la veillée de Noël 1976. Paul Willems en avait imaginé les personnages d’après des marionnettes créées par sa fille, Suzanne. Parmi les personnages, le chat Astrophe témoigne de l’entremêlement des motifs familiaux et poétiques dans l’imaginaire de Willems. Comme son modèle, « vrai » chat de Missembourg, Astrophe superpose à une réminiscence du médecin d’Oncle Vania, un calembour bilingue (« Kat Astrov ») typique de l’ambiance familiale. Figure à la fois familière et poétique, il cristallise des joies et des peines vécues par l’auteur et sa fille. Une fois entré dans la fiction, Astrophe prend, par ailleurs, sa propre vie littéraire. Émancipé de l’amusante marionnette de Noël, il devient le personnage ambigu que représente bien la photo du spectacle d’Henry Ronse : ce chat n’est plus l’animal familial, mais un être félin dont il est à craindre qu’il nous emmène dans des situations plus aventureuses…

143 Paul Willems Nuit. Man. aut., [juillet], [1977], 123 f. (formats divers). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 1100

144 Suzanne Willems Tête de chat. Tête de marionnette sans corps en papier mâché et billes de verre, 10 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 562/1

145 Nicole Hellyn Astrov dans Nuit avec ombres en couleurs mis en scène par Henri Ronse. Tirage papier d’une diapositive, Bruxelles, Théâtre National de Belgique, 12 avril 1983, 18 x 12 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature NHDT 124

146 Paul Willems Nuit. Palissade. Farde cartonnée vide avec projets de titres aut., Missembourg, avril 1980, 24,5 x 30 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 1100

149 Suzanne Willems Astrov, le chat qui mène le jeu. Marionnette en papier mâché, billes de verre et tissu, 45 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 562/2

147 Nicole Hellyn Astrov dans Nuit avec ombres en couleurs mis en scène par Henri Ronse. Tirage papier d’une diapositive, Bruxelles, Théâtre National de Belgique, 12 avril 1983, 18 x 12 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature NHDT 125

148 Paul Willems Nuit avec ombres en couleurs. Dans Textes pour Didascalies 6, Bruxelles, Promotion des Lettres belges de Langue française / Ensemble Théâtral Mobile, février 1983. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLTR 22

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Vitrine XVI. Henri Michaux (1899-1984) Chaînes raconte la révolte d’adolescents. Attaché par son père au mur de sa maison, un jeune homme tombe amoureux d’une jeune fille qui passe dans la rue. Chaque fois que celle-ci rentre chez elle, sa mère la bat. Très ironique, la fille se moque du prisonnier, de son amour, de son impuissance à se libérer. Elle l’enjoint à se rebeller, pour prouver qu’il l’aime. Il essaie. Quant à elle, elle bat maintenant sa mère. Écrite en 1937 par Henri Michaux, la pièce en un acte fait l’objet d’un spectacle de marionnettes à doigts. Raymond Charriaud et Jean-Pierre Biondi réussissent là une « expérience laboratoire ». Pierre Macaigne écrit dans le Figaro littéraire : « les regards collaient sur ces têtes jaunes en sciure de bois […] Il n’est assurément pas commode de traduire, par le jeu des marionnettes, un drame familier (celui de la libération de l’adolescent contre son père) lorsque cet artiste d’originalité vraie qu’est Henri Michaux lui a donné ses raccourcis et ses images. C’est pourtant une tentative réussie […] » La Compagnie du Rouet présente le tout, en 1949, au cœur de Paris, à La Courte Échelle et au Club Saint-Germain-des-Prés. Le spectacle sera redonné à Stockholm en 1977. Entre-temps, en 1963, Gallimard publie le texte.

150 Henri Michaux Lettre à Raymond Charriaud. Aut. s., Paris, 9 juillet 1949, 1 p. (1 f. 21 x 13,5 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 992/3/1-2

151 Henri Michaux

Carte de visite à Raymond Charriaud. Aut. s., Paris, [1949], 1 carton (5,5 x 8 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 992/2

152 Raymond Charriaud et

Jean-Pierre Biondi Marionnettes à doigt. Sciure de bois modelée et peinte, montée sur support en fil de fer, 1949, 30 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 988

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153 Raymond Charriaud Damidia. Huile sur toile, s. l.n.d., 22 x 14 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 989

154 Henri Michaux Chaînes. Man. dact. avec annot. aut., 1937, 8 p. (25,5 x 21 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 990

155 [Anonyme] Portrait de Raymond Charriaud manipulant ses marionnettes devant un miroir. Photographie noir et blanc, s. l., [1949], 21 x 13 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 991/1

156 Affiche pour le spectacle de marionnettes Chaînes présenté du 13 au 20 mai 1949 au Club Saint-Germain-des-Prés à Paris. Linogravure et tirage papier, [1949], 39 x 31 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 994/1


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Vitrine XVII. Jean Sigrid (1920-1998) En 1968, après une pause de neuf années consacrées exclusivement à des adaptations, le dramaturge Jean Sigrid (par ailleurs reporter au journal La Libre Belgique) présente Mort d’une souris au théâtre du Rideau de Bruxelles. D’une forme résolument éclatée, cette pièce marque un tournant dans l’écriture du dramaturge. Elle demeure toutefois fidèle à une thématique chère à l’auteur : les rapports difficiles entre un homme et une femme où l’amour se mêle de pitié, de possessivité et de cruauté – le titre de la pièce faisant référence à la scène finale au cours de laquelle une souris sert d’exutoire à un personnage masculin conduit à l’exaspération. Ce que l’on sait moins, c’est que l’œuvre dramatique résulte de la condensation d’un roman inédit dont on trouve les premières traces au début des années soixante, La Vitre. Dans une lettre à son ami Sigrid, l’écrivain Charles Bertin, lecteur exigeant, commente en détail, et fort élogieusement, le contenu du tapuscrit qui lui a été envoyé. Quelques années plus tard, développant la pièce à partir des chapitres du roman, Jean Sigrid écrit le scénario (resté inédit) d’une dramatique télévisée que Paul Roland réalise pour la télévision belge : Un Vélo dans l’herbe.

157 Jean Sigrid La Vitre. Man. dact. s. avec corr. aut., 1964, 88 p. (27 x 21 cm).

160 Jean Sigrid Mort d’une souris. Bruxelles, Cahiers du Rideau, n° 15, 1983.

163 Jean Sigrid [Figure sans titre]. Aquarelle sur papier, s. l.n.d., 32 x 41 cm.

Archives & Musée de la Littérature MLT 928/15

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLR 5870

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, en dépôt

158 Jean Sigrid [La Vitre : plan de l’évolution dramatique]. Man. aut., 1963, 6 p. (30 x 21 cm).

161 [Anonyme] Portrait de Jean Sigrid. Photographie, s. l.n.d., 18 x 24 cm. Reproduction Nicole Hellyn.

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 928/10

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature AML 19/11/81/15

159 Jean Sigrid Mort d’une souris. Man. dact. avec corr. aut., s. l.n.d., 62 p. (28 x 22 cm).

162 Jean Sigrid Le Vélo dans l’herbe, manuel de tournage. Man. dact. avec annot. aut., [1971], 160 p. (21 x 30 cm).

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 927/5

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 929/9

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L ’écriture proliférante Vitrine XVIII. Christian Dotremont (1922-1979) Couper, diviser pour mieux mélanger et recoller, puis tordre, sont les maîtres-mots de la création selon Dotremont. Les expérimentations sont pour lui des « entreprises passionnelles de longue haleine », ou plutôt « lèse-antre, prises-passes, io, n’ailes de long, galène », c’est-à-dire des aventures scripturales qui conduisent dans un univers de signes proche du nôtre quoique inconnu, étranger mais pourtant familier. Ainsi, dans le poème « Poam em francar linca », n’hésite-t-il pas à forger une langue amoureuse littéralement inouïe. Dans les logogrammes qui le rendront célèbre et qui constituent, selon ses propres dires, une « anti-calligraphie », le geste d’écriture lui-même est contaminé par l’élan de l’invention poétique : les mots deviennent image, le corps parle autant que l’esprit. La quête du bouillant fondateur du groupe COBRA le conduit ainsi à la réalisation de « logoneiges » quand les terres de Finlande lui révèlent des espaces neigeux qui élargissent aux dimensions de l’infini la blancheur vierge de la page blanche.

164 Christian Dotremont Lettre à Jacques Calonne. Aut. s., Bruxelles, « Les entreprises passionnelles de longue haleine », juillet 1962, 1 p. (1 f. 28 x 22 cm).

168 Christian Dotremont Lettre-logogramme à Cécile et André Miguel. Aut. s., crayon et encre bleue, s. l., janvier 1976, 1 p. (1 f. 30 x 21 cm).

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, ML 8600/3

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, ML 7165/10

165 Christian Dotremont Lettre à Jacques Calonne. Aut. s., Finlande, « Lèse-antre, prisespasses, io, n’ailes de long, galène », s. d., 6 p. (3 f. 21 x 15 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, ML 8600/6

166 Christian Dotremont « Poam em francar linca ». Man. aut. s., s. l. n. d., 1 p. (1 f. 28 x 22 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, ML 5043/8

167 Christian Dotremont Collage. Man. aut, s. l.n.d., 1 p. (1 photo découpée, 8 x 11 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, ML 5042/52

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169 Christian Dotremont Carte-logogramme à Suzy Embo. Aut. s., Helsingor (Danemark), 5 août 1977, 11 x 15 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, ML 7196/22

170 Christian Dotremont « La neige ». Man. dact., s. l.n.d.., 1 p. (1 f. découpé, 17 x 11 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, ML 5043/5

171 Caroline Ghyselen Dotremont créant un « logoneige ». Photographie noir et blanc, Laponie, 1976, 13 x 18 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, nhd 3853

172 Christian Dotremont Logoneige. Photographie noir et blanc, Laponie, 1976, 9 x 12 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1236/2

Aux cimaises 173 Marcel Mariën L’Irréversible et la nostalgie Collage s. avec enveloppes, s. l.n.d., 80 x 30,5 cm avec cadre. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, ML 5695

174 Suzanne Willems [Robe en papier, d’après E.L.T. Mesens]. Technique mixte sur papier de coupe, [Missembourg], [années 1960], 129 x 60 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, MLCO 563


C h a p e l l e d e N a ss au

Vitrine XIX. Marcel Moreau (1933) À l’instar de la vie pulsionnelle qu’il met en oeuvre dans ses fictions et célèbre dans ses essais, Marcel Moreau pratique une écriture tourbillonnaire dont le point de départ est parfaitement perceptible dans ses manuscrits. Écrits sur n’importe quel support – y compris des tickets de métro –, ces premiers jets deviennent de véritables giclées d’écriture dont l’évidence plastique et significative a frappé Cioran. Elles exigent de l’écrivain une transcription le soir-même ou, au plus tard, le lendemain sur sa vieille machine à écrire Olivetti. La forme sort ainsi de l’informe qui la portait pourtant. Kamalalam (1982), récit dont le personnage est l’écriture et qui dit aussi bien Il que Je, atteste ces diverses phases de travail, jusqu’au tapuscrit parfaitement mis en page qui sera relu par le correcteur hors pair qu’est Marcel Moreau.

175 Marcel Moreau Kamalalam. Man. aut., avec de nombreuses ratures ou corrections, sur supports variés (enveloppes, billets, tickets de métro, etc.), s. l.n.d., n. p. (formats divers). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 6955/7/1

176 Marcel Moreau Kamalalam. Épreuves avec corrections aut. pour la parution aux Éditions L’Âge d’Homme, [1982], 54 f., 36,5 x 25,56 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 6955/7/2

177 Nina Rodriguez-Castinado Buste de Jacques Izoard. Bronze s., 2008, 47 x 28 x 26 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLco 570

Aux cimaises 178 Eugène Savitzkaya Le Lait de l’ânesse. Man. aut. s., feuillets collés et encadrés sous boîtier en plexiglas, s. l.n.d., 154 x 63 cm. L’édition originale a paru en 2008 chez Didier Devillez. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, MLCO 560/1

Eugène Savitzkaya (1955) En 2008, le poète et romancier Eugène Savitzkaya publie un texte atypique, Le Lait de l’ânesse. Il s’agit d’un ensemble de 109 courtes prescriptions numérotées qui règlent, sur le mode de l’hypothèse, ce qui ressemble à un rituel : la flagellation d’une ânesse à l’aide d’un fouet ! Neuf proses poétiques sur fond gris viennent en regard de ces prescriptions, pour expliciter, semble-t-il, certains aspects de la longue cérémonie. À quoi s’ajoutent dix commentaires sur les langages impliqués dans le cérémonial complexe. Ce texte étrange qui se déploie néanmoins de manière logique et inéluctable donne naissance à un livre d’artiste tiré à 150 exemplaires. Son feuillet unique, plié dans le sens de la hauteur puis en accordéon de sept plis, se glisse dans une enveloppe de carton. Au recto, le texte en imprimé ; au verso, le fac simile du manuscrit, qui participe de la sorte à l’œuvre imprimée. Déclinaison supplémentaire : le manuscrit original enfermé dans un cadre de plexi qui le promeut au statut d’œuvre d’art à part entière. Si singulière qu’elle paraisse, l’œuvre est fidèle à la façon de faire adoptée par Savitzkaya depuis Mongolie plaine sale (1976) : elle déploie une mélopée fascinante dont les reprises inlassables, porteuses de nuances ténues, font évoluer, et le récit, et la fantasmatique.

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L ’écriture par épuration Vitrine XX. François Jacqmin (1929-1992) « Je suis porté à épurer jusqu’au silence ». Poète discret, dont trois recueils seulement ont été publiés de son vivant, François Jacqmin a pourtant écrit une masse impressionnante de manuscrits. « Le plumier de porcelaine » et « Le plumier de vent », aux titres évocateurs de fragilité et d’immatérialité, racontent comment l’auteur écrit sa poésie. Dans le premier manuscrit, il note ses idées, ainsi qu’elles ont pris forme en lui. Dans le deuxième, plus discursif, il s’imprègne de la problématique de sa création. Dans le troisième, l’élagage a lieu. Le poète adopte un ton affirmatif, presque sans réplique, et passe du « je » à un être générique, « le poète » voire même le « on ». Le processus est toujours identique chez Jacqmin : une « vapeur verbale » monte en lui lorsqu’il est en promenade ; elle provoque le jaillissement d’une métaphore ; celle-ci, à son tour, prolifère en une foule de textes. Il s’agit alors de « corriger » le poème, c’est-à-dire de le réduire à sa forme la plus épurée. La poésie advient à force de concentrations et de prises de distance successives.

179 François Jacqmin Comment j’écris ou le plumier de porcelaine. Man. aut., s. l., septembre 1977, 21 p. (21 f. 28 x 22 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 8047/1

180 François Jacqmin Comment j’écris ou le plumier de vent. Man. dact. avec corr. aut., s. l. n. d., 20 p. (20 f. 28 x 22 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 8047/2

181 François Jacqmin Comment j’écris ou le plumier de vent. Man. dact. avec corr. aut., s. l. n. d., 20 p. (20 f. 28 x 22 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 8047/3

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Aux cimaises 182 Clément Pansaers « Couillandouille et Crotte De Bique ». Man. aut., sous cadre, s. l.n.d., 9 p. (21 x 18 cm). Fragment de Bar Nicanor, Bruxelles, Éditions AIO, 1921. Bruxelles, Archives & Musée de la littérature, ML 4589/1

Clément Pansaers (1885-1922) Principal représentant du mouvement Dada en Belgique, directeur de l’éphémère mais subversive revue Résurrection (1917-1918), seule revue moderniste, antimilitariste et internationaliste née en Belgique francophone pendant la Première Guerre mondiale, l’écrivain-collagiste Clément Pansaers s’est rapidement distingué par sa volonté de dépasser la négativité pure ou les pratiques ludiques pour frayer un chemin à une pensée authentiquement subversive. À la faveur d’une écriture abrupte, qui déjoue les rigueurs de la syntaxe autant que les raideurs des convenances bourgeoises, Pansaers entraîne son lecteur dans une valse verbale tapageuse, dérangeante voire scatologique : une authentique danse des mots dont l’humour noir vise paradoxalement à éveiller, au milieu de ces années que l’on qualifiera bientôt de « folles », la lueur d’une aube nouvelle pour l’esprit. Dans Bar Nicanor, ce dessein se réalise à travers une inversion forcenée du haut et du bas, dans un bar où l’on se saoule de tout, et d’abord de mots vampés par la logique publicitaire.


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Vitrine XXI. Paul Desmeth (1883-1970) Tôt orphelin de père, ami de Léon Spilliaert, James Ensor, Fernand Crommelynck, Marie Gevers ou Jean Paulhan, Paul Desmeth fréquente très tôt Émile Verhaeren auquel il est lié familialement par sa mère. Épris d’art et de paysage, Desmeth fut un grand voyageur et un grand marcheur, un lecteur exigeant et un solitaire relié. Ses textes proviennent d’un rapport charnel et mystique à ce qui l’entoure, qu’il découvre et fait retentir. Incessamment remaniés, recomposés sans fin en tant qu’ensemble, ses textes majeurs paraissent à partir de 1932 sous le titre Simplifications. L’auteur n’hésitant pas à détruire ce qui restait des éditions antérieures, de nouvelles moutures voient le jour en 1939 ; 1948 ; 1958, année où Gallimard la refuse, et 1968. Toutes cherchent à atteindre au plus près l’impossible perfection du rendu exact de la perception ou de la sensation. Paul Willems a fort bien relaté ce processus : « Il ouvrait le livre, tirait un crayon de sa poche, et corrigeait une phrase, un mot, ici ou là. C’était le vrai but de sa visite. Ces corrections n’étaient en rien grammaticales ni simplement scolaires. Elles étaient le résultat d’une longue et lente maturation de sa vision, un palier vers une plus grande fusion du poème avec son extase ».

183 Paul Desmeth Simplifications. Man. dact. avec corrections aut., s. l.n.d. [quelques poèmes sont datés de 1936 ou de 1944], environ 20 f. (formats divers). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 7879/397/2

184 Paul Desmeth

Simplifications suivi de Avec la Nuit. Paris, Librairie Gallimard-NRF, 1932. Première édition. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLPO 12835

185 Paul Desmeth Simplifications. Man. aut. et dact. s., s. l.n.d., environ 70 f. (27 x 21 cm). Mention aut. « Manuscrit du coffre ».

186 Paul Desmeth Simplifications. Poèmes. Bruxelles, George Houyoux, 1968. Exemplaire corrigé et complété par Paul Desmeth. Note aut. sur la couv. : « S’il en est besoin, se servir de cet exemplaire-ci pour compléter d’après les feuillets qui y sont joints le manuscrit dactylographié du coffre à la Société Générale ». Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 7879/397/8

187 Paul Desmeth Simplifications. Poèmes. Bruxelles, George Houyoux, 1968. Avec 30 poèmes inédits. Dédicace aut. signée à Géo Norge, « Mon ami, avec mon admiration. Paul Desmeth ».

188 Paul Desmeth Simplifications suivi de Avec la Nuit. Bruxelles, Les Éperonniers, coll. Passé Présent, 1988. Préface de Paul Willems. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLPO 2656

Aux cimaises 189 Georges Baltus Portrait de Paul Desmeth Huile sur toile s., 1952, 97 x 46 cm avec cadre. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, MLCO 200

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLPO 12833

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 7879/397/4

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Entre mots et images Vitrine XXII. Jean de Boschère (1878-1953) En dépit de l’estime que lui réservèrent des écrivains aussi éminents que Paul Valéry ou Antonin Artaud, et nonobstant la popularité que son oeuvre connut en Angleterre dans les années vingt – à travers le mouvement imagiste notamment –, l’écrivain-plasticien Jean de Boschère demeure largement méconnu. Poète et romancier (Job le Pauvre, 1922 ; Marthe et l’Enragé, 1927), essayiste (ses études sur Jérôme Bosch ou Léonard de Vinci rivalisent avec ses ouvrages de botanique ou d’ornithologie), peintre et sculpteur aussi bien qu’illustrateur, l’auteur s’est d’ailleurs toujours dérobé aux étiquetages univoques, comme pour échapper à toute emprise. La question identitaire irrigue, en effet, les moindres recoins de l’œuvre. Multiplication des autoportraits et des mises en scène de soi, jeux de doubles poétiques et romanesques, indétermination des genres littéraires, tension des mots et des images, thématique de l’hybridation, le maillage de la problématique est si serré qu’on ne peut s’empêcher de penser que tel une cuirasse, il a peutêtre préservé celui qui se dénommait « l’Obscur » de la folie qui emportera tour à tour ses amis Elskamp et Artaud…

190 Henri Martinie Portrait de Jean de Boschère. Photographie noir et blanc s., Paris, 1928, 28 x 22,5 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 3254/5

191 Jean de Boschère « Le Gantier ». Dans Le Bourg, soixante-six de ses hommes avec 66 gravures. Paris, Émile-Paul Frères, 1922. Bois gravés par l’auteur. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique KBR III 66 681 A

192 Jean de Boschère [Figure au monocle]. Bois sculpté, s. l.n.d., 21,5 x 8,5 x 5,5 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 111

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193 Jean de Boschère « Et puis, enfin, à midi et à jeun… ». Encre et collage avec rehauts de blanc sur carton, [avant 1922], 16,5 x 10,5 cm. Illustration du premier poème de Job le Pauvre. London, John Lane The Bodley Head Limited, 1922.

196 Jean de Boschère Cuirasses Aquarelle certifiée de la main de J. de B. par Élisabeth d’Ennetières, La Châtre, 1942, 29,5 x 22 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 236/1

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 3253/14

194 L’Obscur, l’homme. Mss aut. s., décembre 1950, 1 cahier 43 p. (23 x 17 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 2869

195 Jean de Boschère

Cuirasses Esquisse au crayon, s. l.n.d., 32 x 25 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 236/2

Aux cimaises 197 Jean de Boschère Saint Jean-Baptiste. Huile sur toile, 1926, 84 x 64 cm avec cadre. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 216


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Vitrine XXIII. Henry Bauchau (1913) Toujours longue, la genèse des romans d’Henry Bauchau suit un parcours qui part d’un premier jet touffu et se décante progressivement, à travers plusieurs versions manuscrites, jusqu’aux divers jeux de tapuscrit. Elle va de pair avec la tenue de journaux que l’écrivain, après les avoir élagués, a tous publiés, à l’exception du Régiment noir. Dans le cas d’Antigone (1997), roman dont la nécessité s’est imposée après la rédaction d’Œdipe sur la route (1990) où le personnage avait déjà de l’importance, le travail d’écriture conduit l’auteur à recourir d’abord à la narration distanciée du « elle » avant de passer au « je », une des clefs du succès de l’œuvre publiée. La succession des manuscrits atténue peu à peu la charge sexuelle de la première esquisse du personnage, tandis que l’imaginaire de l’écrivain se donne libre cours dans des dessins qui silhouettent un personnage aussi désirable qu’allégorique. Sur la page de gauche d’un tapuscrit apparaissent des commentaires : ils comprennent les ­remarques de l’éditeur, Bertrand Py, dont le rôle fut déjà décisif dans la version publiée d’Œdipe sur la route.

198 et 199 Henry Bauchau Antigone 92. Première version : cahiers 1 et 2. Man. aut. s., 2 grands cahiers lignés avec dessins dans les marges, chromos et cartes postales, Paris, « Passage de la Bonne Graine », 1992, 30 x 22 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 7973/1-2

200 Henry Bauchau

Antigone. Roman. Arles, Actes Sud, 1997. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 21996

201 Henry Bauchau Antigone 93. Deuxième version : cahier 1. Man. aut. s., 1 grand cahier ligné avec chromos et cartes postales, 1993, 30 x 22 cm.

203 Henry Bauchau Le Régiment noir. Pastel gras s. « H », [s. l.], 1972, 54 x 76 cm avec cadre.

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 7973/4

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 423

Aux cimaises

202 Henry Bauchau Antigone. Quatrième version. Man. dact., s. l.n.d., n. p. (formats divers). Plusieurs chapitres portent des corrections ou suggestions aut. de Bertrand Py. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 9448/9

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Vitrine XXIV. Jean-Claude Pirotte (1939) Après d’autres pseudonymes plus éphémères, l’écrivain Jean-Claude Pirotte choisit en 1953, et pour plusieurs décennies, l’hétéronyme « Ange Vincent », sous le nom duquel il publie, par ailleurs, des poèmes et crée des peintures. Parmi celles-ci, un autoportrait sur papier kraft – intitulé, en néerlandais, « zelfportret » – ainsi que des carnets de dessin, symboliquement réunis sous le titre « mon absence ». Cet hétéronyme permet à l’homme de se situer à côté de son œuvre et de son nom jusqu’au moment où le nom de Pirotte s’impose en littérature. Il lui sert même de prête-nom pour la traduction en français des poèmes anglais d’un autre hétéronyme, Julien White. Après être intervenu fugacement dans un récit, Ange Vincent donne le titre d’un volume de luxe (avec autoportrait) paru en 2001 puis devient personnage de fiction dans une des dernières œuvres romanesques de l’écrivain, Une enfance en Gueldre (2006), sorte d’autofiction de la naissance de Pirotte à lui-même à l’heure de l’adolescence, dans ces Pays-Bas où il se trouve immergé dans la langue de l’autre.

204 Ange Vincent Mon absence. Gouache et encre, s. l.n.d., 18 x 13 cm.

207 Jean-Claude Pirotte Ange Vincent. Paris, La Table ronde, 2001.

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 440/1

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 20234

205 Jean-Claude Pirotte Histoire de Vincent. Une enfance ordinaire, devenu Les Grilles de la rue Sainte-Berthe. Man. aut. et dact. en plusieurs états mélangés, avec croquis dans les marges, s., s. l.n.d., n. p. (30 x 21 cm).

208 [Jean-Claude Pirotte] Les Carnets posthumes d’Ange Vincent (Une adolescence en Gueldre). I. Le Carnet bleu. Man. aut., s. l.n.d., 1 cahier bleu (21 x 15 cm).

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 6601/4

206 Ange Vincent

Carnet de Gueldre. Encre, gouache et craie dans un carnet-accordéon, s. « A.V. », 2005, 18 x 18 cm Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 440/2

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Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 8885/1

209 Jean-Claude Pirotte Une adolescence en Gueldre. Roman. Paris, La Table ronde, 2005. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 22365

Aux cimaises 210 Ange Vincent Zelfportret. Huile, gouache et craie, s. « A.V. », s. l.n.d., 53,5 x 35 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 440/3


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j u b é d e l a C h a p e l l e d e N a ss au

Effigies 211 Charles Van der Stappen Buste d’Émile Verhaeren. Plâtre s., 1902, 45 cm. Dédicace aut. « au poète Émile Verhaeren 1902 ». Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 236

212 [Boleslaw] Biegas

Buste d’Émile Verhaeren. Bronze s., 1906, 53 cm. Bruxelles, Académie royale de Langue et de Littérature françaises, Archives & Musée de la Littérature MLCO 14

213 César Schroevens Buste d’Émile Verhaeren. Bronze, [s. d.], 59 cm. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Archives & Musée de la Littérature MLCO 104

214 Paule Bruynincks

Buste de Michel de Ghelderode. Marbre s., 1953, 47 cm. Bruxelles, Académie royale de Langue et de Littérature françaises, Archives & Musée de la Littérature MLCO 18

215 Akarova

Buste de Luc Hommel. Bronze s., [s. d.], 40 cm. Bruxelles, Académie royale de Langue et de Littérature françaises, Archives & Musée de la Littérature MLCO 8

216 G. Moulin

Buste de Georges Marlow. Plâtre s., 1936, 38 cm.

217 Idel Ianchelevici Buste de Roger Avermaete. Plâtre s., [s. d.], 42 cm.

223 [Mme] Homes Buste de Jean Glineur. Plâtre, [s. d.], 42 cm.

Bruxelles, Lion’s Club Archives & Musée de la Littérature MLCO 46

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 570

218 Eugène Canneel

Buste de Lucien Christophe. Marbre s., [s. d.], 52 cm. Bruxelles Archives & Musée de la Littérature MLCO 339

219 [Édouard] de Valeriola

Buste de Maurice Gauchez. Plâtre s., [s. d.], 45 cm. Bruxelles, Académie royale de Langue et de Littérature françaises, Archives & Musée de la Littérature MLCO 117

220 Victor Rousseau Buste d’Albert Giraud. Bronze s., 1929, 53 cm. Bruxelles, Académie royale de Langue et de Littérature françaises, Archives & Musée de la Littérature MLCO 99

221 René Cliquet Buste de Robert Goffin. Plâtre s., [s. d.], 43 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 23

222 Armand Silvestre Buste de Théodore Koenig Plâtre, [1941], 40 cm.

224 Paul Stoffyn Buste de Léopold Rosy. Plâtre s., 1926, 48 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 207

225 I. De Rodder Buste d’Albert Delstanche. Bronze s., 50 cm, 1893. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 27

226 Oscar Nemon Buste de Paul-Henri Spaak. Plâtre s., [s. d.], 50 cm. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Archives & Musée de la Littérature MLCO 68 (Dépôt Mme Spaak)

227 Julien Ruymen Buste du Professeur Hegnuix. Plâtre s., [s. d.], 50 cm. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique Archives & Musée de la Littérature MLCO 100

228 [Anonyme] Buste d’Auguste Marin. Plâtre, [s. d.], 55 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 569

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 571

Bruxelles, Académie royale de Langue et de Littérature françaises, Archives & Musée de la Littérature MLCO 67

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S a l l e d e l ec t u r e d es AML ( 3 e é tage )

Jadis et naguère

éditeurs et revues de Belgique Dans la salle de lecture des Archives & Musée de la Littérature, on découvrira, non pas un panorama complet des éditeurs et revues belges du passé (inconcevable dans un espace réduit), mais une sorte de florilège : livres, documents, matériaux, illustrations présentent quelques moments forts (ou curieux) de l’histoire éditoriale belge ; au passage, nous rendons un hommage appuyé à deux grands éditeurs de jadis : Edmond Deman et Gérard Van Oest. Prenons l’aventure par son début : la contrefaçon (et la pré-façon) de livres français en Belgique. En 1834, Stendhal écrit, de Rome, à Sainte-Beuve : « Rome et moi nous ne connaissons la littérature française que par l’édition belge ». De fait, dès 1814, les provinces belges, réunies à la Hollande et dégagées des censures et contraintes napoléoniennes, jouissent d’une grande liberté de presse. Quant au droit

d’auteur, il ne fait l’objet d’aucune disposition juridique internationale ; il n’a de valeur qu’à l’intérieur des frontières, pour les nationaux. On peut donc « copier » en Belgique tout ce qui se publie à Paris et le distribuer sur tous les marchés non-français. Dès lors, les imprimeurs-éditeurs vont proliférer, surtout après l’indépendance (1830), et proposer des éditions bon marché et en format réduit d’œuvres françaises – ou de traductions françaises d’œuvres étrangères. Une simple réimpression s’appelle une « contrefaçon », une publication en volume d’une œuvre publiée en feuilleton est appelée « pré-façon »… Cette activité est fort lucrative pour les imprimeurs belges (tels les Wahlen, Ferra, Demat, Voglet et Hayez à Bruxelles ; les Dosson-Varlé à Tournai ou les Van Linthout et Vandezande à Louvain…) ; peu avantageuse cependant pour les écrivains français, elle disparaîtra après les accords entre gouvernements belge et français, en 1854. 57


Dans la seconde moitié du XIXe siècle, de vraies maisons d’édition voient le jour en Belgique ; elles accueillent notamment les écrivains français censurés ou exilés. Ainsi, Victor Hugo s’adresse avec succès à Lacroix et Verboeckhoven pour l’édition des Misérables (les mêmes associés accueilleront Les Chants de Maldoror de Lautréamont, mais refuseront de les distribuer ; Baudelaire, lui, rêve de se faire adopter par eux mais n’obtient rien…). Cependant la puissante édition française reste – et restera – un pôle d’attraction ou, du moins, un modèle à suivre pour les auteurs belges. Ainsi, Maeterlinck demande à Lacomblez, son éditeur belge, de réaliser un ouvrage ressemblant à un livre français ! Surgissent alors, à côté des Lacomblez, des Lamertin, des Lebègue ou des Kistemaeckers, quelques éditeurs plus élitaires, soucieux de produire des livres précieux, suscitant une collaboration étroite entre écrivains et artistes vivants. Si les contrefacteurs se distinguaient de Paris par le format (souvent réduit) et par des prix défiant toute concurrence, Edmond Deman (1857-1918), lui, se fera remarquer, dans des cercles plus restreints (y compris à Paris), par des ouvrages rares, superbes, à la typographie longuement étudiée, illustrés par les meilleurs artistes de l’époque et imprimés sur un papier choisi. Deman naît à Bruxelles en 1857. Il fait des études de droit à Louvain où il se lie d’amitié avec Iwan Gilkin et, surtout, avec Émile Verhaeren dont il publiera quelques ouvrages capitaux. Il ouvre à Bruxelles (d’abord rue d’Arenberg, puis rue de la Montagne) un cabinet de lecture et une librairie spécialisée, lieu de rendez-vous de ce qui compte en matière d’art et de littérature, lieu de discussion et de travail, aussi, entre artistes et écrivains ; ensemble ils mèneront à bien les ouvrages, aussi fameux que peu nombreux, publiés par Deman : Verhaeren, Demolder, 58

mais aussi Mallarmé, Bloy ou Villiers de L’Isle-Adam s’y associent avec Manet, Van Rysselberghe, Khnopff (ce dernier dessinera la fameuse marque de l’éditeur), Redon, Rops, Lemmen, e.a. Jusqu’au tout début du vingtième siècle, Deman créera des « volumes souples, d’un aspect sobre, élégant, où le vers, imprimé en italiques, jaillit et se fixe d’un élan net et sûr, et évolue sans être gêné, ni écrasé » (André Fontainas). À peine une génération plus tard surgit un autre éditeur passionné d’art et soucieux de qualité : Gérard Van Oest (1876-1935). D’origine hollandaise, né à Roubaix, « ce Belge d’adoption », prétendra le critique Paul Fierens, « consacrait à l’art national de la Wallonie et des Flandres une série de publications qu’il répandait à l’étranger, autant, sinon plus, que dans le pays ». En 1904, Van Oest ouvre une boutique sur le Mont des Arts à Bruxelles et rassemble une équipe d’écrivains, de critiques et d’historiens de l’art : Henry Hymans, Hulin de Loo et Van Bastelaer (grands spécialistes des Primitifs et de Bruegel), Émile Verhaeren, Camille Lemonnier, Franz Hellens, Sander Pierron, Jean de Boschère, Fierens-Gevaert, etc. Dans un premier temps, il focalise ses activités éditoriales sur la production de beaux ouvrages consacrés tant à l’art ancien des Pays-Bas qu’à l’art contemporain (James Ensor – superbe monographie d’Émile Verhaeren ! – , Eugène Laermans, Émile Claus, Albert Baertsoen…). Il crée bientôt une succursale parisienne, à l’ombre de Notre-Dame (rue du Petit-Pont), pour s’installer définitivement dans la capitale française en 1924. Du coup, les centres d’intérêt se déplacent : s’il crée la série à couverture vert bouteille « Les grands artistes des Pays-Bas », il produit également de très beaux livres consacrés à la numismatique grecque, à l’art asiatique et à la peinture française, ce


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dont témoigne le magnifique catalogue de 1929, exposé dans nos vitrines. Mais la crise économique et financière de cette même année 1929 porte un coup fatal à la maison, rachetée, un peu plus tard, par Paul Colin et sa Nouvelle Société d’édition. Nous voici donc dans l’entre-deux-guerres. De nouvelles entreprises se créent, petits et grands éditeurs se côtoient. Nous avons préféré mettre en lumière le dynamisme de quelques « petites » maisons dont le rôle fut alors loin d’être négligeable : on songe à Georges Hoyoux et à son Édition des Artistes, aux Éditions de la Soupente de Raoul Ruttiens, aux belles réalisations du Musée du Livre et aux volumes élégants du Disque Vert de Franz Hellens, sans oublier les éditions Ça Ira de Paul Neuhuys, les productions francophones belges de l’éditeur hollandais A.A.M. Stols, L’Équerre des frères Bourgeois, les Cahiers du Journal des Poètes, etc. Après 1945, et particulièrement entre 1950 et 1980, les petits éditeurs continuent à assurer l’exploration et l’expérimentation nécessaires à un champ littéraire vivant : que l’on se souvienne e.a. des Éditions de la Haute Nuit à Mons (liées principalement à l’œuvre et à la personnalité d’Achille Chavée), des éditions Le Cormier de Fernand Verhesen, des livres publiés par Louis Musin… Au vrai, ce sont, avant tout, les éditions liées au surréalisme, à Cobra, puis à la « Belgique sauvage » et à l’extraordinaire créativité qui explose à la fin des années 1960, qui attirent l’attention. Pleins feux donc sur Les Lèvres nues, impertinemment choyées par Marcel Mariën, sur les volumes des éditions Phantomas publiés sous la direction de Théodore Koenig, sur le subtil Daily-Bûl d’André Balthazar à La Louvière, ainsi que sur les beaux livres de L’Atelier de l’Agneau, créés à Liège par Robert Varlez et son équipe.

Se détachent ici deux importants éditeurs « de naguère ». Le premier jouera un rôle de premier plan dans la relance des lettres belges francophones : Jacques Antoine (1928-1998), dont le catalogue sera repris et développé, vers la fin des années 1980, par les éditions Les Éperonniers. Amateur de grande littérature française, Jacques Antoine sera également attentif à ce qui surgit dans son entourage ; il se souciera aussi, très vite, de la nécessaire redécouverte d’un patrimoine littéraire belge, négligé et quasiment introuvable. Sa collection « Passé présent » est une importante balise sur le chemin de la « belgitude », lequel commence alors à se tracer. Elle sera complétée plus tard par la collection « Espace Nord » aux éditions Labor. (Toutes deux sont actuellement refondues et re-dynamisées par les éditions Luc Pire). Autre éditeur de naguère, sensible lui aussi aux arts plastiques, ami de Patrick Waldberg, proche de certains surréalistes, mais partisan d’une poésie plus maîtrisée, sinon peaufinée : André De Rache (1920-1986). Outre quelques fleurons de sa collection, nous montrons l’éditeur à l’œuvre lors de la réalisation du volume Hommage à Paul-Gustave Van Hecke (1969), abondamment illustré d’œuvres d’amis de Van Hecke, le mécène et critique d’art gantois. Le visiteur découvrira entre autre les différents « passages couleur » du portrait de P. G. Van Hecke par René Magritte, tableau qui illustre la couverture de l’ouvrage. Dans le même esprit, et en écho aux « Genèses » qui occupent la Chapelle de Nassau, seront montrées toutes les étapes – bulletin de souscription compris ! – de la réalisation des Paysages immobiles, livre du poète, photographe, critique et éditeur bruxellois Jacques Meuris.

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Enfin nous n’oublions pas les éditeurs-imprimeurs désireux de réaliser quelques beaux grands livres à tirage très limité, associant artistes et écrivains. Nous montrons ainsi le livre réunissant textes calligraphiés de Marcel Wolfers et illustrations d’Anto Carte. Mais nous rendons aussi un discret hommage à l’un des meilleurs poètes d’après-guerre, François Jacqmin, dont les textes, vertigineux et condensés, sont flanqués par les estampes de Serge Vandercam, sur les feuilles d’un bel album réalisé par les soins de l’imprimeur Gabriel Belgeonne.

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Pas de vie, pas de création, pas de laboratoire littéraire sans les revues, éphémères ou persistantes… Vingt-huit couvertures ornent les cimaises du corridor menant à la Salle de Lecture : elles offrent un survol significatif des périodiques belges de jadis et de naguère, remarquables tant par leur jeu typographique et leurs couleurs, que par leur contenu et leur engagement.


M u r s Co u lo i r d es AML ( 3 e é tage )

Abécédaire des revues 229 Art moderne (L’) 1881-1914 (MLR 2720)

239 Jeune Belgique (La) 1881-1897 (MLR 4600)

250 Mensuel 25 1977-1992 (MLR 2103)

230 Bonne Auberge des Escholiers et des Poètes (La) 1912-1914 (MLR 4741)

240 Journal des poètes (Le) 1931- … (MLR 4000)

251 Sang nouveau 1927-1936 (MLR 506)

231 Ça ira

241 Lanterne sourde (La) 1921-1922 (MLR 4747)

252 Savoir et beauté 1921-1969 (MLR 924)

232 Carte d’après nature (La)

242 Lèvres nues (Les) 1954-1958 (MLR 4009)

253 Sélection 1920-1933 (MLR 472 ou MLVR 80)

233 Ciel bleu (Le)

243 Marie 1926 (MLR 4412)

254 7 Arts 1922-1928 (MLR 615)

234 Cobra

244 Melon bleu (Le) 1907-1912 (MLR 5202)

255 Thyrse (Le) 1899-1968 (MLR 312)

235 Coq rouge (Le)

245 Nouvelle Équipe 1926-1932 (MLR 516)

256 3 Roses (Les) 1918 (MLR 4746)

236 Disque vert (Le)

246 Phantomas 1953-1980 (MLR 186)

257 Txt 1969-1993 (MLR 1598)

237 Flamberge

247 Prospections 1929-1931 (ML 5508/347 à 349)

258 Variétés 1928-1930 (MLR 801)

238 Jeune Afrique

248 Regain 39 1939 (MLR 3776)

259 Wallonie (La) 1886-1892 (MLR 4598)

1920-1923 (MLR 759) 1952-1956 (ML 5155) 1945 (MLR 504)

1948-1951 (MLR 2948) 1895-1897 (MLR 3777 ou MLVR 11) 1921-1941 (MLR 867)

1912-1913 (MLR 4750) 1947-1959 (MLR 241)

249 Revue des arts (La) (MLR 5448)

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L ’Édition Vitrine I 260 P. J. de Beranger Chansons par P. J. de Béranger augmentées du recueil publié en 1825 par le même auteur, et d’un supplément de chansons qui ne se trouvent pas dans les éditions de Paris. Bruxelles, C.J. De Mat fils et H. Remy, imprimeurs-libraires, 1826, 616 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 25236

261 Théophile Gautier Les Deux Étoiles. Bruxelles, Librairie de Tarride, 1848, 152 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLPO 16050

265 Maurice Maeterlinck Théâtre I. La Princesse Maleine – L’Intruse – Les Aveugles. Bruxelles-Paris, P. Lacomblez – Per Lamm, 1901, 300 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 4161

266 Maurice Maeterlinck Lettre à Paul Lacomblez. Aut. s., Paris, 31 janvier 1900, 4 p. (1 double f. 11 x 18 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 5174/15

267 Contrat entre Paul Lacomblez et Maurice Maeterlinck pour l’édition du Théâtre complet. Aut. s., 21 mars 1900, 2 p. (1 f. 17,5 x 25 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 5174/69

262 Victor Hugo Les Misérables. Première partie : Fantine. Bruxelles, A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie, 1862, 2 tomes, 405 et 443 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLPO 6801

263 Victor Hugo Lettre à M. Lequeux, imprimeur de Lacroix. Aut. s., [Bruxelles], 14 avril [1869], 4 p. (1 double f. 22 x 17,5 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 1726

264 Francis Sartorius Les Convives du banquet des Misérables posent pour la postérité le 16 septembre 1862. Paris, Histoires littéraires / Du Lérot, 2002, 50 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLPO 17771

270 Émile Verhaeren Les Heures claires. Bruxelles, Edmond Deman, 1896, 66 p. Exemplaire de travail en vue d’une 2e édition, qui paraîtra au Mercure de France (1909). Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Archives & Musée de la Littérature FS XVI 111/1

271 Émile Verhaeren Les Aubes. Bruxelles, Edmond Deman, 1898, 159 p. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Archives & Musée de la Littérature FS XVI 115

272 Émile Verhaeren Les Campagnes halluciné. Bruxelles, Edmond Deman, 1893, 82 p. Dédicace aut. s. à Georges Eekhoud. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 1719

268 Charles Liebrechts Souvenirs d’Afrique. Congo. Léopoldville, Bolobo, Équateur (1883-1889). Bruxelles, J. Lebègue et Cie, s. d., 266 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 11831

Vitrines II et III 269 Émile Verhaeren Les Heures claires. Bruxelles, Edmond Deman, 1896, 66 p. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Archives & Musée de la Littérature FS XVI 110

273 Émile Verhaeren Les Villes tentaculaires. Bruxelles, Edmond Deman, 1895, 101 p. Exemplaire de travail avec lettres et coupures de presse. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Archives & Musée de la Littérature FS XVI 101

274 Émile Verhaeren Toute la Flandre. Bruxelles, Edmond Deman, 1910, 132 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLPO 11942

275 Émile Verhaeren Les Flambeaux noirs. Bruxelles, Edmond Deman, 1891, 79 p. Frontispice d’Odilon Redon. Exemplaire 1 sur 100 (tirage unique). Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Archives & Musée de la Littérature FS XVI 43

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276 Odilon Redon Lettre à Émile Verhaeren. Aut. s., Paris, 5 décembre 1890, 1 p. (1 double f. 11,5 x 17,5 cm) et enveloppe.

282 Émile Verhaeren James Ensor. Bruxelles, G. Van Oest et Cie, Collection des artistes belges ­contemporains,1908, 137 p., ill.

288 Maurice des Ombiaux Victor Rousseau. Bruxelles, G. Van Oest et Cie, Collection des artistes belges contemporains, 1908, 88 p., ill.

Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Archives & Musée de la Littérature FS XVI 148/974

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLB 182

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLB 166

283 James Ensor Carte postale à Gérard Van Oest. Aut. s. Ostende, 28 août 1908, 1 carton (14 x 9 cm).

289 [Hippolyte] Fierens-Gevaert La Peinture à Bruges. Bruxelles et Paris, G. Van Oest et Cie, 1922, 81 p., ill. Dédicace aut. s. à Georges Eekhoud.

277 Publications de la librairie

E. Deman. Bruxelles, Edmond Deman, 1911. 51p. Couverture de Théo Van Rysselberghe.

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 4246/8

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 25232

278 Adrienne Fontainas

Edmond Deman, éditeur de Mallarmé. Valvins, Musée Mallarmé, 1999, 23 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 17871

279 Edgar Poe Les Poèmes. Traduction de Stéphane Mallarmé Bruxelles, Edmond Deman, 1888, 196 p. Portrait et fleuron par Édouard Manet. Exemplaire sur Japon offert par Deman à Mallarmé. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Archives & Musée de la Littérature FS XVI 192

284 Gustave Vanzype Henri de Braekeleer. Bruxelles - Paris, G. Van Oest, 1923, 113 p., ill. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 20897

285 Émile Dacier, Edmond Debruyn, Paul Fierens, Gustave Vanzype Gérard Van Oest (1876-1935). Préface de Justin Godart. Villefranche-en-Beaujolais, Les Éditions du Cuvier, 1936, 44 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLT 1738

286 Camille Lemonnier 280 Stéphane Mallarmé Pages. Bruxelles, Edmond Deman, 1891, 192 p. Frontispice à l’eau-forte par [Auguste] Renoir.

Émile Claus. Bruxelles, G. Van Oest et Cie, Collection des artistes belges contemporains, 1908, 68 p., ill. Dédicace aut. s. à Georges Eekhoud.

Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Archives & Musée de la Littérature FS XVI 168

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLB 159

287 Gustave Vanzype

Vitrines IV et V 281 Jean de Bosschère Essai sur la dialectique du dessin. Bruxelles, G. Van Oest et Cie, [1908], 122 p., ill. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 9654

Eugène Laermans. Bruxelles, G. Van Oest et Cie, Collection des artistes belges contemporains, 1908, 68 p., ill. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLB 178

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLB 146

290 Les Éditions G. Van Oest. Catalogue général. Bruxelles, G. Van Oest, 1929, 132 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 25235

Vitrine VI 291 Max Elskamp Dominical. Anvers, imprimerie J.E. Buschmann, 1892, 66 p. Propitiatoirement orné par Henry van de Velde. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature FS VN 33

292 Franz Hellens Réalités fantastiques. Paris, Le Disque vert, [1923], 253 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature FS VN LP 45

293 Marcel Loumaye Les Vergers en fleurs du ciel de Flandre. Paris – Bruxelles, Le Disque vert, 1923, 59 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLPO 867

294 Franz Hellens Documents secrets. 1905 – 1931. Bruxelles & Maestricht, A.A.M. Stols, 1932, 124 p. Exemplaire corrigé par l’auteur en vue d’une édition ultérieure. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 3058/1

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S a l l e d e l ec t u r e d es AML ( 3 e é tage )

295 Géo Norge Florilège de la nouvelle poésie française en Belgique. Préface de Franz Hellens. Bruxelles – Paris – Maestricht, A.A.M. Stols, 202 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLPO 4

296 André Baillon

301 William Shakespeare – Fernand Crommelynck Le Chevalier de la lune ou Sir John Falstaff. Comédie en cinq actes ­restituée en sa forme originale et précédée d’un argument. Bruxelles, Éditions des Artistes, 1954, 245 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLTA 1605

Moi quelque part… Préface de Georges Eekhoud. Bruxelles, Édition de la Soupente, [1924], 165 p. Dédicace aut. s. à Henri Kerels.

302 Marcel Lecomte La Servante au miroir. Quatre récits. Bruxelles, Éditions des Artistes, 1941, 68 p. Dessins de Léon Spilliaert.

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 20794

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 9621

297 [Collectif] La Pensée et l’âme belges. 1919 – 1920. Bruxelles, Le Musée du Livre, 1921, 212 p., ill. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 25233

298 Anonyme [Melot du Dy ?] Réponse illustrée et dactylographiée sur une enquête imprimée de la revue Le Disque Vert à propos du rêve [Le Disque vert, n° 2, 1925]. Bruxelles, [1924], 1 f. (27,5 x 21 cm). Ce texte ne sera pas publié par la revue. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 795/18

299 Marie Gevers

La Petite Étoile. Bruxelles, Éditions des Artistes, 1941, 37 p. Lithographies originales ­d’Albertine Deletaille. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Archives & Musée de la Littérature FS LV 254

300 Fernand Crommelynck

Le Cocu magnifique. Pièce en trois actes. Bruxelles, Éditions des Artistes, 1946, 205 p. Édition ne varietur. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLTA 4404

303 Marcel Lecomte Univers et signes de Rem. Bruxelles, Éditions des Artistes 1957, n. p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 10624

304 Paul Colinet La Manivelle du château. Bruxelles, George Houyoux Éditeur, Collection de la Tarasque, 1954, 79 p. Dédicace aut. à Robert Guiette. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLPO 11850

305 François Jacqmin Le Domino gris. Poèmes en prose. La Louvière, Le Daily-Bul, 1984, n. p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature FS XVIII 26334

Vitrine VII 306 Eugène Savitzkaya

Le Cœur de schiste. Liège, Atelier de l’Agneau, coll. Tête de Houille,1974, 69 p. Portrait et culs-de-lampe par Robert Varlez. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLPO 3579

307 Jean-Luc Parant Les Yeux CCLXXXVI. Liège, Atelier de l’Agneau, 1975, n. p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLPO 1181

308 Robert Varlez À main nue ici même. Dessins. Texte de Bernard Noël. Liège, Atelier de l’Agneau, coll. Mauve, 1974, n. p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLPO 1184

309 Jacques Izoard – Michel Valprémy Petits crapauds du temps qui passe. Liège, Atelier de l’Agneau, 2006, 224 p. Couverture d’Élisabeth Batard. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 23707

310 Phantomas au Musée d’Ixelles / in het Museum van Elsene. Phantommage [préface] de Jacques Sojcher. Bruxelles, numéro spécial de la revue Phantomas, n° 140-145, 1975, n. p., ill. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLR 186

311 Théodore Koenig La Loco-émotive. Œuvres sémantiques II. Bruxelles, Bibliothèque Phantomas, 1973, 248 p. Douze dessins ­contrapunctiques de Robert Willems. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature FS XVIII 14460

312 Joseph Noiret Histoires naturelles de la Crevêche. Bruxelles, Acoustic’ Phantomas museum, 1965, n. p. Lithographies de Mogens Balle. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature FS XVIII 10754

313 Louis Scutenaire Pour illustrer Magritte. Bruxelles, Les Lèvres nues, coll. Le Fait accompli n° 24-25, août 1969, n. p. Avec cinq dessins de Magritte, quatre reproductions et quatre photographies. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLB 606

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314 Louis Scutenaire Le Canard de Vaucanson. Bruxelles, Les Lèvres nues, coll. Le Fait accompli, n° 60, février 1972, n. p. Avec quatre dessins d’Yves Bossut. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLB 605

315 Louis Scutenaire

La Bonne Semaine. Bruxelles, Les Lèvres nues, 1978, 23 p. Dessins de Marcel Mariën. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature

320 Liliane Wouters Panorama de la poésie française de Belgique. Bruxelles, Jacques Antoine, 1976, 453 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature FS XVIII 26674

321 Jean Muno Ripple-Marks. Bruxelles, Jacques Antoine, 1976, 126 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 16348

MLA 3946

Bruxelles, Les Lèvres nues, 1987, n. p.

322 Simone Verdin Henri le Navigateur. Bruxelles, Jacques Antoine, 1984, 95 p.

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLR 4009

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLTA 1063

317 Marcel Mariën

323 Paul Emond

Quatre projets de couvertures de ­fascicules publiés par Les Lèvres nues. Avec collages photographiques de l’auteur.

Tête à tête. Roman. Bruxelles, Les Éperonniers, coll. Maintenant ou jamais, 1989, 142 p.

316 L’Entrefaite.

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML08 60

318 Marcel Mariën

Le Pont aux ânes. Bruxelles, Lebeer-Hossman et Les Lèvres nues, 1987, 175 p. Couverture de l’auteur. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLPO 1930/2

Vitrine VIII 319 Franz Hellens Cet âge qu’on dit grand. Bruxelles, Jacques Antoine, 1970, 130 p. Frontispice de Ianchelevici. Un des 242 exemplaires sur Lana à la Cuve (n° 191). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 25230

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 11983

324 Jacques-Gérard Linze La Fabulation. Préface de Ludovic Janvier. Bruxelles, Les Éperonniers, coll. Passé présent, 1988, 186 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 9885

325 Henry Bauchau Jour après jour. Journal 1983 – 1989. Bruxelles, Les Éperonniers, 1992, 305 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 18010

326 Contrat dactylographié, signé et daté à l’encre, entre Lysiane D’Haeyere-Antoine (éditions Les Éperonniers) et Henry Bauchau (auteur), pour la publication du journal de ce dernier sous le titre Jour après jour, le 27 juin 1992, 3 f. (29,5 x 21 cm). Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML08 61

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Vitrine IX 327 Hommage à Paul-Gustave Van Hecke. À la Galerie Govaerts à Bruxelles, le 3 décembre 1969. Bruxelles, André De Rache, 1969, 172 p. Avec des matériaux pour les illustrations en plusieurs couleurs, dont (aux cimaises) le portrait de P. G. Van Hecke par René Magritte. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 11615

328 Andrée Sodenkamp Femmes des longs matins. Poèmes. Bruxelles, André De Rache, 1965, 68 p. Dédicace aut. à Géo Libbrecht. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLB 915

329 Jacques Crickillon L’Ombre du prince. Bruxelles, André De Rache, 1971, 56 p. Couverture d’Alain Le Yaounac. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 23467

Vitrine X 330 Théo Hannon Au clair de la dune. Poèmes. Bruxelles, Oscar Lamberty, 1909, 93 p. Avec des gravures d’Henry Cassiers, Edgard Chahine, Amédée Lynen, F. M. Melchers, Charles Michel, Félicien Rops, Henri Louis Thomas. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLPO 8650

331 Louis Delattre Le Pays wallon. Bruxelles, Association des écrivains belges – Dechenne et Cie, [1910], 186 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 9035


S a l l e d e l ec t u r e d es AML ( 3 e é tage )

332 Michel de Ghelderode Le Cavalier bizarre. Anvers, ça Ira, 1938, n. p. Lino de couverture d’Ange Rawoe. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLA 577

333 Marcel Wolfers

Les Écrits de Novembre. Fredons et doléances. [Bruxelles], Deuxième Cahier du Marchand d’Images, s. d., 55 p. Lithographies d’Anto Carte. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 7725

334 Fernand Verhesen-Gaudy Voir la nuit. Bruxelles, Cahiers du Journal des poètes - Antibes, Collection des îles de Lérins, 1947, n. p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature FS XVIII 1268

335 Pierre Bourgeois Romantisme à toi. Poèmes. Bruxelles, L’Équerre, [1927], 86 p. Linos de Pierre Flouquet. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature FS XVIII 20431

336 Hubert Dubois Pour atteindre à la mort. Poèmes. Liège, Imprimerie Desoer, 1926, n. p. Quatre dessins d’Auguste Mambour. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature FS XVIII EV 4553

337 Alexis Kagamé La Naissance de l’univers. (Deuxième veillée de La Divine Pastorale). Bruxelles, Éditions du Marais, 1955, 85 p. Illustrations d’Antoine de Vinck. Dédicace aut. s. à Marie Gevers. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLPO 17830

338 Achille Chavée Cristal de vivre. Poèmes. Mons, Éditions de la Haute Nuit, 1954, 56 p. Dédicace aut. s. à Robert Goffin.

339 Franz Hellens La Vie seconde ou les songes sans la clef. Bruxelles – Paris, Éditions du Sablon, 1945, 210 p. Couverture de René Magritte. Dédicace aut. s. à Robert Van Nuffel.

345 Jacques Meuris Les Paysages immobiles. Préface de Charles Autrand Bruxelles, Signe de Sept, [1955]. Quatre pointes sèches de Gaston Bertrand. Exemplaire n° 1.

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature FS VN XVIII 1832

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLCO 318/1

340 Louis Musin Ma guerre et mes dentelles. Récit. Bruxelles, Louis Musin éditeur, 1972, 123 p. Dessin original de Claude Renard. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature FS XVIII 13899

341 Gaston Compère Sol majeur montagne d’or. Bruxelles, Le Cormier, 1985, 56 p. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature FS XVIII 31095

Vitrine XI 342 Jacques Meuris Oljeto. Man. aut., [1951], [24] p. (30 x 20 cm). Première version. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 9531/1

343 Jacques Meuris Oljeto. Man. aut. et collage dans un cahier, s. l.n.d., n. p. (12 x 19,5 cm). Deuxième version. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML9531/3

344 Jacques Meuris Les Paysages immobiles et autres textes. Man. dact. avec p. de titre aut. à l’encre verte, [13 p.] (27,5 x 21,5 cm). Deuxième dactylographie. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature ML 9531/9

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature MLPO 68

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S a l l e d e l ec t u r e d es AML ( 3 e é tage )

Songes plastiques 346 François Jacqmin Le Concile des oiseaux. Gourdinne, éditions Tandem, 1990, n. p. Gravures de Serge Vandercam. Exemplaire n° 6 d’un tirage limité à 60 exemplaires signés par l’auteur et par l’artiste. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, MLPO 6237

347 Gaston Bertrand Les Paysages immobiles. Pointes sèches s., [1955], 34 cm. Épreuve d’artiste numérotée 1/50. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, MLCO 318/1 à 4

348 Fernand Allard l’Olivier (1883 -1933) Hommage au théâtre de M. Maeterlinck. Huile sur toile s., s. d., 200 x 300 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, MLCO 567

De Fernand Allard L’Olivier, on connaît surtout les cycles décoratifs et les toiles à sujets africains. L’artiste s’est également intéressé au théâtre. Cette grande toile dédiée au théâtre de Maeterlinck n’est donc pas tout à fait inattendue dans sa production, même si on ignore les circonstances de sa réalisation. Dans ce tableau, le peintre entend donner une vision synthétique de l’œuvre de Maeterlinck en l’inscrivant sur une scène fictive, selon un procédé habituel à la peinture monumentale. Avec ses cheveux jaunes et son lys de vierge préraphaélite, la Princesse Maleine (1889), protagoniste du premier drame de Maeterlinck, s’inscrit ainsi dans une niche au centre de la composition. Et les sept béguines qui forment le chœur des deux derniers actes de la pièce, se découpent à l’arrière plan sur un pont qui enjambe des eaux dormantes et relie les deux volets de la composition. Du tronc où s’incruste le corps de Maleine surgit un feuillage où triomphe, L’Oiseau bleu (1909) qui valut à Maeterlinck le prix Nobel. C’est à l’écrivain reconnu et couvert d’honneurs que le tableau rend hommage, en réunissant quelques-uns des grands couples (ou des trios) mis en scène par l’auteur de Pelléas et Mélisande, tout en jouant avec les allusions à son premier théâtre, tels l’aïeul aveugle, l’horloge et la lampe voilée de L’Intruse (1890), sur le volet droit de la toile. 349 Paul Delvaux, W. Vilain et W. Van der Stricht Carte littéraire de la Belgique. Huile sur panneaux d’aggloméré s., La Cambre, mars 1958, 305 x 490 cm. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, MLCO 565

À l’occasion de l’Exposition Universelle présentée à Bruxelles en 1958, Paul Delvaux réalisa ce tableau avec deux élèves du cours de peinture monumentale qu’il donnait à l’École nationale supérieure des Arts visuels de La Cambre. La composition rappelle les lieux de naissance des principaux écrivains belges, les villes et les paysages d’où ils tirèrent leur inspiration ; elle évoque aussi le passage en Belgique de nombreux écrivains étrangers, voyageurs ou exilés. Le centre de Bruxelles vit ainsi Paul Verlaine tirer sur Arthur Rimbaud. André Baillon vécut son « retour à la terre » à Westmalle, avec sa femme Marie (Histoire d’une Marie). Baudelaire, qui résida un temps dans la capitale, fut frappé d’aphasie dans l’église Saint-Loup de Namur. Camille Lemonnier fit évoluer son Mâle dans une forêt de Soignes foisonnante et sauvage. Inscrite au pensionnat Héger, à Bruxelles, Charlotte Brontë y tomba désespérément amoureuse de son professeur (épisode évoqué dans Villette)…

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Table des illustrations page 6

174 Suzanne Willems Robe en papier d’après E.L.T. Mesens.

page 39 125 Bernard Milleret

Portrait de Dominique Rolin.

Reproduction Alice Piemme/AML. Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, MLCO 563

Reproduction Alice Piemme/AML Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, MLCO 375

page 8 195 Jean de Boschère

page 53 206 Jean-Claude Pirotte

Cuirasses.

Carnet de Gueldre.

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, MLCO 236/2

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, MLCO 440/2

page 16 19 Paul Nougé

page 54 211 Charles Van der Stappen

Le Bras révélateur. Tirage de Marc Trivier à partir du négatif de La Subversion des images

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, MLT 85/19

Buste d’Émile Verhaeren.

page 56 349 Paul Delvaux, W. Vilain et

W. Van Der Stricht Fragment de la Carte littéraire de la Belgique.

page 19 20 Guy Vaes

Pasternoster Row. (Londres) Photographie tirée de La Jacobée noire

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, ML 9023

page 20 46 Alice Piemme

Michèle Fabien. Portrait tiré de l’exposition Auteurs en scène(s).

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, AML 1468/20

page 24 142 Marie Gevers

Journal d’une cave. Liasse dans farde cartonnée.

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, ML 8672/8

page 32 97 Max Elskamp

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Reproduction Alice Piemme/AML Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, MLCO 236

Reproduction Alice Piemme/AML Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, MLCO 565

page 62

198 Henry Bauchau Manuscrit d’Antigone 92. Première version : cahier 2.

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, ML 7973/1-2

page 68 348 Fernand Allard L’Olivier

Hommage au théâtre de Maurice Maeterlinck. Reproduction Alice Piemme/AML

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, MLCO 567

page 71 177 Nina Rodriguez-Castinado

L’Éventail japonais.

Buste de Jacques Izoard.

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, MLco 570

Reproduction Alice Piemme/AML Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Archives & Musée de la Littérature, FS XII 184

page 72 126 André Baillon

page 37

113 Sarah Kaliski Enfances, Christian et Georges Simenon

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, MLCO 294

« L’UPRÈME. Journal d’information ».

Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, ML 8637/2


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