MAS Y MAS #3 - Mer Noire (fr)

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MÁS y MÁS Jeudi 24 Mai 2007

Plus de jeunes talents, plus de cinéma européen

#3

Mer noire

California Dreamin’ Orhan Pamuk 4 Mois, 3 semaines et 2 jours English version online: www.nisimasa.com



Edito L

’an dernier, nous consacrions un numéro spécial de Nizimazine à la Roumanie, pressentant un renouvellement notable des cinéastes de ce pays. La Caméra d’Or attribuée à Corneliu Porumboiu pour 12h08 à l’est de Bucarest confirmait notre intuition. La sélection cette année de deux films roumains en Sélection Officielle (un premier et un second longs-métrages) confirment qu’il ne s’agissait pas là d’une vague sans lendemain. Certes tout n’est pas rose du côté des Carpates. Les récents déboires de Cristi Puiu, l’auteur de La Mort de monsieur Lazarescu voyant son nouveau projet recalé par le Centre du cinéma roumain, révèlent les multiples blocages

d’une société postcommuniste. Pratiquement vingt ans après la Chute du Mur, les mêmes problèmes demeurent: conf lits générationnels, système bureaucratique irréformable, financements en berne, etc. Justement, les jeunes cinéastes usent et transcendent ce matériau, comme par exemple le talentueux documentariste bulgare Andrey Paounov avec son The Mosquito Problem. On ressent ici, peut-être plus qu’ailleurs, un besoin impérieux de prendre sa caméra pour dire le monde. Une nouvelle preuve que les deux derniers pays entrants de l’Union Européenne sont autre chose que des terres cinématographiques d’arrière

garde, uniquement destinées aux délocalisations de tournages. Si on ajoute à cela le dynamisme multi-genre du cinéma turc et de sa diaspora (l’enfant rebelle de Hambourg, Fatih Akin, enfin en compétition à Cannes; le Prix Nobel de Littérature Orhan Pamuk invité en tant que juré; un cinéaste pointu, Semih Kaplanoglu, présentant le premier volet de sa trilogie à la Quinzaine), on dessine les contours d’une région atypique. Et si, contre toutes attentes, et après les Chines, la Corée du Sud ou l’Argentine, la Mer Noire n’était-elle pas en train d’éclore comme une zone vibrante de l’atlas cinématographique mondial?

Photo Lasse Lecklin

Matthieu Darras

Projet d’affiche pour le 80ème anniversaire...

iour Cliché du jour

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4 luni, 3 saptamini si 2 zile

(4 Mois, 3 semaines et 2 jours)

Cristian Mungiu, Roumanie, Compétition Officielle

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l pourrait s’agir d’un décompte anodin. Quatre mois, trois semaines et deux jours. Sauf que le titre du film de Cristian Mungiu recèle en vérité un compteà-rebours implacable. 4, 3, 2: un arrêt de mort annoncé. A ce stade d’une grossesse, l’avortement, forcément clandestin, est totalement traumatisant. Tel est le point de départ de 4 mois, 3 semaines et 2 jours. Gabita, jeune étudiante vivant en dortoirs, se prépare à avorter illégalement derrière les murs d’une chambre d’hôtel du centre ville. Des préparatifs matinaux jusqu’au cœur de la nuit, sa camarade de chambre, Otilia, l’accompagnera dans cette épreuve irréversible, qui la marquera elle-aussi au plus profond de sa chair. Humiliées et violées suite au chantage que leur impose le ‘faiseur d’anges’ grassement payé pour une opération des plus rudimentaires, les deux jeunes femmes doivent ensuite faire disparaître ce corps étranger, « expulsé » à même le carrelage de la salle de bain. Insoutenable, l’errance

frénétique et solitaire d’Otilia, l’entraîne à travers le dédale des ruelles boueuses d’une ville plongée dans l’encre d’une nuit sans fin, troublée d’aboiements et de bruits de pas inconnus. Quasi traquée, elle finira sa course aveugle en haut d’une cage d’escalier sordide, face au battant d’un étroit vide-ordure. Le geste est terrible. Retour sous les néons grésillant de l’hôtel. Au rez-de-chaussée, les airs populaires d’un mariage finissant résonnent. Entre les deux amies, une seule question subsiste: a-t-elle pu l’enterrer ou non? L’interrogation était un murmure, la réponse sera un dernier pacte scellé entre elles deux. Ne plus en parler. Oublier, déjà. Tenter d’oublier. Enfanter un nouveau secret. Chronique urbaine et sociale captant sans concession une réalité âpre, 4 mois, 3 semaines et 2 jours révèle une forme de cinéma de l’urgence refusant tout pathos et temps morts. On pense aux frères Dardenne. En imposant ici un style très brut, Cristian Mungiu se démar-

que du tragi-comique, trait commun du jeune cinéma roumain. Indirectement, il partage pourtant avec ses compatriotes cet attrait pour la mise en récit de leur récent passé communiste. Si le thème de l’avortement n’a rien de spécifiquement roumain, il soulève en creux le passé d’un pays traumatisé par le régime de Ceaucescu. L’un des premiers textes de loi à avoir été abrogé à la chute du régime fut le « décret 770 », promulgué en 1966 et interdisant tout avortement aux femmes de moins de quarante ans n’ayant pas encore conçu au moins quatre enfants. Nombreuses furent les conséquences négatives de cette politique nataliste : développement de l’avortement illégal, hausse considérable du taux de mortalité maternelle, etc. Le second long métrage de Cristian Mungiu nous rappelle que les séquelles laissées par ce qui fut appelé sous Ceaucescu « l’âge d’or de la Roumanie », n’ont pas fini de cicatriser.

Emilie Padellec


California Dreamin’ ai 1999. Un groupe de soldats américains de l’OTAN transportent en mission secrète un fret d’équipement militaire à travers la Roumanie et en route vers le Kosovo. Anticipant une mission facile, le capitaine Doug Jones invite ses troupes à se détendre et apprécier le voyage en train. Pourtant tout ne se déroule pas comme prévu lorsqu’ils se trouvent bloqués dans la petite ville de Capâlnita. Doiaru, le contrôleur corrompu de la gare, refuse de les laisser passer sans autorisation officielle. La nouvelle de leur arrivée se propage rapidement, et bientôt tous les habitants de Capalnita sont en état d’excitation. Une galerie de personnages picaresques peuple California Dreamin’: un maire ambitieux désirant développer le commerce, des ouvriers qui manifestent pour faire valoir leurs droits, des jeunes filles enthousiastes à l’idée de rencontrer des soldats américains… Appartenant à la jeune génération de cinéastes roumains, Cristian Nemescu a réalisé un premier long métrage accompli - malheureusement son dernier. Il est en effet mort dans un accident de voiture pendant le montage de son film. Une fin triste et prématurée, après un début si prometteur. En mouvement constant entre de nombreux fils narratifs, California Dreamin’ est riche de détails et parsemé de moments un peu surréels (notamment une séquence fantasmée de désir adolescent, brève mais délicieusement drôle). En exploitant les interactions comiques entre les troupes isolées et

Photo Marian Hanciarec

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la communauté locale, Nemescu nous offre un regard divertissant sur la vie provinciale roumaine, même si parfois exagéré dans son excentricité. Il y a pourtant plus de drame qu’il n’en faut pour l’empêcher de tomber dans la parodie. Les personnages principaux sont loin d’être unidimensionnels, grâce aux interprétations subtiles des acteurs Armand Assante et Razvan Vasilescu, bien connus en Roumanie. Le triangle amoureux, entre la fille rebelle de Doiaru, son camarade de classe timide et le sergent américain, permet de recentrer l’histoire sur une situation bancale mais touchante. Le film critique également la politique étrangère américaine, dont la dimension historique est abordée à travers des f lash-back en noir et blanc. Les traumatismes d’enfance de Doiaru à l’époque de la deuxième guerre mondiale, révèlent ainsi ses vraies motivations. Ce que Doiaru explique finalement au capitaine: « J’ai passé ma vie à attendre. J’attends que les Américains viennent… Pour nous sauver des Allemands, des Russes, de Ceausescu. C’est marrant que vous venez maintenant. » La technique est un peu facile, mais le résultat n’est ici ni pompeux, ni simpliste. Alors que les différentes histoires se rejoignent dans un climax délirant et violent (incluant entre autres une coupure générale d’électricité, une explosion, une orgie et une foule furieuse), personne ne sort vainqueur au niveau de la morale.

Judy Lister

Cristian Nemescu, Roumanie, UCR

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The Mosquito Problem and Other Stories Andrey Paounov, Bulgarie, SIC

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eune cinéaste bulgare, Andrey Paounov semble avoir un faible pour les insectes. Autre péché mignon de l’intéressé : les histoires. Si Georgi et les papillons capturait les rêves fous du directeur d’un pavillon psychiatrique pour hommes, son deuxième documentaire, Le problème des moustiques et autres histoires, explore la tragi-comédie sanitaire de Belene, bourgade de quelques 9.000 âmes bordant le Danube. En réalité, si les mosquitoes prolifèrent à l’écran – bien que sournoisement invisibles –, d’autres menaces y planent. Passées ou futures, totalitaires ou nucléaires, elles ont l’odeur de souffre et l’opacité de lourds nuages d’insecticide. Comment considérer le problème des moustiques infestant Belene et éventuellement, le ‘liquider’? Faussement anodine, telle est la question récurrente posée par Andrey Paounov à ses personnages. Tour à tour, face caméra, chacun ou presque y répondra, parfois armes – tapettes ou moins classiques aspirateur et fusil de chasse (!)

– en main. Des chasseurs de la taverne Punata aux pom-pom girls, de Boyko le photographe-historien de la ville, à Todor le pianiste-compositeur, en passant par l’unique rescapé cubain des ex-ouvriers communistes d’une centrale nucléaire à l’abandon: Fernando Diaz ou encore Ivan et Petar, les deux pêcheurs et compères ‘beckettiens’, chacun y va de son petit numéro ou anecdote. Fédératrice, la question des moustiques n’est pourtant qu’un prétexte. Peu à peu, l’oeil d’Andrey (mi-Wiseman, mi-Martin Parr) parvient en effet à glâ-

ner les ‘vrais’ problèmes de Bélène. Car si les « zanzare » sont un f léau réel, les traumatismes laissés par l’ère communiste se révèlent peu à peu la véritable gangrène locale, dont les non-dits sont des symptômes encore persistants. L’île de Persin en porte d’ailleurs toujours la cicatrice indéniable : l’ancien camp de concentration communiste. En opération de 1949 à 1959. Un trou noir en plein marécage. Si l’horreur a disparu, les vipères y siff lent encore. Décédé en octobre 2005, Julia Ruzhgeva y fut gardienne. Durant son procès pour meurtres avec préméditation, dont Andrey Paounov emprunte quelques minutes d’archives insoutenables, celle-ci nie, dit ne rien avoir fait. Ne pas se souvenir. En ouverture du Problème des moustiques... sa propre fille se recueillait sur la tombe d’une mère encore sans nom qui fut peut-être un « monstre ». A l’épilogue, ses pleurs s’effacent sous l’innocence des rires des enfants de Belene. Le point final en pointillés d’un film bouleversant de beauté.

Emilie Padellec

Court: Rabbit troubles Mitovski et K alev, Bulgarie, SIC

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vez-vous déjà eu des problèmes de lapins, hormis des pieds de plantes rongés dans votre jardin? Non?! Alors faites très attention: un gentil lapin blanc et rose peut en cacher d’autres plus féroces. Une entrée en matière telle une publicité de voiture, puis un huit-clos amoureux pour se transformer brutalement en film policier voire gore. Avec une route de montagne pour décor, le court-métrage Rabbit Troubles joue subtilement avec les codes de diffé-

rents genres, parfaitement maîtrisés. Il déroute le spectateur en faisant plonger le film dans l’absurde. Les réalisateurs Mitovski et Kalev mettent en scène des situations qu’ils s’amusent aussitôt à détruire pour basculer dans une autre réalité, a priori différente. Rabbit Troubles invente petit à petit un tout nouveau fil rouge au cinéma: le « rongeur destructeur ». Dans un monde apparemment humain, celui qui domine n’est pas celui qu’on

croit. Ce changement de valeur s’articule autour de violents coups de théâtre au propre comme au figuré. L’absurdité de l’histoire est nourrie par l’humour noir - ou plutôt rose et blanc avec des oreilles pointues – à moins que ce ne soit l’inverse. Alors on sourit, à l’image du joli et tendre lapin en peluche. Ce rictus semble être aussi celui des deux réalisateurs bulgares qui ont du franchement s’amuser à bâtir ce scénario très troublant.

Joanna Gallardo


Rencontre professionnelle: Juan Eveno,

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directeur post-production chez

a plus technique des rencontres professionnelles du Prix de la Jeunesse est sans doute celle avec Juan Eveno. Ce pionnier de l’utilisation du numérique a commencé sa carrière dans un traditionnel laboratoire chimique de post-production, là on l’on développe la pellicule du film. Aujourd’hui beaucoup de tournages se font en en numérique, c’est-à-dire sans film négatif. Cependant, parmi les films réalisés en 35 mm, 50% de la post-production est numérique. Cela a entraîné une évolution du métier de chef opérateur mais aussi de monteur. Il y a dix ans ils sont passés au digital alors qu’ils venaient d’un milieu artisanal, c’est-àdire qu’on montait les films en découpant et collant à la

main la pellicule. Certains n’ont d’ailleurs pas résisté au passage, comme l’a indiqué Juan Eveno. Aujourd’hui, le chef opérateur (ou directeur de la photo) n’intervient pas seulement sur le plateau mais aussi en post-production. Cela change la méthode de travail du film lors du tournage. On va filmer sachant qu’on pourra retoucher l’image, et donc les couleurs ne sont pas poussés à 100%. Les rushes ne sont pas parfaits. Le film est sous-exposé mais on peut corriger ensuite la lumière grâce au numérique. Selon Juan Eveno, il est dur pour le chef opérateur de travailler ainsi car il veut faire une image esthétique directement au tournage. Puis, il devient une sorte d’assistant de l’étalonneur, c’est-à-dire

le technicien qui retouche le film en post-production. celui améliore les couleurs d’un décor (mat-painting), rajoute des étages à un immeuble, et pleins d’autres choses encore… A cause de l’évolution numérique et de l’amélioration de la qualité technique, la définition de l’image est de plus en plus élevée. Et on ne travaille pas plus vite car il faut des ordinateurs toujours plus performants. Une image aujourd’hui en Haute-définition fait 6 méga. Le dernier format existant va jusqu’à 40 méga. Sachant qu’il y a 24 images par seconde dans un film, cela peut être très lourd techniquement. On travaille donc d’abord sur un support du film en qualité plus légère (proxi) pour pouvoir

Digimage travailler plus facilement. Enfin Juan Eveno n’a pas oublié d’évoquer les aspects économiques du numérique qui, selon lui, permet de faire des économies. Par exemple au niveau de l’éclairage, on pourra tourner une scène le matin qui sera ensuite une scène du soir, et ne plus être obligé de faire une nuit américaine. Il y a alors plus de souplesse dans le plan de travail d’un tournage de cinéma. Cette rencontre fut très intéressante, donnant une image positive du métier. Si le numérique est la technologie du futur, il permet aussi de conserver le patrimoine cinéma en restaurant les films. Juan Eveno a ainsi retravaillé le célèbre classique Intolerance de F.W.Griffith.

Benjamin Zimmermann Joanna Gallardo

Trois questions à Es-tu plutôt en faveur du « nouveau » cinéma digital ou en faveur du « vieux » cinéma en pellicule ? Je suis plus sensible à la pellicule 35 mm. Cela procure plus de lumière, plus de contraste. Mais surtout je m’attache à l’histoire au dèla de l’aspect technique.

Photo Lasse Lecklin

Fanny Boulloud

D’après toi, quelles sont les qualités que doit posséder un jeune cinéphile? Je pense qu’il doit être ouvert d’esprit, qu’il doit savoir échanger, critiquer. Le plus important est sans doute d’être prêt au voyage : être disposé à entrer dans une autre histoire, une autre vie. S’ouvrir à différent monde capable de nous transporter, nous déstabiliser… Que souhaites-tu dire de particulier à l’occasion du 60ème anniversaire du Festival de Cannes ? Alors je mets ma perruque blonde, une robe blanche décolletée et je dis: « Happy Birthday to you, Happy Birthday to you Mister Cinéma ! »

Propos

recueillis par

Yana Dzharova

Fanny, 23, participante des 60 à Cannes, arrive de Strasbourg pour souhaiter joyeux anniversaire.

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Portrait

Orhan Pamuk

« Il faut garder cet enfant irresponsable et créateur en nous » répète t-il à l’envie dans les nombreux interviews qu’il donne depuis quelques mois, et la reconnaissance conférée par l’Académie Nobel avec le Prix de Littérature. Cet enfant silencieux, Orhan Pamuk l’a fait grandir en lui pour inventer un monde imaginaire d’une étonnante richesse, partagé par de multiples lecteurs à travers le monde. L’écrivain turc, originaire d’Istanbul, a peint au fil de ses romans des images

de sa ville, de son pays. Il est ainsi devenu un formidable révélateur de la cité du Bosphore. Son écriture, très visuelle, est souvent structurée à la manière de séquences de cinéma. On passe d’un personnage à un autre comme le ferait une caméra, poursuivant les diverses histoires racontées en parallèle. Orhan Pamuk, le gosse solitaire pour qui « la rêverie est une bizarrerie propre à sa personne », ravive d’une manière nostalgique des scènes de sa ville héritées de l’empire écroulé. Dans sa jeunesse, le stambouliote voulait devenir peintre. Sa famille voyait en lui un génie. Mais il a préféré dévoiler les couleurs à travers les mots, à travers les pages. Pamuk travaille à la manière d’un peintre miniaturiste. « La miniature ne montre pas ce que les yeux voient, mais ce que l’âme voit », se plaît-il à dire mystérieusement. Pour l’auteur de La vie nouvelle, un écrivain doit dévoiler ce que personne ne peut percevoir. Dans cette perspective, les mots sont à la littérature

ce que les couleurs sont à la peinture. Cette approche, si détaillée et minutieuse, éclaire les destins de ces protagonistes selon l’humeur de l’écrivain, tantôt sombre et mélancolique, tantôt lumineuse et joviale. Aussi cinématographique soit-elle, l’œuvre du Prix Nobel n’a étrangement pas encore été adaptée au cinéma. Unique expérience à ce jour, en 1991 Pamuk avait écrit un scénario pour le réalisateur Ömer Kavur, qui aboutira au film Le visage secret. La situation pourrait bientôt changer. La figure tutélaire du cinéma turc, Nuri Bilge Ceylan (Grand Prix à Cannes en 2003 avec Uzak), qui a jusqu’ici eu l’habitude de contrôler le processus créatif de ses films de l’écriture au montage, se dit intéressé et proche de l’univers de Pamuk. On murmure çà et là que l’auteur des Climats pourrait adapter Neige… Ainsi, grâce à son œil incisif et au peintre caché en lui, cette personnalité très cinéphile a été invitée cette année pour juger les 22 films

en compétition. C’est une tradition du festival de Cannes que d’accueillir dans son jury des maîtres de la littérature, nobélisés ou non. André Maurois était juré à deux reprises dans les années 50. On peut également citer l’écrivain nobélisé guatémalien Miguel Angel Asturias dans les années 70, le célèbre Colombien Gabriel Garcia Marquez en 1982, ou l’Américaine Toni Morisson en 2005 Cette année pour la 60ème édition du festival de Cannes, qui du Président Stephen Frears, des jurés Maggie Cheung, Toni Collette, Maria De Medeiros, Sarah Polley, Marco Bellocchio, Michel Piccoli, et Abderrahmane Sissako, auront pris la peine –largement récompensée- de partir à la découverte de l’univers de leur collègue avant leur séjour cannois? Orhan Pamuk, l’enfant génie, l’enfant qui écrit, nous accompagne dans ce festival. Espérons que le palmarès saura cultiver, comme lui, une part d’irresponsabilité!

Azra Deniz Okyay

MÁS y MÁS est un magazine gratuit publié par l’association NISI MASA avec le soutien du Ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports. REDACTION Rédacteur en chef Matthieu Darras Secrétaire de rédaction Joanna Gallardo Maquettiste Lasse Lecklin, llecklin@uiah.fi Ont contribué à ce numéro: Yana Dzharova, Judy Lister, Azra Deniz Okyay, Emilie Padellec, Benjamin Zimmermann Fabrication – Imprimerie Cyclone, 12 rue des Mimosas, 06400 Cannes. NISI MASA 10 rue de l’Echiquier, 75010, Paris – + 33 (0)1 53 34 62 78, + 33 (0)6 32 61 70 26 europe@nisimasa.com - www.nisimasa.com


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