Aperçu, N° 12, Décembre 1989 - Bulletin de la TFP française

Page 1

fr-;

I hr

0297-12£7

I,

I

12-Décembre

f ■

1989

fji

Le Bicentenaire manqué o u

le triomphe posthume de Louis XVI et Marie-Antoinette Editorial

«Tous les sondages montrent l'ampleur du recul que l'opinion prend vis-à-vis de 89. (...) Aujourd'hui, Louis XVI sauverait sa tête »(le Monde, 13/7/89). Cet aveu est intéressant, mais il reste en-deçà de la réalité. Car Louis

XVI sauverait sa tête, non pas comme un coupable que l’on gracie,

mais comme un innocent que l’on ré¬ habilite. C’est dans ce sens qu’évo¬ lue l’opinion française actuelle, évolution qui s’est même chiffrée lors de la reconstitution àla télévision du

procès de Louis XVI :55,5 %se prononcent pour l’acquittement,

17,5 %pour l’exil, 27 %pour la mort (TF1. 12/12/88). La réhabilitation de Marie-Antoi¬

nette est encore plus manifeste. «La Révolution dont on va fêter

le bicentenaire, aune rivale redouta¬

ble ces derniers mois en la personne de Marie-Antoinette. Depuis que la malheureuse aété guillotinée, je ne l'ai jamais connue aussi populaire. S'il yavait un hit-parade des pre¬

damnation àmort, on ne posait mê¬ me pas la question, tant il paraissait indécent d’en soulever l’hypothèse (TF1, 3/1/89). Plus impressionnant encore, le

procès de Danton et celui de Robes¬ pierre, qui devaient être présentés à la télévision par la suite, ont été pu¬ rement et simplement annullés. Les experts en opinion publique que sont les grands responsables des media

ont évidemment pressenti que ces procès tourneraient àla confusion de ces deux figures dominantes de la Révolution française. Donc, «le combat cessa faute de combat¬ tants ».

Editorial Louis XVI

1

Marie-Antoinette

2

L’ é c h e c d e s Tu i l e r i e s

5

Epilogue de la Révolution française

5

Un Bicentenaire qui sombre dans la folie :le 14-juillet de la révolution culturelle

6

La France anesthésiée devant la révolution culturelle

On aposé àla France l’insolente question ;«qui aujourd’hui est en¬

Face àla propagande

core pour Louis XVI et Marie-Antoi¬

notre état d’alerte

3

antichrétienne, accentuons 4

nette ?» La réponse aété telle que l’on n’a plus osé demander :«Qui est pour Danton et Robespierre ?» Il est significatif qu’un des grands titres de librairie pendant la période du Bicentenaire se soit intitulé Chère

Marie-Antoinette (Jean Chalon, Libr. Ac. Perrin). Ce Roi et cette Reine que la Ré¬

mières dames de France, c'est ’l'Au¬ trichienne "qui arriverait en tête »,

volution amaudits sont aujourd’hui

pouvait-on lire dans le Monde du 10

représentants de la souveraineté na¬ tionale, sont aujourd’hui honnis. Ce

août 1988.

Sommaire

aimés. Ceux qu’elle aexaltés comme

L’actualisation de son procès, en

triomphe posthume de Louis XVI et

présence d’experts et d’historiens des plus compétents, s’est achevée par un verdict populaire impression¬ nant :75 %pour l’innocence, 25 %

de Marie-Antoinette, escamoté par

pour la culpabilité. Quant àla con-

Bicentenaire.

les grands media, méritait d’être sou¬

ligné ici comme une caractéristique majeure, quoique inattendue, de ce

Louis XVI Qn se scandalise, et avec raison, de la faiblesse de Louis XVI envers la

Révolution. Devant les premières ma¬ nifestations de celle-ci, sa réaction est

toujours d’en minimiser la portée. De¬ vant les premiers actes d’insubordina¬ tion sanglante et sauvage, comme l’assassinat du gouverneur de la Bas¬ tille, ou les premières mises «àla lan¬

terne », il est incapable de prendre aucune mesure énergique. On sent en cela les funestes consé¬ quences de son éducation fénelonien-

ne. Education qui lui ainculqué cette vision des choses :en traitant avec les

hommes, il convient de faire systéma¬ tiquement abstraction de leur côté


C’est une gloire et une fidélité que Dieu afini par obtenir de lui, d’une autre manière que s’il avait été au dé¬ part le roi qu’il aurait dû être. Ses fautes initiales victoirç immédiate de mais sa fidélité ultime elle une impossibilité long terme.

ont permis la la Révolution, apréparé pour de vaincre à

Marie-Antoinette

Quand on lit ses lettres au Marquis d’Argenteau, àses frères, etc., on voit comme la politique qu’elle voulait sui¬ vre était consonnante avec celle de

Louis XVI. Certes, elle éuiit plus dis¬ posée que lui àdes gestes héroïques. Elle en aeu d’ailleurs, comme cette

mémorable apparition au balcon de Versailles devant une foule qui voulait sa mort. Mais surtout, àun moment 21 janvier 1793. Après un ultime encouragement de l'abbé Edgeworth, Louis XVI se livre au bourreau. Avec une fermeté d’âme qui afrappé les témoins (estampe coloriée, Bibiiothèque Nationale). mauvais et de considérer seulement

rement bon. Quand il se montre mau¬

la Révolution, auquel il n’avait guère cru lui même. Il lui ainfligé par sa mansuétude le camouflet qu’il avait été incapable de lui donner par son

vais, il suffit de le traiter avec bonté et

autorité ou sa fermeté.

leur côté bon. De sorte que tout se passe comme si l’homme était fonciè¬

il s’amendera. C’est parce que l’on

n’est pas assez bon pour les mauvais qu’ils se durcissent dans leur méchan¬

ceté, et même qu’ils deviennent crimi¬ nels. Dans cette optique, tout au moins dans l’immense majorité des cas, les vrais coupables, ce sont ceux qui usent de sévérité avec les méchants. Cette

théorie, d’un utopisme évident, qui fait comme si le péché originel n’existait

pas et qui assure au crime l’impunité, adésarmé Louis XVI devant la Révo¬

De telle façon qu’il est impossible,

pour cet homme qui au départ peut inspirer du mépris, de ne pas ressentir un respect croissant au fur et àmesure que lui tombent des mains les pouvoirs dont il ne savait pas user, et que les mains liées il s’achemine vers la mort.

Et là, au dernier acte, il ace geste ul¬ time, encouragé par l’abbé Edgeworth de Firmont :«Que pense M. l’Abbé de ce qu’on me lie les mains ? —Votre Majesté aura un trait commun

lution et permis le succès de celle-ci. Cependant, si l’on considère les

concessions du Roi, non pas du point

de vue de la Civilisation chrétienne et

de l’intérêt national, mais du point de vue de ses intérêts personnels, qui en l’espèce se conjuguaient avec ceux de la Civilisation chrétienne et avec l’in¬ térêt national, il se trouve q u e s o n comportement aété d’une patience, d’une douceur et d’un désintéresse¬

de plus avec Jésus-Christ ». Et c’est dans cette disposition d’âme que Louis XVI tend les mains au bourreau et gravit l’échafaud. On aura beau dire ce que l’on vou¬ dra, voilà une parole qui est dite, un acte qui est posé, devant lesquels on se sent ému de respect. Un trait commun entre lui et la

ment criants, par rapport àtoutes les

reine Marie Stuart, les deux ont dormi

calomnies que la Révolution lançait

placidement leur dernière nuit. Quand Cléry, son serviteur, le réveille et lui dit :«Sire, c’est l’heure », il se lève tout naturellement et vaque àsa toi¬

contre lui. Ces calomnies, il les a

toutes démenties. Sa conduite n’a pas

démentilesreprochesdefaiblesseque lui faisaient les émigrés de l’armée des

Princes. Mais elle adémenti implicite¬ ment les calomnies de la Révolution.

Pour la suite des événements, la Révo¬

lution s’en est trouvée si marquée comme menteuse, et sa férocité si ca¬

ractérisée comme injuste, que le Roi

a

démasqué le côté menteur et féroce de 2

lette. C’était sa toilette mortuaire. A

genoux, il assiste àla Messe. Puis, pendant le trajet en voiture, il récite l’office des morts, avec l’abbé Edge¬ worth. Réciter l’office de sa propre mort, sur le chemin de l’échafaud. Qu’on ne vienne pas dire que cela

n’inspire pas le respect !

donné, elle devient «la veuve Capet ». Elle souffre alors comme une Reine, non plus avec la mansuétude de Louis XVI, mais avec une dignité, avec une grandeur, avec une majesté qui la font resplendir d’un autre éclat

Les aristocraties de tous les temps

brilleront d’un éclat plus excellent, à cause de la dignité touchant au su¬ blime avec laquelle Marie-Antoinette a

vécu àpartir d’un certain moment jus¬ qu’à sa mort.

En cela, elle afait une oeuvre qui durera pour l’histoire entière :la dignification d’une Reine de France, qui est aussi celle de la Maison d’Autriche et

celle du principe aristocratique, parce

qu’elle était la plus haute expression féminine de la plus haute aristocratie. To u t c e l a , e l l e l ’ a m a n i f e s t é d e

telle manière que de nos jours les ca¬ lomnies de la Révolution sont tom¬

bées, et la Révolution se retrouve dans

une position beaucoup plus honteuse que n’a été la sienne comme veuve Capot. Elle amiomphé.

Un choix qui en dit long 13 juillet 1989 :l’Opéra Bastille est inauguré avec, après la Marseillaise comme premier morceau, ce chant extrait du Faust de Gounod ;

«Et le veau d’or est vainqueur des dieux.

Dans sa gloire dérisoire, Le monstre abject insulte aux deux. Il contemple avec une rage étrange. Ases pieds le genre humain Se ruant le fer en main

Dans le sang et dans la fange O ù b r i l l e Ta r d e n t m é t a l Et Satan conduit le bal ».


France. C’est parfait... nous le sen¬ tions, maintenant nous le savons offi¬

La France anesthésiée devant la révolution culturelle Pendant que la France officielle s’employait, avec peu de succès, à faire partager au public son enthou¬ siasme pour la révolution de 1789, la

1937) », nous écrit un ami d’Aperçu à Troyes. «r Ce qu’on appelle révolution cul¬

TFP s’est efforcée au contraire d’ou¬

On fait disparaître, peu àpeu, cette exquise politesse, «fine fleur de la charité », qui était la caractéristique de notre noble pays. «Aentendre les gens, personne ne se dit communiste, se défend de l’être; mais personne ne se rend compte que la majorité de la population en ale pernicieux esprit. Nous sommes en plein matérialisme marxiste », nous

vrir les yeux des Français sur les terri¬

bles prolongements contemporains de cette révolution, autrement dit sur la révolution de 1989.

Une de cette année Une nation anesthésiée

nos principales initiatives aété l’édition de l’ouvrage de l’Europe moderne ; sans le pervevoir, bâillon¬

née sans le vouloir, déviée sans le sa¬

turelle est, en réalité, tout le contraire.

voir. Un drame de l’Espagne qui gagne la France. Depuis sa sortie de l’imprimerie en juin dernier, nous en avons progressivement élargi la publi¬

écrit une amie de la Vienne.

<r Je vous commande le livre que vous nous offrez espérant ardemment qu’il réfrénera le mal sournois qui ar¬ rive lorsque, comme vous le dites, on veut être un monde sans Dieu et qui se révèle par la suite un monde contre

cité, par des lettres envoyées àdéjà près de 50.000 destinataires. Les mil¬ liers de commandes reçues, et surtout les vives réactions de sympathie et de satisfaction exprimées par nos lecteurs, nous amèneront àélargir encore cette diffusion en 1990.

Dieu. Votre démarche nous incite àof¬

frir de justes réparations àDieu tant offensé dans son Amour et sa Toute Puissance », nous écrit la supérieure d’une Communauté religieuse,

Voici quelques extraits de la cor¬ respondance reçue àson sujet : «● Ce livre est très instructif sur la méthode employée par les socialistes pour tromper la vigilance des indivi¬

«r J’ai lu le fascicule de la TFP sur le drame de l’Espagne qui gagne la

c i e l l e m e n t ,

(...)

La

France

retrouvera-t-elle un jour son vrai vi¬ sage ?Je le crois, mais pas sans l'in¬ tervention divine. On est allé trop loin. C'est le point de non retour et on ne s'arrêtera pas là. Ce sera affreux. En attendant, il faut lutter pour ne pas se faire complice », écrit un sympathisant d e To u l o u s e .

«Vous au moins ne mâchez pas les mots. Je suis atterrée après cette lec¬ ture; ce que le socialisme est en train de nous préparer paraît insensé et in¬ croyable !Mais je connais le sérieux de vos publications, que tout est vrai "preuve àla main". Il faut que toutes ces infâmies se sachent, il faut réveil¬ ler les gens; il faut barrer la route à l’immoralité et àl’obscénité que l’on est en train de banaliser », nous écrit une dame de Paris.

Vous faites un magnifique travail. Mes voeux vous accompagnent certai¬ nement, surtout mes prières. Dieu seul peut ouvrir les yeux de nos pauvres Français chloroformés !», nous écrit une bienfaitrice de Marseille.

«Courage !Confiance !Après la révolution des hommes. Dieu, avec la

Vierge, fera [ça merveilleuse contrerévolution] !»nous écrit un fidèle ami bénédictin.

dus et populations se complaisant d’ailleurs dans la jouissance, la vani¬ té, sinon la lâcheté, ensorcelées par

des années d’écoles sans Dieu, par les scandaleux mass-media. Votre volume

mériterait d’être répandu auprès des

personnes ayant autorité ou relations : ecclésiastiques, enseignants, journa¬ listes, etc. jusque dans les pays voisins de la France », nous écrit un corres¬

pondant du Sud-Ouest. <»● Votre analyse de la "révolution des mentalités" est objective et coura¬

geuse, et votre éclairage est d’autant plus précieux et nécessaire que notre occident, au lieu de se défendre contre

une telle anesthésie générale, se re¬ belle contre des voix comme celle de la TFP, que d’autres voix qui se disent chrétiennes et averties voudraient faire

Ci-contre, en réduction :

tract pour faire connaître le livret de la TFP sur la révolution culturelle

Bon de soutien actif

taire par tous les moyens... !», nous

□Je soutiens la diffusion d'Aperçu :

écrit un preue de la Mayenne.

□e n d e m a n d a n t

«Je vous félicite, car le livre est très bien fait... Il est malheureusement

□en joignant un don de

évident que non seulement la même stratégie est utilisée en France, mais encore que nos hommes politiques dits

F(reçu fiscal sur demande).

□Je souhaite recevoir un ex. de la supplique de Ste Thérèse.

□Je commande l'ouvrage «Une nation de l'Europe moderne :anesthésiée sans le

de droite (pour ne pas parler de l’E¬

percevoir,bâillonnéesanslevouloir,déviéesanslesavoir.UndramedelEspagnequi gagne la France. »(80 pages) (68 F+7francs de port -50 Ffranco àpartir de 2ex.)

glise de France) acceptent de se lais¬

ser anesthésier par Mitterrand et ses amis marxistes. La doctrine est bien connue ;c’est celle de Gramsei (1891-

exemplaires de ce numéro pour les distribuer:

Ci-joint mon versement global de

F

àl'ordre de «Tradition Famille Propriété » L

J

3


suite de la page 6

Vieux Monde s’immobilisait pour lais¬ ser la place àl’espoir révolutionnaire

(...) au long cortège métissé des combats du tiers-monde (...) et

a u x

rythmes du Nouveau Monde »(le

fête prffigurait la fin d’une culture. Et la naissance d’une autre. (...) On y trouvait d’abord, comme principe du défilé, cette *rencontre des cultures » ou <r culture du mélange »(...) Un im¬

Face àla propagande antichrétienne, accentuons

notre

état d’alerte !

Monde, 16/7/89). D’après le Monde, c’est dans ce dénouement que «la pa¬ rade prenait tout son sens ».

mense «syncrétisme »culturel, qui se bouchant sur la réalisation de ce

Notre dernier Aperçu avait mis

Voyons un peu quels cmt été les in¬

qu’on appelait jadis le «village glo¬ bal »mondial (...). Tout se mêlait. C’é¬

en évidence l'assaut des forces

grédients de ce délirant cocktail, qui s’est voulu un <r hymne au monde par le monde »:

«Le désordre, l’agitation mis en scène par ce vieux routier de la pub

sont soigneusement médités. (...) [Goude] affectionne les teintes fluos, les uniformes aux couleurs vives, la fourrure acrylique, les cuisses format grenouilles, les lunettes aux formes étranges, les couvre-chef démesurés et biscornus. L’âge d’or de la bande des¬ sinée, passé àla moulinette post-mo¬

derne, défilait sur les Champs-Elysées avec ses poneys peints en zèbres, ses bécassines en tutu arc-en-ciel, sa pluie anglaise et sa neige russe, son ours blanc patineur, ses bayadères in¬ diennes, ses tirailleurs sénégalais, son jazz-band de la revue nègre et sa loco¬ motive àvapeur, parce que la plus belle des machines et qu’il n’y arien de plus beau qu’une mécanique »(le Monde, 16/7/89).

voulait même le message du défilé, dé¬

tait comme la démonstration de notre

de propagande antichrétienne contre l’opinion catholique. La

«r relativisme »actuel. S’y trouvait

mobilisation de ces forces n'a

aussi incluse la réhabilitation, l’inté¬

pas cessé tout au long de cette

gration àpart entière dans la culture, de formes précédemment considérées

année. Sous «prétexte d’enrayer une «montée des intégrismes »,

comme «basses »ou «mineures ». »

cher àJack Lang, qui est en fait la mort de la culture. Globe donne d’ail¬

leurs la mort de la pensée, comme ca¬

ractéristique de ce défilé : <r L’image doit remplacer la pen¬ sée, car elle est plus «universelle », plus «souple », plus «rapide ». Le

d’Auchwitz, elle s’acharne contre

la Foi en octroyant un label scientifique àce fatras impie et

obscène qu’est le livre de Gérald Messadié, l'Homme qui devint

«contenu »est une vieille idée occi¬

Dieu, elle continue àpolluer les

dentale, qui ne s’accorde pas avec no¬

esprits par un nouveau film blas¬

tre obligation àla «modernité ». »

phématoire sur Notre-Seigneur : Jésus de Montréai, de Denys Ar-

L’article s’achève en évoquant «la

culture qui arrive àl’ambition de re¬

cand.

chercher une solution au monde et

Nous avons relevé cependant

l’art de cette fin de siècle qui n’est

que, sans doute pour ne pas exaspérer le public comme pour

plus seulement un divertissement, mais la «dernière idéologie possible »

Les personnes de notre connais¬ sance qui ont eu l’infortune d’assister àce défilé en sont sorties atterrées par l’outrage monumental au bon goût

qu’a été cette représentation. Il suffit de dire que le «clou »en était une lo¬ comotive àvapeur, escortée par des noirs frappant sur des bidons, pour mesurer l’abîme de folie dans lequel a sombré ce 14 juillet Ce qu’il yade terrible, c’est le ca¬ ractère conscient et volontaire de cette

folie. Comme si nos gouvernants vou¬ laient que toute la France délire avec eux. Voyez par exemple les commen¬ taires du mensuel Globe, fidèle inter¬

prète du projet culturel socialiste : «Après la fête, on avait comme un arrière-goût de vide. Comme si cette

on prétend museler l’opinion ca¬

tholique non progressiste tandis que la propagande anti-religieuse bat son plein. Elle tonne contre la présence d’un Carmel àcôté du camp

On retrouve là le «tout-culture »

le film de Scorsese, ce film csma-

(Globe, sept. 89). Ce langage pourra facilement dé¬ router le lecteur d’Aperçu, par tout ce

dien aété lancé, en juin dernier,

avec un dispositif «médiatique » beaucoup moins appuyé. Mais le film en lui-même était

qu’il ade chaotique et même disons de démentiel. Mais il se trouve que c’est

le langage habituel de notre ministère de la Culture. Pire encore, c’est le

message de la France officielle au

monde entier pour le bicentenaire de la

de même nature que celui de Scorsese, et nous avons tenu à

marquer notre plus énergique dé¬ sapprobation en posant un acte de réparation, auquel plus de

Et c’est justement parce que nous

mille amis d’Aperçu se sont asso¬ ciés. Tous se sont engagés àin¬ clure dans leurs prières une

sommes pleinement conscients de tout ce que cette soi-disant «modernité »a

supplique ardente et très actuelle de S*® Thérèse d’Avila pour de¬

Révolution.

de ^vastateur pour notre culture, pour l’esprit et le coeur des Français, que nous avons publié cette année un ma¬

nuel qui donne, en toute clarté, les clés de cette «révolution culturelle »(voir

p. 3).

(demandes àremplir au verso)

mander àDieu de porter remède aux graves maux qui affligent l’E¬ glise et la Chrétienté. Nous la te¬ nons àla disposition de ceux qui veulent se joindre àeux (voir coupon au verso).

Aperçu

M. M*"®

Directeur de la publication : Guillaume BABINET

Impression ;SAGIM, Liviy-Gargan

Adresse

Abonnement 30 F-Souden 100 Fet plus

Code postal

Société Française pour le Défense de la Ville

Tradition, Famille et Propriété 6, avenue Chauvard -92600 Asnières

Retourner à:TFP —6, avenue Chauvard —92600 Asnières L-

Tel.: (1) 47 93 36 97 J


liberté", annoncée àgrand renfort de publicité dans toute la ville, s’est sol¬

L’ é c h e c d e s Tu i l e r i e s

Le Bicentenaire aeu ses célébra¬

dée par le même échec retentissant ».

tre des Androides, 2manèges... Rien n’y fit. Pas de public. Le vide. On re¬ censait mille visiteurs par jour, là où on avait promis 17 fois plus... (...) Par¬

tions ponctuelles et aussi diverses ma¬ nifestations étendues sur plusieurs semaines ou plusieurs mois. Parmi ces dernières, la plus spectaculaire devait

tout, le "bide" de Tuileries 89 semble

être «■ Tuileries 89 »et s’étaler sur 6

mois. Cinq millions de visiteurs étaient

symboliser celui du Bicentenaire tout entier (...) On met en place une équipe

attendus. M. Michel Rocard yvoyait

pêchée àMirapolis. Deuxième échec,

le grand rendez-vous de la mé¬ moire »pour ce Bicentenaire (cf. Fi¬ garo, 13/6/89).

le public boude toujours. Alors, pour éviter le naufrage, on casse les prix d’entrée :5Fau lieu de 35 F, et on

On comprend le choix des célébrateurs pour ce haut lieu de la Révolu¬

tion. C’est ce jardin qui, le 10 août 1792, aété le décor tragique de l’é¬ croulement de la Royauté. La famille royale, chassée du Palais des Tuileries,

rebaptise l’espace "Oh Tuileries". «Toulouse, qui avait lancé une opération similaire "La semaine de la

Au mois d’août, on essaye de re¬ lancer l’intérêt pour l’exposition en y mettant un éléphant <r réplique de la maquette érigée en 1813 place de la Bastille, où il aurait, dans sa version

définitive, été l'élément central d’une Fontaine »(le Monde, 19/8/89). On le baptise «éléphant de la Mémoire »(le Figaro, 11/8/89).

Fin septembre, après le départ des touristes éü:angers, qui auront tout de même apporté 700.000 visiteurs au lieu des 3ou 4millions attendus, on d é c i d e fi n a l e m e n t d e f e r m e r c e t t e e x ¬

position qu’aucun expédient n’a pu sauver, le 2octobre, plus d’un mois avant la date prévue.

l’a traversé Jusqu’aux marches que l’on voit encore en bordure de la me

de Rivoli, sur l’emplacement de la¬ quelle se trouvait le «Manège », alors siège de la Convention. Pendant ce

temps-là, dans ce même jardin, l’é¬ meute poursuivait les Gardes Suisses,

auxquels le Roi n’avait pas voulu don¬ ner l’ordre de tirer, et les massacrait sauvagement aux pieds du Pavillon de Flore.

Revanche de l’Histoire. En 1989, on n’a plus trouvé de foule pour enva¬ hir les Tuileries. Laissons parler les

journalistes : 89

Le Monde, 25 mars :«

Tu i l e r i e s

attend plusieurs millions de visi¬

Au Jardin des Tuileries, la

tour de l'égalité ». Un symbole du Bicentenaire manqué.

teurs. Ce sera pendant 6mois le QG touristique du Bicentenaire ».

L’Humanité, 15 mai :«Tuileries

89 vient d’ouvrir ses portes. Ce site

Epilogue de la Révolution française

aménagé dans les célèbres Jardins royaux est visitable Jusqu’au 11 n o vembre 1989. Ses initiateurs veulent e

n

faire le centre de la célébration du Bi¬ centenaire officiel. (...) Le clou :deux

Rares sont ceux qui ont vraiment

tours dites de l’égalité et de la liberté

fêté la Révolution française. On s’en

représentée par M®’’ Caillot.

dominent les Jardins. M. Jeanneney

fait une idée si l’on considère qu’à la différence des célébrations de 1889,

bespierre, Danton et Babeuf.

napas eu peur de les comparer àla tour Eiffel ».

Le Monde, 11 juin :<? Jusqu’à pré¬ sent, on ne s’est pas bousculé àl’en¬

trée et les organisateurs ont rapidement baissé les prix :35 Fseu¬ lement tout compris (au lieu de 50 Fet même 65 Faprès 18 heures) ». ■ Figaro-Magazine, 8juillet :«Les Tuileries devaient être le lieu pernmnent du Bicentenaire, l’exposition vi¬ vante, le symbole de l’âme de la Révolution (...). Pourtant, 83 comé¬ diens, des musiciens, un film, le théâ-

a u c u n e m a n i f e s t a t i o n o f fi c i e l l e n e s ’ e s t

déroulée sur l’emplacement de la Bas¬ tille.

Cependant, les vrais fervents de

1789 ne pouvaient manquer de venir

défiler Place de la Bastille. Le défilé a

eu lieu le 8juillet. 11 aregroupé bras-

dessus bras-dessous les différentes

composantes de l’extrôme-gauche ; -l’extrême-gauche politique, représen¬ tée par Alain Krivine et Jack Ralite ; -l’extrême-gauche culturelle, repré¬ sentéeparlechanteurRenaud;

-l’extrême-gauche religieuse, hélas, Vo i l à l e s m o d e r n e s a v a t a r s d e R o ¬

Le PCF avait appelé ses militants àparticiper massivement àcette mani¬ festation et àce que l’Humanité, dans

son édition du samedi 8Juillet, quali¬ fiait de «fête des damnés de la Terre » (le Monde, 9/7/89). «Il ne suffit pas de convnémorer la Révolution, il faut la continuer. Notre

pays, c’est la planète. Il reste une Bas¬

tille àprendre :celle de l’impérialisme

économique », adéclaré M®' Caillot (le Monde, 9/7/89). 5


Mais si celle manifeslalion ne re¬

présentait qu’une frange extrémiste de la population, elle n’était nullement dé¬ savouée par les autorités. Ainsi, M. François Mitterrand aaffirmé àla télé¬ vision \«Ala limite, j'y serais bien al¬ lé »(TFl et A2, 14/7/89).

Tout comme M®"^ Caillot, il insiste sur les nouveaux développements à donner àla Révolution :«r Rien n’est

achevé. La Révolution n'est pas finie. La Révolution est en marche », a-t-il déclaré en conclusion de son discours

du Jeu de Paume (cf. Libération, 22/6/89). Dans la même occasion, il est allé

jusqu’à dire :«Il yadans ce que la Révolution nous aapporté, encore plus

de terre promise que de terrain gné. »

François Mitterrand prêche la Révolu¬ tion, comme on prêche une Religion. Les libres-penseurs reprochent à l’Eglise de consoler l’homme des mal¬

planète n’est qu’un vaste rassemble¬ ment de tribus ».

heurs d’ici-bas avec la promesse du

«Je suis allé àBombay, au Brésil,

bonheur étemel. Eux, ils justifient les

àHongkong. J'ai constaté que la jeu¬

guerres civiles qu’ils fomentent, par

nesse avait adopté un rythme afrooccidental. Le 14-juillet sera la consé¬

une promesse de bonheur terresde

pour les générations futures. Promesse qui, au bout de deux siècles, est tou¬ jours pour demain.

cration de cette rythmique univer¬ selle », a-t-il déclaré (l'Express,

Qui croire. Celui qui ascellé de son propre Sang les promesses de la

la World music », dit-il encore (le Monde, 16/7/89).

vie étemelle, ou ceux qui noyent dans le sang des autres l’étemelle promesse

Dans le Monde (29/8/89), M. JeanNoêl Jeanneney, qui préside la très of¬

23/6/89). «La vraie révolution, c’est

d’un futur bonheur ici-bas ?

ficielle «Mission du Bicentenaire

Va-t-on encore préférer Barabas à Notre-Seigneur ?

confirme cette orientation, prise «● en plein accord avec Jack Lang »:«Le message de syncrétisme d’une musique

g a -

Ces accents messianiques montrent bien le caractère quasi-religieux de la profession de foi révolutionnaire. M.

Selon ses propres termes, c’est «le métissage des genres ». Pour lui, la

Veuille la Très Sainte Vierge ouvrir les yeux de la France, pour qu’elle se détourne de cette suprême iniquité et revienne àson antique fidélité.

».

mondiale représente bien l'adhésion, quasi universelle aujourd'hui, au mes¬

sage de 1789 ».

En laissant de côté périphrases et euphémismes, c’est donc le «rock »

que l’on glorifie comme principale ex¬ pression moderne de l’esprit de 1789.

Un Bicentenaire qui sombre dans la folie Quand on pense que la Révolution

ment annoncé :

Le bonnet phrygien

frappant de voir le Bicentenaire som¬

et la guillotine, non merci. Moi, je cé¬ lèbre la Révolution des temps mo¬

brer dans la Folie.

dernes »(l'Express, 23/6/89).

Le 14-juillet

11 vaut la peine de s’arrêter àcette déclaration, qui peut nous livrer une

de la Révolution culturelle

clé de l’actualité. Quelle est donc cette

française avait divinisé la Raison, il est

Dans nos campagnes, les municipa¬ lités d’esprit laïc et républicain ont

Révolution des temps modernes », que Coude areçu mission de célé¬

Voilà qui donne àréfléchir.

On nous dira :vous exagérez. La preuve, c’est qu’il yavait des groupes folkloriques de musique traditionnelle dans le défilé du 14-juillet. Certes, mais ils n’étaient là que pour s’autodé-

duire, ce qui explique d’ailleurs le re¬ fus de certains groupes àparticiper. Voilà la consigne qu’ils avaient reçu de Coude :«Oubliez la tradition »

(l'Express, 23/6/89). Et surtout, au bas des Champs-Elysées, <r la musique du

brer ?

continue en page 4■“

«consciencieusement »fêté la Révo¬ l u t i o n . O n a v u d é fi l e r d a n s l e s r u e s d e

nombreux villages des chars fleuris portant une guillotine en papillotes, entourée d’enfants coiffés de bonnet

rouges. Mais il faut dire, ànotre soula¬ gement, que ces manifestations n’ont

pas soulevé la liesse populaire. Cer¬ taines ne sont pas arrivées àmobiliser

plus que le conseil municipal et les en¬ fants des écoles, enrégimentés par des instituteurs soucieux de célébrer

«l'acte fondateur de la République ». Les grand-maîtres de la célébration parisienne, connaissant mieux sans

doute l’état de l’esprit public, ont évité

lesrappelshistoriquestropchoquants. Le 14 juillet, les fêtes ont tout évoqué « sauf la prise de la Basülle. I «Pour être sûr de viser juste, toute 7 allusion un peu précise aux événe- i ments révolutionnaires allait être écar- "

tée de la soirée », commente le i

Figaro-Magazine(22/7/89)àpropos duaeiiiedeCoudeauxChamps-Ely¬ sées. Coude lui-même l’avait claire-

Le 14 Juillet 1989 aux Champs-Elysées. Vision d’enfer :la «révolution des temps modernes

» ,


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.