Nota 6

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Depuis toujours, la correspondance relie nos vies △  p.4 — Les ouvrier-e-s saisonnier-e-s se souviennent. Et nous ? △ p.12 — Love Letters : peut-on s’aimer par courrier ? △  p.14 — Un foisonnement de vies dans le couloir de la mort, interview avec Valentine Cuny-Le Callet △  p.18 — Diane, reviens : un livre et un film demandent le retour de la déesse △  p.24 — L’écrivain Eugène règle une dette embarrassante avec « son dictateur » △  p.26 — Quatre plongeons dans la soupe de lettres △  p.29 — ChatGPT vit dans « un abîme insondable » (c’est lui qui le dit) △  p.38 — La bibliothèque de Saint-Jean réinvente le voyage entre les âges △  p.44 — Les machines appelées à rendre les bibliothèques plus humaines △  p.50 Genève,

nota

ENVOYÉ, immersion dans les correspondances qui tissent nos vies

Saint-Jean réinvente le voyage entre les âges

La machine qui rend les bibliothèques (encore) plus humaines

www.ville-ge.ch septembre — janvier 2023 — 2024 numéro 6
ville de culture

Nota est le magazine des Bibliothèques municipales de la Ville de Genève. Il paraît trois fois par an à la mi-janvier, la mi-juin et la mi-août. On le trouve en version papier (gratuitement) dans les bibliothèques, en version numérique à l'adresse catalogue-bm.geneve.ch/nota et sur PressReader

Directrice de la publication

Véronique Pürro, directrice des Bibliothèques municipales

Rue de la Tour-de-Boël 10

Case postale 3930 1211 Genève 3 webbmu@ville-ge.ch

N° 6 septembre 2023 — janvier 2024

Comité éditorial : Florent Dufaux (responsable des ressources technologiques et numériques), Laura Györik Costas (responsable de la médiation culturelle), Jean-Pierre Kazemi (chargé de communication, responsable de la publication), Véronique Pürro (directrice des Bibliothèques municipales), Nic Ulmi (rédacteur responsable Nota)

Gratuit

Rédaction, iconographie Nic Ulmi Conception graphique Atelier Delcourt Police de caractère Alex Dujet Impression Imprimerie du Moléson Tirage 5'000 exemplaires
2813-3668
ISSN
Crédits
18-23 :
images — Couverture., pp.
1,
5-11, 17, 46-47, 50-53 : Lisa Frisco – 2e de couv’ : Anna Leckie – pp. 3, 54 : David Wagnières – pp. 12, 54 : Katharine Dominicé – p. 15 : Thomas Hawk / Flickr – pp. Valentine Cuny-Le Callet / éd. Delcourt – p. 24 : Filippo Filliger – p. 26 : Wikimedia Commons – p. 28 : Brooke DiDonato / Agence VU / Keystone / éd. Zoé – pp. 29, 31 : Alex Cousseau & Eva Offredo / éd. du Seuil – p. 30 : Jean-Pierre Blanpain / éd. Cosmographe – p. 32 : Michaël Escoffier / éd. D’Eux – p. 33 : Oivier Tallec / éd. Actes Sud
– p. 34 : Bank Phrom / Unsplash – p. 37 : 123rf – p. 39 : Nic Ulmi & Dimitri Delcourt via DALL-E/Bing – p. 40 : DR – pp. 41-42 : Nic Ulmi via DALL-E/Bing – pp. 44-45 : Marie-France Croisier – p. 47 droite, 62-63 : Frank Mentha – pp. 48-49 : Atelier Boissonnaz – 4e de couverture : Olga Fabrizio

Édito

Pour la sixième fois, Nota vous fait signe

Privilégier le temps long au temps court, les articles de fond aux brèves, les partis pris journalistiques aux algorithmes des réseaux sociaux. C’est le pari (un peu fou ? ) que se sont lancé les Bibliothèques municipales en vous proposant le magazine papier * Nota dont vous tenez entre vos mains le 6e numéro.

Dès les premières réunions de travail du comité éditorial, nous avons insisté sur l’importance de sortir d’une communication purement formelle pour nous aventurer sur un terrain plus personnel, à savoir se raconter au public afin de pouvoir mieux incarner nos actions et nos missions. Et ce n’est pas rien, puisque nous proposons des fonds (physiques et numériques), de nombreux services (sur place ou à distance) ainsi qu’une programmation culturelle pour tous les âges in situ ou hors-murs.

Nous assistons du reste à une utilisation ciblée de nos bibliothèques par différents publics qui n’ont souvent qu’une connaissance parcellaire de nos prestations.

En ouvrant de la sorte les coulisses de notre institution, nous poursuivons un triple enjeu communicationnel. Faire connaître et rendre accessible l’ensemble de notre offre, faire découvrir les différents métiers (connus et moins connus) qui composent l’institution, mais également expliquer nos choix éditoriaux ou nos orientations stratégiques. Cette transparence est aujourd’hui un réel atout et permet de renforcer le lien déjà créé par les bibliothécaires avec le public. Dans ce numéro figure, par exemple, un article sur l’introduction des bornes de prêt qui en explique les raisons et les avantages sans pour autant nier le fait que ces « machines » ont encore des détracteurs et détractrices. Le but d’une telle démarche est de ne plus laisser des usagers ou des usagères sans réponse à leurs questions grâce à un travail journalistique de fond. Il en est de même avec le dossier consacré à la programmation culturelle, dont on peut vraiment saisir la manière dont elle s’articule autour de la thématique 2023 — 2024 « Fais-moi signe ! ».

Envol de CD à la BM Cité

L’Espace musique de la bibliothèque de la Cité repense ses collections et ses prestations.

Dans ce cadre, il se déleste d’une partie de ses CD musicaux. Pour donner une deuxième vie à ces objets et aux sons qu’ils contiennent, une vente spéciale pour le public (2.- CHF le CD) est organisée samedi 9 décembre de 10h à 17h au 4e étage de la bibliothèque de la Cité.

C’est du reste un signe que nous vous faisons en essayant d’attirer votre attention sur le récit que nous écrivons depuis 6 numéros et dont nos collaborateurs et collaboratrices sont au centre. On y parle de métier, de passion, de curiosité, d’exigence et de service au public. On y parle aussi de l’évolution des Bibliothèques municipales qui se positionnent comme une institution culturelle genevoise d’importance, et c’est là tout l’enjeu de Nota

Jean-Pierre Kazemi, Chargé de communication des Bibliothèques municipales

* Nota existe aussi en version numérique, à retrouver sur l’application PressReader et sur notre catalogue en ligne

(Les changements en cours à l’Espace musique reviendront, eux, en détail dans le prochain numéro de Nota, en janvier 2023.) o Ci-contre : l’atelier « Dàzìbào, les lettres en mouvement » (7.10 BM Cité, 27.1 BM Eaux-Vives) propose d’expérimenter la gravure et de l’animer en Stop motion (photo : Anna Leckie)

Brèves
Découverte 1

Au sommaire !

En immersion

34 Il faut un monde pour faire un livre

38 ChatGPT vit dans « un abîme insondable »

(c’est lui qui le dit)

40 La vie secrète des émojis

42 Un club de lecture sans livres, mais avec des clics

En lien

44 La bibliothèque de Saint-Jean réinvente le voyage entre les âges

48 De la Nouvelle-Héloïse aux voies couvertes

50 Les machines appelées à rendre les bibliothèques plus humaines

Et pour finir

Et plus, sur catalogue-bm.geneve.ch/nota

33 Olivier Tallec se dandine avec dédain

55 Agenda automne-hiver 2023

62 Trop pratique

En rayon 3, 37, 41, 54, 61 Lectures de presse ENVOYÉ ! Une vie de correspondances 4 Depuis toujours, la correspondance relie nos vies 8 On ne s’est jamais autant écrit qu’aujourd’hui… 12 Les ouvrier-e-s saisonnier-e-s se souviennent. Et nous? 14 Love Letters –Peut-on s’aimer par courrier ? 16 Écrivaine publique, un travail de lien et de mots Festival « Fureur de lire » 18 Un foisonnement de vies dans le couloir de la mort – Interview avec Valentine Cuny-Le Callet 24 Diane, reviens… Un livre et un film demandent le retour de la déesse
L’écrivain Eugène règle
dette embarrassante avec « son dictateur »
Dorothee Elmiger dans les méandres du sucre Délivre-moi tes secrets 29 Quatre plongeons dans la soupe de lettres
26
une
28
30 Jean-Pierre Blanpain fait de la maJ sans fraK
yéti
31 Eva Offredo et Alex Cousseau retrouvent leur
32 Michaël Escoffier emplume le Q du coq
nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 2

Puis-je vous emprunter le journal ?

Parmi les « documents » où l’on plonge et qu’on emprunte aux BM, on compte 217 périodiques. Certains se trouvent dans des « coins presse », d’autres (les magazines pour la jeunesse et la presse spécialisée) dans les rayons. Une vingtaine de titres se retrouvent dans chacune des 7 bibliothèques du réseau. En ordre alphabétique (et passablement éclectique) : 01net, Beaux Arts Magazine, Bon à Savoir, Le Canard enchaîné, Courrier international, Le Courrier, Elle, FRC Mieux choisir, Générations, L’Illustré, Les Inrockuptibles, J’aime lire, Lire Magazine Littéraire, Julie, Le Monde, L’Obs, Paris Match, Philosophie magazine, Psychologies, La Salamandre Junior, Santé Magazine, TIME, Vigousse.

Les périodiques les plus empruntés sont : Elle, Paris Match, Psychologies, Géo, L’Illustré, Marianne, The Economist, L’Obs, Le Point, Santé Magazine, Cerveau & Psycho, Bilan, Courrier international et Philosophie magazine. « Empruntés », oui, car en dehors des quotidiens, on peut emprunter tous les périodiques à l’exception du dernier numéro, qui est à lire sur place. Journaux et magazines sont conservés pour une durée allant d’un mois à deux ans, selon leur fréquence de parution.

À ces 217 périodiques en papier s’ajoutent des milliers de titres auxquels les BM sont abonnées numériquement, qu’on lit en ligne via le site et l’application PressReader. On y accède sur place (via le réseau Wi-Fi ((o)) ville-geneve, sur pressreader. com) ou à distance (depuis un compte lecteur-trice, sur genevebm.com/pressreader). Les périodiques les plus consultés par le public des BM sur PressReader sont : Le Temps, Le Figaro, Les Échos, L’Équipe, El País, Libération, L’Obs, Les Inrockuptibles, 01net, Marianne, Marie Claire, Corriere della Sera Ce numéro de Nota effleure cette variété en plongeant dans quelques titres un peu moins courus pour en ramener quelques trouvailles.

Voyez aux pages 37, 41, 54 et 61.

3 En rayon

Depuis toujours, la correspondance relie nos vies

Le « parcours thématique »

ENVOYÉ ! Une vie de correspondances, installé dans l’espace Le Multi de la BM Cité, se balade dans les lettres et les petits mots que nous échangeons depuis toujours et sans arrêt. Immersion dans un univers intensément familier et infiniment surprenant

Un vestibule, pour commencer. Une entrée d’appartement où quelques mots sur un mur nous rappellent pourquoi nous passons autant de temps à nous écrire : de l’époque du papyrus à celle de WhatsApp, « la fonction de la correspondance est restée la même, être relié-e-s malgré la distance ». On pourrait même dire que les lettres, les messages et les petits mots que nous échangeons font plus que compenser l’éloignement : « la distance permet de se livrer davantage et de mieux choisir ses mots, d’être souvent plus intime, plus vrai-e ». Grâce à la correspondance, c’est parfois quand on est loin qu’on devient vraiment proches.

Les textos amoureux et les petits mots du frigo

Du vestibule, un passage conduit à la cuisine, où la correspondance prend son envol depuis la porte du frigo. C’est là, sur des post-it, que Léa et sa famille s’écrivent les petits mots ludiques ou pratiques qui tissent leur vie de tous les jours.

Parcours thématique Du sa 7.10.23 au sa 22.6.24

ENVOYÉ ! Une vie de correspondances

→ BM Cité / Le Multi

○ Tout public, dès 7 ans

C’est ainsi, par ce constat à la fois évident et paradoxal, qu’on aborde l’univers plein de surprises d’ENVOYÉ ! Une vie de correspondances, le « parcours thématique » installé à la BM Cité du 7 octobre 2023 au 22 juin 2024. L’espace Le Multi, au rez-de-chaussée, est converti pour l’occasion en un appartement où on déambule comme si on était à la fois chez quelqu’un, chez tout le monde et quand même un peu chez soi.

Dans le hall d’entrée, une bulle nous accueille : « Bonjour, je m’appelle Léa. Entrez, je vous attendais… » L’appartement est celui de cette femme, qui vit ici avec son mari et deux enfants ados. Elle a l’âge d’avoir à la fois pleinement vécu l’ère du papier et complètement plongé dans le monde numérique. Sa vie quotidienne est le point de départ et le fil rouge de cette exploration.

À l’opposé de ces messages éphémères, le frigo est aussi le lieu où atterrissent les faire-part annonçant les naissances, les mariages et les enterrements, qui restent souvent aimantés là pendant des mois ou même des années. L’origine de ces cartes, apprend-on en passant, remonte aux 16e-17e siècles, époque où les Églises et les États, partout en Europe, commencent à noter systématiquement les étapes de nos vies. « Genève rend cet enregistrement obligatoire dès 1538 », nous signale un texte. La démarche officielle et la correspondance personnelle se rejoignent ainsi entre la cuisinière et le lave-vaisselle.

On poursuit la visite en se glissant dans la chambre à coucher, plongée dans le va-et-vient de la correspondance amoureuse entre des gens célèbres, ou pas. Côté célébrités, on y lit quelques extraits de lettres d’amour publiées : entre la romancière Virginia Woolf et la poétesse Vita Sackville-West (20 ans d’échanges), entre l’actrice Maria Casarès et l’écrivain Albert Camus (865 lettres), ou encore entre le poète Paul Eluard et son épouse Elena Ivanovna Diakonova, dite Gala (« Quand tu reviendras, je veux te parer merveilleusement. Donne-moi la taille pour les pyjamas », lui écrit-il un jour…). Côté anonymes, on effleure à travers quelques échantillons l’immensité émouvante du projet Amours solitaires de l’autrice et « militante de l’intime »

Photo : Lisa Frisco
u Mood board (tableau d’inspiration) pour ENVOYÉ ! dans l’atelier de la scénographe Olga Fabrizio
nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 4 Envoyé !
5 Envoyé !

Sous le signe de…

Une journée particulière autour des signes et de la correspondance

→ BM Cité —

Le Multi et 4e étage

Voir l’agenda, p. 56, pour les détails

Morgane Ortin, qui a récolté plus de 100’000 SMS envoyés par des internautes partageant leurs échanges amoureux. De cet océan en expansion, Morgane a tiré un compte Instagram et un roman épistolaire en deux tomes, publié chez Albin Michel en 2018-19 et adapté en web-série l’année d’après.

Je t’écris, cher-e moi d’autrefois…

On quitte la chambre pour le salon, où on tombe sur d’autres échanges entre personnalités (saviez-vous qu’on a conservé 18’000 lettres du philosophe et romancier Voltaire ? ) et où on plonge dans les romans épistolaires, des fictions dont l’intrigue se noue entièrement à travers des lettres échangées entre les personnages. Le genre, apprend-on, existe depuis l’Antiquité : dans Héroïdes du poète romain Ovide, des femmes mythologiques écrivent des lettres fictives (« Ta Pénélope t’envoie cette lettre, trop tardif Ulysse. Ne me réponds rien, mais viens toi-même »)… Aujourd’hui, le roman épistolaire se tisse d’e-mails, comme dans Cher connard de Virginie Despentes ou dans Pars, oublie et sois heureuse de Pierre Mérot. Dans le salon, des extraits de ces textes peuvent s’écouter en portant à l’oreille les volumes qui y sont disséminés : « Assieds-toi et écoute un livre », souffle une bulle.

On débouche pour terminer dans une salle à manger où, pour l’occasion, le repas qu’on partage est fait de papier. Un mot nous invite à nous attabler pour écrire une lettre qui pourra, au choix, être postée (la bibliothèque s’en charge), être emportée avec soi ou être laissée sur place afin qu’elle s’ajoute aux textes déjà accrochés. Autour de nous, les murs de la pièce affichent des lettres issues des ateliers proposés dans le cadre d’ENVOYÉ ! au public des BM et à celui qui apprend le français au sein de l’Université des cultures. Lors de ces rendez-vous, l’illustratrice Olga Fabrizio, scénographe de ce « parcours thématique », initie les participant-e-s au mail art, où la lettre et l’enveloppe sont travaillées comme des créations artistiques. La journaliste et écrivaine Anne Pitteloud, autrice des textes d’ENVOYÉ !, propose, elle, un cycle d’ateliers d’écriture appelé « Correspondances croisées » : « Et si vous écriviez plutôt à cette part de vous-même éloignée dans le temps ? Un objet perdu, un personnage de fiction qui a marqué votre enfance, un lieu oublié ou abandonné ? » Essayons : à chaque fois, par un petit tour de magie participative (lire l’encadré « Une insomnie, un set de film et un message de mon passé » ci-contre), les destinataires de ces lettres nous répondent…

Lorsque la carte postale était un message instantané

Le saviez-vous ? « Un temps, la poste à Genève faisait trois distributions par jour, et les gens s’écrivaient des cartes postales pour se donner rendez-vous dans la journée, comme on le fait aujourd’hui avec les SMS », raconte la journaliste et écrivaine Anne Pitteloud, autrice des textes qui jalonnent ENVOYÉ ! et animatrice des ateliers d’écriture « Correspondances croisées ». Parmi les supports de nos échanges écrits, « la carte postale est sans doute celui qui a le plus tenu le choc à travers les époques : aujourd’hui elle peut même s’écrire de manière virtuelle, via nos téléphones et des applications, tout en étant imprimée et envoyée en papier », remarque de son côté l’illustratrice Olga Fabrizio, scénographe d’ENVOYÉ !

Officiellement lancée à Vienne le 1er octobre 1869 (ce qui lui vaut un bon 154e anniversaire), la carte postale a failli disparaître après un sommet de popularité et un usage quotidien dans les années 1920, avant de vivre une relance à la fin des années 1970 avec le renouveau des techniques d’impression via le procédé offset. Avec son kitsch plus ou moins assumé, cet objet à la fois banal et romanesque n’a sans doute pas épuisé son stock de vies.

Journée inaugurale Sa 7.10 / 10h-18h
nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 6 Envoyé !

Atelier

Correspondances

croisées

Atelier d’écriture avec Anne Pitteloud

Sa 23.9 / 14h-16h

→ BM Cité — Espace Le 4e

Jeu 19.10 / 18h30-21h

→ BM Pâquis

Jeu 16.11 / 18h30-20h30

→ BM Jonction

Sa 2.12 / 10h-12h30

→ BM Servette

Sa 20.1 / 14h-16h30

→ BM Saint-Jean

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Une insomnie, un set de film et un message de mon passé

Comment prendre le thème de la correspondance et en faire un espace à visiter ? La question a valu « quelques cogitations insomniaques et quelques moments de vertige » à l’équipe qui a réalisé ENVOYÉ !, souffle Olivia Cupelin, programmatrice culturelle aux BM et coordinatrice du projet. En cause, la vastitude du thème, qui touche une bonne partie des personnes ayant vécu sur Terre depuis l’invention de l’écriture, mais aussi une question très pragmatique : que montrer pour rendre visible et visitable ce sujet ?

Pour chercher des réponses, Olivia Cupelin a rassemblé la petite équipe qui a monté ce « parcours thématique ». Première arrivée à bord, la scénographe Olga Fabrizio a été une faiseuse acharnée de correspondance en papier pendant

son enfance et son adolescence. « J’ai beaucoup écrit des lettres, attendu des lettres, composé des lettres avec des rébus, des collages et des dessins qui allaient du contenu jusqu’aux enveloppes.

C’est une chose qui m’a complètement habitée », se souvient-elle. Son coéquipier sur ce projet, l’artiste et scénographe lucernois Cäsar Balmer, a un background comme elle dans le décor de cinéma.

ENVOYÉ ! a été abordé à la fois comme le set d’un film, en construisant une maquette grandeur nature pour accueillir des histoires, et comme une exposition dont les objets montrés (lettres empruntées aux Archives de la vie privée de Carouge, cartes postales trouvées au marché aux puces, enveloppes vintage destinées au courrier « par avion ») seraient juste les déclencheurs d’autres récits.

i Pour nourrir leur réflexion en réalisant ENVOYÉ !, les scénographes Olga Fabrizio et Cäsar Balmer ont chiné lettres et cartes au marché aux puces.

Pour orchestrer le va-et-vient entre le fourmillement des histoires personnelles et l’histoire commune, la journaliste et écrivaine Anne Pitteloud a rédigé les textes qui ponctuent la visite et anime les ateliers d’écriture « Correspondances croisées ». Il s’agit là d’écrire une lettre « à une partie de soi éloignée dans le temps, à un objet perdu, à un un lieu d’enfance », explique-t-elle. Mais comment recevoir une lettre en retour ?

« L’idée, c’est qu’un-e autre participant-e réponde, en se mettant dans la peau du lieu, de la personne, de l’objet… Ça donne des choses parfois drôles et souvent très émouvantes. Et ça nourrit, répare, console, fait prendre confiance, fait avancer. C’est sans doute une des fonctions de la correspondance. »

7 Envoyé !
nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 Envoyé !

On ne s’est jamais autant écrit qu’aujourd’hui…

D’habitude, pour chaque saison de leur programmation culturelle, les BM montent une exposition dans l’espace Le Multi à la bibliothèque de la Cité. Pour la saison 2023-24 et sa thématique « Fais-moi signe ! », elles proposent plutôt un « parcours thématique » qui, cette fois, ne se centre pas sur des travaux d’artistes, mais sur des échanges de correspondance. Médiatrices culturelles à la BM Cité, Marjorie Schoch et Elena Gilardoni expliquent ce choix.

Pourquoi avez-vous souhaité plonger dans le thème de la correspondance ?

Marjorie Schoch : « On peut avoir l’impression que la correspondance, c’est quelque chose qui se pratique de moins en moins aujourd’hui. C’est sûrement vrai pour le format papier : lettres, cartes postales, cartons d’invitations… Mais sous d’autres formes et avec d’autres supports, on n’arrête pas de correspondre. On le fait même toute la journée, qu’on en ait envie ou pas, par mail, par message, sur les réseaux sociaux, pour différentes raisons : professionnelles, personnelles, administratives… Ce qui change par rapport à autrefois, c’est peut-être le fait que la correspondance d’aujourd’hui est plus directe, instantanée, impulsive, moins réfléchie, mais elle est toujours un lien.

Au cœur de cet échange, il y a le moment de l’attente. Une fois que le courrier est ENVOYÉ ! (comme le suggère le titre de notre “parcours thématique”), on se retrouve dans une expectative, qui peut être joyeuse ou inquiète. Les délais se raccourcissent évidemment avec le passage du papier au numérique, mais en contrepartie, on a constamment ce fil à la patte, on n’arrête pas de regarder nos téléphones portables,

notre boîte mail… De fait, la correspondance est plus présente dans nos vies aujourd’hui que par le passé. Les gens ont d’abord commencé à moins s’écrire lorsque le téléphone a cessé d’être une pratique rare et chère en se généralisant après les années 1950-60, mais avec le numérique, on revient à l’écrit.

L’échange épistolaire est également un champ foisonnant en littérature. Plonger là-dedans peut être perçu comme du voyeurisme, lorsqu’un-e auteur-e décède et qu’on va fouiller dans sa correspondance, mais aussi comme une révélation de qui était vraiment la personne dont l’intimité se dévoile à travers les lettres. Simone de Beauvoir, par exemple, a l’image d’une intellectuelle distante de ses émotions, mais quand on lit ses Lettres à Nelson Algren, son amoureux américain, on se dit “Ah non, elle avait une sacrée vie intérieure !” Il y a des correspondances entre auteur-e-s et maisons d’éditions qui donnent à voir le cheminement parfois heureux, parfois douloureux et compliqué qui conduit à la publication d’un roman. Il y a des courriers écrits et jamais envoyés comme la Lettre au père de Franz Kafka, qui permettent d’adresser un coup de gueule à quelqu’un qui nous a blessé-e et de s’ouvrir d’une manière que la parole orale ne permet pas.

Parfois les frontières se brouillent. Il y a par exemple cette fameuse lettre que George Sand envoie à Alfred de Musset en lui disant : voilà, je me suis peut-être trompée, mais au moins j’ai été vraie, j’ai aimé… Musset

Vernissage Sa 7.10 / 16h30-18h ENVOYÉ ! Une vie de correspondances → BM Cité / Le Multi ○ Tout public, dès 7 ans

o Correspondance vintage dans le laboratoire de la scénographe Olga Fabrizio.
La programmation 2023-24 des BM, bâtie autour du thème « Fais-moi signe ! », met en vedette la correspondance en lui consacrant un « parcours thématique ». Pourquoi ?
9 Envoyé !

prend cette lettre de rupture, où elle lui balance ses quatre vérités de manière assez cash, et il la met dans sa pièce On ne badine pas avec l’amour pour en faire la célèbre scène de la fontaine. Tout le monde dira à quel point cette pièce est magnifique et ce dialogue splendide, mais dans ce passage, Musset a quelque part spolié George Sand, qui lui écrivait quelque chose de très intime. »

Comment le thème se décline-t-il dans l’univers du jeune public ?

Elena Gilardoni : « On a parfois l’impression que les jeunes n’écrivent plus. Ce “parcours thématique” montre que ce n’est pas vrai : les jeunes communiquent constamment, par textos, WhatsApp et Snapchat, mais aussi, plus petit-e-s, en envoyant des dessins à la grand-mère (une manière de garder le lien avant d’avoir appris l’écriture), en s’échangeant des invitations aux anniversaires, en se passant des petits mots en classe… Ça peut prendre parfois des formes ludiques et un peu magiques : je me souviens, petite, des avions en papier qu’on lançait avec des mots pliés dedans, des ballons qu’on lâchait en l’air dans l’espoir que quelqu’un les retrouve avec leurs billets accrochés, de l’imaginaire de la bouteille jetée à la mer…

Dans les livres pour enfants, la correspondance est très présente. Elle est en lien, par exemple, avec le sujet du déménagement, qui est souvent vécu comme un changement terrible : on doit s’habituer à une autre école, se refaire des copines et des copains… Il y a pas mal d’albums où des enfants s’écrivent pour se raconter leur nouvelle rue, leur nouveau voisinage, leurs nouveaux camarades. Dans les romans pour ados, on trouve souvent le sujet des secrets de famille découverts dans des archives familiales via des lettres qui dévoilent par exemple un amour secret, et qui permettent parfois de dénouer quelque chose… Il y a un aspect qui m’émeut particulièrement dans les lettres de famille. J’ai l’impression que lorsque des êtres s’en vont, on perd assez vite la mémoire de leur voix. Leur correspondance, avec leur ton, leur style, leur écriture manuscrite, est alors la seule chose qui reste vivante des personnes qui ne sont plus là. »

Des millions de lettres autrefois, des milliards d’e-mails et de messages sur nos téléphones aujourd’hui…

Quoi d’autre ?

Elena Gilardoni : « Une autre facette de la correspondance qui nous a beaucoup parlé, ce sont les petits mots du quotidien, les post-it qu’on se laisse sur la table de la cuisine, sur le frigo ou sur l’écran de l’ordinateur, qui parfois sont conservés et qui permettent alors de reconstituer une relation. C’est ce qui se passe avec les petits mots lus dans la chanson “Brandt Rhapsodie” de Benjamin Biolay avec Jeanne Cherhal : on commence par des messages hyper chauds après une des premières nuits passées ensembles, puis un jour elle dit “Je suis enceinte”, et à la fin ça devient ”Pense à rappeler ta mère qui me harcèle” ou “produit vaisselle, lait demi-écrémé bio”… »

Avertissement : cet article ayant été bouclé deux bons mois avant le vernissage d’« ENVOYÉ ! », il existe forcément des différences entre le « parcours thématique » réalisé et la description présentée ici.

nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 10 Envoyé !

i Mood board (tableau d’inspiration) pour ENVOYÉ ! dans l’atelier de la scénographe Olga Fabrizio

La correspondance remplit des livres aussi

Une ourse écrit des lettres à un oiseau. Un mystérieux message plonge des ados dans une fiction effrénée. L’actrice Juliette Drouet envoie mille lettres d’amour à l’écrivain Victor Hugo. Des échanges de courrier tissent toute l’intrigue de Frankenstein et de Dracula. Un fourmillement d’e-mails remplit un chapitre échevelé de La maison en pain d’épices de Jennifer Egan… Entre fiction et réalité, entre anonymat et célébrité, entre la petite enfance et un âge adulte plus ou moins avancé, la correspondance remplit des livres entiers. La bibliographie publiée en marge du « parcours thématique » ENVOYÉ ! en propose une sélection. On la trouve en papier dans les 7 bibliothèques du réseau et en ligne ici : genevebm.com/bibliographies

11 Envoyé !

Les ouvrier-e-s saisonnier-e-s se souviennent.

Des centaines de milliers de personnes ont travaillé en Suisse avec un permis « A », qui les conduisait à cacher leurs enfants…

Dans le film Lettres ouvertes, Katharine Dominicé récolte leurs récits. La BM Cité l’accueille le 5 décembre pour une rencontre et une projection d’extraits.

Et nous ?

« Vous avez décidé d’écrire. Vous avez raison » : ce sont les premiers mots du film Lettres ouvertes de la réalisatrice genevoise Katharine Dominicé (2023). La voix est celle de l’écrivain et scénariste Antoine Jaccoud, qui incarne ici le point de vue d’une Suisse qui veut se souvenir des centaines de milliers de travailleurs dit saisonniers et des dizaines de milliers de travailleuses dites saisonnières admis-e-s entre 1931 et 2002 avec un permis « A ». Leur statut, aujourd’hui disparu, permettait de rester au maximum 9 mois par an dans le pays sans pouvoir accéder à un bail pour se loger, sans sa famille, sans assurance chômage et sans le droit de changer d’employeur. « Il est temps que ça sorte avant que ce ne soit oublié, avant qu’on fasse comme si rien de tout cela n’avait jamais existé », insiste la voix.

Dans la première lettre, un ancien saisonnier appelé Jesús Gómez Antelo s’adresse à son ancienne maîtresse d’école : « Je viens par la présente vous déranger au paradis où je suppose que vous êtes allée comme toute âme généreuse et bienveillante », commence-t-il.

Jesús enchaîne avec son histoire : « À un moment de ma vie, dans la fleur de l’âge, j’ai dû prendre le chemin que prenaient des milliers de Galiciens, qui confluaient vers la Suisse dans d’interminables wagons. »

Immeubles en verre, baraques en bois

Les images de l’homme lisant sa lettre devant la caméra se mêlent à des séquences d’archives personnelles et de la télévision, montrant les saisonniers torse nu dans un vestiaire : « Après avoir fait la queue à la visite médicale de rigueur pour vérifier que mes organes vitaux résisteraient aux dures conditions de vie et de travail qu’on allait m’imposer, je me suis promené dans le “quartier des banques” à Genève comme pour saisir son parfum », reprend Jesús. Le quartier est, au passage, l’un de ceux où les saisonniers ont bâti des immeubles en verre et en béton. Dans les années 1960-70, une bonne partie de la Genève internationale, ainsi que quelques bâtiments voués au luxe autour de la rue du Rhône ont été construits par ces ouvriers.

Contraste : « Mon logement était dans des baraquements collectifs en bois, où l’on entassait des centaines de travailleurs et leurs épouses, clandestines pour la plupart, des travailleuses exploitées au noir. Quelques-uns de vos autres élèves étaient, eux, installés dans des vieux bâtiments délabrés autour de la gare. Là, j’ai appris que les divers rats et souris n’étaient pas si méchants. Avec eux, on pouvait trouver un modus vivendi. Avec les autorités, ce n’était pas possible », reprend Jesús, qui raconte avoir construit,

nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 12 Envoyé !

lui, « de solides bâtiments d’habitation à Champel, des trottoirs à Saint-Jean, des fondations de l’hôpital cantonal… » Pourquoi, au juste, adresse-t-il ce récit à sa maîtresse d’école ? « J’étais un peu déçu, vous saviez tout et me formiez pour devenir quelqu’un un jour, et vous n’avez pas réussi à me prévenir de ce qui m’attendait » .

Les enfants du placard

Comment ces « lettres ouvertes » ont-elles été rédigées ? « Avec chacun des protagonistes, nous avons eu, avant le tournage, de longues conversations sur leurs années en tant que saisonnier ou saisonnière ou en tant qu’enfant, et ce qui s’en est suivi », raconte la réalisatrice dans la publication Nous, saisonniers, saisonnières… Genève 1931-2019, publiée à l’occasion de l’exposition du même nom qui avait suscité le projet de ce film (et qui deviendra un parcours en ligne et dans l’espace public dès le mois d’avril 2024).

Lettres ouvertes enchaîne avec la missive de Vlora Abdyli et Merita Elezi à leur père, Kadri Avdullahi, parti en 1973 du Kosovo (« Quand on te disait “C’est quoi saisonnier, papa ? ”, tu répondais : “Un saisonnier ? Mes enfants, c’est bien pire que d’être un immigré, saisonnier c’était tout quitter pour devenir l’esclave d’un patron »). Puis avec la lettre d’Helena Verissima de Freitas, qui passe six ans dans un village portugais avec ses grands-parents pendant que ses parents et son petit frère sont en Suisse.

Ce frère, à qui Helena s’adresse en racontant « la période que nous aurions dû vivre ensemble », était alors l’un des dizaines de milliers d’« enfants du placard », contraint-e-s à « regarder la Suisse depuis la fenêtre d’un appartement devenu cachette, refuge, planque et prison à la fois », rappelle Antoine Jaccoud. (Le journaliste TV Massimo Lorenzi a été un de ces enfants. Dans un extrait de débat télévisé inclus dans le film, il se souvient de l’époque où des bistrots se déclaraient « Interdit aux chiens et aux Italiens » ).

Les pestiférées de Chirat

La déchirure familiale est également au cœur de la lettre d’Olga Esperante, ancienne saisonnière à l’usine Chirat de Carouge, qui écrit à son fils Alfonso, resté un temps en Espagne : « Même le fait de passer ma journée à remplir des bocaux en verre de cornichons, oignons et autres légumes, et toutes les remarques

humiliantes du genre “les pestiférées de Chirat arrivent” en rentrant dans le tram, ou le fait que le vide se fasse autour de nous à cause de cette odeur qui nous imprégnait n’avaient aucune importance puisque je pensais à toi et au moment où nous allions nous retrouver. »

Depuis 2002, avec les accords de libre circulation entre l’Union européenne et la Suisse, le statut de saisonnier-e-s n’existe plus, mais les blessures restent et les déchirures se transmettent. « Pour nous, les troisièmes générations, qui ne voulons pas partir et qui nous considérons comme Suisses, ne pensez-vous pas qu’il serait temps de rendre la naturalisation automatique ? » demande Yannick Gilestro, Italien de Genève, à la Conseillère fédérale en charge du Département de justice et police. Curieusement, les habitations précaires des saisonnier-e-s sont également restées, note Antoine Jaccoud : « Les cabanons de bois qui vous étaient autrefois réservés accueillent aujourd’hui des scouts ou des clubs de dresseur de chiens. Les logements insalubres qui étaient les vôtres sont maintenant destinés aux nouveaux migrants venus du MoyenOrient d’Afrique ou d’Asie. »

Rencontre Ma 5.12 / 19h-20h30

Lettres ouvertes — Un film de Katharine

Dominicé

Projection d’extraits et discussion avec la réalisatrice, animée par Julien Rapp

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En ligne et en rayon

Le dossier Lettres ouvertes en ligne : genajohnkids.ch/films-projets

Les autres films de Katharine Dominicé dans le catalogue des BM : Soeurs (2009)

Les années Schwarzenbach (2010)

La publication Nous, saisonniers, saisonnières… Genève 1931-2019 en ligne : bit.ly/nous-saisonnier-e-s

Le roman L’enfant lézard de Vincenzo Todisco (Zoé, 2021), dans le catalogue des BM

13 Envoyé !

Peut-on s'aimer par courrier ?

Letters Love

C'est un des rêves récurrents qui traversent notre culture : celui d'une histoire d'amour qui commencerait à l'enfance et qui ne s'arrêterait jamais, quitte à revenir sur le tard après une longue éclipse, ou à se déclarer après avoir couvé dans l'ombre pendant des décennies. D'où vient ce fantasme ? Peut-être de l'envie de penser qu'un fil rouge relie les épisodes épars de notre vie, qu'une vérité fait son chemin à travers les accidents du quotidien, qu'une existence parallèle, secrète et plus vraie, donne un sens et une cohérence à notre vie… C'est ce qui arrive aux deux personnages de la pièce Love Letters, qui s'écrivent depuis toujours — des mots d'enfants, puis des lettres d'adultes —, tissant une relation amoureuse qui n'est jamais véritablement vécue, mais qui traverse et remplit leurs vies.

Écrite en 1988, Love Letters trouve très vite sa place dans le hit-parade du théâtre contemporain. Le succès lui tombe dessus un peu par surprise, car son auteur, l'Américain A.R. Gurney, n'avait pas du tout destiné ce texte à la scène. « Je l'avais écrite comme une nouvelle épistolaire et je l'avais fièrement envoyée au magazine The New Yorker, qui l'avait rejetée tout aussi fièrement en disant : “Nous ne publions pas de pièces de théâtre” », raconte sur son site Web l'auteur, connu avant tout comme chroniqueur ironique de la classe supérieure blanche protestante anglo-saxonne (White Anglo-Saxon Protestant, ou WASP) en plein déclin. Poussé par son agent, l'écrivain porte son texte sur scène, l'interprétant tout d'abord lui-même avec une amie comédienne, Holland Taylor, entre les rayons bibliothécaires de la New York Public Library.

Pas besoin d'apprendre cet amour par cœur

D'où vient le succès planétaire de la pièce ? « Love Letters parle d'une histoire d'amour qui dure cinquante ans, se déroulant essentiellement à travers des lettres, dans un monde où la correspondance est encore un

C'est une des plus célèbres pièces de théâtre du 20e siècle, elle est entièrement faite de lettres lues, elle a été créée dans une bibliothèque new-yorkaise en 1988.
Avec Deborah Étienne et Frédéric Landenberg, qui la jouent depuis 10 ans, elle retourne en bibliothèque, le 19 octobre à la Cité.
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mode de communication essentiel, en particulier entre les hommes et les femmes. La pièce est facile à distribuer parce qu'elle fonctionne avec des comédien-ne-s de tous âges, facile à produire parce qu'elle ne nécessite pas de décor, et facile à répéter parce que les lettres sont lues plutôt qu’apprises par cœur », explique Gurney.

Une longue série de duos (et parfois de couples), incluant un bon quota de stars, a interprété la pièce dans le monde anglophone (Elizabeth Taylor, Mia Farrow, Sigourney Weaver, Mel Gibson, Tom Hanks, Bryan Cranston…) et francophone (où Anouk Aimée l'a jouée à tour de rôle avec Jean-Louis Trintignant, Alain Delon et Gérard Depardieu). À cette liste s'ajoute le couple genevois formé par Deborah Étienne et Frédéric Landenberg, qui la joue depuis 2010 dans des théâtres, mais aussi, en une version scéniquement allégée, dans des cafés, voire chez des gens.

Qui sommes-nous quand nous correspondons ?

En 2020, Deborah et Frédéric se mettent en route avec leurs deux enfants ados pour un périple tri-continental, un projet nomade d'école à la maison ponctué de représentations de Love Letters prévues en Russie, en Mongolie, en Chine, au Sri-Lanka et aux Philippines, avant de s'envoler — selon les plans — en Amérique Latine, au Salvador, pour y tourner un film avec le réalisateur genevois Frédéric Baillif. Le Covid s'en mêle, redessine l'itinéraire, détourne la famille

vers la Thaïlande. La pièce se jouera malgré tout ici et là avec l'aide des ambassades suisses et de l'Alliance française.

Après cette vaste tournée semi-improvisée, les Love Letters reviennent donc là où leur trajectoire avait commencé il y a 45 ans : dans l'espace d'une bibliothèque, où elles viennent questionner le thème exploré par le parcours thématique Envoyé. Qui sommesnous quand nous correspondons ? Sommes-nous les mêmes que lorsque nous échangeons en chair et en os ? S'adressant à son correspondant après un bref dérapage de leur relation vers la réalité, la protagoniste de la pièce s'énerve : « Je ne dis pas qu'en vrai tu sois nul, mais ce que je veux dire, c'est que toutes ces lettres, tous ces mots ont tout embrouillé. Ils nous ont fait passer pour des gens que nous ne sommes pas. Et du coup, il y avait deux absents à l'hôtel Duncan cette nuit-là : le vrai toi et le vrai moi. »

Spectacle Je 19.10 / 19h-21h

Love Letters

Un spectacle de Deborah Etienne et Frédéric Landenberg, d'après A.R. Gurney

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15 Envoyé !

Écrivaine publique

un travail de lien et de mots

Aux BM Minoteries, Saint-Jean et Cité, des bénévoles aident le public à rédiger du courrier (et parfois d’autres choses). Rencontre avec Lucienne Bigler-Perrotin et Anita Droz, qui reçoivent sans rendez-vous le jeudi à la Cité

Qu’est-ce qui vous a amenées à être écrivaines publiques ?

Lucienne Bigler-Perrotin (à droite sur la photo) : « Je bois mon café à la rue Dancet, et à côté il y a le Point info du Service social, où je voyais depuis des mois une affiche disant qu’on cherchait des écrivains publics. Je suis passionnée d’histoires de vie, de ce que les personnes vivent et de ce qu’elles en disent… J’en ai parlé à Anita, avec qui j’avais travaillé dans le passé, ça l’intéressait aussi. »

Anita Droz (à gauche sur la photo) : « Ça fait 6 ans que je suis à la retraite, j’avais envie de faire du bénévolat en apportant quelque chose de mon savoir. Il se trouve que Lucienne avait été directrice de la Ligue genevoise contre le cancer et moi, avant de revenir à Genève, directrice de la Ligue vaudoise. On a donc de l’expérience en matière de courrier, mais aussi de rencontres avec l’autre dans des relations d’aide : notre profession était faite de tout ça… »

Ce travail ressemble-t-il à ce que vous imaginiez ?

Lucienne : « J’imaginais qu’un jour, j’écrirais une lettre d’amour. Enfin, j’en ai écrit, mais pour moi, jamais en tant qu’écrivaine publique… Je pensais que les personnes qui ont du courrier administratif à écrire ont suffisamment d’aide au niveau des services sociaux, et que là où elles n’en ont pas, ce serait pour des choses plus personnelles. »

Anita : « J’avais une image de l’écrivain public avec sa petite table dans la rue, des siècles en arrière, aidant des gens qui ne savent pas lire et écrire. En réalité, on rencontre aussi des gens qui savent très bien le français, mais qui tout d’un coup, pour une candidature à un job auquel ils tiennent, aimeraient que la lettre de motivation et le CV soient impeccables, sans fautes d’orthographe, avec de belles tournures de phrases… »

Qu’est-ce qu’on vous demande d’écrire ?

Lucienne : « Beaucoup d’administratif : renouvellement de permis, recherche de stage ou d’appartement, difficulté avec une administration, demande de bourse ou d’un arrangement de paiement pour les impôts… Il m’est aussi arrivé d’avoir des jeunes qui demandaient une aide pour leur travail de fin d’études. Il y en a une qui m’a particulièrement touchée. Elle avait une situation trop difficile pour envisager de se faire aider par sa famille. Je l’ai fait parler, elle avait plein de belles idées, on voyait qu’elle avait travaillé le sujet. Elle n’attendait pas que je fasse le travail à sa place, elle avait juste besoin d’un petit coup de pouce pour démarrer.

Une fois, j’ai eu une dame qui voulait écrire les mémoires de sa maman, qu’elle avait perdue quand elle était toute jeune, mais elle ne savait pas comment commencer. Je l’ai fait parler, et tout à coup je lui dis “Peut-être que le début pourrait être ceci…” Elle me répond “Oui, ça se clarifie, je vois maintenant comment faire !”.

En fait, elle savait très bien écrire, mais il fallait qu’elle puisse d’abord en parler. »

Y a-t-il des limites que vous ne franchissez pas ?

Anita : « C’est rare, mais il arrive qu’on ait des demandes du type lettre d’avocat, que nous n’avons pas le droit de faire. Surtout, on doit écrire ce que la personne souhaite, refléter ce qu’elle veut communiquer en le mettant en forme dans des bonnes phrases, mais sans jamais se mettre à sa place ni suggérer ce qu’elle pourrait dire. J’ai eu deux fois des personnes qui m’ont dit “Il me faut un CV” et rien de plus, sous-entendant quelque chose comme “Débrouille-toi, il faut que tu meubles, tu n’as qu’à inventer”. Si c’est un problème de langue, je leur suggère de revenir avec quelqu’un qui traduit, mais je ne vais évidemment pas imaginer un faux CV. »

Lucienne : « J’ai eu une fois une personne dont je suis persuadée que tout ce qu’elle m’a raconté pour faire son CV était faux, mais en même temps qui suis-je pour juger ? Donc je l’ai fait. »

Qu’est-ce qui vous a surprises ?

Anita : « Une chose qui m’a stupéfaite, c’est à quel point les gens sont contents. On les entend s’exclamer : “Ouah, c’est exactement ce que je voulais dire ! ”. Ils ont une grande reconnaissance, à laquelle je ne m’attendais pas. »

nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 16 Envoyé !

Le service « Écrivain public » de la Ville de Genève

Les lundis 8h30-12h sans rendez-vous, Point info de la Servette

Les lundis 8h30-11h30, Point info de Plainpalais

Les mercredis 11h-13h, BM Minoteries

Les jeudis 17h-19h sans rendez-vous, BM Cité (horaire d’été jusqu’au jeudi 17 août : 15h-17h)

Les vendredis 9h-11h15, BM Saint-Jean

Inscription (sauf pour la BM Cité et le Point info Servette) au numéro gratuit 0800 44 77 00

La page Web de ce service : bit.ly/ecrivain-public-geneve

Lucienne : « Lorsque vous faites un CV, vous mettez généralement trois mots tout en haut pour décrire vos qualités. Les personnes qui viennent nous voir n’ont souvent aucune idée de quoi mettre là. Alors on les fait parler, et tout à coup, dans ce qu’ils disent, on trouve ces trois mots. Et quand on les leur dit, ils se sentent tellement valorisés… On réalise que ça faisait longtemps qu’ils n’avaient pas entendu quelque chose de positif les concernant. »

Quel est l’aspect le plus difficile ?

Anita : « Ce qui fait qu’on sort parfois de là épuisées, c’est que qu’on doit à la fois prendre connaissance d’un courrier et taper une réponse pendant que la personne nous explique ce qu’elle veut dire et qu’elle nous raconte sa vie, car c’est un des rares moments où il y a quelqu’un qui lui prête attention. Comme Lucienne était infirmière et moi assistante sociale, cette écoute rentre bien dans le cadre de nos vocations et de nos jobs, mais en même temps, on doit quand même pondre notre truc… »

Avez-vous des retours des personnes que vous avez aidées ?

Anita : « Je n’en ai jamais eu. Mais on est parties de l’idée que ce serait comme ça, qu’on ne saurait pas si la démarche à laquelle nous avons participé a abouti ou pas… C’est juste un moment. »

17 Envoyé !

Unfoisonnement le couloir de la mort

de vies dans Interview

avec Valentine Cuny-Le Callet

Le jeune homme rigole, avec cet éclat d'enfance qui remplit un visage adulte après une bonne blague. Sa tenue orange s'harmonise avec l'ambiance joyeuse de la photo. On ne dirait pas qu'il vit depuis quinze ans dans un « couloir de la mort », en attente de son exécution dans une prison américaine. Condamné en 2008 pour un crime qu'il a commis (ou pas) en 2006, Renaldo McGirth attend une « re-sentence » depuis 2016, lorsque sa condamnation a été déclarée inconstitutionnelle car rendue par un jury non unanime.

Pendant ce temps, en 2016, une jeune Française entre en correspondance avec lui. La peine de mort la travaille depuis l'âge de dix ans, lorsque son regard est tombé sur la première photo montrant une exécution par chaise électrique, prise en 1928. En 2015, après l'attentat contre Charlie Hebdo, Valentine Cuny-Le Callet a été secouée en entendant deux voix dans les médias : celle de Marine Le Pen qui réclame le retour de la peine de mort en France, et celle de Danielle Mérian, activiste de l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT), qui exhorte à ne pas retomber dans ce genre de vengeance.

À partir de là, la jeune femme s'engage. Dans le cadre du programme de correspondance avec un condamné à mort, l'ACAT lui attribue un partenaire épistolaire : ce sera l'homme qui rigole en orange, dont elle finit par devenir amie. Autrice et illustratrice, Valentine Cuny-Le Callet racontera cet échange en un récit (Le Monde dans 5m², éditions Stock, 2020) et en une bande dessinée (Perpendiculaire au soleil, éditions Delcourt, 2022), dont les pages en noir et blanc accueillent parfois les peintures colorées de Renaldo McGirth. Les deux ouvrages marquent les esprits. Le premier par la clarté avec laquelle son propos navigue dans la complexité du sujet. Le deuxième par le foisonnement de son invention visuelle, par la force et la

18 Fureur de lire nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024

La jeune autrice et illustratrice française échange depuis 2016 avec le condamné américain Renaldo McGirth, dont le destin flotte dans les méandres de la justice. Elle en a tiré deux livres aussi subtils que percutants…

Interview, avant la rencontre prévue le 23 novembre à la BM Cité dans le cadre du festival Fureur de lire

i Ci-dessus : l’autrice rend visite à son correspondant dans la prison d’État de Floride à Raiford, le 10 novembre 2017
19 Fureur de lire

Rencontre Je 23.11 / 19h-20h30

Perpendiculaire au soleil —

Valentine Cuny-Le Callet

Une correspondance graphique

Rencontre animée par Raphaël Oesterlé, enseignant / chercheur à l'UNIL et à l'ESBDI

Dans le cadre de la Fureur de lire 2023 et du parcours thématique

Envoyé ! Une vie de correspondances

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subtilité de ses planches, par sa manière d'organiser un récit à tiroirs entre le vécu personnel, les labyrinthes juridico-administratifs et les tréfonds de l'histoire raciale américaine.

Au début, vous ne cherchez pas à connaître les faits pour lesquels Renaldo a été condamné…

« Pour moi, c'était une question de décence. Je voulais tenter de ramener un peu d'égalité dans cet échange qui serait de toute façon très inégalitaire. J'ai donc décidé de ne pas me renseigner à l'avance, puisque lui n'avait pas la possibilité d'avoir des informations sur moi. Après avoir commencé à lui écrire, je ne voulais pas rester dans ce flou et je lui en ai parlé. Renaldo a alors exprimé la nécessité que je sache, que je me fasse mon opinion et que je sois au courant de ce qui est, de fait, l'événement le plus important de sa vie, la décision de justice qui le reconnaît coupable du meurtre de Diana Miller. »

En 2006, Renaldo et deux autres personnes braquent la maison de Diana et James Miller, qui hébergent alors leur fille Sheila, à laquelle Renaldo a vendu autrefois des drogues. Au cours du braquage, quelqu’un tire sur les parents, et Diana mourra de ses blessures. Sans preuves matérielles, les deux autres braqueurs désignent Renaldo comme le meurtrier. Renaldo, qui se dit innocent, donne-t-il une autre version des faits ?

« Non. Puisqu'il n'en parlait pas dans ses lettres, je n'allais pas creuser, parce que tous les courriers sont lus par l'administration de la prison, et chercher à lui faire développer un récit risquait de déboucher sur quelque chose qui pourrait être utilisé contre lui. »

Vous êtes très claire (comme l'est d'ailleurs l'ACAT) sur le fait que l'innocence n'est pas une condition pour prendre position contre la peine de mort, ni pour soutenir humainement un-e condamné-e en engageant une correspondance.

« Pour moi, l'innocence est une couche de plus dans l'horreur. Il y a une proportion non négligeable de condamnés qui ont été par la suite intégralement innocentés. Et en disant ça, je ne compte pas ceux qui ont été libérés en passant par un plaidoyer Alford (Alford plea), qui dit, en gros : “On te libère parce qu'on a établi que tu es innocent, à condition que tu signes un papier disant que tu es coupable, comme ça tu ne pourras pas attaquer l'État pour dommage et intérêts”… En tout cas, l'innocence n'est pas le cœur de la démarche abolitionniste, qui consiste à considérer que ne pas être condamné à mort est un droit humain fondamental. »

Pensez-vous que la possibilité de l'innocence était nécessaire pour que vous deveniez

non seulement correspondante, mais aussi amie de Renaldo ?

« Je corresponds avec d'autres personnes dans la même situation que lui, notamment dans le cadre de ma thèse sur la pratique des arts plastiques dans le couloir de la mort aux États-Unis, mais Renaldo est le seul dont je suis devenue amie. Il m'est difficile d'imaginer comment j'aurais réagi si l'ACAT m'avait attribué quelqu'un d'autre comme correspondant, quelle aurait été par exemple ma relation avec une personne condamnée pour des crimes racistes ou à aspect sexuel. J'ai juste la certitude que j'aurais tout fait, dans tous les cas, pour que la correspondance fonctionne. En ce qui concerne la culpabilité ou l'innocence de Renaldo, on me pose souvent la question : “Finalement, vous en pensez quoi ? ” Mais je ne m'exprime jamais personnellement là-dessus. »

Lorsque vous le questionnez sur les plus beaux jours de sa vie, Renaldo vous raconte deux épisodes de violence assez terribles qu'il subit, plus ou moins par accident, de la part de ses frères, peutêtre parce que ces faits lui valent ensuite des soins attentionnés…

« … et à chaque fois, ça se termine avec l'Aloe vera à appliquer sur la peau… Renaldo a clairement eu une enfance et une adolescence très difficiles, mais il n'a jamais formulé la moindre plainte à ce sujet. À chaque fois qu'il m'a donné des bribes là-dessus, il en a parlé comme s'il s'agissait de bons souvenirs, voire des plus beaux souvenirs de sa vie. En essayant d'illustrer ces événements dans la bande dessinée, je voulais que ce soit violent, mais en évitant de trahir le sentiment de tendresse que Renaldo ressent face à ces souvenirs. Aussi horrifiée que j'étais, je devais tenir compte du fait que ces moments d'une violence incommensurable s'étaient soldés à ses yeux par quelque chose de beau, qui lui faisait du bien. J'ai voulu garder ce décalage dans la BD. »

On s'inquiète, tout à coup, lorsqu'on arrive au moment de votre récit où Renaldo semble disparaître dans des courriers où il ne fait plus que paraphraser vos lettres à vous…

« Beaucoup de condamnés à mort font tout pour rendre leur vie aussi riche que possible. Mais je n'ai pas besoin d'être experte psychiatre pour me permettre de diagnostiquer à Renaldo, dans sa situation, une petite dépression cyclique… J'ai mis du temps à me rendre

20 nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 Fureur de lire
« La prison est une poupée russe faite d’une grande couche de barbelés, cachant une couche de concertina, cachant un mur, cachant une cage, cachant un uniforme, cachant une personne »

compte que ces moments un peu difficiles de la correspondance n'étaient pas de ma faute et qu'il fallait que je continue à lui écrire. Aujourd'hui, j'appréhende plus facilement les moments où Renaldo est en bas de sa roue, je ne m'auto-flagelle plus et je continue à essayer d'être une de ses habitudes positives, puisque les habitudes de la prison sont par ailleurs répressives et limitantes. »

On s'inquiète, aussi, lorsqu'il se fait examiner à cause de ses maux de tête et qu'on lui trouve une grosseur dans le cerveau. En sait-on davantage ?

« Non, si ce n'est qu'en ce moment il ne s'en plaint pas trop. J'ai essayé de me renseigner auprès de médecins à partir du peu d'informations que j'avais, on m'a répondu que, selon l'emplacement, on peut vivre longtemps et normalement avec une telle grosseur. Le problème a été détecté il y a 4 ans et c'est le flou total. Voilà le temps de la prison… Il y a une obligation constitutionnelle de soins pour les prisonniers, y compris dans le couloir de la mort, mais l'application de cette loi n'est pas terrible. Et ce n'est pas un sujet très populaire aux États-Unis, où la santé coûte si cher. Beaucoup de gens vous disent : “Moi je dois payer pour avoir des soins et eux, en prison, auraient la protection constitutionnelle pour se faire soigner, quelle honte…” On entend ces propos en France, mais c'est encore pire aux États-Unis. »

Une année après la sortie de « Perpendiculaire au soleil », Renaldo est toujours en attente d'une « re-sentence » qui confirmera la peine de mort ou la convertira en emprisonnement à vie. Se projette-t-il plus loin ?

« Oui. Ça dépend de son moral, mais il arrive régulièrement, en écho à ce que je lui raconte, qu'il parle de son futur, des voyages qu'il fera… Donc oui, il se projette dans la liberté, absolument. Et moi, qui ne suis évidemment pas experte juridique, j'essaye de suivre parce que c'est aussi mon rôle, quel que soit le réalisme de ce qu'il me dit : je suis là pour un soutien moral, donc je m'adapte à ses niveaux d'espoir. »

Pouvez-vous en dire plus sur votre thèse ?

« Après avoir commencé à correspondre avec Renaldo et découvert sa pratique des arts plastiques, au fil de mes échanges dans les milieux associatifs, j'ai entendu parler d'un certain nombre d'artistes actifs dans les couloirs de la mort. J'ai réalisé que, en France comme aux États-Unis, il y a beaucoup d'études sur les effets de l'art-thérapie et des ateliers artistiques en prison, mais plus ou moins rien sur la création plus personnelle, voire illégale des détenus. Il faut savoir qu'en prison est considéré comme contrebande tout usage d'un objet pour autre chose que son but premier. Le papier toilette est autorisé, mais faire une sculpture en papier mâché à partir de papier toilette, c'est de la contrebande… Souvent les gardiens ferment les yeux, mais le statut de contrebande de ces œuvres peut être

21 Fureur de lire
u Planches de Perpendiculaire au soleil. Ci-contre, la journaliste Ida B. Wells, née esclave, autrice de plusieurs livres sur Les horreurs du Sud.

utilisé à des fins punitives contre les détenus. J'ai voulu me pencher sur ces pratiques, décrire les différentes méthodes de création, ce qui est produit et comment ces œuvres permettent de créer du lien, entre détenus et avec l'extérieur. »

Dans vos livres, on vous voit partir aux États-Unis pour fréquenter la School of the Art Institute of Chicago, puis revenir en France. Et aujourd'hui ?

« Je suis installée depuis deux mois au Texas, je suis mariée à un Américain… Curieusement, pas mal de gens me demandent si Renaldo est mon compagnon, s'il y a une relation amoureuse dont

je n'aurais pas parlé dans la bande dessinée, et quand je réponds que non, qu'il n'y a qu'une relation d'amitié, j'ai parfois l'impression que la personne en face se dit “Ah OK, alors ça va”, comme si cette réponse me rendait plus crédible… J'ai un petit sentiment amer dans ces cas, parce que j'ai l'impression de ne pas être solidaire avec les personnes qui, elles, sont des activistes mariées ou en couple avec des gens dans le couloir de la mort, et qui s'en prennent plein la gueule. Il y a un vrai sexisme dans cette attitude, avec une concentration médiatique et populaire sur les femmes qui seraient atteintes d'”hybristophilie”, un terme désignant l'attirance sexuelle pour des personnes ayant commis des crimes vio-

lents… Évidemment, on parle beaucoup moins des forums en ligne masculinistes qui érigent certains tueurs de masse en héros et dont les membres se montent le bourrichon en passant parfois à l'acte et en perpétrant des violences, généralement contre des femmes… »

Une année après la sortie de la BD, quel est l'impact de ce travail sur votre vie ?

« Perpendiculaire au soleil a eu un succès inespéré, ça a été très riche en émotions. J'ai reçu énormément de soutien de la part de lecteurs d'origines et de milieux sociaux variés, des libraires, du milieu de la bande dessinée, d'auteurs qui ont marqué

nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 22 Fureur de lire

mon adolescence et que je tutoie maintenant en festival ! Le temps consacré à la promotion, les nombreux messages reçus sur les réseaux sociaux… ça faisait un gros changement de rythme par rapport au petit travail de fourmi que j'avais fait jusque là, à mon bureau, travaillant chaque chose très longtemps, dans une assez grande solitude. Maintenant, j'ai à nouveau envie de me refermer, de me remettre dans ma bulle pour pouvoir travailler. C'est comme les huîtres, on oscille entre la marée haute et la marée basse, ouvertes ou fermées, et il faut que les cycles soient un peu équilibrés. Je me concentre maintenant sur ma thèse… et j'incube le prochain livre. »

En ligne et en rayon

Les livres de Valentine Cuny-Le Callet dans le catalogue des BM : – Le Monde dans 5m², Stock, 2020 – Perpendiculaire au soleil, Delcourt, 2022

Valentine Cuny-Le Callet sur Instagram : www.instagram.com/valentine.clc

io Planches de Perpendiculaire au soleil.

« Je sais qu’il faut que je continue à lui raconter mes projets de livres pour enfants, les concerts où je vais, les blagues absurdes de mes cousins. »

23 Fureur de lire

Diane, Diane, Diane,

Un homme reçoit un coup de fil. Une amie l'appelle de Rome, où elle est partie faire des recherches pour un spectacle autour de la déesse Diane. L'homme vient de rentrer à Genève après avoir pris part à une marche de protestation, de l'Inde au siège de l'ONU, contre les inégalités et pour le climat. La marche s'est enlisée, l'homme se sent perdu, la femme l'invite pour qu'il change d'air. Il la rejoint, et c'est le début d'une immersion commune dans l'histoire stupéfiante d'une déesse plurielle. L'homme et la femme se mettent en quête de « ces signes qui nous permettent d'affronter ensemble l'avenir sombre qui nous attend » et se demandent comment rendre possible « le retour de Diane » .

Mais ça, c'est de la fiction : celle du film Diane ou le début du monde fini, qui explore une variante possible de l'histoire du couple d'artistes qui incarnent les deux protagonistes, la photographe et auteure Dorothée Thébert et le cinéaste Filippo Filliger. Dans la vraie vie, pendant que Filippo réalise le court métrage, Dorothée écrit un petit livre intitulé Les Dianes, où elle adopte le « je » pour donner la parole à la déesse, associée — entre autres choses — à la chasse, aux naissances et à la nature sauvage.

Artémis déménage à Rome

Les Dianes, donc, au pluriel. La première vient de très loin, on la vénère sous des appellations oubliées, puis sous le nom grec d'Artémis, à Éphèse, près de l'actuelle ville turque de Selçuk, puis au bord du lac volcanique de Nemi près de Rome. La deuxième Diane est celle de Caligula, empereur romain de l'an 37 à l'an 41 de notre ère. Dans le film, Filippo raconte : « L'empereur passait ses journées à la recherche de la déesse dans son bois sacré, il chantait des poésies aux fleurs et improvisait des danses inspirées par le vent qui caressait les arbres. Il demandait aux animaux qu'il croisait ce qu'il pouvait faire pour plaire à Diane. Et c'est le vol

nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 24 Fureur de lire
Un livre et un film demandent le retour de la déesse

reviens… reviens… reviens…

d'une chouette sur le lac de Nemi au petit matin qui va lui donner l'idée de construire un nouveau temple sur le miroir d'eau. »

Dans le livre, Dorothée prend le relais en se glissant dans le rôle de Diane : « En contrebas de mon sanctuaire érigé là depuis la nuit des temps, on construit deux énormes bateaux en mon honneur. Un ouvrage commandé par Caligula, l'empereur romain de la démesure. (…) C'est clinquant, c'est tape-à-l'œil, ça pue le luxe et le stupre. C'est à l'image de l'homme qui en a ordonné la construction en dilapidant l'argent du peuple pour satisfaire ses caprices. (…) Cet homme s'est approprié mon culte en le niant absolument. Et ce faisant, il a rompu l'équilibre subtil du cycle du vivant. »

Caligula et Mussolini vont en bateau

La Diane de Caligula disparaîtra deux fois. « À la mort de cet empereur que ses contemporains croyaient fou, ces bateaux ont été coulés pour tenter de l'oublier à jamais et Diane a sombré au fond du lac avec son temple », raconte la voix off du film. 1900 ans plus tard, le dictateur italien Benito Mussolini décide de récupérer les sanctuaires naufragés. « Il le fait pour s'inscrire dans la lignée des empereurs romains et pour démontrer que le gouvernement fasciste avait des moyens techniques importants », précise Filippo. Comment s'y prendre ? « Ils ont pompé le lac pendant des mois, et lorsqu'il était vide, ils ont sorti les bateaux de la vase et les ont déplacés dans un musée construit exprès. »

Happy end ? Pas tout à fait. Pendant la Seconde Guerre mondiale, un incendie détruit les navires et le musée. « Mussolini voulait faire réémerger une mémoire, mais en faisant ça, il l'a détruite », commente Dorothée. « Cette histoire est restée dans ma tête comme une sorte de d'obsession », ajoute Filippo. Historiquement, la destruction des temples flottants,

qui incarnaient « un possible lien cultuel à la nature », se produit en effet à un moment particulier. Comme le note la voix off du film, « un an après, la bombe atomique explose sur le Japon. Ça marque le temps du monde fini. »

À poil sous la lourdeur des regards

Entre-temps, entre Caligula et Mussolini, des Dianes peintes et sculptées ont rempli l'histoire de l'art, dans un mouvement ambigu qui à la fois affirme leur puissance et la désamorce à travers des coups d'œil voyeurs. « Ses représentations sont aussi une histoire du regard qu'on pose sur le corps des femmes », résume Dorothée. Dans les pages du livre, Diane s'en prend aux œillades qui insistent sur la nudité qu'elle a choisie ( « Et pourquoi pas ? Chasser à poil. Les animaux que j'affronte sont tout aussi nus que moi » ) et qui transforment l'« arpenteuse des forêts » au corps « ferme et brusque » en objet passif. Pour garder la maîtrise sur le désir qu'on éprouve face à elle, on va parfois jusqu'à boucher l'ouverture trop réaliste de son sexe en bronze… Sous ce rapport-là, disparaître à la vue n'est peut-être pas si mal : « Aujourd'hui, je me soustrais au regard pour gagner en liberté, inventer de nouvelles façons d'être au monde et de dire le monde. »

En ligne

Performance Sa 25.11 / 14h30-16h

« À Diane »

— Une performance composée de la projection du film Diane ou le début du monde fini et de la lecture du livre Les Dianes

Avec Dorothée Thébert et Filippo Filliger

Dans le cadre de la Fureur de lire 2023

→ BM Cité / Le Multi

○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

– www.instagram.com/dorothee_thebert

– Le site de Dorothée Thébert : souschiffre.net

– lesfilmsduchalet.ch/filippo-filliger

– www.instagram.com/filippo_filliger

Dorothée Thébert a écrit un texte en prêtant sa plume à Diane, Filippo Filliger a tourné une enquête de couple entre mythe et histoire. Une projection et une lecture s'entremêlent le 25 novembre à la BM Cité dans le cadre du festival Fureur de lire
i Copie de Diana/Artémis d’Éphèse dans les musées du Capitole à Rome, dans Diane ou le début du monde fini. 25 Fureur de lire

L’écrivain

Eugène règle une dette embarrassante avec « son dictateur »

Un jour de novembre 1975, un enfant appelé Eugen Meiltz débarque à Lausanne, où ses parents se sont installés 17 mois plus tôt en fuyant la Roumanie enfoncée dans la dictature délirante de Nicolae Ceaușescu. « Je suis né six jours avant que l’homme ne marche sur la Lune, mais à l’âge de six ans j’ai atterri dans un monde plus étrange encore : la Suisse », se souvient-il. Sur les murs de sa ville d’adoption, le petit exilé voit « de grandes affiches arborant un lapin qui adorait le cacao en poudre, un cow-boy à cheval qui fumait une cigarette ou quatre types dans une voiture

Exilé en 1975 de son pays enfoncé dans le régime

délirant de Nicolae

Ceaușescu, le romancier vaudois mêle récit intime et rappel vertigineux de l'histoire roumaine dans Lettre à mon dictateur. Il convertit le livre en un spectacle solo le 26 novembre à la BM Cité dans le cadre du festival Fureur de lire.

rouge tenant chacun une bière à la main ». Ces visions l’étonnent, car les images qu’il avait l’habitude de voir placardées dans les rues de sa ville natale mettaient en scène les glorieux exploits du chef de l’État, le secrétaire de parti qui venait de se décréter président en se faisant remettre un sceptre en or. L’enfant devient écrivain : il publie à partir de 1995 une vingtaine de livres naviguant entre l’imaginaire et le quotidien, laconiquement signés « Eugène ». Dans son dernier, Lettre à mon dictateur, il fait mine de s’adresser à Ceaușescu avec un texte en

nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 26 Fureur de lire

Spectacle

forme de missive : « Contrairement à mes parents, moi, je te regrettais. J’aimais ton sourire plein de bonté », écrit-il. Aussi étrange que cela puisse paraître, le despote roumain a baigné en effet pendant un temps dans une vague d’affection : « Au début de ton règne, en 1965, ta popularité n’était pas feinte. Ton peuple t’aimait pour de bon. » Parmi les pays du « bloc de l’Est », la Roumanie s’était distinguée en condamnant l’écrasement par Moscou, en 1968, du mouvement de démocratisation connu comme « Printemps de Prague ». C’était l’époque étrange, rappelle Eugène, où des présidents occidentaux hués dans leurs pays — Nixon, De Gaulle — se remontaient le moral en allant se faire acclamer par le peuple roumain.

La pince métallique du mégalomane

Mais Ceaușescu était agité par une pathologie personnelle, un besoin infini de grandeur et d’approbation par lequel il s’était laissé engloutir après avoir assisté, en 1971, aux bains de foule orchestrés par son homologue Kim Il-sung en Corée du Nord. De retour de Pyongyang — raconte Eugène — Ceaușescu laisse enfin libre cours à une mégalomanie qui le conduira à raser une partie de Bucarest pour se faire construire le troisième plus grand bâtiment du monde, à mettre son incompétence à la tête de tout, à endetter le pays en le plongeant dans la pénurie alimentaire et à instaurer cette terreur que font régner les personnalités narcissiques qui, paradoxalement, voudraient être aimées de façon illimitée.

Pendant ce temps, en écoutant les échanges au sein de sa famille, Eugène voit son amour enfantin pour le tyran se convertir en terreur. Il imagine le dictateur doté d’un bras mécanique capable de traverser l’Europe, « saisissant n’importe qui ». Dans ces cauchemars éveillés, l’un de ces bras « traversait le ciel de Lausanne. Sa pince métallique sifflait dans le vent. Elle cassait la grande fenêtre du salon ; elle m’attrapait. Mes hurlements se perdaient dans la nuit ».

D’abord descendre la poubelle

Pourquoi, arrivé à la cinquantaine, l’écrivain se met-il en tête d’écrire au dictateur, qui entre-temps est mort, fusillé à Noël 1989 après un procès « tellement truqué que j’ai eu pitié » et enterré dans une tombe fleurie chaque jour par « les nostalgiques et les crétins » ? Parce que « je te dois quelque chose. J’ai

une dette. Dérangeante et irritante », souffle Eugène. Pour augmenter le poids démographique du pays, Ceaușescu a interdit l’avortement et fait surveiller de près les femmes enceintes. Parmi celles-ci, il y a la mère d’Eugène, qui vit sa grossesse comme une catastrophe mais qui se voit dans l’impossibilité d’avorter. « Moi qui me croyais si original, je n’étais qu’un parmi des millions. J’appartenais à la cohorte des enfants nés à cause de (ou grâce à) ton décret antiavortement de 1966. Les Roumains ont surnommé ces bébés les decreteii, terme plutôt péjoratif qu’on pourrait traduire en français par “décrétillon”. »

Les choses auraient pu être bien pires. Mis au monde sous la contrainte, Eugène aurait pu devenir un de ces « gamins attachés à leur cadre de lit, couverts d’ecchymoses, drogués pour leur imposer le silence » que les médias découvrent avec horreur lors de la chute du régime dans les « Maisons de l’enfance », faux orphelinats où le régime entasse les enfants qu’il se fait confier lorsque les familles ne parviennent pas à les élever.

Déboussolé par le récit de sa mère, l’écrivain l’enfouit pendant des années « dans un recoin de la conscience. Là où je n’autorise personne à venir fouiller. Une chambre spéciale au fond de moi que j’ai nommée “Vérités embarrassantes” ». Cette histoire restera planquée là jusqu’à cette missive, qu’Eugène imagine torcher vite fait en quelques soirs, mais qui lui prendra deux ans. « Car je n’ai jamais voulu que cette lettre passe avant la moindre activité ou le plus petit projet. Pour moi, il était très important que tu arrives en dernier. J’ai même trouvé le temps de descendre la poubelle avant de continuer ma lettre. Jamais mon garçon ne m’a entendu lui dire : “Je n’ai pas le temps de jouer au parc, parce que j’écris une lettre à un dictateur.” »

Di 26.11 / 14h30-15h30

Lettre à mon dictateur. Un spectacle écrit et joué par EUGÈNE

Dans le cadre de la Fureur de lire 2023

→ BM Cité / Le Multi

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

27 Fureur de lire
Eugène, Lettre à mon dictateur, Éditions Slatkine 2022

Rencontre et performance Ve 24.11 / 19h-20h30

Sucre, journal d’une recherche —

Avec Dorothee Elmiger, ses traductrices

Camille Luscher et Marina Skalova et l’artiste Joëlle Gagliardini

Dans le cadre de la Fureur de lire 2023

→ BM Cité / Le Multi

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Dorothee Elmiger dans

les méandres du sucre

« Je ne sais pas si le café et le sucre sont nécessaires au bonheur de l’Europe, mais je sais bien que ces deux végétaux ont fait le malheur de deux parties du monde. On a dépeuplé l’Amérique afin d’avoir une terre pour les planter : on dépeuple l’Afrique afin d’avoir une nation pour les cultiver. »

Ainsi le botaniste Bernardin de Saint-Pierre décrit-il en 1773 les liens ravageurs entre la colonisation, la traite des esclaves et le sucre. L’écrivaine alémanique Dorothee Elmiger glisse cette citation dans les méandres de son livre Sucre, journal d’une recherche (Aus der Zuckerfabrik en VO, publié en 2020 et traduit en 2023 par les éditions Zoé). Entre échos de voyage (Saint-Domingue, Saint-Nazaire, Philadelphie, Montauk), fragments de vies étranges (Ellen West, patiente psychiatrique célèbre au début du 20e siècle, ou Werner Bruni, plombier devenu en 1979 « Roi du Loto » ) et des bribes vécues ou rêvées de sa propre vie, l’autrice mène une enquête labyrinthique touchant de près ou de loin à la canne à sucre, que les Européens « suçotent tout enchantés » lors des Croisades et dans laquelle les esclaves tailleront parfois des couteaux pour se rebeller.

nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 28 Fureur de lire

plongeonsQuatre dansla u t t l so s e e e re p d

Dans ce cycle de rencontres et d’ateliers, on croise un yéti qui rêve de recevoir du courrier et plusieurs aventurier-e-s de de l’alphabet

« Délivre-moi tes secrets » : c’est ce que les BM demandent à des auteur-e-s et illustrateurs-trices d’albums jeunesse.
29 Délivre-moi tes secrets

Rencontre/atelier Di 30.9 / 10h-12h

« Délivre moi tes secrets »

avec Jean-Pierre Blanpain, auteur et illustrateur

Autour de l'histoire de Monsieur A

→ BM Eaux-Vives

○ Jeune public dès 6 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

dans grand un

fra

Jean-Pierre Blanpain fait de la maJ sans fraK

Un jour, Jean-Pierre Blanpain écrit et illustre un livre appelé La vie en bleu, où un poisson rouge rêve du grand large et du grand amour. Un autre jour, il crée un album intitulé Ce livre est trop petit, dont les pages ne sont pas assez grandes pour que les animaux tiennent en entier dedans : la trompe de l’éléphant dépasse, le cou de la girafe déborde, le zèbre ne se donne à voir que par ses fesses… À force de s’amuser avec des

formes, des couleurs et des jeux de mots, l’auteur et illustrateur a fini par croiser la thématique 2023-2024 des Bibliothèques municipales, « Fais-moi signe ! », avec l’abécédaire de son album L’histoire de Monsieur A. « Monsieur A est triste. Tout le monde l’a laissé tomB. Il se sent tout caC. Jusqu’au jour où… Comme dans un tour de maJ, Dans un grand fraK, L arriva ! »

,
nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 30 Délivre-moi tes secrets

Eva Offredo et Alex Cousseau retrouvent leur yéti

C’est l’histoire d’un yéti appelé Murdo, qui a toujours rêvé d’être détective privé. Pour lancer sa première enquête, il s’adresse à lui-même une lettre anonyme (qu’il signe par erreur, car personne n’est parfait). Mais comment envoyer ce courrier, puisqu’il n’y a (en principe) ni boîte à lettres, ni facteur ou factrice dans ce coin d’Himalaya ? Étonnamment, grâce à une ruche abandonnée et à un mystère que les lecteurs et lectrices seront invité-e-s à élucider, les lettres partent et les destinataires répondent : des marmottes,

des yacks, la Lune, le vent, tout le monde entre en correspondance avec Murdo, sauf le silence : « Cher silence, J’ai souvent plein de questions à te poser, mais tu n’y réponds jamais… » Avec ce nouvel album intitulé Murdo, une enquête timbrée, l’illustratrice Eva Offredo et l’auteur Alex Cousseau poursuivent le récit commencé il y a trois ans avec Murdo, le livre des rêves impossibles : « On me dit que les yétis n’existent pas. Et pourtant je suis là. »

Rencontre/atelier Sa 4.11 / 14h-16h

« Délivre-moi tes secrets »

avec Eva Offredo, illustratrice et Alex Cousseau, auteur

Enquête timbrée et art postal

→ BM Cité / Le Multi

○ Jeune public dès 8 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

31 Délivre-moi tes secrets

Rencontre Sa 18.11 / 14h-15h15

« Délivre-moi tes secrets » avec Michaël Escoffier, auteur

Il ne faut pas enlever le U aux mouches

→ BM Saint-Jean

○ Jeune public dès 6 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Michaël

Escoffier emplume

Michaël Escoffier aime les titres intrigants. En naviguant, en quête de surprises, dans sa vaste bibliographie (il approche désormais la centaine d’albums), on hésite entre Il ne faut pas mettre les enfants au congélateur, La maîtresse vient de Mars, Princesse Kevin, Les gens normaux… ou encore Tous les monstres ont peur du noir, où l’on apprend que « cachés dans le placard ou blottis sous un lit, les monstres de la nuit claquent des dents » car, encore plus que nous, ces créatures supposément effrayantes « pleurent et font des

le Q du coq

cauchemars ». Parfois, l’auteur s’amuse avec les lettres de l’alphabet, en alignant les dictons improbables dans l’album Le Q du coq et autres proverbes illustrés ( « C’est au Q du coq qu’on trouve les plus jolies plumes » ) ou en montrant, dans Sans le A, comment tout change lorsqu’une seule lettre disparaît : « Sans le A, la carotte fait crotte. Sans le H, les chouettes ont des couettes. Sans le Q, la Moquette sent la Mouette. »

nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 32 Délivre-moi tes secrets

Et aussi…

Rencontre/atelier

Sa 13.1 / 10h30-12h

« Délivre-moi tes secrets » / « Rencontre coulisses » autour de La première fois…

Une création du TMG d’après La première fois que je suis née de Vincent Cuvellier → BM Minoteries

○ Jeune public dès 6 ans △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

« La première fois que j’ai ouvert les yeux, je les ai fermés aussitôt. J’ai pleuré. Des mains m’ont soulevée dans le ciel et m’ont posée entre deux montagnes de lait. J’ai arrêté de pleurer. Et j’ai ouvert les yeux pour la deuxième fois de ma vie. J’ai vu la lumière la plus douce du monde : c’étaient les yeux de maman » … Isabelle Matter, metteuse en scène, et Vincent Cuvellier, auteur, racontent leur rencontre et partagent les secrets de fabrication, puis d’adaptation d’un album jeunesse, en théâtre de papier et peinture en direct.

Rencontre/atelier Sa 2.12 / 14h-16h

« Délivre-moi tes secrets » avec Olivier Tallec, auteur et illustrateur

Rencontre autour de l’album Abécébêtes

→ BM Pâquis

○ Jeune public dès 6 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Olivier Tallec se dandine avec dédain

Olivier Tallec illustre et parfois écrit des quantités d’albums phénoménales (le catalogue des BM en compte à ce jour 124). En 2023, il a dessiné Le livre qui (ne) te fera (pas) dormir, où un kangourou à bottes bleues compte les moutons en hurlant dans un mégaphone.

L’année d’avant, il illustrait une demi-douzaine d’albums, dont le nouveau volume de la série Dagfrid, gamine viking qui en a marre

Dans le catalogue des BM

Eva Offredo et Alex Cousseau, Murdo, une enquête timbrée, Seuil Jeunesse, 2023

Michaël Escoffier, Sans le A, Kaléidoscope, 2012

du poisson séché et de l’inégalité entre filles et garçons… De temps en temps, Olivier Tallec fait aussi un abécédaire. Le plus récent, appelé Abécébêtes, commence par un âne albinos assis sur un ananas et se termine par un zèbre zélé zigzaguant en zeppelin, après être passé par des dindons qui se dandinent avec dédain.

Jean-Pierre Blanpain, L'histoire de Monsieur A, Cosmographe, 2022 Michaël Escoffier, Le Q du coq et autres proverbes illustrés, D'Eux, 2022 Olivier Tallec, Abécébêtes, Actes Sud junior, 2019
33 Délivre-moi tes secrets
34 septembre—janvier 2023 — 2024 nota n°6 En immersion

d’images, d’écrans, d’encres et de papier

Il faut un monde po u r nueriaf ervil

Il y a 7 étapes pour qu’un livre vienne au monde sous sa double forme physique et numérique, selon le décompte proposé par le cycle d’ateliers « La Mini Chaîne du livre ». Coïncidence ? Il y a 7 bibliothèques dans le réseau des BM pour accueillir 7 ateliers qui proposent au public de mettre les mains dans cette genèse, en écrivant, en choisissant des polices de caractère, en illustrant, en mettant en page, en imprimant, en reliant et en publiant au format numérique un ouvrage collectif issu de cette « Mini Chaîne du livre ». Présentation avec Cassandre Poirier-Simon et Paul Ghidoni, programmatrice et programmateur culturel-le-s aux Bibliothèques municipales.

On dit « fabriquer un livre », on est tout suite dans une imagerie vintage…

Cassandre Poirier-Simon : « Des collègues avaient envie d’inviter le public à s’initier à des ateliers de typographie, avec des caractères en plomb et une presse typographique. Ça m’a amenée à penser qu’aujourd’hui, à part dans quelques niches de marché où on choisit de faire des petites productions à l’ancienne, la typographie, ce n’est plus du tout ça. Je me suis donc dit que ce serait pas mal de faire une suite d’ateliers montrant qu’en fait, on utilise beaucoup d’outils numériques pour éditer un livre physique. On n’est pas dans une confrontation entre deux mondes, il faut un va-etvient entre écrans et papier pour faire exister un livre, et ces deux aspects se traversent et se répondent. »

Paul Ghidoni : « Le cycle va démarrer de manière classique avec un atelier d’écriture, mais nous avons pris le parti d’inviter une autrice, Camille Bloomfield, qui, dès cette étape initiale, va amener le public à penser à un texte destiné à la fois au papier et au format numérique. On n’écrit peut-être pas tout à fait de la même façon si on a à l’esprit ces deux supports complémentaires… Les premières étapes, de l’écriture à la mise en page, se déroulent essentiellement sur des outils numériques. À l’autre bout de la chaîne, on en vient à des aspects plus matériels du processus, en allant imprimer le livre dans une imprimerie locale et en travaillant sur le choix des encres et du papier. »

Ce cycle est-il une plongée dans des coulisses ou un mode d’emploi pour se bricoler un livre soi-même ?

Paul : « Il ne s’agit surtout pas de faire croire aux gens qu’on peut se débrouiller de A à Z par ses propres moyens : il faut tout un monde professionnel pour créer un livre. On veut plutôt donner à voir toutes ces étapes, tout ce qu’il y a derrière cette production, en montrant à quel point ce travail est complexe, comporte des questionnements et des coûts à chaque étape, et se transforme dans le temps. »

Cassandre : « En revanche, il est possible de tirer de ces ateliers des compétences qui pourront être utiles dans la vie quotidienne. L’atelier typographie, par exemple, permet de comprendre comment et pour-

35 En immersion
Un cycle de 7 ateliers, répartis entre septembre et avril dans les 7 bibliothèques du réseau, propose de mettre les mains dans la fabrication d’un bouquin. Immersion dans un univers hybride, fait de lettres et

quoi on choisit telle police de caractère plutôt qu’une autre, ce qui peut servir ensuite à chaque fois qu’on doit écrire une lettre, un document de présentation, un CV… Dans l’atelier mise en page, le but n’est pas de s’initier à l’usage d’InDesign, le programme qu’utilisent pratiquement tou-te-s les professionnel-le-s, mais

Les guides du voyage

Poétesse, traductrice, directrice de collection (« Les gens connectés », aux éditions Les Venterniers, explorant les relations à l’ère numérique et naviguant entre les anglicismes : Les gens qui datent, Les gens qui ghostent, Les gens qui stalkent…), et aussi chercheuse (elle a fait sa thèse de doctorat sur l’Oulipo, le groupe français d’expérimentation littéraire qui s’invente des contraintes amusantes pour créer de la nouveauté) et maîtresse de conférence à l’Université Paris Cité, Camille Bloomfield fait beaucoup de choses, mais « dans ma tête tout est lié, c’est comme un graphe géant avec plein de points de rencontre », assure-telle. « La Mini Chaîne du livre » commence et se termine avec elle, qui accompagne l’écriture du livre collectif issu de ce cycle d’atelier et sa publication au format numérique.

Acteur culturel et graphiste indépendant, enseignant à la HEAD Genève — Haute école d’art et de

plutôt de développer sa culture visuelle, en formulant des souhaits au graphiste et en voyant comment il les met en page, ainsi qu’en découvrant quelques outils pour faire de la mise en page en amateur-e, plus accessibles en termes de coût et d’usage. »

design dans les domaines de la typographie, de la micro-édition et de la mise en pages, Clovis Duran pratique le design de livres comme un territoire aux frontières très larges, où les outils numériques croisent les typographies manuscrites et les gestes manuels. Avec son double bagage graphique et pédagogique, il assure le suivi de ce cycle d’ateliers et le lien entre les intervenant-e-s ponctuel-le-s : Roger Gaillard d’Extraset (une « fonderie numérique » genevoise qui crée des polices de caractères), Daniel Pellegrino des éditions Atrabile, Maud Bosset de l’imprimerie Bahnhofstrasse.

Les participant-e-s peuvent prendre part à un atelier ou à plusieurs. Chacun-e contribue au résultat final, car chaque session reprend le travail fait dans les ateliers précédents pour le poursuivre jusqu’au produit final. Un événement de clôture permettra à tou-te-s les participant-e-s de se rencontrer et de repartir avec un livre physique et son double numérique.

Les ateliers de « La Mini Chaîne du livre »

Sa 16.9 / 10h-13h

Session écriture avec Camille Bloomfield

→ BM Minoteries

Sa 21.10 / 10h-13h

Session typographie avec Clovis Duran et Roger Gaillard, fonderie Extraset

→ BM Eaux-Vives

Sa 2.12 / 13h30-16h30

Session images avec Clovis Duran et Daniel Pellegrino, éditions Atrabile

→ BM Saint-Jean

27.1 / 13h30-16h30

Session mise en page avec Clovis Duran

→ BM Servette

2.3 / 14h-17h

Session impression avec Clovis Duran et Maud Bosset, imprimerie Bahnhofstrasse

→ BM Jonction

30.3 / 13h30-16h30

Session reliure avec Clovis Duran et Virginie Bornand, relieuse aux BM

→ BM Pâquis

27.4 / 13h30-16h30

Session publication numérique avec Camille Bloomfield et Cassandre Poirier-Simon, médiatrice culturelle numérique aux BM

→ BM Cité — Espace le 4e

11.6 / 18h30

Apéro de remise des publications

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch 36 septembre—janvier 2023 — 2024 nota n°6 En immersion

Nostalgie, une émotion pop aux origines suisses

Les BM proposent 217 périodiques papier et des milliers de titres accessibles via PressReader (lire en p. 3). Parmi ceux-ci…

… Usbek & Rica — Le magazine qui explore le futur (à la BM Cité). Dans son dernier numéro, un dossier intitulé « La Lessiveuse nostalgique », s’intéresse aux raisons pour lesquelles « la pop culture tourne en rond » et remarque que « la nostalgie, paradoxalement, pourrait réveiller nos désirs de futur » .

C’est ce qu’avance Katharina Niemeyer, directrice du centre de recherche Cultures-Arts-Sociétés à l’université du Québec à Montréal. La chercheuse rappelle qu’autrefois, « nostalgie » ne désignait pas le désir d’un passé perdu, mais le mal du pays. Johannes Hofer, médecin alsacien, invente le terme au 17e siècle en étudiant « les mercenaires suisses qui développaient des hallucinations, et même des troubles gastro-intestinaux, à cause de l’éloignement. Hofer (…) s’est rendu compte que les soldats malades guérissaient en entendant leur langue natale ou la musique de leur pays ». C’est seulement « à partir des années 1960 et de l’essor de la société de consommation » qu’on associera la nostalgie au passé, « notamment dans les discours politiques et publicitaires qui vantent “le bon vieux temps” » .

La nostalgie fait-elle du bien ou du mal ? « Je n’aime pas trop cette opposition entre positif et négatif », répond Katharina Niemeyer. Bien sûr, « le moteur de la nostalgie c’est le déchirement, donc elle a un côté sombre », mais cette émotion est aussi « un pansement » : « elle adoucit les souffrances du présent, et peut aider à surmonter les crises, à vivre avec notre finitude. Elle devient destructrice quand elle est instrumentalisée par la politique, quand elle ouvre la porte à un passé faussement idéalisé, à un pseudo-âge d’or. Cette nostalgie fabriquée, on la retrouve dans le slogan “Make America great again” de Donald Trump » .

37 En immersion

ChatGPT vit dans « un abîme insondable »

conférence « Les contes du ChatGPT perché » ouvre quelques pistes.

Personne sans doute dans l’histoire du monde n’a jamais écrit aussi vite que ChatGPT, le chatbot ou « agent conversationnel » doté d’intelligence artificielle dont tout le monde parle (et qui parle à tout le monde) depuis novembre 2022. Un exemple ? Si on lui soumet la présentation de la conférence Les contes du ChatGPT perché — Les mondes parallèles des intelligences artificielles, prévue jeudi 30 novembre à la bibliothèque de la Cité, et qu’on lui demande de la réécrire dans un style mystérieux, il crache en quelques secondes un texte de 1’200 signes qui commence ainsi :

Qu’en dit ChatGPT ? « La place des Volontaires de Genève est associée à la révolution genevoise de 1846. Cette révolution a éclaté lorsque les citoyens de Genève se sont soulevés contre le gouvernement autoritaire en place à l’époque, connu sous le nom de la Restauration », s’égare le chatbot. Et si on lui repose la question, pour lui permettre de se raviser ? « La place des Volontaires de Genève porte ce nom en l’honneur des volontaires genevois qui se sont engagés pendant la Révolution française au service de la France », s’enfonce-t-il. D’où tire-t-il ces « informations » ? « Mes réponses sont générées en fonction d’un mélange de connaissances générales préexistantes (…), je ne peux pas citer de source spécifique. » Tu m’étonnes…

Conférence Jeu 30.11 / 19h-21h

Les contes du ChatGPT perché

Les mondes parallèles des intelligences artificielles

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

« Au cœur des ténèbres des Bibliothèques Municipales se cache un service, Interroge, émergeant pour répondre aux questions des internautes, son savoir se dévoilant dans l’ombre, en un délai de 3 jours. Mais il n’est pas le seul. Les moteurs de recherche murmurent des réponses, dissimulées parmi les arcanes des sites web. Cependant, il existe un autre pouvoir, une autre entité mystérieuse, nommée ChatGPT, dont les réponses surgissent d’un abîme insondable. »

Interroge, Google, ChatGPT : quelles sont les différences entre les réponses livrées par ces trois entités aux questions des internautes ? Exemple : un jour, quelqu’un écrit à Interroge (le service qui livre, en trois jours ouvrables, une réponse documentée à n’importe quelle question) en demandant pourquoi la place des Volontaires (celle d’où on accède aux espaces culturels de L’Usine et du Bâtiment de forces motrices) porte ce nom. Interroge répond en citant le site Noms géographiques du canton de Genève : la place des Volontaires rappelle « une compagnie de cent jeunes gens de 11 à 15 ans qui voulaient s’exercer au maniement des armes pour la défense du pays », appelée « Exercice des Petits Volontaires » et fondée en 1615. Google, si on tape les mots « place des Volontaires Genève nom », dit la même chose.

On s’en doutait. D’ailleurs, dans sa présentation en mode « mystère » de la conférence dont il sera le sujet, ChatGPT lui-même s’interroge : « D’où émanent ces contenus occultes qui se transmettent à nous ? Quelle est la vérité voilée des informations qui se profilent ? Méfiez-vous, car en ces lieux, notre esprit critique s’égare, abandonné dans l’obscurité. Les IA [intelligences artificielles], nourries et façonnées par des forces insaisissables, nous dévoilent quelle vision du monde ? Quelle réalité impalpable ? »

Lors de la conférence du 30 novembre, on tentera d’éclairer un peu cette obscurité, prolongeant les explications et réflexions sur les IA lancées dans le N° 5 de ce magazine. Avec qui ? On laisse ChatGPT compléter lui-même la présentation : « Pour déchiffrer ces énigmes, il vous faut rencontrer François Fleuret, un être énigmatique du Groupe Machine Learning, gardien des secrets à l’université de Genève. Partez également à la rencontre de l’équipe d’Interroge, aux origines incertaines, et des étudiant-exs en Master Media Design de la HEAD-Genève, ces disciples de l’art et du mystère qui détiennent des clés secrètes. » Voilà.

« Je ne peux pas citer de sources. » Tu m’étonnes…
Lorsqu’on les questionne, ChatGPT, Google et le service Interroge donnent des réponses très différentes. Comment s’orienter ? Le 30 novembre à la Cité, la
nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 38 En immersion
(c’est lui qui le dit)

DALL-E, retravaillé par Dimitri Delcourt

imaginé par l’intelligence

Bien sûr ! Voici la version raccourcie :

Un abîme insondable’ métaphore pour décrire quelque chose de très profond, mystérieux ou difficile à comprendre représente des profondeurs et inexplorées , que ce le domaine des connaissances des émotions ou d

i Un chatbot-chat
artificielle
perché
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La vie secrète des émojis

EmojiNation, une enquête entre les géants du Web et nos émotions

Comment les émojis viennent-ils au monde ?

Est-ce que quelqu’un les contrôle au niveau mondial ?

Comment fait-on si on veut en créer des nouveaux ?

Et que se passerait-il si ces petites images avaient une vie propre ? Réponses pendant une semaine de novembre à la bibliothèque des Pâquis…

Que se passe-t-il si on va gratter sous les émojis ? La journaliste française Stéphanie Cabre se le demande dans sa mini-série documentaire Emoji-Nation, réalisée en 2021 pour la chaîne Arte (en collaboration avec Radio-Canada et la RTS), projetée et discutée le 14 novembre à la bibliothèque des Pâquis. Au cours des premières minutes de la série, on apprend qu’il existe aujourd’hui plus de 3’000 émojis différents (3’664 selon le site Emojipedia), que 92% de la population connectée de la planète les utilisent et que nous en publions plus de 5 milliards par jour sur les réseaux sociaux. La journaliste questionne le Japonais Shigetaka Kurita, qui a créé en 1998 les 176 émojis originels : il s’agissait alors, rappelle-t-il, de « faire passer les émotions et les nuances » qui ne pouvaient pas tenir dans les 250 caractères des textos de l’époque. Cette première série d’émojis est désormais exposée comme une œuvre d’art dans la collection permanente du MoMA de New York.

Stéphanie Cabre plonge ensuite dans ses questionnements. Comment fait-on si on veut ajouter un émoji pour inclure des identités et des pratiques humaines qui ne sont pas encore représentées (qui peuvent aller de la soirée fondue au port du foulard par les femmes musulmanes) ? De plus en plus de monde, découvre la journaliste, « fait pression sur l’entité qui décide seule quels symboles on va retrouver sur nos téléphones, un mystérieux organisme américain de l’Internet ». Cette entité, appelée Consortium Unicode et logée dans la Silicon Valley, veille à ce que nos outils numériques affichent bien les signes que nous avons tapés, quelle que soit la langue dans laquelle on écrit, le pays où on se trouve et le clavier qu’on utilise. Aussi incontournable que méconnue, à la fois sans but lucratif et pilotée par les grandes firmes du Web, elle « fait la pluie et le beau temps sur les émojis dans nos claviers ».

Faut-il s’en inquiéter ? « Il y a un problème dans le fait que de grandes entreprises contrôlent la représentation de nos émotions », répond le linguiste Pierre Halté. Parmi les milliards d’émojis échangés chaque jour, il existe malgré tout des détournements et des réappropriations qui aboutissent à réinventer le sens de ces petites images : c’est le cas avec l’émoji « poing » pour le mouvement Black Lives Matter ou avec les émojis « riz » et « lapin », deux termes qui, en chinois, ont le même son que la formule « MeToo » … On peut aussi snober les émojis existants et s’échanger des pictogrammes qu’on crée ou qu’on modifie soi-même (sur WhatsApp, on les appelle stickers). Quant à Stéphanie Cabre, elle avoue, après des mois d’enquête sur le sujet, s’être « mise à réutiliser ce bon vieux deux points parenthèse à la place du petit bonhomme jaune »

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)
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Film Ma 14.11 / 18h-19h30

Emoji-Nation –

Comment les émojis ont conquis le monde Projection et discussion

→ BM Pâquis

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

L’émoji parfait existe-t-il ?

Peut-être, après cet atelier…

Peut-on créer de nouveaux émojis ?

Alors que le documentaire Emoji-Nation se le demande, l’atelier L’émoji parfait passe à l’acte. Pendant deux heures, le 15 novembre à la bibliothèque des Pâquis, le designer Ivan Gulizia propose d’expérimenter la manière de transmettre des intentions ou des émotions avec des pictogrammes à la fois compréhensibles et personnalisés. Il y a, en effet, toujours un émoji qui manque sur nos claviers, un autre qui tout à coup se retrouve démodé (comme celui qui pleure de rire, décrété ringardissime par les jeunes générations), un autre qui arrive (le visage qui fond, qu’on voit maintenant partout et qui n’a que deux ans). Le but de l’atelier n’est pas forcément d’envoyer de nouveaux émojis dans tous les appareils du monde, mais les créations qui en seront issues seront exposées pendant une semaine à la bibliothèque.

Les émojis ont leurs états d’âme aussi

Il existe, dans les profondeurs de votre smartphone, une ville grouillante et minuscule appelée Textopolis. C’est là que vivent les émojis selon le film Le Monde secret des Emojis (The Emoji Movie, 2017), projeté le 18 novembre à la bibliothèque des Pâquis. Chaque fois qu’une personne humaine se met à écrire un texte, Textopolis s’agite et les émojis se demandent fiévreusement :

« Est-ce qu’on va me choisir ? » Le film suit un émoji appelé Bof, qui est le seul parmi ses semblables à pouvoir varier son expression faciale et qui aimerait se débarrasser de cette particularité pour devenir normal. D’app en app et de code en code, sa quête de normalité conduira Bof à devoir sauver son monde, qui est menacé d’être effacé… Un quota de stars ont prêté leurs voix à la version originale de ce film, dont il faut avouer, en toute honnêteté, qu’il a été bombardé de critiques négatives (seul 6% sont positives sur le site Rottentomatoes).

Mais on sait à quel point ceci peut ajouter du fun et de la saveur au visionnement…

Atelier Me 15.11 / 14h-16h

L’émoji parfait

Atelier de design d’emoji avec Ivan Gulizia

→ BM Pâquis

○ Jeune public, dès 11 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Film Sa 18.11 / 14h30-16h

Le monde secret des emojis Projection

→ BM Pâquis

○ Jeune public, dès 8 ans

Accidentologie alpine et chute de neic en val d’Hérens

Les BM proposent 217 périodiques papier et des milliers de titres accessibles via PressReader (lire en p. 3). Parmi ceux-ci…

Montagnes Magazine (à la BM Servette). Dans son dernier numéro, un article intitulé « Accidentologie en alpinisme » plonge dans ce champ méconnu, la science des accidents, avec l’« alpiniste de pointe », guide de haute montagne et chercheuse Maud Vanpoulle, qui a réalisé une thèse de doctorat là-dessus « avec l’idée de combiner les approches quantitatives et qualitatives pour définir des axes de prévention ».

… et La couleur des jours (aux BM Eaux-Vives et Jonction), trimestriel basé à Genève dont l’éditorial lance une exploration des mots du monde : « Comment dit-on colonisation en arabe ? Pourquoi l’orange emprunte-elle son nom au Portugal dans certaines langues ? On sait que les Inuits ont d’innombrables noms pour dire la neige mais connaît-on les mots neic, poussa, crotaye ou encore feuillonna du patois du val d’Hérens ? Des rangs d’oignons au cœur d’artichaut, réalise-t-on que nous ne cessons de parler fruits et légumes ?

Dans ce numéro, quelques histoires de vocabulaire nous rappellent que les mots ne sont pas innocents. (…) Trouver les mots et les images justes, voilà des préoccupations qui courent tout au long de ce numéro. Pour qui écrit ou fait des images, les questionnements ne sont-ils pas l’équivalent du cheminement pour le voyageur ? »

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Un club de lecture sans livres

mais avec des clics

nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 42 En immersion

Pensez à un club de lecture.

Un book club comme on en voit dans les films (Le Book Club, avec Diane Keaton et Jane Fonda, sorti en 2018, ou The Jane Austen Book Club, sorti en 2007, avec Emily Blunt) et dans les séries télé (The Wire/Sur écoute, saison 2, épisode 6, où des prisonniers partagent leur lecture de Gatsby le Magnifique).

Un club de lecture comme on en rencontre dans la vraie vie en général et aux BM en particulier ( « Autour des livres » pour les adultes aux Eaux-Vives, « Et toi tu lis quoi ? » pour les ados à Saint-Jean, « L’heure du coup de cœur » pour les adultes à la Servette, ainsi que « Lettres frontière » aux Eaux-Vives, aux Minoteries et à la Servette, qui décerne un prix).

Pensez-y…

Ou plutôt non, n’y pensez pas.

Trop tard ? Êtes-vous en train d’y penser tout en essayant de ne pas le faire ?

C’est ce qui est arrivé aux Bibliothèques municipales en imaginant « Le Club du clic ». « C’est comme un club de lecture » — se disait-on au sein de la petite équipe qui a lancé l’idée — dans le sens que les rencontres de ce « Club » ressembleraient à ces rendez-vous plus ou moins réguliers où on invite le public à se retrouver pour échanger des expériences vécues en lisant des livres. Sauf que là, il n’y a pas de livres (à moins qu’ils ne soient numériques).

Parce que voilà : ce que les BM proposent de venir partager au sein du « Club du clic », ce sont des trouvailles faites par leurs usager-e-s dans l’univers des choses numériques. Des trouvailles, c’est-à-dire des coups de cœur, des découvertes émerveillées ou déconcertantes, des choses à propos desquelles on a envie d’échanger.

Des exemples ? La liste est virtuellement sans limites : il peut s’agir d’e-books, de playlists, de séries TV, de sites web, d’applications, de podcasts, de jeux vidéo, de chaînes YouTube, de médias en ligne, de programmes d’intelligence artificielle « générative » qui créent des contenus sur demande, d’astuces d’usage pour tel ou tel outil numérique…

L’objectif ? Faire des découvertes en dehors de sa bulle. Débattre. Partager des connaissances. Développer ses capacités de navigation dans les océans du web. Se sentir moins seul-e face à l’immensité du numérique… Et si on n’a rien à partager mais qu’on a envie de venir, il ne faut pas hésiter, car les animatrices et l’animateur du « Club du clic » (Cassandre Poirier-Simon, Anna Leckie et Nic Ulmi) s’engagent à ce qu’il y ait toujours plein de choses sur la table pour se donner des idées.

Numérique

Le club du clic

Partagez vos trouvailles numériques

Di 7.1, 4.2, 10.3, 7.4 14h-15h30

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Adultes

i À quoi pourrait ressembler « Le club du clic » ? Nous l’avons demandé a l’intelligence artificielle DALL-E…
Les BM proposent à leurs usager-e-s de partager leurs trouvailles numériques au sein du « Club du clic », qui se réunit librement dès janvier, le premier dimanche du mois à la bibliothèque de la Cité
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La bibliothèque de Saint-Jean réinvente le voyage entre les âges

nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 44 En lien

u « C’était parfois compliqué pour les familles qui rapportaient 80 bouquins dans des sacs Ikea, ou pour des grands-parents qui venaient avec les enfants… » Désormais, Saint-Jean a un ascenseur (photos : Marie-France Croisier)

Pourquoi ce changement ?

L’escalier de la bibliothèque de SaintJean doit se sentir perplexe. Jusqu’en mars dernier, des essaims d’enfants l’utilisaient pour s’envoler vers le premier étage qui leur était dédié. Les adultes, par contre, pouvaient l’ignorer, car leur espace s’étalait entièrement au rez-dechaussée. Aujourd’hui, après cinq mois de fermeture pour transformer les lieux, cette routine rodée pendant 22 ans est oubliée, et l’escalier se retrouve au cœur d’un mouvement inédit. Plus moyen, dorénavant, de prédire si une personne qui se pointe dans l’entrée ira en haut ou en bas en fonction de son âge : adultes et jeunes se mélangent désormais au rez, voué à la fiction, comme au premier étage, consacré aux ouvrages documentaires. Seul le petit public de 0 à 9 ans garde son monde à part, une bulle à lui dans un espace au rez-de-chaussée.

« L’idée, c’est d’appréhender notre public comme un public, même s’il est évidemment multiple, plutôt que comme deux publics distincts », résume Christelle Voser, co-responsable de la bibliothèque. Mais pourquoi ? Pour quelles raisons, à Saint-Jean comme partout dans le réseau des BM, avec des rythmes variés et des bonds en avant à l’occasion d’un chantier, est-on en train d’abandonner la logique classique des espaces séparés pour les adultes et pour le jeune public ?

Jeunesse perdue, puis retrouvée

« Une préoccupation récurrente dans le travail bibliothécaire concerne le public adolescent qui quitte tout à coup l’espace de la jeunesse et qui ne trouve

pas tout de suite sa place chez les adultes. D’un jour à l’autre, on ne le voit plus », répond Christian Liechti, co-responsable de la bibliothèque. L’agencement des espaces par thème plutôt que par âge permet un passage plus doux : ce n’est plus la fin d’un monde et le début d’un autre, c’est un voyage. « On constate depuis une dizaine d’années que le public lui-même change, avec des choix par catégorie d’âge qui deviennent plus perméables, moins cloisonnés. Le public est plus fluide, mais aussi plus décomplexé par rapport au fait de piocher dans la littérature jeunesse si on est adulte, et vice-versa », ajoute le bibliothécaire.

Mais pourquoi encourage-t-on les adultes à chercher des livres qui, selon une approche traditionnelle, seraient considérés comme n’étant plus de leur âge ? « Parce que si on enlève ce frein, ce côté jugeant qui pousse à se dire “Je suis adulte, je ne vais quand même pas regarder dans les rayons jeunesse”, on permet par exemple au public non-francophone de profiter de textes plus faciles à lire, qui peuvent l’accompagner dans l’apprentissage du français », signale Christelle Voser. L’accès aux livres jeunesse dans un espace unifié permet donc aux adultes de trouver des lectures abordables sans se sentir ramené-e-s en enfance. « En ce qui concerne les jeunes, on constate que, par rapport à autrefois, leurs intérêts sont plus larges et vont plus loin. Il y a une vraie évolution dans leur ouverture au monde », complète Christian.

Pour les bibliothécaires, cette unification de l’espace prolonge un mouvement déjà en cours, qui avait abouti il y a trois ans à la fusion de deux équipes — jeunesse et adultes — en une équipe unique. « Avant, lorsque j’étais spécialisée jeunesse, je perdais de vue les jeunes lecteurs et lectrices qui changeaient d’étage, et qui arrivaient chez des collègues de l’espace adultes

Autrefois, les adultes étaient en bas et les jeunes en haut. Désormais, les publics se mélangent entre un rez-de-chaussée voué à la fiction et un étage consacré aux ouvrages documentaires.
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qui ne les connaissaient pas. Au-delà de la satisfaction de les recroiser et de leur dire “Ça fait plaisir de te voir ici, c’est cool, tu fréquentes l’espace adultes ! ”, c’est génial de les voir évoluer, et c’est une très bonne chose pour la continuité de notre accompagnement », souligne Christelle.

Une mer de fictions, un ciel documentaire

À quoi ressemble concrètement la navigation dans la bibliothèque réaménagée ? Au-delà des 0-9 ans dans leur espace dédié, et de la séparation entre fiction en bas et documentaires en haut, tout se mêle-t-il sur les étagères ? « Pas tout à fait. Au rez-de-chaussée, ce qui est vraiment mélangé sur un même rayon, ce sont les romans ados et adultes dans les domaines dits “imaginaires” : fantastique, fantasy et science-fiction. Pour le reste, les romans jeunesse dès 10 ans, les romans ados, les policiers adultes et la littérature adulte dite “blanche” (qui ne relève pas d’un genre particulier) gardent leurs rayonnages séparés, mais dans le même espace, les uns à la suite des autres. Pareil pour la bande dessinée et les DVD », précise Christelle Voser.

La même chose vaut à l’étage, où les collections documentaires jeunes et adultes sont à la fois séparées et contiguës. Les exceptions, ce sont notamment les guides de voyage et les méthodes d’apprentissage des langues : dans ces domaines, tout est véritablement amalgamé. Pourquoi précisément ces deux secteurs-là ? « Pour que les jeunes puissent trouver quelque chose dans ces domaines, où il y a très peu d’ouvrages qui leur sont spécifiquement destinés. Et parce que ça fait du sens : lorsque vous apprenez une langue, que vous soyez adulte ou jeune, vous êtes débutant-e. Quant aux guides de voyage, ils

présentent des renseignements factuels assez simples au niveau de la lecture : il n’y a aucune raison de les destiner seulement à un public expérimenté », répond Christian Liechti.

Également déménagé à l’étage, l’Espace Sport est revalorisé. Poursuivant une migration commencée en 2015 (parti de la Villa Plongeon dans le parc des EauxVives, il est passé par la bibliothèque des Minoteries avant d’arriver à Saint-Jean), il se loge désormais dans un emplacement « plus beau et plus intéressant » au-dessus de l’entrée.

Une ascension qui n’est plus une mission impossible

On oubliait presque : Saint-Jean a désormais un ascenseur (c’est une nouveauté) et continue à proposer une collection de semences ou « grainothèque » (qui gagne en visibilité, lire ci-contre). « Nous avons vécu vingt ans avec une section jeunesse placée au bout de l’escalier. C’était parfois compliqué pour les familles qui rapportaient 80 bouquins dans des sacs Ikea, ou pour des grands-parents qui venaient avec les enfants le mercredi après-midi et qui les attendaient en bas parce que c’était trop dur de monter. Il était important de corriger ce problème d’accès », remarque Christian.

Correction faite : on peut désormais rendre tout ce qu’on a emprunté et obtenir tous les renseignements qu’on veut au rez-de-chaussée, et s’élever vers les ouvrages documentaires en ascenseur. Ce nouvel agencement des lieux aura déployé, au passage, un autre effet : « Avant, on avait la jeunesse qui courait dans l’escalier et qui faisait du bruit en haut. Désormais, si on veut un espace tranquille pour les études et le travail, c’est là, au premier », suggère Christelle. De là-haut, on prend désormais du recul pour observer les faits du monde, au-dessus d’un rez-de-chaussée grouillant de fictions.

iuL’équipe (et
possession des
en juillet
nota n°6 46 En lien
« On constate depuis une dizaine d’années que le public change, avec des choix par catégorie d’âge qui deviennent plus perméables, moins cloisonnés. Le public est plus fluide »
les collections de livres) ont repris
lieux
(photos : Lisa Frisco ; en bas à droite : Frank Mentha).

Du parquet à la planète, l’envol d’un projet

Le réaménagement de la bibliothèque de SaintJean commence au ras du parquet et s’envole dans les grands enjeux climatiques, en passant par des tiroirs remplis de graines… C’est ce qu’on découvre en questionnant Marie-France Croisier, responsable des infrastructures et de la logistique aux Bibliothèques municipales, et Dominique Beltrami, responsable des bibliothèques de quartier.

Qu’est-ce qui a motivé ces travaux ?

Marie-France Croisier : « Sur le plan purement matériel, on avait depuis plusieurs années le souhait de refaire le parquet, qui était passablement abîmé. Comme ceci impliquait de vider la bibliothèque, on s’est dit qu’on n’allait pas le faire sans repenser l’aménagement… À ceci s’est ajoutée la possibilité d’améliorer l’accessibilité, grâce à un crédit destiné à ce type d’intervention pour les bâtiments culturels de la Ville. C’est ce qui nous a permis d’installer l’ascenseur. »

Dominique Beltrami : « En ce qui concerne les enjeux organisationnels, il s’agissait de rééquilibrer l’espace entre jeunes et adultes : il y a plus d’emprunts et de fréquentation du côté des jeunes, mais leurs collections avaient moins de place. À partir de cet objectif, et de celui d’introduire ce que nous appelons le “guichet unique” pour le public jeune et adulte, les responsables de Saint-Jean et l’équipe de la bibliothèque ont imaginé une nouvelle manière d’articuler l’espace et les collections. »

En plus des livres, des DVD et des journaux et magazines, Saint-Jean a aussi une collection de semences…

Dominique Beltrami : « Nous avons souhaité faire de la grainothèque (un système d’échange de graines monté avec l’association Les Défricheuses) un des points forts de la bibliothèque de Saint-Jean. Nous voulions que la grainothèque fonctionne, en lien avec les axes stratégiques de la Ville en matière de climat, comme une accroche pour amener le public aux collections d’ouvrages touchant à ce domaine et comme un point de rencontre citoyen autour de ces questions, suscitant le dialogue et le partage. Nous l’avons placée par ailleurs sur un axe de circulation très fort : quels que soient vos parcours dans la bibliothèque, il y a de fortes chances que vous tombiez là-dessus. »

Marie-France Croisier : « Pour stocker les graines, nous avons récupéré un vieux meuble à fiches (une armoire en bois avec des rangées de petits tiroirs au format d’une demi-carte postale), comme un clin d’œil à la bibliothèque d’autrefois, où on cherchait les livres en fouillant dans un catalogue fait de fiches en papier cartonné… Au passage, comme les collections sur les enjeux écologiques se trouvent dans la section documentaires à l’étage, le grainothèque devient aussi un appel pour monter voir le reste de l’espace. »

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« En ce qui concerne les jeunes, on constate que, par rapport à autrefois, leurs intérêts sont plus larges et vont plus loin. Il y a une évolution dans leur ouverture au monde. »

De la Nouvelle-Héloïse aux voies couvertes

Pendant 43 ans, la bibliothèque de Saint-Jean ne s’adresse qu’aux jeunes et vit perchée à la rue de la Nouvelle-Héloïse au-dessus d’un petit lot de garages. Pour que la bibliothèque actuelle voie le jour, fin 2001, il aura fallu vingt ans de tâtonnements politiques et une flambée de mobilisation citoyenne en 1998, portée par la Coordination des associations du quartier Saint-Jean et Charmilles. Parmi les acteurs clé de ce mouvement, engagé aujourd’hui au sein de l’association de la Maison de Quartier de Saint-Jean et auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire du quartier, Pierre Varcher raconte.

1959 : une Bibliothèque des Jeunes au-dessus des garages

« L’histoire commence dans les années 1950 lorsque, suite à la construction des barres d’immeubles à la rue du Contrat-Social, l’école du quartier se retrouve un peu submergée. Deux classes enfantines partent alors s’installer dans des locaux au-dessus des petits garages de la rue de la Nouvelle-Héloïse. En 1958, la construction de l’école Devin-du-Village permet d’absorber ces deux classes, et la Ville décide de récupérer les locaux au-dessus des garages pour faire une Bibliothèque des Jeunes, qui s’ouvre en 1959. Pendant plus de 40 ans, ce sera la seule présence bibliothécaire dans le quartier avec le Bibliobus, qui arrive dans les années 60 et qui s’arrête à deux pas de là, devant l’actuel Denner. »

1992 :

un projet de voies couvertes sans bibliothèque

« Une vingtaine d’années plus tard, en 1981, l’exécutif municipal met dans son plan financier un projet de bibliothèque tout public, sans emplacement précis. Une autre décennie passe, dans laquelle s’ouvre le dossier de la couverture des voies ferroviaires, soumise à un concours d’architecture en 1992. Dans le cahier des charges pour cet aménagement, il y a une brasserie, une poste, une crèche, une maison de quartier, un marché couvert… mais la bibliothèque, on n’en parle pas. C’est là qu’il commence à y avoir des groupes de pression d’habitant-e-s qui demandent pourquoi cet équipement n’est pas inclus dans le projet. »

1992-1997 : la Poste change d’avis, la Ville aussi (plusieurs fois)

« Là-dessus, il y a un coup de théâtre lorsque la Poste, qui avait réservé un emplacement sur les voies couvertes, change ses plans et s’installe dans l’ancienne centrale téléphonique de la rue des Charmilles (où elle va rester jusqu’au déménagement dans le centre commercial Planète Charmilles). En 1995, le Conseil administratif de la Ville décide de prendre l’emplacement dont la Poste ne veut plus et d’y mettre la bibliothèque… mais il revient en arrière l’année d’après pour des raisons budgétaires. En 1997, une motion interpartis est déposée au Conseil municipal par les groupes socialiste, vert et de l’Alliance de gauche, intitulée “Aménagement de la couverture des voies CFF à Saint-Jean : c’est pour quand la suite ?” Quelques mois plus tard, le Conseil administratif pose enfin un projet de bibliothèque tout public dans le plan financier quadriennal 1997-2000. »

« Pendant plus de 40 ans, ce sera la seule présence bibliothécaire dans le quartier avec le Bibliobus, qui arrive dans les années 60 et qui s’arrête à deux pas de là, devant l’actuel Denner » (photos : Atelier Boissonnas).

« L’histoire commence dans les années 1950, dans des locaux au-dessus des petits garages de la rue de la Nouvelle-Héloïse… »
ou
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1998 : une mobilisation « finalement assez fastoche »

« Début 1998, le dossier part en Commission des travaux, et c’est là que ça se gâte. La droite n’en veut pas, à gauche les Verts et l’Alliance de gauche sont pour, mais le groupe socialiste estime maintenant que la priorité est plutôt la crèche, car il y a déjà la Bibliothèque des Jeunes et le Bibliobus, et que les bibliothèques de la Servette et de la Cité ne sont pas si loin. Il y a aussi une idée dans l’air selon laquelle l’avenir est plutôt aux médiathèques et les bibliothèques sont un peu dépassées… C’est là que nous, on se mobilise. Ce n’était pas

trop difficile parce que, en suivant le dossier, on voyait bien qu’il n’était pas nécessaire de convaincre tout le monde : il suffisait de faire changer d’avis les socialistes pour avoir la majorité. Comme dans sa prise de position, le groupe socialiste avait dit “les habitants, s’ils tiennent à cet équipement, n’ont qu’à se manifester”, c’est ce qu’on a fait. Les socialistes ont suivi et le crédit a été voté. Voilà donc l’histoire de la bibliothèque : très longue, avec un bref moment de mobilisation ciblée. Sur ce coup-là, ça a finalement été assez fastoche. »

Saint-Jean, bambous et Venise

Le saviez-vous ? Une des inspirations de la couverture des voies conçue par le bureau d’architectes Bonnet Bosson Vaucher est un coin de Venise, un lieu « composé de quais, passages étroits, placettes arborées », écrit l’architecte Pierre Bonnet dans le n° 121 du journal Quartier Libre

Quant aux bambous qui singularisent ce paysage urbain dans la portion entre la bibliothèque et la rue des Délices, ils ont été plantés initialement « pour meubler, en montrant la place des bâtiments qui devaient encore se construire, à savoir une brasserie et une crèche », raconte

Pierre Varcher. La crèche se logera finalement en contrebas, à la place d’une barre d’immeubles dont une autre mobilisation d’habitant-e-s aura fait abandonner le projet. Les bambous restent.

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Les machines appelées à rendre les bibliothèques plus humaines

Avec les « bornes »

automatiques sur lesquelles le public des BM est invité à enregistrer ses emprunts et ses retours, les bibliothécaires deviennent plus disponibles pour l’accueil et l’accompagnement… Récit et explications

Photo : Lisa Frisco
nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 50 En lien

Le public les appelle « automates », les équipes les désignent du nom de « bornes » : un mot d’origine obscure, dont l’ancêtre bodina ou butina signifiait « arbre frontière » en latin médiéval et qui, plus loin dans le passé, vient peut-être d’un terme gaulois. Au fil des siècles, le mot s’est mis à indiquer une pierre, une colonne, un arbre, une balise quelconque qui se dresse quelque part pour marquer une limite, un point de passage entre une chose et une autre.

Celles des Bibliothèques municipales appartiennent à une famille de bornes appelées « interactives » ou « automatiques », ou parfois aussi, par appropriation d’un mot autochtone américain, « totems ». Elles ont une interface en forme d’écran pour le public, un ordinateur caché dedans et une connexion avec un arrière-boutique numérique. Comme leurs ancêtres gauloises et médiévales, elles sont des points de repère et de bascule. Elles marquent la transition entre le monde physique et celui de l’information, et surtout entre la vie publique des livres, à disposition de tout le monde sur les rayons d’une bibliothèque, et leur existence privée, empruntés chez quelqu’un.

Introduites aux BM il y a une dizaine d’années, les bornes ont côtoyé pendant tout ce temps le prêt « manuel », celui où les ouvrages empruntés ou rendus passent des mains d’un-e usager-e à celui d’un-e bibliothécaire attablé-e derrière un bureau. À terme, elles sont appelées à devenir le lieu où se déroulent pratiquement toutes les transactions, comme c’est déjà le cas à la bibliothèque des Eaux-Vives, où depuis le printemps dernier le public qui vient prendre ou rendre un livre s’entend dire : « Bienvenue, je vous accompagne à la borne, je vais vous montrer comment ça marche… » Voyons donc voir, avec Céline Barnet, responsable

de la bibliothèque des Eaux-Vives, et Florent Dufaux, responsable des ressources technologiques et numériques des BM.

En quoi est-ce mieux, avec les bornes ?

Céline Barnet : « Certain-e-s collègues encore sur la réserve se rendent compte quotidiennement que les bornes nous dégagent de certaines tâches mécaniques en nous laissant plus de temps pour des interactions plus valorisantes, tournées vers l’accompagnement du public. Les gestes qu’on faisait pour le prêt et pour le retour, assis-e-s derrière notre bureau à passer les livres sur la “platine” qui lit les puces électroniques, tout en regardant notre écran pour vérifier que tout s’est enregistré, n’étaient pas très ergonomiques et ne nous mettaient pas dans une posture idéale du point de vue de l’accueil. Avec les bornes, nous devenons plus disponibles. C’est ce que nous disons à la petite minorité d’usager-e-s qui sont remonté-e-s à l’idée que ces machines “déshumanisent le service” : au contraire, nous sommes plus présent-e-s qu’avant pour orienter, conseiller, échanger, et aussi écouter les avis du public sur les ouvrages empruntés.

Pour le coup, c’est notre métier qui change : il consiste un peu plus à interagir avec le public dans les rayons et un peu moins à faire de la manutention. Ce qui ouvre un énorme champ des possibles. Nous pourrions aider les enfants à faire leurs recherches documentaires. Ou décliner le principe des rendez-vous “Les bibliothèques sont vos alliées !” 1 pour permettre aux usager-e-s de devenir des expert-e-s en recherche d’informations, en s’armant contre les fake news Ou prendre le temps de faire expérimenter au public les “pouvoirs magiques”  2 de la carte de bibliothèque. Ou faire des ateliers découvertes…

1 Un atelier « Les bibliothèques sont vos alliées ! La recherche d’information documentaire et en ligne » a lieu ce semestre le mercredi 13 septembre à la BM Cité (détails dans l’agenda, p. 55).

2 Les ateliers « Les super-pouvoirs de ma carte de bibliothèque », qui invitent à découvrir les ressources numériques souvent méconnues auxquelles la carte donne accès, ont lieu ce semestre aux bibliothèques de la Cité (me 18.10, sa 25.11 et 20.1), des Pâquis (jeu 14.9, 12.10, 09.11 et 14.12) et de la Servette (sa 23.9 et 25.11). Horaires et détails pour l’inscription dans l’agenda, pp. 55-61.

51 En lien
« Pour le coup, c’est notre métier qui change : il consiste un peu plus à interagir avec le public dans les rayons et un peu moins à faire de la manutention. »

i « Le public apprécie le fait de gérer ses transactions et d’en être responsable » (photo : Lisa

nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 52 En lien
Frisco).

À ces avantages, on pourrait ajouter celui d’une certaine confidentialité. Les gens n’ont pas forcément envie qu’on les voie emprunter des titres du style “Le divorce pour les nuls”, “Gérer son licenciement” ou “Retrouver du boulot à 50 ans”. Pareil pour les enfants qui empruntent des livres sur la puberté… C’est souvent plus facile si c’est l’usager-e qui gère en toute autonomie. »

Y a-t-il des difficultés ?

Céline Barnet : « Pour le public, il y a quelques gestes à acquérir, mais nous constatons qu’ils sont simples et faciles pour tout le monde, des enfants aux personnes âgées. À ce propos, il y aurait tout un travail à faire pour déstigmatiser et désessentialiser les personnes âgées : non, elles ne sont pas démunies face aux outils numériques… J’ajouterais que pendant un temps, en accompagnant les usager-e-s aux bornes, nous avons eu un peu trop tendance à faire les gestes à leur place. Du coup on s’est dit qu’il fallait qu’on reste à côté des emprunteurs et des emprunteuses, mais en gardant nos mains dans le dos, et qu’on les laisse faire.

Ce qu’on remarque, c’est en tout cas que le public adopte les bornes d’une manière très naturelle et qu’il apprécie le fait de gérer ses propres transactions et d’en être responsable Et bien sûr, en cas de nécessité, si une personne a oublié sa carte de prêt et que par conséquent elle ne peut donc pas utiliser les bornes, on ne la fait pas repartir les mains vides : si elle a une pièce d’identité, on peut encore lui faire le prêt au bureau d’accueil. »

Où en est la « mise en borne » des Bibliothèques municipales ?

Florent Dufaux : « La période de mise en place des bornes a été longue. Ça fait plus de dix ans que nous avons introduit les premières dans les bibliothèques des Pâquis et de la Cité, qui ont un peu essuyé les plâtres. Nous avons eu pas mal de problèmes techniques, qui ont parfois rendu des gens réfractaires à cet outil… Heureusement, avec les nouveaux modèles installés aux Eaux-Vives et aux Minoteries, que nous allons bientôt déployer sur tout le réseau, nous disposons maintenant d’une technologie beaucoup plus fiable.

La demande de crédit pour compléter et renouveler ces équipements, en remplaçant les appareils qui sont devenus un peu obsolètes, a été acceptée par le Conseil municipal comme une évidence, sans opposition. Nous allons pouvoir passer à trois ou quatre bornes dans chaque bibliothèque de quartier, pour un total de 25 sur l’ensemble du réseau, et faire un travail d’accompagnement pour montrer tout ce qu’il peut y avoir comme effets positifs. Notre modèle, c’est vraiment ce qui s’est passé à la bibliothèque des EauxVives, avec un maximum de prêts qui passent par les bornes, dégageant du temps pour d’autres activités. »

53 En lien
« Il y aurait tout un travail à faire pour déstigmatiser et désessentialiser les personnes âgées : non, elles ne sont pas démunies face aux outils numériques… »

Des films qui vous font signe

Les BM proposent 217 périodiques papier et des milliers de titres accessibles via PressReader (lire en p. 3). Parmi ceux-ci…

… le magazine de cinéma Sofilm (aux BM Cité et Jonction). Dans le dernier numéro, un dossier intitulé « Ça a été la claque de ma vie » partage des témoignages de spectateurs et spectatrices qui « font la rencontre décisive d’une œuvre qui révolutionnera leur rapport au désir. Que ce soit en dévoilant l’évidence d’une orientation sexuelle jusque-là insoupçonnée, ou en poussant ceux qui cultivaient leurs amours dans le secret à sortir du placard ».

Par exemple Aïnoha, qui a aujourd’hui 29 ans et qui au lycée affichait vis-à-vis des garçons « une indifférence qui m’auréolait d’un halo badass. J’étais l’inaccessible, quoi. La fille qui, lorsqu’on lui demandait pourquoi elle ne voulait pas tenter avec Michel, Alphonse ou Pierre, répondait laconiquement : “d’autres chats à fouetter” ». Sauf qu’un jour, elle voit le film Naissance des pieuvres de Céline Sciamma, avec Adèle Haenel. « Bilan : je m’étais trompée de A à Z. Si les mecs, aussi sympas soient-ils, me laissaient de marbre, ça n’était pas par snobisme de la sphère romantique. J’étais lesbienne, tout simplement. » Le film qui déclenche cette révélation « en douceur » est « un peu comme un signe venu d’ailleurs qui vous tombe dessus, comme ça. Puis vous accompagne. »

54 En rayon

automne — hiver

Pour plus d’informations sur tous ces rendez-vous :

Août

Ma 22.8

10h-11h30 Rencontre

Autour des livres

Partageons nos lectures

→ BM Eaux-Vives

○ Adultes, Dès 16 ans

△ Inscription eauxvives.bmu@ville-ge.ch

Jeu 24.8

18h-19h Rencontre

L'heure du coup de cœur

L'autre club littéraire : tous les premiers jeudi du mois

→ BM Servette

○ Adultes

Septembre

Du ve 1.9 au ve 10.11

institutions.ville-geneve.ch/fr/bm/agenda

Récolte de contributions

Faites-nous signe !

Partagez quelques mots sur nos fenêtres

→ BM Servette

○ Tout public

△ Apportez vos textes (max 300 signes) dans les heures d’ouverture ou envoyez-les à servette.bmu@ville-ge.ch

Sa 2.9

11h-11h45 Lecture

Lire et relire

Pour le plaisir de partager

→ BM Cité / Le Tronc commun (2e)

○ Dès 3 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Me 6.9

10h-10h30 Lecture

Lire avec bébé

Des pages de plaisirs partagés

→ BM Pâquis

○ De 0 à 2 ans

△ Inscription paquis.bmu@ville-ge.ch

10h30-11h Lecture

Pirouette Cacahuète

Au bonheur des mots pour les tout-petit-e-s

→ BM Eaux-Vives

○ De 0 à 4 ans

Sa 9.9

14h-15h30 Numérique /atelier Un espion dans ma poche

Les données personnelles sur son smartphone

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Me 13.9

9h50-10h20 Lecture

Lire avec bébé

Des pages de plaisirs partagés, à la ludothèque des Pâquis !

→ Ludothèque des Pâquis (r. de Berne 50)

○ De 0 à 2 ans

15h-16h30 Numérique

Les bibliothèques sont vos alliées !

La recherche d'information documentaire et en ligne

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Jeune public, de 9 à 12 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch, cite-mediation.bmu@ville-ge.ch

Jeu 14.9

15h-16h Numérique /atelier

Les super-pouvoirs de ma carte de bibliothèque

→ BM Pâquis

○ Tout public

△ Inscription paquis.bmu@ville-ge.ch

Sa 16.9

10h-12h Atelier Bougre d'ectoplasme à roulettes !

Un atelier pour s'amuser avec les gros mots

→ BM Eaux-Vives

○ Jeune public, dès 7 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

10h-13h Numérique /atelier

La mini chaîne du livre

Session écriture avec Camille

Bloomfield

→ BM Minoteries

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

13h-17h Événement La bibliothèque en fête

Inauguration après travaux

→ BM Saint-Jean

○ Tout public

Ma 19.9

19h-20h30 Rencontre

Anne Brécart et Bertrand Schmid

Rencontre littéraire de la 29ème sélection Lettres

Frontière

→ BM Servette

○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

15h-16h Lecture

Les lectures du mercredi

Dis, tu nous lis une histoire ?

→ BM Servette

○ Jeune public, dès 4 ans

Agenda 2023—2024
55 Agenda

Me 20.9

15h-16h30 Numérique /atelier

Mes premières notions de programmation

Crée ton propre jeu pour tablette avec Scratch Junior

→ BM Servette

○ Jeune public, de 5 à 7 ans

△ Inscription servette.bmu@ville-ge.ch

Jeu 21.9

17h15-18h30 Rencontre

Et toi tu lis quoi ?

Viens en parler, en discuter ou juste écouter

→ BM Saint-Jean

○ Jeune public, dès 12 ans

Sa 23.9

10h-11h Numérique /atelier

Les super-pouvoirs de ma carte de bibliothèque

→ BM Servette

○ Adultes

14h-16h Atelier

Correspondances croisées

Atelier d'écriture avec Anne Pitteloud

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Ma 26.9

10h-11h30 Rencontre

Autour des livres

Partageons nos lectures

→ BM Eaux-Vives

○ Adultes, dès 16 ans

△ Inscription eauxvives.bmu@ville-ge.ch

Ve 29.9

14h-15h30 Rencontre /atelier Philo à la biblio Goûter philosophique intergénérationnel

→ BM Pâquis

○ Tout public, dès 7 ans

16h30-18h30 Atelier

Popbroderie

Atelier d'initiation à la broderie

contemporaine

→ BM Jonction

○ Tout public, dès 10 ans

△ Inscription jonction.bmu@ville-ge.ch

Sa 30.9

10h-12h Rencontre /atelier

« Délivre-moi tes secrets » avec Jean-Pierre Blanpain

Rencontre et atelier autour de l’histoire de Monsieur A

→ BM Eaux-Vives

○ Jeune public, dès 6 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Octobre

Me 4.10

10h-10h30 Lecture

Lire avec bébé Des pages de plaisirs partagés

→ BM Pâquis

○ De 0 à 2 ans

△ Inscription paquis.bmu@ville-ge.ch

Jeu 5.10

18h-19h Rencontre L'heure du coup de cœur

L'autre club littéraire : tous les premiers jeudi du mois

→ BM Servette

○ Adultes

Sa 7.10

13h-13h30, 13h45-14h15 et 14h30-15h Performance

Se faire signe sans voir !

Un récit à travers les dispositifs d'accessibilité, avec Plein Accès

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Tout public

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Sa 7.10.23 - sa 22.6.24

Selon horaires BM Cité Parcours thématique ENVOYÉ ! Une vie de correspondances

→ BM Cité / Le Multi

○ Tout public, dès 7 ans

10h-11h Atelier

Un signe, une émotion

→ BM Servette

○ De 2 à 5 ans

△ Inscription servette.bmu@ville-ge.ch

10h30-11h Lecture

Pirouette Cacahuète invite Signons-Ensemble !

L'univers des signes en compagnie de votre bébé

→ BM Eaux-Vives

○ De 6 mois à 2 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

14h-15h30 Musique

Clac, poum, chack !

Atelier de rythmes signés

→ BM Pâquis (à l'extérieur). En cas de mauvais temps, préau couvert de l'école de Zürich, à côté de la bibliothèque

○ Tout public, dès 6 ans (les enfants de moins de 12 ans doivent obligatoirement être accompagné-e-s)

14h30-16h30 Jeux vidéo Grand tournoi de Skribbl.io

Des jeux vidéo qui font signe

→ BM Jonction

○ Jeune public, dès 8 ans

15h30-17h Jeux vidéo

À la rescousse

Des jeux vidéo qui font signe

→ BM Jonction

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

10h-12h Atelier

Haïkuna Matata Transforme ton conte préféré en haïkus !

→ BM Servette

○ Jeune public, dès 8 ans

△ Inscription servette.bmu@ville-ge.ch

14h-16h Atelier

Haïku libéré

Faites entendre votre voix grâce à l'art du haïku

→ BM Servette

○ Adultes

△ Inscription servette.bmu@ville-ge.ch

15h-17h Atelier Création d'une bande dessinée numérique

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Jeune public, dès 10 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

15h-16h45 Jeux vidéo Jeux vidéo aux Minoteries Présentation de coups de cœur

→ BM Minoteries

○ Tout public, dès 8 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

9h-16h Atelier

Dàzìbào, les lettres en mouvement

Atelier de création typographique et Stop Motion

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

16h30-18h Événement

ENVOYÉ ! Une vie de correspondances

Inauguration du parcours thématique

→ BM Cité / Le Multi

○ Tout public, dès 7 ans

Me 11.10

9h50-10h20 Lecture

Lire avec bébé

Des pages de plaisirs partagés, à la ludothèque des Pâquis !

→ Ludothèque des Pâquis (r. de Berne 50)

○ De 0 à 2 ans

17h-18h30 Rencontre /atelier Comme un haïku

→ BM Saint-Jean

○ Tout public, de 7 à 99 ans

△ Inscription saintjean.bmu@ville-ge.ch

10h-12h et 14h-16h Atelier Bons baisers de…

Atelier créatif autour de la carte postale

→ BM Cité / Le Multi

○ Tout public

Jeu 12.10

10h-11h Atelier

Lire avec bébé

Des pages de plaisirs partagés…

→ BM Saint-Jean

○ De 0 à 2 ans

△ Inscription saintjean.bmu@ville-ge.ch

15h-16h Numérique /atelier

Les super-pouvoirs de ma carte de bibliothèque

→ BM Pâquis

○ Tout public

△ Inscription paquis.bmu@ville-ge.ch

nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 56 Agenda

Sa 14.10

Selon horaires d’ouverture habituels de chaque BM Vente Grande vente aux BM !

Gros déstockage de livres, CD et DVD

→ BM Tout le réseau

○ Tout public

Ma 17.10

10h-11h30 Rencontre

Autour des livres

Partageons nos lectures

→ BM Eaux-Vives

○ Adultes, dès 16 ans

△ Inscription eauxvives.bmu@ville-ge.ch

Me 18.10

10h-10h30 Spectacle

Des notes et des gestes

Comptines gestuées accompagnées en musique

→ BM Jonction

○ Dès 3 ans

11h-12h Atelier

Les super-pouvoirs de ma carte de bibliothèque

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

15h-17h Numérique /atelier Donnez-vous la réplique !

Écriture et fabrication d’un livre collectif

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Jeune public, dès 10 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

15h-16h30 Atelier

Un signe, une famille

Création de votre blason familial

→ BM Minoteries

○ Jeune public, de 6 à 12 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

15h-16h Lecture

Les lectures du mercredi

Dis, tu nous lis une histoire ?

→ BM Servette

○ Jeune public, dès 4 ans

Jeu 19.10

17h15-18h30 Rencontre

Et toi tu lis quoi ?

Viens en parler, en discuter ou juste écouter

→ BM Saint-Jean

○ Jeune public, dès 12 ans

Ma 24.10 - Jeu 26.10

Ve 27.10

16h30-18h30 Atelier

Popbroderie

Atelier d'initiation à la broderie contemporaine

→ BM Jonction

○ Tout public, dès 10 ans

△ Inscription jonction.bmu@ville-ge.ch

10h-17h Atelier

Fais-moi signe !

Création d’une pièce radiophonique

→ BM Cité / Salle de conférence 2e

○ Jeune public, dès 10 ans

18h30-21h Atelier

Correspondances croisées

Atelier d'écriture avec Anne Pitteloud

→ BM Pâquis

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Novembre

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch (les participant-e-s s’inscrivent pour les trois jours d’atelier)

Me 25.10

14h-16h Jeux vidéo

Partage ton jeu vidéo préféré en vidéo !

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Tout public, dès 12 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Me 1.11

10h-10h30 Lecture

Lire avec bébé

Des pages de plaisirs partagés

→ BM Pâquis

○ De 0 à 2 ans

△ Inscription paquis.bmu@ville-ge.ch

15h-16h, 16h-17h et 17h-18h Numérique /atelier

Atelier Booktube

Partage tes coups de cœur littéraires en vidéo

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Tout public, dès 16 ans

Sa 4.11

11h-12h Exposition ENVOYÉ !

Une vie

de correspondances

Visite guidée du parcours thématique

→ BM Cité / Le Multi

○ Tout public, dès 7 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

11h-11h45 Lecture

Lire et relire

Pour le plaisir de partager

→ BM Cité / Le Tronc commun (2e)

○ Dès 3 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

19h-21h Spectacle

Love Letters

Un spectacle de Deborah Etienne et Frédéric Landenberg D'après A.R. Gurney

→ BM Cité / Le Multi

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Sa 21.10

10h-13h Numérique /atelier

La Mini Chaîne du livre

Session typographie avec Clovis Duran et Extraset

→ BM Eaux-Vives

○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

14h-16h Jeux vidéo

Viens avec ton jeu vidéo !

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Tout public, dès 12 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

15h-18h Numérique /atelier Coder avec Minecraft Venez découvrir les bases du langage Python avec Futurekids

→ BM Servette

○ Jeune public, de 12 à 16 ans

△ Inscription servette.bmu@ville-ge.ch

Jeu 26.10

Jeu 26.10 - ve 27.10

10h-18h Atelier

Quartier libre, c’est toi l’architecte ! Viens construire ton quartier

→ BM Pâquis

○ Tout public, dès 7 ans (enfants de moins de 9 ans obligatoirement accompagné-e-s d’un-e adulte)

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch (les participants s’inscrivent pour les 2 jours)

18h30-20h30 Jeux vidéo

À fond les manettes !

Une soirée pour découvrir et tester des jeux vidéo

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Tout public, dès 8 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

14h-16h Rencontre /atelier

15h-16h45 Jeux vidéo

Jeux vidéo aux Minoteries

Nintendo Labo

→ BM Minoteries

○ Tout public, dès 8 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Jeu 2.11

18h-19h Rencontre L'heure du coup de cœur

L'autre club littéraire : tous les premiers jeudi du mois

→ BM Servette

○ Adultes

«Délivre-moi tes secrets » avec Eva Offredo, illustratrice et Alex Cousseau, auteur

Enquête timbrée, et art postal !

→ BM Cité / Le Multi

○ Jeune public, dès 8 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

14h-16h Atelier

Bougre d'ectoplasme à roulettes !

Un atelier pour s'amuser avec les gros mots

→ BM Pâquis

○ Jeune public, dès 7 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

17h15-19h30 Film

Sur mes lèvres

Projection du film de Jacques Audiard

→ BM Servette ○ Adultes

57 Agenda

Di 5.11

14h30-16h Spectacle

Rire de tous les mots Détournement radiophonique pour excursion littéraire

— Spectacle de Pierre Dodet et Pierre-Yves Serre/ Compagnie TSF

→ BM Cité / Le Multi

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Me 8.11

9h50-10h20 Lecture

Lire avec bébé

Des pages de plaisirs partagés, à la ludothèque des Pâquis !

→ Ludothèque des Pâquis (r. de Berne 50)

○ De 0 à 2 ans

Jeu 9.11

15h-16h Numérique /atelier

Les super-pouvoirs de ma carte de bibliothèque

→ BM Pâquis

○ Tout public

△ Inscription paquis.bmu@ville-ge.ch

19h-21h Jeux vidéo

Afterwork jeu vidéo

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Ve 10.11

18h-18h30 Contes

Sa 11.11

10h-12h30 Film

Le Petit Nicolas, qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?

Film d'animation d'Amandine Fredon et Benjamin Massoubre, 2023 (83 min.)

La séance du samedi (en collaboration avec le Cinélux)

→ BM Jonction

○ Jeune public, dès 7 ans

△ Inscription jonction.bmu@ville-ge.ch

14h-16h Numérique /atelier

Programmation et construction

Avec le FabLab Onl’Fait

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Me 15.11

14h-16h Atelier

L'émoji parfait

Atelier de design d'emoji avec Ivan Gulizia

→ BM Pâquis

○ Jeune public, dès 11 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

15h-17h Jeux vidéo

Choisis les fins de ton histoire !

Création d'un jeu vidéo narratif avec Marion Bareil

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Jeune public, dès 10 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

15h-17h Jeux vidéo

Okami et Stray

Venez découvrir deux jeux vidéo d’aventure

14h-15h15 Rencontre

« Délivre-moi tes secrets » avec

Michaël Escoffier, auteur

Il ne faut pas enlever le U des mouches

→ BM Saint-Jean

○ Jeune public, dès 6 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

14h-16h30 Atelier

Faites-nous signe !

Partagez quelques mots sur nos fenêtres : collage participatif

→ BM Servette

○ Tout public

→ BM Servette

○ Tout public, dès 12 ans

Jeu 16.11

10h-11h Atelier

14h30-16h Film

Le monde secret des emojis

Projection du film

→ BM Pâquis

○ Jeune public, dès 8 ans

Di 19.11

14h30-16h Musique

10h30-11h Lecture

Pirouette Cacahuète invite Signons-Ensemble !

L'univers des signes en compagnie de votre bébé

→ BM Eaux-Vives

○ De 6 mois à 2 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

15h30-17h Jeux vidéo

Tournoi Splatoon 3

En collaboration avec Nintendo

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Tout public, dès 8 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

« L'Arbre qui parle » et « L'Échidné et l'arbre ombrageux »

contés par Olivier Sidore

Dans le cadre de la Nuit du conte

→ BM Saint-Jean

○ Jeune public, dès 6 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

18h45-19h45 Contes

« Bezef », contes arabo-persans de et avec Nefissa Benouniche

Dans le cadre de la Nuit du conte

→ Espace de quartier Plainpalais (r. des Minoteries 3)

○ Tout public, dès 10 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

19h30-20h30 Contes

« L'Homme qui plantait des arbres» de Jean Giono et « Le beau cadeau » contés par Olivier Sidore Dans le cadre de la Nuit du conte

→ Maison de Quartier de Saint-Jean (ch. François-Furet 8)

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Di 12.11

14h-14h40 Film

FILMARcito

Des courts métrages à plumes

→ BM Cité / Le Multi

○ Jeune public, dès 5 ans

14h50-16h15 Atelier

Comme des oiseaux

Atelier proposé à la suite de la projection FILMARcito

→ BM Cité / Le Multi

○ Tout public, dès 5 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Ma 14.11

18h-19h30 Film

Emoji-Nation

Comment les émojis ont conquis le monde — Projection et discussion

→ BM Pâquis

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Lire avec bébé

Des pages de plaisirs partagés

→ BM Saint-Jean

○ De 0 à 2 ans

△ Inscription saintjean.bmu@ville-ge.ch

18h30-21h Atelier

Correspondances croisées

Atelier d'écriture avec Anne Pitteloud

→ BM Jonction

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Sa 18.11

14h-15h30 Atelier

Créer son profil sur LinkedIn

Atelier pratique pour découvrir ce réseau social professionnel

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Flamenco avec Ana la China & Co

Introduction et démonstration des différents rythmes du flamenco (en partenariat avec les Concerts du dimanche au Victoria Hall)

→ BM Cité / Le Multi

○ Tout public, dès 6 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Ma 21.11

10h-11h30 Rencontre

Autour des livres

Partageons nos lectures

→ BM Eaux-Vives

○ Adultes, dès 16 ans

△ Inscription eauxvives.bmu@ville-ge.ch

Jeu 23.11

19h-20h30 Rencontre

Perpendiculaire au soleil — Valentine

Cuny-Le Callet

Une correspondance graphique

→ BM Cité / Le Multi

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 58 Agenda

Ve 24.11

16h30-18h30 Atelier Popbroderie

Atelier d'initiation à la broderie contemporaine

→ BM Jonction

○ Tout public, dès 10 ans

△ Inscription jonction.bmu@ville-ge.ch

Jeu 30.11

17h15-18h30 Rencontre

Et toi tu lis quoi ?

Viens en parler, en discuter ou juste écouter

→ BM Saint-Jean

○ Jeune public, dès 12 ans

19h-20h30 Rencontre Sucre, journal d'une recherche —

Dorothee Elmiger

Rencontre littéraire bilingue (français-allemand) et performance dessinée

→ BM Cité / Le Multi

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Sa 25.11

10h-17h Atelier

As-tu déjà écrit ta lettre au Père Noël ?

Viens écrire ta liste de souhaits

→ BM Servette

○ Tout public

10h-11h Numérique /atelier Les super-pouvoirs de ma carte de bibliothèque

→ BM Servette

○ Adultes

10h30-12h Rencontre Rencontre coulisses autour du spectacle

Le cœur des libellules

Une création du TMG d'après

« La petite danseuse et la marionnette » et « La vilaine comédienne» de S. Corinna

Bille

→ BM Minoteries

○ Jeune public, dès 6 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

11h-12h Atelier

Les super-pouvoirs de ma carte de bibliothèque

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

14h30-16h Performance

À Diane

Une performance composée de la projection du film

« Diane ou le début du monde fini » et de la lecture du livre

« Les Dianes »

→ BM Cité / Le Multi

○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Di 26.11

14h30-15h30 Spectacle

Lettre à mon dictateur

Un spectacle écrit et joué par Eugène

→ BM Cité / Le Multi

○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Me 29.11

14h-16h30 Atelier

Structure croisée

Petit atelier reliure

→ BM Jonction

○ Jeune public, dès 8 ans (adultes bienvenu-e-s si accompagné-e-s d'un-e enfant)

△ Inscription jonction.bmu@ville-ge.ch

15h-17h Jeux vidéo

Viens avec papy ou mamie si tu veux jouer !

Une découverte jeu vidéo

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Tout public, dès 8 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

16h-20h30 Rencontre /atelier

Déco de Noël et apéro de fin d’année

Atelier ornement de la bibliothèque et présentation de la bibliographie « Cultivons notre sapin»

→ BM Saint-Jean

○ Tout public, dès 6 ans

14h-15h30 Numérique Sécurité numérique et mots de passe

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

19h-21h Conférence

Les contes du ChatGPT perché

Les mondes parallèles des intelligences artificielles

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Décembre

Sa 2.12

10h-12h30 Atelier

Correspondances croisées Atelier d'écriture avec Anne Pitteloud

→ BM Servette

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

11h-11h45 Lecture

Lire et relire

Pour le plaisir de partager

→ BM Cité / Le Tronc commun (2e)

○ Dès 3 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

14h-16h Rencontre /atelier « Délivre moi tes secrets » avec Olivier

Tallec, auteur et illustrateur

Rencontre autour de l'album « Abécébêtes»

→ BM Pâquis

○ Jeune public, dès 6 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Di 3.12

14h-15h30 Rencontre Charlie, d'après le roman Des fleurs pour Algernon Rencontre avec Christian Denisart (en partenariat avec le Théâtre de Carouge)

→ BM Cité / Le Multi

○ Adultes, dès 14 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Ma 5.12

13h30-16h30 Numérique /atelier

La Mini Chaîne du livre

Session images

→ BM Saint-Jean

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

14h-15h Exposition

ENVOYÉ ! Une vie de correspondances

Visite guidée du parcours thématique

→ BM Cité / Le Multi

○ Tout public, dès 7 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Me 6.12

10h-10h30 Lecture Lire avec bébé

Des pages de plaisirs partagés

→ BM Pâquis

○ De 0 à 2 ans

△ Inscription paquis.bmu@ville-ge.ch

10h30-11h Lecture

Pirouette Cacahuète

Au bonheur des mots pour les tout-petit-e-s

→ BM Eaux-Vives

○ De 0 à 4 ans

14h-18h Jeux vidéo

Créez votre personnage de jeu vidéo !

Avec les créateurs du jeu Wéko the Mask Gatherer

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Jeune public, de 7 à 13 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

15h-16h45 Jeux vidéo Jeux vidéo aux Minoteries

Just Dance

→ BM Minoteries

○ Tout public, dès 8 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

16h15-17h Rencontre

Le petit rendez-vous et le livre Découvrir l'art au MAMCO au fil d'albums

→ MAMCO, Musée d'Art Moderne et Contemporain (r. des Vieux-Grenadiers 10)

19h-20h30 Rencontre Lettres ouvertes Un film de Katharine Dominicé

→ BM Cité / Le Multi

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

○ Jeune public, dès 5 ans (accompagné-e d'un-e adulte)

△ Inscription bit.ly/petit-rendez-vous-mamco

Jeu 7.12

18h-19h Rencontre

L'heure du coup de cœur

L'autre club littéraire : tous les premiers jeudi du mois

→ BM Servette ○ Adultes

59 Agenda

Sa 9.12

10h-17h Vente

La Grande braderie des CD

Vente exceptionnelle à la Cité

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Tout public

17h15-19h Film

Vice-versa

Projection du film de Pete Docter et Ronaldo Del Carmen (2015)

→ BM Servette

○ Jeune public, dès 10 ans

Di 10.12

14h-16h Musique

Hip hop avec Positive Soul et Breakin Flavors

Atelier d'initiation à la danse urbaine (en partenariat avec les Concerts du dimanche au Victoria Hall)

→ BM Cité / Le Multi

○ Tout public, dès 6 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Me 13.12

9h50-10h20 Lecture

Lire avec bébé

Des pages de plaisirs partagés, à la ludothèque des Pâquis !

→ Ludothèque des Pâquis (r. de Berne 50)

○ De 0 à 2 ans

15h-17h Numérique /atelier

Fabrique ton film en Stop Motion

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Jeune public, dès 10 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

15h-16h Lecture

Les lectures du mercredi

Vive les mots d'hiver !

→ BM Servette

○ Jeune public, dès 4 ans

16h-16h30 Lecture

Bonjour Hiver

Lectures enneigées

→ BM Pâquis

○ Jeune public, dès 4 ans

Jeu 14.12

10h-11h Atelier

Lire avec bébé

Des pages de plaisirs partagés, à la Ludothèque

« 1,2,3… Planète ! »

→ Ludothèque « 1-2-3… Planète ! » (av. d'Aïre 42)

○ De 0 à 2 ans

△ Inscription saintjean.bmu@ville-ge.ch

Di 17.12

14h-14h40 Film FILMARcito

Des courts métrages qui nous demandent « On joue ? »

→ BM Cité / Le Multi

○ Jeune public, dès 6 ans

14h50-16h15 Atelier Moviola

Atelier proposé à la suite de la projection FILMARcito

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Tout public, dès 6 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Ma 19.12

10h-11h30 Rencontre

Autour des livres

Janvier

Me 3.1

15h30-17h Numérique /atelier

Atelier de création de contes animés

→ BM Cité — Espace le 4e

○ De 5 à 8 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Jeu 4.1

18h-19h Rencontre

L'heure du coup de cœur

L'autre club littéraire : tous les premiers jeudi du mois

Ma 9.1

14h30-18h30 Événement

Fais-nous signe… aux Pâquis !

Lancement du concours photo

→ BM Pâquis

○ Tout public

Me 10.1

10h30-11h Lecture

15h-16h Numérique /atelier

Les super-pouvoirs de ma carte de bibliothèque

→ BM Pâquis

○ Tout public

△ Inscription paquis.bmu@ville-ge.ch

Sa 16.12

11h-12h30 et 14h-15h30 Jeux vidéo

Explorons Nintendo !

Une découverte jeu vidéo

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Tout public, dès 8 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Partageons nos lectures

→ BM Eaux-Vives

○ Adultes, dès 16 ans

△ Inscription eauxvives.bmu@ville-ge.ch

Me 20.12

15h30-17h Jeux vidéo

À deux c'est mieux ?

Une découverte jeu vidéo

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Tout public, dès 8 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

15h30-18h30 Rencontre

Tout sur Noël ! Tables thématiques et goûter

→ BM Jonction

○ Tout public

Jeu 21.12

17h15-18h30 Rencontre

Et toi tu lis quoi ?

Viens en parler, en discuter ou juste écouter

14h-16h Atelier Bougre d'ectoplasme à roulettes !

Un atelier pour s'amuser avec les gros mots

→ BM Servette

○ Jeune public, dès 7 ans

△ Inscription servette.bmu@ville-ge.ch

14h-15h30 Jeux vidéo

Explorons Nintendo !

Une découverte jeu vidéo

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Tout public, dès 8 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

→ BM Saint-Jean

○ Jeune public, dès 12 ans

Sa 23.12

14h-16h Lecture

En Avent toute, destination Noël Lectures d'histoires de Noël par les bibliothécaires de Saint-Jean

→ BM Saint-Jean

○ Jeune public, dès 5 ans

→ BM Servette ○ Adultes

Sa 6.1

11h-11h45 Lecture

Lire et relire Pour le plaisir de partager

→ BM Cité / Le Tronc commun (2e)

○ Dès 3 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Pirouette Cacahuète

Au bonheur des mots pour les tout-petit-e-s

→ BM Eaux-Vives

○ De 0 à 4 ans

15h30-17h Numérique / atelier

Apprendre à coder avec les lapins crétins

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Jeune public, de 8 à 12 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Sa 13.1

14h-15h Exposition ENVOYÉ ! Une vie de correspondances Visite guidée du parcours thématique

→ BM Cité / Le Multi

○ Tout public, dès 7 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Di 7.1

14h-15h30 Numérique

Le club du clic Partagez vos trouvailles numériques

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Adultes

10h30-12h Rencontre « Délivre moi tes secrets » – Rencontre coulisses autour du spectacle

La première fois…

Une création du TMG, d'après « La première fois que je suis née » de Vincent Cuvellier

→ BM Minoteries

○ Jeune public, dès 6 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

14h-15h30 Atelier

Apprendre les langues avec son smartphone

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch

nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 60 Agenda

Di 14.1

13h30-16h Atelier

L'Usage du monde

Atelier d'écriture avec Julie Gilbert (en partenariat avec le Théâtre de Carouge)

→ BM Cité / Salle de conférence 2e

○ Adultes, dès 15 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Me 17.1

15h-17h Numérique /atelier

Création d'une bande dessinée numérique

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Jeune public, dès 10 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Jeu 18.1

19h-21h Jeux vidéo Afterwork jeu vidéo

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Sa 20.1

11h-12h Atelier

Les super-pouvoirs de ma carte de bibliothèque

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Di 21.1

14h-15h Conférence

Parlons musique

Rencontre avec Gregory Rauber autour des Vêpres de Monteverdi (en partenariat avec les Concerts du dimanche au Victoria Hall)

→ BM Cité / Le Multi

○ Tout public, dès 12 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Me 24.1

15h-17h Numérique /atelier

Fabrique ton film en Stop Motion

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Tout public, dès 10 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Jeu 25.1

19h-21h Rencontre

Genève-Kin 2020, avec Max Lobe et Lolvé Tillmanns

Une correspondance littéraire entre Romandie et Afrique

→ BM Cité / Le Multi

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Sa 27.1

13h30-16h30 Numérique /atelier

La Mini Chaîne du livre Session mise en page avec Clovis Duran

→ BM Servette

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Di 28.1

14h-14h40 Film

FILMARcito

Des courts métrages en route

→ BM Cité / Le Multi

○ Jeune public, dès 5 ans

14h50-16h15 Atelier

Maquette

Atelier proposé à la suite de la projection FILMARcito

→ BM Cité / Salle de conférence 2e

○ Tout public, dès 6 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Me 31.1

15h30-17h Jeux vidéo Mini-jeux, grandes émotions !

Une découverte jeu vidéo

→ BM Cité — Espace le 4e

○ Tout public, dès 8 ans

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Garçons colériques, filles peureuses ?

Les BM proposent 217 périodiques papier et des milliers de titres accessibles via PressReader (lire en p. 3). Parmi ceux-ci…

… Tchika (à la BM Cité), qui, sous le slogan « Faites du bruit, les filles ! » s’annonce comme « le 1er mag d’empowerment pour les filles de 7 à 12 ans ». Dans le dernier numéro, un dossier intitulé « Tes émotions » s’ouvre par un flash-back révélateur :

« AIlez, on fait un très grand bond dans le passé : 1976 ! Deux psychologues, Sandra et John Condry, font une drôle d’expérience : ils invitent dans une salle 204 étudiant·e·s et leur font voir la vidéo d’un bébé de 9 mois. Sur cette vidéo, on montre au bébé plusieurs objets, notamment un diable en boîte. Tu sais, c’est un pantin enfermé dans une boîte et quand on ouvre la boîte, shlak ! il sort d’un seul coup. Et bien sûr, le bébé pleure !

14h-16h30 Atelier

Correspondances croisées

Atelier d'écriture avec Anne Pitteloud

→ BM Saint-Jean

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

9h-16h Atelier

Dàzìbào, les lettres en mouvement

Atelier de création typographique et Stop Motion

→ BM Eaux-Vives

○ Adultes

△ Inscription bmgeneve.agenda.ch

Le truc c’est qu’on a dit à la moitié de la salle que le bébé était une fille, Dana, et à l’autre moitié que le bébé était un garçon, David. Résultat : la team David pensait en majorité que David pleurait car il était en colère et la team Dana disait que Dana avait eu peur. Alors, que veut dire cette expérience, même si elle date d’il y a longtemps ? Elle signifie que face à la même expression d’une émotion (ici, les pleurs), on va l’interpréter différemment selon que ce soit une fille ou un garçon qui l’exprime. Les filles pleureuses sont la plupart du temps classées dans la famille des peureuses, et les garçons pleureurs dans celle des colériques. Autre conséquence : les personnes réagiront du coup différemment face aux pleurs. On va rassurer une fille qui a peur et le garçon, on va le gronder ! Ainsi, on autorise les filles à pleurer mais pas les garçons. On pousse même du coup, sans le vouloir, les filles à avoir peur (et pas à être en colère) et les garçons à être en colère (et pas à avoir peur). »

61 En rayon

Les bibliothèques municipales

Un réseau de 7 bibliothèques ouvertes du mardi au samedi offrant plus de 600’000 livres, CD, DVD et jeux vidéo et de nombreuses prestations entièrement gratuites pour tous les publics.

nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 Trop pratique

Des espaces conviviaux de lecture, d’écoute et de consultation, un espace pour découvrir le numérique, des zones de travail, du wifi, des postes internet et des iPads en consultation, l’accueil de groupes, de classes et de crèches.

Des événements culturels, rencontres avec des auteure-s, expositions, concerts, lectures, conférences, ateliers et formations.

De nombreux livres, revues et journaux, films, albums de musique… disponibles en plusieurs langues.

S’inscrire

L’emprunt de documents (livres, CD, DVD, jeux vidéo) à domicile ainsi que l’accès aux ressources numériques à distance nécessitent une inscription préalable dans l’une de nos bibliothèques (voir conditions sur notre site internet).

Emprunter

Empruntez jusqu’à 20 documents et 10 magazines sur l’ensemble du réseau pour une période de 28 jours.

Prolonger

Prolongez jusqu’à 3 fois vos emprunts auprès des bibliothécaires, par téléphone ou via votre espace personnel en ligne.

Réserver

Réservez des documents auprès des bibliothécaires, par téléphone ou via votre espace personnel en ligne.

63 Trop pratique
Des bibliothécaires qui vous orientent dans vos recherches d’informations et vous conseillent selon vos envies ou vos besoins.

du

Bibliothèque hors murs — Bibliobus

022 418 92 70 — répondeur 24h/24 Info auprès des communes ou en genevebm.com/bibliobus2023ligne :

Bibliothèque des Pâquis

Rue du Môle 17

1201 Genève

022 418 37 50 adultes

022 418 37 52 jeunes

Mardi 14h30 18h30

Mercredi 10h 18h30

Bibliothèque de la Jonction

Boulevard Carl-Vogt 22

1205 Genève

022 418 97 10 adultes 022 418 97 12 jeunes

mardi au

Bibliothèque de Saint-Jean & Espace Sport

Réouverture après travaux

mardi 12 septembre 2023

Avenue des Tilleuls 19

Bibliothèque des Eaux-Vives

Rue Sillem 2

1207 Genève

022 418 37 70

Mardi 14h30 18h30

Mercredi 10h30 18h30

Jeudi 14h30 18h30

Vendredi 14h30 18h30

Samedi 13h30 17h30

Bus : 2, 6, E, G / Arrêt Vollandes

Mardi 14h30 18h30

Mercredi 9h30 18h30

Jeudi 14h30 18h30

Vendredi 14h30 18h30

Samedi 13h30 17h30

Tram : 14 / Arrêt Jonction

Bus : 4, 11, D / Arrêt Jonction

Bus : 2, 19, 35 / Arrêt Sainte — Clotilde

Bibliothèque des Minoteries

Parc des Minoteries 5

1205 Genève

022 418 37 40

Mardi 14h30 18h30

Mercredi 10h 18h30

Jeudi 14h30 18h30

Vendredi 14h30 18h30

Samedi 10h 13h30

Tram : 12 / Arrêt Augustins

1203 Genève

022 418 92 00

Mardi 14h30 18h30

Mercredi 10h30 18h30

Jeudi 14h30 18h30

Vendredi 14h30 18h30

Samedi 13h 17h

Bus : 7, 11, 9 / Arrêt Miléant

Bus : 6, 10, 19 / Arrêt Charmilles

Bibliothèque de la Cité & Espace musique

Place des Trois-Perdrix 5

1204 Genève

022 418 32 00

Mardi 10h 19h

Mercredi 10h 19h

Jeudi 10h 19h

Vendredi 10h 19h

Samedi 10h 17h

Tram : 12, 14 / Arrêt Bel-Air

Bus : 2, 10, D, 4, 5, 7, 19, 36 / Arrêt Bel-Air

samedi

Jeudi 14h30 18h30

Vendredi 14h30 18h30

Samedi 13h 17h

Tram : 15 / Arrêt Môle

Bus : 1, 25 / Arrêt Navigation

Bibliothèque de la Servette

Rue Veyrassat 9 (entrée r. de la Servette 87)

1202 Genève

022 418 37 80 adultes

022 418 37 82 jeunes

Mardi 15h 19h

Mercredi 10h 18h

Jeudi 15h 19h

Vendredi 15h 19h

Samedi 10h 17h

Tram : 14, 18 / Arrêt Servette

Bus : 3, 11 / Arrêt Servette

nota n°6 septembre—janvier 2023 — 2024 64 Trop pratique
Et le dimanche ? De novembre à avril, la bibliothèque de la Cité est également ouverte le dimanche après-midi de 13h à 17h.
La bibliothèque vous accueille !

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UNE VIE DE CORRESPONDANCES

DU 7 OCTOBRE 2023

AU 22 JUIN 2024

INAUGURATION LE 7 OCTOBRE À 16H30

BIBLIOTHÈQUE DE LA CITÉ

PLACE DES TROIS-PERDRIX 5

WWW.BM-GENEVE.CH

& illustration :
Graphisme
olga-olga.ch
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