Endemix 19 -Juin-Août 2017

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province sud,

LA cuLture es Ylang Ylang Com : 76 41 11 - Photo du clap : Marc Le Chélard

g a s i v e ll i m x u A

La province Sud agit en matière de patrimoine, de création et diffusion artistique et d’accès à la culture.

Elle initie des actions et dispositifs qui concourent au développement culturel, notamment dans le domaine des pratiques amateurs, de l’éducation, de l’enseignement et de la formation artistique.

Elle contribue à l’identification, à la protection, à la conservation et à la valorisation du patrimoine historique et culturel. Elle permet à tous d’accéder à la culture.

Contact

ENDEMIX n° 19 juin - août 2017

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édito 4 6 8 10

LA CULTURE BOUGE

DOSSIER Le théâtre gestuel – Le corps a la parole

CHRONIQUES D’AILLEURS CULTURE WEB GRANDE INTERVIEW

LES 100 FOUS

« Notre franche camaraderie plaît au public »

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PORTRAITS

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ON EN PARLE

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Geoffrey Danis – « Je bous de bouger » Bboy Lomès – Hip-hop story

Chansons : quand les textes trébuchent

LANGUES KANAK EN CULTURE D'une langue à l'autre

18 ÉVÉNEMENTS

Zoom sur 7 festivals de juin, juillet, août

20 ILS FONT LA CULTURE PAF&KIF

« Laisser la trace de notre passage sur Terre »

PAROLE DE JEUNES 26 Festival Eniju

28 CRITIQUES SPECTACLES Compagnie du Chapitô – Caillasse Marie M – La fille qui court comme le vent Junior Crew – Humanité

MUSIQUE 30 CRITIQUES Marcus Gad & Tribe – Chanting

Au XVIème siècle, le célèbre Michel-Ange confiait « si les gens savaient combien je travaille dur pour acquérir ma maîtrise, ça ne leur semblerait pas, après tout, tellement merveilleux ». Dans un registre plus actuel, le rappeur Médine a dit : « Le talent c'est 5 % de la réussite, 95 de fond, de foi et de tête lucide ». Il serait donc facile de penser que l’art est aisé à celui qui a du talent. Pourtant à observer les groupes en accompagnement scénique pour travailler le concert qu’ils présenteront en septembre aux Francofolies de NouvelleCalédonie, on se rend vite compte que derrière l’aisance se cache la persévérance, derrière la réussite se cache l’humilité. Michel-Ange peut être rassuré car c’est certainement cela qui fait la légitimité de l’artiste. Une légitimité qui prend tout son sens quand, avec justesse et créativité, ce même artiste se positionne sur des sujets de fond qui nous poussent à la réflexion, tels les faits historiques ou de société, des sujets qui nous poussent à l’action comme l’environnement, les problématiques du pays. Ainsi l’art a un rôle fondamental dans la cité. Vecteur de conscientisation, il nous invite à observer, à discerner, à réfléchir, à développer un esprit critique, à exprimer les choses, à rêver… À nous de donner à l’expression artistique toute la place qu’elle mérite, de profiter des événements qui viennent à nous, à pousser les portes des lieux qui s’installent dans nos quartiers. À nous d’être curieux car il n’y a plus d’excuse, tout est à portée de main.

Alexandra Gardner, directrice de publication

Nengone Town Experience Pascal Allaigre – Seven Djaliv – Mon île Sacha Terrat – Tù LMS – En transit sur la terre Loremx – Laisse le temps Pastor J – À tous les enfants du pays

Retrouvez-nous sur www.poemart.nc et Endemix.

33 LIEUX La galerie Arty Unlimited Le café musiques Le Mouv'nc

Endemix est publié par : Le Poemart : Pôle Export de la Musique et des Arts de Nouvelle-Calédonie 1, rue de la République. L'Orégon, 98800 Nouméa Nouvelle-Calédonie | Tél. : (687) 28 20 74 | contact@poemart.nc | www.poemart.nc

PAP’ART 34 Les petites annonces culturelles de particulier à particulier

Directrice de la publication : Alexandra Gardner (alexandra@poemart.nc) Rédactrice en chef : Claire Thiebaut (claire@poemart.nc) Rédaction : Gérard del Rio, Sylvain Derne, Université de la Nouvelle-Calédonie – Hilary et Didier Angexetine, Edwina Mayat et Nina Soler, Claire Thiebaut | Photographies : 1.Pix, Arty Unlimited, Éric Dell’Erba, Jean-Louis Devilliers, Jules Hmaloko, Marc Le Chélard, Johan Legrand, Jeanne Vassard | Couverture : Marc Le Chélard | Corrections : Jean-Marc Estournès | Maquette, réalisation et couverture : Push & Pull (Tél. 24 22 49) Impression : Artypo Tirage : 10 000 ex. | Distribution : Télé NC

Remerciements au nakamal Malawi pour l'accueil du shooting photos des 100 Fous


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Culture bouge

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MALLETTE

PÉDAGOGIQUE

r D’UNE RIVE À encontre

L EAU TRE

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’association EN Danse a lancé en mars dernier L’Atelier de Danse, une mallette pédagogique à l’attention de tous ceux qui souhaitent © Hugo Verlinde-Altaïr utiliser l’art du mouvement comme outil de travail et de découverte auprès du jeune public. Nul besoin d’être danseur professionnel pour comprendre et adapter le contenu : un livret d’utilisation guide l’intervenant dans la construction et le déroulement de son atelier, trois carnets permettent de construire le cours en fonction des différentes tranches d’âge et une clé USB contient des séquences filmées pour retranscrire au mieux les chorégraphies. La mallette est vendue au tarif de 6 500 F (5 850 F pour les adhérents de l’association EN Danse). Infos : contact@endanse.nc EN Danse

près avoir fait forte impression avec son spectacle La Rencontre des Mondes en 2015-2016, le groupe Vocal continue de construire des ponts entre les cultures et les communautés. Pour montrer que tout est possible quand on laisse les préjugés au placard, les choristes se sont associés avec le crew Résurrection pour fusionner répertoire baroque et danses hip-hop. Le spectacle qui sortira de cette alliance ne sera visible qu’à partir d’octobre prochain, mais les deux ensembles ont déjà largement commencé le travail. Comme une grande famille, ils organisent même des week-ends de cohésion, moments immortalisés dans un web reportage particulièrement touchant à découvrir sur la chaîne P4.nc Vocal-Les Actus du Chœur.

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FUSION

TRADITIONNELLE ET MODERNE

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u 11 au 20 août, la tribu de la Tchamba à Ponérihouen vibrera aux sons des beats hip-hop mais aussi des bambous et instruments kanak. Les troupes de danse de Résurrection, de Nyian et du Wetr ainsi que les musiciens du Département des musiques traditionnelles et chants polyphoniques océaniens se retrouvent dans l’aire Païci pour un travail commun autour de la légende de Téâ Kanake, ancêtre kanak dont les premiers pas ont foulé la tribu de la Tchamba. Cette rencontre a pour objectif de questionner la place de la jeunesse dans la société calédonienne, entre tradition et modernité. Fusion, titre donné à cette résidence de création puis au spectacle de restitution qui aura lieu le 19 août, illustre parfaitement les interactions profondes que les artistes hip-hop, contemporains et traditionnels mettront en œuvre. Le projet est porté par le crew hip-hop Résurrection qui organisera la cinquième édition de son Battle 125 à l’occasion de son déplacement à Ponérihouen.

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APPEL

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ENDEMIX

LIVE

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ndemix Live est de retour ! Après le succès des deux soirées organisées en 2016, le Poemart et la SACENC relancent ce concept musical qui alterne interviewes en direct par Virginie et Gwen – les joyeux acolytes de l’ancienne émission radio Endemix Week-End – et musique live. À chaque événement, un groupe est invité pour présenter son actualité et partager un moment intimiste avec le public sur le deck du centre d’Art. Pour la première date de 2017, I Nu, son guest surprise, le saxophoniste Ala Ko et le plasticien Adilio Poacoudou ont offert un joli spectacle le 30 mai dernier. Second rendez-vous, le 7 novembre. Endemix Live se décline aussi en format TV à partir du 5 août ! Une première saison de cinq épisodes sera diffusée sur Nouvelle-Calédonie 1ère le samedi à partir de 20 h. Cinq groupes dresseront leur portrait, reviendront sur leurs influences artistiques et dévoileront leurs ambitions secrètes. Suivez toute l’actu d’Endemix sur Endemix

À CONTRIBUTION

’Alliance française du Vanuatu et la Maison du Livre de Nouvelle-Calédonie lancent un appel à contribution de textes de nouvelles sur la thématique jeunesses et égarements. Les auteurs et amateurs d’écriture des deux pays sont invités à envoyer leurs créations dans le genre fiction romanesque avant le 10 décembre à accueil@maisondulivre.nc. La parution du recueil est prévue pour avril 2018 lors de la troisième édition du salon du livre Pirogue à Port Vila.


PROGRAMME saison 2017 août théâtre

juillet

La fille qui court comme le Vent

musique

Vendredi 4 18h Samedi 5 15h et 18h

Vevelan 15 ans de carrière

Frédérick Sigrist Manuel Pratt Guillaume Meurice

Vendredi 7 20h

Vendredi 04 18h30 Samedi 05 17h30 Dimanche 06 17h30

Ri Opodon (Etre dans théâtre la joie en Nengone) Les Nuits de l’Humour

Gurejele, Sumaele, Nodeak, Les Solitaires de Wanee… Samedi 8 18h

théâtre

Loup gris Samedi 8 10h et 15h

musique

Swinguologie Vendredi 21 20h Samedi 22 18h

théâtre

Elle Qui… Vendredi 28 20h Samedi 29 18h

Rejoignez-nous sur

musique urbaine

Hip-Hop live Band Vendredi 11 20h

spectacle de cirque

Caisse qui Tourne pas Rond ? Mercredi 16, jeudi 17, vendredi 18, samedi 19 et dimanche 20 août à 18h

théâtre

Le Jour des Meurtres dans l’Histoire d’Hamlet Vendredi 25 20h

danse poésie

La Lettre de Mathilda Vendredi 25 20h Samedi 26 18h

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musique


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GAYULAZ ET TYSSIA

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UNE CAILLASSE

LANCÉE À 22 000

TOURNÉE GÉNÉRALE

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émy Vachet et Rémi Leduc passent la seconde et envoient leur pièce Caillasse en juillet à Chalon-sur-Saône dans le bien nommé festival Chalon dans la rue, la référence en matière de spectacle de rue en France*. Les deux comédiens partent avec un objectif clair : se faire remarquer par les nombreux programmateurs qui « font leur marché » lors de l’événement. Avant le grand show, la petite troupe du Chapitô de Nouvelle-Calédonie rodera sa représentation lors du festival des Bigoudènes Célestes à Paimpol organisé par la première maman du Chap’, AnneSophie Conan, relocalisée en Bretagne. Ils poursuivront leur opération séduction auprès des diffuseurs lors du festival de la Plage des Six Pompes en Suisse. On leur souhaite tout le meilleur pour leurs prestations, convaincu qu’ils frapperont fort au vu de la qualité de leur spectacle (voir critique p. 28).

ien conscientes des contingences de l’export depuis la Nouvelle-Calédonie, les formations de Tyssia et Gayulaz fusionnent le temps d’une tournée en France et aux Pays-Bas en juin*. Pour réduire les frais, certes, mais aussi pour travailler ensemble et proposer des featurings inédits à un public qui découvrira non pas un mais deux groupes calédoniens avec le répertoire très kaneka de Gayulaz et plus world music de Tyssia. Les neuf artistes réunis se sont concocté un projet qui valorise la musique du Caillou et qui s’engage aussi auprès d’associations à forte portée culturelle comme Échos du Pacifique à Poitiers pour l’anniversaire de ses 20 ans ou Skol an Emsav de Rennes qui milite pour la reconnaissance de la langue bretonne. Ils participeront également au festival Pacific Haus organisé par l’association Taste of Pacifique à Delft, aux Pays-Bas, comme représentants de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie. * Avec le soutien du Poemart

ZaluyaG

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CELENOD

EN FRANCE

*Soutenu par le Poemart

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d © Éric Dell’Erba

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DANSEZ ! EN FRANCE

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u 5 au 31 juillet, ne cherchez pas les musiciens de Celenod à Maré, ils sont en tournée en France*. Neuf dates sont organisées pour ce groupe habitué à se produire dans l’Hexagone et à offrir sa musique acoustique aux spectateurs toujours ébahis de le voir débarquer sur scène en costume et jouant des instruments traditionnels. Ces ambassadeurs de la culture nengone seront, entre autres, aux trois festivals Musiques d’Ici et d’Ailleurs à Châlons-enChampagne, en Beaujolais Cultures et Continents, et enfin Cultures du Monde à Gannat. * Export soutenu par le Poemart

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JULIA PAUL

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UNE VOIX AUX FRANCOFOLIES DE LA ROCHELLE

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ela n’aura échappé à personne : une Calédonienne a porté très haut les couleurs du pays dans le concours The Voice France. Depuis son élimination du télé crochet en mai, Julia Paul n'a rien perdu de sa motivation. Elle sera le 13 juillet sur la scène découverte des Francofolies de La Rochelle* avec ses compères David Le Roy aux claviers et Johan Cazalas à la batterie. *Avec l’aide du Poemart

Juliapaulmusic

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epuis avril, la compagnie Troc en Jambes a entamé un grand voyage immobile avec son nouveau spectacle Le Tour du Pacifique en 80 Pas. Les deux danseurs Véronique Nave et Gauthier Rigoulot qui virevoltent d’île en île dans leur montgolfière prendront vraiment le large en juillet prochain avec leur avant-dernière création 1, 2, 3 Dansez !, direction la MJC Confluences de Lyon. La troupe présentera aussi cette pièce spécial jeune public et tout terrain dans les rues de la ville et jouera au chapeau. Pour les soutenir dans leur projet, les artistes en appellent à la générosité des Calédoniens et ont créé une cagnotte sur le site de financement participatif Leetchi. Compagnie-Troc-en-Jambes Cagnotte sur www.leetchi.com/c/projets-de-compagnie-troc-en-jambes

© Ivan Zupančič

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Chroniques d’ailleurs


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OBJECTIF EXPORT !

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En cinq jours, les groupes coachés révèlent d’insoupçonnées ressources artistiques. Ce fut déjà le cas les années précédentes où Celenod, Julia Paul, Boagan, Ekoten, Dick & Hnatr, Ykson et Saraluna ont tâté de la baguette de Juliette. « Je leur présente les contraintes de la professionnalisation, ces exigences qui font toute la différence avec les amateurs. On réfléchit aussi ensemble à des questions plus personnelles : quelle est la place de chacun dans le groupe ? Quelles sont leurs motivations à faire de la scène ? Bien sûr il est hors de question de leur faire faire des choses qu’ils ne veulent pas ou de transformer leur contenu artistique, mais avant de dire “non”, il faut tout essayer. » Si parfois les esprits s’échauffent pendant ces intenses journées, tous sont arrivés à la conclusion que ce coaching les a poussés à sortir du cocon dans lequel ils avaient pu confortablement s’installer. L’insularité de la Nouvelle-Calédonie en est une des premières causes : le public est restreint, souvent acquis à la faveur des groupes rarement en position de devoir séduire et conquérir un auditoire inconnu. Les programmateurs du Caillou eux-mêmes ont été invités à participer à la professionnalisation des artistes. « Les diffuseurs du pays ont été conviés au concert de restitution de chaque groupe pour découvrir le travail accompli. Nous souhaitons les inciter à intègrer ces concerts dans leur saison culturelle en amont des Francofolies pour aider les artistes à “roder” leur spectacle avant le jour J », explique Alexandra Gardner, la directrice du Poemart. Ainsi Julia Paul, Les 100 Fous, Nasty & ReZa, I Nu, Edou et Celenod se produiront sur les scènes du festival le verbe haut et l’allure fière devant un public calédonien qui pourrait bien être surpris de leur métamorphose… Les Francofolies de Nouvelle-Calédonie Du 8 au 10 septembre Au centre culturel Tjibaou FrancofoliesNC

© Éric Dell’Erba

Pour sa troisième venue sur le territoire, Juliette Solal a retrouvé ses marques : « Je suis déjà venue accompagner des groupes calédoniens en 2014 et 2015. Cela m’avait manqué en 2016 et je suis ravie de découvrir de nouvelles têtes cette année ! », a-t-elle glissé tout sourire en guise d’ouverture de sessions. « Notre objectif est la création d’un live de trente minutes qui vous permettra de taper dans l’œil des programmateurs invités sur les Francofolies à Nouméa. Venir de Nouvelle-Calédonie ne suffit pas pour vous faire remarquer. Ce sera toujours la qualité de votre proposition artistique qui retiendra ou pas l’attention de ces professionnels qui voient des centaines de spectacles chaque année. Votre île paradisiaque rajoute de la curiosité, mais ce n’est pas un argument », précise la coach qui entend amener les musiciens locaux sur un pied d’égalité avec les artistes internationaux. Comme ils côtoieront Cali, Miossec, Thiéfaine, Youssoupha, Black M, LEJ ou encore Boulevard des Airs, la marche peut paraître très haute !

Un apprentissage intime

Nasty & ReZa ont fait partie des trois groupes coachés en mai dernier en vu de leur préstations lors du festival des Francofolies de Nouvelle-Calédonie du 8 au 10 septembre.

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© Éric Dell’Erba

egardez le public quand vous chantez... Articulez… Quelle est l’identité musicale de votre groupe ? Avez-vous des costumes de scène ? Lâchez prise et occupez l’espace. Prenez du PLAISIR à partager votre musique avec les spectateurs ! » La coach artistique Juliette Solal n’a rien laissé passer aux trois groupes qui ont suivi une remise à niveau de leur pratique scénique du 17 mai au 4 juin dernier. Les 100 Fous, I Nu et Nasty & ReZa ont travaillé tambour battant pour créer une demi-heure de concert chacun, qu’ils présenteront lors des Francofolies organisées du 8 au 10 septembre au centre culturel Tjibaou. Aux côtés des 5 000 festivaliers attendus, se tiendront des programmateurs de grands événements internationaux invités par le Poemart qui, associé aux Francos, profitera de la grand-messe francophone pour mettre en valeur les artistes du pays.

Chroniques d'ailleurs

m COACHING SCENIQUE :


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Culture WEB

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oup 000, beauce 2 s e é n n a ilieu des à YouTub Depuis le mnt déclaré la guerre ute d'être d’artistes oplateformes web), fa ur la diffusion de (et autres comme il se doit po oisi de s'en faire rémunéréstions. D’autres ont ch lie le potentiel à leurs créa exploitent jusqu’à la insi sont nées des un allié et ès) large de l’outil. A ostent allègrement spectre (tr s de YouTubers qui pet autres parodies génération s artistiques, remix production e connaître. diffusion mène de t a o n é pour se fair h p eau e nie, le

v o my lle-Caléd t pas nou n Nouve sur internet n’es années 1990. Jim s s e o d é e clips de vid milieu arodies d cé dès le x, les commen it dès 1997 des p re une nouvelle ectif parmi eu de ise ra m d t n n ta ff ll e s e o o ti o c m e p e le Tub totale Janet t monté e. On re ns, comm orme pour 2005, You captation champ est larg k Junior) qui on urs en Puis, en ateurs calédonie -f . a le x te , ujo u m e la a o a n p T Y ic è s c s r. u tà mu t le alis de la en s me Parko roche du onnemen et des ré cifique (e aisissent amak Pa s scénarisées com n registre plus p ur sa visibilité s Asociaux, se s . Le principe d’ab n contenu Y u o s te u é se s ns des Artis s courts-métrage teurs à proposer le nombre belles vid danse, mais da Wenethem diffu Lifou ou e ir a la d o n ré r c v a d c e e r Sim , e les ue de diffus on île e lien av le danseu immersion sur s l’export avec la encourag l possible au risq tions de ZM Prod , e e g în a a h rt c o la ne uc en rep es à on ent plus des prod rofession xpérienc e épisode sur s de es vidéos le plus p gner. À l’image urnages devienn ons de m chaîne d ène lors de ses e rs iè is lo o is tr n ta a to ti le D m roduc de vues s os s’étoffent, les nous em n Hors d’ici, dont prestation Yumi sbane avec n post-p s précis. e ts ri n a a ri e la n B é im m r plu pou les sc traite 7. rain à série S spéciaux Australie és et les ontempo nvier 201 oyage en triennale d’art c lé est sorti en ja compliqu n habille d’effets v e u’o Mo vidéos q la huitièm igoué et Nicolas D rd a t h n Ric leme ur son arent éga avec humo L’image au té ié ue s’emp n’ont d’autres c iq o Esteban s s u la m e de s Youtuber er en traitant et s qui x de la ly e p s u a e n li n re c p u A u u je n o ro fa le m g urs née, t des Les a t de marqu images le ébut d’an t et créen ur un ton nt fait re ht en son d’interne que de mettre en et et Mike Wrig tations et nfin, en d t particulièreme nt calédoniens s namatraaa E n s a ap me s’es ambition favoris. Jimmy Ja urné plusieurs c J Tarmak, Armagz e société typique dans les pas de W tique et le D to rs d e e t ta u h s n ts m te l o rc je n m a t s ta u a o e n s le m c h o , c rs x fr de . Il ty DjTale ns locau défenseu s le plan austique . fervents pour des musicie t les groupes Dus drôle et c anreu et fait sien ristiques du web nc plus de e s o B , e té d c y t n ra n a a o c s D é e montag ïak, DJ Jan Bess u o saccad Tube n ue », mais bien apest. s u d è o o u tr n Y B t e ra e g le a t P DJ istiq et Litt monta terne pour rk&stra ation art ucoup, in cessaire Youpi, O Pour bea rofiteurs de la cré wide presque né p d e les hip« grands de diffusion worl performanc la e e articulier nt des c d p a rt p n s a e e l’ t e n e u ta u D … onnaître du Caillo la toile en présen ances se faire c danseurs orm sti Plusieurs t également inve alisées : des perf ar les p n ré hopers o s ou moins bien oPro sous-titrées ure, à la g G lu vidéos p ées à la caméra réussite d’une fi la lm brutes fi ns de copains à o acclamati

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« Notre franche camaraderie plaît au public »

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© Marc Le Chélard

Propos recueillis par Claire Thiebaut

Sous leurs airs désinvoltes (au demeurant très sympathiques), on trouve rapidement une conscience artistique bien concrète chez les 100 Fous. Erwan Botrel, Freddy Rigal, Thierry Gourgues et Éric Mouchonnière dit Fly, savent très bien pourquoi ils font de la scène – pour « créer des petits moments de connexion avec le public » –, pourquoi ils ont enregistré un premier EP en 2014 puis un nouvel album à paraître en août – pour « prendre une photographie musicale du travail accompli ». En mai dernier, ils étaient en coaching scénique pour la préparation de leur concert prévu lors des Francofolies. Si cette formation, loin d’être la preuve qu’ils se rangent dans un cadre, est un indice de leur volonté de progresser et de sortir de leur confort. Mais même dans leur communication, qu’ils veulent nonchalante, ils ont toujours le bon mot qui impacte. Alors quoi qu’ils poursuivent, il va falloir qu’ils se fassent à l’idée qu’ils séduisent.

FOU On parle du quotidien, de la Calédonie, de la société, un peu de politique, du chien de Fly, de la fête


Pourquoi « maintenant » ? Vous avez déjà sorti un EP en 2014. N’étiez-vous pas déjà dans une logique commerciale avec ce premier enregistrement ? Notre EP de 2014 a été fait entièrement avec des potes, chacun a apporté ce qu’il savait faire bénévolement. On a commencé à enregistrer les pistes en 2012 avec la bande de Pure Pwela Production à Poindimié. Freddy est parti en voyage quelque temps et on a travaillé tranquillement au mixage de l’album. Sans se presser. Sans autre objectif que de voir le projet se réaliser… un jour ! On n’a même pas vendu la moitié des CD, on en a offert beaucoup. Début 2015, Laurent Devèze s’est proposé d’être notre manager et on est entré dans une autre dimension : il a envoyé une demande d’aide à la création à la Province Sud, que l’on a obtenue, et on a lancé l’enregistrement de la deuxième galette. Avec cette aide plus les cachets des concerts, le prix du meilleur clip pour Lundi Cool au Festival du cinéma de La Foa en 2016 et une aide de la SACENC, on a pu s’engager dans un travail plus conséquent. On avait un peu de sous et surtout, on ne pouvait pas continuer à demander aux copains de bosser gratuitement.

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Pouvez-vous revenir un peu sur l’histoire du groupe ? Laurent Devèze : C’est plus une histoire de potes qu’une grande épopée de groupe. Erwan et Fly se connaissent depuis 1997, quand ils étaient à l’école d’art. Ils rencontrent Freddy en 2004 et créent « officiellement » les 100 Fous en 2011.

Parlez-nous du nouvel album. Après un enregistrement au studio l'Enceinte en quatre jours, nous avons cherché à faire faire les arrangements et le mixage. Ayant beaucoup de mal à trouver localement, on a profité du réseau de notre manager, et il nous a déniché un savant fou sur Bangkok. À partir de là, on a perdu un peu le contrôle et avons laissé délirer Édouard, ledit savant fou, ce qui donne des ambiances très différentes selon les morceaux. Au final, on a une douzaine de titres ... un peu comme des huîtres : une douzaine de thuitres ! (rires) Il n’y a pas de grands changements par rapport

Vous avez enregistré cet album en trio. Depuis avril, vous êtes quatre sur scène avec l’arrivée du bassiste Thierry Gourgues. L’acoustique guitare-cajòn ne vous satisfaisait plus ? En commençant à jouer juste entre nous, on prenait ce qu’on avait à disposition : la guitare de Freddy, le cajòn d’Erwan et Fly à la voix. La formation acoustique était aussi très pratique pour s’installer dans des espaces qui ne sont pas prévus pour accueillir des concerts. Mais depuis un petit bout de temps, on rajoute des instruments, comme les percussions d’Erwan qui deviennent de plus en plus complexes. On a rencontré Thierry lors d’un concert où on s’est incrustés sur la scène du groupe Naya Roots dans lequel il joue. On a « jamé » quelques-uns de nos morceaux ensemble et tout le monde a trouvé que la basse donnait du corps à nos chansons. C’est un peu comme la perle de nos huîtres !

Vous avez tous d’autres activités artistiques en dehors des 100 Fous. Que prenez-vous les uns des autres ? Effectivement, nous ne sommes pas les 100 Fous 100 % du temps ! Ça mélange plein de couleurs à notre répertoire. (Ils répondent les uns pour les autres) Erwan travaille avec Sylvain Lorgnier et la compagnie Les Artgonautes du Pacifique comme conteur. On a intégré certaines de ses histoires dans notre concert pour donner des respirations. Fly est aussi dessinateur. Il s’occupe de toute l’identité graphique du groupe et a réalisé le clip Lundi Cool en animation. Thierry est donc bassiste dans d’autres groupes et apporte une touche nouvelle. Freddy, infirmier de métier, a, lui, appris la guitare en voyageant beaucoup et a chopé différents arpèges croisés sur les bords de route.

On vous retrouve surtout sur des scènes intimistes, dans les nakamals par exemple. Lors de vos concerts, vous cultivez l’esprit d’un petit « entre soi ». Vous n’avez pas peur d’exclure une partie du public ? À la base, on joue ensemble pour se faire plaisir, entre nous ou avec des

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amis. Ce sont ces potes qui nous ont encouragés à faire de la scène, mais pour nous, l’objectif est toujours le même : passer un moment tranquille avec qui veut bien nous écouter. On a fait quelques grandes scènes comme le festival Femmes Funk en 2014, le Gypsy Jazz ou les Flèches de la Musique en 2015 et on aime ça. Mais l’ambiance tranquille du nakamal correspond parfaitement à notre musique et reste notre atmosphère préférée où tout le monde est le bienvenu. Sur scène aussi, on se charrie pas mal, on n’hésite pas à se moquer si l’un d’entre nous se plante, comme en répète. Mais cette franche camaraderie plaît au public qui ne voit plus la distance entre l’artiste, en haut sur sa scène, et lui dans la fosse. On recherche vraiment ce lien amical et détendu.

Grande interview

Les 100 Fous : (rires). Parce qu’on se sert de vous pour promouvoir notre prochain album ! On entre dans une logique commerciale maintenant !

aux thèmes du premier EP : on parle du quotidien, de la Calédonie, de la société, un peu de politique, du chien de Fly, de la fête !

Pourquoi ne donnez-vous pas de nom à vos albums ? Parce qu’on s’en fout ! Un peu comme pour le nom du groupe. On a réfléchi pendant des heures pour trouver un nom sympa, à notre image… À chaque fois, on concluait par « Mais en fait, on s’en fout ». C’est resté. Pour les albums, on n’a même pas essayé de chercher !

Du 17 au 21 mai, vous avez suivi un coaching scénique avec Juliette Solal. Qu’en avez-vous tiré ? C’est trop frais, on n’a pas encore cicatrisé ! C’était une belle rencontre humaine avec Juliette Solal et une autre façon d’aborder la scène. On a compris l’importance de bien construire notre spectacle au-delà de la musique : les déplacements, les intentions, les interactions avec le public… On a appris à créer la bonne dynamique pour ne pas perdre les spectateurs. On ne prenait pas vraiment en compte le côté visuel de notre set. On était plus concentrés sur l’écoute, en valorisant nos textes, et on a découvert que la mise en scène rendait les gens, au bout du compte, plus attentifs. Même si ce fut difficile, ce fut un plaisir !

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Endemix : Vous êtes plutôt rares dans la presse. Pourquoi avoir accepté cette interview ?


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Geoffrey héâtre

DANIS

« Je bous de bouger » Par Claire Thiebaut

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uatre ans dans la vie active comme fonctionnaire en milieu social à Nouméa ont suffi à Geoffrey Danis pour qu’il se décide à devenir artiste. « Il n’y avait aucune raison pour que je sois comédien. Je viens d’une famille d’ouvriers à Valenciennes dans le Nord de la France, qui ne parlaient jamais de théâtre. Pourtant j’ai encore en mémoire le souvenir de ma découverte de la scène. J’ai vu La Première gorgée de bière de Philippe Delerm dans la salle municipale de Valenciennes puis Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare et j’ai tout de suite été captivé par le rêve, par l’invitation au voyage que véhicule le théâtre. » Malgré le coup de foudre, Geoffrey choisit de faire des études en urbanisme pour « suivre une voie correcte et décrocher un boulot ».

Retournement de situation

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En 2007, il est chargé de mission pour le contrat d’agglomération de la capitale calédonienne et lance un projet de réinsertion sociale par le théâtre pour lequel Pacifique et Compagnie est retenu. Après quelques hésitations et plusieurs mois à traîner ses guêtres dans les cours amateurs de cette même troupe, il est déclaré « comédien professionnalisable » par la directrice Isabelle de Haas. Alors, adieu bureau, ordinateur, mutuelle et congés payés, il largue tout pour se consacrer entièrement à sa passion.

Il n’y avait aucune raison pour que je sois comédien

Sur scène, Geoffrey est métamorphosé. « Une fois que je suis dans le personnage, personne ne peut me déconcentrer. » Bouillonnant, entraînant, tant en impro lors des matchs trimestriels organisés sur la place des Cocotiers que pendant les spectacles, l’artiste semble monté sur ressorts, enchaînant les situations, les rôles et les accents farfelus. Son énergie créative et surtout comique est inépuisable. « J’aime le jeu dynamique, très corporel où tout part des mouvements comme dans le mime ou le clown. » En parallèle, l’interprète écrit une partie des spectacles dans lesquels il joue, comme pour la prochaine création Ecclésia, qui s’ajoute aux nombreuses pièces fortement ancrées dans la réalité sociale du répertoire de Pacifique et Compagnie. « Une nouvelle île, riche d’une ressource énergétique à exploiter, émerge non loin de la Nouvelle-Calédonie. Le pays organise une mission pour se positionner sur ce territoire. La pièce est l’histoire de ce voyage pendant lequel les hiérarchies s’établissent, une société se construit, les individus choisissent leur camp. C’est une mise en abyme qui permet d’étudier le système démocratique, la notion d’intérêt général et qui questionne les spectateurs sur ce que les citoyens sont prêts à faire pour améliorer la société. Bien sûr, Ecclésia a un écho très fort avec l’élection présidentielle. » Pour Geoffrey, passionné de politique, cette nouvelle création est du pain béni et renforce une fois de plus sa conviction en un théâtre qui fait réfléchir, débattre, qui crée du lien et des idées.

Métamorphosable à l’envi, Geoffrey Danis est un des piliers de la troupe de Pacifique et Compagnie.

© Jeanne Vassard

À lui les spectacles, les matchs d’impro (dans lesquels il Geoffrey Danis est un personnage étonnant : petit mais excelle), le théâtre forum à fortes résonances sociales et les costaud, à l’apparence discrète mais charismatique, cours pour les amateurs. « Cela a été un énorme apprentissage qui se dit ancien grand timide et pourtant très loquace, pour moi, car j’étais extrêmement timide », se rappelle celui qui mourait de peur à l’idée d’aborder les filles quand il était aux attitudes rigolotes tout en exposant ses idées très « Les matchs d’improvisation ont été un formidable déclic : réalistes et aiguisées sur la culture. Ce comédien sera à ado. c’est un saut en parachute, une prise de risque sans filet face au l’affiche du spectacle Ecclésia, avec la troupe Pacifique public. » et Compagnie, à découvrir sur la scène du centre culturel Tourbillon improvisé Tjibaou du 23 août au 3 septembre prochain.


Publi-reportage

D

© One Pix

L'OPT-NC, partenaire d'Endemix depuis 2013

On clique

ispositif

POUR LA CULTURE

Le 18 avril dernier, l’ADAMIC dévoilait le tout nouveau format du Chèque Culture et entrait dans le monde numérique avec une version 2.0. L’OPT-NC, partenaire historique de l’initiative se tenait cette année encore aux côtés de l’association qui œuvre pour un accès gratuit à la culture en faveur des jeunes calédoniens en situation de précarité.

« Si tu as entre 12 et 26 ans, tu es éligible au dispositif Chèque Culture ! », peut-on lire sur le site www.chequeculture.nc. Le dispositif s’adresse en priorité aux jeunes calédoniens en difficulté financière ou sociale pour lesquels l’accès aux spectacles ou aux salles d’exposition se révèle compliqué. Ainsi, il faut remplir une des conditions suivantes pour intégrer le dispositif : être boursier, ou en situation de handicap, ou détenteur de la carte Aide Médicale Gratuite ou être accompagné par un organisme social ou une mission d’insertion. Pour tous les 12-26 ans qui ne répondraient pas à une de ces conditions mais souhaiteraient bénéficier des Chèques Culture, il suffit d’acheter le Rex Pass au tarif de 1 000 F.

Que faire avec les Chèques Culture ? Chaque jeune peut bénéficier d’un maximum de quatre chèques par an lui donnant accès gratuitement aux manifestations des différents lieux partenaires (voir encadré) dont le programme est présenté sur le site de réservation.

Le tout-en-ligne Grâce à un partenariat avec la plateforme de billetterie Etickets.nc, la commande des chèques s’effectue désormais exclusivement en ligne. La création d’un compte de réservation ne nécessite qu’une adresse email et un mot de passe. Pas de panique pour ceux qui ne disposeraient pas de connexion à internet ou d’adresse email,

Infos et réservations : www.chequeculture.nc.

LES LIEUX DE DIFFUSION PARTENAIRES Le centre culturel Tjibaou - Le centre culturel du Mont-Dore - Le théâtre de l’Île Le Chapitô de Nouvelle-Calédonie - Le Mouv’ - Le dock socioculturel de Païta Le centre culture de Dumbéa - Le complexe culture de Koné L’auditorium de Koumac - Le festival des Francofolies NC

LES POINTS RELAIS Les Centres de Documentation et d’Information (CDI) des collèges et lycées de Nouvelle-Calédonie, pour les élèves boursiers La médiathèque Ouest de Koné Le Service Vie des Quartiers (SVQ), l’Espace Public Numérique (EPN) et les 8 Maisons de Quartier de Nouméa Le Rex Nouméa - L’Association de Formation des Musiciens Intervenants (AFMI) L’association HALTE (Handicap Art Littérature Théâtre Evénement) La FAPVNC (Fédération des Associations des Provinces de Vanuatu de NC) La Maison de l’Etudiant – Université de la Nouvelle-Calédonie, pour les étudiants boursiers Les Points Information Jeunesse (PIJ) de la Province Nord Les Missions d’Insertion des Jeunes (MIJ) en Province Sud

ENDEMIX n° 19 juin - août 2017 ENDEMIX n° 09 décembre 2014 - février 2015

Qui est éligible ?

des points relais sont ouverts sur tout le territoire et se tiennent à la disposition des jeunes pour les accompagner dans la démarche (voir encadré). « Ce passage au numérique a permis d’effectuer des économies considérables sur les impressions de chéquiers et surtout de rationnaliser la consommation des coupons. En effet, dans son format papier, le taux d’utilisation de l’intégralité des chéquiers commandés était compris entre 10 et 20 %, tandis que nous affichons un taux de 90 % avec la version numérique. La réservation des chèques se faisant désormais à l’unité, chaque billet commandé est en général consommé », précise Nadège Lagneau, secrétaire de l’ADAMIC. L’OPT-NC partenaire du dispositif est tout aussi ravi de cette mutation et de l’adhésion du public. L’accès à la culture n’aura donc jamais été aussi simple ! © Eric Dell'Erba

«L

e Chèque Culture est un dispositif en faveur des jeunes calédoniens créé en 2005 par l’ADAMIC l’Association pour le Développement des Arts et du Mécénat Industriel et Commercial », rappelle Manuel Touraille, le délégué général de l’ADAMIC. Depuis 2015, à l’aube de ses 10 ans d’existence, le Chèque Culture entamait sa mutation vers l’ère numérique pour un service plus pratique, au plus près des habitudes de consommation des jeunes. Deux ans de réflexion ont été nécessaires pour mener à bien cette transition qui ne devait pas oublier ceux qui n’ont pas de connexion à internet.


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BBOY

Portrait

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LOMÈS

HIP- HOP STORY Par Claire Thiebaut

Danseur du crew Résurrection deuxième génération, Gérôme Atufele aka Bboy Lomès met toute son énergie à vivre de sa passion. Dans les petits papiers de la compagnie Moebius Danse, le jeune artiste se forme et colore son hip-hop fougueux de teintes contemporaines et traditionnelles. Il est à l’affiche des spectacles Génération HipHop, Humanité et dans le future D'1 rive à l'EAU-tre. Il présente aussi cette année sa toute première création 1Pakt sur les scènes calédoniennes.

s

on visage est bien connu car le photogénique et sympathique jeune homme a été l’une des têtes d’affiche de la très médiatisée Quinzaine du Hip-Hop en 2016 et 2017. Lomès est une des figures de proue du hip-hop calédonien, remarqué par le chorégraphe Quentin Rouillier de la compagnie Moebius – qui le recrute pour la première fois dans le spectacle Les Fables en 2015 – et apprécié par ses pairs – il est nommé leader du groupe Résurrection et encadre la vingtaine de danseurs. « J’ai commencé le hip-hop à 7 ans, sous l’œil des grands frères de Rivière Salée. Aujourd’hui, je suis danseur indépendant pour d’autres compagnies, mais je reste très attaché à "Résu" et danse toujours avec eux lors des battles », raconte-t-il d’une voix discrète, insoupçonnée quand on connaît l’énergie folle qu’il distille dans son art.

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© Eric Dell’Erba

Depuis quatre ans, je rêve de partir me former dans une école professionnelle

En 2016, Lomès décide de devenir danseur professionnel. À 21 ans, il capitalise ses expériences passées auprès de grands artistes du pays, comme Soufiane Karim, Yoan Ouchot, Richard Digoué et Quentin Rouillier, jusqu’à prendre en fin d’année dernière les manettes de sa propre création 1Pakt. « J’ai participé aux Tremplins de la Danse à partir de juillet 2016 et j’ai présenté cette courte pièce qui met en scène la rencontre entre la danse traditionnelle et le hip-hop.» Une réalité pour cet artiste Gérôme Atufele aka Bboy Lomès fait partie de la deuxième génération de hip-hopers talentueux de Nouvelle-Calédonie.

né en Nouvelle-Calédonie de parents wallisiens qui lui ont transmis ses premiers pas de danse dans une troupe familiale dont l’esthétique était inspirée du petit archipel. Comme un clin d’œil à ses origines, son blaz de Bboy est un verlan arrangé de son prénom wallisien, Selome.

En quête de formation 2016 fut aussi l’année du spectacle Génération Hip-Hop de Moebius Danse où le jeune artiste, aux côtés de trois autres étoiles montantes, s’initie aux contraintes de la création scénique avec tout ce qu’elle implique de rigueur et de discipline. Même si Lomès progresse à vue d’œil, il sait qu’il lui reste encore du chemin à parcourir. « Depuis quatre ans, je rêve de partir me former dans une école professionnelle, mais chaque année, un nouveau projet génial vient modifier mes plans et je repousse mon départ ! », explique-t-il. En décembre dernier, il a participé à une formation hip-hop délivrée par des pointures métropolitaines au centre culturel Tjibaou. « Cela m’a donné de bons outils pour la pédagogie de la danse et m’a permis de revoir les bases du hip-hop. Je sèche encore un peu sur la méthodologie de projets ! »

Une reconnaissance méritée En 2017, Lomès s’est à nouveau fait remarquer dans le spectacle Humanité avec le Junior Crew toujours avec Moebius (voir p. 29). Des huit danseurs, Lomès fut le seul à éviter la case casting et fut immédiatement intégré par Quentin Rouillier qui lui a même laissé la primeur de la création de certains passages. Cerise sur le gâteau, le 19 mai dernier, l’artiste recevait la médaille d'or du Comité de Nouvelle-Calédonie des Médaillés de la Jeunesse et des Sports et de l'Engagement associatif pour son action culturelle et artistique.

OÙ DÉCOUVRIR LOMÈS ?

> Dans Humanité, le 10 juin au centre culturel de Bourail > Dans 1Pakt le 11 juin lors du festival Pikinini à Nouville et le 23 juin lors de la Fête de la Musique au centre culturel de Dumbéa. > Dans D'1 rive à l'EAU-tre à partir du 5 octobre (voir lieux sur Vocal-Les Actus du Chœur)


Le musée de la mine de Thio se prépare pour l'ouverture des Mois du Patrimoine les 19 et 20 août.

Publi-reportage

La province Nord et la province Sud

E

vénement

Les Mois du Patrimoine

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© Stéphane Ducandas NCTPS

mettent en valeur le patrimoine

Les 19 et 20 août prochains, Thio deviendra l’épicentre du patrimoine calédonien. Les habitants de la commune et des alentours invitent le public à l’ouverture « en duo » des Mois du Patrimoine* des provinces Sud et Nord. Deux jours pour partir à la recherche de vestiges, remonter l’historique de la cité minière, découvrir des spectacles et rencontrer les habitants dans la commune en fête !

Thio : entre patrimoine passé et valeurs contemporaines Bassin cosmopolite, Thio est un laboratoire de la NouvelleCalédonie du vivre-ensemble. Le musée de la Mine se fait l’excellent écho de ce melting-pot culturel et l’office de tourisme qui assure la médiation culturelle de ce patrimoine joue un rôle social important auprès de la jeunesse d’aujourd’hui, parfois en manque de repère patrimonial : d’où je viens ? Quelle est la culture de mes ancêtres ? Quelle est celle du monde qui m’entoure ? « J’ai coutume de dire que ce qu’on a réussi à Thio, on peut l’adapter partout en Nouvelle-Calédonie, raconte Lorenza M'Boueri. Chacun doit trouver sa place et vivre ensemble. C’est un travail quotidien ».

Deux jours de fête Toutes les équipes de Thio Tourisme, des provinces Sud et Nord, et les habitants de la commune se préparent pour ce weekend inaugural des Mois du Patrimoine et montrer qu’ils savent

accueillir ! « Nous avons déjà plusieurs manifestations culturelles comme le festival de conte Tembeu et nous avons des retours très positifs du public. Les gens de Thio et les visiteurs sont ravis de montrer et de découvrir un autre visage de la commune dont on parle trop souvent des cas de délinquance et pas assez des belles histoires ! », plaide Lorenza M'Boueri. En collaboration avec les tribus, les associations, les structures touristiques, l’événement se veut participatif et tous accueilleront le public pour des visites de sites ou pour l’hébergement en gite, camping ou chez l’habitant, le moyen le plus confortable pour vraiment découvrir une culture. Car les Mois du Patrimoine, c’est surtout cela : une occasion de découvrir des espaces d’habitude dissimulés aux curieux et de porter un autre regard sur ce qui nous entourent quotidiennement sans qu’on n’y prête plus attention ! *Le MOIS DU PATRIMOINE 2017 en province Sud aura lieu du 19 août au 23 septembre, toutes les communes de la Province sont mises à contribution pour offrir des expositions ou des spectacles, des parcours découvertes, etc. l’occasion, sur plusieurs week-ends, de découvrir des joyaux de l’histoire calédonienne autour d’un thème fédérateur et unique. En savoir + : province-sud.nc En province Nord, ce MOIS DU PATRIMOINE se déroule du 19 août au 28 octobre En savoir + : province-nord.nc

AU PROGRAMME À THIO Visite de la Mine du plateau de la SLN et son splendide point de vue sur toute la vallée de Thio, des balades en bateau, des visites guidées du musée de la Mine Le spectacle Paroles de Thio, diffusé pour la première fois en intégralité. Avec Maïté Siwene, Simane Wenethem et Erwan Botrel Des ateliers culinaires, des présentations de plantes médicinales…

INFOS ET CONTACT thio-tourisme@canl.nc - Tel. 44 25 04 - www.thio.nc Office de tourisme de Thio & Musée de la mine

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our cette ouverture des Mois du Patrimoine des provinces Nord et Sud, Thio est le lieu idéal : administrativement située en province Sud, la commune appartient à l’aire coutumière Xârâcùù qui s’étend jusqu’à Kouaoua en province Nord. De plus, cette année, la série d’événements dédiés au patrimoine matériel et immatériel sera consacrée aux thèmes des migrations. À nouveau, la petite ville de la côte Est se révèle être un espace très symbolique : « depuis 1875, Thio est au cœur de multiples migrations », explique Lorenza M'Boueri, dynamique directrice de l’office de tourisme et du musée de la mine de Thio. « De très nombreuses populations sont arrivées, libres ou déportées, pour travailler sur la mine de Thio : des Japonais, des Indonésiens, des Vanuatais, des Tonkinois, beaucoup d’Européens… La cohabitation avec la population locale était paisible jusqu’aux Événements qui ont marqué profondément la commune. Aujourd’hui, l’équilibre est rétabli mais le travail à partir du patrimoine est absolument nécessaire pour recréer du lien entre les communautés. »


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On en parle

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Chansons : quand les textes

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trébuchent ! © Shutetrstock

par Sylvain Derne

Le proverbe dit « les paroles s'envolent, les écrits restent »... Pourtant une fois sur CD les paroles de nos chansons, elles, perdurent ! Une bonne raison pour faire preuve de vigilance dans l'écriture et essayer, au moment de l'enregistrement en studio, d'avoir des textes relus, corrigés des éventuelles coquilles, et porteurs d'un message personnel...

E

n 1977, le célèbre chanteur français Michel Fugain enregistre le morceau « Le Chiffon rouge ». Parmi les paroles se glisse un étonnant « le monde sera ce que tu le feras »... Une incongruité appartenant à la (longue) liste des bourdes passées à la postérité ! Une fois enregistrées, ces approximations tournent ensuite pour quelque temps à la radio ou sur les mini-chaînes... Plus proche de nous, voici un florilège de quelques maladresses piochées dans de (bons) albums calédoniens qui ont fait la récente actualité musicale : liaisons incorrectes (« Pour elle je suis prêt-z-à mettre fin-z-à mes jours... »), confusion entre verbe intransitif et transitif

(« tu as […] osé [...] déferler ma colère inévitablement destructrice »), incohérence dans les accords (« bien du peuple a perdu leur confiance / à croire qu'ils étaient des sous-hommes, et adopta une attitude de soumission... »), non-sens (« Debout sur l'autel je la vois qui s'avance... »), fautes de genre (« une mode de vie » au lieu d'un mode de vie), lourdeurs (« si j'avais su j'aurais dû ne pas y croire »)...

Écriture et relecture(s) L'idée n'est pas de cibler des « fautifs », la langue française étant internationalement réputée pour ses pièges ! Mais nos artistes portent une responsabilité : écoutés et parfois repris, leurs morceaux deviennent des sources d'inspiration pour leurs publics. L'idéal commanderait donc de faire réviser ses textes avant le passage en studio, une relecture permettant souvent de relever les étourderies. Lors de l'enregistrement, l'oreille attentive d'un spectateur (ingénieur du son ou autre) devrait par exemple repérer les erreurs de liaison risquant de passer inaperçues dans le feu de l'action... Lorsque l'album sort, et que certains morceaux se retrouvent sur le web, ils deviennent un peu les ambassadeurs de notre musique.

Y a-t-il un message pour sauver la chanson ? Quant à l'originalité des textes... On a, parfois, le sentiment en écoutant avec attention nos albums que les idées viennent à manquer au bout de quelques morceaux et que certaines chansons ne sont là que pour « compléter la playlist » (dix morceaux en général !). Ainsi repère-t-on certaines modes, qui vont et (re)viennent. Condamnation des « hypocrites », charges contre « la rumeur » ou hommage aux « mamans » se multiplient soudain... Ces sujets de chansons, nobles et universels a priori, peuvent tomber dans la banalité – or ils méritent un traitement original... Pourquoi ne pas partir du particulier (une situation concrète, vécue par un personnage par exemple) pour aller vers le général, plutôt que d'en rester aux généralités ? Qu'est-ce qui déclenche l'envie de partager un message en chanson ? Est-ce que certains textes ne sont pas juste un prétexte pour la musique ? De cette inspiration ou de son absence découle une bonne partie de la qualité du texte, qui surprendra ou lassera l'auditeur. Parmi les groupes qui relèvent joliment le défi de renouveler l’esprit de leurs textes en français, on pourrait citer Cada (capable de filer de superbes métaphores sur « Les Fourmis » ou « Le Temps ») ou Shaa Madra (qui, non content de s'attaquer frontalement à des problématiques sociales, élargit le spectre à l'international). Pour garder notre curiosité en éveil, un « truc » simple : avoir un carnet sur soi pour y noter ce qui dans la vie nous étonne, nous amuse, nous choque… Le quotidien est riche en sources d’inspirations, petites et grandes !

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Nos artistes portent une responsabilité : écoutés et parfois repris, leurs morceaux deviennent des sources d'inspiration pour leurs publics


© Jean-Louis Devillers

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Langue kanak en culture

Joachim Bouanehotte, petit chef de la tribu de Wêyem, révélant la légende de la vallée dans le film de Jean-Louis Devillers.

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D’une langue à l’autre

Même si ce rôle ne relève pas de sa mission première, l’Académie des Langues Kanak apporte volontiers, chaque fois qu’elle le peut, son expertise et son soutien en matière de traduction aux créateurs, en particulier aux paroliers, aussi bien qu’aux auteurs de poésie, de littérature, de slam… pour les aider à mieux exprimer leurs textes.

La traduction fonctionne dans les deux sens. Dans la plupart des cas, il s’agit de transposer des paroles ou des textes du français vers les langues kanak. L’exercice n’est pas moins délicat lorsqu’il s’applique à la traduction des langues kanak en français. Ce travail de traduction repose sur un réseau de chargés d’études répartis dans chacune des huit aires linguistiques et coutumières du pays kanak. Ils effectuent au quotidien de la collecte linguistique et culturelle, de la transcription, de la traduction, de l’interprétariat, selon des normes linguistiques codifiées et validées par un corps de spécialistes composé de coutumiers, d’académiciens de l’ALK et de linguistes. Le résultat de leur travail irrigue aujourd’hui toutes les sphères de la société. Parmi les derniers exemples en date, la traduction, le doublage voix et le sous-titrage, en langues kanak, des aventures de Petit Mek, pour deux épisodes du dessin animé Les Fables du Caillou de Bernard Berger, le père de la célèbre série BD La Brousse en folie. Ou encore la traduction et le sous-titrage en français de Wêyem, la Vallée sacrée, film de Jean-Louis Devillers basé sur le récit de Joachim Bouanehotte en langue jawe, parlée dans la région de Hienghène. Dans tous les cas de figure, la principale difficulté réside dans la transposition, la plus fidèle possible, de la pensée du locuteur ou de l’auteur.

L’esprit et la lettre

Comment en effet restituer dans une langue donnée, un terme, une idée, un concept, qui n’existe pas dans son champ lexical ? Rendre la portée poétique d’un texte de slam ou de chanson, celle des métaphores, des allégories, si présentes dans l’oralité kanak ? Comment traduire « console », « ampli », « guitare » dans l’univers musical ? Suzy Camoui, chargée d’études dans l’aire Hoot Ma Whaap, fait observer qu'« il faut se mettre dans le contexte et penser comme celui qui a écrit la chanson, pour la comprendre et la traduire le plus fidèlement possible ». La traduction doit aussi tenir compte du public auquel on s’adresse. Annick Kasovimoin, chargée d’études de l’aire Xârâcùù, évoque à ce propos un exemple parlant : « Il est plus facile et plus simple de traduire à l’intention d’un jeune public l’énoncé “Paul mange une pomme rouge” que de nommer les différentes nuances de la couleur rouge en langues kanak ». Dans un autre domaine, elle signale la difficulté à traduire des informations à destination de la jeunesse, lorsqu’il s’agit, par exemple, de traiter du tabagisme. « Parler du problème de la cigarette chez les jeunes demandera l’usage de termes maîtrisés ou utilisés par eux, certains de ces termes étant même méconnus des adultes. »La traduction requiert forcément une vraie connaissance des langues utilisées, kanak, ou française, en même temps qu’elle suppose une écoute attentive et capacité d’interprétation subtile et sensible. Beau défi en vérité !

Il est plus

facile de traduire “Paul mange une pomme rouge” que de nommer les différentes nuances de la couleur rouge en langues kanak

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Par Gérard del Rio

© Jules Hmaloko

inguistique


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Événements

Rendez-vous attendus, les festivals, grands moments de liesse culturelle, sont des valeurs sûres qui jalonnent l’année. Endemix zoome sur sept événements de juin, juillet et août.

j FESTIVAL PIKININI eune public

A

près un an d’absence en 2016 et pour sa cinquième édition, le festival Pikinini revient s’installer au centre historique de Nouville et compte bien retrouver son public préféré : les enfants ! Dans les jardins du Creipac et de la boulangerie du bagne, les spectacles et ateliers dévoileront toutes les richesses du spectacle vivant calédonien : de la danse contemporaine avec Le Tour du Pacifique en 80 pas de Troc en Jambes, du hip-hop avec le Junior Crew, de la musique avec les violons de Nivane Fouad et les deux fanfares Malawi et Du Vent dans les cuivres. Les amateurs de théâtre pourront découvrir Caillasse, la dernière création de la compagnie du Chapitô – qu’on retrouvera aussi avec des jeux forains – et Les Aventures de Froky et Gnongnon des Kidams. Le festival met les petits plats dans les grands avec une première nocturne le samedi 11 juin, sous des cieux celtiques-médiévaux et un spectacle d'Artiflam. Enfin, le public pourra rencontrer la troupe du Stilt Show de Los Angeles dans le spectacle d’échassiers fantastiques Dragon Knights qui intégrera deux danseurs locaux, Simane Wenethem et Christopher Hnautra. Côté très jeune public, les p’tits chouchous du Pikinini, l’auteure métropolitaine Anne Boutin-Pied partagera ses contes et musiques pour enfants.

OÙ ET QUAND

> L es 7, 10 et 11 juin au centre historique de Nouville Pikininifestival2

c CALEDONIA +687 ulture

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our la quatrième année, le festival Caledonia +687 investit la place de la Marne pour célébrer la poignée de main entre Jean10 & 11 JUIN 2017 Marie Tjibaou et Jacques PLACE DE LA MARNE Lafleur en 1988, moment historique phare de la Nouvelle-Calédonie. Cette grande fête, portée par Tim Sameke et ses équipes, se veut être le rendezvous de toutes les communautés du Caillou dans un sincère esprit de partage et de bienveillance. Pour assaisonner le tout, les artistes du pays sont invités à se produire sur scène tandis que les associations garnissent leurs stands de leurs meilleurs produits, recettes et artisanat. Les communes de Kouaoua et Canala seront à l’honneur avec notamment un grand pilou du destin commun dimanche lors de la cérémonie de clôture. Mais avant cela, les danses et chants animeront les journées et les concerts battront leur plein le samedi soir avec le groupe de kaneka Mea Nebe, Nasty & ReZa pour le hip-hop, Guy Tamani & Why Not, I Nu, Poli & Lautoka et Namalitse pour les musiques du monde. DANSES MODERNES & TRADITIONNELLES - ARTS CULINAIRES ARTISANAT - CONCERTS

SAMEDI DE 9H À 23H. DIMANCHE DE 8H À 16H : FESTIN COMMUN À 12H. GRAND PILOU À 16H.

AVEC LA PRÉSENCE DE :

INU NEMALITSE POLI LAUTOKA NASTY & REZA GUY TAMAMI & WHY NOT MEA NEBE ENTRÉE GRATUITE

EN PARTENARIAT AVEC

OÙ ET QUAND

> L es 10 et 11 juin, place de la Marne - Festival gratuit Festival687

m BLUES UP ORCHESTRA NOUVELLE-CALÉDONIE usique

ENDEMIX n° 19 juin - août 2017

C

elui qu’on connaissait sous le nom de Blues Up Festival est de retour sous le nom de Blues Up Orchestra. La septième édition du plus international des festivals de jazz calédoniens sera consacrée à la funk, cette musique syncopée, enthousiasmante qui nous fait tous danser ! Bien ancré dans le réseau Blues Up, collectif de musiciens indépendants du monde entier, l’instigateur de l’événement Michel Benebig s’entoure d’une pléiade de pointures des cinq continents qui se retrouvent au centre culturel du MontDore en juin pour créer, le temps de quelques soirées, ce fameux Blues Up Orchestra : le guitariste californien Carl Lockett, le saxophoniste corse Francis Torres, le contrebassiste Bertrand Seynat en provenance de La Réunion, et Ron Samson, batteur et compositeur canadien installé à Auckland. Côté artistes locaux, on retrouvera

l'harmoniciste Gil Fessard, Nicolas Arias, excellent pianiste de jazz, et la chanteuse Shem accompagnée de son cher et tendre Michel Benebig à l'orgue Hammond B3. Cette longue liste sera complétée par de nombreuses surprises, et pour faire durer le plaisir, une série de concerts off, plus intimistes, seront organisés du 21 au 25 juin à Nouméa.

OÙ ET QUAND

> D u 16 au 18 juin au centre culturel du Mont-Dore amjbeca/Blues Up Orchestra


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ort de son succès en 2015, LOL revient pour une deuxième édition à partir du 28 juin prochain. L’île Ô Livres, festival entièrement dédié à l’édition jeunesse, mettra à l’honneur des auteurs internationaux (Fred Bernard, François Roca, Justine Brax, Édouard Manceau et Olivier Tallec) pour inviter enfants et ados à se familiariser avec le livre ou à découvrir de nouveaux univers littéraires. C’est aussi le rendezvous des auteurs, éditeurs, libraires et professionnels calédoniens qui promeuvent leurs productions. Organisé

p. 19 en îlots, le festival propose plusieurs espaces pour appréhender le livre dans tous ses états, car aimer les belles pages, ce n’est pas forcément rester assis derrière un vieux bouquin ! Plusieurs espaces d’expositions, de spectacles, de plates-formes numériques, d’ateliers et de rencontres avec les auteurs sont à la disposition des visiteurs. Pour séduire encore plus les 11-18 ans, LOL a concocté le concours Booktubers dans lequel les jeunes pourront présenter leur livre préféré à la manière d’un youtuber. Enfin, LOL sera l’occasion de célébrer les 10 ans de l’ouvrage Toutoute qui avait été offert à tous les bébés nés en 2007. Ces enfants ont maintenant 10 ans et sont invités à venir souffler les dix bougies du recueil-CD de contes et berceuses des communautés du pays. Rappelons enfin que L’île Ô Livres est un festival itinérant qui s’installera à Lifou, Thio, La Foa et Yaté le 4 juillet et à Voh les 5 et 6 juillet.

Événements

l LOL, L’ÎLE Ô LIVRES ivre jeune public

OÙ ET QUAND

> D u 28 juin au 6 juillet dans tout le pays - Événement gratuit lilolivres

m FESTIVAL LES VOIX a FESTIVAL DU CINÉMA DU SUD usique

udiovisuel

I

l fait partie des plus anciens événements culturels du territoire : le Festival du cinéma de La Foa est, depuis longtemps, passé du rang de carrefour professionnel à celui d’immanquable rendez-vous des amateurs de 7e art. Pour sa 19e édition, dix-neuf longs-métrages internationaux seront présentés, tandis que les productions calédoniennes participeront aux différents concours de création. Marianne Denicourt, égérie du cinéma d’auteur, fera l’honneur de présider le festival. La comédienne fut nommée pour le César de la meilleure actrice pour un second rôle dans Hippocrate de Thomas Lilti en 2016 et a reçu cette année la médaille de Chevalier des Arts et des Lettres. Pour offrir encore plus de cinéma aux passionnés calédoniens, les organisateurs ont décidé d’étendre la période du festival sur deux weekends. Les salles obscures n’attendent plus que les [ 30 juin - 09 juillet ] spectateurs !

OÙ ET QUAND

> D u 30 juin au 9 juillet festival du Cinéma de La Foa

© Johan Legrand

DE LA FOA

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u 28 août au 6 septembre, les chorales du territoire vont dévoiler leur bel organe ! Le festival des Voix du Sud regroupe vingt-six ensembles et sillonne la Grande-Terre. Cette année, deux chorales de la province Nord se glissent dans la programmation : le chœur d’enfants de Poindah et Mou avec le spectacle Pairi Epo et la troupe de Néjéwaa de Houaïlou. Chaque année, le public est plus nombreux à cet événement qui propose une multitude de styles et d’ambiances. En témoigne le groupe invité de Métropole Berywam, vice-champion de France de beatbox, qui allie chant et rap. Il y en a pour tous les goûts !

OÙ ET QUAND

> D u 28 août au 6 septembre Dans toute la Nouvelle-Calédonie Province sud

m FÊTE DE LA MUSIQUE À HIENGHÈNE

L

e centre culturel provincial Goa Ma Bwarhat et l'association Dayu Biik réécrivent le calendrier 2017 et organisent le 23 juin leur Journée (mondiale) de l'environnement – fixée le 5 juin GMT ! – et la fête de la musique – normalement le 21 juin. Sur le site de Kumanim, beaucoup de structures culturelles et d’acteurs œuvrant en

faveur de la protection de l’environnement seront réunis pour sensibiliser en musqiue la jeunesse à la préservation du patrimoine naturel. Au programme entre autres : la chorale We Ca Guet et les groupes Pwai, Onetok Family, Paladje et Michèle Molé.

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usique


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Ils font la culture

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De gauche à droitre : Zay, Yekso, Kuby, Loan

raffiti

& Paf kif « Laisser la trace de notre passage sur Terre »

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© 1.Pix

Propos recueillis par Claire Thiebaut

L’interview du groupe de graffeurs de Paf&kif ressemble presque à un passage initiatique. C’est la rencontre avec des artistes qui disent ne pas en être mais qui offrent une riche expression picturale, avec un microcosme qui se veut inaccessible mais qui s’expose aux yeux de tous, avec un monde où l’individu se dissimule sous un blaz qui finalement synthétise tout ce qu’il est. Le graffiti ou l’art du paradoxe. En organisant de grands événements publics regroupant une bonne partie des crews du pays, Paf&kif aura au moins clarifié une chose : les graffeurs calédoniens ont du talent. À l’occasion de la création de la dreamteam Montréal qui participera du 9 au 13 août au festival Under Pressure dans la capitale du Québec, Kuby, Loan et Zay répondent à nos questions, maîtrisant avec brio l’art d’en dire sans jamais tout dévoiler des mystères que recèle l’univers du graff.


Que signifie Paf&kif ? Kuby : Le Paf signifie Paix, Amour et Fraternité. Le kif, c’est le plaisir ! Les valeurs initiales de l’association sont très inspirées par la Zulu Nation, cette organisation hip-hop internationale qui prône la non-violence et l’expression des tensions par la pratique artistique. Comme toutes les disciplines hip-hop, le graffiti permet de sortir son aigreur et sa rage et de transformer des énergies négatives en forces qui permettent d’avancer. (Loan sourit) Loan : C’est vrai que le milieu du graff était très divisé. Personnellement, je fais partie du crew ATM depuis les années 2010 et je connaissais à peine les autres graffeurs. Quand on se voyait, c’était tendu. On recouvrait sans arrêt les graff des autres avec les nôtres. Ce qui aurait dû tenir dans le temps, était finalement « repassé » très rapidement. Kuby : En Nouvelle-Calédonie, l’ambiance du graffiti est assez particulière : on ne retrouve pas vraiment les gangs et les tensions que j’ai pu connaître en France.

Zay : Paf&kif a apporté une très bonne dynamique au graff calédonien. Je peins beaucoup tout seul mais j’aime aussi faire partie d’un ensemble. En nous voyant tous travailler sur une même fresque avec autant d’interactions, sans ego lors de l’événement Paf’Event en 2016, les graffeurs internationaux étaient persuadés qu’on était un crew de graff et pas juste une association de groupes. Ils ont pris la création en photo et l’ont postée sur leurs pages Facebook suivies par des milliers de gens : maintenant les Calédoniens sont visibles !

Pourtant le street art est une discipline à la mode, avec des œuvres cotées sur le marché de l’art.

Quelles sont les valeurs du graff ?

(Silence. Hésitation. Silence) Kuby : Le graff est un moyen de laisser la trace de son passage dans un lieu, et plus généralement sur Terre car on est tous mortels. C’est aussi un fantasme de super héros, un art qui permet d’exprimer son alter ego, de sortir du lot. Quand on sort pour graffer en vandale, l’adrénaline monte, on se cache sous les capuches, on joue au chat et à la souris. Zay : On veut que nos blaz et nos fresques soient vus mais paradoxalement, on veut rester dans l’anonymat. On va chercher l’emplacement le plus visible, le plus haut pour qu’ils ne soient pas recouverts ou effacés.

Cette pratique vandale est au cœur des débats au sujet des détériorations de l’espace public entre les graffeurs et certains citoyens. Quels sont vos arguments ? Kuby : On ne cherche pas à détériorer mais à embellir. Sauf que les notions de beau et de laid ne sont pas universelles. De toute façon, pour moi le débat ne se situe pas à ce niveau, car un graffeur reconnu sur la scène artistique pourra s’installer où il veut. La vraie question, c’est la notion de propriété et la privatisation de l’espace public par certains qui veulent que « public » rime avec « neutre ». Loan : Beaucoup de monde râle contre le graffiti, mais peu de gens se plaignent des panneaux publicitaires qu’on nous impose dans cet espace qu’on dit public. On n’a pas choisi de voir des quatre par trois à tous les coins de rue et pourtant…

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Kuby : Contrairement à ces affiches, les graffeurs réalisent leurs œuvres sans aucune attente en retour : pas de reconnaissance du grand public, pas d’argent. À mon sens, c’est l’une des dernières pratiques artistiques à ne pas s'inscrire dans une démarche commerciale. Peu de personnes font encore des choses sans rechercher un quelconque intérêt…

Ils font la culture

Kuby : Avant même de penser à la création de l’association Paf&kif, une première réflexion sur le graff en Nouvelle-Calédonie s’est ouverte avec Alexia Duchesne, chargée d’action culturelle à la province Sud, la directrice du centre culturel de Dumbéa, Alice Pierre, et plusieurs graffeurs. On constatait que le graffiti était quasi absent de la Quinzaine du Hip-Hop de la province, mis à part le battle organisé par le crew ATM à Païta sur une demi-journée. À vrai dire, le graff s’est toujours positionné en marge de la culture hip-hop, ce n’est pas lié à la Calédonie. Les graffeurs sont souvent frileux de ces événements grand public où les artistes sont très exposés. On préfère rester incognito, cachés derrière nos blaz, nos bombes et nos bandanas ! Il n’empêche que le graff calédonien était vraiment très discret. On a voulu créer une structure qui permette à tous les graffeurs de se retrouver et de monter des projets communs, car même si on n’a pas forcément envie d’être reconnu à titre individuel, on a quand même envie de montrer notre art. On a créé l’association en janvier 2016 pour l’organisation de la première résidence de création et l’exposition Konexion lors de la fameuse Quinzaine en avril au centre culturel de Dumbéa.

La conséquence, c’est qu’il y a aussi moins de hiérarchie, moins de respect entre les graffeurs. Je vois souvent des fresques taguées dès le lendemain de leur réalisation. Tout le monde met son blaz sur tout le monde. En Métropole, ça peut coûter cher de poser son nom sur l’œuvre d’un autre. Avec Paf&kif, on souhaite aussi transmettre ces valeurs aux futurs graffeurs.

En chœur : Oui, mais le street art, ce n’est pas du graffiti ! Kuby : Le street art, c’est la version fast food du graff. Les street artists cherchent le concept le plus commercial, qui se reproduit le plus facilement, pour se vendre le plus rapidement. On perd toute la spontanéité du flow, cette gestuelle de la bombe de peinture à la base de l’art du graff. Finalement, ce sont presque les galéristes qui ont créé le mythe du graffeur avec tout ce qui l’entoure, la violence, l’insécurité, les dégradations, parce qu’à l’inverse le street artist était beaucoup plus sage, même si on fait passer son travail pour une expression anti-système.

LE PROGRAMME 2017 DE PAF&KIF > Konexion II

Exposition au centre culturel de Dumbéa. Jusqu’au 30 juin > Dreamteam TG988 à Montréal Du 31 juillet au 17 août, Kuby, Loan, Zay et Yekso participeront au festival Under Pressure, avec la réalisation d’une fresque aux couleurs calédoniennes, une exposition à la galerie Fresh Paint et un battle de graffiti sur l’événement Beaux Dégâts.

CULTURE GRAFF

En vidéo (disponible sur ) > Graffiti, peintre ou vandale, d’Amine Bouziane, 2015 > 322.1 Art sous pression, de Marc Verdenet, 2007 > Bomb It, documentaire de Jon Reiss, 2007 > Writers, 20 ans de graffiti à Paris 1983-2003, de Marc-Aurèle Vecchione, 2004 > Style Wars, film mythique de Tony Silver, Henry Chalfant sur les origines du mouvement hip-hop à New-York, 1983 Les livres > Y’a écrit Kwa ?, Le graffiti expliqué aux curieux et aux débutants, Frank Sandevoir, 2008 > Spraycan Art, Henry Chalfant, 1987 > Subway Art, Martha Cooper et Henry Chalfant, 1984

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Endemix : Depuis deux ans, le nom de Paf&kif résonne de plus en plus dans le monde culturel. Racontez-nous la création de cette association.


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Dossier

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héâtre

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© Eric Dell’Erba

a la parol par Claire Thiebaut

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À l’évocation du mot théâtre viennent presque immédiatement à l’esprit la grande tragédie grecque, la récitation châtiée d’un texte en vers, une salle de spectacle avec fauteuils et rideaux de velours et des comédiens juchés sur une scène aux allures de piédestal, déclamant des tirades alambiquées. Pourtant, il existe une autre forme de cet art multiséculaire : le théâtre gestuel. À l’occasion de la diffusion de leur spectacle Caillasse et Ecclésia, Rémy Vachet et Isabelle de Haas, deux représentants du genre en NouvelleCalédonie, offrent une immersion passionnée dans une discipline multiple, trop souvent résumée au simple mime.

Le comédien Steev Maka L. dans la pièce Une Tempête en 2013


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e leur vivant, Van Gogh, Picasso et autres Braque défrisaient les amateurs du sacro-saint classicisme, héritier d’une tradition antique porteuse de belles idées et de nobles sentiments. La danse contemporaine, aussi, s’est longtemps heurtée à la porte close des conservatoires qui gardaient sous cloche le délicat art du ballet. Cette relation de défiance entre expression classique souvent grandiloquente et modernité de prime abord plus triviale pourrait également s’appliquer au théâtre classique, dont on retrace l’historique depuis le Ve siècle avant J.-C. et au théâtre de geste, plus populaire, caricaturé à l’art du clown de cirque. Malheureusement, la démonstration ne tient pas quand on retrouve moult exemples de l’art du mouvement à travers presque toutes les grandes civilisations qui ont marqué l’histoire de l’humanité, des danses rituelles scandées pour appeler la clémence de la nature au théâtre japonais, en passant par les hakas polynésiens, les épopées hindoues et les pastorales occidentales. Depuis qu’existe le corps de l’homme, existe le théâtre de geste.

vent ou comme le vent, automatiquement on pense à un geste léger, fluide et aérien. Si je dis "terre", on aura quelque chose de plus lourd, de plus concret. C’est pareil avec l’eau et le feu… », explique Rémy Vachet. « De la nature découle la culture. » À partir de ces indices, le comédien façonne son personnage et dicte une partie de l’orchestration au metteur en scène qui se nourrit de ces interprétations qui sortent directement des tripes, dans un magnifique lâcher-prise. Proche d’une gestuelle instinctive mais paradoxalement totalement calculée, le théâtre de mouvement est au plus près de la réaction naturelle du comédien face aux situations dans lesquelles il s’immerge. Et Rémy Vachet de préciser : « Pour la pièce Caillasse à cinq comédiens*, j’ai donné les éléments de jeu – enfermement, cachot, isolement d'une traversée en mer direction le bagne, traitement humain dégradant – et chaque artiste en a donné son interprétation en fonction de sa perception. Le premier était dans l’énervement, la rage la plus totale. Le deuxième a préféré jouer l’action et se demandait comment sortir de là, tandis qu’un autre s’est fait tout petit, ingénue victime qui veut se faire oublier. On a gardé chacune de ces attitudes car elles sont ce que ressentent les comédiens à l’évocation du synopsis ». Par rapport au théâtre classique basé sur un texte, la relation du metteur en scène à l’interprète gestuel est ainsi beaucoup plus imprégnée de la vision du comédien qui incarne littéralement son rôle. « La seule limite, c’est celle du corps de l’artiste », nuance Isabelle du bout des lèvres. Mais comme le disait Étienne Decroux (voir encadré), il faut « considérer le corps dans son squelette ; voir combien il a d’os et considérer tous les os comme des touches de clavier qui […] peuvent faire toutes sortes de combinaisons » (interview filmée du 25 janvier 1969, disponible sur le site de l’INA).

Joue comme du papier froissé

Tant pour Isabelle de Haas, fondatrice de la troupe Pacifique et Compagnie, que pour Rémy Vachet, comédien, circassien et directeur de la compagnie du Chapitô de Nouvelle-Calédonie, il est difficile de définir les codes du théâtre gestuel. « Tout part du corps, le mouvement est le verbe et dépasse le texte », disent-ils d’une pratique dont les deux metteurs en scène louent la « liberté de création ». « Il s’agit de faire articuler son corps », précise Isabelle de Haas. La langue française finit de trahir les liens qu’entretiennent les deux pratiques classique et gestuelle : tout est dans l’articulation, celle d’une complexe diction ou celle du mouvement précis, engagé, habité. « Les comédiens doivent contrôler leur jeu, se débarrasser des gestes parasites, aléatoires comme ceux qui ponctuent naturellement la parole pour leur donner des intentions et sortir de la réalité, pour la déformer et en faire une œuvre d’art. »

L’acteur créateur L’écriture de pièces de théâtre de geste naît souvent de l’improvisation des acteurs. Pour ce faire, Isabelle de Haas et Rémy Vachet campent la narration de leurs histoires, lancent aux comédiens des mots clés pour les amener à mettre en geste des actions, des décors et des objets, des états d’âme et des sensations. Chacun nourrit un langage imagé, truffé de métaphores : « Rajoute du rouge ou du jaune dans ton jeu », glisse Isabelle de Haas pour guider l’interprète vers plus d’intensité ; « Joue le comme du papier froissé » pour un corps qui tend à la grimace. Les éléments de la nature sont aussi une source d’inspiration inépuisable et d’autant plus universelle que l’inconscient collectif repose sur des valeurs liées au monde qui nous entoure : « Si on dit de jouer du

Que joue-t-on avec son corps ? Souvent enfermé dans la seule définition du mime, le théâtre de geste englobe pourtant plusieurs styles. Du mime, effectivement (l’art de gester ce que l’on fait) au pantomime (gester ce que l’on dit), en passant par le jeu masqué de la commedia dell’arte et le clown de théâtre ou le bouffon, la palette est large. Il s’applique aussi bien au registre comique que dramatique, avec tout ce qui existe entre les deux. « En 2002, nous avons adapté Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare avec notre vocabulaire gestuel, se souvient la mère de Pacifique et Compagnie. Le public était totalement surpris et c’est en cela que le théâtre de mouvement permet d’aller plus loin : le texte n’est qu’un prétexte, on ne se cache pas derrière, il est un tremplin pour toujours plus de recherche d’interprétation ». * La pièce existe aussi dans une version pour deux comédiens, comme chroniquée en page 28.

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Tout autour du corps

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ORPS


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Pour un théâtre social Les deux metteurs en scène s’accordent à dire que l’expression gestuelle correspond bien à un théâtre social, tant par les thématiques réalistes souvent abordées que pour l’interaction qu’elle demande avec le public. « De tout temps, le mouvement et l’action ont permis de rattraper les spectateurs lorsque les tirades étaient trop verbeuses. Pour les réveiller, on prévoyait un combat d’épée ou on lâchait un chien costumé en nounours pour faire rire et on reprenait la déclamation une fois que la salle était à nouveau attentive », raconte le circassien du Chapitô. Ce théâtre des émotions en appelle à la corde sensible qui vibre en chacun de nous. « Quand on joue la tristesse, on doit l’inventer et la vivre et non pas la dire comme à partir d’un texte classique », explique Isabelle. Rémy ajoute que « Pour transmettre la tristesse, il ne sert à rien de pleurer car on vole l’émotion du spectateur. Il faut la susciter, l’incarner pour qu’elle se pose sur le cœur du public ». De ces considérations universelles découle une lecture plus cognitive qu’intellectuelle des pièces du théâtre gestuel qui permet à nombre de non-initiés à la scène d’expérimenter cet art. « Quand nous jouons Caillasse auprès des enfants, on essaie d’organiser une médiation avant la représentation, car nous avons parfois l’air effrayant pour le jeune public. Nos costumes de bagnards, nos cris de rébellion ou nos attitudes de désespoir peuvent faire peur. Une fois qu’on a bien expliqué que ce n’était pas la réalité mais du théâtre, les enfants sont en confiance et ne voient plus que des adultes "cool" qui s’amusent sur scène ! », raconte Rémy, pour qui le quatrième mur, qui sépare le public des comédiens n’est plus que foutaise, héritée d’un théâtre élitiste. Enfin, il est habituel pour l’artiste gestuel de mimer son décor, « de jouer un mur ou une table », ce qui permet de se libérer des contingences d’un lourd attirail et de se produire facilement dans des espaces non dédiés, directement à la rencontre de ceux qui ne pousseraient pas la porte d’un théâtre. Car, entre la création d’objets immatériels et l’expression inédite des idées et des sentiments, la magie du théâtre gestuel est bien de montrer l’invisible.

LE THÉÂTRE DE GESTE, UN ART FRANÇAIS ?

Les plus grands représentants du genre sont français ou ont fait carrière dans l’Hexagone. Étienne Decroux (1898-1991) a livré une véritable grammaire du mouvement théâtral, qui « présente toutes les symboliques du corps. Une excellente base pédagogique qui permet au comédien de devenir un sportif de haut niveau », décrit Rémy Vachet. Avec son interprétation du geste qui touche à l’abstrait, Decroux est une référence dans le milieu chorégraphique et loue le travail de l’effort physique. À l’instar d’Étienne Decroux, Jacques Lecoq (1921-1999) offre une approche plus empirique. Professeur de sport reconverti à la scène, il est à la base du renouveau du théâtre de geste. Il fonde l’École internationale de mime mouvement théâtre en 1956 et diffuse ses idées à travers le monde comme avec sa conférence-spectacle Tout Bouge. En 1977, Jacques Lecoq crée le LEM, Laboratoire d’études du mouvement pour la recherche autour de la mise en scène du théâtre gestuel. Dans la catégorie de la pantomime, le mime Marceau excelle en matière de narration d’histoires sans la moindre parole. Sa poésie envoutante captive par delà les océans et Marcel Marceau crée l'École internationale de mimodrame de Paris en 1978.

BIBLIOGRAPHIE ET RESSOURCES NUMÉRIQUES > Étienne Decroux, Parole sur le mime, 1963 > Jacques Lecoq, Le corps poétique, 1997 > www.fresques.ina.fr parcours thématique La transversalité des arts du mime et du geste de Claire Heggen et Yves Marc > www.unesdoc.unesco.org, interview de Maurice Béjart : Les problèmes esthétiques et pratiques du théâtre total, 1965

Il s’agit de faire articuler son corps

La trroupe de Pacifique et Compagnie dans le spectacle Chuut !


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Endemix Tous les mercredis

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À partir du 7 juin


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PAROLES DE JEUNES

Eniju Une journée culturelle pour l'environnement Par Hilary et Didier Angexetine, Edwina Mayat et Nina Soler

© Jules Hmaloko, 2017

Vous avez manqué le festival Eniju, la journée dédiée à l’environnement organisée par la troupe de danse du Wetr Kreation le 22 avril dernier à Ko We Kara ? Les étudiants de troisième année de la filière LCO y étaient pour Endemix.

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our ce festival consacré à la protection de la planète, le site de Ko We Kara n’a pas été choisi au hasard car ces trois mots signifient en langue drubea « le lieu où l’on se rassemble pour échanger ». Le partage était en effet au rendezvous, lors de l’événement culturel organisé par la troupe de danse de Lifou, Wetr Kreation. Le thème du réchauffement climatique n’aurait pas pu être plus rassembleur. « C’est un appel ! », nous annonce le clip de promotion, d’où le titre Eniju, qui signifie « tiens-moi la main » en drehu. « C’est un appel à la conscience de chacun, un appel à réagir, un appel à la solidarité », nous expliquent les jeunes organisateurs lors de la coutume d’arrivée adressée aux grands chefs de l’aire DrubeaKapumë à qui ils ont demandé la permission de fouler le sol de Ko We Kara.

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Des artistes mobilisés en faveur de l’environnement Après une danse d’accueil par la troupe du district du Wetr, les prestations toutes très travaillées se sont succédé. Il y avait du conte avec Jules Thomadra de l’association Lapa Lapa Ië, les interventions scientifiques de l’IRD*, puis de l’UNC**. Le crew Résurrection, Simane Wenethem, Hassan Xulue, Bertrand Ukajo, et Rémy Hnaije ont offert des prestations hip-hop tandis que les troupes Nakano, Hnathigöma, Wetr et bien d'autres ont présenté des danses traditionnelles. On comptait également du chant polyphonique avec Hnathigöma et du kaneka avec le Green Pacific Project de Tyssia, Loulou Upane, Elodie Blairon and co.

Sans nature, plus de culture Le message est bien passé : pour préserver la diversité des cultures et des langues, il est essentiel de sauvegarder la biodiversité de nos îles. En effet, la nature fait partie intégrante des cultures océaniennes : le respect de l’environnement a toujours été primordial. Comment tresser une natte sans pandanus ? Comment rythmer les danses sans bambou ? Comment préserver le vocabulaire en langue vernaculaire si les espèces végétales ou animales en question n’existent plus ? Le Wetr K a su utiliser la culture comme arme de conscientisation en y intégrant des éléments novateurs. Le spectacle final a marqué les esprits de tous : tableau par tableau, les danseurs représentaient le déchaînement des éléments naturels, le dérèglement climatique et la fragilité de la culture traditionnelle face à ces nouvelles problématiques. Cependant le chorégraphe a trouvé un juste équilibre en illustrant également des solutions à la portée de tous avec notamment le ramassage des déchets polluants chorégraphié par les danseurs. Wetr K a marqué ainsi un tournant dans la danse traditionnelle et nous a prouvé que la culture était certes une victime des problèmes écologiques actuels, mais qu’elle pouvait aussi devenir une part de la solution. Eniju a réussi son pari, l’appel est lancé, la main est tendue… À nous de la saisir ! * IRD : Institut de recherche pour le développement ** UNC : Université de la Nouvelle-Calédonie


Par Maureen

Ils ont slamé

vironnement Pourquoi préserver nokotrejuuen xaman. Ma nyima-e ma

apwit Ngaje vwaxalaake ani bw laake vwahekoon a-je tra ra en, gae vwaxa tralobween ani xapemool uan ko ani bwapwit, apwit. Ma cipa je vwa-tr ani moola-je pwa ni bw xuta, a ro wanake ani e, gaj ne-je. Ani thia je ro vwa-teeke nyakoo thipo ma ni fatihan oola-je ma ni mulip tra ani miidan. Ani xapem xaabwit thaten ni ma ko a-je ool em a ni xap je. Ani fati-je a fe-tobw thaxhuti maA ke. ma nyi ma ni ma-nai je y Hnaije. le caihnan vwahekoon Rém , u mo Lifou xaa-mata-slam jae, vwa ni nai na thanga thapia-xa ta tha t, doo eke a-te vw , xhula ni ro celat. le Xhula ni wanake wadan it bw xaa Ni ceden cini ca Pasifik. bwapwit, ni doot le ro ni fati-je le ro ka a-je ool em xap ani , -ngaje Ani fewatin, ani mulipe mo Lifou le vai ni Kowe Kara ni mama xhwaluum. Bwetralo, cah ma-le fwabwiin ko nyi ko ta ma le ka vila le batefo, ka vwa ni bee-le -xaabwit. Ma hapi a apwit ani moola-je, juu ni xaabwit cahni be-bw -je ma ani mulipeola a ro wanake ani mo wanake ani xapemoola-je Zélande « a nyi nga artiste mo Nouvellengaje. Georges Nuku, tha des baleines et Tù, a ne» ma ni exposition traba-xopwen ca butei a cahni centre neje xalaake ani exposition axalaake ani des hommes. Goon ma vw je it, apw bw ani vwaxalaake culturel Tjibaou. Ma je moola-je ma ni fati-je. ment. Si nous voulons s préservions l’environne Il est important que nou notre façon de vivre. e, nous devons adapter sauvegarder notre cultur tuple. Si on ne cen au dra ren le elle nous Prenons soin de la terre, plantations, les nos nt, de l’environneme s’occupe pas correctement et notre langue vie re not e, tur cul tre t. No pluies, le temps changeron culture, un outil re not de le gue est le véhicu sont liées. En effet, la lan ce dont a parlé st C’e et sa vision du monde. pour appréhender l’Autre changements des on rais En . aije u, Rémy Hn Pacifique le jeune slameur de Lifo du s pay des s etc., des îles et climatiques, des inondation dues. per ont ser s gue lan des es et disparaîtront et des cultur activités de tressage des danses ainsi que des Par le biais des chants et t à l’honneur à ien u, l’art et l’artisanat éta avec les mamans de Lifo e culturel se oin rim pat le , nge ment cha Ko We Kara. Si l’environne rges Nuku, Geo e rim uence. C’est ce qu’exp transformera en conséq » dans son le teil bou en éan l’oc met qui « artiste plasticien maori lement visible au es et des hommes, actuel exposition Tù, Des balein ent, c’est préserver Préserver son environnem centre culturel Tjibaou. . e, sa langue sa culture, son patrimoin

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en langue fw ai

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Yélé pila, yél tena ngen é kot, hido yélé po -slam. Du vh uk Yé vhagn alik yé pei ru ven kapo-slam akoya ne nei iami na n ei pei nag yalen Rém nei moo-h nena ven i. en kaamoo ce mwani-nei o yé laa tilip yé pu ren n nei. Ai , ai niamei n gaméi wé gnen béé-i thöön o lo hai to… o hap yélé né n gen ei ngen hun moo nei aw yéén. Cilé wé nei nei gnignami moo gnin mala ge y é pivhen gami nan ne ng élé ei nai-i né hiwec nga lek. « Ai nagnena gnen rau pwaw » a nga né n ei Ils ont slam é, ils ont d ansé, ils o Remy Hn nt chanté. aije s’est ex Le slameu primé sur climatiqu r le thème d e. À traver u réchauff s son slam auditeurs ement en drehu, à ce phén il sensibil omène mo aux génér ise ndial. Nou atio s devons p les comme ava ns futures, car « p enser lus rien ne nt ». sera plus

Par Didier en langue drehu

Pourquoi j’aime le slam Ame la slam ke hneng hna lapa pi dreng, lo hnaewekë la ka sisitria koi ni me troa wange la trenge mekune e kuhu hnin.I ketre pengöne ka pë, slameur ka mem hne itre mekune, hna itrei me hna ewekë. Remy, hneng hna atre nyidrë e drehu, i ketre mamang, trejineng, sineeng, troa dreng la slam i nyidrë ke ka i sësëkotrë ngazo ke i wetrewetr laka slam, nge kola qene drehu la itre ithuemacanyi ka catr et ka nyimutre la nyipichi me mekune i alanyim hune la topik ne wenemesa, ka haitr, xeni nani, iqej, me itre drai ka troa traqa. Eni a ipië qëmek i nyidrë. Le slam est un genre artistique que j’adore écouter car le message est toujours important à comprendre et à interpréter. C’est un style artistique unique dans lequel le slameur est libre de ses pensées, de ses gestes et de ses mots. Rémy, je l’ai connu à Lifou en tant que grand frère, un cousin, la famille quoi. L’entendre déclamer, c’est captivant, car c’est quelqu’un de chez nous qui slame, et qui fait passer en drehu un message lourd, chargé de vérité et de pensées communes sur des thèmes tels que la jeunesse, l’alcool, le cannabis, l’hypocrisie, l’avenir. Pour cela, je le respecte. Extrait du slam en drehu de Resh : Qeje ni ju, Qeje so ju, Qaja ju la pixöjeng Loi ju hë hna lapa iqej Ka lapa iqej Lapa iqej…

Critique-moi, Critique-nous (nous deux), Parle à ma nuque Arrête de critiquer Toujours critiquer Critiquer…

Göeën wanamamik la i alamekeng Tha öhn fe gö eö la sipu agö Göeën wanamamik la i alamekeng Tha öhn fe gö eö la sipu agö.

Tu vois la paille dans mon œil Mais tu ne vois pas la poutre dans le tien Tu vois la paille dans mon œil Mais tu ne vois pas la poutre dans le tien.

ENDEMIX n° 19 juin - août 2017

Par Hilary en langue bwatoo

Paroles de jeunes

Les étudiants de troisième année de la licence Lettres Langues, littératures et civilisations étrangères et régionales, parcours langues et cultures océaniennes (LCO) à l’Université de la Nouvelle-Calédonie, partagent leurs trésors linguistiques dans cette rubrique multilingue.


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CritiqueS spectacles

t Compagnie

par Claire Thiebaut

t Marie M héâtre

héâtre

du Chapitô

Caillasse

Comment, avec très peu d’objets et surtout aucune cloison, crée-t-on l’image de l’enfermement et de l’oppression ? La compagnie du Chapitô fournit quelques éléments de réponse avec son spectacle Caillasse révélant les schémas psychologiques qui découlent de l’incarcération, la folie en premier lieu. Rémy Vachet, à l’écriture et sur scène, accompagné de Rémi Leduc, a adapté la pièce Expédition Paddok d’Olivier Germser de la troupe Tango Sumo, en lui donnant un ancrage calédonien avec la trame du bagne, tissée sans aucune prétention historique. Ce qui importe, c’est le ressenti, la réflexion, l’émotion et la poésie. Pari gagné !

La Fille qui court comme le vent Avec La Fille qui court comme le vent, la comédienne et plasticienne Marie M livre son nouveau spectacle jeune public. Les enfants présents au théâtre de Poche du centre d’Art début avril ont apprécié, tandis que les adultes restaient un peu sceptiques face à cette création dans laquelle s’entrecroisent, de façon peu probable, le Japon de la Seconde Guerre mondiale et le Grand Sud calédonien contemporain.

S

obre décor que ce lit en ferraille avec son polochon en plume. Étranges comédiens que ces deux silhouettes vêtues des mêmes motifs que les draps. Paradoxalement, ce dépouillement matériel permet de mettre au grand jour le foisonnement, le feu d’artifices d’idées à l’œuvre dans la tête de cet « enfermé » incarné par Rémy Vachet. Quand le second personnage apparaît, on ne sait s’il est son ami imaginaire ou un des fantômes de sa vie passée, mais il est ce sentiment d’ouverture. La narration de cette pièce de théâtre gestuel se déroule au rythme du mime, des chants, de quelques mots, de cascades et d’acrobaties (voir p. 22). Les enfants rient de ce qu’ils croient être des pitreries, alors que les adultes comprennent peu à peu que la colère de l’enfermement s’est évaporée, que la solitude s’est installée et que la folie a gagné le prisonnier, jusqu’à l’irréversible. Les deux Rémy/i livrent une performance de comédiens remarquable dans un spectacle sensible, maintenant pendant une heure le spectateur sur le fil ténu qui sépare le rire et les larmes, la cruauté et la poésie, l’imaginaire et la réalité. Caillasse offre un excellent exemple de théâtre de rue – trop rare sur le territoire calédonien – où le trottoir est scène et où le public (libre) doit être captivé pour ne pas poursuivre son chemin. Avec ce sujet universel, cette expérience de l’enfermement qui peut arriver à tout un chacun, Caillasse crée un lien d’intimité tenace entre les comédiens et les spectateurs qui espèrent qu’à l’issue de la pièce, les deux personnages retrouveront leur liberté. Et, pour en être vraiment certains, ils restent jusqu’à la fin.

ENDEMIX n° 19 juin - août 2017

OÙ ET QUAND

> L e 10 juin au festival Pikinini à Nouville > D u 29 août au 17 septembre avec la tournée du Chapitô, de Pouébo à Houaïlou > Le 20 décembre à Koné

À L’EXPORT :

> S emaine du 10 juillet aux Bigoudènes Célestes à Paimpol > D u 20 au 23 juillet au festival Chalon dans la rue > D u 30 juillet au 1er août à La Plage des Six Pompes, festival en Suisse

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e synopsis est en effet tortueux : la botaniste Gabrielle découvre dans le Grand Sud une nouvelle forme de lichen, une grande algue qui lui dévoile les dessins de la jeune Sadako Sasaki, portée symbole international de la paix après le bombardement sur Hiroshima en 1945. L’enfant du passé et la jeune femme de 2017 entament alors le dialogue. On comprend tout à fait les bonnes intentions de Marie M, personnifiant une héroïne de l’âge de ses spectateurs pour mieux faire passer son message. Mais était-il nécessaire de rajouter un lien totalement factice entre le Japon et la Nouvelle-Calédonie, avec cette algue qui dérive du pays du Soleil levant jusqu’à la Côte oubliée, défiant toutes les probabilités de vents et de courants ? La projection dans le temps semblait largement suffisante pour « connecter » les enfants d’aujourd’hui avec le passé. Ceci dit, le spectacle se révèle poétique et on profite de jolis moments de d'échanges entre Sadako et Gabrielle. La pièce s’achève sur l’envoûtante envolée d’une grue monumentale (tirée de l’histoire de Sadako) dont on laissera la surprise au public qui quitte la salle avec, en tête, la douce rengaine : « La paix est une promesse à laquelle il faut croire ».

OÙ ET QUAND

Du 3 au 5 août au petit théâtre du centre culturel du Mont-Dore


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L

a compagnie Moebius Danse s’était fait remarquer en 2016 en présentant Génération hip-hop, dit G2H, un premier spectacle porté par des danseurs en cours de formation. Encadré par Quentin Rouillier, le Junior Crew apprend en faisant. La nouvelle création Humanité, présentée lors de la Quinzaine du Hip-Hop en avril 2017 au centre culturel de Dumbéa, a de nouveau révélé au public la troupe élargie de huit jeunes interprètes au grand potentiel, qui entrent de plain-pied dans la création chorégraphique professionnelle, fusionnant avec brio leurs esthétiques hip-hop – tous styles confondus – avec l’apport contemporain de Moebius. Humanité est l’aboutissement d’un travail colossal. Si quatre des interprètes avaient déjà expérimenté la scène avec G2H, pour l’autre grosse moitié ce fut l’apprentissage de la création chorégraphique, avec tout ce qu’elle comporte de rigueur et de labeur. Le chorégraphe Yoan Ouchot s’est également mis en danger en assurant soixante-dix minutes de mise en scène, une première pour cet interprète chevronné qui passe de l’autre côté du parquet. Leur alliance est une réussite. Même si on note parfois dans les tableaux collectifs que la précision des gestes n’est pas tout à fait identique chez tous les danseurs,

l’impression globale de ces fresques reste positive, d’autant qu’elles sont appuyées par des performances individuelles de haute volée. Avec cette technique maîtrisée, les artistes délivrent leur interprétation d’un thème très actuel : l’écologie et l’impact de l’homme sur la nature. Les corps, qui grâce à la fluidité des mouvements, évoquent l’immuable rythmique de l’eau, s’intègrent dans le mapping de Marie Lee projeté sur des façades de tissus. Les images fortes des quatre éléments en furie rappellent que l’homme doit rester humble et respectueux de la Terre Mère. Au vu du public emporté par ce spectacle, la combinaison danse hiphop et sujets conscientisants semble être une bonne recette pour faire passer des messages auprès des enfants et ados qui trouvent dans ces danseurs des exemples générationnels à suivre. Avec Abel Djadam-Naperavoin, Galoie Hnatura, Germaine Ihily, Lilian Thuta, Lomès Atufele, Malachie Arnasson, Karim Vianne, Krylin Nguyen

OÙ ET QUAND

Le 10 juin au centre culturel de Bourail Une captation est disponible sur de NC1ère : Spectacle HUMANITE – Moebius

Avec Humanité, les jeunes danseurs hip-hop restituent la formation en danse contemporaine qu’ils ont reçue de la compagnie Moebius.

ENDEMIX n° 19 juin - août 2017

© Éric Dell’Erba

par Claire Thiebaut

Humanité du Junior Crew

anse

Critiques spectacles

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Critiques musique

par Sylvain Derne

MARCUS GAD

CHANTING

E

n 1927, depuis la cellule américaine dans laquelle il purge une peine de cinq ans, Marcus Garvey, prophète précurseur du mouvement rasta, s'adresse à ses partisans en écrivant un hymne à la persévérance malgré toutes les adversités. Quatre-vingtMarcus Gad and Tribe, Chanting, dix ans plus tard, un autre Natural Prod / Musicast, 2017 Marcus redonne vie au poème « Keep Cool » avec une singulière conviction dans la voix. Ainsi le Calédonien et sa nouvelle Tribe pilotent leur musique tel un véhicule spirituel, qui embarque l'auditeur pour transcender les frontières du Tout-Monde et de l'histoire. Sur le formidable Chanting, invitation inaugurale à l'errance guidée par la flûte, l'oreille est soudain happée par quelques mantras aux origines millénaires de la sagesse indienne... Marcus Gad s'essaie avec bonheur à la variation des tempos dans une même chanson, alternant des phrasés tantôt coulants tantôt acérés (« The

Valley », « Walk a talk »), maîtrisant un patois personnel à la manière des chantres jamaïcains, hormis sur de rares compositions en demi-teinte (par exemple « All Together », dont les refrains sont quelque peu fades). Pour revenir à « Keep Cool », la ritournelle et son refrain obsédant sont sublimés par des cuivres qui ponctuent régulièrement les compositions (ainsi de l'hommage à « Kanake », nouvelle collaboration avec JeanYves Pawoap d'A7JK, ou de « Which Color », qui clôt l'album par une dernière méditation sur un tempo lancinant). Pour ce premier album, accompagné de huit musiciens qui diversifient l'architecture sonore, Marcus Gad maintient donc le choix exclusif d'un anglais comme langue de l'âme (« Soul talk », reprise légèrement remaniée issue d'un précédent EP, tandis que celle de « Purify », plus dépouillée, flirte avec le dub, et perd de sa consonance calédonienne). Ce parti pris mérite d'être questionné lorsque certains textes, profonds, appellent à plus de conscience (« Hata Fyah »), et qu'on peut estimer qu'une grande partie de l'auditoire de Marcus n'est pas anglophone. Notons pour finir la magnifique pochette, résultat du travail graphique minutieux et « microcosmique » de Julien Perraud...

NENGONE TOWN EXPERIENCE

ENDEMIX n° 19 juin - août 2017

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t si, pour une fois, on venait cueillir à la source cette fragile alchimie qu'est l'expression musicale d'un peuple ? C'est le pari de Nengone Town Experience. Plutôt que de déplacer les musiciens pour les faire enregistrer dans un studio du Grand Nouméa (ou de Pouembout !), c'est le Nengone Town Experience, autoproduction 2017 chemin inverse qui a été accompli. Sur l'invitation de Dokucas Naisseline, grand chef du district de Guahma à Maré, Gustavo Sandes a déménagé son studio jusqu'à Nece. Dans cet environnement, au plus près de la jeunesse Si Nengone et de compositeurs plus chevronnés, les dix pistes ont été immortalisées. La première, dans le temple de Nece, est un enchaînement de mélodies traditionnelles portées par la puissance chorale d'une vingtaine de voix. Durant les courtes pauses au cours desquelles les chanteurs reprennent leur souffle, on perçoit un souffle plus vaste encore, celui de la nature environnante, et tous ces petits bruits

qui forment la texture si rugueuse d'un enregistrement en extérieur. « Nameneng Me Deko Se Sheusew », autre classique appartenant au patrimoine de Guahma, interprété avec une grande sensibilité par Gulaan relayé par de suaves chœurs mixtes, fut, lui, enregistré dans une grotte environnante. Quant aux huit compositions restantes, captées dans la case de Sipa Wenemite, elles offrent pour le grand plaisir des mélomanes des retrouvailles avec les voix emblématiques de tout Maré : pour n'en citer que quelques-unes, celles de Hnatr et Dick Buama (« Hnazini La »), Synode Wadra qui évolue habituellement avec Celenod (le très entraînant « Wahnahnada »), Akel de Nodeak (« Mama Jamais »), ou Bernard Uedre, leader de Seredridr (« Hnoresa »)... Les inspirations empruntent à la palette si bien maîtrisée des différents styles : folk traditionnel, kaneka, reggae, et des incursions plus soul (« Si Nengone, Nengoneren »). Ces multiples facettes rappellent la volonté, à plus long terme, d'encourager chez les jeunes musiciens l'apprentissage de techniques, à la guitare notamment, grâce à la venue de talentueux mentors issus de diverses traditions musicales et des master class à la tribu encouragées par Dokucas. En attendant, cette Nengone Town Experience devrait se prolonger par la sortie d'un autre opus compilant cette fois une vingtaine de taperas...


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SEVEN

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éferlantes de guitares électriques mixage, Sébastien Mesnil et Stéphane Rénier desquelles émergent des envolées sur différents morceaux). On doit à son frère virtuoses, au milieu des rafales de Bruno, l'un des anciens de la scène metal batterie : pas de doute, vous voici du Caillou avec Zool, la très belle pochette propulsé(e)s du côté metal – et même shred figurant une gratte échouée dans le désert, metal – de la force ! Pascal Allaigre n'a rien ainsi qu'un solo de guitare sur « Max and perdu de son inspiration et poursuit dans la Nax »... Le tempo survolté de l'ensemble lignée de ses modèles tels le Suédois ébouriffé des compositions s'apaise (« Emotion », Yngwie Malmsteen (ah, si seulement les prénoms avec la participation au piano de Laurent Pascal Allaigre, Seven, Autoproduction, 2016 étaient admis au Scrabble !). Pour son septième Tardy), avant de reprendre crescendo sur un album solo, le guitariste calédonien assure lui-même l'essentiel étourdissant blues électrique (« Rockin' the Blues »). Ces treize de la trame musicale, faisant appel à des fidèles pour l'épauler, instrumentaux dressent une atmosphère colorée de multiples notamment à la batterie (Damien Rainaud, également au contrastes, pour soixante-dix minutes dépaysantes.

Critiques musique

PASCAL ALLAIGRE

DJALIV

MON ILE

M

on Île, deuxième album du groupe Djaliv (accompagné du mystérieux « Padjala »), laisse une impression très contrastée, faite de hauts et des bas qui coïncident peut-être avec l'inspiration mélodique et thématique de l'ensemble... La solide matrice reggae, imprégnée de références aux « sons » sud-africains et du Pacifique (avec par exemple les claviers « flûtés »), tient sa spécificité rythmique grâce aux jepä (battoirs en écorce). Le timbre voilé caractéristique de Jhearson Homboe, également à la guitare et à l'harmonica, assène des slogans qui tiennent souvent du poncif, parfois de thèmes plus consistants (« Révolution »). La bonne maîtrise instrumentale de l'ensemble n'échappe pas au piège d'une lourdeur qui trahit une difficulté à se renouveler – qu'on peut aussi retrouver, par ailleurs, dans le titre de cinq chansons sur onze faisant directement référence au patrimoine des Wailers : « Positive Vibration », « Get up Stand up », « Révolution », « Legalize » et « Muzik Rebel »...

Mais en « son île » Djaliv recèle aussi des compositions plus originales, portées par le travail choral ou de belles séquences instrumentales (ainsi de l'harmonica sur « Dopwa », ou de l'hommage « Soldat à Nünü Ataï » qui conclut l'album, avec une verve quelque peu maladroite mais non moins émouvante). Djaliv, Mon île, Mangrove production, 2017 Et puis impossible de passer à côté du superbe « Vérité », pépite reggae ciselée par la participation de Gero (leader des excellents Naïo, nos voisins Ni-Van), au chant plein de sève et à la guitare. Cet acte de foi laisse paraître tout le potentiel d'un groupe qui gagnerait à bénéficier d'une direction musicale pour canaliser sa fougue !

SACHA TERRAT

D

ans le sillage de Tù, exposition au centre culturel Tjibaou qui rassemble des artistes du Pacifique pour un éloge à Sa Majesté la Baleine, la bande-son qui l'accompagne se veut une évocation onirique du géant des océans. Sacha Terrat a profité des cinq jours d'immersion à Ouara Sacha Terrat, Tù, Autoproduction, 2017 sur l'île Ouen, puis d'une résidence au centre, pour travailler la thématique. Il en a retiré

une matière faite d'extraits d'entretiens évoquant le rôle culturel joué par le retour annuel des baleines dans le Grand Sud, des chants, des rythmes et des sons pris dans les gestes quotidiens et l'environnement naturel. De ces sonorités liquides, qui brouillent les repères à l'instar de l'acoustique sous-marine, et de ces témoignages en boucles, le compositeur-programmateur tire une trame qui vient se mêler à des chansons en anglais et à une orchestration entre trip-hop, space rock et musique électronique. Le bruit du ressac revient régulièrement, tout comme la complainte lointaine de la baleine, animal à la fois mythique et en danger. Résulte de cette architecture sonore une ode à l'océan tout entier, et à ses habitants mystérieux, à la surface comme dans les profondeurs insoupçonnées.

ENDEMIX n° 19 juin - août 2017

TU


p. 32 Critiques musique

LMS

EN TRANSIT SUR LA TERRE

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arce que nous sommes « en transit sur la terre », Samuel Ukeiwë partage des réflexions toutes personnelles au cours des onze compositions qui forment la mosaïque de son premier album solo. « Solo », le terme ne convient pas tout à fait cependant, car le choriste de feu Oriatal et du groupe de son grand frère Jyssé, s'est entouré d'une quinzaine d'alliés pour mener à bien l'entreprise – qu'ils soient issus de la famille ou d'horizons musicaux variés (Harry de Hnamus, Jean-Mathias de Cada, Rodrigues d'Ekoten...). Cette richesse instrumentale, chorale et linguistique (drehu, français, nengone et fwai) confère à chaque composition une identité propre. Les guitares aux arpèges nostalgiques et les percussions dynamiques escortent une voix douce dans la tradition d'un tchap/kaneka propre LMS, En transit sur la terre, Autoproduction, aux Îles. Si les paroles de « Ronoélé e qae Syrap » peuvent décevoir par une certaine naïveté, 2016 LMS convainc par ailleurs par des textes riches, souvent empreints de gravité, traduisant les aspirations et l'expérience du jeune homme : profession de foi (« En transit sur la terre »), déclaration de flamme (« Anyloveng Hyehenord »), rappel historique (« Peuple premier », avec l'intervention incisive du chanteur de Cada), oraison funèbre (« Étoile filante », ou « Mama Cemelody » dont l'attaque a cappella lance magistralement l'album)... Du côté des réjouissances, on notera bien entendu le succès « Politimar » qui réussit à convoquer Zidane et Richelieu (entre autres « personnages historiques ») sur un rythme reggae, ou les clins d’œil pleins de vie et d'humour à la bande de Xodre à Lifou sur le ska « Les génés »... Un album dense, le gage d'une très belle maturité.

LOREMX

LAISSE LE TEMPS

S

on troisième opus s'appelle Laisse le temps, mais Loremx cavale pourtant d'une chanson à l'autre sur un rythme effréné, emporté par une orchestration ample qui fait la part belle aux guitares électriques et aux arrangements électroniques. Ainsi de la version live de l'explosif – voire apocalyptique – titre qui donne son nom à l'album ! S'il puise toujours avec une sorte d'ironie mordante dans la tragi-comédie du quotidien ordinaire, le Loremx, Laisse le temps – Une petite chanson, bassiste « homme-orchestre » diversifie ses Autoproduction, 2017 thématiques. Il est certes toujours question de désillusions amoureuses (« Que faut-il que j'y fasse »,

ou le caustique « Ça baigne », aux sonorités jazzy, qui évoque un exercice d'autosuggestion). Sur certains morceaux le phrasé nerveux de Loremx s'emballe, quitte à malmener la métrique (« Pourquoi j'y crois »), tandis que d'autres servent de catharsis un peu fourre-tout (« J'ai les boules »)... « Une petite chanson » nous entraîne joliment sur une pente plus mélancolique avant de s'enflammer progressivement. Enfin « On me parle » convie près d'une trentaine de voix amies, connues et moins connues, chœurs et solistes compris, qui défilent pour pousser la réplique, un peu façon « Enfoirés » de Nouméa !

PASTOR J

A TOUS LES ENFANTS DU PAYS

ENDEMIX n° 19 juin - août 2017

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Pastor J & La Famille, À tous les enfants du pays, Autoproduction, 2017

astor J a bien choisi sa famille : accourue de multiples horizons musicaux, c'est elle qui contribue grandement à l'intérêt de ce premier album énergique... Les superbes interventions de Lyrick Kanak Gong et de son timbre granuleux, sur « Groove Spirit », ou de Stéphane Fernandez à la guitare solo sur plusieurs titres dont le très efficace « Kaly » (avec aussi Neg Wof pour un couplet op'timal en créole !), compensent de petites déceptions. Les chants lead sont parfois un peu kayafou (« Dans la tribu ») ; les répétitions dans certains textes pourfendant Babylone deviennent lassantes (par exemple neuf fois « C'est l'histoire » en entame de « Kool's gang »...).

Hormis ces bémols, on sent la conviction animer le Pastor, qui prêche un roots militant. Sur « Shayley », le chanteur s'essaie à un espagnol rocailleux, hommage à sa fille que le melodica appuie sur la fin. « Sinistrés » est un bel hommage, émaillé de paroles en ajië, à la région de Houaïlou qui a payé un lourd tribut aux éléments ces dernières années... Si un style véritablement personnel reste encore à affiner, le reggae de Pastor J est caractérisé par une indéniable qualité instrumentale (ainsi des séquences à l'harmonica, spécialité de la famille Selefen !) et une complémentarité avec les chœurs très aboutie (« Radio Djiido », « Jeunesse »).


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rts plastiques

Arty Unlimited

une galerie à investir

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Lieux Avec son nom très pop art, Arty Unlimited a l’étiquette pour avoir pignon sur rue à Brooklyn. Pourtant, c’est dans le jardin de Christophe Bouaziz, alias Krystoff Boz, que se dressent les murs de la petite galerie du Faubourg Blanchot à Nouméa. En quelques mois, elle est devenue un lieu d’exposition confortable et surtout très convivial. Par Claire Thiebaut

Les œuvres de l’exposition Abstract Gram de Krystoff Boz en mai dernier.

© Arty Unlimited

Expo, apéro, infos

O

uverte fin novembre 2016, la galerie Arty Unlimited affichait tout de suite le ton avec sa deuxième exposition Sortez du cadre. « Encouragé par plusieurs amis artistes, j’ai transformé mon ancien grand atelier en un lieu de rencontres artistiques et d’exposition un peu différent des galeries habituelles », raconte le propriétaire, Krystoff Boz. Le tout se veut participatif, des moments de création en commun jusqu’au partage du travail d’accrochage des œuvres (sur cimaises et chevalet). « Nous prévoyons quatre expositions collectives* par an, gratuites pour les exposants. Deux forfaits de location de la galerie sont aussi disponibles pour des événements individuels. »

m

Plasticien, ex-infographiste et vadrouilleur – il a vécu à Miami, aux Caraïbes et en Polynésie française – Krystoff a la double casquette avantageuse de l’artiste qui connaît les réalités du métier, et du communicant qui sait attirer le public. « Le vendredi soir, nous organisons des nocturnes avec des happenings, des apéros, des petits concerts acoustiques pour inviter les visiteurs à découvrir les expositions dans une ambiance vraiment bon enfant. » Il mène aussi une réflexion intéressante au sujet du marché de l’art calédonien, sur le territoire et à l’extérieur. « L’indexation du prix des œuvres sur le coût de la vie freine beaucoup leur diffusion sur le marché international car elles apparaissent trop chères. Je conseille souvent aux artistes de se référer au guide des ventes Drouot pour connaître leurs cotations réelles, en renseignant des informations génériques comme leur technique, les thématiques, leur style. » Arty joue donc sur les deux tableaux de l’accueil grand public pour une expérience artistique nouvelle et de l’accompagnement des professionnels calédoniens. Service illimité en sorte ! *Prochaine exposition collective en août sur le thème Et Dieu créa la flemme

Arty Unlimited, 46, route du Port-Despointes, Faubourg Blanchot. Tél. : 76 89 90 @ : contact@arty-unlimited.com ArtyUnlimited

usique

Le Mouv’pour toujours plus de diversité Par Claire Thiebaut

La Mouv’Skool et les concerts des élèves sont une des actions chères à l’association du Mouv’ dont l’ambition est de faire résonner la musique à Rivière Salée.

Le melting-pot musical est pourtant au cœur de l’identité du Mouv’ qui mène plusieurs actions de diversification culturelle : « Pour la deuxième année, nous programmons le festival de chant choral des Voix du Sud. Les 27 et 28 octobre, le groupe Vocal et le crew Résurrection présenteront aussi D’1 Rive à

l’EAU-tre, un spectacle hip-hop-baroque ». En parallèle de la diffusion, c’est directement au cœur des quartiers que le Mouv’ s’installe avec Live sous les Bâtiments pour faire découvrir le rock, le blues, la soul ou le jazz aux habitants. Enfin, avec la Mouv’Skool, l’association propose à ceux qui rêvent de musique, une formation à la pratique de l’instrument dans un registre musiques actuelles, qui peut être complétée par un enseignement plus théorique avec le Conservatoire. Infos et programme 2017 sur www.lemouv.nc

ENDEMIX n° 19 juin - août 2017

On se mélange !

© Éric Dell’Erba

«C

ette année, nous programmons une trentaine de concerts, avec plus de soixante-dix groupes », se réjouit le directeur Christophe Ventoume. « Le meilleur de la scène locale avec une ouverture sur l’international ! » Dans le meilleur, on compte surtout beaucoup de grandes figures du kaneka car il est vrai que « les hip-hopers et les rockers ne viennent plus au Mouv’, bien que ce soit une aspiration du conseil d’administration ».

© Éric Dell’Erba

Le 28 avril dernier, Christophe Ventoume tenait une conférence de presse pour l’ouverture de la saison culturelle 2017 du Mouv’. Si l’équipe de l’association peut se targuer de mener des actions socio-culturelles louables en faveur des jeunes des quartiers, elle en appelle néanmoins à toujours plus de diversité.


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PAP’ART Endemix se met encore plus au service des artistes et du monde culturel avec le PAP'ART, la bourse artistique de Particulier à Particulier. Pour la prochaine parution, envoyez vos annonces avant le 16 août 2017 ! Jeune chanteur, recherche des personnes pour monter un groupe afin de partager de bons moments autour d’une passion commune : celle de la musique ! 19 ans et déjà quelques idées de projets en tête. Genres musicaux : rap, slam et reggae. Contact : Guillaume Rossignon Tel : 75 92 56 @ : guillaumerossiignon@gmail.com Le festival Pikinini recherche des bénévoles pour sa 5e édition les 7, 10 et 11 juin à Nouméa. Si vous êtes motivés, rejoignez-nous et venez partager votre dynamisme et votre bonne humeur au service de ce festival dédié aux enfants et à la famille. Pikinini Festival

Kuby artiste graffeur depuis 1997, vous propose des décorations diverses : chambres d’enfants, enseignes, locaux commerciaux, véhicules… Mais aussi des animations durant des concerts, anniversaires… Contact : Kuby kubykolor Tel : 99 16 58 @ : calegraff@gmail.com Flore Seydoux, artiste lyrique, diplômée du DEM de chant lyrique, propose des cours particuliers de chant à toute personne désireuse de s'épanouir, se faire plaisir en chantant ! N'hésitez pas à me contacter par téléphone, mail ou via mon site internet www.floreseydoux.com. Musicales salutations ! Contact : Flore Seydoux Tel : 50 81 09 @ : floreseydoux@gmail.com Posuë School propose des cours de danse, stages et formations de hip-hop pour adultes et enfants (à partir de 5 ans), amateurs et professionnels. Contact : Compagnie Posuë Soufiane Karim : 970 969 ; Hind Benali : 83 99 93 posuë compagnie-école de danse Hip Hop nc

PAP’ Prochaine parution

Endemix magazine #19

30 août 2017

SEPT./OCT./NOV. 2017 Votre contact

Nom * :

Le spectacle jeune public 1, 2, 3, Dansez ! part en tournée en France en juillet, mais pour réaliser au mieux ce voyage la compagnie recherche des fonds. Nous avons donc mis une cagnotte en ligne sur Leetchi.com : n'hésitez pas à participer quel que soit le montant et à partager l'info autour de vous. Merci à tous ! Lien cagnotte : https://www.leetchi.com/c/ projets-de-compagnie-troc-en-jambes Contact : Compagnie Troc en Jambes Tel : 94 33 74 @ : compagnietrocenjambes@gmail.com La Compagnie Origin’ souhaite inviter sur le Caillou le chorégraphe français James Carles, pour un projet de formation intensive. Avec vous à nos côtés, cette rencontre inédite contribuera à l’enrichissement artistique de nos danseurs locaux. Pour apporter votre soutien financier : https://www.leetchi. com/fr/Cagnotte/19308260/764e7136 Contact : Compagnie Origin’ Tel : 87 12 78 @ : delphinelagneau@hotmail.com

Endemix

Petites annonces culturelles de particulier à particulier

Mag #20 Envoyez votre annonce avant le 16 Votre annonce

(200 caractères max espaces compris)

AOÛT 2017 Votre parution

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Parution Endemix Mag #20 uniquement

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Parution Endemix Mag #20* (Sept-Nov 2017)

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Parution Endemix Mag #21* (Dec 2017-Janv 2018)

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ENDEMIX n° 19 juin - août 2017

* Mentions obligatoires qui apparaîtront sur l’annonce. ** Dans le cas où vous représentez une structure culturelle, l’annonce sera émise au nom de cette structure. Ex : La compagnie Danse en Folie recherche.....

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du 1 er au 19 juin 2017

ENDEMIX n° 19 juin - août 2017

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VEN DIM

08>10 sept. 2017

VEN

08 sept.

CENTRE CULTUREL

TJ I B AO U

L.E.J

CLAUDIO CAPÉO

BOULEVARD DES AIRS JULIA PAUL

SAM

09 sept. DIM

BLACK M YOUSSOUPHA

IOO FOUS NASTY & REZA SECTION AUTOCHTONE DU PACIFIQUE

H. F. THIÉFAINE

10 sept. MIOSSEC CALI CELENOD

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EDOU

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