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Les BM, lieu de formation △ p. 3 — Se dévoiler par courrier entre Genève et Kinshasa △ p. 4 — Le monde déchirant des lettres perdues △ p. 8 — L’amour et la guerre dans une malle △ p. 12 — J-J Kissling raconte une vie de facteur △ p. 15 — L’égalité de genre protège l’environnement △ p. 18 — Un réseau social pour communiquer avec le passé △ p. 21 — Bienvenue dans la vallée lyrique △ p. 22 — Des poèmes qui jouent avec les pages △ p. 24 — Pas jeter les mots, petite bulle d’amour △ p. 26 — Un duo interroge notre envie de vieillir △ p.28 — Les voyages martiens d’une reine de Plainpalais △ p. 30 — Les coulisses des livres entre magie et ingénierie △ p. 32 — Les bébés signent avant de parler △ p. 36 — L’imbécile cache-t-il un sage ? △ p. 38 — Inventer une langue, créer un monde △ p. 40 — Faut-il brûler des livres ? △ p. 42 — Peut-on inclure sans exclure ? △ p. 46 — « J’aime les livres qui sont pleins de gens » △ p. 50 janvier — juin 2024 numéro 7

Genève, ville de culture

www.ville-ge.ch

nota Au printemps, la poésie fleurit à Genève Lettres perdues, lettres retrouvées : dans le mystère des vies d’autrui

Faut-il brûler des livres ?


Nota est le magazine des Bibliothèques municipales de la Ville de Genève. Il paraît deux fois par an à la mi-janvier et à la mi-août. On le trouve en version papier (gratuitement) dans les bibliothèques, en version numérique à l'adresse catalogue-bm.geneve.ch/nota et sur PressReader

Rue de la Tour-de-Boël 10 Case postale 3930 1211 Genève 3 webbmu@ville-ge.ch

N° 7 janvier — juin 2024

Directrice de la publication Véronique Pürro, directrice des Bibliothèques municipales

Comité éditorial : Florent Dufaux (responsable des ressources technologiques et numériques), Laura Györik Costas (responsable de la médiation culturelle), Jean-Pierre Kazemi (chargé de communication, responsable de la publication), Véronique Pürro (directrice des Bibliothèques municipales), Nic Ulmi (rédacteur responsable Nota)

Rédaction, iconographie Nic Ulmi

Police de caractère Alex Dujet

Conception graphique Atelier Delcourt

Impression Imprimerie du Moléson

Tirage 3'000 exemplaires ISSN 2813-3668 Gratuit

e Crédits images — Couverture : 123RF — 2 de couverture : Fondation Martin Bodmer — pp. 3, 62, 63 : Frank Mentha — p. 5 : Niels Ackermann (gauche), Jay Louvion — p. 6 : GenevAfrica — pp. 7, 11 (droite), 36, 37, 39, 41 (droite), 45, 53 (droite), 54, 61 : Lisa Frisco — pp. 8, 10, 11 : Adrianna Wallis — p. 9 : Éloïse Duguay — p. 10 : Maxime Verret — pp. 13, 14 : Pierre Mathiote — pp. 15, 17 : Jean-Jacques Kissling — pp. 18-21 : Olga Fabrizio — p. 21 : DNA studios — p. 22 : Nic Ulmi — p. 23 : M. Cooper/Unsplash (haut), Schnäggli/Wikimedia — p. 25 : Felipe Boso (haut), Pierre Albouy (bas) — p. 27 : Carole Parodi — pp. 28, 29 : Joëlle e Gagliardini/Matikalo — pp. 30, 31, 4 de couverture : Bibliothèque de Genève — p. 31 : Élise Müller (peintures), Bain News Service/Library of Congress — pp. 32, 34 : Bruno Gibert — p. 33 : Marion Bataille — p. 35 : Thomas Grand — p. 38 : Ninara/Flickr — pp. 40, 41 (gauche) : lucas cantori, rita elhajj — p. 42, 45 : Gallica/BNF — pp. 50-53 (gauche) : Magali Girardin


Édito

Édito Comment inclure sans exclure ? Comment inclure sans exclure ? Comment tenir compte de toutes les sensibilités et des combats légitimes sans occulter le passé ? Ce débat est actuellement vif au sein de la société et dans les lieux traditionnels de savoirs que sont, par exemple, les universités, les musées ou, bien sûr, les bibliothèques. Que faire des symboles de reconnaissance de personnalités aujourd’hui controversées dans l’espace public ? Faut-il imposer le langage épicène ? Décoloniser les collections publiques ? Sortir des rayonnages des bibliothèques des ouvrages prônant ouvertement le racisme ou la soumission sexuelle ? A chacune de ces questions, aucune réponse unique ne s’impose. Elles sont complexes et nécessitent de tenir compte des différentes positions, d’être pondérées en fonction de critères parfois contradictoires. La Ville de Genève se positionne ouvertement comme une ville inclusive, qui œuvre pour la reconnaissance des identités, qui tient compte des revendications et des luttes contre le racisme, pour l’égalité entre hommes et femmes, pour les droits des personnes LGBTIQ+. Elle affirme cette position dans ses documents de référence, mais également à travers ses actions et programmes de défense des minorités afin de concrétiser ses valeurs en actes. Et, pour étayer les débats, pour les alimenter et leur offrir une audience nécessaire, elle s’appuie bien sûr sur ses institutions.

Il ne faut donc pas avoir peur du débat. Mais pour qu’il soit porteur de solutions, il nous faut faire preuve de nuances. Dans le cas des bibliothèques par exemple, doivent-elles exclure tel livre ou tel-le auteur-e ? A cette question, pas de réponse mathématique ou de choix binaire. L’exclusion semble parfois une évidence — comme pour les livres de Gabriel Matzneff. Parfois, il est préférable de conserver des ouvrages aux contenus problématiques — comme Tintin au Congo ou Autant en emporte le vent — en tant que marques du passé, quitte à les accompagner d’explications. Dans tous les cas, toujours, il s’agit de trouver une ligne médiane, pour que l’exclusion soit l’exception plutôt que la règle et afin de respecter ce droit fondamental qu’est la liberté d’expression ou celui de la création artistique. Les Bibliothèques municipales sont sans doute l’institution culturelle de la Ville où la diversité des publics est la plus grande. Elles représentent donc un bon baromètre et sont un lieu où les nuances doivent pouvoir être librement exprimées et prises en compte. Sami Kanaan Conseiller administratif en charge de la culture et de la transition numérique

Lire à ce propos l’article « Faut-il brûler des livres ? », p. 42 et l’interview avec Sami Kanaan, p. 47

o Ci-contre : manuscrit du XVe siècle, Lancelot Propre, La Queste del saint Graal et La Mort le roi Artu, conservé à la Fondation Martin Bodmer (conférence ma 23.4, 19h, BM Saint-Jean)

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Au sommaire ! En coulisses

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Printemps de la Poésie : bienvenue dans la « vallée lyrique »

36 Les bébés signent avant de parler

24

« Typo poésie » : des poèmes qui jouent avec les pages

40 Inventer une langue, créer un monde

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« Pas jeter les mots », petite bulle d’amour

28

« Au crépuscule, je n’ai pas sommeil » : un duo interroge notre envie de vieillir

3, 7, 11, 41, 45, 53, 54 Les BM, lieu de formation Les rendez-vous

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Se dévoiler par courrier entre Genève et Kinshasa Destinataire introuvable : le monde déchirant des lettres perdues

Sophie Dora Swan, Guillaume Favre

L’amour et la guerre dans une malle de « Lettres retrouvées » 30 Les voyages martiens d’une reine Du Tibet à Genève, de Plainpalais J-J Kissling raconte « Une vie de facteur » 32

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L’égalité de genre protège l’environnement (et vice-versa) Un réseau social pour communiquer avec le passé

Et plus, sur catalogue-bm.geneve.ch/nota 2

« Délivre-moi tes secrets » : les coulisses des livres, entre magie et ingénierie Bruno Gibert, Marion Bataille, Thomas Grand

38 L’imbécile cache-t-il un sage ? (Et autres rdv en LSF)

Enjeux

42

Faut-il brûler des livres ? Non, mais…

46 Peut-on inclure sans exclure ? Interview avec Sami Kanaan En lien

50 « J’aime les livres qui sont pleins de gens » Et pour finir

54 Sélection de rendez-vous janvier-juin 2024 62

Trop pratique


En coulisses

L BMes fo , rm lie at u io de n

de eution i s l Le M, ma B or f

L B es fo M , r li m a eu t i d de o n e u n s lie tio Le M, ma B r fo

L’univers infini des livres, la richesse des interactions humaines, l’immersion dans l’information, l’irrésistible attrait des choses bien rangées… Ce sont quelques unes des motivations qui poussent des jeunes personnes à vouloir travailler en bibliothèque. C’est ce que racontent, dans les interviews disséminées dans ce numéro, des apprenties agentes en information documentaire (AID) et des étudiant-e-s en Information Science à la Haute école de gestion de Genève (HEG), seule filière en Suisse romande pour les futur-e-s bibliothécaires. Les Bibliothèques municipales sont en effet aussi un lieu de formation. Chaque année, elles accueillent une vingtaine de stagiaires « découverte » pour une immersion de quelques jours, des stagiaires en Bachelor à la HEG lors des activités estivales en plein air, des apprenti-e-s agent-e-s en informations documentaire, ainsi qu’une vingtaine d’étudiant-e-s en auxiliaires de renfort pour les samedis et pour les ouvertures dominicales de la bibliothèque de la Cité. Qu’est-ce qui leur a pris de vouloir faire ce travail ? Qu’est-ce qui les attire dans le monde des livres ? Qu’est-ce qui les étonne en découvrant l’univers bibliothécaire ? Réponses aux pages 3, 7, 11, 41, 45, 53 et 54.

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Correspondances

ous : v z e d Les ren OYÉ ! ENV

Quatre « gens de lettres » se racontent en s’écrivant entre la Suisse romande et la République démocratique du Congo. Max Lobe et Lolvé Tillmanns plongent dans ce courrier, le 25 janvier à la BM Cité

« J’écris parce que je crois que tu vas me lire et ça, c’est précieux. » Le 12 novembre 2019, l’écrivaine AnneSophie Subilia termine par cette phrase une lettre à son confrère Richard Ali A Mutu. Envoyés de Lausanne à Kinshasa, ces mots soulignent au passage une vérité fondamentale : une lettre s’écrit, en principe, avec la certitude de recevoir de l’attention. Pendant près d’une année, entre septembre 2019 et juillet 2020, deux duos littéraires se livrent ainsi à une lecture mutuelle attentive et attentionnée, échangeant des courriers (électroniques) entre la Suisse romande et « Kin », comme on l’appelle familièrement, la capitale de la République démocratique du Congo. L’échange, orchestré par l’écrivain suisso-camerounais Max Lobe dans le cadre de son projet GenevAfrica, est publié en 2020 sous le titre Genève-Kin 2020. La correspondance. « C’est si dur de parler de soi, surtout quand il s’agit de se présenter à l’autre », note Missy M. Bangala, qui anime alors un café littéraire à Kinshasa, dans les premières lignes qu’elle adresse à la romancière genevoise Lolvé Tillmanns. Missy évoque une enfance aux identités multiples : « Chacun avait son petit nom pour moi. Ceux dont je me souviens sont Miss de ma sœur aînée, Jocelyne de mon père, Ningi de ma mère, Souké de mes deux sœurs et enfin Joyce de mes frères. » Elle constate, au passage, que ces identités sont toujours en construction : « Voilà, ce que je pense que je suis pour l’instant. Demain ça sera peut-être autre chose. » Entre les lignes enjouées et les remarques sur la météo (« chez moi après la pluie, c’est rarement le beau

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Se dévoiler par courrier entre Genève et Kinshasa temps »), des bouts de drames apparaissent. « Mon père était emprisonné par Mobutu », écrit Missy, dont la mère se retrouve alors « livrée à elle-même sans emploi à Kinshasa avec 8 enfants à nourrir et un autre en chemin : moi. Heureusement, elle avait une maison achetée pendant ses périodes folles de commerçante de diamants. » Et dans une autre lettre : « Vous ai-je dit que j’ai été malade peu après ma naissance ? Je suis asthmatique, et, pour un rien, c’était un tour à l’hôpital. Ce qui m’a valu le surnom, en lingala, de Akufa Lobi (“elle/il mourra demain”) ». Au milieu des tourmentes, Missy découvre la puissance des pages écrites : « Mon refuge était mes jouets, la télé et la lecture. À un moment, mon père l’avait découvert et il me ramenait des livres. Des livres dont je devais faire un résumé pour lui, par écrit, chaque dimanche qui était notre jour de rencontre. »

Le déclic qui vous rend écrivain-e Les plongées dans les livres, c’est ce qui relie les identités des quatre correspondant-e-s. Lolvé Tillmanns raconte son entrée dans ce monde-là dans une lettre du 7 décembre 2019 : « Lorsque j’étais enfant, mon grand-père me lisait déjà des romans alors que je me blottissais contre lui dans son grand fauteuil. Il lui était cependant interdit de m’apprendre à lire avant l’école, car ma mère craignait que je ne m’intègre pas si j’étais trop en avance sur mes camarades. Alors, la veille de mon premier jour de classe, j’avais rangé tous mes petits livres en pile, persuadée que je saurais lire le soir même. Tu peux imaginer ma déception… » AnneSophie Subilia livre, elle, son récit fondateur dans une lettre du 12 novembre 2019 : « Je me trouve assise dans une voiture, à l’arrière, je suis enfant, et nous sommes dans les parages de l’hôpital… Dans la nuit citadine, mes yeux tombent sur un grand panneau lumineux…

u Max Lobe et Lolvé Tillmanns Photos : Niels Ackermann, Jay Louvion


Découverte

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Correspondances

nota n°7

Le rendez-vous Je 25.1 19h-20h30

Genève-Kin 2020, avec Max Lobe et Lolvé Tillmanns Une correspondance littéraire entre Romandie et Afrique → BM Cité / Le Multi ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Dans le cadre du parcours thématique ENVOYÉ ! Une vie de correspondances

En ligne — Le site du projet GenevAfrica : www.genevafrica.ch — Richard Ali A Mutu sur Instagram : www.instagram.com/richardali56 — Le site de Max Lobe : www.maxlobe.com — Le site de Lolvé Tillmanns : lolvetillmanns.ch

Dans le catalogue des BM — Genève-Kin 2020 : la correspondance, Lausanne, BSN Press, 2020 (en rayon aux BM Cité, Eaux-Vives et Pâquis) — Les livres de Max Lobe : genevebm.com/max-lobe — Les livres d’Anne-Sophie Subilia : genevebm.com/anne-sophie-subilia — Les livres de Lolvé Tillmanns : genevebm.com/lolve-tillmanns

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Dessus, il y a des lettres. Ces lettres, j’arrive à les déchiffrer et à les appondre1 pour qu’elles forment un mot… Ça y est, un voile se déchire, un mur s’effondre ! Je perce l’empire des signes jusque-là resté mystérieux… Et cette conviction, tapie dans mon cœur : la lecture va me donner les clés du monde. » Pour Richard Ali A Mutu, la vocation arrive via un écran télé. Souvenir d’enfance, livré dans une lettre du 2 novembre 2019 : « Je suis venu à l’écriture comme ça, par un déclic : je vois un monsieur, un écrivain de chez nous, à la télé, le professeur Yoka, dans un documentaire sur Mobutu, ancien président de mon pays… Quand le prof Yoka apparaissait, des écrits apparaissaient en bas pour le désigner “écrivain”… J’étais très attiré par la langue, l’éloquence, les histoires, les mots, la lecture, l’écriture, mais j’ignorais encore que, dans la vraie vie, on pouvait aussi avoir comme fonction ou statut ou métier “écrivain”. Ce fut un déclic terrible ! Ma vocation était née ! » Anne-Sophie, Lolvé, Missy et Richard Ali finissent par se rencontrer dans la vraie vie lors de la Fête du livre de Kinshasa, en février 2020. « Voir Kinshasa à travers tes yeux, était extra », commente Missy en écrivant à Lolvé. Les retrouvailles prévues au Salon du livre de Genève en octobre 2020 sont balayées en revanche par la pandémie Covid. Max Lobe, déterminé à « faire renaître le genre épistolaire comme genre littéraire à part entière », lance quant à lui d’autres duos dans la foulée : Genève-Ouidah (Bénin), Genève-Côte d’Ivoire… Pendant ce temps, entre Genève et Kin, la correspondance se poursuit peut-être, loin, cette fois, des yeux des lectrices et des lecteurs. ■

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« Appondre » ? Selon le dictionnaire Larousse, c’est un terme régional suisse qui signifie « joindre, fixer bout à bout » .

i De gauche à droite : Lolvé Tillmanns, Missy M. Bangala, Max Lobe, Anne-Sophie Subilia et Richard Ali A Mutu.


En coulisses

L BMes fo , rm lie at u io de n

de u e tion i s l Le M, ma B or f

L B es fo M, rm li a eu t io de de n u n s lie tio Le , a BMorm f

3 questions à Priscillia Lusuekakio Apprentie agente en information documentaire à la BM Eaux-Vives et au Bibliobus Qu’est-ce qui vous a attirée vers cette formation ? « Depuis que j’ai 6 ans, je vais dans les bibliothèques. Mais d’abord je n’ai pas pu suivre une formation dans ce domaine parce que mes parents n’étaient pas favorables, ils voulaient que je fasse médecin ou avocate. Lorsque je suis devenue majeure et un peu plus libre de choisir ce que je voulais, je me suis permise de postuler pour cet apprentissage. J’ai cherché une place pendant 4 ans, en me concentrant là-dessus parce que je ne voulais pas faire autre chose : j’aime lire, j’aime être en contact avec les gens, c’était la manière de mélanger les deux. »

Que cherchez-vous dans le monde des livres ? « Petite, j’allais dans des bibliothèques pour m’évader, surtout au Bibliobus qui venait près de chez moi vers le Lignon. J’y allais toute seule tous les lundis à 16h30 pour emprunter mes livres, et franchement c’était trop bien, ce sont de très, très bons souvenirs. À l’époque je lisais beaucoup de BD, maintenant je préfère les polars et les thrillers, j’aime le suspense. »

Qu’est-ce qui vous a surprise dans cet apprentissage ? « Je fais plus de rangement que je ne l’imaginais, parce que il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup d’usager-e-s qui prennent des livres et les remettent en rayon, mais pas à la bonne place, et un livre mal rangé est un livre perdu. Mais finalement c’est une tâche que j’aime, faire en sorte que tout soit rangé et aligné bien droit, éviter que ça dépasse. Il y a aussi toute l’organisation des accueils de classes et de crèches, trouver le thème adapté à l’âge des enfants… Je me suis dit waouh, il y a beaucoup de travail derrière tout ça. »

4 questions à Sarah Abbou Étudiante en Information Science à la HEG et bibliothécaire auxiliaire le dimanche à la BM Cité Comment êtes-vous arrivée dans cette formation ? « Je suis écrivain et scénariste, donc les livres, ça me semblait évident. C’est assez complémentaire. Les recherches que je fais pour écrire m’aident pas mal pour conseiller des livres au public. » Que cherchez-vous dans le monde des livres ? « À me perdre… comme tout le monde, je pense. »

Qu’est-ce qui vous a surprise en bibliothèque ? « Beaucoup plus d’informatique que je l’imaginais. » Vos études ouvrent en fait sur plusieurs professions, avez-vous déjà choisi ? « Mon projet est d’être bibliothécaire mais je ne ferme pas la porte. Toute cette découverte informatique, c’est pas mal… à voir. »

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Correspondances

nota n°7

Destinataire L’artiste française Adrianna Wallis a été autorisée à lire le courrier qui ne peut pas être distribué, car l’adresse de la personne destinataire est erronée (ou carrément inventée). Elle raconte son immersion, le 29 février à la BM Cité

-vous : z e d n e r s Le ENVOYÉ !

u Ci-contre et pp. 10-11 : le personnel du service des « lettres perdues » dans la vidéo Les réponses d’Adrianna Wallis.

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introuvable

Le monde déchirant des lettres perdues La poste a-t-elle le droit de lire le courrier qu’on lui confie ? En principe pas, selon les lois en vigueur un peu partout. Il existe pourtant une exception. Si une lettre ne peut pas être distribuée parce que le nom ou l’adresse de la personne destinataire sont erronés ou n’existent pas, la poste peut l’ouvrir et la lire pour trouver des indices permettant de l’acheminer. En France, le service chargé de ce travail a été décentralisé en 1967 de Paris à la ville portuaire de Libourne, près de Bordeaux. Il réceptionne chaque jour quelque 20’000 envois (auxquels s’ajoutent dans la période des fêtes quelques millions de lettres écrites au Père Noël). Souvent, sa mission se révèle impossible. L’artiste Adrianna Wallis découvre l’existence de ce service en 2016. Elle parvient à s’en faire ouvrir les portes et obtient l’autorisation de consulter les « lettres perdues »,

le courrier qui, malgré les efforts, se révèle impossible à acheminer. À travers une exposition, une série de lectures participatives et un livre paru en 2023, elle plonge dans cet univers d’émotions et d’étrangetés, parfois déconcertant, souvent déchirant. Elle découvre que, avec une fréquence surprenante, ce courrier est volontairement mal adressé, car souvent la personne qui l’écrit veut s’exprimer, envoyer ses émotions et ses pensées loin d’elle, mais n’a pas l’intention d’atteindre son destinataire et d’être lue. Comment cette idée lui est-elle venue ? Dans son livre, Adrianna Wallis raconte : « 2016. Septembre. Alors que je conduis, j’aperçois sur le bord de la route quelque chose qui ressemble à une enveloppe. Une pensée me saisit et ne me lâche pas :


Correspondances

i Les lettres lues par Adrianna Wallis (photo : Éloïse Duguay) et exposées (photos : Maxime Verret) à Paris.

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Correspondances

Le rendez-vous Je 29.2 19h-20h30

Rencontre

Les lettres ordinaires — Rencontre avec Adrianna Wallis → BM Cité / Le Multi ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Dans le cadre du parcours thématique ENVOYÉ ! Une vie de correspondances

nota n°7

et si cette lettre était importante ? Après avoir roulé dix minutes, je fais demi-tour et découvre qu’il s’agit d’une facture de boulangerie. Je me demande ce qui arrive aux plis qui ne trouvent pas leur destinataire. Lorsque je demande à la Poste ce qu’il advient des lettres perdues, on me répond, sèchement : “Libourne.” Google. Libourne est la ville dans laquelle se trouve le Service Clients Courrier (SCC) de La Poste. C’est là qu’échouent les lettres impossibles à acheminer. Novembre. Je reçois une réponse favorable de La Poste qui m’autorise à passer une semaine au SCC pour observer ce qu’il s’y passe. Deux semi-remorques quotidiens alimentent le centre en colis et courriers perdus. A l’entrée, une machine bruyante ouvre à toute vitesse des dizaines de milliers de plis reçus chaque jour. Ils sont ensuite répartis entre différentes salles : une première pour les “LR” (lettres recommandées) (…) et une seconde pour les “LO” (lettres ordinaires). Je m’installe dans la salle des LO. Là, une quinzaine d’employés recherchent à l’intérieur des courriers des indices permettant de les réacheminer. Les lettres dont les destinataires ou les expéditeurs sont impossibles à identifier échouent dans la poubelle de recyclage de la salle. Alors que le centre commence à se vider, j’y pioche mes premières lettres perdues. »

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Que disent ces lettres ? Parfois, c’est romanesque : « J’ai accroché au mur une cinquantaine de lettres aux adresses imaginaires. L’une est destinée à Éric Jumeau et s’est retrouvée à côté de celle adressée à Julia Jumelle. Intriguée par ce hasard, j’ouvre les deux. La première est signée “ta sœur”, la seconde “Éric”. Sursaut. Chacune est adressée à un supposé jumeau disparu. “Je n’arrive pas à savoir si tu existes vraiment, à savoir où tu es, ce que tu penses, comment tu te sens par rapport à moi, à notre relation”, écrit Éric à Julia. » Parfois, c’est cocasse : « Il y a cette dame qui, chaque semaine, donne rendez-vous à Daniel Guichard à 15h30 à la FNAC, cette autre qui vit un amour platonique avec BernardHenri Lévy, lui racontant son désir “ardent” et sa flemme d’aller chez Ikea. Ou cet homme qui écrit des poèmes à différentes femmes, toutes inconnues à l’adresse indiquée. » Souvent, c’est moins drôle. Comme cette lettre qui dit : « Tu as gâché ma vie avec ta merde de pédophile. Connard. » Ou cette enveloppe adressée à « Monsieur Bruno Lavictime, Rue de la demande du pardon, pour la libération du déshonneur familial. »

Dans le catalogue des BM Adrianna Wallis, avec Arlette Farge, Les lettres ordinaires, Paris, Manuella, 2023 (en rayon à la BM Cité)

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L BMes fo , rm lie at u io de n

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3 questions à Manon Baudraz -vous : z e d n e r Les ! ENVOYÉ Est-ce que c’est bien de lire ce courrier qui se destinait à ne pas être lu ? Il arrive que, en découvrant la démarche de l’artiste, une expéditrice se fâche : « Mots de colère d’une inconnue sur ma messagerie Instagram. Je tends la main pour l’apaiser, lui rendre cette lettre dont elle serait l’autrice, si tant est qu’elle me soit arrivée. Elle répond par la violence et le harcèlement, me blesse, en rétribution des tourments que mon travail semble lui causer. » Dans son livre, Adrianna Wallis évoque ainsi ses hésitations et les raisons qui l’ont poussée à poursuivre ce travail : « Je me sens voyeuse. Malaise encore. Mais si je les lis, leurs lettres seront un peu “sauvées”. Si je ne les lis pas, elles sombreront à jamais dans les limbes. Les lire, c’est peut-être les faire “arriver”. (…) Si ces mots devaient disparaître, s’envoler, pourquoi les glisser dans une boîte aux lettres plutôt que de les détruire, les brûler ? J’avais peur d’être celle qui envahit, mais ce sont ces histoires qui m’envahissent. (…) Les gens se sentent si seuls. J’aimerais qu’il y ait du monde pour accueillir ces mots. » ■

En ligne

Apprentie agente en information documentaire à la BM Eaux-Vives et au Bibliobus Comment êtes-vous arrivée dans cette formation ? « Depuis toujours, j’ai eu envie de faire quelque chose avec les livres. J’ai pensé faire les lettres à l’uni, j’ai commencé le collège, puis j’ai arrêté, et pendant une période j’ai essayé de trouver autre chose en lien avec ce monde. J’ai fait des stages en librairie, j’ai bien aimé, mais la vente, la dimension commerciale ne me convenaient pas tellement. J’ai fait un “stage découverte” à la bibliothèque des Minoteries, au cours duquel il s’est passé plein de choses, d’une lecture pour les personnes âgées à la découverte du système de catalogage. C’est là que je me suis rendu compte que c’était ce qui me plaisait vraiment. » Que cherchez-vous dans le monde des livres ? « Depuis toute petite, aller dans ces lieux remplis d’histoires que sont les bibliothèques et les librairies a toujours été quelque chose de super rassurant. Les livres représentent à la fois un moyen de m’évader et de comprendre le monde, de faire le lien avec ce que je vis. » Qu’est-ce qui vous a surprise dans cet apprentissage ? « On a cette image des bibliothécaires qui rangent et qui font les prêts et les retours, mais je ne voyais pas tout le travail qu’il y a en back-office, le catalogage, l’indexation, la préparation des livres, imaginer comment les mettre en valeur… et la partie informatique, que je n’imaginais pas si importante. Au Bibliobus, je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de monde, il y a des tournées très animées où le bus est vraiment plein. »

Le site d’Adrianna Wallis : adriannawallis.com

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Correspondances

nota n°7

ous v z e d Les ren OYÉ ! ENV

L’amour et la guerre dans une malle de lettres retrouvées

C’est l’histoire romantique, érotique et tragique de Léon et Marguerite, qui s’aiment de 1914 à 1918 entre une mansarde à Paris et les champs de bataille de la Première Guerre mondiale. « Elle est couturière, il est comptable, la rencontre a lieu sur le boulevard de Bonne-Nouvelle à Paris lors du Mardi gras en février 1914, pendant une mémorable bataille de confettis », raconte le cinéaste et romancier Pierre Mathiote, qui a découvert dans une malle les traces de leurs amours : 1531 lettres, des photos, des fleurs séchées, une mèche de cheveux, des dessins évoquant les envolées sexuelles du couple lors des permissions… Léon est envoyé au front mais l’amour continue, se scelle en un mariage en 1916 et donne vie à une enfant qui vient au monde trois jours avant le décès de Léon, atteint du typhus et de la tuberculose, le 3 août 1918. Comment êtes-vous tombé sur cette histoire, et comment avez-vous décidé de la raconter en un livre hybride1, mêlant les documents historiques et vos propres poèmes ? « Alors, la genèse de l’histoire… Je terminais la réalisation d’un long métrage documentaire sur l’Algérie2, lorsque mon co-auteur me dit : “J’ai un copain dans mon village, prof d’histoire comme moi, qui a récupéré une vieille malle avec des lettres de la guerre 14-18 en grand nombre”. Je vais voir cet homme, Thomas, qui me raconte que, pour 30 euros, il a acheté sur un vide-grenier ce lot de correspondance qui était prêt pour partir à la déchetterie si la malle n’avait pas trouvé acquéreur. Je lui demande de scanner 400 lettres, réparties sur toute la durée de ces échanges, pour voir s’il y a quelque chose à en faire. Il m’aura fallu plusieurs mois pour les retranscrire, parce que Léon écrivait très mal, surtout dans les tranchées. D’ailleurs, dans une lettre, son père lui dit : “Si tu continues à écrire comme un cochon, autant ne pas écrire”…

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À mesure que j’avançais dans la transcription, j’adaptais cette histoire en un scénario de long métrage, dont la durée ne faisait que s’allonger : deux heures, deux heures et demie… Arrivé à trois heures, je me suis dit : stop, il faut aller plus loin, je dois faire non pas un film, mais une série, en allant creuser dans les 1100 lettres restantes… Là-dessus est arrivée la Covid, et — entre guillemets — ce fut une chance pour le projet. J’ai mobilisé mon réseau et 80 personnes ont répondu, des francophones d’un peu partout, de l’Australie à l’Amérique Latine, qui ont participé à tout transcrire vu qu’ils étaient confinés chez eux. En trois mois, ça a été fini. Il y avait donc un potentiel fabuleux pour une série, et je me suis collé à l’écriture de 14 scénarios de 52 minutes, qui m’ont pris plus d’un an. D’expérience, je sais qu’une série en costume coûte environ 30 millions d’euros. Du coup, des gens ont commencé à me dire : “Pourquoi n’écrirais-tu pas plutôt un roman ?” Pour en avoir déjà écrit une dizaine, je me sentais tout à fait capable d’adapter l’histoire de Marguerite et Léon, mais quelque chose me gênait. Je suis à mi-chemin de la réécriture des scénarios en forme romanesque lorsqu’un jour, dans une librairie, mon regard tombe sur notre Victor Hugo national, qui était finalement un chroniqueur en vers de son époque. Je me dis alors, toutes proportions gardées : voilà ce qu’il faut faire ! Il se trouve que quand j’étais gamin, j’écrivais mes dissertations en alexandrins, et ça m’est revenu : c’est donc d’un allant tout naturel que j’ai été vers la versification sous toutes ses formes, recréant l’histoire de Léon et Marguerite en vers à partir de leur correspondance. Dans le livre, j’ai aussi sélectionné des poèmes de Léon, ainsi qu’une chanson dont il a écrit les paroles, “Hâtonsnous d’aimer”. Il y a également des phrases tirées des lettres qui sont citées telles quelles dans mes poèmes. »

Le livre de Pierre Mathiote Marguerite et Léon 1914 — 1918 (éditions Cinergie Productions) est à paraître en 2024. Gaston Revel, un instituteur en Algérie (2021), coécrit avec Alexis Sempé, est le dernier film en date de Pierre Mathiote.


Correspondances

Marguerite et Léon ont échangé 1500 lettres pendant la Première Guerre mondiale, s’aimant à distance et lors des permissions.

Lettres retrouvées

Le cinéaste Pierre Mathiote a plongé dans cette correspondance, qu’il vient présenter le 18 avril à la bibliothèque de la Cité.

Le rendez-vous Je 18.4 19h-20h30

Rencontre

Les lettres retrouvées — Pierre Mathiote Rencontre avec l’auteur/ réalisateur et les archives de la Vie Privée, Carouge → BM Cité / Le Multi ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Dans le cadre du parcours thématique ENVOYÉ ! Une vie de correspondances

i Léon Goiffon et Marguerite Magdeleine dans des photos échangées par le couple pendant la Première Guerre mondiale.

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Correspondances

En parallèle au travail d’écriture, vous faites des recherches pour reconstituer le contexte historique… « J’ai fait appel à des généalogistes et à des historiens, et j’ai beaucoup recherché moi-même. Il existait dans les armées, depuis l’époque napoléonienne, un document appelé Journal des marches et des opérations (JMO), où les officiers, tous les soirs, avaient l’obligation d’écrire les combats, les pertes, les blessés, les disparus. J’ai passé pas mal de temps aux Archives de la défense, à Vincennes, à consulter les JMO en faisant des recoupements avec les lettres de Léon. Les soldats, notamment au début de la guerre, avaient l’interdiction d’écrire ce qu’ils faisaient et sur quel front ils se trouvaient, mais lorsque Léon écrit “Je suis dans un sale coin”, j’arrive à déterminer où il est en regardant la date de sa lettre. J’ai aussi refait le chemin de Léon. J’avais besoin de marcher sur le front dans ses pas, de repasser par où il était passé pour m’imprégner des lieux. J’ai même retrouvé la grange, restée intacte, où il a dormi quand il a été en récupération, après avoir reçu deux balles dans le dos et une balle dans la jambe… » Pendant ce temps, Marguerite… « Marguerite habitait sous les toits, dans une mansarde qui faisait 9 m², la taille d’une cellule. Il n’y avait qu’une seule vitre, qui était en partie cassée. Elle n’avait pas assez d’argent pour la changer, ce qui fait que l’hiver, elle vivait dans le froid. Elle écrit qu’à chaque fois que quelqu’un monte l’escalier et qu’elle entend le bois grincer, elle a peur que ce soit la Croix Rouge qui lui annonce la mort de Léon… Elle décrit aussi la manière dont elle tremble lors des attaques des bombardiers Gotha ou des dirigeables Zeppelin, ou lorsque les canons “Grosse Bertha” lancent leurs obus sur Paris. Marguerite était une couturière de talent, employée par une maison de couture appelée Maison Segall, qui avait pour client, entre autres, le grand magasin La Samaritaine. Elle était embauchée au jour le jour, mais il y avait des mois où elle gagnait très très peu. Et dès qu’elle avait de l’argent, elle l’envoyait à son Léon sur le front pour améliorer son ordinaire. Elle participe en 1917 à la grève des midinettes (les ouvrières couturières, appelées ainsi car à midi elles déjeunaient d’une dînette rapide…), lancée pour tenter d’améliorer les salaires. »

En ligne La chaîne YouTube de Pierre Mathiote : www.youtube.com/@lachainedepierremathiote2887

u Ci-contre : Léon, premier à gauche, est le seul qui sourit.

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En quoi cette collection de lettres est-elle exceptionnelle ? « Il est très rare d’avoir une correspondance échelonnée sur toute la durée de la guerre, et surtout des deux côtés. L’explication est donnée dans un courrier de Léon, qui écrit : “Je te renvoie les lettres que j’ai reçues jusqu’à fin août… Et en revenant près de toi nous pourrons revoir ces souvenirs.” Ce n’est évidemment pas une volonté de passer à l’histoire, mais de conserver les traces pour pouvoir se raconter leur histoire après coup… On ne sait pas, en revanche, qui a conservé ces lettres, qui les a rangées dans l’ordre chronologique, et qui les a vendues. » Que devient Marguerite après la guerre ? « Dans la malle, il y avait en fait des lettres, photos et cartes postales allant jusqu’en 1968, qui m’ont donné des indices pour reconstituer sa trajectoire. Après la mort de Léon, Marguerite a une relation avec un collègue en charge de la maintenance des machines de l’atelier de couture, avec qui elle a un enfant, et avec qui elle vit dans la même mansarde au 52, boulevard Barbès, à Paris… Ce qui m’intéressait, c’était aussi de savoir ce qu’était devenue la fille de Marguerite et Léon, la petite Huguette. J’ai galéré, mais j’ai fini par trouver. Un jour, alors que j’étais sur ses traces, je reçois un appel d’une femme qui me dit : “Je suis Annick, la fille d’Huguette.” Elle ignorait absolument tout de cette histoire de lettres, et même de la vie de Marguerite. Elle et son frère n’avaient jamais rencontré leur grand-mère. L’explication de cette cassure dans l’histoire familiale, je la connais, mais elle est trop intime pour la famille, à qui j’ai promis de ne pas en parler. J’ai donné les 1100 pages de transcription à Annick et à son frère, et nous restons en contact avec un bonheur partagé, puisque le destin de Marguerite et Léon est de revivre en nous chaque jour. » ■


Correspondances

Du Tibet à Genève, J-J Kissling raconte

z-vous Les rende ! ENVOYÉ

« Une vie de facteur » On le connaît surtout comme photographe, chroniqueur et grand voyageur, mais pendant 37 ans, il a également roulé pour distribuer le courrier. Son récit se convertit en un spectacle, accueilli le 25 mai à la bibliothèque de la Cité

Un jour de décembre 1965, les deux cents familles qui logent autour d’un square genevois sont prises tout à coup d’un sentiment d’inquiétude. Parmi les sons qui remplissent l’air du matin depuis vingt ans, il en manque un : le sifflement du facteur. « Il siffle son arrivée, et tout le square se prépare à descendre à sa boîte aux lettres ; il siffle son départ, et le square se dépeuple », écrit une chroniqueuse du journal La Suisse. Où est passé le postier aux mélodies d’oiseau ? « Tout le monde vint aux nouvelles : son fils était très malade », explique la journaliste. L’enfant se rétablit, le siffleur revient, « le quartier respira et redevint un quartier heureux ». Happy end ? Pas pour longtemps. Quatre ans plus tard, en mars 1969, une pneumonie arrête le sifflement pour toujours. « Depuis que nous savons que nous le reverrons plus, mon quartier fait peine à voir », conclut la chroniqueuse en pleurant « La fin du p’tit facteur » . Jean-Jacques Kissling, qui n’a alors que huit ans, est le fils de ce merle postier. Ce père perdu trop tôt, dont chaque passage était un moment de fête pour le quartier, lui aura laissé le goût d’un métier qu’il embrassera à son tour, à sa manière, et qu’il pratiquera

pendant 37 ans. Postier, donc, mais aussi grand voyageur, photographe et chroniqueur, « JJK » raconte « le monde unique et merveilleux d’un employé postal » dans Une vie de facteur, récit de vie publié aux éditions Héros-Limite en 2016. Le livre déballe joyeusement « un paquet de souvenirs », mais se propose aussi de « montrer le changement de notre société à travers un métier ». Depuis peu, écrit en effet Kissling, un facteur « s’appelle officiellement “collaborateur de distribution” et n’a plus le droit de s’arrêter pour parler. »

i Le facteur dans sa tenue printemps-été 1986 Photo : Jean-Jacques Kissling

Rouge du matin, bordeaux tibétain Le périple commence en 1977 avec un apprentissage dans le village de Cointrin. En ce temps-là, les habitant-e-s accueillent le facteur avec des cafés, des rissoles aux poires, des verres de rouge (qu’on boit même s’il est 8h30 du matin car « il ne faut pas que les clients pensent qu’on fait la gueule ») et parfois avec « une tranche de vie passionnante » racontée à la table

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Correspondances

de la cuisine. À la fin de l’apprentissage, en septembre 1978, Jean-Jacques se voit proposer « un poste SLED, soit “Sans lieu d’emploi déterminé” », qui s’active lorsqu’il faut faire des remplacements et qui permet de cumuler les heures supplémentaires. « Parfait pour ceux qui veulent travailler tout en prenant de longues vacances pour voyager. » Cointrin, en effet, donne des idées : « Je n’avais jamais pris l’avion. C’est le ballet des oiseaux d’acier dans le ciel qui m’a donné mes premières envies de partir à l’autre bout du monde. » Commence ainsi une double vie, entre la distribution du courrier à Genève et les échappées planétaires en tant que « photoreporter autodidacte » doté d’une « fausse carte de presse achetée dans les rues de Hong Kong ». Entre les deux mondes, il y a parfois des télescopages. Par exemple lorsqu’à Dharamsala, « la capitale du Tibet en exil », Kissling croit voir « une manif de facteurs suisses aux portes de l’Himalaya », car la moitié des manifestants portent les manteaux de pluie bordeaux des postiers helvétiques… « En vérité, très prisés par les moines à cause de leur couleur identique à celle de leurs toques, les vieux anoraks de la poste suisse sont récupérés et envoyés par des Tibétains réfugiés en Suisse », explique-t-il. En 1989, Jean-Jacques part avec son amoureuse en Jamaïque et sympathise avec un confrère local prénommé Echo. « Un peu comme un journal local, il colporte plus souvent les nouvelles de bouche à oreille. (…) Je lui dis que c’est pareil chez nous, nous les facteurs sommes les piliers des villages et des quartiers. » Cette connexion postale locale lui ouvre la porte de « la datcha de Bob Marley », une « magnifique maisonnette en bambou avec son toit en feuilles de palmier » où on lui demande « de garder ça secret, car personne, aucun guide ni agence de voyage ne connaît cet endroit »… Ambiance d’une coolitude insensée : « Le soir au bord de la plage, un grand-père vient avec des dizaines de vinyles faire le DJ. Dans la bicoque il y a juste l’électricité, une lampe à pétrole et un vieux tourne-disque. Tout le village est là et danse sur des vieux tubes de blues, de calypso et de reggae jusque tard dans la nuit. » Puis « je rentre à Genève, après deux mois en Jamaïque et un détour par Cuba, comme toujours sans un peso. Un coup de téléphone magique et hop, le lendemain il y a des remplacements à faire. »

Lorsque la poste devient La Poste Pendant deux bonnes décennies, ce travail postal intermittent semble donc idéal. On parcourt « l’univers magique des villages de campagne », on contribue à étoffer le tissu social (« J’aide pour les petits services, remplir un bulletin de versement, changer une ampoule, amener un pot de fleur sur le balcon ») et on développe même quelques super-pouvoirs (« J’ai mis au point ma technique de superpostman. Seul devant les boîtes, mes bras se dédoublent et tel le ventilateur je distille le

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courrier à la vitesse de la lumière dans les fentes obscures des réceptacles à messages »). Mais les choses sont en train de changer, à mesure que les transformations institutionnelles que traverse la poste rattrapent le quotidien de ses métiers. Commence alors l’époque du travail chronométré (« 2,6 secondes pour une lettre, une minute et demie pour un mandat, quarante-cinq secondes pour un colis »), de la course à la rentabilité (« Pour la première fois, j’ai le sentiment d’être exploité ») et des bizarreries de la logique managériale. « Un exemple : le responsable de la santé au travail nous convoque pour un briefing. J’imagine qu’il vient nous parler des gestes à observer pour se ménager le dos car nous devons prochainement distribuer des tonnes de catalogues Ikea (…). Mais alors que j’évoque le célèbre catalogue de quatre cent nonante-sept grammes, il se met à nous expliquer comment décrocher en sortant du boulot en écoutant toujours la même musique dans la voiture, pour que le subconscient sache que la journée est finie. » Jean-Jacques Kissling est licencié par La Poste avec effet au 30 décembre 2014. « Ma dernière tournée, étalée sur ma place, m’attend. C’est une belle tournée, composée principalement de lettres de vœux écrites à la main, de cartes postales qui font rêver, de journaux politiques qui pour une fois annoncent à l’unisson une seule et même information : “Bonne année à nos fidèles lecteurs et lectrices.” Pas de factures, pas de poursuites, juste la publicité Aldi comme chaque semaine, avec les actions de l’année prochaine. » ■

Dans le catalogue des BM Jean-Jacques Kissling, Une vie de facteur, Genève, Héros-Limite, 2016 (en rayon aux BM Cité, Eaux-Vives, Jonction, Minoteries, Pâquis, Servette et au Bibliobus)

En ligne Le site de Jean-Jacques Kissling : www.jjkphoto.ch

u « Ma première chute sur le verglas, février 1987. » Photo : Jean-Jacques Kissling


Correspondances

Le rendez-vous Sa 25.5 14h30-16h

Spectacle

Une vie de facteur. Spectacle d’après le livre de Jean-Jacques Kissling Avec Léo Vuille et Eric Desport (Cie Ceux qui parlent aux inconnus) → BM Cité / Le Multi ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

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Connexions

nota n°7

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L’égalité de genre protège l’environnement Les rendez-vous Semaine de l’égalité

(et vice-versa) Les défis climatiques et les droits des femmes et des minorités de genre sont connectés… Du 1er au 10 mars, la Semaine de l’égalité explore ces liens

Illustrations de ces pages : Olga Fabrizio

Face au changement climatique, une plus grande justice sociale ouvrirait des pistes de solutions pour tout le monde. C’est ce que suggère la Semaine de l’égalité 2024, explorant les liens entre l’égalité de genre et les questions environnementales en une série d’ateliers, tables rondes et interventions artistiques à la BM Cité et ailleurs sur le territoire genevois. Le programme, orchestré avec le Service Agenda 21 — Ville durable et accompagné d’une publication bibliographique sur ces questions, sera dévoilé et disponible en ligne le 5 février. On survole le territoire avec Linn Molineaux, chargé-e-x de missions Égalité — LGBTIQ+ et coordinateur-ice-x de la Semaine.

tées, les femmes et les minorités de genre sont moins responsables du changement climatique. Leurs habitudes quotidiennes polluent moins et elles sont plus sensibilisées au respect de l’environnement, qu’elles prennent plus à cœur.

Genre et environnement… Comment ces deux thématiques sont-elles liées ?

Pour compléter ce tableau, il faut encore dire que le même phénomène s’observe pour les personnes racisées et issues des pays du Sud global. Elles sont, elles aussi, à la fois plus impactées, moins responsables et moins écoutées en matière de changement climatique.

« Le premier constat frappant que nous avons fait à partir des études sur la question, c’est que les femmes et les minorités de genre sont plus fortement impactées par les catastrophes climatiques. Elles le sont dans l’immédiat, en ayant une mortalité plus importante lors de ces catastrophes, mais aussi sur le long terme, avec le recul des droits et la dégradation des conditions de vie qui font suite à ces catastrophes. Deuxième élément : les études commencent à montrer que, alors même qu’elles sont plus impac-

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Le troisième constat marquant, c’est que les femmes et les minorités de genre sont également moins consultées lorsqu’il s’agit de trouver des solutions en matière de climat. Puisqu’elles sont moins nombreuses dans les appareils politiques et dans les lieux de l’expertise, ce ne sont pas leurs voix qu’on entend.

La Semaine de l’égalité invite dès lors à se questionner sur l’articulation entre ces différents constats et à réfléchir à des pistes de solution qui puissent englober tout le monde en tant que parties prenantes. Si on s’intéresse aux perspectives apportées par les personnes qui subissent des inégalités de genre, c’est aussi parce que dans l’intelligence et la souplesse qu’il faut à ces personnes pour composer avec ce qu’elles


Connexions

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Connexions

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vivent au quotidien, il y a une créativité qui peut être une force de proposition face à la crise climatique. » Concrètement, que proposera cette semaine ? « La Semaine de l’égalité est faite aussi bien d’ateliers ludiques et pratiques que de moments plus théoriques et d’espaces de discussion, avec des propositions pensées pour s’adapter à tout le monde. L’événement d’ouverture portera sur la justice environnementale, un sujet qui permet d’explorer de nombreux angles, du droits des personnes disproportionnellement impactées par le changement climatique aux droits de la nature, puisque des juristes se battent aujourd’hui pour faire reconnaître une justice environnementale qui irait au-delà de l’humain. Nous allons aussi parler de l’agriculture, un domaine qui est confronté d’une manière très directe à la fois aux enjeux environnementaux et aux enjeux de genre, en portant un regard sur le territoire genevois. Nous aurons des collaborations avec des chercheuses, ainsi que des ateliers sur le rôle des médias comme vecteurs d’informations sur ces thématiques. Et puisque la triple injustice qui consiste à être plus impacté-e-x, moins responsable et moins écouté-e-x frappe aussi bien les personnes racisées que les femmes et les minorités de genre, on s’intéressera aux liens entre lutte pour l’environnement, féminisme et lutte antiraciste et décoloniale. L’idée, c’est que l’écologie ne peut pas faire l’économie des questions féministes et antiracistes, c’est-à-dire des droits sociaux au sens large. Nous nous sommes enfin également inspiré-e-x-s des théories et des mouvements écoféministes, qui ouvrent des espaces pour l’imaginaire et la création d’utopies. Nous tenions à proposer des activités pensées par des artistes, invitant à imaginer le monde différemment. » ■

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-vous z e d n e r s Le l’égalité e d e in a Sem

Ve 1.3 — Di 10.3 Le Service Agenda 21—Ville durable, les Bibliothèques municipales et leurs partenaires proposent une programmation d’ateliers et de tables rondes, ainsi qu’une bibliographie thématique

Programme en ligne dès le 5 février sur semaine-egalite.ch


Connexions

Un réseau social pour communiquer avec le passé Le jeu en ligne « Anna 1971 » plonge dans l’année où les femmes ont obtenu le droit de vote en Suisse. L’atelier « Rétro-réseau » s’en inspire, du 2 au 4 avril à la bibliothèque de la Cité. Nous sommes en 1971. Anna a 21 ans, elle vit à Winterthur, elle s’apprête à vivre un basculement dans une Suisse nouvelle où, enfin, les femmes ont le droit de vote. Mais pour l’instant, avant la votation du 7 février qui, avec 66% de « oui »,

marquera ce tournant, on ne sait pas encore, le débat est en cours, rien n’est sûr. Entre grands espoirs et coups de colère, Anna en discute avec sa famille et avec ses amie-s sur un réseau social. Car apparemment, nous nous trouvons dans une réalité parallèle, un monde où il existe déjà des réseaux sociaux en 1971… C’est l’immersion que propose le jeu en ligne Anna 1971, où on navigue sur le réseau dans la peau d’Anna, on interagit avec son monde et on découvre l’actualité de l’époque via des

vidéos surgies des archives de la RTS. L’atelier « Rétro-réseau » propose de franchir un autre pas, en inventant soimême, pendant trois jours de travail ludique guidé par des spécialistes du numérique et de la vidéo, un réseau social pour communiquer avec le passé, en piochant à votre tour dans les archives de la Radio Télévision Suisse.

En ligne — Le jeu en ligne : www.anna1971.ch — Les archives de la RTS : www.rts.ch/archives

Le rendez-vous Ma 2.4, 10h — Je 4.4, 13h Numérique / Atelier

Rétro-réseau Création d’un récit numérique à partir d’archives vidéo, en collaboration avec la RTS → BM Cité / Espace Le 4e ○ Tout public dès 10 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

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En vers

nota n°7

Le rendez-vous

Bienvenue dans la « vallée lyrique »

Ve 15.3 18h30-19h45

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Rencontre

Voir Montauk Rencontre-lecture avec l’autrice Sophie Dora Swan Dans le cadre du Printemps de la Poésie

Printemps de la Poésie

→ BM Saint-Jean ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Le saviezvous ? La Suisse romande est un territoire poétique. La preuve en un festival régional, où les BM s’embarquent avec rencontres, ateliers, spectacles et performances.

« L’Ouest de la Suisse possède désormais un formidable réseau Poésie. » 1 C’est avec cette déclaration saisissante, qui invite à voir l’ensemble de notre région comme « une vallée lyrique dans le monde », que l’association romande Lyrical Valley annonce l’édition 2024 du Printemps de la Poésie. Pendant deux semaines en mars, quelque 120 événements portés par une centaine de partenaires investissent de long en large ce territoire, « qui devient une scène ouverte de la poésie contemporaine ».

Mise en orbite par l’Université de Lausanne en 2015, la manifestation s’active pour que « la poésie devienne accessible à un large public ». Elle se veut « un symbole de vitalité et du rayonnement de la Suisse ouverte, plurielle, numérique, démocratique » et croit fermement que « la poésie peut jouer un rôle déterminant face aux défis de notre époque ». Partageant cette vision, les Bibliothèques municipales s’embarquent dans le volet genevois du festival avec 6 rencontres, ateliers, spectacles et performances.

En ligne Voir Montauk sur le site des éditions La Peuplade : lapeuplade.com/archives/livres/voir-montauk

1

Voir Montauk de Sophie Dora Swan, une enfant face aux gouffres de la mère Il y a des noms géographiques qui envoûtent, évoquant des lieux dont la promesse remplit une vie. « Voir Montauk » (son port de pêche au bout de Long Island, son phare vieux de 200 ans sur l’océan), c’est le souhait que répète inlassablement la mère de la narratrice, échouée au fond d’un lit de grande malade (« dépression sévère », « douleurs chroniques ») dans ce récit qui commence en prose et qui, toutes les quelques pages, glisse dans la poésie. « Avec la patience des enfants à l’heure du conte, j’écoute ta douleur et j’enterre la mienne. (…) Je cherche des mots pansements mais la boîte est vide comme ton regard », écrit Sophie Dora Swan, qui s’était expatriée à Genève, mais qui est rentrée dans son Canada natal pour faire connaître à ses propres enfants « les gentianes bleu roi et les abricots juteux » du pays d’origine. Ce faisant, elle refait les comptes avec son enfance hantée par les souffrances maternelles (« je dissèque les coulisses de mes culottes courtes en sautant à cloche-pied »), se demande comment « couper le cordon sans couper les ponts » et attrape peut-être, comme les bateaux dans la nuit de Montauk au large du phare, un éclair de lumière.

Selon la formule d’Antonio Rodriguez, directeur artistique et scientifique du festival, dans les « Orientations générales » du Printemps de la Poésie (en ligne : printempspoesie.lyricalvalley.org/orientations-generales-le-printemps-dans-la-vallee).

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u Les falaises de Saint-Jean à Genève, un des lieux évoqués dans Greg ou rien.


Greg ou rien de Guillaume Favre, l’éclat sombre d’un frère englouti

Les rendez-vous Printemps de la po ésie

« Son souffle haletant, sa marche effrénée, le bruit des cailloux contre ses chaussures » : c’est ce que Guillaume entend au téléphone avec son frère Grégoire, qui est en train de se faire engloutir par une forêt quelque part en Valais. Ce coup de fil sera le dernier : « Retrouvé sous un tronc et des branchages dans zone d’arbres abattus, près d’un chemin accidenté. D’où est-il tombé ? Du rocher 3 ou 4 ? »

Le rendez-vous Ma 19.3

Dans ce récit qui avance entre poésie et prose, Guillaume Favre plonge de manière obsédante dans la mémoire du frère. Artiste, écrivain, icône des pistes de danse dans sa jeunesse (« Look gothique, androgyne, mouvements lents, syncopés, qui lui valaient en boîte la faveur des femmes. À l’aube, le regard curieux de quelques passants »), Greg suscitait l’admiration en brillant d’un éclat paradoxal :

18h30-20h

Rencontre

Greg ou rien Rencontre-lecture avec l’auteur Guillaume Favre Dans le cadre du Printemps de la Poésie → BM Minoteries ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

« tout semblait si facile pour toi rien pourtant ne l’était ». Emporté par un élan sombre dont on aurait aimé mieux savoir lire les signes (« Il avançait vers la mort et je ne m’en suis pas douté »), Greg laisse au monde de l’art une œuvre débordante, à son frère le déferlement incontrôlable des souvenirs (« me sortent du sommeil, incongrus, encombrants, me froissent, me malmènent ») et l’équation impossible du deuil. « Il y a quelque chose d’insupportable à reprendre la vie telle qu’elle était avant. (…) Le risque serait par fidélité de devenir fantôme, mort-vivant, zombie, table tournante, bord de l’infini, bouche d’ombre, mais pas vraiment. » ■

En vers

Et aussi… Sa 23.3, 10h30-12h30 (BM Cité) et 14h-16h (BM Jonction)

i Ci-dessus : le phare de Montauk à Long Island, Etats-Unis.

« Délivre-moi tes secrets » Rencontre/atelier avec Bruno Gibert Voir p. 34

Dans le catalogue des BM — Guillaume Favre, Greg ou rien, Genève, Cousu mouche, 2023 (en rayon aux BM Servette et Saint-Jean) — Les autres livres de Guillaume Favre : genevebm.com/guillaume-favre

En ligne — La page de Guillaume Favre sur le site des éditions Cousu Mouche : www.cousumouche.com/?author=51 — Le site officiel de l’artiste et auteur Grégoire Favre (1977-2016) : gregoirefavre.ch

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En vers

nota n°7

« Typo poésie »

février — juin 2024

z-vous e d n e r Les oésie p a l e d ps Printem

Des poèmes qui jouent avec les pages De quoi est fait un poème ? Si on le dit à haute voix, il est fait de sons et de mots. Si on l’écrit, il est fait d’encre, de signes et de papier. Si on l’imprime, il est fait également d’une mise en page et de caractères typographiques. Et si le graphisme et les polices de caractères font partie intégrante de l’acte de création, le résultat appartient à la « poésie typographique », « typo-poésie » ou « typoésie » … L’éditeur Alain Berset et l’illustratrice Marfa Indoukaeva, de la maison d’édition genevoise Héros-Limite, explorent ce territoire pendant tout un après-midi à la bibliothèque des Eaux-Vives. Quatre questions à Alain Berset. Que se passera-t-il lors de cette plongée avec vous dans la « typo poésie » ? « Notre particularité en tant que maison d’édition est d’avoir notre propre atelier typographique, autrefois sur le site d’Artamis et aujourd’hui à la rue du Vélodrome, avec lequel nous réalisons les couvertures de nos livres, ainsi que des affiches et diverses autres choses. Nous publions notamment de la poésie, et nous animons régulièrement des stages et des ateliers dans ce domaine. Pour ce faire, nous avons créé un chariot avec une presse à épreuves qui permet d’imprimer de petites choses avec des lettres mobiles, que nous allons installer dans la bibliothèque. Le nom de notre maison, Héros-Limite, vient du titre d’un recueil de poèmes de Ghérasim Luca, un poète surréaliste roumain qui, en tant que non-francophone apprenant le français, a beaucoup joué sur les fautes de langage qui créent du sens. Dans l’atelier, nous allons partir de là pour créer des poèmes-images, avec un public d’enfants et d’adultes, en jouant avec la langue et avec les lettres. Typoésie était par ailleurs le titre d’une anthologie conçue par le poète Jérôme Peignot en 1993, qui recensait, à travers tout le 20e siècle, des poèmes qui

faisaient image avec la lettre. Du mouvement artistique Dada dans les années 1910 au mouvement Fluxus dans les années 1960, toutes les avant-gardes ont exploré ce domaine, celui du poème dans l’espace de la page »

Votre venue aux Bibliothèques municipales aura aussi un versant sonore… « Dernièrement, nous avons créé une collection de pièces sonores appelée “Un cinéma pour les oreilles”, réalisées par des artistes à partir de livres que nous avons édités. On peut les écouter sur notre site web, mais également via un petit dispositif mobile que nous avons créé dans ce but et qui sera également mis à disposition dans la bibliothèque. Donner des sons à écouter via des podcasts et des pièces sonores nous paraît une bonne manière de faire parler des livres et de donner envie de lire. »

Le rendez-vous

Comment définir en quelques phrases l’identité Héros-Limite ?

Sa 16.3

« En deux mots, nous restons une mai14h-17h Atelier son d’édition de poésie et de prose poéTypo Poésie tique, mais nous nous intéressons aussi à — Héros-Limite d’autres types d’expression, tels que des récits de vie ou des ouvrages autour de la Atelier de poésie typographique et rencontre géographie… à l’exclusion des romans, que nous ne publions pas. Nous publions pas mal Dans le cadre de traductions, d’auteur-e-s du 20e siècle du Printemps de la Poésie tout autant que contemporain-e-s. Et nous → BM Eaux-Vives ○ Tout public avons une manière d’éditer nos livres que nous définissons comme artistique et à une échelle humaine, avec 10-12 titres par an, loin des livres produits à la chaîne qui avalent tout leur passage. » ■

En ligne — Le site de la maison d’édition : heros-limite.com — Les pièces sonores : heros-limite.com/pavillon-sonore/un-cinema-pour-les-oreilles

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L’éditeur Alain Berset et l’illustratrice Marfa Indoukaeva, de la maison d’édition genevoise Héros-Limite, invitent enfants et adultes à créer des poèmesimages avec des caractères typographiques mobiles, le 16 mars à la bibliothèque des Eaux-Vives


En vers

o Le typo-poème « Lluvia » (pluie) de Felipe Boso.

i L’éditeur Alain Berset, créateur des éditions Héros-Limite Photo : Pierre Albouy

Dans le catalogue des BM : — Les livres de « typoésie » de Jérôme Peignot (à la BM Cité) : genevebm.com/jerome-peignot Typoésie, Paris, Imprimerie nationale, 1993 L’alphabet des lettres ou Le petit hamburgefons, Genève, JMA, 1994 — Les livres des éditions Héros-Limite : genevebm.com/heros-limite

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En vers

La comédienne Carole Schafroth a pioché dans des poèmes pour enfants, des histoires de famille et des techniques de ferronnerie pour créer un spectacle célébrant les mots qui tissent des liens, accueilli le 16 mars aux bibliothèques des Minoteries et de Saint-Jean.

nota n°7

Les rende Printemps z-vous de la poés ie

Un escargot à plumes, un cabaret en chantier, un personnage forgé dans le métal et une phrase coup-de-poing : « Dans ma famille, on ne parle pas » … C’est le mélange d’ingrédients qui donne vie au spectacle tout public Pas jeter les mots de Carole Schafroth, accueilli le 16 mars dans le cadre du Printemps de la poésie. Dans cette « forme brève » (15 minutes) au croisement du « théâtre d’objets » et de la marionnette, la comédienne et auteure genevoise explore, en vers et en prose, l’impact des mots qu’on ne dit pas et de ceux qui tissent des liens.

Comment est né ce spectacle ? « Il y avait ce livre dans ma bibliothèque, L’escargot à plumes de Jackie Poitevin, un recueil de poèmes pour le jeune public dont l’auteur était en fait l’oncle de mon amoureux. Glissées entre les pages, il y avait des lettres envoyées par cet oncle à mon amoureux, qui faisait du rap et qui lui avait fait écouter ses textes en lui demandant un avis. L’oncle, qui était poète et inspecteur des écoles, avait répondu en parlant de l’écriture, de la langue, de la parole… Il se trouve qu’à l’époque où j’ai décidé de travailler sur ce livre, j’ai eu une discussion très, très intense avec quelqu’un de ma famille au sujet de son lien avec sa famille d’origine. À la fin de la discussion, cette personne m’a regardée et m’a dit cette phrase : “Dans ma famille, on ne parle pas”. L’inspiration de ce travail fusionne ces deux familles qui ont des fonctionnements si différents dans leur manière de communiquer. D’un côté, la famille de mon amoureux, où on s’écrit et où on se parle (c’est en tout cas la sensation que j’ai, même si je sais que j’idéalise un peu). De l’autre côté, ma famille qui “ne parle pas”… C’est la première fois que je fais un travail ayant des aspects aussi intimes. C’est souvent en créant quelque chose qui va très profondément dans le personnel qu’on touche à quelque chose d’universel. Je le constate à chaque fois que je donne ce spectacle et que des spectateur-ices s’arrêtent et viennent me parler : je vois que ça résonne. »

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Sur scène, vous êtes seule, à l’exception d’un petit personnage en métal… « Jackie Poitevin avait un père forgeron et il avait gardé sa forge pour créer des objets en métal, devenant lui-même un peu ferronnier d’art. J’ai repris cette technique et cette matière en travaillant avec l’artiste genevois Malik Ramallo dans un atelier de ferronnerie-serrurerie au sein du centre culturel MottattoM. Nous avons produit tout un tas d’objets en métal, dont quelques-uns sont restés dans le spectacle. Sur scène, il y a donc les poèmes, le papier des lettres, le métal, mes propres textes… J’ai aussi une toute petite marionnette au début du spectacle, puis on part vraiment dans le théâtre d’objets, créant un univers avec mes mots et avec les images suscitées en manipulant ces matières. » 15 minutes : pourquoi un format si bref ? « Initialement, la forme courte vient du cadre où le spectacle a été créé : le Cabaret en chantier du Théâtre des Marionnettes de Genève, qui propose chaque année d’accompagner des créateur-ices qui ne viennent pas forcément du monde de la marionnette et qui veulent tester des choses dans ce domaine. Certains des spectacles issus de ce laboratoire sont devenus ensuite des formes longues, d’autres ont été abandonnés. Le mien, je l’ai gardé dans une forme courte, car je trouvais qu’il était entier en lui-même, comme une chanson ou comme une petite bulle d’amour. Si je décidais de l’allonger, ça le dénaturerait. J’ai été invitée le présenter au festival Orbis Pictus de Reims, consacré aux formes courtes marionnettiques, ensuite je l’ai surtout proposé dans des cadres où le public peut traîner dans le lieu après la représentation, plutôt que dans des salles qui ferment aussitôt après le spectacle… De ce point de vue, une bibliothèque, c’est idéal. » ■

u Carole Schafroth, seule sur scène avec du fer et du papier, dans le spectacle Pas jeter les mots Photo : Carole Parodi


En vers

« Pas jeter les m ts »,

d’am

ur

bulle

une petite Les rendez-vous Sa 16.3 Spectacle

Pas jeter les mots Un spectacle de Carole Schafroth Dans le cadre du Printemps de la Poésie → BM Saint-Jean 14h et 15h → BM Minoteries 10h15 et 11h15 ○ Durée: 15 minutes Tout public, dès 5 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

En ligne — La compagnie de Carole Schafroth : fabriqueinfinie.com — Le profil et les actualités de Carole Schafroth sur la plateforme comedien.ch : www.comedien.ch/comediens/carole-schafroth

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En vers

nota n°7

Les rendez-vous Printemps de la po ésie

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Prendre de l’âge, un processus plein de surprises… L’auteure Catherine Favre et l’illustratrice Joëlle Gagliardini lancent une expérience participative d’écriture, de dessin et de cueillette de signes, le 23 mars à la bibliothèque de la Cité.

« Au crépuscule, je n’ai pas sommeil » Un duo d’artistes interroge notre envie de vieillir « En prenant de l’âge, les couches de la personnalité deviennent plus nombreuses, on se complexifie. Je ne dis pas que c’est mieux ou moins bien, c’est comme les pommes et les oranges, c’est juste différent… » Ainsi la musicienne Björk résumait-elle, dans une interview de 2022 1, ce qui se passe lorsqu’on vieillit. Une manière de suggérer qu’en avançant dans les années, on ne devient pas simplement une version vintage de soi-même, mais que véritablement, on se métamorphose. On était une pomme, nous voilà orange. C’est en citant ces mots que Joëlle Gagliardini, « illustratrice du réel », et Catherine Favre, auteure, metteure en scène, comédienne et co-fondatrice de la compagnie théâtrale Matikalo, plongent dans le monde étrangement méconnu du vieillissement : un processus plein de surprises, toujours troublant, souvent plus riche et fascinant qu’on ne l’attendait. Installées entre les rayons de la bibliothèque, les deux artistes embarquent dans leur immersion le public du Printemps de la Poésie, mais aussi — une personne à la fois — les lectrices et les lecteurs qui se trouvent à passer par là. Leur proposition, intitulée Au crépuscule, je n’ai pas sommeil, commence par une performance immersive, étalée sur une journée entière, et se prolonge en une installation visible et lisible sur place pendant deux

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semaines. Au passage, elles déploient sur place un téléphérique de papier et un laboratoire chimique artisanal qui convertit — littéralement — l’écriture en peinture. Et si on commençait précisément par ça, un téléphérique installé dans les rayons de la bibliothèque de la Cité ? Catherine Favre : « Nous avons eu envie de parler de cette bascule qui s’enclenche quand on se sent vieillir, de ce qu’elle bouscule dans l’identité de chaque personne. Nous avons voulu explorer ce changement avec une parole plurielle, en récoltant des témoignages et en mêlant nos pratiques respectives du dessin et de l’écriture sur un mode de correspondance. Donc nous correspondons, Joëlle et moi, par un petit téléphérique très artisanal, entre deux petites alcôves où nous sommes installées pour récolter les témoignages du public, moi par écrit, Joëlle par le dessin. On tire sur un fil pour se passer les feuilles, on s’envoie cette cueillette, ensuite j’écris sur la base de ce qu’elle a dessiné, et inversement. C’est ainsi que nous avons imaginé le dispositif, complété par un accrochage de textes et dessins qui envahissent les rayons et inscrit dans une scénographie réalisée par Mathieu Loth de la compagnie Matikalo. »

« Björk pour la sortie de son nouvel album Fossora », Totémic, France Inter, 6 octobre 2022. À écouter en ligne : www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/totemic/totemic-du-jeudi-06-octobre-2022-3665284

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En vers

Comme dans un Luna Park de l’intime, il y aura également d’autres attractions… Catherine Favre : « Il y a plusieurs postes dans la bibliothèque, dont certains sont consacrés à des propositions d’écriture en solitaire. À un endroit, les gens sont invités à décrire de quelle manière ils auraient envie de vieillir, livrant des témoignages qui ne seront lus par personne, mais qui vont traverser, dans les mains de Joëlle, une véritable transformation. De mon côté, je suis installée devant une machine à écrire et je demande aux personnes qui viennent me voir quels ont été pour eux les premiers signes de vieillesse (j’ai été surprise, au passage, de découvrir que ces signes sont perçus beaucoup plus tôt qu’on ne le penserait, souvent à partir de la vingtaine). Je n’écris pas pendant que les gens se racontent, pour éviter que la situation évoque une déposition de police… J’accueille ces propos, j’écris lorsque la personne est partie, et ensuite je donne le texte à une autre visiteuse ou à un autre visiteur, en échange de son propre récit. De cette manière, chaque personne reçoit le témoignage d’une autre, de façon anonyme. L’idée, c’est de faire circuler la parole sur ce sujet particulièrement délicat, en créant, de façon un peu souterraine, un lien entre les différentes personnes qui se trouvent dans la bibliothèque. Pour que leur parole agisse, il faut que ça infuse et que ça se diffuse. »

Vous avez monté une première version d’« Au crépuscule… » en 2023 lors des Chantiers du Théâtre à Villeneuvesur-Yonne. Avez-vous été surprises du résultat ? Joëlle Gagliardini : « J’ai surtout été marquée par l’attitude des personnes qui participent, par la façon dont elles changent à partir du moment où on les écoute et où on les amène à parler de ce sujet. C’est très beau de voir ce moment où les gens se posent, se tournent vers l’intérieur d’euxmêmes, se mettent à réfléchir, et tout à coup il y a quelque chose qui se passe. À partir de là, ils vont souvent très vite, c’est très dense, on entrouvre cette petite porte et tout de suite ça déferle, comme s’ils n’avaient jamais véritablement parlé de toutes ces choses. J’ai même l’impression que ce qu’on fait avec Catherine, les textes et les images, n’a finalement presque pas d’importance à côté du fait que tout à coup, les participant-e-s ont eu un espace pour parler. » ■

Le rendezvous Sa 23.3 10h-17h

Performance

Au crépuscule, je n’ai pas sommeil Une expérience participative poétique et intimiste Dans le cadre du Printemps de la Poésie → BM Cité / Carré de médiation 1er étage ○ Adultes

En ligne — La compagnie Matikalo : www.matikalo.com — Le site de Joëlle Gagliardini : www.labobinette.fr

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Envols

Genève lac des signes Depuis 2021, la plateforme hypercity.ch des Bibliothèques municipales propose de naviguer (virtuellement et/ ou physiquement) dans l’espace urbain pour plonger dans le réseau d’histoire(s) qui tisse Genève. Les trois volets déjà existants offrent des séries de récits en podcasts par quartier (« Histoire(s) et imaginaires de nos rues »), des montages de séquences de films tournées dans l’espace public genevois (« Genève, ça tourne ») et une constellation de morceaux de musique dont les paroles ou les clips sont connectés à des emplacements du territoire (« Pop Genève »). Le nouveau volet, « Genève lac des signes », propose deux nouveaux parcours. Le premier, lancé le 21 mars, explore les aventures d’Hélène Smith/ Élise Müller, médium genevoise et superstar surnaturelle (lire ci-contre). Le second, inauguré le 21 juin et intitulé « Signes et prodiges dans le ciel genevois », se roule dans les multiples façons dont Genève a cru que le ciel lui faisait signe. On y rencontre entre autres le pasteur Simon Goulart, chasseur d’OVNI au 16e-17e siècle. On y croise des phénomènes urbains de paréidolie (c’est ce qui se passe quand notre cerveau croit voir un visage qui n’est pas là). Et on y découvre des jeux de lumières païens qui éclatent au cœur de la cathédrale Saint-Pierre lors des équinoxes et des solstices… Rendezvous en ligne et sur le goudron urbain pour des immersion en mode autonome ou des balades guidées (dates ci-contre et sur hypercity.ch).

nota n°7

En 1900, une vendeuse des RuesBasses devient une célébrité en parlant aux esprits et en visitant d’autres planètes… Dès le 21 mars, un parcours et des podcasts sur la plateforme hypercity.ch explorent l’histoire d’Hélène Smith/Élise Müller

Les voyages -vous z e d n e r s Le martiens Hypercity d’une reine de Plainpalais L’histoire commence ici, à l’entrée de Confé­ dération Centre, au moment où des admiratrices et admirateurs se pointent, venant parfois d’aussi loin que les États-Unis, dans l’espoir de voir une femme qu’on dit prodigieuse. Elle s’appelle Élise Müller, on la connaît sous le nom d’Hélène Smith, c’est une employée de commerce genevoise qui travaille le jour entre les tissus de soie et qui, le dimanche et le soir après le boulot, parle aux esprits et visite la planète Mars. On est en 1900 et, bien sûr, à cette époque Confédération Centre n’existe pas. Au 8, rue de la Confédération (qu’on appelle à ce moment-là rue des Allemands) s’érige le grand magasin Badan, où Élise/Hélène est cheffe de rayon. Un livre au succès inattendu, Des Indes à la planète Mars de Théodore Flournoy, vient de paraître et de faire de cette femme une célébrité mondiale. L’ouvrage décrit les exploits d’Élise/Hélène en tant que médium, la manière dont des âmes illustres semblent prendre le contrôle de son corps, la façon dont elle revit ses existences passées de reine de France et de princesse indienne,

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la fluidité avec laquelle elle s’exprime dans plusieurs langues extraterrestres.

Avec les doigts et avec les pieds Ce lieu, à l’endroit où les Rues-Basses s’élargissent côté lac vers la place de la Fusterie et s’embranchent côté colline vers l’actuelle bibliothèque de la Cité, est le point de départ d’une série de podcasts déclinée en parcours urbain, qui plonge dans l’histoire troublante et romanesque de cette Genevoise acclamée comme une superstar surnaturelle. « Les voyages martiens d’une reine de Plainpalais, ou Les jeux d’esprit(s) d’Hélène Smith/Élise Müller » est une des explorations que propose en 2024 la plateforme hypercity.ch des Bibliothèques municipales, qui invite à explorer (virtuellement, avec ses doigts, ou physiquement, avec ses pieds, dans tous les cas avec ses oreilles et/ ou ses yeux) le réservoir d’histoire(s) qui fait Genève. On s’immerge dans la vie et la ville d’Élise/Hélène en naviguant du Centre-Ville à la plaine de Plainpalais via la rue Jean-Violette


Envols

Les rendez-vous Samedi 23 mars 14h

Balade guidée

Les voyages martiens d’une reine de Plainpalais ou Les jeux d’esprit(s) d’Hélène Smith/Élise Müller → Lieu de rendez-vous : BM Cité / Accueil (rez de chaussée) ○ Adultes Inscription △ bmgeneve.agenda.ch

Samedi 22 juin 14h

Balade guidée

Signes et prodiges dans le ciel genevois

(qui s’appelle alors rue de la Violette), base terrestre de la médium à l’époque où elle commence à explorer en transe la planète Mars. Deux savants genevois participent activement à ces séances spirites, le pionnier de la psychologie Théodore Flournoy et le fondateur de la linguistique Ferdinand de Saussure. La manière dont la médium crée des mondes en s’immergeant dans les couches oubliées de son esprit, et la façon dont elle invente une langue martienne, contribuent ainsi à la formation de deux disciplines

scientifiques consacrées à l’étude des signes : signes d’une vie mentale qui échappe à notre conscience, signes qui créent du sens et du lien en formant le langage. Pendant ce temps, pour Élise/Hélène ellemême, ces aventures spirites sont une manière de remuer littéralement ciel et terre pour se faire une place, s’approprier sa vie et faire du sens de façon autonome dans un monde façonné par le pouvoir des hommes. Élise/Hélène a quitté définitivement la Terre depuis près de cent ans, mais son histoire continue à nous faire signe. ■

→ Lieu de rendez-vous : Plaine de Plainpalaisà la hauteur de L’ODRRE N’A PAS D’IPMROTNCAE (av. Henri-Dunant 9) ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Autres balades guidées : dates sur hypercity.ch

En ligne — Le parcours de podcasts — La Bibliothèque de Genève (BGE) s’est aussi intéressée « Les voyages martiens d’une reine de Plainpalais, à Élise Müller/Hélène Smith, lui consacrant en 2023 une ou Les jeux d’esprit(s) d’Hélène Smith/Élise Müller » exposition accompagnée d’une brochure : (dès le 21 mars) : www.bge-geneve.ch/sites/default/files/2023-10/ hypercity.ch/collection/lac_signes/parcours/ guide_2023_elise_muller.pdf helene_smith — et des articles de blog : — Le parcours de podcasts blog.bge-geneve.ch/tag/elise-muller « Signes et prodiges dans le ciel genevois » (dès le 21 juin) : — Elle conserve par ailleurs les archives d’Élise/Hélène : hypercity.ch/collection/lac_signes/parcours/ archives.bge-geneve.ch/archive/catalogue/persname/ ciel_genevois smith--helene

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nota n°7

Les rendez-vous rets Délivre-moi tes sec

février — juin 2024

Aux bibliothèques de la Cité, des Eaux-Vives et de la Servette, les albums jeunesse ouvrent leur arrière-boutique. Dans ce cycle de rencontres et d’ateliers, on croise une « ingénieure papier », un partisan de l’inutile et un père perplexe

« Délivre-moi tes secrets » les coulisses des livres, entre magie et ingénierie 32


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Le rendez-vous

Marion Bataille, les jeux en 3D d’une « ingénieure papier »

Sa 3.2 10h-12h

Qu’est-ce qu’elle est ? « Auteure, graphiste, illustratrice », disent ses notices biographiques, mais ça ne suffit pas. Marion Bataille fait tout ceci (écrire des textes, créer des images, faire des mises en page), mais surtout, elle invente des manières de prendre une page, de la dresser, de la découper, de la plier, de la développer pour obtenir des volumes, des mécanismes, des objets. Elle est ce qu’on appelle une « ingénieure papier ». Née à Paris en 1963, pionnière du pop-up alors qu’elle est installée à Londres à la fin des années 80, elle se fait connaître internationalement avec son abécédaire animé ABC3D, où les lettres se transforment l’une dans l’autre lorsqu’on tourne les pages. En parallèle à sa carrière d’illustratrice (notamment pour la presse et pour des couvertures de romans), elle continue au fil des décennies

à créer des livres qui déploient des chiffres et des lettres en 3D lorsqu’on les feuillette, comme des numéros d’acrobate dans un cirque en papier. Lors de la rencontre/atelier du 3 février à la bibliothèque des Eaux-Vives, Marion Bataille présente son alphabet de cartes à animer AOZ ou l’atelier du typographe, invitant les enfants à apprivoiser l’écriture en s’appropriant la lettre comme un jeu de construction. Marion Bataille est également invitée dans le cadre de P.A.G.E.S., Salon du livre d’artiste et de l’imprimé contemporain, à la la HEAD—Genève, Haute école d’art et de design (en ligne : www.p-a-g-e-s.ch).

Rencontre / atelier

« Délivre-moi tes secrets » avec Marion Bataille, autrice et graphiste → BM Eaux-Vives ○ Jeune public, dès 6 ans (accompagné-e d’un-e adulte) △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

En ligne Le site de Marion Bataille : www.marionbataille.com

Les livres de Marion Bataille dans le catalogues des BM genevebm.com/marion-bataille — Numéro, Paris, Albin Michel-Jeunesse, 2013 (aux BM Eaux-Vives et Jonction) — ABC3D, Paris, Albin Michel, 2009 (aux BM Cité, Eaux-Vives, Saint-Jean)

— Bruits, Paris, Thierry Magnier, 2016 (à la BM Eaux-Vives) — Bruits, Paris, Magnier, 2005 (BM Cité et Jonction) — La poésie surréaliste, Paris Mango, 2001 (BM Servette)

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nota n°7

février — juin 2024

Les rendez-vous Sa 23.3 10h-12h et 14h-16h

Rencontres

« Délivre-moi tes secrets » avec Bruno Gibert Dans le cadre du Printemps de la Poésie → BM Cité / Le Multi (10h-12h) ○ Jeune public, dès 9 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch → BM Jonction (14h-16h) ○ Jeune public, dès 7 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

En ligne La page Instagram de Bruno Gibert : www.instagram.com/bruno.gibert

Bruno Gibert, un partisan de l’inutile qui envahit nos vies Entre l’enfance et l’âge adulte, Bruno Gibert fait la navette. Et entre les deux, si on se fie aux chiffres, on dirait que les enfants gagnent : parmi les livres de l’auteur-illustrateur français, on compte une quarantaine d’albums écrits et dessinés pour le jeune public, contre une demi-douzaine de romans pour grandes personnes… Parmi ses dernières publications, Le grand livre de l’inutile (2023) se distingue par sa propension à déborder de ses pages et à envahir nos vies : nous voici invité-e-s à souffler sur les pages pour éteindre des bougies d’anniversaire, à « lire une histoire à voix haute en enlevant les R » et, au bout du compte, à nous demander ce qu’est un livre et ce que son auteur-e attend de l’enfant ou de l’adulte qui le lit.

Dans le catalogues des BM Les livres écrits et/ou illustrés par Bruno Gibert : (il y en a 43, trop nombreux pour les énumérer…) genevebm.com/bruno-gibert

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vous z e d n e r Les ecrets s s e t i o Délivre-m

Thomas Grand aplatit l’anxiété de la paternité Qu’est-ce que c’est que cette horreur, se demandet-on en plongeant dans cet album, où un vieil ogre logé en bordure de la ville dans une forêt est surpris par une petite fille alors qu’il est en train d’aplatir — littéralement — un garçon à l’aide d’une machine. Comme la jeune protagoniste, on tente de comprendre : si le vieil homme met les enfants à plat et s’il les range entre les pages d’un livre comme dans un herbier, c’est en fait, à ses yeux, pour les protéger d’un monde dangereux. Mais la petite fille n’est pas d’accord avec cette approche, et un bouleversement s’ensuit… Connu jusqu’ici comme graphiste, mais aussi comme créateur de chansons, le Carougeois Thomas Grand entraîne son monde dans cette étrange rêverie en publiant son premier album, Le vieux qui aplatissait les enfants. Le livre mêle l’aquarelle, l’acrylique, l’encre, le crayon de couleur, et les souvenirs de la période où Thomas Grande est devennu papa. « L’élément déclencheur a été la naissance de ma fille en 2017. De nature plutôt anxieux, je pourrais facilement vivre dans un cabane au fond des bois. (…) Puis, des montagnes de questions ont surgi dans ma tête sur ce que c’est que de devenir “parent”. Comment tenter de donner des ailes à nos enfants ou en tout cas essayer de ne pas les leur couper par maladresse ou peur de les perdre », raconte-t-il sur le site des éditions Askip. Installées à Lausanne, celles-ci ont pour particularité de ne sortir qu’un livre par Sa 4.5 an, en abordant « chaque projet comme une aventure » et en faisant 15h-16h Rencontre en sorte que leurs livres « soient « Délivre-moi tes secrets » racontés, regardés, manipulés par Thomas Grand nous lit… de grandes et petites mains le plus Le vieux qui aplatissait longtemps possible ». ■

Le rendez-vous

les enfant

En ligne Le site des éditions Askip : askip.ch

→ BM Eaux-Vives ○ Tout public dès 7 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

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En signes

nota n°7

février — juin 2024

vous z e d n Les re es signes d Langue

Des bébés qui signent avant de parler

Des ateliers aux BM Cité, Minoteries, Pâquis et Servette proposent d’introduire des mots en langue des signes dans la communication avec les enfants de 6 à 2 ans.

On change de monde, si vous voulez bien. On quitte celui où le mot « signer » veut dire bêtement « faire une signature » et on entre dans un autre, où il signifie aussi « s’exprimer en langues des signes ». Pour ce faire, on se glisse dans un coin de bibliothèque abrité comme une bulle, on se pose sur des coussins placés en cercle par terre et on tourne le regard vers une femme qui signe, justement, en bougeant ses mains et en scandant une comptine : « Je suis un bébé / Qui aime communiquer / Avant de parler / Je veux pouvoir signer / Pour te dire ce que j’aime / Pour te dire je t’aime / Et pour que tu me comprennes » …

Nous sommes dans l’un des ateliers organisés avec l’association Signons-Ensemble, déclinés jusqu’en juin dans plusieurs bibliothèques pour explorer l’univers étonnant de la communication signée avec les bébés. Ce n’est pas une langue des signes à part entière, c’est plutôt une petite collection de gestes qui désignent des élans ou des besoins : « maman », « papa », « manger », « dormir », « encore » … L’association Signons-Ensemble propose ces signes aux familles et aux professionnel-le-s de la petite enfance, avec un double objectif. Il s’agit d’esquisser un langage commun entre parents et enfants, avant même que les bébés sachent contrôler les muscles faciaux nécessaires pour parler (ce qui se passe entre 18 mois et deux ans). Il s’agit, aussi, d’acquérir quelques bases pour pouvoir communiquer avec des enfants qui n’entendent pas.

« Répéter, répéter, répéter, répéter » Dans l’atelier auquel on assiste, un matin de novembre à la bibliothèque des Eaux-Vives, les adultes reproduisent les signes avec application. Les bébés ? Pas tout à fait. Il s’agit, à ce stade, d’une petite dégustation pour donner envie, plutôt que d’un tutoriel pour tout apprendre sur place. « Nous suggérons aux parents de choisir un ou deux signes parmi les plus courants et de les répéter, répéter, répéter, répéter », explique Billy Hélène Dourthe, qui anime cet atelier. Que disent les parents ? Qu’est-ce qui les amène ici ? « Je voudrais que ma fille soit capable de communiquer avec des personnes malentendantes… et qu’elle connaisse, tout simplement, une langue de plus », répond Akshita Madhan. « Il m’est arrivé de rencontrer des personnes

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u Atelier « Signons-Ensemble » à la bibliothèque des Eaux-Vives, animé par Billy Hélène Dourthe / Photos : Lisa Frisco


En signes

malentendantes et j’avais du mal à communiquer. Tout le monde devrait avoir une petite base de langue des signes. Pour ma fille, c’est aussi une occasion de rencontrer d’autres enfants et une stimulation pour son développement intellectuel », lui fait écho Amira Haugrel.

Aux sources des « baby signs » D’où vient l’idée ? Les associations promotrices de cette approche évoquent deux sources. La première date des années 1980, lorsqu’un interprète américain en langue des signes, Joseph Garcia, croit remarquer que les enfants de parents sourd-e-s commencent à communiquer plus tôt, en imitant les gestes, que les enfants des familles entendantes. Cette précocité s’expliquerait par le fait que le contrôle musculaire des bras et des mains se développe, chez les bébés, quelques mois avant la maîtrise des muscles du visages qui serviront à parler. En parallèle aux explorations de Garcia, un duo de chercheuses en psychologie de l’Université de Californie à Davis, Linda Acredolo et Susan Goodwyn, s’intéresse aux gestes que les bébés inventent spontanément pour communiquer, et à la manière dont ce penchant naturel peut se développer en un langage appris et partagé. Cet apprentissage risquet-il de compliquer la vie des bébés, interférant avec le développement de la parole ? Apparemment pas : globalement, les études scientifiques menées sur ces baby signs ne montrent pas d’effets sur l’acquisition du langage parlé. Si un inconvénient potentiel existe, ce serait plutôt celui d’accroître les injonctions pour les parents, les faisant sentir incompétent-e-s si leur bébé ne signe pas avant de parler. Dans l’immédiat, si on évite de se mettre cette pression, les signes pour bébés s’ouvrent comme un terrain ludique et communicationnel à expérimenter. ■

Les rendez-vous Signons-Ensemble ! L’univers des signes en compagnie de votre bébé → BM Pâquis (Lire avec bébé, signé !) Me 7.2 10h-10h30 → Ludothèque des Pâquis, rue de Berne 50 Me 14.2 10h-10h30 → BM Minoteries Me 14.2 10h-10h30 → BM Cité / Le Tronc commun (2e étage) Ve 16.2 10h30-11h15 Ve 15.3 10h30-11h15 Ve 19.4 10h30-11h15 → BM Minoteries. Sa 25.5 10h30-11h15 → BM Servette Sa 1.6 10h30-11h15 ○ Petite enfance, de 6 mois à 2 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

En ligne www.signons-ensemble.ch

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En signes

nota n°7

février — juin 2024

L’imbécile cache-t-il un sage ? (Et autres rendez-vous en langue des signes) Les Eaux-Vives (2 mars) et la Jonction (27 avril) explorent la bêtise éclairée de Nasreddine en sons et en signes. Et des traductions signées sont au programme dans toutes les BM.

Les rendez-vous avec Nasreddine Sa 2.3 et 27.4 15h-16h

Spectacle

Nasreddine, le Fou, le Sage, en Trio Conte en musique, en français, en arabe et en langue des signes (LSF) → BM Eaux-Vives (le 2.3) et BM Jonction (le 27.4) ○ Tout public, dès 8 ans Inscription △ bmgeneve.agenda.ch

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Il y a des gens tellement bêtes qu’ils ont l’air géniaux, et viceversa. Nasreddine appartient, dit-on, à la seconde catégorie, celle des personnes dont les actes et les propos apparemment absurdes cachent — peut-être — un puits de sagesse… Connu sous plein de noms selon les pays et les langues, Nasreddine Hodja incarne le personnage du « fou sage » (ou de l’« imbécile sage ») dans les traditions des mondes arabo-musulmans.

Nasreddine débarque aux EauxVives et à la Jonction porté par trois hommes : le conteur tunisien Lassaad Rehouma, qui le raconte en français et en arabe, son confrère suisse Serge Aubonney, qui est sourd et qui s’exprime en langue des signes, et le musicien algérien Adel Degaïchia, qui chante et joue de plusieurs instruments même si, aveugle, il ne les voit pas. ■


Découverte

Les rendez Langue de vous s signes

Autres rendez-vous de la programmation culturelle « Fais-moi signe ! » traduits en langue des signes française (LSF) Sa 10.2 — Sa 30.3

Ve 15.3

Horaires d’ouverture de la bibliothèque Exposition

18h30-19h45

« Des signes et moi »

Rencontre-lecture avec l’autrice Sophie Dora Swan

D’après le livre de Cendrine Genin et Séverine Thévenet → BM Saint-Jean ○ Tout public

Sa 2.3 11h-12h30

Visite guidée

Rencontre

Voir Montauk

→ BM Saint-Jean ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Ma 19.3 18h30-20h

Rencontre

ENVOYÉ ! Une vie de correspondances

Greg ou rien

Visite guidée, en LSF et en français, du parcours thématique

→ BM Minoteries ○ Adultes △ Inscription minoteries.bmu@ville-ge.ch

→ BM Cité / Le Multi ○ Tout public, dès 12 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Rencontre-lecture avec l’auteur Guillaume Favre

Jeu 18.4 19h-20h30

Rencontre

Les lettres retrouvées — Pierre Mathiote Rencontre avec l’auteur/ réalisateur et les Archives de la Vie Privée, Carouge → BM Cité / Le Multi ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Ma 23.4 19h-20h

Sa 4.5

Conférence

Des rouleaux au codex : une brève histoire du livre manuscrit et des écritures anciennes Conférence de Nicolas Ducimetière, vice-directeur de la Fondation Martin Bodmer

15h-16h

Avec la collaboration des éditions ASKIP → BM Eaux-Vives ○ Tout public dès 7 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

→ BM Servette ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Sa 18.5 13h-18h

Sa 27.4 14h-15h

Atelier

Sound off Échange de mondes entre sourd-e-s et entendant-e-s → BM Pâquis ○ Tout public dès 12 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Rencontre

Thomas Grand nous lit… Le vieux qui aplatissait les enfants

Jeux vidéo

Tournoi Super Smash Bros × LSF → BM Cité / Espace le 4e ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Sa 8.6 14h-15h

Atelier

Sound off Échange de mondes entre sourd-e-s et entendant-e-s → BM Servette ○ Tout public dès 12 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

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En langues

nota n°7

février — juin 2024

Inventer une langue,

créer un monde Hiiwaa : c’est le nom de la langue que rita elhajj et lucas cantori ont créée en 2021, inventant ses sonorités, son écriture, son vocabulaire et sa traduction en langue des signes. C’est aussi une des langues dans lesquelles rita elhajj a écrit Étranges nébuleuses, récit de sciencefiction où on croise des « entités sous l’eau », des livraisons de fast food par drone, une « pyramide durable » et une communauté qui résiste face à des robots de surveillance semi-aquatiques. Pour partager ces expériences et la conviction qu’inventer une langue, c’est (un peu) créer un monde, le duo propose des ateliers. En attendant le rendez-vous prévu à la bibliothèque des Eaux-Vives le 20 avril, rita elhajj répond à quelques questions. Pourquoi vous êtes-vous mise à inventer des langues ? « En 2020, j’ai été invitée par les éditions Clinamen à écrire un texte de science-fiction. J’ai créé une histoire tournant autour de quatre femmes qui se retrouvent en un lieu appelé le site flottant, d’où chacune voyage en faisant un “transfert de monde”. Ces voyages sont aussi des transferts de langue, de culture, de vécu, de paysage. C’est de là qu’est venue l’idée d’écrire le texte en quatre langues : l’arabe libanais, lié à mes origines, le français, l’anglais… et du coup m’est apparue la nécessité d’en inventer une quatrième. Avec lucas, qui est coéditeur de Clinamen avec Roxane Bovet, nous avons décidé de nous y mettre ensemble et nous avons créé la hiiwaa. »

ous Les rendez-v ntées e v in s e u g n a L 2

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Un signe graphique représentant un mot ou une idée.

Comment avez-vous construit la langue hiiwaa ?

rita elhajj et lucas cantori ont créé une langue pour faire parler les héroïnes d’un livre de science-fiction. Le 20 avril à la BM Eaux-Vives, le duo propose des ateliers pour inventer d’autres langues. 1

« Nous avons commencé par créer cinq “piliers”, chacun associé à un idéogramme 2 : le ciel, la racine, le rocher, le pelage et la graine. Chaque pilier existe en deux variantes, celle du jour et celle de la nuit, avec deux idéogrammes qui se répondent en miroir. Chaque pilier correspond 1 Ce n’est pas une coquille : le duo choisit d’écrire ses noms aussi à un son. Le ciel du sans majuscules. jour, c’est ou’, le ciel de la nuit, c’est fshww. À partir de ces cinq piliers, nous avons commencé à construire des mots en les combinant : le subconscient, par exemple, c’est fshww-gni, composé de ciel de la nuit et de racine de la nuit… Nous avons créé une soixantaine de mots. Pour faire entendre la version orale de la hiiwaa, nous avons fait un livre audio disponible en ligne, avec quatre femmes artistes (ghalas charara, youmna saba, jessica maria nassif et shatha al deghady) qui parlent français, anglais et arabe, et qui ont appris la hiwaa en l’enregistrant. » Quelles sont les singularités de la langue hiiwaa ? « En hiiwaa, il y a des noms et des verbes qui n’existent qu’au pluriel, en mode collectif, comme aimer ou danser. C’est une langue dans laquelle le je, l’individualité et le possessif n’existent pas, on parle tout le temps en collectivité. Au niveau de la syntaxe, nous avons décidé que le sujet vient toujours à la fin de la phrase et que le verbe est tout le temps au début… La


Sa 20.4 10h-12h

Atelier

Olololo de nouvelles langues Un atelier d’invention de langues → BM Eaux-Vives ○ Jeune public dès 8 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

« Les quatre langues du texte sont complémentaires. Si on en lit une, on accède à une certaine dimension de l’histoire, si on en lit deux, on accède à une nouvelle dimensions des personnages et de leur monde… et la quatrième, ce n’est pas possible de la lire, parce que c’est la hiiwaa. Pour lire ce texte, il faut donc arriver à se dire qu’il y a des choses auxquelles on n’accédera pas. Mais pour aider un peu les lecteurs et lectrices, nous avons créé une carte où nous expliquons quelques idéogrammes en hiiwaa. » Qu’allez-vous proposer dans les ateliers aux Bibliothèques municipales ?

« Il ne s’agit pas d’apprendre la hiiwaa, mais d’inventer d’autres langues nouvelles. Chaque participant-e peut créer la sienne, en choisissant si elle est écrite, parlée, exprimée dans un langage gestuel. Notre instruction de base est : pensez à un mot qui n’existe pas dans votre langue et dont vous aimeriez qu’il existe dans votre langue inventée… Dans un des ateliers que nous avons déjà donnés, il y avait un participant qui n’arrivait pas à démarrer. Ce qui lui a permis de se lancer, c’est de repenser à sa mère qui, quand il était enfant, parlait avec ses proches une langue qu’il ne comprenait pas et qui n’existe plus. À partir de là, il à essayé de s’en rappeler, en inventant une langue basée sur le souvenir d’une langue perdue. » ■

En ligne — Les éditions Clinamen : editions-clinamen.com — L’audiobook Étranges nébuleuses : soundcloud.com/editions-clinamen/audiobook-ritaelhajj

de u n s , lie tio e L M ma B or f

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Le rendez-vous

Faut-il parler hiiwaa pour lire Étranges nébuleuses ?

L B es f M o rm , li a eu t io de de n u n s lie tio Le , a BMorm f

hiwaa est construite à partir du français, qui était notre langue commune, mais il y a des règles du français qu’il était important de ne pas reproduire. Inventer une nouvelle langue est donc un moyen de déconstruire celles que nous parlons déjà. Une personne qui veut l’apprendre peut le faire à sa propre manière, car nous ne voulions pas non plus donner des règles précises sur sa transmission. »

4 questions à Giordana Kigouk-Bongioanni Étudiante en Information Science à la HEG et bibliothécaire auxiliaire le dimanche à la BM Cité Comment êtes-vous arrivée dans cette formation ? « Ma motivation principale étaient l’amour des livres, l’envie de le partager et le souhait d’être dans le service au public. C’est un changement de carrière, j’ai donc pris le temps de réfléchir avant de me lancer. Avant, j’étais dans les ressources humaines et dans la gestion de bases de données : j’aime le service aux personnes, j’aime quand les choses sont bien ordonnées. Ici, je retrouve à la fois ces deux aspects, plus les livres… » Que cherchez-vous dans le monde des livres ? « Découvrir de nouvelles choses et de nouveaux mondes, voyager dans le temps ou dans d’autres pays. Quand je lis, je vais complètement ailleurs. » Qu’est-ce qui vous a surprise en bibliothèque ? « La chose à laquelle je m’attendais le moins était, pendant la brève formation pratique en vue des dimanches ici, tout un pan sur la gestion de conflit. Je n’y avais pas pensé, mais c’est évident, dès qu’il y a un service et un contact avec le public il peut y avoir des situations tendues… Pour l’instant j’ai eu de la chance, ça ne m’est pas arrivé. » Vos études ouvrent en fait sur plusieurs professions, avez-vous déjà choisi ? « Travailler les dimanches ici m’a confortée dans la conviction que c’est ça : j’adore. Rien que le fait de voir les livres, les toucher, en parler, les ranger… C’est clair, c’est ça que je veux faire. »

i Dans ces images : des caractères de la langue hiwaa, inventée par rita elhajj et lucas cantori

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En question

nota n°7

février — août 2024

Des campagnes de bannissement frappent depuis 2021 des livres liés aux identités noires et LGBTQIA+ aux États-Unis. Qu’en est-il à Genève ? Que font les BM ?

Faut-il brûler des livres ? Non, mais… « Faut-il brûler Tintin ? » « Faut-il brûler Sagan ? » « Faut-il brûler Voltaire ? » « Faut-il brûler Victor Hugo ? » Ce n’est pas nous qui posons ces questions, ce sont respectivement deux livres sortis l’année dernière, un colloque international prévu cet été et un article publié par un journal romand en 2020. Faut-il brûler des livres ? Dans la mémoire collective, l’image renvoie aux bûchers organisés en Allemagne pour combattre l’« esprit non allemand » lors de l’instauration du nazisme en 1933. Le mot autodafé (« acte de foi » en portugais), utilisé pour désigner ces destructions, prolonge, lui, un souvenir plus lointain : dans l’Espagne de 1500, les tribunaux catholiques de l’Inquisition brûlaient des ouvrages liés aux religions juive et musulmane et aux variantes de la foi chrétienne jugées hérétiques. Si on cherche encore plus loin, on trouve des manuscrits brûlés, parfois par bibliothèques entières, dans la Chine de l’empereur Qin Shi Huang vers 200 av. J.-C. ou dans la Rome de l’empereur Constantin autour de l’an 300.

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Comparé à ces flambées, on brûle moins aujourd’hui. Oui, des prêtres ont incinéré Harry Potter et Twilight dans la ville polonaise de Koszalin en 2019. Oui, des écoles catholiques de l’Ontario ont brûlé la même année un lot de livres jugés racistes à l’égard des Autochtones (un des rares cas où on n’a pas brûlé les livres d’une population « autre » mais ceux de sa propre culture, dans une volonté de réparation des torts infligés). Et oui, l’expression « Faut-il brûler… » court toujours dans les maisons d’édition et les médias (« Faut-il brûler TikTok ? », se demandait la RTS fin 2022). Mais si ces flammes nous reviennent à l’esprit, c’est surtout depuis la vague de bannissements d’ouvrages (book bans) dans les bibliothèques américaines, lancée en 2021 par des politicien-ne-s républicain-e-s et des organisations de parents conservatrices telles que les « Moms for Liberty ». Selon l’American Library Association (ALA), association des bibliothèques

américaines, 1’915 titres ont ainsi été pris pour cible en janvier-août 2023, prolongeant une courbe qui monte en flèche depuis trois ans. Selon PEN America, organisation qui défend la libre expression dans le domaine littéraire, 1’557 titres ont effectivement été bannis dans une ou plusieurs bibliothèques suite à ces campagnes entre juillet 2022 et juin 2023. La plupart de livres concernés sont « écrits par ou sur une personne de couleur ou membre de la communauté LGBTQIA+ », constate l’ALA. Des choses semblables se passentelles à Genève ? Apparemment pas. Le seul exemple à avoir fait du bruit dans une veine proche est un projet de loi évoqué par l’UDC l’automne dernier, qui interdirait aux moins de 16 ans d’assister à toute représentation donnée « par des hommes travestis en femmes », ciblant notamment les lectures de contes par des drag queens qui ont lieu occasionnellement dans le canton. Sur le plan nationalet international, des initiatives


En question

relevant de ce que les médias anglophones (et Wikipedia) appellent drag panic s’accompagnent parfois d’actes d’intimidation, comme on l’a vu à Zurich lorsqu’un groupe d’extrême droite a perturbé un rendez-vous « Drag Story Time » en octobre 2022.

Trump, Matzneff et dark romance Alors, faut-il brûler des livres, ou du moins les bannir des bibliothèques ? À Genève, personne ne semble vraiment le demander. Mais les BM se posent ellesmêmes régulièrement cette question. « Les seuls livres que nous avons retirés des collections dans tout le réseau en 20 ans que je travaille ici sont ceux de Gabriel Matzneff », signale Valérie Bonferroni, responsable de l’Unité de gestion des collections (UGESCO). L’auteur français est dénoncé depuis 2019 pour sa pédophilie, qu’il racontait lui-même dans une bonne partie de sa production depuis les années 1970 sans

être inquiété. « Nous en avons beaucoup discuté. Selon certains avis, ces livres représentent une époque et on aurait pu les garder en rayon en les mettant en contexte. Ce qui a fait pencher la décision est l’attitude de l’éditeur Gallimard, qui a décidé — une première dans son histoire — de retirer de la vente les livres en question. » Si on tape « Matzneff » dans le catalogue des BM, on trouve aujourd’hui Le Consentement (2020) de Vanessa Springora, le livre avec lequel une des victimes parvenait à briser l’approbation dont l’écrivain bénéficiait jusque-là dans les milieux culturels. On y trouve aussi L’arme la plus meurtrière (2021) de Francesca Gee, où une autre des proies de Matzneff raconte la souffrance et l’exploitation subies sous son emprise. En matière de « bannissement » de livres, la ligne des BM en tant que bibliothèques de lecture publique tient de manière générale entre deux pôles. Le premier, c’est l’exclusion des

ouvrages condamnés par la justice ou contrevenant au Code pénal : un cas de figure simple mais pratiquement inexistant, un retrait des rayons pour cette raison ne s’étant jamais produit de mémoire de bibliothécaire. L’autre pôle, c’est la défense de la diversité des opinions. « Notre mission consiste à mettre à disposition du public des outils qui lui permettent de se faire une idée par lui-même. Pour cela, il faut que différents points de vue soient toujours représentés », souligne François Gerber, responsable des acquisitions. Exemple ? « L’autobiographie de Donald Trump. Nous avons tellement d’essais contre lui qu’il nous fallait au moins un livre incarnant le point de vue opposé. » Jusqu’où cette diversité doit-elle aller ? La réponse s’élabore au cas par cas entre l’UGESCO, les bibliothécaires responsables et les équipes de chaque bibliothèque, dans un cadre dont les grands axes sont énoncés dans une charte sur la « Politique générale de

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En question

sélection ». Que faire par exemple de la dark romance, sous-genre à succès du « roman d’amour » qui érotise des formes physiques ou psychologiques de violence et de contrainte ? « Éthiquement, les rapports hommesfemmes et les rôles et stéréotypes de genre véhiculés dans ces ouvrages sont contraires aux valeurs portées par nos bibliothèques et par la Ville de Genève. Ce sont cependant des produits d’appel pour des non-lectrices ou des personnes qui lisent peu. Nous avons donc quelques titres (sans les mettre en valeur ni en avant), tous au rayon adultes, en espérant qu’ensuite les femmes qui les empruntent lisent autre chose », répond Céline Barnet, bibliothécaire responsable aux EauxVives. « Plutôt que de les exclure, l’idée est d’équilibrer ces livres avec d’autres qui défendent l’égalité, visant une cohérence sur l’ensemble de la collection », lui faut écho Élise Point, bibliothécaire responsable à la Cité.

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« Le problème de la dark romance n’est pas que les personnages couchent ensemble de manière abracadabrante, avec des fouets et des chaînes si c’est ce qui leur chante. Ce qui est embêtant, c’est le schéma de ces histoires où une femme est aux prises avec un stalker qui la harcèle, avec un homme qui l’enlève ou qui est violent avec elle, et qu’elle finit systématiquement par en tomber éperdument amoureuse », ajoute Rebecca Aeberli, bibliothécaire à SaintJean. Au-delà des femmes adultes « qui vont chercher cette littérature parce qu’elle représente un fantasme, mais qui gardent une distance », l’inquiétude de la bibliothécaire concerne « les jeunes filles qui lisent ça à 14 ou 15 ans, alors qu’elles sont en construction dans leur relation aux hommes et à soi-même, et à qui ces livres envoient des messages très troubles sur ce qu’il faut accepter. » Il faut donc « sans doute avoir un peu de dark romance en rayon, car nous sommes là pour répondre à la demande, mais rester prudent-e-s » .

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Un exercice d’équilibrisme Dans le domaine du livre documentaire, un casse-tête récurrent est celui des auteur-e-s jugé-e-s « confusionnistes », dont les écrits et les réseaux semblent mêler les pôles opposés du spectre politique. La mise au ban la plus radicale dans ce domaine est celle qui frappe l’humoriste français Dieudonné, pluri-condamné depuis 2006 pour antisémitisme après avoir notamment accusé des Juifs de s’être enrichis grâce aux commerce des esclaves noir-e-s et comparé Israël à l’Allemagne nazie. « Nous possédions en DVD ses spectacles des années 1990, en duo avec Élie Semoun. Suite à son glissement et aux polémiques, ainsi qu’à la position de la Ville de Genève qui lui a refusé une salle pour un spectacle en 2010, nous avons retiré ces DVD, bien qu’ils soient antérieurs aux spectacles en solo qui posaient problème. L’idée, c’était de ne pas donner envie au public d’aller voir ce qu’il avait fait par la suite »,


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3 questions à Saliha Amalou Apprentie agente en information documentaire à la BM Minoteries et à l’Unité de gestion des collections Qu’est-ce qui vous a attirée vers cette formation ?

rappelle Christian Liechti, co-responsable de la bibliothèque de Saint-Jean, très actif dans ces débats.. Que conclure ? Au croisement des valeurs affirmées par la Ville de Genève et par ses institutions culturelles — anti-racisme, égalité de genre, droits des personnes LGBTQIA+ — et de la volonté de représenter toutes les sensibilités, les BM s’emploient à avancer en équilibre. Faut-il bannir des livres ? Le moins possible. Faut-il en brûler ? Non, mais… ■

« J’étais en réinsertion pour jeunes en rupture de formation et on passait en revue ce que j’aime : le contact avec les gens, les enfants, la lecture… Ma conseillère m’a parlé de cet apprentissage, j’ai fait un stage d’une semaine à la bibliothèque des Pâquis et j’ai adoré. Mais l’apprentie de l’époque m’a découragée en disant que la quantité de choses à apprendre dans les cours était terrible. J’ai laissé tomber, j’ai fait d’autres stages, j’ai postulé dans plein de choses qui n’avaient rien à voir avec mes intérêts, j’ai fait le concours pour les arts appliqués en bijouterie, j’ai été acceptée… Mais en parallèle je me disais : ton meilleur stage, là où tu as pris le plus de plaisir, c’était à la bibliothèque, donc peut-être que c’est quand même ça, ta destinée. » Que cherchez-vous dans le monde des livres ? « Toute petite, mon papa m’emmenait à la bibliothèque de la Cité tous les weekends, tous les vendredis j’allais à celle de la Jonction avec le parascolaire, c’était un rituel. Adolescente, j’ai arrêté un peu de lire, mais les bibliothèques sont restées des endroits où je me sentais bien, à l’aise. La lecture permet de s’évader, ou au contraire de se rattacher à des sentiments qu’on aime, elle vous ramène à des souvenirs, elle permet tellement de choses… » Votre choix d’apprentissage a-t-il créé la surprise dans votre entourage ? « Ça m’est arrivé avec des personnes âgées qui n’imaginaient pas qu’une petite jeune fasse un tel métier de son plein gré… Ou alors avec ma petite sœur. Il y a un an, si je lui parlais de livres elle pleurait, maintenant je lui en ai offert un pour son anniversaire parce qu’elle me l’a réclamé. L’émergence de la new romance et du young adult, les chroniques sur Wattpad, les Webtoons sur les téléphones… Tout ceci permet aujourd’hui d’amener plus de jeunes chez nous. »

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En question

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En question

Peut-on inclure sans exclure ?

Enjeux

Interview avec Sami Kanaan, Conseiller administratif de la Ville de Genève en charge de la culture La Ville de Genève a-t-elle une volonté d’inclusivité, favorisant l’expression d’identités minoritaires ou discriminées ? Considère-t-elle, dans la foulée, qu’il faut bannir des objets culturels ou mémoriels qui vont à l’encontre de cette inclusivité ? Est-elle confrontée à des réactions anti-inclusives, à des « guerres culturelles » telles qu’on les voit aux États-Unis ? Tour d’horizon avec Sami Kanaan, Conseiller administratif chargé du Département de la culture et de la transition numérique (auquel sont rattachées les Bibliothèques municipales). La Ville a-t-elle un politique d’inclusion ? A-t-elle des critères d’exclusion frappant des productions culturelles véhiculant le racisme, le sexisme, l’homophobie… ? « La Ville a une politique d’inclusion, et plus en général de reconnaissance d’identités et de problématiques qui auparavant étaient négligées. Il y a eu ainsi beaucoup de travail pour une meilleure prise en compte du racisme anti-noir-e-s. Il y a le travail qui se poursuit sur l’égalité entre femmes et hommes. Et il y a la prise en compte des identités LGBTIQ+ dans toute leur diversité. Dans tous ces domaines, nous visons à dépasser une approche purement déclamatoire qui se limiterait à dire que la Ville est contre le racisme, le sexisme ou l’homophobie et nous essayons de traduire ces positions en des actes concrets, qui consistent avant tout à soutenir la société civile et ses mouvements plutôt à agir à sa place. Ce soutien se concrétise notamment dans des subventions à des projets et à

o Les crânes de ces pages sont tirés du livre Leçons sur l’homme de Carl Vogt (1863), où ils sont censés étayer scientifiquement les arguments de l’auteur sur ce qu’il appelle « races inférieures » et « supérieures ».

des organismes, gérées en particulier par le service Agenda 21 — Ville durable. À partir de là, on en vient forcément à se demander s’il faut, par cohérence, remettre en question des choses qui vont dans le sens opposé à cette volonté d’inclusion. Et là, c’est compliqué, parce que la liberté d’expression est une donnée fondamentale, et aussi parce qu’effacer les traces de l’histoire, ce n’est jamais une bonne idée. Il y a, bien sûr, des normes : en Suisse nous avons une norme pénale récente sur l’homophobie, une un peu plus ancienne sur le racisme, des normes pénales qui évoluent sur les abus sexuels, et ainsi de suite. Elles ne sont pas évidentes à pratiquer en justice, mais elles existent. Quand il y a une norme pénale, il faut l’appliquer. En dehors de ces cas de figure évidents, il y a forcément débat. Ceci étant, lorsque le débat est constructif, cela génère un dialogue qu’il faut cultiver. » Quels sont les dossiers ouverts dans ce domaine ? « Un des débats que la Ville de Genève a menés dans ce domaine est celui sur les bustes et les noms de rues ou de places qui valorisent des personnalités rattachées à un héritage raciste et colonial. L’exemple dont on a le plus parlé est celui de Carl Vogt, avec un buste devant Uni Bastions et un boulevard qui porte son nom. Quand j’étais à l’université, je ne me rendais pas compte de la face sombre de ce personnage. Son apparence officielle était brillante : c’était un révolutionnaire allemand, il a modernisé l’université en favori-

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Enjeux sant notamment l’ouverture aux femmes… Je ne savais pas qu’il était par ailleurs un théoricien du racisme de manière très explicite et affirmée1. Mais si on décide d’effacer toute trace de Carl Vogt dans l’espace public, on perd ce pan de l’histoire. Le défi consiste donc à se demander comment préserver une partie des traces pour alimenter le débat et pour rappeler aux jeunes générations, de façon pédagogique, comment la société a évolué. Le chantier d’Uni Bastions a imposé d’enlever le buste, qui se trouvait devant l’entrée principale. Nous sommes en train de discuter avec l’université, et a priori il ne va pas revenir. Du coup, est-ce qu’il faut aussi changer le nom du boulevard, ou faut-il plutôt le laisser, en l’accompagnant d’une plaque qui explique le problème ? Il n’y a pas de recette unique pour tous les cas de figure. Dans le rapport que j’avais commandé en tant que maire, les chercheurs examinaient 33 noms et concluaient qu’il y a plein de pistes différentes, en insistant — ce qui m’a beaucoup plu — sur le fait que le processus est presque plus important que le résultat… Pour construire un avenir, c’est beaucoup plus sain de ne pas nier le passé. À partir de là, il faut voir où on met le curseur, c’est-à-dire dans quels cas on décide d’effacer parce que c’est juste intolérable, et dans quels cas on met en contexte, on accompagne et on explique, par exemple. Le Musée d’ethnographie est extrêmement actif sur la question de la décolonisation. Sa position, c’est qu’il ne s’agit pas de se donner juste bonne conscience en restituant des objets aux communautés d’origine (ou même des restes humains, comme les momies rendues récemment à la Bolivie). Le plus important, c’est de nouer des partenariats avec ces communautés pour sortir d’une approche où on aurait juste une collection d’objets déshumanisés. Ces partenariats peuvent déboucher sur des projets menés ensemble et sur des expositions réalisées avec ces communautés et non pas sur elles. Parfois, les communautés concernées souhaitent que des objets restent chez nous, parce qu’ils communiquent quelque chose qu’elles souhaitent affirmer. » Quelles sont les réactions ? « Heureusement, nous n’avons pas, en Suisse et à Genève, la violence des guerres culturelles qu’on voit aux États-Unis. Il y en a quand même des traces, avec l’UDC qui essaie d’animer une bataille culturelle sur les questions de genre, car en politique, certain-e-s ont la conviction que dès qu’un sujet polémique peut marcher, on y va, on le prend et on l’exploite sans vergogne… Ça ne prend néanmoins pas vraiment, peutêtre parce que nous avons en Suisse une culture du

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dialogue, du compromis et d’une forme d’écoute. À nous de l’entretenir si nous y sommes attaché-e-s. À Genève un des seuls enjeux qui a suscité de fortes réactions a été celui sur la féminisation des noms de rues. Ce qui était problématisé n’était pas le fait qu’on donne des noms de femmes aux rues, mais qu’on enlève des noms d’hommes ou des appellations qui ont un lien jugé significatif avec l’histoire du lieu. En réalité, on a choisi des rues ayant le moins d’enjeux possible de ce point de vue. Le mouvement qui a lancé ce projet, 100Elles*, avait en tête cent rues dans le canton, qu’il s’agisse d’anciennes rues rebaptisées ou de rues nouvelles. La Ville de Genève a décidé d’en assumer un tiers. Il y a eu un débat vif, des gens fâchés de devoir changer leur adresse, des pétitions… Nous avons fait marche arrière sur une ou deux rues mais concrétisé la plupart des cas et aujourd’hui nous sommes quasi au bout, nous avons fait le job. Si l’on revient au cas du processus de décolonisation au MEG, j’ai été positivement frappé, et la directrice du MEG aussi, par le bon accueil que le Conseil municipal, tous partis confondus, a fait aux principes et outils qui guident nos processus de restitution aux communautés d’origine. Le rapport sur la décolonisation de l’espace public a provoqué quant à lui quelques réactions au Conseil municipal, avec quelques élu-e-s de droite qui m’ont amorcé lourdement là-dessus, et une tribune de presse a attaqué le fait qu’on mette en question des figures liées à la Genève internationale, Woodrow Wilson, Gustave Moynier, Giuseppe Motta… Mais ce débat est légitime et il n’y a pas eu de tempête majeure. Je pense que si on amène bien les choses, Genève a une bonne capacité de débattre et d’évoluer. Je touche du bois, j’espère que ça dure. » ■

En ligne — Le rapport Temps, espaces et histoires. Monuments et héritage raciste et colonial dans l’espace public genevois : état des lieux historique (2022) de Mohamed Mahmoud Mohamedou et Davide Rodogno, commandé par la Ville de Genève à l’Institut de hautes études internationales et du développement/Geneva Graduate Institute — Le podcast « La quadrature du Carl » (présentant le « racisme scientifique » de Carl Vogt et les débats qu’il suscite à Genève en 2020-2021) sur la plateforme Hypercity des Bibliothèques municipales.

La preuve dans les 650 pages du livre Leçons sur l’homme : sa place dans la création et dans l’histoire de la terre, de Carl Vogt (1863), lisible et téléchargeable en ligne.

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Ensemble

En lien Que se passe-t-il lorsque la « classe intégrée de l’école primaire de Belle-Terre », remplie de petites personnes porteuses de singularités, visite la BM Cité ? Photos : Magali Girardin

« J’aime les livres qui sont pleins de gens » C’est une tout petite classe, une demi-douzaine d’enfants entre 8 et 12 ans, qui vient de Thônex et qui s’appelle « classe intégrée de l’école primaire de BelleTerre ». Elle est ici, à la bibliothèque de la Cité, pour un atelier qui plonge dans l’imaginaire de la saison, celui d’un hiver abordé par son côté cocooning plutôt que par son versant boules de neige. En s’inspirant de l’album Le livre de l’hiver de Rotraut Susanne Berner, chaque enfant est invité-e à donner vie aux fenêtres d’une maison en collant des découpages dessinés aux crayons de couleur. « En hiver il fait nuit très tôt, quand on se balade en rentrant de l’école, on voit les lumières allumées dans les maisons… Des fois on voit les gens à l’intérieur et ce qu’ils font », explique Elena Gilardoni pour lancer le processus de création. Depuis plus d’une année, la médiatrice culturelle propose une fois par mois à la classe des moments de lecture partagée et des ateliers autour des livres. « Les propositions sont de plus en plus appréciées car mieux adaptées, on se connaît mieux », constate-t-elle. À côté du dessin se nouent d’autres interactions. Lila exécute un petit rituel consistant à essayer les chaussures de la médiatrice, qui se déchausse et lui passe ses bottines pour un petit tour. Diana déclare que son amoureux est Valentin, qui déclare que son amoureuse est Diana, qui ajoute qu’il y aura des bisous sur la bouche « quand on sera ados » et qui essaie de déterminer si leurs adolescences arriveront en même temps. Alex annonce mystérieusement « J’ai un chat à la maison, mais il est mort ». Une des enseignantes explique que Manu dessine en noir et blanc parce qu’il

trouve que le bruit des crayons de couleur est trop bizarre. La médiatrice présente une planche d’un autre album, où un personnage « lit plein de livres et dans sa tête il vit plusieurs vies, plusieurs aventures, juste en lisant des livres à la maison » .

Enrichir l’imaginaire et les compétences sociales On ne l’aurait pas deviné en passant une heure avec le groupe, mais l’appellation « classe intégrée » (CLI) signifie qu’on y accueille des « élèves à besoins particuliers ». Les CLI font partie de l’« école inclusive », qui « vise à offrir à chaque enfant l’environnement scolaire le plus adapté à ses particularités individuelles », quels que soient « ses besoins, son handicap, son talent, son origine et ses conditions de vie économiques et sociales », expliquent les pages « Enseignement spécialisé » sur le site de l’État de Genève. Une CLI rassemble des petites personnes porteuses de singularités, tout en s’intégrant — d’où son nom — dans un établissement scolaire ordinaire. La CLI de BelleTerre réunit « des particularités diverses et variées », signale l’éducatrice spécialisée Alessandra Bouzioukh, notamment des enfants avec un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme (TSA) ou une déficience intellectuelle. « Ils ont plein de compétences qu’on aime bien mettre en avant plutôt que leurs difficultés », ajoute l’enseignante.

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Ensemble

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En lien

nota n°7

février — juin 2024


L BMes fo , rm lie at u io de n

de u n s , lie tio e L M ma B or f

L B es f M o rm , li a eu t io de de n u n s lie tio Le , a BMorm f

4 questions à Tidjian Scalzillo Étudiant en Information Science à la HEG et bibliothécaire auxiliaire le dimanche à la BM Cité Comment êtes-vous arrivée dans cette formation ?

Depuis la création de la CLI à Belle-Terre, il y a trois ans, Alessandra Bouzioukh a pris l’habitude d’emmener sa classe en bibliothèque. « L’objectif est d’une part de travailler sur les compétences sociales en se confrontant à la réalité extérieure, car dans la CLI on est un peu dans un cocon où tout se passe bien, alors qu’en sortant on se confronte à de nouveaux défis. Il s’agit d’autre part d’une ouverture au monde de la lecture : on vient chercher des livres pour pouvoir imaginer de nouvelles choses. Et il est important pour les enfants et leurs parents de se rendre compte que les bibliothèques sont des lieux où tout le monde est bienvenu », détaille-t-elle. Ces visites régulières ont introduit de nouveaux usages. « Ici, les enfants sont désormais hyper autonomes et adorent se mettre en haut de la petite cabane pour échanger à propos des livres. À l’école, la bibliothèque revient souvent dans leurs conversations. » Avant que tout le monde parte, on interviewe les enfants : peux-tu me dire une chose que tu aimes dans la bibliothèque et une autre que tu n’aimes pas ? Alex n’aime pas « les livres qui sont horribles, tu sais, les livres pour les grands, c’est horrible », il aime en revanche « les livres qui sont pleins de gens ». Adam aime les jeux vidéo et n’aime pas « les livres ennuyants ». Diana aime les jeux vidéo aussi et n’aime pas « les livres de bébé ». Lila ? « Je n’aime pas les livres pour les adultes, j’aime les livres de Chi le chat. » Manu ? « Je ne sais pas, OK ? » Valentin n’aime pas « quand on s’embête », mais il aime « quand on lit et quand on prend des livres ». La visite à la Cité se prolonge en effet jusqu’à Belle-Terre, car chaque enfant peut choisir un ou deux livres à ramener à la CLI, précise l’enseignante. « En lien avec nos venues, pour plonger dans les livres empruntés, nous avons introduit en classe des temps “Silence, on lit”. » ■

« J’ai commencé par des études en Lettres à Lausanne, mais j’ai trouvé ça trop théorique, je voulais quelque chose de plus proche du livre et plus social. Je me suis donc reconverti dans le métier, en faisant un apprentissage avant de m’inscrire à la HEG. Pour moi c’est naturel : quand je suis dans cet univers je me sens bien. » Que cherchez-vous dans le monde des livres ? « Je suis un grand lecteur de manga. Quand j’ai le temps, chose rare avec les études, je peux en lire vraiment beaucoup… Je suis plus généralement japanophile, j’aime la littérature japonaise (traduite), mais je m’intéresse aussi aux grands classiques de la littérature anglaise (en VO). » Qu’est-ce qui vous a surpris en bibliothèque ? « La diversité des publics. On se dit que si quelqu’un va en bibliothèque, c’est pour lire, mais en réalité ce n’est pas forcément le cas, il y a plein de besoins et raisons différents pour lesquels on peut vouloir venir. » Vos études ouvrent en fait sur plusieurs professions, avez-vous déjà choisi ? « Pour moi, c’est clair, je serai bibliothécaire. Est-ce que ce sera dans des bibliothèques publiques, scolaires, universitaires… Je ne sais pas trop, j’ai testé les trois et j’aime les trois. Je verrai bien ce qui fera le plus de sens et ce que je trouverai à la fin de ma formation. »

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L BMes fo , rm lie at u io de n

de u n s , lie tio e L M ma B or f

L B es f M o rm , li a eu t io de de n u n s lie tio Le , a BMorm f

4 questions à Thaïs Miranda Étudiant en Information Science à la HEG et bibliothécaire auxiliaire le dimanche à la BM Cité Comment êtes-vous arrivé dans cette formation ? « C’est une reconversion à partir d’une profession qui n’a vraiment rien à voir. Ce que je cherchais, c’est le contact avec le public et avec les livres, et le fait d’avoir un métier qui est tout le temps lié à l’information : en apprendre tous les jours, être toujours au cœur de l’actualité, et que ce soit constamment en mouvement. » Que cherchez-vous dans le monde des livres ? « J’ai toujours beaucoup lu, surtout à partir de mes 15 ans, et la lecture a toujours été très importante dans la vie de ma famille. Ce que je cherche dans les livres, c’est principalement l’évasion et l’information. » Qu’est-ce qui vous a surpris en bibliothèque ? « J’ai beaucoup d’amis qui font ce métier, j’avais donc déjà des notions de ce qui se passe. Ce dont le public ne se rend pas forcément compte, c’est la quantité de travail qu’il faut pour gérer autant d’ouvrages et pour répondre aux demandes des usager-e-s. Cela implique à la fois de connaître le fonds de la bibliothèque et d’avoir quelques notions sur beaucoup de sujets différents… Le public est par ailleurs très agréable. » Vos études ouvrent en fait sur plusieurs professions, avez-vous déjà choisi ? « J’aimerais être bibliothécaire, de préférence dans le scolaire, ou en lecture publique dans le domaine enfants et ados. »

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u Sur cette image, la guitare de l’Espace musique de la BM Cité, qu’on peut emprunter pour en jouer au casque sur place

Sélection s u o v z e d n de re Dans le foisonnement des rendez-vous proposés par les BM (180 entre mi-janvier et fin juin 2024), chaque bibliothèque du réseau a sélectionné pour ces pages une proposition par mois.

L’ensemble des rendez-vous sont présentés sur institutions.ville-geneve.ch/fr/bm/agenda 55


Janvier

Sa 13.1 10h30-12h

Jeu 18.1 Rencontre

« Délivre moi tes secrets » — Rencontre coulisses autour du spectacle La première fois… Une création du TMG d’après La première fois que je suis née de Vincent Cuvellier

19h-21h

Sa 27.1 Jeux vidéo

Afterwork jeu vidéo

Atelier de création typographique et Stop Motion

Une soirée conviviale pour tester une sélection de jeux choisis par des bibliothécaires. L’occasion de découvrir des titres insolites, de toucher une manette pour la première fois, de coopérer ou de s’affronter.

Sa 20.1 → BM Minoteries ○ Jeune public, dès 6 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

« La première fois que j’ai ouvert les yeux, je les ai fermés aussitôt. J’ai pleuré. Des mains m’ont soulevée dans le ciel et m’ont posée entre deux montagnes de lait. J’ai arrêté de pleurer. Et j’ai ouvert les yeux pour la deuxième fois de ma vie. J’ai vu la lumière la plus douce du monde : c’étaient les yeux de maman. »

Atelier

Dàzìbào, les lettres en mouvement

→ BM Cité / Espace le 4e ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

14h-16h30

9h-16h

Atelier

→ BM Eaux-Vives ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Le matin, vous expérimenterez deux techniques de gravure, pointe sèche et linogravure, pour créer des lettres typographiques. L’après-midi, place au numérique avec le Stop Motion pour animer et mettre en scène les lettres créées le matin. Pour participer, il est nécessaire d’être présent-e aux deux sessions.

Correspondances croisées Atelier d’écriture avec Anne Pitteloud → BM Saint-Jean ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

On s’écrit quand on est séparé-e-s par la distance géographique, pour garder un lien, se raconter ou se déclarer. Et si vous écriviez plutôt à cette part de vous-même qui est éloignée dans le temps ? Vous correspondrez avec un objet perdu, un personnage de fiction qui a marqué votre enfance, un lieu oublié ou abandonné, et découvrirez sa réponse…

13h30-16h30

Numérique / atelier

La Mini Chaîne du livre Session mise en page → BM Servette ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Les BM vous proposent de participer à la création collective d’une édition… Dans cette session, nous donnerons nos instructions à Clovis Duran, qui se fera notre graphiste en direct pour créer une mise en page. Des outils seront proposés pour une utilisation à la maison. Autres dates de ce cycle d’ateliers sa 2.3 à 14h, BM Jonction (impression), sa 23.3 à 13h30 BM Pâquis (reliure), sa 27.4 à 13h30, BM Cité (publication numérique)

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10h-12h

Ve 9.2

Rencontre / atelier

« Délivre-moi tes secrets » avec Marion Bataille, autrice et graphiste Des invitations d’auteur-ice-s pour faire vivre le livre ! → BM Eaux-Vives ○ Jeune public, dès 6 ans (accompagné-e-s d’un-e adulte) △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Graphiste, ingénieure papier et autrice pour les enfants, Marion Bataille présente AOZ ou l’atelier du typographe, qui utilise les règles des manuels de typographie pour créer un alphabet de cartes à animer. L’atelier propose aux enfants d’apprivoiser l’écriture comme un jeu de construction.

Performance

La poésie et le théâtre de A à Z Une improvisation des Troubadours du Chaos → BM Minoteries ○ Adultes, dès 16 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

A comme Alcool, B comme le Barbier de Séville, C comme la Cantatrice Chauve… Les Troubadours du Chaos, spécialistes de l’impro, parcourent l’alphabet avec des mots issus des mondes de la poésie et du théâtre.

Rencontre

Midi Gong Partageons nos coups de cœur → BM Cité / Carré de médiation 1er étage ○ Adultes, dès 15 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Heures d’ouvertures de la bibliothèque

15h-17h

Rencontre / atelier

Une rencontre atelier avec l’auteurice Amanda Roduit-Oriol → BM Servette ○ Tout public △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Exposition

Des signes et moi D’après le livre de Cendrine Genin et Séverine Thévenet → BM Saint-Jean ○ Tout public

Des photos issues d’un atelier des artistes Cendrine Genin et Séverine Thévenet pour faire découvrir la langue des signes française (LSF) aux enfants. Un jeu de miroirs entre l’enfant qui signe et un élément naturel, un objet ou une création qui illustre le même mot. Une verrée inaugurale sera offerte samedi 10 février à 15h30.

Sa 10.2 La dyslexie, comprendre les enjeux

Jeu 8.2 12h-13h

19h-20h30

Sa 10.2-Sa 30.3

Février

Sa 3.2

Jeu 15.2 18h30-19h45

Rencontre

Le monde selon PanPanCulCul Rencontre-démonstration avec l’artiste → BM Pâquis ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Animé par un besoin vital de dessiner quotidiennement, PanpanCucul s’est développé en se moquant de l’absurdité du monde dans lequel il vit. Les gens sont sa plus grande source d’inspiration. C’est là qu’il trouve ses idées. Dans la rue, en file d’attente à la Poste ou dans le train, les histoires quotidiennes et l’actualité sont pour lui une source inépuisable d’anecdotes.

Vous avez adoré un livre, une BD, un disque, un film, un jeu vidéo, et l’envie de partager ce coup de cœur vous démange… Venez le présenter en quelques minutes, un jeudi midi par mois, lors de notre nouveau rendezvous Midi Gong Autres dates jeu 14.3, 18.4, 16.5 et 13.6 à 12h, BM Cité Amanda Roduit-Oriol raconte son vécu de la dyslexie, le partageant avec d’autres « dys » pour leur montrer qu’ils et elles ne sont pas seul-e-s, mais aussi avec les gens « normaux » pour qu’ils comprennent ce handicap. Une découverte du quotidien d’une personne dys et des astuces qu’elle met en place pour pallier cet handicap.

Ve 23.2 16h30-18h30

Atelier

Broder les mots Atelier de broderie contemporaine → BM Jonction ○ Tout public, dès 10 ans △ Inscription jonction.bmu@ville-ge.ch 022 418 97 10

Voulez-vous faire une activité manuelle amusante, colorée et culturelle ? Venez broder avec nous des dessins représentant votre amour pour la lecture ainsi que des citations d’auteure-s, et repartez avec un cadeau personnalisé ! Un moment de détente et de partage où votre créativité peut s’exprimer ! Autres dates : ve 22.3, 26.4 et 31.5 à 16h30, BM Jonction

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Mars

Agenda

Sa 2.3 15h-16h

Spectacle

Nasreddine, le Fou, le Sage, en Trio Conte en musique, en français, en arabe et en langue des signes (LSF) → BM Eaux-Vives ○ Tout public, dès 8 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

18h30-20h

Autres dates sa 27.4 à 15h, BM Jonction

Atelier

La Mini Chaîne du livre Rencontre

Greg ou rien Rencontre-lecture avec l’auteur Guillaume Favre (avec traduction en langue des signes) Dans le cadre du Printemps de la Poésie

Connu dans le monde arabomusulman sous différents noms, Nasreddine Hodja est l’idiot, le simple ou le fou-sage, à la lisière de l’absurde et de la raison… Un voyage entre trois langages : la voix parlée (français et arabe), la voix signée (langue des signes LSF) et la musique. Avec Serge Aubonney, Adel Degaïchia et Lassaad Rehouma

→ BM Minoteries ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Session reliure → BM Pâquis ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Les BM vous proposent de participer à la création collective d’une édition. Autres dates de ce cycle d’ateliers sa 27.1 à 13h30, BM Servette

sa 27.4 à 13h30, BM Cité

sa 2.3 à 14h, BM Jonction

Un requiem, un chant, un slam, une célébration, une danse sauvage et enflammée des mots au milieu de l’obscurité. C’est l’histoire de Grégoire qui disparaît dans la nuit d’une forêt sans lune. C’est l’histoire de son frère qui part à sa recherche, à la lumière des mots, perdu entre le monde des vivants et des morts.

14h-17h

Atelier

Envie de comprendre l’afroféminisme en Suisse, mais pas le temps ? Atelier, lecture et discussion avec Pamela Ohene-Nyako (Afrolitt)

Sa 23.3

Ve 15.3 18h30-19h45

13h30-16h30

Ma 19.3

Rencontre

Voir Montauk Rencontre-lecture avec l’autrice Sophie Dora Swan (avec traduction en langue des signes) Dans le cadre du Printemps de la Poésie → BM Saint-Jean ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

De retour dans son pays natal après une longue absence, une femme prend soin de sa mère tombée malade et lui fait une promesse : l’emmener à Montauk, quand tout ira mieux. Mais comment voguer jusque-là ?

10h-17h

Événement

Une journée autour de la poésie Dans le cadre du Printemps de la Poésie → BM Cité / Carré de médiation 1er étage ○ Adultes

« Au crépuscule, je n’ai pas sommeil » : une performance participative poétique et intimiste avec l’autrice Catherine Favre et l’illustratrice Joëlle Gagliardini (10h-17h, adultes, Carré de médiation 1er étage). « Confier la douleur de ce qui s’enfuit, la joie du changement, la colère de l’invisibilisation, la douceur du crépuscule, la peur des transformations… Écrire, peindre et faire circuler des témoignages sur ce qui se passe lorsqu’on perçoit les signes de l’âge. » « Délivre-moi tes secrets » avec Bruno Gibert (10h, dès 9 ans, Le Multi) : l’illustrateur présente son dernier album Le grand livre de l’inutile, explorant les anomalies de la langue et des images.

Dans le cadre de la Semaine contre le racisme en Ville de Genève et de Servette contre le racisme → BM Servette ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Un après-midi de mini-lectures et de discussions autour de l’afroféminisme et de l’intersectionnalité (la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de discrimination).

14h-16h

Rencontre

« Délivre-moi tes secrets » avec Bruno Gibert Des invitations d’auteurice-s pour faire vivre le livre ! → BM Jonction ○ Jeune public, dès 7 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Pour le Printemps de la Poésie, Bruno Gibert, auteur et illustrateur, présente Le ver vert, histoire drôle et délirante qui joue avec le langage. Un atelier tout en vers suivra la rencontre. Autre rendez-vous : 10h, BM Cité / Le Multi.

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Ma 9.4

Ma 23.4

14h-16h

Atelier

On pense souvent à vous ! Balade et atelier de cartes postales → BM Cité / Le Multi ○ Tout public, dès 10 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Une balade en Vieille-Ville en quête d’anecdotes à envoyer à vos ami-e-s, suivie d’un atelier de création de cartes postales drôles et décalées, inspirées des « 243 cartes postales en couleurs véritables » de Georges Perec. Autres dates jeu 11.4 et sa 4.5 à 14h, BM Cité

Sa 20.4 10h15-10h30 11h15-11h30

Spectacle

19h-20h

Conférence

Des rouleaux au codex : une brève histoire du livre manuscrit et des écritures anciennes Conférence de Nicolas Ducimetière, vice-directeur de la Fondation Martin Bodmer (avec traduction en langue des signes) → BM Servette ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

La thématique « Fais-moi signe ! » nous donne l’occasion d’évoquer l’apparition et la diversité de l’écriture, socle fondamental de notre humanité moderne. Cette conférence s’intéresse en particulier à l’évolution de l’écriture latine, ainsi qu’à la naissance et l’évolution du livre « occidental ».

Pas jeter les mots

Me 24.4

Un spectacle de Carole Schafroth

16h-16h30

→ BM Minoteries ○ Jeune public, dès 6 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Autres dates sa 16.3 à 14h et à 15h, BM Saint-Jean

Spectacle

Le Discours Un spectacle seul en scène d’Antoine Courvoisier → BM Jonction ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch, 022 418 97 10

Adrien imagine les raisons qui ont poussé Sonia à rompre avec lui, les choses qu’il a ratées dans leur relation, et dans toutes ses relations, et dans sa vie en général… C’est l’histoire d’un type qui rate, le bilan délicieux de la vie d’un décalé, d’après le roman Le Discours de Fabrice Caro.

Lecture

Présentation et lecture des albums → BM Eaux-Vives ○ Petite enfance, dès 2 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Un des rares prix littéraires à être décerné par des enfants entre 2 et 4 ans, récompensant chaque année un-e illustrateur ou illustratrice et un-e auteur-e jeunesse. Autres dates ma 30.1 à 10h30, BM Cité.

Me 6.3 à 10h30, BM Eaux-Vives.

Me 7.2 à 10h30, BM Servette.

Me 6.3 à 10h30, BM Servette.

Jeu 8.2 à 15h30. BM Cité.

Sa 9.3 à 10h30, BM Minoteries.

Me 14.2 à 10h30, BM Minoteries.

Me 20.3 à 10h30 et à 15h30, BM Jonction.

Me 14.2 à 10h30, BM Pâquis. Me 21.2 à 10h30, BM Pâquis. Me 28.2 à 10h30, BM Saint-Jean.

Rencontre

18h30-20h

De traverse et du losange Rencontre avec Jean-Louis Johannides et Jérémie Gindre autour de leurs projets mêlant randonnée et observation → BM Saint-Jean — Espace Sport ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

De traverse est un projet de balades imaginé par le comédien et metteur en scène genevois Jean-Louis Johannides, proposant de sortir des sentiers battus à l’aide d’une série de cartes d’artistes. Losanges sur pierres des Alpes suisses est un livre explorant les peintures qui balisent les chemins de montagne, passant par l’histoire de l’art, l’archéologie et l’anecdote.

Sa 27.4 14h-15h

Prix P’tits Mômes 2024

Un spectacle poétique mêlant marionnette et théâtre d’objet, autour de la transmission de la parole dans les familles. Une « forme brève » (15 minutes) qui cherche à briser les silences et à dire « Je vous aime ».

14h-15h30

Jeu 25.4

Avril

Agenda

Atelier

Sound off Échange de mondes entre sourd-e-s et entendant-e-s → BM Pâquis ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

​ a langue des signes est une langue L unique, comme les autres. Elle possède une grammaire, une syntaxe, un lexique et même une dactylologie (une manière de représenter les lettres de l’alphabet avec la main). Signer implique de penser en images et de se réapproprier son corps et sa gestuelle. Autre date sa 8.6 à 14h, BM Servette

Me 6.3 à 10h30, BM Eaux-Vives. Me 20.3 à 10h30, BM Saint-Jean

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Mai

Agenda

Sa 4.5 15h-16h

Me 22.5 Atelier

10h-20h

Sa 25.5

Événement

Semis et reconnaissance de graines

Journée suisse de la lecture à voix haute

Avec Anne Courvoisier, Grainothèque de Saint-Jean

Un foisonnement d’histoires lues pour tous les âges

→ BM Saint-Jean ○ Tout public, dès 6 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

→ BM Cité ○ Tous les âges △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Le mois de mai, moment idéal pour semer des graines. La Grainothèque propose un atelier expliquant comment s’y prendre. Chacun-e pourra repartir avec un pot contenant une plante en devenir.

« Graines de lectrices, graines de lecteurs » (de 2 à 4 ans, 10h-10h30, 10h30-11h et 11h-11h30, Tronc commun).

15h-16h

Rencontre

Thomas Grand nous lit… Le vieux qui aplatissait les enfants Avec la collaboration des éditions ASKIP et une traduction en langue des signes → BM Eaux-Vives ○ Tout public, dès 7 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

« Une petite fille aussi curieuse qu’intrépide découvre un étrange spectacle : un vieil homme aplatit soigneusement un garçon au moyen d’une presse, puis le dépose dans un étrange herbier avec d’autres enfants plats et range le gros livre dans sa bibliothèque… » Une histoire qui aborde avec légèreté le sentiment de solitude et qui tente de comprendre comment fonctionne cette chose étrange qu’est l’amitié.

« Pousses de lectrices, pousses de lecteurs » (de 4 à 6 ans, 10h-10h30, 10h30-11h et 11h-11h30, le Multi).

Signons-Ensemble ! L’univers des signes en compagnie de votre bébé → BM Minoteries ○ Petite enfance, de 6 mois à 2 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch minoteries.bmu@ville-ge.ch

Les signes pour bébés leur permettent de mieux se faire comprendre avant de savoir parler. Nous explorerons des signes simples et faciles, qui vous permettront de communiquer avec votre bébé d’une manière nouvelle et ludique. Autres dates me 7.2 à 10h, BM Pâquis.

Ve 15.3 à 10h30, BM Cité.

« Contes dans le noir » (jeune public, 15h-16h, Tronc commun).

Me 14.2 à 10h, Ludothèque des Pâquis.

Ve 19.4 à 10h30, BM Cité.

« Des choses que je sais depuis toujours » (dès 15 ans, 18h30-20h, Multi) .

16h15-17h

Ve 16.2 à 10h30, BM Cité.

Rencontre

Sa 1.6 à 10h30, BM Servette

Me 29.5

Le Petit rendez-vous et le livre Découvrir l’art au MAMCO au fil d’albums Dans le cadre de la Journée Suisse de la Lecture à voix haute

15h-16h30

Événement

À toi de jouer ! Rallye jeux

Atelier

Faites vos propres stickers pour Whatsapp Atelier de création et d’animation vec Sarah Haug → BM Servette ○ Tout public, dès 8 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Les stickers sont des petites images qui peuvent être partagées pour dire en un seul dessin ce que les mots ne sauraient exprimer. L’illustratrice Sarah Haug vous aidera à les mettre en dessin, à les intégrer dans votre téléphone et même à les animer.

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Atelier

« Fragments de correspondances » (dès 14 ans, 12h-13h, Carré de médiation 1er étage).

Me 8.5 14h30-17h

10h30-11h15

→ Musée d’Art Moderne et Contemporain (MAMCO), 10 rue des Vieux-Grenadiers ○ Jeune public, dès 5 ans (accompagné-e d’un-e adulte)

Un moment privilégié pour découvrir des œuvres sélectionnées pour les enfants et leurs parents au MAMCO, doublé d’une lecture d’albums en résonance avec les œuvres présentées. Une proposition de la BM Jonction, une occasion idéale pour s’initier au monde de l’art et de l’imaginaire.

→ Zone piétonne entre la ludothèque et la bibliothèque des Pâquis (rue de Berne et rue du Môle) ○ Tout public, dès 6 ans △ Inscription sur place à la ludothèque

À l’occasion de la Journée mondiale du jeu, la bibliothèque et la ludothèque des Pâquis vous convient à ce rallye jeux. Par équipes de 4 à 6 personnes, tentez votre chance en relevant quatre défis ! Places limitées, ne tardez pas !


Me 5.6 15h-16h45

Jeu 13.6 Jeux vidéo

17h15-18h30

Jeu 20.6 Rencontre

18h30-20h

Spectacle

Jeux vidéo aux Minoteries

Et toi tu lis quoi ?

Il fallait que je vous le dise

Mario Kart Live : Home Circuit

Viens en parler, en discuter ou juste écouter

Avec la Cie Desenchanté.e.s

→ BM Minoteries ○ Tout public, dès 8 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch minoteries.bmu@ville-ge.ch

→ BM Saint-Jean ○ Jeune public, dès 12 ans

Et si on construisait un circuit pour Mario Kart dans la bibliothèque ? L’idée parait folle, mais elle est réalisable grâce à Mario Kart Live : Home Circuit ! Venez tester un parcours créé dans nos locaux en réalité augmentée, au volant d’un kart téléguidé…

Sa 8.6

Tu aimes lire des romans, des BD, des mangas, regarder des films et des séries, mais surtout en parler avec d’autres ? Alors n’hésite pas, on n’attend plus que toi ! Viens partager tes « J’ai adoré ! ! ! », tes « Alors carrément nul », tes « Mouais, c’était bof-bof » ou encore tes « Ah ouais pourquoi pas tester » avec d’autres jeunes et une intruse… la bibliothécaire ! ! ! jeu 1.2, 25.4, 15.5 et 13.6 à 17h15, BM Saint-Jean

Ma 25.6

Atelier

Échange de mondes entre sourd-e-s et entendant-e-s → BM Servette ○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

​ a langue des signes est une langue L unique, comme les autres. Elle possède une grammaire, une syntaxe, un lexique et même une dactylologie (une manière de représenter les lettres de l’alphabet avec la main). Signer implique de penser en images et de se réapproprier son corps et sa gestuelle.

10h-11h30

Rencontre

Autour des livres Partageons nos lectures → BM Eaux-Vives ○ Adultes, dès 16 ans △ Inscription eauxvives.bmu@ville-ge.ch

Rendez-vous, un mardi par mois, pour vous présenter des coups de cœur et pour que chacun-e s’exprime autour de ses dernières lectures. Si vous avez simplement envie d’écouter, vous êtes également bienvenu-e.

Sound off

Autre date sa 27.4 à 14h, BM Pâquis

Les questionnements identitaires de Fjolla, Era, Félicia et Marion, qui ont grandi en Suisse avec des origines diverses. Une histoire parsemée de célébrations, mais aussi de cicatrices, qui invite à méditer sur les fils invisibles qui nous lient au monde qui nous entoure.

Autres dates

Sa 15.6

14h-15h

→ BM Cité / Le Multi ○ Tout public, dès 12 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Juin

Agenda

Autres dates

16h

Remise de prix

ma 20.2, 19.3, 23.4 et 21.5 à 10h, BM Eaux-Vives

La photo qui te fait signe… aux Pâquis ! Finissage de l’exposition et résultats du concours photo → BM Pâquis ○ Tout public

Vous avez été nombreux-ses, du 9 janvier au 15 mai, à sillonner le quartier des Pâquis et à le prendre en photo pour notre concours « Fais-nous signe… aux Pâquis ! » Du 21 mai au 14 juin, la bibliothèque expose les œuvres des participant-e-s et vous propose de voter pour votre photo préférée. Le ou la photographe gagnant-e est récompensé-e le samedi 15 juin autour d’une verrée.

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Trop pratique

nota n°7

Les bibliothèques municipales

Un réseau de 7 bibliothèques ouvertes du mardi au samedi offrant plus de

600’000

livres, CD, DVD et jeux vidéo et de nombreuses prestations entièrement gratuites pour tous les publics.

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février — juin 2024


Trop pratique

Des bibliothécaires qui vous orientent dans vos recherches d’informations et vous conseillent selon vos envies ou vos besoins. Des espaces conviviaux de lecture, d’écoute et de consultation, un espace pour découvrir le numérique, des zones de travail, du wifi, des postes internet et des iPads en consultation, l’accueil de groupes, de classes et de crèches. Des événements culturels, rencontres avec des auteure-s, expositions, concerts, lectures, conférences, ateliers et formations.

De nombreux livres, revues et journaux, films, albums de musique… disponibles en plusieurs langues.

S’inscrire

Emprunter

Prolonger

Réserver

L’emprunt de documents (livres, CD, DVD, jeux vidéo) à domicile ainsi que l’accès aux ressources numériques à distance nécessitent une inscription préalable dans l’une de nos bibliothèques (voir conditions sur notre site internet).

Empruntez jusqu’à 20 documents et 10 magazines sur l’ensemble du réseau pour une période de 28 jours.

Prolongez jusqu’à 3 fois vos emprunts auprès des bibliothécaires, par téléphone ou via votre espace personnel en ligne.

Réservez des documents auprès des bibliothécaires, par téléphone ou via votre espace personnel en ligne.

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du i d r a m au Trop pratique

Bibliothèque de la Jonction

Boulevard Carl-Vogt 22 1205 Genève 022 418 97 10 adultes 022 418 97 12 jeunes

Bibliothèque des Eaux-Vives Rue Sillem 2 1207 Genève 022 418 37 70 Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi

14h30 — 18h30 10h30 — 18h30 14h30 — 18h30 14h30 — 18h30 13h30 — 17h30

Bus : 2, 6, E, G / Arrêt Vollandes

La bibliothèque vous accueille !

Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi

14h30 — 18h30 9h30 — 18h30 14h30 — 18h30 14h30 — 18h30 13h30 — 17h30

Tram : 14 / Arrêt Jonction Bus : 4, 11, D / Arrêt Jonction Bus : 2, 19, 35 / Arrêt Sainte — Clotilde

Bibliothèque des Minoteries Parc des Minoteries 5 1205 Genève 022 418 37 40 Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi

14h30 — 18h30 10h — 18h30 14h30 — 18h30 14h30 — 18h30 10h — 13h30

Tram : 12 / Arrêt Augustins

nota n°7

Bibliothèque hors murs — Bibliobus

022 418 92 70 — rép ondeur 24h/24 Info auprès des co mmunes ou en lign e: bit.ly/bibliobus202 4

Bibliothèque des Pâquis

Rue du Môle 17 1201 Genève 022 418 37 50 adultes 022 418 37 52 jeunes

Bibliothèque de Saint-Jean & Espace Sport AAvenue des Tilleuls 19 1203 Genève 022 418 92 00 Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi

14h30 — 18h30 10h30 — 18h30 14h30 — 18h30 14h30 — 18h30 13h — 17h

Bus : 7, 11, 9 / Arrêt Miléant Bus : 6, 10, 19 / Arrêt Charmilles

Bibliothèque de la Cité & Espace musique

Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi

14h30 — 18h30 10h — 18h30 14h30 — 18h30 14h30 — 18h30 13h — 17h

Tram : 15 / Arrêt Môle Bus : 1, 25 / Arrêt Navigation

Bibliothèque de la Servette

Rue Veyrassat 9 (entrée r. de la Servette 87) 1202 Genève 022 418 37 80 adultes 022 418 37 82 jeunes Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi

15h 10h 15h 15h 10h

— 19h — 18h — 19h — 19h — 17h

Tram : 14, 18 / Arrêt Servette Bus : 3, 11 / Arrêt Servette

Place des Trois-Perdrix 5 1204 Genève 022 418 32 00 Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi

10h — 19h 10h — 19h 10h — 19h 10h — 19h 10h — 17h

Tram : 12, 14 / Arrêt Bel-Air Bus : 2, 10, D, 4, 5, 7, 19, 36 / Arrêt Bel-Air

samedi 64

février — juin 2024

Et le dimanche ? De novembre à avril, la bibliothèque de la Cité est également ouverte le dimanche après-midi de 13h à 17h.


Trop pratique

Bibliothèque des Pâquis

Bibliothèque de la Servette

Bibliothèque de St-Jean

Bibliothèque des Eaux-Vives

Bibliothèque de la Cité Bibliothèque de la Jonction

Bibliothèque des Minoteries

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ci histoire(s) et imaginaires urbains de genève

hypercity.ch vous balade dans un réseau d’histoire(s) à travers Genève

hy per ty Nouveaux parcours en podcasts dès le 21 mars

dès le 21 juin

« Les voyages martiens d’une reine de Plainpalais, ou Les jeux d’esprit(s) d’Hélène Smith/Élise Müller »

« Signes et prodiges dans le ciel genevois »


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