HYPE#6

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HYPE #6

Le webzine amateur des artistes amateurs

Margot Gabel Bow Low John and the Volta Tarofalt Ple誰ad, etc...


LE webzine amateur des artistes amateurs L

COUVERTURE Margot Gabel

http://www.flickr.com/photos/mrgt-/


Le fabuleux LE webzine amateur des artistes amateurs LE sommaire de Hype P.6

PHOTO Interview: Margot Gabel Galerie : Jovan Todorovic

MUSIQUE

P.20

Rencontres : Tarofalt, Pleïad, Bow Low et John and the Volta Actu Musique : Bat for Lashes, Grizzly Bears, Kendrick Lamar

P.37

cinéma Critique : Savages, Tabou

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P.39

MODE

Homme : Souffle printanier, la mode homme prend le large

LITTé

P.45

A découvrir : Women de Charles Bukowski

CONFIDENCES

P.45

A découvrir : Je de Maux

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margot gabel


PHOTO / Interview

Margot Gabel

Texte : Michel CARIOU

À 21 ans, Margot est étudiante à l’école des Gobelins de Paris. Originaire de Strasbourg, cela fait 6 ans qu’elle pratique la photographie. Et pas n’importe laquelle, puisque tout son travail réside dans l’utilisation de l’argentique. Pureté, simplicité, adieu la retouche et place au grain authentique, à l’instantanéité, aux pellicules usées. Et ce n’est pas un mal. Le numérique étant à son apogée aujourd’hui, c’est un plaisir de retrouver ce qui avait tendance à disparaître : la candeur d’une image spontanée et sincère. Retrouvez le travail de Margot sur son Flickr et son facebook.

Mikah Manansala

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Quel fut ton déclic pour la photographie ? C’est simple, quand j’ai poussé pour la première fois la porte du labo photo de mon lycée (qui était plus ou moins un placard aménagé) j’avais 14 ans et j’ai découvert les joies du développement en noir et blanc. J’ai récupéré quelques appareils et objectifs chez mes parents et quelques ILFORD 100 iso, et je me suis mise à développer frénétiquement ! Les mains dans le bac de révélateur, je suis tombée amoureuse de la chimie argentique. Lorsque tu photographies, pars-tu avec une idée en tête, un thème ou même un message que tu souhaites faire transparaître dans le résultat final ? Je ne travaille pas vraiment autour de thèmes ou de revendications particulières. Je cherche avant tout à illustrer simplement mon quotidien, sans mises en scène, et surtout sans retouche. S’il y a bien une intention que je respecte depuis le début c’est le fait de ne jamais intervenir sur le cliché une fois qu’il est sur la pellicule. Il n’y a donc aucune post-production sur les négatifs scannés. J’ai envie de montrer que même en plein dans l’ère du numérique, l’argentique est toujours là et reste accessible à tous. Actuellement étudiante aux Gobelins de Paris, j’imagine que tu possèdes quelques projets pour plus tard. Si oui, lesquels ? Mon plus gros projet serait déjà de quitter Paris ! Et de voyager le plus possible. Ce n’est pas très original certes, beaucoup de personnes possèdent à 20 ans cette envie de partir. Mais j’aimerais bien pouvoir tester l’argentique dans des conditions extrêmes, la chaleur, l’altitude etc. Et il serait temps que je commence vraiment à investir dans le format moyen, qui est plus couteux niveau matériel. J’envisage aussi de me remettre au développement en installant mon propre labo !

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ThĂŠo MargotGosselin gabel

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Étant donné que tu travailles la plupart du temps avec un argentique, quel est ton regard vis-àvis du numérique ? Disons que l’argentique et le numérique ne sont pas vraiment comparables. Ce sont deux médias différents, un capteur numérique ne pourra jamais réagir comme une pellicule. Je trouve plus intéressant d’avoir à choisir entre des milliers de sortes de pellicules différentes (entre négatif, positif, redscale, instantanées etc.) plutôt qu’un ou deux clics sur Lightroom. C’est presque viscéral au final, je ne saurais pas vraiment argumenter. Avec le numérique on perd notre rapport au réel, on ne manipule plus les bobines, ni les produits nécessaires au développement. D’où puises-tu ton inspiration ? Il a-t-il des photographes qui te font frissonner ? En ce moment je suis en train de suivre l’artiste américain Davis Ayer qui manipule et expérimente avec toutes sortes de pellicules et d’appareils. Les résultats sont incroyables et les effets sont obtenus au moment du développement, avec certains dosages de produits ou tout simplement en barbouillant du révélateur au pinceau par exemple. Il arrive à donner des textures et une ambiance incroyable à ses clichés sans toucher à l’ordinateur. J’ai remarqué que tu te débrouillais pour trouver toute sorte d’anciens appareils photos, dans des vide-greniers par exemple, des brocantes, etc. Ce qui, j’imagine, te laisse un large choix quant à celui que tu souhaites utiliser. Entre tout ce matériel, as-tu des préférences ? Un appareil en particulier qui t’accompagne partout ? Ma préférence reste le Canon AE1 Program qui est constamment avec moi. Pourtant il n’est pas vraiment léger, mais je me sens presque mal si je ne sens pas son poids dans mon sac ! J’aime beaucoup utiliser des vieux jetables périmés aussi, ça donne parfois vraiment n’importe quoi et c’est toujours surprenant.

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Certains artistes ne préfèrent pas mélanger passion et métier, qu’en est-il de toi ? Pour l’instant je travaille dans un domaine totalement opposé à l’argentique : le webdesign. Ça me plait vraiment et je pense aussi que c’est sûrement une source de revenus plus sûre à l’avenir. La photographie reste une passion pour l’instant. J’ai déjà réalisé quelques « shootings », rien de rémunérateur, ça ne m’intéresse pas vraiment. Mais il y a un regain d’intérêt certain pour l’argentique en ce moment, et cela pourrait peut-être jouer en ma faveur ! La question qui tue : pourquoi la photographie et pas autre chose ? J’ai commencé dès la seconde mes études dans le domaine des Arts Appliqués, et c’est ce qui m’a permis de tester plein de techniques graphiques. Mais comme je l’ai dit plus haut, c’est viscéral je pense, le coup de cœur dans le placard éclairé par une unique lampe inactinique est resté ! Un conseil à donner aux débutants ? Je n’ai jamais fait d’études en photographie, je ne suis donc sûrement pas une très bonne conseillère. Mais pour ceux qui font du numérique, testez une ou deux pellicules et vous verrez ! Et le mot de la fin ! FILM IS NOT DEAD !

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Margot gabel


PHOTO / Galerie

Jovan todorovic

Texte : Michel CARIOU

Avant tout réalisateur de vidéo-clips (musicaux et commerciaux), Jovan Todorovic est également photographe. En raison de son habilité à manier la caméra, ses photos se retrouvent marquées par une ambiance bien singulière, presque cinématographique, où le grain et l’instantanéité mettent en valeur des hommes et des femmes, des visages et des corps. Certains paysages captivent et envoûtent, d’autres sont propices au voyage et à l’évasion. Ce qui marque dans son travail, c’est la curiosité qu’il suscite. Retraçant le bout d’une histoire vraie qui nous est inconnue, chaque photo nous interloque. Qui est cette jolie femme ? Quel est cet endroit ? Que s’est-il passé ? On se laisser alors bercer par la magie, les questions s’envolent, puisque de toute façon il n’y aura pas de réponse. Simplement, on se contente d’apprécier cette frasque escapade pour en ressortir un peu plus vivant. Un plaisir à regarder.

Retrouvez le travail de Jovan sur son site et son Flickr.

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jovan todorovic

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MUSIQUE / Rencontre

Taforalt, prince des mots

Texte : Sofia BABANI

Mouss Taforalt, c’est une plume, des sonorités qui évoquent des contrées lointaines. Toujours mélodieuses, douces et authentiques, ses chansons sont un voyage à elles seules entre Orient et Occident. Après avoir fait les premières parties de Zebda ou de l’Orchestra National de Barbès, Taforalt prépare actuellement son premier album éponyme. Rencontre.

Bonjour Mouss, et si vous commenciez par nous parler de vos débuts ? Mes débuts dans la musique, ont commencé au CLC (local associatif) à Salbris là où j’ai grandi (Loir et cher), on avait monté un trio (une batterie, une guitare et deux chants). Nous nous sommes inscrits au tremplin JMF et nous voilà sélectionnés et sur les planches du cirque d’hiver à Paris. De là je me suis dit : je sais ce que j’ai envie de faire de ma life. Mes premières compos, étais surtout basé sur l’Amour. Par la suite, crise d’adolescence oblige, me voilà de plus en crise identitaire, le cul entre deux chaises. Né au Maroc, mes parents tous deux marocain, il me fallait connaître au mieux ma double culture.

Dehors j’étais français, à la maison, marocain. Par mes écrits je pense avoir fait la liaison des deux cultures, ce qui m’a permis de mieux les vivre. Comme une thérapie. Je n’avais plus à faire le choix entre l’un ou l’autre. Et finalement, votre parcours, quel fut-il ? Ma vie de musicien ? J’ai jonglé ici et là tentant de trouver la meilleure formule orchestrale, mais en vain ! J’ai surtout joué seul tel un saltimbanque, à travers tout le pays, accompagné de ma guitare et mes textes. Les bistrots ont étaient mes endroits d’expressions par excellence, le genre d’endroit où l’on croise monsieur et madame tout le monde (une bonne école).

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Des personnes ont été déterminantes dans votre évolution ? La personne qui a été déterminante, c’est mon paternel, qui m’a fait comprendre que tu n’as rien sans rien ! Mon échec scolaire ne m’as pas donné trop de choix, entre le travail dans le bâtiment en interim, ou la scène, mon choix était vite fait. La musique, c’est un amour de toujours ? La musique, je fais partie des gens qui ne peuvent vivre sans. Elle coordonne mes joies, mes angoisses, mes humeurs, la vie quoi ! Dans l’enfance, on écoutait du traditionnel maghrébin, « Chtah ! Chtah ! Gbel ma y chethok ! » (Danse ! Danse ! Avant qu’on te fasses danser !). C’est l’interprétation que j’en ai fait, comme on dit :une fois piqué, c’est pour la vie ! Elle m’a aidé à m’adoucir, car à cette époque il fallait s’accrocher. Quelqu’un en particulier vous l’a fait aimer ? Mon grand frère ! Gamin, on jouais des percus avec la table, le torse, la tête du cousin, tout ce qui nous tombait entre les mains ... Chtah ! Chtah !!! Quand avez-vous VRAIMENT commencé ? A mes 18 ans le jour où j’ai quitté le cocon familial, ça m’a coûté 3ans sans sortir de chez moi, afin de créer mon univers. Les thèmes et sonorités de votre musique sont empreints de soleil. Vous avez grandi loin de la France n’est-ce pas ? On ressent beaucoup d’authenticité dans vos chansons. Quels thèmes vous tiennent à coeur ? Né à Taforalt au nord-est du Maroc, je suis arrivé en France en 79, mon père travaillait depuis 71, où il était venu en contrat comme ça se faisait beaucoup à cette époque-là. Son genre musical c’était le chäabi, le classique Egyptien, chleuh, le oujdi, tous ce qui lui rappeler là-bas ! Tous les ans, les 2 ans, on repartait dans notre ferme marocaine, ou l’on conservait au mieux et précieusement notre culture, notre identité. La musique apaisait nos cœurs, comme une chose que personne ne peut te prendre, elle était l’oxygène à nos maux d’immigrés. Le thème qui me tient à cœur, c’est bien sûr l’Amour, mais aussi le Respect, le Choix et j’espère la PAIX entre tous les hommes. Taforalt, c’est un village au nord-est du Maroc. Vous y avez grandi ? Dans la chanson du même nom, ce sont des souvenirs d’enfance que vous évoquez ? Taforalt, c’est le petit village qui m’a vu naître, mais c’est surtout chez moi, l’endroit où je ne me pose pas la question de savoir si je dérange ou autre. Cette chanson je l’ai construite en pensant qu’un jour je percerai le secret de ma réelle identité. Fais-moi danser ! Fais-moi rêver ! La chanter pour moi c’est exister ! Ma famille mon sang, sont de Taforalt, ce ne sont pas que des souvenirs d’enfance, c’est ce qui m’a fait et qui me tient. De quels instruments jouez-vous en dehors de la guitare qui vous suit partout ? J’aime jouer de la gasbah, une sorte de flûte orientale, mais surtout des percussions, la derbouka, les karkabou, le bendir, un peu de guembri quand j’arrive à l’accorder, une sorte de basse gnawi. Je reste ouvert à la découverte, je me suis mis aux percussions brésiliennes, le pandeiro, les surdo, le rocca... etc. La musique est un univers sans fin, une vie ne suffit pas ! D’une voix lointaine et mélodieuse, vous oscillez entre langue française et langue arabe. Y’en a t-il une dans laquelle vous vous sentez le plus à l’aise ? Sans réfléchir je dirais l’arabe, mais la différence c’est qu’en français on peut aller plus loin dans les mots. Enfin ce n’est pas comparable si ce n’est que l’arabe est plus accessible à chanter, plus malléable.

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Vous avez une plume bien aiguisée. Vous écrivez seul ? Avez-vous des rituels lorsque vous écrivez? En majeur parti j’écris seul. Quelques titres tel que F’had denya, que j’ai mise en chanson, écrite avec mon cousin Rachid. Il m’a donné les grandes lignes de son périple, sa vision du monde. Pour moi écrire, il n’y a pas vraiment de règle, ça me tombe dessus comme ça, comme des souvenirs enfouis qui ont besoin de sortir. Et d’autres fois, c’est la guitare qui m’aide, à partir d’accords enchaînés, l’émotion me guide et m’emmène jusque des sujets qui me semblent appropriés. Par exemple, M’dame Carmier, allez comprendre ! Je l’ai écrite dans l’avion entre Oujda et Orly sans guitare à côté d’un ancien qui priait sans cesse par peur de s’écraser et Thé à la menthe à partir d’accords un aprèsmidi chez moi où je m’ennuyais à mourir. Un souvenir de scène qui vous a marqué ? Comment faire le choix ? Le jour ou une femme a éclaté en sanglot sur un des titres, elle m’a dit qu’elle s’y retrouvait, qu’elle avait une histoire similaire. La chanson Ya Mouimti parlait d’un fils qui s’adresse à sa mère restée là-bas. Ca m’a fait quelque chose, elle était inconsolable. Après ça j’ai arrêté de la chanter en me disant que mon but n’était pas de déprimer les gens. C’était à la fête de l’huma en première partie de Idir. Quels artistes vous ont influencé au cours de votre évolution ? Raïna raï, Gnawa diffusion, Farid el Ätrach, Nougaro...etc.. Toutes ces musiques qui vous prennent, vous transportent ailleurs. Vous faites des portraits, évoquez des souvenirs, les imagez... On sent que vous aimez raconter des histoires dans vos chansons. Je me trompe ? J’essaie de mettre l’interlocuteur en situation afin qu’on fasse le voyage ensemble le temps de celle-ci. Parfois des gens se retrouvent dans mes histoires. Et puis ça reste des histoires vraies, des souvenirs d’enfance qui m’ont marqué. Quels sont vos projets à venir ? Sortir plusieurs albums Taforalt, dont le premier arrive pour les beaux jours 2013, si le 21 décembre n’a pas raison de nous ! Partir en tournée sur les routes, découvrir ce monde dans lequel on vit et connaître le bonheur partagé tout simplement.

Retrouvez Taforalt sur Facebook, MySpace et Dailymotion.

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MUSIQUE / Rencontre

PLEÏAD : le post-rock planant et envoûtant Texte : Sofia BABINI

Formé fin 2009, le groupe lyonnais fin 2009 a su trouver son style : un postrock ambiant saupoudré de rythmes bien ficelés et de chants aériens. En juin dernier, le groupe sort Speech... is...gold, un EP acoustique folk et épuré. Rencontre avec trois membres du groupe. Bonjour Pleïad, faisons les présentations ! Tom : Thomas, 28 ans, instit, et chanteur (guitare/clavier) dans Pleïad. Cyril : Cyril, 28 ans, instit, guitare et 2ème voix Slashy : Slashy, 24 ans, étudiant en Japonais et nouvellement bassiste dans Pleïad. (NDLR : + le batteur du groupe, absent lors de l’interview : Martin, 32 ans, technicien son et informatique) Le post-rock ambiant, c’est quoi si on vulgarise ? Tom : Un pléonasme ? Slashy : Mwahaha ! Qu’il est taquin! Cyril: ce serait de l’instrumental à fond, des nappes de chant sans paroles et une déstructure totale !

Vous écrivez uniquement en anglais n’est ce pas. L’écriture dans la langue de Shakespeare est plus naturelle pour vous ? Vous écrivez tous ensemble, comment ça se passe ? Tom : Pour le moment, j’écris uniquement en anglais, en effet. Ce n’est pas tout à fait que l’anglais soit plus naturel pour moi, mais notre musique ‘sonne’ anglais dans ma tête. Lorsque je cherche/entends des mélodies, je me les chante en anglais, du yaourt anglais (du yoghourt). Donc, quand j’en suis à écrire des paroles, je cherche à ce que ça colle au mieux aux intonations, à la sonorité que j’ai mis dans mon yoghourt. Slashy : C’est plutôt Tom qui s’occupe des textes, vu que c’est lui qui les chante. Pour autant, ça veut pas dire qu’on ne puisse pas apporter des idées ou mêmes des textes, ni qu’on se désintéresse de ce qu’il écrit, bien au contraire. Par rapport à l’anglais, je pense qu’on a généralement une culture musicale anglophone plus développée que celle de la chanson française, ce qui fait que si j’avais à écrire quelque chose, j’irai aussi plus naturellement vers l’anglais.

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Y’a t il des thèmes récurrents ou qui vous tiennent plus à cœur ? Tom : Je parle surtout de mes expériences personnelles. J’ai encore beaucoup de mal à écrire sur des choses qui ne me touchent pas au plus profond. J’ai besoin de ça pour me mettre dans des mélodies. Et je ne suis pas certain que cela puisse changer finalement. Parlez nous de votre parcours. Nous sommes curieux (alors ne pas lésiner sur les détails). Comment s’est formé Pleiad ? Les membres ont-ils toujours été les mêmes ? Et tout le reste! Tom : Avant Pleïad, nous avons tous connu d’autres expériences musicales, de groupes, en duo/solo etc... Dans des univers assez différents, de la chanson française à du métal, en passant par de la pop. J’avais pour ma part un projet folk en solo, et j’ai cherché à m’entourer d’un bassiste et d’un batteur. C’est sur une audition que Cyril (guitariste, ami, et coloc’ de l’époque) et moi avons rencontré Josh, bassiste. L’audition ne s’est pas avérée géniale pour plusieurs raisons, mais on a tout de suite senti que ça collait entre nous 3. Et on a eu envie de rejouer ensemble, de former un groupe de toute pièce, plus rock que ce qui était joué lors de cette audition. Sur audition quelques semaines plus tard, nous avons rencontré Marty qui s’est éclairé derrière sa batterie : Pleïad était né. Nous avons mis du temps à trouver «notre truc», notre façon de bosser ensemble, notre style. Je pense que le suivi du Conservatoire de Lyon l’année dernière (répétions accompagnées, concerts, débriefings...) et notre sortie volontaire de ce suivi (nous n’avons fait qu’un an sur les deux) nous a vraiment fait évoluer, grandir et nous a permis de nous «retrouver» autour du projet actuel électrique, autour d’une façon de bosser ensemble qui nous va bien. Notre line-up n’a pas changé pendant 3 ans. Seulement, nous avons du dernièrement changer de bassiste (Josh partant à l’étranger en Janvier 2013), et avons eu la chance de rencontrer très vite Sylvain (aka SlashyBoy), avec qui ça a tout de suite collé (on l’Aime déjà avec un grand A). Slashy : *petite larme qui coule le long de la joue* Cyril: pas mieux !

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Entre votre EP 1.17 et Speech is Gold, de quelle évolution parleriez-vous ? Tom : Je parlerais d’une évolution scénique (avec une soixantaine de dates en 2 ans), une prise de conscience, une prise de confiance, et une évolution de notre mode de fonctionnement, de travail et de style (notre travail autour du set acoustique Speech...is...Gold a été très bénéfique également pour nos compositions électriques actuelles du moment). Cyril: on a appris à arranger, à ne plus juxtaposer les choses, à être moins à fond tout le temps, “ donner de l’air, à laisser de la place à... J’ai été surprise de trouver un instru parmi vos titres avec 2.18. Bien ficelé d’ailleurs. Vous en avez d’autres ? C’est une démarche fréquente de votre part ? Tom : Merci. Sur l’EP 1.17, nous avions déjà un titre instrumental, 1.17, que l’on aimait beaucoup aussi. En live, c’est pour ma part assez jouissif de ne penser qu’à mon instrument sans avoir recours à des paroles. Cyril: C’est certainement quelque chose qui va revenir, ça nous permet d’être unis autour des instruments, de créer une ambiance, on aime bien commencer les sets live de cette façon d’ailleurs. Y’a-t-il un artiste ou un autre groupe qui a influencé votre évolution musicale ? Tom : Il y a en a même des tonnes. Pour Pleïad, je dirais Incubus / Biffy Clyro / Archive. Cyril: j’ajouterais Stéréotypical Working Class pour la transition électrique/acoustique Slashy : Depuis que je suis arrivé, j’entends aussi pas mal une musicalité qui rappelle des groupes Tool, Perfect circle ou Deftones. Pourquoi “Pleïad”? Tom : Pleïad, car au départ du groupe, nous venions tous d’univers musicaux bien différents, comme je l’ai dit plus haut. Et une pléiade de personnes, c’est un ensemble de personnes différentes, de cultures différentes, d’influences et de milieux différents. On trouvait que ça collait bien au projet. Et ce nom est plutôt facile à dire, à retenir, et plus sympa à lire. Vos projets à venir, quels sont ils ? Un album pour 2013 sur le feu peut être ? Tom : Nos projets sont désormais uniquement sur du moyen/ long terme car nous stoppons les concerts pour une période de quelques mois. Nous avons tous l’envie de recomposer, de transférer ce que l’on a appris en acoustique sur de nouvelles

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compos électriques, de faire du neuf tout simplement. L’idée d’album pour 2013 sera vraiment concrète d’ici quelques mois je pense si nous continuons à avancer de la sorte. A plus court terme, nous avons très envie de continuer à travailler sur des résidences (Une première a été faite au Culbuto, à Villeurbanne). Mike Chirouze, notre manager, fait tout pour que nous ayons un maximum de possibilités dans ce secteur : une résidence est déjà prévue pour Février à La Fabrique. Votre plus beau souvenir de scène ? Tom : Il y en a beaucoup, mais pour moi, ce sera ma façon d’interpréter Speech is silver, Silence is gold lors de la Nuit du Rock, à l’Ayers Boat. Cyril: Le Blogg (sortie de clip), tout est devenu limpide, ça glissait tout seul ! Une collaboration rêvée ? Tom : Si l’on peut rêver, je dirai une collaboration avec Incubus. Plus crédible, une collaboration avec SuperFudgeChunk ou Stereotypical Working Class, deux groupes que l’on apprécie tous vraiment. THE album 2012 pour vous ? Tom : Celui que j’ai écouté le plus je pense : Escape des Kinky Yukky Yuppy. Cyril: voilà, on doit passer tellement de temps ensemble qu’on en arrive à écouter la même chose... Je suis assez d’accord sur cet album. Slashy : Beaucoup aimé Depth de Oceano. Grande claque. Retrouvez Pleïad sur leur Site, Facebook ou MySpace.

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MUSIQUE / Rencontre

Bow Low

Texte : Paul-Julien ROUX

La sensation de la fin de l’année 2012 s’appelle Bow Low : le groupe caennais débarque avec un deuxième album (30W10W) monstrueux et vraiment réussi, rempli à ras-bord de tubes potentiels. Bow Low, c’est mieux que le Père Noël : vous aimez les riffs assassins, appréciez les rythmiques endiablées et raffolez des refrains imparables ? Vous allez être comblés. En plus, vous kiffez les ambiances western bien senties façon Ennio Morricone ? Alors balancez vos chocolats, l’écharpe en laine de mémé et tous les cadeaux pourris que vous avez reçu fin décembre et dont vous ne vous servirez jamais… Jetez-vous plutôt sur «la nouvelle sensation rock du grand ouest», comme ils se définissent eux-mêmes. Réveillez ensuite vos voisins avec Little River, 1000 Horses ou encore Old Child. Enfin, organisez des soirées Saloon et Bourbon ainsi que des petits duels façon Le Bon, La Brute Et Le Truand avec vos potes sur 3.0… Bon, trêve de plaisanteries ! Vous l’aurez compris, 30W10W a tout pour plaire : il transpire le talent brut et regorge de pièces magistrales qui vous transporteront à travers les époques, les grands espaces vierges et inexplorés. Il se résume à une incroyable épopée à la croisée des royaumes du rock, de la pop et de la new-wave. Enfin, il pourrait bien écrire une nouvelle page de l’histoire du rock français. En tout cas, on le souhaite à Bow Low, car ils le méritent vraiment ! Rencontre avec le chanteur du groupe, Nicolas Camus : Peux-tu présenter Bow Low aux lecteurs de Hype ? Bow Low est un groupe normand que l’on pourrait qualifier de Rock, New Wave et Western… Nous existons depuis 2007 et notre deuxième album, 30W10W vient de sortir. Cinq musiciens composent le groupe : Nicolas Camus (chant), Johann Delaunay (Batterie), Manuel Laisné (Guitare), Gaspard Macé (Claviers/machines) et Charley Gibot (basse). Quelles sont vos principales influences ? Elles sont assez variées. Les Doors, Bowie et MGMT sont ceux qui nous ont le plus marqués. On peut ajouter aussi LCD Soundsystem, These New Puritans, Metronomy... Votre nouvel album, 30W10W est une vraie bombe. Peux-tu m’en dire plus sur la conception de ce disque, qui sort tout de même quatre ans après le premier ? Oui, effectivement, quatre ans, c’est long, mais cette période nous a permis de nous ressourcer, de nous remettre en cause, de repartir de zéro en quelque sorte. Nous en avons profité pour écouter beaucoup d’autres groupes, notamment certains qui utilisaient des machines, ce dont nous nous sommes imprégnés. Nous avons pris le temps de disséquer ces nouvelles sources d’inspiration et de les combiner à notre bon vieux savoir faire rock n’roll. Le tout a été distillé lentement, jusqu’à obtenir le résultat incarné dans ce disque. Mais dans le fond, la force de nos morceaux réside dans le fait qu’ils fonctionnent déjà en mode minimal, c’està-dire avec guitare folk et voix. Il y a une véritable dimension cinématographique très réussie qui s’en dégage, le plus souvent clairement en lien avec l’époque Sergio Leone/Ennio Morricone… Comment en êtes-vous arrivés là ? Manuel, le guitariste, a composé la quasi totalité de l’album. Nous avons récemment quitté Paris pour nous

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réinstaller dans notre Orne natale. J’imagine que les paysages et l’ambiance de notre campagne nous ont inspirés. D’ailleurs, nous aimons à penser que nous habitons une sorte de réserve, ce qui n’est au final pas très loin de la réalité. C’est un peu notre Far West à nous et au travers de nos compositions, nous fantasmons notre propre western. Sur 30W10W transparaissent également des références au cinéma des années 60 et 70 (John Ford, Antony Mann). Nous apprécions également des œuvres plus contemporaines, comme celles de David lynch, ou Drive, le chef-d’œuvre de Nicolas Winding Refn. Vous avez gagné le concours Inrocks Labs/Because Music et le morceau «Little River» sera présent sur la compile du même nom qui sortira le 14 janvier 2013. Que représente cette distinction pour vous ? Nous n’allons pas nous cacher. Nous sommes évidemment très heureux et flattés de cette distinction et de la visibilité qu’elle nous apporte. Etant donné que nous avons énormément travaillé pour cet album, c’est

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vraiment très bon d’être reconnus. On sent que 30W10W est taillé sur mesure pour la scène. Est-ce un choix délibéré ? Non, nous ne pensons jamais à la scène lorsque nous composons. C’est une autre étape et nous ne la laissons pas nous perturber pendant que nous écrivons les morceaux ou que nous enregistrons en studio. Chaque chose en son temps. Apparemment, la scène musicale caennaise dont Bow Low est issu est très prolifique et en vogue en ce moment. Comment l’expliquer ? La région et la ville de Caen s’investissent beaucoup pour les musiques actuelles. Ça joue forcément. Je ne crache pas dans la soupe, et évidemment les projecteurs sont sur notre région en ce moment. Ça tombe très bien pour nous, mais je pense que toutes les régions ont leurs pépites. Enfin, comment vois-tu l’avenir de Bow Low, et surtout ce début d’année 2013 qui s’annonce pour vous comme l’année de tous les possibles ? Pour l’instant, ça semble nous sourire, en effet. L’avenir, il faut le rêver comme le meilleur qui soit, et celui-ci ne sera bon que si nous vivons pleinement le présent. Nous travaillons actuellement sur le prochain album et dans un avenir certain nous l’enregistrerons. Nous souhaitons également faire le plein de concerts en 2013. Une tournée en Italie est déjà prévue, ainsi que quelques festivals. Et puis, comme nous l’avons déjà signalé, en janvier, nous serons sur la compile Inrocks Lab/Because Music. Peut être que celle-ci nous offrira des opportunités... Retrouvez Bow Low et écoutez leur nouvel album sur leur page Facebook.

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MUSIQUE / Rencontre

John and the volta

Texte : Paul-Julien ROUX

John and The Volta, c’est un peu comme une pépite d’or dénichée au milieu des galets d’une rivière boueuse, ou comme une paille de diamant trouvée dans une botte de foin. Un truc, rare, inespéré en somme, quelque chose d’à peine imaginable. Et pourtant… A l’heure où une morosité assez déprimante s’installe durablement, pour ne pas dire de façon interminable dans le milieu de la musique indie hexagonale, toute trouvaille est bonne à prendre. Penchons-nous donc sur ce groupe encore totalement méconnu, mais doté d’un talent hors norme et d’un potentiel impressionnant qui laisse présager le meilleur. Cette pop à fleur de peau et ce rock tout en retenue, timide presque, feront immédiatement penser à Radiohead. Pourtant, au fil des écoutes, John impose son propre style, éthéré, à la fois épuré et complexe, d’une beauté rare. La maîtrise est totale, le projet cohérent, mais surtout, il s’en dégage à la fois une force et une finesse qui se sont rarement aussi bien mariées, pour le meilleur seulement. En un seul mot : chapeau, les gars ! Rencontre avec Jonathan Ducasse. Peux-tu présenter John & The Volta ? Nous sommes quatre Bordelais et nous inscrivons dans un registre «indie pop». La formation actuelle est très récente puisqu’elle n’a pas encore un an. Pourquoi ce nom ? A l’origine, le projet se nommait «Volta», en référence à l’album de Bjork. Mais il nous paraissait important d’aller plus loin, et de trouver quelque chose de plus singulier. Etant donné que nous avons construit autour de mes compositions, nous avons décidé de rajouter le diminutif de mon prénom devant Volta, d’où John & The Volta. Quel est votre parcours jusqu’à aujourd’hui ? Nous avons à notre actif quelques concerts, dans les caves bordelaises tout d’abord, puis Paris, l’International, l’Alhambra, le Gibus. Nous avons également formé une petite équipe avec qui nous avons concrètement mis le show en place (son, lumières…), le tout dans plusieurs salles qui nous ont accueillis en résidence (je pense au Krakatoa, ou au Rocksane). Aujourd’hui nous travaillons sur la sortie de notre premier EP. Comment en êtes-vous venus à la musique ? Je n’ai jamais fait autre chose. Au collège, j’enregistrais des chansons sur un quatre pistes cassettes que j’emmenais en cours. J’ai continué, jusqu’à aujourd’hui. Une fois mon bac décroché, j’ai pu consacrer tout mon temps à cette passion. Comment définirais-tu votre musique ? Belle mais pas trop ! Je ne peux pas m’empêcher de faire une musique de détails, mais je porte une attention particulière à ce que la création conserve une part brute. Quelles sont vos principales influences ? Evidement Thom Yorke et Radiohead, mais aussi Justin Vernon de Bon Iver, Bjork, Beck, Grizzly Bear, Bat For Lashes et tant d’autres… Et aussi Melody Nelson de Serge Gainsbourg.

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Comment composez-vous ? Je compose les titres dans mon home studio. Le processus est assez long, je dois me couper de mon rythme de vie quotidien, ne réponds pas au téléphone et sors peu. Une fois le travail écoutable, je m’excuse auprès de mes amis et leur envoie les titres ! Nous les testons ensuite en répétition, vérifions que les arrangements fonctionnent. Ensuite, chacun s’approprie sa partie et propose des modifications éventuelles. Vous avez fait le choix de chanter en anglais. Pourquoi ? C’était une évidence, le français ne me permet pas de créer la musique que j’aime. Ma culture musicale s’est construite avec des artistes anglo-saxons, et ma discographie a longtemps été composée exclusivement d’artistes anglais, américains, finlandais... Je n’ai découvert que très récemment que certains albums en français pouvaient aussi me charmer. Tu as parlé d’un EP tout à l’heure… Oui. Initialement, nous avions prévu la sortie d’un album entier. Il était même enregistré en intégralité. Mais le groupe est jeune, et le risque que représentait une sortie prématurée de dix ou douze titres a été jugé trop important. L’optique choisie est donc de sortir un EP autour de février/mars pour tenter de faire “buzzer” sur les blogs, webzines, etc. Il sera précédé de la sortie d’un premier morceau ainsi que d’un clip. L’album suivra mais il est difficile de dire quand. Tout dépendra de l’accueil que recevront les premiers titres. Faîtes-vous partie d’un label ? Tout à fait, nous travaillons avec un nouveau label en Belgique (à Bruxelles) depuis quelques mois. C’est une très belle rencontre, et même plusieurs pour être juste. Grâce à eux, nous pouvons construire plus subtilement et solidement le projet, nous projeter plus loin. C’est d’autre part très excitant de voir qu’un travail si personnel peut se retrouver au centre d’une activité impliquant tout une équipe. Et puis Julien Paschal, le co-fondateur du label a bossé avec pas mal de gens en Belgique : Ginzhu, Girls in Hawaï, Kill The Young.

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john and the volta


Comment comptez-vous diffuser votre musique : «à l’ancienne», ou en utilisant les nouveaux réseaux de diffusion sur internet ? Nous pensons qu’il est important de trouver un juste milieu entre les deux. Il est indispensable aujourd’hui d’être présent sur les nouveaux réseaux même si le téléchargement numérique reste encore trop immatériel pour certains mélomanes. Nous tenions également à proposer un bel objet. Nous avons donc fait le choix du vinyle qui est finalement plus que jamais d’actualité. Nous travaillons d’ailleurs sur un artwork et une pochette avec un artiste New-Yorkais. De même, nous réfléchissons à une idée originale de merchandising afin d’accompagner de façon alternative l’EP numérique. Penses-tu que les artistes ont quelque chose à gagner dans cette révolution de l’industrie, ou tout à y perdre ? En tant que consommateur, et mélomane, je trouve que c’est un luxe inouï de pouvoir écouter le travail d’un artiste en tapant son nom sur Google depuis son bureau. Aujourd’hui, le musicien est potentiellement présent dans les foyers du monde entier. Le risque de cette offre à profusion est le phénomène de “papillonnage”, mais d’un autre coté cela facilite les découvertes. Et en ce qui concerne le téléchargement illégal ? C’est évidement un problème mais comment expliquer à un ado qu’il ne peut pas remplir son lecteur de mp3 alors que tout est là, à portée de clic ? Il n’y a que peu de chance qu’il choisisse de payer ce qu’il peut avoir gratuitement. En revanche il risque de demander à ses parents de lui acheter la place de concert. Concernant les grands ados, bon, pas de commentaire ! D’ailleurs, êtes-vous encore amateurs, ou déjà professionnels ? Je suis intermittent du spectacle depuis 4 ans maintenant, mais j’ai depuis peu stoppé beaucoup d’activités musicales annexes pour me concentrer sur John & The Volta. Le cœur de notre activité, ce qui nous permet de gagner nos vies, c’est les concerts, alors souhaitez-nous de faire beaucoup de dates prochainement! Retrouvez John and the Volta sur leur site et Facebook.

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MUSIQUE / L’ Actu Bat For Lashes - The Haunted Men Texte : Paul-Julien ROUX

La Chasseuse d’Hommes Déjà le troisième album pour Natasha Khan, alias Bat For Lashes. Ici, exit le mystère et la brume, les ambiances fantasy, sorcières et licornes de Fur And Gold. Exit également l’électro hippie-hype-kitch de Two Suns. Cette fois-ci, à l’image d’une pochette franchement réussie, l’anglaise explore des univers plus classiques et épurés. La chasseuse de fantôme chasse maintenant l’homme dans cet album, œuvre honnête mais au final décevante si on la compare à la discographie des débuts. Il y a bien Laura, très belle réussite, toute en finesse, qui s’impose clairement comme la clé de voûte du disque. Mais ce titre, à lui seul, a bien du mal à faire oublier les faiblesses de certains aspects de composition, contrebalancées par une production en progression. Au final, il est dommage que l’univers fantasmagorique qui avait fait sensation lors des débuts de la jeune femme ne transparaisse plus vraiment, sauf peut-être sur Horses Of The Sun.

Grizzly Bear - Shields Texte : Paul-Julien ROUX

Touchés par la grâce Un voyage. Du genre de ceux que l’on n’oublie pas. Un voyage qui transporte dans des contrées à la fois étrangères et hospitalières. Des contrées aux paysages dont la profondeur de champ est infinie, flirtant avec l’espace intersidéral. Des contrées fertiles, au sein desquelles les végétaux se marient harmonieusement avec la pierre, dans lesquelles la beauté pure côtoie le sublime racé. Des contrées majestueusement rares, des contrées qui abritent des joyaux purs. Difficile de ne pas utiliser de tels superlatifs pour décrire ce Shields, qui restera LE disque de l’année à mon goût. Certains pointeront quelques petits défauts certes réels mais malgré tout anecdotiques. Ce serait franchement faire la fine bouche, et on ne chipote pas avec la beauté à l’état brut. De tels diamants ne courent pas les rues, surtout quand ils sont dix à la fois. De l’instant de la découverte à la force de l’habitude, Shields se dévore, sans faim, tel un voyage qui, décemment, ne se refuse pas.

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Kendrick Lamar - Good Kid, m.A.A.d City Texte : Paul-Julien ROUX

Côte Ouest C’est un évènement dans le monde du Hip-Hop : La côte ouest est de retour et non, elle n’est pas morte. Bien au contraire, même, elle vient en effet de renaître de ses cendres. La faute (ou grâce) à un nouvel arrivant sorti de nulle part, j’ai nommé Kendrick Lamar. Tranches de vie maussades dans l’environnement délétère de Compton, banlieue pourrie de L.A., sont au programme de ce Good Kid, m.A.A.d City. Le bon gars dans une ville de malade, successeur annoncé de 2-Pac, ne se prive pas d’envoyer tous les vieux au placard ou à la retraite à la force de son talent rafraîchissant. Et ce, même s’il est épaulé par Dr.Dre tout au long de cette première livraison assez impressionnante, il faut bien le dire. Il suffit pour s’en convaincre de se délecter de l’enchaînement monstrueux de Good kid, m.A.A.d City et Swimming Pool (Drank), qui devrait normalement mettre tout le monde d’accord.

Tame Impala - Lonerism Texte : Paul-Julien ROUX

Un disque sorti du nulle part Austral, là où le Père Noël distribue les cadeaux en short et tongs. Ce présent, patchwork ensoleillé rempli de tubes instantanés à la fois modernes et atemporels se déguste comme le champagne le soir du réveillon. Sans modération !

Franck Ocean - Channel Orange Texte : Paul-Julien ROUX

West coast L’alter ego Rn’B/soul de Kendrick Lamar, tout aussi brillant, livre un disque moderne et inspiré. Au milieu de ces mièvreries vénéneuses coule le morceau fleuve et clé de voûte de l’album, l’ahurissant Pyramids, qui vous prendra à la gorge dix minutes durant sans ne jamais vous lâcher...

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cinéma / Critiques

Savages, Olivier Stone Texte : Emilien BARTHOULOT

Le mythique réalisateur de films tels que Tueurs Nés, Platoon ou encore The Doors revient en 2012 avec Savages, deux ans après son dernier film en date; Wall Street : L’argent ne dort jamais. Les «savages», c’est à dire les sauvages, étaient autrefois en Amérique les indiens que les colons ont exterminés. Aujourd’hui, ils désignent tous ceux qui se livrent une guerre sans merci dans le narco-traffic entre la côte ouest des EtatsUnis et le Mexique. C’est dans cette guerre que Ben et Chon, deux paisibles cultivateurs-négovicants de marijuana de Los Angeles, se retrouvent plongés involontairement suite au kidnapping de O, leur petite amie commune, par un puissant cartel mexicain. Ce jeune botaniste adepte du boudhisme et cet ancien Navy Seals vont se retrouver entrainés dans une spirale de violence pour libérer la femme de leur vie. Ils vont devoir affronter le bras armé du cartel, Lado, un homme sanguinaire et pervers (Benicio Del Toro, impeccable dans ce rôle), ceci avec l’appui d’un agent des Stups (John Travolta) qui les soutient depuis le début dans leur business. Violence stylisée, casting préstigieux et scénario classique mais efficace font de ce thriller haletant et torride un film prenant et divertissant, tirant pourtant parfois de manière trop insistance sur des ficelles déjà utilisées à maintes reprises et sur des scènes et dénouement assez faciles. Malgré que l’on soit loin du chef d’oeuvre incontesté, cette parabole pro-légalisation nous offre un spectacle agréable et rafraîchissant et nous permet d’admirer un Oliver Stone fleurtant de nouveau avec la folie de ses premiers films.

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Tabou, de Miguel Gomes Texte : Emilien BARTHOULOT

Lisbonne. Pilar, une femme seule qui fait le bien autour d’elle, vit au même étage qu’une vieille dame caractérièle et de sa femme de ménage Cap-Verdienne. Lorsque la vieille dame, Aurora, s’en vient à mourir, sa femme de ménage et Pilar apprennent par un homme mystérieux un épisode trouble de son passé dans une Afrique sous le joue de l’empire colonial portugais. Après une première partie lente et assez statique mais filmée de manière subtile dans un format noir et blanc, on se retrouve emportée dans une Afrique sauvage et mystique, aux paysages merveilleusement mis en images, toujours dans un noir et blanc charmeur. Afrique, berceau du récit boulversant d’un amour impossible entre Aurora et jeune homme nommé Alter Ventura, durant leurs jeunesses respectives. Hommage au cinéma muet (les voix humaines sont inaudibles mais les sons de la nature restent perceptibles), cette deuxième partie nous emporte dans un ailleurs lointain, soutenue par une musique enchanteresse. Cette ode lyrique au cinéma reste difficile d’accès pour les non-iniciés, mais sera un envoûtant voyage pour les autres. Du grand cinéma, émouvant et singulier.

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MODE / Homme

Souffle printanier, la mode homme prend le large

Texte : Andy CONSTANTIN

Continuité, tel semble être le maître mot de ce printemps en matière de mode masculine. Un pantalon sera toujours un pantalon, une veste sera toujours une veste ; ou du moins tel est le cas en cette période de crise sur fond d’insécurité économique… Classiques pour certains, carrément ennuyeux pour d’autres, les défilés de New York, Londres Milan ou Paris prennent peu de risques face aux réalités commerciales, mais proposent cependant de belles variantes et de jolies déclinaisons aux vestiaires masculin tout en poursuivant telle une métaphore filée les tendances phares des saisons précédentes. Explosion du bleu sous toutes ses formes, esprit marin ou encore silhouettes graphiques et optiques, tour d’horizon d’un vent de fraîcheur et de liberté qui soufflera sur nos gardes robes. Blue Explosion Couleur emblématique du vestiaire masculin, symbole sexué absolu depuis notre enfance, le bleu, trop souvent réduit à l’univers du jean, sort enfin de la tranquillité et du calme qui lui sont souvent associés pour colorier notre printemps et nous apporter une touche de fraîcheur inattendue. Décliné dans toute l’étendue de sa gamme chromatique, il se porte quelques fois en touches, la plus part du temps en total look. Nouveau noir, ou nouveau blanc, faisant la transition avec le vestiaire hivernal, le bleu, tel un clin d’œil au beau temps estival en attente, devient la couleur indispensable de cette saison. Pour les plus classiques et les plus élégants, on optera pour les versions, Navy comme chez Dries Van Noten, ou Cobalt, comme chez Louis Vuitton, sur des costumes sobrement cintrés, deux boutons ou croisés ; portés avec des sneakers ou des sandales travaillées pour un twist créatif assuré.

Dries Van Noten

Louis Vuitton

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Plus décalées, les versions en total look bleu encre, presque violet, chez Ann Demeulemeester ou bien Canard chez Hermès ou encore Lagon, aux accents aquatiques, chez Kenzo, le bleu, porté toujours en total look conserve des codes très urbains sur des vestes de costume associées à des sarouels, des shorts ou encore des parkas de mi-saison et des sneakers (signature mode définitivement indispensable).

Kenzo

Ann Demeulemeester

Hermes

Enfin, pour les plus téméraires, Burberry Prorsum signe sans doute l’une des collections les plus fortes de la saison, n’hésitant pas à associer silhouettes business en drap de laine froide et détails métallisés cassant les codes de la centenaire maison britannique – « shocking ». Ainsi, le bleu, présent en grand aplats sur un trench ou bien en détail irisé sur une chemise ou une maille se fait volontairement voyant, apportant lumière et contraste à un vestiaire au final assez classique.

Burberry prorsum

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Loup de mer Uniforme indispensable de tout séjour balnéaire raffiné, le thème marin, est depuis longtemps déjà sortit de ses rivages iodés pour faire une incursion remarquée dans nos garde-robes citadines. Telle une élégante madeleine de Proust, faisant sans doute échos à nos souvenirs de vacances à Guétary, à Biarritz ou à Ré, le marin des villes qui est en nous souhaite prolonger à l’infini le plaisir des embruns et des promenades le long des plages de sable fin. Silhouette masculine virile et longiligne, l’image de Corto Maltese fait échos dans les défilés de cette saison. Longs trenchs ou cabans courts à double boutonnage en total look bleu marine chez Dior Homme ou Duffle Coat enveloppant jouant sur le contraste des volumes porté avec un short ou du contraste du blanc et du noir chez Lanvin et chez Z Zegna, l’esprit marin se porte en ville au travers d’un outerwear sport et chic.

Paul smith

Lanvin

dior homme

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Diesel

z zegna

dior homme

dior homme

Jeu du bleu marine et du blanc comme chez Diesel Black Gold, agrémenté de touches de rouges chez Dior Homme ou présent en aplats chez Paul Smith, le thème marin se décline sous tous ses clichés terriblement modernisés. Lacets graphiques rouges soulignant de magnifiques derbys marines, t-shirts, mailles ou chemises incendiant un costume, et faisant référence aux pompons des uniformes de la Marine. Sans oublier l’iconique marinière, indispensable et devenue culte depuis que Mlle Gabrielle Chanel l’a fit pour la première fois sortir de la cale des bateaux pour être portée par ses élégantes. Elle se décline aujourd’hui dans des combinaisons de rouge et de marine ou de marine et de blanc chez Dior Homme, et telle un clin d’œil graphique se transpose par touches sur des pantalons, des costumes ou des vestes, forcément rayées.

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Optic Jeu du blanc, jeu du noir, jeu des contrastes graphiques et des associations de matières, un esprit optique et graphique souligne des silhouettes aux accents très Créateurs et aux codes raffinés. Classiques dans les codes à l’unité, c’est l’addition de l’ensemble des éléments qui créent la force de la tenue. Superpositions noires monochromes jouant sur les volumes, les longueurs et les contrastes de matières luxueuses chez Givenchy ou chez l’américain Philip Lim ou oppositions de blancs optiques et de noirs intenses avec parfois des détails graphiques chez Rick Owens, chez Kenzo ou chez Dries Van Noten, les deux non-couleurs symboles d’un certain minimalisme ont une profondeur et une force magnétique indiscutable.

Philip Lim

Philip Lim

Givenchy - 43 -


Adepte d’une vision de la mode masculine décomplexée, loin des codes d’un vestiaire bien trop formel, Nicolas Formichetti, directeur artistique des collections Homme et Femme Mugler, propose pour le printemps-été 2013 une collection aux détails de coupes subtiles et raffinés. N’hésitant pas à découper dans la masse le tissu pour en faire une sorte de guipure graphique dévoilant légèrement des détails de peau, il transforme à l’aide de quelques découpes savamment positionnées un simple t-shirt noir ou blanc en une pièce exceptionnelle apportant une nouvelle piste à la lecture du vestiaire masculin ; celle d’une sensualité contrôlée et virile, jouant sur la suggestion tout en utilisant des références architecturées et arty bien trop peu présentes dans le vestiaire masculin.

Mugler

kenzo

owens

Mugler

Optique, graphique, marine, bleu, mais surtout terriblement urbaine et chic, la mode de ce printemps prend le large et souffle un air de fraîcheur sur nos garde-robes hivernales apportant la touche de légèreté et de dépaysement dont nous avions l’envie. Indispensable, la veste, pièce Statement absolue du vestiaire masculin est la garante de l’élégance d’une silhouette se permettant toutes les fantaisies. Cassée par une paire de sneakers ou de sandales ouvertes, la tenue veste/pantalon se dédramatise pour devenir furieusement décontractée et tendance. Enfin, pour le jusqu’auboutiste Fashion qui sommeille en chacun de nous, tel un Gatsby le Magnifique du 21ème siècle, la chevelure plaquée, peignée, gominée, en un mot ultra contrôlée, il est conseillé d’adopter.

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LITTérature

Women, Charles bukowski

Texte : Yoann L’HER

Lire Women, c’est voyager. Non pas voyager en 1ère classe avec Emirates, une coupe de champagne et le doux regard d’une américaine fortunée posé sur ton MacBook, mais c’est traverser la vie à la vitesse folle de la mauvaise bière, de la rue brute, du flot continu de femmes déjantées et camées, bref, de la décadence de Chinaski. Chinaski, c’est Bukowski. Bukowski ? Le plus alco lique des poètes, l’écrivain américain amoureux de la rue, mais surtout de l’alcool, et des femmes. Les femmes, il en parle dans Women, roman quelque peu autobiographique dans lequel il dépeint ses aventures et le tourment omniprésent dans lequel ces créatures le plonge. Imaginez-vous être LE poète hyper bankable du moment, invité par des universités remplies de groupies pour faire des lectures (en étant saoul, bien sûr, pourquoi cette question ?) , pas besoin de travailler à une quelconque rencontre, elles se ruent sur vous. Et bien vous auriez écrit Women, et vous auriez narrer avec un talent absolument bluffant vos aventures quotidiennes, vos états d’âme, la folie du monde, votre folie... Véritable contre pied à la norme, Women saura vous faire vivre tout ce que vous voudriez faire sans jamais l’oser. En un mot (voire deux) : Lisez le.

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CONFIDENCES

Je de maux

Texte : Antoine DEBARGUE ©

Ah ! Monsieur, faiseur de rime ! Pouvez-vous devenir un rimeur de faire ?

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« - Tu es sensible, m’a-t-on dit, un jour. - Je pense plutôt être la cible des sens… »

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Envole-toi, volupté ! La fameuse violupté.

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Facile de jurer sur la nonchalance, Quand on souffre soi-même d’un châle de chance.

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Tout de suite, les grands airs, C’est dans l’ère du temps…

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On oublie d’être essentiel, Bon sang, l’Essence, Ciel !

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Des vers, à l’envers, Ça donne le vertige.

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Bonjour à l’heure du soir, Bonsoir à leurre du jour.

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Quand on est jeune, Aujourd’hui, on jeûne.

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Lamentation, dansant Sur la fine fumée d’encens, l’amantation.

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Descends, fière étoile ! Moi, au moins, je suis décent !

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HYPE /

Hype Webzine n°6 - Janvier/Février/Mars Rédaction // PHOTO - Interview/Galerie : Anne-Sophie HARRY // MUSIQUE - Interview/Chroniques /Actu : Paul-Julien ROUX et Sofia BABANI // CINE - Prochainement/Critiques : Sofia BABANI // MODE - Femme/Homme : Julie HERY et Emilien BARTHOULOT // ART : Florence BOUSQUET // LITTE : Milène JALLAIS // CONFIDENCES : Antoine // BLOG : Laureen ALLEGRO REDACTRICE EN CHEF : JUlie ROBIN // RELECTURE : Julie ROBIN // NET : Alexandre PILON // GRAPHOSME : Marine GRIMAUD // COMMUNICATION : Julie ROBIN. Retrouvez-nous sur Facebook ou sur notre site. Nous contacter : webzine.hype@gmail.com

Prochain numéro : Avril 2013

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