Nota03_Cahier

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Le desmagazineBibliothèques municipales de la Ville de septembre 2022Genève— janvier 2023 numéro 3 nota popgalaxiesLes expositionuneenPop »« GalaxielademusiqueslesToutes △ Pop–« HypercityexplorerpourparcoursDes—3 Genève » △ Konéd’EvitaetKa(ra)midecroiséesnavigationsLes—7 △ musiquepopladehistoires1000—8 △ —12 mondele(re)fontchansonsleslorsqueenchanté » :« Monde △ fansdesmagiquemondeLe—16 △ milleLes—19 Blancd’Yvesplanètes △ TokyoetParisentrechansonsdecarrefourUn—25 △ poésielaBaumann,F.Simone—28 trashdutirée △ vienouvelled’unedécenniessixfêteonServette,laÀ—30 △ avecvacancesdecolonieEn—33 DreyerFanny △ mondesplusieursentrehommeunBloch,Serge—40 △ conquisaenfancenotredeLegoLe—42 cooladultesdesmondele △ aussilisentbébésLes—45 △ d’unedébutlerayons,auxl’adieu« Désherbage » :—48 viedeuxième △ 53

«

La pop culture est plurielle, à la fois alternative et mainstream, commerciale et militante, conformiste et subversive. une boule à facettes où scintillent superhéros de bandes dessinées, personnages de cinéma, séries, jeux vidéo, looks et musiques qui font danser la

Hubertplanète.»Artus 1

C’est

1 Hubert Artus, Pop corner. De Superman à Pokémon Go : la grande histoire de la pop culture, Paris : Points, 2018, p. 14. L'auteur est invité pour une conférence le 10 novembre 2022 à 19h à la bibliothèque de la Cité.

ÉditoUne galaxie de définitions

pop 1

« POP CULTURES », le thème des BM pour toute l'année 2022, choisi démo cratiquement par les bibliothécaires et médiateurs-trices culturel-le-s, a demandé plus d'une discussion pour s'accorder au final autour de plu sieurs définitions…

La POP (contraction de popular en anglais) se réfère à la « culture populaire », soit tout ce qui est apprécié par le plus grand nombre, qui fédère et rassemble les gens, par opposition à une « culture d'élites » (sociales ou intellectuelles). C'est aussi un élan (to pop up, « sur gir » en anglais) de la marge vers le centre, voire une façon furieusement divertissante de vivre. Puis, elle existe aussi par la reproductibilité en série d'objets, la reprise et citation de textes, de modes, de musiques, de films, en lien étroit avec la société de consommation des années 1950, qui l'ont vue éclore à travers le monde. Ces différentes significations et approches de la « pop culture » ont été prises en compte dans l'éventail multicolore de la programmation culturelle des BM. Ces définitions plurielles caractérisent aussi l'événement-phare de la rentrée :

Györik Costas responsable de la médiation culturelle

GALAXIE POP 2 , une exposition entièrement consacrée aux musiques pop du monde, subtilement scénographiée par Catherine Nussbaumer. Lors de la conception de l'exposition, les deux commissaires, Nicolas Julliard et Philippe Pellaud, ont dû composer avec une multitude de pistes sonores, sans jamais vouloir viser l'exhaustivité ou la précision savante : « Voilà, la pop c'est ceci, mais aussi cela, et puis encore cela, autant de choses et de styles différents en même temps. C'est ce qui la rend, au passage, difficile à définir. Est-ce qu'une chanson est pop si elle est facile à retenir ? Ou est-elle pop si elle a d'une manière ou d'une autre une racine dans une “musique populaire” dans le sens de “traditionnelle” ? » se demande Philippe Pellaud… Peut-être que vous reconnaîtrez certaines chansons du passé ou d'aujourd'hui ?Peut-être que vous dénicherez avec nostalgie vos coups de cœur de jeunesse ?Peut-être que vous rencontrerez des fans des Beatles, d'Indochine ou d'Abba lors de conférences ou spectacles programmés autour de l'exposition ?Bonnevisite et, surtout, souriez, vous êtes « pop »Laura…

2

GALAXIE POP, exposition du samedi 17 septembre 2022 au samedi 24 juin 2023, voir interview pp. 3-6.

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Édito1

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Tout cela va devenir un jeu d'enfant pour vous grâce à nos tutoriels en ligne à retrouver catalogue-bm.geneve.ch/tutos.sur

Au sommaire ! Pop musiques 3 Toutes les musiques de la « Galaxie Pop » en une exposition 7 Des parcours pour explorer « Hypercity — Pop Genève » 8 Les entreEvitadesKa(ra)mi,etcroiséesnavigationsdeKa(ra)mid’EvitaKonéastronautemusiquesnoiresKoné,unerappeusesoulGenèveetlemonde 12 1000 histoires de la pop musique Ellen Ichters, une enfant de la cassette dans les sillons du vinyle Deux humoristes squattent le berceau du rap Hervé Guilleminot, la pop côté adultes et côté enfants Hubert Artus, navigations pop sur les courants de la subversion 16 « Monde enchanté » : lorsque les chansons (re)font le monde 19 Le magiquemondedes fans Fani Carenco : soudain Indochine n’en finit pas de surgir Jean-Marie Potiez : comment ABBA a construit ma vie 25 Les mille planètes d’Yves Blanc 28 Un carrefour de chansons entre Paris et Tokyo En pages 30 Simone F. Baumann, la poésie tirée du trash 33 À la Servette, on fête six décennies d’une nouvelle vie Un quartier entre histoire et paradis : immersion avec Alexandre William Junod La BM Servette retourne vers le futur 40 En colonie de vacances avec Fanny Dreyer 42 Serge Bloch, un homme entre plusieurs mondes En jeu 45 Le Lego de notre enfance a conquis le monde des adultes Encoollien 48 Les Enlisentbébésaussicoulisses 53 deuxièmelel’adieu« Désherbage » :auxrayons,débutd’unevie Nota est le magazine des Bibliothèques municipales de la Ville de Genève. Il paraît trois fois par an à la mi-janvier, la mi-juin et la mi-août. Rue de la Tour-de-Boël 10 Case postale 3930 1211 Genève webbmu@ville-ge.ch3 N° 3 septembre 2022 — janvier 2023 Directrice de la publication Véronique Pürro, directrice des Bibliothèques municipales Comité éditorial : Florent Dufaux (responsable des ressources technologiques et numériques), Laura Györik Costas (responsable de la médiation culturelle), Jean-Pierre Kazemi (chargé de communication, responsable de la publication), Véronique Pürro (directrice des Bibliothèques municipales), Nic Ulmi (rédacteur responsable Nota) Rédaction, iconographie Nic Ulmi Conception graphique Atelier Delcourt Police de caractère Alex Dujet ImprimerieImpression du Moléson Gratuit5'000Tirageexemplaires Crédits photo (lorsqu’ils ne figurent pas directement dans les pages) — Couverture : Jean-Marie Potiez — pp. 3-6 Catnuss / Catherine Nussbaumer — pp. 8-9 : Ka(ra)mi — pp. 10-11 Drapeaaunoir / Régis Phares Kacou — p. 13 : Jay Louvion — p. 14 : Gallimard / Jérome Masi (haut), Wikimedia Commons / Jeff Pinilla (bas) — p. 15 : Wikimedia Commons / Hudrodrigues — pp. 19-21 : Flickr / Noesis Kane — pp. 28-29 : Louise Bonpaix — pp. 30-32 : Simone F. Baumann — pp. 34-35 : Bibliothèque de Genève — pp. 36-37 : Bibliothèques municipales — pp. 40-41 : Fanny Dreyer — pp. 42-44 : Serge Bloch — pp. 45-47 : M6 — 4e de couverture : Luz n°3nota 2022/2023septembre – janvier 2 Et plus, catalogue-bm.geneve.ch/notasur

Pop musiques

GalaxiePopmusiques

La ende-chausséedes« PopthématiqueannuelleCultures »Bibliothèquesmunicipalesinvestitl'espaceLeMultiaurez-delaBMCité,convertisalledecontrôled'unvoyagestellaire.

chanteur italien rêvait il y a 60 ans de mettre le ciel dans une chambre1 Aujourd’hui, plus fort ou plus fou que lui, un trio s’ins talle dans une salle au rez-de-chaussée de la biblio thèque de la Cité pour y faire entrer la totalité d’une galaxie. Galaxie Pop, l’exposition liée à la thématique 2022 des BM « Pop Cultures », se donne pour mission, du 17 septembre 2022 au 24 juin 2023, de faire un tour de la nébuleuse pop music, d’explorer son étendue carrément stellaire et de dresser une carte de ses constellations.L’expédition est menée par deux commissaires d’exposition et par une scénographe. Nicolas Julliard est musicien (Fauve, Nicolas Nadar) et journaliste cultu rel à la RTS. Philippe Pellaud est musicien aussi (Kid Chocolat, Fortuna), patron de la maison de disques Poor Records et programmateur culturel. Catherine Nussbaumer, titulaire du bureau Catnuss, est designer d’expositions, architecte d’intérieur, scénographe pour le théâtre et pour le cinéma. Visite guidée en forme3

TouteslesenuneexpositiondelaUn

Philippe : « L’idée, c’était de voir comment chaque arrivée d’une technologie nouvelle a agi sur la création musicale dans le domaine pop. Au point de départ de cette réflexion, il y a la célèbre histoire, légendaire ou à peu près vraie, de l’invention de la distorsion de guitare par les Kinks alors qu’ils enregistraient le morceau “You Really Got Me” en 1964. Selon cette histoire, le groupe n’avait pas d’argent pour s’acheter un amplificateur et il s’est débrouillé avec un ampli de radio, créant ce son distordu qui est devenu ensuite un effet incontournable dans la pop et le rock. En creusant un peu, on voit qu’en réalité l’effet fuzz2 , qui donne à la guitare un son saturé, existait déjà depuis quelques années… Ces histoires sont donc souvent enjolivées. On préfère sans doute imaginer que des technologies musicales sont inventées par des artistes par accident ou en pleine création, plutôt que par des techniciens qui les fabriquent dans leurs studios pour faciliter la vie des enregistrements. C’est en tout cas lorsque les Pink Floyd s’emparent du delay (un effet d’écho ou de réver

de conversation menée avec ce trio en juin der nier, en plein travail de conception, trois mois avant l’inauguration.Lapremière chose sur laquelle on tombe en plongeant dans l’exposition est une timeline, une chronologie de la musique pop et des technologies qui l’ont nourrie…

n°3nota 2022/2023septembre – janvierPop4 musiques

Catherine : « La timeline balaie une période très étendue, il fallait donc trouver un style qui parle à la fois d’avant et d’aujourd’hui. J’ai joué sur la couleur (jaune, comme l’intérieur de la pochette de Sgt. Pepper des Beatles), sur le tramage (comme dans le pop art de Roy Lichtenstein, avec ses cases de BD hyper agrandies), sur le rond des vinyles et sur le format classique des pochettes, 31 x 31.5 cm… Après, il y avait la volonté de créer une petite salle sur le côté où on se sent comme dans l’espace d’un magasin de disques, qu’il fallait reproduire de façon assez réaliste. »

Nicolas : « Sachant que l’exhaustivité sur ce thème est impossible, nous avons pris le parti de créer sept petits modules, sept installations thématiques qui ouvrent autant de fenêtres, autant d’entrées dans la pop sous des angles particuliers. Nous avons par exemple le module “Famille royale”, présentant des artistes qui ont été appelé-e-s ou qui se sont auto proclamé-e-s “king of pop” (Michael Jackson), “queen of pop” (Madonna), “queen of soul” (Aretha Franklin)…

Nicolas : « L’idée, au départ, était de parler de quelques villes emblématiques de l’histoire de la pop : Liverpool, Londres, New York, Berlin… Mais on s’aper çoit qu’en poursuivant le mouvement vers ces pôles de création, on arrive vite assez loin. Nous avons donc voulu montrer comment, dans différentes zones géo graphiques, on invente une autre version de la pop, s’appropriant son esprit pour en faire quelque chose de tout à fait… étrange et spécifique à chaque territoire. »

Dans cette starisation, qui fait de la pop une nouvelle royauté, il y a l’idée qu’à partir d’une culture populaire, on peut accéder à un statut d’ordre quasi divin. Ou que cette musique partie de la classe ouvrière peut s’émanciper des pouvoirs en place et créer une valeur énorme par Catherine :elle-même. »« Dansl’expo, cette “Famille royale” est placée au sommet d’une sorte de socle de musée très exagéré, trop haut pour qu’on puisse voir ce qu’il y a dessus quand on se trouve en bas dans la salle. Pour accéder à ce module, le public doit donc monter sur une échelle et gravir littéralement lui-même quelques échelons… »Unautre module est consacré au futur de la pop. , Y a-t-il déjà eu, dans le passé, quelqu’un qui a su le prédire correctement ?

bération), ou lorsque les Beatles se mettent à dérouler des bandes magnétiques à travers l’espace du studio pour faire des boucles, que les technologies sonores prennent tout à coup une dimension pop. »

Comment transforme-t-on une chronologie et une cartographie en une exposition ?

Philippe : « Catherine a eu une idée pour jouer sur l’impression que tout devient virtuel : un module qui se présente comme si c’était de la super haute technologie… »Catherine : « … une sorte d’hologramme, mais qui en réalité est complètement bricolé, avec du plexiglas gravé et de Philippe :l’éclairage. »« J’aimebien ce clin d’œil. Lorsqu’on essaie de prévoir le futur de la pop, on a tendance à chercher la prochaine grosse nouveauté technolo gique, on se demande d’où elle va apparaître. Puis on réalise que la pop, ça reste toujours de la bricole. »

Nicolas : « Quant à savoir si on a déjà prédit le futur de la pop dans le passé, il y a parfois des gens qui ont vu l’avenir en l’écoutant. Comme Brian Eno qui, à

On pivote à 90° et le voyage spatial commence, avec un mur transformé en cartographie de la Galaxie Pop Philippe : « Nous nous sommes vite rendu compte que le mot “pop” est utilisé avec une série de ramifica tions, formant des branches et des sous-branches qui contiennent ce terme — “pop” — et qui correspondent à des styles et à des sous-genres extrêmement diffé rents. On peut passer de la V-pop, la pop vietnamienne, à la metal pop, nourrie de hard-rock et de heavy-metal, ou de la noisy pop à la tropipop colombienne… Comme s’il y avait, à côté des styles musicaux qui traversent les continents, une pop propre à chaque pays, qui devient une espèce de folklore national. Nicolas a eu l’idée de cartographier ces ramifications, qui sont à la fois géo graphiques et stylistiques. »

18h30 → BM Cité / Le Multi ○ Tout public △ Sur Popbmgeneve.agenda.chinscription :5musiques

Philippe : « D’ailleurs, l’idée était que l’ensemble de l’expo vous fasse sentir comme lorsque, en étant fan de musique, vous vous retrouvez justement dans un magasin de disques et que vous avez envie d’y passer un maximum de temps parce qu’il y a plein de détails, de choses à regarder, à lire, à feuilleter un peu partout… »Poursuivons : si on revient sur Terre après la virée stellaire dans la cartographie, on trouve, réparties dans la salle, une série de constructions qui proposent des expériences variées…

Exposition du Sa 17.9.22 au Sa 24.6.23 Galaxie Pop Vernissage vendredi 16 septembre

Philippe : « C’était très marquant et assez ludique d’être amené à me dire : voilà, la pop c’est ceci, mais aussi cela, et puis encore cela, autant de choses et de styles différents en même temps. C’est ce qui la rend, au passage, difficile à définir. Est-ce qu’une chanson est pop si elle est facile à retenir ? Est-ce qu’elle est pop si elle a un lien avec une “musique populaire”, au sens de “traditionnelle” ? En général, les définitions se situent entre ces deux pistes. »

n°3nota 2022/2023septembre – janvierPop6 musiques

La pop a un élan futuriste, mais aussi un penchant nostalgique. Un des ressorts de l’artiste pop, c’est de ressentir, encore tout-e jeune, une nostalgie de son enfance…

Avez-vous eu des « moments eurêka », une de ces situations où on a l’impression de comprendre tout à coup quelque chose qui jusque-là nous avait échappé ?

2 « On l’entend pour la première fois en 1957 sur “The Train Kept a Rollin” de Johnny Burnette, au départ à cause d’un défaut de l’am plificateur, mais le groupe apprécia le résultat et décida de jouer le morceau ainsi. Mais c’est Link Wray qui le popularisera et le déve loppera largement dès 1958 (…) à travers des morceaux comme “Rumble” (…). En 1961, Grady Martin sort un morceau avec de la gui tare distordue, qu’il intitule “The Fuzz”, d’où provient le nom donné à cet effet. (…) La Maestro Fuzz Tone (1962) est la première pédale de fuzz et la toute première pédale d’effet de l’histoire. » ( « Fuzz (effet audio) », Wikipédia).

En faisant la programmation « Pop Cultures » aux BM, des collègues ont eu la tentation de prendre une définition quantitative : c’est pop si c’est populaire dans le sens de « qui a du succès » …

en entendant “I Feel Love” de Donna Summer en 1977, aurait déclaré : “Ça, c’est c’est le futur de la musique de club pour les 15 prochaines années”. Il n’avait pas tort. »

Nicolas : « C’est très difficile de s’en tenir à ça. Par exemple, Georges Brassens, on ne l’imagine pas comme un musicien pop, alors qu’il a été extrêmement populaire… »Philippe : « … et à l’inverse, il y a plein de groupes qui se définissent comme pop et qui le sont du point de vue de leur style, mais qui n’ont pas vendu plus de 200 exemplaires de leurs albums… En fait, définir la pop, c’est vraiment comme regarder une constellation. On ne voit pas bien ce qu’il y a près de chaque étoile, c’est peut-être à des années lumière de distance, ou alors c’est tout proche, il y a des effets de perspective, et parfois il y a même une étoile qu’on voit encore mais qui en réalité a déjà disparu… tout reste très vague. Une des choses dont je me réjouis, c’est d’ailleurs de voir les réactions des puristes qui vont dire : "Vous vous êtes complètement trompé-e-s, c’est faux, vous avez oublié ci et ça !" Au bout du compte, notre parti pris est quand même de traiter la chose de façon… on ne va pas dire superficielle, mais… » Nicolas : « … légère, donc pop. » 1 Gino Paoli, « Il cielo in una stanza » (1960).

Philippe : « Un des premiers souvenirs musicaux qui m’a marqué, c’est d’avoir découvert, quand j’étais petit, la pochette de Let It Be sans savoir ce que c’était. C’est peut-être la première image pop qui s’est gravée dans mon cerveau. Je n’avais pas encore écouté la musique à cet âge-là, elle est venue plus tard, ensuite l’image m’est revenue et je me suis dit : ah voilà, cette pochette, et puis cette musique, à travers le temps… Ça reste d’ailleurs un de mes albums préférés des Beatles, alors que c’est généralement le plus mal-aimé. »

D’après un sondage rapide de l’opinion mondiale via Google, en tout cas, les meil leurs spots pour voir le coucher de soleil à Genève sont les Bains des Pâquis, le Tropical Corner près de Genève-Plage et le Salève : c’est donc là que nous avons géolocalisé ce morceau.

À quoi

Les morceaux et les vidéos sont épin glés sur une carte, présentés dans un court texte, mis en lien.

« Je vois le coucher de soleil de Genève », chantait Frank Sinatra en 1940. La future superstar n’avait alors que 25 ans, et ce morceau appelé « The World is in My Arms » ( « Le monde est dans mes bras » ), placé sur la face B d’un 45 tours, reste à ce jour singulièrement méconnu. Cette chanson, la plus ancienne mentionnant Genève que nous ayons pu trouver dans l’univers des cultures pop, est incluse dans la plateforme Hypercity — Pop Genève, avec 300 autres morceaux qui chantent des lieux de la ville et du canton (d’Avully à Vessy en passant par Meyrin), ou qui les montrent dans leurs clips.

On peut plonger dans cette constellation via le plan en ligne (en activant, si on le souhaite, le GPS pour permettre la géolocalisation) et explorer les sons et les images les plus proches à partir de n’importe quel point du territoire.

On peut également se parachuter dans ces contenus en cliquant dans la liste des lieux par artiste, qui va (à ce jour) de A comme A’s (rappeur genevois naviguant entre la « Planète rouge » de Plainpalais et les « rues Marekage » de la Jonction) à W comme William Sheller (chanteur français qui planait en 1976 sur l’île Rousseau), en passant par M comme Melissa Kassab (artiste folk-pop qui se perche au-dessus des Grottes ou flotte dans le Rhône).

« Hypercityparcourshypercity.chquiGenèveressembledanslesmusiqueslamettentdansleursclipsetdansleursparoles ?Laplateformecherchedesréponsesenproposant,dèsle16septembre,unnouveaumodedenavigationpartrajetentrelesrecoinsduterritoire.Despourexplorer–PopGenève »

… Et Frank Sinatra, alors, où a-t-il vu le sunset de Geneva ? « Dans ton sourire », esquive-t-il dans sa chanson. Pas besoin, pour lui, de faire le déplacement : c’est une vision à distance, une Genève fantasmée, comme celle de l’Anglais Elvis Costello qui s’imagine enfermé dans le plus profond de nos caveaux bancaires ou celle du groupe canadien Absolutely Free qui rêve de pas ser des vacances dans les Ports Francs…

En ligne : hypercity.ch t Image tirée du clip « Voodoo » de Rootwords (réalisation : D.O.P – Raphaël Piguet, 2016) 7 Pop musiques

On peut aussi, dès le 16 septembre, explo rer ces sons et ces images en suivant des parcours par quartier, avec des points de départ balisés dans l’espace urbain à l’aide de panneaux affichant des codes QR accrochés aux arbres. Une succession de morceaux baignés de mystères tisse, par exemple, un trajet allant des Charmilles au Seujet, en passant par le couloir de jungle fluviale au pied des falaises et en reliant (entre autres) la chanson pop de Banbourg et Cocalisa, le rap de Danitsa et Rootwords, la fusion rock-maghrébine d’El Mizan, le rock vintage-sauvage de The Animen et la folk-pop de Selva Nuda.

Les navigations croisées de Ka(ra)mi et d’Evita Koné

Atelier DJing avec «CommentKa(ra)mifaireune sélection musicale ? Comment passer d'un morceau à l'autre ? Comment créer une ambiance à partir de la musique ? À partir de vos goûts musicaux, vous serez amené-e à réfléchir à la création d'un DJ set… Ces acquis pourront être utilisés dès votre prochaine soirée ou repas de famille puisque vous utiliserez les applications Spotify et Youtube.»

Ka(ra)mi (re)vient peut-être d’une autre planète. Elle apparaît sur Terre en combinaison spatiale au début du clip « Astronaute », marche à travers des bois et des champs et atteint un quartier de Paris aux architec tures futuristes. À la fin du clip, elle a (re)trouvé sa place terrestre, celle de créatrice de musique entourée des danseurs et danseuses qui l’inspirent dans sa création1. En équilibre entre Genève, sa ville, et Paris, où elle est partie pour achever de faire de sa musique un métier, Ka(ra)mi (Juline Michel quand elle n’est pas sur scène) est invitée le 28 septembre et le 1er octobre à la bibliothèque de la Cité pour un atelier de DJing et pour une conversation en public avec sa consoeur Evita Koné. Interview. Quelles sont vos racines personnelles et « Mamusicales ?mamanest d’origine hongroise, ma grandmère était pianiste, à travers elles j’ai été baignée dans la musique des compositeurs hongrois, tels que Bartók, et j’ai commencé moi-même le piano classique à l’âge de 6 ans. Du côté de mon père, j’ai été exposée au com pas et à d’autres musiques d’Haïti, son pays d’origine, mais aussi du Mali, où il vit la moitié du temps. Avec ma sœur, en grandissant, on écoutait du hip-hop, du RnB, tout ce qui passait sur la chaîne MTV, donc beaucoup de musiques afro-américaines. À 19 ans je suis partie une année à Cuba pour apprendre à jouer les musiques cubaines au piano. Mon prof, Juan Avila, m’a dit : "Ce n’est pas une musique que tu peux apprendre seule, il faut que tu viennes jouer dans ma chorale ! " J’ai été accueillie ainsi dans son collectif, Los D’senitos, qui jouait aussi de la soul et plein d’autres styles. »

Comment votre parcours de musicienne s’est-il construit à partir de ce bagage ?

→ BM Cité / Espace le 4e ○ Tout Durée :publicenv. 2h △ Sur bmgeneve.agenda.chinscription :

Ka(ra)mi, astronaute des musiques noires

« Ce que je vois comme point commun entre la musique et la psychologie, c’est la place du lien humain. Ceci dit, dans l’une comme dans l’autre j’ai aussi des Numérique / atelier Me 28.9/15h

« Je vois le piano comme mon premier amour. Pour moi c’est un symbole de sécurité, il sera toujours là, c’est un peu la maison. Le beatmaking2 et le DJing se sont ajoutés petit à petit, avec des machines et des logiciels (j’utilise Maschine et Traktor de Native Instruments). Depuis plusieurs années, je pose éga lement ma voix sur ma musique, je chante et j’écris. Pendant 10 ans, j’ai fait partie d’un groupe appelé Kami Awori (anciennement CaramelBrown), dans lequel ma binôme Awori était au chant et à l’écriture et j’étais à la composition, au clavier et aux machines. Dans ce duo, j’étais l’entité Kami, et quand je me produisais seule, je devenais Ka(ra)mi. Entre-temps, ma pratique de DJ a commencé il y a 6 ans : passer du temps en soi rée, mixer dans des bars, des clubs et des festivals, être avec les gens et les faire danser, tout ça a fortement influencé mes compositions. Kami Awori s’est séparé il y a 4 ans et j’ai commencé un projet d’album en solo, mais dans lequel je collabore avec d’autres artistes, car j’aime beaucoup faire les choses à plusieurs. »

Vous êtes diplômée en psychologie. Y a-t-il un lien avec votre univers artistique ?

n°3nota 2022/2023septembre – janvierPop8 musiques

positions critiques. Le souci que j’avais avec mes études de psychologie, c’est que je ne les trouvais pas assez ancrées dans la prise en compte du système sociétal, des inégalités, de problématiques telles que les questions raciales, par exemple. C’est peut-être une des choses qui m’ont fait me détourner de ce champ après mon Bachelor, même si à l’époque je ne pouvais pas le conscientiser et que je ne le comprends vraiment queCesmaintenant. »thématiques ont-elles une place dans votre « Oui,création ?monbut est d’ancrer mon travail dans un esprit féministe noir et de proposer des espaces apai sants centrés autour du soin et du rêve, que ce soit avec ma musique, mes visuels ou encore la scène. Si j’ai un pied là-dedans, c’est en partie grâce à ma sœur, Noémi Michel, qui est chercheuse, enseignante, acti viste et travailleuse culturelle antiraciste et qui fait tout pour rendre accessible ce type de travail au public. Son travail a beaucoup nourri ma musique. »

1 Le clip est en ligne sur la chaîne YouTube Karami Beats. Ka(ra)mi nous a demandé de mentionner les noms des autres artistes qui y figurent : la chorégraphe-danseuse Jihene Grae, les danseurs et danseuses Rickysoul the C3PO, Julie Rilos, Lasseindra Ninja, Djena et Matyouz. 2 Littéralement, beatmaking se traduirait par « création de batte ment », ou « de rythme ». Le mot désigne en fait la composition et l’arrangement des parties instrumentales dans le rap et le RnB, c’est-à-dire de tous les sons en dehors des voix.

par ailleurs un imaginaire stellaire…

Vous rappelez que les musiques électroniques sont largement noires : une évidence parfois « C’estrefoulée…pour ça que j’aime bien le rappeler. Les musiques noires sont beaucoup vidées de leur essence, appropriées, dépossédées… Ce sont des musiques qui viennent d’un espace profond, liées à des courants de survie, à des processus de guérison du trauma, mais aussi à des formes de rayonnement, de déploiement, de flamboyance et de beauté. Je trouve qu’il est important de respecter ces musiques et de les prendre dans leur ensemble, pas seulement à la Voussurface. »avez

« Le morceau ”Astronaute” et le titre de mon album à paraître, Abondance Cosmique, renvoient à la pos sibilité d’être dans son propre monde, de se créer un univers sans limites. C’est une idée que j’associe au domaine du rêve : je rêve beaucoup, je m’en souviens beaucoup, ça inspire mes créations et aussi mes déci sions. Être dans sa bulle comme une astronaute dans sa fusée, ça me fait aussi penser à une sensation que j’adore, celle d’être sous l’eau : tout d’un coup les bruits changent, on retient sa respiration… la sensation que j’ai dans l’eau est en fait la même que je ressens quand je crée. Dans le clip d’”Astronaute”, je vais du côté solitaire vers une communauté de personnes qui m’accueille, qui m’accepte telle que je suis et à travers laquelle je me sens en sécurité. Et là, je peux enlever le casque. »

9 Pop musiques

Genève, mon père est afro-améri cain et suisse, ma mère est tchadienne, ils se sont ren contrés au Tchad alors que mon père y travaillait pour une organisation internationale. J’ai beaucoup voyagé pendant mon enfance, j’ai vécu en Croatie, au Kenya, au Botswana, en Haïti et aux États-Unis, avant de revenir à Genève quand j’avais 11 ans. Ma grand-mère paternelle était autrice-compositrice de musique spirituelle aux États-Unis (pas forcément de gospel, mais de musique chrétienne), on m’a appelée Evelyn comme elle et je pense que son amour pour la musique m’influence tou jours. Son mari, mon grand-père paternel, était suisse alémanique et américain, il avait rencontré ma grandmère à New York et ils s’étaient mariés dans les années 1950, une époque où les unions interraciales étaient encore illégales dans plusieurs États du pays… Avec tous ces déplacements, mon identité est depuis toujours un peu “en flux”. Dans ce contexte, la musique m’a permis de me sentir proche de mes cultures tchadienne et afro-américaine, de voyager mentalement vers des personnes de ma famille et des amis dont j’étais souvent loin, et d’avoir quelque chose en commun avec les gens autour de moi : j’ai cette idée que si j’arrive à comprendre la musique que vous aimez, on pourra créer une connexion. En même temps, j’ai grandi avec le hip-hop. Je ne pourrais même pas dire quand j’ai commencé à en écouter, j’ai l’impression qu’il a toujours fait partie de ma vie. À 15 ans j’ai commencé à rapper et du coup, à avoir autour de moi une communauté, celle des rappeurs et rappeuses anglophones de Genève, notamment avec le collectif World Wide Connects. On rappait dans la rue, on faisait des cyphers1… et on s’enregistrait, ce qui était une découverte très importante pour moi, parce RnB,

Rencontre Sa 1.10/15h30 Discussion entre Ka(ra)mi et Evita Koné Musique et processus de création : Hip-hop,

Evita Koné, une rappeuse soul entre Genève et le ParfoismondeEvitaKoné rappe, parfois elle chante. Parfois ses textes parlent d’amour, parfois de patriarcat et de violences racistes. Parfois elle sort un album avec le groupe Captains of the Imagination (le dernier en date, Fingerprint, a paru en avril), parfois en solo (Break, paru en mai, réalisé avec Christophe Calpini). Artiste mar quante du courant neo soul ( « c’est la soul mélangée avec l’influence du hip-hop », explique-t-elle), navi guant depuis toujours entre plusieurs mondes, elle est invitée le 1er et le 5 octobre à la bibliothèque de la Cité pour un atelier de songwriting (écriture de chansons) et pour une conversation en public avec sa consoeur Ka(ra)mi.QuellesInterview.sontvos racines personnelles et « Jemusicales ?suisnéeà

Neo soul → BM Cité / Le Multi ○ Tout Durée :publicenv. 1h30 △ Sur bmgeneve.agenda.chinscription : n°3nota 2022/2023septembre – janvierPop10 musiques

que jusque là j’étais persuadée que pour s’enregistrer il fallait aller dans un grand studio, dans une grande ville, et payer beaucoup d’argent, alors que pas du tout. On était ados, on s’enregistrait, on était autonomes, ça a changé ma Commentvie. »votre pratique de la musique estelle devenue un métier ? « À 20 ans, j’étais dans un moment de transition où j’essayais de trouver ce que j’allais faire, ce que j’allais étudier, où j’allais vivre. Il n’y avait pas un chemin clair vers la musique, parce que j’avais beaucoup de doutes et peu d’exemples autour de moi qui incarnaient le genre d’artiste que j’aurais aimé être. Après plusieurs années dans le groupe de jazz/hip-hop Cauliflower j’ai intégré de manière spontanée, presque par hasard, le groupe Captains of the Imagination, avec lequel je me suis retrouvée, en 2014, à faire des premières parties pour des légendes du hip-hop des années 90, notam ment The Pharcyde. C’était un gros déclic pour moi, je me suis dit que si ces opportunités se présentaient, je ne pouvais pas m’empêcher de les prendre. Entretemps, j’étais partie en Angleterre faire un Bachelor en médias, sociologie et culture, et je faisais des va-etvient : mes études pendant la semaine, les concerts le week-end à de la dimension politique de votre musique (qu’on entend dans des morceaux comme « Hands Up » de Captains of the Imagination ou « Drums » sur votre album solo) et de votre positionnement afro-féministe ?

« Ce n’est pas forcément intentionnel, mais du fait que j’appartiens à une minorité, il est impossible pour moi de ne pas parler de politique, parce que ces sujets font tellement partie de ma vie et de mon expérience. Parfois je me surprends moi-même des positions que je prends… Être afro-féministe pour moi signifie com prendre l’histoire de l’esclavagisme, du suprémacisme blanc et de l’oppression des femmes, réaliser à quel point tout ceci fait partie de ma vie comme de celle de ma communauté, et décider de décolonialiser mon corps, mon âme et mon esprit. Il y a plein de repré sentations et de modèles qui ne me correspondent pas, dont j’ai hérité via un système qui est fait pour empêcher l’égalité. Ce travail me passionne et il est inévitable qu’il ressorte dans ma musique. Pendant un temps, je me sentais très seule sur la scène musicale genevoise avec ce combat. Aujourd’hui, de plus en plus, je trouve des personnes qui le partagent. »

De quels autres sujets vos textes parlent-ils ?

Atelier d'initiation au songwriting avec Evita Koné → BM Cité / Espace le 4e ○ Tout public dès 15 ans Durée : env. 3h △ Sur bmgeneve.agenda.chinscription : « Evita Koné, auteure et interprète, vous invite, dans cet atelier, à explorer et à mettre en valeur vos propres voix. Vous découvrirez des outils pratiques facilitant votre créativité. Evita vous transmettra des techniques de voix et vous amènera à trouver votre point de départ créatif afin de repartir avec la base d'une chanson. Grâce à cet atelier, gagnez en confiance et en indépendance dans votre écriture ! »11

Pop musiques

1 Un cypher, dans le jargon du hip-hop, est une session lors de laquelle des rappeurs et rappeuses font, à tour de rôle, de l’impro visation (freestyle) sur le même beat (base instrumentale).

Atelier Me 5.10/14h

Pouvez-vousGenève. »parler

« J’adore parler d’amour, comme sur le morceau “Moment”… Cet EP, intitulé Break, que j’ai commencé à écrire en 2019, est par ailleurs une exploration de mes incertitudes. Mais tout ce que je suis en train d’écrire depuis lors est plutôt l’inverse. Mon prochain projet sera plutôt une célébration. De manière générale, je mets en avant mon expérience en tant que femme afrodescendante, mais j’ai aussi une mixité, qui informe tout ce que je fais et tout ce que je vis. »

cassette dans

L'uniformisation des formats, qui optimise les bud gets de production et de distribution, va permettre une mondialisation de la musique qui détermine la pop telle qu'on la connaît. »

Un objet quasi magique tourne au cœur des pop cultures : on pose une aiguille sur sa surface et la musique surgit, conser vée par enchantement dans le noir profond du vinyle… Ellen Ichters, animatrice et productrice de radio à la RTS, longtemps aux micros de Couleur 3 et aujourd'hui surtout sur La Première ( « Quartier Livre », « Playlist » ), est invitée le 20 octobre à la bibliothèque de la Cité pour une conférence intitulée Les sillons de la Pop, explorant la trajectoire de cet objet dans nos cultures musicales. Interview.

n°3nota 2022/2023septembre – janvierPop12 musiques

Un élément clé de ce format, c'est la grande pochette carrée, qui favorise l'épanouissement visuel de la pop…

1000 histoiresdela

Ce voyage pop centré sur le vinyle a-t-il un lien avec votre histoire personnelle ? « Je suis née en 1977, mais je ne suis pas une enfant du vinyle. Le vinyle, dans mon enfance, était associé à quelque chose de cher, ça m'évoquait le matériel audio qu'on voyait dans les magasins de hi-fi et même dans les supermarchés, exposé sur des socles recouverts de moquette, à des prix qui me paraissaient sortir d'un monde totalement inconnu par rapport au quotidien de ma famille… Je suis, en fait, une enfant de la cassette. On en écoutait à la maison, et ma cousine, qui travaillait au rayon disques de la Migros d'Yverdon, en enregis trait pour moi. J'en avais une qui démarrait par “Fade to Grey” de Visage, il y avait ensuite “Da Da Da” de Trio et “Bette Davis Eyes” de Kim Carnes, c'était une odyssée absolument merveilleuse à chaque fois que je l'écoutais… Explorer l'histoire du vinyle, c'est plutôt lié à mon intérêt curieux pour la musique et à la question de savoir comment les choses qui constituent notre environnement sont arrivées jusqu'à nous. »

Arriver jusqu'à nous, ce n'était pas gagné d'avance pour le disque vinyle… « Au début, le vinyle est en concurrence avec les cylindres du phonographe, dont l'inventeur, Edison, considère que graver du son sur un disque, c'est n'im porte quoi. À cette époque, ce n'est d'ailleurs pas encore du vinyle, mais de la gomme-laque (shellac en anglais), une matière très fragile qu'on fabrique avec des sécrétions de cochenille, un insecte commun qui envahit les plantes… Pour arriver au vinyle qu'on connaît, il faudra encore que quelqu'un ait l'idée de mettre de la musique là-dessus, puis que la popula tion s'équipe d'appareils pour l'écouter, c'est-à-dire qu'elle ait des ressources à consacrer à la musique en tant que passe-temps. On assiste ensuite à une série de guerres autour du vinyle. Il y a les radios et les syndicats de musicien-ne-s qui paniquent en se disant qu'avec la musique enregis trée, les orchestres qui jouent live dans les programmes vont être au chômage. Il y a aussi la guerre des vitesses, 45 ou 33 tours, qui se résout par le compromis des pla tines à deux vitesses, car on se rend bien compte que les gens ne vont pas s'acheter deux tourne-disques…

Conférence Je 20.10/19h Les sillons de la Pop : musique commerciale, musique superficielle ? Une conférence en vinyles d'Ellen Ichters → BM Cité / Le Multi ○ AdultesDurée :env. 1h30 △ Sur bmgeneve.agenda.chinscription :Ellen Ichters,

enfant

« Absolument ! C'est dans les années 50 que l'art de la pochette commence vraiment à se développer, avec les maisons de disques qui se mettent à engager des graphistes. Ce côté artistique devient encore plus présent avec le rock psychédélique et le heavy metal : Pink Floyd, Led Zeppelin, des pochettes comme Bat Out of Hell de Meat Loaf ou celles d'Iron Maiden avec leur personnage mascotte Eddie the Head… une de la les sillons du vinyle

musiquepop

« Je me souviens qu'en achetant de la musique sur des supports matériels — vinyle, CD, cassette, peu importe —, j'étais très consciente que j'avais investi de l'argent là-dedans et du coup, même si j'étais un peu déçue du l'album, il fallait qu'il soit rentabilisé, donc je le réécoutais pour être sûre: est-ce qu'il n'était vraiment pas si bien que ça ?

13 Pop musiques

Tous ces éléments appellent un univers émotionnel et sensoriel que le CD a peut-être moins, et le mp3, on n'en parle même pas… Je peux vous demander quelle est la première cassette que vous avez possédée, ou le premier vinyle que vous avez acheté, alors que se rappeler du premier mp3 qu'on a téléchargé, ou du premier morceau streamé sur Spotify, c'est plus impro bable… Mais l'humain est inventif, donc on peut lui faire confiance pour trouver des solutions. »

Tout ceci contribue à faire du vinyle non seulement un support sonore, mais un objet qui est véritablement beau. Vous pouvez passer des heures sur un canapé à regarder un album en même temps que vous l'écou tez, il a une dimension idéale pour accompagner l'ac tion d'écouter et un graphisme parfaitement réfléchi pour cette taille… Alors que le CD a une qualité sonore géniale, mais son boîtier est un objet assez moche, il a ces petites dents au milieu qui se cassent tout le temps, il tombe avec un bruit de plastique horrible si on l'accumule en pile, il a ce côté encombrant et maladroit… »Enparlant de bruit, le vinyle a ce craquement qui est devenu un élément musical à part est absolument génial avec ce craque ment, c'est que finalement, on n'entend jamais exac tement la même chose, même si la différence est presque imperceptible, parce qu'à chaque fois que l'aiguille passe, elle use un petit peu plus le sillon. Je trouve que ce côté impermanent a une dimension très poétique… Il y a également un petit mystère là-autour : lorsqu'on entend pour la première fois ce craquement, on ne sait pas forcément pourquoi il est là, et si on n'a pas de réponse, on invente quelque chose. J'aime les histoires, pas rationnelles et souvent poétiques, qu'on se raconte spontanément, sans même y réfléchir, pour s'expliquer ce qu'on ne sait pas.   Il y a les gestes aussi, celui de poser le vinyle sur la platine, celui de passer la brosse pour enlever la pous sière des sillons… Et il y a la manière dont un album démarre : un moment particulier, un point d'ancrage qui crée une connexion très intime avec la musique, et qu'on a beaucoup moins aujourd'hui avec le shuffle, l'écoute des morceaux dans un ordre aléatoire… Je sais toujours exactement, à force de les avoir écoutés, comment démarrent les albums qui ont été importants pour moi, genre Thriller de Michael Jackson — ce ta ta taa ta-dat-ta-dat taa — ou Avalon de Roxy Music. Si aujourd'hui la musique est devenue un peu plus acces soire dans la vie des gens, c'est sans doute lié au fait qu'on a moins cette sorte de protocole, de rituel qui se crée autour de petites choses du quotidien auxquelles on s'attache. »Uneenquête récente sur le changement des supports et des pratiques d'écoute, lancée par les Bibliothèques municipales (lire Nota N° 2) relevait qu'avec la dématérialisation et le streaming, on plonge dans une « musicalisation » constante de la vie, qui rend la musique à la fois plus présente et moins liée à des moments particuliers. Elle est toujours là, mais en arrière-plan, dans le décor…

« Ceentière…qui

Spectacle Sa 24.9 / 15h La naissance du Hip-hop racontée aux personnes du 3e Conférenceâge gesticulée de Laurent Pierredon et Alexandre Bordier → BM Cité / Le Multi ○ Tout Durée :publicenv. 1h30 △ Sur bmgeneve.agenda.chinscription Conférence Je 3.11 / 19h Histoire de la poprock des années 50 à Conférenceaujourd'huimusicale avec Hervé Guilleminot → BM Cité / Le Multi ○ Durée :Adultesenv. 1h30 △ Sur ConférencedeLesConférencebmgeneve.agenda.chinscriptionSa5.11 / 14h30grandesfigureslapopetdurockmusicaleenmode storytelling  avec Hervé →GuilleminotBMCité/ Le Multi ○ Tout public dès 10 ans Durée : env. 1h30 △ Sur bmgeneve.agenda.chinscription Pop musiques

6 THE DOORS 7 THE VELVET UNDERGROUND 8 PINK FLOYD 9 JIMI HENDRIX 10 GENESIS 11 NEIL YOUNG 15 MICHAEL JACKSON 16 ABBA 20 BLONDIE 1 ELVIS PRESLEY 2 BOB DYLAN 3 THE BEATLES 4 ROLLING STONES 5 THE WHO 12 ndd 8INT-BAM-rock-pop-23-12.indd 8 09/01/2017 15:25 n°3nota 2022/2023septembre – janvier 14 Deux actuelles »souventaventuremagecetteNouspluslededéshéritésYork,quartiermilieu(…)aucuncartescultured'éclatssincère,un« Soussérieuxd'untaclevementsuretqui« Pitresdusquattenthumoristesleberceaurapprofessionnels »(c'esteuxledisent),LaurentPierredonAlexandreBordiersepenchentlesoriginesdurapetdumouhip-hopdansunspecquiallielaformefarceusenumérocomiqueaufondd'uneconférenceérudite.levernisdelablague,c'esttémoignagefidèle,fouilléetsurlesprémicesetcoupsdespremiershérosd'unequiallaitrebattrelesdushowbusinesscommeautremouvementmusical.Quiauraitpuimaginerqu'audesannées70,danslelepluspauvredeNewleSouthBronx,quelquesàlarecherched'unpeudétenteallaienttransformerpaysagemusical,et30anstardledominer ?Personne…souhaitonsauxtraversdeconférencerendrehomauxfondateursdecetteurbaineetmusicale,oubliésdesgénérations.

Hervé Guilleminot, la pop côté adultes et côté Raconte-t-onenfantsl'histoiredes musiques pop et rock de manière différente à des adultes et à des enfants ? Pour répondre, exemples à l'appui, on comparera les deux rencontres proposées par les BM avec le journaliste et auteur français Hervé Guilleminot, auteur d'ouvrages encyclopédiques sur ces musiques, mais aussi de Rock pop : 40 artistes et groupes de légende, paru chez Gallimard Jeunesse en 2017 (dans le cata logue des BM). Côté adultes, la pop et le rock forment un monde agité par des pulsions et par des tensions sociétales. Côté enfants, cet univers n'est finalement pas très éloigné de celui des comics et des cartoons, peuplé de vedettes qui évoquent des super-héro-ïne-s, naviguant entre un firmament rempli d'étoiles et les petites histoires de la vie ordinaire.

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Un cercle vertueux qui ne connaît pas de Ainsifin. »lejournaliste et auteur français Hubert Artus, invité le 10 décembre à la bibliothèque de la Cité, conclut-il son ouvrage Pop Corner. De Superman à Pokémon Go: la grande histoire de la pop culture (Paris : Points, 2018, dans la catalogue des BM). Dans son survol d'un siècle pop, cet uni vers culturel apparaît comme une pochette surprise inépuisable. On y trouve les comics avec leurs super-héro-ïne-s, les pulp magazines avec leurs histoires sanglantes ou à l'eau de rose, le cinéma, les séries télé, les jeux vidéo, les looks des tribus urbaines et même « le football, sport de la pop culture » … mais surtout la musique, embrassée par un regard pop à large spectre qui inclut le rock'n'roll, le reg gae, le hip-hop, la techno et le punk. « Les puristes crieront au scandale de voir, ici, la musique punk incluse dans la pop. Mais les codes de ce mouvement, son mélange de cultures, la jeunesse de ses adeptes et même son mar keting, sans compter le look et le style de la rue, tout cela oblige à inclure la culture punk (plus large que la seule musique) à la grande histoire de la pop culture. »

Rencontre Je 10.11 / 19h POP CORNER : La grande histoire de la pop-culture 1920-2020 Rencontre avec Hubert Artus → BM Cité / Le Multi ○ Durée :Adultesenv. 1h30 △ Sur

Popbmgeneve.agenda.chinscriptionmusiques

Hubert navigationsArtus,pop sur les courants de la

« Retracersubversionsonhistoire, depuis la fin de la Grande Guerre, c'est raconter celle de nos sociétés : la pop vient de la rue et, si marketée qu'elle soit devenue, elle sentira toujours le bitume. C'est pourquoi nous avons défendu ici une pop culture qui est un mouvement alternatif. Donc imprévisible. Par nature, jeune, rieur, ironique, mili tant, subversif. Vivre, survivre, est souvent un défi. Et, depuis cent ans, la pop culture en est un aussi.

« Monde enchanté »

2003« HollywoodvidéoladetiréeImage

Lorsque les chansons (re)font le monde i

Qu'est-ce qui se passe lorsque les chansons et les musiques pop se nourrissent de lieux ? Lorsque Claude François se rappelle de son enfance égyptienne en hurlant avec les sirènes du port d'Alexandrie ? Lorsque le groupe ABBA bascule dans la célébrité [lire pp. 22-24] en chantant que dans la ville belge de Waterloo, « Napoléon a capitulé, oh yeah » ? Lorsque le rappeur coréen Psy caricature le style d'un quartier de Séoul appelé Gangnam dans un clip qui, pour la première fois dans l'histoire, dépasse le milliard de vues sur YouTube ? Et lorsque tout ceci s'incruste dans nos têtes, façonnant notre perception et influençant les manières dont nous pratiquons le monde ?

Au Département de géographie de l'Université de Genève, Jean-François Staszak et Raphaël Pieroni ont plongé dans ces questionnements en lançant « Monde enchanté », une exploration collective de l'imaginaire géographique des chansons, racontée en deux livres1 , une série de clips et bientôt une expo sition. « Enchanté », oui : car, en chantant, le monde s'enchante, nous attirant à coups de refrains vers Vancouver (avec Véronique Sanson), Trenchtown (avec Bob Marley) ou les lacs du Connemara (avec Michel Sardou). Les chansons transforment, au passage, les lieux dont elles s'inspirent: elles créent leur image, les font rayonner dans nos esprits, contribuent à façon

u Ci-contre et en bas à droite : images tirées de la vidéo « Genève… ou bien 1993 (Marie Laforêt) » de Mathieu Epiney. n°3nota 2022/2023septembre – janvierPop16 musiques

Epiney.Mathieude»(Madonna)

En haut à droite : image tirée de la vidéo « Penny Lane 1967 (The Beatles) » de de Mathieu Epiney.. Pop musiques

i

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En plongeant dans « Monde enchanté », on se retrouve parfois, par surprise, face à des désenchantements. On découvre que dans “Waterloo”, l'amour est chanté par ABBA comme une bataille où, pour une femme, commencer une relation équivaut d'abord à subir une défaite et capituler. Sur un autre registre, on apprend que la rue attachante que Paul McCartney raconte dans “Penny Lane” doit probablement son nom à James Penny, marchand d'esclaves au 18e siècle et ardent défenseur de l'esclavage face au Parlement anglais… « Nous avons longtemps hésité à appeler le livre Monde (dés)enchanté, ce qui pour finir nous a paru trop 1 Jean-François Staszak, Raphaël Pieroni (éds.), Monde enchanté. Chansons et imaginaires géographiques, Genève : Georg, 2021, et Villes enchantées, à paraître en novembre 2022.

ner leur réalité… Questions-réponses express avec Raphaël Pieroni. D'où vient l'idée d'explorer les « chansons « Unegéographiques » ?particularité de notre département de géo graphie réside dans le fait que nous faisons de la géo graphie culturelle. C'est une approche de la géographie qui prend au sérieux la culture en général et la culture populaire en particulier, nous amenant à travailler sur la photographie, la bande dessinée, le cinéma, la litté rature, la peinture… Jusqu'ici, nous n'avions que peu travaillé sur la musique. Nous cherchions à réaliser un projet collectif qui s'adresse au grand public. Et sou dain c'était l'illumination, quoi de plus collectif que la musique, que les chansons ? Beaucoup de chansons sont géographiques dans la mesure où elles portent sur des lieux réels ou imaginaires. Et voilà comment est né "Monde enchanté". » Les lieux inspirent les chansons, les chansons agissent sur les lieux… Pouvez-vous donner un exemple de ce mouvement d’aller-retour ?

« Un exemple emblématique est celui du Café Pouchkine dont il est question dans “Nathalie” de Gilbert Bécaud (1964), qui n'existait pas avant la chan son. À un moment donné, des cohortes de touristes, français-e-s et russes, ont commencé à se retrouver à Moscou sur la Place Rouge et à chercher ce Café Pouchkine… qui a donc fini par être créé en 1999, bou clant la C'estboucle.unexemple de ce qu'on appelle la dimen sion performative : en énonçant quelque chose, on contribue à fabriquer la réalité qu'on a énoncée. La mise en évidence de ce type de processus a donné lieu à ce qu'on a appelé le tournant performatif des sciences sociales. Jusque-là, une des critiques qui étaient faites à la géographie culturelle consistait à dire qu'elle se contentait d'étudier la dimension symbo lique des choses, sans s'intéresser aux effets matériels des représentations sur la réalité. Ben non, en fait la dimension symbolique des choses a des effets super concrets sur la réalité. »

« Un exemple pourrait être celui de Joséphine Baker, qui reprend en 1930 “La Petite Tonkinoise”. C'est à la base une chanson éminemment raciste, qui “alimente et légitime la colonisation et l'exploitation sexuelle de l'Empire”, comme l'écrit Jean-François Staszak dans le livre. Avec sa posture, sa gestuelle, sa performance, Joséphine Baker réussit à renverser le sens des paroles et à déconstruire le stéréotype par le rire. L'humour peut donc devenir une arme. Dans d'autres chansons il y a une posture direc tement critique, qui est notamment très présente dans le rap… Et parmi les morceaux sur lesquels nous avons travaillé pour “Monde enchanté”, il y a peut-être encore une troisième manière. Je pense à “Göttingen” de Barbara (1964), qui chante de façon très poétique et très intime la réconciliation, 20 ans après la fin de la guerre, avec des enfants d’Allemagne qui ne sont pas responsables des actes de leurs parents. »

Rencontre Jeu 24.11/19h Monde enchanté » & « Hypercity — Pop ○→(journaliste,Modération :«Hypercityenchanté»)StaszakPieroni,Tabled'icigéographiquesChansonsGenève»etimaginairesetd'ailleursrondeavecRaphaëlJean-François(UNIGE,«MondeetNicUlmi(BM,—PopGenève»).LaurenceDifélixRTS)BMCité/LeMultiAdultesDurée :env.1h30 △ Sur bmgeneve.agenda.chinscription : i Images tirées du livre « Monde enchanté. Chansons et imaginaires géographiques » (illustrations: Giganto). n°3nota 2022/2023septembre – janvier 18 En httpsligne : ://www unige ch/sciences societe/geo/monde enchante https : //hypercity ch/constellation/pop geneve Pop musiques

compliqué. Il est clair en tout cas qu'en écoutant bien, on découvre souvent un réel moins enchanté, qu'une chanson comme “Hollywood” de Madonna évoque ce lieu en suggérant la déception et la désillusion, et que les imaginaires véhiculés par les chansons peuvent aussi être toxiques, comme par exemple dans le tube français “Africa” de Rose Laurens (1982) avec ses cli chés sur l'Afrique “sauvage”. Notre objectif n'était pas de faire en sorte que des chansons comme celle-ci soient mises dans un tiroir et qu'on ne les écoute plus, mais plutôt d'inviter à les écouter au regard de leur problématique, en étant conscient-e de ce qu'elles contiennent. »“Waterloo” ou “Africa” reproduisent donc les valeurs dominantes de leur époque, elles “enchantent” la suprématie masculine ou la réduction de l'Afrique à la sauvagerie… Y a-t-il, à l'inverse, des “chansons géographiques” qui parviennent à rompre avec les aspects toxiques des valeurs dominantes ?

Fani tacletisseleestLaden'ensoudainCarenco :IndochinefinitpassurgirmetteuseenscènemontpelliéraineFaniCarencodevenue« très,trèsfan »dugroupeIndochineenvoyantsurscèneàl'âgede8ans.Aujourd'hui,elleavecsacompagnieLaGrandeHorlogelespec

« Parce qu'ils sont proches, ce ne sont pas des rockstars inaccessibles, on a l'impression qu'on pour rait les croiser à un coin de rue et qu'ils pourraient être

Et soudain surgit face au vent, mêlant chansons et témoignages livrés par la « grande famille » des fans. La bibliothèque de la Cité l'accueille le 27 novembre.

Interview.Votreintérêt

pour Indochine et pour les fans du groupe vient-il de quelque chose de personnel ou plutôt d'une curiosité « Unsocio-culturelle ?peudesdeux.

Depuis lors, je continue à suivre ce qu'ils font, sans être complètement fan, mais j'aime bien leur musique et le fait qu'elle traverse les époques. Ce qui m'intéressait pour le spectacle, c'est justement le fait d'être fan d'un groupe qui existe depuis si longtemps, et dont tous les gens que j'ai interviewés m'ont dit que c'est une sorte de Pourquoi,famille. »àvotre avis, ce groupe suscitet-il une telle adhésion ?

Le monde magique des fans

J'ai été très, très fan quand j'étais enfant, je les ai vus sur scène à l'âge de 8 ans, c'était mon premier concert, ça m'a vraiment marquée.

19 Pop musiques

nos amis… Leur musique a beaucoup évo lué au fil des décennies, elle est toujours en phase avec l'époque, elle contribue bien sûr à leur succès, mais je pense que c'est surtout la personnalité du chanteur, Nicola Sirkis, qui crée cette adhésion. Il a à la fois cette accessibilité et une iden tité très forte. Ce n'est pas Monsieur tout le monde, il a quand même un style très marqué, mais malgré sa particularité, on se sent proche de lui. » Indochine n'a-t-il que des fans au long cours, ou y a-t-il aussi des « C'estjeunes ?assez

n°3nota 2022/2023septembre – janvierPop20 musiques

Que vous ont raconté les fans ?

étonnant, il y a vrai ment des ados qui découvrent le groupe aujourd'hui, avec les nouveaux albums ou directement avec les anciens, indé pendamment de toute influence fami liale. Souvent, d'ailleurs, les parents sont un peu moqueurs, ils voient Indochine comme un produit des années 80, un peu ringard, et demandent : “Mais pourquoi t'écoutes ça, tu ne trouves pas un peu ridicule ? ” Beaucoup de parents ne savent même pas que le groupe existe encore et qu'il a continué à tourner depuis leur époque… Et pendant ce temps, les jeunes le découvrent, notamment par le biais de YouTube.Ilyaaussi deux ou trois chansons qui sont des sortes de standards de première boum : d'un seul coup il y en a une qui passe, tout le monde crie “Ouah, c'est trop bien, c'est ma chanson…” , et on rentre dans la musique du groupe par cette voie-là. En tout cas, quelle que soit l'époque, on devient fan d'Indochine en le découvrant quand on est jeune, ce n'est pas tellement un groupe qu'on découvre à l'âgeCommentadulte. »vous-êtes vous dit «Tiens, je vais en faire un « Indochine,spectacle» ?ça mélange tous les thèmes qui m'intéressent dans les spec tacles que je monte, qui sont souvent en lien avec la musique et avec l'adoles cence : j'ai fait Une histoire du Rock'n'Roll, Il suffit d'un train pour pleurer autour des stars mortes à 27 ans, un spectacle sur The Cure, InCURablE, qui était une décla ration d'amour au chanteur Robert Smith, dont je suis encore très fan… Ce qui m'in téresse beaucoup, c'est de voir comment on grandit à l'adolescence avec un groupe de musique, et aussi, pour commencer, si on accepte vraiment de grandir… Il se trouve qu'Indochine synthétisait toutes mesPourquestions.lapartie musicale, j'ai com mencé par réécouter tous les albums avec Annette Roux, la musicienne qui allait adapter les chansons, sachant qu'au départ elle détestait Indochine, donc c'était un challenge… Pour la par tie texte, j'ai mis des petites annonces sur Facebook : “Qui a envie de me par

ler d'Indochine, est-ce qu'il y a des fans parmi vous ? ” Je suis restée dans mes groupes d'ami-e-s et j'ai quand même eu des témoignages d'une vingtaine de personnes, dont certaines très, très, très fans. J'ai mélangé ces récits à mon his toire à moi, à des éléments sur l'histoire du groupe et à des rappels historiques sur les moyens d'écoute mobiles : le Walkman pour les cassettes, ensuite le Discman pour les CD, puis les téléphones… en essayant de montrer que chaque époque a eu son Indochine. »

« Tous et toutes m'ont parlé de l'en fance, ou du tout début de l'adolescence — la plupart ont découvert Indochine entre 8 et 12 ans — et de comment les parents avaient réagi à leur amour pour ce groupe. Beaucoup étaient mal dans leur peau en tant qu'ados, il y a ce côté d'Indochine qui fédère et soutient les gens qui sont un peu mis à part, qui subissent du harcèlement scolaire… Et du coup, on me dit “Indochine, c'est la famille”, “ça m'a sauvé-e”, “ça m'a accompagné-e”, “Nicola Sirkis est la personne qui me connaît le mieux”, “j'ai l'impression que cette chan son m'est adressée directement”… Ça sonne un peu cliché, et les fans en ont conscience en me le racontant, mais c'est vraiment leur vécu. »

Le morceau « L'Aventurier », dont est tiré le titre du spectacle, s'approprie un univers préexistant, celui de la série de BD Bob Morane. Est-ce une référence importante pour les fans ? .

commencer le nom “Indochine” qui fait écho à l'univers de l'écrivaine. Il y a sur toutes les chansons ce style d'écriture, ce phrasé découpé un peu bizarrement, avec des mots qui reviennent, qui ne vont pas forcément ensemble mais qui au final veulent dire quelque chose… et tout ça se retrouve chez Duras. Et il y a les thèmes : le deuxième plus grand succès d'Indochine, “Trois nuits par semaine”, est adapté du roman L'Amant de la Chine du Nord… »

21 Spectacle Di 27.11/15h

Comment votre musicienne a-telle surmonté son aversion pour ce « Ellerépertoire ?afinipartrouver quelque chose qui lui plaisait là-dedans, dans le rythme, dans la construction des morceaux, dans l'esthétique qui allait autour… Un jour elle a vu le clip de “Little Dolls” et elle m'a appe lée en me disant : “Ça y est, j'ai compris ce qu'ils veulent dire, j'ai compris ce qu'ils veulent faire, on peut y aller”. » Et soudain surgit face au Spectaclevent autour de chansons du groupe Indochine et de témoignages de fans → BM Cité / Le Multi ○ Tout public dès 10 ans Durée : env. 1h15 Sur inscription : bmgeneve. agenda.ch

dernière, j'étais au concert d'Indochine à Marseille et j'ai compris ce que les fans voulaient dire par “famille”. C'est multigénérationnel, on se parle comme si tout le monde se connaissait, ça crée vraiment des liens. On se retrouve à l'occasion des concerts et il y a aussi plein, plein, plein de groupes de fans sur les réseaux sociaux, qui sont censés être des lieux où on parle d'Indo chine, mais où les gens se livrent sur leur vie personnelle et s'apportent un soutien les un-e-s les autres.»

Cette idée qu’on forme une famille reste-t-elle juste dans la tête, ou y a-t-il des actes qui en « Ladécoulent ?semaine

« J'ai toujours associé Nicola Sirkis à Bob Morane, pour moi c'est le mec qui arrive, surgi de nulle part, et qui se bat… C'est comme si Indochine avait réussi, avec sa carrière, à reproduire l'histoire racontée par son premier tube. Mais la grosse référence d'Indochine, c'est Marguerite Duras, et les fans se sont surtout plongé-e-s là-dedans. Il y a pour

Indochine est dans l'Espace musique des BM avec ses albums, mais aussi avec des livres : Christian Eudeline, L'aventure Indochine : l'histoire singulière d'un groupe mythique, Gennevilliers : Prisma, 2018 Jean-Eric Perrin, Indochine, le livre, Paris : EPA, 2010 Nicolas Sirkis et Agnès Michaux, Kissing my songs : textes & conversations, Paris : Flammarion, 2011 Pop musiques

Le 6 avril 1974, cinq destinées basculent pendant une chanson. L'une est celle d'un garçon de 13 ans, assis devant la télé de sa grand-mère à Grand-Reng, localité belge collée à la frontière française. Les autres sont celles du groupe de musique qui se trouve de l'autre côté de l'écran, dans la ville anglaise de Brighton, sur la scène du concours Eurovision de la chanson. Le quatuor, appelé ABBA, accède ce soir-là à la célébrité planétaire. Le garçon, Jean-Marie Potiez, est propulsé par la performance télévisée des quatre artistes dans une fascination qui deviendra l'histoire de sa vie. Invité le 3 décembre 2022 à la bibliothèque de la Cité, il raconte ce groupe dont il est devenu entretemps le biographe francophone officiel, lui consacrant une douzaine de livres et deux films.

Pour se présenter au concours en 1974, le groupe a hésité pendant un moment avec une autre chan son, “Hasta Mañana”, une ballade qui s'inscrivait totalement dans les clichés de l'Eurovision et qui se serait beaucoup plus fondue dans la masse. Tandis que “Waterloo”, wow, c'était un coup d'éclat dans le concours. Il y a d'ailleurs un avant et un après ABBA dans l'histoire de l'Eurovision : auparavant c'était un concours de chansons, de belles mélodies, tout le t

1978end’ABBAFridaavecPotiezJean-Marie Hinard).Catherine:(photo n°3nota 2022/2023septembre – janvierPop22 musiques

Jean-Marie Potiez : comment ABBA a construit ma vie

Que s'est-il passé ce soir-là, pour vous et pour ABBA ?

« ABBA, ce sont quatre artistes qui en 2 minutes 50, le temps de la chanson “Waterloo”, passent de l'ombre à la lumière devant les 500 millions de téléspectateurs qui regardent l'Eurovision. Quatre artistes qui avaient eu chacun-e sa carrière séparément, qui avaient fait un premier essai ensemble en 1970 sous la forme d'un spectacle de cabaret, qui avaient sorti depuis 1972 deux albums et qui avaient participé une première fois à la sélection suédoise pour l'Eurovision en 1973, se classant troisièmes avec “Ring Ring” : un morceau qui aura du succès en Scandinavie et un petit peu en dehors, notamment en Belgique et en Afrique du Sud.

monde était bien habillé avec des smokings et des robes longues… puis ABBA arrive, et c'est une tornade glam rock1. On peut dire qu'ABBA a rendu pop l'Eurovi sion, qui avait jusque là un style traditionnel, ou même folklorique pour certains pays. »

Et « Cettevous ?année-là, la France ne retransmet pas le concours parce que le président Georges Pompidou vient de mourir, et le samedi 6 avril est une journée de deuil national. Moi, j'habite alors du côté français, mais j'ai la chance de pouvoir regarder le concours à la télévision belge chez ma grand-mère, qui vit de l'autre côté de la frontière. Quand je vois Agnetha et Frida qui bondissent sur scène et qui entonnent la chanson — “My, my, at Waterloo, Napoleon did surrender, oh yeah”… —, c'est une révélation que je me prends de plein fouet, je ressens des picotements dans l'estomac, un truc énorme dans tout le corps, et j'entends dans ma tête une voix qui dit : “Si ce groupe continue à faire des disques, je l'aimerai toujours”. C'est un immense coup de foudre amoureux : le coup de foudre d'une vie, comme il s'avérera par la suite. Quelques semaines plus tard, j'ai acheté le 45 tours, alors que je n'avais même pas encore de tournedisque, ou d'électrophone, comme on disait à l'époque. Ensuite, pendant tout l'été 1974, j'ai cherché des infor mations, je voulais en savoir plus, mais je ne trouvais pas. Il n'y avait rien dans la presse française, qui me semblait parler toujours des mêmes artistes, avec une fixation pour le groupe anglais The Rubettes. J'avais l'impression d'être le seul à aimer ABBA… Dans mon dernier livre, Un adolescent des années 70. Ma vie avec ABBA , je raconte en parallèle ma vie personnelle et la manière dont le groupe m'accom pagne pendant mon adolescence. Mon amour pour ABBA m'ouvre une phase créative, je dessine, je peins, je construis un théâtre dans le sous-sol de ma maison pour monter des spectacles avec ma cousine, je crée des costumes en bricolant avec la machine à coudre de mon arrière-grand-mère… Surtout, ABBA est là pour moi lorsque ça ne va pas et que je n'ai pas le moral. Par moments c'est une vraie bouée de sauvetage. Mon livre s'arrête à 18 ans, lorsque je quitte le Nord de la France pour aller vivre à Paris. Ensuite, dans les années 80, ABBA est toujours en moi, je découvre la Suède, je tombe amoureux des pays scandinaves… Je travaille alors dans le marketing pour les parfums Yves Saint Laurent, mais à la fin de la décennie je quitte ce poste pour travailler dans l'audiovisuel. À partir de là, je vais tout mettre en œuvre pour faire un documentaire sur ABBA, dont je trouve bizarre qu'on ne parle plus : c'est comme si le groupe était totalement oublié, ce n'est pas normal… En 1991 je pars à Stockholm et Stig Anderson, le manager d'ABBA, me dit : “Vous tombez à pic, je suis en train de travailler avec le label PolyGram sur un énorme revival pour l'année prochaine ! ” Mon film, Thank You ABBA, va être distribué au niveau inter national, et c'est ainsi que commence mon parcours de biographe, au même moment où ABBA sort de son tunnel. »Untunnel dans lequel le groupe est entre-temps devenu culte au sein d'une communauté… « Un jour, je leur ai demandé : “Comment êtes-vous devenus des icônes gay ? ” Bjorn m'a répondu : “Je ne sais pas, mais j'ai une immense gratitude pour la com munauté homosexuelle, qui est tombée amoureuse de notre musique et qui n'a pas cessé de nous sou tenir quand on était has been dans les années 80”…

C'est une communauté qui adore danser, même si ABBA n'est pas un groupe disco: c'est un groupe pop, contrairement à ce que suggèrent les journalistes en France qui n'arrêtent pas d'utiliser des formules du style “les rois du disco”… Le seul album vraiment disco d'ABBA est Voulez-Vous, en 1979, suivi du single “Gimme ! Gimme ! Gimme ! (A Man After Midnight)”, littéralement “Donnez-moi un homme après minuit”. Voilà un texte qui vous parle si vous êtes gay ! Les titres d'ABBA facilitent l'approche, vous êtes sur une piste de danse, vous vous regardez, et avec ces paroles la moitié du travail d'approche est faite… Bien sûr, il y a aussi l'image d'Agnetha et Frida, leurs costumes flam boyants, qui seront repris à partir des années 90 par les drag queens. Elles sont des archétypes de divas et des icônes gay un peu avant l'heure. » i ABBA en 1979 (photo : CommonsWikimedia/Anders Hanser).

Pop musiques23

Qu'est-ce qui fait qu'ABBA n'est pas juste une étoile filante comme tant de groupes vainqueurs de « L'Eurovisionl'Eurovision ?aétéuntremplin

Quel est l'univers émotionnel d'ABBA ?

Rencontre Sa 3.12/14h30 Il était une fois… ABBA avecRencontreJean-Marie Potiez → BM Cité / Le Multi ○ Tout Durée :publicenv. 2h △ Sur bmgeneve.agenda.chinscription: u Jean-Marie Potiez adolescent avec sa cousine après avoir découvert ABBA en 1974. n°3nota 2022/2023septembre – janvierPop24 musiques

En France, je regrette qu'ABBA soit encore un groupe mal compris et un peu trop pris à la légère, parce qu'ailleurs, c'est tout le contraire. À partir du revival des années 90, beaucoup d'artistes ont com mencé à dire que oui, ils aimaient ABBA et ils en avaient été influencés. C'est le cas d'Elvis Costello, de Bono, ou encore de Pete Townshend des Who, qui a déclaré que “SOS” est une des plus grandes chansons jamais 1écrites. »Leglamrock

Tous ces ingrédients, on les retrouve dans la musique d'ABBA. Ce n'est pas un groupe de musique légère, il y a une vraie richesse, des mélodies fortes et inventives, des compositions et des arrangements incroyables.

pour se faire connaître instantanément sur le marché international que le groupe voulait conquérir. Sans ce concours, Björn m'a dit qu'ABBA aurait mis beaucoup plus de temps à s'imposer. Mais le quatuor existe déjà avant de porter ce nom et ses membres sont des artistes confir mé-e-s dans leur pays. Agnetha est une chanteuse de variété qui a déjà un énorme succès, Frida est dans le jazz, Bjorn, le guitariste, a un groupe qui fait du folk et de la country, Benny joue des claviers dans les Hep Stars, que l'on a souvent appelés “les Beatles suédois”, et il s'est également nourri d'Elvis Presley, des Beach Boys, de chanson française, de Bach et Beethoven…

est un « mouvement venu d'Angleterre qui mélange un rock simple, mélodique, avec des guitares puissantes et des tenues de scène excentriques et glamour ». Un courant dont les artistes, « David Bowie, Gary Glitter, Marc Bolan, Sparks, Mud ou encore The Sweet me fascinent par leur androgynie, leur folie douce et leurs costumes pailletés », écrit Jean-Marie Potiez dans Un adolescent des années 70 (Ma vie avec ABBA), Éditions OLAA, 2021.

« Les membres d'ABBA dégagent une image saine, souriante, solaire par rapport aux groupes de rock de l'époque. Ce sont deux couples dans la vie, et les gens le sentent tout de suite, avant même de le savoir : deux couples plutôt sages, sans histoires à droite et à gauche avant les séparations de 1979 et 1981, deux couples qui ne font pas de vagues dans la presse à scandale… Mais il y a un paradoxe dans les chansons d'ABBA : vous avez ce côté joyeux, qui donne envie de bouger, qui vous tire vers le haut, qui vous fait du bien, et en même temps, dans les paroles, une mélan colie parfois déchirante, quelque chose de sombre. Il y a chez ABBA cette joie et cette tristesse en même temps, confondues, mélangées dans les chansons. »

i Yves Blanc dans son studio, vu par Caza.

25 Pop musiques

L’utilisation de la bande FM prendra fin en Suisse le 31 décembre 2024 pour faire place au système DAB, Digital Audio Broadcasting, qui consiste à numériser et optimiser les signaux des radios avant de les diffu ser par la voie des ondes hertziennes. De plus en plus répandue, cette technologie réduit l’écart entre les deux grands modèles de radiodiffusion : celui des radio traditionnelles, qui diffusent sur les ondes mais aussi, de manière croissante, sur Internet, et celui des webra dios, nées en ligne, qui peuvent désormais ajouter le canal DAB pour toucher un public plus large, comme le fait la chaîne genevoise Radio Vostok.

Le journaliste et auteur sera l’invité des

millesLesplanètesd’YvesBlanc

Duperrex).àd’unradiophoniquesurpourmunicipalesBibliothèquesle8décembreunediscussionl’évolutiondumonde(suivieatelierd’initiationlaWebradioavecFabien

Aujourd’hui, l’écoute de la radio sur Internet repré sente les trois quarts de la consommation radiopho nique nationale. Selon les derniers sondages, seules 12 personnes sur 100 écoutent encore la radio exclusive Texte : Francesca Serra Plus d'un quart de siècle et plus de mille épisodes pour son émission à la croisée des musiques du monde, de l'écologie et de la science-fiction.

ment grâce à la FM. Ce passage marque l’aboutisse ment de la révolution mise en marche par l’émergence des webradios à l’aube des années 2000. D’abord réservées à des chevronné-e-s d’informatique, ces structures radiophoniques indépendantes se sont peu à peuD’undémocratisées.pointdevue technique, la diffusion des sta tions de radio en ligne se réalise à partir d’un logiciel de streaming et d’un hébergeur Web, nécessitant très peu de moyens humains et financiers. Une souplesse orga nisationnelle qui a amené une explosion géographique — il n’y a plus les limitations de zone de couverture imposées par la bande FM —, mais aussi un renou vellement des genres et une diversité inouïe. Pourtant ce nouveau format est menacé dans sa longévité, ces radios numériques fonctionnant souvent sur la base de l’engagement bénévole.. Première libération des ondes Témoin d’exception de l’évolution de la radio, Yves Blanc a connu la guérilla des ondes qui a eu lieu en France entre 1978 et 1982, avec la multiplication de stations illégales fomentant le débat et la fin du mono pole étatique. A propos de cette expérience des radios pirates pendant l’université, il évoque une « ambiance chien fou », l’enivrant parfum anarchiste et créatif des débuts de la FM qui a probablement posé les bases de son journalisme sans compromission. Collaborateur pour un magazine scientifique, rédacteur chef de l’émission « Mégamix » sur Arte ou de « Culture Club » sur France Inter, Yves Blanc participe aux projets les plus novateurs du paysage radiophonique francophone. En 1995, à la demande de la chaîne romande Couleur 3, il crée l’émission « La Planète Bleue », un magazine futuriste qui ouvre un nouvel espace sonore en télescopant les géographies, mais aussi les époques. « C’était le type de radio que j’avais envie d’écouter avec mes potes, quelque chose qui parle du futur et du monde entier, pour proposer autre chose que de rigoler sur des blagues creuses » .

Le défrichage musical s’intercale de sujets du culture et d’interrogations sur l’état du monde, portés par une voix qui chuchote à l’oreille du public. D’abord hebdomadaire, l’émission devient mensuelle et son auteur s’installe dans un village du Vercors pour conti nuer à concevoir avec minutie la production de « La Planète Bleue » .

On l’imagine volontiers comme un ermite savant, Yves Blanc demeure ouvert et honore son rôle de pas seur de raretés. Une multitude de morceaux inédits lui est envoyée par des musicien-ne-s et des labels disséminés tout autour du globe. Dans une des der nières émissions, il dévoile des morceaux qui lui ont été légués par le musicien Igor McRams, un des pré curseurs de l’electronica, le versant expérimental et moins dansant des musiques électroniques. La signa ture sonore d’Yves Blanc, jouant entre primitif et futu riste, vient aussi de rencontres significatives, dont celle avec Martin Meissonnier, producteur musical avec qui il collabore pour l’émission « Mégamix » .

u Yves Blanc dans son studio, vu par Marvano.

Pour préparer sa millième édition, diffusée en mai dernier, il a travaillé six mois, appliquant le même soin qu’un peintre réalisant une toile. Le journaliste et auteur se compare plutôt à un musicien, lorsqu’on échange à propos du paysage radiophonique contemporain. « Je constate une désolante uniformité des propositions, du coup je me limite à écouter les nouvelles chaque matin. Un musicien m’avait confié qu’il ne fallait rien écouter avant de monter sur scène, du coup j’ai l’im pression de me trouver, moi aussi, backstage, dans un état de concentration semblable, avant de produire mes contenus. »

n°3nota 2022/2023septembre – janvierPop26 musiques

« Meissonnier figure parmi les cinq personnes ayant contribué à l’émergence de la scène world music, qu’on appelait à l’époque sono mondiale, avec d’autres poin tures telle que David Byrne, Brian Eno, Jon Hassell ou Jean-Francois Bizot, l’homme extraordinaire à l’origine de Radio Nova et du magazine Actuel » précise Yves Blanc depuis les contreforts du Vercors. « Meissonnier a compté parmi les premiers à organiser ces télesco pages entre tradition et anticipation, tribal et digital. Il a une connaissance et un respect pour ces musiques, à l’inverse de certains DJ qui se limitent à prendre un sample et à le coller sur une boîte à rythmes. En 1989, il sort le premier disque de la chanteuse Amina, jeune femme arabe qu’il l’entraîne dans le monde technoïde, en ouvrant ainsi de nouvelles perspectives. »

Pépites et précurseurs

En radiovostok.ch/category/programme/planete-bleuelaplanetebleue.com/frligne :

En 1995, à la demande de la chaîne romande Couleur 3, il crée l’émission « La Planète Bleue », un magazine futuriste qui ouvre un nouvel espace sonore en télescopant les géographies, mais aussi les époques.

Rencontre / atelier Je 8.12/19h →etavecd'initiationetRencontredesurNavigationlesstreamslaPlanèteBleueavecYvesBlanclaradio,suivied'unatelieràlaWebradioFabienDuperrex,artistemediadesignerBMCité/Espacele4 e ○ Tout Durée :publicenv. 2h △ Sur (RadioparRencontrebmgeneve.agenda.chinscription :animéeCharlesMengerVostok)27Popmusiques

Pensée inapprivoisée « La Planète Bleue » ne commente pas l’actualité, elle fournit des points d’écoute et de vue originaux, entre la rigueur et la témérité de son investigation. Grâce au montage et au mixage, la forme est ciselée, tracée au rasoir. Pas de direct, pas de bavardage, mais un concentré de références ultra précises en matière d’innovation artistique, du cinéma à la littérature en passant par la bande dessinée, avec toujours, en fil rouge, l’écologie. En presque trois décennies, le concept reste fidèle à lui-même. Pertinent et concis, Yves Blanc relate les déboires d’une planète dévorée par le béton, les ordures et les déchets nucléaires, mais il apporte des pistes de réflexion et d’action, en offrant aujourd’hui un écho aux idées de ré-ensauvagement, qui consiste à prendre des milieux naturels et à les soustraire à l’ac tivité humaine. Écarter l’agriculture, la chasse, le tou risme, laisser respirer la nature : dès que la présence humaine se retire, le sauvage réapparaît. Un monde ani mal qui le fascine et dont Yves Blanc relate l’intelligence et la poésie, comme lorsqu’il compare littéralement la menace d’extinction de la baleine bleue à « la fin du plus grand rêve », se demandant à quoi peut rêver le plus gros cerveau de la Planète.

entrechansonscarrefourUndeParisetTokyo

Louise Bonpaix, artiste et drag king, a plongé il y a six ans dans un genre musical fascinant, fait de

« Je suis fan d’animes — les dessins ani més japonais — depuis que j’ai 11 ou 12 ans. J’en consommais beaucoup, je regardais tout en version originale, ça m’a permis de décou vrir la langue japonaise et du coup j’ai décidé de l’apprendre. Avec mes parents, j’ai trouvé à Paris, où je vivais alors, un institut appelé Tenri qui donnait des cours que j’ai suivis pendant 5 ans (en m’apercevant au bout de 3 ans, au passage, que l’école appartenait à un mou vement religieux, un monothéisme japonais appelé Tenrikyō…). Je suis parti.e au Japon une première fois, seul.e, et à mon retour ma grande-tante, dont je n’étais pas spéciale ment proche, mais qui parle japonais, m’a dit : “J’ai une amie chanteuse à Tokyo qui aurait pu t’héberger”…Lorsdemon deuxième voyage, j’ai donc rencontré Yuki, qui donnait un concert le soir même et qui m’a emmené.e avec elle. J’étais surpris.e d’entendre plein de mélodies que je connaissais, chantées en japonais, dont “Que reste-t-il de nos amours ? ” de Charles Trenet, une chanson très présente dans mon enfance et dans ma vie, qui m’a fait monter des larmes aux yeux. C’était la première fois que je ressentais quelque chose de fort face

languesded'ununeIel parolesfrançaisesmélodiesetdeenjaponais.1enproposevisiteguidée,suivieatelierdetraductionchansons,toutesconfondues

3 De manière analogue aux drag queens, les drag kings incarnent et mettent en spectacle de manière appuyée les codes visuels et comportementaux de la masculinité.

Un mot qui désigne, dans l’archi pel nippon, un genre musical à part entière, composé de chansons françaises adoptées et adaptées en japonais, avec leur cortège de fantasmes parisiens, leur imagi naire nostalgico-bohème et leur tenues de scène aussi élabo rées que dans le monde du drag.

Sur le carrefour tokyoïte de Shibuya, un jour de 2016, un.e jeun.e Parisien.ne de Genève appelé.e Louise Bonpaix a ren dez-vous avec une amie de sa grande-tante, une dame septua génaire appelée Yuki Kaiyama. Yuki chante, ce soir-là, dans un local appelé Café de Lyon. Louise l’écoute, et sa vie bascule dans la « chan-sonne »« Chan-sonne ». (シャンソン), c’est, en gros, la prononciation japonaise du français « Chanson ».

n°3nota 2022/2023septembre – janvierPop28 musiques

Invité.e le 17 décembre à la Bibliothèque de la Cité, Louise racontera son exploration de cet univers musical, avant de proposer un atelier de traduction de chansons (toutes langues confondues) et de transformation de leurs paroles en livrets cadeaux.

Louise Bonpaix se définit comme non-binaire sur le plan du genre et se reconnaît dans le pronom « iel », ainsi que dans un accord des noms et adjectifs prenant une forme épicène avec un point au milieu.

Comment avez-vous découvert ce genre musical singulier ?

2 En ligne: bit.do/chanson-japon.

1

Quel est l’univers de la « Chanson » ?

« Le point de départ, c’est en 1927, lorsqu’une troupe de théâtre appelée Takarazuka commence à mettre en scène des revues à la française, avec les premières traductions de chansons telles que “Quand les lilas refleuriront”.

à de la musique live, ça ne m’était jamais trop arrivé jusque là. J’avais 21 ans. »

dans un personnage avec les cheveux gominés, une petite moustache, des lunettes de soleil et un costard un peu brillant. On m’a dit : “Wow, tu fais vachement mafieux italien.” J’ai sauté sur l’occasion, vu que j’ai de la famille italienne, et j’ai dit : “Oui, ciao, je suis Luigi”…

→ BM Cité / Espace le 4e ○ Tout public dès 8 ans Durée : env. 3h △ Sur Popbmgeneve.agenda.chinscription :29musiques

et

C’est ainsi que mon personnage de drag king a surgi. Luigi est donc apparu après ma rencontre avec l’univers de la chanson, et j’avais Yuki en tête lorsque j’ai commencé à incarner ce personnage. Quand elle monte sur scène, c’est toute une préparation de coif fure, de maquillage et de tenue, et c’est à travers son influence que j’ai compris le potentiel de transmission d’émotion qu’il peut y avoir, lors d’une performance, dans un mouvement de main ou dans une expression faciale. »La«Chanson», c’est aussi un univers de « Lenostalgie…picdelaChanson se situe en 1956. Aujourd’hui, c’est un style qui continue à vivre, mais qui est connoté “musique de grands-parents”, empreint de nostalgie et de mélancolie. Un des morceaux emblématiques est “Hier encore” de Charles Aznavour, dont le titre de la version japonaise signifie “Ma jeunesse qui ne reviendra pas”. C’est une notion à laquelle on s’identifie énormé ment dans la culture japonaise, où l’on considère que l’âge d’or de la vie, c’est le lycée. J’ai été contaminé.e moi-même par cette nostal gie. Peut-être était-elle déjà là avant, mais maintenant elle se retrouve partout : la mélancolie, la nostalgie de Paris… Paris que je déteste, par ailleurs, alors même que j’en viens. Une nostalgie qui peut être déclenchée par un détail comme le lampadaire qu’on voit souvent sur scène dans les concerts de Chanson au Japon: à côté du piano à queue, comme seul décor, un réverbère de rue, pour apporter un élément de l’extérieur parisien fantasmé. » paroles qui me Chansonsparlentàtraduire à offrir : découverte et atelier

Numérique / atelier Sa 17.12/14h Les

Vous avez exploré ce territoire dans votre travail de Master à la HEAD-Genève, Haute école d’art et de design, en réalisant notamment un mémoire publié sous la forme d’une plateforme en ligne2 , en retraduisant des chansons françaises du japonais au français… mais aussi en faisant des liens avec votre propre pratique du drag… « Un été où j’étais malade lors d’un séjour au Japon, et où du coup je passais beaucoup de temps sur Internet, j’ai découvert les drag kings 3 et plein de témoignages sur la question du genre. C’est cet été-là que j’ai compris que j’étais non-binaire. De retour à mes études, à l’occasion d’un workshop, je me suis mis.e Numérique /atelier Sa 3.12/14h Incarne ton avatar Atelier costume, maquillage et jeu avec Luigi & Moon → BM Cité / Espace le 4e ○ Dès 15 ans Durée : env. 3h △ Sur bmgeneve.agenda.chinscription :

L’un des fondateurs de la troupe, Ichizō Kobayashi, était aussi le patron de la société de production cinématographique Tōhō, qui distribuait au Japon des films français dont les chansons étaient également traduites et chantées en japonais. Ces films contribuent, au fil des décennies, à diffuser un imagi naire que j’appellerais “rebelle-bohème”, ou “rebelle par la pensée”, très parisien, centré sur Montmartre et sur les cafés où on se retrouve pour refaire le monde. Cette imagerie se répand dans les cafés-concerts qui se créent au Japon sur le modèle parisien. L’un de ces locaux est celui où débute en 1952 Akihiro Miwa, qui est une des premières personnalités publiques au Japon à être ouvertement gay et qu’on peut considérer comme une drag queen. Miwa participe au rayonne ment de la Chanson en tant qu’univers musical plein de robes de gala et de glamour. »

BaumannF.Simone trashdutiréepoésieLa n°3nota 2022/2023septembre – janvierEn30MiguelInterview :pagesDa Silva Rodrigues

Si l'on en croit Wikipédia, le substantif anglais trash « qualifie une action, une œuvre, voire une personne, sale, répugnante ou moralement malsaine ». Et cette définition pourrait tout à fait désigner l'esthétique déployée par Simone F. Baumann, jeune bédéiste zuri choise de talent, dans son livre Simone et moi. L'autrice est invitée le 12 octobre à la bibliothèque de la Cité en compagnie des ses deux traducteurs, l'éditeur Martin de Halleux et le bédéiste Thomas Ott.

Simone F. Baumann est désormais traduite en français et la presse hexagonale a largement salué la jeune autrice. Elle a reçu le prix « France Inter décou verte jeune talent », et des médias comme Konbini, les Inrocks ou Marie Claire n'ont pas tari d'éloges pour la Zurichoise. Aujourd'hui, elle poursuit son œuvre autobiographique : « Je continue à auto-publier mon fanzine, même si bien sûr les histoires continuent à changer. Je serais tout à fait partante pour une autre collection comme Simone et moi, mais je travaille aussi sur un plus petit projet, qui s'apparente plutôt à de l'il lustration que de la bande dessinée. Comme un livre d'images pour enfants, mais pas pour les enfants ! »

Dans Simone et moi, Simone F. Baumann raconte le quotidien d'une fille, alter-ego anxieuse et hypersen sible de l'autrice. Qu'il s'agisse d'un repas avec ses parents ou d'un rendez-vous avec le psychologue, les événements dépeints, pourtant banals, se trans forment en véritables épreuves. Se déploie alors un univers presque dystopique. Tout semble se désagréger : le rapport à soi, aux parents, à la société. Les double-pages, nombreuses, donnent le tournis. Le fil narratif est souvent métaphorique. Chargées de traits et de détails, les planches nous détournent parfois du sens immédiat de la narration. Et pourtant, malgré une esthétique du nauséabond mar quée, une étrange beauté se dégage de ces dessins. Après une longue contemplation, on ne peut s'empêcher de passer à la pageCommentsuivante.gérez-vous le succès de votre travail, l'intérêt nouveau des médias ? Ont-ils un impact sur votre créativité ?

« Je pense que toute situation peut avoir un impact sur vous. Je ne suis pas prise dans l'engrenage d'un succès hystérique, par ailleurs. Je suis juste contente de pouvoir vivre de mon travail, d'être indépendante et assez libre de décider ce que je souhaite faire, quand me lever et comment passer une grande partie de31

Simone F. Baumann (F pour Floriane) naît en 1997 près de Zurich, où elle vit encore aujourd'hui. Dès ses 18 ans, elle commence à auto-publier un fanzine auto biographique intitulé 2067. Distribués sous le manteau aux ami-e-s et à un petit cercle de lecteurs et lectrices, ses dessins attirent l'attention. Divers prix — et pas des moindres — viennent encourager son travail : le Prix Fumetto du festival de BD de Lucerne en 2017, le prix culturel de la ville de Zurich, catégorie Littérature, en 2019, puis le Prix Delémont de la meilleure première œuvre suisse de bande dessinée en 2021 lancent défi nitivement sa carrière. Un livre de 350 pages, tiré des 1'600 que compte alors le fanzine, est publié cette année-là en version originale allemande sous le titre Zwang

En pages

À 18 ans, la Zurichoise Simone F. Baumann racontait sa vie dans un fanzine qu’elle autopubliait. Aujourd’hui, son autobiographie dessinée Simone et moi est acclamée par la critique et collectionne les prix. Rencontre avec une hypersensible au talent rare.

« Je les écris si je les trouve divertissants ! La plu part du temps, les cauchemars sont plus intrigants que les rêves heureux jusqu'à présent, mais je vais peutêtre me surprendre un jour. » Dans le livre, vos parents ne vous comprennent pas, vous jugent, parfois avec un regard agressif. Cela a dû être difficile à « Oui,publier.c'était un peu gênant, c'est sûr ! Mais ma famille préfère ne pas vraiment parler des choses qui la dérangent, donc je n'ai pas eu de plaintes directes… Et mes parents ne sont pas vraiment intéressés par les bandes dessinées de toute façon, ce qui est peut-être une bonne chose… Je pense que nous avons appris à respecter la façon d'être de l'autre, et cela a en fait beaucoup amélioré notre relation. »

« J'aime l'humour absurde, grotesque. Bien sûr, il y a une limite à tout ce qui est simplement de mau vais goût, ou dégoûtant. Peut-être que l'histoire des toilettes se situe sur cette ligne. Une employée d'une librairie où je signais des dédicaces m'a dit très ferme ment qu'elle n'aimait PAS cette histoire. »

Rencontre Me 12.10 / 19h « Simone et moi » | Rencontre« Zwang »avec Simone F. Baumann, Martin de Halleux et Thomas Ott → BM Cité / Le Multi ○ AdultesDurée :env. 1h30 △ Sur MarieRencontreUniversitaireBibliothèquededeendeinconnus »,Dansbmgeneve.agenda.chinscription :lecadrede« CesvoisinsunemanifestationlaLiteraturhausdeZurichpartenariatavecleCentreTraductionLittéraireLausanne(CTL)etlaCantonaleetdeLausanne.animéeparFleuryWullschleger n°3nota 2022/2023septembre – janvierEn32 pages

Il y a très peu de dialogues dans le livre. Pourquoi ce choix ? « Cela s'est fait tout simplement au fur et à mesure que je m'améliorais en dessin et en narration au fil des années. Je n'ai pas besoin de tout écrire pour expli quer ce qu'il se passe, un peu de dialogue direct ici et làAvez-voussuffit. »

mon temps. C'est un peu ringard de le dire ainsi, mais c'est vrai. Bien sûr, il y a des choses que je n'aime pas, je n'adore pas donner des conférences par exemple, mais si on me demande de le faire de temps en temps (et que la rémunération est correcte ! ), je me ressaisis et j'yLesvais… »premières années où vous avez autopublié votre travail vous manquent-elles ? Étiez-vous plus libre que maintenant ?

« J'aime Emil Ferris, mais aussi Julie Doucet, Edward Gorey, Anne Van der Linden et bien d'autres… Mais honnêtement, je ne suis pas une grande lectrice de BD. Je pense que ce qui m'influence le plus, c'est de regar der et d'observer le monde, c'est un endroit sauvage ! »

Certaines de vos histoires sont directement inspirées de vos rêves. Les écrivez-vous avant de les dessiner ? Et êtes-vous également inspirée par des rêves positifs, ou seulement par des cauchemars ?

une volonté de bousculer le lectorat ? Il y a par exemple cette scène déroutante où, de retour dans le ventre de votre mère, vous êtes expulsée par celle-ci dans les toilettes…

« Le livre est une collection d'histoires que j'ai publiées dans mes fanzines entre l'âge de 20 et 23 ans. Ma pire période (jusqu'à présent ! ) s'est étendue de l'âge de 19 à 22 ans, et beaucoup d'histoires que j'ai écrites pendant cette période sont dans le livre…

Cela peut expliquer le sentiment d'oppression, car je l'ai beaucoup ressenti. Et j'ai en effet parfois l'im pression de faire un mauvais trip aux champignons hallucinogènes. »Quellessontvos influences artistiques ?

En vous lisant, on pense notamment à l'autrice américaine Emil Ferris. Dans son album Moi, ce que j'aime, c'est les monstres (My Favorite Thing is Monsters), beaucoup d'émotions traversent le dessin de manière très brute, sans filtres ni artifices, un peu comme dans votre travail. Une autre similitude est l'aspect monstrueux de certains personnages.

« Non ! J'étais malheureuse la plupart du temps. L'auto-publication en tant que telle était une bonne chose, mais je publie toujours mon propre fanzine tous les deux mois maintenant, donc aucune raison d'être nostalgique. Et en fait, non, je n'étais pas du tout plus libre. Je dépendais financièrement de mes parents, ce qui me donnait l'impression d'être plus piégée qu'autre chose. »Vosdessins impressionnent. Il est rare de voir des thèmes comme la dépression ou l'anxiété sociale exprimés avec tant de force. Un fort sentiment d'oppression nous prend à la gorge dès le début du livre. La composition des dessins avec ces grandes doubles pages pleines de détails, la perspective déformée et surtout les visages étranges des personnages… tout ceci évoque un mauvais trip sous acides !

Williamd’AlexandreJunod

33 En pages

« Jusqu'au début du 19e siècle, c'est un domaine privé. Entre l'époque où Genève devient un canton suisse, en 1814, et celle où les fortifications de la ville sont démolies, en 1850, la Servette devient une ban lieue. À la fin du 19e siècle, cette banlieue se développe et devient un quartier urbain. En 1930, ce statut de quartier est entériné par le rattachement de la com mune du Petit-Saconnex (qui inclut alors notamment la Servette, Saint-Jean, les Charmilles et Sécheron) à la ville de PlongeonsGenève. »dans la première de ces époques : un domaine… qu'est-ce que c'est, qui y vit, qu'est-ce qu'on y fait ? « C'est une propriété comme il y en a beaucoup d'autres tout autour de la ville. Ce qu'elle a de particu lier, ce sont ses dimensions, absolument immenses à l'échelle de nos standards d'aujourd'hui. Sur cette pro priété, il y a une grande demeure et quelques dépen dances, des maisons où logeait le personnel. Qu'est-ce qu'on y fait ? Pas grand chose. On cultive un peu, sans que ce soit véritablement un terrain des tiné à la production agricole. C'est en fait essentiel lement un lieu de villégiature, qu'on atteint par un chemin qui part des fortifications de la ville depuis

Alexandre William Junod apporte quelques réponses dans La Servette. Une campagne devenue quartier, à paraître en novembre 2022, apparemment le tout pre mier livre entièrement consacré à ce secteur urbain et à son histoire. Enseignant, auteur jusqu'ici d'un roman et d'un ouvrage sur l'histoire des sapeurs-pompiers genevois, l'auteur tisse son ouvrage à partir de docu ments d'archives, de récits d'habitant-e-s et de ses souvenirs personnels d'« enfant de la Servette ». Il est invité le 15 octobre à la bibliothèque du quartier, qui fête ce jour-là ses 60 ans. Interview. Que diriez-vous si on vous demandait de résumer l'histoire de la Servette en quelques phrases ?

Un quartier entre histoire et paradis : la Servette

La bibliothèque du quartier a 60 ans et elle les fête. Plongée dans son histoire et dans celle du territoire fascinant et méconnu qui l’entoure.

Absolument tout le monde passe par la Servette. Mais il suffit de s'écarter de quelques pas de son artère prin cipale pour plonger dans une constellation de mondes inexplorés. On découvre alors une mosaïque urbaine d'une étrangeté enchantée, dont on se demande comment elle a surgi et comment elle s'est conservée jusqu'à aujourd'hui…

« La

n°3nota 2022/2023septembre – janvierEn34 pages

Rencontre Sa 15.10 / 15h La d'AlexandrePrésentationdevenueuneServette,campagnequartierdulivreJunod → BM Servette ○ Tout public △ Durée : env. 1h Dans

ans »

Il y a des protestants qui demandent à avoir leur propre temple en disant : nous n’avons plus envie de monter jusqu’au Petit-Saconnex pour aller au culte.

la porte de Cornavin. Dans des gravures conservées à la Bibliothèque de Genève, on y voit des gens bien habillés assis sur un banc avec une ombrelle, en train de regarder le paysage… La Servette sert alors à ce genre d'usage. Le domaine a eu successivement plusieurs proprié taires, dont une célèbre, Élisabeth Baulacre, une femme d'affaires qui était à son époque une des plus grandes fortunes de Genève. À partir du début du 19e siècle, la propriété est morcelée, découpée en parcelles ven dues séparément, et commence petit à petit à devenir uneDeuxièmebanlieue. »époque, la banlieue : qu'est-ce qui fait son identité ? « Dès l'époque où elle devient un canton suisse, en 1814, Genève vit une croissance économique et démo graphique assez folle, qui se poursuivra jusqu'au pre mier conflit mondial. En termes de population, cette croissance déborde de la ville vers les communes suburbaines des Eaux-Vives, de Plainpalais et du Petit-Saconnex, incluant donc la Servette, qui naît de cette explo sion démographique. Au milieu du 19e siècle, on commence en effet à voir des gens qui se disent : il y a ce territoire pas loin, la barrière des fortifications (qui rend compliqué jusque là d'entrer et sortir de la ville, avec des horaires et un couvre-feu) va disparaître… pourquoi n'irais-je pas vivre là-haut, ou m'y acheter une résidenceJ'imaginaissecondaire ?d'abord que ce mouvement était assez homogène, qu’il s’agissait d’une banlieue de gens aisés, mais étonnamment non, c'est très vite hétérogène. On y trouve des gens qui ont de gros moyens, des gens qui spéculent en achetant et en revendant des par celles, mais aussi des classes plus populaires, en un mélange qui reste d'ailleurs une des marques de ce secteur encore aujourd'hui. L'identité de la Servette est dès lors celle d'un endroit bucolique où il fait bon vivre, où on respire, ce qui à cette époque-là est important, car la ville est alors en train d'étouffer, avec certains quartiers qui sont carrément insalubres. » la cadre de la journée bibliothèque de la Servette fête ses 60

Les d’Alexandrelivres Junod La Servette. Une campagne devenue quartier, Yens sur Morges : Cabédita, à paraître le 1er novembre 2022

« Pour le livre, j'ai eu un projet d'avant-propos inti tulé “Une enfance au paradis”, qui finalement n'y figu rera peut-être pas, car il y a déjà une préface et une introduction… mais ce titre dit une chose que je pense vraiment. Je suis né aux Pâquis il y a 42 ans et je suis arrivé à la Servette à l'âge de 5 ans. Dans mes souvenirs, le quartier est lié à mon grand-père, qui était né à la rue Carteret dans les années 1920 et qui tenait un magasin de peinture, juste à côté de l'église Saint-Antoine, où j'ai passé une bonne partie de mon enfance… J'habitais alors au 57, rue de la Servette, donnant sur la rue du Moléson. Je descendais de mon immeuble et je me retrouvais entouré de ces maisons basses dont, avec mes copains, on se demandait comment ça se faisait qu'elles étaient là, avec leurs murets complè tement en ruine… Je traversais et j'arrivais à l'école de Geisendorf, où j'ai eu la chance inouïe de vivre une véri table utopie de l'après-guerre: un des rares exemples à Genève d'une école pavillonnaire, étalée dans un parc plutôt que bâtie en hauteur. Entre mon immeuble et le parc, il y avait toute la vie qui se déroulait : c'était la ville, c'était la banlieue, il y avait des animaux et des espaces verts. J'avais alors cette conviction un peu folle que je vivais dans le seul endroit au monde où la vie valait la peine d'être vécue, tout simplement. C'était le rêve. »

Dans la période qui va de la Première Guerre mon diale à la crise économique des années 1930 et à la Seconde Guerre, on observe un tassement de la crois sance démographique, qui repart ensuite de plus belle au début des années 1950. C'est alors que la Servette achève véritablement son processus d'urbanisation. Les choses se stabilisent dans la deuxième partie du 20e siècle, au cours de laquelle le quartier revêt son visage actuel, tout en laissant subsister des traces des différentes époques passées. C'est ce qui fait la magie de ce quartier : on voit s’y côtoyer, dans une cohabita tion harmonieuse, des immeubles des années 1980-90, d'autres des années 1950, de beaux bâtiments cossus du début du 20e siècle, des petites maisons dans ce que j'appelle le “vieux carré” de la Servette, avec son chemin des Roses qui encore aujourd'hui n'est pas gou dronné… Ce qui est fascinant, c'est qu'en marchant une minute à partir de ce chemin, vous vous retrouvez sur cette grosse artère qu'est la rue de la Servette. »

Les Trente foireuses, Roman, Paris : L’Harmattan, 2012 Sapeurs-pompiers genevois : une histoire au service d’autrui, Yens sur Morges : Cabédita, 2008. Dans le catalogue des BM Une autre exploration des mondes parallèles de la Servette : Les podcasts Hypercity — Histoire(s) et imaginaires urbains, en ligne sur parcourshttps://hypercity.ch//servette35Enpages

Troisième moment : la Servette quartier urbain…

Vous écrivez que vous êtes « un enfant de la Servette »…

« À mon sens, elle le devient dans le dernier quart du 19e siècle parce que, à partir de là, on y trouve des gens qui considèrent justement être des habitants d'un quartier appelé la Servette, plutôt que simplement des résidents d'une banlieue de Genève, et qui se mobi lisent pour doter ce quartier de ce qui lui manque. Il y a des protestants qui demandent à avoir leur propre temple en disant : nous n'avons plus envie de mon ter jusqu'au Petit-Saconnex pour aller au culte (il ne faut pas oublier que nous sommes à une époque où il n'y a pas encore de voiture, de tram ou de train)… Un peu plus tard, ce sont les catholiques qui veulent leur église. Et il y a des gens qui se mobilisent pour avoir leur bibliothèque, car la Servette est déjà un quartier de lecteurs [lire l'encadré].

La bibliothèque qui traversa la rue deux fois « J'ai longtemps habité à la rue HenriVeyrassat, celle de la Bibliothèque municipale. Ça aussi, c'était le para dis », raconte Alexandre William Junod. Son livre s'arrête au passage sur le parcours de cette bibliothèque qui, insiste-t-il, « est vraiment une belle histoire ». Pourquoi ? « La toute première bibliothèque vient d'une initiative citoyenne. Des gens du quartier s'adressent au conseil municipal du Petit-Saconnex (com mune à laquelle la Servette appartient jusqu'en 1930) avec une pétition. Celle-ci aboutit en 1881 à l'ouverture d'une petite bibliothèque dans l'école de la Servette, qui occupe alors la parcelle sur laquelle se construira 80 ans plus tard la bibliothèque munici pale actuelle. Cette première biblio thèque est tenue par un enseignant de l'école et consiste en une vitrine, dans laquelle il y a tout de même 500 ouvrages…Quelques années plus tard, la bibliothèque traverse la rue de la Servette et va se loger dans une petite annexe de la première école des Asters, puis dans une salle de la nouvelle école construite au même endroit. Lorsque le Petit-Saconnex fusionne avec Genève, la bibliothèque passe aux mains de la Ville, et devient l'une des Bibliothèques municipales lorsque ce service est créé en 1941. En 1962, elle redéménage de l'autre côté de la rue de la Servette, retrouvant ainsi le lieu qui a été le sien tout au début. »

La BM retourneServetteversle futur Pousser la porte du 9, rue Henri-Veyrassat, c’était autrefois plonger dans le futur. «Avec ses façades vitrées, ses œuvres d’art géométriques, son mobilier design, la Bibliothèque de la Servette devait être un espace d’une modernité rare pour la Genève du début des années 1960», note l’architecte Christian Bischoff dans une étude menée au sein de l’Unité conservation du patrimoine architectural 1 Avec le temps, le modernisme de ce lieu s’est dilué dans le quotidien, et le futur qu’on construisait dans les sixties est devenu notre passé. «Le bâtiment qui abrite la Bibliothèque de la Servette et l’immeuble d’ha bitation qui le surplombe font partie de l’ordinaire de la ville. Ni l’un, ni l’autre n’attirent l’attention tant nos regards se sont habitués à l’architecture des Trente Glorieuses 2 si nombreuse dans nos rues. Construits de 1960 à 1962, les deux bâtiments méritent cependant un examen approfondi», assure l’étude. Alors plongeons… 1. C’est la première BM à s’installer dans des locaux construits exprès pour elle À vrai dire, la bibliothèque municipale de la Servette existait déjà, logée à quelques pas de là, dans le bâti ment aujourd’hui disparu de l’école des Asters, à l’em placement où on trouve désormais le Service de la jeunesse et la salle communale des Asters, 100 rue de la Servette… Mais dans ce cadre scolaire, elle était à l’étroit. La directrice des Bibliothèques municipales, Hélène Rivier, écrit en janvier 1957 aux autorités cita dines pour signaler que le prêt de livres est en plein boom et que «l’extension toujours plus grande du quartier de la Servette exige d’autres locaux pour notre bibliothèque».

Le dossier avance assez vite. En février 1959, des locaux pour la bibliothèque sont inclus dans le projet d’un immeuble de logements et commerces que la Ville prévoit de construire à l’angle des rues de la Servette et Veyrassat, là où se trouvait auparavant l’école de la Servette, jugée irrémédiablement vétuste et démolie en 1958.Lechantier démarre en septembre 1960 et la biblio thèque est inaugurée le 19 octobre 1962. La Tribune de Genève s’enthousiasme, ce jour là, sur ce «nouveau centre culturel de quartier»: «pour le simple citoyen qui a l’habitude de fréquenter nos bibliothèques construites dans d’anciens immeubles, rénovés ou pas, le premier contact prend l’aspect d’une révéla tion» 3 . C’est la toute première fois, en effet, qu’une bibliothèque municipale s’installe dans des locaux construits exprès pour elle.

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2. On rêvait, déjà, d’une entrée rue de la Servette, qui se réalise enfin aujourd’hui Le projet de la bibliothèque est réalisé par l’archi tecte André Billaud au sein du Bureau Billaud archi tectes, qui dessinera également des ouvrages tels que l’École du Lignon (1966), le CEPTA, Centre d’en seignement professionnel technique et artisanal, au Petit-Lancy (1973, aujourd’hui École d’informatique), ou le bâtiment universitaire Sciences II sur le quai Ernest-Ansermet (1979). «La configuration et l’amé nagement de la Bibliothèque de la Servette doivent beaucoup à Hélène Rivier (1902-86) alors Directrice des Bibliothèques municipales. Tout au long du proces sus de projet elle s’impose comme un maître d’ouvrage compétent. Sa connaissance du fonctionnement d’une bibliothèque et sa détermination ont sans doute beau coup contribué à la qualité architecturale de l’édifice», note l’étude de l’Unité conservation du patrimoine architectural.HélèneRivier souhaite maximiser la surface disponible pour la bibliothèque: étant donné «l’ac croissement extraordinaire de la population (…), la solution adoptée doit être valable pour de nombreuses années», écrit-elle au Conseil administratif en août 1959. Le Service immobilier de la Ville entend quant à lui rentabiliser le projet en accordant le plus de place possible à des locaux commerciaux. Comment faire? «En architecture, les contraintes sont souvent produc tives. (…) L’idée de la bibliothèque sur deux niveaux, telle que nous la connaissons aujourd’hui, semble émerger de ces exigences apparemment contradic toires», remarque l’étude patrimoniale. La bibliothèque obtient ainsi un espace supplémentaiee au sous-sol, initialement prévu pour un parking qui est finalement abandonné car jugé peu rentable. Cet étage souter rain s’articulera autour de l’étonnant patio, véritable bassin de lumière (et d’eau, autrefois) en dessous du niveau du sol.

«L’idée du patio est simplement remarquable. Ce dispositif spatial per met bien sûr d’amener la lumière jusqu’au sous-sol mais il règle également l’orga nisation de tout l’espace en créant des zones naturellement différenciées pour l’entrée, la circulation, les dépôts de livres, les espaces de travail et les salles de lec ture. D’une pierre dix coups!», souligne l’étude. La Tribune de Genève, dans son article inaugural de 1962, nous apprend au passage que l’espace sous la salle de lec ture, occupé aujourd’hui par les bureaux des bibliothécaires, est alors «une ravis sante petite salle de spectacle, d’une contenance d’environ 100 places», destinée «à des séances de cinéma, de musique, de travaux manuels, etc.»

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3. R.V., « Dans une construction sur mesure. La bibliothèque de la Servette ouvrira ses portes lundi prochain », Tribune de Genève, 19 octobre 1962.

Hélène Rivier obtient donc un étage en sous-sol, mais elle doit renoncer à une entrée qu’elle souhaite côté rue de la Servette, jugée incompatible avec la rentabilisation optimale des espaces à louer. 60 ans après l’ouverture de la bibliothèque, le rêve de l’ancienne direc trice des BM se réalise enfin, en mars 2022, avec le nouvel accès au 87 rue de la Servette, qui plonge le public dans un espace dévolu aux DVD, aux BD et aux mangas.

Le dernier élément de l'espace se met en place dans les années 1990. Au rez-dechaussée de l’immeuble, la bibliothèque a jusqu’alors pour voisine une agence de la Caisse d’épargne de la République et Canton de Genève (une des deux entités qui fusionneront en 1994 pour donner lieu à la Banque Cantonale de Genève, BCGE).

1. Christian Bischoff, Bibliothèque municipale de la Servette et immeuble d’habitation attenant — 9, rue Henri Veyrassat. Etude historique et architecturale, Genève : Conservation du patrimoine architectural, 2018

3. En 1967 on s’évanouit, en 1992 on vide les coffres «En mai 1966, Hélène Rivier souleva le problème de la chaleur excessive en été et demanda la pose de stores: “En raison de toutes ces parois vitrées, la chaleur en été est vraiment insupportable. L’année dernière, malgré le mauvais temps, le personnel a travaillé avec des 34 et 36 degrés. Nous avons réclamé depuis le début de la mise en service du bâtiment, mais ceci sans succès.” À ces doléances, s’en ajoutèrent rapidement d’autres à pro pos de la ventilation, jugée insuffisante», raconte Christian Bischoff dans l’étude patrimoniale.Àcepropos, la nouvelle Directrice des Bibliothèques municipales, Janine Brunet, interpelle les autorités municipales en août 1967: «Cette année la situation a été particulièrement intenable. Une de nos jeunes collègues s’est même éva nouie. Les employées m’ont avertie que leur santé s’en ressentait et qu’elles ne pouvaient plus travailler dans de telles conditions. De nombreux lecteurs se sont offerts à signer une pétition car euxmêmes désertent la salle de lecture»… Aux stores installés sans grand succès cette année-là s’ajouteront deux ans plus tard une nouvelle ventilation et un nouveau système de chauffage. Au printemps 1969, six semaines de fermeture pour travaux rendront enfin la bibliothèque vraiment vivable.

La succursale bancaire ferme ses portes en 1992, laissant à la bibliothèque son espace… et ses coffres. «Dans un premier temps, ces nouveaux locaux accueillirent les opérations liées à l’informatisation pour recevoir en 1995, la collection des romans et les premières bandes dessi nées», signale l’étude patrimoniale. Des billets de banque aux cases de BD, il n’y a parfois qu’un pas.

2. On appelle ainsi les années de forte croissance économique entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et la crise pétrolière de 1973.

Projection Dès10h Pop'scopeanimé → Espacejeunesse ○ UnToutpublicdès7ansEncontinutoutelajournéemixdesouvenirsenhommageauxdessinsaniméspop,desannées70ànosjours,préparéparDéborahetFrédéricLandenberg,comédien-ne-scinéphiles,auteur-e-sdelasériederendez-vousComicoscopeprogramméeauxBibliothèquesmunicipalesen2018. Projection Dès 10h Pop'scope films → Espace adultes○ EnAdultescontinu jusqu’à 14h Un mix de souvenirs en hommage aux films pop, desannées 70 à nos jours, préparépar Déborah et FrédéricLandenberg, comédien-ne-s cinéphiles, auteur-e-sde la série de rendez-vousComicoscope programméeaux Bibliothèques municipalesen 2018. Atelier 10h-12h Atelier maquillages → Espace jeunesse ○ Jeune public Exploration 14h-14h45Hypercity –Pop AutourGenèvedelaServette en clipset en sons → Salle de lecture○ Tout public dès 12 ansUne constellation demorceaux de musique liés,par leurs paroles ou leursclips, à des emplacementsdu territoire genevois. Uneinvitation à redécouvrirGenève, réinventée dans lessons et les images qu’elle a(Lireinspirés.p.7) leprogramme fête En38deLabibliothèqueServettelanotan°3septembre – janvier2022/2023pages

Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, par Philippe Campiche Salle de lecture Tout public dès 7 ans «Lorsque j’étais enfant, je voyais les adultes en grandes conversations sérieuses, et je me disais qu’ils devaient connaître beaucoup de choses sur les mystères du monde. Maintenant que je suis adulte, j’écoute les enfants. Ils en savent beaucoup plus que nous. Voilà de quoi parle Le Petit Prince.» Musique 17h30-18h30

etsessesnouveauxespaces60ansSamedi15octobre202239Enpages

Rencontre 15h-16h LauneServette,campagnedevenuequartierPrésentationdulivred’AlexandreWilliamJunod(àparaîtreennovembre2022) Salle de lecture Tout «EnfantpublicdelaServette, l’auteur a fait le constat qu’aucun livre n’avait jamais été écrit sur son quartier. Dans ce lieu occupant une place centrale – trait d’union entre gare et aéroport, centre et périphérie – les raisons de combler un tel vide sont pourtant nombreuses. Ponctué de nombreuses anecdotes, de témoignages et de balades, ce livre retrace l’aventure d’un quartier central et pourtant mal(Lireconnu.»l’interview de l’auteur, pp. 33-35) Spectacle 16h30-17h30

Rude ConcertEgarddejazz manouche Salle de lecture → Tout public «Rude Egard s'est forméautour d'une racine commune:le swing manouche de DjangoReinhardt. Le répertoire àvoyagé au gré des saisons:musique tzigane, rumba,valse… et a fait une large placeà la chanson. Le groupe estcomposé d’une chanteuse,d’une accordéoniste, dedeux guitaristes et d’un contrebassiste.»Convivialité 19hApéritif bibliothèque)velPatio(encasdepluie:nou-espaceàl’entréedela

« Je suis originaire de Fribourg, donc pas loin des Préalpes, et les paysages de montagne me sont fami liers depuis toute petite. Je les vivais physiquement, avec mes parents ou en colonie de vacances, et ils se sont inscrits de manière profonde dans ma mémoire, y compris, je pense, de façon inconsciente. Dès que j’ai quitté la Suisse pour aller faire une école d’art en Belgique, ces paysages ont commencé à apparaître lorsque je créais des histoires ou dessinais.

Depuis toujours, je suis également sensible aux représentations naïves de la montagne qu’on crée dans mon canton d’origine, notamment celles de la poya 1 qu’on voit un peu partout, dans les musées comme sur des façades de chalets ou sur des linges de cuisine.

Des images, des récits ?

Rencontre/atelier Me 23.11 / 15h avecRencontre/ateliertes«Délivre-moisecrets»FannyDreyer → BM Jonction ○ Jeune public dès 7 ans Durée : env. 2h △ Sur bmgeneve.agenda.chinscription :

J’imagine que c’est un phénomène fréquent: ce sont souvent les paysages ancrés dans notre enfance qu’on met sur papier… Petite, je râlais quand on partait en vacances à la montagne, parce que je rêvais d’aller à la mer. Il faut souvent du temps, ou un éloignement géographique, pour apprécier les choses qu’on a à côté de soi. J’ai d’ailleurs un regard beaucoup plus bienveillant sur la Suisse depuis que je l’ai quittée.

En colonie de vacances Fanny Dreyer Installée à Bruxelles, publiée en France et bientôt traduite en Corée, l'autrice et illustratrice suisse fait rayonner dans le monde ses souvenirs d'enfance dans des alpages aux couleurs envoûtantes

Qu’est-ce qu’il y a dans cet imaginaire ?

avec

Interview.Lesmontagnes de vos illustrations viennentelles plutôt de vos souvenirs d’enfance ou du grand imagier collectif du folklore alpin ?

Parfois, Fanny Dreyer dessine la mer. Plus souvent, cette illustratrice, autrice et réalisatrice de films d’ani mation suisse installée à Bruxelles dessine la montagne et les histoires petites et grandes, réelles et imaginaires qui se déroulent dans ces paysages. Les BM l’invitent le 23 novembre à la bibliothèque de la Jonction pour une rencontre et un atelier dans le cadre de « Délivre-moi tes secrets », série de rendez-vous avec des artistes marquant-e-s dans le panorama des albums jeunesse.

Ce que je trouvais intéressant de développer dans cet album, c’est aussi l’ambivalence de me retrouver, en tant qu’enfant, dans des paysages grandioses et

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« Il est avant tout visuel, mais il est aussi senso riel. En travaillant sur mon dernier livre, La colonie de vacances, j’ai surtout essayé de retrouver les sensa tions à la fois très intenses et toutes simples qui m’ont marquée au cours de cette expérience d’enfance : changer d’air, sentir des odeurs différentes, la rugosité du sol, l’effort qu’il faut faire pour gravir une montagne. Je ne suis pas tellement dans les grands récits, au départ ce sont plutôt les petits instants et les petites choses qui m’intéressent… qui finissent ensuite, peutêtre, par faire une grande histoire.

Donc il y a à la fois la montagne réelle, ses images, ce qui en est raconté, ses représentations folkloriques… Tout ceci est d’abord ressorti dans mon travail de façon spontanée, puis de manière plus précise lorsque j’ai réalisé à quel point mon imaginaire en avait été nourri. »

dans des coins magnifiques, d’être subjuguée par tout ça, et en même temps de ressentir la difficulté d’être loin de mes parents et de mes repères, de devoir me construire avec des gens que je ne connaissais pas… Essayer de parler au plus juste de ce qui m’a ani mée profondément, revenir au ressenti de l’enfance, c’est quelque chose que je fais dans un premier temps surtout pour moi, mais finalement ça fait écho beau coup plus largement que je ne le pensais au départ. La colonie de vacances, par exemple, sera bientôt traduit et publié en Corée. »

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j’essaie d’être sur le fil entre la figuration, qui me tient à cœur, et des échappées parfois plus graphiques, de l’ordre de l’imaginaire, vers des paysages qui n’existent pas et que je sou haiterais voir… C’est peut-être un peu prétentieux de le dire, mais il y a aussi le fait que j’ai regardé beau coup de peinture et que le fauvisme et les paysages de Vallotton m’ont énormément inspirée dans cette démarche qui consiste à me dégager d’une gamme colorée réaliste pour aller un peu plus loin. Si je colle trop au réel, je m’ennuie.

En ce qui concerne la synesthésie, c’est vrai que pour moi les voyelles s’associent à des couleurs, du coup j’ai des taches colorées dans la tête dès que j’en tends des mots. Certaines de ces couleurs sont très intenses, d’autres beaucoup plus douces, par exemple le A est d’un rouge vermillon et le I d’un jaune extrême ment intense, alors que le son EN est d’un gris coloré et le son OU est d’un bleu teinté de vert… Le fait que j’ai engagé une pratique artistique vient sans doute en partie de ce phénomène, que je ne contrôle pas, qui est là depuis que je suis toute petite et qui me nourrit. »

Sur quoi travaillez-vous en ce moment ? « Je viens de terminer un projet réalisé à la demande d’un hôpital qui se construit en ce moment à Charleroi, près de Bruxelles, pour lequel j’ai illustré tout le secteur de la pédiatrie, ça représentait beau coup de murs… Maintenant, je me mets au travail sur un nouvel album qui devrait sortir en 2023 et qui parle des collections de toutes sortes que font les enfants. Une amie autrice a écrit les textes, mélangeant des enfants réels à nos propres histoires. »

Vos couleurs sont intenses, « plus grandes que nature ». Y a-t-il un lien avec le fait que vous êtes synesthète, c’est-à-dire que votre cerveau fait des liens automatiques entre des perceptions sensorielles « Dansdifférentes ?mesimages,

1. La poya est la montée estivale en alpage avec les troupeaux de vaches, accompagnée de cortèges où les animaux sont décorés et leurs berger-e-s sont costumé-e-s. Par extension, le mot désigne les représentations visuelles de cette migration saisonnière, sou vent réalisées en papier découpé. Fanny , La Poya (Genève : Joie de lire, 2017). Les albums de Fanny Dreyer dans le catalogue des BM  La colonie de vacances, Paris : Albin MichelJeunesse, 2021 Jour de fête : Fête des vignerons, Genève : Joie de lire, 2019 La poya, Genève : Joie de lire, 2017 Moi, canard, Cambourakis,Paris :2016 Le journal de MarieMélie : L'histoire d'une petite fille à Genève (1813-1816), Genève : Joie de lire, 2014 Les musiciens de Brême, Genève : Joie de lire, 2013 Le mystère du monstre, Genève : Joie de lire, 2012 41

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« Je n'aime pas me sentir enfermé, effectivement. C'est un peu compliqué à vivre, des fois, parce que c'est assez dispersé, mais tout ceci a quand même fini par trouver une certaine cohérence, je crois. Pour moi, depuis le début, le dessin est un outil qui permet de voyager entre des champs différents, de la com munication à l'”art” — entre guillemets et avec un petit a —, et aussi géographiquement, entre les cultures et les pays. »

Et vous, dans tout ça ? « Je pense que mon talent depuis toujours, si j'en ai un, c'est d'avoir de l'empathie pour la personne qui lit, quelle qu'elle soit, enfant ou adulte. Il y a dans Max et Lili un côté message, presque militant parfois, mais mon but dans la vie, une chose qui est vraiment centrale pour moi, c'est le plaisir et l'humour. Ce que je rajoute aux scénarios de Dominique, c'est donc la gaieté de mon trait, une manière de faire vivre graphi quement les personnages en créant un équilibre avec un propos qui, des fois, est quand même assez lourd.

En faisant ce travail pendant 30 ans, nous avons vu le monde évoluer : les objets et les usages de la vie quotidienne se sont modifiés, les téléphones mobiles et Internet sont arrivés, la vie des enfants a changé. Le succès de Max et Lili vient, je crois, de l'attention que Dominique met à parler aux enfants, qui sont traversés par la vie du monde comme les adultes. »

C'est presque une mission de service public qu'elle remplit, en s'attachant à parler de choses importantes et pas faciles — la violence, la maladie… —, mais aussi, heureusement, de choses chouettes : l'amitié, le jeu…

Serge Bloch Rencontre Sa 26.11 / 14h30 Avectes« Délivre-moisecrets »SergeBloch → BM Servette ○ Jeune public dès 7 ans Durée : env. 1h15 △ Sur bmgeneve.agenda.chinscription : Unplusieursentrehommemondes

« Max et Lili, c'est une vieille histoire, on a fêté leurs 30 ans cette année. Pour cette série, je suis le dessi nateur et Dominique de Saint-Mars est la scénariste, c'est donc plutôt elle qui est à la recherche des sujets, qui sont parfois très proches de l'actualité : dans le pro chain album, par exemple, il est question de l'Ukraine.

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L'illustrateur de Max et Lili et de SamSam est aussi dessinateur de presse aux États-Unis, artiste exposé dans des galeries, metteur en images de la Bible et de L'interprétation du rêve de Sigmund Freud… Interview.

La série Max et Lili, par exemple, a un pied dans le monde des albums pour enfants et un autre dans l'univers des sujets de société…

En plongeant dans votre travail, on se dit que vous êtes tout le temps dans plusieurs mondes à la fois…

D'un côté, bien sûr, il y a Max et Lili. Un petit frère et une grande sœur dont les histoires naviguent depuis 1992 entre les faits minuscules de la vie quotidienne et les grosses vagues qui agitent le monde. Du tout pre mier Lili ne veut pas se coucher (1992) au tout nouveau Max et Lili se mettent au hip-hop (2022), en passant par Le cousin de Max et Lili se drogue (2002) et Les parents de Max et Lili sont accros au portable (2019), les deux enfants ont traversé jusqu'ici 129 albums. Mais dans la vie de Serge Bloch, l'homme qui leur donne vie à coups de crayons, il y a plein d'autres mondes. Le voici dessinateur de presse aux États-Unis (pour le Washington Post, le New York Times, le Boston Globe, le Los Angeles Times…), artiste exposé dans des galeries, designer dans la pub, peintre sur céramique, illustrateur de la Bible et de L'interprétation du rêve de Sigmund Freud, autobiographe d'une enfance alsa cienne vécue à La Rue de l’Ours, ou encore auteur de la série SamSam, qui embarque les enfants dans des aventures super-héroïques et extraterrestres.

L'humour, c'est parler de manière légère de choses lourdes, ce n'est pas juste faire des blagues… Et même les blagues, ça a une vraie fonction : celles de Toto, par exemple, auxquelles je me suis intéressé de près en les illustrant dans une série de bouquins. C'est intéres sant, l'apprentissage de l'humour à travers Toto. Je ne sais pas si vous avez des enfants, mais qu'est-ce qu'ils peuvent vous emm***** quand ils commencent à vous raconter des blagues et qu'ils n'ont pas encore appris le timing, la maîtrise du temps, la chute, tout ce qui est essentiel dans une blague…

L'humour, j'essaie d'en mettre partout, autant que je peux, même dans l'art. Dans l'exposition de collages que j'ai faite en mai dernier à Paris, les gens étaient plutôt gais quand ils en sortaient. Moi, ça me va. »

« SamSam, c'est venu après Max et Lili, c'était un peu une réaction : je souffrais un peu, avec cette série, d'être tout le temps dans la vie quotidienne. C'était bien sûr hyper puissant, mais quand même, j'avais envie de m'échapper… C'est pour cette raison que je me suis projeté dans un monde fantasy. Et puis j'ai un fils qui s'appelle Samuel — d'où SamSam —, qui se déguisait toujours en Batman à l'époque. On peut se deman der: qu'est-ce qu'un gamin de 3 ans a à voir avec un super-héros? Mais en fait les enfants se prennent tous pour des super-héros…

Les albums de Serge Bloch dans le catalogue des BM… … sont trop nombreux pour les énumérer ici (il y en a plus de 300)  : pour voir la liste complète, rendez-vous sur catalogue-serge-blochgenevebm.com/

SamSam s'adresse à des enfants plus petits que Max et Lili. Je me rappelle mes gamins à cet âge-là, juste après la toute petite enfance, qui commençaient à sortir dans le quartier tout seuls en faisant le tour du pâté de maison. L'apprentissage fonctionne par cercles concentriques, d'abord il n'y a que le noyau familial qui existe, d'ailleurs les héros de la toute petite enfance, Petit Ours Brun et tous ces personnages, sont toujours centrés sur la famille…

« J'ai eu la chance de savoir d'où je venais, et de venir d'un endroit où il y avait une identité intéressante, qui m'a nourri et qui m'a ouvert à d'autres mondes. C'est un lieu commun, mais tout ce qu'on est — notre force, nos faiblesses, notre imaginaire — vient quand même en grande partie de notre enfance… J'ai toujours ça quelque part : même si en 60 et quelques années j'ai accumulé d'autres expériences et développé d'autres imaginaires, les racines sont là. On traîne toujours un peu de terre sous ses semelles.

En amont de tout ça, vous étiez déjà issu d'une histoire entre plusieurs mondes : une famille juive en Alsace, une ville – Colmar – qui a changé de nationalité quatre fois en un siècle entre la France et l'Allemagne, plusieurs langues (dont une, l'alsacien, qu'on lit dans une bulle de La rue de l’Ours et qui, pour les lecteurs et lectrices suisses, ressemble furieusement au suisse allemand…)

En 2000, en créant la série SamSam, vous avez inventé une nouvelle planète…

New York est aussi un endroit où je me suis ancré, j'ai d'ailleurs créé un personnage qui s'appelle Zouk, une petite sorcière qui vit dans une métropole comme celle-là. Quand vous vous installez quelque part, que ce soit New York ou le lieu où je suis maintenant dans le Sud, et que vous n'êtes pas immédiatement chez vous, c'est intéressant, car ça vous donne à la fois une distance et une attention aux gens. J'aimais bien New York pour ça : avoir ce filtre entre la réalité et moi, parler une langue qui n'était pas la mienne et dont je comprenais un mot sur deux… Ça me donnait le temps pour réfléchir. »

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Entre-temps, après la SamPlanète, vous êtes parti vers un autre nouveau monde, « J'avaisl'Amérique…une grande admiration pour des dessina teurs américains qui ont été pour moi des influenceurs, comme par exemple Saul Steinberg. À un moment, l'oc casion s'est présentée, par hasard, d'avoir quelqu'un qui avait vu mon boulot et qui s'était dit : tiens, je vais essayer de le représenter là-bas… J'ai commencé à avoir une carrière américaine qui est devenue assez importante, beaucoup dans le dessin de presse et un peu dans la pub. Après, ça s'est calmé, parce que le dessin de presse est assez fatigant à la longue, car il est éphémère. C'est un grand bonheur d'être vu par beaucoup de gens : si vous faites un dessin dans un grand quotidien américain tel que le New York Times ou le Washington Post, vous avez des centaines de milliers de gens qui voient votre dessin. Mais après, le lendemain, ça disparaît… »

SamSam, c'était l'idée que, juste après cet âge-là, tu pouvais sortir de la famille sans risque et aller au fin fond de l'univers, mais si tu avais un problème, tu pre nais le téléphone à papa et ça se réglait tout de suite. Il s'agissait de dire aux enfants qu'ils pouvaient aller s'aventurer dans le monde, et que ça irait. »

« J'ai commencé le Lego comme tout le monde, en y jouant dans ma tendre enfance.

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Vers l'âge de 15 ans, mon oncle m'a ramené des trains électriques qu'il m'avait offerts quand j'étais gosse et auxquels je jouais chez lui, et j'ai trouvé qu'ils étaient vraiment cool. J'ai appris qu'il y en avait une quinzaine de modèles qui étaient sortis pendant mon enfance et je me suis dit : ce serait chouette si je pouvais les retrouver et les avoir tous. J'en ai acheté un, puis deux, puis trois, puis j'ai découvert que Lego avait fait des trucs un peu spéciaux, vendus seulement sur Internet… C'était le début de ma collec tion et de mon “Lego d'adulte” : à la fois la recherche d'objets parfois rares qui prennent Vainqueurs de l'émission de téléréalité française « Lego Masters », Eric Bedelek et Alex Favre ont fait de leur passion une profession. La petite brique déborde désormais le monde de l'enfance et de la culture geek pour s'afficher partout

Le Lego de aenfancenotreconquislemondedesadultescool

Un personnage animé en forme de caquelon à fon due qui se touille tout seul, avec une main qui remue une fourchette dans sa propre tête… Avec cette réalisation en Lego, Eric Bedelek, 30 ans, et Alex Favre, 25 ans, Vaudois de Concise, ont remporté la deuxième saison de « Lego Masters », émis sion de téléréalité de la chaîne française M6, diffusée le 11 janvier 2022 devant 2,1 millions de téléspectatrices et spectateurs. Le duo est invité à la bibliothèque de la Servette le 3 décembre 2022, en ouverture d'une semaine explorant les facettes de l'univers Lego. Questions-réponses avec Eric Bedelek. Comment le Lego est-il devenu pour vous une occupation d'adulte ?

Depuis les années 2010, ça a complètement tourné : on voit des youtubeurs qui montrent leurs Lego, et des stars aussi, il y a eu Terry Crews, Hugh Jackman… Quand Aquaman est sorti, en 2018, et que Lego a pré senté des sets inspirés du film, l'acteur Jason Momoa tenait dans ses mains une “minifig” de son personnage en disant : “Ça, c'est moi en Lego, c'est la plus belle œuvre que j'ai faite et mon plus grand exploit”. Pareil avec les films de la trilogie Le Hobbit (2012-2014), tous les acteurs se tenaient eux-mêmes dans les mains en “minifigs” et ils trouvaient ça fabuleux… Ce bascule ment a commencé à l'époque où le monde du geek a tourné “cool”, il y a une dizaine d'années. »

On dirait à vous entendre que, dès qu'on parle de cette passion dans un lieu public, quelqu'un sort du bois en disant : “ Moi « C'étaitaussi ! ”…exactement ça ! Maintenant c'est devenu populaire, mais à une époque, si on disait qu'on collec tionnait ou même simplement qu'on avait encore des Lego à 15 ans, vous n'imaginez pas à quel point on était catalogués comme bizarres par rapport aux gens qui étaient — entre gros guillemets — “cool”. Donc moi, c'était le truc que je faisais dans mon coin, je n'en cau sais absolument pas avec les gens de mon âge parce que je savais qu'ils m'auraient regardé comme un taga zou qui mange du papier toilette…

Rencontre Sa 3.12 / 16h « Lego Masters 2021 » Rencontre avec les vainqueurs Eric Bedelek et Alex Favre → BM Servette ○ Tout public △ Durée : env. 1h30 de la valeur, un moyen d'expression créatif et pour finir même un métier. »

« Un jour ma maman buvait un café dans un restau rant du village avec une amie et s'est retrouvée à dire que son frère avait ramené à son fils deux trains Lego.

À quel moment le Lego a-t-il cessé d'être juste une passion personnelle pour s'inscrire dans quelque chose de plus large ?

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Le tenancier du restaurant l'a entendue et a commencé à lui poser des questions : “Comment ça, du Lego, il a quoi, est-ce qu'il en vend ? ” Il s'est avéré qu'il était collectionneur et qu'il avait chez lui une pièce complè tement dédiée, avec des trains et une petite ville… De fil en aiguille, nous avons commencé à en parler, lui-même avait un voisin, âgé dans la quarantaine comme lui, qui collectionnait également les Lego. Assez vite, tout le monde dans le village a su qu'il y avait ces trois fadas fans de Lego, et pour rigoler, entre la poire et le fro mage, les gens ont commencé à nous dire : “Vous pour riez faire une expo ! ” C'est ainsi, il y a 15 ans, qu'est née l'exposition annuelle qui existe toujours sous le nom de SwissBriques : assurément la première de Suisse romande, et peut-être de Suisse, exclusivement dédiée au Lego. »

Au moment où vous répondez à cette interview, fin juin 2022, vous êtes constructeur de Lego à plein temps depuis un mois, après avoir quitté votre travail d'ingénieur et créé la société Brickmasters avec votre coéquipier Alex Favre. Que fabriquez-vous ? « C'est tellement diversifié… En ce moment, nous travaillons sur une maquette de ville pour la commune d'Aubonne. Ensuite, il y a un professeur du CHUV (Centre hospitalier universitaire vaudois) qui nous a demandé un objet animé pour montrer à ses patients, de manière compréhensible et rassurante, les inter ventions chirurgicales qu'il leur propose. Après, j'ai un rendez-vous avec un gérant d'une banque qui veut une maquette pour son lobby, on a des amis qui nous ont appelés pour qu'on fasse des objets pour leur mariage, une entreprise qui nous a contactés pour une maquette de leurs objets à présenter dans une exposition indus trielle… Pour l'instant, nous n'avons pas encore fait de pub, et nous sommes bookés jusqu'à la fin de l'année. »

S'agit-il d'un univers essentiellement « Non,masculin ?ily a énormément de femmes, de filles… C'était masculin, je dirais, jusque dans les années 2000. Il y a eu ensuite quelques tentatives de la part de Lego de modifier l'aspect des figurines pour les rendre un peu plus “féminines” et faire du “Lego pour filles”. Mais aujourd'hui, dans les sets labellisés “pour filles” on trouve des choses comme un magasin de mécanique, un théâtre, un bateau… et vous avez des figurines de femmes dans des séries comme celle des cascadeurs à moto, qui peuvent parler à une petite fille comme à un petit garçon. Les gens que je connais et qui sont dans le Lego sont de tout âge et de tout sexe. Dans “Lego Masters” il y avait 4 concurrentes sur 16 personnes, dont une qui est arrivée en finale et qui a été recrutée par la société d'un des juges de l'émission pour y travailler comme maître constructrice. »

Les autres rendez-vous de la semaine Lego à la BM Servette Atelier Me 7.12 / 10h Atelier deLego« Robotiquenumérique/WeDo—Lelanceurtoupie » → BM Servette ○ Jeune public 5-8 ans △ Atelierservette.bmu@ville-ge.chInscription :Me7.12 / 14hAteliernumérique« Robotique/LegoMindstorms—Letournoi » → BM Servette ○ Jeune public 8-12 ans △ ProjectionFilmservette.bmu@ville-ge.chInscription :Sa10.12 / 17h15dufilm La Grande Aventure Lego (The Lego Movie, 2014) → BM Servette ○ Tout public △ servette.bmu@ville-ge.chInscription :47Enjeu

Qu'est-ce qui vous a surpris le plus dans ce parcours télévisuel ?

« La plus grande surprise, c'était l'après, lorsque nous sommes rentrés, que le résultat a été dévoilé et que des milliers de personnes se sont manifestées pour nous dire : “Vous nous avez apporté des moments de bonheur chaque semaine dans cette période diffi cile” : c'était en effet l'époque des confinements Covid… Ensuite, nous avons été invités à des conventions Lego où nous avons passé des jours entiers à faire des dédi caces. Plus jeune, j'avais été avec ma chérie à beau coup d'événements du genre Polymanga pour voir des youtubeurs et des artistes célèbres. Là, tout à coup, ça s'inversait, c'est nous qui étions les stars… Vous m'au riez dit ça il y a une année, j'aurais trouvé inimaginable. »

Les bébés lisent aussi Zéro : aussi surprenant que cela puisse paraître, c'est l'âge à partir duquel on peut plonger dans la lecture. « La première fois que j'ai pu le constater de mes yeux, je venais d'arriver aux Bibliothèques municipales et on m'avait dit : il faut aller voir à la bibliothèque de SaintJean, il y a des séances “Lire avec bébé”. J'ai été émerveillée de voir des parents qui étaient là avec un nouveau-né, couché, en train de babiller… Je sais aujourd'hui à quel point il s'agit d'une nourriture essentielle, de quelque chose de fondamental qu'on fait germer pour la suite : ce sont les prémisses d'un lien durable entre les enfants et les bouquins », note Olivia Cupelin, coordinatrice de la médiation culturelle pour le jeune public aux BM.

« On peut lire ce qu'on veut aux bébés et en faire des moments de plaisir, mais lors des séances “Lire avec bébé”, je présente les documents les plus appro priés qu'on peut trouver et emprunter à la bibliothèque. Des livres en noir et blanc conçus pour les enfants de moins de six mois, qui perçoivent les contrastes mais ne voient pas encore les couleurs. Des livres qui brillent la nuit, à raconter dans l'obscurité avec juste une petite veilleuse. Des livres accordéons, à regarder à quatre pattes. Des comptines. Des récits qui accompagnent les enfants dans leur développement, qui parlent Les enfants en bas âge ont une très forte curiosité spontanée pour les livres et pour l’écrit. Ce phénomène, toujours étonnant mais désormais bien étudié, ouvre un univers de possibilités que les BM explorent dans leurs rendez-vous « Lire avec bébé » Photos : Lisa Frisco

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que si on vit ce rituel de plaisir en lien avec la lecture, si on connaît dès le plus jeune âge cette sorte de câlin avec le livre, on gardera probablement toujours cette relation avec le bouquin en tant qu'ob jet qui fait du bien. On aura beau ensuite décrocher par moments, en cessant par exemple de lire pendant l'adolescence, on finira par y revenir plus tard. Il s'agit donc de promouvoir la lecture comme plaisir avant qu'elle ne devienne une obligation dans le cadre de l'apprentissage scolaire. Ce qu'on remarque, c'est en effet que les enfants d'âge préscolaire ont tous et toutes la même curio sité, la même envie d'écouter et de découvrir un livre et une histoire [lire l'encadré]. Après, si on ne leur met pas des livres dans les mains entre 0 et 4 ans, un écart peut apparaître et se creuser, et au moment où l'ap prentissage de la lecture commence à l'école, on verra probablement des enfants qui lisent et des enfants qui ne lisent pas… L'encouragement précoce à la lec ture peut donc faciliter l'apprentissage et être un bon investissement pour lutter contre l'échec scolaire. En m'adressant aux parents, j'essaie de leur dire : ce que vous faites là n'a peut-être l'air de rien, mais c'est un grand cadeau à votre enfant pour la suite. »

Les bébés qui faisaient alors leur immersion dans le monde des livres ont aujourd'hui 13 ans, et d'autres ont pris le relais dans des rendez-vous « Lire avec bébé » qui se sont démultipliés entre-temps dans différentes bibliothèques du réseau. Chaque bibliothécaire a sa façon particulière de mener ces séances, articulées généralement en des séries de trois rendez-vous, pour que les liens au sein du groupe puissent se nouer et les échanges se développer. À la BM Cité, c'est la média trice culturelle Elena Gilardoni qui embarque enfants et parents dans l'univers du livre. Pourquoi les BM invitent-elles à « lire avec « L'idée,bébé » ?c'est

Quels livres lit-on avec des bébés ?

Soutenu par la Confédération (Office fédéral de la culture), mis en œuvre à travers un partenariat entre les bibliothèques, les professionnel-le-s de la santé et de la petite enfance et les librairies de Suisse, Né pour lire a créé un coffret distribué gratuitement dans les bibliothèques, crèches et associations participant au projet, comprenant deux albums pour enfants (avec traduction en 30 langues disponible en ligne sur nepourlire ch) ainsi qu'un livret en 16 langues (également disponible en ligne) qui suggère aux parents la manière d'accompagner leurs enfants dans le monde du livre et de la lecture, en fonction de leur âge.

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« Né pour lire », un projet fédéral en 30 Leslanguesrendez-vous « Lire avec bébé » s'inscrivent dans le cadre du projet national Né pour lire, lancé en 2008 par la fondation Bibliomedia Suisse (vouée au développement des bibliothèques et la promotion de la lecture) et par l'Institut suisse Jeunesse et Médias (ISJM), centre de recherche, de documentation et de consultation dans le domaine de la littérature et des médias pour les jeunes.

Dans les années 1980, cette décou verte est développée et diffusée large ment en francophonie par la psychiatre Marie Bonnafé, co-fondatrice en 1982 de l'association ACCES (Actions culturelles contre les exclusions et les ségrégations) et auteure de l'ouvrage de référence Les livres, c'est bon pour les bébés (CalmannLevy, 1994). Voici ce qu'elle écrit dans un de ses premiers textes sur le sujet, publié en 1987 dans La Revue des livres pour enfants : « Nous constatons que la curiosité des enfants est très vive à cet âge [de 0 à 3 ans], ce qui surprend sou vent les adultes. Ils feuillettent les pages, s'arrêtent sur le graphisme, attentifs au dessin, aux lettres, aux couleurs, en même temps qu'ils associent dans leur esprit tous ces signes avec l'histoire entendue » Marie Bonnafé et l'association ACCES sont parmi les forces inspiratrices du pro jet suisse Né pour lire (voir page précé dente), dans le cadre duquel les BM ont développé «Lire avec bébé». .

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Si on résume : peu importe la langue, l'important, c'est la lecture… Et en fait, peu importe la lecture au sens strict : même s'il n'y a que des images sans texte, l'important, c'est l'objet livre et la parole qui «L'accès,l'accompagne…trèstôt,à des livres diversifiés tant par leurs textes que par leurs images permet aussi aux enfants de développer leur sens esthétique, de forger leur goût, d'amplifier leur vocabulaire. En leur racontant des histoires, on aide les enfants à avoir les mots pour se dire et pour dire le monde. »

En lignegenevebm.com/lire-avec-bebegenevebm.com/livres-petite-enfance-famillesgenevebm.com/prix-ptits-momes

Une Lescuriositéétonnantespontanéeenfantsenbasâge,quel que soit leur milieu social et familial, ont un fort élan de curiosité spontanée pour les livres et pour l'écrit. Ce phénomène surprenant est exploré une première fois par Emilia Ferreiro, chercheuse argentine qui réalise en 1970 sa thèse de doctorat à l'Univer sité de Genève sous la direction de Jean Piaget (et qui revient s'exiler en Suisse en 1977, suite au coup d'État qui réinstaure la dictature militaire dans son pays).

d'elles et d'eux, de leurs vies, de leur quotidien. Mais surtout des histoires qui provoquent des émotions, des histoires drôles par exemple. J'aime raconter une histoire qui fait rire les parents et observer les réactions des bébés. Je me dis que si les enfants partent avec quelque part dans leur tête l'idée que les livres font du bien, c'est gagné ! Je présente toujours aussi les Livres des saisons de Rotraut Suzanne Berner, des albums sans texte très riches en détails, qu'on peut raconter comme on veut, selon l'âge et les intérêts des enfants, et surtout dans la langue qu'on parle à la maison. J'insiste, à ce pro pos, sur le fait que plus un-e enfant maîtrise sa langue maternelle, plus l'apprentissage du français lui sera facile. Il n'est donc pas forcément nécessaire de lire en français à la maison, et si les parents ne trouvent pas de livres dans leur langue maternelle, on peut toujours éveiller les enfants au récit par d'autres biais, en leur racontant des histoires oralement, ou en leur montrant des photos de familles et en les commentant… »

Une constellation de rendez-vous variés Aux Bibliothèques municipales, l'offre de livres pour la petite enfance est accom pagnée de rendez-vous variés. Parmi ceux-ci, on trouve les séances « Lire avec bébé », qui au cours du second semestre 2022 ont lieu aux bibliothèques de la Cité, de Saint-Jean et des Pâquis, mais égale ment hors murs, pour aller à la rencontre des familles qui ne fréquentent pas les bibliothèques.Lapalette de rendez-vous inclut également les accueils de crèches , la semaine Livres, petite enfance et familles, les séances « Lire et relire » (dès 3 ans, les premiers samedis du mois à 11h à la BM Cité) et le Prix P'tits Mômes. Ce dernier est l'une des très rares récompenses lit téraires à être décernées par des enfants de 2 à 4 ans, qui délibèrent et votent au sein des structures d'accueil de la petite enfance, de l'Hôpital des enfants et des Bibliothèques municipales… Nous en par lerons dans un des prochains numéros de Nota

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Empruntant un mot à la terminologie du jardinage, on dit qu’un livre (ou un autre document des

EtMaisleslorsqu’ilbibliothécaires)collectionsest« désherbé »quittedéfinitivementrayonnages.oùs’enva-t-il ?pourquoi ?

L'adieu aux rayons, le début d'une deuxième vie

Attention, les lignes qui suivent pourraient vous cho quer. Un livre, aux BM, ce n’est pas pour toujours: le moment arrive, plus ou moins inévitablement, où il est chassé des rayons. Un CD ou un DVD (un « docu ment », de manière générale, comme on dit en langue bibliothécaire), c’est pareil. Leur chemin bibliothécaire a un début1, mais aussi une fin. Empruntant un mot à la terminologie du jardinage, le processus qui conduit à cette disparition est appelé « désherbage ».

« En francophonie, c’était d’abord considéré comme quelque chose d’un peu honteux », relève Valérie Bonferroni, responsable de l’Unité de gestion des collections des BM (UGESCO). Le terme et la réflexion qui l’accompagne viennent des pays anglo phones, où on désherbe dès les années 1960 sous l’appellation de weeding out. Les pays francophones s’y mettent dans les années 1980. « Honteux » pourquoi, en fait ? « L’idée qu’on met trait un livre à la poubelle, c’est traumatisant, tant pour les bibliothécaires que pour le public, qui nous demande souvent ce qu’on fait des documents que

«Désherbage»

Photos: Lisa Frisco

nous retirons des collections », note Virginie Rouiller, responsable de la bibliothèque de la Cité. Mais la pou belle, en vrai, n’est pas la destination des désherbés. « À partir de 2016, nous avons mis en place, dans toutes les bibliothèques du réseau, une vente annuelle des documents sortis des rayons (prévue pour le 17 sep tembre cette année). Donc non, on ne les jette pas : on leur donne une deuxième chance et une deuxième vie, en les proposant au public au prix de 2 francs pièce dans le cadre d’un événement qui prend un aspect très festif », précise Dominique Beltrami, responsable des BM de quartier. « Ceci permet aux bibliothécaires de désherber le cœur plus léger », constate Valérie Bonferroni.Maispourquoi fait-on une chose pareille ?

« À ce propos, la rénovation de la bibliothèque des Minoteries a été un choc salutaire dans notre réseau », relève Dominique Beltrami. Un choc comment ? « C’était la première fois qu’on voyait une bibliothèque avec des étagères basses, où le public n’était pas pris dans un labyrinthe de hauts rayons. J’ai entendu les réactions de plusieurs collègues qui remarquaient que les livres sur des étagères moins remplies font plus envie, qu’il y a un souffle, qu’on respire… Du coup, tout le monde réalise que le désherbage n’est pas forcément lié à la

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« Autrefois, avant l’introduction de cette pratique, l’idée était de stocker sans forcément penser à maintenir une collection attractive », reprend Valérie Bonferroni. Aujourd’hui, « on considère que la collec tion d’une bibliothèque de lecture publique (qui n’a pas de mission de conservation, contrairement aux bibliothèques scientifiques ou patrimoniales, comme la Bibliothèque de Genève) doit s’arrêter à un certain volume. Sinon, les documents se retrouvent coincés dans les rayons, noyés dans la masse, ce qui ne suscite pas leur emprunt. La collection doit aussi être rafraîchie et actualisée pour refléter l’évolution du savoir et de la culture, plutôt que développée indéfiniment au risque de proposer au public une offre vieillissante. » Suivant les normes de l’association Bibliosuisse2, qui regroupe les bibliothèques du pays, les rayons des BM devraient compter deux documents par habitant-e-s, soit un total de 500’000 en tenant compte de la population desservie. Avec 601’000 documents à la fin de 2021, le réseau est actuellement plus proche des normes fran çaises, mais un mouvement de légère baisse « maîtri sée et raisonnée » est en cours. Alors qu’est-ce qu’on vire?

Alors allons-y : qu’est-ce qu’on vire ? « Il y a des critères. On utilise tout d’abord la méthode IOUPI », explique Valérie Bonferroni. L’acronyme, adapté d’un modèle développé aux États-Unis sous le nom de CREW, désigne cinq grands principes pour identifier les documents à désherber. « Le I signifie “incorrect” : il concerne un document dont il s’avère qu’il contient une fausse information, par exemple dans un domaine tel que la médecine, suite à de nouvelles découvertes. »

place disponible, mais que c’est une nécessité pour la gestion et la mise en valeur des collections. » Cette approche plus aérée correspond par ailleurs au souhait de laisser davantage d’espace pour les usager-e-s et pour la programmation culturelle.

n°3nota 2022/2023septembre – janvierEn54 coulisses

Vient ensuite le O : « ordinaire, superficiel, médiocre ». Qu’est-ce à dire ? « Un best-seller démodé, par exemple. Ou un livre sur un sujet qui a été à la mode pendant un moment comme le hygge, un concept de bien-être nordique sur lequel il y a eu tout à coup plé thore d’ouvrages, puis ça a passé… On va peut-être garder un livre de référence là-dessus, et désherber les autres » Poursuivons.. Que signifie le U ? « Usé, défraîchi, irréparable. C’est la dégradation qui touche les docu ments très empruntés, abîmés par l’usage, notamment dans les collections jeunesse. Max et Lili, on en rachète par wagons. Les mangas aussi, ça se désherbe tout seul. Pour les documents audiovisuels, CD et DVD, c’est également leur état physique qui est souvent déter minant. » Le P ? « Périmé, contenant des informations obsolètes. Par exemple des guides de voyage sur la Yougoslavie ou sur la Russie. » Le deuxième I, pour terminer, signifie « inapproprié par rapport au type de bibliothèque, par exemple trop pointu, trop spécialisé, tropC’esttechnique ».tout ?« À côté de ces critères, on considère l’ancienneté du document. L’âge critique dépend du domaine : 5 ans pour un livre d’informatique, 10 pour un roman, un album jeunesse ou une BD, 15 pour les livres d’art ou les encyclopédies… Et on prend également en compte le nombre d’années sans prêt, ainsi que le taux de rotation, c’est-à-dire le nombre de prêts par an, pour lequel Bibliosuisse préconise un taux moyen de 3,5 par exemplaire. »

2 En ligne ici : genevebm.com/bibliosuisse-lignes-directrices.

Il existe enfin des ouvrages qu’on s’accorde pour juger irremplaçables. « Du moins en termes de contenu », précise Valérie Bonferroni. On évalue dans ce cas leur « niveau de pérennité » : « La catégorie A est celle des classiques, des ouvrages de référence, des incontournables… qui peuvent être, eux aussi, désher bés et remplacés par des éditions plus récentes, parce que le graphisme, la typographie et l’iconographie ont évolué aussi. La catégorie B est celle du “contenu équi valent” : on remplace un document par un autre plus récent qui couvre le même domaine. Le C correspond à un “contenu éphémère”, aux effets de mode comme on en trouve par exemple dans le domaine du déve loppement personnel. » Ce classement s’appuie sur un terrain mouvant. « Un-e responsable de bibliothèque pourrait dire par exemple : “Je ne veux plus de Tintin, c’est considéré comme un classique, mais c’est un texte obsolète, raciste, misogyne, et il ne figurera plus dans ma bibliothèque de lecture publique” », remarque Virginie Rouiller. Le désherbage avance ainsi dans un équilibre par fois serein, parfois tendu, parfois confortable, parfois funambule, entre les critères objectifs et les décisions individuelles. « Lorsqu’un-e bibliothécaire met en place une collection, c’est une construction intellectuelle qui ressemble à sa manière de penser et de voir le monde, note Dominique Beltrami. Sous cet angle-là, éliminer des bouts de collection revient presque à s’arracher des bouts de cerveau…. Actuellement, nous sommes en train de dépersonnaliser un peu ce processus, de rendre la constitution des collections moins identi taires. Et nous constatons désormais que le désher bage fait moins mal. » de livres Toutes les BM (selon leurs horaires habituels) Tout public

1 Lire « Voyage d’un livre. D’une naissance ordinaire à une vie bibliothécaire, dans le N° 1 du magazine Nota (en ligne : genevebm.com/nota-01-voyage-livre).

Événement Sa 17.09 Vente

55 En coulisses

Une bibliothèque sait-elle tout sur tout ? Et ensuite ? « Sur la base de ces critères, on éta blit des listes de candidats au désherbage, qui sont transmises aux bibliothécaires et qui ont valeur de recommandations », poursuit Valérie Bonferroni. Au-delà des normes chiffrées et des paramètres IOUPI, le processus entre ainsi sur le terrain des questions ouvertes. « Une notion qui a eu beaucoup de poids aux BM est celle d’”encyclopédisme”, selon laquelle nous devrions avoir quelque chose sur chaque sujet », signale à ce propos Virginie Rouiller. De plus en plus, ce principe suscite des questions : « Il y a par exemple une discussion en cours sur les livres de géographie, un domaine où il n’y a quasiment plus de publications, où il y a très peu de prêts et où pour chercher des infor mations actualisées, le public passe essentiellement par Internet. Par souci encyclopédique, nous avions acquis la dernière série exhaustive disponible sur le marché francophone, comprenant un volume pour chaque pays du monde. Mais elle est médiocre et va être prochainement désherbée. »

○→L’autredeL’Heure18hSeptembreJe1.9RencontreducoupcœurclublittéraireBMServetteAdultes △ 18hInscriptionservette.bmu@ville-ge.ch30 Atelier Mauvais genres — Atelier d’écriture avec Anne ○→photoDétournementPitteloudderomanceBMSaint-JeanAdultes △ 11hInscriptionbmgeneve.agenda.chSa3.9 Lecture Lire et relire Pour le plaisir de partager → BM Cité / Le Tronc commun (2e) ○ Petite enfance, dès 3 ans △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.ch Atelier Le mystérieux objet de Atelierl’amourroman-photo avec Dorothée Thébert et Flippo ○→FilligerBMJonctionToutpublic △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.ch30 Atelier Super z’animos ! Atelier de linogravure avec Justine Garnier → BM Cité / Salle de conférence 2ème ○ Jeune public, dès 8 ans △ Inscriptionbmgeneve.agenda.ch Me 7.9 10h Lecture Lire avec bébé Des pages de plaisirs partagés → BM Pâquis ○ Petite enfance, 0-2 ans △ 10hInscriptionpaquis.bmu@ville-ge.ch30 Lecture Pirouette Cacahuète Au bonheur des mots pour les tout-petit-e-s → BM Eaux-Vives ○ Petite enfance, 0-4 ans 15h30 Numérique /atelier Création d’un jeu Atelierd’arcadejeuvidéo avec Marion →BareilBM Cité / Espace le 4e ○ Jeune public, dès 8 ans △ 09hInscriptionbmgeneve.agenda.chMe14.950 Lecture Lire avec bébé Des pages de plaisirs partagés → Hors-Murs : Ludothèque des Pâquis, r. de Berne 50 ○ Petite enfance, 0-2 ans 15h Lecture Un livre, toi et moi Les lectures du mercredi → BM Servette ○ Petite enfance, dès 4 ans 15h30 Numérique /atelier Crée un dessin avec une machine à points Atelier robotique avec →FuturekidsBMCité/ Espace le 4e ○ Jeune public, 5-8 ans △ Inscriptionbmgeneve.agenda.ch Ve 16.9 10h ○→VernissageGALAXIE18h○→desetNavigationsPopHypercityNumérique/hors-murs–Genèveurbainesenclipsensons–DéploiementparcoursHors-mursetsurhypercity.chToutpublic,dès12ans30ExpoPOPBMCité/LeMultiToutpublic △ Inscription (pour le PartageonsAutour10hjusqu’auL’expositionbmgeneve.agenda.chvernissage)estouverteSa24.06.2023.Ma20.9Rencontredeslivresnoslectures→BMEaux-Vives○Toutpublic,dès16ans △ ○→HommagePop’scope18hInscriptioneauxvives.bmu@ville-ge.ch30ProjectionauxfilmspopBMEaux-VivesAdultes △ ○→JustineAtelierSuper15h○→20Mobilité10hInscriptioneauxvives.bmu@ville-ge.chMe21.9RencontredouceenfêteansdeGenèverouleBMServetteToutpublicAtelierz’animos !delinogravureavecGarnierBMSaint-JeanJeunepublic,dès8ans △ 15hInscriptionbmgeneve.agenda.chNumérique /atelier →leDetonFabriquecyanotypelaphotographieavecFablabOnl’FaitBMCité/Espacele4 e ○ Jeune public, dès 10 ans △ Inscriptionbmgeneve.agenda.chAgenda2022Automne—hiverPourplusd’informationssurtouscesrendez-vous: institutions.ville-geneve.ch/fr/bm/agenda56

Je 22.9 17h Rencontre Et toi tu lis quoi ? Viens en parler, en discuter ou juste écouter → BM Saint-Jean ○ Jeune public, ados dès 12 ans Ve 23.9 20h30 Événement Forêts urbaines Un mapping à haute voix → Hors-Murs : Bureau culturel, r. de Berne 63 ○ Tout publicSa 24.9 10h30 Atelier Super z’animos ! Atelier de linogravure avec Justine Garnier → BM Eaux-Vives ○ Jeune public, dès 8 ans △ 11hInscriptionbmgeneve.agenda.ch Atelier Les super-pouvoirs de ma carte de bibliothèque → BM Cité / Espace le 4e ○ Adultes △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.ch Concours «L’expo dont tu es le héros»… aux Pâquis ! Concours photo → BM Pâquis ○ Tout public △ Envoi des photos (jusqu’au Ve 14hpaquis.bmu@ville-ge.ch28.10)Jeux vidéo Compèt’ de manettes La Bibliothèque des Pâquis et le Bureau culturel sont à ○→vousHors-MursToutpublic, dès 7 ans 14h Numérique /atelier Apprendre les langues avec son smartphone → BM Cité / Espace le 4e ○ Adultes △ Inscriptionbmgeneve.agenda.ch 15h Spectacle La naissance du Hip-hop racontée aux personnes du 3ème âge Conférence gesticulée de Laurent Pierredon et Alexandre Bordier → BM Cité / Le Multi ○ Tout public △ 15hInscriptionbmgeneve.agenda.chMe28.9Numérique /atelier Atelier DJing avec Ka(ra)mi → BM Cité / Espace le 4e ○ Tout public, dès 10 ans △ 10hInscriptionbmgeneve.agenda.chJe29.9 Atelier Lire avec bébé Des pages de plaisirs partagés → BM Saint-Jean ○ Petite enfance, 0-2 ans △ 18hInscriptionsaintjean.bmu@ville-ge.chou0224189201Expo(jusqu’au Sa LaLa24.12.2022)bûcheculturepar le fanzine → BM Saint-Jean ○ Tout publicVe 30.9 16h30 Atelier Pop broderie → BM Jonction ○ Tout public, dès 10 ans △ ○→bibliothèque !AutomneClementsau« La18hInscriptionjonction.bmu@ville-ge.chou022418971030ProjectionPlanètetrésor »,filmdeRon(2002)steampunkàlaBMMinoteriesToutpublic,dès8ans △ Inscriptionminoteries.bmu@ville-ge.ch OctobreSa1.10 10h30 Rencontre ○→AvectesDélivre-moisecretsNobBMEaux-VivesJeunepublic,dès 7 ans △ 11hInscriptionbmgeneve.agenda.ch Lecture Lire et relire Pour le plaisir de partager → BM Cité / Le Tronc commun (2e) ○ Petite enfance, dès 3 ans △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.ch Atelier ○→deAtelierRadioh !decréationpodcastsradiophoniquesBMPâquisToutpublic △ ○→NeodeMusiqueKa(ra)miDiscussion15hInscriptionpaquis.bmu@ville-ge.ch30RencontreentreetEvitaKonéetprocessuscréation :Hip-hop,RnB,soulBMCité/LeMultiToutpublic △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.chMa4.1030 Jeu Voyage au Centre de la Bibliothèque Un jeu de piste insolite → BM Minoteries ○ Tout public, enfants accom pagné-e-s ou seuls dès 8 ans Me 5.10 10h Lecture Lire avec bébé Des pages de plaisirs partagés → BM Pâquis ○ Petite enfance, 0-2 ans △ 10hInscriptionpaquis.bmu@ville-ge.ch30 Lecture Pirouette Cacahuète Au bonheur des mots pour les tout-petit-e-s → BM Eaux-Vives ○ Petite enfance, 0-4 ans 14h Atelier auInitiationsongwriting avec Evita Koné → BM Cité / Le Multi ○ Tout public, dès 15 ans △ 15hInscriptionbmgeneve.agenda.chJeux vidéo Jeux vidéo aux ○→UltimateTournoiMinoteriesNarutoShippudenNinjaStorm4BMMinoteriesToutpublic,dès12ans △ ○→BaladeurbainesRécolte17hInscriptionminoteries.bmu@ville-ge.ch30Rencontre/atelierdegrainesjardinièreHors-Murs :danslequartierdeSt-JeanToutpublic,dès6ans △ ○→L’autredeL’Heure18hInscriptionsaintjean.bmu@ville-ge.chJe6.10RencontreducoupcœurclublittéraireBMServetteAdultes △ →CatherineRencontreBMsonlaCorps19hInscriptionservette.bmu@ville-ge.chRencontreenébullition :BDérotiquefaitentréeàlaCitéavecGasserBMCité/Espacele4 e ○ Adultes △ Inscriptionbmgeneve.agenda.ch Sa 8.10 09h30 Atelier Atelier pop art 1/2 Sérigraphie sur T-shirt avec Christian Humbert-Droz → BM Jonction ○ Jeune public, dès 8 ans △ Inscription02241897 12 10h30 Atelier Mauvais genres — Atelier d’écriture avec Anne Pitteloud Roman du terroir → BM Minoteries ○ Adultes △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.ch Atelier Do ré mi — Fabrique ta propre bande son de jeux vidéo ! → BM Cité / Espace le 4e ○ Tout public △ 09hInscriptionbmgeneve.agenda.chMe12.1050 Lecture Lire avec bébé Des pages de plaisirs partagés → Hors-Murs : Ludothèque des Pâquis, r. de Berne 50 ○ Petite enfance, 0-2 ans 14h Événement Les ludothèques à la bibliothèque Une après-midi jeux → BM Saint-Jean ○ Tout public 15h Numérique /atelier Mon premier site web Avec Futurekids → BM Cité / Espace le 4e ○ Jeune public, 12-16 ans △ 19hInscriptionbmgeneve.agenda.chRencontre Zwang / Simone et moi Avec Simone F. Baumann, Martin de Halleux et Thomas →OttBM Cité / Le Multi ○ Adultes △ Inscriptionbmgeneve.agenda.chAgenda57

Je 13.10 17h Rencontre Et toi tu lis quoi ? Viens en parler, en discuter ou juste écouter → BM Saint-Jean ○ Jeune public, ados dès 12 18hans30 Conférence The Walking Dead Monde des mort-e-s et ○→mort-e-s-vivant-e-sBMMinoteriesAdultes,dès18ans △ ○→ChristianSérigraphieAtelier09hInscriptionminoteries.bmu@ville-ge.chSa15.1030Atelierpopart2/2surT-shirtavecHumbert-DrozBMJonctionJeunepublic,dès8ans △ Inscription02241897 12 10h Événement La bibliothèque de la Servette fête ses 60 →ansBM Servette ○ Tout public 14h Atelier ○→deAtelierRadioh !decréationpodcastsradiophoniquesBMPâquisToutpublic △ 16hInscriptionbmgeneve.agenda.ch Contes Le Petit Prince  ○→Avecded’AntoineSaint-ExupéryPhilippeCampicheBMServetteToutpublic,dès7ans △ Inscriptionbmgeneve.agenda.ch Me 19.10 11h Projection auxHommagePop’scopedessinsanimés pop → BM Minoteries ○ Tout public dès 7 ans △ →AvecDes14hInscriptionminoteries.bmu@ville-ge.chNumérique/atelierombrescoloréesleFabLabOnl’FaitBMCité/Espacele4 e ○ Jeune public, dès 10 ans △ ○→auxHommagePop’scope15hInscriptionbmgeneve.agenda.chProjectiondessinsaniméspopBMMinoteriesToutpublic,dès7ans △ ○→HommagePop’scope17hInscriptionminoteries.bmu@ville-ge.chProjectionauxfilmspopBMMinoteriesAdultes △ ○→ExplosionsL’AJAR19hInscriptionminoteries.bmu@ville-ge.chPerformancePOP !théâtralesBMEaux-VivesAdultes △ ○→d’EllenUnemusiquemusiqueLes19hInscriptionbmgeneve.agenda.chJe20.10ConférencesillonsdelaPop :commerciale,superficielle ?conférenceenvinylesIchtersBMCité/LeMultiAdultes △ Inscriptionbmgeneve.agenda.ch Sa 22.10 10h Atelier ○→deAtelierRadioh !decréationpodcastsradiophoniquesBMEaux-VivesToutpublic △ Inscription02241837 70 11h Atelier Les super-pouvoirs de ma carte de bibliothèque → BM Cité / Espace le 4e ○ Adultes △ 13hInscriptionbmgeneve.agenda.chNumérique →visuelleAtelierMemory-Contact/atelierdeprogrammationBMCité/Espacele4 e ○ Tout public, dès 8 ans △ ○→PartageonsAutour10hInscriptionbmgeneve.agenda.chMa25.10RencontredeslivresnoslecturesBMEaux-VivesToutpublic,dès16ans △ →UneSplatoon11hInscriptioneauxvives.bmu@ville-ge.chMe26.10Jeuxvidéo3découvertejeuvidéoBMCité/Espacele4 e ○ Tout public △ 15hInscriptionbmgeneve.agenda.ch Lecture Autour du feu Les lectures du mercredi → BM Servette ○ Petite enfance, dès 4 ans 15h30 Atelier Deviens mangaka ! Apprends à dessiner ton propre personnage manga → BM Pâquis ○ Jeune public, dès 8 ans △ 15hInscriptionpaquis.bmu@ville-ge.ch30Jeux vidéo Splatoon 3 Une découverte jeu vidéo → BM Cité / Espace le 4e ○ Tout public △ Inscriptionbmgeneve.agenda.ch 18h30 Atelier Deviens mangaka ! Apprends à dessiner ton propre personnage manga → BM Pâquis ○ Tout public, dès 12 ans △ 10hInscriptionpaquis.bmu@ville-ge.chJe27.10 Atelier Lire avec bébé Des pages de plaisirs ○→partagés…BMSaint-JeanPetiteenfance, 0-2 ans △ →UneÀ11hInscriptionsaintjean.bmu@ville-ge.chou0224189201Numérique/atelierdeuxc’estmieux ?découvertejeuvidéoBMCité/Espacele4 e ○ Tout public △ 15hInscriptionbmgeneve.agenda.ch30Numérique /atelier À deux c’est mieux ? Une découverte jeu vidéo → BM Cité / Espace le 4e ○ Tout public △ Inscriptionbmgeneve.agenda.ch Ve 28.10 10h Atelier ○→deAtelierRadioh !decréationpodcastsradiophoniquesBMCité/EspaceMusiqueToutpublic △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.ch30 Atelier ○→deAtelierRadioh !decréationpodcastsradiophoniquesBMCité/EspaceMusiqueToutpublic △ 16hInscriptionbmgeneve.agenda.ch30 Atelier Pop broderie → BM Jonction ○ Tout public, dès 10 ans △ 14hInscriptionjonction.bmu@ville-ge.chou0224189710Sa29.10 Atelier ○→deAtelierRadioh !decréationpodcastsradiophoniquesBMCité/EspaceMusiqueToutpublic △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.chRencontre /atelier Il y a fort Initiationlongtemps…fortauxjeux d’épées et de sabres laser → BM Servette ○ Tout public, dès 8 ans △ Inscriptionservette.bmu@ville-ge.ch Agenda

○→DesLire10h○→dureçuesAccrochagele«L’expo14hNovembreMa1—Me30.11Expositiondonttueshéros»…auxPâquis !desimagesdanslecadreconcoursphotoBMPâquisToutpublicMe2.11LectureavecbébépagesdeplaisirspartagésBMPâquisPetiteenfance,0-2ans △ 10hInscriptionpaquis.bmu@ville-ge.ch30 Lecture Pirouette Cacahuète Au bonheur des mots pour les tout-petit-e-s → BM Eaux-Vives ○ Petite enfance, 0-4 ans 15h Numérique /atelier Des supers-hérosïnes aux Créationmultiples !choixd’unjeuvidéo narratif avec Marion Bareil → BM Cité / Espace le 4e ○ Jeune public, dès 8 ans △ ○→nouveauxVulgarisationla« Dis18hInscriptionbmgeneve.agenda.ch30RencontreHeidi,c’estpopscience ? »scientifique&formatsBMSaint-JeanToutpublic,dès14ans △ ○→L’autredeL’Heure18hInscriptionsaintjean.bmu@ville-ge.chJe3.11RencontreducoupcœurclublittéraireBMServetteAdultes △ 18hInscriptionservette.bmu@ville-ge.ch30Jeux vidéo Jeux vidéo aux ○→BastonMinoteriesàlabibliothèque !BMMinoteriesAdultes,dès16ans △ Inscriptionminoteries.bmu@ville-ge.ch 19h Conférence Histoire de la poprock des années 50 à Conférenceaujourd’huimusicale avec Hervé Guilleminot → BM Cité / Le Multi ○ Adultes △ 10hInscriptionbmgeneve.agenda.chSa5.11Projection Supa Modo, film de Likarion Wainaina La(2019)séance du samedi, matinée →super-héro-ïne-sBMJonction,puis Cinélux ○ Tout public, dès 8 ans △ Inscription02241897 12 11h Lecture Lire et relire Pour le plaisir de partager → BM Cité / Le Tronc commun (2e) ○ Petite enfance, dès 3 ans △ ○→deSpectacleauxDesMon11hInscriptionbmgeneve.agenda.chSpectacleAragon–abbéesfollesannéespopmusicalVéroniquePestelBMEaux-VivesAdultes,dès13ans △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.chou0224183770 Atelier Le mystérieux objet de Atelierl’amourroman-photo avec Dorothée Thébert et Flippo ○→FilligerBMPâquisToutpublic △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.chNumérique /atelier Google Detox Atelier de sensibilisation aux données personnelles et à la recherche d’information en ligne → BM Cité / Espace le 4e ○ Adultes △ Inscriptionbmgeneve.agenda.ch 14h30 Conférence Les grandes figures de la pop et du rock Conférence musicale en mode storytelling  avec Hervé →GuilleminotBMCité/ Le Multi ○ Tout public, dès 10 ans △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.chDi6.1130 Atelier Auto-Tune — La voix Atelierd’aujourd’huimusicalavec Alain Frey → BM Cité / Le Multi ○ Jeune public, dès 10 ans △ 09hInscriptionbmgeneve.agenda.chMe9.1150 Lecture Lire avec bébé Des pages de plaisirs partagés → Hors-Murs : Ludothèque des Pâquis, r. de Berne 50 ○ Petite enfance, 0-2 ans 15h30 Numérique /atelier Combat de robots Avec Futurekids → BM Cité / Espace le 4e ○ Jeune public, 8-12 ans △ 18hInscriptionbmgeneve.agenda.chJe10.1130 Atelier Mauvais genres — Atelier d’écriture avec Anne Pitteloud Le jour d’après → BM Pâquis ○ Adultes △ ○→Rencontre1920-2020deLaPOP19hInscriptionbmgeneve.agenda.chRencontreCORNER :grandehistoirelapop-cultureavecHubertArtusBMCité/LeMultiAdultes △ Inscriptionbmgeneve.agenda.ch Ve 11.11 18h30 Contes Le Petit Prince ○→Avecded’AntoineSaint-ExupéryPhilippeCampicheBMMinoteries,puisEspacedequartierToutpublic,dès7ans △ 10hInscriptionbmgeneve.agenda.chSa12.11 Atelier ○→atelierdeLe14h○→deAtelierRadioh !decréationpodcastsradiophoniquesBMEaux-VivesToutpublicAteliermystérieuxobjetl’amourroman-photoBMServetteToutpublic △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.ch30Rencontre /atelier Délivre-moi tes AvecsecretsCédric Ramadier et Vincent Bourgeau → BM Saint-Jean ○ Jeune public, dès 4 ans △ ○→MúsicaFilmarcito14hInscriptionbmgeneve.agenda.chDi13.11ProjectionMaestro !BMCité/LeMultiJeunepublic,6-12ans △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.chMe16.1130Jeux vidéo Keep Talking and Nobody Explodes Saurez-vous désamorcer la bombe à temps ? → BM Servette ○ Tout public, dès 8 ans △ Inscriptionservette.bmu@ville-ge.chou0224183780 15h30 Jeux vidéo Viens avec papy ou mamie si tu veux Unejouer !découverte jeu vidéo → BM Cité / Espace le 4e ○ Tout public △ ○→AvecsecretsDélivre-moi16hInscriptionbmgeneve.agenda.ch30RencontretesMarcVoltenauerBMPâquisJeunepublic,dès10ans △ ○→VoltenaueravecRencontreles« Ça19h○→ouViensEt17hInscriptionbmgeneve.agenda.chJe17.11Rencontretoitulisquoi ?enparler,endiscuterjusteécouterBMSaint-JeanJeunepublic,dès12ansRencontrefrissonnechezHelvètes »POSTFACENicolasFeuzetMarcBMPâquisAdultes △ 19hInscriptionbmgeneve.agenda.chRencontre /atelier Pop culture virtuelle Une conférence pour com prendre les NFT → BM Cité / Espace le 4e ○ Adultes △ 11hInscriptionbmgeneve.agenda.chSa19.11 Atelier Les super-pouvoirs de ma carte de bibliothèque → BM Cité / Espace le 4e ○ Adultes △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.ch Atelier Le mystérieux objet de Atelierl’amourroman-photo avec Dorothée Thébert et Flippo ○→FilligerBMEaux-VivesToutpublic △ Inscriptionbmgeneve.agenda.chAgenda

14h Numérique /atelier →desetEcologiesmartphone :bonnespratiques !BMCité/Espacele4 e ○ Adultes △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.chRencontre /atelier Magic : l’Assemblée Initiation au jeu de cartes pop et mythique → BM Servette ○ Tout public, dès 12 ans △ ○→seTerpsycordesLe14hInscriptionservette.bmu@ville-ge.chou0224183780Di20.11ConférenceQuatuorraconteBMCité/LeMultiToutpublic,dès10ans △ ○→PartageonsAutour10hInscriptionbmgeneve.agenda.chMa22.11RencontredeslivresnoslecturesBMEaux-VivesToutpublic,dès16ans △ ○→DominiqueRencontreduMiss18hInscriptioneauxvives.bmu@ville-ge.ch30RencontreMarplereprendservicePOSTFACEavecZieglerBMMinoteriesAdultes,dès16ans △ →AvecSpaced’uneCréation14hInscriptionminoteries.bmu@ville-ge.chMe23.11Numérique/atelierminiconsoleInvadersleFabLabOnl’FaitBMCité/Espacele4 e ○ Tout public, dès 10 ans △ Inscriptionbmgeneve.agenda.ch 15h Rencontre /atelier Délivre-moi tes AvecsecretsFanny Dreyer → BM Jonction ○ Jeune public, dès 7 ans △ 17hInscriptionbmgeneve.agenda.ch Contes « Croque et crac ! » Contes à rire et à frémir → BM Eaux-Vives ○ Tout public, dès 6 ans △ 10hInscriptionbmgeneve.agenda.chJe24.11 Atelier Lire avec bébé Des pages de plaisirs ○→partagés…BMSaint-JeanPetiteenfance, 0-2 ans △ ○→PrésentationRisketplanificationRandonnée18hInscriptionsaintjean.bmu@ville-ge.chou022418920130Conférenced’hiver :sécuritéavecWhiteetpriseenmainBMSaint-Jean—EspaceSportToutpublic,dès14ans △ ○→graphiquesChansonsPop/Monde19hInscriptionsaintjean.bmu@ville-ge.chRencontreenchantéHypercity—Genèveetimaginairesgéod’icietd’ailleursBMCité/LeMultiAdultes △ Inscriptionbmgeneve.agenda.ch Ve 25.11 16h30 Atelier Pop broderie → BM Jonction ○ Tout public, dès 10 ans △ ○→auxSoirée18hInscriptionjonction.bmu@ville-ge.chou0224189710ÉvénementjeuxMinoteriesBMMinoteriesToutpublic,dès8ans △ ○→AvectesDélivre-moi14hInscriptionminoteries.bmu@ville-ge.chSa26.1130RencontresecretsSergeBlochBMServetteJeunepublic,dès7ans △ 17hInscriptionbmgeneve.agenda.ch15Projection Yesterday Film de Danny Boyle (2019) → BM Servette ○ Tout public, dès 12 ans Di 27.11 15h Spectacle Et soudain surgit face au Spectaclevent autour de chansons du groupe Indochine et de témoignages de fans → BM Cité / Le Multi ○ Tout public, dès 10 ans △ 15hInscriptionbmgeneve.agenda.chMe30.1130Numérique /atelier Musique, manettes en main ! Une découverte jeu vidéo → BM Cité / Espace le 4e ○ Tout public △ Inscriptionbmgeneve.agenda.ch ○→L’autredeL’Heure18hDécembreJe1.12RencontreducoupcœurclublittéraireBMServetteAdultes △ ○→etdeConcert/workshopd’aujourd’huiAuto-Tune19hInscriptionservette.bmu@ville-ge.chMusique-LavoixIIautourl’effetvocalavecAlainFreySorayaBerent(Elvett)BMCité/LeMultiAdultes △ 11hInscriptionbmgeneve.agenda.chSa3.12Jeux vidéo Viens avec papy ou mamie si tu veux Unejouer !découverte jeu vidéo → BM Cité / Espace le 4e ○ Tout public △ 11hInscriptionbmgeneve.agenda.ch Lecture Lire et relire Pour le plaisir de partager → BM Cité / Le Tronc commun (2e) ○ Petite enfance, dès 3 ans △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.chNumérique /atelier Incarne ton avatar Atelier costume, maquillage et jeu avec Luigi & Moon → BM Cité / Espace le 4e ○ Dès 15 ans △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.ch Atelier Famille Patate ! Atelier créatif → BM Servette ○ Petite enfance, 2-5 ans △ Inscriptionservette.bmu@ville-ge.ch 14h30 Rencontre Il était une fois… ABBA Rencontre ○→Jean-MarieavecPotiezBMCité/LeMultiToutpublic △ ○→musiqueAniméannéesPopQuiz14h○→Eric○→animésphotoRemise/le«L’expo15hInscriptionbmgeneve.agenda.chExposition/Projectiondonttueshéros»…auxPâquis !Pop’scopedesprixduconcours/HommageauxdessinspopBMPâquisToutpublic16hRencontreLegoMasters2021RencontreaveclesvainqueursBedeleketAlexFavreBMServetteToutpublicDi4.12MusiquemusicalCultures :90parlesl’EspacedelaBMCitéBMCité/EspaceMusiqueAdultes,dès16ans △ Inscriptionbmgeneve.agenda.ch n°3nota 2022/2023septembre – janvierAgenda60

Me 7.12 10h Lecture Lire avec bébé Des pages de plaisirs partagés → BM Pâquis ○ Petite enfance, 0-2 ans △ 10hInscriptionpaquis.bmu@ville-ge.chNumérique /atelier Robotique –WeDo Lego Le lanceur de toupie → BM Servette ○ Jeune public, 5-8 ans △ →AtelierdesDé-roulez14h○→lesAuPirouette10hInscriptionservette.bmu@ville-ge.chou022418378030LectureCacahuètebonheurdesmotspourtout-petit-e-sBMEaux-VivesPetiteenfance,0-4ansNumérique/ateliermécaniques!dejeuvidéoenpapierBMCité/Espacele4 e ○ Tout public, dès 9 ans △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.chNumérique /atelier Robotique –Lego Mindstorms Le tournoi → BM Servette ○ Jeune public, 8-12 ans △ 15hInscriptionservette.bmu@ville-ge.chou0224183780Jeux vidéo Jeux vidéo aux ○→Coopération !MinoteriesBMMinoteriesToutpublic,dès8 ans △ accompagné-e○→auDécouvriretLe16hInscriptionminoteries.bmu@ville-ge.ch15Rencontre/atelierpetitrendez-vouslelivrel’artauMAMCOfild’albumsBMJonctionToutpublic,dès5ans,d’unadulte △ ○→LecturedestinationEn17hInscriptionwww.weezevent.com/petit-rendez-vous-et-le-livreLectureaventtoute,Noël !d’histoiresBMSaint-JeanPetiteenfance,dès2ans Je 8.12 17h Rencontre Et toi tu lis quoi ? Viens en parler, en discuter ou juste écouter → BM Saint-Jean ○ Jeune public, ados dès 12 18hans Rencontre Arrosons et cultivons notre sapin Apéro de fin d’année et propositions de lectures à glisser sous le sapin → BM Saint-Jean ○ Tout public 19h Rencontre /atelier Navigation sur les streams de la Planète RencontreBleue avec Yves Blanc et la radio → BM Cité / Espace le 4e ○ Tout public △ ○→FilligerDorothéeAtelierdeunIl19hInscriptionbmgeneve.agenda.chVe9.12Événementétaitunefoismystérieuxobjetl’amour…LEFINALroman-photoavecThébertetFlippoBMCité/LeMultiAdultes △ ○→ConteCasse-Noisette15hInscriptionbmgeneve.agenda.chSa10.12SpectaclemusicalBMSaint-JeanJeunepublic,dès5ans △ 17hInscriptionsaintjean.bmu@ville-ge.ch15Projection The Lego Movie (La grande aventure Lego, →2014)BM Servette ○ Tout public △ Inscriptionservette.bmu@ville-ge.ch Di 11.12 14h Atelier Carnaval des animaux Atelier de fabrication de masques autour de la musique de Camille →Saint-SaënsBMCité/Le Multi ○ Jeune public, dès 5 ans △ 15hInscriptionbmgeneve.agenda.chMe14.1230Numérique /atelier Kodu : mon premier jeu vidéo 3D Avec Futurekids → BM Cité / Espace le 4e ○ Jeune public, 8-12 ans △ 16hInscriptionbmgeneve.agenda.ch Contes Fête de l’Escalade Contes et chocolat → BM Pâquis ○ Tout public, dès 5 ans 17h Lecture En avent ○→Lecturedestinationtoute,Noël !d’histoiresBMSaint-JeanPetiteenfance,dès2 ans Sa 17.12 11h Atelier Les super-pouvoirs de ma carte de bibliothèque → BM Cité / Espace le 4e ○ Adultes △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.chNumérique /atelier Les paroles qui me Chansonsparlentàtraduire et à offrir : découverte et atelier → BM Cité / Espace le 4e ○ Tout public, dès 8 ans △ Inscriptionbmgeneve.agenda.ch 15h Spectacle Fifi Brindacier Spectacle d’après Astrid →LindgrenBMCité / Le Multi ○ Jeune public, dès 6 ans △ 14hInscriptionbmgeneve.agenda.chDi18.1230Spectacle Fifi Brindacier Spectacle d’après Astrid →LindgrenBMCité / Le Multi ○ Jeune public, dès 6 ans △ ○→PartageonsAutour10hInscriptionbmgeneve.agenda.chMa20.12RencontredeslivresnoslecturesBMEaux-VivesToutpublic,dès16ans △ →UneNintendo !Du15h○→LeslaIl15hInscriptioneauxvives.bmu@ville-ge.chMe21.12Lectureétaitunefois…magiedeNoëllecturesdumercrediBMServettePetiteenfance,dès4ans30JeuxvidéosportavecdécouvertejeuvidéoBMCité/Espacele4 e ○ Tout public △ ○→LecturedestinationEn17h○→auxHommagePop’scope17hInscriptionbmgeneve.agenda.chProjectiondessinsaniméspopBMEaux-VivesToutpublic,dès7ansLectureaventtoute,Noël !d’histoiresBMSaint-JeanPetiteenfance,dès2ans Agenda61

n°3nota 2022/2023septembre – janvierTrop Unpratiqueréseau de Lespourentièrementnombreusesdocuments600’000offrantdubibliothèques7ouvertesmardiausamediplusdeetdeprestationsgratuitestouslespublics.bibliothèquesmunicipales

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63 Trop pratique

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n°3nota 2022/2023septembre – janvierTrop64 accueille !vousbibliothèqueLamardipratiqueausamediBibliothèquehorsmurs— Bibliobus0224189270(répondeur24h/24)Infoauprèsdescommunesousurwww.bm-geneve.chBibliothèquedeSaint-Jean&EspaceSportAvenuedesTilleuls191203Genève0224189201adultes0224189202jeunes0224183766sportMardi14h3018h30Mercredi10h18h30Jeudi14h3018h30Vendredi14h3018h30Samedi13h17hBus :7,11,9/ArrêtMiléantBus :6,10,19/ArrêtCharmillesBibliothèquedesEaux-VivesRueSillem21207Genève0224183770adultes0224183772jeunesMardi14h3018h30Mercredi10h3018h30Jeudi14h3018h30Vendredi13h3017h30Samedi13h3017h30Bus :2,6,E,G/ArrêtVollandesBibliothèquedelaJonctionBoulevardCarl-Vogt221205Genève0224189710adultes0224189712jeunesMardi14h3018h30Mercredi9h3018h30Jeudi14h3018h30Vendredi14h3018h30Samedi13h3017h30Tram :14/ArrêtJonctionBus :4,11,D/ArrêtJonctionBus :2,19,35/ArrêtSainte — ClotildeBibliothèquedesMinoteriesParcdesMinoteries51205Genève0224183740Mardi14h3018h30Mercredi10h3018h30Jeudi14h3018h30Vendredi14h3018h30Samedi10h13h30Tram :12/ArrêtAugustins desBibliothèquePâquisRueduMôle171201Genève0224183750adultes0224183752jeunesMardi14h3018h30Mercredi10h18h30Jeudi14h3018h30Vendredi14h3018h30Samedi13h17hTram :15/ArrêtMôleBus :1,25/ArrêtNavigationBibliothèquedelaServetteRueVeyrassat9(entréeruedelaServette87)1202Genève0224183780adultes0224183782jeunesMardi15h19hMercredi10h18hJeudi15h19hVendredi15h19hSamedi10h17hTram :14,18 / ArrêtServetteBus :3,11/ArrêtServetteBibliothèquedelaCité&EspacemusiquePlacedesTrois-Perdrix51204Genève0224183200Mardi10h19hMercredi10h19hJeudi10h19hVendredi10h19hSamedi10h17hTram :12,14 / ArrêtBel-AirBus :2,10,D,4,5,7,19,36 /ArrêtBel-Airdu La Bibliothèque de la Cité est aussi ouverte le dimanche de novembre à avril, de 13h à 17h.

Trop pratique Retrouvez surmunicipalesBibliothèquesleslesréseaux sociaux Leinstagram.com/genevebmyoutube.com/genevebmfacebook.com/genevebmsitedesBibliothèques municipales Blog,www.bm-geneve.chvidéo,playlists des bibliothécaires sur notre Lecatalogue-bm.geneve.chcataloguesitedelamédiation culturelle numérique numeriquebm.ch numeriquebm.chFacebook YoutubeInstagram desBibliothèquedeBibliothèquedesBibliothèquePâquislaCitéMinoteries desBibliothèqueEaux-VivesdeBibliothèqueSt-Jean deBibliothèquelaJonction deBibliothèquelaServette Retrouvez les Bibliothèques municipales près de chez vous

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